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Rédacteur Gabriel Loisy Relecture Elodie Fond Maryneige Heller Mise en page Gabriel Loisy Copyright NOTHINGMag ©2013 Couverture Annabelle Fouquet Nous écrire contact@nothingmag.fr

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La reproduction même partielle des articles, textes et photographies parus dans ce numéro est interdite sans autorisation écrite préalable du représentant légal. La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les documents reçus impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Si vous trouvez des fautes d’orthographe dans les pages de ce numéro, merci de ne pas y prêter attention et de nous en excuser.

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EDITO Un an déjà . . . une année riche en rencontres et en découvertes photographiques. Le 5 janvier 2013 sortait le premier numéro de Nothing magazine, après plus d’une année de questionnement et de réflexion autour d’un tel projet. Aujourd’hui le magazine compte sept numéros et possède un site internet. Mais quelle crédibilité avons-nous à être entièrement virtuel ? Au vue des statistiques, peu de personnes s’attardent vraiment sur les textes et les interviews. C’est vrai que la lecture sur écran n’est pas des plus confortable. Pour autant, Nothing est très consulté pour un magazine de sa catégorie. Aussi, nous pensons qu’il est temps, en cette nouvelle année, de donner un nouveau souffle au projet en rentrant dans le “réel”. Nous envisageons l’organisation d’une exposition et/ou le lancement d’une collecte participatif, la recherche de partenaires pour un numéro spécial en version papier. Pour l’heure, voici le premier numéro de cette année 2014. Nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir quatre photographes de talent : - Annabelle Fouquet et son reportage sur les femmes du peuple sámi en Europe du Nord. - “Communal dream” sur le rêve abordable des miss par Clément Huylenbroeck. - William Dupuy se demande “Qui a tué le Rhône ?”, une série de photo à la chambre sur la pollution du fleuve le plus puissant de l’hexagone. - Nous finirons en beauté avec Frédérick Carnet et sa série “L’appartement 33” : une plongée intime dans son passé. Bonne lecture


Sommaire p.03 | Edito p.04 | Photographes p.06 | Annabelle Fouquet // SÁPMELAŠ-Femmes sámi p.38 | Clément Huylenbroeck // Communal dream p.52 | William Dupuy // Qui a tué le Rhône ? p.74 | Frédérick Carnet // L’appartement 33 p.88 | Nothing et vous

#07 janvier - février // 2014

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PHOTOGRAPHES

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Née à Paris en 1987, Annabelle Fouquet vit actuellement au Québec. Après un diplôme en photographie à l’école de l’image des Gobelins à Paris, elle débute un projet sur les femmes autochtones, dont le premier volet se situe en Scandinavie, en territoire Sámi. Elle poursuit son parcours en quittant l’Europe pour le Canada, où elle obtient en 2011 un diplôme en technique de réalisation de films documentaires à Rivière-du-Loup. Ses photos ont été présentées au Festival Présence autochtone à Montréal ou encore au Festival Territoires en images à Paris. Elle a par ailleurs réalisé un documentaire, Eka utshite, qui dresse le portrait d’une jeune artiste de la communauté Innue et a été présenté dans plusieurs festivals cinématographiques.

Clément Huylenbroeck est né en 1988 sur le territoire belge. En 2010, l’école des arts de l’image le 75 le certifie photographe. En 2011, il entreprend en collaboration avec Pierre Liebaert le projet Big shit; documentaire de mauvais goût sur le monde autoroutier. Le travail qui est actuellement financé par la fédération WallonieBruxelles, s’est vu présenté entre autres au FOMU d’Anvers, au Brakke Grond d’Amsterdam, aux nuits photographiques de Paris, et au festival d’Arles. En 2012, sa soeur remporte le titre de Miss Soignies Haute-Senne. De cet heureux événement naît le travail «communal dream», une aigre vision des concours de beauté, ou du moins de ses plus mauvais contretypes. Le travail est toujours en cours de réalisation; sa finalisation est prévue courant 2014.

Le travail de William Dupuy, proche du style documentaire, laisse une grande place à l’optimisme. En plaçant l’humain au centre des solutions, William donne à voir une société bien ancrée dans le réel. Dans le Sahel avec les nigériennes qui luttent contre la désertification, en Egypte avec les supporters de foot qui ont pris part à la révolution, ou sur les plages du Sénégal avec les mères qui s’organisent pour éradiquer l’immigration clandestine vers l’Europe, à chaque fois son regard est juste. Il aime l’émotion de l’instant présent, un instant unique qu’il sait faire partager. Parfois, les histoires qu’il raconte en images croisent l’Histoire avec un grand H. Il collabore avec un journaliste, Samuel Humez, sur des portraits de résistantes qui témoignent de leurs souvenirs de guerre. Par deux fois son travail est remarqué par la bourse du talent: En 2006 avec un sujet sur le dépeuplement des villages ruraux, et en 2012 avec Révolution Ultras en Egypte. Depuis 2005, William Dupuy est sociétaire de l’agence Picturetank.

Frédérick CARNET (né le 24 décembre 1972) fait ses premiers pas en photographie à l’âge de 20 ans au début des années 90. Il commence à exposer ses travaux dans le réseau des Galeries FNAC et travaille dans le laboratoire de Toros ALADJAJIAN dédié à la photographie en noir & blanc, tout en poursuivant ses travaux personnels. C’est pendant son activité à mi-temps au laboratoire qu’il réalise la série L’APPARTEMENT 33. Il obtient alors une Mention spéciale du Jury au Prix Kodak de la Critique Photographique, une bourse du Fond Régional d’Art Contemporain d’Ile-de-France et une nomination au Prix HSBC pour la Photographie. Frédérick CARNET développe également des séries personnelles. C’est dans cet état d’esprit qu’il produit en collaboration avec Léo TAMAKI la série BUDOKA NO KOKORO, consacrée aux derniers grands maîtres de BUDO. En octobre 2011 il part au Japon pour une étude photographique de la nature. De cette série naîtra le livre NIPPON 2011.

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SÁPMELAŠ

// Femmes sámi

Autochtones en Europe

Par Annabelle Fouquet

I

l est établi que la population sámi serait la plus ancienne à avoir occupé le nord de l’Europe, il y a plusieurs millénaires. Aujourd’hui, les Sámi, entre 70 000 et 100 000, sont répartis à travers un vaste territoire découpé par les États de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie. 10% d’entre eux pratiquent encore l’élevage de rennes, qui, basé sur une économie traditionnelle de subsistance, se retrouve aujourd’hui intégré dans le système marchand occidental. Les faibles revenus que l’élevage génère, et les difficultés territoriales et climatiques actuelles rencontrées par les éleveurs sámi, rendent cette pratique de plus en plus difficile à perpétuer. Afin de rendre possible la stabilité financière de la famille et pour rester près de leurs enfants scolarisés, les femmes d’éleveurs décident souvent d’étudier et de travailler en ville. Accaparées par leurs emplois et éloignées du territoire, elles possèdent de moins en moins de temps pour perpétuer et transmettre leurs propres savoirs aux plus jeunes générations. Face à l’importance des hommes au coeur de l’élevage, ces savoirs traditionnels féminins sont peu reconnus par les structures gouvernementales, et parfois par le milieu de l’élevage lui-même. Pourtant, beaucoup de femmes sámi tiennent tête à ces problématiques afin de faire vivre une culture qui ne peut se passer des femmes pour continuer d’exister.

Retrouver l’interview sur

Nothingmag.fr/interview-annabelle-

fouquet

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Ellen Marit Utsi Sara, à Áisaroaivi, petit village sámi au coeur des territoires de transhumance. Elle est habillée avec la “gákti”, la robe traditionnelle sámi.

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Kari-Mákreda Utsi est étudiante en biologie arctique dans la ville de Tromsø. Elle travaille sur l’observation des rennes du troupeau familial. Sa mère, Karen-Ellen, qui a grandi sur ce territoire, l’accompagne durant sa semaine d’observation.

« Les jeunes Sámi essaient d’apprendre le travail traditionnel, la langue, la façon de vivre… Pourtant ils sont obligés de mener une vie à l’occidentale, où il faut aller à l’école entre dix et vingt ans, avoir un bon salaire et tout le reste. Les jeunes Sámi doivent être à la fois ce que le monde occidental attend d’eux et ce que le monde sámi leur demande. »

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Chaque hiver, les quelques rennes qui sont trop jeunes ou trop faibles pour suivre les troupeaux, restent près des maisons. Karen-Ellen Utsi les nourrit quotidiennement.

