dossier pédagogique saison 2013-2014
ivan cavallari / enrico melozzi
pinocchio
En deux mots Pinocchio, pantin de bois créé par Gepetto, est une marionnette bien impertinente. Il ne pense qu’à s’enfuir et va de mésaventure en mésaventure. Arrivera-t-il à devenir un vrai petit garçon ?
Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo Nis & For
www.operanationaldurhin.eu
chorégraphie MUSIQUE direction musicale Décors costumes Lumières assistante à la chorégraphie
Ivan Cavallari Enrico Melozzi Myron Romanul Edoardo Sanchi Maria Porro Jon Buswell Eva Zmekova
Ballet de l’Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse Créé au west australian ballet
MULHOUSE La filature
colmar
STRASBOURG
sa 8 février 20 h di 9 février 15 h lu 10 février 14 h 30*
di 16 février 15 h ma 18 février 14 h 30* & 20 h me 19 février 20 h je 20 février 14 h 30* & 20 h ve 21 février 14 h 30* & 20 h
théâtre
je 30 janvier 14 h 30 ve 31 janvier 20 h sa 1er février 15 h & 20 h di 2 février 15 h *
* Représentations réservées aux groupes scolaires Réservations : département jeune public
Durée approximative : 1 h 30 avec entracte / 1 h en matinée scolaire Conseillé à partir de 5 ans : élémentaire et collège
opéra
Il était une fois un morceau de bois… Façonné par le vieux menuisier Gepetto, Pinocchio, le pantin sournois au nez rebelle et aux airs polissons, provoque son monde et son destin. À force d’impertinences, il se retrouve au pays des jouets où les ânes et les petits garçons présentent une ressemblance inquiétante. Finalement, il atterrit dans le ventre d’un monstre marin… À l’issue de ce parcours initiatique, sa volonté de fer et son courage d’acier auront raison de son corps de bois et lui permettront de devenir un homme de chair et de sang. Ivan Cavallari, lui, a su garder son âme d’enfant pour redonner vie aux épisodes les plus marquants de l’histoire du pantin. L’onirisme des décors d’Edoardo Sanchi et la création musicale d’Enrico Melozzi donnent une force nouvelle au conte de Carlo Collodi.
West Australian Ballet, photo Jon Green
L’histoire de Pinocchio Écrite par Carlo Collodi, l’histoire de Pinocchio prend source dans un feuilleton commandé par le directeur d’un journal pour enfants : Il Giornale per i Bambini. Collodi, qui avait déjà travaillé sur le registre du conte, accepte. Destiné à la jeunesse, l’écriture sera volontairement simple et précise. Cependant, au XVe chapitre de son feuilleton original, Collodi tue la marionnette sans plus d’états d’âme et Pinocchio meurt pendu à un arbre par des bandits. Les enfants protestent et l’auteur le ressuscite. Le feuilleton durera de 1881 à 1883, sous le titre Les Aventures de Pinocchio. Pinocchio est un pantin dont l’attitude semble ambigüe et incorrigible. Il apporte à l’histoire anticonformisme, impertinence et liberté. Personnage irascible, constamment en rébellion contre toute figure d’autorité, il fait plutôt figure d’antihéros. Son nom est issu de l’italien « pinolo », qui signifie « pignon », la graine comestible du pin parasol. Pinocchio voudrait donc dire « petit pignon ». D’ailleurs, une adaptation allemande de 1905 par Otto Julius Bierbaum traduit également son nom et titre le livre Zäpfelkerns Abenteuer, soit littéralement « Les Aventures de Noyau de pomme de pin ». Les multiples mésaventures de la marionnette, souvent provoquées uniquement par sa faute, évoquent les turbulences de la jeunesse et les épreuves d’un parcours initiatique. Pinocchio devient un symbole de la réalisation de soi, en opposant systématiquement le plaisir et l’insouciance à la raison. Plus que cela, à la fois végétal et humain, il pose la question du vivant et de la spécificité humaine.
L’adaptation par les studios Disney La rébellion de la marionnette est largement édulcorée dans le Pinocchio des studios Disney, qui sort en 1940, soit 59 ans après la première évocation du pantin par Collodi. Le personnage, initialement plus proche du jeune délinquant, devient un pantin naïf, et la fable didactique destinée à préparer les enfants au monde adulte se voit adaptée aux États-Unis des années 1940 : l’anarchie n’est plus de mise. De même, l’histoire peut paraître plus tendre. L’éducation de Pinocchio est différente, puisque la fée devient dès les premières minutes une figure maternelle, qui apporte l’existence et libère Pinocchio des fils qui le retenaient. Elle joue le rôle d’une mère protectrice et morale, alors qu’elle est bien plus multiple et ambigüe dans le conte italien. Lorsque la marionnette cherche assistance pour devenir un garçon de chair, elle ne peut que lui énoncer les lieux communs de l’Amérique de l’époque : « Sois courageux, fiable et généreux. Sois un bon fils pour ton père ; qu’il puisse être fier de toi ! Apprends à distinguer le bien du mal, et un jour, en t’éveillant, tu découvriras que tu es un vrai garçon. » La cruauté du conte de Collodi est aussi atténuée et laisse place au grotesque. Cela se voit notamment dans l’apparence de la marionnette. Simple pantin de bois à l’origine, Pinocchio devient presque humain chez Disney : ses traits sont ronds, ses mains de bois cachées par des gants, ses expressions animées. Ne subsistent de son apparence de marionnette que son nez de bois, son cou fin et ses articulations visibles. Disney ne mentionne par ailleurs ni la pendaison de Pinocchio, ni le meurtre du grillon.
Extrait des « Aventures de Pinocchio » Tout comme Pinocchio, certains personnages secondaires comme le criquet sont totalement revisités dans le dessin animé de Disney. Dans le conte, il apparaît sous les traits d’un grillon qui fait la morale au pantin. Ce dernier ne l’écoute absolument pas et rend son apparition très brève, puisque… « Voilà donc la suite, les enfants. Alors que le pauvre Geppetto était conduit sans raison en prison, ce polisson de Pinocchio, sorti des griffes du carabinier, descendit à toutes jambes à travers champs pour rentrer plus vite à la maison. Dans sa course folle, il gravissait les plus hauts talus, sautait par dessus des haies de ronces et franchissait des fossés pleins d’eau, exactement comme un chevreau ou un jeune lièvre poursuivi par des chasseurs. Arrivé devant la maison, il trouva la porte fermée. Il lui donna une bourrade, entra, tira tous les verrous et s’affala par terre en poussant un grand soupir de satisfaction. Mais la satisfaction dura peu car il entendit, quelque part dans la pièce, quelqu’un qui faisait : - Cri-cri-cri ! - Qui donc m’appelle ? demanda Pinocchio, apeuré. - C’est moi ! Il se retourna et vit un énorme Grillon qui grimpait lentement sur le mur. - Dis-moi, Grillon, qui es-tu ? - Je suis le Grillon-qui-parle, et je vis dans cette pièce depuis plus de cent ans. - Ouais, mais maintenant c’est ma maison à moi, dit la marionnette, et si tu veux vraiment me faire plaisir, va-t-en tout de suite et ne reviens pas. - Je ne partirai d’ici, répondit le Grillon, qu’après t’avoir dit une vérité essentielle. - Bon, alors grouille-toi de me la dire. - Malheur aux enfants qui se révoltent contre leurs parents et abandonnent par caprice la maison paternelle ! Jamais ils ne trouveront le bien en ce monde et, tôt ou tard, ils s’en repentiront amèrement. - Cause toujours, mon Grillon, tant qu’il te plaira : moi je sais que demain, à l’aube, je partirai d’ici car si je reste, il m’arrivera ce qui arrive à tous les enfants. C’est-à-dire qu’ils m’enverront à l’école et, que cela me plaise ou non, on m’obligera à étudier. Or moi, je te le dis en confidence, étudier ne me va pas du tout. Cela m’amuse beaucoup plus de courir derrière les papillons et de grimper dans les arbres pour dénicher les oiseaux. - Pauvre petit sot ! Tu ne sais donc pas qu’en agissant ainsi tu deviendras le plus beau des ânes et que tout le monde se paiera ta tête ? - Oh ! La barbe Grillon de malheur ! cria Pinocchio. Mais le Grillon, qui était patient et philosophe, au lieu de prendre mal cette impertinence, continua sur le même ton : - S’il ne te plait pas d’aller à l’école, tu pourrais au moins apprendre un métier, de façon à pouvoir gagner ta vie honnêtement.
- Tu veux que je te dise ? répliqua Pinocchio, qui commençait à s’énerver. Parmi tous les métiers du monde, un seul me conviendrait parfaitement. - Et ce métier serait ?... - Celui qui consiste à manger, boire, dormir, m’amuser et me balader du matin au soir. - Pour ta gouverne, lui répondit le Grillon-qui-parle avec son calme habituel, je te signale que ceux qui pratiquèrent un tel métier ont tous fini leurs jours à l’hospice ou en prison. - Cela suffit, Grillon de malheur !... Si la colère me prend, gare à toi ! - Pauvre Pinocchio ! Tu me fais pitié !... - Et pourquoi, Grillon ? - Parce que tu es une marionnette et, ce qui est terrible, que tu as donc la tête dure comme du bois. Rendu absolument furieux par ces dernières paroles, Pinocchio se leva d’un bond, s’empara d’un marteau sur l’établi et le lança à toute volée vers le Grillon-qui-parle. Peut-être crut-il qu’il ne le toucherait même pas. Malheureusement, il le frappa en plein sur la tête, si bien que le pauvre Grillon, après avoir fait une dernière fois cri-cri-cri, resta collé au mur, raide mort. »
Quelques adaptations de « Pinocchio » Le personnage s’est vite libéré de son récit pour devenir un mythe plutôt qu’une œuvre littéraire, fuyant Collodi comme la marionnette fuyait son père Gepetto. Ainsi, de nombreuses adaptations ont vu le jour, dans la littérature classique comme dans la bande dessinée, au théâtre comme au cinéma. • 1936 : Les Aventures de Pinocchio, film d’animation d’Umberto Spano et Raoul Verdini • 1936 : La Petite clef d’or, ou Les Aventures de Bouratino, récit en russe par Alexeï Tolstoï • 1940 : Pinocchio, long-métrage des studios Disney • 1965 : Pinocchio dans l’espace, long-métrage d’animation par Ray Goossens • 1972 : Les Aventures de Pinocchio, feuilleton télévisuel réalisé par Luigi Comencini en italien • 1976 : Pinocchio, série animée japano-allemande en 52 épisodes de Shigeo Koshi et Hiroshi Saito • 1997 : La Revanche de Pinocchio, film d’épouvante réalisé par Kevin Tenny • 2001 : A.I., Intelligence artificielle, film de Steven Spielberg sur une idée de Stanley Kubrick • 2002 : Pinocchio, film de Roberto Benigni • 2004 : Pinocchio le robot, film d’animation en images de synthèse de Daniel Robichaud, où l’action est transposée en l’an 3 000 • 2005 : Gueule de bois, bande dessinée en plusieurs volumes de Philippe Foerster avec un Pinocchio devenu adulte • 2008 : Pinocchio, adaptation théâtrale par Joël Pommerat aux éditions Actes Sud • 2008 : Pinocchio, bande dessinée de Winshluss publiée par Les Requins Marteaux
La vision du chorégraphe Ivan Cavallari s’inspire de la version de Collodi qu’il a découverte très tôt, à l’âge de six ans. Pour le chorégraphe, l’histoire du pantin est celle d’un rite initiatique au caractère universel. Si Pinocchio nous touche, c’est que chacun de nous expérimente toutes sortes de tentations. Le conte ne s’adresse ainsi pas qu’aux enfants, mais aussi aux adolescents et aux adultes. Au cœur de la version moderne du ballet d’Ivan Cavallari repose la dualité entre le pantin et le garçon qu’il veut devenir. La danse de Pinocchio emprunte à cette dualité. S’il est confiné dans des postures raides propres au bois lors de ses mauvaises actions, ses mouvements se font plus gracieux à mesure qu’il devient garçon de chair et de sang. Cette vision double se retrouve dans toute l’œuvre, qui commence sur une narration conventionnelle, mais emprunte également aux registres de l’opéra ou du cirque. Texte extrait d’interviews données par Ivan Cavallari à l’occasion des représentations de Pinocchio au West Australian Ballet en 2012
West Australian Ballet, photos Jon Green
ivan cavallari De La Scala au West Australian Ballet en passant par le Ballet de Stuttgart, le parcours d’Ivan Cavallari démontre une grande richesse et une envergure internationale en résonance avec l’histoire du Ballet de l’OnR dont il a pris la direction artistique en janvier 2013. Né à Bolzano en Italie en 1964, Ivan Cavallari intègre l’école du Ballet de La Scala à Milan, avant d’être boursier à l’école du Bolchoï Ballet de Moscou en 1981, où il poursuit sa formation jusqu’en 1983. De 1984 à 1985, il est danseur au sein du Ballet de La Scala, et en 1986, il entre au Ballet de Stuttgart où il devient danseur-étoile en 1991, sous la direction artistique de Marcia Haydée, puis de Reid