dossier pédagogique saison 2013-2014
giuseppe verdi
Rigoletto Opéra en trois actes Livret de Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo
nouvelle production
En deux mots Rigoletto, bouffon du duc de Mantoue, se fait des ennemis. Victime d’une malédiction jetée par un père éploré pour l’honneur de son enfant, il va perdre sa fille, Gilda.
Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo Nis & For
www.operanationaldurhin.eu
Direction musicale Mise en scène Reprise de la mise en scène Décors Costumes Lumières Collaborateur aux mouvements Dramaturgie
Le Duc de Mantoue Rigoletto Gilda Sparafucile Maddalena Comte Monterone Marullo Borsa Comtesse Ceprano / Page Comte Ceprano
Paolo Carignani Robert Carsen Christophe Gayral Radu Boruzescu Miruna Boruzescu Robert Carsen, Peter Van Praet Philippe Giraudeau Ian Burton Dmytro Popov George Petean Nathalie Manfrino Konstantin Gorny Sara Fulgoni Kurt Gysen Manuel Betancourt Mark Van Arsdale Yvette Bonner Ugo Rabec
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg
Coproduction avec le festival d’Aix-en-Provence, la Monnaie / De Munt Bruxelles, le Théâtre du Bolchoï et le Grand Théâtre de Genève
STRASBOURG
MULHOUSE
di 8 décembre 15 h sa 14 décembre 20 h lu 16 décembre 20 h je 19 décembre 20 h sa 21 décembre 20 h lu 23 décembre 20 h
me 8 janvier 20 h ve 10 janvier 20 h
Opéra
La Filature
Langue : italien surtitré en français et en allemand Durée approximative : 2 h 30 Conseillé à partir de 11 ans : collège et lycée
conférence
par André Tubeuf Strasbourg Opéra sa 7 décembre 18 h 30 entrée libre
l’argument Centré sur le personnage du bouffon de cour, Rigoletto fut à sa création l’objet de la censure austro-hongroise. Son livret, adapté par Francesco Maria Piave du Roi s’amuse de Victor Hugo, dépeint initialement la vie dissolue à la cour du roi de France et le libertinage de François Ier. Pour pouvoir être joué, Piave transpose l’action dans la cour de Mantoue, qui n’existe à l’époque déjà plus, et remplace les noms des personnages. Drame de passion, d’amour filial et de vengeance, Verdi offre avec Rigoletto une de ses œuvres phare.
Acte I Le palais ducal de Mantoue, au XVIe siècle Un bal est donné. Le duc de Mantoue converse avec un courtisan à propos d’une jeune inconnue aperçue à l’église et sur laquelle il a des vues. Il a découvert où elle habite, mais ne sait qui elle est. Le courtisan attire son attention sur la comtesse Ceprano. Il l’entreprend au nez de son mari. Le comte Ceprano est pris à parti par Rigoletto, bouffon bossu du duc, qui le nargue. Rigoletto sort. Entre un autre courtisan, Marullo, qui affirme que le bouffon aurait une maîtresse. Le duc et Rigoletto reviennent, ce dernier continuant de se moquer du comte. Ceprano, avec d’autres courtisans, jurent de se venger du bouffon. Faisant irruption, le comte Monterone accuse le duc d’avoir séduit sa fille. Rigoletto le tourne en dérision et le duc le fait arrêter. Monterone lance alors une malédiction contre le maître des lieux et son bouffon. La maison de Rigoletto Presque arrivé chez lui, Rigoletto est accosté par un tueur à gages, Sparafucile, qui lui propose ses services. Le bouffon lui demande son nom et où il pourrait le retrouver si, par un malencontreux hasard, il en avait besoin. Il ouvre la porte et est accueilli par sa fille, Gilda. Encore ébranlé par la malédiction, il lui conseille de ne jamais sortir seule de la maison ; elle acquiesce et ne sortira plus que pour se rendre à l’église. Croyant entendre un bruit, il sort, confiant sa fille à la gouvernante Giovanna. Le duc, entré en cachette, se jette aux pieds de Gilda, la fameuse inconnue. Il lui déclare son amour en se faisant passer pour un étudiant. Avant qu’il puisse en faire d’avantage, Giovanna revient, pour signaler des bruits de pas dans la ruelle. Il sort. Les bruits de pas sont ceux des courtisans, qui ont décidé de se venger de Rigoletto en enlevant Gilda, qu’ils prennent pour sa maîtresse. Rigoletto, inquiété par le bruit, est abusé par ces derniers, qui lui font croire qu’ils enlèvent la comtesse Ceprano et l’obligent à porter un masque. Une fois celui-ci retiré, il est trop tard, sa fille a disparu.
