Croisements Le Journal de l’Opéra national du Rhin juillet – août – septembre 2011 • n°8
marc clémeur Saison 3
la saison chorégraphique Un nouveau défi
La nuit de gutenberg
L’écriture, un rempart au fétichisme
Nouvelle Audi A6. Imaginée avec plus de légèreté. Pour rendre la nouvelle Audi A6 plus légère, nous n’avons reculé devant rien, jusqu’à développer un procédé innovant permettant de combiner l’acier et l’aluminium. Le résultat est une structure plus légère et plus solide qui améliore encore le dynamisme du véhicule et réduit sa consommation de carburant de 16% par rapport à la génération précédente. Audi.fr/A6.
Audi A6
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Consommation de carburant (mixte) : 4,9-8,2 l/100 km. Émissions de CO2 (mixte) : 129-190 g/km. Groupe Volkswagen France S.A. RC Soissons B 602 025 538.
Paul KROELY Automobiles 4 Rue Emile Mathis - Hoenheim - Tél. 03 69 96 54 54
édito
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Contacts Opéra national du Rhin 19 place Broglie • BP 80320 67008 Strasbourg cedex 8 +33 (0)3 88 75 48 00 opera@onr.fr
Billetterie
Strasbourg 0 825 84 14 84 (0,15 € / min) Mulhouse +33 (0)3 89 36 28 28 Colmar +33 (0)3 89 20 29 02
www.operanationaldurhin.eu Directeur de la publication Marc Clémeur
L’Opéra national du Rhin compte cette saison plus de 100 000 spectateurs, dont 28 % de jeunes de moins de 26 ans et 21 % de spectateurs étrangers (notamment allemands et suisses). Une centaine de visites des Théâtres de Strasbourg, Colmar et Mulhouse, plus de 90 visites des ateliers (décors, costumes, perruques et maquillages) ont été organisées, 150 projets pédagogiques ont été menés, et 4 000 spectateurs ont été accueillis dans le cadre du programme d’action culturelle. De nombreuses réductions sont accordées entre autres par le biais des abonnements, une large gamme de tarifs et des offres spéciales sont proposées tout au fil de la saison via le site Internet. Mais l’OnR c’est aussi une quête d’excellence, de diversité, de bonheur et de curiosité artistiques, de découverte et de promotion de jeunes talents. C’est une maison vivante et ouverte à tous. Venez encore plus nombreux ! Très bonne saison 2011-2012. Marc Clémeur Directeur général
Responsable de la rédaction Mélanie Aron Conception graphique et secrétariat de rédaction Flora Klein - OnR Impression Ott Imprimeurs Journal imprimé à 20 000 exemplaires ISSN : 2103-981X licences 2-1040374 et 3-1040375 Couverture Photo réalisée par élodie Heitz et Anne Perret
Croisements • 3
Sommaire 06
Marc Clémeur Saison 3
10 La saison chorégraphique Un nouveau défi
13
récitals Une saison prestigieuse
14
La Nuit de Gutenberg De la tablette d’argile au pixel... @... L’écriture, un rempart au fétichisme La quête du bonheur
22 Récital Soile Isokoski Jeune public 24
L’Opéra Studio La Maîtrise de l’OnR
L’Opéra national du Rhin est composé des Villes de Strasbourg, Mulhouse et Colmar et subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Région Alsace, associée à l’ensemble des actions programmées dans le cadre de la saison 2011-2012, le Conseil général du Bas-Rhin, le Conseil général du Haut-Rhin. L’Opéra national du Rhin tient à remercier l’ensemble de ses partenaires, entreprises et particuliers, pour leur confiance et leur soutien.
Mécènes Audi Strasbourg Banque CIC Est Caisse des Dépôts Cercle Richard Wagner Fondation Orange Philéa Réseau GDS
Sponsors Allianz Apart’hôtel Citadines Banque Neuflize OBC Banque Postale CEP Protection Dagré Communication La Poste / Direction du Courrier de l’Alsace GDF Suez
Partenaires 26
Fidelio vous ouvre les portes de l’Opéra L’action culturelle Nouveaux partenaires, nouvelles idées
28
émotions d’Opéra Abonnements J’y cours !
30
Ali Baba à Paris Rencontre avec... Anne Stumpf
32 RETOUR SUR L’Affaire Makropoulos Côté coulisse La presse en parle
Advisa Asyspro Brasserie Flo Café de l’Opéra Cafés Reck Cave de Turckheim Champagne Nicolas Feuillate Chez Yvonne CBS Outdoor Citylight Contact CRT Alsace Fnac Galerie Aquatinte Galeries Lafayette Kieffer traiteur Librairie Kléber Musée Würth France Parcus Pâtisserie Goehry St-art Wattwiller
Sponsors de la Maîtrise de l’OnR Arpèges Armand Meyer Musique Banque CIC Est Crédit Agricole Alsace-Vosges
Partenaires médias Arte Danser Dernières Nouvelles d’Alsace France Bleu Alsace France 3 Alsace L’Alsace Lagardère Métropoles Le Figaro Pilipili Radio Accent 4 Radio Fip Strasbourg Radio RBS Strasbourg RTL 2 Têtu
Les membres de Fidelio Association pour le développement de l’Opéra national du Rhin
Croisements • 5
marc clémeur Après une année consacrée aux femmes de caractère, la page se tourne et déjà s’écrit la suivante... Le monde en changement, la société en mouvement, les mœurs en mutation sont au cœur de la saison 2011- 2012. Courez-y ! Mélanie Aron : Quelles ont été vos grandes satisfactions cette saison ? Marc Clémeur : Nous avons été primés par la presse pour des productions données en 2009-2010. Le syndicat professionnel de la Critique nous a décerné le prix du meilleur créateur d’élément scénique pour Platée et Aladin. Opernwelt a nommé neuf fois Platée, Natalyia Kovalova dans le rôle-titre de Louise, Julia Novikova pour Zerbinetta d’Ariadne auf Naxos et Scott Hendricks dans le rôle-titre de Richard III, pour le titre du meilleur artiste lyrique de l’année. Je suis personnellement très heureux de cette reconnaissance médiatique qui confirme le niveau européen de notre Maison.
M. A. : Comment se portent les fréquentations de l’OnR ? M. C. : Nous avons cette saison franchi à nouveau le cap des 100 000 spectateurs. Le nombre d’abonnés est en hausse, le pourcentage d’étrangers et de jeunes également. Nous accueillons ainsi 21 % de public étranger, 28 % de public jeune et les productions lyriques atteignent 90 % de remplissage. Les chiffres parlent d’eux-mêmes !
M. A. : Était-ce l’une de vos priorités ? M. C. : J’accorde beaucoup d’importance à la présence et au développement de l’OnR au niveau européen, par la qualité des productions proposées, mais aussi par un travail de communication vers l’outre-Rhin. Le public germanophone a augmenté de 11 % cette saison. La presse nationale allemande et belge assiste à nos spectacles. Il n’est pas donné à toutes les maisons françaises d’être présentes à la fois dans Die Welt, dans Die Frankfurter
M. A. : Quel est votre projet artistique pour 2011-2012 ? M. C. : La saison 2011-2012 pose la question du monde en mouvement, de la société en changement, des mœurs en mutation. De Gutenberg qui a bouleversé le monde par son invention de l’imprimerie, La Bohème qui montre la naissance d’une contre-société, Kat’a Kabanova prise au piège de l’hypocrisie familiale, Les Huguenots où un vent de réforme souffle sur la religion, et Der Rosenkavalier, reflet sur fond de légèreté d’une société en pleine
6 • Croisements • Marc Clémeur, saison 3
Allgemeine, dans La Libre Belgique, dans Le Figaro et dans Le Monde, pour ne parler que des quotidiens. Notre Maison se situe au carrefour de l’Europe et ceci lui confère une position stratégique. Nous avons, comme l’écrit Die Welt, « compris comment inciter les allemands à traverser le Rhin ».
Photo OnR
saison 3
mutation : nous nous proposons d’interroger, d’observer, d’analyser. Pour les fêtes, nous vous offrirons une nouvelle mise en scène de Die Fledermaus. Farnace de Vivaldi, véritable et rare bijou baroque, sera l’occasion de retrouver sur scène et notre chœur et notre ballet. M. A. : Quels seront les thèmes approfondis ? M. C. : La saison débutera avec la création mondiale de La Nuit de Gutenberg de Philippe Manoury, mise en scène par Yoshi Oida : une épopée des tablettes mésopotamiennes à Wikileaks, en passant par l’imprimerie. Nous poursuivrons le cycle Janáček avec Kat’a Kabanova, dans une magnifique mise en scène de Robert Carsen dirigée par Friedemann Layer. Notre programmation d’opéras français trop rarement joués continue avec Les Huguenots de Meyerbeer, dans une mise en scène d’Olivier Py. Autre ouvrage rare, mais baroque cette fois sera Farnace de Vivaldi, avec une distribution remarquable : Vivica Génaux, Max Emanuel Cencic, Ruxandra Donose et Emiliano González Toro, dans une mise en scène de Lucinda Childs. Les classiques du répertoire sont également très importants à mes yeux : nous donnerons la plus époustouflante production de La Bohème de ces vingt dernières années, mise en scène par Robert Carsen. Mariame Clément enfin sera de retour parmi nous pour Der Rosenkavalier, dirigé par Marko Letonja.
De gauche à droite : Kat’a Kabanova, Opéra de Flandre, photo Annemie Augustijns La Bohème, Opéra de Flandre, photo Annemie Augustijns Die Fledermaus, Staatstheater Nürnberg, photo Jutta Missbach Kat’a Kabanova, Opéra de Flandre, photo Annemie Augustijns
Marc Clémeur, saison 3 • Croisements • 7
M. A. : Quel bilan pour l’Opéra Studio ? M. C. : Notre Opéra Studio basé à Colmar confirme indéniablement sa vocation de centre de production d’opéras pour enfants. Après le grand succès d’Aladin en 2009-2010, les jeunes chanteurs ont présenté cette saison Ali Baba ou les Quarante Voleurs de Cherubini, accompagnés par l’Ensemble orchestral du Conservatoire de Strasbourg. Vingt représentations en Alsace, huit à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet pour 15 000 spectateurs émerveillés et ravis.
Nos chanteurs se produiront cette saison dans Le Chat botté de César Cui d’après Perrault. L’Ensemble orchestral du Conservatoire sera dirigé par Vincent Monteil, et la mise en scène confiée à Jean-Philippe Delavault. Nous proposerons également un spectacle dédié, L’Occasione fa il ladro de Rossini, servi par une équipe jeune, Sandrine Anglade à la mise en scène, et Franck Villard à la baguette. M. A. : Comment s’annonce la saison de récitals ? M. C. : Le récital est un genre très apprécié de notre public que nous accueillons d’ailleurs de plus en plus nombreux. Nous avons invité cette saison des noms parmi les plus prestigieux du monde actuel : Soile Isokoski avec le rare Marienleben de Hindemith ; le contre-ténor Bejun Mehta nous offrira un programme éclectique, allant du baroque jusqu’à la musique du XXe siècle ; Anke Vondung et Werner Güra uniront leurs forces pour nous présenter l’Italienisches Liederbuch de Wolf ; Sumi Jo puis Dame Felicity Lott et enfin Susan Graham nous présenteront des programmes alternant mélodies et airs d’opéras, répertoire célèbre et découverte. M. A. : Si vous pouviez faire un vœu ? M. C. : Je souhaiterais que soit programmée la rénovation de notre belle maison d’opéra à Strasbourg, dont la position centrale représente un atout majeur d’attraction du public d’outre-Rhin. Ci-dessus : Ali Baba ou les Quarante Voleurs, Opéra national du Rhin, photo Alain Kaiser Ci-contre : Kat’a Kabanova, Opéra de Flandre, photo Annemie Augustijns Die Fledermaus, Staatstheater Nürnberg, photo Jutta Missbach La Bohème, Opéra de Flandre, photo Annemie Augustijns
8 • Croisements • Marc Clémeur, saison 3
Kat’a Kabanova
Die Fledermaus
La Bohème
Marc Clémeur, saison 3 • Croisements • 9
la Saison chorégraphique un nouveau défi Le Ballet de l’Opéra national du Rhin réunit chaque saison les personnalités les plus variées du monde de la danse — entre jeunes créateurs, chorégraphes consacrés, références de l’art chorégraphique — nous assurant ainsi que la danse se forge d’éléments divers et que chaque époque contribue à l’évolution de cet art. Bertrand d’At, directeur de la danse, nous dévoile quelques pistes de sa programmation et nous confie des clés pour chaque spectacle.
Comment programmer sans tourner en rond ? Chaque saison est un nouveau challenge. Le ballet n’aligne qu’une petite vingtaine de titres du répertoire, bien repérés par le public, dont la moitié nécessite de surcroit l’accord préalable des ayants droit. D’autres genres n’ont pas ce problème. Il n’existe pas, en danse, de catalogues raisonnés dans lesquels on puisse puiser à discrétion type : tout Petipa, tout Balanchine, tout Béjart. Parfois même il ne reste rien du tout d’un chorégraphe, hormis quelques gravures, des titres, des livrets, les notes plus ou moins obscures de répétiteurs et des partitions inutilisables même en concert.
Workwithinwork, BOnR, photo JL Tanghe
La règle peut sembler aisée : deux programmes « mixtes » mêlant créations et reprises, un avec orchestre (de préférence un titre…) plus un spectacle jeune public, bref, rien de bien compliqué. Erreur ! D’abord, les travers à éviter. Programmer les ballets qu’on a dansé et qu’on aime (en général parce qu’on a eu un certain succès dedans...) tout en en programmant d’autres qui nous ont marqué pour retrouver une émotion qui remonte à des années. Ou bien programmer la présentation d’un pan entier de l’histoire de la danse, un truc pour « connaisseurs », qui fera la une des journaux spécialisés, mais laissera de côté une grande partie du public. Ou encore mettre n’importe quoi bout à bout en espérant que le public n’y verra que du feu. Lutter contre ces facilités est un combat de tous les jours. Trouver un lien ou une opposition entre des œuvres créées à des époques différentes, mettre en parallèle telles esthétiques, tels styles. Et faire que cela s’emboîte logiquement au cours d’une même soirée. Avec du rythme : on est au spectacle, dans quelque chose de vivant. Le sens, la logique avant tout. Et le respect aussi d’une chose essentielle : l’émotion, le plaisir et le rêve. L’instant inoubliable qui aide ou qui questionne, mais qui accompagnera ensuite le spectateur tout au long de sa vie.
Opus Corpus
Let’s Dance !
William Forsythe est le maître incontesté de ces exigences, portées à un niveau d’incandescence. Sur les superbes Duetti per due violini de Berio, il installe une série de duos, soli et ensembles dans une débauche d’enchaînements époustouflants sans jamais perdre le fil de l’émotion distillée par la musique. Cette version (intégrale) de Workwithinwork mêle virtuosité et musicalité parfaite.
Ce programme reprend le titre d’un « musical » bien connu de Broadway. Mais ce genre était à l’origine un théâtre populaire total né en terre anglaise et mêlant chansons, danses et acrobaties dont Chaplin fut l’un des plus parfait héritier. L’Angleterre est venue tard à la danse puisque la création du Royal Ballet, première troupe de ballet classique nationale, remonte seulement à la fin de la seconde guerre mondiale. Pourtant un certain nombre de chefs-d’œuvre chorégraphiques a fleuri aussitôt et, parmi les premiers, Antony Tudor a imposé une danse originale d’un très haut niveau. Son Jardin aux lilas, sur le Poème pour violon et orchestre d’Ernest Chausson, a fait le tour du monde et a été dansé par pratiquement toutes les grandes compagnies. Cette discrète mais superbe conversation dansée possède la force d’un Pirandello avec peut-être ce soupçon de bonne tenue qui fait des drames anglais d’infimes glissements vers une catastrophe devinée plutôt qu’un étalage « so shocking » de sentiments déballés sur scène.
Workwithinwork, BOnR, photo JL Tanghe
Johan Inger nous accompagne depuis maintenant trois saisons avec des œuvres au style radical mais qui conviennent si bien aux danseurs de la compagnie. Cette fois, dans As if, il organise sa pièce autour d’une structure et d’un théâtre d’un genre particulier où se mêlent non seulement la danse mais aussi la voix. Entre ces deux « pointures » se glisse un jeune, un très jeune chorégraphe, Noé Soulier, premier lauréat du concours chorégraphique « Danse Élargie » organisé par le Théâtre de la Ville et le Musée de la Danse. De formation académique mais passé par Parts, l’école d’Anna Teresa de Keersmaeker, il convoque ici l’art de la pantomime classique et sa gestique à présent si désuète pour une pièce, D’un pays lointain, ludique et furieusement contemporaine.
Thomas Noone en répétition, photo Mat Hale
Thomas Noone et Philippe Sheppard sont, eux, de la dernière génération émergente de la danse et de la musique d’outre-Manche, moins typiquement britannique peut-être, plus internationale sans doute (Noone vit en Espagne), mais parfaits représentants de ces danses et de ces musiques telles qu’on les aime ici au BOnR, qui déplacent et interpellent. Many est une création chorégraphique et musicale originale pour la compagnie.
La saison chorégraphique • Croisements • 11
De Mathieu Guilhaumon, seul français de l’histoire et membre éminent de notre compagnie, on aura découvert en fin de saison sa version du Songe... d’une nuit d’été. Il a jeté son dévolu sur des musiques d’Henry Purcell, en miroir de l’œuvre d’Antony Tudor, avec toutefois une hésitation toute « British » : Tea for 6 ou peut-être 10… danseurs bien sûr.
Coppélia
ou la fille aux yeux d’émail La reprise du Coppélia de Jo Strømgren avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse sous la direction de Daniel Klajner nous fera retrouver la galerie de poupées improbables et complètement délirantes qu’il nous avait proposée il y a quelques saisons dans une version plus fidèle à l’esprit du conte d’Hoffmann, donc loin des sucreries et autres mignardises imposées en général. Coppélius est toujours aussi dépassé par les événements qu’il provoque et le couple d’amoureux toujours aussi décidé à se retrouver au-delà des clichés et des codes. Quant aux marionnettes, elles clament haut et fort le droit des machines à exister elles aussi. Et pourquoi pas ?
Farnace Farnace, qui entraînera l’ensemble de la Maison dans une aventure singulière, n’est pas, contrairement à Platée ou Les Boréades, un opéra-ballet. Pourtant, ce que Lucinda Childs avait initié avec Rossignol et Œdipus-Rex va trouver là son acmé. Danseurs et chanteurs interprèteront l’œuvre en parallèle, s’accompagnant ou se doublant, enrichissant ainsi l’écoute de la musique. Cette œuvre de Vivaldi méconnue et rare connaîtra ici une réalisation interprétative inédite originale, simple et respectueuse, comme toujours avec Lucinda Childs.
Coppélia, BOnR, photos JL Tanghe
Rêves 8 Mathis le danseur
12 • Croisements • La saison chorégraphique
La saison s’achèvera sur le désormais traditionnel spectacle « Jeune public ». Mathis le danseur rappellera encore une fois que la danse n’est pas et ne sera jamais une simple occupation pour demoiselles, mais un art à l’exigence redoutable dans lequel hommes et femmes trouvent le moyen le plus direct et le plus mystérieux d’exprimer leur poésie dans une égalité parfaite. B. d’A.
récitals
une saison prestigieuse
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Photo Marco Borggreve
Purcell, Elgar, Vaughan Williams, Bridge, Warlock, Gurney, Quilter, Britten, Coward Photo Trevor Leighton
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Vivaldi, Haendel, Dell’Acqua, Gounod, Duparc, Adam, R. Strauss, J. Strauss fils
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Une saison de récitals inédite, avec des noms parmi les plus prestigieux du monde lyrique actuel nous attend : Soile Isokoski avec le rare Marienleben de Hindemith ; le contre-ténor Bejun Mehta et un voyage du baroque à la musique du XXe siècle ; Anke Vondung et Werner Güra unis pour nous interpréter l’Italienisches Liederbuch de Wolf. Nous aurons également le plaisir de retrouver Sumi Jo, Dame Felicity Lott et Susan Graham dans des programmes alternant mélodies et airs d’opéras, répertoire célèbre et découverte.
Schubert, Berlioz, Schumann, Liszt, Tchaikovski, Duparc, Wolf, Horowitz, Poulenc, Sondheim, Coward Photo Dario Acosta
Récitals • Croisements • 13
la nuit de gutenberg
Photo Stéphane Louis
De la tablette d’argile au pixel...
par
hervé lévy
La Mésopotamie ancienne, l’invention de l’imprimerie à Strasbourg et, aujourd’hui, l’omniprésence d’Internet sur toute la planète sont les trois jalons temporels de « La Nuit de Gutenberg » de Philippe Manoury. C’est à une réflexion sur l’écrit et sa diffusion à travers les âges que nous invitent le compositeur et son librettiste, l’écrivain Jean-Pierre Milovanoff. Et s’il s’agissait justement d’un des enjeux majeurs du XXIe siècle commençant ?
14 • Croisements • La Nuit de Gutenberg
Que fit exactement Gutenberg à Strasbourg entre 1434 désormais disponible partout et immédiatement grâce aux et 1444 ? « miracles » successifs de l’imprimerie et du Web, la parole La vie de Johannes Gensfleisch – son vrai nom – demeure n’est-elle aujourd’hui pas profondément humiliée pour nimbée de mystère. Même sa date de naissance exacte paraphraser le philosophe Jacques Ellul ? La multiplication n’est pas déterminée : « avant 1400 » indique prudemment des possibles a-t-elle engendré un rétrécissement du Le Petit Robert. Il est ainsi impossible de connaître la sens ? Voilà le fondement de la question que pose Philippe teneur des expérimentations réalisées en Alsace sur les Manoury dans sa note d’intention, lorsqu’il écrit que son alliages métalliques, les encres ou la structure de la presse opéra « montre les risques et les limites d’un monde où par notre homme. Mais est-ce tellement essentiel ? Allons la communication devient un nouveau fétiche (…), où encore plus loin. Peu importe de savoir s’il a réellement la vitesse et le zapping deviennent les “veaux d’or” de mis l’imprimerie au point ou si, comme certains notre temps autour desquels l’on danse frénétiquement l’affirment, cette innovation est l’œuvre de son maître et bruyamment et qui rendent plus difficile, voire parfois Johannes Mentelin… ou alors d’un Italien, Pamphilo impossible, la pensée, la contemplation et la méditation ». Castaldi, voire d’un Hollandais, Laurent Janszoon. Liste Dans ce déluge logorrhéique incessant, où mots et images non exhaustive. Ces derniers reposent, oubliés de tous, s’entremêlent, les notions mêmes de « signifiant » et sauf de quelques spécialistes, au plus profond des limbes de « signifié » ont tendance à s’estomper donnant une de l’histoire. Dans coloration étrange l’inconscient collectif, à l’affirmation de et c’est ce qui importe, René Descartes : « Mais tout progrès possède sa face Gutenberg a imaginé la « L’assemblage sombre : si le savoir est désormais technique permettant qui se fait dans le de reproduire des disponible partout et immédiatement grâce raisonnement n’est pas textes rapidement, celui des noms, mais aux “miracles” successifs de l’imprimerie et bien celui des choses de manière fiable et en grande quantité, du Web, la parole n’est-elle aujourd’hui pas signifiées par les noms. » changeant la face L’heure du brouillage profondément humiliée (...) ? » du savoir et rendant général a sonné… inutile le long et fastidieux travail de copiste des moines du Moyen-Âge. Il suffit de se souvenir Mais dans ce maelström technologique qui emporte les des quelques phrases gravées sur une stèle, dans un hommes et leurs écritures, l’espoir nous est permis. Dans quartier de Strasbourg : « C’est ici à la Montagne Verte, l’opéra, il prend les traits d’une petite fille qui glisse un que l’imprimerie fut inventée par Jean Gutenberg, et livre dans sa poche. Que va-t-elle en faire ? Mystère… Dans c’est de ce pôle que, par elle, la lumière rayonne dans le la réalité, il repose sur tout être humain. Il en va en effet de monde. » la décision de chacun de ne pas se laisser noyer par le flot typographique de phrases, de mots, de lettres qui chaque Le natif de Mayence est un maillon symbolique jour menace de l’emporter. Le risque est grand de voir fondamental dans une chaîne qui débute dans la nuit des l’homme contemporain métamorphosé en « otaku », un temps, vers la fin du quatrième millénaire avant Jésusterme japonais désignant celui qui passe ses journées à la Christ, quelque part en Mésopotamie, du côté d’Uruk maison, ne communiquant que par l’Internet. Il importe (actuellement en Irak), de manière très pragmatique. de s’imposer une reconnexion à un réel qui, si on n’y prend Les premières tablettes d’argile retrouvées ont en effet une garde, risque de nous devenir aussi incompréhensible que simple vocation comptable : liste de têtes de bétail, de sacs les signes énigmatiques, remontant vraisemblablement à la de grains… Le dernier avatar – pour l’instant – de cette fin du deuxième millénaire avant Jésus-Christ, de l’écriture épopée de l’écrit et de sa diffusion est Internet : de la rareté syllabique du Disque de Phaistos. De simples images. originelle des signes à leur prolifération exponentielle, Esthétiques, mais désormais dénuées de signification. qu’on peut imaginer infinie, c’est à un enrichissement considérable auquel on a assisté au fil des siècles. Mais tout progrès possède sa face sombre : si le savoir est Hervé Lévy est rédacteur en chef du magazine Poly.
La Nuit de Gutenberg • Croisements • 15
création mondiale
Opéra Strasbourg
sa 24, ma 27, je 29 septembre 20 h
la filature Mulhouse sa 8 octobre 20 h
Rencontre avec Philippe Manoury et Jean-Pierre Milovanoff animée par Marc Clémeur ve 23 septembre 18 h 30 • entrée libre
Opéra en un prologue et douze tableaux Livret de Jean-Pierre Milovanoff Direction musicale Daniel Klajner Mise en scène Yoshi Oida décors Tom Schenk costumes Richard Hudson Lumières Pascal Merat réalisation informatique musicale IRCAM
la nuit de gutenberg @... Fidèle à la tradition, la saison 2011- 2012 de l’OnR s’ouvre avec une création mondiale, La Nuit de Gutenberg, commandée par l’OnR au célèbre compositeur français Philippe Manoury. Ses opéras, 60e parallèle (1997) ou encore K… (2001) ont marqué la création lyrique de ces dernières années. Aujourd’hui, il propose une fresque flamboyante sur la transmission des savoirs et des cultures. Avec son quatrième opéra, Philippe Manoury, bien connu des amateurs du genre, poursuit son exploration entre la musique et les nouvelles technologies avec un personnage qui a bouleversé le monde depuis Strasbourg, Gutenberg. Avec son librettiste Jean-Pierre Milovanoff, il raconte une sorte d’épopée de l’écriture, depuis les plus anciennes traces préhistoriques jusqu’aux chambardements liés à l’Internet. Ils inventent un personnage qui prétend être Gutenberg et placent l’action dans un cybercafé d’une grande ville. Peut-être Strasbourg…
ircam Serge Lemouton gutenberg Nicolas Cavallier
Gutenberg
folia Eve-Maud Hubeaux
« De nouveau je fuis un monde dont je ne
l’hôtesse Mélanie Boisvert quatre scribes, un juge, un notable Artistes des Chœurs Chœurs de l’OnR Petits Chanteurs de Strasbourg
Maîtrise de l’OnR
Orchestre philharmonique de Strasbourg Éditions Durand Universal Music Publishing Group
En partenariat avec l’IRCAM - Centre Pompidou La représentation du 24 sept. est présentée en partenariat avec le festival Musica
Photo OnR
Commande de l’OnR avec le soutien du Fonds de Création Lyrique
16 • Croisements • La Nuit de Gutenberg
suis plus le héros. La disparition du réel en temps réel me laisse sans force et sans voix comme dans une gare où les trains n’arrivent plus. L’horloge indique pourtant l’heure exacte, les cadrans clignotent, les guichets sont toujours ouverts et les préposés sourient en me regardant avec l’air de gens qui font leurs affaires. Lesquelles, puisqu’on ne peut plus partir. On ne quitte plus ce scintillement permanent qui vient de partout et n’emmène nulle part, ces échanges sans fin… mais sans infini. Trop de destinations. Plus de destin. »
Extrait du livret – scène 7
« Les livres ont une âme parce que la main d’un homme y a tracé les mots un à un. Jamais une machine ne produira un texte sacré. »
Maquette des décors de Tom Schenk
Extrait du livret – scène 2, scène du tribunal
Gutenberg en quelques dates
« Nous savons très peu de choses de Jean Geisflesh, dit Gutenberg (1440-1500). Il est probable qu’il conçut à Strasbourg le principe de l’imprimerie à caractères mobiles, invention qu’il réalise à Mayence. Ne disposant d’aucune fortune, il dut recourir à des bourgeois riches pour financer ses longues recherches. Le plus important de ses investisseurs, Fust, ne voyant rien venir après beaucoup d’années, obtint à la suite d’un procès la propriété des machines déjà construites. Ainsi Gutenberg fut-il dépossédé de son invention et mourut pauvre *. » • Entre 1394 et 1400 : naissance à Mayence. • 1434 : première mention du nom de Gutenberg à Strasbourg. Association avec l’orfèvre Andreas Dritzehn avec qui il réalise des expériences en imprimerie. • 1450 : retour à Mayence. Création d’un atelier d’imprimerie grâce au soutien financier du marchand Johannes Fust. • 1450-1456 : impression de la Bible à « trente-six lignes ». • 1455 : procès contre Fust qui exige le remboursement de ses investissements. Gutenberg doit abandonner son atelier. • 1465 : Gutenberg est anobli par l’Archevêque de Mayence. • 1468 : mort de Gutenberg. *
Note d’intention de Jean-Pierre Milovanoff, librettiste
La Nuit de Gutenberg • Croisements • 17
« L’écriture, un rempart au fétichisme » Philippe Manoury revient sur la genèse de la création de « La Nuit de Gutenberg ». De l’époque sumérienne à l’Internet, il interroge l’histoire de l’écriture et son impact sur le monde. En un jour et une nuit. Place à la musique. Le personnage de Gutenberg m’a été proposé par Marc Clémeur, directeur général de l’Opéra national du Rhin, en référence à la ville de Strasbourg, où il a inventé l’imprimerie. Je n’avais surtout pas envie de créer un opéra historique retraçant la vie de Gutenberg. Sa vie n’offre d’ailleurs aucun intérêt particulier. S’il avait eu, comme Galilée, des procès avec l’Église, avec le clergé, cela aurait donné un peu de tension à l’histoire. Il a eu des procès, certes, mais sans implication au niveau du bouleversement qu’a représenté l’invention de sa machine dans notre civilisation. J’ai trouvé plus intéressant de mettre cet opéra en rapport avec une histoire beaucoup plus large qui est celle de l’écriture. Cela s’appelle La Nuit de Gutenberg, parce que cela se déroule en une nuit. L’histoire se passe à notre époque, mais comporte des flash-backs : par exemple, le prologue se situe à l’époque sumérienne ; puis on évoque des procès de Gutenberg datant du Moyen-Âge. Le personnage de Gutenberg est considéré comme l’inventeur de l’imprimerie, mais on sait aujourd’hui que le principe des caractères mobiles que l’on assemble pour faire des mots existait déjà en Corée et même en Chine. Est-ce par la route de la soie qu’il aurait eu vent de cette invention ? Je n’en sais rien. En tous cas, il est considéré comme l’inventeur du principe de la multiplication à une échelle incommensurable d’un même texte alors qu’avant, tout était à l’état de manuscrit. Cela a représenté un bouleversement considérable dans notre civilisation. Mais j’ai voulu « pousser le bouchon » beaucoup plus loin et aller jusqu’à l’Internet, qui est en fait le dernier avatar de l’invention de Gutenberg. C’est encore la multiplication, mais à un degré encore plus considérable, de la divulgation d’une image, d’un texte, d’un son, de tout ce qu’on veut, qu’on met à la disposition de tout le monde sur le réseau. Ce qui m’a intéressé alors, c’était de revenir à l’idée de l’invention de l’écriture dans l’histoire de l’humanité. Au départ, je voyais assez mal le personnage de Gutenberg revenir, comme par magie, au XXIe siècle à Strasbourg, se confronter à l’Internet et voir jusqu’où son invention avait conduit : je n’avais pas très envie d’entrer dans ce genre de fiction de type hollywoodien. Jean-Pierre Milovanoff, le librettiste, et moi, avons alors décidé que le personnage serait quelqu’un qui se prend pour Gutenberg : il parle de son histoire comme s’il l’avait vécue. Mais finalement on ne sait pas qui il est, si c’est un illuminé, ou un fou. Jean Bottéro, qui a étudié l’époque sumérienne, a constaté que les premières écritures connues (4 000 ans avant J-C) 18 • Croisements • La Nuit de Gutenberg
ont été conçues au départ pour des besoins comptables : compter les animaux, les céréales... On faisait des traits sur des tablettes d’argile. Mais progressivement l’écriture est devenue de plus en plus symbolique. Ce qui est important, c’est de voir comment l’écriture a permis d’ordonner et de développer les idées. Si on parle de l’écrit par rapport à l’oral, on se rend compte que l’écriture nous a permis de structurer notre pensée. S’il n’y avait pas eu l’écriture, il n’y aurait pas eu la philosophie telle qu’on la connaît. En musique, s’il n’y avait pas eu l’écriture, nous n’aurions eu ni l’harmonie ni la polyphonie, c’est évident : ce sont des formes de pensée et des conceptions qui ne peuvent exister sans le support de l’écrit. Au début de l’œuvre, je fais explicitement référence à Moïse et Aaron, l’opéra de Schoenberg, dans lequel Moïse revient avec les tables de la loi, écrits fondateurs de la morale et de l’éthique judéo-chrétienne. Il se retrouve confronté au peuple d’Israël, qui, laissé entre les mains de son frère Aaron, est revenu à un fétichisme total : il danse autour d’un veau d’or et se conduit de manière barbare. C’est la vieille opposition de la liberté et des lois, de la spontanéité et de la pensée, mais aussi la naissance de l’abstraction : comment représenter l’irreprésentable. L’écriture ici est un rempart contre le fétichisme : c’est ce que Moïse essaye de faire comprendre à Aaron dans l’opéra de Schoenberg. Au bout de cette histoire, quand on arrive à l’époque de l’Internet, on s’aperçoit d’une chose surprenante. L’écriture – car l’Internet est une forme d’écriture – renoue avec une certaine forme de fétichisme : je peux envoyer un texte, des photos, des images, des sons à quelqu’un qui peut les transformer, les modifier, les envoyer à son tour. Le contenu n’est plus gravé sur du solide mais sur du transitoire, du modifiable : il n’y a plus cette référence à quelque chose de fondateur et de fixé, au contraire, on se trouve sur un terrain sans cesse mouvant. Ce qui est le plus important n’est pas le contenu de la communication, mais le fait de communiquer, d’où la fameuse théorie de McLuhan. Le dernier avatar de l’écriture que représente l’Internet recrée une nouvelle forme de fétichisme, qui peut aller du jeu à l’obsession, alors que l’écriture avait été au départ le rempart contre cela. C’est comme un retour à la case départ. Et pour le montrer, mon opéra accomplit une boucle : à la fin, les scribes mésopotamiens interviennent comme des figures tutélaires qui ressurgissent comme par magie, et ce personnage qui se prend pour Gutenberg devient l’un d’entre eux. L’opéra retrouve la même musique et la même situation qu’au début, et ça s’arrête là, brusquement, comme si une autre histoire commençait. L’opéra s’arrête sur une phrase parlée qui ouvre
sur une question. Ce rapport qu’on trouve dès le début, on le retrouve à la fin, mais inversé, puisque l’écriture recrée son propre fétichisme. La boucle est bouclée.
Photo Pauline de Mitt
Il y a, dans cet opéra, deux autres idées que nous avons voulu représenter. La première évoque une conséquence de cet envahissement technologique qui nous entoure : la possibilité de contrôler, de surveiller et de pister les individus. Le but n’est pas de faire un constat amer sur la présence de la technologie dans nos vies. Étant un compositeur qui travaille depuis 30 ans dans la musique électronique, cela paraîtrait pour le moins incongru ! Mais nous avons voulu montrer qu’il y a toujours un prix à payer. Si un téléphone portable et un GPS me permettent de communiquer de n’importe où et de ne pas me perdre, je sais aussi qu’ils permettent à ceux qui le veulent de me suivre et de m’identifier partout où je suis. C’est ce qui arrive au personnage principal, qui n’a cependant ni téléphone ni GPS, mais qui mène une vie qui n’est plus conforme aux canons en vigueur. Il est un paria et, pour cette raison, est pourchassé. La seconde idée montre des enfants qui, eux, n’ont plus du tout les mêmes réflexes que nous, les adultes, nous entretenons avec ce monde. Leurs petits jouets électroniques deviennent des modes de communication même lorsqu’ils ne parlent pas la même langue. Qu’est-ce que cela deviendra ? Personne n’en sait rien à vrai dire et je me refuse de tirer un trait global sur une chose dont je ne connais absolument pas l’issue. La seule chose dont je sois sûr, c’est que toute invention peut apporter à la fois le meilleur et le pire. Je me tiens aussi loin des contempteurs de la technologie que de ses adorateurs et de ses fanatiques. Là où cet opéra sera très différent de ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est au niveau narratif. Je n’ai pas voulu une structure linéaire comme c’était le cas dans 60e parallèle, K... ou La Frontière. Au début, par exemple, la scène mésopotamienne, ce sont des poèmes comme une suite de lieder. Puis il y a des scènes dramatiques avec des personnages (Gutenberg, l’hôtesse et le personnage de Folia qui est entre le monde des livres et celui de l’Internet), une scène avec un film, une scène muette qui concerne les autodafés. J’ai dit à Yoshi Oida : « J’ai composé une musique d’orchestre, tu fais ce que tu veux avec. » On trouve aussi un petit chœur comme dans les opéras de Mozart : c’est un ensemble vocal de sept personnes qui vont jouer différents rôles pendant l’opéra. Une autre scène renvoie à la forme du madrigal : à un moment ces personnages représentent des livres, un peu comme dans Fahrenheit 451 de Bradbury. Chaque personnage va lire du Dante, du Rilke, du Rabelais, du Shakespeare, du Diderot… de grands moments de la littérature
mondiale, le tout dans un style plutôt madrigalesque. S’il y a bien une histoire qui avance, il n’y a pas de structure dramatique continue mais des tableaux de styles contrastés, un peu comme dans un film. Dans un opéra, les gens ne comprennent pas forcément ce qui se dit parce que la musique est toujours un écran à la compréhension du texte. Par contre, il faut qu’ils comprennent de quoi cela parle. Je pense que cette idée de l’écriture, de l’imprimerie et du monde qui est en train de naître avec l’Internet va transparaître même si on ne comprend pas chaque mot à la première écoute de l’œuvre. Pour la musique, ce qui m’intéressait était d’avoir des éléments très disparates qui puissent exprimer différents types de situations, tout en espérant créer quelque chose de cohérent. C’est un peu comme Ulysse de Joyce, qui se déroule en une journée, et dont chaque chapitre utilise un procédé narratif différent. C’est pour ça que j’ai voulu créer une musique, des musiques plutôt, de caractères différents, en utilisant aussi une grande part de la technologie de la musique électronique. Je travaille très souvent avec des technologies très avancées, en temps réel, avec lesquelles la voix se transforme. La musique aussi incarne profondément ce changement. Elle s’écrit à la fois sur des partitions, comme autrefois, mais aussi dans des programmes d’ordinateurs. Cela lui confère un statut différent. J’ai toujours remarqué que les musiciens ont un respect pour la partition écrite beaucoup plus grand que pour la part informatique. Lors des répétitions, un musicien en informatique peut modifier un paramètre dans un programme à n’importe quel moment pour adapter tel ou tel son. Mais remplacer une note par une autre dans une partition, à part le compositeur lui-même, personne ne songe à le faire. Entretien vidéo disponible sur le site Durand, l’éditeur du compositeur. Les écrits de Philippe Manoury sont disponibles sur son blog : www.philippemanoury.com La Nuit de Gutenberg • Croisements • 19
la quête du bonheur Rencontre avec Yoshi Oida. Disciple de Peter Brook depuis 1968, Yoshi Oida joue dans les grands spectacles brookiens avant de se lancer dans la mise en scène de théâtre et d’opéra. Dans « La Nuit de Gutenberg », il utilise et interroge les nouvelles technologies : ont-elles permis à l’homme de gagner en humanité ? Le monde est-il meilleur ?
20 • Croisements • La Nuit de Gutenberg
Mélanie Aron : Avez-vous travaillé en amont avec le librettiste et le compositeur ? Yoshi Oida : Le théâtre a proposé de composer un projet sur Gutenberg au compositeur Philippe Manoury. Celuici a choisi Jean-Pierre Milovanoff pour en écrire le livret et moi, pour en assurer la mise en scène. Au fur à mesure de l’écriture du livret, j’ai pu intervenir et faire quelques propositions. L’utilisation de la vidéo m’est apparue pendant ce travail et j’ai fait appel au décorateur Tom Schenk qui a réalisé de nombreuses vidéos. Philippe Manoury a alors composé sa musique sur le livret et les vidéos. La création d’un nouvel opéra est une démarche spéciale : il ne s’agit nullement d’imiter ce qui a déjà été fait mais de chercher, de construire une nouvelle forme. M. A. : Partagez-vous la vision du monde dépeinte dans « La Nuit de Gutenberg » ? Comment « penser » la technologie par rapport au monde et à son humanité ? Y. O. : Nous vivons aujourd’hui une période difficile. Dans le Mahâbhârata déjà, écrit il y a 2 500 ans, on parle de l’âge Kâli, une époque noire avec famine, sècheresse et crimes, un monde brisé, vidé. Il y a de fortes résonnances avec notre époque. Depuis rien n’a changé, l’homme est toujours aussi démuni face au monde, l’Humanité n’a pas avancé : les guerres, la sexualité débridée, le mal dominent. Une seule chose progresse : la technologie. Elle semble avancer d’une manière autonome, comme si elle était animée d’une vie qui lui est propre. Avons-nous une meilleure vie pour autant ? Notre quotidien est plus facile, certes. Nous profitons de
« Est-ce que le développement de la technologie a permis à l’homme de gagner en humanité ? C’est ce qu’on peut se poser comme question aujourd’hui... »
Maquettes des décors de Tom Schenk
cette technologie, de ses progrès, mais en subissons aussi ses méfaits. L’actualité n’a de cesse de nous montrer les dérives de ce développement : l’énergie nucléaire, les bouleversements climatiques, la surconsommation, la pollution. Est-ce que le développement de la technologie a permis à l’homme de gagner en humanité ? C’est ce qu’on peut se poser comme question aujourd’hui... M. A. : L’avancée technologique est au cœur du sujet : comment mettre en scène un tel propos ? Y. O. : Autrefois, l’art était considéré comme un simple travail technique : « l’artiste » était un artisan. J’ai travaillé ma mise en scène comme un simple artisan utilisant les techniques modernes : vidéo, micros, caméras, musique électronique, etc. J’avais envie de suivre le sujet de l’opéra et d’ajouter les progrès techniques sur scène avec ses bons et mauvais côtés. Mettre en scène c’est faire le même travail qu’un cuisinier. On utilise différents ingrédients pour réaliser un bon plat. Des légumes, de la viande, des épices : le goût qui en résulte relève de la magie. Dans le spectacle c’est la même chose. Nos ingrédients sont la musique, les textes, le visuel et les émotions des chanteurs qui vont faire la magie du spectacle, en une réaction chimique. Quelle réaction chimique les technologies modernes vont-elles faire vivre à ce spectacle ? Espérons qu’apparaisse le bonheur...
La Nuit de Gutenberg • Croisements • 21
Récital Soile Isokoski
Opéra Strasbourg me 28 septembre 20 h
soprano
Marita Viitasalo piano
Soile Isokoski Lumière du Nord
Une œuvre rare, par deux artistes exceptionnelles et en totale osmose.
Paul Hindemith (1895-1963) Das Marienleben (La Vie de Marie) Version de 1948
22 • Croisements • Récital
Soile Isokoski – son prénom signifie en finnois « la lumière du Nord » – effectue ses études à l’Académie Sibelius d’Helsinki, puis débute à l’Opéra d’Helsinki en Mimi de La Bohème. Elle a su se bâtir, en peu d’années, une carrière qui l’amène sur toutes les grandes scènes d’Europe, dans le répertoire mozartien qui lui tient à cœur : Fiordiligi, Pamina, Donna Elvira ou la Comtesse des Nozze di Figaro avec lesquelles elle s’impose à Londres, New York, Vienne ou Milan et auxquelles vont succéder les opéras de Verdi, Desdemona d’Otello, Falstaff, Simon Boccanegra. Mais son répertoire s’élargit et s’enrichit des rôles de Liù (Turandot), Micaela (Carmen), Agathe (Der Freischütz), Rachel (La Juive), la Maréchale (Der Rosenkavalier), puis du même Richard Strauss Capriccio, Ariadne auf Naxos et Daphne et Wagner avec Elsa de Lohengrin. Passionnée de poésie, Soile Isokoski donne régulièrement des récitals avec la pianiste Marita Viitasalo, alternant les langues, les compositeurs et les climats. Ensemble, elles ont enregistré des lieder de compositeurs scandinaves, ainsi que de Schubert et Schumann, Strauss, Wolf, Mozart et... Hindemith à qui elles consacreront ce récital de la saison de l’Opéra national du Rhin. Il existe deux versions du cycle Das Marienleben (La Vie de Marie), composé par Hindemith sur des poèmes de Rainer Maria Rilke. La première date de 1923, mais Hindemith, la jugeant comme « une collection décousue de lieder », la reprit en 1948. C’est cette dernière version que Soile Isokoski enregistre en 2009 (Ondine) et qu’elle interprétera à l’OnR. Timothée Picard dans Classica (déc. 2009) écrit : « La voix de la soprano Soile Isokoski, d’une pureté radieuse, fragile mais capable de vaillance, sensible aux nuances de la partition sinon aux poèmes de Rilke, enlumine magnifiquement ce vitrail dépouillé, sans cependant rien fausser de son esprit. Marita Viitasalo fait preuve d’une même rigueur et probité, mais aussi d’une délicatesse et sensibilité bienvenues. Ce répertoire mérite d’être défendu, et cette réalisation le fait fort bien. » Hindemith écrivit à propos de Marienleben qu’il percevait « un idéal de musique noble et parfaite qui devait élever ses auditeurs aussi loin que possible du rôle plutôt humiliant de consommateur de simple musique, jusqu’à devenir un participant, partageant ses sentiments et les comprenant. » Ce récital sera l’occasion pour le public alsacien de découvrir l’interprétation d’une œuvre rare, par deux artistes exceptionnelles et en totale osmose. M. H.
Illustration Laurie Agusti et Jérôme Dubois
jeune public Un jeune meunier désemparé, un chat plein de malice, un ogre menaçant et une princesse à marier : voici révélée l’équation idéale pour susciter la curiosité des plus jeunes et les initier à l’art lyrique. Après deux saisons passées au pays des Mille et Une Nuits, c’est l’univers des contes de Charles Perrault que nous mettons à l’honneur cette saison, avec Le Chat botté, un opéra pour enfants du compositeur russe César Cui. Jean-Philippe Delavault et son équipe nous feront voyager entre humour et tradition, s’inspirant pour les décors et costumes des gravures réalisées en 1867 par le maître alsacien Gustave Doré. Sur scène et dans la fosse, une distribution pleine de fraîcheur : les chanteurs de l’Opéra Studio, de la Maîtrise de l’OnR et l’Ensemble orchestral du Conservatoire de Strasbourg. Un trio auquel les jeunes spectateurs s’identifieront à n’en pas douter ! Complicité également côté danse : le ballet jeune public Mathis le danseur, imaginé par le fidèle duo Bertrand d’At Christelle Reboulet, est de retour (Rêves 8). Suivez le guide, Mathis vous entraîne dans les coulisses d’un métier hors du commun et vous en dévoile quelques secrets. Une saison riche en surprises, à vivre et à apprécier en famille ! F.K.
Artistes d’un jour La saison jeune public, ce sont aussi les traditionnels mercredis-découverte. Trois moments pour se mettre dans la peau d’un chanteur ou d’un danseur et partager son quotidien.
Le Chat botté
L’album inspiré de l’opéra. À découvrir absolument ! Un jeune meunier se lamente d’avoir hérité en tout et pour tout d’un simple matou. Mais l’animal a plus d’un tour dans son sac et de l’esprit pour deux. Loin de finir en ragoût, il va user de ruse et de malice pour conduire son maître vers tout le bonheur du monde. Texte : Finzo Illustrations : Laurie Agusti et Jérôme Dubois Dès 6 ans - 5 € Parution : septembre 2011 Points de vente sur www.operanationaldurhin.eu
L’Opéra en famille ! Et si les enfants invitaient leurs parents à l’Opéra, et vice versa ? C’est possible, grâce à la formule d’abonnement « Opéra-famille ». Au programme, les opéras La Bohème et Le Chat botté et les ballets Coppélia et Rêves 8. Jusqu’au 25 août 2011. À partir de 148 € les 4 spectacles pour un parent et un enfant de moins de 12 ans.
Sur réservation, à Strasbourg, Colmar et Mulhouse, les 14, 21 mars et 18 avril 2012. Tarif : 5.50 € / Infos : jeunes@onr.fr
Jeune public • Croisements • 23
d’une saison à l’autre… Le travail est loin d’être terminé pour nos chanteurs de l’Opéra Studio, nous en retrouverons certains au mois de juin dans « Hamlet » et ils clôtureront la saison à Strasbourg avec « Don Pasquale », en juillet. En parallèle, 2011-2012 s’annonce riche en événements avec deux nouvelles productions, des arrivées et des départs. Vincent Monteil, directeur musical, nous en parle…
C. B.-S. : Quels sont les points forts pour 2011-2012 ? V. M. : Deux nouvelles productions, un opéra pour enfants, Le Chat botté de César Cui, avec les petits chanteurs de la Maîtrise de l’OnR et les musiciens du Conservatoire, et une farce musicale, L’Occasione fa il ladro de Gioacchino Rossini avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Et bien entendu une série de concerts apéritifs très éclectiques. Il y aura aussi des départs, ceux de Eve-Maud Hubeaux, Jean-Gabriel Saint-Martin et Philip Richardson. C. B.-S. : Rappelez-nous, combien de temps les chanteurs passent-ils à l’Opéra Studio ? V. M. : Ils restent deux ans mais peuvent partir au bout d’un an s’ils ont d’autres engagements. Eve-Maud Hubeaux et Jean-Gabriel Saint-Martin sont restés deux ans mais vous aurez peut-être l’occasion de les revoir dans les productions de l’OnR au cours des saisons à venir. Car l’Opéra Studio, outre les chanteurs actuels, continue également sa mission d’insertion pour les chanteurs des anciennes promotions. Ainsi vous retrouverez la saison prochaine, entre autres, Agnieszka Slawinska dans La Bohème, Eve-Maud Hubeaux dans La Nuit de Gutenberg, Enrico 24 • Croisements • L’Opéra Studio
Casari dans Kat’a Kabanova, Patrick Bolleire dans Les Huguenots et Sophie Angebault dans Der Rosenkavalier. C. B.-S. : Deux nouveaux chanteurs viennent d’être sélectionnés. Combien avez-vous eu de candidatures ? V. M. : Nous avons eu 78 candidatures du monde entier (États-Unis, Japon, Corée, Mexique et toute l’Europe) pour seulement deux postes. Nous en avons retenu 23 pour finalement choisir Marie Cubaynes, mezzo-soprano française originaire de Toulouse, qui s’est déjà produite dans plusieurs productions en Europe et au Japon, et Rudi Fernández, baryton péruvien qui a fait ses études musicales supérieures au CNSM de Paris. Nous venons également de trouver notre nouvelle pianiste, Suwon Kim, Sud-Coréenne, qui a fait ses études à l’Académie de La Scala. De nouveaux jeunes talents à découvrir !
Ils quittent l’Opéra Studio à la fin de la saison 2010-2011 Eve-Maud Hubeaux, Mezzo-soprano Au mois d’août, elle sera au festival de Bayreuth, en tant que stagiaire, grâce à la bourse du Cercle Richard Wagner d’Alsace, mais vous la retrouverez à l’OnR dans le rôle de Folia dans La Nuit de Gutenberg. En 2011-2012, elle chantera également Marcelina dans Le Nozze di Figaro à l’Opéra d’Avignon et de Massy, die Dritte Dienerin dans Elektra à Montpellier et participera au Festival d’Aix-en-Provence. Jean-Gabriel Saint-Martin, Baryton Il chantera, entre autres, le rôle de Lesbo dans Agrippina de Haendel avec le concert d’Astrée à Dijon et à Lille et vient d’être nommé « Révélation classique 2011 » par l’ADAMI. Philip Richardson, pianiste chef de chant stagiaire Il part pour l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris.
(Eve-Maud Hubeaux et Jean-Gabriel Saint-Martin)
Christine Bernard-Schmerber : Pouvez-vous d’ores et déjà nous dresser un petit bilan de la saison quasi-écoulée ? Vincent Monteil : Le point fort de la saison est très certainement notre opéra pour enfants Ali Baba avec 28 représentations publiques, dont 8 données à l’Athénée. C’est intéressant de pouvoir tourner avec une production et c’est aussi une vitrine à Paris pour nos jeunes chanteurs. D’autre part, la rencontre entre les petits chanteurs de la Maîtrise, les musiciens du Conservatoire et les chanteurs de l’Opéra Studio a créé une véritable émulation et c’est là aussi un point intéressant de nos productions jeune public.
Photos Alain Kaiser
Philip Richardson
Jean-Gabriel Saint-Martin
Eve-Maud Hubeaux
Suwon Kim
Rudi Fernández
Marie Cubaynes
L’Opéra studio
La maîtrise de l’onr
Océane Massé : Qu’est-ce qui a marqué la saison 2010-2011 ? Philippe Utard : Je dirais le travail vocal individuel, l’aisance scénique et le travail autour du corps. Les jeunes doivent chanter en se déplaçant. La saison prochaine, nous continuons dans cette direction. La formation doit les rendre autonomes, ils prennent des initiatives, sans s’appuyer uniquement sur leur voisin. Chacun devient un moteur pour le chœur et développe aussi sa capacité à devenir soliste. Une nouveauté aussi : un partenariat avec le CIC Est permet de financer pour certains petits chanteurs des cours de chant dispensés par des professionnels extérieurs à l’équipe de la Maîtrise. O. M. : En 2011-2012, dans quels opéras peut-on retrouver la Maîtrise ? P. U. : Elle est présente dans quatre productions de la saison 2011-2012. Der Rosenkavalier de Richard Strauss et La Bohème de Giacomo Puccini font intervenir notamment des enfants solistes. Le Chat botté de César Cui, spectacle jeune public, accueille la pré-maîtrise sur scène. La Maîtrise aura quant à elle l’occasion unique de se retrouver au cœur d’une création mondiale : La Nuit de Gutenberg de Philippe Manoury. Pouvoir jouer dans l’œuvre d’un compositeur vivant, pouvoir échanger avec lui est une expérience rare et enrichissante.
O. M. : La Maîtrise mène aussi ses propres projets. Quel est le programme pour la saison ? P. U. : Tout d’abord, les enfants chantent Noëls d’antan, qui retrace les différentes manières de célébrer cette fête dans le bassin rhénan. Après, nous jouons De Paris à Broadway, créé en 2010-2011, en région parisienne. Ensuite, nous présentons le spectacle Renaissance italienne avec des airs de Monteverdi et Palestrina, entre autres. Puis, la production Wolfgang, Gabriel, Charles, Leonard et les autres... met en avant le travail scénique ainsi que les multiples facettes des chœurs d’enfants : chant classique, comédie musicale, petits chœurs. Enfin, nous organisons l’atelier « Petit chanteur d’un jour ». Le public y découvre la vie des élèves à la Maîtrise. L’occasion peut-être de donner envie à certains de commencer le chant ! O. M. : Quel sont les critères de recrutement de la Maîtrise et le profil des enfants qui y sont admis ? P. U. : Les enfants qui entrent à la Maîtrise aiment bien chanter, mais ne doivent pas savoir lire obligatoirement la musique. Ils s’adressent à la Maîtrise pour son sérieux. Ce n’est qu’après qu’ils sont pris par « la machine ». Le recrutement a lieu en mai-juin. Il est cependant possible de prendre contact avec nous tout au long de l’année pour avoir un aperçu de la formation proposée. L’apprentissage à la Maîtrise est très exigeant et demande un grand investissement personnel. C’est aussi pour cela qu’un entretien a lieu avec les parents. La Maîtrise accueille quatre-vingt jeunes chanteurs âgés de 7 à 18 ans qui viennent du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et même d’Allemagne. Ils sont répartis dans quatre chœurs : la pré-maîtrise, le chœur enfant, le chœur ado, le chœur homme. La formation à la Maîtrise est à la fois musicale et humaine et ce, tout au long de leur apprentissage. L’expérience qu’ils acquièrent au contact de l’Opéra et des autres projets leur permet en quelque sorte de se transcender.
AUDITIONS 2011-2012 :
MERCREDI 22 ET SAMEDI 25 JUIN 2011 Contact : Régie des chœurs +33 (0)3 88 75 48 30 maitrise@onr.fr Plus d’infos sur www.operanationaldurhin.eu La Maîtrise • Croisements • 25
Photo Alain Kaiser
Philippe Utard, directeur musical et artistique de la Maîtrise de l’OnR, met son savoir à la disposition des élèves avec passion et conviction. Il nous parle de la Maîtrise et des projets des petits chanteurs.
fidelio
vous ouvre les portes de l’opéra
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Un dîner pour l’enfance Saison 2 La deuxième édition des dîners sur scène organisés les 14 et 15 avril 2011 a cette saison encore rencontré un immense succès. Plus de 450 personnes, entreprises et particuliers, ont assisté à cette manifestation unique en France à ce jour. Les fonds récoltés seront entièrement consacrés aux programmes d’action culturelle et pédagogique développés par l’Opéra national du Rhin et Fidelio au profit de l’enfance. L’Opéra national du Rhin réitère l’événement la saison prochaine les 19 et 20 avril 2012 à 19 h 30 à l’Opéra à Strasbourg. Détails sur www.operanationaldurhin.eu Réservations possibles dès maintenant, dans la limite des places disponibles.
Photos OnR
Fidelio développe ses activités de mécénat grâce au soutien de membres entreprises et particuliers. L’association supporte l’OnR dans sa démarche de création et d’ouverture artistique, ses programmes originaux d’action culturelle, sociale et pédagogique.
l’action culturelle
De nouveaux partenaires, de nouvelles idées L’Opéra, « ce n’est pas pour moi », « comment faut-il y être habillé ? », « c’est pour Sissi », « j’y connais rien », « j’y suis jamais allé », « faut être “calé” en musique pour comprendre »… Quand on sait que le lieu et les genres opéra et ballet suscitent des réticences, en dédramatiser l’accès est primordial. À l’instar des projets pédagogiques de sensibilisation, ceux menés dans le cadre de l’action sociale proposent un accompagnement adapté ayant pour objectif la venue au spectacle. Pour cela, des échanges permettent aux futurs nouveaux venus de s’acclimater au chant lyrique ou au ballet, mais aussi de désamorcer les préjugés. Un premier pas à une répétition par exemple, assortie parfois d’une rencontre avec un artiste, amène à lever le voile sur les préparatifs de la production.
Des passerelles se créent
Photo OnR
Des personnes âgées rencontrent des enfants dans le cadre de nos spectacles, avec l’Espace Bel âge de Colmar, la Maison du temps libre à Mulhouse ou la Maison de retraite Sainte Agnès à Strasbourg notamment. Des élèves emmènent leurs parents voir des productions autour desquelles ils ont bâti un projet de découverte, c’est le cas pour le grand projet inter-quartiers MeinauNeuhof, à Mulhouse avec le quartier des Coteaux ou à Colmar avec le Collège Pfeffel. Des gens du voyage assistent lors de leur séjour dans nos villes à des opéras ou des ballets avec des sédentaires par le biais de l’association ARPOMT (association pour une recherche pédagogique ouverte en milieu tzigane). Des adolescents rencontrent nos équipes en vue de l’organisation de stages à caractère professionnel avec la Protection judiciaire de la
jeunesse. Ils assistent à des répétitions afin de mesurer les enjeux des métiers de la Maison.
Des rapprochements à géométrie variable Des handicapés participent à des ateliers (danse, chant) comme l’hôpital de l’Elsau, des enfants malvoyants ou malentendants visitent la scène de l’Opéra et foulent les planches du spectacle qu’ils vont « voir ». Des dispositifs particuliers sont aussi mis en place avec ceux qui sont parfois en marge de notre société, grâce à des structures comme les centres de soin ou l’association Ithaque. Depuis trois saisons déjà, le projet initié avec le service d’Oncohématologie pédiatrique de l’hôpital de Strasbourg-Hautepierre, avec le soutien de Réseau GDS, permet à des enfants et des adolescents d’assister à un récital de l’Opéra Studio à l’Hôpital et de venir au spectacle plusieurs fois par saison. De même, avec l’association haut-rhinoise Sourire ensemble, ils viennent voir le programme de danse Empty Spaces et l’opéra Ali Baba ou les Quarante Voleurs, rencontrent des danseurs du Ballet ou des chanteurs de l’Opéra Studio. Le centre hospitalier de Rouffach accueille le danseur responsable des activités pédagogiques pour un atelier hors du commun avec des personnes autistes.
Des relais importants Un fort partenariat existe depuis quelques saisons déjà avec l’Association Tôt ou t’Art, qui fédère de nombreuses structures d’entraide et permet de créer des liens entre elles. La signature de la charte d’accueil des publics en insertion dans les lieux culturels du Bas-Rhin qu’elle a initiée, point d’orgue d’une réflexion entre les partenaires culturels et sociaux affiliés à l’association, aura d’ailleurs lieu à l’Opéra à Strasbourg à la rentrée. L’occasion d’inventer de nouveaux projets avec les associations avec lesquelles nous ne travaillons pas encore. H.P.
L’action culturelle • Croisements • 27
émotions d’opéra Découvrir les coulisses d’un théâtre à l’italienne est chose rare. Dans notre brochure de saison, nous avons choisi de révéler son côté « pile ». À travers l’objectif de deux jeunes photographes, Élodie Heitz et Anne Perret, c’est l’âme d’un lieu d’exception qui prend vie. Un lieu qui a donné naissance à de somptueuses productions depuis près de 200 ans, mais qui est avant tout l’outil de travail d’hommes et de femmes qui chaque jour y œuvrent. Un lieu auquel on s’attache et dans lequel on se sent bien, où on éprouve toutes sortes d’émotions, de la tristesse à la joie. Grâce à la poésie et à la force de ces clichés, le théâtre acquiert une dimension familière. Une invitation à le regarder d’une manière nouvelle...
Photos Élodie Heitz et Anne Perret
Élodie Heitz et Anne Perret sont issues d’une formation en Arts du spectacle à l’Université de Strasbourg. Elles portent un grand intérêt à toutes les formes artistiques, et particulièrement à l’image et à l’art photographique. Ces prises de vue ont été réalisées dans le cadre d’un projet de fin d’études, en partenariat avec l’OnR.
28 • Croisements • émotions d’Opéra
ABONNEMENTs J’Y COURS !
Choisir un abonnement à l’Opéra national du Rhin, c’est être sûr de profiter de nombreux avantages. Pour la saison 2011-2012, nous proposons plus de 30 formules d’abonnement à travers les 3 villes. De l’abonnement le plus complet à un autre plus libre en passant par celui qui vous transporte jusqu’aux marches des théâtres, nous avons pensé à vous. Finie l’angoisse de ne plus trouver de places, faites-nous confiance, laissez-vous guider, nous vous prenons en charge en vous garantissant un parcours éclectique au fil de notre saison. Avantage tarifaire, paiement échelonné en 4 fois, 10 % de réduction pour les spectacles en option, possibilité de modifier la date de la représentation, informations en avant première… n’attendez plus ! N.H.
Courez-y, Abonnez-vous ! Strasbourg : du 6 mai au 25 août inclus Mulhouse : du 6 mai au 27 août inclus Colmar : du 9 mai au 2 septembre
Photo www.benoitpelletier-diabolus.fr
www.operanationaldurhin.eu
Abonnez-vous ! • Croisements • 29
Photo Alain Kaiser
ali baba à paris Après 19 représentations en Alsace et un succès considérable, c’est à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, à Paris, que s’est achevée l’aventure d’Ali Baba ou les Quarante Voleurs. Le public et la presse en sortent ravis, la jeune distribution grandie, des souvenirs et des anecdotes inoubliables plein la tête. Retour en images sur cette expérience humaine hors du commun.
Photos Clémence Hérout
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1 & 2 : Les jeunes chanteurs de la Maîtrise découvrent les lieux. Suivez les flèches ! 3 & 4 : Coiffeuses et maquilleuses s’affairent. La métamorphose des chanteurs a commencé... à chaque voleur sa moustache ! 5 : Des musiciens chanceux : leurs instruments sont arrivés à bon port ! Merci à Clémence Hérout pour ses photos. Retrouvez-la sur son blog : http://blog.athenee-theatre.com+ 30 • Croisements • Ali Baba à Paris
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Jeune musicien cherche contrebasse... Mardi 26 avril 2011 - 18 h 30 30 minutes avant la générale à l’Athénée
La presse en parle...
Si tout est prêt et personne ne manque à l’appel, Pascal, le jeune contrebassiste, s’inquiète de ne pas trouver son instrument. Et pour cause, il est resté à Strasbourg ! Le compte à rebours avant la répétition a commencé. Patrice Martinet, directeur de l’Athénée, et Bertrand Rossi, directeur de production à l’OnR, prennent immédiatement les choses en mains : trouver une contrebasse à proximité du théâtre car un tel instrument n’entre évidemment pas dans un taxi, cela serait trop facile ! Quelques minutes plus tard, les voici de retour, leur mission accomplie. La générale peut commencer. Merci au luthier de la rue de Constantinople qui a bien voulu les dépanner !
Photo Clémence Hérout
RENCONTRE AVEC...
Vous aimez l’opéra. Comment êtes-vous tombée dedans ? Nous étions tout un groupe à nous rendre à l’Opéra par le biais du prêtre de notre paroisse, le père Adrian. Depuis j’ai toujours conservé mon abonnement. En plus de trente années, je n’ai jamais loupé un spectacle même en cas de neige comme cela avait été le cas la saison dernière lors des représentations de Così fan tutte à La Filature. Ceci aussi grâce à mes amies, abonnées également, et qui passent me chercher quoiqu’il arrive.
« On passe un bon moment grâce à la qualité du spectacle. […] La production est charmante : le décor unique, les costumes et les accessoires créent un univers exotique et atemporel. » Classiqueinfo.com
Hermine Ferrand
Quel est votre plus beau souvenir d’opéra ? J’en ai vu tellement ! En règle générale, je suis ouverte à tout. Il y a évidemment des mises en scène qui me plaisent plus que d’autres, mais il y a toujours quelque chose à retirer d’un spectacle. Ce qui me plaît avant tout, c’est de vivre avec le spectacle et de m’endormir avec ces souvenirs.
« Il y a du mystère […]. Il y a de l’humour […]. Il y a de la belle musique […]. […] Il ne faudrait pas que cette adaptation d’Ali Baba tombe dans le même oubli que l’œuvre originale, car elle est réellement plaisante pour tous les publics. » Jean-Christophe Le Toquin « Une belle surprise vient des Petits Chanteurs de la Maîtrise de l’OnR qui offrent des chœurs et des chants maîtrisés, frais, et rendent les quarante voleurs sympathiques. » Rachelle Dhéry « L’Opéra Studio de l’OnR, avec l’aide de l’arrangeur et compositeur Pierre Thilloy, a savamment revu et corrigé l’ouvrage, pour en proposer une version deux fois plus courte et fort efficace, avec l’Ensemble orchestral du Conservatoire de Strasbourg. » Thierry Hilleriteau « Cette production apparait comme une belle opportunité de franchir pour la première fois les portes d’une maison d’opéra en compagnie de jeunes enfants. » Jean Luka
Anne Stumpf, 99 ans, abonnée à l’OnR. Mulhousienne depuis 1950 et abonnée à l’Opéra depuis plus de trente ans, elle fêtera ses 100 ans le 9 août prochain.
Vous êtes abonnée Tout l’Opéra, n’avez-vous jamais pensé à changer pour le dimanche après-midi ou tout simplement à ne plus renouveler votre abonnement ? Non, j’ai toujours été abonnée en soirée, mes amies me cherchent et me déposent devant chez moi, que demander de plus… Sortir à l’opéra évoque pour moi une soirée pour laquelle on se prépare et on s’habille spécialement et également une soirée où l’on ne se couche pas tôt. Vous repartez avec de belles images et de beaux airs en tête jusqu’à la représentation suivante. Propos recueillis par Christine Bernard-Schmerber
Croisements • 31
retour sur image L’Affaire Makropoulos côté coulisse Fabuleux voyage à travers les siècles, la mise en scène de Robert Carsen célèbre l’univers du théâtre. Photographies de Felipe Sanguinetti
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1 : Robert Carsen règle les derniers détails de l’élégante tenue 1920 d’Emilia Marty. 2 : Fidèle ami du metteur en scène, le décorateur Radu Boruzescu peaufine lui aussi les derniers détails de son décor.
Silence… On joue !
Au centre : magistral prélude, la diva traverse trois siècles de vie, de la Tosca à la Maréchale, en passant par la Traviata… et se fait acclamer par un public virtuel.
L’Affaire Makropoulos • Croisements • 33
Photo Alain Kaiser
La presse en parle... L’affaire makropoulos « Marc Clémeur sait comment attirer le public Allemand […]. Cette Affaire Makropoulos est une vivisection fulminante de Janáček et un hommage plein d’amour à l’opéra. » Manuel Brug « Robert Carsen réussit le petit miracle de rendre d’emblée lisible cette œuvre complexe […]. L’intelligence de la scénographie alliée à l’esthétisme des décors, à la beauté des lumières et des costumes, est bouleversante. » Marie-Aude Roux « Le portrait dressé par Carsen oscille, avec beaucoup de justesse, entre la fascination que l’immortelle peut inspirer et le pathétique de ce personnage qui cherche dans l’alcool l’oubli de la vanité de cette vie privée de sens, parce que privée de terme. » Nicolas Blanmont « Robert Carsen réalise une production d’une immense qualité esthétique et intellectuelle […]. » Christian Merlin « Comme toujours dans les mises en scène de Carsen, l’histoire est intelligemment remise en question tout en étant racontée à l’aide de grandes images opulentes. » Giessener Allgemeine Zeitung, Joachim Lang « Avec une foi inébranlable dans le pouvoir de ses images, Robert Carsten affirme l’immortalité du théâtre, dont la protagoniste la plus applaudie est Emilia Marty, sous des apparences toujours nouvelles. » Nikolaus Schmidt « Radu et Miruna Boruzescu ont créé des décors et des costumes d’une remarquable beauté, inspirés de l’entre-deux guerres. » Thomas Rothkegel « Comme il l’a déjà fait dans Jenůfa, le metteur en scène Robert Carsen se révèle un maître de la direction d’acteurs. Toute la mise en scène est taillée sur mesure pour Emilia Marty, à laquelle Cheryl Barker prête une remarquable présence vocale et scénique. » Georg Rudiger « Cheryl Barker, dont l’interprétation brillante peut rivaliser avec succès avec celles de ses collègues comme Anja Silja ou Elisabeth Söderström, conquiert la scène avant même de chanter sa première note. […] Une idée séduisante voulant qu’ici, ce ne soit
34 • Croisements • La presse en parle
pas seulement une femme individuelle mais une forme artistique tout entière qui suscite des siècles d’applaudissements et de passion frénétique. » Dirk Schümer « C’est également la réussite de Friedemann Layer qui, après Jenůfa, dirige pour la deuxième fois Janáček à l’Opéra du Rhin. L’Orchestre symphonique de Mulhouse vient remarquablement à bout de cette partition riche en tempi et laisse également s’épanouir le mélo slave si grisant. » Dagmar Gilcher « Robert Carsen agit avec élégance et respect. » Philippe Venturini « Éclairage magique, scénographie brillante, intelligence constante de la réalisation. […] Bravo à la Krista d’Angélique Noldus, lumineuse, fine, mais aussi plus trouble qu’à l’habitude […]. » Jean-Charles Hoffelé « En tête de la distribution brille Cheryl Barker, excellente spécialiste du rôle. » Laurent Barthel « Les décors et les costumes du couple Radu et Miruna Boruzescu conjuguent l’élégance avec l’efficacité. […] Friedemann Layer réussit à insuffler à l’Orchestre symphonique de Mulhouse un niveau plus que respectable. » Caroline Alexander « Rarement on a été aussi bouleversé en quittant la salle de l’OnR. […] Ce qui captive le spectateur jusqu’à la note finale, c’est l’alchimie réalisée entre l’Orchestre symphonique de Mulhouse, tout bonnement remarquable, et l’atmosphère créée par Robert Carsen, qui signe là une mise en scène à la fois flamboyante et rassurante […]. » Anne Suply « Le public fait un triomphe mérité à la production et ovationne tout particulièrement Cheryl Barker et Robert Carsen, qui a mis son immense talent au service de l’œuvre. Un spectacle inoubliable ! » Elisabeth Bouillon « Robert Carsen ménage des moments d’une suffocante beauté, d’une intelligence rare ou d’une prenante émotion […]. » Michel Thomé
« Un plateau, chœur compris, sans la moindre faille. » Christian Fruchart « Mise en abyme vertigineuse […]. Superbe actrice, Cheryl Barker. » Medhi Mahdavi « Carsen a l’immense mérite de la cohérence, rendant lisibles tous les aspects d’un ouvrage d’une extrême difficulté. La production n’élude aucun des aspects d’un personnage à la fois victime et bourreau. » Monique Barichella « La scène finale, climax authentiquement génial d’un ouvrage factice tout le reste du temps, nous saisit dans sa nudité, et la simplicité et la vraie intensité scénique du même coup revenues. » André Tubeuf « L’OnR a eu la brillante idée de commander un cycle Janáček à Robert Carsen qui, non seulement a beaucoup de talent, mais est l’un des rares metteurs en scène qui réellement se préoccupe de raconter une histoire sans prétendre être plus original que son voisin. » Francisco Cabrera « L’Orchestre symphonique de Mulhouse, mené par un Friedemann Layer attentif à l’équilibre fosse-plateau, fait face avec vaillance à une partition protéiforme, dynamique et grinçante. » E. & J. Presqué « Une excellente distribution. » Colette Kaufmann « Triomphe d’un Carsen inspiré, certes, mais aussi d’un chef sans faille en une partition difficile entre toutes, Friedemann Layer triomphe enfin pour l’australienne Cheryl Barker. » Mouvement Janáček Marcel Marnat « Le metteur en scène excelle dans la direction d’acteurs. » Jean Lucas
Le Chat botté, un livre illustré inspiré de l’opéra pour enfants éponyme ! Texte : Finzo Illustrations : Laurie Agusti et Jérôme Dubois éditions de l’OnR
Illustration Laurie Agusti et Jérôme Dubois
Dès 6 ans - 5 € Parution : septembre 2011 Points de vente sur www.operanationaldurhin.eu
Überall wo Menschen sind.
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12, rue de la MĂŠsange - Strasbourg - 03 88 21 80 00