Vision Est - Janvier 2016

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Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est

DIEU NE LES A PAS ABANDONNÉS Personnel Isaac Ambrose | Asie centrale Les chrétiens vivent dangereusement en

Ouzbékistan | Inde Dieu ne les a pas abandonnés | APN 94 700 paquets de Noël


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editorial

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Les paroles du juste sont une source de vie, mais celles du méchant cachent la violence. Proverbes 10 : 11

Chers Amis de la mission, Des millions de réfugiés, de migrants et des attentats au milieu de l’Europe. Un nouveau chapitre de l’histoire a commencé ; que signifie tout cela pour notre avenir ? De nombreuses personnes sont désécurisées et ont peur. N’est-ce pas que la plupart des réfugiés et migrants viennent de pays où les chrétiens sont dans le meilleur des cas tolérés, mais souvent persécutés, assassinés ou déjà chassés. Pour couronner le tout, la Bible nous appelle à nous préoccuper de ces personnes et à les aimer. Franchement, est-ce qu’on ne nous demande pas un peu trop ? La situation est vraiment inquiétante, et pas seulement en Europe. Les décisions et affirmations du monde politique ne con­ vainquent pas vraiment ; une grande impuissance et paralysie s’installent. Mais ne s’agit-il pas là d’une conséquence logique de notre société de plus en plus éloignée de Dieu et libérée de toute valeur ? S’il n’y avait plus de Dieu, ni de valeurs, quelle serait la référence nous permettant de nous orienter dans notre lutte pour relever ce défi ?

Parler du Dieu qui libère et nous a appelés à une vie qui n’est pas basée sur la contrainte, la violence et la culpabilité. Ce message est vital, pas seulement pour les personnes accueillies, mais aussi pour notre société. Si nous réussissons à faire cela, nous n’avons pas besoin d’avoir peur des réfugiés et migrants. Car Dieu a prévu un avenir, pas seulement pour eux, mais aussi pour nous. Avec vos dons et vos prières, la Mission chrétienne pour les pays de l’Est s’investira aussi durant la nouvelle année, afin de permettre à des personnes d’avoir un avenir dans leurs pays et de ne pas devoir le quitter pour des raisons économiques. Que ce soit à travers du travail ecclésial, de l’aide humanitaire, dans le développement de l’artisanat ou dans l’engagement contre la traite de femmes et d’enfants, notre but est de soutenir les personnes dans la construction d’une vie digne et autonome. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est ne crée pas de dépendances, mais de l’autonomie et de la responsabilité de sa propre vie. Notre base pour cela est Dieu, qui nous a appelés à la vie.

La Bible nous demande de nous préoccu- Nous ne savons pas ce que la nouvelle per des réfugiés et migrants ! Mais notre année nous apportera, mais nous savons préoccupation ne doit pas seulement con­ que Dieu le sait. Ça nous suffi et nous sister à leur offrir de la nourriture, des vê- donne du courage ! tements et un abri. Le plus souvent, ces personnes proviennent de pays où la reli- Merci de tout cœur pour votre fidélité et gion, la société et les structures familiales votre soutien efficace. Soyez bénis et resubissent de grandes pressions et vio- cevez mes cordiales salutations, lences. Nous avons la possibilité de leur montrer d’autres perspectives de vie. Mais pour cela, il est indispensable que nous recommencions à assumer nos valeurs chrétiennes et surtout que nous commen- Georges Dubi cions à en parler. responsable de la mission

Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)

N° 524 : Janvier 2016 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi Adresse : Téléphone : Fax : E-mail : Internet :

MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE 021 626 47 91 031 839 63 44 mail@ostmission.ch www.ostmission.ch

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Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0

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Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défal­c ation des dons. Renseignements au se­crétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts si­mi­lai­res.

Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photogra­phiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Leutwil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Christian Bock, Seedorf Thomas Haller, Langenthal Jürg Maurer, pasteur, Hirschthal

Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d’honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.

