![](https://assets.isu.pub/document-structure/230306190931-e4080c39ab950b2697e37467964ff37a/v1/ebff451d1f576185897b18d21f2cd913.jpeg?width=720&quality=85%2C50)
2 minute read
Quand le réel percute l’écran
by ArKuchi
« C’EST UN ACTE DE FOI : QUAND JE VAIS AU CINÉMA, JE CROIS AU MONDE. » LE RÉALISATEUR ARNAUD DESPLECHIN A RAISON : LE CINÉMA S’INSPIRE AUSSI DU MONDE DANS LEQUEL ON VIT. QUATRE FILMS SORTIS EN 2022 EN FONT LA DÉMONSTRATION.
NOVEMBRE Cédric Jimenez (Sortie : 5 oct. 2022)
Advertisement
SIMONE Olivier Dahan (Sortie : 12 oct. 2022)
NOS FRANGINS Rachid Bouchareb (Sortie : 7 déc. 2022)
CORSAGE Marie Kreutzer (Sortie : 14 déc. 2022)
Les histoires racontées à l’écran se nourrissent parfois du réel. Un réel historique, comme dans Simone d’Olivier Dahan et Corsage de Marie Kreutzer, deux biopics – contraction de biographic picture – sortis en 2022. L’un raconte la vie de Simone Veil, l’autre celle de Sissi impératrice d’Autriche. Olivier Dahan n’en est pas à son premier essai : La Môme et Grace de Monaco, c’était déjà lui. Dans Simone, il prend le parti d’un montage non chronologique. Il reconstitue le réel de façon précise, notamment dans les scènes de déportation ou lorsque Simone Veil, alors ministre, est confrontée à l’extrême droite en défendant sa loi sur l’IVG. Elsa Zylberstein explique avoir travaillé son rôle pendant un an, se métamorphosant physiquement et faisant sienne la diction si particulière de celle qu’elle incarne à l’écran. Au contraire, Marie Kreutzer prend bien des libertés dans Corsage pour raconter l’émancipation fantasmée de Sissi. Elle multiplie volontairement les anachronismes : l’empereur François Joseph porte ainsi… un col roulé, et, encore plus fort, l’impératrice fait un magnifique doigt d’honneur. Comble de la réécriture historique, Sissi choisit sa mort à l’écran alors qu’elle fut assassinée en réalité sur les bords du lac Léman. Ici point de valse viennoise, la chanteuse Camille compose la musique, achevant de brouiller le récit.
Souvent le cinéma s’intéresse aussi à des événements plutôt qu’à des personnes. Pour ancrer Nos frangins dans les années 1980 – le film reconstitue l’affaire Malik Oussekine et l’assassinat d’Abdel Benyahia en 1986 –Rachid Bouchareb utilise de vraies images d’archives. Mais il en crée également de fausses, pour le besoin du film, imitant le grain des reportages de l’époque. Le spectateur peut alors être perturbé par le flou entretenu entre réel et fiction. Néanmoins, le jeu très sobre des comédiens redonne de l’authenticité au récit. Et de la dignité aux personnes qui ont réellement existé.
Dernier exemple : le film de Cédric Jimenez, Novembre, relate les cinq jours d’enquête policière qui suivent les attentats du 13 novembre 2015. La traque des terroristes, particulièrement réaliste, tient le spectateur en haleine. Et pourtant, le film reste une fiction avec des personnages inventés. La volonté du réalisateur de représenter une femme témoin clé de l’enquête avec un foulard – alors qu’elle n’est pas voilée dans la vraie vie – a fait polémique, la fiction se heurtant au réel. Un carton explicatif a dû être ajouté en début de film pour rappeler que la mise en scène reste toujours au service de la fiction.
Alors le cinéma, miroir de la vie ? Peut-être… En réalité, l’image n’est jamais qu’une représentation.
LES ÉCRANS DU DOC
21 > 26 MARS
Le Toboggan
Décines letoboggan.com