Wajdi Mouawad, Sarah Kane, J.M. Coetzee / Krzysztof Warlikowski ISABELLE HUPPERT
OD ON
AU CŒUR DE PHÈDRE(S)
PHÈDRE(s)
DIMANCHE 20 MARS
LUC BONDY UN HOMMAGE
o
Lettre N 19 Odéon-Théâtre de l’Europe
les bibliothèques de l’odéon
JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT & THE DELANO ORCHESTRA
mars – mai 2016
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L’Odéon-Théâtre de l’Europe est une nouvelle fois en deuil. Après Patrice Chéreau, c’est Luc Bondy, son directeur depuis à peine plus de trois ans, qui vient de nous quitter.
Pour Luc, qui avait si souvent côtoyé
la maladie, la mort cette fois aura été la plus forte. Mais pour les spectateurs que nous sommes depuis cette si marquante
sommaire
première fois à Nanterre, depuis cette
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Terre étrangère qui lui ressemblait tant, c’est le souvenir de sa passion de la vie et du présent qui l’emporte, cette vie qu’il
PHÈDRE(S) Wajdi Mouawad Sarah Kane J.M. Coetzee Krzysztof Warlikowski Isabelle Huppert
avait le don de faire surgir à chaque ins-
AU CŒUR DE PHÈDRE(S)
tant sur le plateau, et qui donnait à ses
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spectacles le charme absolu de l’insaisissable. Le souvenir aussi de son regard pétillant et insatiable, de l’ironie malicieuse
LUC BONDY UN HOMMAGE p. I à IV
les bibliothèques de l’odéon
de son sourire, de la légèreté charisma-
JOSEPH Kessel (1898-1979) le voyageur révolté
tique de sa présence…
Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra
p. 8 à 9
Je me rappelle un dîner à Vienne
en 2010, il m’avait invité à y présenter le Wozzeck de Berg que je n’avais pas pu créer à Aix-en-Provence en 2003 en raison de l’annulation du festival : ce soirlà, et ce dernier printemps encore, nous avions longuement parlé du Théâtre de l’Europe, de ce rêve qui nous habitait tous les deux. Je souhaite que celui que je forme à présent pour l’avenir de ce théâtre puisse être dans la lignée du sien, comme
Génération(s) odéon Un parcours artistique européen pour les collégiens p. 10
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ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES p. 12
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un rêve en prolonge un autre, avec cette sensation paradoxale que c’est l’incessante métamorphose des formes et des couleurs qui lui donne sa continuité et sa richesse. Stéphane Braunschweig, janvier 2016
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Au cœur de Phèdre(s) 3
Isabelle Huppert, Krzysztof Warlikowski et Wajdi Mouawad retrouvent l'Odéon, après Un Tramway, pour donner corps à leur Phèdre. Le metteur en scène et le dramaturge nous parlent des textes sur lesquels ils se sont appuyés pour réinventer cette figure plurielle et complexe.
Avec Jacques Lassalle, Isabelle Huppert avait déjà interprété une grande héroïne d'Euripide : Médée, l'épouse trahie, tuant ses propres enfants pour mettre le comble à sa haine. Avec Krzysztof Warlikowski et Wajdi Mouawad, elle avait réinventé, dans Un Tramway, la douleur et l'égarement de Blanche DuBois, figure tragique de la solitude amoureuse selon Tennessee Williams. Portée par le souvenir d'un mythe millénaire et revisitée par les voix de notre modernité, la Phèdre qu'elle incarne aujourd'hui tient à la fois de Blanche et de Médée, tout en leur échappant. Dans les versions antiques de l'intrigue, victime d'Aphrodite, elle se livre à son ivresse irrésistible au point de dire ou laisser dire l'interdit, quitte à se perdre. Chez la dramaturge Sarah Kane (dont la pièce, L'Amour de Phèdre, date de 1996), l'héroïne ne recule devant aucune parole, aucun acte, accomplissant sa passion sans parvenir à l'assouvir, en un monde d'où le divin paraît s'être absenté. Partout en proie au même vertige, désespérée, brûlante, la Phèdre d'Isabelle Huppert se heurte au mur de l'amour comme à l'énigme même de son désir.
J'ai vu Wajdi en Hippolyte, j'ai vu l'histoire du Liban. a commencé à me pousser vers l’écriture. Les coutures de la simple «adaptation» ont commencé à craquer. Ça devenait très compliqué. Krzysztof a fini par faire sauter le cadre.
Phèdre n'est pas une Européenne, pas une Grecque.
Krzysztof Warlikowski. Il n'y avait pas d'idée fixée dès le départ. Entre adaptation et traduction, on est parti sur des bases fluides et, très vite, le problème s'est clairement posé : est-ce qu'il fallait écrire un nouveau texte ? En lisant Wajdi, je me suis convaincu que c'était bien son sujet. Parler à un auteur de ses rêves, de ses besoins, c'est une chose déjà assez délicate – je ne voudrais pas que quelqu'un vienne me dire, sur mon terrain de travail, ce qu'il souhaiterait y trouver ! L'auteur doit être complètement libre. Je n'ai fait qu'indiquer des lignes de développement possibles et Wajdi a exercé sa liberté. À un moment, il a pris l'initiative, il m'a fait entrer dans l'aventure de sa Phèdre libanaise. Et tout à coup je me suis retrouvé confronté à quelque chose d'inattendu : (à W. M.) je t'ai vu en Hippolyte, j'ai vu l'histoire du Liban et tout a pris un autre sens. Même le texte de Sarah Kane se retrouve sous une autre lumière. Je comprends que sa Phèdre est une fille de l'Occident, que sa modernité est le dernier rejeton d'une très vieille histoire européenne. Alors qu'avec Wajdi, on a une version barbare, sauvage de la folie de Phèdre, avec une Aphrodite-AstartéIshtar qui plonge ses racines dans le Moyen-Orient.
l'intérieur de ce cadre, il y avait déjà un détail qui m'a fait déborder. Aphrodite, chez Euripide, prononce un prologue qui élargit toute l'histoire, l'enracine dans une dimension plus qu'humaine. Et puis je me suis souvenu que Phèdre est libanaise… Elle est petite-fille d'Europe, qui est phénicienne, et qui a été enlevée par Zeus sur la plage de Sidon. L'origine de Phèdre, c'est chez moi. Ensuite, il était important
W. M. La Grande Mère mésopota mienne... En rapatriant pour ainsi dire la source des divinités européennes vers cette Asie qui nous fait si peur, j'ai pu poser une problématique qui me tient à cœur : l'histoire est toujours racontée par les vainqueurs. J'ai tenu à souligner, dans cette version-ci, que Thésée, qu'on présente souvent comme le fondateur d'Athènes, était aussi un personnage de terreur.
Wajdi Mouawad, quel est le statut du texte que vous avez écrit pour Phèdre(s) : une commande, une œuvre personnelle ? Wajdi Mouawad. Au départ, Krzysztof m'a envoyé un montage à partir d'Euripide et de Sénèque, en me demandant de moderniser un peu la traduction, tout en restant dans le giron des œuvres antiques. Phèdre ? C'est forcément impressionnant. Je me sentais quand même protégé par le cadre de travail puisqu'il ne s'agissait «que» de revamper la langue. Mais à
Isabelle Huppert © Peter Lindbergh
pour moi de mettre en lumière le fait que c’est une petite fille qui assiste au massacre de sa culture. Après que Thésée a vaincu le Minotaure, l'empire crétois est rasé... Tout cela me touche de très près. J'ai voulu prendre le temps de rappeler que Phèdre n'est pas une Européenne, pas une Grecque. Cela dit, au début, j'ai essayé de ne pas trop déborder du cadre, mais Krzysztof a dû sentir cette tension et il
4 Phèdre(s)
Du point de vue des vaincus, il est terrifiant. Arriver à raconter cela, c'est faire entendre une autre provenance des divinités. Faire sentir qu'elles aussi ont leur histoire, ont une origine, qui n'est pas européenne. Cela est vraiment important pour moi. K. W. Au départ, ces Phèdre(s) étaient une mosaïque qui traversait plusieurs siècles et plusieurs styles. Wajdi a réussi à réinventer une Phèdre contemporaine et en même temps, dans son énergie, à faire ressurgir un archaïsme, une dimension immémoriale. W. M. La première fois que Krzysztof m'a parlé, il m'a dit : «Ce qui m'intéresse chez Euripide et Sénèque, c'est l'amour pur. Cet amour qui s'écroule chez Sarah Kane.» Ça m'a frappé. J'ai compris pourquoi il avait fait appel à moi. J'ai fait le lien avec la question du désenchantement – une question qui me ramène à l'enfance. Tout ce que j'écris m'amène à parler de cet instant où le désenchantement se fait. Les Grecs aussi m'y ramènent. Prenez Homère, Sophocle, Eschyle. Chez eux, aucun personnage ne doute de l'enchantement du monde. Aucun. Personne ne s'étonne de voir Hermès ou Athéna arriver au milieu d'une scène. C'est pour cela que Sophocle me touche prodigieusement – je sens chez lui l'inquiétude de ce moment où on commence à douter, où l'injustice l'emporte quand même souvent, où le divin a déserté le monde. Je ne parviens pas à accepter le désenchantement parce que le faire reviendrait à tomber dans un cynisme, dans un réalisme que je refuse d'accepter comme une fatalité. Voilà pourquoi je suis si sensible à cette idée qu'entre Phèdre et Hippolyte il peut y avoir un amour tel qu'on le rêve tous mais auquel on ne croit plus vraiment : l'amour qui se vit à l'adolescence, ce moment entre deux âges, l'un perdu, l'autre pas encore trouvé, où l'on n'est ni enfant ni adulte mais où on sent l'ombre menaçante et imminente de l'adulte que l'on sera, cette chose épouvantable, inéluctable, qui va tous nous défaire… Chez Euripide et Sénèque, la scène originelle de Phèdre, c'est la tension entre la fatalité de cet amour qui la tient et l'effort pour ne pas le formuler… W. M. Oui, et quand la vanne s'ouvre, tout saute. L'expression de l'amour est lâchée, sans bride, c'est un flot où Œnone perd pied. Mon premier jet était dix fois plus long, Krzysztof m'a calmé ! Et après cette insurrection, on a un vertige, et une scène de solitude à deux avec le chien... K. W. (à W. M.) La Phèdre de Sarah Kane est dans un monde de culture, de parole contrôlée, de réticence. Toi, tu as écrit la part barbare, la folie de sa parole. D'un côté, on a l'héroïne aliénée par son rang, son rôle, sa famille, de l'autre, cette barbarie où elle révèle sa vérité. La Phèdre de Sarah Kane se heurte à un mur de verre qu'elle n'arrive pas à briser… W. M. Oui, comme une mouche. Elle se cogne contre le mur de l'amour.
