DP Turn of the Screw OnR

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Dossier pédagogique

Saison 2016 - 2017 Contact : Hervé Petit • tél + 33 (0)3 68 98 75 23 • courriel : jeunes@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg

The Turn of the Screw Benjamin Britten

En deux mots

du rhin

opéra d'europe

operanationaldurhin.eu

Au milieu du XIXe siècle, une femme d’une vingtaine d’années accepte de veiller sur deux orphelins, neveux d’un riche célibataire, dans la demeure isolée de Bly. Le comportement étrange des enfants – mi-ange, mi-démon – plongera la jeune gouvernante au cœur de plusieurs événements surnaturels.


Avec le soutien de

fidelio association pour le développement de l'Opéra national du Rhin

Direction musicale Patrick Davin Mise en scène Robert Carsen Décors et costumes Robert Carsen et Luis Carvalho Lumières Robert Carsen et Peter Van Praet Vidéo Finn Ross Dramaturgie Ian Burton STRASBOURG Opéra me 21, ve 23, ma 27, ve 30 sept. 20 h di 25 sept. 15 h MULHOUSE La Filature ve 7 oct. 20 h di 9 oct. 15 h

Opéra en deux actes avec prologue Livret de Myfanwy Piper d’après Henry James Créé le 14 septembre 1954 au Teatro La Fenice de Venise

Le Narrateur / Peter Quint Nikolai Schukoff La Gouvernante Heather Newhouse Mrs Grose Rebecca de Pont Davies Miss Jessel Cheryl Barker

Petits Chanteurs de Strasbourg

Maîtrise de l’OnR Orchestre symphonique de Mulhouse « Histoires de fantômes, histoires de fantasmes » Conférence par Laurie Laufer, psychanalyste Strasbourg Club de la presse ma 20 sept. 18 h entrée libre

Production du Theater an der Wien

Langue : anglais surtitré français et allemand Durée approximative : 2 h15 (entracte compris) Conseillé à partir de 13 ans : collège et lycée


Argument L’action se déroule dans le domaine de Bly, au milieu du XIXe siècle. Dans cette demeure vivent deux orphelins à la charge d’une intendante. Une nouvelle gouvernante a été engagée par leur oncle pour veiller sur eux.

Acte I Prologue Le narrateur annonce l’arrivée de la nouvelle gouvernante. Charmant et persuasif, l’oncle des enfants a préalablement averti la jeune femme : désormais placés sous sa tutelle, elle ne devra jamais le consulter au sujet des enfants. Le voyage Sur la route de Bly, la jeune femme appréhende sa nouvelle formation de gouvernante. L’accueil Devant la demeure, Mrs Grose, l’intendante, cherche vainement à tempérer l’excitation des enfants, Flora et Miles. À l’arrivée de la gouvernante, tous s’empressent de l’accueillir chaleureusement. Quant à la jeune femme, elle se réjouit d’avoir trouvé un foyer. La lettre Mrs Grose présente à la nouvelle employée une lettre provenant de l’école de Miles signalant son renvoi. Observant Miles en train de jouer sagement avec sa sœur, les deux femmes ne pensent pas que le garçon puisse avoir « le diable au corps ». La tour Au cours d’une promenade nocturne dans le parc, la gouvernante aperçoit soudain un homme étrange sur la tour : il semble la dévisager puis disparaît. La fenêtre Tandis que Flora et Miles entonnent gaiement une nouvelle chanson : l’homme de la tour réapparaît. Terrifiée, la gouvernante interroge Mrs Grose sur son identité. À la description du personnage, Mrs Grose reconnaît Peter Quint, l’ancien valet. Elle raconte que celui-ci aurait exercé une influence maléfique sur les enfants ainsi que sur leur ancienne gouvernante, Miss Jessel, décédée dans des circonstances douteuses. Quant à Quint, il serait mort lui aussi. Troublée, la gouvernante est certaine que le valet est revenu pour Miles, et s’attend à le voir surgir à nouveau. La leçon En salle d’études, Miles étudie le latin. Sur une mélodie triste, le garçon entonne une chanson d’écolier qui s’intitule « malo » (« je préfère » en latin). Malo, Malo, Malo I would rather be Malo, Malo, in a apple tree Malo, Malo, Malo than a naughty boy Malo, Malo in adversity

Malo, Malo, je préférerais être Malo, Malo, dans un pommier Malo, Malo, qu’un pollisson, Malo, Malo, dans l’adversité

La gouvernante, angoissée, le questionne : « Qui est-ce qui a bien pu t’apprendre cette chanson, Miles ? ». Le garçon s’en proclame fièrement l’auteur. Il ajoute que cette chanson lui plaît et demande si c’est aussi le cas pour elle. Le lac Flora et la gouvernante se trouvent au bord du lac jouxtant le manoir de Bly. Flora chante une berceuse à sa poupée. Soudain la figure de Miss Jessel apparaît de l’autre côté du rivage. Essayant d’attirer l’attention de Flora, Miss Jessel s’efface aussitôt après avoir croisé le regard de la gouvernante. La situation devient grave. Les enfants semblent tous deux perdus et la gouvernante se retrouve bien impuissante face à ces apparitions surnaturelles… La nuit Pendant la nuit, les enfants se livrent aux fantômes de Quint et de Miss Jessel. Lorsque la gouvernante les découvre avec surprise au beau milieu du jardin, Miles affiche un sourire radieux et provocateur, revendiquant sa nature mauvaise.


Acte II Colloque et soliloque Une discussion entre les deux fantômes, Peter Quint et Miss Jessel. Ceux-ci dévoilent mystérieusement leur relation et révèlent qu’ils cherchent à posséder les enfants. La gouvernante, qui assiste à la scène, manifeste une nouvelle fois son impuissance. Les cloches Au son des cloches de l’église, Flora et Miles entonnent un chant de leur invention, en apparence innocent et vertueux. Désabusée, la gouvernante saisit l’abominable sens caché des paroles et décide de mettre au courant Mrs Grose, l’intendante. Miles lui fait clairement comprendre qu’il sait «qu’ elle est au courant pour Quint et Miss Jessel». Il la met au défi d’intervenir. Au bord de l’effondrement, la gouvernante décide d’abandonner la lutte. Miss Jessel Après une effroyable confrontation avec Miss Jessel dans la salle d’études, la gouvernante décide finalement de rester et de lutter. Elle se résout à écrire une lettre au tuteur des enfants pour solliciter une entrevue. La chambre Le soir, la gouvernante avertit Miles de l’existence de sa lettre. En outre, elle lui demande de faire des aveux complets. Mais Miles est sous l’emprise de Quint qui le met en garde. Une fois la gouvernante partie, Quint convainc Miles de voler la lettre. Le piano Le lendemain matin, Miles joue au piano comme un possédé, tandis que Flora endort Mrs Grose avec une berceuse avant de s’éclipser pour rejoindre Miss Jessel. Réveillées en panique, l’intendante et la gouvernante partent aussitôt à la recherche de Flora. Flora Les deux femmes trouvent Flora au bord du lac en compagnie de Miss Jessel. Poussée par la gouvernante dans ses derniers retranchements, la fillette nie tout. Mrs Grose affirme qu’elle a été trop loin avec la fillette. Miles Le lendemain matin, l’intendante rapporte à la gouvernante les horreurs proférées par Flora pendant son sommeil fiévreux. Elle décide d’emmener la fillette chez son oncle pour sa propre sécurité. Elle révèle également que la lettre à destination de l’oncle n’a pas été posté : Miles a dû la dérober. La gouvernante reste au manoir pour affronter Miles et tenter de l’exorciser. Elle veut obtenir de lui une confession. Mais la voix de Quint se fait de plus en plus entendre. La gouvernante veut savoir si Miles a pris la lettre : le garçon admet l’avoir dérobée. C’est une première victoire. Face aux interrogations de la gouvernante, Miles finit par avouer dans un cri qu’il est à la recherche de Peter Quint. Paraissant enfin sauvé, Miles s’évanouit pourtant subitement : la gouvernante se rend compte avec horreur que le petit garçon a péri dans ses bras.

À écouter, à voir > Daniel Harding, Mahler Chamber Orchestra, Joan Rodgers (la Gouvernante), Ian Bostridge (Peter Quint), CD Virgin Classics (2002) > Jakub Hrusa, London Philharmonic Orchestra, mise en scène de Jonathan Kent, Miah Persson (la Gouvernante), Toby Spence (Peter Quint), DVD Fra (2012)


Benjamin Britten (1913-1976) Compositeur

Britten commence à composer dès l’enfance et, à l’âge de onze ans, il devient l’élève du compositeur Frank Bridge. Étudiant au Royal College of Music de Londres à partir de 1930, ses professeurs pendant trois ans seront Harold Samuel, Arthur Benjamin et John Ireland. C’est à cette époque qu’il écrit ce qu’on considère officiellement comme son opus 1, la Sinfonietta (1932). Après l’audition de Wozzeck en 1934, il visite Vienne mais ses projets d’étudier avec Alban Berg se heurtent à l’opposition de sa famille et de ses professeurs anglais. À sa sortie du collège, sa Phantasy (op. 2) pour hautbois et trio à cordes est jouée au festival de l’International Society of Contemporary Music à Florence en 1934, mais c’est avec les Variations sur un thème de Frank Bridge (op. 10), créées au festival de Salzbourg de 1937, qu’il fera sa première vraie percée dans le monde musical international. En 1935, il est attaché à la section cinématographique des Postes anglaises (G. P. O. Film Unit) pour une série de films documentaires dont il compose la musique, avec des moyens limités et très peu conventionnels. Britten faisait alors équipe avec le poète Wystan Hugh Auden, dont l’émigration aux États-Unis l’aide à prendre conscience de l’incertitude de son propre avenir et le décida à partir lui aussi en Amérique. Là, il compose son Concerto pour violon (1939), la Sinfonia da requiem (1940), sa première grande œuvre symphonique, créée par le New York Symphony Orchestra sous la direction de John Barbirolli, son Quatuor à cordes n° 1, un premier essai d’opéra, Paul Bunyan, des cycles de mélodies, Les Illuminations (1939), sur des poèmes de Rimbaud, et les Sept Sonnets de Michel-Ange (1940). Les Sonnets étaient en italien, et composés pour la voix de ténor aigu de Peter Pears : un grand artiste et, désormais, le compagnon de Britten, dans l’art et dans la vie, l’inspirateur et le créateur de beaucoup de ses grandes œuvres lyriques, à commencer par Peter Grimes, commandé par la fondation Koussevitzky, mais achevé seulement en 1945 après le retour de Britten en Angleterre. Ce poème, cette symphonie de la mer, c’est aussi la première tentative d’exorcisme que Britten exerce sur lui-même; renaissance de la catharsis grecque, à plus d’un titre, et qui sera renouvelée dans les œuvres essentielles qui se succéderont du Viol de Lucrèce (1946) à Mort à Venise (1973) en passant par Billy Budd (1951), Le Tour d’écrou (1954), et, à partir de 1964, dans les trois Paraboles d’église : La Rivière aux courlis, La Fournaise ardente et Le Fils prodigue, et Owen Wingrave, opéra qu’il compose pour la télévision en 1971.

Des opéras aux personnages tourmentés Peter Grimes, le vieux marin, soupçonné d’avoir maltraité et laissé mourir deux mousses, sera poussé au suicide par la population de son village; et la femme qui l’aime ne pourra pas le sauver, ni de lui-même ni des autres. Lucrèce se tuera pour avoir subi l’amour de Tarquin, se tuera malgré le pardon de son mari, sa vertu profanée ne lui laissant pas d’autre choix. Billy, héros d’une histoire où nulle femme ne paraît, et qui se déroule tout entière à bord d’un bateau, sera condamné, mis à mort pour un crime douteux, par jalousie de son capitaine, qui en gardera le regret jusqu’à sa propre mort. Le Tour d’écrou : la prison des âmes, par-delà la mort, pour deux enfants envoûtés par des spectres, qui ne sont que la projection, sur le miroir du monde et celui du lac mystérieux qui borde leur château hanté, des nœuds affreux qui les étouffent, qu’une femme tentera de défaire, mais où elle sera prise, à son tour. Owen Wingrave, fils pacifiste d’une grande famille militaire, prouve son courage et meurt dans sa confrontation avec les esprits de ses ancêtres. Mort à Venise enfin : dans la contemplation douloureuse de la Beauté, l’homme de lettres von Aschenbach rencontre sa mort et accomplit son destin.

Myfanwy Piper (1911-1997)

Librettiste

De son nom de jeune fille Mary Myfanwy Evans, cette critique d’art et librettiste est née à Londres en 1911. Elle fonde une revue spécialisée sur l’art abstrait entre 1935 et 1937. Son époux, John Piper, à la fois peintre et décorateur pour le théâtre, lui présente Britten alors qu’il travaille pour son English Opera Group. Myfanwy aurait proposé au compositeur de réaliser un opéra d’après The Turn of the Screw, la nouvelle d’Henry James. Devant son enthousiasme, Britten lui confie la rédaction du livret. Ils collaboreront à nouveau pour Owen Wingrave en 1971 (autre adaptation d’Henry James) et Mort à Venise en 1973 adapté de la nouvelle de Thomas Mann.


Les sources La nouvelle

The Turn of the Screw (ou Le Tour d’écrou en français) est une nouvelle d’Henry James, parue pour la première fois en 1898. Elle est constituée d’un prologue et de 24 chapitres. Il s’agit d’une œuvre emblématique de la littérature fantastique, un genre littéraire définit de la manière suivante par le critique littéraire Tzvetan Todorov dans Introduction à la littérature fantastique : « (…) Le fantastique, c’est l’hésitation époruvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturelle. » Que signifie le titre ? Le Tour d’écrou renferme la métaphore de la vis que l’on resserre comme pour faire pression sur le lecteur. Cette vis est resserrée deux fois plus lorsque l’on met en scène deux enfants, rendant l’histoire encore plus sordide. Dès sa parution, Le Tour d’écrou devient un succès public et critique. Encore aujourd’hui, l’ouvrage fait l’objet de commentaires et d’analyses, aussi bien sur le plan littéraire que psychanalytique.

Henry James (1843-1916) Ecrivain américain naturalisé britannique, Henry James est considéré comme l’un des maîtres de la littérature anglo-saxonne d XIXe-XXe siècle. « Lire Mr. James, c’est faire l’expérience d’un plaisir spirituel, léger et continu. C’est être intellectuellement émoustillé », disait l’un de ses contemporains. Auteur de grands romans portés sur le contraste Europe-Amérique, comme en témoigne Roderick Hudson, L’Américain, Les Bostoniennes, il parviendra à se hisser au sommet de son art avec Portrait de femme. Henry James affectionne également le genre de la « belle et bénie » nouvelle. L’auteur prolifique a laissé cent-douze nouvelles derrière lui ! Avec Le Tour d’écrou, James mène une réflexion sur l’écriture en jouant sur le nondit, technique qui fait le succès de son ouvrage et que Benjamin Britten parviendra à rendre populaire.

Extrait du 1er chapitre du Tour d’écrou « Bien que l’histoire nous eût tenus haletants autour du feu, en dehors de la remarque – trop évidente – qu’elle était sinistre, ainsi que le doit être essentiellement toute étrange histoire racontée la nuit de Noël dans une vieille maison, je ne me rappelle aucun commentaire jusqu’à ce que quelqu’un hasardât que c’était, à sa connaissance, le seul cas où pareille épreuve eût été subie par un enfant. Dans le cas en question (je le dis en passant), il s’agissait d’une apparition dans une vieille maison semblable à celle où nous nous trouvions rassemblés, apparition, d’une horrible espèce, à un petit garçon qui couchait dans la chambre de sa mère. Pris de terreur, il la réveillait ; et la mère, avant d’avoir pu dissiper la terreur de l’enfant et le rendormir, se trouvait tout à coup, elle aussi, face à face avec le spectacle qui l’avait bouleversé.» Ce fut cette observation qui attira – pas immédiatement, mais un peu plus tard dans la soirée – une certaine réplique de Douglas, laquelle provoqua l’intéressante conséquence sur laquelle j’appelle votre attention. Une autre personne se mit à raconter une histoire assez banale, et je remarquai qu’il ne l’écoutait pas. À ce signe, je compris que lui-même avait quelque chose à dire : il n’y avait qu’à patienter. De fait, il nous fallut attendre deux soirées. Mais ce même soir, avant de nous séparer, il nous révéla ce qui le préoccupait. « Je reconnais bien – pour ce qui est du fantôme de Griffin ou tout ce que vous voudrez que ce soit – que le fait d’apparaître d’abord à un petit garçon d’un âge si tendre ajoute à l’histoire un trait particulier. Mais ce n’est pas, à ma connaissance, la première fois qu’un exemple de ce genre délicieux s’applique à un enfant. Si cet enfant donne un tour de vis de plus à votre émotion, que direz-vous de deux enfants ? – Nous dirons, bien entendu, s’écria quelqu’un, que deux enfants donnent deux tours... et que nous voulons savoir ce qui leur est arrivé. » Henry James, Le Tour d’écrou, édition Librio 2003|.


L’adaptation

La librettiste Mifanwy Piper propose à Britten de condenser Le Tour d’écrou, de l’organiser en 2 actes de 8 tableaux, chacun précédé d’un prologue. Les enfants Miles et Flora deviennent des personnages centraux tandis que la parole est donnée aux fantômes, des changements qui seront reprochés à l’adaptatrice, les critiques l’accusant d’amoindrir l’ambiguïté de la nouvelle d’Henry James et de rendre ainsi les personnages moins énigmatiques. L’angoisse narrative devient musicale. Britten adapte les effets littéraires aux exigences de l’opéra.

Henry James au cinéma

Les romans et les nouvelles de James se transposent assez bien au cinéma avec La Chambre verte de François Truffaut (1978), Portrait de femme de Jane Campion (1996), L’Elève d’Olivier Schatzky (1996) ou Washington Square d’Agnieszka Holland (1997). Il existe ainsi quinze adaptations du Tour d’écrou, des films ou des téléfilms plus ou moins fidèles mettant en scène des figures de renom comme Ingrid Bergman (The Turn of the screw, 1959), Deborah Kerr (Les Innocents, 1961) ou Marianne Faithfull (Le Tour d’écrou, 1994). Chacune de ces versions a la particularité de revisiter la mort de Miles. Encore aujourd’hui, le cinéma puise son inspiration dans Le Tour d’écrou, notamment à travers le registre fantastique : Les Autres d’Alejandro Amenábar avec Nicole Kidman (2001), Coraline d’Henry Selick (2008) ou Crimson Peak de Guillermo del Toro (2015).

Deux actes en miroir scène II III IV V VI VII VIII

Acte I Arrivée de la gouvernante à Bly Réception d’une lettre (Miles renvoyé de l’école) La gouvernante aperçoit Quint (le soir) Description de Quint Leçon de latin Flora et Miss Jessel au lac Miles s’accuse d’être méchant

Acte II La gouvernante veut quitter Bly Elle se résout à rédiger une lettre au tuteur Quint appelle Miles (la nuit) Quint en pleine action Leçon de piano Flora et Miss Jessel au lac Miles accuse Quint d’être le Mal


Un tour de vis musical permanent L’opéra s’organise musicalement autour de la métaphore du serrage progressif de la vis. Toute l’œuvre est centrée autour de la note « la ». Dans l’acte I, chaque tableau est organisé selon une tonalité qui monte d’un ton selon les touches blanches du piano jusqu’à un « la bémol ». Cette même tonalité ouvre l’acte suivant (et s’identifie donc à Quint) tandis que les autres tableaux sont organisés selon des tons descendants alternant tons et demi-tons. L’opéra se termine sur le « la », tonalité propre à la gouvernante.

Acte I Prologue Thème de l’écrou Variation I Variation II Variation III

La mineur Si majeur Ut majeur Ré majeur

Variation IV

Mi majeur

Variation V

Fa majeur

Variation VI Variation VII Acte II Variation VIII

Sol majeur La bémol majeur

Variation IX

Fa dièse majeur

Variation X

Fa majeur

Variation XI Variation XII Variation XIII Variation XIV Variation XV

Mi bémol mineur Mi majeur Ut majeur Si bémol majeur La majeur

La bémol majeur

Le voyage L’accueil La lettre La tour (modulation vers Sol mineur) La fenêtre (modulation vers Mi mineur) La leçon (modulation vers Fa mineur) Le lac La nuit Colloque et Soliloque (modulation vers Sol bémol mineur) Les cloches (modulation vers Fa dièse mineur) Miss Jessel (modulation vers Fa mineur) La chambre Quint Le piano Flora Miles (modulation vers La bémol majeur)


