559 | DÉC 18
Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est
SORTIE DE LA PAUVRETÉ Personnel Marko et Tina Grozdanov | Cambodge D’abord le parâtre, ensuite l’oncle | Ouzbékistan Des personnes sourdes veulent comprendre la Bible | Vietnam Banque de bétail
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visionest décembre 2018
editorial
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L’étoile ne s’est pas trompée Quand au loin elle a appelé à se mettre en route pour un Dieu proche L’étoile ne s’est pas trompée Quand elle a arrêté sa course sur la maison des petites gens Ton cœur ne s’est pas trompé Lorsqu’il s’est mis en marche pour chercher l’inconnu Ton cœur ne s’est pas trompé Lorsque devant l’enfant il s’est incliné Klaus Hemmerle
Chers Amis de la mission, Dernièrement, j’ai à nouveau rendu visite à des paysans de montagne au Népal. Ils vivent dans une région paradisiaque, loin de toute ville. Mais leur vie n’avait rien de paradisiaque – jusqu’il y a quelques années. Ils font partie de la caste la plus basse et, partant, leur destin semblait scellé. Ils n’allaient pouvoir vivre que mépris, pauvreté et exploitation. Une fois cependant, ils entendirent parler de Jésus et d’aucuns sont devenus chrétiens. Leur vie en a été bouleversée. « C’est Dieu qui a le contrôle de notre vie, ont-ils réalisé, nous ne sommes pas définis par l’appartenance à une caste. » Cette nouvelle foi a brisé les chaînes et a libéré les paysans des contraintes religieuses et sociétales. Aujourd’hui, cette famille chrétienne gère avec succès et de son propre chef son exploitation agricole familiale. Ils ne sont plus assujettis aux griffes des créanciers et des acheteurs qui autrefois les exploitaient systématiquement. Comment est-ce possible ? En devenant chrétiens, leur mentalité a changé. Ces paysans sont devenus capables de réfléchir et d’agir par eux-mêmes, et d’endosser une responsabilité. Leur prédicateur a suivi une formation de la Mission chrétienne et a appris comment instruire des familles à monter leur propre entreprise. Il a ensuite mis ses nouvelles connaissances en application auprès de familles de paysans. Grâce à l’appui d’un modeste crédit d’encouragement de la MCE, ils ont pu bénéficier de bonnes conditions pour un nouveau départ.
Il est fascinant de voir comment Dieu fait voler les limites en éclats et libère des entraves religieuses et sociétales, comment il rend possible une vie dans la dignité. Pour leur entourage, ces chrétiens sont un témoignage impressionnant. Les gens voient que les chrétiens vivent une existence bouleversée et prospère sur le plan personnel, qu’ils mènent une bonne vie et que leur environnement professionnel se transforme aussi complètement. Au Népal, il est difficile de faire de la mission, l’Etat réprime toute activité allant dans ce sens. Mais les autorités sont impuissantes face à un témoignage chrétien vécu. L’action de Dieu est fascinante, la mission est fascinante ! Nous pouvons déclencher et changer beaucoup de choses lorsque Dieu bénit. Notre action est redevable à des femmes et des hommes qui prient fidèlement pour nous et font des dons réguliers. Nous sommes très reconnaissants d’avoir les coudées franches grâce à cet énorme privilège. Nous avons aussi pu compter sur votre fidélité et votre soutien en cette année qui touche à sa fin – un grand merci. C’est au nom du conseil de fondation, des collaborateurs et de tous les partenaires dans les pays de projets que je vous souhaite un joyeux Noël et la riche bénédiction de Dieu. Avec nos salutations chaleureuses de Worb
Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)
N° 559 : Décembre 2018 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi, Beatrice Käufeler, Thomas Martin Adresse : MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE Téléphone : 021 626 47 91 Fax : 031 839 63 44 E-mail : mail@ostmission.ch Internet : www.ostmission.ch Compte postal :
Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0
Compte Spar + Leihkasse bancaire : Münsingen 16 0.264.720.06 Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défalc ation des dons. Renseignements au secrétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts similaires.