Derrière ce mur transparent, Hippolyte ne cache rien. Et Phèdre ne peut pas le rejoindre. Même s'ils se touchent, la séparation est maintenue. Entre votre Phèdre orientale et Hippolyte, cette séparation est d'un autre ordre. K. W. Chez Euripide, Hippolyte est hors scène quand il repousse les avances de Phèdre qu'Œnone est allée lui présenter. Chez Sénèque, il l'écoute avec bienveillance, sans comprendre tout de suite vers quel aveu elle se dirige – c'est ce dialogue-là qui a inspiré Racine. Le montage que j'avais envoyé à Wajdi combinait ces deux Hippolyte. Phèdre, à la porte, entendait Hippolyte rejeter son amour, et elle perdait connaissance. Puis elle se réveillait entre les bras d'Hippolyte, comme dans un rêve. C'est comme si l'être désiré lui présentait deux faces : la première l'exclut, la deuxième l'accueille. On ne sait plus, elle ne sait plus qui est qui, ni où nous
Ce mot, dans son poing, a été un morceau du monde. sommes – dans sa tête, dans sa folie ou ailleurs. Et peut-être que les deux faces n'en font qu'une, comme sur un ruban de Möbius. J'aime ce mystère, qui passe par des points d'évanouissement, de non-conscience, de non-coïncidence ou d'absence à soi. Wajdi a conservé cette énigme très ancienne... (à W. M.) Tu as un rapport à la terre, dans ton écriture, qui est très fort. Chez Sarah Kane, le sol est quasiment toujours absent, on ne le touche pas, la terre est toujours couverte d'un plancher. Chez toi, elle est matérielle tout de suite : sèche ou boueuse, souillée, fécondée… C'est très archaïque. Hippolyte décrit à Phèdre un jardin dévasté d'où va sortir quelque chose qu'il a enfoui autrefois. Cette chose, c'est un mot qu'il revient exhumer comme un vestige d'une civilisation très antique. Le mot «indifférence»… W. M. C'était important de faire entendre que ce mot est d'abord un petit coquil lage planté par Hippolyte dans le jardin. Son père le bat. Hippolyte, sous les coups, glisse sa main dans sa poche et trouve le coquillage. Ça le sauve parce que l’autre, son père, ignore ce détail. K. W. (à W. M.) Dans ton texte, je t'ai vu enfant. Je t'ai vu chroniqueur aussi, avec cet Hippolyte qui filme la réalité, même s'il n'y a pas de carte-mémoire dans sa caméra digitale. Ça m'a rappelé Blow-Up, d'Antonioni, et ce photographe qui essaie de comprendre le réel en le captant, pour en faire sortir le secret d'un passé faussement lisse, d'un meurtre insoupçonné… Cet Hippolyte à la caméra m'a ouvert à une modernité possible du personnage. Avant, je me demandais comment arriver jusqu'à lui, comment rendre concrète une figure pareille. Ce tout jeune homme grec, cet éphèbe qui se tient dans la discipline et dans l'ascèse et circule du gymnase à la forêt où il chasse, sans jamais quitter les
espaces d'où la femme est exclue... Comment le faire exister aujourd'hui ? Maintenant, je peux partir pour un double voyage, avec cet enfant résistant et cet adulte combattant, ce chroniqueur d'une réalité ravagée, celle de son propre pays. Cette fable personnelle d'un coquillage devenu mot pourrait faire penser à une métamorphose d'Ovide – elle serait typique d'un monde encore enchanté, malgré la destruction. Or ce mot, c'est «indifférence». Cette «indifférence», comment l'entendez-vous ? W. M. Elle est presque indienne. Elle n'est pas une attitude de mépris, ni même de désintérêt à l'égard du monde… Quand on regarde un film chez soi sur un vidéoprojecteur, le premier geste est de tirer les rideaux, d'éteindre la lumière, de faire le noir. Pourquoi ? Pour que le film soit le plus luminescent possible. Pour qu'apparaisse l’unique chose qui nous intéresse. Ce n'est pas de l'indifférence au monde, aux paysages, à la nature derrière la fenêtre : on a fait le noir pour que ce qu'on voit soit le plus vibrant possible. C'est en ce sens que je comprends l'indifférence. Elle est nécessaire à l'esprit pour se concentrer sur un point qui atteindra un maximum d'intensité. D'où la question que pose Hippolyte à Phèdre : «Qu'est-ce qui plaît à ton cœur ? Si tu te concentres, si cela ne tenait qu'à toi ?» C'est une question qui ramène brutalement à une autre question, celle de l'enchantement. Mais Phèdre, justement, est-ce qu'elle ne connaît pas la réponse ? Est-ce qu'elle ne sait pas ce qui plaît à son
cœur ? Elle a formulé son désir le plus intime. Mais la réponse est non… Et par ailleurs, est-ce bien du cœur de Phèdre qu'il s'agit ? Ce cœur n'est-il pas comme un coquillage dans lequel s'est logée Aphrodite ? Ou serait-ce au contraire qu'il y a quelque chose de nous-mêmes, dans notre finitude, qui échappe aux dieux, à leur pouvoir et à leur compréhension ? Y a-t-il en Phèdre, même possédée par Aphrodite, une part qui lui appartient en propre, soustraite aux atteintes de la déesse ?
est à nous. Le concret de notre existence est à nous.
K. W. Pour moi, Aphrodite, c'est Phèdre… Le divin n'existe qu'en nous traversant. L'humain ressent la brûlure qu'il laisse en nous, il éprouve
K. W. À un bout du récit, on a une déesse primordiale, obscène, d'avant l'Histoire. À l'autre bout, au-delà de l'écriture, on a un jeune homme «indifférent» et pur qui filme le monde, et si c'est sans mémoire, ce n'est pas grave – si le film du monde reste blanc sans s'inscrire sur rien, cela est indifférent. Mais sous les doigts de cet homme, autrefois, il y a eu un mot. Et ce mot, dans son poing, a été un morceau du monde. Dans et contre la violence de ce monde. Et puis, entre Aphrodite et Hippolyte, il y a Phèdre qui désire, qui interroge, qui souffre aussi et qui écrit. Elizabeth Costello, c'est aussi une figure de Phèdre, qui écrit ou qui a écrit, et qui maintenant n'écrit même plus et passe elle aussi au-delà de l'écriture… On sent la menace d'un vide qui s'agrandit, l'approche de ce moment crucial où Hippolyte ne pourra plus continuer, et Phèdre non plus. Un moment qui a quelque chose d'apocalyptique. Phèdre et Hippolyte, ce sont deux apocalypses qui se rencontrent.
Notre peau est à nous. Le concret de notre existence est à nous. cette frontière en aspirant à la dépasser. Est-ce qu'on peut vivre, ici-bas, un geste divin ? Ne serait-ce qu'un seul dans notre vie ? Ça, c'est la question d'Elizabeth Costello dans le roman de J.M. Coetzee. Et sa réponse, c'est qu'à un moment de sa vie, elle s'est senti la force d'une déesse. W. M. Il y a une chose qu'on ne peut pas enlever aux humains : ce que nous ressentons, nous le ressentons, nous, et personne à notre place. Notre peau
C'est une sorte de cogito d'artiste… W. M. Oui, un cogito de la sensation... (Il rit.) Ce que je ressens, je le ressens. «Qu'est-ce que tu veux que je fasse, si je ressens ce que je ressens et si j'éprouve ce que j'éprouve ?» Voilà ce qu'Hippolyte donne à entendre : «À partir de là, comment je construis ma vie ? Et toi la tienne ?»