Acte II Le palais ducal Le duc est très affecté par l’enlèvement de Gilda. Arrivent les courtisans qui lui racontent leurs aventures. À leur description, il reconnaît la fille du bouffon, et sort pour aller la rejoindre. Rigoletto paraît. Il implore les courtisans, qui sont stupéfaits par cette parenté insoupçonnée, de lui rendre sa fille. Gilda sort en courant des appartements du duc. Rigoletto la serre dans ses bras, mais la voyant en pleurs, il demande aux courtisans de sortir. Celle-ci lui raconte l’aventure avec le duc, et lui avoue qu’elle a été séduite. Passe Monterone qui, conduit en prison, déplore que sa malédiction n’ait aucun effet sur le duc. Rigoletto lui promet la vengeance, et jure de tuer le séducteur.
Acte III Une auberge sur les rives du Mincio Gilda supplie son père d’épargner le duc. Il l’invite à regarder dans l’auberge, où officient Sparafucile et sa sœur Maddalena. Elle aperçoit le duc, qui demande une chambre et courtise Maddalena, en fustigeant l’inconstance des femmes. Sparafucile sort discuter avec Rigoletto des derniers arrangements. Ils conviennent que le cadavre du duc sera remis au bouffon dans un sac. Rigoletto renvoie Gilda et lui demande, par précaution, de revêtir des habits d’homme. Tous deux s’en vont. Mais Maddalena, qui a été séduite par le duc, demande à son frère de l’épargner, et de tuer le premier homme qui se présentera à l’auberge à la place. Entendant cela, Gilda, qui est revenue sur ses pas, décide de se sacrifier. Elle frappe, entre, et est assassinée. Rigoletto revient pour récupérer le cadavre du sac et le jeter à l’eau, quand il entend s’élever la voix du duc, qui chante. Il ouvre le sac pour y découvrir avec horreur sa fille agonisante. La malédiction s’est réalisée.
L’ambivalence La musique de Verdi dans Rigoletto Choisi pour son ambivalence, le personnage de Rigoletto répond à la fois aux exigences du comique et du tragique, du noble et du prosaïque. D’un côté, c’est un père, attaché aux valeurs du foyer, souverain en son royaume privé, défenseur de la citadelle familiale, qui est capable si elle est en danger de brandir la menace de la vengeance ; de l’autre, sa difformité le pousse vers une fonction sociale subalterne : il amuse la cour. Comme le duc est un libertin cynique étranger aux valeurs familiales, il en seconde la désinvolture et la débauche. La malédiction après tout fait suite directe aux actions du bouffon, qui s’attire la vindicte des courtisans en poussant son maître à séduire la comtesse de Ceprano. Rigoletto ne s’exprime pas comme n’importe quel personnage d’opéra. Il déclame ou chantonne beaucoup plus qu’il ne chante. Il n’a d’ailleurs qu’un air à la fin du deuxième acte, et cet air exprime sa souffrance, sa rage et son désespoir. De même, le lyrisme de son long duo avec Gilda relève d’une douceur mélancolique. Mais toute l’ambiguïté du personnage se retrouve dans un monologue qu’elle se dit, juste après le duo avec Sparafucile, où s’expriment toute la dérision et la hargne qui habitent le personnage. Verdi l’a senti : cette âme tourmentée ne peut que rarement trouver la voie de l’effusion lyrique. Cette ambivalence est présente dans les compositions de tout l’opéra. Ainsi, chaque protagoniste a son empreinte propre dans l’œuvre. à la complexité du bouffon s’oppose la simplicité du duc, que Verdi voit comme un « caractère nul », tout entier dans le présent de ses élans amoureux. Constamment, tragédie et comédie se mêlent. L’introduction chasse les sombres airs du prélude, qui déjà pressent la malédiction. Une succession d’airs de danse se fait ; la gaieté est forcée, les personnages sont crispés dans leurs mondanités étudiées et faussement joyeuses. à cet artificiel s’oppose la seconde partie de l’acte et les épanchements lyriques du père, de la fille et du séducteur. Mais entre ces scènes s’insèrent encore des passages plus troubles, à l’image de l’épisode entre le tueur Sparacufile et Rigoletto. Le génie de Verdi s’exprime pleinement dans le dernier acte, où viennent s’insérer les différents airs. Le compositeur l’écrit : « J’ai conçu Rigoletto sans final, avec une interminable kyrielle de duos, parce que telle était ma conviction ». Ainsi, une atmosphère nocturne et orageuse reste de bout en bout, continuum d’où viennent émerger les moments musicaux, comme la chanson du duc, le quatuor, le trio et le duo final. Le quatuor illustre bien enfin cette ambiguïté. Il y oppose ainsi quatre types de personnages aux chants et aux registres affectifs différents. D’après Ombre et Lumière par Gilles de Van, paru dans le programme de Rigoletto (Opéra national du Rhin, 1995).