Sources d’images : MCE, Hagar Camb. Sans mention, les personnes photographiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Madiswil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Thomas Haller, Langenthal
Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann
Le label de qualité indépendant de la Fondation Code d’honneur atteste la qualité globale de notre travail ainsi qu’une utilisation responsable des dons reçus.
Georges Dubi responsable de la mission
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personnel
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Marko et Tina Grozdanov Macédoine
DES PERSONNES partagent notre chemin
La Macédoine est un beau petit pays des Balkans, avec ses montagnes, ses lacs et ses fleuves. Mais les habitants vivent sous une chape de ténèbres. Nous-mêmes sommes nés alors que le pays était encore communiste et faisait partie de la Yougoslavie. Nous avons grandi dans une petite communauté évangélique, ce qui n’était pas une sinécure à l’époque. On se moquait de nous à l’école à cause de notre foi et beaucoup de gens évitaient notre famille. Nos parents étaient membres de la même église baptiste, nous nous connaissons donc depuis l’enfance. Nous étions encore des adolescents au moment de la transition démocratique en Europe de l’Est. Cette époque a été un nouveau défi pour notre identité de chrétiens évangéliques. Nous avons trouvé notre chemin et avons commencé à nous engager dans l’église : dans les cultes, le travail de littérature chrétienne, dans les évangélisations … Nous nous sommes mariés en 2000 et avons commencé la même année nos études au Séminaire Théologique d’Osijek en Croatie. Durant les études, nous avons rendu visite aux réfugiés, nous nous sommes occupés de petites communautés dans les villages éloignés, avons joué à l’hôpital avec des enfants touchés de maladies mortelles, nous nous sommes engagés dans le travail auprès de la jeunesse, dans l’évangélisation et la louange … Ces expériences pratiques constituaient des compléments très instructifs à l’enseignement. Nous avons terminé la formation de base en 2004. Nous avons pu poursuivre avec un master à l’université baptiste de Prague grâce à une bourse. Une fois le master terminé, nous sommes retournés en Macédoine en 2006. Marko a été ordonné pasteur et a commencé son service dans notre église, l’église baptiste Eklesia, dans la capitale de la Macédoine, Skopje. Depuis, douze ans ont passé. Nous avons eu trois enfants depuis : Izabela, David et Jakov. Et la direction de l’église nous a été remise des mains du père de Markos, le Dr Ivan Grozdanov. Nous venons de passer quelques années palpitantes. En 2010, il est devenu évident que le bâtiment de l’église était définitivement trop petit. Nous avons dû surmonter bien des obstacles avant de pouvoir
déménager dans de nouveaux locaux, plus grands. Tous les ministères en ont profité : les cultes, l’évangélisation, le travail avec les femmes, avec les jeunes et les enfants. Ça a été un nouveau départ, les membres de l’église s’engagent avec beaucoup d’enthousiasme. Notre vision est d’imprégner et d’influencer tout le pays avec l’Évangile. Nous jouons un rôle prépondérant en Macédoine dans les domaines de l’évangélisation, de la publication de littérature chrétienne et de la formation continue de laïques. Beaucoup de pasteurs et de responsables de communautés macédoniens ont participé à nos cours et à nos rencontres, et nous les avons suivis en tant que mentors. Le partenariat avec la Mission chrétienne est un grand encouragement. Le Mission est un partenaire fidèle depuis des décennies, nous apprécions énormément son engagement en Macédoine. Notre peuple vit dans les ténèbres, mais ensemble nous pouvons semer des graines d’espérance. Nous travaillons entre frères et sœurs, ensemble pour la gloire de Dieu, et nous nous préoccupons des personnes en détresse. Le partenariat avec la Mission chrétienne s’accorde parfaitement avec nos valeurs et notre vision. Ceci est important dans toute entreprise, mais particulièrement dans le travail pour le Royaume de Dieu. Veuillez prier pour notre famille, notre église et notre pays.
