510 | NOV 2014
Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est
Aide d’hiver Atténuer l'indigence et offrir de l'espoir | Ukraine Nous avons tout perdu Moldavie Point essentiel Asie centrale | Afghanistan Mariée à l'âge de 13 ans
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visionest ostvisionnovembre 2014
editorial
visionest
Exercez le droit et la justice ; délivrez celui que l’on exploite de l’oppresseur ! Jérémie 22 : 3a
Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)
N° 510 : Novembre 2014 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi
Quelle est la valeur d’une personne ? L’esclavage existe encore – aussi au 21ème siècle ! 27 millions de personnes sont concernées dans le monde. La plupart d’entre elles sont forcées à accomplir des travaux d’esclave, à mendier ou à se prostituer. Beaucoup parmi elles sont vendues comme du bétail – parfois pour quelques francs ! Quelle est la valeur d’une personne ? Quelle est son identité ? Ce sont des questions qui demandent une réponse. Dans la Bible, nous lisons que Dieu nous a créés à son image, en son honneur. Il a accordé aux êtres humains la plus grande dignité. Tous les trésors de la terre sont insuffisants pour compenser la valeur d’une seule personne. Et voilà ce qui est le plus magnifique : rien et personne ne peut nous prendre cette dignité ! Même pas les personnes qui piétinent notre dignité. La dignité d’une personne est inviolable. Cette vérité doit être le fondement de notre vie, notre identité et nos actions. Dieu nous appelle à nous engager pour des personnes dont la dignité est piétinée. C’est un privilège ! Nous sommes appelés, car nous sommes précieux et que
Dieu nous en donne le pouvoir ! Quand nous suivons cet appel, nous pourrons, avec l’aide de Dieu, accomplir de grandes choses. Les victimes n’ont pas de voix, mais elles attendent la libération et la délivrance. Depuis de nombreuses années, la Mission chrétienne pour les pays de l’Est s’engage pour des personnes menacées et exploitées en Europe de l’Est et en Asie. En collaboration avec des organisations locales, nous avons durant ces dernières années libéré de nombreuses victimes de leur situation de contrainte et protégé des personnes menacées de l’exploitation. Des milliers de personnes ont été accompagnées dans leur processus de réhabilitation et, grâce à des programmes de réinsertion professionnelle, ont pu reprendre pied dans la vie. Aujourd’hui, elles peuvent vivre dans la dignité et avec des perspectives d’avenir.
Adresse : Téléphone : Fax : E-mail : Internet :
MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE 021 626 47 91 031 839 63 44 mail@ostmission.ch www.ostmission.ch
Compte postal :
Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0
Compte bancaire :
Spar + Leihkasse Münsingen 16 0.264.720.06
Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défalc ation des dons. Renseignements au secrétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts similaires.
Sources d’images : MCE, Hagar Int. Sans mention, les personnes photographiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités.
Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli Publikationen AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore.
Beatrice Käufeler responsable de projets traite de femmes et d’enfants
Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Günther Baumann Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Leutwil, vice-président Christian Bock, Seedorf Thomas Haller, Langenthal Jürg Maurer, pasteur, Hirschthal
personnel
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Peter Kulcsar DES PERSONNES partagent notre chemin
Je me nomme Peter Kulcsar et suis né en 1986 à Oradea en Roumanie. Je suis rempli de gratitude d’avoir pu grandir dans une famille chrétienne. La foi en Dieu a germé dans mon cœur déjà dans ma tendre enfance. A l’âge de 14 ans, au cours d’une colonie d’été, j’ai décidé de mener mon existence avec JésusChrist. Cette décision a transformé ma vie et m’a donné joie et paix. Je me sens guidé, épaulé et protégé dans la foi. Après le gymnase, j’ai étudié à l’université Emanuel d’Oradea et j’ai obtenu un master en gestion d’entreprise. J’ai ensuite commencé mon travail chez ROMCOM, l’organisation pour la promotion des petites entreprises en Roumanie fondée par la Mission chrétienne pour les pays de l’Est. Je m’occupe de projets de formations et consultations. J’ai énormément appris dans la pratique. La collaboration avec nos partenaires suisses a très positivement influencé mon évolution de manager et conseiller. J’ai découvert des principes essentiels de vie et beaucoup appris sur le sujet de l’éthique commerciale.
