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Un romancier sur un plateau
by ArKuchi
laurent mauvignier.net
On verra au théâtre en mars L’Orage* d’Alexandre Ostrovski (que vous venez d’adapter) et Tout mon amour d’Arnaud Meunier. Peut-on dire que vous vous approchez de plus en plus des plateaux ?
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LAURENT MAUVIGNIER Je suis d’abord et avant tout un romancier. Mes premiers livres comprenaient de nombreux monologues intérieurs – donc quelque chose d’assez théâtral –, ils ont évidemment attiré plusieurs metteurs en scène qui ont eu envie de les porter au plateau. J’ai toujours refusé. Car si le théâtre peut y gagner, je vois surtout ce que le roman a à y perdre. Un roman a un tempo, une musicalité qui lui sont propres. Les soustractions comme les ajouts le dénaturent. Et celui qui utilise le texte va devoir assumer des coupes dans le matériau. Je ne m’y retrouve pas. On a beau me dire qu’il va toucher un autre public, j’ai l’impression que le texte est charcuté, atrophié…
Pourtant vous écrivez pour le théâtre. LM J’aime le théâtre. Et j’y vais très souvent. J’ai écrit des pièces comme Tout mon amour. La question des coupes ne se pose plus. C’est pareil avec Ce que j’appelle oubli, qui peut constituer un seul-en-scène. Les metteurs en scène peuvent ainsi donner libre cours à leur inspiration. J’avais aussi envie d’incarnation, mon désir d’aller vers le théâtre a grandi : certaines choses y sont possibles comme faire se chevaucher des voix. Le roman, lui, reste linéaire, toujours une phrase après l’autre. Au théâtre, on peut tenter la simultanéité. Parallèlement, cela m’intéresse de rechercher d’autres formes d’écriture, comme l’adaptation.
Parlez-nous de votre adaptation de L’Orage* d’Ostrovski pour Denis Podalydès.
LM Cela m’a surpris, car je ne parle pas le russe. Denis avait envie que la langue d’Ostrovski se frotte à celle d’un auteur contemporain, une langue où la question de l’oralité se pose. Il me fallait trouver une langue singulière. J’ai lu le maximum de traductions et, chaque fois, j’essayais de retrouver cette espèce de vivacité que le texte avait. Cela m’a fait réfléchir sur ce qu’était la création. Des situations que je n’avais pas écrites, je les faisais miennes. J’ai adoré faire ça.