Lettre de l'Odéon n°18

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WILLIAM SHAKESPEARE / thomas jolly RICHARD III

OD ON

DANS LES GORGES DE LA MORT

molière / luc bondy tartuffe

voir ou ne pas voir

les bibliothèques de l'odéon

Erri de Luca l'appel de Naples

o

Lettre N 18 Odéon-Théâtre de l’Europe

janvier – février 2016


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Thomas Jolly

Richard III dans les gorges de la mort Après la sensation Henry VI, le jeune metteur en scène de la Piccola

sommaire p. 2 à 4

RICHARD III William Shakespeare Thomas Jolly DANS LES GORGES DE LA MORT

p. 5 à 7

TARTUFFE Molière Luc Bondy VOIR OU NE PAS VOIR

p. I à IV

les bibliothèques de l’odéon l'appel de naples erri de luca faire de tous les siècles un seul paysage Richard Peduzzi Anatomie de nos consolations Michaël Fœssel

p. 8

Claude Lévêque un clin d'œil ironique à ce quartier

p. 9

AVANTAGES ABONNÉS Invitations et tarifs préférentiels

p. 10 à 11

ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES Reprise de Tartuffe en remplacement d'Othello Projection du spectacle filmé Henry VI Paris face cachée

p. 12

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Familia ne désarme pas et clôt sa saga avec le dernier volet de la tétralogie shakespearienne. Thomas Jolly explique comment lui et sa troupe ont plongé dans cette descente aux enfers d'un manipulateur devenu tyran.


Richard III 3

«J'aime bien être là où ça se passe – «ça», c'est-à-dire l'histoire, avec un grand et un petit h. Et, de ce point de vue, Richard III, de William Shakespeare, est une pièce idéale. Pour la petite histoire, celle de notre compagnie, la Piccola Familia, elle s'inscrit dans la continuité de notre trilogie Henry VI, qu'elle conduit à son terme logique. Et pour la grande Histoire, on touche à la fin de soixante ans de troubles qui ont tourmenté tout un peuple et tout un royaume, puisque le règne d'Henry commence en 1422 et celui de Richard s'achève en 1485. Mais Shakespeare n'est pas un historien. Ce qu'il nous propose, c'est un témoignage poétique, qui ouvre des questions sans imposer de réponses. Je n'en apporte pas plus que lui. Richard a compris quelque chose. Il a senti l'air du temps et il va être le seul à alimenter ce climat délétère de la fin du règne d'Édouard IV pour monter à son tour sur le trône. Il n'a pas de programme. S'il a une pensée politique, elle ne concerne que sa personne. Sa première force, c'est d'avoir un désir on ne peut plus clair : il veut être roi, un point c'est tout. Et après ? Maintenant qu'on a le pouvoir, on en fait quoi ? Les trois Henry dessinaient une courbe vers le chaos. Là, nous y sommes. La chaleur guerrière est retombée, on entre dans l'ère de l'horreur froide. En passant du règne d'Henry de Lancastre à celui d'Édouard d'York, on change de style. Édouard IV est un paranoïaque. Son pouvoir repose sur la surveillance constante. Le monde est technologisé, déshumanisé. Tous ont du sang sur les mains, sauf peut-

Lady Anne accepte d'épouser l'assassin de son mari. Pourquoi ? être Lady Anne. Et même elle, n'est pas parfaite. Elle accepte d'épouser l'assassin de son époux. Pourquoi ? Richard a pour lui son éloquence et la séduction du mal, qu'il hérite sans doute du Diable médiéval. Ses larmes, aussi… C'est sa troisième arme : le théâtre. Il s'appuie sur la terreur, qu'il impose, et sur la pitié, qu'il sait susciter. Donc, sur les deux grandes émotions tragiques. J'ai tenu à mettre les rôles de femme en valeur, ils sont particulièrement importants. Elles sont toutes là, survivant à leurs conjoints et à leurs fils. Ce sont elles qui portent la seule lueur d'espoir. Elles, les femmes, font vraiment l'expérience de la perte, du deuil, de la mort. Et elles seules savent se pardonner. Ce pardon est peut-être le seul chemin vers un avenir possible. Mais cet horizon-là n'appartient pas au monde de la pièce. Il est au-delà. Il s'agit vraiment ici de «plonger dans les gorges de la mort». Richard III est comme la gueule de bois de la fête de Henry VI. C'est dans cette atmosphère que Richard va se manifester. En © Nicolas Joubard

fait, son personnage est né à la fin de Henry VI. C'est une trouvaille géniale de Shakespeare : au début de Richard III, le héros est déjà lancé, déjà en mouvement. En quelque sorte, il est né trop tard à lui-même dans la trilogie, alors il ajoute sa propre pièce. Cette donnée-là me permet de proposer un Richard plus complet. Il a déjà décidé, dans le drame précédent, de devenir monstrueux. C'est dans Henry VI que sa foi est brisée. Il est désormais le seul à ne plus éprouver aucune crainte devant la justice divine. L'autoroute du crime s'ouvre devant lui. Ce qui est difficile à faire comprendre

Toute l'ascension de Richard est bâtie sur le mensonge. à partir de Richard III, parce que les racines de son attitude sont dans la trilogie précédente. Mais quand on les connaît, tout devient clair. Et pourtant, même Richard garde une conscience. Ce qui va le perdre, ce sont les spectres de ses victimes qui reviennent insinuer l'effroi en lui. Lui qui disait ne connaître ni l'amour, ni la pitié, ni la crainte finit pourtant dans la peur et il le dit. La fêlure devient sensible dès qu'il devient roi. Qu'est-ce qui la cause ? Nous avons suivi une piste. Il y a un élément intéressant, qu'on néglige souvent mais qui à mon avis doit être rendu sensible : dans la pièce, toutes les malédictions et les prophéties se réalisent. Or, l'une d'elles est comme oubliée en route : Richard a un enfant, qui ne survit pas. Quand Lady Anne lance des imprécations sur sa descendance, à son insu, elle est en train de maudire l'enfant qui doit naître de leur union. Cet enfant est une réalité historique. Shakespeare ne développe pas, mais nous nous sommes appuyés sur cette indication. Richard ne peut pas se perpétuer, ce qui était peutêtre son vrai projet. D'où la fêlure. Son royaume est désormais fondé, comme il le dit, sur du «verre fragile» et c'est la fuite en avant. Concrètement, cela confirme mon intuition à son sujet. J'ai le sentiment que chez lui, tout n'est pas donné d'entrée de jeu. Ni son plan ni sa totale monstruosité. On croit pourtant que Richard, boiteux et laid, est fixé d'avance dans son caractère et sa silhouette. J'ai choisi de le faire bouger. Plus il avance, plus il devient difforme et tyrannique. Mais ce n'était pas une fatalité. Le pouvoir met à nu. On en a connu, de ces animaux politiques qui sont brillants en campagne et dont la faiblesse éclate une fois arrivés au sommet… Le problème de Richard, c'est que toute son ascension est bâtie sur le mensonge. On peut jouer un rôle quand il s'agit d'usurper une place mais il faut pouvoir l'occuper vraiment quand on l'a obtenue. Tant qu'il est un manipulateur, Richard a ses partisans. Dès qu'il devient un tyran, on ne joue plus. C'est l'infanticide qui achève de faire de lui un tyran. Ce crime-là le hante. Il est allé trop loin,  © Nicolas Joubard


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R3m3 Pénétrez dans le bureau de Richard III

6 janvier – 13 février 2016 Théâtre de l’Odéon 6e

Richard III de William Shakespeare mise en scène Thomas Jolly Cie La Piccola Familia

Je crois beaucoup à l'appropriation d'une œuvre par le public. Venir au théâtre, c'est bien, mais il y a d'autres moyens. Avec

texte français Jean-Michel Déprats adaptation Thomas Jolly & Julie Lerat-Gersant collaboration artistique Pier Lamandé collaboration dramaturgique Julie Lerat-Gersant scénographie Thomas Jolly assistant à la mise en scène Mikaël Bernard lumière François Maillot, Antoine Travert & Thomas Jolly musiques originales / son Clément Mirguet costumes Sylvette Dequest assistante aux costumes Fabienne Rivier parure animale de Richard III Sylvain Wavrant accessoires Christèle Lefèbvre vidéo Julien Condemine assistante à la vidéo Anouk Bonaldi

la compagnie, nous cherchons toujours comment faire circuler

avec Damien Avice Mohand Azzoug Étienne Baret Bruno Bayeux Nathan Bernat Alexandre Dain Flora Diguet Anne Dupuis Émeline Frémont Damien Gabriac Thomas Germaine Thomas Jolly François-Xavier Phan Charline Porrone Fabienne Rivier

Anne et Richard sont des amis d'enfance, qu'ils ont été promis

durée 4h20 production La Piccola Familia production déléguée Théâtre National de Bretagne – Rennes, coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe créé le 2 octobre 2015 au Théâtre National de Bretagne – Rennes La Piccola Familia est conventionnée par la DRAC Haute-Normandie, la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen et est soutenue par le Département de Seine Maritime Thomas Jolly est artiste associé jusqu’en juillet 2016 au Théâtre National de Bretagne – Rennes

