NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS (Déjeuner chez Wittgenstein) Thomas Bernhard / Séverine Chavrier
OD ON
LA COMÉDIE DU SACCAGE
LA MOUETTE Anton Tchekhov / THOMAS OSTERMEIER
CRISE DE L'AMOUR, CRISE DE L'ART
les PALMIERS SAUVAGES WILLIAM FAULKNER / Séverine Chavrier
UNE FUGUE, UNE FUITE
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Lettre N 20 Odéon-Théâtre de l’Europe
mai – juin 2016
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sommaire p. 2 à 4
NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS (Déjeuner chez Wittgenstein) LA COMÉDIE DU SACCAGE ENTRETIEN AVEC CLAUDE FISCHLER p. 4 à 5
LES PALMIERS SAUVAGES UNE FUGUE, UNE FUITE p. 6 à 7
LA MOUETTE CRISE DE L'AMOUR, CRISE DE L'ART p. I à IV
les bibliothèques de l’odéon GASTON BACHELARD OU LE «DROIT DE RÊVER» LA VOIE DE L'ACCÉLÉRATION FESTIVAL JAZZ À SAINT-GERMAINDES-PRÉS PARIS À PROPOS DES MONUMENTS NATIONAUX p. 8 à 9
ADOLESCENCE ET TERRITOIRE(S)
LA COMÉDIE DU SACCAGE
F(EUX)
Voyager de William Faulkner à Thomas Bernhard n'est pas donné à tout le monde. Comment et pourquoi passer d'un
Génération(s) odéon
grand roman de la passion amoureuse (Les Palmiers sauvages) à un huis-clos familial (Nous sommes repus...) signé par
CAMPAGNE DE MÉCÉNAT PARTICIPATIF p. 10
un maître de la dramaturgie contemporaine ? Entre la folle fuite en avant façon Nouveau Monde et la non moins folle révolte sur place façon vieille Europe, Séverine Chavrier interroge avec brio – et comme toujours, en musique – deux
AVANTAGES ABONNÉS
styles de refus, deux manières de se cogner la tête contre les murs du monde. À ses côtés, Marie Bos, Déborah Rouach
Invitations et tarifs préférentiels
(qui fut la Cendrillon de Joël Pommerat) et Laurent Papot (dont la saison à l'Odéon s'est ouverte sur le rôle de Rodolpho
p. 11
dans Vu du pont, mis en scène par Ivo van Hove).
ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES p. 12
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Le titre du spectacle, Nous sommes repus mais pas repentis, est une sorte d'interprétation instinctive du titre français de l'œuvre, Déjeuner chez Wittgenstein. Et ce titre-là était déjà une lecture proposée par son traducteur, puisqu'en allemand, la pièce est désignée par le nom des trois acteurs qui l'ont créée : Ritter, Dene, Voss. Pour Bernhard, c'était donc un titredédicace, une façon de dire que le texte a été écrit pour ses interprètes. De rappeler aussi que nous sommes en plein théâtre, mais que le théâtre concerne des gens réels, des contemporains, et non pas simplement des rôles plus ou moins fictifs. La traduction recentre l'œuvre du côté de la fiction, car l'histoire qui nous est racontée consiste effectivement en trois moments d'une journée dans l'intimité de la famille Wittgenstein, le frère et les deux sœurs. À vrai dire, le
fameux philosophe n'est jamais vraiment nommé par Bernhard, mais on ne peut avoir aucun doute sur son identité, vu les indices qu'il a semés dans sa pièce et sa manière de s'amuser avec les allusions : par exemple, le médecin de la famille s'appelle Frege, du nom d'un spécialiste de logique dont le Wittgenstein historique a discuté les conceptions. Et donc, au-delà de la traduction, avec le passage au plateau, nous avons à notre tour déplacé le titre. Wittgenstein nous intéresse, bien sûr, et le théâtre aussi. Mais nous tenions à pouvoir ouvrir le texte, à y intégrer d'autres passages de Bernhard, tirés de ses pièces ou de ses romans. Surtout, il s'agissait de revenir à ce que l'auteur visait, à savoir, le temps présent. Il nous dit quelque chose de nousmêmes, de notre situation historique, à nous autres Européens. C'est difficile à exprimer... L'Europe a tout, et
en même temps non, ça ne va pas, ce n'est toujours pas ça. Bernhard a écrit quelque part que Salzbourg a le taux de suicide par habitant le plus élevé d'Autriche ; curieusement, nous créons ce spectacle en Suisse, qui est le pays dont le taux de suicide est le plus élevé d'Europe. Une enclave de richesse, de confort, de tranquillité,
Il est un mixte d'autodidacte et d'héritier. comme à l'abri de l'Histoire, sauf que c'est illusoire, qu'il n'y a pas d'abri, et que comme disait Brecht, et nous le voyons tous les jours, «le ventre
est toujours fécond d'où est sortie la bête immonde». Qu'on le veuille ou non, la violence du monde hante nos mémoires, nos corps. Et le plateau. Déjeuner chez Wittgenstein est une des pièces les plus abouties de son auteur, avec Place des héros et Avant la retraite, qui met déjà en scène un frère et ses deux sœurs. Mais l'accent y est moins sur le passé nazi de l'Autriche que sur la figure de l'intellectuel, et sur son extrémisme propre, entre pensée et folie. Le Wittgenstein de Bernhard est très proche de certains fous shakespeariens. Ce qui me touche aussi chez lui, c'est qu'il est un mixte d'autodidacte et d'héritier. Il y a d'abord sa volonté de rupture absolue. Il veut tout devoir à ses propres capacités. Et de même qu'il tente de penser à partir de son propre fonds, contre toute la tradition occidentale, de même il
Nous sommes repus mais pas repentis 3
veut être capable de pouvoir construire lui-même sa maison. Mais en fait, l'être que nous montre Bernhard est fragile, démuni, maladroit. C'est comme s'il n'avait plus de mains, ou des livres à la place des mains. Ou plus de monde. On le sort d'une clinique, qui est le seul endroit où il peut à peu près vivre. Son corps l'obsède et en même temps le trahit, parfois jusqu'à la grivoiserie. Comme si c'était le prix à payer pour une pensée qui danse en tâtonnant, d'une singularité à l'autre, toujours en débat. Les fameux «jeux de langage» pratiqués par Wittgenstein dans la deuxième période de sa réflexion, autour de son grand projet de Grammaire philosophique, sont comme autant de petites machines de guerre individuelles anti-généralité, antimétaphysique, qui détraquent toute visée systématiste. Ce sabotage inquiet de la banalité, c'est quelque chose de commun à Wittgenstein et à Bernhard. Cela produit un humour assez particulier. Autre point commun, tous les deux parlent
13 – 29 mai 2016 Berthier 17e
Nous sommes repus mais pas repentis (Déjeuner chez Wittgenstein)
de Thomas Bernhard conception Séverine Chavrier
Dans ses recherches sur les jeux de langage, Wittgenstein a commenté la notion de «plan de table», s'est intéressé à la façon dont on décrit la dégustation d'un vin. Pour la dramaturgie de ce Déjeuner, nous sommes partis du fait que pour accueillir leur frère à la maison en toute tranquillité, les deux sœurs ont renvoyé les domestiques. Les voilà obligées de se débrouiller toutes seules. Or elles n'ont jamais eu à le faire. Elles ont été servies toute leur vie. Apporter les plats, débarrasser les assiettes sales, elles ne savent pas. Le petit personnel dont elles sont si dépendantes circule entre ces trois héritiers de grande famille patricienne comme un fantôme. Bernhard avait d'ailleurs des rapports compliqués, ambigus, avec les gens dits «simples», les chasseurs, les cuisiniers, passant sans cesse de l'attirance au rejet. Comment survivre sans les domestiques qui vous servent de mains ? Je suis fascinée et touchée
Ces trois personnages bernhardiens ont aussi un aspect enfantin. On sent qu'ils ont été livrés à euxmêmes, élevés sans tendresse – on les croirait tout droit sortis de certains romans de Henry James. Cela fait que Déjeuner chez Wittgenstein a quelque chose d'une comédie enfantine du saccage, donc une sorte de gaieté, mais quand même un peu désespérée, sous le regard austère des portraits des parents. La loi de la famille est redoutable : le regard peint maintient le pouvoir des ancêtres, les garde
Pour Bernhard, toute enfance est une catastrophe. en «vie». Comment échappe-t-on à l'héritage ? Même en fracassant la vaisselle, même en retournant les portraits contre le mur, on est toujours repris par la famille, et pourtant on ne peut pas ne pas tenter de lui échapper, de partir courir dans la neige, en forêt – mais rien à faire : pour Bernhard, toute enfance est une catastrophe, le mort saisit le vif. Dans le spectacle, soit dit en passant, nous jouons nous-mêmes tous les membres de notre famille. Le penseur qu'invente Bernhard dans sa pièce s'échappe d'une autre façon. Chez lui, la joie de la pensée est aussi
le plaisir de la tyrannie assumée. L'urgence de l'une s'accompagne tout naturellement de l'égoïsme de l'autre. Il faut qu'on l'écoute ! Tant pis s'il abuse, tant pis si l'irresponsabilité est la conséquence de son exercice infantile du pouvoir. Pour lui, être intellectuel, c'est aussi conquérir le droit de penser ce que les autres ne pensent pas. Donc il faut savoir délirer. Étymologiquement, délirer, c'est sortir du sillon. Comme une aiguille qui rippe sur un disque et produit des sons inouïs... Si la «folie» est le prix qu'il doit payer pour y arriver, soit. Si ses sœurs acceptent son jeu, elles doivent en assumer les conséquences, et si ce jeu-là leur déplaît, elles n'ont qu'à ne pas jouer à être ses sœurs ! À la fin, d'un seul geste, les sœurs deviennent ou redeviennent des infirmières. À ce moment du parcours, trois enfants viennent jouer de la musique de chambre – piano, violoncelle et violon. Comme si tout ce qui précède n'avait été qu'une comédie jouée à la clinique. Je ne voudrais pas que ce signe soit trop rassurant, qu'on se dise : ouf, il rentre à l'asile, peut-être même qu'il n'en est jamais sorti. Je préférerais qu'on se demande lequel des deux espaces, le familial ou l'asilaire, est le plus fou des deux. Et que le théâtre, qui permet d'inventer et d'occuper un lieu indécidable entre folie et raison, ne résout pas la question, au contraire : il la rend encore plus inquiétante, en laissant entrevoir que l'hôpital n'est qu'une couche de plus dans un jeu qui décroche et dérive d'une position à l'autre sans jamais se
refermer sur une conclusion trop rassurante. Cela dit, la musique des enfants est là, et sa beauté libère de la pure ironie. Elle fait résonner la note sérieuse dans la mélancolie de Bernhard, qui n'était pas qu'un ricaneur, qui portait un fond terrible de tristesse et de douleur. Le spectacle dure un peu plus de deux heures. La première a lieu dans trois jours. J'hésite encore à placer un entracte. Le mouvement conduit d'une irritation insomniaque, les nerfs à vif, jusqu'à une sorte d'enlisement dans la glu familiale, en passant par l'exécution des jeux de rôle et des codes du déjeuner. Pour finir, on débouche sur une troisième partie plus tchekhovienne, une atmosphère de suspension résignée et presque minérale après épuisement des figures de la révolte. C'est l'après-midi, il pourrait pleuvoir, on dirait que l'heure de la sieste approche... On pourrait aussi penser à Beckett, mais Vincent Baudriller, en venant voir une répétition après avoir assisté à La Mouette d'Ostermeier, nous a dit qu'il était frappé de retrouver tellement de thèmes de Tchekhov : l'actrice et ses frustrations, l'aspiration à la beauté, à l'intelligence, qui se fracasse en plein vol, le rêve de nouveauté et de liberté qui plie sous le poids des héritages – sans parler des abîmes quotidiens qui s'ouvrent entre les êtres qu'on dit proches, ces concentrés de béances, de violences, ces nœuds de complicités et de malentendus qu'on appelle familles. Propos recueillis par Daniel Loayza 6 mars 2016
La musique fixe une sorte de point de nostalgie. par la maladresse. Peut-être parce que je suis moi-même d'une maladresse terrible ! Laurent, lui, est un virtuose, un «adroit du plateau». Il est maladroit s'il le veut et comme il le veut. Il peut tout casser à la façon des grands clowns ou de certains enfants.
