Dossier pédagogique
Saison 2016 - 2017 Contact : Hervé Petit • tél + 33 (0)3 68 98 75 23 • courriel : jeunes@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg
La Petite Renarde rusée LeoŠ Janáček
En deux mots
du rhin
opéra d'europe
operanationaldurhin.eu
Une renarde rêveuse face à la détention, amoureuse d’un beau renard, affectueuse avec ses petits, une renarde qui se moque de ces humains peu recommandables qui l’entourent et dont elle se joue. Une renarde qui paye de sa vie son indépendance et sa liberté.
Opéra en trois actes Livret du compositeur d’après Rudolf Těsnohlídek Créé le 6 novembre 1924 au Théâtre national de Brno
Direction musicale Antony Hermus Mise en scène Robert Carsen Décors et costumes Gideon Davey Lumières Robert Carsen et Peter Van Praet Chorégraphie Philippe Giraudeau Dramaturgie Ian Burton
La Renarde Elena Tsallagova / Lucie Silkenová Le Renard Sophie Marilley Le Garde-chasse Oliver Zwarg Sa Femme / Le Hibou Mireille Capelle L’Instituteur Guy de Mey Le Curé / Le Blaireau Enric Martinez-Castignani Harasta Martin Bárta Pasek l’aubergiste Peter Kirk Madame Paskova / Le Pivert Sophie Angebault Lapak le chien Aline Martin Le Coq / Le Geai Anaïs Mahikian Chœurs de l’OnR Petits Chanteurs de Strasbourg Maîtrise de l’OnR Orchestre philharmonique de Strasbourg
STRASBOURG Opéra di 11 déc. 15 h sa 17, lu 19, me 21, ve 23 déc. 20 h MULHOUSE La Filature ve 6 janv. 20 h di 8 janv. 15 h
« Sur le sentier français de La Petite Renarde rusée » Conférence de Joseph Colomb Strasbourg Librairie Kléber sa 10 décembre 17 h entrée libre
Coproduction Opéra national du Rhin - Opéra de Lille
Langue : tchèque surtitré en français et en allemand Durée approximative : 2h00 (entracte compris) Conseillé à partir de 12 ans : collège et lycée
Argument Acte I Un garde-chasse se repose dans une forêt. Autour de lui tourne un moustique que poursuit une grenouille ; une sauterelle et un grillon chantent. Une renarde apparaît. La grenouille surprise saute et se retrouve sur le nez du garde-chasse. L’homme réveillé jure, capture la renarde pour l’emmener chez lui. On la retrouve en automne, qui se lamente devant la niche d’un chien tombé amoureux d’elle à son grand dame. Les trois fils du garde-chasse ne cessent de l’importuner. Elle fait un rêve : elle est devenue une belle gitane. Le lendemain, elle est scandalisée par l’attitude du coq vis-à-vis des poules et les pousse à se révolter. Peine perdue. Le coq prétend qu’elle ne cherche qu’à les dévorer. La renarde dépitée joue la morte. Le coq s’en approche et la comédienne s’en empare avant de faire de même avec toutes les poules. La forestière et le garde-chasse accourent, mais elle parvient à défaire ses liens et à s’enfuir dans la forêt.
Acte II À la recherche d’un terrier, la renarde s’oppose au blaireau qui menace de porter plainte. Elle lui montre son postérieur et tous les animaux s’amusent de la situation. Le blaireau, honteux, s’enfuit. Réunis à l’auberge, le garde-chasse, l’instituteur et le curé jouent aux cartes, occasion aussi d’échanger des propos sur la renarde du garde-chasse qui s’est échappée et la fiancée de l’instituteur qui a disparu. Tous deux se querellent et se quittent. L’instituteur rentrant chez lui éméché croit voir dans l’obscurité le visage de sa fiancée dans un tournesol derrière lequel se trouve la renarde. Il en perd l’équilibre et tombe. Arrive le curé qui rêvasse à un amour de jeunesse, puis le garde-chasse qui tente de tirer avec son fusil sur la renarde. Il fait chou blanc et fait fuir ses deux comparses. La lune est belle en ce soir et la renarde tombe amoureuse d’un beau renard. Elle lui raconte sa vie et ses déboires chez le garde-chasse, tandis qu’il lui fait la cour et lui propose sans plus tarder de l’épouser. Un grand ballet d’animaux vient saluer la célébration dirigée par le pivert.