Henry VI sur grand écran L'intégrale du spectacle filmé Henry VI au mk2 Grand Palais. Projections les 16 et 17 janvier 2016. Plus d'informations page 14

autrement les histoires. Ça peut être des teasers, des apéritifs... Comme si le spectacle était un moteur permettant de générer d'autres formes. Cette fois-ci, nous avons fabriqué une version pour deux acteurs, L'Affaire Richard, qui peut se jouer en appartement. Un jeu vidéo, aussi. Et puis nous avons inventé cet objet bizarre appelé R3m3. Au départ, c'était une pure idée de scénographie. Comme dans ces films d'aventure où un pan de bibliothèque bascule pour découvrir le repaire secret du monstre, j'avais pensé à un espace dérobé contenant le QG de Richard. On n'a pas gardé l'idée dans le spectacle. Du coup, nous avons recréé le bureau de Richard III dans un container. Il y entasse tous ses souvenirs depuis l'enfance : ses dentiers, ses prothèses, son ordinateur. On y assistera aussi à une résurrection inattendue… La visite se fait par groupes d'une dizaine de personnes et dure une vingtaine de minutes. L'ensemble combine de l'artisanat d'art et des éléments numériques. Des capteurs réagissent aux passages des visiteurs et déclenchent certaines choses… L'expérience immersive qu'on propose dans R3m3 sert aussi à rappeler quelques informations. Par exemple, le fait que Lady l'un à l'autre avant qu'elle ne soit fiancée au prince Édouard... On les verra dans R3m3 jouer sur Skype une scène de dépit amoureux tirée de Molière. L'échange marche parfaitement, il n'y a qu'à changer un prénom… C'est performatif, ludique, tout sauf inhibant. Je ne veux pas que pousser la porte d'un théâtre soit intimidant. Je veux lutter contre ça.

Thomas Jolly

© Nicolas Joubard

 prisonnier de sa logique. Il partage ce destin avec Macbeth. La machine infernale du pouvoir tourne à vide. Aucune décision royale n'est prise dans Richard III, sauf celle de lever des troupes pour combattre Richmond… C'est l'itinéraire d'une damnation assumée. Le désespoir et la mort… Mais j'ai beaucoup d'empathie pour ce personnage. C'est la schizophrénie bien connue : comme acteur je le défends et je l'aime, comme metteur en scène je le condamne. Mais l'acteur est obligé d'aimer cet homme qui joue sa vie «sur un coup de dés». Il joue parce qu'il n'avait pas de vie possible. Son père est mort, sa mère ne l'aime pas. Faute d'avoir une place, il se choisit la plus grande. Comme un enfant non désiré qui surcompense, avec l'énergie du désespoir. La réplique qui enclenche ce mouvement-là, c'est : «Suis-je donc un homme fait pour être aimé ?» Selon lui, la réponse est forcément négative. Il l'accepte, il en fait un destin : puisque je n'ai pas d'amour à perdre, je ne crains plus de me faire détester. Très tôt dans la pièce, ­Shakespeare lui donne sa chance. Il lui fait croiser la route de Lady Anne. Mais à peine l'a-t-il séduite qu'il l'a déjà sacrifiée : «Je ne la garderai pas longtemps…» À ce moment-là, il aurait pu se sauver ­– mais non. Il se condamne. Il n'est pas pour autant un serial killer. Être méchant pour le plaisir d'être méchant, c'est un cliché un peu limité. Il prend les problèmes les uns après les autres. Au besoin, il improvise. Et ce grand improvisateur est aussi un grand acteur. Il sait alterner les différentes mises en scène de soi en fonction des besoins. Après s'être

montré humble et pieux, il apparaît en costume de souverain, avec tous les effets de la télévision, des concerts, des meetings. Et les gens applaudissent les deux scènes. C'est du grand Shakespeare : pour donner à voir ce procédé politique abject, il joue de la parenté entre un public et une foule… Pour moi, la phrase la plus révélatrice de Richard III est peut-être celle-ci : «Qui est assez grossier pour ne pas voir ce palpable artifice, mais qui est assez hardi pour dire qu'il le voit ?» La tyrannie est nue et tous se taisent, tous sont complices. Richard est habile, intelligent, mais il bénéficie aussi d'un climat qui lui permet de manœuvrer. Il prend la place qu'on lui laisse. Comme le remarque un greffier : «Le monde est corrompu et tout va pour le pire.» Richard est aussi fils de son époque, c'est elle qui engendre le monstre. Ce n'est pas étonnant que cette pièce ait retenu l'attention de Brecht. Et qu'elle nous paraisse si intéressante aujourd'hui.

Installation présentée SUR LE PARVIS DU THÉÂTRE DE L'ODÉON du 6 janvier au 13 février du mardi au vendredi de 17h à 20h le samedi de 15h à 20h le dimanche de 12h à 16h relâche le lundi

Entrée libre sur réservation sur theatre-odeon.eu à partir du 9 décembre (dans la limite des places disponibles)

Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, octobre 2015

© Doette Brunet


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Luc Bondy

TARTUFFE voir ou ne pas voir «Justesse confondante», «dévotion au texte», «bonheur de chaque instant»... Mis en scène en 2014 par Luc Bondy, le chef-d'œuvre de Molière avait emballé. Quand le directeur de l'Odéon, actuellement en convalescence, a dû se résoudre à remettre d'une saison la création d'Othello, le choix de Tartuffe s'est tout naturellement imposé. Au cœur d'une distribution en partie renouvelée, on retrouvera dans le rôletitre Micha Lescot et sa nonchalance sordide de Machiavel au petit pied. Réflexions du metteur en scène et regards de critiques sur une pièce d'une réjouissante modernité.

28 janvier – 25 mars / Berthier 17 e

tartuffe de Molière mise en scène Luc Bondy

© Thierry Depagne

collaborateurs artistiques à la mise en scène Marie-Louise Bischofberger Vincent Huguet décor Richard Peduzzi costumes Eva Dessecker lumière Dominique Bruguière maquillages/coiffuresc Cécile Kretschmar

avec Victoire Du Bois Laurent Grévill Marina Hands Nathalie Kousnetzoff Yannik Landrein Micha Lescot Yasmine Nadifi Fred Ulysse (distribution en cours)

durée 1h55 crée le 26 mars 2014 aux Ateliers Berthier production Odéon-Théâtre de l'Europe représentations avec audiodescription 20 mars à 15h / 22 mars à 20h


6 Tartuffe

«Tout sonne juste, tout est juste»

«un tartuffe d'une classe machiavélique»

«De lourds rideaux de velours ouvrent et ferment les grands dégagements de cet espace élégant. De beaux sièges, des tables, des chaises. Un crucifix, une vierge de céramique dans sa niche. On est dans la demeure bourgeoise et cossue sans ostentation d'Orgon. La scénographie forte et harmonieuse de Richard Peduzzi installe immédiatement une atmosphère et correspond parfaitement à l'esprit de Tartuffe. […] On ne joue que le texte, strictement le texte de cette pièce puissante et grave. Et c'est au texte que s'en tient d'abord scrupuleusement Luc Bondy. Mais que d'imagination dans les gestes, les humeurs, les mouvements ! […] Tout sonne juste, tout est juste. Les interprètes redonnent aux répliques toute leur pertinence. C'est un homme de plateau qui a écrit Le Tartuffe ou l'Imposteur. Chaque mot correspond à une action, chaque action est naturelle. On en oublierait les vers et les rimes pourtant suivis avec rigueur. Jamais, et pourtant on en a vu, des Tartuffe, jamais le sentiment de la réalité, de la vérité n'avait été aussi saisissant.»

«Luc Bondy électrise l'Odéon dans sa version glacée/enfiévrée d'un classique de la littérature française. Son Tartuffe s'inscrit avec une justesse confondante dans notre société minée par le pouvoir trompeur des postures et de la parole. L'aspect artificiel des sentiments orchestrés par Tartuffe trouve un écho pertinent dans la scénographie inhospitalière de Richard Peduzzi. Micha Lescot s'impose avec une classe machiavélique dans le rôle titre.»

Armelle Héliot / Le Figaro 28 mars 2014

Thomas Ngo-Hong-Roche Blog «Hier au théâtre» 31 mars 2014

luc bondy : «j'aime les histoires de famille» Faire vivre la pièce. Ne pas surajouter une énième interprétation du Tartuffe. Éviter d'expliquer. J'ai de plus en plus de mal à lire globalement une pièce avant les répétitions. J'ai horreur des mises en scène où tout est joué avant même qu'on ait commencé. Le théâtre,

être captif d’un secret plus ou moins honteux, cela reste tout à fait contemporain. c'est quelque chose de sensuel : on a envie de travailler avec tel acteur, telle actrice… Ma distribution est déjà une interprétation. Si on se contente du texte, on peut croire que Molière met entre parenthèses le rapport entre Orgon et Elmire. Mais elle est sa femme et il est son mari ! Au plateau, ce couple existe pleinement. Il n'est pas totalement ravagé par l'irruption de Tartuffe. Même quand Tartuffe est joué par Micha Lescot ! J'aime les histoires de famille. Le Retour, de Pinter, c'en était déjà une. Les Fausses Confidences, pas vraiment. Il y a bien un rapport mèrefille, mais les hiérarchies sociales comptent bien plus que la famille. Le Tartuffe, c'est totalement une

histoire de famille. Le point commun de ces trois pièces, que j'ai montées à l'Odéon, c'est la présence d'un outsider : Ruth chez Pinter, Dorante chez Marivaux, Tartuffe chez Molière. Quand il apparaît , l'outsider ébranle le fonctionnement de ce milieu. Il trouble les esprits, les désirs. La famille, c'est un modèle en réduction de la société. C'est ce qui me passionne. Chez Orgon, la famille est détériorée avant même l'arrivée de Tartuffe. Avant d'être un acteur du drame, Tartuffe est un révélateur. Depuis qu'Orgon a perdu sa première épouse, quelque chose ne marche pas. Et cela remonte peut-être à encore plus loin. Molière ne fait que suggérer ces questions. Il y a beaucoup de non-dits dans la pièce, jusqu'au dernier acte. Cette histoire de cassette pleine de papiers compromettants m'a rappelé la situation de certains intellectuels allemands des années 70, à l'époque de la Fraction Armée Rouge. Certains d'entre eux avaient soutenu Andreas Baader, Ulrike Meinhof et leurs camarades. Plus tard, il ne fallait surtout pas en parler. Être captif d'un secret plus ou moins honteux, cela reste tout à fait contemporain. On sent chez Orgon une fêlure dont un gourou, un manipulateur peut profiter. Je n'ai pas voulu tout réduire à une attirance homosexuelle. Si toute la famille doit crever parce qu'Orgon est tombé amoureux d'un jeune homme, c'est un peu trop évident. Le point central, c'est tout de même l'influence de Tartuffe sur Orgon. Le fait qu'un être puisse à ce point subir l'ascendant d'un autre.