Bibliographie sélective de la littérature fantastique > 1796 : Le Moine de Matthew Gregory Lewis > 1816 : Les Élixirs du Diable de E.T.A Hoffman > 1817 : Northanger Abbey de Jane Austen > 1818 : Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley > 1820 : La Légende du cavalier sans tête de Washington Irving > 1834 : La Dame de Pique d’Alexandre Pouchkine > 1836 : La Morte amoureuse de Théophile Gautier > 1837 : La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée > 1857 : Nouvelles Histoires Extraordinaires d’Edgar Allan Poe > 1883 : Contes cruels d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam > 1887 : Le Fantôme de Canterville d’Oscar Wilde > 1897 : Dracula de Bram Stocker > 1970 : Introduction à la littérature fantastique de Tzvetan Todorov

1954, l’année de la création de l’opéra Littérature > Charles De Gaulle publie ses Mémoires de Guerre > Simone de Beauvoir reçoit le Prix Goncourt pour Les Mandarins > Françoise Sagan publie Bonjour Tristesse > Parution de Gigi, pièce de Colette > Ray Bradbury reçoit le Prix Hugo pour Fahrenheit 451

Histoire

> L’abbé Pierre fonde les « Compagnons d’Emmaüs », communauté de chiffonniers qui construisent des

logements pour les sans-abri > Défaite et capitulation française à Diên Biên Phu en Indochine. Fin de la Guerre d’Indochine > Toussaint rouge. Attentats dans les Aurès. Début de la guerre d’Algérie > Signature des accords de Paris. Mise en place de l’Union de l’Europe occidentale qui se base sur le traité de Bruxelles

Science

> Invention de la pile solaire par les Laboratoires Bell

> Lancement d’Explorer, le sous-marin le plus rapide du monde

Musique

> Elvis Presley enregistre son premier titre That’s All Right Mama, considéré comme la naissance du rock

> Déserts d’Edgar Varèse est exécuté à Paris > Léo Ferré dirige à l’Opéra de Monte-Carlo La Chanson du mal-aimé et La Symphonie interrompue, deux œuvres de sa composition > Création à Boston par les Ballets russes de Monte-Carlo de Harold en Italie

Cinéma

> Vingt Mille Lieues sous les mers réalisé par Richard Fleischer > Fenêtre sur cour réalisé par Alfred Hitchcock > Les Hommes préfèrent les blondes réalisé par Howard Hawks avec Marilyn Monroe > Sabrina réalisé par Billy Wilder avec Audrey Hepburn > Les Sept Samouraïs réalisé par Akira Kurosawa > Senso réalisé par Luchino Visconti


Beaux-arts

> Salvador Dalí, La Désintégration de la persistance de la mémoire

> Pablo Picasso, Sylvette > Francis Bacon, Figure with Meat > Nicolas de Staël, Grand Nu Orange > Décès de Frida Kahlo

La parenthèse scientifique

Dans le patrimoine scientifique et technique de l’Université de Strasbourg, on trouve ce potentiomètre, dont le certificat de test de l’appareil date du 8 juillet 1954. Ce dispositif a été inventé par Johann Christian Poggendorff en 1841, afin de réaliser une mesure précise des potentiels de piles. Il permet de mesurer les forces électromotrices.


Biographies

Patrick Davin

Direction musicale

Présent sur le terrain de la création contemporaine ou dirigeant les œuvres du répertoire, Patrick Davin confirme une carrière ouverte à toutes les musiques. Ancien élève de Pierre Boulez et de Peter Eötvös, il a assuré la création mondiale d’œuvres de compositeurs parmi lesquels Philippe Boesmans, Bruno Mantovani, Benoît Mernier, James Dillon, Jean-Luc Hervé, Jean-Yves Bosseur, Kris Defoort et Marco Stroppa. Il a dirigé les principaux orchestres en France comme en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Espagne, en Autriche et, bien sûr, en Belgique et au Luxembourg. Il a dirigé de nombreuses productions d’opéra, tant les œuvres du répertoire : Die Zauberflöte, Die Fledermaus, Carmen, La Traviata, Dialogues des carmélites, Don Giovanni ou Werther que des œuvres du répertoire contemporain : Reigen, Yvonne, princesse de Bourgogne et Au Monde de Boesmans, The Turn of the Screw de Britten, L’Uomo dal fiore in bocca de Luc Brewaeys, The Woman Who Walked into Doors et House of the Sleeping Beauties de Kris Defoort, La Dispute de Benoît Mernier. En 2012, il a dirigé La Muette de Portici à l’Opéra Comique. Il est actuellement premier chef invité de l’Opéra Royal de Wallonie à Liège où il a récemment dirigé Il Segreto di Susanna d’Ermano Wolf-Ferrari et La Voix humaine de Francis Poulenc. Il est directeur musical de l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Il a été en 2013 commissaire du festival Ars Musica et invité d’honneur du Festival de Wallonie. À l’OnR il a dirigé récemment Les Pêcheurs de perles de Bizet, Doctor Atomic de John Adams, Il Matrimonio segreto de Cimarosa et Pénélope de Gabriel Fauré, ainsi que Casse-noisette pour le Ballet de l’Opéra national du Rhin.

