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Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est
Aide d’hiver La peur de l’hiver n’a jamais été si grande | Moldavie L’aide immédiate libère de nouvelles forces | Traite de femmes et d’enfants D’un pays à l’autre
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visionest ostvisionnovembre 2015
editorial
visionest
Elle toucha le bord du vêtement de Jésus. Luc 8 : 44
Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)
N° 522 : Novembre 2015 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi
Chers Amis de la mission, Dans les évangiles, nous lisons le récit d’une femme, qui a souffert durant douze ans de saignements ; les saignements menstruels ne s’arrêtaient pas. Ceci la rendait impure dans la société judaïque. La rencontre avec elle est un événement bref dans la vie de Jésus, elle a peut-être duré une minute – néanmoins, trois évangélistes nous la rapportent. Essayons de nous mettre à la place de cette femme. Imaginons-nous comment ses voisins contournent sa maison. Rien d’elle ne doit être touché ! Et ensuite, ses voisins vont au temple, ensemble, en discutant, et elle ne peut pas aller avec eux. Elle ne peut pas présenter de sacrifice d’expiation. Elle ne peut pas se faire de nouvelles amies. Elle est exclue de tout, méprisée et stigmatisée. Combien cette femme a dû souffrir – émotionnellement et spirituellement ! Elle avait probablement perdu toute estime d’elle-même. Cette femme nous parle. Actuellement aussi, de nombreuses personnes souffrent de mépris. Leur estime d’elles-mêmes est très mince, car la pauvreté marque leur vie. Elles n’ont pas de travail, ne peuvent pas chauffer leur logement, ni recevoir de visite. A cause de leur pauvreté, leurs enfants sont contraints de se prostituer, comme par exemple en Moldavie. La traite d’êtres humains est effrayante – et la Suisse y participe.
Que pouvons-nous apprendre de cette femme ? Elle entre en contact avec son Sauveur. Les médecins n’ont pas pu l’aider, au contraire : leurs thérapies ont épuisé ses économies. Jésus est son seul espoir ! Elle touche le bord de son vêtement. Jésus peut aider ! Elle le croit ! Ce bref moment est décisif : elle trouve la guérison auprès de Jésus ! Elle fait une expérience de foi personnelle. Elle peut revenir au temple ! Lorsque nous touchons Jésus, nous ne lui transmettons pas notre maladie, mais Il nous offre son amour ! Jésus lui dit : Va en paix. Cette paix, c’est seulement Jésus qui peut la donner. La Mission chrétienne pour les pays de l’Est s’investit pour soutenir des personnes marginalisées et démunies du point de vue matériel et spirituel. Cette édition du magazine VisionEst en témoigne. Merci de votre solidarité et de votre compassion.
Adresse : Téléphone : Fax : E-mail : Internet :
MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE 021 626 47 91 031 839 63 44 mail@ostmission.ch www.ostmission.ch
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Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0
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Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défalc ation des dons. Renseignements au secrétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts similaires.
Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photographiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président
Matthias Schüürmann nouveau membre du Conseil de fondation Pasteur de la paroisse réformée Reitnau–Attelwil-Wiliberg (AG)
Thomas Hurni, pasteur, Leutwil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Christian Bock, Seedorf Thomas Haller, Langenthal Jürg Maurer, pasteur, Hirschthal
Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d’honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.
personnel
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Yulia Ubeyvolk DES PERSONNES partagent notre chemin
Je m’appelle Yulia Ubeyvolk. Je suis née en 1974 à Naltchik dans le Caucase du Nord. Comme d’autres aussi, nous étions une famille russe. Mon père travaillait à l’usine électrique, ma mère était musicienne et pédagogue. Mes parents m’ont transmis quelques principes et valeurs importants qui ont marqué ma vie et formé mon caractère. Lorsque j’avais 17 ans, j’ai décidé de m’engager dans la foi chrétienne. Ma sœur était croyante avant moi et m’a expliqué de nombreuses choses. Je terminais ma formation dans les beaux-arts et cherchais ma vocation. Je voulais suivre Jésus et vouer ma vie à Dieu.