Acte III Un vagabond est dans le bois et braconne. Il tombe sur un lièvre mort abandonné par les renards mais arrive le garde-chasse. Le vagabond lui confie qu’il va bientôt se marier. Le garde-chasse l’accuse d’avoir tué le lièvre, pose un piège près de celui-ci et disparaît. Voici la famille des renards au complet : la renarde, son époux et les petits. Leur maman les rend attentif au danger du piège. Le vagabond arrive avec un panier plein de poules. La renarde fait semblant de boiter pour l’attirer dans la forêt. Il dépose son panier, suit la proie qu’il croit facile, mais trébuche. Il revient blessé à son panier vide : les renards se sont emparés des poules. Il leur tire dessus, tous disparaissent à l’exception de la renarde qui gît à terre et agonise. À l’auberge, le garde-chasse informe l’instituteur qu’il a trouvé le terrier des renards abandonné. La femme de l’aubergiste prétend que l’ex-fiancée du garde-chasse est sur le point d’épouser le vagabond et qu’elle porte un manchon neuf en renard. Le garde-chasse fait mine de s’en moquer, mais les deux hommes sont plus affectés qu’il n’y paraît. Le lendemain, le garde-chasse rencontre une des filles de la renarde. Sa ressemblance avec sa mère est stupéfiante. La renarde n’est pas vraiment morte.
Leoš Janácek ˇ Compositeur Leoš Janáček est né le 3 juillet 1854 à Hukvaldy en Moravie, d’un père instituteur et organiste. Il obtient son diplôme et devient en 1872 lui-même instituteur et maître de musique. En 1874 et 1875, il suit les cours de l’école d’orgue de Prague où il rencontre en 1874 celui qui deviendra son ami, Antonín Dvorák, puis il exerce à Brno comme professeur de musique et chef de chœur. Suite pour orchestre est composée en 1877. L’année suivante, il rentre au Conservatoire de Saint-Petersbourg, compose Idyla pro smycce (Idylle pour orchestre à cordes). En 1879, il travaille au Conservatoire de Leipzig, puis, en 1880, au Conservatoire de Vienne. De 1880 à 1904, il est professeur de musique à l’École Normale de Brno, de 1886 à 1902, il enseigne le chant au lycée et dirige l’école d’orgue de 1881 à 1919. Il se marie en 1881. Le couple a deux enfants, qui décèdent. Les parents se séparent en 1916. Il compose son premier opéra, Šárka, en 1887. Secrétaire du département moravien des études folkloriques de Prague en 1885, il crée les Valašské tance (Danses moraves) en 1888-1890 et un ballet, Rákós Rákóczy, en 1891. On retrouve l’influence directe de ses études dans les opéras qui suivent : Pocátek románu (Le Début d’un roman) en 1891 et Její pastorkyna (Leur Fille nourricière), connu sous le titre de Jenůfa, en 1904. Il s’engage dans le mouvement social contre la monarchie. Sa sonate 1. X. 1905 Z ulice (Dans la rue) est un hommage à un ouvrier abattu à Brno. Il met en musique des poèmes d’inspiration socialiste de Petr Bezruc ˇ et fustige la petite bourgeoisie tchèque dans l’opéra Výlety páne Brouckovy (Les Excursions de Monsieur Broucek). Il compose sa rhapsodie pour orchestre Tarass Boulba en 1915-1918 et le cycle de mélodies Journal d’un disparu en 19171919. La fondation de la République tchécoslovaque en 1918 lui redonne de la vigueur. La composition de ses plus grands succès s’enchaîne : l’opéra Káta Kabanová (1919-1921) d’après L’Orage d’Ostrovski, une réflexion sur la société bourgeoise, Bystroušky (1921-1923), La Petite Renarde rusée, qui exprime l’authenticité et la vitalité de la nature, L’Affaire Makropoulos (1923-1925) dont il adapte lui-même le livret, La Messe glagolitique en 1926, sur des textes en vieux bulgare et l’opéra La Maison des morts (1927-1928), d’après Dostoïevski. Il meurt à Ostrava en Moravie, le 12 août 1928.
