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Innovation
VAZEE ET SON QR CODE MALIN
INNOVATION
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Si Mathieu Brosch (41 ans) ne regrette nullement l’époque où il créait et exploitait des établissements dans le secteur CHR (Cafés Hôtels Restaurants), cet ancrage sur le terrain lui aura permis de très bien connaître les besoins des restaurateurs et patrons de bars et d’imaginer des solutions digitales globales aujourd’hui plébiscitées par la profession et les grandes marques CHR qui ont font fait de VAZEE le leader français de son secteur…
Expliquez-nous le grand virage que vous avez pris en co-fondant votre start-up Vazee il y a un peu plus de sept ans aujourd’hui…
Mathieu Brosch : Tout d’abord, j’ai un peu de mal avec ce mot de start-up et tout l’univers et l’écosystème qu’il recouvre. Personnellement, je considère que Vazee est une société classique, à la différence près que nous œuvrons dans le digital et que dans ce secteur, les choses vont plus vite que dans bien d’autres activités. En 2013, j’ai donc en effet décidé de me séparer des établissements que j’avais fondés et que j’exploitais dans le secteur CHR. A cette époque, je voyais poindre l’inéluctable révolution que le digital allait provoquer dans le secteur. On voyait par exemple arriver les premières solutions iPad pour la prise de commandes… Mais, pour être franc, les solutions digitales étaient alors à des années-lumière des préoccupations quotidiennes des restaurateurs. Les temps ont aujourd’hui bien changé. Bien sûr, il y a un incontestable effet Covid, on ne va pas se le cacher, mais tout a commencé à basculer avant, comme par exemple lors du mouvement des Gilets jaunes. Tout cela a fragilisé les chiffres d’affaires du secteur et les patrons de bars ou de restaurants ont dû s’adapter. Ils ont commencé à se tourner vers certaines solutions digitales qui pouvaient leur venir en aide, de la mise en valeur de la carte ou du menu, en passant par la prise de commande et jusqu’au paiement. Cependant, dans ce contexte de chiffres d’affaires en baisse, ces solutions avaient un handicap : toutes passaient par un abonnement mensuel, de plus en plus important dès que les options se développaient. C’est sur ce point que nous avons fait la différence…
Avec les solutions Vazee, ces coûts sont moindres ?
Mieux que ça, ils n’existent plus. Dès le départ, nous avons misé sur les marques. Dans le secteur CHR, on trouve de très grands industriels comme Nestlé Waters, PepsiCo, Heineken ou autres qui ont un portefeuille de marques très nombreuses. Pour ces industriels, le marché CHR revêt une importance ultra-stratégique, car une marque investit sur le CHR pour créer une expérience client et se faire découvrir. Ensuite, ce même client prendra l’habitude d’acheter en grande distribution le produit qu’il a découvert et apprécié au bar ou au restaurant. Historiquement, que faisaient ces marques pour investir fortement sur le CHR ? Elles offraient des parasols, du mobilier intérieur et extérieur, des chevalets de table, des verres, des sets, des affiches… bref, tout un matériel publicitaire
qui mettait les marques en avant. Notre stratégie a donc été, dès le départ, de nous ancrer dans les budgets des marques pour leur apporter de la valeur et en même temps, apporter des services digitaux gratuits aux restaurateurs.
Comment ça se passe concrètement ?
Au commerçant, on offre une solution que nous avons appelée Vazee Pro. Grâce à notre QR Code collé sur chaque table de l’établissement, le client accède au menu digital, que le restaurateur peut mettre à jour autant de fois qu’il veut via une interface dédiée. Cette solution, entièrement financée par la marque, est totalement gratuite pour le restaurateur. La marque diffuse ses publicités et des médias directement sur le mobile du consommateur qui scanne les cartes des établissements. C’est un cercle vertueux que nous créons ainsi : le service est gratuit pour le commerçant, le consommateur final est ravi et la marque peut s’exposer. Elle est à ce moment-là au plus proche du consommateur, au moment où il consomme… Elle peut bien sûr à tout moment stimuler ses ventes en incitant le consommateur à participer à un tirage au sort récompensé ou à un jeu-concours… Par notre système, la marque peut mesurer en temps réel son impact. Auparavant, il y avait des sous-bocks grattables et plein d’autres stimulations, mais la marque devait attendre trois mois pour connaître ses performances auprès des consommateurs…
Ce processus est au centre de notre activité. Bien sûr, il y a en option d’autres services que le restaurateur peut activer : la commande à table ; là, le menu n’est plus seulement consultatif, il devient cliquable et la commande que le consommateur passe arrive directement derrière le comptoir. Cette option est gratuite également. Inutile de dire que cette option peut fluidifier considérablement le service et peut permettre de faire face à un manque de personnels, ce qui est très fréquent aujourd’hui. Notre rôle n’est bien sûr pas d’inciter à réduire le personnel, sûrement pas, mais nous lui dégageons du temps qui permet de valoriser la relation serveur-client par un apport de conseils ou d’information sur les produits et les plats. Nous sommes en train de développer le paiement final via ce même système, on va activer cette fonction au courant du deuxième semestre 2022. Enfin, nous nous rémunérons sur les données data qui permettent à chaque marque de connaître exactement son taux de pénétration sur le marché, son prix moyen. On est capable de trier tout cela par région géographique et par typologie d’établissements.
