Lettre de l'Odeon N°10

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cyrano de bergerac / dominique pitoiset

«cyrano me touche encore plus qu'alceste»

OD ON

Entretien avec Philippe Torreton

les bibliothèques de l'odéon

gary sous la plume et la voix de joann sfar Dialogue d’«Exils»

lucky peterson / philippe Petrucciani / ahmad jamal

le blues est partout où joue un bluesman Deux concerts exceptionnels

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Lettre N 10 Odéon-Théâtre de l’Europe

mai 2014


sommaire

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p. 2 à 5

«cyrano me touche encore plus qu'alceste» CYRANO DE BERGERAC Edmond Rostand Dominique Pitoiset p. 6

Lucky peterson philippe petrucciani ahmad jamal

Un miroir implacable Cyrano de Bergerac selon Philippe Torreton

deux concerts exceptionnels p. 7 à 10

les bibliothèques de l'odéon romain gary par Joann Sfar et David Bellos p. 11 à 12

transmettre : un projet pour l'avenir entretien avec aurélie filippetti,

ministre de la Culture et de la Communication

Daniel Loayza – Vous revenez à Cyrano après six mois d'interruption. Comment se passe cette reprise ? Philippe Torreton – L'accueil est extraordinaire, comme à la création. Et comme on défend quand même des options de mise en scène très fortes, c'est toujours une joie énorme de voir à quel point ça marche, et combien les spectateurs sont enthousiastes devant cette pièce qu'ils disent avoir l'impression de redécouvrir. En fait, ce spectacle, c'est un peu chaque soir la rencontre de deux belles surprises : celle du public, qui entre dans un Cyrano très inattendu, et puis la nôtre, celle de la troupe, devant l'accueil qu'on nous fait. à chaque fois, les gens accompagnent la représentation, acceptent de jouer le jeu de cette dramaturgie et se laissent totalement embarquer. Ce qu'ils voient n'est pas ce qu'ils attendaient, c'est complètement autre chose et ça les transporte. Je suis content que Dominique Pitoiset ait eu cette audace-là, et qu'on ait tous pris ce pari avec lui, en fonçant tête baissée.

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D. L. – C'est un Cyrano assez inédit... De l'intérieur, quel effet vous fait-il ?

L'Odéon-Théâtre de l'Europe, carrefour de pratiques

P. T. – Oh là là ! C'est beaucoup de choses en même temps. J'ai commencé avec très peu d'éléments sur la philosophie du spectacle que recherchait Dominique. Je savais qu'il se réglait

THÉÂTRE, UN CHOIX D'EXCELLENCE

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Avantages abonnés

sur... comment dire... un curseur «psychiatrique», mais cela veut tout dire et ne rien dire. Je savais qu'on serait plongés dans une ambiance moderne, que les personnages seraient vraiment analysés du point de vue clinique. J'ai découvert le décor et la réalité des costumes lors des répétitions, en même temps que les autres interprètes, alors que pendant des semaines j'avais demandé à Dominique : «Fais-moi voir des trucs, quelque chose...» Et j'ai compris pourquoi il avait refusé de me montrer quoi

Ce monstre de premier degré, ce porteur de moustache... que ce soit !... Ce en quoi il avait tort, car j'étais vraiment prêt à travailler avec lui quel que soit l'angle d'attaque de la pièce. Et donc, après cette phase, moi, j'ai été absolument – ah, je ne sais pas comment dire ça. Cet objet dramaturgique, je l'ai tout de suite absorbé, assimilé sur le plan émotionnel. J'ai été bouleversé d'imaginer ces gens, ce petit

aréopage d'êtres humains, qui noient leur détresse et arrivent à faire passer le temps en réveillant parmi eux ce monstre de premier degré, ce porteur de moustache qui prétend s'appeler Cyrano. Ce point de départ déclenche des tas de micro-histoires dans l'histoire. Pendant les répétitions, on est passé par des moments absolument dingues. Aussi bien des passages à vide, où on ne savait plus où on en était vraiment, que des moments d'une émotion, d'une beauté, avec des propositions d'acteurs folles... On ne pouvait pas tout mettre. Le spectacle qu'on voit là n'est qu'un résumé incroyablement bref de tout ce par quoi on est passés en répétitions, et qui continue à nous nourrir. Il y aurait de quoi faire plusieurs mises en scène avec tout le matériau qu'on a inventé et que Dominique a suscité. Ca m'a touché au plus haut point. Parce que j'ai toujours trouvé qu'il y avait un paradoxe entre l'immense popularité de cette pièce, donc du personnage, et la réalité des sociétés dans lesquelles nous vivons. D. L. – Quel paradoxe ? P. T. – Avec Cyrano, nous applaudissons un héros intransigeant, autonome, refusant le compromis, qui va au bout de ses fidélités amicales, esthétiques, amoureuses, alors que nous vivons quand même dans un monde assez veule,

assez lâche. ça ne date pas d'hier, d'ailleurs... La promiscuité humaine entraîne forcément des comportements de cour, de salon, et limite nos ambitions de pureté. Le voilà, le paradoxe : le public

Cyrano me touche encore plus qu'Alceste. réserve tous les soirs un triomphe à ce gars-là, mais en quittant le théâtre chacun se replonge dans un monde de préjugés, de compromis, de lâchetés, de sottises. D. L. – Vous semblez rapprocher Cyrano du Misanthrope, comme le fait Pitoiset... P. T. – Mais oui, bien sûr ! Sauf que sur un point, Cyrano me touche encore plus qu'Alceste. Cyrano se tient en-dehors de la cour. Alceste dénonce la cour alors qu'il est en plein dedans. On a envie de lui crier : «Mais casse-toi, arrache-toi de là, va-t'en dans ton désert !» Cyrano, lui, est déjà parti, déjà ailleurs, dans une autre vie très loin des boudoirs et des

salons, une vie où d'une certaine façon Alceste continue à se complaire. C'est d'ailleurs un personnage que j'aimerais jouer, justement pour cette contradiction qu'il porte. Pour son côté crachedans-la-soupe alors qu'il y patauge, dans cette soupe... Cyrano, pas du tout. C'est quand même une des très rares pièces, je trouve, où le personnage tire sa révérence en disant son fait au public qui le regarde ! Je ne peux pas m'empêcher de penser que quand il dit «Qu'estce que c'est que tous ceux-là ! Vous êtes mille ?», il parle des sept cents ou mille personnes, de la masse des spectateurs qui sont en train d'assister à sa mort. C'est à ce genre de détails que je sens que cette pièce est vraiment géniale, contrairement à ce que croient

Une force qui s'en va sans être dupe... encore certains qui la considèrent au mieux comme une bluette historique en vers de mirliton pas trop mal écrits. Je trouve que c'est une grande pièce et bien plus encore – oui, elle est vraiment

géniale. Beaucoup plus profonde, grave, 3 tragique qu'on ne croit. Ce héros-là, ce n'est pas seulement une «force qui va», comme disait Hugo, mais une force qui s'en va, qui meurt, en n'étant pas dupe de ces gens qui vont l'applaudir dans deux secondes quand il aura dit son dernier mot, le mot «panache». D. L. – Vous le voyez comme une sorte de bouc émissaire ? P. T. – Oui, ou d'alibi. Nous autres, nous pouvons continuer à vivre ici-bas dans notre monde, puisqu'on a été capable d'y écrire Cyrano. Il rachète quelque chose de notre médiocrité, donc ce n'est pas mal... On a Cyrano, ça va ! Souvent ces personnages-là nous permettent de nous défausser un peu... Normalement, c'est un type d'homme qui devrait nous déranger. Son intransigeance devrait nous renvoyer à nos lâchetés, à nos compromissions, à nos vies dans tous ces petits microcosmes, quels qu'ils soient d'ailleurs – oui, ce gars-là devrait être un sacré gêneur ! D'ailleurs une excellente façon de l'assimiler, de le digérer pour nous permettre de nous accommoder de ce qui est si dérangeant chez lui, c'est de le porter aux nues. Et de ne pas écouter le message. Quand j'entends parfois certaines personnes me parler de cette pièce, y compris des gens de théâtre, je suis très étonné qu'on me cite quasiment toujours les mêmes vers.

Invitations et tarifs préférentiels p. 15

ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES p. 16

LANCEMENT DE SAISON 2014-2015

LE CAFÉ DE L'ODÉON OUVERTURE

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© Brigitte Enguérand

© Brigitte Enguérand


«Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas !»

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acte IV, scène V un héros paradoxal J'en parlais aux élèves du Théâtre national de Bordeaux-Aquitaine la semaine dernière. Tout le monde me cite la tirade des «non merci». Ou plutôt les «non merci» en eux-mêmes. Je vois bien pourquoi : la même formule revient plusieurs fois, en anaphore, et elle est mémorable. Donc, on se rappelle le geste de refus. Mais ce qui est formidable dans ce texte, ce ne sont pas les «non, merci !». Ce sont les raisons que donne Cyrano pour rester tel qu'il est, refuser de subir l'influence d'autrui, ne pas être asservi à des pouvoirs quels qu'ils soient. C'est cet argumentaire, cette liste des motifs pour repousser toute compromission, qui est d'une puissance extraordinaire. Le cœur de ce que dit Cyrano n'est pas si connu que ça. De ce point de vue, le parti-pris du spectacle, qui est de plonger tous ces personnages dans un monde interné, un univers

psychiatrique, nous autorise justement un premier degré incroyable. On peut tout se permettre, on peut tout jouer avec le code que semble réclamer l'écriture. Parce qu'il y a différentes écritures dans cette pièce, comme dans beaucoup de chefsd'œuvre. Il y a des moments de farce, du comique, de la tragédie, du lyrisme, du grandiloquent. C'est comme dans Shakespeare : le tragique ne doit pas l'emporter, y compris dans Hamlet. Même là, il y a des scènes qui doivent être drôles – sinon, c'est plat. Shakespeare l'avait compris : le jeu de mots peut être un condensé de sens, un raccourci stupéfiant. Un gag peut résumer toute une vie. Quelqu'un qui se trompe, quelqu'un qui trébuche, dans le bon contexte – ça dépend qui tombe et sur quoi – un geste d'une seconde peuvent valoir trois volumes de commentaire. Rostand connaît cette pro-

«Au manteau de Thespis je ne fais pas de trous» Cyrano entre artiste et mécène

Je voudrais revenir sur une courte réplique, une entre mille, d'un héros dont on sait désormais combien il est cher à mon cœur. «Au manteau de Thespis je ne fais pas de trous», clame Cyrano dès l'acte I, superbe, tout en lançant sur la scène une bourse pleine d'or. Pour faire son entrée en scène, on s'en souvient, le héros doit d'abord faire place nette, chasser des planches un prétendant de Roxane, l'usurpateur Montfleury, l'histrion qui vocifère et massacre l'alexandrin en accaparant l'attention des spectateurs. Pour cela, il faut bien que Cyrano recoure un peu au scandale, interrompe la représentation. Pas moyen de faire autrement s'il veut intervenir dans l'espace public. Il s'y emploie, et avec quel brio ! mais il assume aussi d'en payer le prix et se dépouille lui-même pour dédommager les acteurs : Cyrano restera donc les poches vides et l'estomac creux. Quelle morale en tirer ? La première crève les yeux. Ce n'est pas qu'un artiste doive toujours consentir à se ruiner pour se faire entendre, ce serait plutôt l'inverse, car toute peine mérite salaire – après tout, même le médiocre Montfleury et sa bande y ont droit... Non. Cette morale, c'est que le théâtre, art du temps et de l'air du temps, ne se fait pas tout seul. Il est sans doute une magie, mais une magie où il n'y a pas de miracle. Pour ma part, je n'ai cessé de répéter cette évidence, au risque de paraître importun. Les finances sont une condition nécessaire, sinon suffisante. Cyrano le sait bien. Alors il paie, et largement, en grand seigneur, lui qui est bien loin d'en être un – mais voilà, lui, il sait ce qu'il veut : on n'accueille pas des artistes chez soi pour les réduire à raccommoder les trous au manteau de Thespis. Cela étant, il est une autre morale, plus secrète, à déchiffrer dans cette histoire. Une morale non pas pour le mécène, mais pour l'artiste qu'est aussi et d'abord mon cher Cyrano. Le fait est que le don de l'art, le cadeau que le créateur tente de faire à la communauté, entraîne pour lui, et plus souvent qu'on ne croit, un certain coût. Regardez ce que fait Cyrano. Il ne se contente pas de rémunérer la compagnie qu'il expulse du théâtre : il le fait en donnant à sa largesse même une valeur esthétique. On peut estimer qu'il entre un peu de vanité ostentatoire dans un tel procédé, mais je ne crois pas que ce soit là l'essentiel. En jetant son or sur scène, Cyrano éblouit l'assistance, mais à ses propres dépens, puisant dans ses ressources intimes pour régler un problème public. Et son geste est tout à la fois si naturel et si spectaculaire – oui, ce geste lui ressemble tellement ! – que tous ou presque n'y voient que du feu. Telle est la pudeur de Cyrano. D'ailleurs, à l'en croire, il ne s'agit pas de lui : c'est au nom de Thespis qu'il se voue en une seconde à des semaines à venir d'obscure pauvreté. Qui est Thespis ? Le père fondateur du théâtre. Figure à demi légendaire, il parcourait, dit-on, les bourgades de l'Attique en traînant après lui un chariot contenant ses accessoires, ses masques et ses costumes. Le théâtre n'a jamais tout à fait oublié son père. Il reste précaire, exceptionnel, fragile, passager comme un cortège de fête. D'un côté, il est institution, et demeure désormais dans la cité ; d'un autre, n'a jamais cessé de voyager de ville en ville. Un pied dans le grand rituel, l'autre chez les saltimbanques, et c'est ainsi qu'il marche. Voyez Shakespeare. Voyez Molière, que Cyrano admirait tant. Il faut donc voyager, quand on aime le théâtre. Ce n'est pas si facile. Parfois il vous en coûte. Il faut savoir tantôt rester, tantôt partir. Pour que le voyage se prolonge sous d'autres climats, avec d'autres, vers d'autres buts. Mais toujours, si possible, avec panache.

