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INNOVATION hydrogène, bus autonome

Hydrogène, bus autonome, smart-city : Gaussin dévoile ses ambitions

ENTREPRISE. Un nouvel acteur français de la navette électrique autonome se profile grâce à l’association entre le groupe Bolloré et la PME Gaussin, avec l’aide de l’ex-président de la SNCF, Guillaume Pepy, et le Qatar comme partenaire et terrain de jeu. Marc Fressoz

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L’entreprise Gaussin maîtrise désormais la technologie de l’hydrogène, aboutissement d’un processus de R&D lancé en 2012 avec le CEA.

«J e salue l’audace qu’a l’entreprise Gaussin à se projeter dans les pays du Moyen-Orient », apprécie Guillaume Pepy. Créé en 1880, ce groupe familial coté en Bourse, spécialisé dans la conception et la fabrication de véhicules de manutention portuaire, aéroportuaire et logistique, vient de s’offrir les services de l’ancien PDG de la SNCF. Il l’a fait savoir le 5 octobre, annonçant son entrée au comité scientifique et stratégique du groupe. Surtout, Guillaume Pepy devient le facilitateur d’affaires avec le Qatar, en tant qu’administrateur d’une nouvelle filiale, Gaussin Advanced Mobility Electric (Game), co-entreprise formée avec le groupe qatari Al Attiya.

« Guillaume Pepy m’a proposé de nous aider. Son expertise nous sera précieuse », détaille Christophe Gaussin, PDG du groupe éponyme. Bon connaisseur de cette région du monde, l’ancien patron des cheminots préside depuis plusieurs années le conseil franco-qatari du Medef international. Avec ces nouvelles fonctions, il entend bien « contribuer à l’émergence d’un champion de la mobilité ». C’est le message qu’il a délivré par visioconférence lors d’un événement qui s’est tenu au siège de Gaussin, à Héricourt (HauteSaône), le 6 octobre. La PME y a dévoilé deux engins de manutention portuaire et logistique électriques et autonomes à hydrogène. Leur commercialisation est prévue pour 2021. Le signal envoyé est clair : l’entreprise d’ingénierie et de construction maîtrise désormais la technologie de l’hydrogène, aboutissement d’un processus de R&D lancé en 2012 avec le CEA.

Stratégie régionale hydrogène

Coïncidence, ce show s’est tenu dans la foulée de la divulgation de la stratégie nationale pour l’hydrogène du Gouvernement. Et à l’échelle locale, la présidente de Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, a décliné le 6 octobre un plan de relance régional en faveur de l’hydrogène. Par ailleurs, en voisins,

Gaussin s’engouffre dans le chantier du Grand Paris Express Cet été, le groupe franc-comtois a changé de taille en acquérant 95 % À première vue, les synergies ne sont pas évidentes entre les deux de Metalliance, une société implantée en Saône-et-Loire. Résultat : sociétés. « En fait, l’un des intérêts est de permettre d’implanter notre son chiffre d’affaires bondit de 17 à 44 millions d’euros et les effectifs savoir-faire en matière de motorisation électrique pour remplacer atteignent 200 personnes. Cette opération de diversification permet la motorisation diesel, explique un dirigeant. L’avantage, pour les à Gaussin d’accéder au chantier du Grand Paris Express, plus entreprises de travaux publics, est une organisation plus légère et des généralement au marché des creusements de tunnel. Outre la pose réductions de coûts, dans la mesure où elles n’auront plus à installer de voies ferroviaires et les travaux routiers, Metalliance est surtout un système d’évacuation de l’air vicié. » Autre intérêt : améliorer un fabricant d’engins de service sur pneus longs et étroits. Adaptés la rentabilité en réintégrant de la valeur au sein de l’entreprise. aux tunnels, ils servent d’assistance aux tunneliers en emportant par Metalliance a la capacité d’usiner des pièces que Gaussin exemple les voussoirs. On en trouve sur le chantier de la ligne 15 sud. n’achètera plus à des fournisseurs.

Gaussin et l’équipementier automobile Faurecia ont topé au sujet de la fourniture de réservoirs à hydrogène. Bref, la PME a de l’avenir dans l’hydrogène.

Brique par brique, Gaussin dévoile sa stratégie de développement dans la mobilité des personnes, du ressort de sa division Trucks and Bus, confiée à un ex de Volvo Renault Trucks, Jean-Claude Bailly. Le 1er septembre, ce fut l’officialisation d’un nouveau partenariat avec Bolloré. Gaussin a obtenu la distribution exclusive des Bluebus au MoyenOrient (Qatar, Turquie, Émirats Arabes Unis, Oman, Koweït, Bahreïn et Israël). Les deux partenaires mettent en avant l’intérêt des batteries lithium métal tout solide de Bolloré, et leur capacité à « supporter des températures extérieures extrêmes, jusqu’à 65 °C, sans refroidissement ». Gaussin, à qui Bolloré fournit depuis 2018 des packs de batteries, peut également vendre des Bluebus dans le reste du monde, mais sans exclusivité. Au Qatar et dans le Golfe, la cible visée est celle des smart-cities. « Il y a énormément d’appels d’offres qui se profilent », se réjouit-on dans la société, qui n’entend pas se cantonner à l’électrique.

L’atout qatari

L’objectif est d’implanter sur les bus la technologie de navigation (GPS, lidar, radar, etc.), que le groupe maîtrise depuis longtemps, sur les engins de manutention portuaire. Là encore, le Qatar joue un rôle de catalyseur. En effet, Gaussin et le PSG, club propriété de l’émirat, ont passé un accord. Outre une promotion marketing hors pair (une vidéo avec Neymar et M’Bappé dans un Bluebus autonome estampillé Gaussin enregistre des centaines de milliers de vues sur Youtube), ce partenariat permet un test grandeur nature. Le futur centre d’entraînement du PSG à Poissy, qui ouvrira en 2022, va en effet servir de terrain de terrain de jeu aux Bluebus autonomes pour le transport de personnes dans l’enceinte du site. Un tracteur sans conducteur y acheminera de son côté la nourriture et le matériel d’entraînement et d’entretien. Le but : faire du centre d’entraînement la première « smart-city » sportive.

Un sacré coup d’accélérateur qui apporte à Gaussin une dimension dont rêveraient Navya et Easymile, qui ont pourtant davantage d’antériorité dans le domaine des navettes autonomes. Quant à la suite, Christophe Gaussin a promis une importante annonce à venir, dans le secteur du bus (lire ci-contre) avec l’ambition proclamée de devenir une « licorne française », autrement dit une entreprise dont la valorisation atteint au moins 1 milliard d’euros… et qui doit théoriquement être une start-up. ■

L’ancien président de la SNCF Guillaume Pepy est entré au Comité stratégique du groupe Gaussin.

La présidente de Bourgogne-FrancheComté, Marie-Guite Dufay, a décliné le 6 octobre le plan de relance régional en faveur de l’hydrogène, dans les locaux de Gaussin.

3questions à

Christophe Gaussin PDG DE L’ENTREPRISE GAUSSIN « Nous avons des projets de bus autonomes »

Bus&Car Connexion : Comment

Guillaume Pepy est-il arrivé au comité scientifique et stratégique du groupe Gaussin ?

Christophe Gaussin : J’ai rencontré Guillaume Pepy à Doha il y a quelques années, il m’a surpris car il a commencé à me poser des questions, du genre : « Est-ce que vous travaillez avec la SNCF ? Pour quel service ? »… et il m’a dit : « Je peux vous aider, je vais passer un coup de téléphone. » Depuis, j’ai appris à découvrir son efficacité et sa capacité d’organisation, qui m’ont impressionné. Son réseau d’influence est redoutable. Ce n’est pas par hasard qu’il a réussi à obtenir le marché du métro de Doha pour le groupe SNCF [avec la RATP, NDLR].

BCC : Vous évoquez des projets

novateurs dans le développement des véhicules autonomes. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

C. G. : Nous avons décidé de nous concentrer sur le domaine dans les bus autonomes. On ne croit pas trop aux shuttles, car un opérateur a besoin d’exploiter la globalité d’un réseau pour créer de la valeur. Nous avons un accord assez fort avec Bolloré pour la distribution mondiale des Bluebus, et nous avons gagné le concours du bus autonome à Dubaï. Pourquoi viser le Moyen-Orient ? C’est un terrain de jeu qui est facile à mettre en œuvre, et surtout il y a une volonté forte de mettre des moyens à disposition.

BCC : Après les engins de manutention

à pile à hydrogène que vous avez présentés, est-ce que vous envisagez de développer un bus à hydrogène ?

C. G. : Nous pourrions très bien utiliser les batteries Bolloré avec une pile à hydrogène. On discute, il y a des sujets mais c’est encore trop tôt.

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