scénographie Benjamin Hautin dramaturgie Benjamin Chavrier lumière Patrick Riou son Frédéric Morier vidéo Jérôme Vernez
© Samuel Rubio
© Samuel Rubio
énormément d'art, et en particulier de musique. La musique hante la réflexion du philosophe comme elle hante la scène du dramaturge. Elle fixe une sorte de point de nostalgie. Bernhard rêvait d'être chanteur lyrique avant que la maladie l'en empêche. Et l'une des grandes questions qu'aborde Wittgenstein dans ses Remarques mêlées est de déterminer ce qu'on veut dire quand on parle de «comprendre» un thème musical. La musique est pour lui une grammaire, et la façon dont cette grammaire fonctionne a des incidences sur son propre style. Le frère de Wittgenstein, qui était un grand pianiste, a perdu le bras droit pendant la Première Guerre mondiale. C'est pour lui que Ravel a écrit son Concerto pour la main gauche... Toujours cet étrange mélange de virtuosité et de gaucherie ! Dans le spectacle, la musique est donc partout. Je joue du piano en direct. Le sol est recouvert de disques vinyle. À un moment, on voit s'élever tout un mur de pochettes de 33 tours, comme une tenture. Nous travaillons avec des platines, nous trafiquons les bruits de vaisselle...
avec Marie Bos Séverine Chavrier Laurent Papot durée 2h20
production Théâtre de Vidy Compagnie La Sérénade interrompue coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe CDN de Besançon Franche-Comté créé le 9 mars 2016 au Théâtre de Vidy la Compagnie La Sérénade interrompue est en résidence artistique au Théâtre Roger Barat d’Herblay
avec le soutien de la ville d’Herblay, de la DRAC Île-de-France, du conseil général du Val d’Oise et du Festival Théâtral du Val d’Oise
4 Nous sommes repus mais pas repentis
On ne mange pas seul : entretien avec Claude Fischler Pourquoi Thomas Bernhard a-t-il choisi de mettre en scène un philosophe à table ? Quels rapports entre son éducation religieuse et son comportement de convive ? Pourquoi le déjeuner avec ses sœurs prend-il une tournure si bizarre ? Éléments de réponse avec le sociologue Claude Fischler, spécialiste de l'alimentation humaine. Claude Fischler, quelles réflexions la lecture de ce Déjeuner chez Wittgenstein vous a-t-elle inspirées ? Le premier détail qui m'a intrigué en lisant Bernhard, c'est que les Wittgenstein, si je me souviens bien, étaient une tribu assez nombreuse, dont beaucoup de membres se sont suicidés. Leur identité était assez complexe. Du côté du père, ce sont des Juifs convertis au protestantisme luthérien. Mais la mère de Ludwig était catholique, et Ludwig a été baptisé et élevé dans cette religion. Ce qui a son importance. Ce déjeuner est-il un symptôme ? Il est un révélateur, et le point focal de la pièce. Bernhard l'a divisée en trois parties : avant, pendant, et après le déjeuner. Celui-ci est donc au centre de l'œuvre. Si l'on s'en tient à son déroulement, on peut relever plusieurs écarts, voire des dysfonctionnements, mis en évidence par les didascalies. Par exemple, l'une des sœurs semble resservir inlassablement de la «viande» dans les assiettes, selon un rythme assez peu déchiffrable. Puis elle y déverse de la «sauce», alors même que son frère n'y touche pas. Ensuite, et ensuite seulement, plusieurs pages plus loin, arrivent les pommes de terre et le riz... On insiste aussi sur le fait qu'une sœur a préparé pour lui sa «sauce préférée» et son «dessert préféré», des profiteroles. J'ai d'ailleurs trouvé remarquable que Bernhard, qui note si scrupuleusement le service
elles veulent contrôler le repas, mais ne savent pas comment en régler le bon déroulement. Et du côté du frère, les refus vont croissant. D'abord, il mange sans appétit, ne fait pas honneur au repas, violant ainsi l'un des principes fondamentaux de la commensalité. Le don alimentaire est en effet quasiment assimilable à une forme de don de soi, et le contre-don du récipiendaire doit consister à accepter ce don. À l'hospitalité, on répond en principe par la confiance. En espagnol, on dit «mi casa es su casa», en français «vous êtes chez vous» : l'un fait tout pour l'autre, et réciproquement ce dernier se livre, s'engage. Ce qu'on lui offre, il le paie, si je puis dire, de sa personne en l'absorbant. Comme si, en effet, il était chez lui. Mais justement, le protagoniste ne se sent pas chez lui...
de la sauce sur la «viande», ne précise jamais qu'on verse du chocolat fondu sur ces fameuses profiteroles... Peutêtre que les profiteroles à l'autrichienne sont servies ainsi : je sais bien que le goulasch, qui est un ragoût de viande, devient une Gulaschsuppe en Autriche. Mais on a plutôt l'impression que la recette personnelle de la sœur constitue en elle-même une déviation, une de plus, par rapport à la norme gastronomique.
C'est même l'un de ses refus explicites, et l'une des façons les plus radicales de subvertir le lien de la commensalité. Le titre français est d'ailleurs un peu trompeur, car il laisse supposer que les sœurs sont allées manger chez lui. Déjeuner chez les Wittgenstein serait plus exact. J'ai même cru au début qu'elles seraient peut-être allées le voir dans sa cabane en rondins norvégienne. Ce qui soulève la question : où habite-t-il, où est son foyer ? Il n'en a plus. Il est dans un état de semi-nomadisme revendiqué, sans feu ni lieu... Les rapports sont donc forcément non réciproques – et à l'occasion, le héros sait très bien exploiter cette asymétrie à son profit. Mais pour en revenir au don alimentaire, notez qu'il y a une autre façon de le renverser, à savoir la dévoration animale. Au moment du dessert, le héros s'étouffe avec les profiteroles, qu'il engloutit avec une sorte de rage suicidaire. Là encore, on passe du vide au trop-plein : soit je ne mange pas ta tambouille, soit je me fais crever avec, et tu auras ma mort sur la conscience. À la racine de la commensalité et de la convivialité, vous avez le même préfixe, le cum latin, l'être-avec. Soit qu'on ne mange rien, soit qu'on ne fasse que cela, on n'entre pas dans le jeu de l'être-avec, on ne partage pas sa présence avec ses hôtes. La syntaxe, c'est une façon de co-ordonner, de co-organiser un tel sens de la présence plus ou moins rituellement partagée. Elle est le fait des deux parties, de la puissance invitante, mais aussi de l'invité.
La sauce est donc le signe d'un déréglage, par excès et par défaut ?
Manger, c'est donc toujours manger «avec» ?
En effet, ce repas n'a pas de mesure. Il transgresse plusieurs points de la syntaxe commensale. Du côté des sœurs,
C'est ce trait qui définit la commensalité. On ne vit pas que de pain. Il y faut des conditions de temps et d'espace.
Le don alimentaire est une forme de don de soi.
Même quand on mange seul, on s'assied plutôt en tournant le dos au mur. Le refus du foyer n'est-il pas aussi un refus du père ? Il est en effet frappant que le protagoniste insiste pour changer de place et prendre celle du père. On y transporte son couvert. Et c'est à partir du moment où il s'y installe que le déjeuner commence vraiment à dérailler. Autrement dit, c'est bien là qu'il y a un compte à régler. Comme dans Festen. Celui qui devrait être garant de la tradition familiale et culinaire, celui pour qui l'on va essayer de reproduire, respecter, reconduire cette tradition, est précisément celui qui va l'achever en mettant tout par terre. En renversant la table, comme on dit, ou ici en tirant sur la nappe. Les pauvres sœurs ne maîtrisent pas la syntaxe sur laquelle elles comptent tant... Le formalisme est omniprésent, même s'il n'est pas respecté. Bernhard écrit : «manie de géométrie même sur la table de salle à manger»... Ou encore : «Je vais dresser la table comme il aime, comme la mère l'a dressée», et là-dessus, on rectifie la position des couverts. L'ironie est féroce : Ludwig Wittgenstein était un grand penseur de la syntaxe, un spécialiste du formalisme. Et là, toute la formalité est dans les choux ! Il faut dire qu'elles ne connaissent pas trop bien les rails qu'il faudrait suivre.