Dominique Pitoiset, Bordeaux, juin 2013

fondeur d'écriture-là, ce télescopage des tons et des genres. Notre partipris nous permet de prendre tout ça à bras le corps, d'une façon très franche. D. L. – Vous le jouez à fond tous les soirs... P. T. – C'est la moindre des politesses à l'égard d'un tel personnage. Il faut s'engager, vraiment, dans l'écriture, dans les mots, il faut les faire sonner, les faire entendre. Un acteur qui se contenterait de débiter un texte pareil, ce serait un outrage. Cyrano veille avec tellement d'égards sur la langue, il prend tellement de soin à dire son fait à l'autre, et à s'expliquer sur ses pulsions, sur ses envies, sur ses principes… «Se battre ou faire un vers», comme il dit. Un tel être de batailles et d'écriture, un énergumène qui place si haut l'absolu de l'amour, mérite qu'on s'y attelle sans réserve et qu'on fasse tout pour lui, qu'on fasse tout entendre, tout voir, tout rebondir. Y compris ses failles, ses contradictions, ses faiblesses. D. L. – Par exemple ? P. T. – Je pense à un des derniers vers, quand il dit à Roxane : «Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas !», quand il se trahit... D. L. – Comment le comprenez-vous ? P. T. – C'est plus fort que lui. C'est un lapsus de mourant. Il ne peut pas tenir, il ne peut plus nier, parce qu'il est partagé, déchiré. D'un côté, il veut protéger la croyance de Roxane, préserver le mythe sur lequel elle a vécu : elle se figure que celui qu'elle aime, l'auteur de ces lettres sublimes, c'est Christian. Et en même temps elle presse à ce point Cyrano qu'il est finalement forcé de réaliser que sous prétexte de la protéger il est en train de lui mentir, et que la plus haute forme de respect pour elle, c'est peut-être de lui avouer cette vérité qu'il ne peut pourtant pas énoncer. Et donc, il doit dire sans dire : «oui, vous avez raison, je vous aime» – prononcer et biffer ces mots, les raturer à l'instant même où ils résonnent... C'est un lapsus de quelqu'un qui ne peut plus cacher ni se cacher – face à la mort, face à la bien-aimée, face aux questions qu'elle pose. D. L. – Mais il ne peut lui dire la vérité que parce qu'il va mourir... P. T. – Voilà. C'est la fêlure de la pièce : s'il avoue son amour, il meurt. C'est comme si c'était la condition du pacte de Cyrano avec Christian. S'il dévoile le truc, il est mort. Il lui avait dit, à l'acte II : «Je serai ton esprit, tu seras ma beauté». C'est quasiment faustien... Cyrano ne peut pas croire qu'il puisse être aimé. Il a grandi dans la certitude qu'il n'était pas beau. Et quand on n'est pas beau, on n'est pas aimable. C'est ce qu'il confie finalement à Roxane, mais il ne peut le lui dire qu'à l'extrême fin : «Vous ?... Au contraire ! J'ignorais la douceur féminine. Ma mère / ne m'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de sœur. / Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'œil moqueur.» D'où son silence avec la bien-aimée. Il ne veut pas lui avouer qu'il l'aime, parce qu'il est convaincu que lui-même ne peut pas être un objet d'amour. C'est ce

silence qui le fait exister ailleurs, qui le pousse à inventer la figure de Cyrano... Il s'est construit sur ce désespoir-là, sur cette parole retenue. Il ne peut en parler, s'ouvrir, avouer, qu'au moment de disparaître. Sa fureur guerrière, son côté «s'en fout la mort», vient d'une immense frustration. Il n'est absolument pas normal de risquer sa vie deux fois par jour pour aller poster une lettre ! Il n'est absolument pas normal d'aller tout seul porte de Nesle affronter une centaine de spadassins qui veulent massacrer Lignière, un copain poète et alcoolique ! Cyrano est quelqu'un qui se dit : «De toutes façons la vie ne m'a pas autorisé à aimer, donc...» Donc, c'est un peu tout ou rien, l'existence sublime ou le suicide. Ou une façon de combiner les deux à la fois : en amour je ne suis rien, partout ailleurs j'existe en surrégime. Quand il dit à Le Bret : «Qui j'aime ?... Réfléchis, voyons», il faut voir comment il arrive à sa conclusion, car sa confidence est une conclusion : vu «ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me précède», puisque je suis tellement laid que «le rêve d'être aimé même par une laide» m'est définitivement fermé, alors autant y aller franchement : «j'aime – mais c'est forcé ! – la plus belle qui soit». Autrement dit, puisque ça ne peut être que du rêve, autant rêver large ! D. L. – Ce n'est pas trop épuisant de jouer un personnage qui se veut toujours au sommet de soi-même ? P. T. – C'est usant, ça fatigue, mais c'est exaltant. Les autres aussi auraient de quoi être fatigués. Après-demain, mercredi, à Rennes, on va aborder la 80 ème. On est une belle troupe, on s'entend merveilleusement bien.

Tout ou rien. L'existence sublime ou le suicide. On était émus et joyeux de se retrouver. C'est essentiel pour moi d'être accompagné de gens qui sont vraiment heureux de faire ce spectacle. Dans une distribution, et je comprends cela très bien, quand on n'a qu'un ou deux petits rôles, on peut éprouver une sorte de lassitude, et quand certains acteurs en ont un peu assez, on peut le ressentir... Mais là, il ne s'agit tellement pas de ça, c'est un spectacle qui implique tellement tout le monde ! Nous sommes vraiment onze sur le plateau. Bien sûr, c'est moi qui parle le plus, mais nous sommes pratiquement tous là tout le temps. La troupe a quelque chose de fort à jouer d'un bout à l'autre. Et ça se répercute sur l'état général. Il faut cette énergie pour aller chaque soir chercher les spectateurs. Quand les gens s'installent et voient le décor, comme il n'y a pas de rideau, ils ont tout le temps de se dire : «Ah non, quand même, ce n'est pas possible, Cyrano là-dedans, non !»... Et pourtant à la fin c'est tellement le contraire, ces mêmes gens viennent nous dire : «Mais on l'oublie ! On oublie le décor, et quand le décor nous revient quand

même, on se dit qu'il est hyper-juste et on se demande comment on a pu le monter autrement...»

Si Cyrano a tout pour séduire, c'est aussi parce que le chef-d'œuvre de Rostand est tout entier une histoire de séduction, à double ou triple fond. L'une des grandes forces de la mise en scène de Dominique Pitoiset tient justement à ce que cette séduction est à la fois interrogée et exaltée, remise en question et en jeu, quitte ou double, tous les soirs.

D. L. – C'est qu'on assiste en direct à la naissance d'un personnage occupé à se mettre au monde... P. T. – Oui, bien sûr, pendant tout le temps de la représentation... Je commence à jouer en m'arrêtant en pleine phrase parce que je viens de m'apercevoir qu'il y avait là du public. Je m'avance, et c'est là que je dis à toute la salle : «Que tous ceux qui veulent mourir lèvent le doigt.» Comme s'il se demandait : mais c'est quoi, là, ce trou noir... Et à la fin de l'acte V il a sa réponse : «Ah, je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !» Entretemps, petit à petit, le jeu s'est organisé autour de lui, celui qui a eu l'intuition que ce trou noir, là, c'était le public.

En surface, la pièce célèbre d’abord le charme d’un héros paradoxal. Lointain héritier du miles gloriosus de la comédie antique et proche cousin du Matamore de la commedia dell'arte, il s'en distingue par un trait essentiel : lui ne fanfaronne pas. Sous l'outrance apparente, tous ses exploits sont violemment réels – ou plutôt, nous suggère Pitoiset, ils sont supposés tels par tout son entourage. Et il importe qu'ils le soient, car l'héroïsme de Cyrano répond à une certaine attente sociale. Vous voulez du spectacle,

Cyrano veille avec tant d'égards sur la langue... Les autres, ses compagnons, restent enfermés dans un espace sans trou et sans issue. Pour eux, chaque fois que Cyrano regarde la salle, c'est comme s'il regardait le mur du fond. Et donc, ce spectacle met aussi en scène le temps de la représentation. Grâce à Cyrano, grâce à son premier degré ou à son intuition instinctive d'un monde d'avant l'enfermement – à moins qu'il ne l'ait jouée, ou qu'il n'ait été lui-même un spectateur absolument conquis par cette pièce... – en tout cas, grâce à lui, on se remet dans le temps et la géographie d'une représentation théâtrale. Comme si lui, à force de regarder le public, obligeait finalement les autres à faire comme lui. Et à se regarder euxmêmes dans le miroir qu'il tend.

Cyrano est bel et bien tel qu'il se veut : sans rival, admirable en tout point, incomparable – et pour cette raison même, on le sent bien d’entrée de jeu, il est voué à disparaître, ce qui le rend d’autant plus précieux. Il est trop pur pour être longtemps de ce monde. Ennemi déclaré de toute compromission, il s'attire des ini-

mitiés qui finissent par peser lourd. Il est à l'image de son nez : la mesure, très peu pour lui. Cyrano dépasse, a trop de relief pour ne pas attirer la foudre, et comme de juste, la mort finit par lui tomber du ciel. Mais entretemps, quel brio dans l’affirmation de soi, quelle insolence dans la dénonciation de la médiocrité du monde, et de combien de frustrations ne venge-t-il pas ses humbles admirateurs ! Cyrano ne sépare pas l’éthique de l’esthétique. Chez lui, toute conviction s’incarne en geste, se fait sentence, s’achève en représentation. Si un acteur est mauvais, il ne le tolère pas sur les planches ; si un politicien tente de le corrompre, il le bafoue ; si un plat courtisan cherche à l’outrager, il le transperce de son inoubliable verve – à moins qu’il ne le touche «à la fin de l’envoi», car la pointe de son épée n’est moins acérée que celle de ses répliques. Chaque acte attire ainsi sur sa tête une nouvelle raison de se faire tuer, et à chaque fois, il s’en tire, contraignant ses ennemis mêmes à saluer son incroyable et virtuose intégrité. Il y a du funambule dans ce gaillard-là, toujours en équilibre sur le fil des alexandrins, fidèle à lui-même jusqu’à l’extrême mot de la fin qu’il ne laisse à personne le soin de dire à sa place. Cyrano est de bout en bout une créature extraordinairement attachante, d’une énergie et d’une vitalité fantastiques, dont rien n’épuise jamais l’incroyable appétit. Mais appétit de quoi, au juste ? La richesse, le pouvoir, n’ont aucun intérêt pour Cyrano : «non, merci». Il a même un côté ascétique, on ne le voit quasiment jamais manger. Tout cela est bon pour le vulgaire. Cyrano, lui, est un peu comme Alceste, il veut qu’on le distingue. Mais à la différence du Misanthrope, il n’y parvient que trop bien. Il aime étonner, aime se battre à un contre «oh ! pas tout à fait cent», aime risquer chaque jour sa vie aussi froidement que s’il était sûr de ne jamais la perdre – bref, Cyrano aime jouer. Premier interprète de lui-même, il ne peut exister qu’en étant, à tous les sens du terme, un personnage. Pour être, dans ce monde si étroit et si bas, il lui faut jouer à être – à être plus et mieux que ce que l'on est, larger than life, à être Cyrano. L'identité sublime, la seule qui vaille, ne s'invente qu'ainsi. Son costume, c’est sa fierté farouche ; son accessoire, c’est son nez. Drapé dans l’une et encombré de l’autre, quand il entre en scène, c’est pour en chasser un acteur qu’il juge inepte, mais aussi pour le remplacer au pied levé – et gare à qui voudrait lui contester le premier rôle ! Il lui faut être singulier, sous peine de n’être rien. Et attirer sur lui tous les regards – mais pour mieux se cacher.

D. L. – Un miroir assez sévère... P. T. – Implacable. Qui peut oser dire «Oui, oui, bien sûr, je suis comme Cyrano» ? Personne. Même le plus bravache des va-t-en-guerre. Il est un miroir d'une pureté absolue sur notre condition d'animal social... D. L. – Ce miroir, est-ce qu'on n'est pas obligé de le briser en fin de représentation ? P. T. – C'est lui-même qui le brise pour le public. Il a cette dernière courtoisie : il se brise pour que le public n'ait pas à le faire. D. L. – Mais entretemps il a conquis le costume du rôle... P. T. – Oui, au bout de cinq actes, il a bien gagné le droit de l'endosser au moment de revenir prendre congé. Sa toilette funèbre... C'est un moment d'une très grande émotion. Le fantasme s'incarne. Cyrano est passé dans l'autre monde.

Propos recueillis par Daniel Loayza le 20 janvier 2014

semble-t-il demander à l'acte I ? Vous en aurez, et du vrai, du meilleur. Il a un côté sacrificiel, qu'il assume pleinement : non seulement ce héros-là compense les faiblesses du reste de l'humanité (à commencer par celles de ses spectateurs), mais il accepte d'en payer personnellement le prix. Dans le combat du pot de terre (appelons-le Cyrano : générosité, élégance morale, désintéressement) contre le pot de fer (appelons-le de Guiche : manipulation, dissimulation, cynisme), c'est toujours lui, perdant magnifique, qui paie follement les pots cassés.

© Brigitte Enguérand

Car cet homme excessif, explosif, truculent, ce libertin des derniers temps de la Fronde est aussi par un génial anachronisme le dernier des romantiques. Et non le moins timide : désespérément épris de Roxane, il n’ose se déclarer, il s’est déjà condamné lui-même. Est-ce pour cela qu’il paraît souvent chercher la mort en multipliant les provocations ? Du moins ne se suicide-t-il pas. Ce curieux tempérament d’artiste, à la fois mélancolique et sanguin, sculpte librement sa vie comme un chef-d’œuvre baroque, car lui, «c’est moralement <qu’il a> ses élégances.» Il aime trop les défis pour ne pas s’en jeter à lui-même, à la hauteur de son rêve. Et puisque la délicate Roxane ne peut aimer Christian si celui-ci manque d’esprit, qu’à cela ne tienne, Cyrano l’en-

richira du sien, puisqu'il faut, pour plaire à la précieuse, que le ciel et la terre se rejoignent, ou semblent le faire. Il faut offrir à la bien-aimée, dès ici-bas, l’idéal d’une perfection digne de ses romans – il faut qu’à la beauté visible l’invisible réponde. Et si c’est là une folie, tant pis, puisque c’est à ce prix qu’est né un des plus étonnants monstres bicéphales du théâtre : un adorable corps d’amant muet qu’escorte dans l’ombre sa doublure son, âme éperdue et jouant d’autant mieux son rôle qu’elle est absolument sincère – une chimère signée Cyrano.

Daniel Loayza

7 mai – 28 juin / Odéon 6e

cyrano de bergerac d’Edmond Rostand mise en scène Dominique Pitoiset dramaturgie Daniel Loayza scénographie et costumes Kattrin Michel lumière Christophe Pitoiset travail vocal Anne Fischer coiffures Cécile Kretschmar avec Jean-Michel Balthazar Adrien Cauchetier Antoine Cholet Nicolas Chupin Patrice Costa Gilles Fisseau Jean-François Lapalus Daniel Martin Bruno Ouzeau Philippe Torreton Martine Vandeville Maud Wyler production déléguée Théâtre National de Bretagne – Rennes coproduction MC2:Grenoble ; Théâtre national de Bordeaux Aquitaine ; Compagnie Pitoiset – Dijon ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Espace Malraux / Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie ; Centre National de Création et de Diffusion Culturelles de Châteauvallon ; Théâtre de Saint-Quentin-enYvelines / Scène Nationale créé le 5 février 2013 au Théâtre National de Bretagne – Rennes durée 2h40 rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 13 juin à l’issue de la représentation projection nouvel odéon mardi 3 juin / 20h Capitaine Conan de Bertrand Tavernier avec Philippe Torreton nouvelodeon.com


neur au génie spontané, il les sait là, présents dans l’air, les fluides, les ondes. Il joue avec eux, big band du big bang. Comme tous les bluesmen, Lucky Peterson vient des bords du Mississippi, ou peut-être de Chicago. Eh bien non ! Il vient de Buffalo, dans l’état de New York (1964). Son guitariste de père y tenait le Governor’s Inn. Tous les bluesmen, et pas des moindres (Muddy Waters ou Buddy Guy) défilent à la maison. Très tôt, Peterson le Veinard prend des cours d’orgue. Professeur ? M. Jimmy Smith en personne. Il pratique le légendaire Hammond B3 avec la même fougue que la guitare. Le même enthousiasme qui porte sa voix. Le blues, c’est comme le flamenco ou la grande musique afro-américaine. Il est partout où joue un blues man, un flamenco, Ahmad Jamal. Aussi productif que toute forme fixe (le sonnet, par exemple, dans la poésie européenne, ou le haïku de l’école de Kyoto), le blues aux règles faussement simples s’offre à l’infini des combinaisons et de l’engendrement. Chaque fois uniques, comme le cœur de Lucky Peterson. L’histoire du «jazz» n’a rien à voir avec ce qu’on raconte. C’est la géographie des âmes et des espaces ; des chemins qui se croisent avec le diable pour témoin. Plus les anges tutélaires de Pittsburgh pour rire avec les diables. Francis Marmande

tarifs exceptionnels (voir p.15)

les bibliothèques

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10 mai – 13 juin 2014

Lucky Peterson © JM Lubrano

le blues est partout où joue un bluesman Tout concert de M. Ahmad Jamal est une fête. Tout concert, une expérience, bien au-delà de la musique. C’était vrai de son trio dans les années 1950. Cela le reste à un point rare, du quartet déjà présenté trois fois à l’Odéon (2013). Ahmad Jamal offre à l’œil nu la communion de la musique. Pure circulation d’inconscient à inconscient. Parade nuptiale d’amour et de technique. Érotique de groupe. Tout ce que «la grande musique indienne-américaine» atteint de plus haut. Ahmad Jamal – voir Miles, Mingus, Duke Ellington – ne parle jamais de «jazz». Ils savent de trop près ce à quoi le mot aura servi. Il parle du blues. Il parle des musiciens, de ce courant qui passe entre les musiciens, et de sa ville, Pittsburgh, Pennsylvanie. Il y est né le 2 juillet 1930. «Nous devons une part de notre être à notre ville natale», rêve Albert Einstein. De loin, cette phrase sonne aussi simple qu’une chanson des rues. Sans compter avec cette chance : nul ne saurait choisir sa ville natale. De près, ceci, crucial : la phrase d’Einstein nous débarrasse des tragiques âneries de l’origine et du terroir. C’est déjà ça. Elle nous ramène au jazz, sa géographie, son réseau, son rhizome. Levé à 6h du matin, le sourire éclatant et l'œil d’oiseau, Ahmad Jamal décline tous les musiciens de Pittsburgh : les géants (Mary Lou Williams, Roy Eldridge, Ray Brown), les humbles, les phénomènes. En scène, avec ses airs de derviche tour-

deux CONCERTS 2 – 3 juillet / 20h Théâtre de l'Odéon 6e

OD ON

LUCKY PETERSON PHILIPPE PETRUCCIANI AHMAD JAMAL 6

Mercredi 2 juillet / 20h Ahmad Jamal nous fera l'honneur de revenir sur le plateau du Théâtre de l'Odéon pour un concert unique à Paris.

AHMAD JAMAL

Saturday Morning – album 2013 Ahmad Jamal – piano Herlin Riley – batterie Manolo Badrena – percussions Réginald Veal – contrebasse Le pianiste américain Ahmad Jamal est aujourd'hui l'un des derniers grands témoins et acteurs de l'histoire de la musique classique américaine, un terme qu'il préfère à celui de jazz.

Jeudi 3 juillet / 20h En première partie, Philippe Petrucciani présentera son dernier album Este mundo ; en seconde partie, Lucky Peterson viendra présenter en avant-première son nouvel album The Son of A Blues Man, enregistré à Dallas. Philippe Petrucciani © Dominique Combe

LUCKY PETERSON

The Son of A Blues Man – nouvel album, juin 2014

The Son of A Blues Man – juin 2014

Lucky Peterson – guitare, chant Tamara Peterson – chant Shawn Kellerman – guitare Timothy Waites – basse Raul Valdes – batterie Marvin Hollie – claviers

Dédicace par Lucky Peterson de son nouvel album à l'issue du concert du 3 juillet au Théâtre de l'Odéon.

Lucky Peterson a acquis une réputation comme l'un des artistes les plus éminents de l'époque moderne. Un guitariste, organiste fantastique et chanteur de premier ordre. L'un des joueurs les plus polyvalents travaillant dans le blues.

NOUVEL ALBUM LUCKY PETERSON

PHILIPPE PETRUCCIANI Este mundo – album 2012

Philippe Petrucciani – guitare Nathalie Blanc – chant Dominique Di Piazza – basse Manhu Roche – batterie

Ahmad Jamal © Jean-Baptiste Millot

Grand mélodiste et rythmicien, Philippe Petrucciani est ici au sommet de son art, tant au niveau de l'interprétation, un swing lyrique unique, que de son écriture. Lui qui a longtemps composé pour son frère, le pianiste Michel Petrucciani, il lui dédie l'émouvant «Mike P». Romain Gary et son chien, dessin de Joann Sfar © Futuropolis


Petit Abécédaire de Romain Gary 8

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Il parlait plusieurs langues, signait de plusieurs noms, vécut plusieurs vies. Romancier, diplomate, héros de guerre, immigrant, étudiant, homme à femmes, grand maître ès pseudonymes, Romain Gary alias émile Ajar, né Roman Kacew en 1914 en Lituanie, demeure le seul auteur à avoir remporté le Prix Goncourt deux fois. L'Odéon-Théâtre de l'Europe tenait à s'associer à la célébration de son centenaire. David Bellos, l'un de ses plus fins connaisseurs, nous a fait l'amitié de composer en guise de portrait et d'hommage ce bel abécédaire apéritif.

pour Ajar, Prix Goncourt 1975 pour La Vie devant soi. D’où vient donc cet énième pseudonyme ? D’Al Azhar, l’université du Caire ? De l’Azharie, pays du Caucase ? D’Azhar, le domaine de chasse des rois d’Afghanistan ? Des initiales de «l’Association des Juifs Anciens Résistants», qui n’a jamais existé ? «Ajar» veut dire «mi-ouvert, mi-fermé» en anglais, mais Gary laisse entendre dans Vie et mort d’émile Ajar que ces deux syllabes signifient «braise» en russe. Ce qui est faux ! Gary est un artiste de la mystification onomastique. Émile Ajar est son chef-d’œuvre. c’est pour les désarmés, dont la seule arme, disait Gary, citant Freud, une fois n’est pas coutume, c’est l’humour. D pour Désopilant. D pour Désespéré. c’est pour Gengis, Gengis Cohn, artiste de music-hall à Varsovie, ainsi nommé à cause de son humour plutôt féroce. Il y avait de quoi. Au moment d’être fusillé par un SS, il baisse son pantalon et lui montre son derrière. Ce geste lui vaut d'être transformé en dibbouk, un esprit malicieux qui s’installe pour l’éternité dans la conscience du malheureux Hauptjudenfresser Schatz. Après la guerre, Gengis se trouve donc aux commandes d’un banal inspecteur de police de la République Fédérale. Il s’y amuse comme un fou ! Le fait parler en yiddish ! Réciter le kaddish ! C’est du plus mauvais goût. Tant mieux. pour Kacew, le nom de famille du père de Romain Gary, et donc le sien. C’est la graphie polonaise du nom russe katzef, lui-même adapté de l’Allemand Katz, qui veut dire «chat», mais ce n’est là que le masque des deux lettres hébraïques kuf et tsadek, pronounces k-ts, qui forment les lettres initiales des deux mots kohen tsedek, «prêtre véritable». L’itinéraire de ce nom se prolonge lors de l’émigration pour donner, à Nice, en 1928, la prononciation kassef, avec une assonance plutôt arabe que polono-russo-germano-hébraïque. «J'étais alors dans le Midi l'équivalent d'un Algérien aujourd'hui», a-t-il expliqué pour éclairer sans le dire la véritable identité de Momo, le héros de La Vie devant soi.