Anderson. Il interprète ses premiers rôles dans les chorégraphies de Balanchine, Ashton, Fokine, Béjart, Tetley, Kylián, Forsythe, Van Manen, Scholz, Mac Milan, Neumeier, Thoss, Spuck et Lee. Il travaille avec des artistes internationaux tels que Massimiliano Guerra, Alessandra Ferri, Alina Cojocaru, Tamara Rojo, Johan Kobborg et Adam Cooper. Il danse tous les premiers rôles des ballets de John Cranko et remonte régulièrement ses œuvres pour des compagnies telles que le Royal Ballet du Covent Garden de Londres, La Scala de Milan, le Ballet National tchèque à Prague, le Ballet National hongrois à Budapest, l’Opéra de Rome, le Ballet royal suédois, le Ballet d’Oslo, le Ballet national de Chine à Beijing, le Ballet universel en Corée et le West Australian Ballet. Il remonte aussi de nombreuses œuvres d’Uwe Scholz. Il réalise des chorégraphies pour le Ballet de Stuttgart, le Ballet der Staatsoper à Hanovre, le Ballet de Lodz State Opera en Pologne, le Ballet de Mannheim, le Ballet du Staatsoper de Vienne et la Staatsgallerie Stuttgart qui lui a commandé une œuvre pour l’ouverture d’une exposition consacrée au peintre Franz Marc. En 2002, sa création pour le Liaoning Ballet, The Last Empereur and I, remporte plusieurs prix. Pour le West Australian Ballet, il remonte Casse-noisette en collaboration avec Edoardo Sanchi, le décorateur de La Scala, un ouvrage très bien accueilli par la critique. De 2007 à 2012, il est à la tête du West Australian Ballet, la plus ancienne compagnie de danse d’Australie, qui a été créée en 1952 par Kira Abrissokova (Bousloff).
Carlo Collodi auteur de « pinocchio » Carlo Collodi Lorenzini est un écrivain italien né à Florence le 24 novembre 1826. Il prendra le pseudonyme de Collodi en hommage à sa mère, née dans le village éponyme, entre Florence et Pise. Il mène d’abord une carrière de journaliste et fonde deux revues humoristiques : Il Lampione et La Scaramaccia, qui disparaissent rapidement. À 33 ans, en 1859, il s’engage dans la lutte pour l’indépendance italienne. Il publie pour la première fois sous le nom de Collodi des opuscules politiques. Il revient vers son activité de journaliste en mai 1960, et c’est à partir de 1875 qu’il commence à écrire pour les enfants. Il adapte alors les contes de Charles Perrault en italien et écrit plusieurs ouvrages à visée didactique. Il a 54 ans quand Pinocchio surgit dans sa vie. Ayant, dit-on, accumulé les dettes de jeu, il accepte la commande d’un feuilleton pour enfant autour de la marionnette impertinente, pour laquelle il puisera notamment son inspiration dans la Commedia dell’arte. Les différents épisodes sont écrits de juillet 1881 à janvier 1883, date à laquelle le tout est réuni et publié en un seul volume, Les Aventures de Pinocchio. Le succès est immédiat et le personnage devient vite universel. Si Collodi est à partir de ce moment reconnu comme un écrivain célèbre, ses œuvres ultérieures ne connaîtront pas pareille félicité. Il meurt le 26 octobre 1890 dans sa ville natale, à l’âge de 64 ans.
prolongements pédagogiques
Arts du langage
• Un conte à la fois moralisateur et initiatique dont les thèmes sont universels • Les valeurs positives et négatives dégagées par le conte à travers ses personnages • Alternance des scènes (comme un feuilleton) et parcours temporel du personnage • Les réécritures de Pinocchio • De nombreuses sources pédagogiques autour de l’œuvre (par exemple pedagogie.ia84.ac-aix-marseille.fr/litt/docs-litt/pinocchio)
Arts du son
• Enrico Melozzi, compositeur contemporain à la croisée de différents styles et genres musicaux, dont la musique de film et la musique électronique • Repérer les différentes séquences musicales en fonction des étapes du conte • L’orgue de barbarie
Arts du visuel
• Cinéma et télévision : les adaptations multiples de Pinocchio, de Walt Disney à Steven Spieberg (A.I Intelligence artificielle) • Pinocchio et ses illustrateurs (dans les versions Hachette ou Gallimard par exemple) • Créer une bande dessinée pour s’approprier les différentes phases du conte
Arts du spectacle vivant
• Chorégraphie : la dualité entre le pantin et le petit garçon (imaginer et pratiquer : gestuelles contrastées qui mettent en lumière cette dualité) • Un ballet narratif • Influence des arts du cirque • Théâtre et chorégraphie : les personnages anthropomorphiques