« C’est quand je suis venue dans cette maison, que j’ai arrêté de suivre la transhumance des troupeaux. Mon mari a continué, mais moi, je suis restée ici. On est venus ici à cause de l’école pour les enfants, sinon on serait restés là-haut dans la montagne. Je savais ce que c’était de vivre en internat et je ne voulais pas qu’ils y aillent. »

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Kirsten-Ellen Gaup-Juuso a 53 ans. Née en Sápmi norvégien, elle a épousé un éleveur de rennes sámi et vit avec lui du côté finlandais. Elle enseigne la langue sámi aux jeunes Sámi qui ne la parlent pas couramment chez eux.

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Christine Utsi a 27 ans. Elle vit et travaille comme artisane dans la ville de Porjus, du côté suédois du Sápmi. Elle se rend fréquemment sur les territoires de transhumance des troupeaux avec son conjoint Emil Pittja.

« Je n’ai pas envie de faire un travail ennuyeux uniquement pour gagner de l’argent et obtenir un bon statut. Je préfèrerais avoir moins d’ambition économique que mes voisins, et essayer de vivre en pratiquant le duodji, l’artisanat sámi que j’aime réellement. Je valorise la créativité dans mon travail, et aussi la liberté d’être souple dans mon temps quotidien. » # 13


Iŋgá-Máret Gaup-Juuso, sous la laavu (tente traditionnelle sámi), dans un campement de transhumance à Pitsusjärvi, Finlande.

« Je m’adapte à tout car je sais qui je suis. Je sais ce qui est en moi car j’ai grandi ici : je suis sámi, je suis fière de cette culture et ça ne veut pas dire que je ne m’adapte pas à la culture finlandaise ou norvégienne. Je sais où est mon foyer : là où sont les rennes, le soleil, et mon amour pour ma famille. Mon foyer, c’est aussi où j’entends les voix des ancêtres ici, dans ces terres. »

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Chaussures sámi traditionnelles, confectionnées en peau de rennes.

« Dans le savoir des femmes, il n’y a pas que l’élevage. Les femmes s’occupent de tout un tas de choses : le duodji (l’artisanat traditionnel), le travail des peaux, la préparation des morceaux de rennes qui n’ont pas été vendus. Il y a aussi un travail important à la maison : s’occuper du départ des éleveurs, s’occuper des papiers, des finances... »

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Berit Sara est artisane. Elle vend des articles d’artisanat non traditionnels pour les touristes dans un centre commercial à Alta, une des grandes villes au nord de la Norvège.

« Le commerce de la viande de rennes s’est beaucoup développé car il correspond à la nouvelle société. Ce n’est pas la même chose pour les travaux des femmes, comme l’artisanat. Elles n’obtiennent pas beaucoup d’argent pour le travail qu’elles fournissent. Les savoirs traditionnels des femmes n’ont pas changé, mais la différence, c’est qu’elles n’en vivent plus. » (Elle Utsi).

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Iŋgá-Máret Gaup-Juuso est née en Sápmi finlandais. Elle vit et étudie la langue sámi à l’université sámi de Kautokeino, en Norvège, où elle a rencontré son copain, un éleveur de rennes. Elle se prépare pour performer à un concert de Yoik (chant traditionnel sámi).

« Parmi tout ce que mes ancêtres ont fait, ont su, beaucoup de choses ont disparu. On les a perdues, on ne pouvait plus vivre comme eux. Mais il faut qu’on se batte pour ce qu’on sait encore. On doit s’assurer qu’on continue à les apprendre et qu’elles ne disparaîtront pas. »

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Sara-Iŋgá Utsi Bongo est mère de deux petites filles, et femme d’un éleveur de rennes. Elle étudie l’artisanat sámi à l’université sámi de Kautokeino.

« On a nos propres écoles maintenant : le lycée et l’université en langue sámi avec des cours d’artisanat ou d’élevage de rennes, en plus des autres cours. L’école fait partie du processus de décolonisation et elle permet le retour à la fierté d’être sámi. »

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Karen-Ellen Utsi a 66 ans. Elle est artisane à son compte. Elle s’apprête à se rendre à un cours d’informatique.