Robert Carsen Mise en scène

Né au Canada, il a réalisé à l’invitation de Marc Clémeur à l’Opéra de Flandre des cycles Janáček et Puccini. Il est invité par toutes les scènes lyriques internationales. Ses productions comprennent Dialogues des carmélites, Les Fêtes vénitiennes, Platée (à l’Opéra Comique), Die Zauberflöte (Baden-Baden et Paris), Don Giovanni, Falstaff , The Turn of the Screw (Vienne), L’Amour des trois oranges (Berlin), Ariadne auf Naxos (Munich), Rinaldo, Le Couronnement de Poppée à Glyndebourne, Iphigénie en Tauride (San Francisco, Londres et Madrid), La Traviata (Venise), le Ring de Wagner (Cologne, Venise, Shanghai, Barcelone). Il met en scène des comédies musicales telles que Candide, My Fair Lady et Singin’in the rain au Châtelet, à Moscou, à la Scala de Milan… À l’OnR, il a mis en scène Richard III de Giorgio Battistelli (2009), un cycle Janáček, La Bohème, Tosca, Rigoletto, La Dame de pique et dernièrement Don Carlo.


Prolongements pédagogiques Arts du langage

> Un opéra en langue anglaise (lecture ou déclamation d’extraits, vocabulaire…) > Portraits et profils psychologiques des personnages > Genre, constante du récit fantastique, le glissement du réel au surnaturel > Où est la vérité dans la nouvelle d’Henry James et dans l’opéra ? Réflexion et débats d’idées liés aux ambiguïtés de sens ; les différences entre ce que ce qui est écrit et la part laissée à l’interprétation > La métaphore du tour d’écrou Histoire-géographie > La société bourgeoise et ses non-dits à l’époque d’Henry James > Situer l’Angleterre Arts du son > Motif de l’écrou élaboré sur les douze sons de la gamme chromatique, point de départ thématique de tout l’opéra : jeux d’écriture mélodique, pratique instrumentale et chant > Une ouverture vers autre manière de composer avec les douze sons : Cinquième Pièce pour piano de l’opus 23 d’Arnold Schoenberg > Pratique musicale, écoutes à partir de la forme thème et variations > Lien entre la structure musicale de l’œuvre et la tension progressive du livret > La Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, Erkönlig de Franz Schubert (Allemand, éducation musicale) > Infant Kiss de Kate Bush > Expression des émotions : sonoriser un extrait de film (Les Autres ou Les Innocents) Anglais et éducation musicale > Comptines pour enfants : « Tom Tom » et « The piper’s Son », la chanson du personnage de Miles « Malo ». Arts du visuel > Pour aborder la mise en scène, influencée par le cinéma fantastique des années 60 : Les Innocents, film britannique de Jack Clayton (1961) > Travail sur le clair-obscur > Film Les Autres, d’Alejandro Amenábar, avec Nicole Kidman > Beaux-Arts : Le cri d’Edvard Munch > Le Tour d’écrou, DVD de l’opéra : plusieurs versions disponibles EPI, PEAC autour de l’expression d’angoisse et de peur > SVT : les signes physiques, que se passe-il dans notre cerveau ? > Lettres, langues : vocabulaire, travaux d’écriture, théâtre > Avec des tablettes : petites mises en scènes filmées à l’intérieur du collège > EPS, éducation musicale : positiver le stress pour se dépasser physiquement, vocalement > Histoire des arts : œuvres et mécanisme de la peur > Avec les psychologues, infirmières ou spécialistes en gestion du stress : jeux de rôle, temps de paroles > Technologie : construire une boîte pour y enfermer ses sources de stress.


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