« Représenter Jésus-Christ dans le monde commercial en tant que spécialiste hautement qualifié. » De nombreux clients apprécient les connaissances et valeurs roumaines et suisses que nous leur transmettons dans nos séminaires. Ils apprennent que l’éthique et les valeurs
sont une base solide pour mener une entreprise et leur procurent un avantage concurrentiel. Ma vision : j’aimerais représenter Jésus-Christ dans le monde commercial en tant que spécialiste hautement qualifié. J’aimerais également accompagner des personnes dans leur foi et montrer aux autres comment trouver Dieu. Il y a plus de dix ans, j’ai été appelé à travailler auprès des jeunes. Je suis moniteur du groupe de jeunes local et m’engage activement dans l’association des jeunes de l’Union roumaine baptiste. Dans des colonies d’été, des conférences et des concerts, nous voyons comment Dieu agit. Cette année, plus de 1500 jeunes des églises les plus diverses sont venus à la Conférence annuelle des jeunes. C’est notre rêve et notre but de faire partie de l’éveil ici en Roumanie. Cette année, j’ai pu accepter un nouveau défi. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a remis Comunia, son domaine de travail missionnaire et humanitaire, en mains roumaines et s’est retirée du comité. Elle soutient encore Comunia financièrement, mais le but est de trouver à l’avenir les moyens financiers ici en Roumanie. J’ai été élu président de Comunia, ce que je ressens comme un grand privilège et une chance. L’engagement de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est en Roumanie est un plein succès et une grande bénédiction. Les nombreuses activités missionnaires et le grand travail de promotion des petites entreprises ont laissé des traces durables.
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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
ATTÉNUER L’INDIGENCE ET OFFRIR DE L’ESPOIR
IGENT D N I R P OU
S EN E
L’EST E D E U ROP
De nombreux habitants d’Europe de l’Est craignent l’hiver glacial.
Ruth Thomann responsable du projet
La situation économique et politique en Europe de l’Est s’est de plus en plus détériorée au cours des derniers mois, elle devient une véritable menace pour les habitants. Particulièrement des retraités isolés, des invalides et des mères célibataires craignent encore plus que d’habitude la saison froide.
L’aide pour l’hiver de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est n’a encore jamais été si nécessaire dans ces temps incertains. C’est une aide matérielle extrêmement appréciée et également un grand soutien spirituel. Comme chaque année, l’entraide contient des paquets alimentaires et du charbon pour le chauffage. Le matériel d’entraide est acheté sur les lieux et distribué en collaboration avec nos partenaires locaux.
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Natalia et son mari Nikolaï vivent avec leurs deux enfants Igor (12 ans) et Kristina (8 ans) dans un village au nord de la Moldavie. Natalia : « Mon mari a le seul emploi dans notre village. Il garde du bétail. Pour cela, il reçoit quelque 70 francs par mois. Nous n’avons tout simplement pas réussi à trouver du travail à l’étranger. Nous ne savions pas où et chez qui aller. Et je n’ai personne qui se serait occupé de nos enfants. Nous avons une vache, elle donne quelques litres de lait par jour. Je peux en faire du fromage blanc. C’est le seul luxe que mes enfants connaissent. J’ai souvent dit à mon mari que nous n’avions plus aucune chance. Personne au monde n’a besoin de nous.
Lorsqu’un jour, des gens de la mission se sont trouvés devant notre porte, je n’ai d’abord vu que le paquet alimentaire. Je ne pouvais y croire : ce n’était encore jamais arrivé que quelqu’un vienne chez nous avec une telle aide ! J’ai tout de suite calculé et constaté que des repas chauds pour nos enfants étaient assurés pour deux mois. Je n’ai pu alors que pleurer. Dans notre situation désespérée et dans ma peur face à l’hiver, des inconnus de Suisse ont pensé à nous ! Vassili de la mission nous a dit que nous recevrions également du combustible vers la fin de l’automne. Dieu ne nous a pas oubliés !
« Grâce à vous, nous avons retrouvé la confiance et le courage pour affronter les jours qui viennent ! » Un grand merci à toutes les personnes qui nous soutiennent si richement. Grâce à vous, nous avons retrouvé la confiance et le courage pour affronter les jours qui viennent ! »
Kolia, 3 ans, vit à la campagne avec sa mère Marina et ses deux frères et sœurs aînés. Marina, la mère, ne peut pas travailler. La famille vit avec une rente minimale d’une trentaine de francs suisses. Grâce au charbon offert, ils auront chaud pendant l’hiver.
Frais pour aliments • pour familles • pour retraités isolés
CHF 120.– CHF 45.–
Frais pour charbon 1 tonne pour familles et retraités seuls
CHF 270.–
Un grand merci pour tous vos dons !
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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
« NOUS AVONS TOUT PERDU ! » UKRAINE
Ruth Thomann responsable du projet
Jusqu’à présent, plus de 250’000 habitants se sont enfuis face à la guerre en Ukraine de l’Est. Beaucoup sont partis en Russie, d’autres dans les régions d’Ukraine non directement touchées par les conflits. Une valise avec le strict nécessaire est tout ce qu’ils ont pu emporter. La ville de Saporochie se situe à une centaine de kilomètres à l’ouest de la région en crise de Donetsk. Jusqu’à 300 réfugiés y arrivent chaque jour. Les autorités de la ville sont complètement dépassées. Elles ont mis des bâtiments à disposition, par exemple dans des anciens foyers d’étudiants ou des écoles inutilisées. Mais ils sont bondés depuis longtemps. De nombreuses familles accueillent des réfugiés directement chez elles dans leurs appartements pourtant déjà exigus.
Les églises chrétiennes sur place aident par tous leurs moyens. Elles mettent à disposition des bâtiments d’habitude utilisés pour les colonies d’enfants. Elles ont fondé une société pour l’approvisionnement des personnes restées dans la zone en guerre. Le « Centre d’entraide de la ville » – nom de cette société – est déjà très connu. Ils distribuent des paquets alimentaires, des pommes de terre, des articles de toilette et des vêtements. Des démunis font quotidiennement la queue. Echapper au danger Natacha, 35 ans, s’est enfuie il y a quelques semaines avec son mari et leurs deux enfants. Elle raconte : « Nous sommes arrivés plutôt par hasard à Saporochie, nous ne connaissons personne ici. Des connaissances voulaient venir ici parce que c’est relativement près de notre patrie. Notre maison a été dé-
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tion ne peut pas nous aider en ce moment, car leurs réserves sont épuisées. Mais des fonctionnaires m’ont donné l’adresse du ‹ Centre d’entraide de la ville ›. J’y ai obtenu bien plus que je n’osais l’espérer : un gros paquet alimentaire et de la nourriture pour enfants pour ma cadette. Au centre, Tatiana a pris le temps de parler avec moi. Elle m’a donné tellement de courage. Elle nous a même rendu visite dans notre logement provisoire. Je suis tout simplement reconnaissante et comblée ! J’aimerais transmettre notre gratitude et nos salutations cordiales à tous ces inconnus qui permettent que nous soyons si bien accueillis, ravitaillés et encadrés dans cette ville étrangère ! »
La Mission chrétienne pour les pays de l’Est soutient le travail du « Centre d’entraide de la ville » chaque mois par 12 tonnes d’aliments, pommes de terre, vêtements et chaussures. Les dégâts en Ukraine de l’Est sont énormes.
« J’y ai obtenu bien plus que je n’osais l’espérer. »
truite, nous ne pouvons pas y passer l’hiver. Je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose nous arriverait en Ukraine. Mon mari avait un bon emploi et je travaillais également à temps partiel. Nous avions tout le nécessaire, nous pouvions même nous offrir d’autres choses. Nous avons maintenant tout perdu en très peu de temps : nos emplois, notre maison, tous nos biens. Plusieurs proches sont décédés suite à la guerre. Nous ne voulions plus exposer nos enfants à ces dangers. C’était un cauchemar ! Abri chez des étrangers Une famille étrangère nous a accueillis à Saporochie. Ils ont personnellement à peine de quoi vivre et ont tout de même mis une petite chambre à notre disposition. Mais ils ne peuvent pas nous nourrir. Nous avons appris que le bureau municipal pour la migra-
Les logements provisoires dans d’anciens foyers d’étudiants sont exigus et peu appropriés pour l’hiver. Ils n’ont souvent pas de chauffage.
L’équipe du « Centre d’entraide de la ville » est formée de membres d’églises chrétiennes de la ville de Saporochie.
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CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité
MOLDAVIE
POINT ESSENTIEL ASIE CENTRALE
Gallus Tannheimer responsable du projet
L’université Divitia Gratiae (UDG) forme des pasteurs, des assistants sociaux, des guides spirituels et depuis peu également des entrepreneurs. De nombreux étudiants viennent d’Asie centrale et font un travail bénéfique dans leur patrie après leur formation. Mihai Malancea, recteur de l’université, nous renseigne sur sa mission et les défis.
Mihai Malancea, recteur de l’université Divitia Gratiae à Chisinau, Moldavie
Qu’est-ce qui vous préoccupe en ce moment à l’université ? Nous voulons développer les quatre branches de notre formation, mais nos locaux sont très exigus. Nous construisons donc un centre de recherche. Nous avons constaté que nous devons faire plus de recherches et de publications pour agrandir notre université.
L’université s’engage fortement en Asie centrale. Quelle y était la situation de l’Eglise dans le passé ? Il n’existe presque pas de publications chrétiennes sur l’histoire de la région. Nous voyons là notre mission scientifique. Nous savons qu’il y avait une Eglise puissante du 3e siècle jusqu’au début du 15e. Mais nous ne savons pas qui a fondé et construit ces églises. Mais elles étaient là. Ces églises avaient une structure intéressante basée sur la croissance. Quelle est la situation actuelle des chrétiens en Asie centrale ? Nous voyons régulièrement que des chrétiens sont persécutés en Asie centrale. Nous constatons un parallèle avec le Nouveau Testament. L’Eglise était également persécutée à l’époque. Mais les rapports d’Asie centrale
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nous montrent : la persécution n’était et n’est pas un obstacle pour l’évolution de l’Eglise, mais pour ainsi dire le modèle pour propager le Message de Jésus. Je rencontre de nombreuses personnes d’Asie centrale. Quand je leur demande des sujets de prière, elles ne disent effectivement jamais : « Priez pour que la persécution cesse. » Mais ? « Priez pour que Dieu nous fortifie dans la persécution. » C’est ça le secret. Qu’en est-il de la reconnaissance des églises en Asie centrale ? Nous devons nous engager pour la reconnaissance des églises en Asie centrale. Notre but est qu’elles soient reconnues publiquement sur le plan national. Cela demande l’engagement des chrétiens du monde entier. Les autorités en Asie centrale refusent de reconnaître les églises comme personnes juridiques, bien que cela soit garanti par la constitution. Car elles disent : un musulman ne peut pas devenir chrétien. Quand quelqu’un tente de faire enregistrer une église, il est confronté à des obstacles bureaucratiques infranchissables. Pourquoi est-ce si important que les églises soient reconnues ? L’histoire nous montre : quand les églises et les organisations ne sont pas reconnues, elles disparaissent. Quels sont vos défis actuels ? En tant que collaborateur et directeur de l’université, je suis en plein travail sur tous les plans. Il me reste souvent que peu de temps pour me perfectionner, faire des recherches et écrire. Nous enseignants sommes très occupés par des voyages et des conférences. A côté, nous avons besoin de plus de fonds pour développer l’université, particulièrement pour un projet de construction. Nous avons grandement besoin de plus de chambres pour les étudiants. Déjà aujourd’hui, la place sur notre terrain est très exiguë et nous pouvons utiliser nos logements que grâce à une
autorisation spéciale. Nous aimerions donc construire un foyer d’étudiants. Mais le financement n’est pas encore assuré. Comment voyez-vous l’avenir en tant que directeur de l’université ? Nous voulons former la jeune génération, agrandir le centre de recherches et également offrir des formations secondaires. Nous constatons par exemple dans le domaine de la promotion des petites entreprises que la propagation de l’Evangile a lieu de diverses manières. Des entrepreneurs chrétiens peuvent créer des emplois pour des chômeurs. C’est fascinant de voir cette combinaison entre la théologie et la promotion commerciale. Nous sommes surtout reconnaissants pour l’aide des Amis de la mission en Suisse qui permet la collaboration de longue date avec la Mission chrétienne pour les pays de l’Est. Cela nous soutient dans divers défis et nous aide à apporter la Bonne Nouvelle particulièrement aux musulmans d’Asie centrale. Merci de tout cœur !
Les étudiants suivent une formation pour le service dans leurs patries.
« Priez pour que Dieu nous fortifie dans la persécution. »
Le nouveau centre de recherches en construction.
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PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants
SHAIDA AFGHANISTAN A ÉTÉ MARIÉE À L’ÂGE DE 13 ANS Georges Dubi responsable de la mission
Même quand des victimes de la traite d’êtres humains peuvent s’enfuir ou sont libérées, tout n’est pas encore en ordre. Les blessures intérieures et extérieures ne guérissent que lentement avec l’aide de spécialistes. Soutenir les victimes sur leur chemin du retour dans la vie est un élément important dans la lutte menée par la Mission chrétienne pour les pays de l’Est contre la traite de femmes et d’enfants. De nombreuses filles afghanes sont déjà mariées dans leur enfance. La suite est en général un mari extrêmement brutal. Dès ce moment, leur vie est marquée par la violence et l’oppression de la part de leur mari et également de sa famille. Si quelques-unes ont réussi à s’enfuir, elles ne sont pourtant pas encore sauvées. Shaida n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres. Mais contrairement à ses compagnes d’infortune, elle a réussi à se libérer. Elle vit maintenant dans la maison protectrice de notre organisation partenaire à Kaboul. Elle raconte : « Lorsque j’avais 13 ans, mon père m’a ordonné d’épouser un homme de 45 ans. Je n’étais pas du tout d’accord, mais toute résistance était vaine. Mon futur mari offrait un bon prix à ma famille.
Les filles et les femmes ont une triste vie en Afghanistan.
Le mariage a été terrible, si terrible que j’ai décidé de rentrer à la maison après une an-
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née. Lorsque j’y suis arrivée, mon père enragé était hors de lui. Il m’a houspillée, m’a fortement battue et m’a demandé de retourner tout de suite chez mon mari. Mais les mauvais traitements de mon père étaient moins graves que ce que me faisaient subir mon mari et sa famille. Lorsque mon père a compris que je ne retournerais pas vers mon mari, il a commencé à creuser un grand trou dans le jardin. Ce n’est que lorsqu’il m’a ordonné d’entrer dans ce trou que j’ai compris son plan : Il voulait m’enterrer vivante ! Il m’a jetée dans le trou et a commencé à le fermer. Je criais aussi fort que je pouvais. Un voisin m’a entendue et est venu à l’aide. Il a finalement pu empêcher mon père de poursuivre son idée jusqu’au bout. J’ai compris que non seulement mon mari voulait me tuer, mais aussi mon père. J’ai pu m’enfuir et j’ai trouvé un abri dans un foyer pour animaux. Là, j’étais en sécurité contre les attaques des deux hommes et de leurs familles. Ces horribles souvenirs me traumatisaient jour et nuit. J’avais de profondes dépressions et des cauchemars. Quand je me réveillais la nuit, je sentais un goût de terre dans ma bouche. Le souvenir de ce trou dans lequel mon père voulait m’enterrer me hantait.
collaboratrices de la mission me soutiennent et je sens que je vais de mieux en mieux. En ce qui concerne mon avenir, j’aimerais devenir esthéticienne. Je suis une formation à la mission. Le matin, je suis toujours la première dans la classe. Je me réjouis d’apprendre à lire et à écrire.
« J’ai pour la première fois de l’espoir pour mon avenir. » Mon passé reste pesant et je ne suis pas encore guérie de mes problèmes psychiques. Mais je ressens quelque chose que je n’ai encore jamais connu et senti : de l’espoir pour mon avenir ! » *Nom fictif pour des raisons de sécurité
« Il voulait m’enterrer vivante ! » Je me suis adressée à la police pour porter plainte, mais mon histoire ne les intéressait pas. J’avais grandement besoin d’aide. J’ai ainsi décidé d’aller à Kaboul. Là, je suis finalement arrivée dans la maison protectrice de la mission. Je suis très reconnaissante de pouvoir y vivre aujourd’hui. Je lutte encore contre mes dépressions, suis en colère et j’ai également des problèmes de santé. Mais les
De nombreuses filles ont l’interdiction d’aller à l’école.
visionest personnel
QUI SUIS-JE... ? Lors de ma retraite au début de l’an 2000, Hans-Jörg Denzler, à l’époque également responsable des transports à la MCE, m’a demandé si j’avais de l’intérêt à m’engager comme chauffeur en Suisse. J’ai volontiers accepté ; dans mon métier, j’étais souvent actif dans de nombreuses parties de la Suisse et je me réjouissais donc de pouvoir à nouveau parcourir les routes. En outre, j’ai apprécié de m’investir pour une bonne cause chrétienne. Lors des nombreux transports, j’ai fait la connaissance de beaucoup de personnes intéressantes s’engageant pleinement dans le domaine des vêtements pour les indigents des pays de l’Est. Depuis un certain temps, nous faisons en général les transports à deux, ce qui est une grande aide, tant pour charger et décharger que sur la route. Nous avons souvent des discussions intéressantes pendant les trajets. J’espère pouvoir faire encore quelque temps cette activité sensée et enrichissante, mais je suis également content de ne plus rouler chaque semaine, car nous sommes aujourd’hui davantage de chauffeurs qu’à mes débuts. J’habite avec mon épouse Maja, qui participe à l’Action paquets de Noël, à Boll, donc presque sur le seuil de la MCE. Nous sommes membres de l’église nationale et nous chantons dans le chœur de l’église de Vechigen. Peter Siegenthaler
LA DIGNITÉ DE L’ÊTRE HUMAIN EST IMMUABLE.
LES TROIS PILIERS DE LA MCE ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité
PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants