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Le digital nomadism

Nouvel Eldorado des générations Y – Z

Plus encore depuis la crise sanitaire, le digital nomadism séduit de plus en plus d’indépendants ou de salariés qui n’ont besoin que d’un ordi et d’une connexion Wifi pour travailler, sans contrainte géographique. Rencontre avec trois Strasbourgeoises qui ont sauté le pas.

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Troquer son fond d’écran pour une vraie vue océan. Bosser pour soi ou profiter de la poussée des remote jobs, ces CDI 100% en télétravail, pour travailler où le vent nous porte. Le digital nomadism a de quoi séduire les flippés du métro-boulot-dodo et du traintrain quotidien. En 2020, ils étaient 6,3 millions de travailleurs dans le monde à avoir adopté ce mode de vie. Quelques confinements plus tard, on en comptait déjà 10,2 millions, selon plusieurs études statistiques récemment compilées par Passport photo online. 59% d’entre eux seraient des hommes, avec un temps de travail hebdomadaire de 46h et un revenu mensuel moyen de 4 475€.

Être digital nomad, c’est pouvoir bosser partout dans le monde – en prenant en compte le décalage horaire – avec un ordinateur et une bonne connexion internet. Sans surprise, ce mode de vie attire surtout les indépendants dans le numérique (rédacteur, monteur, community manager, développeur, etc.), de la génération des Millenials (nés après 1980) pour 44% d’entre eux, suivis de près par la génération Z, née après 1995.

Mais concrètement, ça fait quoi de larguer les amarres, sans domicile fixe ? Témoignages de trois Strasbourgeoises. S

Krystel, 36 ans, community manager établie à la Réunion

Une révélation

Krystel a débarqué dans la capitale alsacienne à contrecœur. « Je rêvais plutôt de sud ou d’étranger, sourit-elle. Mais j’avais un prêt étudiant à rembourser… » Pendant sept ans, elle fait ses armes chez Novembre, une agence de pub, avant de se lancer en solo. « Je n’ai jamais été sereine en tant que salariée, je sentais que je pouvais davantage m’épanouir. Je me suis mise à mon compte, je voulais ne dépendre de personne et voyager comme je le voulais. » Son premier voyage de deux mois en 2015 en Amérique du Sud marque le début de sa nouvelle vie : « C’était comme une révélation. J’ai eu l’idée de monter une boutique en ligne pour valoriser l’artisanat local, de lancer mon blog. L’idée était de combiner mon expérience de voyage avec un business. » Elle fait un tour du monde en solo en 2018 et rentre avec 18 kilos de stock sur le dos. En six mois, tout est écoulé. « C’était une année exceptionnelle, avec 30 000 visites par mois sur mon blog, des partenariats, des chroniques sur RBS…. »

Mélanie, 28 ans, Entrepreneuse

« J’ai finalement eu besoin de retrouver une stabilité »

Mélanie, Samuel… Et Léon !

Krystel allie voyages et boulot depuis 2017.

unepartdumonde.fr Instagram : @unepartdumonde_ À son retour à Strasbourg, elle sent déjà l’envie de repartir. « En 2020, je voulais faire le tour de l’Afrique et renflouer ma boutique. Et puis le COVID est arrivé. » Elle ne restera qu’une semaine au Sénégal avant de revenir en urgence. Déprime totale. En octobre, elle décide de partir sur un coup de tête à la Réunion. « J’avais constitué mon réseau professionnel, mes clients sont essentiellement Strasbourgeois. Ils sont super open et m’apportent une vraie force pour continuer mes voyages. Ils me suivent, ça les fait rêver quelque part. Quand je vais dans des zones où j’ai peu d’Internet comme récemment à Madagascar, je les préviens. Tout est question d’organisation. »

Hyperactive, Krystel ne compte pas ses heures. Ses journées démarrent par une heure de surf, elle fait au moins une randonnée en semaine et bosse le reste du temps. Sur l’île, elle se sent ancrée, à sa place. « Pour la première fois de ma vie, j’ai moins la bougeotte. J’ai une réflexion plus poussée sur l’avion aussi : si je pars, c’est minimum un mois. » Le secret pour réussir le travail à distance : « Être responsable de ses heures et de ce que l’on produit. Le seul frein, c’est la peur... » S A près le COVID, comme beaucoup, on a eu envie de voyager, avec mon compagnon, Samuel. On a lâché notre appart, acheté un camping-car qu’on a baptisé Léon, et sillonné la France pendant un an. Lui a pris un congé sabbatique. Moi, comme je venais de monter ma boîte, j’ai continué à travailler. J’ai pris un deuxième téléphone, avec 200 Go pour le partage de connexion. Mon copain a pris un convertisseur pour pouvoir jouer à la console la nuit ! Je me versais 2 500 euros par mois pour nous deux, comme lui n’avait pas de salaire. Vivre dans un camping-car, ça coûte plus cher, il fallait rembourser notre crédit, changer la bombonne à gaz tous les cinq jours, prévoir le budget visites, stationnement, courses… Cela suffisait pour nous deux sans être très confortable ! On restait trois semaines/un mois ou quelques jours au même endroit. Moi je bossais la journée, mes clients étaient super compréhensifs.

J’ai travaillé pendant toute l’année. Une société sur le net, c’est plus facile à gérer à distance. Mais parfois, on a dû se déplacer par manque de réseaux. Au bout d’un moment, j’ai ressenti le besoin de rentrer en Alsace, de retrouver ma famille. Travailler dans un camping-car, ce n’est pas évident, tu as l’impression d’être en vacances ! J’ai besoin de stabilité, d’un endroit dédié pour travailler. Samuel, lui rêve de repartir. Peut-être plus tard… » S

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Cécile, 25 ans, salariée dans une agence de marketing digital irlandaise

« J’ai toujours envie de repartir à l’aventure »

Après le COVID, les embauches étaient plus compliquées, j’ai décidé de passer un deuxième master en Angleterre. Je suis restée un an là-bas. Au début, j’ai eu le mal du pays, et puis j’ai décidé de sortir de ma zone de confort, de m’intégrer. En février, j’ai décroché un poste dans une agence de marketing digital irlandaise. Tous les 300 salariés sont en total remote, CEO inclus. Je suis revenue en Alsace en avril pour revoir ma famille – les déplacements étaient compliqués pendant le COVID. Mais début 2023, j’ai décidé de faire un mois, un pays, en Europe ou en Afrique du Nord, en sous-location ou en coliving. Je reviens de trois semaines au Canada, et travailler avec le décalage horaire est plus compliqué. Mon entreprise nous laisse organiser nos journées, le deal dans le télétravail, c’est de rester joignable et d’être organisé. Sans un minimum de To do list , tu es facilement noyé !

Je suis en portage salarial, j’ai juste pour obligation de revenir tous les trois mois en France. Si tu veux vivre à l’étranger ou dans une autre ville française, il faut selon moi aller à la rencontre des gens, sortir de son cocon. C’est comme cela que je vis les choses. J’ai construit beaucoup de bouts de vie un peu partout, on y laisse toujours un morceau de nous. Je ne sais pas si je pourrai vraiment revenir à Strasbourg, j’ai toujours envie de repartir à l’aventure. » S.

Instagram : @cecilesfr

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