Pour Molière, Orgon n'est pas qu'un être faible ou stupide. Ce serait trop facile… Orgon n'est pas bête du tout. Il est influençable et manipulable, ce qui est radicalement différent. Des gens très intelligents peuvent tomber dans ce genre de piège. Orgon a aussi beaucoup de pouvoir. C'est ce que dit sa fille à l'acte II. Il est «un père absolu». Il a sur Mariane «tant d'empire» qu'elle n'a «jamais eu la force de rien dire». Toujours le non-dit ! Son fils, Damis, a beau exploser tout le temps, rien n'y fait. L'autorité sans limites d'Orgon, dans cette famille patriarcale, devient une tyrannie dès qu'il fait la connaissance de Tartuffe. Orgon est victime d'une obsession.

Orgon n'est pas bête. Il est influençable et manipulable, ce qui est radicalement différent. Pour qu'il revienne à la réalité, il faut littéralement la mettre à nu. Le Tartuffe, c'est «voir ou ne pas voir» au lieu d'«être ou ne pas être»… Mais le grand problème de l'obsédé, c'est qu'il ne veut pas voir. Voilà pourquoi 


les bibliothèques 7

OD ON

janvier – février 2016

Portrait d'Erri De Luca par Édith Carron © Costume3pièces.com


II Les Bibliothèques de l'Odéon 8

erri de luca l'appel de naples Depuis la parution de son premier roman, l'écrivain, qui sera présent sur la scène de l'Odéon le 18 janvier, a façonné une œuvre tout entière empreinte des souvenirs et fantasmes de sa ville natale. La chercheuse Caterina Cotroneo nous éclaire sur cette obsession. Affirmer que toute ville exerce sur l’écrivain qui l’a vu naître une influence prépondérante, que ce soit dans la construction de l’homme ou dans celle de l’œuvre, peut paraître un lieu commun. Cette influence peut prendre des formes multiples  : origines connues et assumées, refusées et combattues ou encore oubliées et ignorées. Mais qui pourrait prétendre lire une œuvre sans situer l’auteur dans le contexte de son époque, sans rien savoir du cadre qui a bercé l’enfance de l’écrivain ? Traiter du rapport de cet écrivain avec sa ville s’inscrit donc dans l’analyse d’un des aspects centraux de son écriture. Naples est présentée d’une façon quasi obsessionnelle dans certains ouvrages d’Erri De Luca, alors que celui-ci a quitté sa ville à l’âge de 18 ans, en partant comme on tourne la page. Alors pourquoi continuer de la raconter ? Pourtant étranger en sa ville, Erri De Luca veut se libérer du joug napolitain d’une enfance malheureuse. Cette décision a des accents de fuite et elle manifeste le profond désir de changement de vie, voire de négation de ses origines. Or, il apparaît très vite que Naples prend une part importante dans son écriture, comme si l’auteur, s’en étant physiquement éloigné, ne cessait de la rejoindre par le biais de l’imaginaire. Il ne s’agit pas, de manière nostalgique, d’idéaliser une ville perdue. Un profond travail d’évocation, de réinterprétation et de métamorphose s’opère tout au long de ses écrits. Tout se passe comme si l’écrivain, entre l’expérience réelle de la ville, la Naples de l’après-guerre, et ses souvenirs mythifiés, cherchait à retrouver une harmonie perdue. La cité semble se construire comme image irréelle dans l’anthropologie intime d’Erri De Luca et dans sa dynamique poétique : la ville agit à la fois comme point d’ancrage dans le réel et comme source vive de création littéraire. Erri De Luca retrace son enfance dans une perception dualiste toute singulière : d’une part, l’enfermement dans un appartement exigu, dans une ruelle sombre ; d’autre part, la libération qu’offre le spectacle de la mer. Il affirme qu’il n’y a rien à voir, que la ville est un étroit cagibi. Seuls les sons d’une ville bruyante semblent lui parvenir et l’obséder. Le souvenir constant de l’enfance mythifie la ville dans un prisme architectural narcissique et l’écriture développe d’autres récits : celui du ghetto sombre dans lequel il vit, s’attachant notamment au vicolo, le cul-de-sac, en contraste avec l’île mythique de ses vacances, Ischia et la mer. Celui aussi de la mythification de la souffrance de l’écrivain, enfant «étranger» dans une ville qui lui répugne et qui le hante mais qui se sent responsable de tous les

actes de barbarie commis, comme par exemple la guerre qui a détruit Naples et ruiné ses parents. Adulte, militant activiste du mouvement communiste révolutionnaire Lotta Continua, maçon sur les chantiers, bénévole dans des convois humanitaires, Erri De Luca se réfère toujours à Naples. Tout est prétexte à parler de sa ville : à Rome, le quartier de la Garbatella en révolte évoque les nuits de la Saint-Sylvestre à Naples et la description de la prison de Rebibbia fait écho à celle de Naples ; l’Etna lui rappelle le Vésuve ; les enfants de Mostar, les scugnizzi napolitains. Comme dans son métier de maçon, Erri De Luca écrivain façonne la matière et les mots. Il chante le tuf volcanique de son enfance et il célèbre aussi la mémoire de sa ville. À Paris, dans une galerie souterraine, à la recherche de l’entrée d’un égout, c’est le vicolo stretto de son enfance qu’il revit. C’est encore l’immenso vicolo cieco auquel il fait allusion quand, malade et souffrant de fièvres, il est alité en Tanzanie. À l’usine, il évoque des détails de la vie napolitaine comme points de référence : la plateforme de la machineoutil sur laquelle travaille l’ouvrier Erri De Luca à l’usine Fiat est longue et étroite comme le balcon de l’enfance, les gestes mécaniques des ouvriers postés à la chaîne de montage évoquent les gestes répétitifs des garçons de café, le sifflement des machines fait écho à celui du ferryboat de Naples. Ce permanent retour à un passé fantasmé enracine l’écrivain dans ses origines. Erri De Luca continue de façonner et de modeler Naples à son gré, en essayant de réconcilier l’enfant et l’homme, l’homme et l’écrivain. Si Naples devient transcription de l’imaginaire fantasmé de l’homme, elle est plus encore l’expression métaphorique de l’acte d’écriture de l’écrivain. Au fur et à mesure des périples d’Erri De Luca, elle s’efface derrière le discours et devient prétexte à cet acte essentiel qu’est, pour l’homme de lettres, la métamorphose du réel. En redessinant les contours de la ville, en la mythifiant par de multiples recréations, il nous offre toute la singularité et la poésie de son écriture.

Grande salle

LIV(R)E ; UN AUTEUR, UNE ŒUVRE animé par Sylvain Bourmeau

Erri De Luca lundi 18 janvier / 20h

Caterina Cotroneo Nice, novembre 2015

Caterina Cotroneo a reçu le prix de la Fondation Erri De Luca, en 2013, pour sa thèse consacrée à l'écrivain. Elle vient de publier Deux études sur Erri De Luca où elle prolonge sa recherche et expose le thème de l’immigration, sujet cher au Napolitain.

couverture de Montedidio d'Erri De Luca, collection «I Narratori», éditions Feltrinelli, Milan, 2002


Les Bibliothèques de l'Odéon III 9

Entretien avec Richard Peduzzi faire de tous les siècles un seul paysage Par petites touches, les Scènes imaginaires composent le portrait d'artistes à travers ceux qui les ont nourris et ce qui les anime. En janvier, carte blanche à l'un des plus proches collaborateurs de Patrice Chéreau et Luc Bondy, familier du Théâtre de l'Odéon. Richard Peduzzi, pourquoi avoir choisi de conclure votre livre, Là-bas, c'est dehors, sur une photo du ciel de Rome ? Cette photo, ce sont surtout des oiseaux dans le ciel. Une image de la fausse liberté. Faulkner disait que l'immensité toute entière n'est jamais qu'une cage. L'immensité comme cage, ce n'est pas un sentiment banal… Peut-être, mais c'est encore ce que j'ai éprouvé dans un des derniers projets de Patrice Chéreau, I Am the Wind, de Jon Fosse. La scène était comme débordée par quelque chose qu'elle ne pouvait pas contenir. Ce sentiment, c'est peut-être à la mer que je le dois. À l'horizon vu depuis les quais du Havre, dans l'enfance… Quand j'étais petit, on m'a mis dans une école où il fallait colorier des images. C'est-à-dire mettre des couleurs à l'intérieur des silhouettes. Mais je mettais toujours mes couleurs en dehors du trait. J'ai voulu l'expliquer à la maîtresse : «Je ne veux pas mettre les couleurs là, elles ont l'air en prison.» Ma mère était en prison pour des raisons politiques – elle avait 20 ans. Mais vous avez toujours aimé le dessin… Oui, mais le dessin, c'est la ligne, pas le trait. Le trait referme, la ligne ouvre.