c’est pour Boston, l’avion bombardier fabriqué aux États-Unis et fourni par les Britanniques au groupe Lorraine des Forces Aériennes de la France Libre, basé à Hartford Bridge à partir de janvier 1943. Gary a effectué plus d’une centaine de missions dans ces lourdes carcasses volantes. Le soir, à la caserne, il griffonnait son premier roman, qui ne s’appelait pas encore éducation européenne. Après la guerre, Romain Gary se sentait toujours en sécurité lorsqu’il prenait l’avion. Après tout, on ne tirait pas dessus. Et surtout, ce n’était pas un Boston.

c’est pour Hoppenot, éric Hoppenot, ambassadeur au long parcours et fin connaisseur des hommes. C’est à lui que Gary doit d’être nommé à New York, en 1952, dans un poste qui lui a été doublement propice. C’est dans un minuscule appartement à Manhattan que Gary a pu rédiger son grand roman d’Afrique, Les Racines du Ciel, qui lui a valu son premier Goncourt en 1956. Et c’est en tant que porteparole de la délégation française auprès des Nations Unies dirigée par Hoppenot que Romain Gary fait ses premiers pas dans les médias. Grâce à son anglais parfait, ses beaux yeux et ses costumes élégants, Gary devient rapidement le visage le plus connu de la France après de Gaulle à la télévision américaine.

c’est pour over the top, expression anglaise qui signifie «excessif». Oui, Gary est un homme excessif : excessivement érotomane, excessif dans son habillement, qui pouvait varier d’un jour à l’autre d’un manteau en vison à une parka de clochard, excessivement voyageur, excessivement polyglotte, excessif autant dans sa fidélité à de Gaulle que dans ses jeux de mots. He was just too much ! disent les gens de bon goût. Et tant pis pour eux.

c’est pour Pseudo, ouvrage inventé en quelques semaines pour établir une fois pour toutes qu’Émile Ajar était Paul Pavlowitch et que ledit Pavlowitch était fou. Chefd’œuvre de roublardise en trompe-l’œil, Pseudo porte l’invention langagière à un sommet inégalé. Nul virtuose oulipien n’a tordu la syntaxe et l’orthographe de la langue française avec un irrespect plus hilarant. Opération à tel point réussie qu’il n’a jamais pu faire reconnaître son immense talent d’écrivain sous le nom d’Émile Ajar.

c’est Lady L., premier roman rédigé en anglais par le consul général de France à Los Angeles. Situé à Genève, pour faire un clin d’œil à Sous Les Yeux d’Occident de Joseph Conrad, ce roman léger et spirituel croise anarchistes et lords anglais, passions amoureuses à la Stendhal et conspirations politiques. Un joyau de malice et d’esprit français écrit en anglais d’Angleterre aux états-Unis par un diplomate russo-polonais. Qui a peur de la littérature comparée ?

c’est Cimarron, cette maison format château que Gary s’est fait construire à Majorque, avec vue imprenable sur la mer. Avant de la vendre. Pour la racheter ensuite. Gary, qui a fini par avoir des bribes d’immobilier en Grèce et à Tahiti aussi, sans compter son immeuble de la rue du Bac, ne brillait guère dans la gestion du foncier. Il avait trop d’autres choses à faire.

c’est pour éléphant. Ludo, le héros si parfait du dernier et plus grand roman de Gary, Les Cerfs-volants, est douée d’une mémoire d’éléphant. Comme son auteur, il porte le fardeau d’une mémoire historique. Ce n’est donc pas une coïncidence si Morel, dans Les Racines du Ciel, défend les droits des hommes en protégeant ceux des pachydermes. c’est pour Ijmuiden, ville industrielle des PaysBas sur laquelle Gary a fait pleuvoir des bombes à plusieurs reprises. «Les bombes que j'ai lâchées ont peut-être tué dans son berceau un Rilke, un Goethe, un Hölderlin !» a-t-il dit trente ans plus tard. Mais il a fait revivre le nom de cette ville dévastée dans un dieu pré-colombien, Ijmujin, objet de la dévotion de l’affreux dictateur Almayo, dans Le Mangeur d’étoiles. Petite compensation, mais compensation tout de même.

pour Mina, Mina Kacewa, née Owczinska, la mère de Romain Gary, et créée par lui sous le nom plus russe et donc moins juif de Nina, dans La Promesse de l’aube. «Autofiction» avant la lettre, La Promesse est sans doute le plus grand roman d’amour filial de la littérature française. «Je l’ai eue assez tard» dit Gary de cette femme dure à cuire atteinte de «francophilie galopante». C’est à la volonté de fer de sa maman que Gary doit de ne pas avoir dérapé pendant son adolescence fougueuse.

permet un coup de chapeau à Raymond Queneau, le seul des lecteurs professionnels du manuscrit de La Solitude du python à Paris à avoir flairé sous ce prétendu premier roman un écrivain chevronné. L’auteur, écrit-il dans sa note de lecture pour Gallimard, doit être «pas mal imbu de lui-même et sûrement un emmerdeur. Ce n'est qu'un épigone, mais, dans le genre, le talent est certain». Par retour du bâton Queneau sera un des auteurs que la presse parisienne soupçonnera d’avoir inventé Émile Ajar.

c’est pour Sganarelle, ce personnage de la commedia dell'arte que Gary prenait pour un picaro. C’est sa formule personnelle d’une aventure toujours à recommencer et donc du roman à la façon de Gary. C’est pour cette idée d’un personnage toujours fuyant en avant, et donc «Pour Sganarelle», que Gary a pondu son seul texte de théorie littéraire. C’est le plus long et le moins lu de tous ses ouvrages. Dommage qu’il n’ait pas eu le temps d’en faire la version courte.

pour Tulipe, roman-pamphlet contre la bonne conscience de l’Occident, rédigé à Londres dans les premiers jours de la paix en 1945. Le personnage central, un rescapé de Buchenwald ayant des points communs avec Gandhi d’une part et Groucho Marx de l’autre, lance un mouvement «une prière pour les vainqueurs» et engage une grève de la faim tout en mangeant un sandwich au jambon. Dans Tulipe paraissent pour la première fois l’humour extravagant et l’insolence politique de l’auteur de La Danse de Gengis Cohn. Sartre avait promis de publier le second texte de Gary. Lorsqu’il a lu le manuscrit de Tulipe, il a changé d’avis d’un seul coup.

c’est pour la France Libre. Romain Gary fut parmi les tout premiers à répondre à l’appel du 18 juin. Avant fin juillet 1940, il signa l’engagement dans la grande rencontre à l’Albert Hall à Londres, et ne se désengagea jamais. «Ma saison a été la France libre», a-t-il dit en 1978. Sans elle, «je n'aurais rien fait de ce que j'ai fait dans ma vie et j'aurais été, à l'heure actuelle, hôtelier sur la Côte d'Azur.» Et dans Chien blanc : «Il n'y avait pas de Gaulois, d'Algériens, de Juifs, de Noirs ou de Grecs... il n'y avait que des frères tueurs et tués.» Romain Gary, tout en étant russe, polonais et juif, est un enfant de la France libre.

c’est Jean Seberg, la Jeanne d’Arc de Preminger et la muse de Belmondo dans à Bout de souffle. Lorsque Gary la croise à Los Angeles en 1959, c’est le coup de foudre. Cela s’est très mal terminé, mais pendant une petite décennie Jean a donné à Gary le plus grand et peut-être le seul véritable amour de sa vie. Sans compter son unique enfant.

pour Vilna, cette ville si tristement située sur les confins de la Russie et de la Pologne, à portée de main de la Prusse et au milieu de la Lituanie. Occupée par les Allemands en 1916, tiraillée entre Polonais et Lithuaniens de 1917 à 1922, avalée par l’Allemagne nazie en 1941, et absorbée par l’Union soviétique en 1945, Vilna abrite au cours du XXe siècle surtout des minorités. «Je suis un minoritairené», disait Gary. Forcément, puisqu’il est né à Vilna.

c’est évidemment le yiddish, qui aurait pu et peut-être aurait dû être la langue maternelle de Romain Gary, comme elle l’était pour une bonne moitié de la population de sa ville natale. Mais Gary a parlé le russe d’abord, et, lors de son retour à Wilno, il a adopté le polonais, nouvellement imposé comme langue d’enseignement. L’écho du yiddish surgit d’abord dans Les Racines du Ciel, lorsque Gary croit faire parler allemand à un de ses personnages, mais bien davantage dans les œuvres signées Ajar. Pourquoi ? Parce que pendant son service consulaire à Hollywood dans les années 50, Gary a dû réapprendre la langue de ses voisins d’enfance pour bien suivre les dialogues entre Billy Wilder, Sam Goldwyn et bien d’autres figures de l’industrie du cinéma qui n’avaient pas très bien maîtrisé l’anglais.

pour les Frères Zborowski, personnages d’éducation européenne. Paysans maquisards et peu tendres de la Pologne orientale, ils punissent un traître non pas d’une balle dans la tête, mais en lui prenant un sac de patates. Ce qui garantit non seulement sa mort à lui, mais celle de toute sa famille. «Et il parut soudain à Janek que le monde des hommes n’était qu’un sac immense dans lequel se débattait une masse informe de patates aveugles et rêveuses : L’humanité». David Bellos, le 16 février 2014

lundi 19 mai / 20h Exils conversation avec Paula Jacques ROMAIN GARY / JOANN SFAR Textes lus par Bruno Abraham-Kremer

lit L'échange des princesses de Chantal Thomas Lydie Debièvre – Que représente pour vous le passage de la voix lyrique à la voix narrative ? Natalie Dessay – Une libération ! On est dans le pur plaisir de raconter une histoire, sans le souci de la technique, sans se préoccuper d'avoir à projeter la voix, de faire de beaux sons. On est libre de placer sa concentration ailleurs. Cela dit, il faut tout un travail préliminaire. Une bonne lecture est un exercice exigeant.

c’est pour la Rue du Bac. Gary y loue un logement en 1960, au retour de Los Angeles, avec Jean, avant d’y acheter un appartement de 10 pièces, le premier et seul véritable port d’attache dans cette vie de déplacements successifs. Gary se trouve ainsi le voisin de Georges Perec — qui ne pensait même pas à le lire. Mais lorsqu’on demandait à l’auteur des Racines du Ciel s’il se considérait plus français que russe, plus polonais que juif, et ainsi de suite — Gary se retranchait dans son petit quartier de Paris et se déclarait fièrement «citoyen de la rue du Bac».

L. D. – Avez-vous déjà lu L'échange des princesses ? N. D. – Oui, dès que cette lecture à l'Odéon s'est décidée. Je suis très heureuse de la faire et je m'y prépare depuis longtemps. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié ce texte, qui a été pour moi l'occasion de découvrir Chantal Thomas. J'aime rencontrer des auteurs comme cela, à partir de propositions qui m'évitent parfois de choisir...

David Bellos

c’est pour Ulla, «notre mère à tous», la chef des putes. «Nos saintes mères et sœurs les putes sont ce qu’il y a aujourd’hui de moins pseudo», déclare Pavlowitch, l’auteur prétendu d’Ajar. J’avoue ne pas comprendre les rapports que Romain Gary entretenait avec la prostitution, peut-être même que je ne veux pas les comprendre. Ce qui est sûr, c’est que Gary lui-même n’en faisait pas un mystère.

Les affiches européennes de Les Racines du Ciel. Film tourné en 1958 par John Huston d'après le roman de Romain Gary.

NATALIE DESSAY

est pour Nice, où Gary est arrivé à l’âge de 14 ans. Cette ville depuis toujours cosmopolite abritait à cette époque une population extrêmement diverse — russe, polonaise, suédoise, anglaise, italienne et nissarde. Elle a apporté à l’immigré du nord une mer extraordinairement bleue et le carnaval : la nage et le grotesque seront dorénavant deux grands axes de sa vie et de son œuvre. Par ailleurs, en nissart, pour parler d’un petit rat de ville, on dit : «garri.»