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personnel

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Isaac Ambrose DES PERSONNES partagent notre chemin

Je m’appelle Isaac Ambrose et suis âgé de 57 ans. Aîné de sept enfants, j’ai grandi dans une famille chrétienne au sud de l’Inde. J’ai trouvé la foi lorsque j’avais 17 ans. J’aurais bien aimé étudier la théologie. Comme ce n’était pas possible, j’ai choisi la littérature anglaise. Déjà tôt, je menais des groupes de prière et m’engageais dans l’Alliance évangélique pour répandre le Message chrétien. De nombreux autres étudiants ont trouvé la foi à travers ce travail.

senti que Dieu me rappelait en Inde pour travailler chez GEMS. Mais je n’ai quitté l’Arabie saoudite que six mois plus tard. Ensuite, il m’a fallu trois mois pour persuader ma famille que Dieu m’appelait au Bihar au nord de l’Inde.

Je suis un homme aimant le service et les contacts humains et j’ai obtenu plus tard un diplôme en travail social et sociologie. J’ai ensuite travaillé pendant six ans chez World Vision à Chennai dans le domaine de l’aide au développement. Ensuite, j’ai été pendant six ans directeur d’un hôpital, plus tard, je suis devenu cadre supérieur dans une université chrétienne et dans un service évangélique chez Gospel for Asia.

Depuis mars 2013, j’y dirige le domaine du développement social. Je suis responsable pour les projets de développement de villages de plus en plus nombreux. C’est pour moi un privilège de pouvoir m’engager en faveur d’enfants dont les mères travaillent dans la prostitution. C’est très important pour moi de les protéger et de les soutenir. La plupart des enfants n’ont même pas encore dix ans. Depuis qu’ils sont suivis, ils ont une influence très positive sur leurs familles. Tout cela n’est possible que grâce aux fidèles donateurs de Suisse, ainsi qu’à l’aide financière et stratégique de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est.

En 2010, je me suis installé en Arabie saoudite, où deux de mes frères cadets vivaient, et j’ai pris un poste administratif dans l’entreprise de mon frère. Deux ans plus tard, j’ai rencontré Augustine Jebakumar, le fondateur de GEMS. Au cours de ses cultes, j’ai

Dieu m’a béni par mon épouse Jaya, mon fils Emmanuel et ma fille Gracia. Les deux enfants ont fait des études, mon fils de dentiste et ma fille de management. Emmanuel viendra prochainement au Bihar pour travailler dans un hôpital de GEMS.

Il a déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure. Actes 17 : 26b


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CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité

LES CHRÉTIENS VIVENT DANGEREUSEMENT EN ASIE CENTRALE OUZBÉKISTAN

Ruth Thomann responsable du projet

En Ouzbékistan, les chrétiens paient un prix fort pour leur foi, cela va de tracasseries quotidiennes jusqu’à l’oppression et à la persécution. Pour­tant beaucoup, également d’anciens musulmans, trouvent la liberté et un nouvel espoir dans leur vie avec Jésus. Qui choisit de vivre avec Jésus en Ouzbékistan renonce en fait à une formation supérieure et à un emploi bien rémunéré. Et il sait qu’il sera constamment observé par les autorités. La constitution garantit certes la liberté de conscience et le droit de professer sa foi mais, dans la vie quotidienne, des discriminations massives sont d’usage courant. Seules les quelques Eglises enregistrées par l’Etat sont juste tolérées – et malgré tout constamment entravées. Se faire enregistrer est lié à des obstacles presque infranchissables et n’est ainsi pas une véritable op-

tion. Il est interdit à toutes les communautés non-enregistrées de célébrer des cultes. Pour ne pas se faire remarquer, les rencontres se font par petits groupes d’au maximum six personnes. Les médias contrôlés par l’Etat présentent le christianisme et la littérature chrétienne comme dangereux et illégaux. Les chrétiens sont ainsi toujours sous la menace d’être dénoncés aux autorités, même par leurs voisins. Il faut s’attendre à de fortes amendes Qui se fait pincer dans une manifestation chrétienne, même si elle a lieu en cadre privé, est sanctionné par une amende de quelque 500 francs. Le salaire mensuel moyen d’un ouvrier est de 200 à 300 francs, une telle amende menace donc la survie d’une famille. La discrimination concerne de nombreux domaines de la vie. Un dirigeant d’une église n’a pendant plusieurs jours pas pu enterrer son