Le roi s’amuse victor hugo Rigoletto a dû, à sa sortie, essuyer la censure des autorités, puisque la vie de cour, et plus particulièrement sa dissolution, y sont abordées. L’œuvre dont est tiré l’opéra, Le Roi s’amuse, est un drame historique de Victor Hugo. En cinq actes et en vers, la pièce est créée à Paris en 1832, dix-neuf ans donc avant que Verdi la reprenne. Elle est à l’origine située non à la cour de Mantoue, mais à celle du roi de France François Ier, et s’articule autour du personnage de Triboulet, bouffon sous le règne de ce dernier et de Louis XII. Dénonçant la société de l’époque, la pièce est très mal accueillie, et interdite dès le lendemain de la première représentation. Il faut dire que celle-ci est très critique envers la monarchie et la noblesse, à l’image de la fille du bouffon – Blanche, qui sera renommée Gilda dans Rigoletto –, que l’homme tient éloigné de la cour depuis sa naissance par peur qu’elle côtoie pareille débauche. Une dénonciation morale et politique acerbe se joue ainsi dans la pièce d’Hugo, dénonciation non au goût du gouvernement de l’époque, qui s’assure, en interdisant toute représentation, que le drame ne fera pas d’esclandre. Le Roi s’amuse, représentation du cinquantenaire à la Comédie-Française le 22 novembre 1882
L’histoire initiale n’est pas non plus exempte de cruauté. Ainsi, au personnage tragi-comique de Rigoletto se substitue celui, plus noir, de Triboulet. Loin d’être innocent, c’est aussi lui qui pousse le roi au vice, lui montre la femme à séduire, assiste aux enlèvements. Rien d’étonnant dès lors qu’il soit touché par la malédiction de ce père dont la fille a été déshonorée. De fait, le seul être qu’il garde loin de ces vices sera celui par lequel il sera touché, sa fille. Croyant enlever pour le roi quelque dame, c’est sa fille qu’il contribue à jeter à l’opprobre ; voulant tuer le roi pour venger sa fille, c’est celle-ci même qui mourra. Être narcissique, difforme puisque déjà bossu, comploteur et cruel, le personnage de Triboulet a dans l’œuvre d’Hugo toutes les caractéristiques de l’anti-héros, caractéristiques que Piave et Verdi choisissent de ne pas mettre tant en avant dans Rigoletto, pour rendre le bouffon plus sympathique.
Le roi s’amuse - extrait acte ii, scène 1 Triboulet chemine vers chez lui et raille son rôle de bouffon
Illustration de Triboulet pour la pièce de Victor Hugo par J.A. Beaucé et Georges Rouget, 1832
Ah ! La nature et les hommes m’ont fait Bien méchant, bien cruel et bien lâche, en effet. Ô rage ! Être bouffon ! Ô rage ! Être difforme ! Toujours cette pensée ! Et, qu’on veille ou qu’on dorme, Quand du monde en rêvant vous avez fait le tour, Retomber sur ceci : Je suis bouffon de cour ! Ne vouloir, ne pouvoir, ne devoir et ne faire Que rire ! – Quel excès d’opprobre et de misère ! Quoi ! Ce qu’ont les soldats ramassés en troupeau Autour de ce haillon qu’ils appellent drapeau, Ce qui reste, après tout, au mendiant d’Espagne, À l’esclave en Tunis, au forçat dans son bagne, À tout homme ici-bas qui respire et se meut, Le droit de ne pas rire et de pleurer s’il veut, Je ne l’ai pas ! – Ô Dieu ! Triste et l’humeur mauvaise, Pris dans un corps mal fait où je suis mal à l’aise, Tout rempli de dégoût de ma difformité, Jaloux de toute force et de toute beauté, Entouré de splendeurs qui me rendent plus sombre, Parfois, farouche et seul, si je cherche un peu l’ombre, Si je veux recueillir et calmer un moment
Mon âme qui sanglote et pleure amèrement, Mon maître tout à coup survient, mon joyeux maître, Qui, tout-puissant, aimé des femmes, content d’être, À force de bonheur oubliant le tombeau, Grand, jeune, et bien portant, et roi de France, et beau, Me pousse avec le pied dans l’ombre où je soupire, Et me dit en bâillant : Bouffon, fais-moi donc rire ! – Ô pauvre fou de cour ! – C’est un homme après tout ! – Eh bien ! La passion qui dans son âme bout, La rancune, l’orgueil, la colère hautaine, L’envie et la fureur dont sa poitrine est pleine, Le calcul éternel de quelque affreux dessein, Tous ces noirs sentiments qui lui rongent le sein, Sur un signe du maître, en lui-même il les broie, Et, pour quiconque en veut, il en fait de la joie ! – Abjection ! S’il marche, ou se lève, ou s’assied, Toujours il sent le fil qui lui tire le pied. – Mépris de toute part ! – Tout homme l’humilie. Ou bien c’est une reine, une femme jolie, Demi-nue et charmante, et dont il voudrait bien, Qui le laisse jouer sur son lit, comme un chien ! Aussi, mes beaux seigneurs, mes railleurs gentilhommes, Hun ! Comme il vous hait bien ! Quels ennemis nous sommes ! Comme il vous fait parfois payer cher vos dédains ! Comme il sait leur trouver des contrecoups soudains ! Il est le noir démon qui conseille le maître. Vos fortunes, messieurs, n’ont plus le temps de naître, Et, sitôt qu’il a pu dans ses ongles saisir Quelque belle existence, il l’effeuille à plaisir ! – Vous l’avez fait méchant ! – Ô douleur ! Est-ce vivre ? Mêler du fiel au vin dont un autre s’enivre. Si quelque bon instinct germe en soi, l’effacer, Étourdir de grelots l’esprit qui veut penser, Traverser chaque jour, comme un mauvais génie, Des fêtes qui pour vous ne sont qu’une ironie, Démolir le bonheur des heureux, par ennui, N’avoir d’ambition qu’aux ruines d’autrui, Et contre tous, partout où le hasard vous pose, Porter toujours en soi, mêler à toute chose, Et garder, et cacher sous un rire moqueur Un fond de vieille haine extravasée au cœur ! Oh ! Je suis malheureux ! édition reproduite, Hachette, 1958
rigoletto - extrait du livret acte i, scène 15 Borsa montrant Gilda au chœur : Elle est là. Le Comte de Ceprano : Regardez-la. Le chœur : Comme elle est belle ! Marullo : Comme une fée ou un ange. Le chœur : C’est la maîtresse de Rigoletto. Rigoletto : Je reviens… Pourquoi ? Borsa : Silence, au travail, faites comme moi. Rigoletto : (Ah, par ce vieillard je fus maudit !!) Il se heurte à Borsa : Qui est là ? Borsa à ses compagnons : Taisez-vous, c’est Rigoletto. Le Comte de Ceprano : Double victoire ! Nous le tuerons. Borsa : Non, demain nous ne ririons plus. Marullo : Je vais arranger cela. Rigoletto : Qui parle là ? Marullo : Holà, Rigoletto, c’est toi ? Rigoletto d’une voix terrible : Qui va là ? Marullo : Eh, ne vas pas nous manger. Je suis… Rigoletto : Qui ? Marullo : Marullo. Rigoletto : Il fait si noir, on ne voit rien. Marullo : Ce qui nous a conduit ici est une chose amusante… Nous voulons enlever la femme de Ceprano Rigoletto : (Ouf ! Je respire !) Mais comment entrer ? Marullo à Ceprano : Votre clé ? à Rigoletto : Ne t’inquiète pas. La ruse ne doit pas nous faire défaut. Il lui donne la clé remise par Ceprano : Voici la clé. Rigoletto la palpant : Je sens ses armoiries. (Ah, ma terreur était donc vaine !) respirant : Le palais est là. Je suis avec vous. Marullo : Nous sommes masqués. Rigoletto : Que je me masque aussi ! Un masque pour moi ! Marullo : Oui, il est déjà prêt.