Toute la formalité est dans les choux ! L'une d'elles met un plat creux sur la table, alors qu'il devrait rester en cuisine en attendant d'être garni... Jamais les domestiques ne commettraient un impair pareil. Ce déjeuner fait interférer différentes formes de sabotage commensal : l'involontaire, celui des sœurs, par incompétence ou incapacité, et le volontaire, celui de leur frère – du moins dans la mesure où il est effectivement responsable de ses actes, ce qui est loin d'être sûr. En somme, il n'y aurait pas eu de pièce si elles n'avaient pas donné leur congé aux gens de maison. Les apparences auraient sans doute été beaucoup plus sauves... Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, 9 mars 2016
Claude Fischler est directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique et dirige l'Institut Interdisciplinaire d'Anthropologie, dont il est le cofondateur. Il a notamment publié L'Homnivore (Odile Jacob, 1990), Manger mode d'emploi ? Entretiens avec Monique Nemer (PUF, 2013) et a dirigé et préfacé Les Alimentations particulières : mangerons-nous encore ensemble demain ? (Odile Jacob, 2013).
3 – 25 juin 2016 Berthier 17e
Les Palmiers sauvages d’après le roman de William Faulkner mise en scène Séverine Chavrier dramaturgie Benjamin Chavrier scénographie Benjamin Hautin son Philippe Perrin lumière David Perez vidéo Jérôme Vernez avec Séverine Chavrier Laurent Papot Déborah Rouach durée 1h45 production Théâtre de Vidy Compagnie La Sérénade interrompue coproduction Nouveau Théâtre de Montreuil avec le soutien de la SPEDIDAM du Ministère de la Culture et de la Communication du CDN de Besançon Franche-Comté de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture créé le 25 septembre 2014 au Théâtre de Vidy certaines scènes de ce spectacle peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, il est déconseillé aux moins de 16 ans
Les Palmiers sauvages 5
Est-ce qu’une relation vécue comme une œuvre d’art n’est pas une entreprise solitaire, vouée à l’échec? Est-ce qu’un art d’aimer poussé à son absolu ne devient pas un art Séverine Chavrier de mourir ?
© Samuel Rubio
Une fugue, une fuite
Quelle belle aventure ! Quel beau voyage dans l’univers de Faulkner ! J’ai été totalement séduite par l’univers de cette proposition. Je l’ai trouvée d’une fraîcheur revigorante. Elle s’empare de ce texte, de cette réécriture de Faulkner qui est faite de hiatus et qui part parfois dans tous les sens, mais qui va très loin en profondeur pour sonder l’âme humaine. Elle arrive avec liberté et audace à restituer cette histoire d’amour, cette passion folle et incandescente entre ces deux êtres d’une fragilité incroyable, portée magnifiquement par Laurent Papot et Déborah Rouach. Je suis restée subjuguée. On entend tout : les sons, le vent, les embruns de ce lac qui, de temps en temps, apparaît en fond de scène, les soupirs, les silences, les cris de la jouissance... Elle pose sur le plateau un décor qui est comme un territoire, leur territoire : des matelas qu’ils retirent, qu’ils remettent, qu’ils piétinent, dans lesquels ils se roulent, s’enroulent, s’emmêlent et puis ces sommiers anciens, métalliques, sur lesquels parfois ils sautent, tables, étagères comme celles que l’on imagine voir dans certains drugstores d’une Amérique fantasmée ou en tout cas faulknérienne, boîtes de conserve, fauteuils : on part dans cette aventure, on prend le train et on les suit jusqu'au bout. Marie-José Sirach, journaliste à l'Humanité
Retranscription de la critique des Palmiers sauvages Diffusée sur France Culture le 8 décembre à 21h dans l’émission «La Dispute», animée par Arnaud Laporte
Suis-je donc condamné à vivre éternellement derrière une barricade d’éternelle innocence comme un poulet dans un enclos ? William Faulkner, Les Palmiers sauvages
Si Les Palmiers sauvages est excentré dans l’œuvre de Faulkner, l’histoire demeure faulknérienne. Elle met en jeu cette relation à soi, à autrui, au même, à l’autre, à l’étranger dont Faulkner a exploré les linéaments et les butées entre les membres d’une famille, à l’intérieur des demeures, des domaines, des foyers, voire tout au fond de la conscience de ses personnages, ou de ce qui en tient lieu. Le roman retrace une fugue-fuite dans le monde intermédiaire où confine l’adultère et une romance de littérature de gare. L’œuvre prend une dimension mythique, chimérique : malédiction, damnation, expiation, rédemption... Vouée à l’exigeante religion de l’amour, refusant de donner la vie, captive de sa culture, Charlotte voue les deux amants à un angélisme mortel, à l’amour à mort. Qui se révélera être un amour de la mort. Elle ne voit pas que cette fuite en avant est un enfermement, que cette exigence quasi nietzschéenne de cultiver un art de vivre et d’aimer, dans le faceà-face nu de deux êtres désemparés, se révèle être un art de mourir. Chez Faulkner, l’hyperromantisme, loin de Werther et de Bovary, devient minéral et tue la vie : à force d’aimer l’amour, on finit par perdre la trace de l’autre, par le nier, par perdre la viabilité de cet amour. L’amour comme absolu – qui ne s’abaisse à chercher les conditions de sa survie. L’amour qui laisse l’identité se confondre avec l’identification : je suis ce que je lis du devenir de l’autre... Des paysages exténués : brises, odeurs, rivières, glycine, taillis, futaies C’est une cavalcade venteuse dans «un vent sans horaires, sans lois, imprévisible, venant de nulle part et n’allant nulle part, comme un attelage emballé à travers une plaine déserte». Il y a une fonction topique du paysage chez Faulkner. Ni bucolique, ni idyllique, fantomatique, presque fantastique. Comment rendre sur scène ces traces ou signes d’une histoire naturelle en décomposition à l’image de ces paysages traversés ? De ces bruits, brises, odeurs, rivières, glycines, taillis, futaies, odeurs puissantes, lumières particulières, vent omniprésent, qui enveloppent les protagonistes et
participent de leurs fixations, de leurs pressentiments, de leurs douleurs immobiles ? Cette sensualité des éléments, cette nature prémonitoire qui invente une polyphonie est bien celle de «ces États-Unis d’Amérique où la civilisation naissait sous la hutte et allait mourir dans les bois», disait Tocqueville. Trajet, traque : biffures et bifurcation Cinq chapitres, quatre lieux : de l’hôtel à l’atelier de Chicago, puis le chalet dans l’Utah et enfin le bungalow au bord de la mer, ultime paysage, ultime horizon. Un trajet de la vie de bohème au cabanon de plage, abandonné au seul bruit des palmiers sauvages, un trajet de la vie à la mort. Une histoire d’amour, de bruit et de fureur. On a beaucoup écrit sur la prescience de la circulation, du trajet dans la littérature américaine, comme si «l’âme ne s’accomplissait qu’en prenant la route». Ici c’est aussi une descente aux enfers, une précarité qui gagne, une sauvagerie, celle de la nature, du corps engrossé, qui prend le dessus ; un trajet particulièrement clair qui, libératoire à l’origine, finit par l'agonie (Charlotte) et l’enfermement (Harry) et où chaque étape rature la précédente. Séverine Chavrier extrait de la note d'intention, 2014
© Arno Declair
6 La Mouette
entretien avec THOMAS OSTERMEIER
CRISE DE L'AMOUR, CRISE DE L'ART Après un Richard III d’anthologie et après des mises en scène d’Henrik Ibsen décisives dans votre parcours de metteur en scène, La Mouette est le premier texte d'Anton Tchekhov que vous portez à la scène et votre seconde création en français après Les Revenants d’Ibsen, que vous aviez créé à Vidy en 2013. Trois ans après l’avoir mis en scène à Amsterdam, vous revenez à La Mouette, en français cette fois. Quelle direction a prise votre adaptation de ce texte emblématique du répertoire du XXe siècle ?
aucune référence à d’autres problématiques. Mais en arrière-plan sourd une crise humaine fondamentale, une crise sociale et politique qui malmène des êtres, torturés, malades ou livrés à eux-mêmes. Je vois dans cette opposition entre ses engagements et ses descriptions un écho à la situation d’aujourd’hui en Europe, et pas seulement à la nôtre, d’artistes et d’intellectuels.
C’est le cas avec sa traduction. Enfin, nous avons rajouté du texte tiré d’histoires propres aux acteurs ou de citations utilisées lors des répétitions.
Vous avez commandé une nouvelle traduction à Olivier Cadiot, qui avait déjà traduit pour vous Les Revenants. Son écriture poétique se retrouve dans cette traduction, à travers une langue à la fois contemporaine, presque quotidienne, tout en étant vive et rythmée. Qu’estce que la langue de Cadiot apporte à votre lecture du texte ?
Il faut d’abord dire qu’il y a de grands acteurs partout dans le monde et qu’il n’y a pas une culture théâtrale meilleure qu’une autre. Dans ce cas précis, parce que je connais déjà une partie de
Pour mettre en scène un texte dans une autre langue que l’allemand, j’ai besoin de travailler avec quelqu’un en qui j’ai une totale confiance dans son rapport au langage. D’une part Olivier Cadiot est un écrivain qui connaît mon travail, et nous partageons le même intérêt pour le langage quotidien, la langue que l’on parle tous les jours. D’autre part il est poète autant qu’auteur, et j’ai également besoin d’une langue élaborée, bien pensée, qui nourrisse et structure le jeu.
Vous mettez en scène des acteurs francophones avec lesquels vous aviez mis en scène Les Revenants, rejoints par trois autres comédiens. Est-ce que cela influe sur votre travail scénique ?
Tchekhov a envoyé des livres aux bagnards de Sakhaline. la troupe, et parce que ces acteurs me connaissent et connaissent mon travail, il est plus simple de travailler ensemble : le fait qu’ils soient suisses, français ou belges n’est pas essentiel.