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enfants en détresse
s l e u ex s s u ab
D’ABORD LE PARÂTRE, ENSUITE L’ONCLE CAMBODGE Sreilia*, 15 ans, s’agite nerveusement de droite et de gauche sur sa chaise. Elle cherche à trouver une contenance en se tenant des deux mains à la simple table en bois dressée devant la maison sur pilotis de ses parents d’accueil. Elle veut parler de son passé parce que ça l’aide à y travailler. « Je proviens d’une famille pauvre, ma mère est saisonnière. Je n’ai jamais connu mon père. Il est décédé alors que ma mère était enceinte de moi. Tout d’abord, j’ai vécu seule avec elle. Lorsque j’ai atteint l’âge de trois ans, elle a trouvé du travail en Thaïlande. Elle y a connu mon futur parâtre. Il n’était pas sympathique : il était parfois agressif envers ma mère et aussi
contre moi. Après cinq ans, nous sommes retournés au Cambodge, mais pas pour longtemps. Nous sommes bientôt repartis en Thaïlande. Je n’étais nulle part à la maison. Ces allers-retours ont enfin cessé quand j’ai eu treize ans. Nous nous sommes installés au Cambodge dans la famille de mon parâtre. Je n’y ai jamais été à l’aise parce qu’il a commencé à me harceler. Avec le temps, ça s’est empiré. Un jour, il est tombé sur moi et m’a violée. J’étais comme paralysée, je ne savais pas ce qui m’arrivait. Une douleur croissante en moi menaçait de m’étouffer. Pour pouvoir échapper à cet homme, j’ai déménagé dans la famille de mon oncle. Mais bientôt, j’ai compris que je n’y étais pas sûre non plus. Au bout d’une année, mon oncle m’a violée. »
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Une aide pour les enfants abusés La Mission chrétienne s’engage au Cambodge depuis des décennies pour les filles et les garçons victimes d’abus sexuels. La plupart des enfants sont pris en charge par des familles et suivis sur le plan thérapeutique. Ils sont soutenus dans leur travail de guérison de leurs graves expériences et sont encouragés dans leur développement tant personnel que scolaire. Les victimes qui portent plainte contre leurs agresseurs reçoivent une aide juridique. Pour assurer l’encadrement dans un cadre familial, la Mission chrétienne cherche des familles d’accueil et les forme pour cette tâche. Les enfants restent en contact avec leur propre famille, pour autant que leur sécurité soit garantie. Si les victimes ont besoin d’un accompagnement thérapeutique particulièrement intensif, ils sont placés dans un foyer protégé. 150 enfants et jeunes bénéficient de cette aide chaque année. Beaucoup d’entre eux ont vécu des destins semblables à celui de Sreilia.
Sreilia interrompt son récit. La douleur est trop grande, elle n’arrive pas à poursuivre. Un long parcours pour revenir à une vie normale Sreilia vit depuis deux ans dans une famille d’accueil à l’Ouest du Cambodge. Elle essaie de passer par-dessus son vécu et de réintégrer une vie normale. Elle suit l’école du village, rattrape le programme scolaire. Personne au village ne sait pourquoi elle est là – pour la protéger. Ses parents d’accueil sont chrétiens. Ce couple sans enfant a décidé de donner un foyer à des enfants en détresse. Ils ont encore trois autres enfants d’accueil à côté de Sreilia, un garçon et deux filles, qui tous ont été violés.
La corruption généralisée et une culture d’impunité empêchent qu’il soit rendu justice aux victimes.
Des milliers de victimes 20 % des 1863 Cambodgiens questionnés sous le couvert de l’anonymat ont déclaré avoir déjà violé une femme – de moins de 15 ans pour la plupart des victimes – selon un rapport de l’ONU publié en 2013. Les viols collectifs sont la forme la plus courante au Cambodge, en dehors des viols au sein d’une relation. Les agresseurs – souvent des personnes de l’entourage familial plus ou moins proche – sont poursuivis en justice ou sont menés devant un tribunal. Toutefois, la corruption généralisée et une culture d’impunité empêchent qu’il soit rendu justice aux victimes. Selon l’UNICEF, 37 % des victimes sont des enfants. Ils sont convoités à cause de leur virginité, réputée rendre sain ou, comme certains le croient, protéger du sida. Mais ce ne sont pas seulement les gens du pays qui s’en prennent aux enfants : les pédophiles du monde entier voyagent en grand nombre au Cambodge parce que l’abus d’enfant n’est quasiment sujet à aucune peine.
*Le nom et l’image ont été modifiés pour protéger l’identité de la personne.
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DES PERSONNES SOURDES VEULENT COMPRENDRE LA BIBLE OUZBÉKISTAN
En Ouzbékistan, toujours plus de personnes sourdes croient en JésusChrist. La Mission chrétienne soutient la diffusion d’un livre qui vise à faire mieux comprendre la Bible et à encourager la croissance spirituelle. Les chrétiens d’Ouzbékistan ont la vie dure. L’État d’Asie centrale fait partie des vingt pays qui répriment les chrétiens le plus durement. Mais, ces dernières années et malgré les représailles, de plus en plus d’Ouzbeks sourds ont trouvé la foi en Jésus-Christ. Les autorités qui les surveillent ont une tâche difficile. Les sourds ne téléphonent pas et ne peuvent donc pas être mis sous écoute. Lorsqu’ils transmettent l’Évangile en langage
des signes, la police n’y comprend rien. En cas de danger, un signe de main furtif suffit et les personnes s’éparpillent dans toutes les directions, se noyant dans la foule. Des images et un langage simple La plupart des malentendants n’ont pas de bonne formation scolaire. Leur vocabulaire limité est un obstacle à la lecture et à la compréhension de la Bible. Un livre rédigé en russe, « Connais la Bible », y remédie. Il contient 365 histoires bibliques en langage simple, avec des images et des cartes géographiques. Les sourds et malentendants apprécient ce livre qui les aide à comprendre la Bible et leur permet de croître dans la foi. Il ne peut toutefois pas être importé en Ouzbékistan, mais doit être passé en contrebande dans le pays livre par livre.
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Presque 90 pourcent des Ouzbeks sont musulmans (place de Régistan à Samarcande, Ouzbékistan).
Un projet risqué La langue autochtone de l’Ouzbékistan est fortement encouragée. Les Ouzbeks qui comprennent le russe sont toujours moins nombreux. C’est pourquoi « Connais la Bible » sera bientôt publié en langue ouzbek. Un groupe de linguistes indigènes, tous chrétiens engagés, a commencé la traduction. Ils risquent leur peau. Si l’État apprend ce qu’ils font, ils risquent l’arrestation et la prison. La traduction n’est que la première étape. Ensuite viennent la rédaction et la correction, la composition typographique, l’impression et la distribution. Tout le projet doit se faire dans le plus grand secret, toute les personnes impliquées risquent de gros problèmes judiciaires, y compris des peines de prison. L’Ouzbékistan est aussi répressif que l’Union soviétique d’autrefois avec les personnes qui pensent autrement,
bien que le pays veuille sortir de l’ombre de la Russie et encourager sa propre identité.
«Toute les personnes impliquées risquent de gros problèmes judiciaires.» Pour éditer un tel livre, il faut de l’argent. La Mission chrétienne soutient le projet financièrement avec des dons de Suisse. Les prières pour la protection des personnes impliquées sont tout aussi importantes. Ces personnes s’engagent avec joie et ardeur, malgré de grands dangers. Que Dieu utilise ce livre pour la bénédiction des chrétiens, en particulier pour les sourds.
