518 | JUILLET 15
Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est
NÉPAL : MARCHANDS D’ÊTRES HUMAINS SANS SCRUPULE Personnel V. Samocrainii | Népal Des marchands d’êtres humains exploitent la misère | Moldavie Ne jamais renoncer à son rêve | Qui sommes-nous…? E. et D. Geissbühler
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visionest ostvisionjuillet 2015
editorial
visionest
Pourquoi ?
Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)
Chers Amis de la mission,
N° 518 : Juillet 2015 Abonnement annuel : CHF 15.–
Lorsque s’est répandue la nouvelle des tremblements de terre qui ont dévasté le Népal les 25 avril et 12 mai, de nombreuses personnes se sont demandé « pourquoi ? ». Le Népal n’est-il pas déjà assez pauvre pour ne pas avoir à gérer encore une telle catastrophe naturelle ? Combien de souffrance les personnes pourront-elles encore supporter ? Lorsque les médias ont indiqué dans les jours suivants que des trafiquants d’êtres humains sans scrupules attiraient maintenant de manière ciblée des jeunes hommes et femmes avec de fausses offres de travail intéressantes, uniquement pour les pousser dans l’esclavage, j’avais de nouveau cette question « pourquoi ? ».
Instinctivement, j’ai pensé au livre de Job. Chaque fois que je le lis, je me demande « pourquoi ? ». Pourquoi rajoute-on des fardeaux à ceux qui ont déjà si peu ?
Rédaction : Georges Dubi Adresse : Téléphone : Fax : E-mail : Internet :
MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE 021 626 47 91 031 839 63 44 mail@ostmission.ch www.ostmission.ch
Compte postal :
Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0
Nous, de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est, restons aussi fidèles au Népal. Nous y continuons notre travail et apportons notre contribution pour la reconstruction.
Compte bancaire :
Spar + Leihkasse Münsingen 16 0.264.720.06
Nous vous remercions de tout cœur pour votre soutien varié par la prière, vos dons et votre aide efficace.
Tous les cantons admettent la défalc ation des dons. Renseignements au secrétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts similaires.
Au-delà de toutes les questions, une chose est sûre : Dieu est fidèle ! Aussi auprès des siens au Népal.
Ces personnes, sont-elles tombées si bas qu’elles n’ont plus de scrupule d’exploiter ceux qui ont déjà tout perdu et de s’enri- Dr Christian Bock chir sans honte par le peu qui leur reste ? membre du Conseil de fondation
Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud
Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photographiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Stephan Schär Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Leutwil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Christian Bock, Seedorf Thomas Haller, Langenthal Jürg Maurer, pasteur, Hirschthal
Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d‘honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.
personnel
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Vladimir Samocrainii DES PERSONNES partagent notre chemin
Je m’appelle Vladimir. J’ai 31 ans et suis l’aîné de six frères et sœurs. J’ai passé mon enfance dans un village ordinaire où j’allais aussi à l’école et travaillais à côté dans les champs. Dans les années 90, mes parents ont perdu leur emploi et ne pouvaient presque plus subvenir aux besoins de notre famille. En tant qu’aîné, je devais m’occuper de mes frères et sœurs. J’ai pris des responsabilités dans leur éducation, surtout après que ma mère se soit cassé un bras peu après la naissance de mon frère cadet. Je suis littéralement devenu « son bras ». J’ai terminé le gymnase en 1998. Mes parents n’avaient malheureusement pas assez d’argent pour m’offrir des études. Je suis ainsi resté à la maison et aidais un peu partout. A côté, j’étais très actif à l’église et m’engageais lors de manifestations pour les jeunes et dans les colonies de vacances. Un stagiaire hollandais est venu dans notre église en 2003. Il enseignait l’anglais et menait un projet agricole dans notre village. Je l’ai secondé pendant deux ans dans ce projet.
Lorsque nous nous sommes installés à Tintareni, le stagiaire m’a également invité à m’engager. J’ai ainsi commencé le travail auprès des jeunes. Plus tard, j’ai aidé dans le centre de jour pour enfants de familles pauvres. J’ai donc lentement grandi dans le travail que je poursuis aujourd’hui avec enthousiasme. J’encadre des familles accueillant des enfants de foyers. Ce travail est un grand défi et je suis très reconnaissant que Dieu me donne toujours les capacités nécessaires. A côté de mon travail, j’étudie le travail social et la psychologie à l’université de Chisinau. Je terminerai mes études cette année. Je suis marié et père d’un fils de deux ans. Notre deuxième enfant viendra au monde en juillet. Nous nous réjouissons beaucoup.
J’ai donc grandi dans le travail que je poursuis aujourd’hui avec enthousiasme.
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SITUATION D’URGENCE NÉPAL
DES MARCHANDS D’ÊTRES HUMAINS EXPLOITENT SANS SCRUPULE LA MISÈRE Le tremblement de terre d’avril a causé d’énormes dégâts et des souffrances inimaginables. Pendant que les aides s’engagent dans la reconstruction, les marchands d’êtres humains profitent à leur manière de la situation. Georges Dubi responsable de la mission
Les suites du séisme sont dramatiques : le gouvernement népalais évalue le nombre de victimes à plus de 10 000. Plus de 280 000 maisons ont été détruites et 235 000 endommagées. 30 des 75 districts sont touchés. Sans aucun scrupule Les marchands d’êtres humains profitent sans scrupule de la situation. Des femmes et des enfants vivant dans la rue ou dans des abris de fortune sont particulièrement vulnérables. Les trafiquants leur promettent la lune et les font passer la frontière peu surveillée vers l’Inde. Là, les victimes sont forcées à la prostitution ou exploitées comme esclaves. Un fait très grave : de nombreux trafiquants se présentent comme collaborateurs d’organisations d’entraide ! La traite d’êtres humains a une tradition au Népal. Comme la pauvreté règne, que le chômage est élevé et que les femmes ne valent pas beaucoup, les marchands de femmes et d’enfants ont un jeu facile. Un rapport de la Commission népalaise des Droits de l’homme enregistre 29 000 cas de traite d’êtres humains ou de tentatives en 2013. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est travaille depuis de nombreuses années avec une organisation locale interceptant les victimes aux frontières du pays. Elle réussit régulièrement à identifier et libérer des victimes. Comme la situation est particulièrement précaire en ce moment, l’organisation a
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De nombreux bâtiments de notre organisation partenaire ont été touchés par le séisme.
renforcé sa présence sur les grands axes routiers et aux postes de frontière. Elle a engagé du personnel supplémentaire pour cela. Ce sont en général d’anciennes victimes de trafiquants qui effectuent ce service particulièrement pénible. 10 000 francs pour sauver des vies Les contrôles renforcés préservent beaucoup de femmes et d’enfants d’un atroce destin. Le personnel supplémentaire a été engagé par l’organisation malgré des fonds non assurés et des problèmes financiers existants déjà avant le séisme. Ces difficultés se sont encore aggravées par le tremblement de terre : le centre de formation de l’organisation a été complètement détruit. Cette année, les frais pour les contrôles supplémentaires de personnes sont de 10 000 francs. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a promis de les couvrir.
L’économie népalaise L’économie népalaise est portée par l’agriculture et l’élevage de bétail. 93 pour cent de la population en vit. Le Népal, pays intérieur montagneux, ne possède pas l’infrastructure nécessaire pour une industrie rentable. 60 pour cent seulement de la surface sont habitables et seulement 17 pour cent utilisables pour l’agriculture. Le tourisme est la source de devises la plus importante du pays, mais il s’est écroulé après le séisme. Les ressources minières n’ont pas été exploitées jusque-là. Avec un produit intérieur brut de 1500 dollars US par habitant, le Népal fait partie des plus pauvres pays au monde.
Grâce aux contrôles supplémentaires des axes routiers et des postes frontaliers, de nombreuses femmes et enfants sont sauvés des trafiquants d’êtres humains et préservés d’une vie dans la prostitution ou l’esclavage. Pour atteindre ce but,
10 000 francs
seront nécessaires jusqu’à la fin de l’année. Aiderez-vous également ? Merci de tout cœur.
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visionest
CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité
NE JAMAIS RENONCER À SON RÊVE MOLDAVIE Beatrice Käufeler responsable du projet
Le rêve d’Ilie se réalise – il peut rester dans la famille B.
Venant d’une famille ébranlée, Ilie est placé dans un foyer d’enfants. Lorsque celui-ci est fermé, il aboutit chez sa sœur – et est de nouveau délaissé. Dans toute sa misère, Ilie s’agrippe à son rêve : il aimerait définitivement vivre dans la famille qui l’avait auparavant accueilli pendant les vacances. Lorsqu’Ilie a été placé à l’âge de sept ans dans le foyer d’enfants de Drochia, c’était une amélioration pour lui. Laissé à lui-même dans sa
famille, il avait à peine de quoi manger, passait parfois la nuit enchaîné dans la niche du chien. Mais le foyer d’enfants a été fermé en 2013. Ilie a alors passé trois mois dans un foyer transitoire et a ensuite été placé chez sa sœur vivant dans des circonstances précaires. Ilie aurait préféré de loin aller dans la famille qui l’avait plusieurs fois hébergé pendant les vacances et où il avait pour la première fois ressenti sécurité et amour. La famille B. voulait adopter le garçon, mais les autorités l’ont clairement refusé. Mais Dieu est intervenu – au moment où il n’y avait plus d’espoir.
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La famille B. raconte : « Ilie passait ses vacances chez nous et il a vraiment gagné notre cœur. Il s’ouvrait de plus en plus et notre contact s’est intensifié. Nous souhaitions qu’il puisse rester chez nous pour toujours. Ce n’était naturellement pas toujours simple. Il était marqué par les conditions difficiles dans sa famille d’origine et par l’orphelinat. Il avait parfois des réactions de dépit et nous défiait. Mais nous avons compris qu’il voulait voir si nous l’aimions vraiment. Il voulait être tout à fait sûr de notre amour.
Nous attendions une intervention divine. Lorsque nous avons appris qu’il devrait vivre chez sa sœur, nous avons tout fait pour l’empêcher. Nous savions que ce n’était pas un bon endroit pour Ilie. Mais l’assistance sociale ne nous écoutait pas. Nous avons cherché de l’aide à la mission. Elle organise des placements dans des familles et nous a encadrés durant de nombreuses années. En plus, nous avons demandé aux membres de l’église et à des amis d’inclure Ilie dans leurs prières. Nous attendions une intervention divine. C’était difficile, car nous savions qu’Ilie allait mal, qu’il devait gagner de l’argent pour sa sœur et n’allait donc pas à l’école. Parfois, il ne recevait même pas à manger. L’assistance sociale ne s’occupait pas de lui. Lorsque nous n’avions presque plus d’espoir, Dieu a donné la solution. Nous sommes infiniment reconnaissants. Après une année et demie, Ilie a eu le courage de s’enfuir et de s’adresser à la police. Il ne voulait plus retourner chez sa sœur, mais vivre chez nous. Les services sociaux nous ont ainsi demandé si nous voulions l’accueillir chez nous. Nous avons tout de suite dit oui. Nous attendions ce moment depuis si longtemps ! Nous sommes allés chercher Ilie aussi rapidement que possible. Notre nouvelle rencontre a été très touchante. Nous nous sommes embrassés, em-
plis de la joie d’être enfin réunis. Ilie a grandement besoin de nous. Il a lutté pour pouvoir vivre chez nous. Nous prions Dieu de nous donner tout ce dont nous avons besoin pour accompagner Ilie dans sa vie. Dieu a choisi notre famille pour Ilie. Nous sommes conscients de notre grande responsabilité. Mais il est également une grande bénédiction pour nous. Cette histoire nous montre qu’il ne faut jamais renoncer à ses rêves. Dieu intervient quand nous sommes fidèles et proches de Lui. » Ilie et la famille B. sont heureux. La douloureuse attente a valu la peine, le rêve s’est réa lisé. Ilie peut maintenant rester dans sa famille aimée. Plus rien ne peut les séparer. Nous avons atteint le but de nos placements : des enfants de foyers peuvent définitivement rester dans leur famille de vacances. Nous remercions de tout cœur toutes les personnes ayant inclus Ilie dans leurs prières.
Ilie a passé plusieurs fois ses vacances dans la famille B.
visionest personnel
QUI SOMMES-NOUS… ? Cherchons chauffeurs bénévoles – cette petite annonce figurait dans une annexe de visionest en 2007. En tant que retraité, je suis depuis souvent en route vers les points de collecte, en général avec mon épouse Esther. Nous sommes souvent étonnés de voir avec quel zèle les vêtements sont collectés, contrôlés, triés et comment les vêtements et chaussures dans un état impeccable sont préparés pour le transport. C’est l’amour du prochain mis en pratique, on le ressent partout à la Mission chrétienne pour les pays de l’Est à Worb. Nous nous réjouissons d’être un petit maillon d’une grande chaîne et, tout particulièrement, d’aider par la Mission chrétienne pour les pays de l’Est à répandre le message de Jésus, la Lumière du monde, dans de nombreuses situations sombres et désespérées. Esther et Daniel Geissbühler
LES TROIS PILIERS DE LA MCE
ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité
PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants