Don Quichotte

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dossier pédagogique saison 2012-2013 Rui

Don

Lopes Graça Marius

Petipa

Quichotte ou l’illusion perdue

création

En deux mots Pour ce spectacle, Rui Lopes Graça, chorégraphe du XXIe siècle, revisite la chorégraphie de Marius Petipa pour le Ballet de l’OnR. De même, la musique XIXe siècle de Minkus est agrémentée de musique du XVIIe siècle, qui vit la naissance de Don Quichotte, avant de voir la mort de Cervantès, son génial créateur. De rebondissements en rebonds, la saga du chevalier devenue ballet n’a pas dit son dernier saut.

Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo Nis & For


D Direction musicale Myron Romanul Chorégraphie Rui Lopes Graça Marius Petipa*

Musique Léon Minkus, musiques du XVIIe siècle à aujourd’hui

Mise en répétition Claude Agrafeil et Didier Merle

Vidéo** André Godinho avec la participation de Sarah Hochster, Jean-Philippe Rivière et Baptiste Gahon (danseurs du BOnR) et Jérôme Duvauchelle (directeur technique du BOnR)

décors et costumes Bruno de Lavenère

Ballet de l’OnR

lumières Daniel Worm d’Assumpção

Orchestre philharmonique de Strasbourg

Collaborateur artistique Egon Madsen

Chorégraphie du Fandango : Deanna Blacher, d’après Marius Petipa  La vidéo présentée dans Don Quichotte ou l’illusion perdue a été réalisée en partenariat avec les Salins du Midi.

* **

Strasbourg

Colmar

mulhouse

ma 8 janvier 20 h me 9 janvier 20 h ve 11 janvier 14 h 30 * et 20 h sa 12 janvier 20 h di 13 janvier 15 h

sa 2 février 20 h di 3 février 15 h

sa 9 février 20 h di 10 février 15 h ma 12 février 14 h 30 * et 20 h

Opéra

Théâtre

la filature

Danse à l’université Strasbourg Université de Strasbourg Le Portique lu 3 décembre 18 h 30 entrée libre

Durée approximative : 1 h 10 Conseillé à partir de 8 ans : élémentaire, collège et lycée * Représentations réservées aux groupes scolaires : réservations département jeune public Représentations scolaires : spectacle présenté avec des musiques enregistrées

Mulhouse Université de Haute-Alsace Gymnase universitaire je 24 janvier 19 h entrée libre


Don Quichotte La version de Saint-Petersbourg (Petipa) Prologue Don Quichotte voit apparaître en songe la dame de ses pensées. Il revêt son armure de chevalier et se met en route pour la rencontrer, entraînant Sancho Panza qu’il vient de sauver des griffes des commères le poursuivant à coups de balai. Acte I Don Quichotte et Sancho rencontrent une troupe de théâtre ambulant : les comédiens jouant des gitans qui ont enlevé une princesse sont violemment pris à partie par le Chevalier. L’acteur incarnant le roi invite alors Don Quichotte – suspecté de folie – à regarder, pour se calmer, le spectacle de marionnettes : mais, là encore, croyant reconnaître sa Dulcinée malmenée par les poupées, le Chevalier se rue sur le castelet et le brise en mille morceaux. Il prend ensuite les moulins à vents pour des géants : en les chargeant à la lance, il se fait happer par l’une des ailes et est projeté à terre. Acte II Sur la place de Barcelone animée d’une foule colorée attendant le passage des toréadors qui se rendent aux arènes, Kitri, la fille de l’aubergiste, refuse d’épouser le riche Gamache que lui destine son père, pour lui préférer Basile, simple barbier. Profitant de la confusion semée par Don Quichotte portant secours à Sancho, rudoyé par les gens qui se moquent de lui, Kitri et Basile s’enfuient. Acte III C’est dans une taverne que Kitri – contrainte par son père de consentir au mariage avec Gamache – fait semblant de se suicider sur l’épée de Don Quichotte, lequel ému par ce désespoir, la prend sous sa protection et impose à Lorenzo de ne pas forcer sa fille à se marier contre son gré, et d’accepter Basile pour gendre. Acte IV Don Quichotte est transporté dans un rêve merveilleux, où lui apparaît Dulcinée entourée de nymphes et de petits amours. Mais il a aussi à livrer bataille à toutes sortes de monstres. Acte V Puis vient le temps des réjouissances, où le Duc et la Duchesse invitent Don Quichotte à assister au « divertissement » donné pour les noces de Kitri et Basile. épilogue Tourmenté par ses visions, le pauvre Don Quichotte succombe à son délire. Remarque Petipa s’est inspiré de quelques passages des aventures de Don Quichotte, et les a modifiés. Aux noces de Kitri et Gamache, dans la version de Cervantès, c’est Basile qui met en place la ruse et fait semblant de se suicider pour pouvoir épouser Kitri.

