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Musiques
from PalaceScope 88
by PalaceScope
MUSIQUES Notre sélection
Pour un hiver 2021 dansant et éclectique, le rétro-funk des Australiens de Parcels, le disco survolté de Hard Feelings ou la partouze rap du Classico Organisé. Parcels
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Depuis leur premier album en 2018 –porté par Overnight, un tube imparable et brûlant produit par les Daft Punk –, les cinq Australiens de Parcels s’étaient fait une spécialité d’aller puiser dans le disco, la funk, le rock californien et la soul et d’en garder la substantifique moelle, histoire de nourrir une certaine idée du bonheur en forme de nostalgie pour un lifestyle californien révolu et ses clichés à base de palmiers, cocktails, corps sculptés, maillots échancrés et douceur de vivre. Day / Night, leur nouvelle livraison en forme de double album et 29titres, les voit suivre la même ligne directrice, soit un plongeon tête baissée à travers le rétroviseur des eighties et seventies d’où on peut apercevoir les fantômes des Beach Boys, de Fleetwood Mac, Michael Jackson ou Giorgio Moroder. Le tout porté par une production soignée, des basses qui ondulent du bassin, des pianos qui sautillent, une voix de lead amoureuse et des déluges de cordes symphoniques qui apportent de l’homogénéité à cette drôle de mayonnaise funky. Du supra-disco Famousà la ballade californienne Night Walk, en passant par le très princier Lord Henryet des interludes de violons en cascades, Parcels muscle et complexifie sa musique pour le meilleur, mélangeant allègrement mélancolie et pas de danse, groove et romantisme, boules à facette et cabrioles dans les champs tout en dessinant pour le groupe un avenir qui s’annonce radieux. Day / Night. Parcels (Because). Hard Feelings On connaissait la passion prononcée de Joe Goddard –un des coleaders du groupe anglais Hot Chip, qui a imposé son électro-pop doucement bancale à la face du monde –pour la dance music, et particulièrement la house et le disco, comme son goût pour les pas de côté, les projets solos et les collaborations. Fasciné par le timbre de voix d’Amy Douglas, une chanteuse américaine aperçue chez le best of de la dance music actuelle (Horse Meat Disco, Soul Clap, The Juan McLean), un projet commun naît en forme d’échanges de fichiers entre New York et Londres et de Holding on Too Long, un premier single
en forme d’épopée de plus de sept minutes en homLes trois mage au plus vibrant du garage, cette house vocale albums ultra-mélodique qui a secoué les nuits de la Grosse à ne pas Pomme aux débuts des années1990. Devant le succès manquer rencontré, l’emballement médiatique et l’entente entre les deux protagonistes, le one shot est devenu un album à part entière, soit huit titres de dance pure et pailletée, passant du disco à la house, de la Hi-NRG à la soul électronique avec la même décontraction et générosité: celle de vous faire danser, sourire béat sur le visage, jusqu’au bout de la nuit. Hard Feelings. Hard Feelings (Domino). Le Classico organisé En octobre de l’année dernière, l’incontournable rappeur marseillais Jul prenait tout le monde de court en fédérant la scène hip-hop de la Cité phocéenne pour le projet 13Organisé. Un melting-pot des meilleurs rappeurs marseillais, déconnant et détonnant, généreux et décontracté, potache et solaire, gorgé de tubes, dont le fameux Bande organiséeet son refrain devenu célèbre: «C’est Marseille, bébé !», qui résonne encore dans nos oreilles. Fort du succès de ce projet hors norme, Jul, geek et bosseur sans limites (il a sorti 15albums en sept ans et collectionne les disques de platine), a imaginé une suite en forme de rencontre OM-PSG, un chantier pharaonique réunissant sous la forme de troisCD et 30 titres quelque 157MC issus de Paris et de Marseille, enterrant la hache de guerre sous la forme d’un best of réunissant Lacrim, SoSo Madness, Rim’K, Naps, SCH, Kaaris, Hatik, Gims, Rohff, et on en oublie une bonne centaine en route. Si on ne peut qu’applaudir devant cette prouesse, le projet pèche un peu par excès d’orgueil et aurait certainement mérité d’être raccourci et édité pour ne garder que les meilleurs morceaux, comme Mauvais garçon, Relax, LeClassico organisé, Heetch, où se mélangent rythmes électroniques, rap à l’ancienne, inspirations zouk ou zumba, histoire que la pièce montée du rap français paraisse plus digeste. Même si, au fil des écoutes répétées, on se rêve en train de slalomer en voiture sur la Canebière fenêtres ouvertes au vent laissant s’échapper le refrain du morceau Loide la calle, digne successeur du désormais classique Bande organisée. Le Classico Organisé. Le Classico organisé (Rien 100 Rien).
Boy Harsher
En à peine une poignée d’années, le jeune duo fille-garçon issu du Massachusetts, aux Etats-Unis, fort de quatre albums impeccables, s’est fait une spécialité de revisiter les années1980 et la new wave dans ce qu’elles avaient de plus sombre mais aussi de plus sautillant et extravagant. Revendiquant leurs influences du côté de New Order comme de Soft Cell, de Yello comme de Siouxsie and the Banshees, obsédé par les sonorités synthétiques et menaçantes, les rythmes martiaux et droits dans leurs bottes, et les vocaux étouffés et crépusculaires, le duo est devenu aujourd’hui la référence incontournable du revival synth-pop qui secoue la jeunesse mélancolique. Conseil d’ami : n’oubliez pas de vous vernir les ongles ni votre mascara noir charbon… BOY HARSHER.Au Cabaret Sauvage.59 boulevard MacDonald, Paris XIXe, le 14février.
Hatik Little Simz
Fan éperdu de rap depuis qu’il a 16ans, Hatik s’est imposé dans le game il y a deux ans avec son concept de mixtapes Chaise pliante, déclinées en deux volumes, où il s’astreint à rapper en public assis sur une chaise de camping, mais surtout pour le rôle principal de la série Validé. Un carton signé Canal+ sur les coulisses du rap, où il incarne brillamment un jeune dealer devenu un rappeur reconnu. Avec son premier album, Vague à l’âme, sorti au printemps dernier, et Noyé,qui vient d’arriver dans les bacs, Hatik confirme son aisance à passer de la ballade sentimentale au rap musclé et percutant, conjuguant à la fois son côté bad boy et sa facette lover, et s’épanchant de manière intimiste sur les moments sombres qu’il a vécus lorsqu’il est passé de l’ombre à la lumière, de jeune zoneur à nominé aux Victoires de la musique. HATIK.A la Cigale.120 bd de Rochechouart, Paris XIXe, le 14janvier. Uéle Lamore
Franco-américaine, Uéle Lamore est une des plus jeunes cheffes d’orchestre française et l’artiste à suivre. A la tête de l’Orchestre Orange, qu’elle a fondé il y a quelques années, cette touche-à-tout de génie accompagne sur scène des groupes comme Agar Agar, Mad Rey ou Grand Blanc, leur assurant le renfort d’un ensemble symphonique, compose des bandes-son à la pelle (la sublime BO de Marcher sur l’eau,d’Aïssa Maïga) pour le cinéma ou la télé et peaufine un premier album qui s’inscrira dans la lignée de ses premiers singles où se télescopent classique et électronique, ambiances intimistes et souffle épique, expérimentations et pop music. UÉLE AMORE.A la Gaîté Lyrique.3 bis rue Papin, Paris IIIe, le 27janvier. Caribou
Canadien d’origine, Daniel V. Snaith, que ce soit sous son pseudo le plus pop, Caribou, ou plus club, Daphni, est devenu désormais la coqueluche des festivals tout autour du monde avec ses shows puissants et tout en lasers, où il distille sa science électronique à la fois triste et radieuse, dansante et hédoniste, à l’image de Our Love, petit tube irrésistible et solaire qui a fait couler des litres de sueur sur les dancefloors. Figure de la nouvelle scène électronique avec Four Tet, Jon Hopkins, Koreless ou Jamie XX (la tête pensante du groupe The XX), Caribou investit l’Olympia avec la troupe de musiciens qui l’accompagne en concert, histoire peut-être de prouver qu’il est bel et bien le Steely Dan du XXIe siècle ! CARIBOU.A l’Olympia. 28 boulevard des Capucines, Paris IXe , le 7février.
Considérée comme la meilleure rappeuse actuelle par l’immense Kendrick Lamar, validée par le king Jay-Z himself, habituée de la bande Gorillaz, le projet fou qui cartonne mené par Damon Albarn, la musicienne et productrice anglaise a développé, mixtapes et albums à l’appui, un univers qui lui est propre avec un rap symphonique et rythmé, chanté comme clamé, émancipateur comme intimiste. Un univers musical nourri à la source de la soul (elle ne tarit pas d’éloges sur Lauryn Hill) qu’elle mélange à un rap percussif et revendicatif qui l’a placée en tête des rappeuses les plus douées de sa génération et qui atteste, avec des artistes comme Jorja Smith, Skepta ou Stormzy, du retour gagnant du rap anglais. LITTLE SIMZ.A l’Olympia. 28 boulevard des Capucines, Paris IXe, le 28janvier. Les concerts à ne pas rater La soirée où se montrer et danser
Tous les samedis soir, l’Alcazar, qu’on ne présente plus, se transforme en temple de la fête déjantée, extravagante et décontractée. Avec la Love Night, à partir de 23h30, après avoir dîné, les créatures de la nuit, les filles léopards et les garçons glitter, tous sapés comme des princes, dansent et paradent sur une bande-son de tubes certifiés gold et remuants signée du DJ Patrick Vidal, comme si le fantôme de feu les grandes heures du Palace avait trouvé un lieu à sa démesure. L’Alcazar. 62 rue Mazarine, Paris VIe .