Il lui met un masque et, en même temps, lui bande les yeux avec un mouchoir, et lui donne l’échelle à tenir, sous la terrasse. Tu tiendras l’échelle. Rigoletto : Quelles ténèbres ! Marullo à ses compagnons : Son bandeau le rend aveugle et sourd. Borsa, Marullo, Ceprano, le chœur : Chut, chut, nous allons nous venger : Qu’il soit pris quand il s’y attend le moins. Ce moqueur audacieux et constant, sera à son tour bafoué !… Chut, chut, enlevons-lui sa maîtresse et la cour, demain, en rira. Pendant que le chœur chante, quelques-uns montent à la terrasse, enfoncent la porte du premier étage, montent et ouvrent aux autres qui arrivent de la rue. Ils entrent dans la maison et ressortent en traînant Gilda, qui aura la bouche bâillonnée avec un mouchoir. En traversant la scène elle perd une écharpe. Gilda au loin : Au secours, mon père ! Le chœur au loin : Victoire ! Gilda de plus loin : À l’aide ! Rigoletto : Ils n’ont pas encore fini !… Quelle dérision !… Il porte sa main à ses yeux : J’ai les yeux bandés !… Il arrache impétueusement bandeau et masque, et à la clarté d’une lanterne oubliée, il reconnaît l’écharpe, voit la porte ouverte : entre, traîne Giovanna épouvantée ; il la fixe du regard avec stupeur, s’arrache les cheveux sans pouvoir crier ; finalement, après de nombreux efforts, il s’exclame : Ah ! La malédiction ! Il s’évanouit.
1851 année de la création de l’Œuvre Histoire
• Abolition de l’esclavage en Colombie et en Équateur • Le catholicisme devient la religion d’État en Espagne • Ouverture de la Grande Exposition Universelle de 1851 à Londres • Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte
Sciences
• Le plâtre est utilisé pour la première fois sur des fractures • Invention de la première véritable machine à coudre domestique par Isaac Merrit Singer • Invention du lait en poudre par Gail Borden
Beaux-arts
• Pierre Émile Berthelemy, La Rentrée au port de Courseulles • Jean Auguste Dominique Ingres, Jupiter et Antiope
Littérature
• Gérard de Nerval, Le Voyage en Orient • Jules Barbey d’Aurevilly, Une Vieille Maîtresse • Herman Melville, Moby Dick
Musique
• Création de la Symphonie n°3 de Robert Schumann à Düsseldorf • Composition de Mazeppa par Franz Liszt
séquence pédagogique par Laurence Grauwet
(professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR)
Les personnages, les rôles, les tessitures Le Duc de Mantoue
caractère séducteur et libertin
ténor (aigu)
Rigoletto
bouffon du Duc, père de Gilda
baryton (grave)
Gilda
fille de Rigoletto
soprano (aigu)
Giovanna
gouvernante de Gilda
mezzo-soprano (médium)
Sparafucile
tueur à gages
basse (très grave)
Maddalena
sœur de Sparafucile
contralto (grave)
Le comte Monterone
auteur de la malédiction
baryton
Marullo
un noble
baryton
Matteo Borsa
un courtisan
ténor
Le comte de Ceprano
raillé par Rigoletto
basse
La comtesse de Ceprano
séduite par le Duc
mezzo-soprano
Un Huissier de la cour
basse
Un page
rôle travesti
Courtisans, pages, serviteurs, hallebardiers
mezzo-soprano
chœurs d’hommes (ténors et basses)
La composition de l’orchestre • Les bois : 2 flûtes (la 2e jouant aussi piccolo), 2 hautbois (le 2e jouant aussi cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons • Les cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 cimbasso* • Les percussions : timbales, grosse caisse • Les cordes : 12 violons I, 10 violons II, 8 altos, 6 violoncelles, 4 contrebasses • 1ère banda de l’Acte I (en coulisses) : flûte, hautbois, clarinette, basson, 2 cors, trompette, trombone • 2e banda de l’Acte I (sur scène ou en coulisses) : 1 violon I, 1 violon II, 1 alto, 1 violoncelle • Banda de l’Acte III (en coulisses) : 1 percussionniste jouant grosse caisse et cloches Cimbasso : C’est un trombone contrebasse à pistons ou à palettes (de 3 à 5), cousin du tuba et du sousaphone, et généralement en fa ou si bémol. Il fut créé en Italie vers 1830 et notamment utilisé dans les opéras de Verdi ou Puccini.
*
Source Wikipédia
Séances d’écoute Figure 1 : thème de la malédiction, Prélude Trompette
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Figure 2 : la ballade du Duc, « Questa o quella », Acte I
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con elegenza
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Duca
Questa o quella per me pari sono a quant’altre d’intorno mi vedo; del mio core l’impero non cedo meglio ad una che ad altra beltà. La costoro avvenenza è qual dono di che il fato ne infiora la vita; s’oggi questa mi torna gradita, forse un altra doman lo sarà. La costanza, tiranna del core, detestiamo qual morbo crudele; sol qui vuole si serbi fedele; non v’ha amor, se non v’è libertà. De’ mariti il geloso furore, degli amanti le smanie derido anco d’Argo i cent’occhi disfido se mi punge una qualche beltà.
so- no a quan- t'al-
tre
Le Duc
Celle-ci ou celle-là, pour moi ce sont les mêmes. J’en vois tant autour de moi ; Je ne cède pas l’empire de mon cœur Plus à une qu’à une autre beauté. Le charme de ces femmes-là est un don Qui fleurit notre existence ; Si aujourd’hui celle-ci m’est agréable, Peut-être demain une autre le sera. La fidélité, ce tyran des cœurs, Nous la détestons comme un mal cruel. Que seul celui qui le désire soit fidèle ; Il n’y a pas d’humour s’il n’y a pas de liberté. Je me ris de la fureur jalouse des maris, Et de la frénésie des amants ; Je défie les cent yeux d’Argus Si quelque beauté m’aiguillonne.
Figure 3 : «Pari siamo», recitatif et duo (Acte I)
Rigoletto
Pari siamo!... io la lingua, egli ha il pugnale; l’uomo son io che ride, ei quel chespegne! Quel vecchio maledivami... o uomini!... o natura!... Vil scellerato mi faceste voi!... Oh rabbia!... esser difforme!... esser buffone!... Non dover, non poter altro che ridere!... Il retaggio d’ogni uom m’è tolto... il pianto!... Questo padrone mio, giovin, giocondo, si possente, bello, sonnecchiando mi dice: fa’ ch’io rida, buffone... Forzarmi deggio, e farlo!... Oh, dannazione!... Odio a voi, cortigiani schernitori! Quanta in mordervi ho gioia!... Se iniquo son, per cagion vostra è solo... ma in altr’uom qui mi cangio!... Quel vecchio maledivami!... tai pensiero perché conturba ognor la mente mia!... Mi coglierà sventura?... Ah no, è follia.
Rigoletto
Nous sommes les mêmes ! Moi avec la langue, lui avec le poignard ; Je suis l’homme qui rit, lui celui qui tue ! Ce vieux m’a maudit... Ô hommes ! Ô nature !... Quel vil scélérat avez-vous fait de moi !... Ô rage !... être difforme !... être bouffon !... Ne devoir, ne pouvoir rien d’autre que rire ! L’héritage de chaque homme... les larmes... m’est interdit... Et mon maître, Jeune, joyeux, si puissant, beau, D’un air endormi me dit : Fais-moi rire, bouffon !... Je dois me forcer à le faire !... Oh damnation ! Je vous hais, courtisans railleurs ! Que j’ai de joie à vous mordre ! Si je suis infâme c’est par votre seule faute... Mais ici je deviens un autre homme ! Ce vieux m’a maudit !... Pourquoi une telle pensée vient-elle troubler mon esprit ? Le malheur m’atteindra-t-il ?...Ah, non, c’est folie...
Figure 4 : Chœur des courtisans, Acte III (ténors et basses)
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Allegro assai moderato
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sco- pri.
Tutti
Tous
B/ Che di Ceprano noi la contessa rapir volessimo, stolto credé; la scala, quindi, all’uopo messa, benendato, ei stesso ferma tené.
Il a cru, l’idiot, que nous voulions Enlever la Comtesse de Ceprano. Il a tenu lui-même, les yeux bandés, L’échelle que nous avions mise à cet effet.
A’/ Salimmo, e rapidi la giovinetta Ci venne fatto quindi asportar. Qund’ei s’accorse della vendetta Restò scornato ad imprecar.
Nous sommes montés et rapidement Avons réussi à emmener la jeune fille. Quand il s’est aperçu de notre vengeance, Il est resté seul, tout penaud, pestant.
A/Scorrendo uniti remota via, brev’ora dopo caduto il dì, come previsto ben s’era in pria, rara beltade cisi scoprì. Era l’amante di Rigoletto, che, vista appena, si dileguò. Già di rapirla s’avea il progetto quando il buffone ver noi spuntò;
Nous marchions tous ensemble dans une rue déserte, Peu après la chute du jour, Comme nous l’avions prévu, Nous découvrîmes une beauté rare. C’était la maîtresse de Rigoletto. à peine l’avons-nous vue que déjà elle s’éloignait. Nous avions déjà le projet de l’enlever, Quand le bouffon apparut devant nous ;
Figure 5 : Canzone, «la donna è mobile», Acte III Allegretto
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La donna è mobile qual piuma al vento, muta d’accento e di pensiero. Sempre un amabile, leggiadro viso, [in pianto o in riso è menzognero.] È sempre misero chi a lei s’affida, chi le confida mal cauto il cuore! Pur mai non sentesi felice appieno chi su quel seno, Non liba amore!