La ligne, le dessin, pour moi, marchent avec la réflexion. Dessiner, écrire, prendre des notes, le geste part du même point. Dans l'écriture aussi, je cherche la concentration, l'économie, l'espace naturel – qui n'est pas le vide. J'essaie toujours de m'arranger pour trouver un sens. Pour habiter l'espace sans déranger le vide qu'il y a dans l'espace. La ville où vous avez grandi, Le Havre, vous a donné le sens des cachettes, des cryptes, des souterrains, des espaces engloutis… Mes intuitions d'espace sont très fortement liées aux quinze premières années de ma vie. Entre 15 et 25 ans, autre chose s'est joué. Et puis j'ai rencontré Patrice Chéreau, c'est-à-dire le théâtre, et un ami. Et toute cette anxiété s'est orientée vers un travail. Jusque-là, elle flottait dans le vide. On a tant de choses dans la tête, dans le cœur, mais comment les exprimer ? Il y aurait tellement à raconter… Je n'ai qu'à penser aux gens avec qui j'ai travaillé. À qui songez-vous, par exemple ? Là, cinq personnes me viennent à l'esprit. Patrice Chéreau et Luc Bondy ; Henri Loyrette, qui a dirigé le Musée d'Orsay puis le Louvre ; Bernard Giraud,

mon plus ancien collaborateur. Chacun d'eux est une somme de souvenirs, drôles et graves. Et, enfin, le sculpteur et enseignant aux beaux-arts Charles Auffret, mon maître. L'ombre du Commandeur. Tout en rigueur, en honnêteté dans le travail. À son exemple, j'ai appris à ne pas céder à la facilité, à résister. À souffrir dans la recherche. Il faut repartir de rien, à chaque fois, sans filet, sans garantie. Je passe ma vie à regarder, à essayer de voir, de comprendre. C'est presque maladif. J'essaie de rassembler tout cela dans ma tête. Tout ce que j'ai pu essayer de faire dans mon métier naît de la même forme. De cet informe qui peut devenir une chaise ou un diamant ou un décor de théâtre ou quelques lignes, quelques mots, un dessin. Une sorte de quête de l'unité ? Une unité toujours inquiète. Être autodidacte, c'est très compliqué. Vous n'avez pas les cartes en main. Passer par tel auteur, commencer par celui-là et non par tel autre, ces balises vous manquent. J'ai aimé les surréalistes, et puis pourquoi pas Flaubert, Balzac ? Il y a eu des périodes de ma vie où je ne lisais pas par peur de ne pas savoir par où commencer. Bon, aujourd'hui, ça va mieux… J'adore Joseph Conrad, Eudora Welty, Flannery O'Connor, je relis le Journal de Delacroix…

Vous aimez donner aux murs et aux façades de vos décors une patine particulière. Vous en faites des coquilles d'existence, le vécu y laisse ses traces… J'essaie de leur donner un sens. Je fais très attention aux matières. Dans Ivanov, par exemple, l'extérieur dans le premier acte, ce hangar qui débouche dans la salle, signifie toute une civilisation, un habitat de gens rouillés, usés, prêts à partir au loin, embarqués dans la nef des fous, la nef de rien. Je tenais à donner cette impression. Et le décor du Tartuffe ? Plutôt un intérieur-piège chargé de possibilités d'observer, de regarder, de fuir sans pouvoir fuir. Quand on en a discuté avec Luc Bondy, le metteur en scène, l'idée s'est imposée d'une cuisine de grande propriété, une salle où l'on se retrouve le matin pour le petit déjeuner autour d'une grande table éclatée. Je souhaitais qu'il y ait un étage aussi, un plafond. Que tout le volume soit cerné – contrairement à Ivanov où l'on a eu envie que cette société prête à s'effondrer soit dans la proximité de la nature. Chez Tchekhov, on pressent un changement d'époque. Chez Molière, le changement est à l'échelle d'une famille. C'est le patriarche qui fait défaut, c'est à ce niveau intime que quelque chose ne fonctionne plus.

Comme vous, Patrice Chéreau était proche de la peinture. Oui. Il avait avec elle une relation profonde et importante. Mais il m'a dit un jour qu'il ne voulait pas rester en tête-à-tête avec les toiles, comme son père. Patrice peignait ce qu'il voulait exprimer en lui. Comme Coltrane qui va au bout des sentiments en mettant la musique hors d'ellemême, Chéreau mettait la scène hors d'elle-même. On l'a encore vu avec Elektra. Il pouvait faire ressortir le beau dans un morceau de charbon mouillé, avec juste ce qu'il fallait de lumière… Il épurait son style de plus en plus. Il voulait sans cesse «en enlever». C'est par là, finalement, qu'il faisait passer ses visions. Moi aussi, je tente d'aller vers le dépouillement. Nous avons fait ce chemin ensemble. Mes premiers décors étaient chargés de références aux arts décoratifs, d'enluminures, de détails, de chapiteaux. Tous les signes des arts déco y sont passés, toutes les époques. Ça m'a amusé de mélanger Vitruve et Palladio, la Renaissance et l'Antiquité rêvée, le XIXe. Au fond, j'ai voulu faire de tous les siècles un seul paysage. Et maintenant, j'en arrive un peu au squelette. À l'envie d'en dire le plus avec le moins. Votre amitié avec Chéreau a été comme un coup de foudre… C'est ça, un coup de foudre d'amitié. Lui avait reçu une bonne éducation, très universitaire, moi pas du tout – mais on s'est rejoints sur une sensibilité, une façon commune de poser le regard. Notre œil voyait la même chose. On l'a très vite senti. Et chacun apportait à l'autre ce qui lui manquait. Un peu comme dans certains groupes de rock ? Oui. C'est drôle, quand Patrice est mort, Luc a écrit un texte… Il y dit à peu près que Richard et Patrice, c'était comme les Beatles. Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, octobre 2015

Richard Peduzzi est né en 1943. Scénographe et peintre, il a signé depuis 1970 tous les décors des productions de Patrice Chéreau au théâtre et à l'opéra, ainsi que de nombreuses mises en scène de Luc Bondy. Directeur de l'École des arts déco (1990-2002) puis de la villa Médicis (2002-2008), il est également l'auteur de nombreuses réalisations muséographiques, notamment au musée du Louvre et au Musée d'Orsay. À lire : Richard Peduzzi, Là-bas, c'est dehors, Actes Sud, 2014. Grande salle

SCÈNES IMAGINAIRES animé par Arnaud Laporte réalisé par Baptiste Guiton

© Pénélope Chauvelot

Richard Peduzzi samedi 30 janvier / 14h30


Anatomie de nos consolations

janvier / février

Longtemps il y eut le savoir et la foi, mais maintenant ? Dans le cadre du cycle Penser ; passé, présent, le philosophe Michaël Fœssel sonde les remèdes de l’homme contre ses chagrins et ses malheurs…

Studio Gémier

De même qu’il existe une histoire des plaisirs, il y a une histoire des chagrins. D’Antigone privée du droit d’enterrer publiquement son frère à Marguerite abandonnée sans raison par Faust, les figures de l’inconsolable hantent le théâtre occidental. Avec elles, c’est à chaque fois un nouveau visage de la tristesse qui entre en scène. En étudiant ce que, à chaque époque, consoler veut dire, on a une chance d’entrer dans cette histoire des chagrins. Les stoïciens voyaient dans la «consolation» le privilège des sages : le philosophe offre sa sagesse comme un baume à celui qui souffre d’un deuil ou se trouve dans l’angoisse. Consoler, c’est convaincre le malheureux qu’il continue à «être avec» les autres en dépit de sa douleur. Dans l’Antiquité, l’ordre de la nature ou la communauté des sages fonctionnent comme des garanties contre l’isolement et la solitude qui redoublent le malheur. Le philosophe présente des arguments (logoï) qui doivent répliquer à chacune de nos tristesses.