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Mathieu Brosch, co-fondateur de VAZEE
Et cette granularité-là, surtout présentée en temps réel est de la plus haute stratégie pour les marques. Voilà l’ensemble de notre promesse pour le commerçant et pour les marques…
Une question logique qui découle de tout ça. Plus de sept ans après votre démarrage, le business est florissant ?
On se rappelle tout le déploiement qu’il a fallu mettre en œuvre pour en arriver là. Aujourd’hui, notre produit est mature, il répond à un réel besoin tous azimuts et on a parfaitement en tête les autres options à développer : la traduction des cartes en temps réel, par exemple. On ne peut pas se contenter d’un simple Google Translate, c’est beaucoup plus compliqué que ça. On est en train de développer et tester des algorithmes qui bénéficieront de l’intelligence artificielle pour traduire au mieux les cartes. Et côté marques, nous développons aussi de nouveaux formats médias et de nouvelles datas qui nous feront passer de l’immédiat à l’observation plus longitudinale des marchés, marque par marque sur un trimestre par exemple. Alors, oui, ça marche plutôt pas mal pour nous. Nous sommes aujourd’hui dix-sept dans la société et Vazee réalise plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une très forte croissance sur les dix-huit derniers mois. Notre notoriété et notre crédibilité auprès de nos plus de soixante-dix marques clientes sont excellentes. Notre solution est la plus déployée au niveau des établissements et pour cela, on a su résoudre le point qui est de loin le plus difficile : convaincre le restaurateur d’accueillir nos solutions. Ce sont les propres commerciaux des marques qui s’en chargent. Ils sont 300, aujourd’hui. Chaque patron d’établissement a un contact très rapproché avec son commercial, il a besoin de l’entendre, il l’écoute, une belle confiance s’est installée, souvent depuis de longues années. Nous devons donc aux commerciaux de nos marques clientes d’être devenus le leader français dans notre secteur avec plus de 1 500 établissements qui nous font confiance. De plus, leur travail se trouve très valorisé : ils apportent une solution clé en main à leurs clients. Nous les formons bien sûr à proposer notre solution digitale, car, à la base, ce n’est pas leur métier. Ils s’engagent donc dans un pitch d’une minute trente à tout casser, ils font une petite démo et ils prennent directement la commande si le restaurateur est intéressé. Nous prenons en temps réel le relais, une équipe dédiée contacte le restaurateur, récupère les éléments de la carte, qui digitalise tout ce qu’il faut. À J+5, notre solution est à 100% opérationnelle. Nous avons donc été déployés et financés par nos marques clientes.
À part ça, on fourmille d’idées, mais notre grande valeur-maison, et notre force aussi, est sans cesse de les confronter au marché. C’est une valeur cardinale chez nous, elle existe depuis le premier jour. On est en permanence dans le concret au moment de travailler plus avant sur une idée qu’on vient d’avoir…
Alors, oui, on a le vent en poupe, car nos solutions fonctionnent. On ne se plaint pas… (rires). a
INNOVATION
EASY LIKE SUNDAY
« Le paiement au restaurant le plus rapide du monde », c’est l’argument de sunday la webapp qui dit vouloir bouleverser les usages et réinventer l’expérience client. À vos smartphones, prêts, scannez !
Sunday est une solution numérique qui vise à simplifier le paiement au restaurant à l’aide de QR codes. Comment est né ce concept ?
La société a été fondée par Tigrane Seydoux et Victor Lugger, les fondateurs de Big Mamma, un groupe qui a ouvert seize restaurants dans le monde. À la sortie du premier confinement, ils voulaient bien sûr rouvrir leurs restaurants et ont donc réfléchi à comment faire pour rendre le moment du paiement le plus sécurisé possible d’un point de vue sanitaire. Ils ont rapidement développé une solution pour éviter l’utilisation des espèces, ou du terminal de paiement, que tout le monde touche, une expérience pas forcément « safe » en matière de santé. Ils ont testé cela dans leurs restaurants et ont tout de suite remporté un taux d’adoption très important : 80% ! Ils se sont également rendu compte que les pourboires des serveurs augmentaient de 40%. En effet, au moment où l’on paie, l’application propose de laisser un pourboire au serveur ; c’est quelque chose que beaucoup de gens ont souvent envie de faire, mais ils n’ont pas forcément la monnaie. Ce test a donc très bien marché et ils se sont dit : « développons ça pour en faire un vrai concept ! » C’est ainsi qu’en avril 2021 ils ont lancé sunday, en association avec Christine de Wendel (ancienne directrice générale de Zalando). Le lancement a été mondial : États-Unis, France, Espagne, Angleterre, puis Canada.
