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Factoryyy Contre l’obsolescence dans l’Industrie
C’est à Strasbourg et c’est unique en France !
Contre l’obsolescence dans l’Industrie
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Factoryyy est strasbourgeoise, et unique en France. Ses clients sont des industriels. Depuis 2017, elle leur offre la possibilité de contrer l’obsolescence programmée de leur matériel en leur recréant, parfois même sur mesure, des pièces désormais introuvables ou hors de prix. Car, si vous trouvez que votre lave-linge ou votre téléphone ne dure pas dans le temps, dites-vous bien qu’il en est de même pour une entreprise. Une durée de vie programmée pour une pièce industrielle, en voilà une aberration !
L’adresse ne manque pas de cachet. Le quai Koch offre une vue imprenable sur la Gallia, Saint-Étienne et les berges de l’Ill. De l’autre côté de l’imposante porte du numéro 4, Sylvain Claudel, fondateur et directeur technique, nous invite à le rejoindre en salle de réunion. Avec vingt ans de carrière dans l’industrie à son actif, l’ingénieur en plasturgie n’en est pas à sa première structure.
La création de Factoryyy tient à une anecdote, qui prend place durant l’Hacking Industry Camp, d’Alsace Digitale, vous nous la racontez ?
Durant cet évènement, ÉS (Électricité de Strasbourg) était venu avec une pièce que leur compagnie ne parvenait plus à sourcer. Des tentatives pour imprimer la pièce en 3D avaient été menées, mais la pièce avait cédé. Le matériau utilisé n’était pas le bon. J’ai tout de suite identifié la technologie, vu de quelle façon on pouvait relancer la pièce. Une rencontre s’est faite, et nous avons fait le job. Pour l’anecdote, lors de l’entretien de remise de la pièce, nous avons mélangé, au gré des manipulations, toutes les pièces sur la table. La mienne n’étant pas marquée, nous avons confondu celle d’origine avec ! Très satisfait, ÉS a ramené un carton de pièces avec, entre autres, une pièce métal.
Cette pièce image en grande partie une nécessité du secteur industriel, pouvez-vous nous expliquer en quoi ?
C’est un cliquet d’enclenchement, de la tringlerie. Vous retrouvez ça dans des disjoncteurs HTA. Le principe est similaire à un disjoncteur classique : la pièce permet d’ouvrir les contacts comme à la maison… Sauf qu’on est sur du 63 000 volts ! Il s’agit d’une pièce de sécurité.
Le problème avec les pièces détachées, ce sont les délais de confection et de livraison. La structure a été construite autour de
cette idée, notamment dans les domaines de l’industrie et de l’énergie, puisque nous avions commencé avec ÉS. Ce sont souvent des fournisseurs qui font faillite et ne livrent plus, ou qui choisissent de ne plus faire une gamme d’appareils et les prix explosent parfois jusqu’à fois 10, fois 100 pour inciter à racheter du matériel neuf. Et ce, sans parler des périodes d’obsolescence : 10 à 15 ans.
Vous avez misé sur le local pour vos partenaires, à 90 %. Pourquoi est-ce important pour vous ?
La région a un bassin de compétences très intéressant. Et la proximité permet d’avancer très rapidement sur des problématiques complexes. En outre, il faut absolument solliciter et entretenir l’industrialisation de la région. Surtout au vu de l’excellente réactivité obtenue. Factoryyy, J c’est donc 99 % de partenaires en France (90 % dans le Grand-Est). Le reste de nos fournisseurs se trouve en
Sylvain Claudel, directeur de Factoryyy
Les pièces conçues pour ÉS
JUE. Nous ne nous tournons vers la Chine que pour tout ce qui ne présente pas d’alternative, notamment les aimants néodyme.
Qu’en est-il du coût, le local revient-il plus cher ?
La comparaison entre nos prix et ceux de Chine ne peut pas se faire. Nous gagnons beaucoup en délai de réalisation. Ce que cherchent nos clients, c’est de la réactivité, de la qualité, et un bon service client. En cas de besoin d’ajustement, c’est important. Il arrive qu’à 0,5 mm près il faille rerégler certaines pièces. Un exemple pas si anodin puisqu’on a d’ailleurs eu le cas avec un client, sur une pièce qu’on a refaite spécifiquement pour lui.
Ces délais tiennent entre six semaines et un an. Le processus débute au démarchage, vient ensuite la création du jumeau numérique de la pièce (après réception), puis les plans en 2D et 3D pour plus de précision et la prise de côtes et un dessin (pour vérifications). Une fois à ce stade, on consulte nos partenaires, avant de lancer la production. Nous sommes systématiquement sur la bonne matière, grâce à du « reverse engineering » (une méthode d’étude et d’analyse, ici de matériaux – ndlr), qui est un vrai gain de temps. Le contrôle qualité et la validation sont faits par nos fournisseurs-partenaires, qui expédient dans la foulée les pièces. Au besoin, un stock est créé. À noter que pour certains assemblages, nous faisons appel à un ESAT.
Factoryyy est encore en développement, quelle sera sa direction ?
D’un point de vue technologie, nous allons bientôt en tester une nouvelle, pour réaliser des moules en 3D et y injecter la matière voulue, ce qui réduirait les coûts.
Concernant le commercial, après une période prolifique avec le Covid, notre CA est multiplié par deux ou trois tous les ans. L’an passé était plus complexe, l’activité a connu un blanc jusqu’en mai, cependant nous revoici en course, avec des consultations à la SNCF par exemple, ou encore à l’étranger. Nous avons un projet avec Safran.
Enfin, nous travaillons à mettre l’accent sur la partie RSE, puisque, même si ça n’intéresse pas forcément les gens sur le terrain, ça intéresse leurs responsables, à Paris. En effet, des pièces produites en France, c’est déjà un impact carbone amoindri. Factoryyy permet de prolonger la durée de vie des machines. Et en prime, on augmente la sécurité grâce à notre réactivité. Le marketing et le ciblage vont être retravaillés en ce sens. S