« Déjà pendant mes études, j’ai ressenti le besoin de m’engager en faveur des femmes enceintes. » Je suis allée à l’école biblique à Moscou. Après une année, j’ai poursuivi ma formation à l’université chrétienne de St-Pétersbourg où j’ai obtenu un bachelor en théolo-
gie. A l’université, j’ai fait la connaissance de mon mari, Vladimir. Il était dans sa dernière année d’études. Nous nous sommes mariés et sommes retournés en Moldavie. Déjà pendant mes études, j’ai ressenti le besoin de m’engager en faveur des femmes enceintes. J’ai travaillé à divers endroits, toujours à la recherche d’une possibilité de servir Dieu. J’ai alors découvert mon talent pédagogique et mes capacités pour conseiller d’autres personnes. J’ai perfectionné ma formation dans ces domaines et obtenu un bachelor en psychologie. Au cours de toute cette période, mon désir de créer une œuvre se renforçait de plus en plus. Ainsi motivée, j’ai ouvert en 2009 une maison protectrice pour femmes anciennement exploitées ou victimes de violence. Mon mari est le pasteur d’une église à Chisinau et également gestionnaire de la maison protectrice. Ce fut toujours important pour nous d’avancer ensemble. Notre soutien, notre amour mutuel et notre fidélité à Dieu nous donnent la force de surmonter des phases difficiles, de ne pas abandonner, d’avoir du succès ensemble et de viser d’autres buts. Nous avons une fille de 15 ans. Anna – son nom signifie celle qui soutient et donne de la bonté – nous aide dans le travail auprès des jeunes de notre église. Elle est une grande joie pour nous.
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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
I N DIG E P OU R
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T E L’ES D E P EU RO
LA PEUR DE L’HIVER N’A JAMAIS ÉTÉ SI GRANDE
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Georges Dubi responsable de la mission
Cette année, la récolte a été très mauvaise ou même inexistante dans certaines parties d’Ukraine, de Moldavie et de Biélorussie. Le blé, les pommes de terre et les produits fourragés ont ainsi massivement augmenté. Plus que jamais, les nombreux démunis dans ces pays se demandent : survivrons-nous aux mois d’hiver ? En Europe de l’Est aussi, l’été 2015 a été bien plus sec que d’habitude. Les suites sont dramatiques : dans certaines parties de Moldavie, le maïs ne mesurait que 60 cm. A de nombreux endroits, la récolte était beaucoup plus modeste que d’habitude, à d’autres, il n’y a pas eu de récolte du tout. Les petits agriculteurs manquent maintenant de nourriture pour leur bétail. Des vaches et des porcs doivent être abattus par mesure d’urgence, car ils manquent d’argent pour acheter du fourrage. Des habitants s’approvisionnant eux-mêmes régulièrement dans leurs jardins et leurs champs n’ont plus rien. Les pauvres et les seniors sont désespérés. Comment passeront-ils l’hiver ? Les modestes rentes ne suffisent pas pour acheter des aliments et du charbon ou du bois de chauffage. Beaucoup de ceux qui gagnaient un peu d’argent comme journaliers dans l’agriculture n’ont rien reçu cette année. C’est pratiquement impossible de trouver un emploi dans d’autres secteurs. L’aide d’hiver de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est est donc particulièrement importante cet hiver. Nous avons déjà commencé la distribution de pommes de terre. Maintenant, des retraités, des handicapés et des familles nombreuses ont également besoin d’autres aliments et de combustible. Dans les prochaines semaines, nous aimerions distribuer 80 tonnes d’aliments et 85 tonnes de combustible. Comme d’habitude, nous colla-
Nous achetons le charbon sur place et le distribuons en collaboration avec nos partenaires locaux.
borons avec des assistances sociales, des partenaires de longue date et des églises sur les lieux.