Concrètement, comment fonctionne sunday ?
Le principe est vraiment très simple : il suffit de scanner un QR code qui donne accès au menu et vous relie directement au logiciel de caisse du restaurant. Quand le serveur va taper votre commande sur le logiciel de caisse, sa tablette ou son smartphone, celle-ci se télécharge directement sur votre téléphone et vous avez alors accès à ce que vous consommez. À la fin du repas, vous pouvez, via la webapp sunday, payer votre addition, la partager avec les personnes avec qui vous êtes à table, et même laisser un pourboire au serveur, puis télécharger votre reçu ou le recevoir par mail. Vous avez plusieurs moyens de paiement avec le téléphone : vous pouvez utiliser votre carte bancaire, en la scannant ou en tapant les chiffres, ou vous pouvez utiliser Google Pay, Apple Pay ou encore Swile et Edenred. On ne vous demande pas de télécharger quoi que ce soit, vous utilisez quelque chose que vous avez déjà.
Quels sont les avantages pour le client ? Pour le restaurateur et ses équipes ?
Il y a plusieurs choses. On s’est rendu compte qu’attendre à la fin d’un repas, c’est une expérience qui ne plaît à personne. Personne n’a envie de passer 10-15 minutes à attendre que le serveur arrive avec le terminal CB, et puis ensuite quand vous êtes cinq à table c’est toujours pénible de devoir faire des calculs et autres divisions... Le fait que là, en dix secondes top chrono, on flashe un QR code et on paie, c’est
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une expérience nettement plus agréable pour le client. Nous nous sommes également rendu compte que puisque les gens n’avaient pas cette attente à la fin du repas, ils prenaient un café ou un dessert en plus, ce qui se traduit pour le restaurateur par une augmentation du panier moyen. Comme sunday encourage le versement de pourboires, on obtient 40% de pourboires en plus chez les clients qui l’utilisent. Étant donné la période et la complexité à recruter du personnel pour les restaurateurs, c’est très utile pour eux comme argument à l’embauche et c’est évidemment très appréciable pour les serveurs ! Globalement, on a remarqué que l’utilisation de sunday permettait de gagner du temps sur les tables et donc de faire tourner plus facilement les services. À la fin, pour les restaurateurs, c’est un chiffre d’affaires plus important. L’idée de sunday c’est vraiment de redonner du temps aux choses qui importent et pour un serveur, ce qui importe, ce n’est pas de faire attendre quelqu’un pendant dix minutes pour payer, c’est de lui parler des plats à la carte, de le conseiller sur les accompagnements, ce genre de choses… Avec sunday, l’expérience client est bien plus agréable !
Plus de 1500 restaurants en France utilisent déjà sunday. Peut-on imaginer que sunday soit à terme développé pour d’autres types de commerces ?
Bien sûr, c’est dans nos projets ! Nous sommes déjà en train de nous développer sur le marché des hôtels-restaurants… Sur du plus long terme, l’idée, c’est de pouvoir payer partout comme ça. Notre ambition n’a pas de limites !
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Pensez-vous que les changements de mœurs dues à la crise sanitaire vont s’inscrire dans la durabilité ?
Oui, nous le pensons vraiment. Il y a des pratiques qui se sont ancrées dans les habitudes des gens et je pense que des expériences où il n’y a pas de coupures, ça c’est quelque chose que les gens veulent absolument continuer à avoir. Ce type de solution aide les restaurants à avoir un chiffre d’affaires plus important, à recruter plus facilement et ça, personne n’a envie que ça s’arrête !
Sera-t-il possible à terme de passer directement commande via sunday ?
C’est quelque chose que l’on envisage pour certains usages comme les bars, les food-courts ou la restauration rapide. Il y a une demande de la part du secteur de la restauration, c’est donc une fonction sur laquelle nous travaillons. Nous laisserons toutefois le choix d’utilisation au restaurateur. Pour nous, sunday est là pour faciliter la vie des restaurateurs. C’est pour ça qu’on existe. Notre approche fait la différence avec d’autres solutions technologiques, car elles sont généralement créées par des personnes de la tech’ qui n’ont pas forcément connaissance des besoins des gens, alors que sunday a été créé par des restaurateurs pour les restaurateurs ! a