Salon Roger Blin

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Avec le christianisme, la consolation passe pour ainsi dire de la philosophie à la religion. Ce n’est plus le savoir qui apporte un réconfort, mais la foi qui promet le salut. Ce passage de relais manifeste une transformation dans la définition du chagrin : c’est l’homme séparé de Dieu qui incarne le comble de la tristesse. Mais comme le montre l’expérience d’Augustin relatée dans Les Confessions, il faut approfondir ce désespoir, le vivre jusqu’au bout, pour retrouver l’espérance. Le malheur de la créature est le premier pas vers la reconquête de la vérité : le «Dieu de toute consolation» (saint Paul) s’adresse à des êtres perdus dans le péché, mais que la foi peut encore sauver. Parmi les nombreux philosophes modernes qui critiqueront cette apologie chrétienne du chagrin, Nietzsche est le plus radical. Pourquoi une vérité devrait-elle être relative au réconfort qu’elle apporte ? En devenant objective, la raison devient froide : même malheureuse, la lucidité demeure une vertu. Le théoricien de la «mort de Dieu» ne veut plus rien savoir d’une consolation transcendante offerte par miséricorde ou par pitié. Nietzsche milite pour une joie innocente qui inscrit la vie par-delà le bien et le mal. Mais n’est-ce pas, malgré tout, de cette «mort de Dieu» que l’homme moderne doit se consoler ? Que doit-il inventer pour répondre à la disparition des anciens modèles de la consolation (le savoir et la foi) ? Les chagrins modernes laissent inconsolés parce qu’il n’y a plus d’évidence à laquelle se fier à l’heure des naufrages. Cette inquiétude historique est peutêtre aussi une chance. À la tristesse, on répond moins par un savoir ou par une croyance dogmatiques que par des paroles et des gestes maladroits. Il n’y a plus de formules de la consolation, seulement des essais précaires qui instaurent des manières inédites d’être ensemble. Michaël Fœssel Michaël Fœssel philosophe, professeur à l’École polytechnique, auteur entre autres de La Privation de l’intime (Seuil, 2008) et Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique (Seuil, 2012). Salon Roger Blin

PENSER ; PASSé, PRéSENT animé par Catherine Portevin

Michaël Fœssel le Temps de la consolation jeudi 11 février / 18h

XXIe SCÈNE / NOUVELLES VOIX CONTEMPORAINES une proposition de Sophie Loucachevsky Lauréat du grand prix du CNT lundi 11 janvier / 19h

Leonore Confino lundi 15 février / 19h LIRE LE THéâTRE

animé par Jean-Yves Tadié

Richard III de William Shakespeare mardi 12 janvier / 18h Tartuffe de Molière mardi 2 février / 18h Salon Roger Blin

PENSER ; PASSé, PRéSENT animé par Catherine Portevin

Didier Fassin / Penser l’État pénal contemporain jeudi 14 janvier / 18h Michaël Fœssel / le Temps de la consolation jeudi 11 février / 18h Salon Roger Blin

L’EUROPE DES ARTISTES présenté par Martine Méheut

Regard sur le cinéma avec Stanley Weber samedi 16 janvier / 17h Regard sur la chorégraphie avec Guillaume Siard samedi 6 février / 17h Grande salle

LIV(R)E ; UN AUTEUR, UNE ŒUVRE animé par Sylvain Bourmeau Erri De Luca lundi 18 janvier / 20h Salon Roger Blin

WORDS, WORDS, WORDS... LES GRANDS MONOLOGUES SHAKESPEARIENS animé par Daniel Loayza

Le drame historique mardi 19 janvier / 18h La tragédie mardi 16 février / 18h Salon Roger Blin

DIRE LA HONTE

animé par Marc Crépon

Honte et humiliation jeudi 21 janvier / 18h La honte faite aux femmes jeudi 18 février / 18h Grande salle

LA VIE COMME UN SONGE animé par Raphaël Enthoven

René Descartes, pouvons-nous sortir de la Matrix ? samedi 23 janvier / 14h30

William Shakespeare, «nous sommes de l'étoffe dont les songes sont faits» samedi 13 février / 14h30 Salon Roger Blin

LES PETITS PLATONS à L'ODéON ateliers philosophiques / à partir de 8 ans

Le Malin Génie de Monsieur Descartes samedi 23 janvier / 14h30 raconté par Jean Paul Mongin

Socrate sort de l’ombre samedi 13 février / 14h30 raconté par Yan Marchand

Venez donc en famille ! Les cycles philosophiques La Vie comme un songe et Les petits Platons à l'Odéon sont programmés les mêmes jours au même horaire. Pendant que Raphaël Enthoven philosophe pour les adultes en grande salle, les plus jeunes sont accueillis pour philosopher au salon Roger Blin. Grande salle

SCÈNES IMAGINAIRES

animé par Arnaud Laporte réalisé par Baptiste Guiton Richard Peduzzi samedi 30 janvier / 14h30 Grande salle

EXILS

animé par Paula Jacques Irène Némirovsky lundi 1er février / 20h Grande salle

éDITIONS BOURGOIS Cinquante ans d'éditions soirée orchestrée par Georges Lavaudant lundi 8 février / 20h

tarifs Grande salle Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€ Salon Roger Blin Tarif unique 6€ XXIe scène entrée libre sur réservation daniele.girones@orange.fr suivez-nous #Bibliodeon

CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON Carte 10 entrées 50€ Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec la carte, du fait de tarifs exceptionnels

date limite d’utilisation : 30 juin 2016 01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu


«Faire d'une apparition un cauchemar»

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«Tartuffe fait son entrée. Incarné avec une décontraction sans égale par Micha Lescot, qui fait de ce rôle un bonheur de chaque instant, voici donc le tourmenteur de notre famille trimballant sa silhouette dégingandée pour arpenter en stratège les larges cases noires et blanches du carrelage donnant au plateau les allures d'un échiquier. Il suffit d'un signe à Luc Bondy pour faire de cette apparition un cauchemar. Surgissant devant nous pieds nus, voici Tartuffe dans la place comme s'il avait toujours été chez lui. Ne se contentant pas de lui faire porter une barbe de trois jours et le cheveu gras, le metteur en scène pousse le vice jusqu'à déformer d'un petit ventre incongru la ligne de l'acteur filiforme. Il en fait un être fasciné par son nombril, capable de revendiquer ce local embonpoint comme la sensuelle présence de poignées d'amour auxquelles nul ne pourrait résister.»

De la tête et du cœur Le Cercle de l'Odéon, qui rassemble donateurs individuels et entreprises, avait soutenu la création du Tartuffe. Quels motifs peuvent inspirer la volonté de devenir mécène ? Rencontre avec Francisco Sanchez, homme de convictions et spectateur engagé. Pourquoi votre vocation de mécène s'est-elle portée sur le théâtre ? Je m'intéresse aussi à beaucoup d'autres domaines de la création ! Mais le théâtre est un art de la présence réelle. Les réactions qu'il suscite en vous sont inspirées par des personnes qui sont bien là, devant vous, avec vous. Sur scène et dans la salle, l'œuvre vivante se réinvente chaque soir. Il y a aussi la qualité humaine particulière de l'effet théâtral, qui est un mélange indissociable, et vécu dans l'instant, de sensibilité et de réflexion. Une part se laisse contrôler, l'autre non – et pourtant ces contraires composent une unité concrète, ressentie, dont on se souvient longtemps. Le cœur et la tête s'éclairent et se renforcent mutuellement.

Fabienne Arvers et Patrick Sourd Les Inrockuptibles – 9/15 avril 2014

Vous rappelez-vous une mise en scène qui ait suscité votre engagement de spectateur ? Aucun souvenir spécial. Il s'agit plutôt d'un long chemin. Dans mon adolescence, le théâtre était lié pour moi au rire, à l'émotion directe. Comme tant d'autres, mon premier accès aux œuvres s'est fait dans un cadre scolaire. Mais un jour, on en vient à comprendre que des classiques comme, par exemple, Le Tartuffe de Molière, par-delà leur dimension comique, se révèlent d'une profondeur, d'une actualité surprenantes et qu'ils peuvent s'adresser à la personne tout entière. Peu à peu, d'interrogations en découvertes, j'en suis venu à m'initier à des formes plus contemporaines, mais mon voyage théâtral a suivi son cours sans étapes bien marquées.

© Thierry Depagne

 Elmire expédie son mari sous la table. Elle n'a pas d'autre issue. Orgon va entendre des choses qu'il n'a sans doute plus entendues chez lui depuis longtemps. Des mots de désir. Même Elmire pourra être troublée. Tartuffe est éloquent, il sait trouver les mots. Ce qu'Elmire n'a pas prévu, c'est qu'Orgon resterait si longtemps sous la table ! Dramatiquement et psychologiquement, on peut le comprendre. Orgon a besoin de temps, de beaucoup de temps dans le noir pour voir la lumière. Il a besoin du noir pour se concentrer sur ce qu'il entend et pour comprendre l'étendue de son aveuglement. La fin est difficile. Il y a ce côté happy end obligé. Il fallait que Molière fasse rétablir l'ordre par le roi en personne pour rappeler au public que Louis XIV le soutenait et autorisait les représentations. Peu de pièces ont été aussi violemment agressées dans l'histoire du théâtre. Bien que Le Tartuffe ait été écrit au XVIIe siècle, j'ai essayé de rendre compréhensible le dénouement. Objectivement, Orgon devrait avoir perdu la partie. Il faut l'intervention arbitraire d'un «souverain pouvoir» pour priver Tartuffe de ses droits. La pièce finit bien grâce à un deus ex machina administratif. Molière invite ses spectateurs à prendre la chose avec ironie. Il faut voir pour croire, mais il ne faut pas toujours croire tout ce qu'on voit. Surtout au théâtre.

L'Odéon a-t-il joué un rôle particulier dans ce «voyage théâtral» qui est le vôtre ? Pour moi, l'Odéon a d'abord été un lieu. Un centre historique, l'un des monuments emblématiques d'un grand quartier culturel de Paris. Mais ce lieu est devenu protéiforme. L'Odéon, aujourd'hui, c'est aussi le Paris périphérique, celui de la Porte de Clichy, des Ateliers Berthier. Cette vieille maison a su se renouveler, trouver un autre équilibre pour accompagner une ville qui change, s'étend, s'invente un nouveau centre. À l'image de l'art théâtral qui réunit émotion et réflexion, l'institution théâtrale se dédouble pour mieux réunifier les espaces et les temps qu'elle rassemble, ceux de la capitale d'hier, ceux d'aujourd'hui et de demain. Je me souviens de ma découverte d'Angélica Liddell en Avignon : peu après, l'Odéon l'accueillait dans son programme, et j'ai apprécié cette audace. Il faut des classiques relus pour notre temps, comme

Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, mars 2014 © Thierry Depagne

Le Tartuffe vu par un artiste de la stature de Luc Bondy, dont j'ai beaucoup aimé l'Ivanov, ou La Mouette par Ostermeier, que j'adore. Mais il faut aussi de l'inattendu, de la découverte, comme le Shakespeare réinventé par la jeune compagnie de Thomas Jolly. Il faut oser proposer des œuvres oubliées comme Vu du pont de Miller, des créations contemporaines comme cette Primera carta de San Pablo. Et à ce propos, Ivo van Hove et Angélica Liddell me rappellent combien je suis sensible à ce beau nom de «Théâtre de l'Europe». Votre maison refuse de vivre sur ses acquis. Elle affiche sa volonté d'ouverture sur notre monde, et sur plusieurs plans : à l'échelle du continent, donc, mais aussi dans la proximité, en travaillant par exemple en partenariat avec le TGP de Saint-Denis. L'Odéon accompagne notre époque et nous aide à en déchiffrer le sens. C'est un esprit et une démarche que j'appuie. Vous êtes aussi très sensible à la nécessité de partager et de transmettre l'expérience théâtrale ? C'est essentiel. Savoir ce qu'il y avait hier, envisager ce qu'il y aura demain. On parle trop de la «vieille Europe». Nous devons nous ouvrir, élargir notre point de vue, notre sensibilité. Nos enfants vivront tout naturellement dans une pluralité de cadres plus vastes et interconnectés, dans un registre d'expériences élargi. Cette ouverture doit commencer, et se partager, aujourd'hui. Une expérience théâtrale qui ne serait pas partagée n'aurait aucun sens : un public est toujours au pluriel, collectif. Voilà pourquoi des initiatives comme Génération(s) Odéon ou Adolescence et territoire(s) sont si importantes à mes yeux. Elles sont d'intérêt public, y compris parce qu'elles contribuent à constituer ce qu'on appelle un véritable public – une assemblée d'individus qui ne restent pas isolés, mais se retrouvent autour d'expériences communes. Il faut absolument donner aux jeunes une chance de se doter d'une culture théâtrale forte quand les circonstances sociales ou familiales ne leur en offrent pas l'opportunité. Au fond, cet idéal était déjà celui de Malraux quand il voulut fonder des théâtres à Nanterre ou à Saint-Denis. L'accès à la culture rend meilleur en tant qu'être humain. Il encourage l'ouverture à l'autre, la tolérance, la réflexion... Je tiens donc à saluer le travail de vos équipes. Leur présence sur le terrain, les valeurs généreuses qu'elles défendent, l'énergie formidable de toutes celles et ceux qui se battent pour faire exister Génération(s) Odéon et vos autres projets m'ont vraiment donné envie de m'engager à vos côtés. Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, octobre 2015


Entretien avec Claude Lévêque

un clin d'œil ironique à ce quartier The World is Yours, c'est ce que le plasticien français a écrit cet automne en lettres de néon sur le toit du Théâtre de l'Odéon. Sibylline, la maxime est un beau concentré de son œuvre.

© Julie Joubert «J’aime m’amuser avec tous ces codes et prendre du plaisir à créer des situations particulières. Manipuler la construction psychologique, sensorielle. L’enfance est perdue. Mais cet univers lointain me fascine parce que c’est l’arrivée dans un monde. Un état contemplatif que j’ai conservé, je le crois bien.» Voilà ce que vous répondiez à Diane Watteau il y a quelques années, Claude Lévêque, à propos d'une de vos œuvres les plus célèbres, La Nuit, qui date de 1984. Aujourd'hui, l'enfance s'est-elle éloignée ? Elle a été une composante de mon travail depuis le début. Je me suis toujours intéressé aux récits, aux parcours de la mémoire. Et l'enfance a un rapport étroit avec l'acte de créer. On est en état de découverte, de curiosité libre. C'est normal pour un artiste de vouloir préserver cela, du moins quand son enfance n'en a pas été privée. Vous parliez de l'arrivée dans «un» monde. Pour votre intervention à l'Odéon, il est cette fois-ci question «du» monde, the world, avec un article défini. Comment mesurez-vous cet écart ? J'ai trouvé que cette phrase collait – comme un clin d'œil ironique adressé à ce quartier de gens très aisés. Elle est célèbre et presque galvaudée. C'est un slogan publicitaire extrait de Scarface, un film mythique dans certains milieux qui ne vivent pas du tout à Saint-Germain. Il est encore plus d'actualité dans le monde de ce grand homme de théâtre qu'est le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. En même temps, il ne s'agit pas simplement d'une enseigne ou d'une injonction adressée à autrui. Comme souvent dans mon travail, le message est inquiété, subverti par une écriture maladroite. Le sens semble être «le monde est à vous et nous sommes tous heureux», mais il est contrarié par le côté incertain, tremblé. L'anglais est assez commun pour être compris de beaucoup de gens qui n'ont même pas besoin de savoir d'où la phrase est tirée. Mais les jeunes des cités le savent, eux, et ils reconnaissent

l'allusion à un film qui est emblématique pour beaucoup d'entre eux. Sans parler des adeptes du gangsta rap qui ont repris le slogan hors contexte. J'ai trouvé drôle de l'amener jusqu'ici, en plein Paris, pour poser une question qui se déguise en affirmation : ce qu'on appelle le monde, et qui est en effet au singulier, est-il réservé aux élites des capitales ou est-ce qu'il est aussi l'affaire des autres, des gens qui passent ? La phrase semble diffusée à tout le monde et en même temps ne s'adresser à chaque fois qu'à un seul individu singulier. J'aime les expressions du langage quotidien qui ont plusieurs angles, comme des prismes, et qui produisent différentes réflexions. Les ambiguïtés, c'est la base de l'échange. Le second volet de votre intervention au musée du Louvre, Sous le plus grand chapiteau du monde*, a été dévoilé à la mi-octobre. Le premier consistait en un éclair rouge dans l'axe de la pyramide de Ieoh Ming Pei… Oui. C'est un trait de foudre qui a été tracé par un petit garçon qui s'appelle Hamza. J'aime déléguer une partie du travail. Dans le cas des phrases, par exemple, je n'écris jamais moi-même. J'ai d'abord fait appel à ma mère, puis à d'autres collaborateurs. Romaric, mon filleul, écrit pour moi depuis au moins deux ans. Je repère des graphies puis je les retouche sur quelques détails, mais toujours en respectant la forme authentique initiale. D'où est venu cet éclair du Louvre ? Je ne voulais pas intervenir sur la Pyramide. Elle pose des problèmes quasiment insurmontables. Et puis j'ai eu l'idée de cet éclair. Ou l'éclair de cette idée. C'était impossible et, tout à coup, l'idée était là. Quand j'ai décidé de l'éclair, j'étais en résidence à l'école élémentaire Pierre Budin, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. J'ai demandé aux enfants de m'en dessiner un. Il fallait qu'il soit visible de tous les côtés, comme une sculpture. Celui de Hamza convenait. On l'a modélisé en 3D, puis on s'est mis à l'œuvre avec

mon néoniste. L'éclair fait plus de vingt mètres de haut. On a dû le travailler à l'horizontale, posé sur des tréteaux. Tantôt on montait sur des échelles pour juger des aspects sur un côté, tantôt on rampait par en-dessous… Un quart de seconde pour l'idée, des semaines pour la réalisation.

Dispositif in situ sur le toit du Théâtre de l’Odéon Claude Lévêque, The World is Yours, 2015 Néon blanc ; 2120 x 12100 mm, Écriture Romaric Etienne © ADAGP Claude Lévêque. Courtesy of the artist and kamel mennour, Paris

Que pouvez-vous nous dire de Vies de singes, votre installation à la galerie Kamel Mennour ? J'ai connu ce lieu dans les années 80. J'y avais mis en place un dispositif très contraignant pour ses spectateurs, quelque chose de très carcéral, de violent. Pour Vies de singes**, j'ai pris comme référence un travail antérieur, un Caddie contenant une source lumineuse en rotation, de façon à faire tourner sur les murs l'ombre d'une cage qui vibre. Cela m'a donné un point de départ… Au début de votre livre Nevers let love in, vous citez Nietzsche  : «Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse.» Plus loin, vous citez Rimbaud : «J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.» Entre ces deux étoiles, votre livre se déploie lui-même comme un fil d'or. Ou comme un néon ? Merci. J'admire Rimbaud. C'est un emblème pour moi. Lui, ce n'est pas le rap, c'est le côté rock, Patti Smith… Rimbaud aussi était sensible à la mélancolie de sa ville natale, à cette espèce d'humidité où les choses se noient sans changer… J'ai un projet en cours dans son musée, à Charleville-Mézières. J'y retourne début décembre. Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, octobre 2015

* jusqu'au 25 janvier 2016 ** jusqu'au 5 décembre 2015

Claude Lévêque est né en 1953 à Nevers. Il fait sa première exposition personnelle en 1984 et représente en 2009 la France à la 53e Biennale de Venise. Il travaille aujourd'hui à Montreuil et à Pèteloup, dans la Nièvre. À lire : Éric Troncy, Claude Lévêque, Hazan, 2001. Claude Lévêque, Nevers let love in, Dilecta, 2011. Plus d'informations sur www.claudeleveque.com www.kamelmennour.com


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Avantages abonnés En lien avec ses partenaires culturels, l’Odéon-Théâtre de l’Europe propose à ses abonnés des offres privilégiées. Offres dans la limite des places disponibles Entretien avec Éric Ruf, administrateur général de la Comédie-Française

«Shakespeare est la plus belle occasion qui soit de se rencontrer» Comment comptez-vous développer et démocratiser davantage encore l'accès à la Comédie-Française ? Pour l'avenir, c'est très simple : soit le nouveau public vient à nous, au centre de Paris, soit nous allons à lui ! Je pense qu'il faut les deux et je voudrais que la Comédie-Française se décentre un peu pour se rapprocher des populations excentrées. Il nous faudrait un lieu adéquat pour nous acquitter de cette part de nos missions. Malheureusement, nous n'avons pas encore cet outil.