© Arno Declair
Thomas Ostermeier : Nous avons principalement recentré l’action autour de ce qui me semble être les deux thèmes principaux de la pièce, l’art et l’amour. Par ailleurs, entre la version d’Amsterdam et celle d’aujourd’hui, j’ai pris davantage en compte la biographie de Tchekhov et son influence sur son théâtre, comme en arrière-plan. Tchekhov était très engagé socialement, il a soigné des milliers de personnes précaires sans être payé, a fondé des écoles et des librairies. Il a envoyé des livres aux détenus du bagne de l’île de Sakhaline après l’avoir visité comme médecin volontaire et avoir entrepris là-bas une sorte d’enquête sociologique pour témoigner des conditions de vie atroces qui y régnaient. Plus tard, il a écrit que toutes ses œuvres avaient été marquées par cette expérience fondatrice – et cela a beaucoup influencé ma compréhension de son œuvre. Tchekhov était ce qu’on appellerait aujourd’hui un human rights activist, ou quelqu’un qui travaillerait pour une O.N.G. Pourtant il écrit une pièce qui parle peu de questions sociales ou politiques. Au contraire, il décrit la bourgeoisie, les nantis de son époque, obsédés continuellement par leurs petits problèmes de carrière et de renommée ou leurs histoires d’amour malheureuses, sans
les bibliothèques 7
OD ON
mai – juin 2016
Portrait de Gaston Bachelard par Manach&Bienvenu © Costume3pièces.com
8 Les Bibliothèques de l’Odéon II
Gaston Bachelard ou le «droit de rêver» Parfois, pour savoir, il faut se concentrer sur les signes. Parfois, faire confiance à ses cinq sens. Mais parfois, il faut aussi consentir à ne plus distinguer sens et signes, à les laisser infuser les uns dans les autres. C'est alors, dit Bachelard, que s'éveille la connaissance poétique, au pays de «l'amour écrit»... Mettant du jeu dans la réalité, l’art de la comédie fait vivre, par l’image, la «magie du théâtre». Aller au fond du rêve pour approfondir le réel ; travailler à métamorphoser les images toutes faites du monde pour en réveiller l’expression native, découvre que l’imagination est, dans notre petit théâtre intérieur, l’âme de notre âme. C’est cette idée qu’explora Gaston Bachelard pour qui l’imagination n’est pas une faculté qui forme des images mais qui les déforme. Aussi est-ce se faire une bien piètre idée du rêve pour ne le considérer que comme le contraire de la réalité. C’est là réduire la rêverie à de la rêvasserie, ou à une divagation inopportune. «Tu prends tes rêves pour la réalité !», «Arrête de rêver, d’avoir la tête dans les nuages»… Toutes ces expressions manifestent la police du rêve propre à l’esprit de sérieux. Elle ne conçoit la puissance des images que comme une petite machine intime à fabriquer de l’illusion. Mais il faut se faire une idée bien pauvre de la réalité pour se laisser croire qu’elle se décline dans les seuls contours matériels d’un monde ; qu’elle se réduit à un système de fonctionnalités et d’utilités. Un peu comme le personnage de Charles Dickens Thomas Gradgrind dans Temps difficiles, pour lequel, avec une règle et une balance, aucune parcelle de nature humaine n’échappe à la pesée ou à la mesure, tout le reste n’étant que… de la littérature ! Bachelard n’est pas de ceux qui croient que le rêve serait l’autre du réel ; qu’il serait la marque en nous d’une pathologie de l’imagination. Pour lui la rêverie n’est pas clôture d’un repli sur soi mais ouverture au surréel. Rêver ce n’est pas se divertir, c’est s’approfondir. Ce n’est pas s’évader mais se renouveler intérieurement. Les méfaits de l’imagination ne disent pas tous des effets de la rêverie active que convoquent, le poète, le théâtre, les arts plastiques,
le rêve éveillé. Certes, il peut y avoir un trop d’imagination dans un esprit fantasque. Mais que serait une vie avec un trop peu d’imagination, à la créativité psychique bridée, prisonnière de l’injonction d’un autre ou d’un système ? Certes, la psychanalyse nous a appris à lire «le rêve comme voie royale d’exploration de l’inconscient», onirisme névrotique qui tourne (mal) en boucle. Mais une grande image rêvée n’est-elle qu’un symptôme ? Philosophe du théorème, mais aussi du poème, Bachelard défend un droit de rêver. Insatisfait d’une conception pasteurisée du monde – comme on dit d’un beurre qu’il l’est – il nous apprend à bien rêver, à goûter la partialité des images que nous donnent les poètes. Une grande image ne se réduit pas à une astuce d’écriture ou à une figure de style, telle la métaphore. Elle se vit et nous donne la présence au monde dans son émergence et sa surprise. La rêverie nous intensifie. Elle nous augmente. Elle nous enrichit par la grâce des «hormones de l’imagination». Elle est, pour cette raison, une école de la liberté. Jean-Philippe Pierron
Jean-Philippe Pierron philosophe, enseigne à la Faculté de philosophie de l'Université Jean Moulin, à Lyon. Il enseigne dans la joie de transmettre la philosophie morale explorant les liens de l'imagination et de l'action. Auteur des Puissances de l'imagination, récemment paru aux éditions du Cerf, il a trouvé chez Les petits Platons l'occasion de donner à entendre combien la philosophie de Gaston Bachelard, en plus d'être une philosophie qui aide à bien penser et à bien rêver, est aussi une philosophie qui aide à bien vivre.
Salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS À L'ODÉON À PARTIR DE 8 ANS
Les Rêveries de Gaston Bachelard samedi 28 mai / 14h30 raconté par Jean-Philippe Pierron
Le Professeur Freud parle aux poissons samedi 11 juin / 14h30 raconté par Marion Muller-Colard Grande salle
LA VIE COMME UN SONGE
animé par Raphaël Enthoven
Gaston Bachelard, la rêverie et son poème samedi 28 mai / 14h30
Sigmund Freud, l'interprétation des rêves samedi 11 juin / 14h30
Les cycles philosophiques La Vie comme un songe et Les petits Platons à l'Odéon sont programmés les mêmes jours au même horaire. Pendant que Raphaël Enthoven philosophe pour les adultes en grande salle, les plus jeunes sont accueillis pour philosopher au salon Roger Blin. Venez donc en famille !
La rêverie que nous voulons étudier est la rêverie poétique, une rêverie que la poésie met sur la bonne pente, celle que peut suivre une conscience qui croît. Cette rêverie est une rêverie qui s'écrit, ou qui, du moins, se promet d'écrire. Elle est déjà devant ce grand univers qu’est la page blanche. Alors les images se composent et s'ordonnent. Déjà le rêveur entend les sons de la parole écrite. Un auteur, que je ne retrouve plus, disait que le bec de la plume était un organe du cerveau. J’en suis convaincu : quand ma plume crache je pense de travers. Qui me rendra aussi la bonne encre de ma vie d'écolier ? Gaston Bachelard : La Poétique de la rêverie (Paris, PUF, 1968, p. 14)
illustration Yann Kebbi © Les petits Platons, Paris
6 Tartuffe
Les Bibliothèques de l’Odéon III 9
La voie de l'accélération Le progrès n'est pas seulement une question de direction, mais de rythme. Le capitalisme libéral, loin d'être un horizon indépassable et un accélérateur d'innovation, est un frein à toute véritable transformation véritable. La pensée critique contemporaine, pour être féconde, doit se tourner résolument vers l'avant. Depuis leur publication il y a trois ans, ces thèses iconoclastes de Nick Srnicek et Alex Williams sont discutées dans le monde entier. État des lieux avec Laurent de Sutter. Le 14 mai 2013, deux doctorants londoniens en sciences politiques, Nick Srnicek et Alex Williams, publiaient sur le site «Critical Legal Thinking» un bref texte, composé de courts paragraphes numérotés, et titré «#Accelerate : Manifeste pour une politique accélérationniste ». C’était un texte à la fois provocateur et radical, plaçant la pensée de gauche contemporaine face à ses impasses nostalgiques, et réclamant l’invention d’une nouvelle logique théorique et politique de dépassement du capitalisme – un dépassement vers l’avant, et non vers l’arrière. Là où la pensée de gauche contemporaine ne cessait de promouvoir un retour illusoire à la situation d’équilibre keynésien qui était celle de l’après-guerre, en Europe (parfois mâtinée de décroissance, et de désir rousseauiste d’Arcadie), Srnicek et Williams en appelait à une réconciliation profonde avec le contemporain. Ce n’était pas ralentir, qu’il fallait ; c’était accélérer. Il fallait s’emparer de ce
que l’époque proposait de meilleur en matière d’invention scientifique et technologique, et d’expérimentation politique, et aller plus vite encore dans l’innovation, de sorte à brûler la politesse du capitalisme néolibéral, lequel ne cessait de freiner. Car, contrairement à ce que l’on continue à croire trop souvent, le capitalisme n’est pas cette idéologie de la vitesse absolue ; au contraire, il est devenu, depuis les années 1970, celle du management de la rétention de l’innovation – de son ralentissement et de l’exploitation systématique de chaque micro-progrès. Pour Srnicek et Williams, il fallait retrouver le sens du progrès, et remettre celui-ci au service d’une véritable entreprise de sortie de la crise politique, sociale, économique et écologique de notre temps – une sortie par le plus haut, et non une sortie par le bas. Bien entendu, des tels propos ne pouvaient rester sans réponse. Aussitôt après sa publication, le «Manifeste» suscita un
immense débat mondial, dans lequel les plus grandes figures de la pensée contemporaine sont intervenues, qu’il s’agisse de soutenir Srnicek et Williams, ou au contraire de leur adresser les critiques les plus vives. À l’heure où les pièces du débat paraissent enfin en France, il fallait en discuter avec un des auteurs, Nick Srnicek, ainsi qu’avec celui qui, chez nous, a dialogué de la manière la plus active avec ceux que l’on appelle désormais «accélérationnistes», Yves Citton. Laurent de Sutter
Laurent de Sutter écrivain et éditeur. Ses livres, traduits en plusieurs langues, et salués par le public et la critique, explorent de manière inlassable les failles de ce que nous persistons à nommer réalité. Derniers titres parus : Striptease, l'art de l'agacement (Le Murmure, 2015), Magic, une métaphysique du lien (PUF, 2015), Vies et morts des super-héros (PUF, 2016). Il enseigne la théorie du droit à la Vrije Universiteit Brussel, et dirige les collections «Perspectives Critiques» aux Presses Universitaires de France, et «Theory Redux» chez Polity Press.
