Luna et Enola Lebrun, talons aiguilles et gants de boxe

© Antoine Martineau

Crème glacée, talons aiguilles et gants de boxe

Aux Sables-d'Olonne, on connaît bien le glacier "Pétales de rose", tenu par Karine Lebrun sur le remblai. Et on commence à connaître ses filles, Luna et Enola, pour leur passion atypique entre boxe et salsa. De vrais feux sur la glace.

Lundi soir. Enola à peine raccroché ses gants de boxe qu'elle chausse ses talons de 6,5 cm, direction la piste de salsa. Pour elle et sa sœur Luna, une semaine ordinaire commence : 3h30 de boxe anglaise, quelques crochets par l'enseigne familiale de glace "Pétales de rose" sur le remblai, deux séances de danse latine, un jog' sur le remblai, des matchs et des démonstrations avant... de reprendre leur souffle ! Ne parlez pas de gageure à ces deux jeunes Sablaises de 15 et 16 ans. Leur volonté de fer tient dans leurs gants de boxe.

L'ŒIL DU TIGRE

L'histoire a démarré en 2013. Enola et Luna sont arrivées aux Sables après trois ans passés en internat à La Roche-surYon. Le feu couve. À l'occasion d'un forum des sports, elles découvrent une démonstration de l'association Boxe 85... et le couvercle saute. Les "sœurs Lebrun" sont vite reconnues. Notamment Enola, qui réalise une saison en or jusqu'à atteindre, en l'espace de six mois, le titre de championne de France minime en Boxe éducative assaut en 2014 ! Avec "son regard de tueuse", comme dit Karine, la petite sœur cavale en tête devant la grande. "Quand la sonnerie de début de match retentit, je suis dans ma bulle", glisse-t-elle. Karine acquiece : "Lors d'un combat, il a fallu que ce soit Nicolas Grau, son entraîneur, qui lui dise qu'elle avait gagné pour réaliser. Et pourtant on criait toutes autour d'elle !" À la fin du mois, Enola tente le championnat de France amateur... Non pas un morceau de bravoure, pour elle. Plutôt une nouvelle conquête.

Enola & Luna

TALONS AIGUILLES

Pendant ce temps, Luna lâche l'accélérateur sur la boxe... si l'on peut dire ! En première au lycée, ses études lui imposent de lever le pied. Et justement. En plus de la boxe anglaise, c'est sur des talons aiguilles que Luna s'est lancée dans une nouvelle aventure en 2013. En famille toujours. "La salsa, j'ai démarré avec ma mère qui a eu un véritable coup de cœur pour cette danse !", sourit Luna. "Enola nous a rejoint un an plus tard en s'inscrivant au club de danse latine. Notre coach Didier nous enseigne la salsa mais aussi la bachata, danse dominicaine, ou encore la kizomba, plus collé-serré..." Là encore, le nom Lebrun fait des étincelles : "Avec quelques couples de l'association, j'ai été sélectionnée pour réaliser des démonstrations dans tout le grand Ouest", poursuit Luna. "Et en avril prochain, je m'envole pendant une semaine à Punta Cana à l'occasion d'un stage de bachata..." La danse, un bon complément à la boxe ? "C'est sûr !", répondent-elles. "Elle nous apprend une posture, nous donne confiance, c'est essentiel pour boxer. Et nos entraîneurs l'ont bien compris : à la veille du championnat de boxe, Didier n'hésite pas à nous donner un petit coup de pression, toujours avec le sourire..."

Luna et Enola ont-elles réalisé un rêve d'enfant ? Sans doute. Elles ont en tête les combats de boxe à la télé, que leur père regardait quand elles étaient petites. Elles ont en elles la grâce et la sensualité de leur mère, ex-professeur de gym. De cet héritage, Enola et Luna en ont fait une source d'inspiration permanente. Une signature même, illustrée par ce collier figurant deux petits gants de boxe, qu'Enola porte au cou depuis son anniversaire. Et une passion fusionnelle qui n'est pas prête de s'éteindre.

© Antoine Martineau