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Qui somme nous ?
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ondé en 2008 à Epinal, dans l’Est de la France, le collectif OPTYCOS est le fruit d’une rencontre entre deux jeunes photographes passionnés par l’image et la découverte de l’autre. Au fil des voyages et du hasard des rencontres, le collectif s’est agrandi et a accueilli de nouveaux membres. OPTYCOS propose chaque année plusieurs expositions à travers la France et met en place des projets autour de la photographie. A travers leurs images, les membres du collectif veulent témoigner des différentes cultures et modes de vie qui nous entourent. OPTYCOS se donne aussi pour mission de faire découvrir des visions photographiques différentes.
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Janvier - Février // 2013
Mélanie Borsuk
Nathanaël Fournier
Bertrand Cavalier 4
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EDITO Bienvenue dans ce premier numéro de NOTHING : le nouveau projet collaboratif du collectif. Nous allons vous faire découvrir et partager le regard de photographes français ou étrangers, amateurs ou non, en publiant leurs reportages ou leurs projets photographiques. Dans ce premier opus de NOTHING, Mélanie Borsuk nous propose des photographies du Mali. Une série réalisé lors d’un trip de 15000km à travers l’Afrique avec l’école itinérante « Atelier Nomade ». Bertrand Cavalier avec un reportage qui s’intitule « Avoir 20ans au Maroc ». Le destin des jeunes marocains, devant les différences sociales des quartiers de Marrakech. Malgré un fossé qui les sépare , ils sont tous à la poursuite de leurs rêve pour une vie meilleure. Pour finir une déambulation dans les rues de Lille avec le regard humaniste de Nathanaël Fournier. Des images du quotidien. Des rencontres avec les laissés pour compte de notre société tel que Lucien qui revêt le costumes du père Noël pendant les fêtes de fin d’année. // Bonne lecture à tous. GL
Sommaire p.03 | Qui sommes nous ? p.05 | Edito p.06 | Portfolio p.06 Mélanie Borsuk Atelier nomade 15000km p.18 Bertrand Cavalier Avoir 20ans au Maroc Copyright NOTHING Magazine Collectif OPTYCOS © 2013 Couv :Nathanaël Fournier
p.30 Nathanaël Fournier Photographe de rue p.43 | Nothing et vous
Nous écrire : contact@optycos.fr
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Atelier nomade . . 15000km
Mélanie BORSUK
Montrer ici ce qu’il se passe là bas…Chercher aussi l’esthétique, l’équilibre dans l’image, rendre beau ce qui ne l’est pas forcément. Parler de l’humain, de ses émotions.
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Atelier nomade
ette école, qui est située dans un petit village du Languedoc Roussillon. Propose une formation plutôt atypique. Elle est née il y a une dizaine d’années de l’envie de créer un lieu ouvert aux passionnés de photo, qui viendraient faire grandir leurs savoirs techniques autant que leurs aptitudes artistiques dans une aventure humaine. Chacun donne un peu de ce qu’il sait. C’est Claude SIMON, tireur et photographe professionnel, qui est à l’origine de ce projet. Apprendre de manière itinérante et dans le partage des savoirs, avec un camion de vie et un autre aménagé en labo, aller au plus loin de sa sensibilité, arriver à la raconter au mieux et de différentes manières. Donner du sens dans ce qu’on sent et qu’on attrape. Du moins c’est ce que j’en retiens, c’est ce que ça m’a apporté.
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L’APPROCHE… Tout dépend des endroits, des personnes qui sont là face à l’objectif et leur manière de le vivre, de ce que je cherche à capter ou à raconter. La plupart de temps je voudrais être transparente pour qu’elles restent authentiques et spontanées, dans cette scène qui se joue là quelque part. Je pense que c’est une question plutôt vaste qui en pose beaucoup d’autres.On peut se retrouver dans des situations difficiles si on n’est pas attentif à ce qui se passe autour, à la manière dont on est considéré, aux mœurs locales. Il suffit d’un regard pour réaliser qu’il vaut mieux s’abstenir. Il y a la peur parfois, des enfants qui pleurent de n’avoir jamais vu de blanc, avec un drôle de truc qui les vise au bout du bras. Il y a qu’on peut être regardé comme quelqu’un d’indiscret, ou devenir la représentation ambulante de l’occidental comme il peut être perçu pour son orgueil touristique, ses erreurs d’hier comme d’aujourd’hui. Et puis il y a la culpabilité de son confort personnel face à la fragilité qu’on se permet de mettre en boîte.
SAVOIR RESTER DISCRET, HUMBLE, UNE SORTE DE SEMBLABLE CURIEUX DE CE QU’EST L’AUTRE.
Prendre un enfant posé là par terre les yeux dans le vide et le laisser à son sort…Je pense qu’il est essentiel
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de se préoccuper de la manière dont on approche les gens pour qu’ils puissent se sentir regardés avec considération. Savoir rester discret, humble, une sorte de semblable curieux de ce qu’est l’autre, de sa manière d’être dans son environnement, de regarder la vie. Mais le plus souvent l’appareil reste un outil qui participe à la complicité qui s’installe entre deux êtres, deux cultures curieuses et amusées l’une de l’autre. Quand certains vous jettent d’un regard, d’autres en redemandent et prennent plaisir à poser, à se voir et s’aimer dans cette image d’eux. C’est pour moi une sorte d’accomplissement que d’en arriver là.
LE VOYAGE… Une aventure humaine qu’on n’oublie pas. Des mondes qui défilent et où la pendule s’égare, Maroc, Mauritanie et enfin Mali, 15000 Kms environ… Des rencontres qui donnent à sourire où à s’émouvoir. Une sorte de rêve dont les images au retour montrent bien que ça n’en était pas un. Des kilomètres à tanguer, serrés dans les cabines des camions, sur le bitume autant que sur les pistes de sable pas très bien dessinées…Et puis une envie qui grandit le long de la route, ne plus s’arrêter, filer vers un autre ailleurs pour y attraper des images, des émotions, des histoires, des ambiances, des êtres qu’on ne reverra plus mais qui resteront là, sur le négatif autant que dans un coin du cœur. Mélanie Borsuk
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Je me rends au marché gigantesque d’un bord de route qui nous mène à Macina quand je croise ces regards. Une digne sagesse chez l’un, un amusement presque enfantin chez l’autre. Enjoués, ils m’offrent cette image d’eux, dans cette atmosphère paisible de début d’après midi.
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Dans une ĂŠtroite ruelle du village de Lattakaf, je rencontre cette femme albinos, qui aussi curieuse que farouche et dans des gestes si singuliers me regarde, quand elle ne baisse pas les yeux...
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Au marché de Macina, un commerçant me rend la monnaie. C’est à peine si on arrive à le distinguer au milieu de son épicerie minuscule.
Nara. Une couturière travaille dans un sourire quand tout autour la foule s’agite, c’est jour de marché.
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Avoir 20 ans au Maroc
e Maroc a une population jeune, fortement influencée par le monde occidental, mais aussi très marquée par les différences sociales. 31% de la population est âgée de 10 à 24 ans et 17% de cette tranche d’âge n’a jamais été scolarisée. À Marrakech, ces différences sociales sont d’autant plus visibles qu’elles se répartissent par quartier. La Médina, la partie ancienne de la ville, abrite la population la plus pauvre qui vit au jour le jour en travaillant dans les souks. Guéliz, la partie moderne de la ville, avec ses immeubles modernes, ses centres commerciaux, ses fastfoods et ses grands hôtels abrite quant à elle une population plus riche et plus européanisée. Cette barrière sociale des quartiers semble toutefois s’effacer devant le skateboard, la musique, le break dance ou le football autant d’activités qui donnent aux jeunes, toutes classes confondues, la même envie de vivre la vie de leurs idoles.
Par Bertrand Cavalier
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NathanaĂŤl Fournier
PHOTOGRAPHE DE RUE
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n 2003-2004, je faisais un peu de graffiti et je marchais beaucoup dans les rues de Lille, de jour comme de nuit. J’avais demandé à une amie de photographier quelques trucs que je voyais sur les murs et évidemment, elle ne l’a pas fait. Va conseiller un sujet à un photographe, en règle générale, il s’en fout. Alors j’ai emprunté l’appareil de ma petite amie, un compact Nikon pour touriste, et j’ai acheté des films couleurs. Ça a très vite bien marché, j’ai obtenu quelques publications et une exposition. Je savais à peine qui était Cartier-Bresson, je n’avais jamais vu de photo d’Elliot Erwitt, de Riboud ou de Boubat, et je ne pensais pas que l’on pouvait faire des photos «des gens» dans la rue. Et puis j’étais trop timide, c’était plus simple de photographier des murs et des objets abandonnés.
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n jour, j’ai rencontré le Père Noël devant un supermarché, il s’appelait Lucien. Je l’ai pris en photo à la dérobée puis je suis allé lui parler. C’est comme ça que j’ai commencé à photographier les sans-domiciles et ceux qui font la manche, autant des types que je connaissais déjà comme Philippe ou l’Indien, que d’autres que je rencontrais au cours de mes errances urbaines. Il s’agissait surtout de leur donner un chouette portrait, une photo qu’ils pourraient garder. J’ai eu l’occasion de faire une expo au Zem Théâtre, et j’en ai profité pour montrer plusieurs de ces portraits, et surtout pour faire une grande bringue, le mot d’ordre étant: ramenez votre boire! La soirée a été un grand succès, un mélange de jeunes, d’étudiants, d’amis, d’inconnus et de «clochards», mais je n’en ai aucun souvenir, trop bourré.
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A la même période, j’ai remporté un concours organisé par la Commission Européenne et le Ministère de la Jeunesse et des Sports, avec un portrait de Daouda, un sans-papiers qui vivait dans le sas de banque en bas de chez moi. Du coup j’ai continué à photographier ceux que j’appelais «les Hommes Invisibles», dans l’idée de montrer qu’ils existaient et qu’ils étaient des êtres humains, tout simplement. C’est là un peu l’idée du projet de Clémentine et Céline auquel j’ai participé au Biplan à Lille en juin 2011: Nous sommes tous SDF, « Sans Destins Fixes ».
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MĂŠlanie Borsuk http://www.melan.book.fr/ Bertrand Cavalier http://www.audiopapier.com/ Nathanael Fournier http://nathanaelfournier.tumblr.com/
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