Salon Roger Blin
LES Dialogues du contemporain animé par Laurent de Sutter
La voie de l'accélération avec Yves Citton et Nick Srnicek mardi 26 avril / 18h
Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés PARIS YARON HERMAN DUO «EVERYDAY» & FRIENDS
Grande salle
Concert / création lundi 23 mai / 20h30 tarifs exceptionnels (cf p.11)
, MICHEL PORTAL, BASTIEN BURGER, ZIV RAVITZ Provoquer l'imprévisible, dompter et libérer la musique du moment : un programme qui paraît simple, mais dont seuls les plus grands, quand ils se rencontrent, savent tirer ces étincelles qu'on appelle jazz. Ils sont cinq à s'être fixés © Lisa Roze
rendez-vous à l'Odéon. Ils vous y attendent pour une soirée – évidemment – unique...
Yaron Herman piano Ziv Ravitz batterie Matthieu Chedid guitare, voix Michel Portal saxophone, clarinette, bandonéon Bastien Burger basse Le Festival Jazz à Saint-Germaindes-Prés Paris est organisé par l'association L'esprit Jazz festivaljazzsaintgermainparis.com
© DR
© Jean-Marc Lubrano
Depuis six ans, l'Odéon-Théâtre de l'Europe et le Festival Jazz à SaintGermain-des-Prés Paris créent l'événement en invitant des artistes d’exception : Richard Galliano, Stefano di Battista, Michel Legrand, Didier Lockwood, Lisa Simone. Yaron Herman nous fait l'honneur de prolonger le rêve et d'investir le célèbre théâtre de l'Odéon pour une soirée qui s’annonce mémorable.
© Sébastien Vincent
Depuis sa première venue au Festival en 2005, le pianiste Yaron Herman a gravi les sommets du jazz, enregistré sept albums et marqué à jamais les esprits par ses reprises de Radiohead ou de Britney Spears. Il est aujourd’hui, à seulement 34 ans, un phénomène de la scène jazz internationale. Improvisateur-né et créateur en perpétuelle évolution, il a publié en 2015 pour le prestigieux label Blue Note, «Everyday», un album en duo avec le sorcier des fûts, le batteur virtuose Ziv Ravitz, remarqué aux côtés de Shaï Maestro. En exclusivité pour le Festival, Yaron Herman réunit un plateau exceptionnel, autour de ce duo audacieux : le chanteur-guitariste - M -, le saxophoniste-clarinettiste Michel Portal qui jouera également les 27 et 31 mai dans des formations inédites, et le bassiste du groupe pop The Dø, Bastien Burger. Des amis brillants et inclassables pour une création qui ne sera jouée que deux fois en France, ici et au festival Jazz in Marciac.
Un dimanche à… à propos des monuments nationaux
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maI / JUIN Salon Roger Blin
LES DIALOGUES DU CONTEMPORAIN
Je suis né à l’emplacement actuel du Théâtre de l’Odéon et j’ai passé sept ans dans le donjon du château de Vincennes. Qui suis-je ? Donatien-Alphonse-François de Sade, dit le marquis de Sade. Pourquoi les premiers spectateurs du Théâtre de l’Odéon gardaient-ils leurs chaussures propres lorsqu’ils se rendaient en direction de l’Île de la Cité ? Parce qu’après le percement du lotissement de l’hôtel de Condé en 1779, la rue de l’Odéon, anciennement rue du Théâtre-Français, fut la première rue de Paris pourvue d’un trottoir. En le ce la
1983, une équipe de chercheurs enregistre à Vostok en Antarctique record de température négative avec - 83°. Plus récemment, record a été battu. À quel endroit de la surface de la Terre, température la plus basse a-t-elle été enregistrée ?
animé par Laurent de Sutter
La voie de l'accélération mardi 26 avril / 18h
Accueillir les non-humains mardi 7 juin / 18h Lieu secret
un dimanche à...* promenade littéraire accompagnée par Léon Bonnaffé
Vers un troisième lieu secret dimanche 22 mai / 16h30 Grande salle
CONCERT / CRÉATION FESTIVAL JAZZ À SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS PARIS Yaron Herman duo «everyday» & friends lundi 23 mai / 20h30 Salon Roger Blin
LIRE LE THÉÂTRE La Mouette d'Anton Tchekhov mardi 24 mai / 18h
Entre les tombeaux de Rousseau et de Voltaire dans la crypte du Panthéon. Plus de deux siècles après leur mort, ils sont restés en froid.
Grande salle
Quelle panthéonisation a nécessité la présence du Centre d’études nucléaires du CEA et de l’Office de protection contre les rayonnements ionisants en 1995 ?
LA VIE COMME UN SONGE
Celle de Pierre et de Marie Curie, dont les corps momifiés et en parfait état de conservation ont été exhumés du cimetière municipal de Sceaux.
Sigmund Freud, l'interprétation des rêves
À propos de quel monument national peut-on lire en 1795 que «les guichetiers ivres parlent un langage extraordinaire, chargés d’énormes clefs, et suivis de chiens fait - comme eux - pour répandre l’épouvante»[1] ? De la conciergerie, qui était alors une prison. Comment un jeune Génois descendit-il des tours de Notre-Dame de Paris un dimanche d’août 1389 ?
animé par Raphaël Enthoven
Gaston Bachelard, la rêverie et son poème samedi 28 mai / 14h30 samedi 11 juin / 14h30 Salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS à L’ODéON ateliers philosophiques / à partir de 8 ans
Les Rêveries de Gaston Bachelard samedi 28 mai / 14h30 raconté par Jean-Philippe Pierron
Le Professeur Freud parle aux poissons samedi 11 juin / 14h30 raconté par Marion Muller-Colard Grande salle
EXILS
animé par Paula Jacques
Giacomo Casanova vu par Chantal Thomas textes lus par Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française lundi 6 juin / 20h
Grâce à une corde tendue des tours de Notre-Dame à un toit d’une maison située sur le parvis. Il déposa symboliquement une couronne sur la tête d’Isabeau de Bavière, la nouvelle reine de France, épouse de Charles VI. Quel est le point commun entre les vitraux de la Sainte-Chapelle et la galerie des glaces au château de Versailles ? Leur superficie est identique, environ 750 m2. Que pouvait-on voir se promener dans la partie basse de la Sainte-Chapelle en 1690, puis en 1910 ?
* AVERTISSEMENT sans être acrobatiques, ces promenades littéraires sont déconseillées aux personnes gênées par la marche ou la montée d’escaliers.
Des poissons. En effet, à deux reprises le monument a subi des inondations qui endommagèrent assez lourdement le décor peint. [1]
Philippe Edme Coittant, Almanach Des Prisons, Paris, 1795, p.8
Le Centre des monuments nationaux conserve, restaure, gère, anime et ouvre à la visite près de cent monuments nationaux en France, propriétés de l’État. Abbayes, châteaux, grottes préhistoriques, sites archéologiques... tous illustrent par leur diversité la richesse du patrimoine français. À Paris :
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1 Conciergerie 2 Domaine national du Palais-Royal 3 Sainte-Chapelle 4 Hôtel de Béthune-Sully 5 Tours de la cathédrale Notre-Dame 6 Panthéon 7 Musée des Plans-reliefs 8 Arc de triomphe 9 Chapelle expiatoire
tarifs Grande salle Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€ Tarifs exceptionnels 40€, 28€, 18€, 14€ (séries 1, 2, 3, 4) Salon Roger Blin Tarif unique 6€
suivez-nous #Bibliodeon
www.monuments-nationaux.fr
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON Carte 10 entrées 50€ Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec la carte, du fait de tarifs exceptionnels
date limite d’utilisation : 30 juin 2016 01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
20 mai – 25 juin 2016 Théâtre de l'Odéon 6 e
La Mouette d'Anton Tchekhov mise en scène Thomas Ostermeier traduction et adaptation Olivier Cadiot Thomas Ostermeier
musique Nils Ostendorf scénographie Jan Pappelbaum dramaturgie Peter Kleinert lumière Marie-Christine Soma costumes Nina Wetzel peinture Katharina Ziemke
avec Bénédicte Cerutti Valérie Dréville Cédric Eeckhout Jean-Pierre Gos François Loriquet Sébastien Pouderoux de la Comédie-Française
Mélodie Richard Matthieu Sampeur et Marine Dillard durée 2h30
À Vidy, je retrouve un véritable esprit de compagnie, ce qui est lié notamment à la situation de la production : tous les acteurs du projet sont ici loin de chez eux. Cela crée un esprit de troupe, une attention et une confiance particulières, davantage déterminantes que la nationalité. À propos de la langue, il faut savoir qu’en répétition j’évite autant que possible de commenter les intonations, la façon dont il faudrait prononcer telle ou telle phrase. J’essaie de travailler à partir des situations ; lorsque la situation est claire pour l’acteur, lorsqu’il conçoit clairement d’où il vient et ce qu’il cherche dans une scène, j’ai l’impression que prononciations et intonations se déterminent d’elles-mêmes. Le langage est pour moi un outil pour agir sur la situation de chacun, pour faire évoluer les relations entre chaque personnage : c’est une action concrète qui ne vaut pas en elle-même, mais pour ce qu’elle provoque. À propos d’action concrète, vous dites rechercher un «acteur-créateur» au service de ce que vous appelez un «théâtre non théâtral», notamment dans une conférence récente que vous avez donnée sur l’art de l’acteur. Vous y décrivez votre méthode du storytelling, une manière de conduire des improvisations autour des tensions emblématiques du drame. Dans le cas de La Mouette, comment avez-vous travaillé avec les acteurs ? Comment les impliquez-vous dans la recherche de leur personnage ? Le travail de laboratoire sur le jeu d’acteur devient de plus en plus impor-
tant et passionnant à mes yeux. Pour le storytelling, nos exercices portaient sur la vie affective des acteurs, leurs histoires d’amour ou de trahison et sur une dizaine d’autres situations liées aux
Dans tous les théâtres du monde règne la peur de monter sur scène. personnages du texte – des situations très concrètes et précises que chacun a pu vivre. Il s’agit ainsi de comprendre les liens entre les situations des personnages dans la pièce et leur propre vie ; et d’explorer comment chacun d’eux aurait réagi dans la même situation – ce qui est tout à fait inspiré de la méthode de travail de Stanislavski. Bien sûr, personne ne réagirait toujours de la même façon à une même situation, mais il apparaît une certaine vérité quand un acteur joue une scène à partir de quelque chose qu’il a vécu. Le théâtre est au centre de La Mouette, dont la plupart des personnages sont des artistes. Comment traitez-vous cet aspect du texte ? À mes yeux, il s’agit davantage d’une réflexion sur les différentes étapes dans la vie d’un artiste. La Mouette porte en partie sur le conflit entre les générations, notamment entre artistes.
