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LES TROIS VISAGES DE LA ROCHE

La Gazette # 1 jeudi 17 octobre 2013

Yannick Reix, Emmanuel Burdeau et Hervé Aubron sont respectivement délégué général du festival, programmateur et coordinateur de la sélection dédiée à l’écologie. Chacun évoque en deux réponses les spécificités de cette édition 2013.

Comment avez-vous choisi les membres du jury ? Nous cherchons des personnalités dont le travail est cohérent avec ce que nous essayons de faire. Cette année, la président est Amira Casar, actrice très connue qui a joué aussi bien pour des cinéastes exigeants, comme Catherine Breillat ou Werner Schroeter, que dans des comédies très populaires comme La vérité si je mens. Le cinéma est un et indivisible. Il n’y a pas des films compliqués d'un côté, et des plus simples de l'autre.

« Les films se révèlent pendant le festival »

Demain

Le FIF a vocation à dénicher et faire décou­vrir de nouveaux talents. Pourquoi le faire à travers une compé­ tition ? Vous dites « dénicher », « faire découvrir » : je suis presque mal à l'aise avec ces expressions, comme si on partait à la chasse, comme s'il y avait une prime au nouveau… C'est la circonstance unique d'un festival qui importe. Dans ce cadre, certes, on découvre, on déniche, mais à l'intérieur d'un espace qui joue aussi – pardon pour le jeu de mot – comme une niche, une couverture, une protection pour les films afin qu'on puisse les découvrir sans qu'ils soient trop exposés. Quels sont les thèmes qui se dégagent de la compétition ? Ce n'est surtout pas à moi de le dire, mais aux spectateurs. Les films se révèlent pendant le festival, c'est là qu'on comprend comment ils vont ensemble. Comme chaque année, la compétition compte surtout des premiers, deuxièmes, troisièmes films : le cinéma en train de se faire. Elle est sans doute, plus que les précédentes, orientée vers le docu­mentaire, le paysage et l’environnement. Il y a aussi de très grands écarts de ton, de genre, d'inspiration : c’est un autre motif de joie.

Au programme de vendredi, trois films en compétition : La ligne de partage des eaux de Dominique Marchais, Après la nuit par Basil Da Cunha et Computer chess d'Andrew Bujalski. Il y aura également l'avant-première de La jalousie, le dernier film de Philippe Garrel, mais aussi Adaptation de Spike Jonze, suivi d'une conférence sur l'âge d'or de l'éco-fiction animée par Philippe Vasset, ainsi que deux films de la rétrospective Nicolás Pereda (Entretien et L'été de Goliath). Enfin, restez éveillés car la soirée se poursuivra jusqu'au petit matin avec la Nuit monstre et ses créatures étranges.

au Festival

« Le cinéma peut nous aider à mieux savoir où l’on vit »

Hervé Aubron

Yannick Reix

Quelle position La Roche-sur-Yon par rapport aux autres festivals ? Notre souci est de travailler sur le cinéma contemporain, le cinéma aujourd'hui, tel qu'il arrive. Avec Emmanuel Burdeau, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, nous concevons ce festival comme un véritable projet éditorial, une revue, en créant des programmations qui dialoguent les unes avec les autres et des espaces démocratiques de paroles autour des films.

Emmanuel Burdeau

« Travailler sur le cinéma d’aujourd’hui »

Pourquoi utilisez-vous l'expression l’écologie « en » cinéma et pas « au » cinéma ? Je voulais éviter une approche trop militante. Je n’avais pas envie de cinéastes qui nous fassent la leçon, mais de cinéastes randonneurs, physiquement impliqués dans ce que leur caméra embrasse. Pensez-vous que l’homme pourrait prendre conscience de l’importance de la nature grâce au cinéma ? On pourrait dire qu’il faut bien avoir en tête la nature pour la préserver, la respecter. Mais cela a aussi ancré dans nos esprits qu’il y avait la nature et nous, autrement dit que nous n’avions rien à voir avec les autres êtres vivants et les choses. Aucun espace aujourd’hui n’est naturel au sens de vierge, exempt d’influences humaines : les abysses océaniques ou les jungles les plus sauvages sont polluées et sondées, leurs ressources exploitées. Le cinéma peut nous aider à aiguiser nos perceptions et notre regard, à mieux savoir où l’on vit Propos recueillis par Marie Terhondat, Jade Vincent, Louise Petit, Maxime Rolland et étienne Rolland

Encadrement éditorial : Christophe Beney Rédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communication Impression : Belz, La Roche-sur-Yon

4e édition

Festival international du film

www.fif-85.com

Le fif Queen Kelly, reine de l’indépendance Loin du formatage imposé par les grosses productions hollywoodiennes, l’œuvre de Kelly Reichardt arpente l'envers du rêve américain. Le festival de La Roche-sur-Yon la met cette année à l’honneur en lui consacrant la première rétrospective intégrale de sa carrière ◆ D'abord passionnée par la photographie, ment désenchantés. C'est après l'ouragan Kelly Reichardt arrive à New York à la fin des Katrina que la réalisatrice a voulu mettre en années 1980. Elle commence comme direc- avant l'individualisme croissant de la société trice artistique avant de se lancer dans la réa- américaine. Elle dit avoir été « frappée du peu lisation. Elle évolue loin des circuits habituels d'empathie que les politiciens manifestaient à et devient progressivement une figure majeure l'égard des victimes ». du cinéma expérimental américain. Son talent En 2010, la cinéaste surprend avec La dernière est vite reconnu outre-Atlantique avec River piste, un western atypique, inspiré de faits of grass (1994), son premier long métrage, réels. Elle rompt avec la tradition du genre en consi­déré par la critique américaine comme privilégiant l'authentique au spectaculaire et l'un des meilleurs films de l'année. La réali- livre un film au regard âpre et personnel sur la satrice le décrit elle-même comme « un road mythologie américaine. movie sans route, une histoire d'amour sans Son dernier film à ce jour, Night Moves (2013), amour et une histoire de crime sans crime ». est diffusé en avant-première dans le cadre du C'est avec Old Joy (2006), son deuxième long- Fif. Avant même sa présentation au grand pu­métrage, qu'elle connaît en Europe un ­début blic, il arrive déjà auréolé du Grand prix du de reconnaissance. Elle y réaffirme son goût festival de Deauville. Gageons que ce combat pour le minimalisme et les grands espaces. écologiste radical fera grand bruit et réservera à En 2008, Wendy & Lucy figure dans les sé- Kelly Reichardt une entrée en fanfare dans les lections d'une majorité de festivals et sur la salles françaises. Chloé Pavageau liste des films préférés de Kelly Reichardt présente nombreux critiques améri- « Un road movie sans route, une Wendy et Lucy cains. Les personnages de histoire d'amour sans amour et une 14 h 15, Concorde 1 Reichardt ont en commun histoire de crime sans crime. » Night Moves des parcours particulière20 h 15, Manège

en chiffres

 4

lieux de projections : le Manège, le théâtre, le Concorde et le Cinéville.

5

personnalités forment le jury professionnel : Carlo Chatrian, Mirways, Jean Narboni, Laetitia Dosch et Amira Casar, présidente.

6

jours pour explorer la singularité du cinéma contemporain, du 16 au 21 octobre.

 60

étudiants répartis en huit ateliers, avec un but commun : animer le festival. Regardez autour de vous, ils sont partout.

402

tweets générés à ce jour par le Twitter du festival @Festival_Film85


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