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ChapitreII : Mutation de la gare à travers le temps

Source : www.etours.eu

Introduction :

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Depuis longtemps, les gares font partie de notre quotidien. Elles caractérisent un équipement urbain structurant, qui sert à la dynamisation et la croissance des villes. Ce lieu de connexion, d’ouverture et d’échange a une importance cardinale dans l’infrastructure des villes.

C’est pourquoi de nos temps, les tendances sont en quête d’un nouvel enjeu urbain à travers la métamorphose du concept Gare qui était purement et uniquement dédié au transport, en un lieu de vie et un aménagement urbain. Ceci dans le but de minimiser le besoin de se déplacer, en prenant en considération les enjeux du développement durable.

A cet effet, dans ce chapitre on va étudier l’évolution de la logique des gares au cours du temps et les différentes fonctions qu’elles abritent.

II.1 : Historique et Expériences de la gare: II.1.1 : Définition :

-« Ensemble des installations de chemin de fer permettant d'assurer les opérations relatives à la circulation des trains, au service des voyageurs et/ou des marchandises.»

-«Endroit d'une rivière destiné à mettre en sûreté les bateaux et à les empêcher de gêner la

navigation. » Source : Dictionnaire Larousse

Figure 39 Gare Fluviale Source : www.wikimapia.org

Figure 40 Gare ferroviaire Source : www.wikipedia.org

Figure 41 Gare mortuaire de Sydney, Australie Source : www.nswrail.net Au début la gare était une partie de la rivière ou d'un canal, un lieu sécurisé pour garer les bateaux, c’est la gare fluviale.

Et avec l’arrivée des chemins de fer en Angleterre durant les années 1820, la gare ferroviaire apparaît pour assurer l’embarquement et le débarquement des voyageurs et des marchandises.

On a aussi les gares mortuaires appelées aussi les gares funéraires, c’est une gare située au terminus d’un chemin de fer qui fait la liaison entre la ville et le cimetière suivant à ce qui est cité dans le livre ‘Le temps des gares’18 : « Des gares funéraires auraient été les têtes de ligne du chemin de fer spécial transportant à Méry-sur-Oise les convois funèbres et les visiteurs. »L’apparition des gares funéraires c’était à la fin des années 1860.

18 Le temps des gares : un livre édité par Centre National d'art et de culture Georges Pompidou/ Centre de Création Industrielle, Paris, 1979

Figure 42 Gare maritime de Salerne Source : www.lecourrier.vn

Figure 43 L'aérogare d'Alger Source : www.aps.dz

Figure 44 Gare routière de Novi Sad Source : fr.dreamstime.com Il existe aussi la gare maritime : c’est une gare située dans un port pour assurer la montée et la descente des passagers.

Au niveau du domaine aérien, on a la gare aérienne appelée aussi l’Aérogare, située dans un aéroport. C’est un bâtiment comprenant les services administratifs, les services de douane, ainsi la transition des passagers.

Le domaine routier comprend également la gare routière. Une gare routière est un « ensemble d'installations aménagées pour accueillir les véhicules routiers assurant le transport des voyageurs ou des marchandises.» Source Larousse.

A travers les siècles la gare représente une source d’inspiration pour les peintres, les photographes, les écrivains, les poètes… Ceci donne une autre dimension symbolique et sensorielle à la gare.

II.1.1.1 : La gare en littérature :

La littérature invente et propose une autre façon de voir la signification des gares et d’explorer en profondeur l’identité de lieu à travers le sens de la gare comme étant un lieu de socialisation, un espace d’agglomération sociale, un lieu de retrouvailles et de séparations, selon le tableau dressé par Théophile Gautier19 : «Ces cathédrales d’humanité nouvelle, point de rencontre des Nations et centre où tout converge. »

19 Théophile Gautier : un poète, romancier et critique d'art français.

On peut vivre l’expérience et ressentir l’ambiance de la gare de Niani20 dans le texte de Neera Kapur21 ‘A la recherche de mon mari au Kenya’ dans le livre ‘’Des femmes écrivent l’Afrique22 ‘’ . L’écrivaine a parlé de l’expérience d’une grand-mère appelée Hardei et son fils qui voyageaient en train de l’Inde à Kenya en cherchant son mari. On vit alors avec cette femme l’aventure et l’ambiance de son départ de la gare de Niani.