Un hymne à la nature La Petite Renarde rusée est un ouvrage original tant dans la production de Janáček que dans l’histoire de l’opéra en général. Inspirée d’une bande-dessinée publiée en feuilleton dans un quotidien de Brno qui fit fureur à l’époque, l’histoire de la renarde retient l’attention du compositeur tchèque. Dans un décor de collines boisées inspiré des campagnes moraves et de son village natal, il crée une suite de tableaux concis et poétiques qui présentent alternativement des animaux et des hommes. Cet opéra, même s’il ne s’agit pas de son dernier ouvrage, pourrait être considéré comme le testament musical et philosophique du compositeur.
Sur scène, les saisons passent
La bande dessinée à l’opéra Des dessins à la plume du peintre Stanislav Lolek oubliés au fond d’un tiroir sont découverts par hasard. Le roman qui sert de base à Janáček, Liška Bystrouška, est né de cette découverte : le directeur du quotidien Lidové Noviny « séduit par la fraîcheur et la drôlerie de ces vignettes confie à Těsnohlídek le soin de rédiger de brèves légendes pour accompagner les dessins. […] Il s’attelle sans plaisir à la tâche, peu confiant dans le succès de l’entreprise. Il ignorait bien sûr que de cette besogne allait naître son œuvre la plus populaire. » La renarde Finoreille voit le jour le 7 avril 1920. Marie Stejskalová, femme de ménage chez les Janáček, est une lectrice assidue de la série ; ce sont ses éclats de rire quand elle la lit qui attirent l’attention du musicien. Il s’en empare, au grand étonnement de Těsnohlídek qui croit dans un premier temps à une plaisanterie. Dans le roman, comme plus tard dans l’opéra, il n’y pas de morale et les bêtes n’ont pas vocation à dénoncer les déboires, vices et malfaçons de l’homme. « Ce qui plut au compositeur, c’est que jamais dans son récit Těsnohlídek ne se sert des animaux à des fins satiriques. La Petite Renarde rusée n’est pas une fable, il serait vain d’y chercher une morale, tout aussi vain de prétendre déceler, à travers le comportement de tel ou tel animal, un comportement humain […] Les animaux ne «philosophent» pas […] et se contentent d’accomplir du mieux qu’ils peuvent, avec tout ce que cela suppose parfois de cruauté, de sauvagerie et d’»amoralisme», la tâche difficile de vivre. »
Ce que la Renarde m’a dit Janáček se met à écrire, au soir de sa vie, un ouvrage plein de poules, insectes, oiseaux etc, qui content les aventures d’une renarde insolente et maligne, rebaptisée Finoreille. Le compositeur élabore un livret reflétant sa propre philosophie et vision du monde. Il ne retient que quelques épisodes qu’il réorganise et comprime, laissant le soin à Finoreille de résumer toutes les péripéties antérieures lorsqu’elle raconte au Renard ses mésaventures avec les humains. « Janáček réserve le rôle dominant à la musique ; c’est elle qui raconte, qui dévoile la psychologie des personnages, qui émeut, qui surprend, qui médite, qui envoûte et, même, qui organise l’ensemble et détermine l’architecture (d’ailleurs très travaillée et raffinée) de l’œuvre. » Autre différence majeure avec le roman de Těsnohlídek : la fin. La renarde, devenue ici mère de famille nombreuse, est tuée par un braconnier. Mais cette note triste est très vite atténuée par une fin heureuse : le garde-chasse rencontre au final une petite renarde, portrait craché de sa mère en miniature, qui s’avère être la fille de celle qu’il avait capturée autrefois. La mort de Finoreille fait en quelque sorte basculer le conte dans une dimension plus grave et profonde par une méditation néanmoins sereine, teintée de mélancolie, sur les cycles de la vie et de la mort.
Une réflexion sur le temps qui passe Derrière la douceur naïve et souriante d’une nouvelle campagnarde, Janáček nous donne à entendre une histoire sensible, profonde et où l’on passe du rire aux larmes, de la légèreté enfantine à une réflexion plus philosophique. Deux espèces, les humains et les animaux, s’y côtoient dans un même espace : la Nature. Plus qu’une succession d’épisodes amusants, l’opéra se construit sur le principe d’un récit à deux vitesses avec une alternance entre les scènes de forêt vivantes et facétieuses, puis des scènes à l’auberge, où les hommes se lamentent, nostalgiques, pleins de désillusions et de fantasmes insatisfaits. Ils vivent dans l’inquiétude engendrée par la conscience de leur propre mort. « Ce qui relie le monde animal à celui des hommes est un même thème : le temps qui s’en va, la vieillesse vers laquelle tous les chemins conduisent. […] Janáček en parle comme un musicien : l’essence musicale de la vieillesse» (musicale dans le sens : accessible à la musique, que seule la musique peut exprimer), c’est l’infinie nostalgie du temps qui n’est plus là. » Janáček achève le récit comme il l’a commencé : le garde-chasse retourne en forêt et s’endort à nouveau en compagnie des descendants des animaux rencontrés autrefois. Son monologue conclut sereinement le récit comme une méditation amusée et réconcilie ainsi l’homme avec son destin malgré la fugacité de sa propre vie. Le temps passe certes, l’échéance de la mort est inéluctable mais les animaux prouvent que toute chose qui meurt se régénère dans le cycle de la vie, le renouvellement éternel de la terre et donnent une réponse aux maux des hommes.
à l’origine, la bande dessinée Les dessins à la plume du peintre Stanislav Lolek, publiés sous forme de série dans le journal tchèque Les Nouvelles du Peuple, racontent une histoire entre un garde-chasse et une renarde. Ils ont servi de base au livret et à la composition de La Petite Renarde rusée.
Extrait du livret - fin de l’Acte I : La renarde sème la zizanie dans le poulailler LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Je te la flanquerais dehors, ta renarde ! Elle pue et nous encombre et ne fait que des dégâts ! Le garde-chasse flanque une taloche à Pepík. PEPÍK
Ouille ! Il examine son pantalon. LE GARDE-CHASSE
Bon, on va l’attacher ! Il attache la petite renarde. LA PETITE RENARDE
Houlà, houlà ! Le garde-chasse et sa femme rentrent dans la maison. Frantík s’éclipse. Lapák se glisse dans l’entrée de la maison. La cour s’est vidée. Le soir tombe. La petite renarde prend la forme d’une jeune fille… Elle pleure dans son sommeil. Houlà ! C’est l’aube. La petite renarde a repris sa forme animale. Lapák s’étire. LAPÁK s’adressant à la petite renarde
Tu aurais dû faire comme moi ! Tu n’aurais pas dû te sauver ! Ni laper tout le lait ! LE COQ se rengorgeant
Voyez comme les hommes sont justes ! La femme du garde-chasse donne du grain aux volailles. Demoiselle renarde nous chassait, et la voilà maintenant clouée sur place. Tout cela parce qu’elle ne pond pas d’œufs, et ne reste pas au nid. Pondez, donnez-vous de la peine, et moi je vous aiderai ! LES POULES
Nous nous donnons de la peine, nous pondons. LA POULE HUPPÉE
Souff-rrrrrons ! Souff-rrrrrons LES POULES
Nous pondons, nous nous donnons de la peine. LA POULE HUPPÉE
Souff-rrrrrons, ça vaut quand même le coup ! LES POULES
Nous pondons, nous nous donnons de la peine. LA POULE HUPPÉE
Souff-rrrrrons ! LE COQ
Allez-y, pondez, je vous aiderai ! LA POULE HUPPÉE
Souff-rrrrrons ! LA PETITE RENARDE se relevant d’un bond
Voyez un peu quel chef vous avez, mes sœurs ! Ce qu’il attend de vous, c’est de faire ses caprices ; c’est pour cela que les hommes le payent. Mes camarades, mes sœurs ! Mettez à bas l’ordre ancien ! Forgez un monde nouveau, où à travail égal seront partagés le bonheur et la joie !
LES POULES
Sans coq ? Sans coq ? LA PETITE RENARDE
À quoi vous sert un coq ? Le meilleur grain, il le garde pour lui, et pour ce qu’il n’aime pas faire il compte sur vous. LE COQ
Ah, elle a de grandes dents ! Elle propose de supprimer l’homme pour pouvoir nous dévorer elle-même. LES POULES Elles s’égaillent dans la cour. Voyez un peu ! LA PETITE RENARDE
Plutôt que de continuer à voir combien vous êtes arriérées, Elle creuse un trou dans le tas d’ordures je préfère m’enterrer vivante ! Elle s’y enfouit. LA POULE HUPPÉE
La trouillarde, regarde ça, elle est déjà morte ? Les poules accourent, curieuses. Soudain la petite renarde attrape le coq et égorge les poules l’une après l’autre. La poule huppée court comme une folle. Cot cot cot, cot cot cot ! La femme du garde-chasse accourt, alarmée. Cot cot cot, cot cot cot ! LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Elle manque de s’évanouir. Oh la la ! LA POULE HUPPÉE
Cot cot cot ! LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Oh la la, oh la la ! Sale bête ! LA PETITE RENARDE
Ha ha ha ! LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Sale bête ! LA PETITE RENARDE
Ha ha ha ! LA POULE HUPPÉE
Cot cot cot, cot cot cot ! Qui aura maintenant pour moi des attentions ? LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Quelle calamité ! Voilà ce que cela me vaut d’avoir écouté mon vieux fou. LA POULE HUPPÉE
À partir d’œufs non fécondés je n’aurai jamais de poussins. LA FEMME DU GARDE-CHASSE
De ta fourrure on ferait bien un manchon. La petite renarde bondit, bien décidée à s’enfuir. Attends, attends un peu ! Sale bête ! Tu vas voir si je ne te flanque pas dehors ! LA PETITE RENARDE
C’est maintenant ou jamais !
LA FEMME DU GARDE-CHASSE
Sale bête ! Vas-y le vieux, tire-lui dessus ! La petite renarde tire sur sa corde. Le garde-chasse sort avec une trique et la frappe. LA PETITE RENARDE
Je n’ai pas peur de toi, même si tu étais cent fois plus gros ! LE GARDE-CHASSE
Je vais t’enfoncer le crâne ! LA PETITE RENARDE
Ou c’est moi qui vais t’enfoncer le tien ! Elle renverse le garde-chasse et s’enfuit.
Extrait du livret - fin de l’Acte II : Le renard fait sa déclaration d’amour à la renarde LE RENARD
Est-ce que tu m’aimes ? Il prend la petite renarde dans ses bras. Vous ne dites rien ? Il étreint la petite renarde avec passion. LA PETITE RENARDE
Lâchez-moi. Soyez gentil ! Vous êtes terrible ! Vous me faites peur. Allez-vous en ! Je ne veux plus vous voir ! LE RENARD Il la lâche d’un air triste.
Eh bien partez. Et emportez mon bonheur ! Détruisez-moi ! Conduisez-moi à ma perte ! Je ne veux plus vivre ! LA PETITE RENARDE
Vraiment ? Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? LE RENARD
C’est vraiment de toi, petite renarde, que je suis tombé amoureux ! LA PETITE RENARDE
De moi ! de moi ! LE RENARD
C’est vraiment de toi, petite renarde, que je suis tombé amoureux ! Parce que tu es exactement celle dont j’ai rêvé toute ma vie ! LA PETITE RENARDE
Pourquoi justement moi ? LE RENARD
Je ne suis pas un menteur. Je ne suis pas un renard fourbe. Je dis ce que je ressens dans mon cœur à partir de maintenant. Ce n’est pas ton corps, mais ton âme que j’aime. Ne hoche pas la tête. Tu verras, ma petite renarde, tu verras qu’on écrira sur toi des romans et des opéras. Viens, ne te sauve pas. Assieds-toi près de moi. (Il reprend la petite renarde dans ses bras et l’embrasse passionnément.) Veux-tu de moi ? Ne pleure pas ! Je pourrais moi-même pleurer de joie ! Veux-tu de moi ?
