Vision Est - Janvier 2018

Page 1

548  | JAN 18

Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est

PLUS DE 100 000 PAQUETS DE NOËL Personnel Sulekha Thapa | Aide alimentaire Telle une île dans une mer de problèmes | Inde Une enfance dans une maison close | Action paquets de Noël 100 900 paquets


2

visionest ostvisionjanvier 2018

editorial

visionest

Il (Dieu) me dit : C’est fait ! Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement. Apocalypse 21:6 Chers Amis de la mission, On ne pouvait imaginer il y a quelques années encore tout ce qu’on reçoit gratuitement aujourd’hui : par exemple les journaux, les cartes de crédits, les concerts, l’accès à une foison d’informations grâce à l’internet. De l’autre côté, beaucoup de gens sont conscients que des choses telles la santé, la joie, les relations, le bonheur sont difficiles à obtenir et encore plus difficiles à garder. Elles peuvent même se révéler fort onéreuses. De quoi parle le Dieu de la Bible ? Également de choses gratuites. Il donne par exemple l’eau de la vie, la vraie vie. Mais ce n’est pas tout : cette eau vive, cette force, ce rafraîchissement, ce courage et cette espérance nous traversent, vous et nous, dans les projets de la Mission chrétienne. Il ne s’agit pas seulement d’aide matérielle, mais d’une aide et d’un rafraîchissement qui viennent de Dieu. L’eau de source – boire jusqu’à plus soif Parlons d’eau : Il y a de l’eau en suffisance en beaucoup d’endroits. Mais elle n’est pas disponible de manière homogène, selon les endroits elle est sale, non potable ou même dangereuse. Comment l’eau propre arrivet-elle aux personnes qui en ont besoin ? Je pense souvent, dans ce contexte, au Tadjikistan. Ce pays d’Asie centrale est magnifique. Les montagnes suisses sont petites comparées au massif du Pamir. Le sommet le plus élevé, le pic Ismail Samani, culmine à 7’495 mètres. Grâce à ces montagnes, le Tadjikistan possède de grandes réserves d’eau. Moi voilà : l’eau ne parvient pas aux gens. Les infrastructures manquent et l’érosion est visible partout. À cela s’ajoutent une pauvreté et une désespérance excessives. Et c’est exactement ici que nous entrons en jeu : nous apportons des vivres très appréciés aux nécessiteux et aux sans-abri, donnons à des enfants la possibilité de

participer à des camps de vacances où ils découvrent l’eau de la vie. En Europe de l’Est, nous apportons de l’eau fraîche au sens symbolique : de l’encouragement au travers de milliers de paquets de Noël, un nouvel espoir grâce à des habits et des vivres, de l’aide pour des femmes et des enfants maltraités, vendus, exploités. Nous aidons aussi au démarrage d’entreprises familiales. Des personnes qui vivent dans une pauvreté extrême et considèrent l’émigration comme étant leur seule issue reçoivent par notre aide de nouvelles perspectives. De cette manière, nous contribuons au rétablissement durable de ces pays. Le texte biblique cité ci-dessus montre qu’il n’en va pas seulement de la soif physique de la personne, mais de la soif de vivre une vie véritable. Des femmes, des hommes rêvent d’une eau de source fraîche. C’est ici – auprès de Jésus-Christ – qu’ils font l’expérience de l’épanouissement et de l’espérance. Qu’ils boivent de cette eau de la vie, cette eau d’espérance, jusqu’à plus soif ! … comme la Bible nous le rapporte. Transmettre cette espérance est notre mission. Mais sans vous, chers Amis de la mission, nous ne pourrions rien faire. C’est pourquoi nous vous remercions de tout cœur de votre énorme soutien au cours de l’année passée. Et nous nous réjouissons de vous savoir en route avec nous également durant l’année 2018. Que Dieu vous bénisse. Avec mes meilleurs messages de Worb

Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)

N° 548 : Janvier 2018 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi, Beatrice Käufeler, Thomas Martin Adresse : MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE Téléphone : 021 626 47 91 Fax : 031 839 63 44 E-mail : mail@ostmission.ch Internet : www.ostmission.ch Compte postal :

Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0

Compte Spar + Leihkasse bancaire : Münsingen 16 0.264.720.06 Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défal­c ation des dons. Renseignements au se­crétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts si­mi­lai­res.

Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photo-gra­ phiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Madiswil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Thomas Haller, Langenthal

Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann

La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d’honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.

Gallus Tannheimer responsable des projets membre du comité de direction

Facebook Twitter


personnel

3

Sulekha Thapa Inde DES PERSONNES partagent notre chemin

Je suis Sulekha Thapa. Ma vie a commencé de manière agitée : ma mère souffrait de tétanos et mon père était atteint de la tuberculose. Je vins au monde avec une forte insuffisance pondérale. Ma mère mourut cinq jours après ma naissance, mon père peu après. Un couple de missionnaires m’accueillit. À onze mois je fus placée dans un orphelinat de la Mission de Pandita-Ramabai-Mukti. J’en suis très reconnaissance à Dieu, parce que j’y reçus un encadrement plein d’amour. Pour moi, ce n’était pas un orphelinat mais mon chez-moi, ma famille et la maison du Seigneur. Très tôt j’acquis une discipline spirituelle. De plus, je suivais l’école réputée de Pune, un privilège. Vers l’âge de 15 ans, je vis un spectacle de Noël à l’école. Un dessin et quelques mots sur le panneau d’affichage attirèrent mon attention : « Bénis pour être une bénédiction » y était-il écrit. Je sus que c’était le Seigneur qui me parlait. Mais que voulait-il me dire ? Avoir grandi dans la mission avait été pour moi une bénédiction. Je ressentis : le Seigneur veut que je fasse quelque chose de semblable. Avec le temps, j’oubliai ce dialogue entre Dieu et moi. Je fis mes études d’infirmière à Mumbai et travaillai dans un hôpital tout en enseignant dans un collège. Je bénéficiais de la bénédiction de faire partie d’une église qui portait aussi son attention sur l’engagement social. Je m’affiliai à une équipe qui travaillait avec les enfants de la gare. Ce travail m’a ouvert les yeux, j’ai beaucoup appris. J’ai pris conscience que beaucoup de choses qui allaient de soi pour moi n’avaient en fait rien d’évident. Je me souvins alors de ce que Dieu m’avait montré à cette fête de Noël. En juillet 1999, mon mari et moi décidâmes d’accueillir des enfants de rue chez nous, de nous en occuper et de pourvoir à leurs besoins. Jusqu’à aujourd’hui, vingt garçons ont vécu chez nous. Ils sont très reconnaissants pour ce que nous leur avons offert et nous nous réjouissons de ce qu’ils sont devenus. Ils ont repris des tâches dans l’église et font tout pour mener à bien leur vie. Cela me rend heureuse.

En 2008, je suis arrivée chez mon employeur actuel, un partenaire de la Mission chrétienne. J’ai mis trois ans pour pouvoir dire oui au travail avec des enfants et des femmes atteints du SIDA. Mais à partir de là, la grâce de Dieu m’a soutenue. Je suis impressionnée par la réaction des nécessiteux : ils sont tellement reconnaissants de la main qui les aide. J’apprécie de passer du temps avec les enfants, de jouer avec eux, de les amener à l’hôpital et d’être auprès d’eux. Cette expérience a ouvert mon cœur pour la grâce de Dieu qui me supporte au travers de tous les défis. J’ai appris : si nous écoutons Dieu et lui obéissons, il donne tout ce dont nous avons besoin dans la vie et dans notre engagement. Et ceci encore au sujet de notre famille : mon mari travaillait autrefois pour la marine indienne mais a démissionné de son travail pour se consacrer au travail avec les enfants. Il est converti du bouddhisme hindouiste et possède une foi très solide. On lui a confié la responsabilité pour une église dans un bidonville. Il a rempli cette tâche avec fidélité dans des conditions extrêmes. Bien qu’il ait reçu un bel appartement de l’Etat, il a décidé de vivre dans un bidonville et d’être au service des gens qui y vivent. Aujourd’hui, il est responsable de sept églises chrétiennes. Notre fille de quinze ans, Charishma, aime aussi le Seigneur et apprécie de passer du temps avec des enfants dévaforisés. Je crois ce qu’a dit le fondateur du home dans lequel j’ai grandi, Pandita Ramabai : Celui qui se décide pour une vie avec Dieu n’a rien à craindre, rien à perdre, rien à regretter.


4

ostvision visionest

TELLE UNE ÎLE DANS UNE MER DE PROBLÈMES AIDE ALIMENTAIRE

Natalia avec sa fille


5

Natalia S. vit avec son mari, ses deux enfants et sa mère dans un deuxpièces. Chaque jour fut un combat pour la survie jusqu’à ce que la famille reçût de l’aide de Suisse.

tous les membres de la famille portent les habits que nous avons reçus de Suisse. Même les draps de lit sur notre vieux canapé viennent de Suisse. »

Les médecins n’ont jamais donné la raison du handicap du fils de Natalia, Vladik. Mais pour cette mère de 36 ans, cela ne joue pas de rôle. Elle s’investit pour son fils malade, tout simplement. Vladik a besoin d’une prise en charge continuelle, empêchant Natalia de travailler à l’extérieur. Sa propre mère n’est d’aucun soutien, elle a aussi besoin d’aide, toujours plus. Le mari de Natalia est un grand asthmatique et ne peut pas travailler régulièrement. Trois membres de la famille malades et pas d’argent : chaque jour est un défi.

Trois membres de la famille malades et pas d’argent : chaque jour est un défi.

Des dettes qui pèsent Le revenu des cinq personnes consiste en la rente d’invalidité du fils et la rente de retraite de la grand-mère. Le mari peut travailler de temps à autre. Un bon mois rapporte en tout et pour tout environ 140 francs – jamais assez pour vivre. L’essentiel de l’argent part en médicaments pour Vladik et la grand-mère. La famille n’a pas pu payer les factures d’électricité, d’eau et de chauffage. Avec plus de 1000 francs de dettes actuelles, l’électricité et l’eau leur ont été coupées déjà deux fois. « Nous avons reçu un délai de paiement », raconte Natalia, « mais nous ne pouvons pas payer nos dettes. Que faire ? » « Nous remontons la pente » « Et voilà qu’il nous est arrivé une chose qui a totalement transformé notre vie », raconte Natalia, toute joyeuse. Les services sociaux ont informé la Mission que la famille S. avait urgemment besoin d’aide. La Mission a repris la famille dans son programme d’aide et pourvoit régulièrement avec des paquets d’aide alimentaire. « Depuis, nous remontons la pente », se réjouit Natalia. « Un paquet de vivres suffit pour deux à trois semaines et nous ne devons plus faire de dettes au magasin. C’est un énorme soulagement. De plus,

Vladik, de par son handicap, ne peut pas aller tout seul aux toilettes. Bien qu’elles soient chères, Natalia lui achète parfois des couches. Mais elles ne sont pas toujours utiles. Natalia doit souvent laver les draps, parfois sans qu’ils deviennent vraiment propres. Dans ces moments difficiles, elle est souvent en larmes : « Je suis très reconnaissante pour tout ce que nous avons reçu. » Lorsqu’elle a reçu en automne cinq sacs de pommes de terre, assez pour tout l’hiver, la famille n’en est pas revenue. « L’aide de Suisse est pour nous comme une île, une terre ferme dans la mer des problèmes et du désespoir. Elle nous donne espérance et courage. Merci de tout cœur ! »

Vladik et sa grand-mère


6

visionest

PROTECTION mettons fin à la traite de femmes et d’enfants

UNE ENFANCE DANS UNE MAISON CLOSE INDE

Depuis qu’un centre de jour avec garde de nuit s’est ouvert dans le quartier chaud de Kamatipura, la petit Nisha* a trouvé un endroit où elle est encouragée et soutenue. De plus, elle n’est plus sans arrêt soumise aux mauvaises influences qui entravent son évolution. Il fait déjà nuit dans la ville indienne de Mumbai. Nisha est assise en tailleur à même le sol dans la chambre d’un bordel sordide et mal éclairé. La fille de huit ans essaie de faire ses devoirs d’école. Elle a de la peine, mais elle ne peut compter sur aucune aide. Sa mère et les autres femmes dans la pièce n’ont quasiment pas de formation scolaire. Et puis, il y a le bruit : dehors les klaxons ininterrompus des voitures et des pousse-pousse, dedans les enfants qui se bousculent, les mamans qui bavardent. Comment Nisha pourrait-elle se concentrer ?

Lorsqu’un client reçoit ses services, les enfants dorment dans l’armoire sous le lit.

Bientôt, on s’affaire, on cuisine, les mères préparent le repas du soir. Accroupis devant leur gamelle, ils mangent riz et lentilles. Dix personnes vivent dans un espace très exigu : cinq mère et cinq enfants. Chaque mère a une cabine, séparée de l’autre à l’aide d’une mince paroi de bois. Chaque cabine a la largeur du matelas, posé à hauteur de nombril sur une sorte d’armoire. Les femmes y rangent leurs effets personnels. Devant la cabine, un petit rideau permet un semblant de sphère privée.


7

Le quartier chaud grouille d’enfants qui ont besoin d’attention et de protection.

Un va-et-vient De temps à autre, un homme entre dans la pièce, parfois plusieurs en même temps. Sur le matelas derrière le rideau, les hommes reçoivent ce qu’ils paient. Jusque tard dans la nuit, c’est un va-et-vient, parfois ce sont cinquante clients, parfois jusqu’à cent. La nuit, les enfants dorment sur le matelas puant, lorsque leur mère est libre. Si un client arrive, ils disparaissent dessous dans l’armoire. Enfin le repos durant la nuit Afin d’épargner ces nuits maussades aux enfants, la Mission chrétienne a ouvert une crèche de nuit il y a quatre ans. Jusqu’à 20 filles y passent leur nuit – en toute quiétude et sécurité. Elles arrivent à 19 heures et y restent jusqu’à 7 heures du matin. Nisha est heureuse d’avoir un deuxième chez-soi. Pour elle, chaque nuit dans la crèche est un cadeau. La crèche n’est pas seulement un lieu de sommeil : une collaboratrice aide les enfants à faire leurs devoirs d’école pendant qu’une autre prépare un repas chaud. Ensuite, on mange, on joue, on chante. Avant d’aller au lit, les enfants se lavent, entendent une histoire biblique et prient. Ensuite, c’est l’extinction des feux – une expérience toute nouvelle pour les enfants.

La plupart des enfants qui vivent dans la crèche de nuit sont aussi encadrés et encouragés dans le centre de jour. Et les résultats se font ressentir : les enfants suivent bien à l’école, ils sont beaucoup plus équilibrés et habiles dans les interactions humaines et ils apprennent à prendre des responsabilités. * Nom fictif pour des raisons de sécurité

Dans la crèche de nuit, les enfants reçoivent un repas chaud et de l’assistance pour leurs devoirs d’école.


Action paquets de Noël

PLUS DE 100 000 PAQUETS DE NOËL « Je remercie le Seigneur Dieu et je vous remercie de nous avoir apporté des paquets de Noël. Les cadeaux ont illuminé de joie le visage de ma petite et mon cœur est plein de joie. Il y avait tant de belles choses dans le paquet. J’ai presque pensé qu’il n’avait pas de fond : des choses de toutes sortes, des vivres et des sucreries sans fin. Ma fille a reçu un beau bonnet et un châle qui la protégeront contre le froid. Je suis heureuse de pouvoir préparer un bon thé chaud de la Suisse à mes enfants. » Anna P., Moldavie

« Mon cœur est plein de joie. »

Un grand merci à tous les enfants, femmes, hommes et églises qui ont aidé à récolter 100 900 paquets de Noël. Ils ont été distribués en Albanie, en Bulgarie, en Moldavie, en Biélorussie, en Roumanie, en Serbie et en Ukraine. La joie et la reconnaissance des bénéficiaires sont grandes. Merci pour votre engagagement généreux et impressionnant !


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.