«Des parents et des amis étaient venus à la gare avec des guirlandes de fleurs généralement des soucis couleur safran, qui laissaient derrière eux un parfum très particulier, rappelant celui des temples et des puja [pièces réservées au culte]… Certains tenaient en main une roupie ou deux, faisant tournoyer le billet autour de la tête de celui qui partait, en guise de sagas, c'està-dire de porte-bonheur pour le voyage, avant de la remettre entre les mains de leur ami. Toutes sortes de conseils remplissaient l'atmosphère : « Promets d'écrire... que tu ne mangeras pas de bœuf... » Un petit nombre d'entre eux pleuraient ; d'autres faisaient signe de la main droite. Peut-être ne se reverraient-ils jamais. La Gare de Niani était un lieu d'adieux. »

II.1.1.2 : La gare en poésie :

La gare est un thème fréquent chez les poètes. Elle les inspire pour exprimer leurs sentiments d’amour, de séparation, de chagrin… On peut vivre la gare, comme étant un lieu de socialisation comprenant plusieurs histoires et aventures, avec Richard Anthony23 dans sa chanson ’’j'entends siffler le train’’. Cette chanson est écrite dans le contexte de fin de guerre d’Algérie (5 juillet 1962) qui rappelle les adieux des jeunes algériens dans les trains qui les amènent au combat en quittant leurs épouses, leurs mères, leurs enfants, leurs familles… J'ai pensé qu'il valait mieux Nous quitter sans un adieu Je n'aurais pas eu le cœur de te revoir Je pouvais t'imaginer Toute seule abandonnée Sur le quai, dans la cohue des au-revoir

Et j'entends siffler le train Et j'entends siffler le train Que c'est triste un train qui siffle dans le soir

20 Niani : un village au Pakistan 21 Neera Kapur : écrivaine kenyane de descendance indienne. 22 ’Des femmes écrivent l’Afrique : Un livre comprend 132 textes issus de l’Afrique Ouest et du Sahel, qui ont une valeur historique et littérature en accordant une attention aux traditions orales des femmes de la région. Ceci représente un espace d’expression aux voix des femmes africaines. 23 Ibrahim Richard Anthony : Un chanteur français né le 13 janvier 1938 au Caire (Egypte) mort le 19 avril 2015 à Pégomas (France).

II.1.1.3 : La gare en peinture :

La peinture a toujours évolue notre perception esthétique et sensorielle de la gare. A travers chaque peinture de la gare, le peintre nous passe une valeur morale selon sa propre observation : Lumière, couleurs, contraste… La gare Saint Lazare, la plus grande gare d’Europe, a toujours fascinée Claude Monet24, en 1877 le père de l’impressionnisme a décidé de peindre son tableau ‘’La gare Saint Lazare, arrivée d'un train’’ face à la verrière qui recouvre les trains à vapeur, la fumée envahissante une source d’inspiration pour lui.

Figure 45 Tableau ''La gare Saint Lazare, arrivée d'un train'', 1877 de Claude Monet Source : fr.wikipedia.org Cette œuvre fait partie d’une série de 12 tableaux sur la gare Saint Lazare. Sa structure métallique est considérée comme un exploit architectural.

Le métal et la vapeur occupent une grande place dans l’univers du peintre. Monnet s’installe pendant plusieurs jours sur les quais en multipliant les angles pour restituer la lumière et ses effets.

Un lieu d’inspiration

Un lieu des retrouvailles et des adieux Un lieu de socialisation et de rencontre

Figure 46 la symbolique de la gare Source : www.shutterstock.com avec modification personnelle

24 Claude Monet : Un peintre français et l’un des fondateurs de l’impressionnisme, le 14 novembre 1840 à Paris et mort le 5 décembre 1926 à Giverny.

II.1.2 : Approche historique :

A chaque tournure de l’histoire, les gares changent de définition et de sens. Donc on va étudier les différentes mutations des gares au cours du temps.