téméraire

épopée

excentrique


Le Don Quichotte de Miguel de Cervantès Premier volume (1605) Un gentilhomme campagnard d’une cinquantaine d’années vit dans une bourgade de la Mancha en Espagne. Les livres, et notamment les romans de chevalerie, nourrissent son imagination foisonnante. Il est tellement passionné de lecture qu’il ne se préoccupe pas de la gestion de ses biens et finit par en perdre le jugement. Il décide de partir à l’aventure pour secourir les opprimés en tant que chevalier errant, et choisit de se renommer en « Don Quichotte de la Mancha ». Après s’être armé, il sort de son village sur son cheval Rossinante, qu’il croit être une robuste monture. Aucune aventure palpitante ne lui arrive ce jour-là, et, tiraillé par la faim, il s’arrête dans une auberge qu’il prend pour un château. Le lendemain, après avoir mis au défi des marchands croisés sur la route, il est retrouvé à demi-mort sur le bord d’un chemin. Un voisin le reconnaît et le ramène au village. Le curé et le barbier organisent alors la destruction de sa bibliothèque, les livres étant tenus pour responsables de sa folie.

Don Quichotte illustré par Gustave Doré

Malgré ses déboires, Don Quichotte décide de repartir à l’aventure. Il veut engager un fidèle écuyer à son service et choisit un paysan, Sancho Panza. Au détour d’un chemin, ils découvrent trente ou quarante moulins à vent, que le chevalier prend pour des géants. Il finit blessé en voulant se battre contre l’un deux. à de nombreuses reprises, Don Quichotte va se battre, pensant secourir des pauvres gens, ou croyant faire face à des armées ennemies alors qu’il ne s’agit que d’un troupeau de brebis. Lorsque Sancho croise le curé et le barbier et leur raconte dans quelle folie sombre son maître, ceux-ci vont imaginer un stratagème pour ramener don Quichotte au village. Une jeune femme se fait passer pour une princesse et demande au gentilhomme de la venger d’un géant. Il accepte aussitôt. Toute la troupe se met en route et rencontre d’autres voyageurs qui racontent leurs histoires de vie et leurs aventures. Le curé et le barbier mettent Don Quichotte dans une charrette transformée en cage pour être sûrs de le ramener au village où les attendent sa nièce et sa gouvernante.

Second volume (1615) Quelques temps après son retour au village, alors qu’on le croyait guéri, Don Quichotte est rattrapé par sa folie. Sancho apprend au gentilhomme que l’histoire de ses aventures a été imprimée dans un livre. Don Quichotte projette de partir une troisième fois à l’aventure, accompagné de Sancho. Il veut cette fois se rendre au Tobosco pour y rencontrer Dulcinée, sa bien-aimée. Malheureusement, elle n’existe que dans l’imaginaire de celui-ci, et la paysanne désignée par Sancho ne suffit pas à le tromper. Don Quichotte pense en effet que Dulcinée est victime d’un enchantement. Ils rencontrent en chemin un chevalier – qui est en fait


Samson Carrasco, un bachelier engagé par le curé et le barbier pour faire abandonner la chevalerie errante à Don Quichotte – avec qui il se bat en duel. Par chance, Don Quichotte réussit à le faire tomber de son cheval et sort vainqueur du combat. Ils font ensuite la connaissance d’un homme tout vêtu de vert qui leur offre l’hospitalité, puis ils vont aux noces de Gamache, un riche laboureur, et de Kitri. Au cours de la cérémonie, Basile, épris de Quiterie, fait semblant de se suicider pour demander à épouser Kitri avant de mourir. Une fois le mariage prononcé, Basile révèle que ce n’était qu’une ruse. Don Quichotte et Sancho se rendent dans une caverne, et, alors qu’il descend dans les profondeurs de celle-ci, le gentilhomme s’endort, et a une vision dans laquelle il serait une sorte de prophète, seul capable de désenchanter tous les chevaliers et toutes les princesses emprisonnés dans cette caverne. Il rencontre un marionnettiste accompagné d’un singe devin. Au cours d’un spectacle, Don Quichotte détruit des marionnettes, pensant qu’il s’agit de vrais personnages. Les deux compères sont ensuite accueillis dans un château, cette fois réel, par un duc et une duchesse qui décident, pour se divertir, de traiter Don Quichotte comme s’il était un véritable chevalier errant. Au cours de ce séjour, le duc propose à Sancho de devenir gouverneur d’une île, mais c’est une farce afin de se moquer de lui. Le fidèle écuyer quitte donc son maître, qui demeure au château. Le duc et la duchesse montent aussi une succession de mascarades pour s’amuser de Don Quichotte. Quelques temps plus tard, ils repartent sur les routes et se rendent à Barcelone, où ils sont accueillis par un hôte qui veut lui aussi se divertir de ses divagations. Un matin, il rencontre sur la plage un chevalier qui le défie en duel. C’est à nouveau Samson Carrasco. Vaincu, le héros est forcé de renoncer aux armes et de rentrer dans son village. Il a alors le projet de devenir berger, mais il est rapidement saisi d’une étrange fièvre. Alors même qu’il redevient lucide, sa maladie l’emporte.

Don Quichotte et Altisidore de Jules Worms (1832-1924)


Œuvres interprétées Ordre chronologique

MITCH LEIGH Man of la Mancha, The Impossible dream, interprète : Elvis Presley * MATTHEW LOCKE The Tempest: Curtain tune HEINRICH BIBER Harmonia Artificioso Ariosa : Sonate Harmonia Artificioso : Arietta Variata

ANTOINE SIMON Souvenir de bal LÉON MINKUS Don Quichotte : L’Amour RICCARDO DRIGO Variation de Dulcinée LÉON MINKUS Don Quichotte : Coda

HENRY PURCELL Sonata n°6

EDUARD NAPRAVNIK Fandango

HEINRICH BIBER Harmonia Artificioso Ariosa : Allemande Harmonia Artificioso : Passacaglia

LÉON MINKUS Don Quichotte : Pas de deux Don Quichotte : Valse Don Quichotte : Adage Don Quichotte : Variation II Don Quichotte : Variation III Don Quichotte : Coda

HENRY PURCELL Le Roi Arthur: See, see, see, we assemble (3e Acte) * JULES MASSENET Don Quichotte : 2ème Interlude (4e Acte) LÉON MINKUS Don Quichotte : Le rêve de Don Quichotte

Composition de l’orchestre (représentations tout public uniquement)

8 violons 1 6 violons 2 4 altos 3 violoncelles 2 contrebasses 3 flûtes (dont une jouant également du piccolo) 2 hautbois 2 clarinettes 2 bassons 4 cors 4 trompettes (dont 2 jouant également le cornet) 3 trombones 1 tuba 1 timbale 4 percussionnistes 1 harpe 1 clavecin

HEINRICH BIBER La Sonate du Rosaire : Passacaglia


Quel Don Quichotte êtes-vous ? Dans la création de Rui Lopes Graça, plusieurs couples se croisent sur scène. Chacun d’eux représente une facette différente du couple formé par Don Quichotte et Dulcinée. Quel Don Quichotte se cache derrière chacun des danseurs du Ballet de l’OnR ? Grégoire Daujean : Je suis le Don Quichotte de

Cervantès, le seul qui traverse le temps puisque je danse à la fois la partie contemporaine chorégraphiée par Rui Lopes Graça et la partie classique tirée du ballet de Petipa. Ma caractéristique : l’impossibilité d’entrer en contact avec la réalité. Si je la touche du doigt, je meurs. Je m’enferme dans mes rêves et mes illusions et cela me rend vide, incapable de penser ni de bouger. Je pars du mouvement pour arriver à l’immobilité. Ma Dulcinée est dansée par Christelle MolardDaujean, ma femme dans la vraie vie. C’est troublant et frustrant à la fois car nous représentons l’amour fantasmé mais impossible. Sur scène nous n’avons pas le droit de nous toucher. De manière générale, Don Quichotte vit dans un rêve et pour lui, même l’amour est une illusion.

photos nis & for

Alexandre Van Hoorde : Je ne sais pas si je suis un Don Quichotte à part entière. Dans ce ballet, tout se passe comme si le héros était schizophrène. On en représente tous une facette sans vraiment savoir si elle est réelle ou imaginaire. Avec Marine Garcia, ma Dulcinée, nous n’avons pas vraiment d’histoire. Notre rencontre se traduit plutôt par un état d’esprit contradictoire : l’attirance l’un envers l’autre, l’impatience d’être auprès de l’autre, mais en même temps l’inquiétude, la peur, le rejet. Comme si nous étions tour à tour aimant puis repoussoir. Ce n’est pas « je t’aime moi non plus » mais plutôt « je veux mais je crains de ne pas le vouloir ».

Baptiste Gahon : Je représente tout ce que le vrai Don Quichotte rêve de faire mais s’interdit de réaliser. Avec ma Dulcinée, Céline Nunige, j’ai une relation très sensuelle et sensible. Je suis presque névrosé, mon obsession : transgresser les interdits. Ma quête insatiable de liberté se traduit par une extrême violence, une envie de tout casser.

Lateef Williams : Je suis un Don Quichotte qui ne se connaît pas encore très bien. Chaque jour j’en apprends un peu plus sur mon personnage, c’est un travail passionnant. En fait, je me définis surtout à travers ma relation avec Dulcinée, interprétée par Sarah Hochster. Notre duo peut évoquer une première rencontre : s’y esquissent les premiers mots, les premiers contacts… et le premier baiser !


Biographies Rui Lopes Graça chorégraphe

Photo Amir Sfair

Rui Lopes Graça commence sa formation à l’école du Ballet Gulbenkian et du Ballet national du Portugal où il danse la plupart des œuvres du répertoire classique et contemporain. En tant que chorégraphe, il travaille notamment avec le Ballet national du Portugal, le Ballet Gulbenkian, la Compagnie portugaise de danse contemporaine, sa compagnie – Compagnie Rui Lopes Graça. Il est actuellement responsable d’un atelier permanent sur le « geste continu » au Ballet national du Portugal. Passionné d’anthropologie, sa démarche est marquée par une volonté de favoriser le dialogue interculturel et par son ouverture sur la diversité de l’esthétique chorégraphique. Il crée ainsi Gold en 2011 pour la Compagnie de chant et de danse du Mozambique et Favorable Landscapes pour la Compagnie de danse contemporaine d’Angola en 2012.

Léon Minkus compositeur

Il naît le 23 mars 1826 à Vienne d’un père tchèque et d’une mère hongroise. Son père ouvre un restaurant animé par son propre orchestre. Il apprend le violon à 4 ans, commence des études musicales à Vienne et y joue pour la première fois en public à 8 ans. Rapidement, public et critiques le qualifient d’enfant prodige. étudiant, il commence à composer pour le violon. Puis il se lance dans la direction d’orchestre. En 1852, il accepte le poste de premier violon à l’Opéra de la Cour de Vienne mais le quitte pour partir en mission musicale à l’étranger. Il épouse MariaAntoinette Schwarz en 1853. Ils s’installent à Saint-Petersbourg, où il devient chef de l’orchestre du Prince Nikolaï Youssoupoff jusqu’en 1855. De 1858 à 1861, il est premier violon au théâtre impérial Bolchoï de Moscou et devient chef d’orchestre et violoniste principal de l’Opéra Impérial Italien de Saint-Pétersbourg. En 1861, il est maître des concerts au théâtre Bolchoï puis Inspecteur des Orchestres des Théâtres impériaux à Moscou. Il enseigne conjointement le violon au tout nouveau Conservatoire de Moscou. Après trente neuf années, il quitte définitivement la Russie avec son épouse. Ils retournent à Vienne. Sa femme décède en 1895. Il déménage alors et termine sa vie seul et chichement. Il succombe à une pneumonie le 7 décembre 1917 à l’âge de quatrevingt onze ans. Sa sépulture est détruite en 1939 par la police nazie… ses parents étaient juifs. L’Union de Thétis et Pélée est sa première composition pour un ballet en 1857. Au cours de son contrat, il compose une autre musique pour le ballet Deux jours à Venise pour le théâtre impérial Bolchoï en 1862. Puis il écrit un entr’acte pour le ballet Orfa monté par Arthur Saint-Léon, premier maître de ballet des Théâtres impériaux à Saint-Pétersbourg et chorégraphié par Jean Coralli sur une musique d’Adolphe Adam. La Flamme d’amour ou La Salamandre, est dansée en mars 1863. Une version de l’œuvre réduite à deux actes est donnée à l’Opéra Impérial de Paris sous le nouveau titre Néméa,


s

ou L’Amour vengé. Une autre version encore en mars 1868 pour le Teatro Comunale de Trieste naît sous le nouveau titre de Nascita della Fiamma d’Amoure (Naissance de la Flamme d’Amour). En 1866, Saint-Léon monte La Source dont la musique est composée en partie par Minkus et en partie par Léo Delibes. Saint-Léon travaille avec Minkus tout au long des années 1860. Le 1er décembre 1866, il présente Le Poisson doré à Peterhof en l’honneur du mariage d’Alexandre Alexandrovich Romanov. L’ouvrage est étoffé et repris pour l’ouverture de la saison 1867-1868 des Ballets impériaux. La saison suivante, les collaborateurs proposent Le Lys, mais l’échec de ce spectacle pousse le directeur des Théâtres impériaux à ne pas renouveler le contrat du maître de ballet.

Léon Minkus et Marius Petipa un destin lié...

Fils d’un maître de ballet et d’une comédienne, Marius Petipa naît à Marseille en 1818. à 5 ans, il fait ses premiers pas dans un ballet sur la scène du Théâtre de la Monnaie. Il quitte Bruxelles en 1835, danse à Bordeaux et devient chorégraphe à Nantes, en 1838 et 1839. Il tourne avec succès en Amérique du Nord et revient à Bordeaux. Il part travailler à Madrid de 1843 à 1846. Il arrive à Saint-Pétersbourg en 1847, y est nommé Premier danseur des Théâtres impériaux et assistant du maître de ballet Jules Perrot. Il devient Second Maître de Ballet après le succès de La Fille du pharaon qu’il chorégraphie sur la partition de Cesare Pugni, compositeur de ballet des Théâtres Impériaux de Saint-Pétersbourg depuis 1850. Saint-Léon et Petipa se détournent progressivement de lui et se tournent vers Minkus. Petipa monte un Grand ballet intitulé Don Quichotte, inspiré par le Don Quichotte de Cervantès, pour la saison 1869-1870 du théâtre impérial Bolchoï de Moscou. Minkus compose pour ce spectacle une partition riche de thèmes hispanisants. Le succès est au rendez-vous. Petipa est nommé Premier Maître de ballet des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg, remplaçant SaintLéon à la fin de ses jours. En janvier 1870, Cesare Pugni décède alors que le chorégraphe effectue une reprise de son Don Quichotte pour les ballets impériaux de Saint-Pétersbourg. Minkus revoit alors entièrement l’œuvre et la développe. Cette version devient elle aussi un incontournable et les éloges pleuvent sur celui qui devient l’officiel compositeur de ballet des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg. Une collaboration importante naît entre les deux hommes. Ils créent La Camargoen en 1872, une version développée du Papillon de Jacques Offenbach en 1874, Les Aventures de Pélée et Thétis en 1875. Puis vient Le Songe d’une nuit d’été en 1876, sur la musique de Felix Mendelssohn, Bartholdy et enfin, La Bayadère en 1877. Minkus écrit la musique du somptueux ballet de Petipa intitulé Nuit et jour et interprété au théâtre impérial Bolchoï de Moscou pour le couronnement de l’Empereur Alexandre III de Russie. Toujours signé Petipa, Les Pilules magiques est monté pour la réouverture du Théâtre Impérial Mariinsky. Le compositeur écrit la musique puis la partition de L’Offrande à l’amour, un ballet en un acte chorégraphié en 1886. La composition est qualifiée de chef-d’œuvre de la musique pour ballet, mais le directeur des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg met fin à la charge de Minkus en 1886.

Marius Petipa et l’Espagne « J’ai puisé directement à la source ma connaissance des danses espagnoles. Contrairement à mon père, je n’avais pas été engagé dans le splendide théâtre de Bordeaux en qualité de maître de ballet. Je parvins néanmoins à mettre en scène quatre ballets qui eurent un bon succès et eurent toujours de bonnes recettes. Ce furent mes premières créations de quelque valeur : La Grisette de Bordeaux, Les Vendanges, Les Intrigues de l’amour et Le Langage des fleurs. Malheureusement, l’entreprise du directeur de l’époque, M. Devéria, se termina mal. Je ne passais guère que onze mois à Bordeaux. Malgré tout, la notoriété liée à mon nom s’accrût et je ne restais pas longtemps sans emploi. Je fus rapidement invité à me rendre à Madrid, au Théâtre royal qui dépendait de M. de Salamanca, ministre de la cour. Je partis en tournée, en compagnie de la première danseuse Guy-Stephan, dans toutes les grandes villes d’Andalousie. Nous remportions un succès énorme, colossal. Sans me vanter, je puis dire que ma maîtrise de la danse et des castagnettes ne le cédait en rien aux danseurs d’Andalousie. Les enfants passionnés de cette terre ensoleillée et heureuse éprouvent pour leurs danses nationales une ardeur qui


frôle la démence et qui parvient à les mettre en transe, les empêchant, au plus fort des morceaux de bravoure, de rester de simples spectateurs. Il n’est donc pas difficile de comprendre l’enthousiasme que pouvait soulever une interprétation irréprochable, et même audacieuse, de leur danse nationale pour un étranger. Notre tournée nous conduisit, entre autres, à la grande fête de San Lucar, où confluaient toutes les Cuardillas. Espadas, picadores et banderilleros connus venaient participer aux corridas sur la plus majestueuse des plazas espagnoles. Le soir, toutes les familles locales et de passage se promenaient dans les rues ou se rassemblaient sur les grands balcons des hôtels. Des groupes d’étudiants portant la cape universitaire donnaient des sérénades de guitare et de mandoline dans les rues et sous les fenêtres. Et dès qu’ils entamaient le fameux fandango, la rue et les balcons s’emplissaient de couples qui se laissaient emporter par le tourbillon de la danse. Je portai, moi aussi, le costume du pays et invitai courageusement une charmante espagnole. En compagnie de trois autres couples, nous nous lançâmes avec fougue et frénésie dans cette danse de caractère. Mon entrain était digne d’un véritable fils d’Andalousie. Interprètes et spectateurs, nous étions littéralement transportés. On lançait de l’argent aux musiciens, ce qui augmentait leur excitation qu’ils transmettaient aux danseurs par la musique. Tout n’était que cris, glapissements, éclats de rire. On jetait des manteaux sous les pieds des danseuses. La foule n’avait qu’un culte : la passion. » Marius Petipa, Mémoires, 1906

Miguel de Cervantès Sa vie est une aventure. Il naît le 29 septembre 1547 dans une famille nombreuse à Alcada de Hénarès, à 30 km de Madrid, d’un père modeste chirurgien et d’une mère issue d’une famille de musulmans convertis au catholicisme. La famille passe de ville en ville : Madrid, Valladolid, puis en Andalousie. Il quitte sa famille très jeune. Il se lie avec un philosophe disciple d’Érasme, don Juan Lopez de Hoyos, et s’intéresse au théâtre et à la poésie. Il effectue un voyage à Rome, où il accompagne le légat espagnol du pape, le cardinal Acquaviva. En 1570, il sert dans la flotte pontificale commandée par Colonna et lutte contre les Turcs. Il perd l’usage d’un bras en participant à la fameuse bataille de Lépante mais y gagne un surnom « le manchot de Lépante ». L’année suivante, il prend part aux campagnes de Don Juan d’Autriche à Navarin, Corfou et Tunis, et visite les pays du pourtour méditerranéen pendant les répits hivernaux. Il est fait prisonnier par les Barbaresques, passe cinq ans au bagne d’Alger, puis en sort grâce à une rançon. Dans Don Quichotte, ces expériences seront mises à contribution. Il revient en Espagne, vit et a une fille avec la comédienne Ana France de Rojas. Il achève en 1584 sa Galathée, pastorale commencée en captivité, qui a en 1585 un réel succès d’estime. Il épouse finalement cette année-là Catalina de Salazar âgée de tout juste 20 ans. Les pièces qu’il écrit ne sont pas jouées. Il faut donc changer de métier. Il devient avitailleur pour l’Invincible Armada, puis collecteur d’impôts. Retour en prison en 1592 pour proxénétisme et en 1597, pour détournement de fonds publics. Son plus beau succès naît dans la prison de Séville. Une légende ? Toujours est-il que Don Quichotte est publié en 1605 : un succès populaire au sens large du terme dans toute l’Espagne. Le théâtre se fait rapidement le relai du roman, avec le même succès. En 1605, il s’installe à Valladolid, siège de la cour en 1605 et suit Philippe III à Madrid en 1607. Don Quichotte l’autorise à se consacrer complètement à l’écriture. Il publie les Nouvelles exemplaires en 1613, le Voyage au Parnasse en 1614, ainsi que des pièces de théâtre : Comédies et Intermèdes puis une tragédie, Le Siège de Numance. Car Cervantès est aussi un dramaturge génial. Un second tome de Don Quichotte paraît en 1614 mais n’est pas de sa plume. Il écrit lui-même la vraie seconde partie qui paraît l’année suivante, en 1615. Les Travaux de Persilès et de Sigismonde, véritable roman de chevalerie, est son dernier opus publié le 20 avril 1616 avant de disparaître deux jours plus tard.

« Vous autres, chevaliers errants, vivez en rêvant et rêvez en vivant » Miguel de Cervantès


▪ La musique descriptive de Minkus ▪ Les Tréteaux de Maître Pierre de Manuel de Falla, Don Quichotte à Dulcinée de Maurice Ravel ou Don Quichotte de Richard Strauss ▪ La Quête, chanson de Jacques Brel

Arts du langage

▪ Entre imaginaire et réalité ▪ Maîtres et valets dans la littérature (ex : Ruy Blas, et sa parodie au cinéma « La folie des grandeurs ») ▪ En Espagnol : séquence pédagogique sur le site académique Hispalille

Arts du visuel

▪ Le chevalier errant vu par Picasso ou Salvador Dali et ses illustrateurs comme Gustave Doré ou Garouste

Arts du spectacle vivant

▪ Deux chorégraphes, deux approches artistiques différentes à partir de la même source d’inspiration ▪ Les chorégraphies célèbres de Marius Petipa ▪ Qu’est-ce que la virtuosité en danse classique et contemporaine ?

Arts de l’espace

▪ Le site royal de St-Laurent de l’Escurial

Thématique « Arts, créations, cultures »

▪ Don Quichotte ou le roman de Cervantes au cœur du « siècle d’or » espagnol

prolongements pédagogiques

Arts du son


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