Théâtre national de Chaillot Théâtre – Kings of war Du 22 au 31 janvier 2016 D’après Henri V, Henri VI et Richard III de William Shakespeare Mise en scène d'Ivo van Hove Avec 14 acteurs du Toneelgroep Amsterdam En néerlandais, surtitré en français À travers trois exemples historiques tirés de Shakespeare, Ivo van Hove interroge le thème du pouvoir dans un contexte périlleux où guerres et rébellions font rage. Il suit chronologiquement les carrières d’Henri V, Henri VI et Richard III, rois d’Angleterre aux caractères et aux destinées radicalement différents. > Tarif préférentiel 32€ au lieu de 39€ > Par téléphone au 01 53 65 30 00 ou au guichet sur mention du code «Odéon 2015» Offre valable pour deux personnes > 1 place du Trocadéro, 75016 Paris

Vous êtes également favorable à des actions basées sur des partenariats, notamment à l'occasion de 2016, année Shakespeare, où l'Odéon et la ComédieFrançaise vont travailler ensemble avec des enseignants et leurs élèves… Oui. Shakespeare est la plus belle occasion qui soit de se rencontrer. Et à propos de travail avec des jeunes élèves, je dois dire que ce que j'ai vu de votre programme Adolescence et territoire(s) a ouvert ma curiosité et mon appétit. Pour moi, voilà le sens des véritables humanités. Avant la fabrique des spectateurs, il y a la fabrique de l'humanité. Il faut enseigner – et ré-enseigner, car aujourd'hui on l'oublie trop souvent – à quoi sert le théâtre et la venue au théâtre. Le théâtre a un coût – comme l'éducation, d'ailleurs – parce qu'il est un processus long. Comme l'a dit Rabelais : «Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes»… Le théâtre doit sans cesse repointer cette part-là de ce qu'il est.

© DR

Venons-en à Roméo et Juliette. Pourquoi avoir choisi cette œuvre pour célébrer les 400 ans de la mort de Shakespeare ? Roméo et Juliette est un fantôme qui flotte, plus ou moins défini, dans l'imaginaire collectif. Il n'y a pas de tragédie qui soit aussi «connue» et aussi peu jouée. Si on ne veut monter la pièce que comme une histoire d'amour, on risque de tomber dans la vision très romantique que le XIXe a donnée des amants de Vérone. Mais en la lisant, j'ai été sensible à autre chose, à une sorte de brûlure. Elle tient à la prescience du lien entre amour et mort. Pourquoi Roméo et Juliette se consument-ils aussi vite ? Ce ne sont que des gamins, mais ils sont dévorés par un besoin de s'arracher, de s'échapper et la seule faille qui s'ouvre dans leur monde verrouillé de toutes parts, c'est la fissure du tombeau. Cette brûlure, rien ne l'apaise. Même le sang ne l'éteint pas… Propos recueillis par Armelle Stépien et Daniel Loayza Paris, octobre 2015

© Jan Versweyveld

Théâtre du Châtelet Comédie musicale – Kiss me, Kate Du 3 au 12 février 2016 Quand l’idée de transformer une pièce de Shakespeare en comédie musicale s’avère plus compliquée que prévu. Un célèbre metteur en scène engage son ex-femme, au fort tempérament, pour le rôle-titre de La Mégère apprivoisée. S’ensuivent des chassés-croisés amoureux et d’amusantes péripéties, l’un des acteurs de la pièce étant notamment poursuivi pour dettes de jeu par des gangsters jusque sur scène… Du théâtre dans le théâtre à son meilleur, porté par les sublimes chansons de Cole Porter chantées et dansées sur des airs mêlant le jazz à des pastiches virtuoses de valse viennoise. > 15% sur les catégories 1 à 4 > Par Internet ou par téléphone au 01 40 28 28 00 avec le code avantage «ODCHAPORTER» (colonne de gauche sur internet) > 1 place du Châtelet, 75001 Paris

Comédie-Française Théâtre – Roméo et Juliette de william Shakespeare Dimanche 28 février à 14 h / Lundi 29 février à 20h30 Mise en scène Éric Ruf Là où la représentation communément partagée voit l’incarnation de l’histoire d’amour absolue, symbolisée par la célèbre scène du balcon, se cachent nombre de ressorts bien plus complexes, au point que la romance ne semble y être qu’une anecdote. «Il y a un soleil noir dans cette pièce, c’est cela qu’il faut travailler», déclare Éric Ruf qui en assure la mise en scène et la scénographie. Car cette tragédie qui recèle quelques savoureux moments de comédie est une pièce fantôme qui n’a pas été aussi souvent montée qu’on pourrait le penser. > Tarif préférentiel 32€ au lieu de 41€ (catégorie A) et 23€ au lieu de 28€ (catégorie B) > Par téléphone au 01 44 58 15 15 sur mention du code «CAPULET» Offre valable pour deux personnes > 1 place Colette, 75001 Paris

© DR

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Représentations

Pinocchio représentations du 05/12 au 03/01 location ouverte

pinocchio Représentations supplémentaires pendant les fêtes de noël voir le calendrier détaillé ci-contre

RICHARD III représentations du 06/01 au 13/02 25 novembre theatre-odeon.eu • 2 décembre guichet / téléphone

RICHARD III du mardi au samedi à 19h30, le dimanche à 15h, relâche le lundi relâches exceptionnelles les 10 et 24 janvier

Tartuffe représentations du 28/01 au 25/03 5 janvier theatre-odeon.eu / guichet / téléphone les bibliothèques de l’odéon Vous pouvez réserver pour l'ensemble de la saison 15/16

TARTUFFE du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi relâche exceptionnelle le 31 janvier

Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h

Abonnés Si vous n’avez pas choisi vos dates de spectacles : – Vous pourrez réserver vos dates, à tout moment de l’année. Merci de vérifier la disponibilité de la date choisie auprès du service abonnement avant de retourner votre contremarque. – Nous vous conseillons de choisir vos dates avant l’ouverture de réservation tout public, afin que nous puissions vous placer au mieux. Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle. Contact 01 44 85 40 38 abonnes@theatre-odeon.fr

Tarifs Spectacles

Théâtre de l’Odéon 6e Ateliers Berthier 17e

Plein tarif Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* Lever de rideau (2h avant la représentation) Pass 17* (dates spécifiques)** * Justificatif indispensable lors du retrait des places

série 1

série 2

série 3

série 4 série unique

40 € 28 € 18 € 20 € 14 € 9 €

14 € 7 €

22 € 18 € 12 € — — 8 € — — — — — —

8 € — 6 € —

36 € 18 € Contacts Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 laure.legoff@theatre-odeon.fr Public de l’enseignement 01 44 85 41 18 claire.hammani@theatre-odeon.fr Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 alice.herve@theatre-odeon.fr

22 € 8 € — 22 €

**Tartuffe : 7 février / 15h ; 10 février / 20h ; 18 février / 20h

Pinocchio Moins de 15 ans* Accompagnateur (un par enfant)

— —

— —

— —

— —

10 € 22 €

*Justificatif indispensable lors du retrait des places

Les l’Odéon Bibliothèques de Théâtre de l’Odéon 6e Tarifs exceptionnels

Grande salle Roger Blin série 1

Plein tarif Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Abonné Odéon Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) * Justificatif indispensable lors du retrait des places

10 € — 6 € 6 € 6 € 6 €

série 2 série 3 série 4

6 € — 6 € 6 €

22 € 18 € 12 € 11 € 9 € 6 € 11 € 9 € 6 € 11 € 9 € 6 €

8€ 4€ 4€ 4€

6 € 6 €

11 € 11 €

4€ 4€

9 € 9 €

6 € 6 €

Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Carte 10 entrées 50€ Carte à utiliser librement ; une ou plusieurs places lors de la même manifestation. Réservation fortement conseillée. Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec cette carte — tarifs exceptionnels. Un tarif préférentiel est cependant consenti aux abonnés Odéon et aux détenteurs de la Carte (cf. tarifs exceptionnels, voir ci-contre).


15

REPRISE DE TARTUFFE EN REMPLACEMENT D'OTHELLO

Calendrier DÉCEMBRE 2015 Odéon 6e Berthier 17e

mar 22 mer 23 jeu 24 ven 25 sam 26 dim 27 lun 28 mar 29 mer 30 jeu 31

Pinocchio 20h Pinocchio 15h / 20h Pinocchio 15h Pinocchio 17h Pinocchio 20h Pinocchio 15h Pinocchio 20h Pinocchio 15h / 20h Pinocchio 15h

Luc Bondy devait créer Othello de William Shakespeare à partir du 28 janvier 2016 aux Ateliers Berthier. Étant actuellement en convalescence, le metteur en scène ne sera pas en mesure de

janvier 2016 Odéon 6e Berthier 17e

présenter ce spectacle aux dates initialement prévues. Il sera

créé la saison prochaine.

Grande salle / salon Roger Blin / Studio Gémier

ven 1 Relâche sam 2 Pinocchio 20h dim 3 Pinocchio 15h lun 4 mar 5 mer 6 Richard III 19h30 jeu 7 Richard III 19h30 ven 8 Richard III 19h30 sam 9 Richard III 19h30 dim 10 Relâche lun 11 Lauréat du grand prix du CNT / XXI e scène 19h mar 12 Richard III 19h30 Richard III de William Shakespeare / Lire le théâtre 18h mer 13 Richard III 19h30 jeu 14 Richard III 19h30 Didier Fassin / Penser ; passé, présent 18h ven 15 Richard III 19h30 sam 16 Richard III 19h30 Regard sur le cinéma – Stanley Weber / L’Europe des artistes 17h dim 17 Richard III 15h 20h lun 18 Erri De Luca / Liv(r) e ; un auteur, une œuvre mar 19 Richard III 19h30 Le drame historique / Shakespeare / Words, Words, Words... 18h mer 20 Richard III 19h30 jeu 21 Richard III 19h30 Honte et humiliation / Dire la honte 18h ven 22 Richard III 19h30 sam 23 Richard III 19h30 René Descartes / La Vie comme un songe 14h30 Le Malin Génie de Monsieur Descartes / Les petits Platons 14h30 dim 24 Relâche lun 25 mar 26 Richard III 19h30 mer 27 Richard III 19h30 jeu 28 Richard III 19h30 Tartuffe 20h ven 29 Richard III 19h30 Tartuffe 20h sam 30 Richard III 19h30 Tartuffe 20h Richard Peduzzi / Scènes imaginaires 14h30 dim 31 Richard III 15h Relâche

Une reprise du Tartuffe de Molière dans la mise en scène de Luc Bondy sera programmée du 28 janvier au 25 mars 2016. Si vous êtes abonné à l'Odéon-Théâtre de l'Europe et avez choisi Othello dans votre abonnement, un courrier vous a été adressé. Merci de ne pas contacter le service location avant de l'avoir reçu et pris connaissance des options proposées et de la démarche à suivre. Si vous n'avez pas reçu ce courrier à la date du 11 décembre, vous pouvez vous renseigner sur le site internet et télécharger le formulaire qui correspond à votre situation (abonné individuel ou groupe) : theatre-odeon.eu/fr/report-creation-othello

et le renvoyer par courrier à Odéon-Théâtre de l’Europe Othello Service Billetterie 2 rue Corneille / 75006 Paris

février 2016 Odéon 6e Berthier 17e

Henry VI sur grand écran

Grande salle / salon Roger Blin / Studio Gémier

lun 1 Irène Némirovsky / Olivier Philipponnat / Exils 20h mar 2 Richard III 19h30 Tartuffe 20h Othello de William Shakespeare / Lire le théâtre 18h mer 3 Richard III 19h30 Tartuffe 20h jeu 4 Richard III 19h30 Tartuffe 20h ven 5 Richard III 19h30 Tartuffe 20h sam 6 Richard III 19h30 Tartuffe 20h Regard sur la chorégraphie – G. Siard / L’Europe des artistes 17h dim 7 Richard III 15h Tartuffe 15h lun 8 Éditions Bourgois / Cinquante ans d’éditions 20h mar 9 Richard III 19h30 Tartuffe 20h mer 10 Richard III 19h30 Tartuffe 20h jeu 11 Richard III 19h30 Tartuffe 20h Michaël Fœssel / Penser ; passé, présent 18h ven 12 Richard III 19h30 Tartuffe 20h sam 13 Richard III 19h30 Tartuffe 20h William Shakespeare / La Vie comme un songe 14h30 Socrate sort de l’ombre / Les petits Platons 14h30 dim 14 Tartuffe 15h 19h lun 15 Leonore Confino / XXIe scène mar 16 Tartuffe 20h La tragédie / Shakespeare / Words, Words, Words... 18h mer 17 Tartuffe 20h jeu 18 Tartuffe 20h La honte faite aux femmes / Dire la honte 18h ven 19 Tartuffe 20h sam 20 Tartuffe 20h dim 21 Tartuffe 15h lun 22 mar 23 Tartuffe 20h mer 24 Tartuffe 20h jeu 25 Tartuffe 20h ven 26 Tartuffe 20h sam 27 Tartuffe 20h dim 28 Tartuffe 15h

Les salles mk2, l'Odéon-Théâtre de l'Europe, La Piccola Familia, la Cie des Indes et le TNB – Rennes présentent l'intégrale du spectacle filmé Henry VI de William Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly Projections au cinéma mk2 Grand Palais : samedi 16 janvier (1re partie) à 14h30 dimanche 17 janvier (2e partie) à 14h30 bientôt plus d'informations sur mk2.com

PARIS FACE CACHÉe 5, 6, 7 février 2016 Cette manifestation propose aux participants de vivre des

mars 2016 Odéon 6e Berthier 17e

salon Roger Blin / Studio Gémier / Hors les murs

moments singuliers dans des endroits atypiques. Tenus secrets,

mar 1 Tartuffe 20h mer 2 Tartuffe 20h jeu 3 Tartuffe 20h ven 4 Tartuffe 20h sam 5 Tartuffe 20h dim 6 Tartuffe 15h lun 7 mar 8 Tartuffe 20h mer 9 Tartuffe 20h jeu 10 Tartuffe 20h ven 11 Tartuffe 20h sam 12 Tartuffe 20h dim 13 Tartuffe 15h Un dimanche à... Vers un premier lieu secret lun 14 La section auteur de l’ENSATT / XXIe scène mar 15 Tartuffe 20h La comédie / Shakespeare / Words, Words, Words... mer 16 Tartuffe 20h jeu 17 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h ven 18 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h sam 19 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h dim 20 Relâche Tartuffe 15h* lun 21 mar 22 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h* mer 23 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h jeu 24 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h ven 25 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h

le contenu de chaque aventure ainsi que le lieu ne sont dévoilés qu'après l'inscription. L'Odéon-Théâtre de l'Europe a participé à cet événement en février 2015. Le public a été amené par petits groupes à expérimenter l'inédit, emprunter l'entrée des artistes, découvrir le plateau et

16h30 19h 18h

le dessous de scène, manipuler les cintres… sentir le frisson du lever de rideau. * Représentations avec audiodescription vacances scolaires zone A zone B zone C

Pour l'édition 2016, l'Odéon renouvelle l'expérience. Sous le sceau du secret, il se pourrait que Richard III s'invite à la fête... parisfacecachee.fr


2 octobre – 1er novembre / Odéon 6e

16

IVANOV

d’Anton Tchekhov mise en scène Luc Bondy

10 octobre – 21 novembre / Berthier 17 e

VU DU PONT

d’Arthur Miller mise en scène Ivo van Hove création 10 – 15 novembre / Odéon 6e

PRIMERA CARTA DE SAN PABLO A LOS CORINTIOS d’Angélica Liddell

avec le Festival d’Automne à Paris

2 – 20 décembre / Odéon 6e

ORESTIE

(une comédie organique ?) d’après Eschyle de Romeo Castellucci avec le Festival d’Automne à Paris

5 décembre – 3 janvier / Berthier 17e

PINOCCHIO

d’après Carlo Collodi de Joël Pommerat 6 janvier – 13 février / Odéon 6e

RICHARD III

de William Shakespeare mise en scène Thomas Jolly

Soutenez la création théâtrale en rejoignant le Cercle de l'Odéon

28 janvier – 25 mars / Berthier 17 e

TARTUFFE

de Molière mise en scène Luc Bondy 17 mars – 13 mai / Odéon 6e

PHÈDRE(s)

L’Amour de Phèdre de Sarah Kane ; Euripide, Sénèque, J. M. Coetzee mise en scène Krzysztof Warlikowski création

Information et contact Pauline Rouer cercle@theatre-odeon.fr

13 – 29 mai / Berthier 17 e

NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS

Ils sont mécènes de la saison 2014-2015

(Déjeuner chez Wittgenstein) de Thomas Bernhard mise en scène Séverine Chavrier 20 mai – 25 juin / Odéon 6e

LA MOUETTE

d’Anton Tchekhov mise en scène Thomas Ostermeier

3 – 25 juin / Berthier 17 e

Du nouveau, des nouvelles, des réseaux

d’après William Faulkner mise en scène Séverine Chavrier

La revue du web de l'Odéon

octobre 2015 – juin 2016

Un blog pour l'Odéon ! «Place de l'Odéon» est en ligne depuis octobre. Plongez-vous dans le dédale d'un grand théâtre en pleine activité. Votre curiosité sera votre fil d'Ariane... Rendez-vous sur placedelodeon.eu Le Blog Retrouvez Ivanov en 47 secondes

Facebook Claude Lévêque habille l'Odéon et sa page Facebook

Twitter Un record de retweets lors de la venue du prix Nobel de littérature 2015, Svetlana Alexievitch

Ailleurs Richard III Attacks ! le jeu en version bêta à retrouver sur le site de la Piccola Familia

LES BIBLIOTHÈQUES 5 L’ODÉON DE Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy

Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40 Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris @TheatreOdeon

theatre-odeon.eu 01 44 85 40 40

couverture : Richard III © Nicolas Joubard / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 – 1064582

LES PALMIERS SAUVAGES


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