II.1.2.1 : Les anciens embarcadères25 :

Figure 47 : les embarcadères entre 1939 et 1940 Source : www.notre-ile-de-re.com

II.1.2.2 : Les nouveaux embarcadères:

Figure 48 L'ancien embarcadère, première gare de Blois (fin du XIXe siècle) Source : www.archives.blois.fr A leur début, les gares ferroviaires n’étaient que des embarcadères dans le but de transporter les voyageurs et les marchandises. Un bâtiment très humide sans aucun effort architectural, juste un hall et un quai pour le chargement et le déchargement des marchandises. Selon ce qui a été cité dans le Revue Flux26, au niveau de l’article de Patrice Aubertel27 : ‘Les gares : deux ou trois choses que les chercheurs m’ont apprises ’ : « Alors qu’à l’origine les gares étaient de simple embarcadère abrité ou bordé par des bâtiments quelconques et de taille réduite, elles ont peu à peu pris de l’amateur au cours de XIXe siècle. »

L’apparition de la voie ferrée a élargi la possibilité de se déplacer, d’où le nombre des voyageurs augmente et le trafic des marchandises s’est développé, ce qui a mené à l’obligation de réaliser des espaces d’accueil. Ce qu’il fait la présence des gares devient plus forte et les chemins de fer deviennent fondamentaux, ce qui va mobiliser les villes et assurer des gares plus étudiées avec d’autres contraintes plus accommodées à des usages divers tel que : le chargement, le déchargement, la billetterie, la salle d’attente… Aussi, il y avait une grande évolution au niveau de la valeur architectural de la gare, elle devient un

25 Les embarcadères : «Môle, jetée, appontement construits pour faciliter l'embarquement des marchandises. Lieu de départ et d'arrivée des bateaux qui font le service des voyageurs.» Source Larousse 26 Revue Flux : Cahiers scientifique internationaux Réseaux et Territoires. Une Revue soutenue par l'Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS. 27 Patrice Aubertel : Urbaniste, juriste et politologue, chargé de mission au PUCA, Plan urbanisme, construction, architecture (en 2006) (Source DataBNF).

II.1.2.3 : Les gares de marchandises: monument de la ville avec un ornement riche des façades.

Figure 49 La gare de marchandises du PercheGouet, France Source : www.perche-gouet.net Au fil du temps et avec l’exacerbation du nombre des voyageurs et l’augmentation du trafic des marchandises, l’encombrement des flux a dépassé la capacité des gares existantes.

Ils ont donc proposé des gares de marchandises équipées par des installations spéciales à leurs besoins par exemple : les gares maritimes, les gares frigorifiques, les gares laitières…

II.1.2.4 : Les gares temporaires:

L’évolution du système ferroviaire a affecté l’organisation des gares par le fait de restreindre plusieurs fonctions et l’invention d’autres nouveautés de réseaux de transports et des plans d’ensemble ce qui a impliqué la facilité de la mobilité, tel que l’apparition des sociétés qui organisent le transport ferroviaire, par exemple la SNCF (société nationale des chemins de fer). En outre, afin de minimiser le trafic et alléger les flux, ils ont créé les gares temporaires, qui sont ouvertes quelques heures par jour et qui caractérisent des points d’arrêt entre les gares des terminus sans aucun service assuré sauf la billetterie.

II.1.2.5 : Les gares routières:

Figure 50 La gare routière Calvados, France en 1956 Source : www.geneanet.org Un nouvel aspect vient avec la nouvelle physionomie de transports, la concurrence automobile et l’infrastructure appropriée, c’est la gare routière. Ce type de gare a été inventé pour rapprocher les distances et les longs trajets assurés par le train suivant un chemin de fer qui fait la liaison entre des stations spécifiques, donc l’usager est obligé de se déplacer d’un point A à un point B en passant par ces stations imposées par cette trajectoire. Par contre, les moyens de transports routiers (autobus, trolleybus, autocars…) assurent l’accessibilité facile de

Figure 51 L’ancienne gare routière de Roanne, France en 1953 Source : www.leprogres.fr l’individu à l’intérieur et à l’extérieur de la ville. D’où l’injection des stations de bus des différents points d’arrêt réalisés au niveau des voies et des routes. Cela a engendré le gain du temps et de l’effort physique des usagers. Donc on est devant deux lignes de transports en commun : voie ferrée et route, ce qui va impliquer l’atténuation de la concentration des flux au niveau des gares ferroviaire.

II.1.2.6 : Les nouvelles gares:

Figure 52 La TGV Bordeaux, France Source : objectifaquitaine.latribune.fr Ce progrès a été accéléré sur tout avec l’apparition du TGV28 en 1981. Ceci a réalisé l’irrigation des villes par l’intégration des gares dans un système de modalité qui comprend les trains, métros, bus, taxis.

A ce moment-là, les gares deviennent les premiers facteurs de l’organisation du réseau de transports, ce qui a influencé l’image des villes par la création des nouveaux quartiers de la gare. Des quartiers conviviaux et accessibles ce qui a lancé un nouveau programme de réaménagement urbain et une nouvelle vie dans la ville.

II.1.2.7 : Les gares plurimodales:

Plurimodalité

Au sein d’un système de transport varié, la gare devient un lieu qui comprend plus qu’un moyen de transport, le train, vers un lieu polyvalent où on trouve à notre disposition plusieurs choix de modes de transport. Egalement le terme plurimodalité est apparu, « Se dit d'une loi de probabilité, d'une distribution statistique qui présentent plusieurs modes. » selon la définition de Larousse.

Figure 53 La plurimodalité Source : Auteur

28 TGV : (sigle de train à grande vitesse) est une rame automotrice de conception française alimentée par caténaire et propulsée par des moteurs électriques.

Présence de divers moyens de transport

Plurimodalité

Interconnexion non organisée

Multimodalité

Figure 54 Multimodalité Source : Auteur

II.1.2.9 : Les gares intermodales:

Intermodalité

Figure 55 Intermodalité Source : Auteur

II.1.2.10 : Les gares transmodales : La présence de la plurimodalité, a instauré l’idée d’avoir une gare qui met à la disposition des voyageurs une interconnexion entre les différents modes de transport pour une même destination. A ce moment-là, intervient la multimodalité.

Alors la multimodalité se caractérise par le fait que l’usager a le choix entre divers moyens de transports pour une même destination c’est-àdire pour se déplacer d’un point A à un point B vous avez la possibilité d’utiliser plusieurs modes de transport au court d’un même déplacement sans qu’il y a nécessairement une liaison organisée.

Afin d’améliorer le confort des voyageurs et les conditions d’accueil, la gare a offert une opportunité pour développer le système de transport et l’offre des services. De ce faite, la gare devient un lieu de vie dynamique où tous les moyens de transport se rencontrent facilement en basant sur le concept da la multimodalité et en assurant une interconnexion entre ces différents moyens. C’est-à-dire le voyageur a plusieurs scénarios pour se déplacer d’un endroit à un autre suivant un cheminement sans rupture clair et bien organisé. Alors, on parle de l’intermodalité.

La transmodalité est un terme qui vient du domaine de l’éducation et de la didactique. Selon l’article de Brahim Azaoui29 dans la revue de Recherches LMM30 « Transmodale : réfère à une situation multimodale qui implique le passage d’une modalité à une autre : passer d’une modalité visuelle à une modalité tactile, par exemple. Si l’on peut éventuellement reconnaître

29 Brahim Azaoui : maitre de conférences en didactique des langues étrangères et secondes à la faculté d'éducation de l'université de Montpellier. 30 La revue de Recherches LMM : Revue de recherches en littératie médiatique multimodale se veut un lieu de rassemblement des voix de toutes les disciplines qui s’intéressent à la multimodalité : L’éducation, la didactique, la linguistique, la sémiotique, l’éducation aux médias, les communications, les arts visuels et médiatiques, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique, l’univers social, les sciences de l’information, les technologies éducatives. Source : www.erudit.org

une possible (mise en) interaction entre les modalités pour qu’il y ait changement, nous estimons que la question de l’interaction n’y est pas centrale. »

Le concept de la transmodalité traite les pratiques de transmission et d’échange des savoirfaire et des savoirs être dans un cadre d’interaction humaine. Donc la projection de cette notion dans notre contexte engendre les gares transmodales.