« Je suis née dans les montagnes. Jusqu’à mes quatre ans, on vivait dans des tentes, avec toute ma famille, même l’hiver. Tout a changé progressivement et je suis passée dans cette nouvelle époque avec l’achat d’une voiture, d’une maison et d’une motoneige… Mais le plus grand changement, ce sont mes enfants qui ont grandi »

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Laila-Christine Utsi prépare la gáhkku, une galette sámi qui sera cuite sur feu de bois.

« La société sámi donne encore beaucoup de valeur à des travaux qui ne génèrent aucun revenu. D’une certaine façon, nous sommes encore ancrés dans la société traditionnelle du passé. »

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Kirsten-Ellen Gaup Juuso est à Raittijärvi, dans la maison familiale. Sans eau courante et avec très peu d’électricité, elle cuisine actuellement une recette de beignets finlandais pour la messe de Pâques qui sera célébrée devant sa demeure le lendemain.

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Iŋgá-Máret Gaup-Juuso a rejoint sa famille à Raittijärvi, pour la séparation annuelle des troupeaux de rennes, à la fin de l’hiver.

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Au milieu de l’été, Kirsten-Ellen Gaup Juuso se met à récolter les plaquebières. C’est aussi l’occasion de se retrouver en famille.

« Notre culture inclut beaucoup de tâches traditionnelles que les mères ont toujours essayé de transmettre. Mais ce n’est pas facile car les enfants ont l’école et d’autres activités. Il ne faut pas que la culture disparaisse : je veux que mes enfants continuent à venir dans le territoire. On essaie d’aller dans la tundra autant que possible, tous ensemble, la famille entière. »

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Elle-Mákreda Gaup Juuso a 22 ans. Elle vit et étudie en tourisme dans la partie finlandaise du Sápmi. Dès que son emploi du temps lui permet, elle se rend au troupeau pour aider ses frères et son père.

« Si les femmes étaient restées plus proches de l’élevage et de la nature, je pense que la part de notre culture qui « appartient » aux femmes aurait mieux survécu. Aujourd’hui, beaucoup de femmes font leur travail traditionnel le week-end et après le travail… »

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Dans le nord du Sápmi suédois, au coeur du parc récemment nationalisé, « Stora Sjöfallet », malgré les inondations fréquentes causées par les barrages hydro-éléctriques de l’industrie VattenFall, les troupeaux de rennes continuent leur transhumance, accompagnés des éleveurs, et ponctuellement, de leurs femmes et de leurs enfants.

« Beaucoup d’élevages de rennes ne pourraient survivre sans les femmes, sans l’argent qu’elles rapportent par leur travail à l’extérieur. Les hommes et les femmes ont donc encore besoin l’un de l’autre, mais d’une façon différente d’avant. »

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Deux jeunes filles sámi, au marquage des jeunes rennes de l’année, à Vuotso, en Finlande. En Finlande, la pratique de l’élevage de rennes n’est pas réservée aux Sámi, et de nombreux Finlandais possèdent aussi des troupeaux de rennes.

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Chaque été, après la naissance des rennes, on regroupe les troupeaux et les rennes de plusieurs éleveurs d’une même localité, pour identifier l’appartenance des nouveaux-nés. La marque, que l’on tranche sur l’oreille des rennes, est un motif distinct qui identifie le propriétaire de l’animal.

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Communal Dream Par

Clément Huylenbroeck

Les miss vivent le rêve abordable; en une prestation fébrile, et quelques sourires détartrés, elles s’y voient déjà. Devant guise chair, imbibé

une foule de regards excités, elles courbent leurs corps à la d’un chorégraphe improvisé. Elles livrent leurs cheveux, leur leurs ongles, leur naïveté à un public pauvrement endimanché, et de mousseux.

Leur tentative est belle; le temps d’une pâle performance calquée sur la parade des miss nationales, elles fantasment, s’imaginent fleuron de l’élégance. C’est emportées par cette vision, qu’elles se galbent encore un peu plus, et font gonfler les pantalons. Au terme de la soirée, le rêve communal se mue en un crève-coeur, une désillusion blessante, les yeux globuleux se détournent, les bouches salivent désormais pour une autre.

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Railway Stations

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Par William Dupuy

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e Rhône est le plus puissant des fleuves français, il est aussi le plus pollué. Il compte 9 affluents dans l’Hexagone : l’Arve, le Fier, l’Ain, la Saône, l’Isère, la Drôme, l’Ardèche, la Durance et le Gard. C’est en Suisse, dans le massif du Saint-Gothard, qu’il prend sa source. Alimenté par un glacier à 1 753 m d’altitude, il s’écoule vers la vallée helvète, traverse le lac Léman d’où il débarque en France, avant de se jeter par un delta dans la Méditerranée. Tout débute en 2005, lorsqu’un pêcheur professionnel fait analyser ses prises issues du Rhône. À sa grande surprise, les résultats obtenus présentent un taux de PCB 40 fois plus élevé que la norme. Les pouvoirs publics prennent alors la mesure d’interdire la consommation des poissons péchés dans le fleuve. Depuis, l’épidémie s’est propagée et la majorité des cours d’eau français est contaminée. Les PolyChloroBiphényles, plus connus sous le nom de PCB, se présentent sous forme de liquides plus ou moins visqueux, chimiquement proches des dioxines. Ils sont incolores, insolubles dans l’eau et ne se décomposent qu’à des températures dépassant 1000 °C. Interdits depuis 1987, ils étaient principalement utilisés comme isolant électrique dans les transformateurs, mais également les peintures, adhésifs et huiles minérales. La pollution aux PCB est invisible : pas de boue noirâtre, pas de décoloration des eaux, pas de poissons morts. Les PCB sont des substances très peu biodégradables, ils s’accumulent dans la chaîne alimentaire. On les retrouve ainsi dans tout l’environnement : air, sol, eau, sédiments, mais aussi, après transfert, dans les plantes, les animaux et chez les hommes. Considérés comme cancérigènes, ils entraînent des dommages au foie, jouent sur la croissance et la reproduction.

Quia tué Rhône le

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ais d’où viennent ces produits chimiques qui polluent les cours d’eau ? Quelles sont les conséquences de cette pollution ? Qui est responsable ?

On estime qu’environ 1200 millions de tonnes de PCB ont été produites dans le monde, et qu’environ 400 millions de tonnes se trouvent dispersées dans l’environnement. Les friches industrielles et les décharges sauvages sont des lieux à haut risque pour les nappes phréatiques. La société Trédi, qui depuis 1985 décontamine les appareils électriques souillés aux PCB, a été la première mise en cause dans cette pollution. Mais des traces de PCB ont été décelées en amont du site. L’usine ne peut pas être la seule responsable de la catastrophe. Le couloir de la chimie, au sud de Lyon, est une zone qui comporte une grande concentration d’industries chimiques. En dehors de certaines pollutions accidentelles, l’industrie est responsable d’une pollution chronique autorisée par les autorités. Les sources de pollutions sont donc multiples et peu connues. Le pari de ce travail photographique est de faire apparaître en filigrane la dangerosité et l’empoisonnement à travers les images. Une sensation, un climat, une porosité visuelle… Un travail à la chambre effectué dans la lenteur, qui tient entier dans le cadre et la lumière.

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Frédérick Carnet

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ette série, L’APPARTEMENT 33, me replonge dans le passé. J’ai réalisé ces images en 1995 et 1996 lors de ma première année aux Gobelins (Ecole de photo parisienne). Tous les week-ends, j’allais à Meaux dans le quartier de Beauval et je passais tout mon temps avec la famille. J’ai beau être blanc, la famille que j’ai photographiée, c’est la mienne. En effet, une de mes tantes (qui est décédée au début de l’année 2013) était mariée à un Malien. Et cette famille de L’APPARTEMENT 33, c’est celle d’un de ses frères. Je n’ai donc pas eu à m’intégrer dans le sens où j’ai toujours connu cette famille. Les enfants, qui ont bien grandi depuis, sont mes cousins et cousines et Assa, leur maman, je la considère comme une mère. Elle m’appelle d’ailleurs son fils et à chaque fois qu’on se voit, elle désespère de ne pas me voir marié avec des enfants. J’ai mis un an à réaliser ce travail. C’est ma première vraie série personnelle construite. Elle a fait l’objet d’une série d’expositions dans le réseau des galeries FNAC.

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Annabelle Fouquet

http://www.annabellefouquet.com //

Clément Huylenbroeck

www.clementhuylenbroeck.com //

William Dupuy

http://www.william-dupuy.com/ //

Frédérick Carnet

http://www.frederickcarnet.com

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