LA PETITE RENARDE humblement
Oui, je veux bien ! Elle se glisse dans le terrier avec le renard. Oui, je veux bien ! Danse de la libellule bleue. Arrivée de la chouette, planant comme une ombre, puis du geai. LA CHOUETTE qui pousse son cri en direction de la forêt
Si vous saviez ce que j’ai vu, vu de mes propres yeux de vieille chouette ! Cette petite renarde vaut bien la pire d’entre nous. LE GEAI
Avec qui ? Le soleil se lève. Les écureuils ont le fou-rire ; un hérisson tire la langue derrière une souche. LA PETITE RENARDE sort du terrier en sanglotant
Houlà, houlà ! LE RENARD
Pourquoi pleurer et se lamenter ? LA PETITE RENARDE
Houlà, houlà ! LE RENARD
Qu’est-ce qui t’est arrivé, mon petit cœur pour être ainsi en pleurs ? LA PETITE RENARDE
Houlà, houlà ! Et toi tu ne sais pas ? Tu ne devines pas ? LE RENARD
Mais non, raconte-moi cela. La petite renarde lui chuchote à l’oreille et se jette à son cou. Si c’est ça… LA PETITE RENARDE
Qu’est-ce que tu vas faire de moi, maintenant ? LE RENARD
On va tout de suite trouver le curé. LE PIVERT sortant la tête d’un vieux sorbier
Bon, alors vous voilà ! Qu’est-ce que vous voulez au juste ? LE RENARD
Nous voudrions, euh, nous marier ! VOIX DE LA FORÊT derrière la scène Oooooooooh… LE PIVERT
Publier les bans, n’est-ce pas ? Il les marie. VOIX DE LA FORÊT
Oooooooooh… LE PIVERT
Euh, le renard Échine d’Or prend pour femme la petite renarde. Ballet de la danse nuptiale. VOIX DE LA FORÊT
Oooooooooh…
Place au spectacle ! La petite renarde converse avec les poules devant leur coq
La petite renarde avec le chasseur (hiver)
Les renardaux
©Frédéric Godard
Bibliographie sélective autour des contes animaliers > XII-XIIIe siècle : Le Roman de Renart > 1668-1694 : Fables, Jean de La Fontaine > 1857 : Contes de Grimm, Jacob et Wilhelm Grimm > 1871-1877 : Black Beauty : The Autobiography of a Horse, Anna Sewell > 1934-1946 : Les Contes du chat perché, Marcel Aymé > 1945 : La Ferme des animaux, George Orwell > 1970 : Fantastique Maître Renard, Roald Dahl
1924, l’année de la création de l’opéra Littérature
> André Breton publie la première édition du Manifeste du surréalisme. > Aricie Brun ou les Vertus bourgeoise d’Émile Henriot reçoit le Grand Prix du roman de l’Académie française. > Vladimir Nabokov publie trois nouvelles : La Vengeance, Bonté et Jeu de hasard. > Louis Forton publie la bande dessinée Bibi Fricotin. > Mort de Franz Kafka, écrivain tchèque, à l’âge de 40 ans.
Musique
> Création du Quatuor à cordes n°1 de Leoš Janáček à Prague > Création de Tzigane, pour violon est orchestre, de Maurice Ravel à Paris > Création d’Octandre d’Edgar Varèse à New York > Création à Paris du ballet Relâche sur une musique d’Erik Satie et une chorégraphie de Jean Börlin. Il fait scandale. > Création à Mayence (Allemagne) des Trois petites pièces pour violoncelle et piano d’Anton Webern > Création à l’Aeolian Hall de New York de la Rhapsody in Blue de George Gershwin > Carlos Gardel se produit pour la première fois sur les ondes de Buenos Aires. Le tango s’étend au monde entier.
Histoire
> Mort de Vladimir Ilitch Lénine, fondateur de l’Union soviétique, à Gorki en Russie à l’âge de 53 ans. > La France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Chine, la Grèce et l’Autriche reconnaissent l’URSS. > Traité de Rome : signature entre l’Italie et le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.
Sciences
> L’astronome Walter Baade découvre l’astéroïde « (1036) Ganymède », le plus grand des astéroïdes A mor. > Recherche sur la théorie des quanta du physicien Louis de Broglie. > Découverte d’un autre système galactique en dehors de notre voie lactée par l’astronome américain Edwin Hubble.
Beaux-Arts
> Max Ernst, Deux enfants menacés par un rossignol > Robert Delaunay, Tour Eiffel > Man Ray, Le Violon d’Ingres > Statue Les Musiciens de Brême
Statue des Musciens de Brême, à Brême (Allemagne)
Biographies Antony Hermus
Direction musicale
Ce chef néerlandais, formé au Conservatoire Fontys de Tilburg est nommé à 29 ans directeur musical de Hagen, puis occupera le même poste à Dessau de 2009 à 2015 où il est aussi directeur musical attitré de la Philharmonie de Saxe-Anhalt. Entre 2012 et 2015 il y dirige la Tétralogie de Richard Wagner. En tant que chef invité, il dirige Un ballo in maschera et Tristan und Isolde au Nederlandse Reisopera, Il Matrimonio segreto et Così fan tutte à l’Opéra de Paris, Don Giovanni à Stuttgart, Madama Butterfly à Essen et les Nozze di Figaro et Der Kuhhandel (Weill) au Komische Oper de Berlin. Il dirige des orchestres tels que les Bamberger Symphoniker, le Philharmonic Orchestra de Londres, le RTE National Symphony Orchestra of Ireland, le Norrköping Symphony Orchestra, le WDR-Rundfunkorchester et l’Ensemble Orchestral de Paris. Il dirige régulièrement les principaux orchestres de son pays natal. Récemment il a dirigé Der Vampyr de Marschner au Komische Oper de Berlin, Macbeth à Göteborg de Rennes, La Finta giardiniera.