Propos recueillis par Daniel Loayza Paris, 27 novembre 2015
Isabelle Huppert dans Un Tramway mis en scène par Krzysztof Warlikowski en novembre 2011 © Pascal Victor / ArtComArt
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«Tu souffres. Je t'adore» PHÈDRE Pourquoi veux-tu que je te déteste ? HIPPOLYTE Je ne veux rien. Mais ça finira. Par arriver. PHÈDRE Jamais. HIPPOLYTE Ils en sont tous arrivés là. PHÈDRE Pas moi. Ils se dévisagent. Hippolyte détourne les yeux. HIPPOLYTE Pourquoi n’allez-vous pas parler à Strophe, c’est votre enfant, moi pas. Pourquoi tant vous soucier de moi ?
phèdre avant phèdre : du mythe à la tragédie Dans le temps comme dans l'espace, Phèdre vient de loin. Par son père, «la fille de Minos et de Pasiphaé» est petite-fille d'Europe, ravie par Zeus sur les rivages de l'actuel Liban ; par sa mère, elle descend de puissances comme Soleil ou Océan... Remontée aux sources de la légende, sous la conduite de l'historien des littératures Paul Bénichou.
PHÈDRE Je t’aime. Silence. HIPPOLYTE Pourquoi ? PHÈDRE Tu es difficile. Caractériel, cynique, amer, gras, décadent, gâté. Tu restes au lit toute la journée et planté devant la télé toute la nuit, te traînes dans cette maison avec fracas les yeux bouffis de sommeil et sans une p ensée pour personne. Tu souffres. Je t’adore. HIPPOLYTE Pas très logique. PHÈDRE L’amour ne l’est pas. Hippolyte et Phèdre se regardent en silence. Il reporte son attention sur la télévision et la voiture. Tu as déjà songé à avoir des rapports avec moi ? HIPPOLYTE J’y songe avec tout le monde. PHÈDRE Ça pourrait te rendre heureux ? HIPPOLYTE Ce n’est pas tout à fait le mot. PHÈDRE Non, mais – Tu trouverais ça bon ? HIPPOLYTE Non. C’est jamais bon. © Un tramway d’après "Un Tramway nommé désir" de Sarah Tennessee KaneWilliams, : L'Amour 2011de Phèdre
(traduction Séverine Magois, éditions de l'Arche, 2002)
Dans sa forme la plus archaïque, la figure de Phèdre est très ancienne et quasiment universelle. Paul Bénichou (dont l'œuvre la plus célèbre est Morales du Grand Siècle) lui a consacré une étude passionnante et qui réserve quelques surprises1. Son ancêtre mythique n'est pas, en effet, une femme hantée par une passion inavouable. Dans toutes les versions antérieures à Euripide, elle est au contraire une «TentatriceAccusatrice», souvent anonyme, qui formule son désir sans réticence, prête à tout pour parvenir à ses fins puis se venger une fois éconduite. Selon Bénichou, le prototype le plus vénérable d'un tel rôle apparaît en Égypte. Un papyrus du XIVe siècle av. J.-C. relate l'histoire de deux frères, Anoupou et Baîti. Le premier est marié ; le second, son cadet, est un homme d'une grande vertu. Un jour, seule à la maison, l'épouse de l'aîné veut s'unir au cadet. En vain. Au retour du mari, elle accuse son beau-frère. Menacé de mort, Baîti révèle la vérité, puis se châtre avec une serpe pour prouver sa bonne foi. Anoupou, accablé de remords, tue son épouse et jette son corps aux chiens. Après de nombreuses aventures, Baîti finira par monter sur le trône d'Égypte. Toujours en Égypte, Joseph devient le conseiller le plus influent du Pharaon après avoir survécu aux calomnies de la femme de Putiphar, qui avait tenté de le séduire. Le célèbre récit biblique (Genèse, XXXIX-XLI) devient au Moyen-Âge une légende populaire aux multiples variantes, tant dans l'Occident chrétien qu'en terre d'Islam. Le même motif politique, où la révélation de la vérité accompagne le triomphe public de la cause juste, se retrouve fréquemment dans un corpus légendaire qui constitue, d'après Bénichou, «la tradition la plus riche de l'ancien Orient […] : celle de l'Inde» (p. 244). Comme Joseph l'oniromancien ou Baîti qui parle aux animaux, le brahmane Gunasarman est doué de pouvoirs surnaturels ; comme Joseph toujours, il est le favori du roi Mahasena. Après avoir résisté aux avances de la reine, qui l'accuse de tentative de viol, le vertueux brahmane parvient à quitter le royaume. Quelque temps plus tard, armé de la faveur divine et à la tête d'une armée victorieuse, il y revient pour faire proclamer son innocence et renverser son persécuteur. D'autres victimes de la calomnie ont moins de chance. On en trouve en Perse, en Chine, dans le folklore irlandais (où Mael-Fothartaig, fils du roi Ronan, est exécuté à coups de javelot) ou dans une ballade anglaise (où Child Owlet, qui refuse de céder à la femme de son oncle, finit écartelé)… Sarah Kane ne manquait pas de précédents pour
faire périr Hippolyte étripé, ses entrailles fumantes jetées sur un barbecue. La légende primitive traitait donc toujours du trouble jeté par une femme entre deux hommes, dont l'un a droit à l'obéissance et au respect de l'autre. Pure puissance de désordre et de discorde menaçant les solidarités et les hiérarchies masculines, le féminin s'y définissait négativement par ses dangereux appétits charnels, ses affinités avec la simulation et le mensonge. Telle est bien la forme que le mythe semble avoir revêtue dans le monde grec avant qu'Euripide, dans son Hippolyte porte-couronne, ne lui apporte des retouches essentielles. En vouant un culte trop exclusif à Artémis, la vierge chasseresse, le fils de Thésée et de l'Amazone fait tort à Aphrodite : un tel héros n'est plus tout à fait sans reproche. Mais surtout, en inventant une Phèdre tourmentée par un désir qui l'habite malgré elle, en posant à l'arrière-plan de l'intrigue un conflit entre divinités, transformant ainsi le corps des mortels en champ de bataille que les Immortels ravagent sans scrupule, Euripide déplace de façon décisive le centre de l'action. Phèdre ne peut plus être identifiée sans autre forme de procès à l'épouvantail grossier que les sociétés patriarcales dénoncent dans leurs mythes. Elle n'est plus réductible à la brutale «Tentatrice-Accusatrice» traditionnelle, dont la parole n'est qu'un outil au service de ses appétits tranquillement assumés : la voix de Phèdre, en devenant problématique, demande à être entendue autrement. Avec Euripide, écrit Bénichou (p. 266), «c'est en sortant, malgré elle, du silence auquel elle voulait se condamner que Phèdre introduit la tragédie», inaugurant ainsi une lignée d'héroïnes qui, de Sénèque et Racine à Sarah Kane ou Wajdi Mouawad, se prolonge jusqu'à nos jours. Daniel Loayza janvier 2016
1
«Hippolyte requis d'amour et calomnié», in
L'écrivain et ses travaux, Paris, José Corti, 1967 (pp. 237-323).
17 mars – 13 mai 2016 Théâtre de l’Odéon 6 e
PHÈDRE(S) Wajdi Mouawad Sarah Kane J.M. Coetzee mise en scène Krzysztof Warlikowski création adaptation Krzysztof Warlikowski dramaturgie Piotr Gruszczyński décor et costumes Małgorzata Szczęśniak lumière Felice Ross musique Paweł Mykietyn vidéo Denis Guéguin chorégraphie Claude Bardouil maquillages / coiffures Sylvie Cailler Jocelyne Milazzo collaboration aux costumes Géraldine Ingremeau assistant à la mise en scène Christophe Sermet avec Isabelle Huppert Agata Buzek Andrzej Chyra Alex Descas Gaël Kamilindi Norah Krief Rosalba Torres Guerrero durée estimée 2h30 production Odéon-Théâtre de l’Europe coproduction Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Théâtre de Liège, Barbican – Londres & LIFT L'Arche est éditeur et agent théâtral de la pièce L'Amour de Phèdre de Sarah Kane (traduction Séverine Magois) Elizabeth Costello © 2003 by J.M. Coetzee (traduction de Catherine Lauga du Plessis aux éditions du Seuil et aux éditions Points) Grande salle
Scènes imaginaires Krzysztof Warlikowski samedi 9 avril / 14h30 rencontre avec l’artiste
LUC BONDY UN HOMMAGE
dimanche 20 mars à 19h Théâtre de l’ODÉON 6e De nombreux amis, des proches, des collaborateurs, qui ont accompagné cet immense artiste, rendent hommage à l’homme de théâtre, d’opéra, de lettres que fut Luc Bondy. Avec amitié, tous viendront partager un souvenir, un texte. La soirée sera ponctuée d’extraits de documentaires sur son travail, de captations de ses créations, ainsi que d’œuvres musicales.
Jérôme Kircher, Bruno Ganz, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Micha Lescot, Luc Bondy au cours d'une répétition du Retour © Ruth Walz
Marina Hands, Micha Lescot, Victoire Du Bois dans Ivanov © Thierry Depagne
les bibliothèques 7
OD ON
mars – mai 2016
Portrait de Joseph Kessel par Jean-François Martin © Costume3pièces.com
6 Tartuffe 8 II Les Bibliothèques de l’Odéon
Joseph Kessel (1898-1979) le voyageur révolté Sa vie est un roman et sa soif d'ailleurs insatiable. Écrivain passionné, globe-trotter engagé, chroniqueur de guerre aguerri mais aussi buveur de légende, «Jef le Lion» avait toute sa place dans le cycle Exils. Auteur et reporter, Olivier Weber brosse le portrait de ce digne successeur de Jack London.