Au sein du progrès révolutionnaire de la technologie de l’information et de communication, la gare doit fournir un service moderne et développé qui assure l’association des modes de transport selon le concept de l’intermodalité en cherchant les meilleures possibilités :

Le moins cher

Le plus confortable Le plus rapide Le plus écologique

Figure 56 Les meilleures possibilités de transport Source : Auteur

D’où interviennent les outils d’information numérique qui sont primordiaux dans une gare transmodale qui caractérise l’innovation du transport ferroviaire à travers des applications téléchargeable dans les appareils intelligents des voyageurs. Ces applications comprennent la consultation de l’information, la localisation géographique, l’achat des billets en ligne, les horaires des voyages… Aussi la présence des écrans d’affichage numérique au sein de la gare, qui montre les différentes destinations en relation avec les différentes associations des moyens de transport disponibles.

Exemple d’un service offert par les applications numériques

Temps

Moyen de Transport Coût

Figure 58 Les facteurs pour le choix des moyens de transport Source : Auteur

II.1.2.11 : Les pôles d’échanges : Le voyageur a le droit de connaître ce qui l’attend tout au long de son trajet avant même de partir, comme il a aussi le choix de décider son propre trajet de sa propre manière en prenant en considération le temps, le coût et la distance. Et à ce moment-là intervient le facteur de l’interaction entre la gare et l’usager. Alors, les avancées technologiques donnent naissance à la fiabilité de la transmission de l‘information aux voyageurs et donc la bonne gestion des flux. Sur ces entrefaites on parle de la gare transmodale.

Un pôle d’échange est un espace urbain aménagé pour interconnecter les différents modes de transport et favoriser la pratique de l’intermodalité suit à une démarche globale de planification organisée par les plans de déplacement urbain. Il caractérise l’image contemporaine d’une gare, c’est un équipement majeur qui assure la connectivité entre les différentes parties de la ville à travers l’interconnexion des transports urbains, périurbain et interurbain.

Pour réaliser un véritable pôle d’échange il faut prévoir un lien entre cet équipement et les quartiers environnants afin de proposer une nouvelle entrée de la ville. Son principal objectif est de minimiser à long terme le nombre de voitures personnelles pour aller vers une mobilité libre à travers la possibilité d’utiliser facilement n’importe quel cheminement de moyens de transport qu’ils soient publics, privés ou partagés.

Figure 59 L'utilité du parking P+R Source : Auteur

Donc pour assurer un changement de comportement au profit des voitures individuelles, ils ont inventé les parkings P+R31. Ce type de parking représente un élément éminent dans un pôle d‘échange afin d’encourager les automobilistes de laisser leurs voitures dedans et d’utiliser le transport en commun et la mobilité douce pour continuer leurs trajets ou bien pour accéder à la ville. Ceci a un impact bénéfique sur l’environnement et renforce le concept de la mobilité durable.

II.1.3 : La gare, un espace multifonctionnel :

La gare adapte son organisation aux besoins des voyageurs. C’est pourquoi, ce lieu caractérise un organe vivant qui s’adapte au changement. Donc la valeur primordiale qui montre l’importance de la gare dans nos villes c’est les différentes fonctions et services qu’elle propose.

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Photo 1 Photo 2 Photo 3

Orientation et Information Attente Sécurité et Contrôle

Gestion administrative et technique

31 Parking P+R : Sigle international « P+R » (« Park and Ride » en anglais), désigne un espace de stationnement pour automobiles, situé en périphérie d’une ville et destiné à inciter les automobilistes à accéder au centre-ville en transport en commun. Source www.bulles-tadao.fr Photo1 : La gare de Liège-Guillemins est une gare ferroviaire de la ville de Liège en Belgique. Photo2 : La gare de Saint-Pancras est une gare terminus ferroviaire de Londres. Photo3 : La gare d'Angers-Saint-Laud est la gare ferroviaire française principale de la ville d'Angers.

Toutes ces fonctions sont réalisées par des entités au sein de la gare afin de rendre service aux besoins des voyageurs.