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Le Duc
La femme est légère Comme une plume au vent, Changeant de paroles et de pensées à tous moments. Son aimable Et gracieux visage, [Qu’il pleure ou qu’il rie, Est menteur.] Il est toujours malheureux Celui qui s’y fie, Et imprudent le cœur Qui s’y confie ! Pourtant jamais on ne se sentira Pleinement heureux Si à son sein On ne goûte l’amour.
>> D’autres infos dans le dossier pédagogique réalisé par l’Opéra de Lille en 2008.
biographies Paolo Carignani, Direction musicale Après ses études de composition, orgue et piano au conservatoire de Milan, il étudie la direction musicale avec Alceo Galliera. Il est invité à diriger sur les principales scènes lyriques internationales, Vienne, Berlin, Munich, Londres, Paris, Zurich, Amsterdam, New York, Barcelone, Bruxelles, Anvers et Oslo, ainsi qu’aux festivals de Spoleto, Pesaro, Glyndebourne, SchleswigHolstein… Il dirige avec le même bonheur les grands orchestres symphoniques et philharmoniques européens, que ceux des radios telles la RAI, SWR, NDR, ORF. Il est directeur musical de l’Opéra de Francfort de 1998 à 2009. Il a récemment dirigé Nabucco au Met, Le Duc d’Albe à Anvers, Le Convenienze e incovenienze teatrali à Zurich, Cavalleria Rusticana et I Pagliacci au Japon, Tosca à Paris et Guillaume Tell à Amsterdam. Ses projets le mèneront à l’Opéra de Vienne pour La Traviata et Nabucco, à Tokyo pour Nabucco, à Munich pour Il Trovatore, Falstaff et Otello. Il donnera aussi des concerts à Dallas, Tokyo… Suivront Tosca à Barcelone, Le Villi avec l’Orchestre national de France à Paris.
Robert Carsen, Mise en scène Né au Canada, il est invité par toutes les scènes lyriques les plus prestigieuses. Il a réalisé à l’invitation de Marc Clémeur à l’Opéra de Flandre les cycles Puccini et Janáček et la création de Richard III de Battistelli. Il a conçu la scénographie de l’exposition Bohèmes récemment présentée au Grand Palais (Paris). Ses réalisations récentes comprennent Ariadne auf Naxos à Munich, Berlin et Copenhague, Le Couronnement de Poppée à Glyndebourne, Bordeaux et Vienne, Carmen à Amsterdam, Salome à Madrid, My Fair Lady au Châtelet, Rinaldo d’Haendel au festival de Glyndebourne, Don Giovanni à la Scala de Milan, Lucia di Lammermoor à Zurich et Munich, Mefistofele à Chicago, Houston et Washington, Mitridate à Bruxelles et Vienne, Orfeo ed Euridice à Chicago, Semele à Zurich. En 2012-2013, il met en scène JJR de Fénelon à Genève, Die Zauberflöte à BadenBaden et sera à l’Opéra de Paris pour Elektra. On se souvient à l’OnR de ses productions d’Orlando d’Haendel (1997) et du Songe d’une nuit d’été de Britten (1998), de Richard III de Battistelli (2009), de Jenůfa (2010), puis de La Bohème (2011), de Kat’a Kabanova (2012) et de L’Affaire Makropoulos (2011), La Petite Renarde rusée et Tosca (2012).
Giuseppe Verdi Giuseppe Verdi naît le 10 octobre 1813, à Roncole, ville d’Italie alors française sous domination napoléonienne. Son acte de naissance est de fait rédigé en français : « L’An mil huit cent treize, le jour Douze d’Octobre, à neuf heures du matin, Par devant Nous Adjoint au Maire de Busseto, officier de l’état civil de la Commune de Busseto susdit Département du Taro ; est comparu Verdi Charles, âgé de vingt-huit ans, Aubergiste domicilié à Roncole lequel nous a présenté un Enfant du sexe masculin né le jour dix du courant à huit heures du soir de lui déclarant et de la Louise Uttini, fileuse, domiciliée à Roncole, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Joseph-Fortunin-François. » Giuseppe Verdi fait partie des grands compositeurs du répertoire lyrique. Son œuvre compte plus de trente opéras et une cinquantaine d’œuvres musicales. Elle est notamment caractérisée par une mélodie fluide qui donne toute son ampleur aux personnages et à leurs psychologies. Son premier opéra, Oberto, Comte de Saint-Boniface, est présenté en novembre 1839 à la Scala de Milan, où il reçoit un accueil favorable. Mais c’est véritablement en 1842, avec la première représentation de Nabucco, que Verdi triomphe. Ce succès est le début d’une longue et grande carrière. Jusqu’au Bal Masqué de 1859, le compositeur écrit en moyenne un opéra par an, n’hésitant pas à y inclure des messages politiques. Verdi glisse ainsi ses convictions nationalistes dans les chœurs de certains de ses opéras, provoquant l’empire autrichien qui occupe alors l’Italie. Il débute sa collaboration avec le librettiste Francesco Maria Piave en 1843, avec Ernani. Malgré des volontés de censure par le gouvernement, l’œuvre sera un triomphe, et est accueillie en trois ans dans plus de deux cent cinquante théâtres à travers le monde. La notoriété de Verdi va grandissante. À nouveau porté par un livret de Piave retravaillé par Andrea Maffei, il s’illustre en 1847 avec Macbeth, où il travaille en détail non plus le drame collectif, mais celui individuel. C’est lors de la décennie suivante qu’il montre toute la mesure de son talent, créant sa célèbre trilogie composée de Rigoletto en 1851, de Il Trovatore en 1853, et de La Traviata, en 1853 également. Fort de son succès, il voyage hors de l’Italie, lors de séjours à Paris (Jérusalem en 1847, mais également Les Vêpres siciliennes en 1855 ou Don Carlos en 1867), Saint-Pétersbourg (La Force du Destin, en 1862), ou Le Caire. Il compose pour cette dernière ville Aida, dont la première le 24 décembre 1871 remporte un vif succès. Même succès recréé à la Scala le 8 février 1872, où Verdi sera rappelé trente-trois fois sur scène. Satisfait de cette reconnaissance internationale, Verdi se retire et révise ses anciennes œuvres, offrant entre 1869 et 1884 des nouvelles versions de La Force du Destin, Simon Boccanegra et Don Carlos. Il compose cependant encore deux grands opéras, pour lesquels il s’inspire de son amour de Shakespeare : Othello en 1887, et Falstaff en 1893, basé sur Les Joyeuses Commères de Windsor, une des seules comédies lyrique de Verdi. Il meurt, à Milan, le 27 janvier 1901, à l’âge de 88 ans. Le compositeur est aussi engagé en politique. Il prend au travers de certains de ses opéras des positions qui séduisent bien des Italiens. Populaire, les initiales de son nom, V.E.R.D.I. sont déclinées à son époque en Viva Vittorio Emanuele Re D‘Italia (Vive Victor-Emmanuel Roi D’Italie) par les partisans de l’unification du pays.
prolongements pédagogiques
Arts du son
• Le Prélude dominé par le thème de la malédiction (fil conducteur de l’opéra) • Saisissant ! Le changement d’atmosphère entre le Prélude et l’introduction de l’Acte I • Comparer visuellement et musicalement les débuts d’Acte I de Rigoletto et de La Traviata • Chanter et écouter : les airs et chœurs célèbres de Rigoletto • Qu’est-ce que le Bel Canto ? • Rigoletto, un rôle aux facettes musicales et psychologiques fortement contrastées • La genèse de l’œuvre que Verdi compose en... quarante jours ! • Rigoletto et ses divers genres et styles lyriques • Le mélodrame lyrique : brio et dramatisme, tragédie et Romantisme
Arts du visuel
• Bouffons et fous du roi • œuvres romantiques, figures de l’héroïne romantique (rôle de Gilda dans l’opéra)
Arts de l’espace • Le théâtre de La Fenice à Venise, lieu de création de Rigoletto
Histoire • Les personnages historiques évoqués dans Le Roi s’amuse, comparaison des personnages principaux avec ceux du livret de Rigoletto • Verdi et l’Italie au XIXe siècle • La censure, la critique et l’œuvre d’art
Arts du langage
• Le livret de Rigoletto et ses moments-clés • La continuité du temps dramatique : de la profération de la malédiction (Acte I) à sa concrétisation (Acte III) • La malédiction en littérature ou en poésie • Le livret de l’opéra : les moments-clés • Jeux de rôles sur un extrait du livret • Un livret en italien