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Claudie Vandenbroucque : 50 ans de maquillage à l’opéra
La fin de la saison 2021-2022 marquera un tournant important au sein de l’équipe de conception de l’Opéra de Montréal. Après presque 50 ans de dévouement et de grand bonheur partagé au sein de notre institution, notre cheffe maquilleuse Claudie Vandenbroucque tirera sa révérence. Rencontre avec une femme créative et
toujours aussi passionnée par le maquillage de scène !
Un milieu stimulant en constante évolution
Des émissions jeunesse à Radio-Canada, des Bye Bye en direct, des rencontres marquantes, des anecdotes croustillantes, des prix Gémeaux, une grande implication dans la communauté avec le projet CoOpéra, un éventail de productions scéniques diversifiées : c’est tout un héritage que nous laisse le talent de Claudie Vandenbroucque.
Depuis son arrivée à l’Opéra de Montréal dans les années 70 — la compagnie s’appelait alors l’Opéra du Québec —, la maquilleuse assiste à une importante évolution de la compagnie et de son propre métier.
« À mon arrivée, on exigeait moins des maquilleurs et on était hyper discrets. Les maquillages se faisaient dans un petit local, alors que maintenant, on se déplace dans les loges des solistes. Ça crée une belle intimité, et la relation que je développe avec chacun d’eux est une des choses que j’aime le plus de mon travail. Ça, et l’évolution constante des techniques de maquillage. »
Audace et observation : les essentiels pour une conception réussie
Alors que le maquillage à gros traits prévaut à ses débuts, Claudie Vandenbroucque ajoute sa touche personnelle à ses conceptions en s’inspirant de livres de référence et de la morphologie des chanteurs pour s’éloigner un peu de la caricature. En amont des productions, ses yeux de lynx scrutent les moindres détails sur les visages des chanteurs pendant les répétitions et repèrent des traits intéressants dans le métro, sur la rue ou à l’épicerie pour s’inspirer.
« Il y a plein de subtilités à saisir. Quand tu crées un personnage, il faut le comprendre, l’habiter, et avoir l’audace de faire plusieurs essais. C’est ça, le maquillage de conception. Mes techniques de maquillage ont beaucoup évolué à travers les années, mais mon travail évolue aussi d’une soirée à l’autre ! Entre la pré-générale et la dernière représentation, il n’y a pas un soir où je fais exactement la même chose. Je peaufine jusqu’à la dernière seconde. » Une équipe unie au service de l’excellence Avec La Flûte enchantée, la maquilleuse assistera pour la dernière fois au ballet bien rodé qui se déroule à l’arrièrescène et en coulisses, chaque personne jouant un rôle important dans le succès du spectacle. « Travailler avec les costumes, la coiffure, les techniciens et la régie, c’est le bonheur ! On se soutient et il y a beaucoup de respect entre nous. Et on donne toujours le meilleur de soi ; il faut que tout le monde soit à la hauteur. » Plutôt que d’être au service des chanteurs, elle dit plutôt travailler de pair avec eux pour construire leur personnage. « Bien souvent, le maquillage est la dernière étape avant leur entrée en scène. Il y a quelque chose de spécial qui s’installe, et j’adore ça. On devient souvent des amis ! Toute la force et la vulnérabilité qui cohabitent en eux me touchent. Et une fois qu’ils sont sur scène, toute leur énergie, toute leur excitation, on la ressent jusqu’en coulisses. Comme on dit souvent avec Pierre Lafontaine [chef perruquier à l’Opéra de Montréal], on est vraiment chanceux de faire ce métier ! »
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Ce n’est qu’un au revoir
Et c’est justement parce qu’elle aime encore profondément ce qu’elle fait qu’elle tire sa révérence. « Je suis très heureuse et je ne me suis jamais tannée du maquillage. Chaque opéra est important et stimulant. Mais j’ai moins de ressort. Ça fait cinq ans que je prépare ma retraite, passant tranquillement le flambeau à ma fille Véronique. Je me sens prête. Je suis très satisfaite et je sens que j’ai bien exploré ce que j’avais à explorer. »
Elle se promet toutefois de revenir faire son tour à l’Opéra de Montréal, dans le public cette fois. « J’aime comment l’Opéra de Montréal se réinvente, propose des créations et enrichit son répertoire. C’est nouveau et rafraîchissant ! »
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