Entité Centrale : C’est la zone de déplacement des passagers, qui fournit leurs organisations et leurs affectations, en séparant les voyageurs de départs et ceux d’arrivés.

Entité de Transition :

C’est la zone qui articule les différents flux et parcours.

Entité Périphérique :

C’est une partie complémentaire de la gare comprenant les fonctions d’entretien et de maintenance.

Entité administrative :

C’est la zone de la gestion administrative et technique pour un bon fonctionnement.

Entité de Service : C’est la partie annexe de la gare où cette dernière devient une ville dans la ville à travers les différentes fonctions d’animation qu’elle fournit.

 L’aménagement de la gare transforme une nécessité infrastructurelle en un équipement public avec un impact social, environnemental et économique à travers l’injection des nouvelles fonctions telles que : Les fonctions d’animation (commerces, espaces de consommations, espaces verts…), fonctions culturelles (cinéma, expositions…)…

II.2 : Les mutations des gares en Tunisie: II.2.1 : Le chemin de fer en Tunisie :

La première ligne de chemin de fer TGM, reliant Tunis-La Goulette, a été inaugurée le 2 Août 1872. Lors de l’établissement du protectorat français la voie standard Tunis-Hammam-Lif apparaît en 1882. Après, plusieurs autres lignes ont vu le jour tel que le prolongement de la liaison Tunis-Jendouba jusqu’à Ghardimaou en 1884 afin d’assurer un raccordement avec le réseau Algérien. Avec la découverte des phosphates près de la frontière Sud-Ouest de la Tunisie en 1885, la compagnie française des phosphates et des chemins de fer de Sfax-Gafsa commence la construction du réseau Sud. Une autre intervention a été faite sur la voie ferrée d’Hammam-Lif en 1895 pour lier la ville à Sousse.

L’assemblage du réseau Nord au réseau Sud est fait à travers la construction de 7 gares principales dans 7 régions différentes réparties sur tout le territoire tunisien selon la disposition des richesses, des commerces, da la valeur touristique…

Figure 60 Les gares principales de la Tunisie Source : Auteur

En 1956 l’exploitation, l’entretien et le développement du réseau ferroviaire a été confiée à la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisien (SNCFT). Le 23 Septembre 1993, c’est la date du démarrage de l’école des chemins de fer d’Hammam-Lif.

Actuellement, on a 267 gares sur tout le territoire tunisien, sans compter les gares délaissées et désaffectées, divisées sur un réseau de chemin de fer de 2167 Km.

II.2.2 : Critères des gares en Tunisie:

Les pratiques des stations des gares se trouvent en Tunisie plus que 100 ans. A travers tout ce temps, les gares changent de styles selon l’époque, le contexte et la culture architecturale qui définissent cet endroit.

On distingue alors plusieurs styles de gare qui font l’analogie entre le lieu, le contexte et le critère architectural.

D’où ces styles se différencient entre la période coloniale et la période post coloniale. II.2.2.1 : Gares coloniales:

La colonisation française conçoit les gares de la même manière. Ces gares ayant un style architectural identique modeste caractérisé par : des constructions basses, développées au rez-de-chaussée ou avec un étage dont les toitures sont inclinés en tuile.

Figure 62 La gare de Bou arada (Siliana) Source : www.pinterest.com Figure 61 La gare de kalaa Khasba (Le Kef) Source : www.pinterest.com

Figure 63 La gare de Gaafour Source : www.pinterest.com La construction de la ligne ferroviaire Tunis-Kalaa Khasba a donné naissance à la gare de Gaafour. Cette gare était l’élément structurant et nourrissant du village. Ce dernier est entièrement créé par la Compagnie des chemins de fer BôneGuelma33 au début pour loger les cheminots en construisant la cité ouvrière. L’apparition du chemin de fer à Gaafour a créé une nouvelle agglomération qui a progressivement naissance à un centre urbain.

33 La Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma: une société anonyme française créée en 1875 pour construire et gérer des lignes de chemin de fer en Algérie et en Tunisie.