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SORTIE DE LA PAUVRETÉ BANQUE DE BÉTAIL, VIETNAM
Ha Thi Nyoc vivait en marge de la société, dans la pauvreté, méprisée des autres habitants du village. Son mariage n’y changea rien. Le couple eut deux enfants et s’en réjouissait, bien qu’une fille soit gravement handicapée. La misère et la souffrance étaient le lot quotidien de la famille. Après quelques années, le mari s’en alla et la vie de Ha Thi Nyoc, avec ses deux enfants, devint encore plus difficile. Le pire était la faim. Le riz de son propre champ ne suffisait pas pour toute l’année et le maigre salaire que la maman gagnait comme journalière ne suffisait pas pour pourvoir aux besoins de la famille. Le père des enfants n’apporta aucun soutien ; voilà longtemps qu’il avait pris une autre femme. Une vache marque un tournant La vie de cette mère seule changea brusquement. Le tournant constitua en une vache, financée par des dons de Suisse. Ha Thi Nyoc fut inscrite dans le programme de banque de bétail de la Mission et appris à s’occuper correctement de la bête et à la maintenir en bonne santé. Le premier vêlage est revenu à la banque. Au second veau, les représentants de la Mission conseillèrent la femme pour la vente et le réinvestissement du revenu dans l’agriculture, afin qu’elle puisse en vivre. Depuis, Ha Thi Nyoc et ses enfants ne souffrent plus de la faim. Sa subsistance est assurée grâce à l’élevage des vaches et une plantation de pamplemousses. Les investissements nécessaires ont pu être faits grâce à la vente du veau. Une partie intégrante du projet de banque de bétail sont les conseils et, s’il le faut, un petit crédit pour l’implantation d’une entreprise agricole.
La vie de Ha Thi Nyoc a été transformée positivement grâce à la banque de bétail.
Aujourd’hui, Ha Thi Nyoc n’est plus méprisée et ni évitée. Les habitants du village l’admirent pour son zèle et le fait qu’elle ait pu se sortir de la pauvreté.
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La banque de bétail – un instrument efficace contre la pauvreté Le projet de banque de bétail donne la possibilité à des familles pauvres de mettre en place une exploitation agricole qui leur appartienne et assure leur survie. Ce projet constitue une contribution importante à la réduction de la pauvreté. En participant au projet de banque de bétail, les bénéficiaires ne sont pas des récepteurs d’aide, mais des partenaires de travail actifs. Ils sont soutenus dans la mise en place d’une exploitation agricole pérenne. La personne qui reçoit une vache doit donner le premier veau femelle à la banque de bétail. Ce veau est confié ensuite à une nouvelle famille qui participe à son tour au projet. Cette forme de multiplication permet à un nombre toujours plus grand de personnes d’échapper à la pauvreté. Le projet de banque de bétail fortifie la communauté villageoise et encourage de nouvelles personnes à participer, par la suite, aux autres activités et initiatives communautaires.
500.–
capital initial
Un capital initial de 500 francs pour la banque de bétail – financé par des dons de Suisse – est nécessaire pour admettre une famille dans le projet.
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MON HISTOIRE DE NOËL « Nous avons enfin pu parler et raconter les choses terribles que nous avions vécues. Ça faisait un tel bien de se sentir écoutées, comprises et consolées. »
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À ma naissance, mes parents étaient encore très jeunes. Ils venaient de se marier et cela, uniquement parce que ma mère était enceinte. Je n’ai jamais ressenti le moindre amour entre les deux, au contraire : ma mère répétait souvent qu’un jour elle quitterait mon père. Il était violent. Souvent, en pleine nuit, nous nous réveillions, ma petite sœur et moi, parce que nous entendions nos parents crier. Nous courions alors dans l’autre chambre parce que nous pensions qu’il allait tuer notre mère. C’étaient des moments terribles. Nous entendions encore longtemps après notre mère gémir. La violence au quotidien Un soir d’été, alors que nous jouions avec d’autres enfants, un homme est soudain arrivé – je ne sais plus qui c’était – et nous a dit qu’il avait vu notre père, les mains ensanglantées. Je fus terrifiée et courus aussi vite que je pus à la maison. Je l’y trouvai. Il était ivre, ses mains étaient en sang. Il s’était blessé à la vitre de la fenêtre qu’il avait cassée. Je trouvai ma mère chez les voisins, où elle s’était réfugiée – comme souvent déjà. J’étais très soulagée de la savoir saine et sauve. Une fois, mon père voulu la brûler. Une autre fois, il arriva avec une hache à la maison, une autre fois avec un couteau, menaçant de la couper en morceaux. Il étrangla une fois notre mère à tel point que le sang jaillit de sa bouche. Un oncle, qui habitait de l’autre côté du village, vint nous aider. La faim et le froid Nous n’avions pas beaucoup à manger. Es si ça ne convenait pas à mon père, il le jetait à la tête de ma mère. Même quand c’était les derniers petits pois que nous avions. Le pire était de n’avoir parfois pas de bois de chauffage au plus fort de l’hiver, alors que notre père travaillait dans la forêt. Quand j’ai eu neuf ans, notre mère emballa ses affaires et quitta la maison avec nous. Nous avons déménagé chez notre grand-mère. L’atmosphère n’y était guère meilleure, mais au
moins, nous ne devions craindre aucune violence. Grand-maman perdait de temps à autre la tête et devenait agressive, mais sans plus. Le grand-père était dépendant de l’alcool. Nous n’avons plus beaucoup entendu parler de notre père. Un jour, la nouvelle nous arriva qu’il était mort brûlé dans notre maison. Personne n’a jamais su ce qui s’était vraiment passé. De l’aide, enfin Nous avons alors entendu parler d’une organisation qui vient en aide aux enfants et aux familles dans le besoin. Ma mère prit contact, pleine d’espoir. Dès ce moment-là, notre vie a changé peu à peu. Nous avons tout d’abord reçu de l’aide matérielle : notre mère a pu nous acheter des habits et du matériel scolaire. Nous avons enfin pu recommencer à aller à l’école. Et nous avons enfin pu parler et raconter les choses terribles que nous avions vécues. Ça faisait un tel bien de se sentir écoutées, comprises et consolées. La femme qui nous rendait visite priait toujours pour nous. Grâce à elle, nous avons appris qu’il existe un Dieu qui nous aime et qui veut nous aider. Tout doucement, nous avons pu passer par-dessus la douleur. Je crois que Dieu a répondu aux prières de ma mère. Avec l’aide que nous avons reçue, notre vie s’est remise en ordre. J’ai pu terminer l’école et maintenant, j’étudie même le droit. Après mes études, j’aimerais rester en Moldavie ; mon pays a besoin de main-d’œuvre qualifiée. Une relation avec le Père céleste Aujourd’hui, je sais que j’ai un père céleste qui prend soin de moi. Pour le faire, il utilise souvent des êtres humains. L’aide que j’ai reçue a une grande signification pour moi. Avant, tout n’était que désespoir ; mais depuis, j’ai pu recommencer une vie nouvelle. Je suis remplie d’une joie et d’une reconnaissance profondes. Mihaela
La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a débuté un projet en Moldavie voici 14 ans avec des partenaires locaux, dans le but de s’occuper d’enfants de homes ou de familles perturbées et de les aider à construire une vie stable.
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ostvision visionest
« Je suis très heureuse de pouvoir venir ici au centre de jour et je remercie le Seigneur Dieu. Ici, nous jouons, nous faisons nos devoirs scolaires et lisons la Bible. Et les merveilleuses choses que nous mangeons ! J’aime pardessus tout les boules de viandes hachées. Jamais de ma vie je n’en avais mangé. Elles sont si bonnes que le goût m’en reste dans la bouche des jours durant. » Adelina, 10 ans, Moldavie (Nom changé)