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épouse décédée, car il n’avait pas l’autorisation de le faire au cimetière musulman local. Finalement, il a dû l’enterrer clandestinement pendant la nuit en dehors de la ville. Ceci est une terrible humiliation dans son entourage marqué par l’islam. L’islam ne donne pas de réponse T. a 30 ans et aurait en principe dû devenir mollah. Maintenant, il étudie la théologie à l’université chrétienne « Divitia Gratiae » à Chisinau en Moldavie. Il est né dans une famille musulmane en Ouzbékistan. « Mon grand-père était mollah et c’est une tradition chez nous qu’un descendant reprenne son poste. Les questions concernant Dieu m’intéressaient dès mon enfance. C’était donc clair pour ma parenté que j’étais l’élu. Les études au séminaire islamique furent une déception totale. Les érudits islamiques ne pouvaient répondre à aucune de mes questions sur la vie. Après une année, j’ai interrompu ma formation et je me suis distancié intérieurement de la religion. Je n’y voyais aucun sens et ma vie était médiocre en tous points. Deux camarades d’école étaient devenus chrétiens. J’ai rencontré l’un d’eux un jour. Il m’a donné une petite brochure expliquant la foi chrétienne. Cette lecture était toute différente de ce que je connaissais de ma religion. Ces paroles sur Jésus-Christ et ce qu’Il avait fait pour les hommes ont touché mon cœur. Je ne pouvais plus dormir la nuit, j’y pensais continuellement. Je sentais que je pourrais trouver en Jésus les réponses à mes questions sur la vie. A la fin de la brochure, il y avait une prière pour nous aider à Lui confier notre vie. Je me suis agenouillé et j’ai essayé. – Je fus surpris de voir que quelque chose changea tout de suite au fond de moi. J’ai ressenti une grande joie et la certitude que Jésus m’avait admis et vivait dans mon cœur. C’était tout simplement clair et réel. Préparation au service Après moi, ma mère et plus tard toute ma famille se sont convertis. J’ai trouvé un groupe

de chrétiens qui se réunissaient régulièrement pour des cultes. J’ai été baptisé et ai bientôt aidé comme moniteur de jeunes. Le dirigeant de la communauté m’a ensuite proposé d’étudier la théologie à l’université chrétienne de Chisinau. Nous avons choisi cet institut parce je peux m’y préparer de manière ciblée à un service de mission et de prêche auprès de peuples marqués par l’islam. C’est mon profond désir de servir, après mes études, en Ouzbékistan ou auprès d’Ouzbeks vivant dans les pays avoisinants. Mes compatriotes cherchent et ont besoin de véritables réponses aux questions fondamentales, ils ont besoin de Jésus-Christ, le véritable Rédempteur. »

« Mes compatriotes cherchent et ont besoin de véritables réponses aux questions fondamentales, ils ont besoin de Jésus-Christ. » La Mission chrétienne pour les pays de l’Est collabore depuis de nombreuses années avec l’université chrétienne « Divitia Gratiae » à Chisinau, Moldavie, parce que nous partageons son but : offrir à des jeunes chrétiens d’Asie centrale une solide formation en théologie, mission, travail social et management chrétien, afin de les préparer à leur engagement dans des pays marqués par l’islam. Grâce à leurs compétences en gestion, ils pourront plus tard gagner leur vie, par exemple en fondant une entreprise familiale.

Les chrétiens ne peuvent pas vivre librement leur foi en Asie centrale. Malgré cela, beaucoup se mettent au service des églises. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est soutient la formation de pasteurs et assistants sociaux et les aide à créer leur propre existence. 1 5

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1 Kazakhstan | 2 Kirghizistan | 3 Tadjikistan | 4 Ouzbékistan | 5 Moldavie


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PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants

DIEU NE LES A INDE PAS ABANDONNÉS Beatrice Käufeler responsable du projet

Deux villages¹ de la plus pauvre province d’Inde, le Bihar, sont connus pour la prostitution et la traite d’enfants. Les enfants d’une certaine caste sont particulièrement vulnérables. Nous nous engageons depuis longtemps pour leur protection. Les chrétiens ont depuis toujours eu une vie difficile au Bihar. Au cours des dernières décennies, des missionnaires ont été confrontés à la violence, quelques-uns ont même été assassinés. Cependant, grâce à leur travail – particulièrement celui de nos partenaires² – des milliers de Biharis ont découvert la foi chrétienne. Mais on ressent encore une certaine méfiance envers les chrétiens. Il y a ainsi eu de l’opposition lorsque nous sommes devenus actifs dans deux villages avec une forte prostitution, traite d’enfants et exploitation. Quelques habitants ne voulaient pas d’organisation chrétienne dans leur village. Des organisations semblables à la mafia prévoyaient le déclin de leurs affaires. Ce fut un combat spirituel. De nombreuses prières et beaucoup de patience furent nécessaires pour gagner la confiance et préparer le terrain pour l’ouverture de centres de jour.

La pauvreté pousse des femmes à la prostitution.

Les enfants sont aimés Nous avons ouvert le premier centre en septembre 2012, peu de temps après le deuxième. 150 enfants de cinq à dix ans vont et viennent aux centres. Ils y obtiennent de l’affection, un encadrement spirituel et médical, des repas chauds, de l’aide pour les devoirs et des leçons supplémentaires et ils y


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entendent des histoires bibliques. Quelquesuns viennent au culte le dimanche avec leurs mères. Plusieurs enfants ont découvert la foi chrétienne et prient aujourd’hui pour leurs familles. Dieu s’est déjà plusieurs fois servi d’eux de manière merveilleuse et a exaucé leurs prières. Réviser sa façon de penser Par la foi chrétienne et la formation scolaire, les enfants et leurs mères sont confrontés à de nouvelles idées. Ils apprennent de toutes nouvelles valeurs et découvrent leur valeur personnelle, leur dignité et leurs ressources. Ils commencent ainsi à changer leur façon de penser. Ceci est essentiel pour que la transformation de leur vie ne soit pas superficielle, mais profonde. Combattre la pauvreté Les mères ont besoin d’aide à la survie, car c’est en première ligne la pauvreté qui les amène à la prostitution. Parfois, ce sont aussi des membres de leur famille profitant de cette situation qui les y poussent. Pour les aider à se sortir de ce gouffre, nous avons motivé les femmes à fonder des groupes d’aide autogérée. Elles y apprennent à développer leurs capacités et à économiser de l’argent ensemble pour financer des petits projets.

Quelques femmes apprennent des travaux artisanaux dans la ville voisine de Patna et enseignent ensuite les autres femmes dans leurs groupes d’aide autogérée. Comme prochaine phase, nous aimerions fonder des ateliers de production dans les villages où les femmes pourront avoir un emploi régulier rémunéré convenablement.

La transformation commence par une nouvelle façon de penser. La transformation dans le cœur des habitants et dans les villages demande beaucoup de temps. Nous avançons pas à pas. Avec l’aide de Dieu, nous pourrons protéger des enfants très vulnérables et soutenir des mères voulant se sortir de la prostitution. Justement ces personnes stigmatisées, exploitées et menacées doivent ressentir que Dieu les aime, ne les abandonne pas et a prévu – maintenant et plus tard – une véritable vie pour elles.

¹ Nous n’évoquons pas les noms des villages pour assurer la sécurité des habitants. ² De la Suisse, GEMS est soutenu par la MCE et Inter-Mission.

Les enfants veulent apprendre et ont de nombreux rêves pour leur avenir.


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94 700 PAQUETS DE NOËL

UN CORDIAL MERCI POUR LES

Avec beaucoup d’amour et un engagement total, des enfants, des femmes, des hommes, des familles, des églises et des groupes de jeunes ont aidé à collecter 94 700 paquets de Noël pour l’Europe de l’Est. 31 camions ont transporté les précieux paquets en Albanie, Bulgarie, Moldavie, Biélorussie, Roumanie, Serbie et Ukraine. 94 700 enfants, femmes et hommes en Europe de l’Est ont eu la joie de célébrer une fête de Noël toute particulière. Leur gratitude a été profonde. Le fait encourageant que des personnes de Suisse pensent à eux les soutient et les aide à venir à bout de leur quotidien triste et difficile. Un cordial merci à tous ceux qui ont contribué à la bonne réussite de cette « Action paquets de Noël » !

Collecte et chargement à Worb

Déchargement à Chisinau, Moldavie


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