Parmi les gares coloniales on trouve aussi les gares de style arabisant. Ces gares ne sont pas parfaitement identiques, ils se différencient au niveau de détail. Ce style se caractérise par : les arcades, la corniche, l’auvent… Contrairement aux autres gares coloniales, ces gares ont des toitures plates.

Figure 65 La gare de Sfax auparavant Source : www.Mapio.net Figure 64 La gare de Gafsa Source : www.nachoua.com

Toutes les gares conçues pendant la période coloniale ont presque le même style architectural soit des gares stéréotypes ou bien de style arabisant sauf la gare de Tozeur et la gare de Haïdra (Kasserine). Ces deux gares ont un style exceptionnel qui répond au contexte, s’intègre bien au site naturel et respecte leurs environnements immédiats et la culture architecturale de la ville.

Figure 66 La gare de Tozeur Source : fr.wikipedia.org Cette gare est travaillée sur deux échelles différentes : -Prendre en considération le climat chaud de la ville à travers la construction de la brique pleine comme matériau local et ‘Zerbia de Tozeur’ dans la décoration. -Avoir un bâtiment identitaire pour les habitants de la ville et qui s’empreinte dans leur mémoire collective.

Figure 67 La gare de Haïdra Source : www.pinterest.com Cette gare s’adapte au site naturel de la région et à son climat froid en valorisant le modèle des édifices romains afin de favoriser le sentiment d’appartenance des citoyens.

II.2.2.2 : Gares post coloniales:

Figure 68 La gare de Thibica Source : www.pinterest.com A travers le temps, les gares coloniales perdent leurs identités soit avec les mutations pour adapter la gare aux conditions actuelles, ou bien elle reste non exploitée, désaffectée et délaissée jusqu‘elle tombe en ruine. On peut prendre à titre d’exemple la gare de Thibica qui se localise entre El Fahes et Bou arada

Avec la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens (SNCFT), les grandes gares deviennent restaurées et réadaptées aux nouvelles circonstances de la croissance des villes afin de gérer l’augmentation des flux et du trafic avec un nouveau programme fonctionnel pour satisfaire les besoins des usagers. On prend l’exemple de la gare de Tunis :

Figure 69 La gare de Tunis auparavant

Source : www.webdo.tn

Figure 70 La gare de Tunis aujourd'hui Source : www.wikipédia.com Cette gare a été mise en exploitation en 1877 par La Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma pour assurer la liaison entre la Tunisie et l’Algérie. Ensuite, la gare de Tunis devient exploitée par la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens34 comme une gare terminus des lignes ferroviaires : Gabes, Ghardimaou et la banlieue Sud de Tunis grâce à la voie ferrée d’Hammam-Lif.

Aujourd’hui la gare de Tunis est surnommée gare de Barcelone, c’est la gare principale de Tunis. La SNCFT favorise l’idée de l’intermodalité et enrichit le système de transport de la gare par une variété modale. D’où on trouve à notre disposition divers moyens de transport : Train, métro léger (1, 2, 3, 4,5 et 6), bus et minibus.

34 La Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens : est une société créée le 8 juin 19231 pour exploiter le réseau ferroviaire issu du rachat des actifs de la Compagnie des chemins de fer BôneGuelma.

II.3Synthèse :

Les gares évoluent au cours du temps en passant par plusieurs mutations de l’embarcadère vers le pôle d’échange. Avec chaque tournure de l’histoire, la gare développe son programme fonctionnel afin de gérer les nouvelles exigences de point de vue flux, trafic, extensions des villes et progrès social à travers des services et des fonctions qui répondent aux besoins des voyageurs.

Malgré ce progrès, la gare garde son caractère comme un lieu de vie, de rencontre et d’échange qui doit être accessible pour tous d’une manière fluide et en toute sécurité afin d’avoir une nouvelle entrée identitaire de la ville.

Embarcadère La Gare

Pôle d’échange

Lieu de socialisation

Lieu de vie

Lieu qui favorise la mobilité Porte de la ville

Réseau de transport fluide Connexion Urbaine Changement des habitudes et Progrès sociale Accessibilité pour tous Mobilité durable

Figure 71 Les nouveaux défis de la gare de demain Source : Auteur

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