Deux générations s’opposent : celle des artistes établis, prônant un art conventionnel, souvent auto-satisfait, un art qui est probablement d’un assez bon niveau – par exemple la littérature de Trigorine – mais avec un certain manque de radicalité, de liberté et sans doute de passion ; et celle des plus jeunes, qui débutent et qui ne connaissent pas les lois, les règles de la scène, du théâtre, de la narration, mais qui veulent révolutionner le théâtre et l’art, témoigner d’un engagement, au risque d’être ridicules, superficiels et un peu banals dans leur révolte. Ainsi je traite la question davantage d’un point de vue social, en observant les tensions entre les arrivistes, les débutants, les révolutionnaires, les établis et les conventionnels. Pour conclure, vous avez une autre actualité, car vous venez de faire paraître un nouveau livre sous la forme d’un recueil de conférences qui s’intitule Le Théâtre et la peur (Actes Sud, 2016). Pourquoi ce titre ? Cela fait référence à deux sortes de peurs. D’un côté, mon théâtre essaye de réfléchir une société allemande, peut-être aussi européenne, pleine de peurs : une peur qui règne dans tous les domaines, la peur de la perte du statut social – sur laquelle s’appuie notre système capitaliste – la peur métaphysique du néant, la peur terroriste, politique… J’essaye de rendre compte de la façon dont ces peurs entraînent des comportements humains très limités et obtus, des angoisses, des lâchetés, des maladies physiques comme psychiques qui sont le résultat de cette peur dominante. Le théâtre est un très bon instrument pour cette nécessaire analyse critique. Et deuxièmement, j’essaie de combattre cette peur à l’intérieur du théâtre lui-même, car dans tous les théâtres du monde il règne la peur de monter sur scène, de ne pas réussir, de l’échec artistique, de la fin de la carrière… par exemple. Je n’y arrive sans doute presque jamais, mais je tente de donner aux acteurs les moyens de dépasser cette peur dans le jeu et de vivre dans l’instant. Propos recueillis par Éric Vautrin, Théâtre de Vidy, Lausanne, 18 février 2016
Éric Vautrin Maître de conférences en arts du spectacle à l'Université de Caen Normandie depuis 2007, il est dramaturge du théâtre de VidyLausanne depuis septembre 2015. Il est également chercheur associé à Thalim-CNRS équipe ARIAS et co-dirige avec B. Boisson et L. Fernandez le programme de recherche NoTHx («Nouvelles Théâtralités») qui porte sur le renouveau des formes scéniques depuis 2000.
production déléguée Théâtre de Vidy coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe Théâtre National de Strasbourg Teatro stabile di Torino La Filature – Scène nationale Mulhouse Tap-Théâtre Auditorium de Poitiers Théâtre de Caen avec le soutien de Pro Helvetia –Fondation suisse pour la culture créé le 26 février 2016 au Théâtre de Vidy
De Nina à Arkadina : trois questions à Valérie Dréville Vous avez joué Nina dans la mise en scène de La Mouette par Alain Françon. Aujourd'hui, vous interprétez Arkadina sous la direction de Thomas Ostermeier. D'un rôle à l'autre, quel chemin intérieur avez-vous parcouru ?
Ce n'est pas facile, comme question... Comment dure-t-on dans ce métier ? Comment est-on toujours vivant, comme personne et comme artiste ? Comment vieillit-on ? Et comment est-ce qu'on accepte de ne plus jouer Nina ? Ce sont des questions de comédienne, les questions mêmes d'Arkadina... Ce n'est pas évident, ni pour elle ni pour moi ! Mais c'est passionnant. Ce qui est très remarquable, à mon avis, c'est qu'à la fin de la pièce, au quatrième acte, Nina est plus mature qu'Arkadina. Elle a une vision de son métier, une perspective, notamment vis-à-vis de la foi, du fait d'y croire, dont Arkadina est tout à fait dépourvue. D'après le temps des horloges, Arkadina est plus âgée, mais en réalité elle est plus immature. Tout ça est très complexe... J'aime montrer d'où vient cette immaturité, celle d'une vie construite sur l'extérieur, sur le résultat, sur le succès. Donner à voir les dangers de cette vie-là, ça me plaît beaucoup. Nina, dans sa douleur et presque dans sa folie, a le sens de l'art. Elle l'a trouvé grâce à son chagrin, à sa perte. À l'intérieur de ce qu'elle a vécu, elle a trouvé une lumière. Contrairement à Arkadina, qui est fixée dans l'ambition, dans une image de soi qu'elle voudrait intacte, inchangée, éternelle. Ce n'est pas un hasard si Tchekhov pointe son avarice. Il y a une rétention chez elle. Il faut aimer donner. Si on ne veut plus que recevoir, alors on retient, forcément... Cela dit, que l'on joue l'une ou l'autre, en fin de compte, même si on occupe des positions différentes, c'est toujours la même question qu'on pose, et avec mes camarades, on travaille tous cette question. Ce n'est pas seulement une affaire d'incarnation. J'ai un regard sur Nina comme j'en ai un sur Arkadina. Qu'est-ce qu'on raconte, qu'est-ce qu'on veut dire en tant qu'acteur ? On peut jouer un rôle et puis vouloir faire entendre tout à fait autre chose que ce que ce rôle exprime, voire le contraire. Jouer Arkadina pour dire quelque chose des dangers de notre métier, c'est très intéressant.
À qui ou à quoi ressemble «votre» Tchekhov ? Tchekhov n'est pas «à moi» ! Je ne le sens pas comme ça... Ce qu'il est pour moi ? Vous savez, quand on répète une pièce, on a toujours un rapport avec l'auteur, plus ou moins proche. Cela ne dépend pas du fait qu'il soit vivant ou mort. C'est d'un autre ordre. Cela tient à la nature de la présence... Tchekhov, c'est un ami. Il est fraternel, il a toujours le sourire, même dans les moments difficiles. Quelqu'un avec de la distance, avec de l'humour, et avec les yeux... brillants. Quand on joue ses pièces, on le ressent comme ça, et quand on lit ses nouvelles aussi. Il est généreux avec tous les êtres qu'il croise ou qu'il crée, sans faire la différence entre les uns et les autres, entre ses créations et les êtres réels. Et même les gens les plus fantasques et les plus bizarres, comme ma chère Arkadina, on sent qu'il ne les juge pas. Il la connaît bien, on voit qu'il a dû en rencontrer pas mal comme elle. À vrai dire, il est aussi charmé par elle, car elle a quand même beaucoup de charme... Quelle est votre réplique préférée, celle que vous mettriez en exergue à votre personnage ? Ma réplique préférée, celle qui me fait le plus rire : «Je n'ai pas d'argent, je suis actrice, c'est ruineux !» J'adore...
Propos recueillis par Daniel Loayza 11 mars 2016
F(eux) dirigé par Manon Thorel Julie Lerat-Gersant création collective avec Yanis Bouferrache, Benoît Bringtown, Aîcha Chemmah, Elliot Cohen, Ikram Erajai, Sofia Cousinie, Tene Doumbia, Rima Freiha, Elfie Gay, Josephine Godard, Camélia Hassanine, Elyse Lambert, Juliette Maheu, Victoria Molland, Rosa Pradinas, Sarah Sadouni, Dina Sebti, Capucine Vaissettes
ADOLESCENCE ET TERRITOIRE(S) 2016 / 4e ÉDITION
L'Odéon-Théâtre de l'Europe développe depuis 2012 un programme à destination d'adolescents issus de la proximité des Ateliers Berthier. Les comédiennes et dramaturges Manon Thorel et Julie Lerat-Gersant
représentations entrée libre sur réservation dans la limite des places disponibles
se sont emparées de ce programme avec dix-huit jeunes, explorant la question du point de vue dans le récit. F(EUX), le fruit de ce travail, sera présenté aux Ateliers Berthier les 6 et 7 mai 2016, puis dans les différents théâtres partenaires jusqu'au 20 mai 2016.
Ateliers Berthier Paris 17e 6 – 7 mai / 20h 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu Espace 1789 Saint-Ouen 10 mai / 20h 01 40 11 70 72 / resa@espace-1789.com Théâtre Rutebeuf Clichy-la-Garenne 12 mai / 20h30 01 47 15 98 50 / 51 reservation-rutebeuf@ville-clichy.fr
© Mélissa Boucher
TGP Saint-Denis 20 mai / 20h 01 48 13 70 00 reservation@theatregerardphilipe.com
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Le projet
Manon Thorel
Depuis octobre dernier, 18 adolescents issus de Clichy-la-Garenne, SaintOuen, Saint-Denis et Paris 17e , travaillent au plateau, en intelligence collective avec Manon Thorel et Julie Lerat-Gersant de la Cie La Piccola Familia. En véritables laborantins, ils interrogent la question du point de vue, les endroits où il peut susciter des points de frottement, distordre le réel, prêter à de l'interprétation, du quiproquo, du conflit, du non-dit. Ces réflexions permettent aux participants d'explorer les différents niveaux de jeu et de prises de parole théâtrale. Ces derniers devront s'adapter aux différents niveaux d'adresse : parle-t-on de la même manière à un partenaire de jeu qu'au public par exemple ? Quel lien peut-on créer avec une masse d'inconnus plongés dans le noir ? Quelle intimité ? Que peut être le public pour un personnage qui vient se raconter ? Un confident, un ami, un miroir, un ennemi intime, la prolongation de soi ? Et comment s'adresser à lui et l'inclure dans sa propre histoire ? Le but de ce projet est de chercher les endroits qui sembleront justes à chacun et de raconter à plusieurs et sous plusieurs formes une histoire, celle inventée par le groupe et qui l'animera parce qu'elle sera devenue sienne. L'objectif des comédiennes et dramaturges est donc de trouver une vibration commune, chercher une unicité, un endroit de rencontre tout en s'appuyant sur les différences d'individualité, d'énergie, d'inspiration, de point de vue de chacun, à la fois acteur et personnage. F(eux), pièce écrite à plusieurs mains est l'aboutissement de leur recherche.
Après des études de théâtre, elle intégre l’école Claude Mathieu. En 2005, elle écrit et interprète son premier spectacle jeune public Petit nuage (qui tournera pendant plus de 5 ans) puis Fée(s) en 2008 et Puce en 2010. Comédienne dans L’École des Maris de Molière, L’Opéra du Dragon d’Heiner Muller, Arlequin poli par l’amour de Marivaux, Monsieur et Madame Silverdust d'Adlene A. Amrane, elle explore aussi le théâtre de rue sous de nombreuses formes et spectacles avec la Cie Acidu et la Cie la Tête Ailleurs. En 2010, elle retrouve la Cie La Piccola Familia, participe à l'aventure Henry VI de William Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly et reçoit pour son interprétation et l'écriture de son rôle de Rhapsode le prix de la révélation théâtrale 2015 par l'Association Professionnelle de la Critique. En parallèle, elle participe à l'élaboration, l'écriture et la mise en scène d'H6m2 , spectacle de tréteaux résumant les 8 premières heures d'Henry VI en 45 min sur 6m2 . Depuis 2012, elle anime de nombreux ateliers en cadre scolaire, et signe en 2015 Seul Ensemble, une courte pièce écrite pour une classe de primaire.
F a commis un acte grave. F est absent. Ceux qui l'ont connu, croisé, le racontent. Chacun d'eux nous délivre une bribe de ce qu'il fut et de ce qu'il fit. À travers des instants de vie, des témoignages, des souvenirs, nous tenterons de reconstituer le puzzle de sa vie et les raisons de son geste. Les subjectivités de chacun permettront-elles de retracer l'histoire de manière objective ?
Julie Lerat-Gersant Après une formation à l’Actéa à Caen, elle intègre l’école supérieure professionnelle de théâtre du Limousin. En 2006, elle cofonde la Cie La Piccola Familia dirigée par Thomas Jolly. Elle a travaillé sous la direction de Michel Didym, Christian Taponard, Claudia Stavisky, Pierre Pradinas, Olivier Lopez, Thomas Jolly, Laurianne Baudouin... Comédienne dans Arlequin poli par l’amour de Marivaux, Toâ de Sacha Guitry (Prix du Public au Festival Impatience 2009), Piscine (pas d’eau) de Mark Ravenhill ; comédienne et collaboratrice dramaturgique sur Henry VI de William Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly. Elle rédige un mémoire sur «La quête des origines chez Wajdi Mouawad» – intéressée par l'écriture contemporaine –, écrit deux pièces : Picollina mia, Passe du temps près des vagues, et un roman pour pré-adolescents : Chic ! Elle donne des ateliers d’écriture et intervient dans plusieurs types de structure scolaire, amateur, centre social... En 2015, elle travaille avec Thomas Jolly à l’adaptation de Richard III de William Shakespeare, et parallèlement, écrit et joue dans L’affaire Richard mis en scène par Charline Porrone.
«Pas à pas» le choix du web-documentaire À chaque édition, un documentaire est réalisé pour retracer cette aventure artistique. Renaud Skyronka et Quentin Montant, dont la jeune société de production Ketchup Mayonnaise collabore régulièrement avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe, ont de nouveau cette année été
associés à Adolescence et territoire(s). Après un reportage en 2014 et un documentaire de création en 2015, ils ont retenu pour cette nouvelle saison la forme d'une série web-documentaire et collaborent avec le réalisateur Grégoire Lamarche.
Depuis 2012
4
territoires partenaires
436 h
d'ateliers de pratique théâtrale hors temps scolaire
72
jeunes entre 15 et 20 ans
1
mécène
5
artistes associés
19
représentations
CULTIVONS LEUR AVENIR ! #GOpourlavenir
campagne de mécénat participatif du 7 mars au 2 mai 2016 Dans le cadre de ses actions d’éducation artistique et culturelle, l’Odéon-Théâtre de l’Europe a mis en place le programme Génération(s) Odéon. 100 collégiens d’Île-deFrance en font d’ores et déjà partie. Pour financer la seconde année de deux classes, l’Odéon cherche à réunir 30 000 €.
3 202 spectateurs
Aidez des élèves à vivre un projet artistique européen ! liens web épisode 1 : dai.ly/x3hck9y épisode 2 : dai.ly/x3xwtz4
Faites un don sur http://www.theatre-odeon.eu/fr/ generations-odeon
Ce dernier s'est intéressé à la question du point de vue pour présenter le projet sous forme d'épisodes. Il filme tout au long des stages l'équipe artistique et les jeunes, à la fois sur le plateau, dans les quartiers, afin de produire cinq épisodes de 4 minutes environ.
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En lien avec ses partenaires culturels proches des Ateliers Berthier, l’Odéon-Théâtre de l’Europe propose à ses abonnés des offres privilégiées.
La comtesse Kessler, vers 1886, huile sur toile. Paris, musée national Jean-Jacques Henner © Photo Rmn - Grand Palais / F. Raux
Offres dans la limite des places disponibles
RÉOUVERTURE DU MUSÉE JEAN-JACQUES HENNER
Espace 1789 THÉÂTRE – NADIA C Jeudi 12 mai à 20h d'après l'œuvre de Lola Lafon La petite communiste qui ne souriait jamais mise en scène de Cholé Dabert Montréal, 1976. Nadia Comaneci, gymnaste roumaine de 14 ans, fait exploser les codes et les représentations. Elle devient l’image de la perfection. Une icône, un objet médiatique qui fascine d’est en ouest… Lola Lafon en propose un récit, à la croisée de l’intime et de la grande Histoire. Chloé Dabert suit les pistes proposées par l'auteure et offre une enquête à trois voix à la recherche de Nadia C., personnage emblématique et mystérieux. > Tarif préférentiel 11€ au lieu de 15€ > 01 40 11 70 72 ou resa@espace-1789.com et précisez le code GYM > Espace 1789, 2/4 rue Alexandre Bachelet 93 400 Saint-Ouen
© Marc Domage
À la suite de travaux de rénovation de ses espaces, le musée ouvre de nouveau ses portes le 21 mai 2016. Un musée-atelier Le musée national, ouvert au public en 1924, est consacré à l'œuvre du peintre français Jean-Jacques Henner (1829-1905). Ses collections retracent l’itinéraire d’un artiste qui, de son Alsace natale à Paris où il fit carrière, en passant par la Villa Médicis où il séjourna suite à son Prix de Rome, était considéré au début du XXe siècle comme un des plus importants de son temps. Le musée est installé dans un hôtel particulier qui était la demeure et l'atelier d'un contemporain de Henner, le peintre Guillaume Dubufe (18531909). Cet hôtel particulier est tout à fait emblématique des demeures d'artistes qui ont éclos dans les années 1880, faisant alors de la Plaine Monceau un des quartiers les plus en vogue. Guillaume Dubufe, peintre mondain issu d'une dynastie de portraitistes renommés, y associait à la fois vie artistique, vie familiale et domestique, et vie mondaine. Chaque semaine, dans le salon de réception que constituait alors le jardin d'hiver, les Dubufe recevaient amis et artistes, qui se produisaient sur la petite scène qui prolonge le salon. On sait que Jean-Jacques Henner, qui vivait dans le quartier de la Nouvelle Athènes et dont l'atelier se trouvait Place Pigalle, a souvent été invité chez les Dubufe. Peut-être même a-t-il franchi les portes du 43 avenue de Villiers ? De nouveaux espaces dédiés à la programmation culturelle La campagne de travaux a notamment permis de réhabiliter et de restaurer les espaces de réception du rez-dechaussée qui étaient fermés depuis plus d'une quinzaine d'années. Ces espaces sont constitués d'un salon de style néo-renaissance s'ouvrant par une colonnade en stuc sur un jardin d'hiver, surmonté d'une verrière. Dans le jardin d'hiver, les travaux ont porté, outre sur la rénovation nécessaire des espaces, sur la restauration de la mosaïque d'origine, datée
de 1878 et qui fut redécouverte en 2001, et sur la création d'une nouvelle verrière. Ces espaces rénovés sont désormais dédiés à la programmation culturelle. Situés hors parcours, ils constituent une étape importante pour le visiteur qui pourra y découvrir l'histoire du musée dans une ambiance feutrée. Le jardin d'hiver accueillera plus particulièrement des expositions temporaires, des concerts et des spectacles, à l'instar de ses premiers occupants, la famille Dubufe. Un nouvel accrochage Ces travaux s’accompagnent d’une nouvelle présentation des œuvres dont la muséographie a été réalisée par Hubert Le Gall, d’outils d’aide à la visite repensés et d’une programmation culturelle attractive. L’accrochage, plus dense, dans le goût du XIXe siècle, s’articule autour de deux grands thèmes : la carrière d’un artiste officiel au XIXe siècle retraçant l’itinéraire de Henner, au premier étage, et l’atelier du peintre, au troisième étage, qui permet de mieux comprendre comment travaillait Henner grâce aux esquisses, œuvres inachevées, meubles et plâtres issus de l’atelier… Outre l'emblématique L'Alsace. Elle attend, incarnation du sentiment patriotique après la défaite de 1870, le musée présente de lumineux paysages italiens, des tableaux de Salon aux sujets religieux ou historiques, des portraits étonnants de vérité ainsi que les paysages alsaciens idéalisés, peuplés de femmes rousses qui ont fait la célébrité du peintre.
© Guillaume Chapeleau
Théâtre Gérard Philipe THÉÂTRE – Antigone Jeudi 12 et vendredi 13 mai à 20h de Sophocle direction artistique Jean Bellorini
d’un spectacle qui associe théâtre et musique. Instaurée par Jean Bellorini dès son arrivée à la direction du TGP, la Troupe éphémère est, comme son nom l’indique, une équipe artistique engagée dans un projet au fil d’une saison et guidée par un seul objectif : la rencontre finale avec le public.
La Troupe éphémère se compose de jeunes gens, âgés de quinze à vingt ans, qui disposent ou non d’une expérience théâtrale, et qui sont réunis par le désir commun de découverte et de partage dans la création
Théâtre Rutebeuf THÉÂTRE – Seul en scène – La Fin du Monde est pour dimanche Mercredi 8 juin à 20h30 mise en scène Benjamin Guillard avec François Morel Promettez-moi de ne pas rire : je rêve d’un spectacle existentiel. Oui, allons-y, ne nous gênons pas, ne nous mouchons ni du pied, ni du coude, il s’agirait d’un spectacle traitant de la vie, de la mort, autant dire que je deviens ambitieux avec l’âge. Justement, il y sera question de l’âge et du temps qui passe, et aussi de la recherche du bonheur. Il y sera forcément question de la déchéance, des amours impossibles et d’autres sujets aussi délicieux. Oui, je rêve d’un spectacle existentiel : promettez-moi de rire ! >T arif préférentiel 20€ au lieu de 25€ en précisant le code Odéon > Réservation 01 47 15 98 50 / 51 reservation-rutebeuf@ville-clichy.fr > Théâtre Rutebeuf, 18 Allées Gambetta, 92 110 Clichy
JOURNÉE PORTES OUVERTES Jeudi 16 juin de 11h à 18h sur présentation de la carte abonné > 4 3 avenue de Villiers, 75017 Paris 01 47 63 42 73 www.musee-henner.fr
> I nvitations à gagner en appelant au 01 48 13 70 00 en précisant le code ODÉON et la date de réservation souhaitée > Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de SaintDenis, 59 boulevard Jules Guesde, 93 200 Saint-Denis
© Manuelle Toussaint
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Acheter et réserver ses places Ouvertures de location tout public
Calendrier mai
ADOLESCENCE ET TERRITOIRE(S) / F(eux) représentations 6 et 7 mai 2016 • location ouverte
Odéon 6e Berthier 17e Les Bibliothèques de l'Odéon salon Roger Blin / Grande salle / Hors les murs ven 6 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h sam 7 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h dim 8 Phèdre(s) 15h lun 9 mar 10 Phèdre(s) 20h mer 11 Phèdre(s) 20h jeu 12 Phèdre(s) 20h ven 13 Phèdre(s) 20h Nous sommes repus 20h sam 14 Nous sommes repus 20h dim 15 Relâche lun 16 mar 17 Nous sommes repus 20h mer 18 Nous sommes repus 20h jeu 19 Nous sommes repus 20h ven 20 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h sam 21 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h dim 22 La Mouette 15h Nous sommes repus 15h Un dimanche à... 16h30 lun 23 Concert Jazz à Saint-Germain-des-Prés 20h30 mar 24 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h La Mouette d’Anton Tchekhov / Lire le théâtre 18h mer 25 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h jeu 26 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h ven 27 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h sam 28 La Mouette 20h Nous sommes repus 20h Gaston Bachelard / La Vie comme un songe 14h30 Les Rêveries de Gaston Bachelard / Les petits Platons 14h30 dim 29 La Mouette 15h Nous sommes repus 15h lun 30 Génération(s) Odéon mar 31 La Mouette 20h
Nous sommes repus mais pas repentis (DÉJEUNER CHEZ WITTGENSTEIN) représentations du 13/05 au 29/05 Les Palmiers sauvages représentations du 03/06 au 25/06 • 6 avril theatre-odeon.eu • 13 avril guichet / téléphone La Mouette représentations du 20/05 au 25/06 • 13 avril theatre-odeon.eu • 20 avril guichet / téléphone les bibliothèques de l’odéon Vous pouvez réserver pour l’ensemble de la saison 15/16 Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h
Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30
juin
Abonnés
Odéon 6e Berthier 17e
mer jeu ven sam dim lun mar mer jeu ven sam
Si vous n’avez pas choisi vos dates de spectacles : – Vous pourrez réserver vos dates, à tout moment de l’année. Merci de vérifier la disponibilité de la date choisie auprès du service abonnement avant de retourner votre contremarque. – Nous vous conseillons de choisir vos dates avant l’ouverture de réservation tout public, afin que nous puissions vous placer au mieux.
Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle. Contact 01 44 85 40 38 abonnes@theatre-odeon.fr
Représentations
1 La Mouette 20h 2 La Mouette 20h 3 La Mouette 20h 4 La Mouette 20h 5 La Mouette 15h 6 7 La Mouette 20h 8 La Mouette 20h 9 La Mouette 20h 10 La Mouette 20h 11 La Mouette 20h
dim 12 La Mouette 15h lun 13 mar 14 La Mouette 20h mer 15 La Mouette 20h jeu 16 La Mouette 20h ven 17 La Mouette 20h sam 18 La Mouette 20h dim 19 La Mouette 15h lun 20 mar 21 La Mouette 20h mer 22 La Mouette 20h jeu 23 La Mouette 20h ven 24 La Mouette 20h sam 25 La Mouette 20h
Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 15h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 15h
Giacomo Casanova / Chantal Thomas / Exils 20h Les Dialogues du contemporain / Accueillir les non-humains 18h
Sigmund Freud / La Vie comme un songe 14h30 Le Professeur Freud parle aux poissons / Les petits Platons 14h30
Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 15h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h Les Palmiers sauvages 20h
pour les 3 spectacles du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h relâche exceptionnelle le dimanche 15 mai pour Nous sommes repus mais pas repentis
Tarifs Spectacles
Plein tarif Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* Lever de rideau (2h avant la représentation) Pass 17* (dates spécifiques)** * Justificatif indispensable lors du retrait des places
Les l’Odéon Bibliothèques de
Théâtre de l’Odéon 6e Ateliers Berthier 17e série 1
série 3
série 4 série unique
40 € 28 € 18 € 20 € 14 € 9 €
14 € 7 €
36 € 18 €
22 € 18 € 12 € — — 8 € — — — — — —
8 € — 6 € —
22 € 8 € — 22 €
** Nous sommes repus mais pas repentis : 18 mai / 20h ; 26 mai / 20h Les Palmiers sauvages : 8 juin / 20h ; 16 juin / 20h
Théâtre de l’Odéon 6e
Tarifs exceptionnels
Concert Jazz à Saint-Germain-des-Prés Grande salle Roger Blin série 1 série 2 série 3 série 4
Plein tarif Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Abonné Odéon Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) * Justificatif indispensable lors du retrait des places
série 2
Contacts Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 laure.legoff@theatre-odeon.fr Public de l’enseignement 01 44 85 41 18 coralba.marrocco@theatre-odeon.fr Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 alice.herve@theatre-odeon.fr
10 € — 6 € 6 € 6 € 6 €
6 € — 6 € 6 € 6 € 6 €
40 € 28 € 18 € 14 € — — — — — — — — — — — — — —
— —
— —
— —
Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Carte 10 entrées 50€ Carte à utiliser librement ; une ou plusieurs places lors de la même manifestation. Réservation fortement conseillée. Date limite d'utilisation : 30 juin 2016 Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec cette carte — tarifs exceptionnels. (cf. tarifs exceptionnels, voir ci-contre).
LANCEMENT DE SAISON 2016-2017
2 octobre – 1er novembre / Odéon 6e
16
IVANOV
d’Anton Tchekhov mise en scène Luc Bondy 10 octobre – 21 novembre / Berthier 17 e
VU DU PONT
d’Arthur Miller mise en scène Ivo van Hove création
Stéphane Braunschweig et l'Odéon-Théâtre de l'Europe seraient heureux de vous accueillir le mardi 17 mai à 19h30 soirée durant laquelle sera présentée la saison 2016-2017
10 – 15 novembre / Odéon 6e
PRIMERA CARTA DE SAN PABLO A LOS CORINTIOS
d’Angélica Liddell
avec le Festival d’Automne à Paris
Réservation à partir du mardi 3 mai / 11h 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu Dans la limite des places disponibles
2 – 20 décembre / Odéon 6e
ORESTIE
(une comédie organique ?) d’après Eschyle de Romeo Castellucci
SAISON 2016-2017 LANCEMENT DE LA CAMPAGNE D'ABONNEMENT INDIVIDUEL
avec le Festival d’Automne à Paris
5 décembre – 3 janvier / Berthier 17e
PINOCCHIO
Sur Internet dès le mercredi 11 mai / 11h
d’après Carlo Collodi de Joël Pommerat
Par courrier dès le mercredi 18 mai / 11h
6 janvier – 13 février / Odéon 6e
RICHARD III
de William Shakespeare mise en scène Thomas Jolly 28 janvier – 25 mars / Berthier 17 e
TARTUFFE
de Molière mise en scène Luc Bondy
17 mars – 13 mai / Odéon 6e
Soutenez la création théâtrale en rejoignant le Cercle de l’Odéon
PHÈDRE(s)
Wajdi Mouawad, Sarah Kane, J.M. Coetzee mise en scène Krzysztof Warlikowski création 13 – 29 mai / Berthier 17 e
NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS
Ils sont mécènes de la saison 2014-2015
(Déjeuner chez Wittgenstein) de Thomas Bernhard mise en scène Séverine Chavrier
Information et contact Pauline Rouer cercle@theatre-odeon.fr
20 mai – 25 juin / Odéon 6e
LA MOUETTE
d’Anton Tchekhov mise en scène Thomas Ostermeier 3 – 25 juin / Berthier 17 e
d’après William Faulkner mise en scène Séverine Chavrier octobre 2015 – juin 2016
LES BIBLIOTHÈQUES 5 L’ODÉON DE
Du nouveau, des nouvelles, des réseaux La revue du web de l’Odéon Le Blog Tartuffe me tape / témoignage exclusif de Damis – Pierre Yvon placedelodeon.eu
Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg
Facebook On vous dévoile les coulisses de Phèdre(s)
Twitter Élu meilleur tweet, le placard de @Meguini
odeon.theatre.europe
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Instagram Vu sur instagram, arrêt sur image pour les «saluts» / #Tartuffe theatreodeon
Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40 Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris @TheatreOdeon
theatre-odeon.eu 01 44 85 40 40
couverture : La Mouette © Arno Declair / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 – 1064582
LES PALMIERS SAUVAGES