Un faciès de baroudeur, un regard tendre et un témoin parmi les hommes. Pour Kessel, la vie somme toute n’aura été qu’un perpétuel mouvement de balancier. Des steppes argentines où il est né en 1898 aux ors de l’Académie française, des maquis improbables aux salons littéraires, «Jef le Lion» voulait autant traîner ses guêtres «là-bas» que témoigner «ici». Éternelle soif de l’ailleurs et de l’autre qui ne fut étanchée que dans le désir d’écrire, non moins éternel. L’aventure était pour lui une maîtresse insatiable. Écrivain, grand reporter, Kessel demeure avant tout un
homme de légende qui aura traversé deux conflits mondiaux, la révolution russe, maintes guerres civiles. Aviateur, combattant, il connut la gloire à 25 ans en écrivant le premier roman sur l’aviation moderne, L’Équipage. Le monde était sa demeure, envahie par un vent entêtant, celui de l’appel au voyage. Chroniqueur des drames et spectateur engagé, fils d’un médecin juif d’origine russe, il était le frère des souffrants, au point qu’au soir de sa vie, infatigable révolté, romancier dostoïevskien, il prononça ces mots : «Ce que je n’aime pas, c’est l’injustice.» Superbe épitaphe
pour les générations futures, reporters, écrivains et voyageurs. Héros biblique selon le mot d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, fauve candide dont la vie représente plus qu’un roman, le vieux lion Kessel a eu pour terrain de chasse la tendresse et la dureté des savanes du monde. Les sentiments en bataille qui parcourent ses livres ne sont que le reflet d’une âme chavirée, mais qui demeure d’abord un cœur pur, où l’amitié des hommes compte autant que le goût du baroud. Dans son œuvre, la fraternité des armes n’a d’égal que le rêve d’aventure.
Davantage que reporter au long cours, il fut chroniqueur du monde, chantre de la grandeur humaine dans le fracas des guerres et le tourment des passions. «La vraie, la profonde raison de vivre, c’est l’amour de l’homme», déclara-t-il sur la radio La voix de la Résistance en 1943. Conteur des steppes, Jef, ainsi que le surnomment ses amis, est un témoin des grandeurs et bassesses de l’humanité, un marcheur dans le siècle visité avec passion, à la vitesse des drames, des conflits et des amours, un compagnon des aventures les plus folles, un coureur d’horizons qui en aurait trop vu, un écrivain de la douleur et du bonheur des êtres, quels qu’ils fussent. Plus de cinq décennies d’errances et de reportages n’ont en rien entamé sa soif d’apprendre et de restituer, de découvrir et de conter. À travers ses romans, ses récits, ses chroniques, de Belle de jour aux Cavaliers, de Fortune carrée à L’Armée des ombres, de Mary de Cork au Tour du malheur, se dessine une fresque de l’humanité toute en troubles, plongée dans les convulsions d’un siècle violent. De la guerre, il glisse vers un roman. Relevé plus ou moins indemne d’un manuscrit de fiction et souvent imbibé, il s’envole pour un terrain de conflit. Loin ou proche des lignes de front, mais toujours «au plus près» comme le recommandait Capa. Au plus près des hommes, il donne ses lettres de noblesse à la correspondance de guerre, à l’instar de Dos Passos, Hemingway, Malaparte et avant eux «le Loup», que Kessel aurait aimé, Jack London. Et brise les frontières entre le roman et le reportage, entre la fiction et les «choses vues» à la Victor Hugo. Entre les lignes, ce sont ses propres affres que Jef décrit, sa douleur de vivre, la perte des êtres aimés, sa femme, Sandi, et son frère, Lola. Ciselée par le génie de sa mélancolie, l’œuvre de Kessel est gigantesque et polymorphe : quatre-vingts volumes. Une douzaine
Grande salle
exils
animé par Paula Jacques
Joseph Kessel vu par Olivier Weber textes lus par Thibault de Montalembert lundi 11 avril / 20h
couverture de L'Équipage de Joseph Kessel, Le Livre de Poche, 1966
de films ont été adaptés de ses livres. L’Académie française, après le Grand Prix donné par les Immortels ; les honneurs ; la gloire des grands tirages, la une de France-Soir pendant des lustres, premier quotidien de l’aprèsguerre ; la légende du buveur qui mangea longtemps les bris de ses verres : tout cela n’est rien au regard de la fureur d’écrire. Pour Kessel, les littératures n’ont pas de frontière. En bon romancier, il s’inspire du vécu, surtout celui des autres. Avec les tourments qui hantent son œuvre, bercée par la richesse des sentiments, les combats intérieurs, les grandes guerres enfouies en soi, cet exilé nostalgique représente depuis longtemps un Jack London en sursis, le Kipling des âmes agitées, le compagnon de route, parfois mauvaise, souvent éclairée, de Conrad. Kessel est un «voyageur capital» au sens où André Malraux appelait Gide le «contemporain capital». Compagnon des pirates, défenseur des esclaves, confesseur de truands, conteur d’une humanité en troubles, Kessel demeure un frère parmi les hommes, voguant sur l’atlas du grand roulis. Olivier Weber décembre 2015
Olivier Weber Écrivain, ancien reporter de guerre, prix Joseph Kessel, prix Albert Londres et prix de l’Aventure, il est actuellement président du prix Joseph Kessel. Dernier ouvrage paru : L’Enchantement du monde (Flammarion, 2015).
Les Bibliothèques de l’Odéon III 9
Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra Place à la musique sur la scène de l'Odéon avec Marie Madeleine Marguerite de Montalte, concert littéraire né de la rencontre entre l'auteur du cycle de Marie et le musicien Alexandre Rochon, de The Delano Orchestra. Jean-Philippe Toussaint nous livre les prémices du projet… Je n’avais encore jamais rencontré Alexandre Rochon lorsqu’il m’a écrit en novembre 2012 pour me proposer de monter sur scène lors du concert que donnait The Delano Orchestra au Théâtre de la Ville. Il me disait : «Si cette idée doit vous paraître tout à fait surprenante, elle est à la fois sérieuse et motivée, la présentation professionnelle du spectacle comportant déjà un extrait de Faire l’amour, un moyen pour moi d’exprimer, de façon littéraire, l’envie de décrire des instants par la voie musicale et leur dimension sensorielle souvent enveloppée par les éléments naturels, l’eau en particulier.» Je n’étais pas libre le jour du concert, mais nous nous sommes rencontrés par la suite, nous avons sympathisé, et j’ai eu l’idée d’utiliser une de ses musiques pour ma vidéo «Zahir». Je lui ai alors écrit : «Dès que la vidéo sera montée, je vous la ferai parvenir, et nous pourrons continuer la discussion, vous me donnerez votre avis et je pourrai vous demander d’ajouter ici ou là quelque chose (quelques effets sonores ou un nouvel instrument). Et, comme les discussions se font toujours mieux de vive voix, ce serait l’occasion que je vienne vous voir à Clermont-Ferrand.» Notre correspondance, par la suite, n’a jamais cessé. En voici quelques extraits.
Jean-Philippe Toussaint à Alexandre Rochon (12 juin 2014)
Alexandre Rochon © Émilie Fernandez
Grande salle
Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra lecture musicale
Marie Madeleine Marguerite de Montalte lundi 4 avril / 20h tarifs exceptionnels (cf. p.11)
Jean-Philippe Toussaint est né en 1957 à Bruxelles. Il a publié treize livres aux éditions de Minuit (dernier paru : Football, 2015), qui ont été traduits en une vingtaine de langues. En 2005, il a obtenu le prix Médicis pour Fuir et, en 2009, le prix Décembre pour La Vérité sur Marie. Il a réalisé quatre longs métrages pour le cinéma.
Alexandre Rochon est chanteur, compositeur du groupe The Delano Orchestra. Fondateur du label Kütu Folk Records en 2006, il en est aujourd’hui le directeur artistique. Il signe toutes les musiques de M.M.M.M. et les interprète sur scène.
The Delano Orchestra est un groupe de Clermont-Ferrand porté par des guitares puissantes, un violoncelle et une trompette. Sur une écriture d’inspiration folk, très personnelle, leur musique invite au voyage.
Cher Alexandre, Je t’écris pour deux choses, qui ne pourraient en faire qu’une. Cet été, je suis invité par France Culture, dans le cadre du Festival d’Avignon, à lire des extraits des quatre livres du cycle de Marie. Je peux choisir de brèves ponctuations musicales, et je pense utiliser des extraits des derniers quatuors de Beethoven, des passages de Liszt au violoncelle, une chanson taïwanaise, la chanson «Ancora tu», de Lucio Battisti, et un extrait de «MVAT…», du Delano Orchestra. Mais, pour accompagner le passage de la robe en miel, je n’ai encore rien décidé. Il ne s’agirait ici que d’une ponctuation, trente à quarante secondes de musique. Mais, et c’est la deuxième chose dont je voulais te parler, en décembre prochain, je serai
en Chine pour adapter la scène de la robe en miel en vidéo, un peu comme je l’avais fait avec «Zahir». Je n’ai pas encore réfléchi à la musique, mais j’aimerais bien que tu y réfléchisses dès maintenant et que tu me proposes éventuellement quelque chose (création originale ou reprise d’un morceau de The Delano Orchestra) qui pourrait accompagner la vidéo. Pour l’instant, Madeleine et moi sommes en Corse, et c’est déjà l’été ! Les premières baignades sont délicieuses. Mes plus amicales pensées à vous tous. Jean-Philippe Alexandre Rochon à Jean-Philippe Toussaint (13 juin 2014)
Cher Jean-Philippe, Je suis ravi pour toi. De te savoir en Corse, profitant de ces premières baignades et d’apprendre la belle initiative de France Culture. C’est une excellente idée, je t’y vois déjà. Une fois encore, nos initiatives se rejoignent. Depuis quelques mois, j’imagine réaliser une adaptation musicale de MMMM, ces quatre M du cycle de Marie. L’idée me semble ambitieuse, trop sans doute. Je vois se mélanger musique, lecture, séquences vidéo. Au début de l’année, on m’a demandé de déposer des nouveaux dossiers de création. J’ai essayé de développer cette idée de composition autour du cycle de Marie. Il se trouve que j’avais besoin, avec la naissance de Paloma, de m’éloigner d’une écriture trop intime, trop impudique. La proposition a convaincu, je suis donc désormais dans l’obligation de composer en te lisant. Alors voilà, nous y sommes. À bientôt. Alexandre
Connaissez-vous votre shakespeare ?
mars / avril
En guise d’apéritif au deuxième épisode consacré aux monologues shakespeariens, picorez ce petit quiz sur le grand Will proposé par Dominique Goy-Blanquet, spécialiste de littérature élisabéthaine. 1) Quelle est la boisson préférée de Falstaff ?