Après un doctorat en littérature française à l'Université d'Oxford, David Bellos a enseigné dans plusieurs universités de Grande-Bretagne puis rejoint en 1997 le campus de Princeton, où il occupe la chaire de Littérature Française et Comparée et dirige le Programme de Traduction et Communication Interculturelle. Lauréat du premier Man Booker International Prize décerné à un traducteur, il a signé des versions anglaises d'œuvres de Georges Perec (dont La Vie mode d'emploi : Life A User's Manual, 1987), Ismaïl Kadaré, Fred Vargas ou Romain Gary (Pseudo : Hocus Bogus, 2010). Ses réflexions et sa pratique en la matière lui ont inspiré une étude intitulée Le Poisson et le bananier. Une histoire fabuleuse de la traduction (Flammarion, 2012). David Bellos est également l'auteur de biographies de référence : Georges Perec. Une vie dans les mots (Seuil, 1997, prix Goncourt de la biographie) ; Jacques Tati : sa vie et son art (Seuil, 2002) ; Romain Gary. A Tall Story (Londres, Harvill Secker, 2010, inédit en français à ce jour).

pour le whisky, que Gary détestait. C’était peut-être le seul de sa génération de combattants et d’écrivains à éviter l’alcool et même le vin. Il avait une sainte horreur des drogues de toutes sortes et a fait un très mauvais film pour dénoncer le trafic des stupéfiants. Ce n’était pas un gourmand non plus : il préférait un plat de petits pois vapeur à un gueuleton à la française.

pour xénisme, figure de rhétorique qui consiste à insérer un terme étranger dans un texte français. Gary en est un des grands maîtres. En fait, on aurait du mal à trouver une seule page de cette œuvre multiple et étendue qui soit écrite exclusivement avec des mots français. Mais lorsque des critiques malveillants ont reproché à Gary de ne pas savoir écrire la langue nationale, ils ont reçu une réplique admirable. Gary s’est mis à écrire en anglais.

L. D. – Qu'est-ce qui vous a plu en particulier dans ce texte ?

couverture du livre L’échange des princesses (détail) Le Seuil © Josse/Leemage

N. D. – La façon qu'a Chantal Thomas de montrer l'oppression de toute une société. On pourrait s'imaginer qu'au XVIIIe siècle le peuple était esclave et que les souverains n'en faisaient qu'à leur tête, mais non : eux aussi sont sous pression, eux aussi sont pris dans une espèce d'engrenage qui les broie, eux et leurs enfants. En fait, tout le monde est en prison, les riches comme les pauvres. Il n'est pas question des basses classes

dans L'échange des princesses, mais on se rend d'autant mieux compte que ces puissants, ces monarques, tous ces gens qui détiennent le pouvoir, comme on dit, sont eux aussi des captifs : ils sont tellement enchaînés par l'étiquette, par les manœuvres nécessaires pour asseoir leur position et les privilèges de leur caste, qu'ils sont prêts à sacrifier leurs propres enfants. C'est atroce. On s'en doutait, bien sûr, mais la description qui en est faite nous fait toucher du doigt l'horreur de ce mécanisme – de cette vente, ni plus ni moins, de princesses entre deux pays, sans aucun souci des individus. L. D. – Vous parliez à l'instant de la libération qu'est pour vous le passage du lyrique au dramatique. Et vous abordez ce roman à travers la question de l'oppression. La liberté est un thème qui semble vous toucher spécialement... N. D. – Oui. C'est un livre très riche, qui permettrait d'aborder beaucoup d'autres points. Celui-là n'est que le premier qui me vienne à l'esprit... Mais vous avez raison, la question de la liberté me hante depuis longtemps. L. D. – Aujourd'hui, envisagez-vous de vous lancer dans une carrière purement dramatique ? N. D. – Oui, et c'est ça qui est dramatique !... (grand éclat de rire). Non, sérieusement, tant que j'ai la santé, je vais continuer à chanter. J'ai beaucoup de plaisir à donner des récitals, à chanter de la chanson. Mais quelque part, les récitals, les chansons, c'est

aussi une façon de se rapprocher du texte. Et c'est aussi ce que je voudrais faire par la pratique du théâtre pur. Pour être plus proche des mots qu'on ne l'est quand on fait de l'opéra. C'est cela qui m'intéresse. L. D. – Pour vous rapprocher aussi d'une certaine vérité, peut-être ? N. D. – Il y a de cela. Il y a aussi le fait d'être plus créatif. Je pense qu'un lecteur et un chanteur sont créatifs différemment. Et pour moi, le lecteur est le plus créatif des deux. Précisément parce que la musique n'est pas donnée. On doit recréer la musique. Et c'est cela que je trouve merveilleux. L. D. – Votre propre musique ? N. D. – C'est délicat. Il faut trouver sa propre musique tout en respectant celle de l'auteur. La musique de Duras n'est pas celle de Beckett... Il y a une plus grande part de créativité personnelle, mais qui se mêle à toute une recherche, à tout un travail sur l'auteur et sur sa langue. L. D. – En somme, vous restez une interprète... N. D. – C'est vrai. Pour moi, la lecture permet d'affiner des sensations d'interprète. Pour aller encore plus loin. Propos recueillis par Lydie Debièvre lundi 2 juin / 20h VOIX DE FEMMES Chantal Thomas s'entretient avec Jean Birnbaum Textes lus par Natalie Dessay


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LES PROCHAINES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Le Régime des passions

animé par Raphaël Enthoven

Plotin et l'extase samedi 10 mai / 15h Grande salle avec Gwenaëlle Aubry / textes lus par Georges Claisse

Bergson et la joie samedi 24 mai / 15h Grande salle

TRANSMETTRE : UN PROJET POUR L'AVENIR

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avec Frédéric Worms / textes lus par Julie-Marie Parmentier

Pourquoi aimez-vous ? animé par Daniel Loayza

à rebours

mardi 13 mai / 18h salon Roger Blin de Joris-Karl Huysmans / en présence de Maylis de Kerangal

Les âmes mortes mardi 10 juin / 18h salon Roger Blin

de Nikolai Gogol / en présence de Tzvetan Todorov

Fantômes en littérature

présenté par François Angelier

Là-bas

mercredi 14 mai / 18h salon Roger Blin d'après Joris-Karl Huysmans / lu par Luc-Antoine Diquéro

Le Château des Carpathes mercredi 4 juin / 18h salon Roger Blin

d'après Jules Verne / lu par Claire Sermonne

Pourchassez le naturel !

orchestré par Thibault de Montalembert

Au cœur des ténèbres vendredi 16 mai / 18h salon Roger Blin

de Joseph Conrad / lu par Thibault de Montalembert

Désert Solitaire vendredi 13 juin / 18h salon Roger Blin d'Edward Abbey / lu par éric Ruf sociétaire de la Comédie-Française

Exils

présenté par Paula Jacques

Romain Gary / Joann Sfar lundi 19 mai / 20h Grande salle textes lus par Bruno Abraham-Kremer

Lire le théâtre

animé par Jean-Yves Tadié

Comme il vous plaira / W. Shakespeare mardi 27 mai / 18h salon Roger Blin avec Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet / textes lus par Marie Micla

Naïves hirondelles / Roland Dubillard mardi 3 juin / 18h salon Roger Blin

avec Michel Corvin / textes lus par Marie Micla

Voix de femmes animé par Jean Birnbaum

Chantal Thomas / Natalie Dessay lundi 2 juin / 20h Grande salle L'échange des princesses

Transmettre : pourquoi ce mot, aujourd'hui, connaît-il un tel succès ? L'idée n'est pourtant pas neuve. Chaque génération ne s'attache-t-elle pas à confier ses connaissances, ses pratiques, ses valeurs à celle qui doit lui succéder ? Sans doute. Mais ce mouvement de passation peut s'opérer plus ou moins facilement. Pour toutes sortes de raisons sociales et historiques, il arrive parfois que ses mécanismes soient faussés ou grippés. Notre époque, entre destruction de

Si toute transmission venait à faire défaut... richesses et multiplication non moins vertigineuse de nouveaux savoirs, conduit trop souvent soit au repli sur soi des familles et des castes capables de se réserver la reconduction de leurs privilèges, soit au désespoir des individus qui s'en sentent exclus sans retour (c'est bien pourquoi les questions de la ville et de l'école sont actuellement si brûlantes : l'une et l'autre sont parmi les lieux où les tensions de sélection à l'œuvre dans l'ensemble du corps social sont les plus sensibles). Soit. Mais pourquoi parler de transmission plutôt que de tradition, par exemple ? Peut-être parce que ce dernier terme paraît suggérer que le cadre général ou les fondements de ce qu'il y a à léguer bénéficient d'emblée d'une certaine reconnaissance sociale. Qu'il soit sculpteur, menuisier, céramiste (voire mathématicien), le dépositaire de certains types de savoirs traditionnels puise dans une pratique séculaire. Parler de «transmission», par contraste, laisse entendre qu'une béance, sinon

suivez nous sur twitter @Bibliodeon / #Bibliodeon Remerciements à Joann Sfar pour les illustrations p. 7 et p. 10 Joann Sfar illustre La Promesse de l'aube d'après le roman de Romain Gary, aux éditions Futuropolis, avril 2014 © Futuropolis

CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ date limite d'utilisation : 13 juin 2014

01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu Programme complet sur theatre-odeon.eu

... c'est notre existence qui manquerait avec elle. sion venait à faire défaut, c'est notre existence qui manquerait avec elle, car c'est elle, en nouant le lien d'un temps humain au temps suivant, qui donne au temps son caractère proprement humain. à quoi ressemblerait l'impensable société sans histoire où rigoureusement rien ne se transmettrait ? Sans doute à cette espèce de cercle ultime de l'Enfer que décrit Beckett dans Le Dépeupleur, parcouru de corps malades, individus comme dépouillés d'eux-mêmes, qui tournent en rond dans leur vaine quête d'une issue. Ces captifs du Dépeupleur, Beckett les a décrits muets. Peut-être parce que la langue est la transmission par excel-

lence : à la fois milieu, matière et instrument permettant de confier à un sujet les moyens vitaux de se constituer comme tel. La tradition impose de reproduire des expériences en vue de se les approprier ; la transmission propose d'en produire une, en éprouvant ce qui la rend propre. L'une, sans doute, ne va jamais tout à fait sans l'autre. Tout maître peut être source d'une tradition. Mais à la source, justement, se pose d'abord cette question : comment, de l'expérience déjà vécue par soi, passer à l'expérience encore à naître chez l'autre ? Comment lui faire place, et l'aider à franchir ce seuil audelà duquel ce qu'on éprouve trouve une densité nouvelle, se concentre secrètement, devient un bien qui s'accumule et fructifie au lieu de se disperser jour après jour ? Vieux mystère – qui n'en est pas tout à fait un, même si notre siècle d'écrans tend à nous le faire oublier. Diogène, dit-on, prouvait le mouvement en marchant ; de même les maîtres prouvent la transmission en accompagnant, «au contact», mettant à chaque rencontre leur être entier, corps et parole, en jeu. C'est bien pourquoi l'enseignement «en ligne», malgré les perspectives extraordinaires qu'il ouvre, ne supplantera jamais tout à fait la mise en présence et en proximité d'individus en chair et en os. Car le virtuel aussi a ses limites, qui ne sont autres que la réalité. Un maître, un parent, un ami, peuvent transmettre tout un monde sans avoir un mot à enseigner. Cela est particulièrement frappant dans le cas d'un artiste. Apprend-on jamais à en devenir un ? Nombreux sont les professeurs d'Académie ou de Conservatoire à estimer que non. Aussi montrent-ils moins à leurs élèves comment devenir acteurs (ou peintres, ou musiciens) qu'ils ne les aident à mieux cerner ce qu'ils sont déjà, d'un point de vue éthique autant que pratique. On peut guider un néophyte à travers le terri-

toire, mais lui seul pourra s'y reconnaître, se familiariser avec lui, en attendant peut-être d'y conquérir son fief ou de l'inventer. Le théâtre a partie liée avec la transmission ainsi entendue. Non seulement il en est l'un des domaines parmi d'autres, mais son lien fondamental à la présence réelle des corps lui confère aussi un statut particulier, exemplaire. à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, les différents directeurs se sont appliqués tour à tour à favoriser la transmission. Georges Lavaudant, dans la Cabane de l'Odéon puis à Berthier, avait dirigé plusieurs ateliers avec des élèves du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique ou de l'école Régionale d'Acteurs de Cannes. Olivier Py avait tenu à soutenir les compagnies émergentes en fondant le festival Impatience. Aujourd'hui, au delà des opérations de proximité liées à l'environnement urbain et social de Berthier, Luc Bondy réfléchit aux moyens de proposer régulièrement un terrain de transmission entre créateurs confirmés et jeunes comédiens ou metteurs en scène. L'objectif, d'une très ambitieuse humilité, consisterait à donner les moyens non pas tant de créer (pour soi) que de transmettre (pour eux). Les Ateliers Berthier constitueraient pour cela un espace idéal. Tantôt il s'agirait de travailler ensemble, lors de stages ou de master classes, sans nécessairement viser à une présentation publique. Tantôt, à l'image de ce qu'a fait Pommerat avec Une année sans été, l'objectif serait d'offrir à de jeunes professionnels qui débutent dans la carrière – comédiens, mais aussi techniciens ou régisseurs – une chance d'enrichir leur expérience dans les meilleures conditions. Avec la plus grande bienveillance possible, sans complaisance et sans réserve.

Daniel Loayza

Programme Adolescence et territoire(s) Séance de travail à l'Espace Lucie Aubrac d'Asnières-sur-Seine le 18 janvier 2014 L'attrape-cœurs – Cie Air de Lune, Jean Bellorini © Jacob Khrist

«UNE POLITIQUE D'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE la plus équitable possible» entretien avec Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication Il semble, Madame la ministre, que l'on assiste de plus en plus à l'émergence de micro-projets, au plus près des territoires et des populations (notamment des publics jeunes et des publics éloignés du champ de la culture). Votre ministère y attache-t-il une importance particulière ?

tarifs Grande salle Plein tarif 10€ Tarif réduit 6€ Salon Roger Blin Tarif unique 6€

une crise, est à chaque fois à surmonter. Nul principe ne permet d'appréhender à coup sûr ce qu'il s'agit de transmettre. En matière artistique, la transmission couvre donc un champ plus large que la tradition et l'inclut. Le fil d'une tradition peut toujours se rompre ; cependant, celle-là ou d'autres pourront se nouer par-delà les lacunes, pour peu qu'il y ait transmission. Mais cette transmission ellemême qui est à l'œuvre au sein de la tradition ne peut s'opérer que de proche en proche, d'une singularité à l'autre. Besoin autant que nécessité, son mouvement est à l'image de la propagation vitale. Si toute vie s'éteignait demain, c'est une ligne vieille de plusieurs milliards d'années qui serait rompue sans retour. De même, là où une transmission s'interrompt, la perte est irréparable ; et si toute transmis-

La réalisation de projets au plus près de chaque territoire, de sa population et, parfois, de ses publics spécifiques, est devenue à la fois une réalité et une exigence pour nombre de structures culturelles. Les établissements labellisés de la décentralisation culturelle collaborent de plus en plus avec les lieux et avec les compagnies de leur voisinage. Ils doivent assumer cette responsabilité de tête de pont et de relais, vis-à-vis des plus petites structures et bien sûr des publics sur leur territoire. C’est cette décentralisation «de proximité», déjà pratiquée par beaucoup, que je souhaite mettre au cœur des missions des institutions financées par l’État. Ce que vous nommez «micro-projets» doit pouvoir aussi générer de précieux espaces d'expérimentation qui participent à cette ambition avec la société

civile, avec les éducateurs, avec le monde associatif et bien entendu avec les collectivités territoriales. Les Directions régionales du ministère, les Drac, soutiennent et accompagnent ces initiatives et parfois, lorsque les ressources locales font défaut, les initient au travers d’appels à projets. Leur travail de mise en cohérence participe ainsi à la construction d'une politique d'éducation artistique et culturelle la plus équitable possible ; cœur de la politique de mon Ministère. à l'image d' «Adolescence et territoire(s)», les ateliers d'activités périscolaires témoignent d'une transversalité croissante des pratiques artistiques, associant souvent écriture, danse, théâtre, expression corporelle... Comment et pourquoi le ministère de la Culture entend-il favoriser ce genre de travail ? Les artistes sont de plus en plus nombreux à s'investir dans des ateliers de pratique qui, lorsqu'ils sont pluridisciplinaires, leur permettent de croiser les langages artistiques et de partager le processus de création avec des amateurs. Cette ten-

dance est également le reflet d'une création contemporaine qui explore de plus en plus la transdisciplinarité grâce à de nouveaux outils, comme ceux offerts par le numérique, mais aussi en raison des parcours de formation des artistes plus riches et plus variés. Partant de ce constat, j'ai demandé qu'une attention particulière soit portée au contenu des formations initiales des écoles supérieures d'art et de culture afin que l'ouverture des enseignements à la diversité des expériences esthétiques soit accentuée. C'est également dans un souci de transversalité et d'échanges d'expériences que j'ai mis en place un réseau des opérateurs de l’État afin qu'un projet comme Adolescence et territoire(s), véritable laboratoire de l'éducation artistique et culturelle, ne reste pas isolé. Plus largement, une des façons d’accompagner les dynamiques que vous citez, c’est de ne pas décréter a priori des formes d’action à soutenir. L’État pose des critères de qualité mais fait pleinement confiance aux acteurs pour inventer, proposer des actions de transmission en fonction de leur projet artistique, de la réalité d’un territoire. C’est un point primordial.

Il est de plus en plus fréquent que différentes institutions se regroupent pour mutualiser leurs ressources et mener à bien leurs missions (mise en réseau de théâtres, soutien aux compagnies, circulation de personnels et d'intervenants artistiques ou non...). Quelles mesures comptez-vous prendre pour soutenir concrètement, dans le cadre de votre action, ce type de mutualisation ? Je suis convaincue que la mise en réseau des structures culturelles est une donnée essentielle pour la construction d'une offre artistique de qualité sur l'ensemble du territoire national. Elle me semble par exemple indispensable, si l'on veut gagner le pari des parcours d'éducation artistique et culturelle dont nous avons précisé l'organisation et la mise en œuvre avec Vincent Peillon, dans une circulaire conjointe, au printemps dernier. De même, j'en ai fait un des objectifs de La Belle saison avec l'enfance et la jeunesse : au delà de la valorisation des actions remarquables, cette saison 2014-2015, devra, en effet, faire émerger, pour généraliser une rencontre régulière de jeunes avec

les œuvres, dans toute la diversité de la création contemporaine, une organisation encore plus solidaire et volontaire de l’ensemble des acteurs concernés sur chaque territoire. Poursuivant cette idée, j'ai également invité l'ensemble des structures présentes sur le parc de la Villette à réfléchir à la mise en place d'un parcours à l'échelle du site. Ce parcours permettrait, dans un temps relativement long, de cheminer au travers de différents lieux et expériences, culturels et artistiques, afin de s'approprier un territoire et de se construire une expérience réflexive et sensorielle complexe et complète. Mutualiser des ressources, c’est une façon de conjuguer nos forces, de concevoir une offre plus cohérente pour le public. C’est aussi créer de nécessaires et fertiles espaces d’échanges, de formation, d’innovation. Le ministère doit pleinement accompagner ces envies de partage qui sont au cœur de la réinvention des politiques culturelles.

Propos recueillis le 12 mars 2014


des cœurs et des corps attrapés 12

Adolescence et territoire(s) aux Ateliers Berthier

Pour la deuxième année consécutive, l'Odéon-Théâtre de l'Europe est inspirateur, protagoniste et maître d'œuvre d'Adolescence et territoire(s), un projet innovant réunissant les acteurs institutionnels de cinq villes voisines des Ateliers Berthier. Cette année, c'est au tour de Jean Bellorini, nouveau directeur du TGP-CDN de Saint-Denis, et de ses collaborateurs au sein de la compagnie Air de Lune, de présenter le travail qu'il mène avec vingt-quatre adolescents, depuis décembre 2013, autour de L'attrape-cœurs de Salinger. Didier Ruiz présentera à cette occasion 2013 comme possible, l'atelier qu'il a mené la saison dernière, avec quinze adolescents. ci-contre : blog animé par Martine Silber, à suivre sur lattrapecoeurs2014.wordpress.com photos et propos de Tommaso Bisogno, participant au projet

Créer de nouveaux repères Les Ateliers Berthier, de par leurs caractéristiques architecturales et leur situation à l'épicentre d'un tissu urbain dont la mutation se poursuit et s'accélère, présentent toutes les qualités requises pour jouer un rôle social accru. La construction du nouveau quartier des Batignolles, l'aménagement des abords de la porte de Clichy, les travaux préliminaires de l'extension de la ligne 14 du métro et de la construction du nouveau Palais de Justice aux abords du périphérique, vont en effet entraîner un rééquilibrage de tout le 17e arrondissement dont les conséquences se feront sentir dans toutes les villes avoisinantes, à Clichy, à Saint-Ouen et jusqu'à Asnières, voire Saint-Denis. Des bouleversements aussi importants doivent s'accompagner d'une attention spéciale aux populations concernées, et parmi elles, aux jeunes habitants qui vivent ces transformations à un âge critique, celui où ils sont confrontés au passage de l'enfance à la vie adulte. L'adolescence, cette étape où l'on redécouvre son corps pour se l'approprier, où la pensée achève d'accéder à son autonomie, est aussi un moment où le besoin de repères revêt une urgence nouvelle. Les Ateliers Berthier peuvent fournir de tels repères, contribuant à faire de l'espace civique un lieu privilégié d'expérimentations communes et de socialisation. Sur ce terrain, notre théâtre a un rôle éminent à jouer : tout au long de la saison, il est à la fois base de travail, fédérateur d'énergies, créateur de réseaux et de passerelles entre institutions partenaires implantées dans les cinq territoires distincts dont sont issus les jeunes participants d'Adolescence et territoire(s). à la croisée de cinq villes et trois départements, Paris (75), Clichy-la-Garenne (92), Asnières-sur-Seine (92), SaintOuen (93), et Saint-Denis (93), limitrophes et pourtant cloisonnés, ce projet innovant réunit pour la première fois différents acteurs locaux : les structures associatives et culturelles de ces cinq villes pour le recrutement des jeunes et plus particulièrement la Mairie du 17e, l’Équipe de Développement Local du 17e, la direction des Affaires culturelles de Clichy, d'Asnières, l'Espace 1789 de Saint-Ouen, le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, le Théâtre Rutebeuf de Clichy, les conservatoires du 17e et de Clichy-la-Garenne.

Vous pouvez retracer les étapes de L'attrape-cœurs en ligne grâce au blog animé par la journaliste Martine Silber, ou découvrir chaque mois sur Dailymotion, partenaire de l'Odéon, un montage d'images réalisé à partir de vidéos tournées par les participants.

Façade du théâtre En arrivant, de loin, on ne distingue pas le théâtre. D'autant plus qu'autour en ce moment tout est en chantier. Et on ne s'attend pas à trouver cela là. Toute cette beauté.

Le hall On voit qu'on a simplement inséré du mobilier, la billetterie, le coin librairie, le vestiaire mais que tout est resté en l'état où c'était avant quand il s'agissait d'ateliers. Pour seul décor, des affiches. C'est du brut avec cette beauté du brut.

QUAND ET Où ? Ateliers Berthier vendredi 13 juin / 20h30 samedi 14 juin / 20h30 L'attrape-cœurs samedi 14 juin / 18h 2013 comme possible / Portraits Entrée libre sur réservation 01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu

le «matos» les «entrailles» «l'envers du décor». C'est encore du brut mais c'est ce qui va donner de la couleur au spectacle. On se rend compte que chaque structure, chaque lieu a une fonction. Tout cela a une grande force, c'est la force de la mocheté qui va donner de la beauté. Sans toute cette mocheté le reste ne tiendrait pas debout. Je voulais montrer ça parce que l'électricité cela signifie de l'énergie.

Théâtre Rutebeuf Clichy-la-Garenne mardi 17 juin / 20h30 L'attrape-cœurs

Théâtre Armande Béjard Asnières-sur-Seine lundi 23 juin / 20h30 L'attrape-cœurs

Merci de contacter les lieux directement pour réserver

sous le parrainage de Vivendi

de Jerome David Salinger mise en scène Jean Bellorini vendredi 13 juin / 20h30 samedi 14 juin / 20h30 deuxième volet du programme Adolescence et territoire(s) avec Billele Achour, Tommaso Bisogno, Elsa Boyaval, Calin Brancovici, Louis Desnot, Hannah Doucet, Sanaa El Morsali, Faimath Inoussa, Rodolphe Fichera, Barthélémy Fortier, Valérian Guillaume, Ghilas Iratene, Léo Augustin Laborie, Marin Madeline, William Marveaux, Néguine Mondor, Mia Nikolic, Romain Njoh, Maëlys Pouplin, Alexandre Prince, Alexia Rampinelli, Audrey Robert, Sabry Yosri, Oscar Zouzout

containers C'est tout un monde qui va être transporté de ville en ville dans un autre monde pour quelque chose qui ne va durer que quelques heures.

théâtre, un choix d'excellence

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L'Odéon-Théâtre de l'Europe, carrefour de pratiques

L’Odéon-Théâtre de l’Europe collabore chaque saison de manière étroite avec de nombreux établissements scolaires. En partenariat avec le Ministère de l’Éducation nationale et les trois académies d’Île-de-France, plus de 150 élèves de la sixième à la terminale – sur les quelques 1 800 élèves du primaire aux grandes écoles qui pratiquent des ateliers de jeux, d'écriture, de lectures et de scénographie menées par l'Odéon – présenteront leurs travaux en mai-juin 2014 sur le plateau du Théâtre de l'Odéon.

Un apprentissage ludique, hors du cadre de la classe entretien avec Loïc le Dauphin et Thierry Durand, professeurs de l’atelier théâtre «Les Tréteaux» au sein du groupe scolaire La Madone (Paris 18e)

scénographie et lumière Jean Bellorini création sonore Hugo Sablic assistante Gaëlle Hermant

Christophe Teillout – Comment est née l'aventure des Tréteaux ? Thierry Durand – Cet atelier théâtre est né en 1991, j’étais alors professeur d’une classe de quatrième en grandes difficultés scolaires et pour les accompagner vers un meilleur apprentissage de la langue, j’ai proposé de créer un atelier théâtre. Fort du succès rencontré la première année, l’atelier s’est développé et fut ouvert à tous les élèves volontaires de la sixième à la première, désireux de faire du théâtre. Quatre années plus tard Loïc le Dauphin, professeur de Mathématiques a rejoint l'aventure.

coproduction Compagnie Air de Lune, TGP–CDN de Saint-Denis en partenariat avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe dans le cadre d’Adolescence et territoire(s), l’Espace 1789 de Saint-Ouen, la Ville de Clichy, la Ville d’Asnières-sur-Seine Jean Bellorini a été artiste invité du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées. La Compagnie Air de Lune a été en résidence au TGP–CDN de SaintDenis et conventionnée par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis

2013 comme possible / Portraits

© Jacob Khrist

Restitution

mise en scène Didier Ruiz samedi 14 juin / 18h premier volet du programme Adolescence et territoire(s) avec Aliane Abdou, Epiphanie Aman, Quentin Aprile Mandillon, Erwan Atif, Clémentine Billy, Siham Boukhenaïssi, Isabelle Bousmah, Colline Charli, Clara Chebili, Naim Gharïani, Myriam Lair, Maria Sabbah, Théo Sigognault, Toumany Traoré travail du corps Tomeo Vergés scénographie Charlotte Villermet lumière Maurice Fouilhé création sonore Adrien Cordier photographies Emilia Stefani-Law assistante Myriam Assouline

Espace 1789 Saint-Ouen jeudi 19 juin / 19h30 L'attrape-cœurs

TGP Saint-Denis jeudi 26 juin / 20h L'attrape-cœurs

L'Attrape-cŒurs

production La compagnie des Hommes en partenariat avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe dans le cadre d’Adolescence et territoire(s), l’Espace 1789 et la ville de Saint-Ouen, la Ville de Clichy, le Théâtre de l’Agora, scène nationale d’évry – Essone. soutiens ARCADI / DRAC Île-de-France dans le cadre de l'appel à projets Politique de la Ville / Ville de Paris

lundi 30 juin / 20h Théâtre de l'Odéon 6e Les élèves des collèges Mallarmé (Paris 17e), Jean Lurçat (Sarcelles), Jean Macé (Clichy), Rosa Parks (Gentilly), et du lycée Charles de Foucauld (Paris 18e), présenteront entre autres des textes de William Shakespeare, Aimé Césaire, Marivaux... Chaque année, le service du développement des publics dédié à l'enseignement de l'Odéon-Théâtre de l'Europe accompagne les élèves et aide chaque enseignant à développer des projets pédagogiques et culturels. Sa mission est de faciliter l’accès aux œuvres littéraires et du patrimoine et d'être en lien direct avec la proposition artistique. Un certain nombre d’actions (ateliers de jeu, d’écriture, de scénographie, visites) en amont et en aval des représentations, permettent d’anticiper ou de développer la venue à un spectacle, d’explorer plus avant la diversité du théâtre. Ces actions s’inscrivent dans le cadre de notre politique générale en direction du monde de l’enseignement et favorisent l’accès au savoir, l’affirmation du ferment social par le langage, le développement d’une culture humaniste et l’apprentissage de la citoyenneté. La restitution proposée le lundi 30 juin n'est que la partie émergée d'un projet qui concerne un grand nombre de classes.

la compagnie des Hommes est soutenue par la Région Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle

Entrée libre sur réservation créé le 5 mai 2013 aux Ateliers Berthier

service-enseignements@theatre-odeon.fr

Loïc le Dauphin – La spécificité de cet atelier hebdomadaire est qu'il donne lieu à des représentations en fin d'année à Paris et en région lors d'une tournée. Vivre en collectivité pendant une semaine est, pour beaucoup, une expérience nouvelle, un moment clé où se joue l'apprentissage de la vie en société et de la solidarité. T. D. – En 2001, dix ans après sa création, le Rectorat de Paris a accepté de transformer cet atelier péri-éducatif en atelier artistique et a financé l’intervention d'un comédien et metteur en scène, Thierry Devaye. Le théâtre fait désormais pleinement partie du projet d’établissement et a même conduit à l'ouverture d'une option de spécialité théâtre au lycée en 2006.

C. T. – Cet atelier remporte un vrai succès auprès des élèves. Comment procédez-vous pour la sélection ?

C. T. – C'est la troisième année que la Fondation Casino soutien l'atelier. Quels sont les échanges nés de cette collaboration ?

L. D. – Chaque année, nous organisons une «pseudo-audition» pour choisir les participants de l'atelier. Ce n'est pas leur expérience théâtrale ou leur talent qui est évalué mais leur motivation : les élèves timides ou en difficulté scolaire, mais décidés à faire preuve de sérieux, de courage et de ténacité ont donc toutes leurs chances. Le deal tacite est de travailler et d’avoir un comportement exemplaire pour participer à l’atelier des Tréteaux. L'atelier et sa tournée constitue un apprentissage ludique, hors du cadre de la classe : une expérience forte qui réconcilie certains avec l'école. Cette année, quarantedeux élèves de dix à dix-huit ans participent à l'atelier.

L. D. – Depuis trois ans, par son soutien financier, la Fondation Casino, permet à tous les élèves, et plus particulièrement aux familles démunies, de participer gratuitement à la tournée. Aujourd'hui, grâce à ce précieux soutien, il n'y a aucune raison qu'un élève ne puisse pas participer à l'atelier ou à la tournée.

T. D. – Par ailleurs, les élèves des Tréteaux ont la chance et la fierté de jouer un extrait de leur spectacle sur la scène du Théâtre de l’Odéon, le 26 mai prochain, et d’être applaudis par leurs parents et camarades dans un cadre prestigieux. Cette année nous préparons une version décalée du Songe d’une nuit d’été pour 42 comédiens en herbe dont un extrait sera présenté, lors des cinq ans de la Fondation. Propos recueillis par Christophe Teillout

T. D. – Les familles et les enseignants sont également très impliqués dans le projet. Certains enseignants nous sollicitent pour intégrer un élève à l'atelier, pensant que le théâtre serait bénéfique pour eux. De leur côté, les parents nous accompagnent sur les sorties au théâtre, participent à la confection des costumes, au montage des décors... Cela crée un lien particulier entre les familles qui se parlent, échangent et s'entraident.

S'épanouir, créer du lien social

entretien avec Ostiane Courroye, Déléguée générale de la Fondation d'entreprise Casino Pauline Rouer – Depuis trois ans, la Fondation Casino collabore avec l'Odéon-Théâtre de l'Europe pour son programme «Artiste à l'école». Pourquoi avez-vous souhaité vous rapprocher d'un Théâtre National ?

P. R. – La Fondation Casino apporte son soutien à des actions d'éducation artistique en Île-de-France, en Auvergne et en Rhône-Alpes. Les enjeux vous semblent-ils les mêmes dans ces différentes régions ?

Ostiane Courroye – Nous avons initié ce programme en 2011 afin de développer, pour les enfants confrontés à l’exclusion culturelle, l’accès à la culture par la création artistique collective. Nous avons souhaité le déployer en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, afin de financer des projets d'éducation artistique et culturelle dans les établissements scolaires. Il nous a semblé pertinent de soutenir certaines associations qui développent de tels projets, et d'être accompagné dans notre démarche par un acteur culturel national. Nous avons choisi l'Odéon de façon assez spontanée, puisqu'il nous apparaissait comme l'institution culturelle la plus représentative, qui développait depuis de nombreuses années une politique d'ouverture à l'égard du public jeune.

O. C. – Les enjeux sont les mêmes oui, dans la mesure où ces projets s'adressent à des élèves de zone d'éducation prioritaire, qui ont tous besoin d'être motivés dans leurs apprentissages, de prendre confiance en eux. Cependant, en fonction des territoires les enjeux diffèrent, selon que ces projets se déroulent en zone urbaine, périurbaine ou rurale. On constate de grandes disparités d'accès et d'ouverture à la culture, en zone rurale notamment où les coûts des projets culturels sont de fait beaucoup plus élevés. P. R. – La Fondation Casino fête ses cinq ans et souhaite aujourd'hui privilégier le soutien à l'éducation artistique et culturelle par le théâtre. Pourquoi avoir choisi cette discipline

© Jacob Khrist

artistique en particulier (ce dont nous ne pouvons que nous réjouir !) ?

P. R. – Que peut-on vous souhaiter pour les cinq années à venir ?

O. C. – Cette décision est mûrement réfléchie, puisqu'elle découle de nos expériences menées ces trois dernières années. Nous avons commencé par soutenir une diversité de projets artistiques, et il s'est avéré que la plupart d'entre eux étaient tournés vers les arts de la scène. Sur le terrain, nous avons pu mesurer que le théâtre en particulier offre tous les outils nécessaires pour aider l’enfant à prendre confiance en lui, acquérir des connaissances mais aussi un savoir-vivre en société. Cette discipline artistique permet en outre d’intégrer la notion d'effort, donne envie de réussir, de se dépasser, et s'inscrit dans une activité collective de création. Le théâtre favorise le développement personnel tout en apprenant la vie en société, valeurs que nous défendons. Ce choix du théâtre est un choix ambitieux, un choix d'excellence.

O. C. – Nous souhaitons promouvoir des projets solides et d’une réelle qualité artistique, mais aussi nous appuyer sur les collaborateurs du groupe Casino dans les différentes régions. Nos collaborateurs sont chargés de repérer à l'échelle locale des projets d’éducation par le théâtre menés par des associations, que nous pourrons, avec eux, aider à développer à une plus grande échelle. Nous avons un réel potentiel pour créer des liens culturels dans les territoires où nous sommes présents, rapprochant les associations et centres culturels de l’école, les enfants et leurs familles de l’entreprise ; nous espérons pouvoir entraîner avec nous l'ensemble des acteurs de ces régions pour mener ensemble cette action d'éducation culturelle par le théâtre, mobilisatrice et enthousiasmante, qui reste un moyen unique pour aider l’enfant à s'épanouir, pour créer du lien social et transmettre de la joie. Propos recueillis par Pauline Rouer


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avantages abonnés Invitations (nombre de places restreint) Tarifs préférentiels Musée d'art et d'histoire du Judaïsme EXPOSITION «LES MONDES DE GOTLIB» du 12 mars au 27 juillet Cette exposition met à l’honneur une figure majeure de la bande dessinée française, le dessinateur Marcel Gotlieb, dit Gotlib. Combinant approche chronologique et approche thématique, ce portrait, porté par la généreuse complicité de Gotlib, retrace son parcours d’homme et d’artiste. > Exposition 4.50€ (au lieu de 7€) sur présentation de votre carte abonné Odéon > Exposition + Musée – collections permanentes – 7€ (au lieu de 10€) > MAHJ, 71 rue du Temple, Paris 3e

Grand Palais EXPOSITION «MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME...» du 19 mars au 13 juillet Fils adoptif de Jules César, Auguste (63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) est le premier empereur romain de l’Histoire. Son nom reste indissociable de la grandeur et de la gloire de l’empire qu’il contribue à pacifier et dont il réforme les institutions. Dans la politique habile qu’il mène, l’art occupe une place essentielle. Son long règne (plus de 40 ans) est marqué par une effervescence artistique exceptionnelle : Le «siècle d’Auguste» est à l’origine de références culturelles universelles, dont le nom de «Mécène» (Maecenas), qui fut un proche de l’empereur et le protecteur de Virgile, Properce et Horace. > 9€ (au lieu de 13€) du 19 mars au 19 avril – achat sur place ou en ligne avec le code AUGOD14 > Grand Palais / Galeries nationales / entrée Clémenceau, place Clémenceau, Paris 8e

Ouvertures de location tout public Théâtre des Champs-Élysées

VISITE

lundi 5 mai / 14h À la charnière du style Art déco et Art nouveau, le Théâtre des ChampsÉlysées est l’un des plus beaux lieux de spectacle parisiens. Construit en 1913, il a la particularité d’avoir été conçu par un groupe d’artistes : les architectes Henry Van de Velde puis Auguste Perret, le peintre et sculpteur Antoine Bourdelle, le peintre Maurice Denis, ainsi que le cristallier René Lalique pour ne citer que les principaux d’entre eux. Il fut le premier théâtre parisien à être entièrement construit en béton armé. Nous vous invitons à découvrir ce temple philharmonique.

