Vision est - Mars 2015

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514 | MARS 2015

Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est

LES CHRÉTIENS SOUTIENNENT LES RÉFUGIÉS DE GUERRE Personnel Madamine | Népal Vaincre la pauvreté par des entreprises familiales | Ukraine Les chrétiens soutiennent les réfugiés | Qui suis-je...? Käthi Wolf


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editorial

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« Jésus dit : Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut refermer. » Apocalypse 3,8

Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)

N° 514 : Mars 2015 Abonnement annuel : CHF 15.–

Jésus, le chef des portes ouvertes

Rédaction : Georges Dubi

Chers Amis de la mission, Je me souviens très précisément de ce matin-là. C’était le jeudi 23 juin 2014. Comme d’habitude, l’équipe de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est s’est rassemblée pour prier. Le verset ci-dessus était le texte du jour indiqué. A ce momentlà, nous discutions intensément d’un nouveau projet et nous demandions : quand et comment Dieu va-t-il ouvrir les portes ? Ce passage biblique m’a parlé dans cette situation. Regarde ! En allemand, ce texte biblique commence par cet appel : « Regarde ! » Ceci est le prérequis pour expérimenter Dieu, initier et développer de nouveaux projets. D’abord, nous devons regarder avec précision : « Regarde ! » C’est seulement celui qui regarde avec précision qui découvre les portes ouvertes et le plan de Dieu. Portes ouvertes Regarder précisément comprend les questions suivantes : y a-t-il des portes ouvertes ? Sont-elles spécialement ouvertes pour nous, Mission chrétienne pour les pays de l’Est ? Où pouvons-nous aider efficacement ? Ce verset m’encourage énormément : lorsque Jésus ouvre une porte, PERSONNE ne peut la refermer.

les chances et dangers pour leur entreprise. Mais tout compte fait, ceci n’est qu’un premier pas. C’est cette question qui fait la différence : que faisons-nous maintenant ? Il est décisif de ne pas seulement reconnaître la souffrance ou les difficultés et d’en parler, mais d’en faire quelque chose, d’agir. C’est ce que nous, Mission chrétienne pour les pays de l’Est, faisons de multiples manières. Nous agissons par exemple en Ukraine. Car la souffrance dans ce pays est immense et il n’est pas possible de savoir comment la situation va évoluer. Nous aidons avec de la nourriture et des vêtements. Notre aide pratique représente de l’espoir pour de nombreuses personnes. Des portes ouvertes chez vous Pour la Mission chrétienne pour les pays de l’Est, vous, chère lectrice, cher lecteur, êtes d’une importance centrale. C’est seulement avec votre aide que nous pouvons entrer par les portes ouvertes, saisir les occasions et atténuer la souffrance à long terme. Nous nous réjouissons de votre soutien et continuons à nous investir de cette manière. Nous remercions de tout cœur tous les donateurs pour leur soutien. Avec mes meilleures salutations,

Que faisons-nous lorsqu’une porte est ouverte ? Comme responsable de projet pour l’économie de proximité, je discute fréquemment avec des entrepreneurs et leur de- Gallus Tannheimer mande comment ils analysent et évaluent responsable de projets pour leur société. Souvent nous évoquons aussi l’économie de proximité

Adresse : Téléphone : Fax : E-mail : Internet :

MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE 021 626 47 91 031 839 63 44 mail@ostmission.ch www.ostmission.ch

Compte postal :

Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0

Compte bancaire :

Spar + Leihkasse Münsingen 16 0.264.720.06

Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défal­c ation des dons. Renseignements au se­crétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts si­mi­lai­res.

Sources d’images : MCE, Hagar Kam. Sans mention, les personnes photogra­phiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Stephan Schär Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Leutwil, vice-président Christian Bock, Seedorf Thomas Haller, Langenthal Jürg Maurer, pasteur, Hirschthal

Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d‘honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.

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personnel

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Madamine DES PERSONNES partagent notre chemin

Je me nomme Madamine. Je suis né en 1977 dans une famille musulmane au Tadjikistan. Mon père est Turkmène, ma mère Ouzbek. Je suis l’aîné de six enfants. Après la guerre civile au Tadjikistan au début des années 90, notre pays a subi une grave dépression économique. Encore aujourd’hui, il ne s’en est pas vraiment remis. Chacun était content quand il trouvait quelque part un morceau de pain pour lui et ses proches. Je me suis mis à voler et survivais ainsi. Jusqu’à ce que la police m’attrape, j’ai fait deux ans de prison. Ensuite, je devais pendant une année et demie me présenter chaque jour au poste de police, car j’étais sous surveillance.

« Je voulais m’améliorer, mais je n’y parvenais pas. » A cette époque, j’ai commencé à aller à la mosquée et à faire des prières islamiques. Je voulais m’améliorer, mais je n’y parvenais pas. Je continuais de voler. Une famille chrétienne vivait à côté de la mosquée. Je la connaissais depuis que j’avais été à l’école avec leurs enfants. Un jour, les parents m’ont invité à une réunion de prière dans leur maison. Je m’y suis intéressé et voulais savoir qui était Jésus. Dans le coran que je lisais en tadjik, j’ai trouvé quelques informations sur Lui. J’ai régulièrement visité cette famille, car je voulais en apprendre plus sur la religion chrétienne.

Mes enseignants musulmans ont entendu que je fréquentais des réunions chrétiennes. Ils m’ont réprimandé et menacé de m’exclure de la mosquée. Ceci éveilla définitivement mon intérêt pour la foi chrétienne, ce qui causa de nombreux problèmes avec mes parents, des proches et des amis. J’allais quand même de plus en plus souvent aux réunions des églises chrétiennes. Le 1er septembre 1996, j’ai remis ma vie entre les mains de Jésus, l’été suivant, j’ai été baptisé. Je n’ai jamais regretté d’avoir fait ce pas ! Un peu plus tard, Natacha, une sœur de notre communauté, est devenue mon épouse. Nous avons cinq enfants et sommes une famille heureuse. Aujourd’hui, je peux servir le Seigneur comme un des pasteurs de notre communauté. Je suis responsable du travail auprès des enfants et des jeunes. En outre, je m’occupe de projets humanitaires de notre église. Depuis une année, nous travaillons avec la Mission chrétienne pour les pays de l’Est. Grâce à son aide, nous soutenons des familles par des paquets alimentaires. De nombreux habitants de notre pays sont extrêmement pauvres et vivent bien au-dessous du minimum vital. Cette aide leur permet de nourrir leurs enfants. Chez des familles musulmanes également, les paquets alimentaires ouvrent la porte à la Parole de Dieu. Un grand merci de soutenir par vos prières ce service à la population tadjik nécessiteuse !


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PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants

VAINCRE LA PAUVRETÉ PAR DES ENTREPRISES FAMILIALES Georges Dubi responsable de la mission

NÉPAL

L’avenir est sombre pour la population népalaise. Elle est victime de sa pauvreté – et le gouvernement corrompu et incompétent n’entreprend rien. Seule la traite d’êtres humains fleurit dans ce climat désespéré. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est lutte contre les raisons de cette misère. Une grande partie du Népal est peu praticable et montagneux. L’agriculture, dont vit la moitié de la population, est peu rentable, il n’y a pas d’emplois rémunérés dans les villages. Où les parents prennent-ils l’argent pour nourrir et envoyer leurs enfants à l’école ? Un enfant sur deux n’apprend jamais à lire et écrire. La pauvreté pousse de nombreux habitants à partir en ville ou même à l’étranger. Ils espèrent y trouver un emploi, mais ce chemin mène souvent à la misère. Ils sont exploités et parfois traités comme des esclaves, particulièrement aux Emirats arabes unis. Des filles et des femmes sont exploitées sexuellement dans des maisons closes au pays et à l’étranger. Si les habitants pouvaient trouver un revenu dans les villages, de nombreuses souffrances leur seraient épargnées.

La vie dans la pauvreté est marquée par la corruption et un gouvernement incompétent.

Combattre la pauvreté La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a beaucoup d’expérience dans la promotion de l’artisanat et le développement de villages. Nous voulons maintenant utiliser nos connaissances au Népal. Nous complétons


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notre engagement actuel contre la traite de femmes et d’enfants par un nouveau projet pour combattre la pauvreté. De nombreuses églises et organisations d’entraide travaillent loin des villes et des grands centres. Leurs collaborateurs sont des personnes indispensables pour atteindre la population rurale. Dans un premier temps, la mission forme donc des collaborateurs indigènes d’églises et d’organisations d’entraide. Ils apprennent comment motiver et former les habitants démunis et les encadrer pour la fondation de petites entreprises familiales.

Nous voulons ainsi donner à des personnes les moyens de gagner leur vie et de créer des emplois. Les entreprises familiales marquent le début d’un développement durable offrant un avenir à des familles, des villages et des régions entières. Participants enthousiasmés Un premier séminaire a déjà eu lieu et a suscité un grand écho. 180 femmes et hommes motivés y ont participé et sont enthousiasmés. Le prochain séminaire aura lieu en mai, cinq autres suivront jusqu’à la fin de la formation.

Des entreprises familiales donnent espoir aux villages népalais La MCE a plus de 25 ans d’expérience dans la fondation de petites entreprises. Les habitants des villages népalais pro­ fitent maintenant de ce savoir. Un pro­ gramme de formation simple et orienté vers la pratique permet aux collabora­ teurs d’églises chrétiennes et d’organisa­ tions d’entraide de former et d’encadrer

des petits entrepreneurs dans les villages. Des petites entreprises familiales avec des emplois intéressants se forment. Les jeunes ont ainsi une alternative à la place de partir à la ville – et beaucoup sont pré­ servés de tomber dans les mains de mar­ chands d’êtres humains.

« Le training m’a encoura­ gée. Dans notre groupe de prière de femmes à Nepal­ gunj, nous ­intercéderons pour le travail avec la MCE.  Merci de prier aussi pour notre travail à la frontière indienne. Nous nous occupons de femmes victimes de la traite d’êtres humains. Pour ces femmes, c’est important de pouvoir bâtir leur propre existence. » Laxmi Nepali, COMMIT Nepal

180 personnes ont pris part au séminaire sur la fondation d’entreprises familiales.

Mario Brühlmann président de la MCE


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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes

UKRAINE

LES CHRÉTIENS SOUTIENNENT LES RÉFUGIÉS DE GUERRE Ruth Thomann responsable du projet

Des milliers et des milliers d’habitants s’enfuient de la zone de guerre en Ukraine de l’Est. Dans la ville de Saporochie, des églises chrétiennes s’occupent des réfugiés. Tatiana Soulima guide leur action d’entraide et nous raconte.

les risques, j’ai vécu une enfance et une jeunesse très heureuses avec mes quatre frères et sœurs. En 1992, j’ai été baptisée et suis devenue membre de l’église. Je me suis mariée avec Pavel une année plus tard. Nous avons eu un fils et une fille. Pavel dirigeait le chœur de l’église et je donnais l’école du dimanche.

J’ai grandi à Saporochie. Mon père était moniteur de jeunes dans une communauté chrétienne. Dans notre région, les chrétiens étaient fortement exposés aux répressions du régime soviétique. Mon père et d’autres moniteurs furent régulièrement emprisonnés parce qu’ils participaient en tant que jeunes aux activités de l’église. Il fallait avoir 33 ans pour pouvoir fréquenter une communauté chrétienne. Malgré les privations et

Un grand cœur pour les orphelins Lorsque le gouvernement a ordonné la fermeture de la plupart des orphelinats en Ukraine, notre église a commencé à s’occuper des enfants des foyers environnants. Pavel et moi étions responsables pour ce service. Nous avons cherché des places d’accueil et des parents adoptifs pour des enfants venant de foyers fermés et nous suivions ces jeunes jusqu’à l’âge adulte.


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Ce service s’est terminé au printemps 2014. Comme prévu, les foyers de notre région ont été fermés, les enfants placés dans des familles ou ayant atteint l’âge adulte. La guerre apporte de nouveaux devoirs Dès que le service auprès des orphelins a été terminé, Dieu nous a confié un nouveau but. Il a ouvert nos cœurs pour les réfugiés des régions conflictuelles en Ukraine de l’Est. A partir de mai 2014, de plus en plus de réfugiés sont venus à Saporochie. Avec des membres des diverses communautés chrétiennes de la ville, nous avons aménagé des abris de fortune pour les arrivants démunis et avons distribué les aliments mis à disposition par la ville. Nous avons mené cette action en collaboration avec les autorités. Mais les provisions ont bientôt été épuisées. La ville était en déroute et ne pouvait plus s’occuper des réfugiés. Afin de pouvoir travailler avec plus d’efficacité et sur un plan plus vaste, nous avons fondé une société d’entraide. La ville met gratuitement à notre disposition un grand bâtiment avec des dépôts et nous l’avons aménagé en centre d’entraide pour réfugiés. C’est là que nous sommes entrés en contact avec la Mission chrétienne pour les pays de l’Est, qui nous procure gratuitement aliments, vêtements, chaussures et lingerie.

Nous sommes pleinement occupés par la distribution au centre, la livraison hebdomadaire dans la zone de guerre et l’encadrement des réfugiés. De plus en plus, ils ne viennent pas seulement chez nous pour le matériel d’entraide, mais cherchent aussi des entretiens et un échange spirituel. Beaucoup nous ont demandé des bibles et un enseignement biblique. Jusque-là, je n’avais encore jamais vu des habitants autant à l’écoute de la Parole divine. Dieu s’occupe des hommes, même quand ils perdent tout. C’est pour moi un grand encouragement. L’indigence est grande Depuis les attaques contre Marioupol et d’autres régions d’Ukraine de l’Est, le nombre de réfugiés arrivant dans notre ville a de nouveau augmenté. Une dizaine de milliers sont arrivés pendant les premières semaines de février. Chaque jour, plus de 200 personnes viennent au centre pour y obtenir aliments, articles de toilette, vêtements, chaussures et encadrement spirituel.

La guerre laisse derrière elle des traces de dévastation.

Pour redonner courage et offrir une nouvelle vie aux réfugiés angoissés, bouleversés, blessés et démunis, Dieu a besoin de tous, de nous ici sur les lieux et de vous en Suisse. Un grand merci pour votre aide, votre compassion et vos prières ! Tatiana Soulima

VOUS POUVEZ AIDER : La Mission chrétienne pour les pays de l’Est soutient l’aide aux réfugiés à Saporochie. Nous offrons mensuellement 10 tonnes d’aliments, articles de toilette, vêtements, lingerie et chaussures au centre d’entraide. Un paquet d’entraide contenant aliments et articles de toilettes pour une famille de réfugiés pour un mois coûte CHF 50.–. Tatiana Soulima (à droite) et son équipe amènent du matériel d’entraide chez les indigents dans la région en guerre.

Merci pour chaque don !


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QUI SUIS-JE... ? Faire des cadeaux en tricotant Cette voix jeune m’a déjà frappée au téléphone. Lors de notre rencontre, je vois une femme d’un certain âge vive et joyeuse. Käthi Wolf (94 ans) a grandi à Berne. Plus tard, elle s’est installée à Bâle et vit aujourd’hui dans cette région. Parfois, on l’invite dans des écoles et elle parle encore aujourd’hui volontiers pendant les cours d’histoire de sa vie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Käthi Wolf adore jouer sur son piano à queue – surtout du Beethoven et du Bach. Je peux également écouter son merveilleux jeu – et je suis très impressionnée. Le soir, elle se réserve souvent un moment pour tricoter. Depuis 2009, elle a confectionné des centaines de bonnets en laine. Ils sont ajoutés aux paquets lors de l’Action paquets de Noël et pendant l’année aux sacs de la collecte de vêtements. Käthi Wolf reçoit souvent la laine, parfois, elle l’achète elle-même. C’est pour elle une grande joie et une satisfaction d’aider d’autres ayant moins de chance. Sa devise : partager ce qu’elle a reçu ! Nous remercions de tout cœur Käthi Wolf et toutes les autres personnes nous offrant des articles tricotés pendant toute l’année ! Les habitants d’Europe de l’Est sont reconnaissants pour les chaussettes, gants, écharpes et bonnets donnant bien chaud. Barbara Inäbnit responsable de la collecte de vêtements

LES TROIS PILIERS DE LA MCE ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes

CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité

PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants


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