Lieu secret
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Le sack. Ce terme, aujourd’hui tombé en désuétude, désignait un vin viné ou muté (c’est-à-dire un vin auquel on a ajouté de l’eau-de-vie en cours de fermentation), analogue au xérès ou au sherry actuel. Le sack, dont il existait différentes variétés, était importé d’Espagne : des Canaries, de Palma de Mayorque, de Malaga ou enfin de Jérez de la frontera pour le sherris sack. Ce dernier semble avoir eu la préférence de Falstaff, qui en fait l’éloge dans Henry IV, deuxième partie, IV, 3 : le sherris agit comme un remède doublement efficace, montant au cerveau pour le purger de ses vaines vapeurs et épaississant le sang encore trop pâle au sortir du foie. Le sherris est donc la vraie source de l’ardeur guerrière ; le prince Harry lui doit sa vaillance, et «si j’avais mille fils», conclut Falstaff, «le premier principe d’humanité que je leur enseignerais serait de planter là les potions trop maigres et de s’adonner au sack.»
2) Quelle est la dernière cuite du duc de Clarence ? Georges, duc de Clarence, finit noyé dans un tonneau de malmsey, ou malvoisie, un vin blanc doux importé de Grèce en Angleterre depuis le XVIe siècle (le cépage doit son nom au promontoire de Monemvasia, en Crète, alors sous contrôle vénitien). Ce modus operandi est improvisé sur place par les deux tueurs à gages envoyés par Gloucester, le futur Richard III, pour assassiner son propre frère. Le second meurtrier trouve l’idée excellente: «Faisons de lui une mouillette !» Et quand Clarence, à son réveil, réclame «une coupe de vin», il lui réplique : «Vous aurez bien assez de vin tout à l’heure, mon seigneur» (Richard III, I, 4, trad. J.-M. Déprats). À l’époque élizabéthaine, le vin était un article de luxe, dix à douze fois plus cher que la bière.
3) Quel célèbre personnage shakespearien évoque ses salad days (et accessoirement, que peuvent bien signifier ces « jours de salade » ? Cléopâtre. À la fin de l’acte I, scène 5 d’Antoine et Cléopâtre, elle chante les louanges de son amant et ne veut plus entendre parler de Jules César, dont elle fut si éprise jadis, affirmant en guise d’excuse qu’elle éprouva cette passion-là du temps de ses «jours de salade [traduction littérale !], quand mon sens était vert, quand mon sang était froid (when I was green of judgment, cold of blood)». L’obscurité de l’expression salad days ne l’a pas empêchée de devenir mystérieusement populaire dès le XIXe siècle. Elle est toujours couramment employée, y compris par des locuteurs qui ignorent son origine shakespearienne, pour désigner le bel âge d’une jeunesse pleine de fougue et de fraîcheur. Mais pourquoi la salade ? Shakespeare l’a associée à la couleur verte, caractéristique entre autres de l’âge tendre (et donc d’une certaine naïveté, y compris amoureuse) ; mais le vert était aussi la teinte de la jalousie, le «monstre aux yeux verts» d’Othello (cf. Michel Pastoureau : Vert. Histoire d’une couleur, Paris, Seuil, 2013). Le lien de la salade avec la froideur du «sang», siège de la passion, est moins évident. Dans l’Antiquité gréco-romaine, la laitue passait pour calmer les ardeurs érotiques : selon Pline l’Ancien, sa graine, «broyée et prise dans du vin, prévient les idées lascives (libidinum imaginationes) qui se présentent dans le sommeil […]. Quelques auteurs, toutefois, prétendent que, si l’on en fait un usage trop fréquent, elle affaiblit la vue» (Histoire naturelle, XX, xxvi trad. Littré ; plus haut, Pline a rappelé qu’entre autres «vertus spéciales», les laitues ont le pouvoir «d’éteindre les feux de l’amour», Venerem inhibendi). Ainsi donc, les «jours de salade» renverraient à un âge où la passion, faute d’expérience, ne peut voir qu’elle manque encore d’une certaine sensualité. Salon Roger Blin
WORDS, WORDS, WORDS... Les grands monologues shakespeariens animé par Daniel Loayza en présence de Dominique Goy-Blanquet & Florence Naugrette voir les dates ci-contre
un dimanche à...* promenades littéraires accompagnées par Léon Bonnaffé Vers un premier lieu secret dimanche 13 mars / 16h30
Vers un deuxième lieu secret dimanche 17 avril / 16h30 Studio Gémier
XXIe SCÈNE / NOUVELLES VOIX CONTEMPORAINES une proposition de Sophie Loucachevsky La section auteur de l’ENSATT lundi 14 mars / 19h Salon Roger Blin
WORDS, WORDS, WORDS... LES GRANDS MONOLOGUES SHAKESPEARIENS animé par Daniel Loayza La tragédie mardi 16 février / 18h
La comédie mardi 15 mars / 18h La romance mardi 12 avril / 18h Salon Roger Blin
LES DIALOGUES DU CONTEMPORAIN animé par Laurent de Sutter
L’écologie des autres mardi 29 mars / 18h
avec Eduardo Viveiros de Castro & Patrice Maniglier
Pour une politique des corps mercredi 6 avril / 18h avec Giorgio Agamben (sous réserve) & Emanuele Coccia
La voie de l'accélération mardi 26 avril / 18h avec Yvon Citton & Nick Srnicek
Grande salle
LA VIE COMME UN SONGE animé par Raphaël Enthoven
L’Utopie est-elle un rêve efficace ou mortifère ? avec Michaël Foessel samedi 2 avril / 14h30
Baruch Spinoza, la solitude du sage
lecture par Raphaël Enthoven & Georges Claisse samedi 16 avril / 14h30 Salon Roger Blin
LES PETITS PLATONS à L’ODéON
ateliers philosophiques / à partir de 8 ans La Révolte d’épictète samedi 2 avril / 14h30 raconté par Yan Marchand
Leibniz ou le Meilleur des Mondes possibles samedi 16 avril / 14h30
raconté par Jean Paul Mongin
Venez donc en famille ! Les cycles philosophiques La Vie comme un songe et Les petits Platons à l’Odéon sont programmés les mêmes jours au même horaire. Pendant que Raphaël Enthoven philosophe pour les adultes en grande salle, les plus jeunes sont accueillis pour philosopher au salon Roger Blin. Grande salle
Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra lecture musicale
Marie Madeleine Marguerite de Montalte lundi 4 avril / 20h Grande salle
SCÈNES IMAGINAIRES animé par Arnaud Laporte réalisé par Baptiste Guiton
Krzysztof Warlikowski samedi 9 avril / 14h30 Grande salle
EXILS
animé par Paula Jacques Joseph Kessel lundi 11 avril / 20h vu par Olivier Weber textes lus par Thibault de Montalembert
* AVERTISSEMENT sans être acrobatiques, ces promenades littéraires sont déconseillées aux personnes gênées par la marche ou la montée d’escaliers.
tarifs Grande salle Plein tarif 10€ / Tarif réduit 6€ Tarifs exceptionnels 22€, 18€, 12€, 8€ (séries 1, 2, 3, 4) Salon Roger Blin Tarif unique 6€ XXIe scène entrée libre sur réservation daniele.girones@orange.fr suivez-nous #Bibliodeon
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON Carte 10 entrées 50€ Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec la carte, du fait de tarifs exceptionnels
date limite d’utilisation : 30 juin 2016 01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
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entrée libre sur réservation à partir du lundi 7 mars sur theatre-odeon.eu (dans la limite des places disponibles) Manon Combes, Luc Bondy, Isabelle Huppert, Bulle Ogier au cours d'une répétition des Fausses Confidences © Pascal Victor
Le Retour © Ruth Walz
Bruno Ganz, Micha Lescot, Luc Bondy au cours d'une répétition du Retour © Ruth Walz
Marcel Bozonnet, Luc Bondy, Ariel Garcia Valdès au cours d'une répétition d'Ivanov © Thierry Depagne
génération(S) odéon Le programme d'éducation artistique mené par l'Odéon continue à semer ses graines de théâtre et de conscience européenne. Les premiers participants au projet (qui s'étend sur deux ans) sont partis à Bruxelles visiter les institutions de l'Union et voir Cendrillon au Théâtre national. Ses nouveaux bénéficiaires devraient, au printemps prochain, découvrir une nouvelle ville d'Europe. Hervé Pons, journaliste, a assisté à l'atelier de jeu animé par Thomas Matalou au Collège Pierre Brossolette de Villeneuve-Saint-Georges, puis a suivi la classe dans sa visite de l'Odéon.
«Je suis là, je vous écoute, je vous regarde, essayez d’être précis, clairs et concentrés… on y va !» Miraculeusement, au moment de présenter les scènes d’improvisation qui viennent d’être inventées par petits groupes à partir d’une photo donnée, le silence se fait dans la salle commune du lycée Pierre Brossolette de Villeneuve-Saint-Georges. Tous chahutent, parlent fort et se dispersent depuis le début de l’atelier théâtre mené par Thomas Matalou, acteur et intervenant dans le projet Génération(s) Odéon. «Je sais que c’est le mauvais jour, que vous n’avez pas envie de faire des exercices physiques parce qu’il y a des gens qui nous regardent mais c’est ce qui était prévu, alors marchez dans l’espace, bougez vos articulations, il ne s’agit pas de danser mais de vous réveiller un peu et de me suivre.» Il y a Thays, Ibtissâm, Julien, Larissa, Ion, Mouhamed, Manon, Afonso, Dan, Calista, Emira, Mariam, JeanEmmanuel, Marcio, Victorin, Nora, Noorulain, Manoel, Mordem, Rodrigo, Rayan, Edmilson, Patrick, Victor, Kenza, Samiha. Ils sont les nouveaux participants du programme Génération(s) Odéon, un projet pédagogique et culturel qui accompagne sur deux ans des élèves de quatrième dans un parcours de découverte et de pratique théâtrale destiné à des jeunes scolarisés en réseau d’éducation prioritaire. Pour Lucas Bianchien, le professeur principal, «c’est une classe atypique car elle comprend des élèves allophones, dont le français n’est pas la langue maternelle. Elle est diverse, les élèves sont d’origine moldave, portugaise, brésilienne… Nous l’avons choisie pour cette raison, car nous
travaillons sur la langue. C’est une grande chance pour eux de pouvoir participer à cette aventure. Ils n’ont pas l’occasion d’aller au théâtre, qu’ils ne connaissent pas. Ils découvrent dans les ateliers une autre manière d’être eux-mêmes, de s’exprimer. Jouer leur permet de se délivrer des personnages qu’ils s’inventent dans la cour, de se délivrer des carapaces qu’ils se créent et d’oublier l’image qu’ils veulent se donner.» Emilie Olivier, leur professeur de français et référente de ce projet, assiste à l’atelier, qui a lieu ce jour-là pendant ses heures de cours. Ils sont plusieurs enseignants à consacrer de leur temps professionnel et personnel pour accompagner les élèves dans cette découverte du théâtre. «Je fais du théâtre depuis que j’enseigne, cela fait douze ans. Des ateliers entre midi et deux mais aussi des projets en classe unique, dans le but de monter un spectacle présenté en fin d’année au théâtre de Villeneuve-Saint-Georges. Avec Génération(s) Odéon, nous avons l’opportunité de faire du théâtre différemment, avec des moyens financiers que nous n’avons pas forcément en REP, et en partant à la découverte de ce qu’est le théâtre contemporain. Je trouve que les élèves progressent beaucoup à travers le théâtre, ils apprennent à vivre ensemble autrement que dans la vie scolaire. Ils sont adolescents ; de manière générale, ils manquent de confiance en eux, ils pensent qu’ils n’ont pas de capacités, ils n’ont pas forcément de projet. Aller au bout d’un projet comme celui-ci est toujours positif, même si l’on passe par des phases compliquées, comme aujourd’hui par exemple, où ils n’ont pas envie d’y aller. C’est compliqué parfois, il faut chercher des émotions, donner de soi-même, montrer quelque chose d’intime…»
Thomas Matalou, stoïque et généreux, anime l’atelier, toujours à l’écoute de la moindre demande qui fuse. Tente de rebondir, de n’être jamais dans le refus et de transformer en jeu, en fiction, une réalité qui frappe. Il sait qu’il a le temps de prendre le temps : deux ans. Pour les connaître, leur faire découvrir le théâtre à travers les ateliers qu’il mène régulièrement, mais aussi en les faisant assister à des spectacles comme Pinocchio, mis en scène par Joël Pommerat aux Ateliers Berthier, qu’ils sont allés voir ensemble. «La classe est très clivée, les Portugais restent ensemble, les filles d’Afrique du nord restent ensemble, les Moldaves restent ensemble et puis il y a les cinq loulous nés à VilleneuveSaint-Georges, eux sont comme le thermomètre de la classe. Mon premier boulot a été, il l’est encore, de gérer ces clivages. Nous avons commencé par des grandes discussions sur l’actualité mais c’était assez compliqué, car ils ne sont au courant de ces choses qu’à travers le filtre d’internet, ils ont du mal à se faire leur propre opinion. Il faut du temps et de bons outils pour se construire un esprit critique. Pour l’instant leur imaginaire est encore borné, mais ils aiment les récits, ils sont animés par quelque chose de très cinématographique en prise avec une réalité qui ne serait pas la leur. En revanche, leur demander d’inventer une histoire est plus compliqué. La fiction leur fait peur comme, paradoxalement, se livrer soimême. Dire simplement ce que l’on a fait pendant le week-end, devant tout le monde, est encore épique mais il y a du progrès.» Pour ce projet, la classe du Collège Pierre Brossolette de VilleneuveSaint-Georges est jumelée avec une autre, du collège Jean Jaurès de Clichy-la-Garenne, où Caroline Stella,
© Mélissa Boucher
Dans le cadre de ses actions d'éducation artistique et culturelle, l'Odéon-Théâtre de l'Europe a conçu et lancé en septembre 2014 le programme Génération(s) Odéon. Ce projet accompagne sur deux ans des élèves de quatrième dans un parcours de découverte et de pratique théâtrale. Il est particulièrement destiné à des jeunes scolarisés en réseau d'éducation prioritaire. S'adressant à des collégiens à une étape importante de la scolarité où se joue leur orientation, Génération(s) Odéon a deux principaux objectifs : l'ouverture culturelle des élèves et l’apprentissage de la citoyenneté européenne. Théâtre de l'Europe et haut lieu de création artistique, l'Odéon invite ainsi les nouvelles générations à s'interroger sur la construction d'un espace culturel commun.
100
80h
élèves entre 13 et 15 ans
d'ateliers de pratique artistique sur 2 ans
4
30 000€
classes de collégiens
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voyage en Europe
5
artistes intervenants
coût du programme par classe sur deux ans
1
restitution sur la scène du Théâtre de l'Odéon
qui fait partie de la même compagnie théâtrale que Thomas, L’Antre du Monstre, mène un travail parallèle. Au fil des deux ans, les deux classes seront amenées à se rencontrer à plusieurs reprises afin de travailler ensemble et de conjuguer leurs talents pour créer un spectacle qui sera représenté sur la scène de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, dans le VI e arrondissement de Paris. Le projet, qui est porté par deux équipes pédagogiques pluridisciplinaires rassemblant des professeurs de lettres, d’histoire, de musique, d’espagnol, d’éducation physique, de sciences de la vie et de la terre, inclut une dimension européenne et citoyenne qui est au cœur du projet artistique de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. «La première rencontre entre les deux classes s’est bien passée, grâce aux filles qui ont eu l’intelligence à un moment d’aller se voir les unes les autres. Je fais souvent des allers-
retours entre les deux classes pour voir comment ça se passe et nous essayons de travailler parallèlement avec Caroline, même si les ambiances sont très différentes. Les élèves de Clichy sont plus à l’écoute les uns des autres, ils font des choses ensemble, ils rigolent ensemble. Ils ont d’emblée un autre rapport à la culture. La dernière fois que j’y suis allé, un des gamins m’a raconté que le week-end précédent, il était allé au salon du livre de jeunesse avec ses parents et qu’il était revenu chargé de lectures… Notre but, c'est de les amener petit à petit à s'ouvrir aux autres et à eux-mêmes. Nous avons prévu de multiplier les séances de travail communes, sans compter les visites organisées d’autres lieux, le voyage dans une ville européenne et le travail que nous allons mener en classe sur la citoyenneté : ils vont devoir aller interviewer des gens de l’extérieur, au bistrot, au supermarché, pour retranscrire ces paroles et se
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© Mélissa Boucher
CULTIVONS LEUR AVENIR ! les approprier. Mais c'est tout un chemin. Pour l’instant j’attends avec impatience la visite du Théâtre de l’Odéon, j’ai envie qu’ils aient peur, mais peur dans le bon sens !» – Madame, madame, j’ai une question pertinente qui me turlupine le haricot… c’est là qu’on va jouer ? – Eh ben oui, c’est bien là… – OK, ben moi je fais le souffleur… – Et moi je fais l’arbre… Le jour de la fameuse visite est arrivé, et Mordem et Victor, les boute-en-train de la classe, n’en mènent pas large… Dès le hall d’entrée de la majestueuse salle de l’Odéon, le volume sonore de la joyeuse classe bigarrée baisse significativement. La jeune femme qui raconte l’histoire du bâtiment, agrémentée d’anecdotes croustillantes, n’a aucun mal à se faire entendre. L’esprit du lieu, sa magie, semblent ravir les adolescents, qui la suivent sans moufter de la corbeille au dessous de scène, jusqu’au deuxième balcon et à la ter-
rasse qui donne sur les rues en fuite de la place de l’Odéon comme autant de rayons d’un soleil dont le cœur serait le théâtre. Dans le hall d’entrée à nouveau, après la visite, les conversations vont bon train, les enthousiasmes explosent et les peurs aussi... «Ah c’est archi-grand, c’est magnifique, magnifique !» vocifère Victor devant l’assemblée réunie. Plus réservé, Jean-Emmanuel confie : «J’ai aimé la salle, elle est haute et très large et ils ont tout pensé pour que les gens puissent entendre de partout. Au début je n’avais pas vraiment envie de jouer, mais là, oui. Je n’ai jamais fait de théâtre avant, et ce que j’aime avec Thomas dans les ateliers, c’est qu’il nous aide à nous exprimer, j’arrive pas à expliquer, mais ça fait du bien de s’exprimer. Parfois, quand on garde trop de choses, on se sent mal et quand on les libère, ça passe…» Nora, qui veut devenir journaliste, conclut la discussion : «Le théâtre,
ça sert à s’amuser, à se libérer et à la culture. Même si, avec Thomas, je n’aime pas quand il nous demande de faire les sentiments, mais bon, on vient de commencer et c’est un peu dur au début. Parler devant tout le monde, des gens que je connais, c’est chaud quand même. Au théâtre je trouve que c’est bien que les gens s’expriment devant les autres, ils ont pas honte…» Hervé Pons janvier 2016
Hervé Pons Journaliste aux Inrockuptibles, il est l'auteur de plusieurs ouvrages d'entretien avec des artistes dont Alfredo Arias, Jacques Bonnaffé et Pippo Delbono.
#GOpourlavenir
Soucieux d'étendre le programme à des classes supplémentaires, l'Odéon a lancé au printemps 2015 une campagne de mécénat participatif. Cette contribution vient compléter un financement déjà assuré par le théâtre, ses partenaires institutionnels et le mécénat traditionnel. 18 000€ ont ainsi été réunis auprès de 200 donateurs pour financer la première année du programme pour une nouvelle classe. Pour financer la seconde année du programme, l'Odéon lance une deuxième campagne de mécénat participatif du 7 mars au 2 mai 2016. Objectif à atteindre : 27 000€ http://www.theatre-odeon.eu/fr/generations-odeon
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Avantages abonnés Retrouvez toutes les offres du moment sur la page «Avantages» de notre site internet
En lien avec ses partenaires culturels, l’Odéon-Théâtre de l’Europe propose à ses abonnés des offres privilégiées. Sinéma, les anges sont avec toi par Martial Raysse © mk2
Offres dans la limite des places disponibles La Cinémathèque française EXPOSITION – GUS VAN SANT Du 13 avril au 31 juillet 2016 Héritier moderne de la Beat Generation, il est par essence le cinéaste d’une jeunesse qu’il saisit dans sa fureur de vivre à travers ses photographies et ses films : My Own Private Idaho, Will Hunting, Harvey Milk, Last Days ou encore Elephant. Déambulation autour de ses œuvres plastiques, collaborations artistiques et films, l’exposition explore l’univers de ce réalisateur, emblème d’un cinéma anticonformiste, radical et osé. > Entrée libre le jeudi 21 avril de 12h à 21h > Tarif préférentiel 9€ au lieu de 12€ du 13 au 30 avril > Réservation au guichet sur présentation de la carte abonné Odéon > La Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, Paris 12e
Elephant, Gus Van Sant, 2002 © Diaphana pour MK2
Forum des images – Cinéma cycle de films – MANGER ! Du 2 mars au 14 avril 2016 Le 7e art s’est toujours intéressé aux arts de la table, en nous donnant à voir, dès 1895, un adorable bambin joufflu, nourri à la cuillère par ses parents extatiques (Le Repas de bébé de Louis Lumière). Depuis, dans des registres variés allant du burlesque au film de genre, le cinéma n’a eu de cesse de représenter et de questionner ce que l’on ingère.
Trois questions à Elisha Karmitz, directeur de MK2 Agency
«Rester repliés sur nous-mêmes, ce serait une faute» L'écran selon MK2 ressemble beaucoup à la scène selon l'Odéon. Retour sur les raisons profondes d'un des premiers partenariats média entre théâtre et cinéma.
> Une entrée offerte pour une achetée (6€) >R éservation au guichet sur présentation de la carte abonné Odéon ou de la Lettre de l’Odéon > Forum des images, Forum des Halles, 2 rue du Cinéma, Paris 1er
MK2, comme l’Odéon, est une structure de taille relativement modeste, mais dont l’action est reconnue et très visible. Comment envisagez-vous votre mission ? Nous sommes 80 au siège, 120 dans les différentes salles dans Paris. Autant mettre les pieds dans le plat tout de suite. Nous sommes dans un monde qui est menacé par deux extrémismes : un islamisme fondamentaliste et une extrême-droite dont la puissance se manifeste désormais à l’échelle européenne. Par manque d’idées, de courage ou de vision politique, on a trop laissé le second de ces extrémismes être seul à répliquer au premier. Sur ce terrain, des institutions comme les nôtres ont un rôle à jouer. Nous portons des valeurs qui sont le fruit d’une histoire. Notre engagement quotidien en faveur des artistes plaide chaque jour la cause de la culture. Nous les accompagnons, nous leur donnons la parole, nous offrons une vision de ce qu’ils font. En temps de crise, je pense que nous sommes un peu à la fois un phare et une maison : un refuge mais un repère aussi, à partir duquel réfléchir et s’orienter. Avec les actions conjointes de l’Odéon et de MK2, théâtre et cinéma ont pour la première fois avancé ensemble... Au théâtre et au cinéma, nous savons que la culture ne consiste pas seulement à consommer, mais à échanger. Malgré le bouleversement du numérique, l’homme reste un animal social. Il a besoin, pour faire sa catharsis, de se retrouver avec des congénères et de réagir avec eux, ensemble, devant des œuvres en lesquelles se projeter. Ce besoin-là ne se satisfait pas dans la sphère strictement privée. Le public, par définition, se constitue dans des espaces eux-mêmes publics, des agoras, des lieux d’assemblée. C’est bien pourquoi les autres acteurs de la culture ne sont pas nos concurrents mais nos compléments. Quand nous passons une bande-annonce de l’Odéon avant le film, nous sommes «seulement» un média – mais en même temps, notre public sait que nous ne diffusons pas n’importe quoi, que nous le faisons par conviction. Il y a six ans, notre partenariat avait démarré avec Un Tramway, un spectacle où Isabelle Huppert tenait déjà le rôle principal. Ce n’est pas un hasard si nous la retrouvons avec Phèdre(s). Elle aussi a une vision de son travail qui n’est pas à court terme. Isabelle Huppert a conquis sa liberté d’actrice en misant sur la qualité, sur la collaboration approfondie avec des artistes. Elle est en quelque sorte coéditrice des films ou des spectacles auxquels elle participe. Et quand notre public découvre une autre facette de son talent, nous avons tous à y gagner. Rester repliés sur nous-mêmes, ce serait une faute : les créateurs sur d’autres terrains sont nos alliés naturels. Propos recueillis par Daniel Loayza et Valérie Six Paris, 6 janvier 2016
© collection Christophel
La Colline – théâtre national SPECTACLE – WHAT IF THEY WENT TO MOSCOW ? Du 1er au 12 mars 2016 D’après Les Trois Sœurs d'Anton Tchekhov de Christiane Jatahy / en portugais, surtitré Spectacle né du cri des trois sœurs de Tchekhov : «À Moscou ! À Moscou !» la réalisatrice brésilienne exauce ici leur vœu et renouvelle ce grand classique en l’ouvrant à l’utopie : et si elles y allaient, à Moscou ? Les spectateurs sont tour à tour public de théâtre et public de cinéma, les images de la scène sont filmées, montées en direct et projetées sur grand écran, comme deux facettes d’une même pièce, ouvrant le champ des possibles. > Tarif préférentiel 20€ au lieu de 29€ > Sur internet : sélectionner le tarif «Tarif réduit Web» et précisez le code ODWHAT dans le champ «Code promo» > Au guichet ou au 01 44 62 52 52 avec le code ODWHAT > La Colline – théâtre national, 15 rue Malte-Brun, Paris 20e
© AlineMacedo
Club de l’Étoile – Cinéma opéra en direct – ELEKTRA Dans le cadre du partenariat MK2 / Odéon-Théâtre de l'Europe
THÉÂTRE – PHÈDRE(S)
Wajdi Mouawad, Sarah Kane, J.M. Coetzee / Krzysztof Warlikowski création avec Isabelle Huppert... Offre valable entre le 23 mars et le 5 avril pour les spectateurs des salles MK2 Tarifs préférentiels 30€, 21€, 15€ au lieu de 40€, 28€, 18€
sur les représentations du 16/04 au 30/04 (dans la limite des places disponibles)
Réservation 01 44 85 40 40 sur mention du code «troisC» (merci de présenter le ticket/coupon de l'offre lors du retrait des places)
© Kristian Schuller/Metropolitan Opera
> Deux places achetées pour Elektra, une place offerte pour la retransmission d’un ballet de votre choix sur l’ensemble de la saison ou pour une conférence du cycle «Mythe et Opéra» > Réservation : 01 43 80 73 69 / mardi, jeudi et vendredi de 15h à 18h30. Précisez le code «Odéon» lors de la réservation > Club de l’Étoile, 14 rue Troyon, Paris 17e
Samedi 30 avril 2016 à 19h La célèbre production de Patrice Chéreau arrive sur la scène du Met, dans une scénographie de Richard Peduzzi, sous la direction d’Esa-Pekka Salonen et portée par la puissance vocale de la soprano Nina Stemme. Cet événement de l’opéra réunira à ses côtés Waltraud Meier dans le rôle de la terrifiante Clytemnestre, ainsi qu’Adrianne Pieczonka et Éric Owens dans les rôles des frères et sœurs troublés d’Électre. La conférence «Mythe et Opéra» en relation avec ce spectacle aura lieu le vendredi 22 avril à 20h avec Stéphane Longeot.
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Acheter et réserver ses places Ouvertures de location tout public
Calendrier
TARTUFFE représentations jusqu'au 25/03 location ouverte
mars 2016
Odéon 6e Berthier 17e
phèdre(s) représentations du 17/03 au 13/05 3 février theatre-odeon.eu • 10 février guichet / téléphone les bibliothèques de l’odéon Vous pouvez réserver pour l’ensemble de la saison 15/16 Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h
Abonnés
avril
Odéon 6e Berthier 17e
– Vous pourrez réserver vos dates, à tout moment de l’année. Merci de vérifier la disponibilité de la date choisie auprès du service abonnement avant de retourner votre contremarque. – Nous vous conseillons de choisir vos dates avant l’ouverture de réservation tout public, afin que nous puissions vous placer au mieux. Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle. Contact 01 44 85 40 38 abonnes@theatre-odeon.fr
Représentations TARTUFFE du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi relâche exceptionnelle le dimanche 31 janvier phèdre(s) du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi relâches exceptionnelles les dimanches 20 mars et 1er mai
mai
Odéon 6e Berthier 17e
* Justificatif indispensable lors du retrait des places
série 1
série 2
série 3
40 € 28 € 18 € 20 € 14 € 9 €
14 € 7 €
36 € 18 €
22 € 18 € 12 € — — 8 € — — — — — —
8 € — 6 € —
22 € 8 € — 22 €
** Tartuffe : 7 février / 15h ; 10 février / 20h ; 18 février / 20h
Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra Grande salle Roger Blin série 1 série 2 série 3 série 4
Plein tarif Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Abonné Odéon Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) * Justificatif indispensable lors du retrait des places
10 € — 6 € 6 € 6 € 6 €
14h30 14h30 20h 18h 14h30 20h 18h
14h30 14h30 16h30
18h
6 € — 6 € 6 €
22 € 18 € 12 € 11 € 9 € 6 € 11 € 9 € 6 € 11 € 9 € 6 €
8€ 4€ 4€ 4€
6 € 6 €
11 € 11 €
4€ 4€
9 € 9 €
6 € 6 €
* Représentations avec audiodescription
Contacts Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 laure.legoff@theatre-odeon.fr Public de l’enseignement 01 44 85 41 18 coralba.marrocco@theatre-odeon.fr Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 alice.herve@theatre-odeon.fr
série 4 série unique
Les l’Odéon Bibliothèques de Théâtre de l’Odéon 6e Tarifs exceptionnels
vacances scolaires zone A zone B zone C
Théâtre de l’Odéon 6e Ateliers Berthier 17e
Plein tarif Moins de 28 ans, bénéficiaire du RSA* Demandeur d’emploi* Public en situation de handicap* Élève d’école de théâtre* Lever de rideau (2h avant la représentation) Pass 17* (dates spécifiques)**
dim 1 Relâche lun 2 mar 3 Phèdre(s) 20h mer 4 Phèdre(s) 20h jeu 5 Phèdre(s) 20h ven 6 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h sam 7 Phèdre(s) 20h Adolescence et territoire(s) 20h dim 8 Phèdre(s) 15h lun 9 mar 10 Phèdre(s) 20h mer 11 Phèdre(s) 20h jeu 12 Phèdre(s) 20h ven 13 Phèdre(s) 20h
Tarifs
Grande salle / salon Roger Blin / Studio Gémier / Hors les murs
ven 1 Phèdre(s) 20h sam 2 Phèdre(s) 20h L’Utopie / La Vie comme un songe La Révolte d’Épictète / Les petits Platons dim 3 Phèdre(s) 15h lun 4 Jean-Philippe Toussaint & The Delano Orchestra mar 5 Phèdre(s) 20h mer 6 Phèdre(s) 20h Les Dialogues du contemporain / Pour une politique... jeu 7 Phèdre(s) 20h ven 8 Phèdre(s) 20h sam 9 Phèdre(s) 20h Krzysztof Warlikowski / Scènes imaginaires dim 10 Phèdre(s) 15h lun 11 Joseph Kessel / Olivier Weber / Exils mar 12 Phèdre(s) 20h La romance / Shakespeare / Words, Words, Words... mer 13 Phèdre(s) 20h jeu 14 Phèdre(s) 20h ven 15 Phèdre(s) 20h sam 16 Phèdre(s) 20h Spinoza / La solitude du sage Leibniz ou le Meilleur... / Les petits Platons dim 17 Phèdre(s) 15h Un dimanche à... lun 18 mar 19 Phèdre(s) 20h mer 20 Phèdre(s) 20h jeu 21 Phèdre(s) 20h ven 22 Phèdre(s) 20h sam 23 Phèdre(s) 20h dim 24 Phèdre(s) 15h lun 25 mar 26 Phèdre(s) 20h Les Dialogues du contemporain / La voie de... mer 27 Phèdre(s) 20h jeu 28 Phèdre(s) 20h ven 29 Phèdre(s) 20h sam 30 Phèdre(s) 20h
Si vous n’avez pas choisi vos dates de spectacles :
Spectacles
salon Roger Blin / Studio Gémier / Hors les murs
dim 13 Tartuffe 15h Un dimanche à... 16h30 19h lun 14 La section auteur de l’ENSATT / XXIe scène mar 15 Tartuffe 20h La comédie / Shakespeare / Words, Words, Words... 18h mer 16 Tartuffe 20h jeu 17 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h ven 18 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h sam 19 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h dim 20 Relâche Tartuffe 15h* Hommage à Luc Bondy 19h lun 21 mar 22 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h* mer 23 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h jeu 24 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h ven 25 Phèdre(s) 20h Tartuffe 20h sam 26 Phèdre(s) 20h dim 27 Phèdre(s) 15h lun 28 mar 29 Phèdre(s) 20h Les Dialogues du contemporain / L’écologie des autres 18h mer 30 Phèdre(s) 20h jeu 31 Phèdre(s) 20h
Carte Les Bibliothèques de l’Odéon Carte 10 entrées 50€ Carte à utiliser librement ; une ou plusieurs places lors de la même manifestation. Réservation fortement conseillée. Certaines manifestations ne sont pas accessibles avec cette carte — tarifs exceptionnels. Un tarif préférentiel est cependant consenti aux abonnés Odéon et aux détenteurs de la Carte (cf. tarifs exceptionnels, voir ci-contre).
2 octobre – 1er novembre / Odéon 6e
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IVANOV
d’Anton Tchekhov mise en scène Luc Bondy 10 octobre – 21 novembre / Berthier 17 e
VU DU PONT
d’Arthur Miller mise en scène Ivo van Hove création 10 – 15 novembre / Odéon 6e
PRIMERA CARTA DE SAN PABLO A LOS CORINTIOS
d’Angélica Liddell
avec le Festival d’Automne à Paris
2 – 20 décembre / Odéon 6e
ORESTIE
(une comédie organique ?) d’après Eschyle de Romeo Castellucci avec le Festival d’Automne à Paris
5 décembre – 3 janvier / Berthier 17e
PINOCCHIO
d’après Carlo Collodi de Joël Pommerat 6 janvier – 13 février / Odéon 6e
RICHARD III
de William Shakespeare mise en scène Thomas Jolly
Soutenez la création théâtrale en rejoignant le Cercle de l’Odéon
28 janvier – 25 mars / Berthier 17 e
TARTUFFE
de Molière mise en scène Luc Bondy 17 mars – 13 mai / Odéon 6e
PHÈDRE(s)
Wajdi Mouawad, Sarah Kane, J.M. Coetzee mise en scène Krzysztof Warlikowski création
Information et contact Pauline Rouer cercle@theatre-odeon.fr
13 – 29 mai / Berthier 17 e
NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS
Ils sont mécènes de la saison 2014-2015
(Déjeuner chez Wittgenstein) de Thomas Bernhard mise en scène Séverine Chavrier 20 mai – 25 juin / Odéon 6e
LA MOUETTE
3 – 25 juin / Berthier 17 e
LES PALMIERS SAUVAGES
d’après William Faulkner mise en scène Séverine Chavrier
Du nouveau, des nouvelles, des réseaux
octobre 2015 – juin 2016
LES BIBLIOTHÈQUES 5 L’ODÉON DE
La revue du web de l’Odéon
Le Blog : Suivez les aventures des élèves qui suivent le programme Génération(s) Odéon / Rendez-vous sur placedelodeon.eu Le Blog Suivez les aventures des élèves qui suivent le programme Génération(s) Odéon
Facebook L'antre de Richard III s'est posé sur la place du théâtre !
Twitter Le compte twitter des Bibliothèques de l'Odéon a rouvert ! @Bibliodeon
Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40 Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris @TheatreOdeon
theatre-odeon.eu 01 44 85 40 40
couverture : affiche de Phèdre(s) / détail © Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 – 1064582
d’Anton Tchekhov mise en scène Thomas Ostermeier