DP Vaiseau fantôme Opéra national du Rhin

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dossier pédagogique saison 2013-2014

richard wagner

der fliegende holländer nouvelle production

En deux mots Un marin hollandais arrogant est condamné à errer éternellement sur les mers pour s’être moqué de dieu. Seul l’amour d’une femme fidèle pourra le sauver.

Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo Nis & For

www.operanationaldurhin.eu


Direction musicale Mise en scène Décors Costumes Lumières Vidéo  Chorégraphie

Le Hollandais Daland Senta EriK Mary Le timonier de Daland

Marko Letonja Nicolas Brieger Raimund Bauer Andrea Schmidt-Futterer Friedrich Rom Philipp Haupt Richard Caquelin Jason Howard Kristinn Sigmundsson Ricarda Merbeth Thomas Blondelle Eve-Maud Hubeaux Gijs Van der Linden

Chœurs de l’Opéra national du Rhin Orchestre philharmonique de Strasbourg

STRASBOURG

MULHOUSE

di 26 janvier 15 h ma 28 janvier 20 h sa 1er février 20 h lu 3 février 20 h sa 8 février 20 h

je 20 février 20 h sa 22 février 20 h

opéra

La filature

Langue : allemand surtitré en français et en allemand Durée approximative : 2 h 30 Conseillé à partir de 14 ans : collège et lycée

CONFérence par Philippe Olivier Strasbourg, Opéra sa 25 janvier 18 h 30 entrée libre


l’argument

Avec Le Vaisseau fantôme – nommé en allemand Der fliegende Holländer et appelé aussi régulièrement en France Le Hollandais volant –, Wagner entre dans sa grande période créatrice. Enfin lui-même, il ne cherche plus à copier les compositeurs à la mode mais laisse libre cours à son propre langage. Dès l’ouverture, le ton est donné : une musique nouvelle s’impose, et la tempête qui se déchaîne n’a plus rien à voir avec les imitations rhétoriques du passé. Tout ici porte la marque et le souffle du génie. Quant aux principaux thèmes qui ne cesseront plus de hanter le compositeur, ils sont déjà tous là : l’errance, l’espoir de la rédemption par l’amour, la figure ambivalente de la femme… Par son Vaisseau fantôme, Wagner rompt les amarres d’avec le bon vieil opéra à l’italienne et pose les bases de la musique de l’avenir.

Acte I Au milieu d’une tempête, le vaisseau de Daland, capitaine norvégien, est obligé de trouver un port de refuge dans une baie de la côte loin de son village. Celui-ci se voyait pourtant déjà de retour au foyer, où l’attend sa fille Senta. Il va se reposer et laisse son pilote aux commandes. Le pilote s’endort. Un vaisseau fantôme apparaît… avec à son bord le Hollandais. L’homme a été condamné pour avoir invoqué Satan. Il doit désormais errer de par les mers sans repos, ne pouvant accoster que tous les sept ans. Sa malédiction ne se lèvera que s’il parvient à trouver une femme qui lui soit fidèle. Daland se réveille et rencontre l’étranger, qui lui promet trésors et richesses s’il lui offre la main de sa fille, sans pour autant lui révéler sa véritable identité. Daland accepte le marché. La tempête se calme, et tous deux font route vers le foyer du capitaine norvégien.

Acte II Au village, les femmes chantent pour hâter le retour des marins. Senta, la fille de Daland, rêve du Hollandais volant malgré les avertissements de sa nurse et désire secrètement pouvoir sauver le capitaine par sa fidélité. Elle conte aux femmes du village la légende du Hollandais. Son fiancé, Erik, l’entend, et lui raconte le rêve qu’il a fait : Daland revenait de mer avec un mystérieux étranger qui emmenait Senta au loin. Elle l’écoute avec délice, et Erik s’en va, inquiet. Daland arrive, accompagné du capitaine. Senta, sous le charme, décide de l’épouser et de lui rester fidèle, comme le lui demandé son père.

Acte III Plus tard dans la soirée, les femmes du village apportent aux hommes de Daland de quoi se sustenter. Elles invitent également l’équipage du Hollandais à les rejoindre, en vain. Senta arrive, suivie par Erik qui lui reproche de l’abandonner malgré ses anciennes promesses de mariage. L’étranger, qui se trouve présent, entend cela, et pense, désespéré, qu’il est perdu à jamais. Il rassemble ses hommes, confie à Senta sa malédiction, et apprend à tous qu’il est le capitaine du légendaire Hollandais Volant. Il appareille précipitamment, voulant éviter à Senta la même damnation éternelle que la sienne s’il s’avérait qu’elle lui était infidèle une fois mariée. Senta, désespérée, se jette dans la mer du haut d’une falaise. Elle lui sera ainsi fidèle jusque dans la mort. La rédemption est atteinte pour le Hollandais.


la composition de l’Œuvre Premier grand drame musical de Wagner, on y voit apparaître les constantes de son œuvre à venir : caractère légendaire de l’intrigue et mort rédemptrice offerte par amour, attrait pour le caractère légendaire de l’histoire… La figure du Hollandais Volant rappelle la tradition littéraire des héros maudits du romantisme allemand. À l’instar de Hans Heiling (opéra de H. A. Marschner) ou d’Udine, il appartient pour moitié au royaume des hommes et pour moitié à celui des esprits. Ses thèmes – la faute originelle, l’errance, l’amour et la rédemption – se rapprochent d’une universalité. Parallèlement, le compositeur joue avec la trame musicale, en y instaurant des leitmotives qui suivent toute la composition. De même, il opère un changement dans l’ouverture traditionnelle. Il n’y présente plus le résumé musical de l’action mais déroule déjà la continuité de l’orchestre, en suggérant l’ambiance menaçante qui va peser sur les personnages. En pleine transition, il expérimente dans cet opéra les motifs dont il usera plus tard. Si la structure musicale du monologue du Hollandais paraît encore largement déterminée par la tradition formelle de l’aria italienne en quatre parties, Wagner explore déjà de nouvelles voies dans les domaines de l’harmonie et du façonnement expressif des parties vocales. La joute des deux chœurs de matelots de l’Acte III témoigne ainsi de l’existence d’une nouvelle technique de composition. La superposition de deux pièces musicales divergentes, qui dessinent deux groupes de personnages dramaturgiquement opposés, se rattache certes à une tradition de l’Opéra de Paris, mais Wagner va plus loin. Le chœur des matelots norvégiens est progressivement déchiqueté par le chœur invisible qui s’enfle depuis le navire du Hollandais et par la tempête qui se lève, dans un processus étudié de dissociation musicale. D’après Le Vaisseau Fantôme, un opéra romantique allemand nourri de Grand Opéra de Jürgen Maehder, extrait du programme de l’OnR, 2000-2001

Maquette de décor par Raimund Bauer


la thématique de l’Œuvre Le thème du Vaisseau Fantôme, Wagner le découvre dans un recueil de Heine paru en 1834, dans la nouvelle Les Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski. S’il ne s’en inspire pas de suite, un voyage tumultueux le rappelle à son bon souvenir en 1839. Alors en fuite vers l’Angleterre suite à ses nombreuses dettes, lui et sa femme sont pris dans une tempête, au large de la Norvège. Impressionné par cette traversée, Le comporsi transfère l’action du fliegende Holländer de l’Écosse originelle au Danemark. Il en relate la création dans son autobiographie. « Je n’oublierai jamais cette traversée : elle dura trois semaines et demie et fut riche en péripéties. Nous essuyâmes par trois fois la plus violente des tempêtes et un jour, le capitaine se vit contraint d’entrer dans un port norvégien. Le passage des récifs norvégiens impressionna vivement mon imagination ; la légende du Hollandais Volant, qui me fut confirmée de la bouche des matelots, prit pour moi une couleur particulière, singulière, que seules avaient pu lui prêter les aventures maritimes que j’avais vécues. » Ce sont donc les événements arrivés durant cette croisière qui vont finir de le lier à la petite nouvelle lue quelques années auparavant. Ainsi, Senta prend son prénom du mot norvégien « jente », qui signifie jeune fille, et qu’il a entendu dans une auberge où l’équipage et les passagers se sont réfugiés après avoir jeté l’ancre. De même, le chant des matelots du premier acte s’inspire de leur arrivée dans le fjord où ils s’abritent : « Ce fut une véritable jouissance pour moi d’entendre le cri des matelots se répercuter sur les colossales murailles de pierre qui le renvoyaient en écho. C’est le cri dont ils accompagnaient leurs mouvements quand ils jettent l’ancre et carguent la voile ; son rythme bref s’incrusta en moi tel un signal réconfortant, et forma bientôt le thème du chant des matelots dans mon Vaisseau fantôme, opéra dont j’avais déjà l’idée à cette époque. Les impressions d’alors lui donnèrent une couleur poétique et musicale précise. »

Maquette de décor par Raimund Bauer


Dans ses écrits, Wagner s’attarde également sur la figure du Hollandais Volant, décrit comme une création populaire mythique : « En lui s’exprime avec une saisissante énergie un des traits primitifs de l’être humain. Ce trait est, dans sa signification la plus générale, l’aspiration au repos après les tempêtes de la vie. Dans la sérénité du monde hellénique, nous le trouvons représenté par les errances d’Ulysse, par sa nostalgie de la patrie, de la maison, du foyer et… de la femme. […] En punition de son audace, le diable (qui symbolise visiblement ici l’élément des flots marins et des tempêtes) a condamné le Hollandais à errer éternellement sur la mer. Il aspire, tout comme Ahasvérus, au terme de ses souffrances, à la mort ; mais le Hollandais peut obtenir cette délivrance par… une femme, qui se sacrifie par amour pour lui. […] Tel était ce Hollandais volant qui surgît devant moi avec tant d’insistance au milieu des flots bourbeux de ma vie et qui exerçait sur moi une telle force d’attraction ; et ce fut le premier poème populaire qui me pénétra profondément le cœur et m’obligea en tant qu’artiste à lui donner la vie dans une œuvre d’art.» Extraits de Ma vie et d’Une Communication à mes amis de Richard Wagner

La légende du Hollandais Volant La figure du Hollandais Volant se retrouve dans plusieurs contes oraux du XVIIe siècle, et varie selon les versions. D’histoire sympathique comme celle contée dans le Navire du Diable, recueillie par Sébillot en 1880 où les marins se jouent du malin pour échapper aux éléments, la légende verse plus aisément dans la malédiction, sans espoir de retour. Ainsi l’on raconte l’histoire d’un capitaine qui, assassiné par son équipage, a le temps de le maudire. La peste se déclare alors à bord, et le navire est rejeté de tous les ports, par crainte de la contagion. Il débute dès lors une errance sans fin. S’attardant sur le caractère plus individuel du personnage, le capitaine Barent Fokke a également tenu le rôle du Hollandais. Célèbre dans les années 1650 pour ses voyages rapides, qui s’expliquent par l’intervention du diable, il finit par disparaître en mer. Et aussitôt naît la légende : maudit pour avoir passé un pacte faustien, il est condamné à parcourir à jamais les océans. Un autre héros malheureux de la légende serait le capitaine Van der Decken, maudit pour avoir appareillé un vendredi saint. C’est notamment de ces histoires qu’Heinrich Heine s’inspirera pour mettre par écrit ses Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski, où il délivre de la malédiction l’infortuné navigateur grâce au sacrifice d’une femme amoureuse. Cette histoire et ses adaptations ultérieures, dont celle de Wagner, vont encore populariser la légende, et nombreux sont les voyageurs qui depuis jurent avoir rencontré le vaisseau fantôme. Ainsi, dès 1881, le jeune duc d’York, futur George V d’Angleterre, dit l’avoir aperçu au large des côtes australiennes lors d’un trajet sur un navire de la Royal Navy. Le bateau, auréolé d’une sinistre lumière rougeâtre, aurait ensuite disparu dans la nuit claire. De même, en 1887, l’équipage de L’Orion, navire américain, aperçoit un trois-mâts éclairé par une lumière blanche, qui s’évanouit lorsque les nuages couvrent le ciel. Enfin, en 1939, semblable apparition est constatée en Afrique du Sud par une centaine de personnes se trouvant sur la terre ferme, sur une plage. Le bateau, qui traverserait la mer à vive allure, disparaît là encore soudainement. Ces multiples évocations ont donné lieu à pléthore d’évocations dans le monde de l’art, et notamment de la peinture.

1873

Michael Echter, Le Vaisseau Fantôme Ph. K. Broszat © Archives Larbor


1896

Albert Pinkham Ryder, Flying Dutchman

1901

Illustration par Henry Austin d’une nouvelle de John Conroy Hutcheson, Le Vaisseau fantôme

Si le phénomène semble être moins observé depuis la seconde moitié du XXe siècle et que les témoignages se sont tus, l’imagerie du vaisseau fantôme persiste toujours dans notre culture populaire. Ainsi, elle a été évoquée notamment dans les vingt dernières années avec la tétralogie cinématographique de Gore Verbinski Pirates des Caraïbes, où la damnation du navire et de son équipage prend une place importante. De même, des séries télévisées s’emparent de la thématique, à l’instar de X-Files en 1994 ou Supernatural en 2008. Le média papier n’est pas non plus exempt d’adaptations. Divers romans ou nouvelles ont ainsi été publiés, tel le Manuscrit trouvé dans une bouteille d’Edgar Allan Poe. Cependant, on ne recense dans les dernières années que des parutions au sein de la bande-dessinée, à l’image de Watchmen, chef d’œuvre d’Allan Moore, qui place au sein de son ouvrage la mise en abîme d’une bande-dessinée sur un naufragé qui cherche à se venger du bateau fantôme.


1843 année de la création de l’Œuvre Histoire

• La France annexe Tahiti. • Le Zollverein allemand compte plus de vingt-deux états et embrasse une population de vingt-sept millions. • En Angleterre, émergence d’une ligue contre les lois de la couronne pour faire triompher le principe. de la liberté du commerce • Schisme de l’Église d’Écosse

Sciences

• Charles Thurber invente la machine à écrire. • Heinrich Schwabe découvre le cycle d’apparition des taches solaires. • Arrivée des premiers médicaments en comprimés • La production commerciale de cigarettes est inaugurée par la Manufacture française des tabacs.

Musique

• Création de Don Pasquale, opéra bouffe de Donizetti, au Théâtre Italien de Paris. • Création de I Lombardi de Verdi à la Scala de Milan. Son opéra Nabucco est présenté pour la première fois hors de l’Italie, à l’Opéra de Vienne. • William Balfes crée The Bohemian Girl à Londres. • Robert Schumann compose Le Paradis et la Péri, œuvre chorale, Quintette pour piano et cordes et Variations pour deux pianos, deux violoncelles et cor. • Félix Mendelssohn compose Le Songe d’une nuit d’été, 2e sonate pour violoncelle et piano. • Incendie de l’Opéra de Berlin

Littérature

• Søren Kierkegaard écrit Crainte et Tremblement, Journal du séducteur, Ou bien ou bien et La Répétition. • Alfred de Vigny écrit La Mort du loup et La Flûte. • Honorine, La Muse du département et L’Illustre Gaudissart par Balzac • Eugénie Grandet, de Balzac, est traduite en russe par Dostoïevski. • Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans la Seine. • George Sand écrit La Comtesse de Rudolstadt.

Beaux-arts

• Naissance de l’affiche grand format, mise au point par Rouchon par tirage au pochoir • Léon Riesener achève La Toilette de Vénus. • John Ruskin publie Les Peintres modernes, premier volume d’un traité d’esthétique consacré à Turner. • Camille Corot peint Tivoli, les jardins de la villa d’Este.

Camille Corot, Tivoli, les jardins de la villa d’Este

der fliegende holländer à l’Onr saison 2000-2001 Mise en scène, décors et lumières : Philippe Arlaud

Photo Alain Kaiser


séquence pédagogique par Laurence Grauwet, professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR

Les personnages, les rôles, les tessitures Le Hollandais

Condamné à errer sur les mers

Ténor (aigu)

Daland

Un marin norvégien, père de Senta

Basse (très grave)

Senta

Sa fille

Soprano (aigu)

Erik

Un chasseur, amoureux de Senta

Ténor (aigu)

Mary

Nourrice de Senta

Mezzo-soprano (médium)

Le Timonier de Daland

Pilote de Daland

Ténor

Chœurs

Matelots norvégiens, équipage du hollandais volant, jeunes filles

La composition de l’orchestre Cordes 12 violons 1 10 violons 2 8 altos 6 violoncelles 4 contrebasses Harmonie 2 flûtes et une flûte piccolo 2 hautbois (le deuxième jouant du cor anglais) 2 clarinettes (en do et si b) 2 bassons 4 cors 2 trompettes 3 trombones (le troisième jouant du trombone basse) 1 tuba Timbales Tam-tam* Musiques de coulisses • Acte I, n°1 4 cors (2 « côté cour », 2 « côté jardin ») • Acte III, n°8 3 flûtes piccolo, tam-tam, machine à vent ** * Le tam-tam est un instrument à percussion qui ressemble au gong, en usage dans la musique orientale. Le tam-tam émet des sons à hauteur indéterminée, alors que le gong produit des sons à hauteur définie. ** La machine à vent, ou héliophone, est utilisée dans la musique et les opéras dès le XVIIe siècle.


Présentation Wagner sublime l’action dramatique du Vaisseau fantôme en liant intrinsèquement poésie et musique. L’ampleur, la puissance de l’orchestre, des chœurs et des voix de solistes magnifient les thèmes qui marqueront également les futurs opéras du compositeur : l’errance, le sacrifice, la rédemption par l’amour. Créée à Dresde en 1843, l’œuvre s’inscrit dans le courant romantique.

écoute 1 : Ouverture et début de l’Acte I (chœur des matelots), « Hallojo! » Repères • L’Ouverture du Vaisseau fantôme résume l’action, son atmosphère reflète les états d’âme des personnages sur fond de tempête maritime. • Emploi des leitmotive, fils conducteurs de l’œuvre. • éléments musicaux récurrents : leitmotive (motifs), chromatisme, intervalles de quartes, quintes et diminués. • Structure en trois parties, autour des principaux motifs. Dans la troisième partie et la conclusion, les motifs sont repris en Ré Majeur, dans une atmosphère de plus en plus exaltée avec des variations d’orchestration, d’intensité, de hauteur et de durée.

Première partie Motifs

Caractère

éléments musicaux

Le Hollandais et son destin

Vif, conquérant, aspect humain du personnage

Cors, intervalles abrupts de quartes et quintes de la mélodie et des accords, orchestration tourmentée et dense, cor et tuba

La rédemption (ballade de Senta)

émouvant, mélancolique, apaisé

Successivement cor anglais, hautbois, flûte, intensité pianissimo, orchestration intimiste

Motif du Hollandais

Motif de la rédemption


Deuxième partie Motifs

Caractère

éléments musicaux

L’errance du Hollandais (liée à la tempête)

Emporté, agité, illustre les fluctuations de la mer et le côté surnaturel du personnage

Montées et descentes chromatiques vertigineuses des cordes, effets d’intensité en soufflets (crescendo, decrescendo), tempo allegro con brio, mode mineur

La danse des matelots

Plus joyeux, caractère populaire

Phrasé détaché (staccato), bois

Motif de l’errance

Motif de la danse des matelots

Pratique musicale Chanter, jouer, reconnaître les motifs. Sonoriser un extrait de film en créant des motifs mettant en scène des personnages contrastés. écoutes comparées : • Début de la 9e symphonie de Beethoven : quintes à vides qui ont influencé Wagner pour composer le motif du Hollandais. • Motifs principaux des films Pirates des caraïbes. Consignes, début de l’Acte I 1. Décrire le début de l’Acte I et son atmosphère

Mer et climat de tempête, présents dans tout l’Acte I . Vagues chromatiques de l’orchestre et effets de spatialisation : choristes (matelots norvégiens) s’interpelant, en écho, soutenus par les quatre cors en coulisses, duo à distance des personnages de Daland et son timonier, contrariés de ne pas pouvoir rentrer au port.

FIGURALISME : lorsque la musique symbolise une idée, une action, un sentiment, ou encore dépeint une situation.


2. Quelles voix Wagner a t-il attribué à Daland et à son timonier ? Basse et ténor, les voix choisies en fonction des caractéristiques des personnages.

écoute 2 : Récitatif, air (extrait) du Hollandais « Die Frist ist um », Acte I 1. Type de voix du chanteur soliste ? Lien texte/musique ? Rôle de l’orchestre ? 2. Lecture et jeux de rôle – scène 1, monologue du Hollandais inclus – en imaginant une mise en scène valorisant la dimension fantastique. Puis écouter et voir cette scène en vidéo.

écoute 3 : Chœur des fileuses « Summ’ und brumm’ », début de l’Acte II et Ballade de Senta, « Joho-hoe, Joho-hoe », scène 1 1. Le chœur des fileuses Dans la maison de Daland, les jeunes filles (dont Senta) filent et attendent le retour des marins. > Remarquer les interventions du personnage de Mary. Le caractère enjoué de la scène apporte un moment de respiration à l’action. > Caractéristiques du chœur : registre aigu, joyeux, mode majeur, mesure ternaire, le rythme du motif principal figurant le rouet.

2. La ballade de Senta à noter • Le motif du Hollandais, chanté par Senta a capella dans l’introduction : « Joho-hoe, Joho-hoe! ». • La structure de la ballade : trois strophes, chacune en trois parties (A : phrases débutant par un arpège descendant, B : motif agité de l’errance, C : motif de la rédemption). • Au cours de la troisième strophe : les ruptures des phrases mélodiques, le motif de la rédemption chanté a capella et pianissimo par le chœur des jeune filles. • Le texte évoquant le vaisseau fantôme (strophe 1), la tempête puis la rédemption (strophe 2), le destin du Hollandais accostant tous les sept ans puis condamné à repartir (strophe 3). Consignes Quel est le dénouement de la ballade ? Senta a décidé de sauver le Hollandais. On entend alors le motif de la rédemption joué par l’orchestre, éclatant, en do majeur suivi de la réaction d’effroi de Mary et des jeunes filles.

écoute 4 : Chanson des matelots « Steuermann, lass die Wacht! », début de l’Acte III Pratique musicale

Extrait de la chanson des matelots

Mastrosen Steuermann! Laß die Wacht! Steuermann! Her zu uns! Ho! He! Je! Ha! Hißt die Segel auf! Anker fest! Steuermann, her!

Matelots Pilote ! Quitte ton poste ! Pilote, viens vers nous ! Ho, hé, ié, ha ! Pilote, viens vers nous ! Hissez les voiles, Assurez l’ancre !


Repérer • Le motif de la danse des marins, d’abord exposé à l’orchestre et repris par le chœur d’hommes à quatre voix (les chanteurs marquent les temps avec les pieds). • L’alternance des deux chœurs : Paramètres

Jeunes filles

Matelots

Intensité

Forte

Piano

Orchestration

Tutti

Cordes

Registres

Aigu

Médium et grave

Mouvements mélodiques

Ascendant

Descendant

• Au milieu de la scène, le thème du Hollandais retentit, signalé par le tam-tam. Il annonce le chœur de l’équipage du Hollandais. L’atmosphère devient mouvementée et inquiétante (timbales, tam-tam, flûtes piccolo, rires cyniques des marins hollandais).


biographies Marko Letonja, Direction musicale Le chef slovène se produit, depuis 1991, tant en concert qu’à l’opéra sur les scènes internationales. Il est directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg depuis 2012. Il est aussi directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Tasmanie. Il étudie le piano et la direction à l’Académie de musique de Ljubljana, suit les cours d’Otmar Suitner à Vienne où il obtient ses prix en 1989. De 1991 à 1993, il est directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Slovénie. Rapidement invité sur les scènes internationales, il se produit avec les Wiener Symphonikern, le Münchner Rundfunkorchester, les orchestres de Stuttgart, Munich, Hambourg, effectue une tournée avec l’Orchestre symphonique « Giuseppe Verdi » de Milan, ou accompagne la soprano Nina Stemme avec l’orchestre de l’Opéra de Stockholm. Il est chef permanent et directeur musical de l’Orchestre symphonique et de l’Opéra de Bâle de 2003 à 2006. Il y enregistre également des CD, notamment l’intégrale des symphonies de Felix Weingartner. Son répertoire vaste et diversifié le conduit sur toutes les scènes lyriques européennes (Berlin, Dresde, Genève, Lisbonne, Milan, Strasbourg). Il est régulièrement invité en Australie et devient principal chef invité de l’Orchestre Victoria de Melbourne. En 2013, il fait ses débuts à l’Opéra de Vienne avec La Dame de pique et retournera en 2015 à la Scala de Milan, où il a dirigé cette saison Les Contes d’Hoffmann. À l’OnR, il a dirigé Die Walküre (2008), Götterdämmerung (2011), Der Rosenkavalier, le Requiem de Verdi au Zénith et Der ferne Klang (2012).

Nicolas Brieger, Mise en scène Né à Berlin, il se fait d’abord un nom en tant qu’acteur au cinéma puis au théâtre, sur les principales scènes allemandes. En tant que metteur en scène, il travaille pour le théâtre et l’opéra où il monte Der Rosenkavalier, Die Brautwahl de Busoni et la création mondiale de What next? d’Elliot Carter à Berlin, Le Barbier de Séville à Bruxelles, Katia Kabanova et La Fiancée vendue à Leipzig, Turandot, L’Amour des trois oranges et Il Trovatore à Stuttgart, Elektra et Jenůfa à Essen, Boulevard Solitude, Cardillac et Die Eroberung von Mexico de Wolfgang Rihm à Francfort, Simon Boccanegra à l’Opéra de Paris, La Clémence de Titus, Le Consul de Menotti et Idomeneo à Vienne, Le Nozze di Figaro, Le Nain, Don Giovanni et Amadis des Gaules à Mannheim, Lady Macbeth of Mtsensk, The Turn of the Screw, Galileo de Michael Jarrell, Der Cornet von Frank Martin, Mémoires d’une jeune fille triste de Xavier Dayer, Die tote Stadt, Salome et Conversations à Rechlin à Genève, Così fan tutte à Düsseldorf, Guerre et Paix à Cologne, Doktor Faust de Busoni à Munich, Saint François d’Assise de Messiaen à San Francisco ainsi que Royal Palace/Der Protagonist de Kurt Weill au Festival de Bregenz.


Richard Wagner Richard Wagner naît à Leipzig le 2 mai 1813. Compositeur allemand de la période romantique, il étudie la musique en autodidacte et crée une Ouverture en 1830. Un an plus tard, il entre à l’Université et y étudie la musique. En 1832, il compose Die Hochzeit, son premier opéra, qui restera à l’état de brouillon. Son premier opéra réellement achevé sera Les Fées. Composé en 1833, il ne sera pas joué avant 1888. Il épouse en 1936 l’actrice Wilhelmmine « Minna » Planer, avec qui il reste jusqu’en 1862. En 1839, couverts de dettes, ils sont contraints d’émigrer pour Londres. Durant le voyage, le couple est pris dans une tempête, qui inspire à Wagner Der fliegende Holländer. En 1840, il écrit le livret, qu’il propose avec trois morceaux déjà écrits au directeur de l’Opéra de Paris. Mais celui-ci confie la composition à un autre musicien, Louis-Philippe Dietsch, qui le crée en novembre 1842. Wagner décide alors de remanier le livret et en finit l’écriture musicale. Joué pour la première fois à Dresde en 1843 où le couple déménage, il est considéré comme l’un de ses premiers chefs-d’œuvre. Le séjour dresdois prend fin en 1849. Wagner fréquente alors les milieux anarchistes, puisqu’il souhaite une unification de la nation allemande. Il participe à l’insurrection contre le gouvernement saxon. La révolte est cependant vite matée et des mandats d’arrêt sont délivrés contre ses participants. Il est forcé de fuir. Durant cette période troublée, il écrit Lohengrin, dont la première, dirigée par Liszt, a lieu à Weimar en août 1850. Il rencontre là encore un grand succès. Cependant, Wagner reste contraint à l’exil. Il commence à composer la Tétralogie, consacrant l’année 1852 à en écrire les poèmes, mais s’interrompt pour Tristan et Isolde, qui sera achevé en 1859. La première a lieu en 1865 à Munich, financée par le roi Louis II qui vient d’accéder au trône de Bavière. En 1859, il parvient à faire jouer Tannhäuser à l’Opéra de Paris. L’œuvre est retirée après trois représentations. À Munich, il crée Les Maîtres chanteurs de Nuremberg en 1868, puis L’Or du Rhin et La Walkyrie en 1869 et 1870. Il se remarie cette même année avec Cosima Wagner, fille de Liszt, avec qui il restera jusqu’à sa mort. En 1871, il fonde à Bayreuth le théâtre dont il rêve, qu’il inaugure le 13 août 1876 avec le cycle complet de la Tétralogie. De nombreux invités sont conviés, parmi lesquels Anton Bruckner, Augusta Holmès, Guillaume Ier, Louis II, qui a amplement aidé au financement du théâtre, ou encore Franz Liszt, Camille Saint-Saëns, Piotr Illitch Tchaïkovski et Charles-Marie Widor. Si le festival est un succès artistique, il est un désastre financier, raison pour laquelle le second festival de Bayreuth n’aura lieu qu’en 1882, où Wagner présente Parsifal. Il meurt à Venise le 13 février 1883. Son corps est transporté à Bayreuth, où il repose dans le caveau du jardin de la Villa Wahnfried.

Le leitmotiv wagnérien Une des grandes innovations que Wagner a su amener à l’opéra est notamment le procédé du « leitmotiv », terme allemand qui signifie « motif conducteur ». Il n’en invente pas l’idée, mais lui donne tout son sens. Ainsi, il associe une phrase musicale à un personnage, un objet, un sentiment ou une idée, qui réapparaît durant toute la composition et en constitue le tissu orchestral. Wagner le veut court, simple, efficace et qui se retient aisément, mais qui peut aussi être modifié à loisir tout au long de la composition par le rythme, le ton ou le tempo, selon une humeur, un ressentiment ou encore une situation. Cet emploi du leitmotiv se répand rapidement, et dès la fin du XIXe siècle, il touche Verdi, Massenet ou Puccini. Le terme « leitmotiv » n’est cependant pas du compositeur. À celui-ci, inventé par Hanz von Wolzogen, homme de lettres ami de Wagner, il préfère l’expression « thème fondamental » ou éventuellement « motif fondamental ». C’est dans le Ring que Wagner poussera le plus loin ce système de motifs récurrents : les quatre opéras de l’Anneau du Nibelung ne totalisent en effet pas moins de 91 motifs identifiés, auxquels s’ajoutent plusieurs variantes du même thème.


prolongements pédagogiques

Arts du langage

• Un livret en allemand écrit par Wagner, d’après les sources littéraires de Heine • La légende d’origine du vaisseau fantôme • Le mythe du hollandais volant et du thème de l’errance perpétuelle • Apprendre ou étudier des poèmes romantiques sur le thème de la mer et des marins • Le vaisseau fantôme et la bande dessinée

Arts du son

• Le figuralisme, l’orchestre imageant l’océan et ses tempêtes • Caractéristiques des voix wagnériennes à partir d’extraits de l’œuvre • écriture musicale : les intervalles diminués, le leitmotiv, le chromatisme • La musique des films Pirates des caraïbes et leurs thèmes musicaux principaux, l’influence de la musique romantique et post-romantique dans les musiques de films • Le drame wagnérien et l’évolution formelle de l’opéra • Wagner, un compositeur de génie à la vie tumultueuse

Arts du visuel

• Représentations picturales du Hollandais volant • Les films Pirates des caraïbes : scènes d’errance du bateau maudit, de tempêtes • Les peintres romantiques et l’univers maritime (ex : tableaux de Turner)

Arts de l’espace

• Architecture navale de bateaux du XVIIIe siècle et, par extension, les similitudes entre le vocabulaire des marins et celui des machinistes du théâtre d’opéra • Le Palais des Festivals de Bayreuth, construit en 1876, bien après la création du Vaisseau fantôme (1843)

Arts du spectacle vivant

• EPS, danse : mettre en espace les fluctuations d’un orage à partir de l’écoute de l’ouverture de l’opéra

Histoire-géographie

• Situer le cap de Bonne-Espérance (lié à la légende du Hollandais volant)


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