Exils Lawrence Durrell / Mathias Énard / Olivier Cruveiller

Lecture/rencontre animée par Paula Jacques. «Mon père était anglais, ma mère irlandaise. Craignant Dieu, joyeux drilles, protestants rebelles : voilà ma lignée. Ma grand-mère était assise dans sa véranda [au Bengale], un fusil de chasse sur les genoux, attendant les Rebelles. Mais quand ils virent sa tête, ils changèrent de direction. D'où le visage commun à toute ma famille. J'ai peut-être un peu de sang indien, qui sait ? De toutes façons je fais partie des expatriés du globe.» Lawrence Durrell, Lettre à Henry Miller 27 janvier 1937. Correspondance, 1935-1980 (Buchet/Chastel, 2004)

en coproduction avec France Inter

samedi 24 mai / 15h

Le Régime des passions Bergson et la joie / Frédéric Worms / Julie-Marie Parmentier

Animé par Raphaël Enthoven. Qu’est-ce qui distingue la joie du plaisir ou même de l’enthousiasme ? Comment peut-on être joyeux dans le malheur ? Qu’est-ce qui fait de la joie une émotion créatrice ?

les bibliothèques de l'odéon Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison

Éléphant Paname, Centre d’Art et de Danse

01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu

VISITE

lundi 19 mai / 19h30 Venez découvrir cet hôtel particulier Napoléon III entièrement rénové en plein cœur de Paris et son histoire tumultueuse au terme de laquelle il est devenu un Centre d’Art et de Danse. Éléphant Paname, ce sont des salons prestigieux pour accueillir des expositions, des performances, des défilés, des conférences, des concerts, des privatisations. Ce sont aussi des studios parfaitement équipés, destinés aux compagnies et cours de danse, aux chorégraphes, acteurs, metteurs en scène, directeurs de casting, musiciens. Et un lieu gastronomique...

Cinéma Nouvel Odéon

PROJECTION «CAPITAINE CONAN» DE BERTRAND TAVERNIER mardi 3 juin avec Philippe Torreton... – 1996 L’histoire commence dans les Balkans, en 1918. L’armistice vient d’être déclaré, permettant aux soldats français de rentrer dans les villes roumaines pour fêter leur victoire. Mais, à peine la guerre finie, les exactions tolérées pendant le conflit, telles que le vol ou les désertions temporaires, sont à présent sévèrement punies. Norbert, le narrateur, devient avocat, et défend du mieux qu’il peut les soldats incriminés. Son ami le lieutenant Conan, qui n’accepte pas la fin de la guerre, n’hésite pas à falsifier la vérité pour que ses hommes ne soient pas inquiétés. Mais comment ces hommes, habitués aux combats et à la violence, trouveront-ils leur place dans un monde ne rêvant que de paix ? Avec cette adaptation du roman de Roger Vercel, Bertrand Tavernier signe une fresque sur la guerre, le commandement et l'héroïsme, et offre à Philippe Torreton un de ses plus beaux rôles de cinéma. > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Nouvel Odéon, 6 rue de l'École de médecine, Paris 6e

en partenariat avec France Culture

«Il ne faut rien oublier, pas même les bagatelles.»

> Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e

Centre culturel suisse

FESTIVAL «EXTRA BALL» du 9 au 12 avril Sixième édition d’Extra Ball, le festival du Centre culturel suisse dédié aux spectacles vivants et plus particulièrement aux projets hybrides et transdisciplinaires. Accès à l'intégralité des spectacles programmés chaque soir. Programme détaillé sur www.ccsparis.com > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Centre culturel suisse – 38 rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e

Mikhaïl Boulgakov in Le Maître et Marguerite

Abonnés Si vous n’aviez pas choisi de date, merci de contacter le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la disponibilité sur la date que vous souhaiteriez, au plus tard quinze jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation téléphonique, retournez votre contremarque. Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle. Ligne réservée aux abonnés 01 44 85 40 38

Représentations tartuffe du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi CYRANO DE BERGERAC du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi relâches exceptionelles les dimanches 18 mai, 1er et 8 juin Restitution lundi 30 mai / 20h L'attrape-cœurs vendredi 13 juin / 20h30 samedi 14 juin / 20h30

EXPOSITION «L'ÉTAT DU CIEL»

© GOTLIB - DARGAUD 2014 - GRAPHISME : PHILIPPE RAVON

lundi 28 avril / 19h30 L’État du Ciel témoigne de l’attention portée par des artistes, des poètes, des philosophes aux circonstances physiques, morales et politiques de notre monde. L’État du Ciel – titre inspiré du Promontoire du songe de Victor Hugo dans lequel celui-ci écrit : «L’état normal du ciel, c’est la nuit» – concerne bien le temps qu’il fait, un temps politique, un temps où voir est déjà une manière d’agir. > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e

Affiche (détail) de l'exposition «Les mondes de Gotlib» au musée d'art et d'histoire du Judaïsme

© Photographie Françoise Huguier

Maison Européenne de la Photographie

EXPOSITION CONSACRÉE À FRANÇOISE HUGUIER du 3 juin au 31 août Créatrice de la Biennale de Bamako, grande voyageuse et amoureuse de l’Afrique, Françoise Huguier s’est engagée voilà plus de trente ans dans l’aventure photographique. Ses rencontres aux quatre coins du monde, elle les immortalise avec la foi de l’ethnographe, du sociologue et une énergie combattante. Vous découvrirez des tranches de vie choisies, comme J'avais 8 ans, En route pour Behring, Secrètes et quelques pages de mode. > Laissez-passer. Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy, Paris 4e

mer 7 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h jeu 8 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h ven 9 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h sam 10 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h dim 11 Cyrano de Bergerac 15h Tartuffe 15h lun 12 mar 13 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h mer 14 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h jeu 15 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h ven 16 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h sam 17 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h dim 18 Relâche Tartuffe 15h lun 19 mar 20 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h mer 21 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h jeu 22 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h ven 23 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h sam 24 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h dim 25 Cyrano de Bergerac 15h Tartuffe 15h lun 26 mar 27 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h mer 28 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h jeu 29 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h ven 30 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h sam 31 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h

juin

Odéon 6e Berthier 17e

Les Bibliothèques Odéon 6e

Grande salle / Salon Roger Blin

Le Régime des passions / Plotin et l'extase 15h Pourquoi aimez-vous ? M. de Kerangal & à rebours 18h Fantômes en littérature / Là-bas 18h Pourchassez le naturel ! / Au cœur des ténèbres 18h Exils / Romain Gary / Joann Sfar 20h

Lire le théâtre / Comme il vous plaira – Shakespeare 18h

Les Bibliothèques Odéon 6e

mer 2 Concert Ahmad Jamal 20h jeu 3 Concert Lucky Peterson et Philippe Petrucciani 20h

LUCKY PETERSON PHILIPPE PETRUCCIANI jeudi 3 juillet / 20h

Tarifs Tarifs hors abonnement Théâtre de l’Odéon série 2

série 3

Bibliothèques de l’Odéon

Ateliers Berthier

série 4 Grande salle Roger Blin Tartuffe

Plein tarif 36 € 26 € 16 € 12 € 10 € 6€ 36 € 18 € 8 € 6 € 6 € — Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA* 18 € 13 € 18 € 8 € 6 € 6 € — Public en situation de handicap* 18 € 13 € 6 € 6 € — Demandeur d’emploi* 20 € 16 € 10 € 20 € 6 € 6 € — 6 € — Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 € 6€ — — — 6 € — — Lever de rideau (2h avant la représentation) — — — — — — 18 € Pass 17 * (dates spécifiques)** **Tartuffe : dimanches 11 et 25 mai à 15h

Tarif exceptionnel Concerts — Peterson / Petrucciani / Jamal 90 €

Grande salle / Salon Roger Blin

dim 1 Relâche Tartuffe 15h lun 2 Voix de femmes / Chantal Thomas / Natalie Dessay 20h mar 3 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h Lire le théâtre / Naïves hirondelles – Dubillard 18h mer 4 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h Fantômes en littérature / Le Château des Carpathes 18h jeu 5 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h ven 6 Cyrano de Bergerac 20h Tartuffe 20h sam 7 Cyrano de Bergerac 20h dim 8 Relâche lun 9 mar 10 Cyrano de Bergerac 20h Pourquoi aimez-vous ? / T. Todorov & Les âmes mortes 18h mer 11 Cyrano de Bergerac 20h jeu 12 Cyrano de Bergerac 20h ven 13 Cyrano de Bergerac 20h L'attrape-cœurs 20h30 Pourchassez le naturel ! / Désert Solitaire 18h sam 14 Cyrano de Bergerac 20h 2013 comme possible 18h L'attrape-cœurs 20h30 dim 15 Cyrano de Bergerac 15h lun 16 mar 17 Cyrano de Bergerac 20h mer 18 Cyrano de Bergerac 20h jeu 19 Cyrano de Bergerac 20h ven 20 Cyrano de Bergerac 20h sam 21 Cyrano de Bergerac 20h dim 22 Cyrano de Bergerac 15h lun 23 mar 24 Cyrano de Bergerac 20h mer 25 Cyrano de Bergerac 20h jeu 26 Cyrano de Bergerac 20h ven 27 Cyrano de Bergerac 20h sam 28 Cyrano de Bergerac 20h dim 29 lun 30 Restitution 20h

AHMAD JAMAL mercredi 2 juillet / 20h

*Justificatif indispensable

Le Régime des passions / Bergson et la joie 15h

Odéon 6e

série 1

Shakespeare dans l'atelier romanesque IV 18h

juillet

2013 comme possible / Portraits samedi 14 juin / 18h

Palais de Tokyo

Odéon 6e Berthier 17e

concerts LUCKY PETERSON / PHILIPPE PETRUCCIANI / AHMAD JAMAL theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 23 avril

L'attrape-cœurs 2013 comme possible / Portraits entrée libre sur réservation

Calendrier mai

CYRANO DE BERGERAC theatre-odeon.eu mercredi 2 avril guichet / téléphone mercredi 9 avril

> Réservation à collectivites@theatrechampselysees.fr > Théâtre des Champs-Élysées, 15 avenue Montaigne, Paris 8e

> Réservation au 01 49 27 83 37 / contact@elephantpaname.com > Éléphant Paname, Centre d’Art et de Danse, 10 rue Volney, Paris 2e

Odéon-Théâtre de l'Europe lundi 7 avril / 20h

Acheter et réserver ses places

Des propositions ponctuelles élaborées avec les partenaires culturels de l'Odéon-Théâtre de l'Europe

70 €

50 €

30 €

CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ; une ou plusieurs places lors de la même manifestation. Date limite d'utilisation : 13 juin 2014


L CAFé

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Lancement de 2002-2006 saison 2014-2015

Odéon-Théâtre de l’Europe

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Luc Bondy et l’Odéon-Théâtre de l’Europe seraient heureux de vous accueillir le lundi 12 mai à 19h, soirée durant laquelle sera présentée par Laure Adler et en présence des artistes, la saison 2014-2015.

Ouverture du restaurant le mardi 1er avril Dans le cadre exceptionnel du grand foyer du Théâtre de l’Odéon, sous les arcades de la rue Rotrou et en terrasse – sur le parvis de la Place Claudel d'avril à octobre, le Café de l’Odéon et son chef François Gorlier vous accueillent 7 jours sur 7 de 12h à 1h pour un déjeuner, un verre, un thé, une gourmandise, un dîner. Produits du marché, plats du jour, assiettes – végétarienne, de la mer, du terroir –, douceurs, vins d'ici et d'ailleurs. Aux Ateliers Berthier, le Café de l'Odéon vous reçoit, avant et après le spectacle, les soirs de représentation – du mardi au dimanche.

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couverture : Cyrano de Bergerac © Brigitte Enguérand / 4ème de couverture, dessin © Charlotte Klein / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 - 1064582

Merci de bien vouloir confirmer votre venue à partir du mercredi 23 avril 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu Dans la limite des places disponibles.

Renseignements et location Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h

1959-1968

L’Odéon-Théâtre de France est Contacts confié à Jean-Louis Barrault. Lajeune, et Carte Odéon Abonnement individuel, concession lui est 01 accordée 44 85 40 38par abonnes@theatre-odeon.fr André Malraux, ministre d’État chargé Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, des Affaires Culturelles. 01 44 85 40 37 / 40 88 collectivites@theatre-odeon.fr Il l’inaugure avec Tête d’or dePublic Paul de l'enseignement Claudel. Jean-Louis Barrault va 01 44 85 40 39 enseignement@theatre-odeon.fr accorderdes uneAteliers grandeBerthier, place aux Public de proximité public du champ social et auteurs vivants commepublic Beckett, en situation de handicap Ionesco ou encore Genet... Il va 01 44 85 40 47 alice.herve@theatre-odeon.fr également créer une «antichambre théâtrale» dans l’actuel salon Toute correspondance est à adresser à Roger Blin où de nouveaux auteurs Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris viendront présenter leurs œuvres comme par exemple Nathalie Théâtre de l’Odéon Sarraute. e Place de l’Odéon Paris 6 Métro Odéon RER B Luxembourg

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Ateliers Berthier Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy

Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40


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