Robert Carsen Mise en scène
Né au Canada, il a réalisé à l’invitation de Marc Clémeur à l’Opéra de Flandre des cycles Janáček et Puccini. Il est invité par toutes les scènes lyriques internationales. Ses productions comprennent Dialogues des carmélites, Les Fêtes vénitiennes, Platée (à l’Opéra Comique), Die Zauberflöte (Baden-Baden et Paris), Don Giovanni, Falstaff , The Turn of the Screw (Vienne), L’Amour des trois oranges (Berlin), Ariadne auf Naxos (Munich), Rinaldo, Le Couronnement de Poppée à Glyndebourne, Iphigénie en Tauride (San Francisco, Londres et Madrid), La Traviata (Venise), le Ring de Wagner (Cologne, Venise, Shanghai, Barcelone). Il met en scène des comédies musicales telles que Candide, My Fair Lady et Singin’in the rain au Châtelet, à Moscou, à la Scala de Milan… À l’OnR, il a mis en scène Richard III de Giorgio Battistelli (2009), un cycle Janáček, La Bohème, Tosca, Rigoletto, La Dame de pique et dernièrement Don Carlo.
Prolongements pédagogiques EPI, PEAC > Le cycle de la vie, la forêt du printemps au printemps > Renards et renardeaux dans les arts et les sciences, sortie au Parc du Petit Prince à Ungersheim ou au Parc zoologique et botanique de Mulhouse pour y voir les renards populaires (article sur le web Le renard dans la culture) Arts du langage > Un livret en prose, proche du style oral > Personnification des animaux, hommes et animaux placés au même niveau, à l’image du conte Les musiciens de Brême > Mythes et folklores inspirés par le renard : fables de La Fontaine, la femme-renarde dans les contes chinois (dans l’opéra, Finoreille apparaît en jeune fille) > Lire un extrait du Petit Prince d’A. de Saint-Exupéry : « C’est alors qu’apparut le renard… » > La didascalie > En quoi cette œuvre fait-elle prendre conscience de ce qui relie l’homme à la nature et au monde ? Histoire-géographie > Comment préserver les forêts au XXIème siècle? La déforestation et ses conséquences sur les animaux Arts visuels > Les séries de dessins de Stanislav Lolek, sources d’inspiration de Janacek > Renard sur une enluminure, Utrecht, Maître de Catherine de Clèves > Statue des quatre musiciens à Brême > Créer un bestiaire autour des personnages d’animaux de La Petite Renarde Rusée Arts plastiques Mathématiques et technologie > Imaginer et construire un nichoir à oiseau > Dessiner, représenter les animaux de l’œuvre grâce à l’aide de schémas géométriques simples (travail sur les proportions) > 2010 : Fantastic Mr. Fox réalisé par Wes Anderson (adaptation du roman éponyme de Roald Dahl) > 2016 : Zootopie, studios Disney Arts du son > écouter les sons de la nature et des animaux de la forêt, enregistrements et créations sonores avec les élèves > Voix et caractères des personnages soutenus par une orchestration colorée > Repérer et chanter de nombreux motifs musicaux > La comptine des Renardeaux interprétée par des voix d’enfants > Jeux vocaux à partir d’intervalles récurrents dans l’œuvre > Rythmes inspirés de la musique et des danses moraves > L’importance du silence dans l’œuvre > Renard d’Igor Stravinsky (ballet), L’enfant et les sortilèges de M. Ravel > 3èmes, lycéens : chanson Docteur Renaud Mister Renard de Renaud Anglais, EPS/danse, éducation musicale > Avec les plus jeunes (humoristique) : La chanson du renard –The fox d’Ylvis Vostfr