A de nombreux endroits, la récolte était beaucoup plus modeste que d’habitude, à d’autres, il n’y a pas eu de récolte du tout. Pour les habitants abandonnés par l’Etat, l’importance de l’aide d’hiver va bien au-delà de la nourriture et du combustible. L’aide leur montre : il existe des personnes qui pensent à eux et leur apportent le respect que l’Etat leur refuse. Aidez-vous-nous à rendre l’hiver un peu plus supportable aux plus pauvres parmi les pauvres ? Un grand merci pour votre solidarité et votre soutien.
Frais pour aliments
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pour familles
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pour retraités isolés
Frais pour charbon CHF 120.– CHF 45.–
1 tonne pour familles et retraités seuls
CHF 270.–
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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
ALLA Alla K. est âgée de 47 ans et mère de trois enfants. En 2002, lorsque sa fille Maria avait sept ans, elle s’est retrouvée enceinte. La famille vivait dans des conditions très modestes. Le mari d’Alla ne travaillait que partiellement. Alla : « Je me réjouissais à l’idée d’avoir encore un enfant. Mais nous ne pouvions qu’à peine assumer cette charge matérielle supplémentaire. Je ne savais pas comment y arriver. Mon mari m’a accompagnée à l’examen ultrason. Il était comme toujours très calme. Il est aussi resté calme lorsque le médecin nous a dit que j’attendais des jumeaux. J’étais complètement abasourdie, toutes mes pensées tournaient autour de la question : comment arriver à les nourrir ? Lorsque nous sommes rentrés à la maison, mon mari n’a pas dit un mot. Calmement, il a pris quelques affaires et m’a dit qu’il ne serait pas en mesure de nourrir deux enfants supplémentaires, qu’il n’en avait pas la force. Et il est parti. Nous avons déménagé chez ma mère et vivions tous de sa rente mensuelle de 50 francs
suisses. Nous – deux adultes et trois enfants – pouvions tout juste survivre. La vie quotidienne était dure et triste. Dès que j’en ai été capable après la naissance des jumeaux, j’ai pris un emploi journalier. Le travail est très mal payé ; quand ça marche bien, on reçoit 4 ou 5 francs par jour. Parfois, on ne gagne que la moitié ou rien du tout.
La vie quotidienne était dure et triste. En hiver, il n’y a pas de travail pour les journaliers. Nous survivons grâce aux aliments que la mission nous attribue. Marina, ma fille aînée, fait un apprentissage de cuisinière. Elle le terminera l’année prochaine. Cela me donne l’espoir d’un tournant favorable. Si Marina trouve un bon emploi comme cuisinière, notre famille pourra en vivre. Cet hiver, nous avons encore besoin de l’aide de la mission. Merci de tout cœur de ne pas nous abandonner ! Un grand merci aussi pour les vêtements chauds que vous nous avez offerts. Les deux garçons peuvent ainsi aller à l’école. »
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ALEXANDRE Alexandre est un père de famille de 42 ans. Grand travailleur, il faisait tout pour nourrir sa famille. A son domicile, il avait la réputation d’être fiable et sérieux et travaillait comme surveillant à l’école du village. Il possédait un cheval et offrait pendant son temps libre des transports aux habitants du village et de la région. Il y a une année, il était en route vers le moulin, un chauffeur roulant trop vite a percuté sa charrette, il n’avait pas vu le véhicule. Alexandre a été gravement blessé et depuis il ne peut plus faire de travail physique éprouvant. Le cheval est mort. Comme la famille n’a pas les moyens d’en acheter un nouveau, un revenu important lui manque. Alexandre n’abandonne pas. Il fait ce qu’il peut, fait de l’ordre autour de la maison et aide dans le ménage. Varia, son épouse, a trouvé un emploi à l’école. Pour 30 francs par mois, elle travaille cinq jours par semaine, tôt le matin jusque tard dans la soirée. La rente invalidité d’Alexandre s’élève environ au même montant. Avec une soixantaine de
francs par mois, la famille doit nourrir quatre enfants de 3 à 18 ans. C’est particulièrement dur quand il faut chauffer en hiver. Ils n’ont pas d’argent pour du combustible et ne peuvent pas aller chercher du bois, car il n’y a pas de forêts dans les environs. Parfois, ils font un chauffage de fortune avec des restes de tournesols séchés et de la paille de maïs. La mission procure donc également du combustible à la famille.
C’est particulièrement dur quand il faut chauffer en hiver. Alexandre : « L’automne prochain, Pavel, notre fils aîné, termine l’école. Il pourra alors travailler et aider à nourrir la famille. Maria le fera dans deux ans. Ce sera alors plus facile pour nous. Jusque-là, nous avons besoin des aliments de la mission. Je préférerais nourrir ma famille moi-même, mais ce n’est pas possible. Un grand merci de nous soutenir dans ces temps difficiles ! »
NADEJDA Nadejda D. est âgée de 76 ans et vit seule. Ses quelques proches parents sont décédés depuis longtemps. Nadejda n’a presque pas de contact avec le monde extérieur. Elle a subi un infarctus il y a quelques années, elle est handicapée pour marcher et souffre d’une bronchite chronique. Nadejda : « Je n’ai plus personne dans ce monde. Personne ne me connaît. Un jour, des gens de la mission sont venus et m’ont apporté des aliments et plus tard des pommes de terre. Lors
de leur première visite, je ne pouvais pas dire un mot. J’étais tout simplement bouleversée par le fait qu’il existe des personnes s’intéressant à moi ! Ma rente minimale ne suffit pas pour payer les aliments, les médicaments et les frais de chauffage. Dans cette situation, j’ai pour la première fois reçu un paquet alimentaire ! Je n’aurais jamais pensé retrouver une lueur d’espoir à mon âge et dans ma situation. Mais je l’ai vécu ! Je remercie de tout mon cœur les personnes m’offrant ce grand cadeau ! Je ne peux pas le comprendre, je peux seulement remercier. »
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ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
Ruth Thomann responsable du projet
Quatre enfants vêtus de haillons et pieds nus sont devant le supermarché de la ville et mendient. Galina Melenti* en a déjà vu beaucoup, mais cette image la bouleverse. Elle raconte : « J’ai déjà vu beaucoup de misère au cours de toutes mes années comme monitrice de colonie et en accompagnant des familles indigentes. Mais vraiment quatre enfants en train de mendier et sans chaussures ? Je me suis adressée aux enfants, leur ai demandé pourquoi ils mendiaient et où ils habitaient. Ils m’ont raconté qu’ils étaient sept enfants et vivaient dans une maisonnette à la périphérie de la ville.
MOLDAVIE
L’AIDE IMMÉDIATE LIBÈRE DE NOUVELLES FORCES Les pommes de terre pour l’hiver sont acceptées avec enthousiasme.
‹ Puis-je venir chez vous ? ›, leur ai-je demandé. Les enfants ont accepté avec joie, sont montés dans ma voiture et m’ont guidée à travers la ville. Le trajet vers la maison familiale a duré une vingtaine de minutes. Les enfants avaient fait tout ce chemin à pied et sans chaussures ! Arrivée au but, j’ai fait connaissance des parents, Oksana et Vania, ainsi que des autres enfants. Ce qui m’a tout de suite frappé : les parents et les enfants étaient très cordiaux, ouverts et éveillés. Ce n’était pas l’image habituelle d’une famille négligée. Situation sans issue J’ai appris leur histoire lors de notre entretien : La famille est très, très pauvre et incapable de se libérer de sa misère. Il y a 11 ans, Vania a subi une blessure à la jambe qui n’a jamais guéri. Les médecins recommandent une amputation, mais Vania refuse. Il fait quelques travaux au cimetière d’à côté, mais en général, il n’arrive même pas à faire cela. Les enfants aînés le remplacent alors. Mais le salaire minimal est complètement insuffisant : ils ne peuvent pas acheter assez d’aliments, ni payer la facture d’électricité, sans parler des vêtements et des chaussures. Suite
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à des incohérences juridiques, la famille n’obtient aucune rente ou des allocations familiales. ‹ Notre chèvre est fréquemment notre unique source de nourriture pendant l’année. › raconte Oksana. Au début de septembre, lorsque la nouvelle année scolaire a commencé, les enfants ont été renvoyés à la maison parce qu’ils n’avaient pas de chaussures.
« Les enfants ont été renvoyés à la maison parce qu’ils n’avaient pas de chaussures. » Nous avons retrouvé de l’espoir Ici, l’aide était grandement nécessaire : Nous avons tout de suite procuré à la famille des aliments, ainsi que des vêtements et des chaussures de la collecte de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est. La joie fut immense : ‹ Juste au moment où nous étions arrivés à un point où nous ne savions plus comment continuer, tu es venue et nous a demandé ce qu’il nous fallait. Nous sommes comblés. › Depuis, les enfants vont de nouveau à l’école. Le juriste de notre équipe conseillera la famille pour éclaircir la situation et ainsi obtenir la rente et les allocations auxquelles elle a droit.
Les vêtements et les chaussures de la collecte de la mission sont source d’une grande joie.
L’aide immédiate libère de nouvelles forces Oksana rayonne : ‹ Nous avons retrouvé de l’espoir ! Merci de tout cœur ! › Elle ne veut pas vivre dans le luxe, mais simplement pouvoir offrir un repas chaud à ses enfants chaque jour et les envoyer à l’école. Grâce à l’aide immédiate, elle a repris courage et croit de nouveau qu’un tournant vers une meilleure situation est possible. Cela lui donne l’énergie de prendre les choses nécessaires en main. » *Galina Melenti mène des colonies d’été pour des enfants provenant de situations difficiles et les encadre quotidiennement avec leurs familles. Elle et la mission sont partenaires depuis de nombreuses années.
Galina Melenti (arrière-plan à droite) avec la famille G.
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PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants
MOLDAVIE
D’UN PAYS À L’AUTRE
Beatrice Käufeler responsable du projet
Les stratégies des trafiquants d’êtres humains sont perfides. Entre autres choses, ils font constamment changer leurs victimes d’endroit. Ceci entrave le travail de la police et l’engagement de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est et de ses partenaires. Nos partenaires ont fait connaissance d’Olga dans un village moldave. Elle vit avec sa famille dans une modeste maisonnette. Elle n’a que peu de contact avec les villageois. Personne ne veut avoir à faire avec elle. Olga est née en 1984. Elle a grandi dans une famille pauvre et marquée par l’alcool, mais elle a quand même terminé l’école primaire. Ensuite, elle a cherché un emploi et a vu une annonce dans un journal. On cherchait une soignante pour une femme âgée en Albanie. Olga s’est annoncée et a obtenu l’emploi. Même le voyage en Albanie était organisé. Déjà une semaine plus tard, elle avait tous les documents nécessaires et a pris le bus.
Olga a été retenue pendant des mois dans un appartement.
Prisonnière et exploitée La première étape l’a conduite en Roumanie. A son arrivée, trois hommes l’ont amenée avec d’autres femmes dans un appartement abandonné. C’est là que les femmes ont appris l’horrible vérité : elles avaient été piégées par des trafiquants de femmes ! On leur a dit ce qu’elles devaient faire et ce qu’il leur arriverait si elles n’obéissaient pas. Ensuite, elles ont été exploitées sexuellement – pendant trois mois. Après, elles ont été amenées en Serbie où le cauchemar continua. Pendant six mois, elles furent prisonnières dans un appartement et ont été violées. Elles recevaient un repas par jour et subissaient un examen médical une fois par mois. Celles qui
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résistaient étaient extrêmement maltraitées. Quelques femmes n’ont pas survécu à leurs blessures. Plus tard, elles ont été amenées au Kosovo. Les conditions de vie y étaient un peu meilleures, mais seulement quand les femmes faisaient ce que les hommes leur demandaient. Dix femmes se partageaient trois lits, pendant une année. Elles ont ensuite de nouveau été transférées, cette fois en Albanie. Là, elles devaient servir sexuellement encore plus d’hommes. Autre coup du destin Olga est tombée gravement malade. Après un examen médical, elle a appris qu’elle était positive VIH. Dès ce moment, elle était la prostituée la meilleur marché pour les trafiquants. Ses clients ne savaient rien de l’infection VIH. La santé d’Olga s’aggrava de plus en plus. Elle recevait régulièrement des coups parce que l’on ne pouvait presque plus gagner d’argent avec elle. Finalement, on l’a abandonnée dans la rue comme une ordure. Olga a survécu grâce à des passants qui l’ont trouvée et l’ont amenée dans un centre d’entraide où elle a obtenu des premiers soins. Lorsqu’elle se sentit mieux, Olga a été ramenée en Moldavie. D’une manière ou d’une autre, elle a réussi à garder la tête hors de l’eau. Plus tard, lorsqu’elle travaillait comme nurse chez un douanier, elle a fait connais-
sance de son futur mari. Aujourd’hui, Olga est mère de deux enfants sains, l’un a six ans, l’autre trois. Mais son mari ne gagne pas beaucoup et la famille ne peut qu’avec peine couvrir ses frais. En outre, les villageois se distancent d’Olga en raison de son passé et de son diagnostic.
Celles qui résistaient étaient extrêmement maltraitées. On les appelle des survivantes On appelle les femmes ayant pu échapper à leurs tortionnaires et retourner dans leurs villages des survivantes. La plupart n’ont obtenu aucune aide pour venir à bout de leur traumatisme. Elles refoulent ainsi tout et veulent juste oublier. Avec nos partenaires locaux et les assistances sociales, nous essayons de trouver ces femmes et de les aider. En général, des problèmes concrets sont au premier plan : Les femmes ont besoin d’aliments et manquent de vêtements et de bois pour chauffer leurs appartements. Beaucoup vivent dans des appartements en ruine et ont besoin d’argent pour les réparations les plus urgentes. Quand elles commencent à regagner confiance, elles ont de l’intérêt pour une aide psychologique et médicale. Les femmes capables de venir à bout de leurs graves expériences trouvent de l’aide dans la maison protectrice de la mission.
La Mission chrétienne pour les pays de l’Est aide les victimes de la traite d’êtres humains à venir à bout de leur traumatisme.
visionest personnel
QUI SUIS-JE... ? Depuis le 1er octobre 2015, je fais également partie de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est (MCE). Je travaille dans la logistique et suis responsable pour l’Action paquets de Noël. A partir de février, je m’occuperai de la collecte de vêtements et des bénévoles. Auparavant, j’ai travaillé dans une autre œuvre d’entraide, j’y faisais tout le back office et j’ai organisé toute la logistique du dépôt. Déjà là, j’ai constaté que le travail dans une organisation d’entraide me passionnait. Je me réjouis de pouvoir m’engager à l’avenir pour la MCE et suis impatiente de voir l’évolution des choses. Judith Brunner
PROJET D’AIDE IMMÉDIATE AVRIL 2014 « VACHES LAITIÈRES POUR VALENTIN SANDU »
CE QU’IL EN EST ADVENU « Nous avons les plus belles vaches de la région ! Notre vétérinaire le confirme. Toutes les vaches ont eu des veaux et notre troupeau prospère. La grande sécheresse de l’été passé nous a causé des problèmes, mais nous sommes très reconnaissants d’avoir pu garder tout notre bétail ! Que Dieu permette que notre petit troupeau grandisse et devienne fort et vigoureux ! » Valentin Sandu
LES TROIS PILIERS DE LA MCE ENTRAIDE surmontons ensemble les urgences et catastrophes
CROISSANCE soutenons la formation et l’économie de proximité
PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants