dossier pédagogique saison 2012-2013
La
Petite
Renarde Leoš
ˇ Janácek
rusée
Opéra en trois actes Livret du compositeur d’après Rudolf Tesnohlidek Nouvelle production
En deux mots Une renarde rêveuse face à la détention, amoureuse d’un beau renard, affectueuse avec ses petits, une renarde qui se moque de ces humains peu recommandables qui l’entourent et dont elle se joue. Une renarde qui paye de sa vie son indépendance et sa liberté.
Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo www.benoitpelletier-diabolus.fr
a Direction musicale Friedemann Layer
Le Garde-chasse Scott Hendricks
La Renarde Rosemary Joshua
Mise en scène et lumières Robert Carsen
Sa Femme, Le Hibou Corinne Romijn
Le Renard Hannah Esther Minutillo
L’Instituteur Gijs Van der Linden
Lapak le chien Aline Martin
Le Curé, Le Blaireau Enric Martinez-Castignani
Le Coq, Le Geai Anaïs Mahikian
Décors et costumes Gideon Davey Lumières Peter Van Praet Chorégraphie Philippe Giraudeau
Chœurs de l’OnR Petits Chanteurs de Strasbourg
Maîtrise de l'OnR
Harasta Martin Bárta Pasek l’aubergiste John Pumphrey Madame Paskova, Le Pivert Sophie Angebault
Orchestre symphonique de Mulhouse Universal Edition A.G., Vienne 2010
STRASBOURG
MULHOUSE
Opéra
La filature
ve 8 février 20 h di 10 février 15 h ma 12 février 20 h je 14 février 20 h sa 16 février 20 h
ve 1er mars 20 h di 3 mars 15 h
Rencontre avec Friedemann Layer et Robert Carsen animée par Marc Clémeur Strasbourg, Opéra je 7 février 18 h 30 entrée libre
Coproduction avec l’Opéra de lille
Langue : tchèque surtitré en français et en allemand Durée approximative : 1 h 40 Conseillé à partir de 12 ans : collège et lycée
argument Acte I Un garde-chasse se repose dans une forêt. Autour de lui tourne un moustique que poursuit une grenouille ; une sauterelle et un grillon chantent. Une renarde apparaît. La grenouille surprise saute et se retrouve sur le nez du garde-chasse. L’homme réveillé jure, capture la renarde pour l’emmener chez lui. On la retrouve en automne, qui se lamente devant la niche d’un chien tombé amoureux d’elle à son grand dame. Les trois fils du garde-chasse ne cessent de l’importuner. Elle fait un rêve : elle est devenue une belle gitane. Le lendemain, elle est scandalisée par l’attitude du coq vis-à-vis des poules et les pousse à se révolter. Peine perdue. Le coq prétend qu’elle ne cherche qu’à les dévorer. La renarde dépitée joue la morte. Le coq s’en approche et la comédienne s’en empare avant de faire de même avec toutes les poules. La forestière et le gardechasse accourent, mais elle parvient à défaire ses liens et à s’enfuir dans la forêt.
Acte II à la recherche d’un terrier, la renarde s’oppose au blaireau qui menace de porter plainte. Elle lui montre son postérieur et tous les animaux s’amusent de la situation. Le blaireau, honteux, s’enfuit. Réunis à l'auberge, le garde-chasse, l'instituteur et le curé jouent aux cartes, occasion aussi d’échanger des propos sur la renarde du garde-chasse qui s’est échappée et la fiancée de l’instituteur qui a disparu. Tous deux se querellent et se quittent. L’instituteur rentrant chez lui éméché croit voir dans l'obscurité le visage de sa fiancée dans un tournesol derrière lequel se trouve la renarde. Il en perd l’équilibre et tombe. Arrive le curé qui rêvasse à un amour de jeunesse, puis le garde-chasse qui tente de tirer avec son fusil sur la renarde. Il fait chou blanc et fait fuir ses deux comparses. La lune est belle en ce soir et la renarde tombe amoureuse d’un beau renard. Elle lui raconte sa vie et ses déboires chez le garde-chasse, tandis qu’il lui fait la cour et lui propose sans plus tarder de l’épouser. Un grand ballet d’animaux vient saluer la célébration dirigée par le pivert.
Acte III Un vagabond est dans le bois et braconne. Il tombe sur un lièvre mort abandonné par les renards mais arrive le garde-chasse. Le vagabond lui confie qu’il va bientôt se marier. Le garde-chasse l’accuse d’avoir tué le lièvre, pose un piège près de celui-ci et disparaît. Voici la famille des renards au complet : la renarde, son époux et les petits. Leur maman les rend attentif au danger du piège. Le vagabond arrive avec un panier plein de poules. La renarde fait semblant de boiter pour l’attirer dans la forêt. Il dépose son panier, suit la proie qu’il croit facile, mais trébuche. Il revient blessé à son panier vide : les renards se sont emparés des poules. Il leur tire dessus, tous disparaissent à l’exception de la renarde qui gît à terre et agonise. À l'auberge, le garde-chasse informe l'instituteur qu'il a trouvé le terrier des renards abandonné. La femme de l’aubergiste prétend que l'ex-fiancée du garde-chasse est sur le point d’épouser le vagabond et qu'elle porte un manchon neuf en renard. Le garde-chasse fait mine de s’en moquer, mais les deux hommes sont plus affectés qu’il n’y paraît. Le lendemain, le garde-chasse rencontre une des filles de la renarde. Sa ressemblance avec sa mère est stupéfiante. La renarde n'est pas vraiment morte.
liberté
malice
De la bande-dessinée à l’opéra En 1919, le directeur du quotidien Lidové Noviny – Les Nouvelles du Peuple – découvre des dessins à la plume de Stanislav Lolek illustrant une histoire entre un garde-chasse et une renarde. Il les fait publier dans son journal en feuilleton et demande au chroniqueur Rudolf Těsnohlídek d’écrire un texte pour les accompagner. Le succès est au rendez-vous, la Renarde suscite l’engouement de tout Brno. L’année suivante, Těsnohlídek fait publier un livre qui remporte le même succès auprès du public. C’est la bonne de Janáček, fervente lectrice de ce feuilleton, qui suggère au compositeur de mettre La Petite Renarde rusée en musique. Elle raconte : « à l’époque où paraissait le feuilleton Bystrouška, j’ouvrais aussitôt le journal sur le chemin du retour pour voir s’il y avait un nouvel épisode ; et s’il y en avait un, je me dépêchais de rentrer à la maison pour le lire avant de donner le journal à Monsieur… J’étais en train de le lire… Madame étant sortie et le maître occupé dans son cabinet. Soudain, il se montra à la porte de la cuisine : - Qu’y a-t-il de si drôle, ma fille ? - Bystrouška, Monsieur. - Quoi Bystrouška ? - Vous ne le lisez pas ? C’est par Těsnohlídek. Dans Lidové Noviny. Je lui tendis le journal, il regarda l’image, lut le texte et se mit à sourire. Et je lui dis : - Monsieur, vous qui savez si bien comment parlent les bêtes […] est-ce que cela ne ferait pas un opéra ? Il ne dit rien. Mais il commença à mettre de côté tous les numéros où paraissait Bystrouška. »
Une partition plaisante L’ouvrage de Janáček occupe une place particulière dans l’œuvre du compositeur. D’importants intermèdes orchestraux sont présents entre les scènes, il utilise des registres différents comme dans la partie faisant référence aux poules, la rencontre et la scène de flirt du couple Renard.
Leosˇ Janacek ´ ˇ Leoš Janáček est né le 3 juillet 1854 à Hukvaldy en Moravie, d’un père instituteur et organiste. Il obtient son diplôme et devient en 1872 lui-même instituteur et maître de musique. En 1874 et 1875, il suit les cours de l'école d'orgue de Prague où il rencontre en 1874 celui qui deviendra son ami, Antonín Dvorák, puis il exerce à Brno comme professeur de musique et chef de chœur. Suite pour orchestre est composée en 1877. L’année suivante, il rentre au Conservatoire de Saint-Petersbourg, compose Idyla pro smycce (Idylle pour orchestre à cordes). En 1879, il travaille au Conservatoire de Leipzig, puis, en 1880, au Conservatoire de Vienne. De 1880 à 1904, il est professeur de musique à l'École Normale de Brno, de 1886 à 1902, il enseigne le chant au lycée et dirige l'école d'orgue de 1881 à 1919. Il se marie en 1881. Le couple a deux enfants, qui meurent. Les parents se séparent en 1916. Il compose son premier opéra, Šárka, en 1887. Secrétaire du département moravien des études folkloriques de Prague en 1885, il crée les Valašské tance (Danses moraves) en 1888-1890 et un ballet, Rákós Rákóczy, en 1891. On retrouve l'influence directe de ses études dans les opéras qui suivent : Pocátek románu (Le Début d'un roman) en 1891 et Její pastorkyna (Leur Fille nourricière), connu sous le titre de Jenůfa, en 1904. Il s'engage dans le mouvement social contre la monarchie. Sa sonate 1. X. 1905 Z ulice (Dans la rue) est un hommage à un ouvrier abattu à Brno. Il met en musique des poèmes d'inspiration socialiste de Petr Bezruc et fustige la petite bourgeoisie tchèque dans l'opéra Výlety páne Brouckovy (Les Excursions de Monsieur Broucek). Il compose sa rhapsodie pour orchestre Tarass Boulba en 1915-1918 et le cycle de mélodies Journal d'un disparu en 1917-1919. La fondation de la République tchécoslovaque en 1918 lui redonne de la
vigueur. La composition de ses plus grands succès s’enchaîne : l'opéra Káta Kabanová (1919-1921) d'après L'Orage d'Ostrovski, une réflexion sur la société bourgeoise, Bystroušky (1921-1923), La Petite Renarde rusée, qui exprime l'authenticité et la vitalité de la nature, L'Affaire Makropoulos (1923-1925) dont il adapte lui-même le livret, La Messe glagolitique en 1926, sur des textes en vieux bulgare et l'opéra La Maison des morts (1927-1928), d'après Dostoïevski. Il meurt à Ostrava en Moravie, le 12 août 1928.
Des opéras au féminin « […] je n’écris que des opéras "féminins" », écrit Leoš Janáček au moment où il hésite à nommer son ouvrage Kat’a Kabanova ou du nom de la pièce dont il s’est inspiré, L’Orage. La femme est au centre de ses intérêts quand il adapte les histoires dont il s’inspire pour l’opéra. Une femme libre ou opprimée, une femme qui exprime son désir, qui est parfois maître de la situation ou dépassée par la pression de son entourage. Une femme qui souffre mais pour qui le compositeur a plus que de la compassion. Une empathie qui transpire dans sa musique au point de la faire partager avec le spectateur. La « fille-mère » selon la sordide expression en vogue autrefois dans Jenůfa, femme adultère mais aimante dans Kat’a Kabanova, respirant le bonheur d’être épouse et mère dans La Petite Renarde rusée, femme fatale symbole de l’éternel féminin et désabusée dans L’Affaire Makropoulos.
▪ Její pastorkyňa (Jenůfa) / 1894-1903, création en 1904 :
une jeune fille perdue entre l’amour de deux hommes, deux demi-frères qui plus est, pour son enfant qu’il faut à tout prix cacher, quitte à le supprimer.
▪ Kát’a Kabanová (Kat’a Kabanova) / 1919-1921, création en 1921 : Kat’a trompe son mari pendant son absence et se suicide.
▪ Příhody lišky bystroušky (La Petite Renarde rusée) / 1921-1923, création en 1924 ▪ Več Makropulos (L’Affaire Makropoulos) / 1923-1925, création en 1926 : Elina Makropoulos vit depuis 337 ans grâce à un élixir de vie que lui a donné son père et qui lui apporte la jeunesse éternelle. Femme fatale, il lui a fallu lutter contre son état pour paraître jeune dans sa relation avec ses amants pour les conquérir. Mais les effets de la magie s’estompent peu à peu et la jeune femme doit rapidement en retrouver la formule secrète… ou quitter ce monde.
biographies Friedemann Layer, Direction musicale Né à Vienne, il débute à l’Opéra d’Ulm, puis à Salzburg (où il est l’assistant d’Herbert von Karajan) et à l’Opéra de Düsseldorf. Il devient ensuite directeur musical et chef principal de l’Opéra de Mannheim. Très vite, il entame une carrière internationale. Il dirige de nombreux concerts et opéras avec des orchestres renommés et sur des scènes prestigieuses, notamment à Genève, Bruxelles, Anvers, Berlin ou San Francisco. Dix-huit années durant, il dirige à l’Opéra de Dresde de nombreuses nouvelles productions telles que Lulu, Don Giovanni, Die Soldaten, ainsi que les opéras de Wagner et Strauss. En France, il dirige l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Orchestre de Lyon et l’Orchestre de Bordeaux. De 1994 à 2007, il est directeur musical de l’Opéra et de l’Orchestre de Montpellier. Il est chef honoraire de cet orchestre. De 2007 à 2009, il est à nouveau directeur musical de l’Opéra de Mannheim et y dirige de nombreuses productions. Il est invité régulièrement à Copenhague (Lohengrin, Tannhäuser, Ariadne auf Naxos), à Bâle (notamment Der fliegende Holländer), Francfort (Zemlinsky, Berlioz, Verdi, Janáček et Pelléas et Mélisande) et Berlin. À l’OnR, il a dirigé Jenůfa (2010), L’Affaire Makropoulos (2011) et Kat’a Kabanova (2012). Cette saison il dirige L’Affaire Makropoulos à l’Opéra de Francfort, et Don Giovanni au Deutsche Oper am Rhein. D’autres projets le mèneront au Komische Oper de Berlin pour Lear de Reimann, à Francfort pour Pelléas et Mélisande et au Deutsche Oper Berlin pour Le Nozze di Figaro et Don Giovanni.
Robert Carsen, Mise en scène Né au Canada, Robert Carsen entame une carrière de metteur en scène qui le conduit sur les scènes les plus prestigieuses. Parmi ses nombreuses mises en scène, citons notamment Tannhäuser, Capriccio, Rusalka, Les Contes d’Hoffmann, Alcina à l’Opéra National de Paris, Candide de Leonard Bernstein (Châtelet, ENO, La Scala), Eugène Onéguine et Mefistofele au Metropolitan Opera, Dialogues des carmélites à Amsterdam et à La Scala de Milan et Iphigénie en Tauride à Chicago et au Royal Opera House Covent Garden, ainsi que Il Trovatore au festival de Bregenz et Der Rosenkavalier au festival de Salzbourg. Il est régulièrement invité à l’Opéra de Flandre pour les cycles Puccini et Janáček (Jenůfa, Kat’a Kabanova et La Petite Renarde rusée) et la création de Richard III de Battistelli. Son travail est récompensé par de nombreux prix, notamment pour les productions de A Midsummer Night’s Dream, Dialogues des carmélites et Fidelio (Amsterdam et Florence). Robert Carsen a également réalisé des mises en scène pour le théâtre, dont Mère Courage et ses enfants (Brecht) pour le Piccolo Teatro de Milan, Rosencrantz and Guildenstern Are Dead (Stoppard) au Roundabout Theatre de New York, L’Éventail de Lady Windermere (Wilde) au Bristol Old Vic et Nomade, ainsi qu’un spectacle conçu pour Ute Lemper au Châtelet. Il a conçu la scénographie de l’exposition Marie-Antoinette au Grand Palais, ainsi que de celle consacrée à Charles Garnier à l’École des Beaux-arts à Paris. Ses réalisations récentes comprennent Ariadne auf Naxos à Munich, Berlin et Copenhague, Le Couronnement de Poppée à Glyndebourne, Bordeaux et Vienne, Carmen à Amsterdam, Salome à Madrid, My Fair Lady au Châtelet, Rinaldo d’Haendel au festival de Glyndebourne. Il met en scène Don Giovanni pour l’ouverture de la saison 2011-2012 de la Scala de Milan. Suivent Lucia di Lammermoor à Zurich et Munich, Mefistofele à Chicago, Houston et Washington, Mitridate à Bruxelles et Vienne, Orfeo ed Euridice à Chicago, Tosca et Semele à Zurich. On se souvient à l’OnR de ses productions d’Orlando d’Haendel (1997) et du Songe d’une nuit d’été de Britten (1998), de Richard III de Battistelli (2009), de Jenůfa (2010) puis de L’Affaire Makropoulos et de La Bohème (2011) et de Kat’a Kabanova (2012).
Arts du son
▪ Repérer et chanter de nombreux motifs musicaux ▪ Jeux vocaux à partir des intervalles récurrents de l’œuvre ▪ Une orchestration colorée et les instruments de La Petite Renarde rusée ▪ Les rythmes inspirés de la musique et des danses moraves ▪ Voix et caractères des personnages ▪ Janacek et l’opéra ` ˇ
Thématique « Arts, espace, temps »
▪ Le cycle de la vie, du printemps au printemps
Arts du langage
▪ La personnification des animaux, les hommes et animaux placés au même niveau ▪ Le renard et la littérature
prolongements pédagogiques
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