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Modes, arts et créations à Paris

Cate Blanchett l’élégante Marion Cotillard passionnément cinéma

Magiques céramiques

Spécial

Mode Palacescope l’agenda très parisien

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Sommaire PalaceCostesest édité par la société PalacePresse. Gérant Claude Maggiori Rédaction: 64rue Tiquetonne 75002 Paris. 0144 88 24 94 palace@palacepresse.com

le magazine cadeau

N° 4 9

Septembre/Octobre 2013

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La Météo des Tendances

12. Le goût du mauvais goût. 14. Chaussettes show. 16. La vie avec goût. 18. Bestiaire d’automne.

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Ta l e n t s

20. Cate Blanchett, l’élégante

24. Ary Abittan.Vive la folie ! 26. Cléo Le-Tan.En famille. 28. Francis Kurkdjian.Le conteur olfactif. 30. Alex Lutz. «Je ne veux pas être visible tout le temps». 32. Pierre Lemaitre.«Un roman, c’est d’abord des personnages». 34. Sophia Aram.Brune piquante. 36. Chiara Parisi.L’Italienne à Paris. 38. Joseph Dirand. «J’essaie de ne pas avoir de style». 40. Kumisolo. Une Japonaise à Paris.

42. Marion Cotillard Le cinéma passionnément

Magique 4

céramique

Les chefs-d’œuvre céramiques de Kurt Weiser.

56. Chantal Thomass Séduire avec élégance

Jungle 60

Queen Photographies Signe Vilstrup

Directeur de la rédaction, directeur de la création Claude Maggiori Graphisme, mise en page et retouches Nader Kassem Responsable photo Lucie Gouze Direction mode Anne Delalandre English Text Tom Ridgway Secrétariat de rédaction Philippe Bottini Assistante et assistante de rédaction Lucie Tigoulet contact@palacepresse.com

Ont collaboré à ce numéro: Virginie Bertrand Sarah Bouasse Anne Carpentier Anne Delalandre Lucie Gouze Djemila Khelfa Antoine Laurain Jean-Pierre Lavoignat Oscar Léon Juliette Michaud Robert Puyal Bertrand Raison Max Robert Sandra Serpero Patrick Thévenin Lucie Tigoulet Nadine Vasseur Ellen Willer Photographies Keffer www.kround.com

Josh Olins

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Flavien Prioreau

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Denis Rouvre www.modds.fr

Signe Vilstrup

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Bertille de la Pontais, Chef de Publicité blapontais@figaromedias.fr

Imprimerie SEGO, 95150 Taverny Fabrication Annick Torrès/Rivages Chromie&gravure Nader Kassem nader@naderkassem.com

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Signe Vilstrup

Mannequin Kristy Kaurova @Nathalie agency. Elle porte une robe en broderie,Louis Vuitton, un manteau en fourrure panthère,Yves Salomon, et deux bagues en or,Marc Deloche. Mise en beauté Diorréalisée par Karin Westerlund @B-agency. Coiffeur Paolo Ferreira @Calliste. Styliste June Nakamoto. Merci au Musée du quai Branly pour son aimable accueil. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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ISSN 1955-9380 Dépôt légal à parution Diffusion : 40 000 exemplaires


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Sommaire

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Les Carnets

de Mode

82. Arié Benayoun.Viva Zapa! 84. Barbara Boccara et Sharon Krief.Nos coups de cœur Mode. 86. Atelier Versace. 90. Antik Batik. 92. Duro Olowu. 94. Givenchy. 96. Jitrois. 98. Rochas. 100. Serkan Cura. 104. Christopher Kane. 106. Alexandre Vauthier. 108. Wanda Nylon. 110. Miu Miu. 111. La parade des cuissardes.Céline, Jimmy Choo, Casadei, Gianvito Rossi, Chanel, Giuseppe Zanotti. 113. Berenice. 114. Prada. 115. Boots festival.Tabitha Simmons, Givenchy by Riccardo Tisci, Giuseppe Zanotti, Gucci, Fendi, Saint Laurent by Hedi Slimane, Roger Vivier. 117. Paul &Joe. 118. Christophe Michalak fête les 10 ans d’IKKS. 120. Les Carnets de Djemila.

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Infomania

122. Détournement de paysage

126. Le whisky est de retour

132. Samuel Gassmann. Le roi des boutons. 134. Lauren Rubinski.Nouvelle précieuse. 136. Porche 911 Turbo S.Monstre docile. 137. Hype intégral. Le vélo tout en bambou. Fondation Louis Roederer. 138. Charles Serruya.Jeux d’ombres. 140. L’œil de Montaigne Market. 141. Arty parapluies. La bière de Paris. 142. Perles et cuir. La magie d’Ofée.

145 Pa l a c e s c o p e

Retrouvez votre magazine Palace Costes sur et

146. Expositions. Braque à tire d’aile. L’homme invisible. Félix Vallotton, l’irrégulier. Yan Pei-Ming. Elizabeth Eyre de Lanux. Frida Kahlo, Diego Rivera: la colombe et l’éléphant. Ellen Von Unwerth. Miss.Tic. Erwin Olaf. Sergio Larrain. Raymond Pettibon. Sebastião Salgado. Alaïa. Xiao Fan. Mark Cohen. Marc Desgrandchamps. David Hilliard. Katinka Lampe. Isabelle Chapuis. Serge Poliakoff. 160. Guillaume Houzé. Laisser aller l’audace. 162. Bonnes adresses. 168. Service Palace. Les conseils très parisiens d’Anne Carpentier. 170. Musique & Nuit. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Adresses Alexandre Vauthier 01 47 23 57 17 Antik Batik01 48 87 95 95 Ba&sh01 45 08 14 15 Bérénice01 48 31 35 54 Burberry Prorsum 03 88 02 18 18 Carven 01 44 61 02 07 Casadei aux Galeries Lafayette 01 42 82 34 56 Céline01 56 89 07 92 Chanel0800 255 005 Chantal Thomass 01 42 60 40 56 Christopher Kane net-a-porter.com Dior01 40 73 73 73 Duro Olowu net-a-porter.com Fendi01 49 52 84 52 Gianvitto Rossi 01 49 26 96 43 Giuseppe Zanotti Design 01 47 03 02 60 Givenchy01 42 68 31 00 Gucci01 44 94 14 70 Hermès01 40 17 47 17 IKKS02 41 75 21 21 Jean Claude Jitrois 01 47 42 58 85 Jean Paul Gaultier 01 72 75 83 15 Jimmy Choo01 58 62 50 40 La Bagagerie 01 45 48 86 48 Loewe01 53 57 92 50 Louis Vuitton 09 77 40 40 77 Marc Deloche 01 49 27 03 79 Martin Margiela 01 44 53 81 73 Miu Miu01 53 63 20 30 Muveil www.gallerymuveil.com Ofée01 47 03 06 60 Paul&Joe01 42 74 24 68 Prada01 53 23 99 40 Rochas01 43 06 37 79 Roger Vivier01 53 43 00 85 Saint Laurent Paris 01 53 83 84 53 Serkan Cura 0149 23 79 79 Stuart Weitzman 01 42 60 47 92 Tabitha Simmons www.tabithasimmons.com Valentino01 47 23 64 61 Versace01 47 42 88 02 Vintage Clothing 01 48 07 16 90 10 rue Crussol, ParisXIe Wanda Nylon www.wandanylon.fr Yves Salomon 01 47 70 50 00 Zapa01 42 86 63 99


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La Météo des Tendances Le goût du mauvais goût

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REPÈRES EXPRESS Lunettes fourrées

La fourrure continue son irrésistible come-back, cette fois sur les branches de lunettes. PourFendi, forcément. Subversif et drôle. Fendi has made glasses with fur on the arms. Obviously.

Transparence La transparence a migré du monde politique à l’univers trendy. Déjà très répandue dans le design, elle se rend désormais indispensable en mode. Vêtements et accessoires jouent le trompe-l’œil pour des pièces ludiques, poétiques et finalement assez esthétiques. Détail subtil sur un talon, une anse de sac, un segment de ceinture, ou pièce entière, plus radicale, avec des sandales, des escarpins, des cuissardes, des parkas, des perfectos, des pochettes, des cabas. Transparency is bringing fun, poetic and pretty trompe-l’oeil details to heels, belts, thigh boots, parkas and leather jackets.

Nichols’ models with “wet patches” and New York’s Standard Hotel and its Edwin Wurm photos, bad taste is a sign that a brand doesn’t take itself too seriously, while creating a certain complicity with its insidery customers (“we’re all in this joke together!”). So Phoebe Philo creates coloredfur-lined sandals for Céline, which then relaunch Jesus sandals chez Marni, Louboutin and Marc Jacobs. Bad taste may also explain the return of the 1990s, as Hedi Slimane brings Marilyn Manson to Saint Laurent and Opening Ceremony collaborates with ’90s icon brand DKNY. Oh, and did we mention that the scrunchie is hot, hot, hot?

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The taste of bad taste Bad taste is good. In adverts such as Harvey

Défilé Jacquemus, A/H

e mauvais goût, son audace et sa diversité sont en passe de détrôner le bon goût, univoque et finalement ennuyeux. Après des décennies de «do&don’t», chacun se révolte et fait comme il veut. Avec son esthétique incorrecte ou même dérangeante, avec son insolence, son ironie décalée, le mauvais goût s’érige peu à peu au rang de must. La pub l’a senti venir et a placé le curseur là où on ne l’attendait pas. Plusieurs campagnes ont marqué les esprits: celle du grand magasin londonien Harvey Nichols, qui a osé l’improbable «Try to contain your excitement» («Essayez de contrôler votre excitation»), montrant des mannequins aux entrejambes mouillés; celle du Standard Hotel, qui cultive son image non conventionnelle en achetant trois œuvres provocantes à la photographe autrichienne Erwin Wurm et en s’en servant comme support de communication; celle d’Alber Elbaz pour Lanvin, qui faisait se déhancher ses mannequins très chics sur leReggaeton de Pitbull. C’est à coups de détournement et d’humour que la mode s’en empare.Les marques doivent se démarquer, surprendre et se réinventer. Le mauvais goût est une façon de créer la connivence, de provoquer le sourire. De séduire. Quand Phoebe Philo lance pour Céline une sandale doublée de fourrure colorée, elle a le chic pour la rendre désirable. Les magazines se l’arrachent, la présentent dans toutes leurs séries mode, ce qui relance au passage la tendance sandale de curé, qui fleurit chezMarni, Louboutin, Marc Jacobs, entraînant même dans son sillage l’inénarrable claquette de piscine chezWAD ou chez Jacquemus. Le mauvais goût devient un moyen de se différencier des codes du luxe ostentatoire. Et la culture populaire vient s’inscrire sur cette toile de fond. Les activités désuètes comme le tricot sont valorisées tandis que la foods’encanaille : on se damne pour des hamburgers à manger debout devant un camion (Le Camion qui Fume),on fait la queue pour des bouillons de tête de veau, des épaules de cochon et des langues grillées, élevés au rang de Graal gastronomique (AuPassage),et on se damne pour des fish and chips (le meilleur est, dit-on, celui deLa Maison Mère). Dans la foulée, les années 1990 signent leur grand retour. D’où le revival de produits emblématiques du mauvais goût d’hier: le chouchou renaît de ses cendres, la méduse reprend du service, même en ville et avec des chaussettes, s’il vous plaît, sous l’impulsion d’American Apparel, de Dr. Martens, Kurt Geiger, Top Shop, Asos…


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La Météo des Tendances

REPÈRES EXPRESS

Chaussettes show

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a chaussette fait son coming out.Notamment dans sa version la plus discutable, bien sport, bien blanche, bien épaisse et bien siglée sur le haut du talon, la chaussette est revenue battre le pavé cet été. Elle y reste mordicus cet automne. Devenue essentielle sur les silhouettes longilignes des mannequins de défilés et dans les pages mode des magazines, un nombre pléthorique de blogs dédiés lui assurent une place d’honneur… Ajouter à cela que les pantalons des femmes passent aux longueurs7/8, que les filles, elles, s’adonnent à l’esprit preppy et adorent les chaussures d’hommes bicolores, oxford shoes ou saddle shoes, qu’elles ne détestent pas relever de chaussettes à motif, et voilà que la chaussette glisse en douceur vers le statut envié d’accessoire mode.

Le sac rond A contre-courant des formes aux arêtes anguleuses, le rond s’est imposé cet été comme l’une des nouvelles formules géométriques gagnantes. Formes futuristes inspirées par Courrèges, boîtes à chapeau à l’ancienne, cerceau chez Chanel… simplicité et minimalisme sont les maîtres mots de ces accessoires au dessin élémentaire bien profilé. Circles are the new squares in bags from Courrèges and Chanel.

Sock show

Sock it to me. As skirt lengths rise and women brogue up, proper sports socks – white, thick, with logos – are going to be everywhere.

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©Panitram/Chanel 2013

Les ongles discrets, enfin Disons-le franchement, le nail art, avec ses extravagances, s’il nous a un temps amusés, commence à nous lasser. Un phénomène excessif est désirable tant qu’il demeure exceptionnel. Quand il se généralise, on sature et on n’a qu’une envie: prendre le contrepied. Bonne nouvelle: tout comme les sourcils, qui, après avoir été surjoués, amplifiés, exagérés, se sont effacés avec le passage de la vague du bleached brows, décolorés à l’eau de Javel, les ongles se font enfin discrets. Après les ongles ultra-longs et ultra-colorés, texturés, pailletés, bijoutés, imprimés, après le blanc de blanc, version Tipp-Ex, étape indispensable vers le retour à la raison et au bon sens, voilà enfin le «low nail» qui s’annonce. Modestie bien sentie des coloris blanchis, humilité bienvenue des pastels élégants, du grège deDior au gris déco d’Yves Saint Laurent. After the excesses of textured, bejeweled and overdesigned nail art, it’s the perfect time to return to the simplicity of elegant pastels, such as Dior’s grege.


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La Météo des Tendances Version nature, c’est le kale dont tout le monde est en train de s’enticher. Cette variété de petit chou frisé (on dit aussi chou frangé en français, et il est vrai que la frange est à la mode) est présentée comme la plus proche des origines génétiques du chou sauvage. On lui suppose des qualités e «vivre mieux» fait des ravages.Des initiatives qui nutritionnelles incroyables, des vertus détoxyfiantes se veulent toujours plus attrayantes se développent. incomparables, et on recommande de l’inviter à tous les La School of Lifede Londres (The School of Life. 70Marchmont St London. WC1N 1AB, Royaume-Uni),qui dit se consacrer à la philo- repas. Versions marketées: la digital détox(www.thedigitaldetox.org), mais aussi les cures de jus façon Detox Delight, sophie et au développement personnel, s’impose comme lieu de référence. Il y a deux ans, à l’occasion de la sortie de qui répond à la règle, essentielle de nos jours, des3B, leur «minibar for the mind» en collaboration avec les hôtels beau-bon-bien, et livre chaque jour à domicile ou au bureau la dose nécessaire au programme. Le choix est Morgans, elle prenait ses marques et les devants. donné entre plusieurs cures, certaines complétées de Aujourd’hui, forte de son succès, elle répand sa bonne parole à travers un programme édifiant de cours, sermons, salades, d’autres spécialement adaptées au régime5-2. Toutes s’inscrivent dans l’incontournable approche classes d’été, événements spéciaux… Ils répondent à des «raw food» (les aliments crus). problématiques de la vie quotidienne: «Comment améliorer ses conversations?», «Comment se différencier?», Live better «Comment équilibrer travail et vie personnelle?». Et leur The School of Life’s courses sell out because people Summer School 2013 était sold out dès le mois de mai… apparently want help having “better conversations” or Comme il s’agit d’enfourcher la vague du succès “developing a compassionate mind.” The School pendant qu’elle est à son plus haut, elle difnow also sells a line of little books full of fuse depuis peu son mantra,«Good ideas “good ideas for everyday life,” as well as for everyday life»(«De bonnes idées “tools for thinking” (aka, stationery). pour chaque jour de la vie»), à travers une gamme de petits carnets Time to slow down, tune out bien pensants et stimulants, and eliminate toxins. Which d’aphorismes, de stylos, means: eating lots of curly kale, crayons et autres goodies. escaping technology at a Preuve que la papeterie est Digital Detox in California, devenue un passage obligé and getting fresh juice dans toutes les sphères delivered daily by de la consommation, Detox Delight. et utilisée à l’occasion comme support de communication à part entière. On vit si vite qu’on a furieusement envie de lenteur et qu’on finit par se précipiter en courant dans les courants qui nous promettent du slow. Slow food, slow cosmétique, slow tunes, slow life… Au cœur de ces tendances positives qui prônent une vie plus saine, les soft sports, le yoga, la méditation et bien sûr la détox.

La vie avec goût

©Lyudmyla

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La Météo des Tendances

Bestiaire d’automne

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The beasts in their tracks Octopuses are everywhere – on clothes at Opening

Ceremony, in bathrooms at Anthropologie, and on bowls by Thomas Paul Scrimshaw. Flamingos are brightening up designs by Alfredo Gonzales, Sophia Webster, H&M and Asos; and invading the home on furniture by Arthur G and Chloé Croft. Not forgetting the return of the parrot and its photogenic plumage. Urban chickens: fresh eggs from city-living birds. An idea heading across the Atlantic as we speak.

REPÈRES EXPRESS Postmoderne

Mise en avant du travail de David Hockney et d’Edward Hopper, intérêt renouvelé pour l’Art déco et le Bauhaus, regain pour le mouvement Memphis… l’art inspire la mode et impulse des courants.Matter Matters, une petite marque hongkongaise qui puise son souffle dans cet air du temps, crée des sacs et des accessoires d’inspiration postmoderniste. Les lignes sont minimales et épurées, les formes sont graphiques et nettes. Un design malin aux associations harmonieuses pour une collection bien dans son temps qui allie simplicité et idées innovantes. Matter Matters, a small Hong Kong brand, makes postmodern bags and accessories with minimal, pared-back designs that link simplicity to innovation.

Designer Box Les box font des petits. Après la beauté, ces livraisons mensuelles qui nous évitent les déplacements et arrivent at home comme des paquets-cadeaux touchent désormais à tous les domaines. La plus notable est sans doute la Designer Box : pour un prix accessible, tous les mois chez soi une boîte en bois numérotée qui renferme un objet inédit, introuvable ailleurs, dessiné par une personnalité internationale du design, et produite en quantité limitée. De nombreux designers connus ont déjà collaboré à cette initiative: le duo A+A Cooren, 5.5 designers, Arik Levy, Guillaume Delvigne, NOCC, Noé Duchaufour Lawrance, Sam Baron, Xu Ming. Une manière simple de renouer avec l’esprit de collection et de retrouver le plaisir d’offrir… Sign up for Designer Box and every month a numbered wooden box holding an exclusive limited-edition object created by an international designer will arrive on your doorstep.

E L L E N W I L L E R , avec Pierre-François Le Louët, président de l’agence NellyRodi. www.nellyrodilab.com PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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©Ilya Akinshin

es petites bêtes qui montent,qui montent, qui montent… Octopus, la pieuvre (dont le nom sonne quand même bien mieux en anglais), fait son entrée dans la mode par l’intermédiaire du célèbre duo d’Opening Ceremony. Elle s’invite également en décoration pour accessoiriser salles de bain et intérieurs (Anthropologie), de façon plus discrète en design sur des bols en porcelaine (Thomas Paul Scrimshaw) et récemment dans les shootings mode et cuisine des magazines de référence (I Love You Magazine, The Gourmand) . Quelques signes précurseurs qui prédisent une prochaine envolée de l’étrange céphalopode. Un peu de couleur pour compenser un été qui aura tardé à s’installer: chic et décalé,le pink flamingo nous arrive tout droit de la côte ouest des Etats-Unis. Héros absolu de la vague tropicale, il est très à l’aise au milieu des palmiers, ananas, et donne des airs d’Acapulco, de Caraïbe, de Miami à un simple tee-shirt. En mode, on le croise dans les créations d’Alfredo Gonzales, de Sophia Webster, ou encore chez H&M et Asos, en mobilier, chezArthur G, ou chez Chloé Croft, en art de la table, il figure en bonne place chez Lou Rota, Mira Santon. Si certaines tendances s’inscrivent dans une continuité, d’autres ont le don d’émerger sans crier gare, provoquant rapidement une déferlante. La dernière marotte de la sphère créative n’est autre que ce bon vieuxperroquet, arborant fièrement son plumage coloré. Accessoire de décoration extrêmement photogénique, il est le nouveau chien des shootings de mode. Des plus pointus –Etudes Studio, Hunting and Collecting– aux plus mainstream –les vitrines H&M–, en passant par les marques, comme Virginie Castaway, pour leur scénographie. Dans la suite de la tendance ruches, abeilles et miel, voici la tendance poulaillers,poules et œufs. A Hollywood, après le potager urbain, ce serait le dernier dada des stars écolos. Après s’être imposées à Seattle, New York et Montréal, les poules urbaines, élevées en balcons, terrasses et petits jardins de ville, débarquent en France.


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Photographie Denis Rouvre / modds

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Talents Cate Blanchett

L’élégante L

a beauté, la grâce, l’élégance, un mari avec lequel elle codirige la célèbre Sydney Theater Company, trois fils, un oscar… et, tout récemment, un contrat historique de plus de 10millions de dollars qu’elle aurait décroché pour la campagne du nouveau parfum Armani… On se dit que Cate Blanchett mérite tout! La voici en robe bordeaux et orange pâle. Yeux de chat, sourire démesuré. Très digne, singulière et fascinante. Comme Nicole Kidman et Naomi Watts, elle a beau être l’une des plus grandes stars d’Hollywood, elle demeure avant tout australienne: audacieuse et prête à briser son image. Si vous en doutez, découvrez-la dans le dernier Woody Allen, en snobinarde déchue de la haute société new-yorkaise, Xanax dans une main, bouteille de vodka dans l’autre… Pourquoi Woody Allen ne vous a-t-il pas fait tourner plus tôt? CATE BLANCHETT. Parce qu’il fait travailler frénétiquement toutes les actrices, j’imaginais que je ne l’intéressais pas. Lorsqu’il m’a envoyé le scénario deBlue Jasmine, je me suis dit qu’il avait pensé à moi après m’avoir vue au théâtre en Blanche Dubois, puisque les parallèles entreBlue Jasmine et Un tramway nommé désirne manquent pas… C’était le cas? Pas du tout! La première fois que j’ai pu parler du personnage de Jasmine avec Woody Allen, c’était sur le plateau. Quand j’ai mentionné Blanche Dubois, c’était comme s’il n’avait jamais entendu parler de Tennessee Williams. (Elle éclate de rire.) «Blue Jasmine» insiste sur les scandales financiers qui frappèrent une certaine haute société new-yorkaise… Son personnage désagréable et narcissique, Jasmine l’a entièrement fabriqué… Elle vient en fait d’un milieu pauvre, a été adoptée et, contrairement à sa sœur adoptive, jouée par Sally Hawkins, elle n’a pu trouver sa propre identité. Elle est désespérée et appartient à la longue histoire, dans la dramaturgie américaine, de ces femmes qui marchent sur un fil ténu, entre la brutalité et la poésie de la vie. Mon job a été d’humaniser Jasmine. Avez-vous participé au look très couture de Jasmine? Le budget costumes sur un Woody Allen s’élève environ à

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{ Talents } 5,99 dollars... (Rires.) J’ai eu l’idée, pour la scène clé où Jasmine se retrouve à parler seule sur un banc, comme tant de gens que vous voyez dans les parcs… de la faire apparaître sans fard, cheveux mouillés, perdue, mais toujours dans sa veste Chanel. Tant que Jasmine a ses vêtements griffés Karl Lagerfeld, Carolina Herrera, Oscar de laRenta ou Armani, elle peut se cramponner à son rêve… Est-on conscient de vivre un instant particulier, en tournant avec le mythe Woody Allen? Oui. Même si monsieur Allen est beaucoup plus chaleureux et communicatif au travail qu’on le dit, Alec Baldwin et moi, nous résistions mal à l’envie de nous pousser du coude et de dire : «Eh, t’as vu? c’est le type qui a faitBananas et Intérieurs !» (Rires.) Arriver derrière Diane Keaton, Mia Farrow, Anjelica Huston, Dianne Wiest, Scarlett Johansson et Penélope Cruz, c’est légendaire… Sans oublier Judy Davis, une autre Australienne, à qui il a fait jouer une Américaine aux émotions flamboyantes. Croyez-vous au destin? Au sortir de l’école, j’ai vu beaucoup d’acteurs brillants qui ne travaillaient pas. Je me suis donné cinq ans. J’ai été incroyablement chanceuse : j’ai eu mon premier boulot à la Sydney Theatre Company aux côtés de Geoffrey Rush dans une pièce de David Mamet… Aujourd’hui, je suis codirectrice artistique de la Sydney Theatre Company et je m’apprête à faire un film avec David Mamet. Je suis mariée depuis seize ans à un homme à qui je peux tout confier et qui me fait taire quand je prends des airs ridicules: oui, je crois au destin.(Rires.) Avez-vous connu dans votre vie des périodes critiques? Mon père est mort d’une crise cardiaque quand j’avais 10ans, ma mère a dû travailler dur. Elle et ma grandmère nous ont élevés, ma sœur, mon frère et moi, aussi bien qu’elles le pouvaient, mais j’étais consciente de leurs difficultés financières. Il y a eu des moments de panique. Ma mère s’est énormément endettée pour que j’aie accès à une très bonne école, et lorsque j’étais élève au National Institute of Dramatic Arts de Sydney, rien n’était facile. Sydney est une ville très chère. Qu’avez-vous acheté avec votre premier cachet d’actrice ? Un costume Armani, que j’ai toujours. Encore le destin. Après Woody Allen et une participation chez Terrence Malick, vous avez enchaîné avec «The Monuments Men», de et avec George Clooney (et aussi Bill Murray, Matt Damon, Jean Dujardin)… Depuis The Good Germande Steven Soderbergh, j’avais très envie de retravailler avec George, bien qu’il soit vraiment très laid. (Rires.)The Monuments Menmet en scène avec

Cate Blanchett dans une scène de «Blue Jasmine» de Woody Allen.

humour une équipe de spécialistes en art chargés de récupérer les trésors de guerre amassés par Hitler au Jeu de Paume. Je joue la Française Rose Valland, qui a vraiment existé : une professeur d’arts, membre de la Résistance. Quelles sont vos actrices préférées? Isabelle Huppert (elle était sur scène avec elle l’été dernier à Sydney dans «Les Bonnes»), Liv Ullman, qui m’avait mise en scène dans Un tramway nommé désir. Elizabeth Debicki (Gatsby le magnifique),qui figurait avec Isabelle et moi dans Les Bonnes, a le potentiel d’une star. Et j’admire beaucoup Michelle Pfeiffer. Quel regard portez-vous sur Cate Blanchett l’actrice? Je suis éternellement insatisfaite, nerveuse. C’est peut-être la raison pour laquelle je continue à travailler.

«En tant qu’actrice, je suis éternellement insatisfaite, nerveuse. C’est peut-être la raison pour laquelle je continue à travailler.»

Propos recueillis par

JULIETTE MICHAUD «Blue Jasmine» sort le 25 septembre, «The Monuments Men» début 2014.

The elegance of cate Cate Blanchett is beautiful, graceful and elegant. She runs the Sydney Theatre Company with her husband, has three sons, an Oscar, and recently signed a historic $10-million contract to be the face of the new Armani perfume. And as if that weren’t enough, Cate Blanchett is an actress who always delivers, and who, with her latest role in Woody Allen’sBlue Jasmine, has given perhaps the performance of her career. As a socialite fallen on hard times, Blanchett calls her character “unpleasant and narcissistic,” but she is also the inheritor of a long American dramatic tradition of women on the edge of a nervous breakdown. “My job,” says Blanchett, “was to make Jasmine human.” After Woody, Blanchett recently finished filming with George in Clooney’s The Monument Men, a Second World War adventure. She says that she’s wanted to work with Clooney again since their last outing in Steven Soderbergh’sThe Good German, “even if,” she jokes, “he’s really ugly!” As an actress she sees herself aspermanently unsatisfied and nervous, “which is perhaps,” she adds, “the reason I keep working.”

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Vive la Folie!

Propos recueillis par N A D I N E V A S S E U R

Son spectacle «A la folie» sortira le 22octobre chez Studio Canal.

Ary’s games Ary Abittan thought his one-man show would last a couple of months; he’s been touring it for four years now. He grew up in the banlieues of Paris (“I’m happy to come from somewhere so colorful, so mixed”) where he began performing aged five (“My mother would put me on the table so I could sing songs in Arab”). He first understood the power of humor when on family trips to Israel, when the customs officers would shower them with questions: “I was terrified, so I would imitate them and people would laugh.” Since then his humor, he says, is based on imitation, but also a healthy dose of self-derision.

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Caroline Nielsen

Ary Abittan

l pensait que son one man show,A lafolie, allait durer deux mois ; cela fait quatre ans qu’il tourne… Un succès dont Ary Abittan lui-même ne revient pas. «Quand j’étais chauffeur de taxi, il y a vingt ans, je passais devant l’Olympia et je voyais les noms des vedettes à l’affiche s’étaler en lettres immenses, je rêvais… En2012, je suis passé à l’Olympia... Il faut savoir jouir des choses.» Le jour où je le rencontre à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement, un groupe d’adolescentes se rue sur lui. «On peut se faire photographier avec toi ?» «Tu peux jurer sur la tête de ta mère? S’il te plaît, faisle !» Ary Abittan n’a pas seulement du talent, il est aussi sympathique et se prête volontiers au jeu. «Il est trop beau !» s’exclame l’une des fans en s’éloignant à regret. La notoriété, le succès ne lui ont pas monté à la tête. Renier son enfance de gosse de banlieue? Comment le pourrait-il, puisque c’est dans ses souvenirs qu’il puise pour écrire ses sketchs? «Je suis même très heureux de venir de la banlieue, de ce milieu si coloré, si mélangé. Pour moi, c’était la franche rigolade.» En témoigne son sketch célèbre du journal télévisé en arabe ou celui de la recette de cuisine en turc. Du faux turc, du faux arabe, mais directement inspirés de ce qu’il regardait enfant. «Ma grand-mère avait un problème de câble, elle n’arrivait à capter que la chaîne600, une chaîne arabe, ou des chaînes régionales turques.» Ary Abittan a toujours aimé se donner en spectacle. «A 5 ans, déjà, ma mère me mettait sur la table pour que je chante des chansons en arabe, c’est devenu un mode de vie.» Une manière aussi de conjurer sa peur. Celle qu’il avait, par exemple, enfant, des douaniers israéliens. «A chaque voyage en Israël, ils nous harcelaient de questions. “Vous avez fait votre valise tout seul?” Cela me terrifiait. Je me suis mis à les imiter, les gens pleuraient de rire. C’est alors que j’ai compris qu’on pouvait se sauver de beaucoup de choses par le rire. J’aime fréquenter et jouer des fous, des personnages que je n’aimerais pas être et qui en même temps me touchent. Parce qu’il y a une part de folie en moi, comme dans chacun de nous, d’ailleurs.» L’inquiétude, il le sait, n’est jamais très loin du rire. «Quand je suis à table avec des amis et qu’on ne rigole pas, j’ai toujours l’impression que c’est de ma faute!» Se reconnaît-il dans ce qu’on appelle l’humour juif? «Qu’est-ce que l’humour juif sinon de l’autodérision? Un humour d’autant plus universel qu’il est très personnel.» En cet automne2013, il joue les dernières deAlafolie. Un nouveau spectacle en perspective? «Oui, en2014, Inch Allah!»


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{ Talents } E t o n n a n t s Pa r i s i e n s

Cléo Le-Tan, en famille léo Le-Tan est née à Londres et a grandi à Paris. Elle vit désormais aux Etats-Unis : «Je viens de me marier avec un Américain!» Elle accepte avec simplicité les références qu’on fait forcément à son sujet: son père, Pierre LeTan, illustrateur; sa sœur, Olympia, dont les minaudières, reproductions brodées de couvertures de livre, sont devenues un must de tous les red carpets... Elle avoue être très fière, quand on l’interroge à présent sur ce qu’elle fait, de pouvoir répondre «écrivain». Aurait-elle écrit Une famillesi elle n’avait pas eu «cette» famille? «Sûrement non. Ce roman est très autobiographique. Je n’ai pas beaucoup d’imagination.» Comment a-t-elle commencé? «Vers 18 ans, il y a donc une dizaine d’années déjà. Et de façon simple. Comme un journal. Je gardais ce texte pour moi. Il y a un an, j’ai eu envie qu’il devienne un livre. J’ai cessé toute autre activité et j’ai travaillé très sérieusement dessus en passant mon temps à la bibliothèque.» Comment a-t-elle réussi à y être publiée ? «Quand j’ai terminé mon roman en septembre dernier, j’étais à Paris. J’ai rencontré Frédéric Beigbeider au Flore. Je lui ai demandé s’il accepterait de le lire. A Noël, il m’a répondu qu’il l’aimait et qu’il allait le transmettre à Manuel Carcassonne, chez Grasset. C’était une chance inespérée. Le lendemain, j’avais un mail qui me proposait un rendez-vous. Il l’avait aussi beaucoup aimé.» Sur la couverture d’Une famille, un dessin de Pierre Le-Tan. A-t-elle dû le convaincre? «Quand je le lui ai demandé, il n’avait pas encore lu le livre, mais je crois qu’il était fier de moi que je sois allée jusqu’au bout de mon projet. Je n’ai pas eu à insister.» Grâce à ses parents, père français, mère anglaise, Cléo est bilingue. Pourquoi a-t-elle choisi le français? «C’est la langue de la littérature. Les auteurs qui m’ont impressionnée, quand j’étais jeune, c’est Marguerite Duras, Françoise Sagan…» Ecrira-t-elle encore ? «Bien sûr. Je n’arrêterai jamais.» Et, au fait, sa sœur Olympia fera-t-elle de son livre une minaudière? «C’est déjà fait ! Elle était exposée à la librairie L’Ecume des Jours!» Propos recueillis par E L L E N W I L L E R

Jean-François Paga/Grasset

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Cléo Le-Tanwas born in London, grew up in Paris, and lives in the US. She’s also now a novelist.Une famille (“A Family”), a fictionalized portrait of her own (famous) family, including her father, celebrated illustrator Pierre Le-Tan, and her sister, Olympia Le-Tan, whose book-cover clutches are a firm fashion favorite. The book was published after she gave it to journalist and man-about-town Frédéric Beigbeder, who liked it. So why write in French, not English? “It’s the language of literature,”bien sûr.

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Francis Kurkdjian

Le conteur olfactif

Coton Chic et Lin Sensuel), et une collection, OudMood, pour sa propre maison, créée en2009. «Je me définis comme un compositeur de parfum ; le nez n’est qu’un instrument, transmetteur d’une émotion, mais pas le siège de l’idée créatrice.» L’artiste, car c’en est un, a déjà marqué son époque en créant, en1995, Le Mâle de Jean Paul Gaultier, le parfum masculin le plus vendu en France. Un succès énorme qui a lancé la carrière de Francis Kurkdjian, mais a failli aussi l’écraser. «Durant trois ou quatre ans, j’étais angoissé à l’idée de ne rester que comme le créateur d’un seul et unique parfum. Je me demandais comment faire mieux queLe Mâle.» L’homme a su se dépasser avec de belles créations pour les plus grands (Dior, Christian Lacroix, Guerlain, Kenzo, Lanvin, etc.) et la réussite internationale de la Maison Francis Kurkdjian. Mais le tableau ne serait pas complet sans évoquer les installations et performances olfactives que réalise le parfumeur. «Je pense être le seul à “parfumer des événements” afin d’engager un dialogue émotionnel entre le public et un lieu, un espace.» L’aventure démarre en 2003 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain avec le parfumL’Odeur de l’Argent pour une scénographie de Sophie Calle. Après avoir réinventé le parfum de MarieAntoinette en 2005, l’histoire se poursuit l’année suivante au château de Versailles quand Francis Kurkdjian «parfume» l’eau des fontaines du jardin. Enfin, début juin, dans le cadre de l’exposition «L’Art du jardin» au Grand Palais, il a réalisé une installation olfactive composée d’un système de moulins à vent diffusant un parfum végétal. «Ces expériences m’amusent beaucoup et me permettent de toucher un public qui n’est pas celui des parfumeurs. Mais je raconte toujours une histoire, juste d’une autre manière», conclut le conteur. Propos recueillis par M A X R O B E R T

www.franciskurkdjian.com

Scent stories Francis Kurkdjian could have been a dancer or l aurait pu devenir étoile de l’Opéra de Paris s’il n’avait a fashion designer, but instead the 44-year-old became an “olfactory storyteller.” In 1995, he launched his career by raté le concours d’entrée de l’Ecole de danse du Palais creating Le Mâle de Jean Paul Gaultier, still the best-selling Garnier. Il aurait aussi pu être couturier, s’il avait su desmale scent in France. He’s since mixed up successful scents siner. Finalement, Francis Kurkdjian, 44ans, s’est inventé un métier enchanteur: «conteur olfactif»! «Je n’aime pas du for Dior, Christian Lacroix, Guerlain and Kenzo, and tout le mot “nez”», prévient ce créateur de parfum qui pro- collaborated on art installations, including one with Sophie pose ces jours-ci cinq nouveaux jus, pour Carven(LeParfum), Calle at the Fondation Cartier. “These experiences are fun,” he says. “I’m still telling a story, just in a different way.” Roger & Gallet(Fleur de Figuier),Daniel Hechter (Cuir Sensuel, PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Nathalie Baetens

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Alex Lutz

«Je ne veux pas être visible tout le temps»

l démarre le 29 octobre au Grand Point Virgule, une salle qu’il aime particulièrement. Sur Canal, il est Catherine, aux côtés de Bruno Sanches, qui, lui, est Liliane, pour une revue de presse ironique. Il met en scène Caroline Loeb dans George Sand et moi! Et termine son film,LeTalent de mes amis. Mais comment fait Alex Lutz, pour tout faire et le faire si bien? Quel est votre vrai métier? ALEX LUTZ. Acteur et metteur en scène. Auteur… Je suis artiste, en fait. J’ai la chance d’être demandé, beaucoup, pour des choses très différentes. Vous avez commencé très jeune… Au lycée, comme d’autres allaient au foot, j’allais à des ateliers de théâtre… J’ai rencontré Pascale Spengler, qui avait une grosse compagnie subventionnée. J’ai sympathisé avec elle, elle m’a intégré à ses trucs, petitement.J’ai eu mes premiers cachetons à 17ans. On travaillait sur Brecht, Chouaki, qu’il faudrait remonter, d’ailleurs… J’étais son assistant à la mise en scène. Je savais que je savais jouer, mais ce n’était pas encore le moment. Pourquoi ce n’était pas le moment de jouer? Ça se voit, quand vous êtes mal dégrossi. Il faut un peu de patience, comme le vin. Surtout les mecs. Au même moment, j’ai créé ma compagnie avec une amie du lycée. Comment est venu l’humour ? Par un pote. Je veux dire professionnellement. Parce que j’étais drôle dans la vie, je faisais marrer mes copains. Un ami qui faisait du café-théâtre cherchait un metteur en scène pour son duo. J’ai découvert un truc où je m’amusais vraiment. Après, j’ai rencontré Sylvie Jolie, et elle m’a demandé de la mettre en scène. Mais je ne suis pas drôle 24 heures sur 24. Sur un plateau de télé, j’ai horreur de faire le type du genre je te tape sur l’épaule… Ou jouer un de mes personnages, alors que je le ferais tellement moins bien que sur scène. Je ne triche pas avec mon trac. Et puis, si la salle où je joue est remplie, j’ai la faiblesse de croire que c’est parce que je ne donne pas tout, tout le temps. Je ne peux pas être drôle tout le temps, visible tout le temps. Comme dans «Catherine et Liliane», sur Canal? Oui. Catherine, c’est une façon d’être connu sans être reconnu dans la rue. La notoriété, ça ne provoque pas de belles choses. Ça peut très vite devenir de la mauvaise vanité, de l’orgueil mal placé, ça peut flirter avec l’envie, avec la comparaison. Et ça, je déteste. Ce que je suis, ça me regarde. Catherine est très construite, je sais

comment elle doit se maquiller, je sais quel mot elle utilisera, et pourtant c’est de l’improvisation… Et si on m’oublie, je prends ça pour un compliment. Ce qu’il faut faire, ce sont de beaux objets artistiques. Après, le temps fait son œuvre. «Du luxe et de l’impuissance» : c’est le résumé de ce métier. C’est Lagarce qui a dit ça. Vous reprenez le spectacle que vous avez démarré il y a six ans… Il n’a jamais cessé d’évoluer, avec des sketchs que j’ai arrêtés, d’autres que j’ai repris, que j’ai fait évoluer. La colonne vertébrale et la structure ne changent pas, mais la chair et la couleur des cheveux, oui. Je le joue beaucoup, je ne veux pas m’ennuyer. J’ai une chance énorme avec le succès de ce spectacle et je n’ai pas envie de bouder ça en me demandant ce que je vais faire après. Quand ça marche, il faut prendre le temps de faire le plein de son public. Je suis très moyennement connu, la notoriété ne se construit pas en deux minutes, c’est long, c’est un travail d’artisan. L’industrie du disque s’est cassé la gueule à vouloir vendre des supports. Maintenant, les artistes de music-hall réapprennent le chemin des concerts. Une tournée théâtrale, normalement, c’est trois mois sur les routes. Moi, je ne fais jamais plus de trois ou quatre dates en province par mois. Mon fils a 6 ans et demi, il rentre cette année au CP et je ne me vois pas ne pas suivre ça de près. Je suis un mélange de contrôle et de luxe. C’est un métier trop dur pour ne pas le faire de manière luxueuse. Propos recueillis par E L L E N W I L L E R Alex Lutz au Grand Point Virgule, du 29octobre au 31décembre 2013.

Hiding in the spotlight Alex Lutz is an “actor and director. Author… In fact, I’m an artist.” He began in theater groups at high school, earned his first money aged 17 in a theater company as assistant to the director. Then, through a friend, he began directing comedians in their solo shows, before starring in his own . He’s currently playing a woman in a daily sketch,Catherine et Liliane, on TV network Canal+ (“It’s a way of being known without being recognized”), while finishing his first film and doing a live show that’s been evolving for the past six years. “The backbone and structure haven’t changed, but the flesh and hair color have. I’ve performed it a lot, but nowadays you have to build up your own public. Even so I never do more than three or four dates outside Paris a month. My son’s six and a half; he’s going to elementary school this year, and I’m not missing that. I’m a mix of control and luxury. It’s too hard a business not to do it with a bit of luxury.”

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Pierre Lemaitre «Un roman, c’est d’abord des personnages»

ierre Lemaitre est un auteur respecté de romans policiers, six à ce jour, presque tous primés. Avec un beau roman noir, épique, une tragédie magnifique sur les lendemains de la guerre 14-18, il vient de rafler une place parmi les « goncourables ». Goncourt ou pas,Au revoir, là-haut, publié chez Albin Michel, s’inscrira de toute façon dans la liste des best-sellers. Comment vit-on une telle consécration? L’homme a longtemps été formateur pour adultes, notamment des bibliothécaires. Grand lecteur, il a commencé à aimer la littérature et à la décortiquer bien avant d’y risquer lui-même un pied: «En fait, j’écrivais toujours, mais de façon assez distraite. Je n’étais pas en confiance. J’étais dans un milieu peu aidant. Personne ne croyait que je pourrais y arriver. Pas même moi… Et puis, il y a une dizaine d’années, j’ai changé mon fusil d’épaule. J’ai rencontré mon épouse, qui est bibliothécaire. Elle savait que j’écrivais mais je ne lui avais jamais fait lire quoi que ce soit. Elle a fini par insister avec beaucoup de gentillesse. J’étais sur un roman policier, à 200 pages environ. Elle a dit: “ça, il faut le terminer, ça sera publié.” On l’a envoyé à 22éditeurs et j’ai eu 22refus. Même devant 22 refus sur 22, elle n’a pas eu l’ombre d’un doute, elle a dit qu’il devait y avoir une erreur. Quinzejours plus tard, un éditeur qui l’avait refusé, l’a accepté. Il voulait le faire concourir pour le Prix Cognac. Et je l’ai eu.» Et voilà que Pierre Lemaitre change de vie, littéralement. Avec une telle carte de visite, il devient scénariste pour la télévision, enquille les polars à succès, traduits en une vingtaine de langues. Jusqu’au moment où ça ne lui suffit plus : «Tous les romanciers de «la noire» ont envie tôt ou tard de sniffer de «la blanche»… Pour la blanche, je voulais un roman d’aventure où il se passe des choses. Dumas, Tolstoï, Proust, pour moi, c’est la grande trilogie: c’est entre ces trois-là que je me suis fait. Eux qui m’ont fait lecteur. Je ne veux pas que l’écriture mange l’histoire, et je veux moins encore que l’histoire mange les personnages. Un roman, c’est d’abord des personnages. La petite réussite que j’ai eu dans le polar vient de là.» Il mène donc à bien un texte qu’il a depuis longtemps en tête. A-t-il eu l’impression de devoir se mettre en costume pour se glisser dans ce nouveau genre ? «Au contraire, j’ai eu l’impression de retirer un bleu de travail. Le genre policier est

très fort en contraintes, qui sont parfois pesantes. Un polar, c’est une histoire, une intrigue, des rebondissements, un climax… C’est écrit dessus, donc il faut que ce soit écrit dedans. Avec ce roman, j’ai trouvé une liberté que je n’avais pas.» Lecteurs, ne le manquez pas! Propos recueillis par E L L E N W I L L E R

Character study “I always wrote, but in a distracted way,” says Pierre Lemaitre. “I wasn’t confident; nobody thought I could do it. Not even me. Then about 10 years ago I met my wife. I showed her a detective novel I was writing and she told me, ‘You have to finish it.’ I sent it to 22 publishers and got 22 refusals. She said there had to be an mistake and a fortnight later, a publisher who had refused it accepted it.” Lemaitre’s latest novel, Au revoir, là-haut, set in the aftermath of World War I, is his (successful)attempt to write an adventure story. “With this book,” he says, “I discovered a freedom I’d never had.”

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Sophia Aram ais pourquoi diable Sophia Aram, piment de la matinale de France Inter, a-t-elle choisi d’aller occuper la case sinistrée du 18heures de France2, mission éminemment dangereuse, qui, de plus, risque de mettre à mal, service public oblige, sa liberté de ton? «J’étais déjà sur le service public et j’avais une liberté totale! répond avec sérénité l’humoriste. Si France2 a fait appel à moi, c’est en connaissance de cause: la chaîne sait ce que je fais et ne veut pas quelque chose de tiède. Quant à moi, après trois ans sur France Inter, j’ai plus envie de légèreté que d’un billet humoristique tournant à l’édito politique. Là, je ne suis plus dans une tranche d’info pure et dure, et les sujets seront plus variés. Mais je vous rassure, je ne vais pas changer !» Comme Jamel Debbouze, Omar Sy ou Arnaud Tsamère, Sophia Aram arrive de Trappes, mais n’appartient pas pour autant à une bande d’humoristes qui viendrait de cette banlieue chaude des Yvelines. «C’est juste la ville qui a permis l’éclosion de talents en mettant en place partout des ateliers d’improvisation théâtrale, raconte celle qui rêvait de devenir journaliste. On nous a donné des outils pour nous exprimer, et le théâtre a été une véritable découverte pour moi, mais je n’envisageais pas d’en faire mon métier.» Elle passe parLesEnfants de la télé, écrit pour Endemol, intervient sur NRJ, puis Europe 2, mais c’est son premier spectacle, Du plomb dans la tête , consacré à l’école et aux ambitions délirantes des parents pour leur progéniture, qui la révèle. Et dans une scène féminine riche, mais où l’on parle plus volontiers des relations hommes-femmes ou de la maternité, elle se distingue en occupant seule la place de l’humoriste engagée. «J’ai toujours été comme ça, c’est ce qui me correspond, se souvient Sophia Aram. Petite, on me surnommait Sœur Teresa car l’injustice m’a toujours insupportée. En fait, j’ai arrêté de croire en Dieu en même temps qu’au Père Noël et à la Petite Souris! J’ai fait un package !» Athée –«si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse, comme disait Woody Allen !»–, elle allume toutes les religions dans un second show gonflé où, par exemple, elle chanteI Am a Muslim Bitch en burqa… Il y a deux ans, Charlie Hebdo flambait pour (presque) moins que ça… «Je n’ai pas l’impression d’aller si loin que ça, surtout dans un pays comme la France,

répond, étonnée, la jeune femme qui a pourtant été plusieurs fois menacée. Ce n’est pas parce qu’il y a trois extrémistes qui s’en prennent à vous que vous allez vous arrêter. Il faut continuer à se battre, ne riens’interdire. D'ailleurs, les salles sont pleines partout où je passe.» Sophia Aram ne croit guère en la neutralité des comiques comme des journalistes. «Je ne suis encartée nulle part, je suis libre, mais je me situe évidemment à gauche, je ne m’en cache pas. Mais je n’épargne pas la gauche non plus dans mes chroniques. Nous sommes des bouffons, nous sommes là pour nous moquer des politiques. L’immense majorité d’entre eux a assez de recul pour bien prendre mes billets humoristiques. Après, il est sûr que je ne partirais pas en vacances avec Nadine Morano et Marine LePen.» Pour l’heure, Sophia Aram se prépare à reprendre en janvier son spectacle un peu partout en France. Quand elle en a le temps, elle travaille à l’écriture d’un premier film de cinéma. Ou se gave de séries télé, son péché mignon. La dernière pour laquelle elle a craqué? Boss, série américaine sur la violence politique. On ne se refait pas… MAX ROBERT

Sugar and spice Sophia Aram isn’t scared of upsetting anyone – whether it’s religion of all faiths (“I stopped believing in God at the same time as Santa Claus”), National Front voters (her comments on them got her a telling off from the national audiovisual regulator), or politicians of all stripes (“We’re here to mock them”). She’s also now got an early-evening talk show on national network France 2, but she says, “I can assure you I’m not going to change!” She began performing at a celebrated improv theatre, and worked for various TV shows and a radio station before her first big breakthrough, a stand-up show. For the past three years her weekly, bitingly satirical appearances on radio station France Inter have continued to raise her profile. As well as returning to TV, she also plans to take her show back out on the road and continue working on her first film script.

Benoit Cambillard

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Brune piquante



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Chiara Parisi l’Italienne à Paris

irectrice aujourd’hui des programmes culturels à la Monnaie de Paris, Chiara Parisi aime les défis insolites. Romaine, professeur d’art contemporain et critique, elle a été commissaire pendant quatre ans du cycle «La Folie de la Villa Médicis», où elle a eu l’occasion de présenter les œuvres de Fabrice Hyber, Rem Koolhaas, Maurizio Cattelan… Dans la foulée, pensant que rien ne l’arrêtera, elle pose sa candidature à la direction du Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière. L’Italienne passe en tête et restera sept ans, de 2004à 2011, entre ciel et terre, dans la campagne limousine. Là, dans un isolement propice et particulièrement fécond, elle se dépense sans compter, organise des résidences d’artistes, soutient l’inédit, encourage les premières monographies et enrichit le parc de

BERTRAND RAISON

Chiara Parisi likes a challenge. From 2004 to 2011, this critic and professor of contemporary art headed the International Center for Art and Landscape at Vassivière, in the heart of France, which she filled with new sculptures, such as Alexander Ponomarev’s incredible submarine. Then in 2011, as part of a revamp of the headquarters of France’s oldest public institution, the Monnaie de Paris – or Paris mint – chose Parisi to head its cultural programs. The institution will reopen in fall 2014, but Parisi has kept busy by co-curating this year’s Nuit Blanche in Paris.

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Philippe Lévy

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sculptures. Bref, présente sur tous les fronts, elle n’hésite pas à conjuguer l’excellence aux surprises de la fête. Vassivière, pour longtemps encore, rimera avec l’incroyable sous-marin d’Alexander Ponomarev, la sculpture monumentale de Yona Friedman, le skate-park de la Coréenne Koo Jeong-A, sans oublier les vaches éphémères de Claude Lévêque. Nouveau tournant, en 2011, la Monnaie de Paris, en pleine restructuration, cherche son ambassadeur culturel ; Chiara l’emporte devant plusieurs centaines de candidats. Et de nouveau elle s’intègre à un projet qui promet d’être décoiffant. Car la vénérable institution frappant monnaie dans la seule usine encore en activité au cœur de Paris, employant 150ouvriers, s’endormait dans la poussière de ses privilèges régaliens. A partir de la rentrée 2014, la Monnaie, sous l’impulsion de son président, Christophe Beaux, dévoilera son nouveau visage. L’établissement public lancera de nouvelles boutiques, présentera ses savoir-faire, créera un jardin et ouvrira le lieu sur la ville en accueillant le restaurant gastronomique de Guy Savoy, qui abandonnera la rue Troyon pour les charmes de la Seine. Dans un tel site, Chiara Parisi, disposant des salons du premier étage, aura toute liberté pour écrire la nouvelle histoire de la rencontre de l’institution avec l’art contemporain. Quand on lui demande les grandes lignes de son programme, elle invoque le secret-défense, ses yeux bleus disent le contraire, mais il faut attendre l’ouverture officielle. En guise de consolation, la Nuit blanche du 5octobre prochain, dont elle est, avec JuliePellegrin, la directrice artistique, devrait fournir une belle entrée en matière.


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Joseph Dirand

«J’essaie de nepas avoir de style»

our le grand public, son nom ne résonne pas encore comme ceux de Starck, d’Ora-ïto ou d’India Mahdavi, mais Joseph Dirand, 39ans, est un vrai grand de l’architecture d’intérieur, statut d’ailleurs officialisé au dernier salon Maison&Objet, où il a été couronné créateur de l’année2013. «Je ne m’y attendais pas, affirme l’artiste. J’ai commencé à 23 ans, et les choses s’accélèrent aujourd'hui, car je travaille sur beaucoup de sujets qui intéressent le public et qui sont suivis par les médias.» Sa dernière réalisation,Monsieur Bleu, le restaurant du Palais de Tokyo, a marqué les esprits. Mais, auparavant, la très belle boutique Balmain de la rue François Ier lui avait apporté une reconnaissance mondiale. De New York à Londres, en passant par Pékin, des flagships Rick Owens à Alexander Wang, sans oublier les intérieurs privés d’une kyrielle de milliardaires, Joseph Dirand a imposé son style, décrit le plus souvent comme «minimaliste, radical et graphique». «J’essaie pourtant de ne pas avoir de style et de faire en sorte que mon travail ne soit pas qualifiable, même si j’ai ma manière propre de traiter un sujet, réagit l’architecte. L’art minimal, l’épure, depuis le début, m’ont nourri et sont devenus mon langage. Mais j’ai dû trouver de nouvelles réponses quand je travaillais sur des sujets où leminimalisme n’était pas la solution. Par exemple, je suis allé vers l’Art déco pourMonsieur Bleu, mais avec ma touche, ce marbre vert qui aurait pu ne pas coller, mais qui est, là, sublime. Je fais des choses très différentes, j’explore et je confronte les genres.» La carrière de Joseph Dirand n’aurait peut-être pas suivi la même trajectoire sans la rencontre d’India Madhavi, sa bonne fée. A la sortie de son école d’archi, le jeune homme va frapper à la porte de celle qui travaille encore pourChristian

Liaigre. «Elle m’a dit: “Lance-toi, car je vois de l’intelligence et de la qualité dans ce que tu fais, et ce ne serait pas bon pour toi de travailler pour quelqu’un.” Ça m’avait déconcerté: si ce que je faisais était bien, pourquoi ne m’embauchait-elle pas ? En fait, elle avait compris qu’il y avait dans mon travail quelque chose “qui pouvait le faire”.» Dix ans plus tard, devenue une star de l’architecture d’intérieur, India Madhavi l’appellera pour lui faire faire deux hôtels au Mexique. En 2013, les deux complices travaillent sur un palace à Courchevel. «Nos styles peuvent sembler opposés, mais nous sommes complémentaires et nous composons l’espace de la même manière. Et il n’y a pas de problèmes d’ego!C’est rare, cette générosité, cet échange…» Au milieu de ces nombreux projets (dont une boutique Pucci avenue Montaigne et le restaurantLeFlandrin), Joseph Dirand continue de courir les expositions d’art contemporain, sa grande passion, et de sentir l’air du temps. «On construit la vie parce qu’on sait la manger!» conclut-il. Propos recueillis par M A X R O B E R T

“I try not to have one style” “Iexplore by confronting different genres,” says 39-year-old interior architect Joseph Dirand. “Things have been gradual, but have now sped up because I’m working on projects that interest the media.” Such as Monsieur Bleu, the latest restaurant at the Palais de Tokyo art museum, or flagship stores for Rick Owens and Alexander Wang. After qualifying as an architect Dirand went to see fellow architect India Mahdavi. She told him he had what it took to succeed on his own and 10 years later he is still thankful for her advice. The pair now even works together: “And there’s no clash of egos! It’s pretty rare, this generosity, this exchange…”

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Adrien Dirand

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Etonnants Pa r i s i e n s

Kumisolo

Samuel Kirszenbaum

une Japonaise, à Paris

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etite silhouette frêle, minois gracieux, look déjanté et voix douce, Kumisolo, la plus parisienne des Japonaises, fait souffler un vent de fraîcheur sur la pop et électrise la scène musicale avec son univers kitsch et décalé. La brunette qui a posé ses valises il y a dix ans à Paris pour étudier le cinéma s’est fait connaître avec le trio Konki Duet avant de se lancer en solo. Kumi se transforme alors en Kumisolo pour accomplir seule une musique qui conjugue pop française et asiatique et qui doit autant à Bob Dylan qu’à Jacno. Eclectiques, ses sources d’inspiration comptent le cinéma, son autre passion, les dessins animés, le Japon bien évidemment, la cuisine, les artistes français des années 1960 jusqu’au début des 1990 et Paris: «Je suis fascinée par l’image du Paris glamour et par le Paris des années 1980 : son esprit, ses excès, le Palace… A cette époque, les gens avaient l’air de s’amuser tout le temps et partout.» Après un premier EP remarqué,Cœur Frag, Lakitchenmusic.com lui confie son tablier pour réaliser un livre de recettes chantées qui donne naissance à un objet collector et à un concept: Bon appétons. «La nourriture, c’est comme l’amour, ça parle à tout le monde. Et mon envie, c’est de rendre ma musique accessible au plus grand nombre.» Avec son deuxième EP,La Femme japonaise, un mini-album

de cinq titres sorti en juin, Kumisolo crée à nouveau la surprise : «C’est mon premier disque où toutes les chansons sont en français, et pourtant je l’ai appeléLa Femme japonaise. Un paradoxe qui définit bien ma personnalité!» Dans cet album, on retrouve toute son énergie positive, sa malice et son style étonnant bercé aux synthés. Et tandis qu’elle avoue être une «victime de la mode» en reprenant le tube de MC Solaar, on sourit à l’écoute deChapardeuse, hymne candide aux petits voleurs de magasin: «Contrairement à ce que peuvent laisser entendre les paroles de cette chanson, je ne vole pas au supermarché!» Propos recueillis par S A N D R A S E R P E R O

www.kumisolo.fr

Kumisolo: J-pop It’s been 10 years since Kumi first brought her sweet voice and crazy look to Paris to study cinema. She soon starting making music in the trio Konki Duet, before going solo – becoming Kumisolo – with a style that mixes French and Japanese pop with Bob Dylan and punk. After a first EP, Kumisolo released a mini-album in June: “It’s my first record on which all the songs are in French and yet I called it La Femme japonaise” – the Japanese woman – “it’s a paradox that’s suits my character!”

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Marion Cotillard

Le cinéma passionnément P

as banal! C’est une tranche de pain reçue en pleine figure qui a décidé James Gray, alors qu’il n’avait vu aucun de ses films, à travailler avec Marion Cotillard. C’était lors d’un dîner parisien. Le réalisateur de Two Lovers, brillant et mordant comme à son habitude, se moquait de films et d’acteurs qu’aimait l’héroïne de LaMôme. Le sang de l’actrice n’a fait qu’un tour et… elle lui a jeté un morceau de pain à la tête!«L’expression que j’ai vue alors sur son visage, raconte James Gray, était extraordinaire. Un mélange de volonté et d’émotion, d’intelligence et de sensibilité, une force de caractère évidente, qui m’ont immédiatement évoqué des actrices comme Louise Brooks, Lillian Gish et Renée Falconetti, l’héroïne deLaPassion de Jeanne d’Arc de Dreyer. Pour avoir envie de travailler avec un comédien ou une comédienne, il n’y a parfois pas besoin de plus. J’ai quand même regardé ses films après ce dîner, et je suis passé sans aucune hésitation dans le camp Cotillard!» James Gray n’est pas le premier à louer l’expressivité de Marion Cotillard. Woody Allen déjà, qui l’a dirigée dansMidnight in Paris: «Je ne me fatigue jamais de regarder son visage : sa palette d’expressions n’a pas de limites et elles surgissent toujours au bon moment.» Quelque temps après le fameux dîner, James Gray envoie un mail à l’actrice pour lui demander si elle accepterait qu’il écrive un film pour elle. «C’était le monde à l’envers ! avouet-elle. J’ai une liste des cinéastes avec lesquels je rêverais de travailler, et James Gray, depuisLittle Odessa, était bien sûr sur cette liste. C’est moi qui aurais dû lui demander de travailler avec lui. Ce mail m’a mis dans un état indescriptible.» James Gray écrit doncTheImmigrant pour elle – et pour son acteur fétiche, Joaquin Phoenix. L’histoire d’une immigrée polonaise qui, au début du XXe siècle, débarque à Ellis Island et est prise en mains par un homme étrange qui se révèle être un souteneur… Le film a été présenté au dernier Festival de Cannes et, à ce même festival, Marion Cotillard défendait aussi les couleurs deBlood Ties, le quatrième long-métrage de son compagnon, Guillaume Canet, écrit en partie… avec James Gray – d’où le dîner parisien! Deux films qui vont faire

l’événement de l’automne: Blood Ties sort le 30octobre et TheImmigrant le 27 novembre. Deux films tournés à New York, en anglais, où elle joue le rôle d’une prostituée – polonaise dans le film de Gray, italienne dans celui de Canet. otillard ou le goût des défis. D’autant que lorsque ces films seront à l’affiche, l’égérie de Dior aura terminé le tournage, dans la région liégeoise, deDeux jours, une nuit, le nouveau film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, papes belges et jansénistes du cinéma d’auteur, deux fois palmés à Cannes, pour Rosetta et L’Enfant. Le portrait d’une femme qui n’a qu’un week-end pour convaincre ses collègues de travail de renoncer à leur prime afin qu’elle puisse conserver son emploi. Cotillard ou le goût des contrastes. Et si c’était simplement le goût du cinéma? «Les rôles arrivent quand on est prêt à les recevoir, à les faire vivre», dit-elle avec un rare mélange d’humilité et de lucidité. Aujourd’hui, à 37ans, Marion Cotillard affiche une des plus belles filmographies

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«Les rôles arriventquand on est prêt à les recevoir, à les faire vivre»

des actrices de sa génération et est considérée sur la scène internationale comme l’une des comédiennes les plus hot du moment. Et l’on retrouve son appétit de cinéma jusque dans les spots de pub qu’elle a tournés pour Dior et pour lesquels elle a choisi, là encore, de vrais cinéastes:Olivier Dahan, David Lynch et John Cameron Mitchell, le sulfureux réalisateur de Shortbus, qu’elle a elle-même présenté à Dior. «Je ne soupçonnais pas, au départ de cette aventure, que la mode était un art et une source de création infinie, confie-t-elle, et que j’allais vivre des choses qui me feraient autant vibrer.» Bien sûr, il y a sa renommée, sa beauté et son talent. Mais cela n’explique pas tout. Et en tout cas pas pourquoi elle est devenue l’une de celles que s’arrachent les metteurs en scène les plus hot aussi. «Le rêve que je vis est beaucoup plus grand que celui que j’avais imaginé», confesse d’ailleurs l’inté-

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{ Talents } ressée elle-même. Est-ce la profondeur de son regard bleugris dans lequel on perçoit toujours une ombre de mélancolie? Est-ce l’éclat de son rire que rien ne semble pouvoir arrêter lorsqu’il se déclenche? Est-ce la force de son émotion qui arrive soudain sans crier gare, au détour d’un regard baissé, d’un sanglot contenu, d’un geste esquissé? Est-ce l’intensité de sa sensibilité à fleur de peau qui rend toute chose vivante? Est-ce sa démarche à la fois très assurée et presque aérienne? En tout cas, que ce soit dans les films, dans les spots de pub ou dans les séances photo, tous les personnages qu’elle interprète laissent derrière eux un parfum de mystère, une puissance romanesque. Comme s’ils n’avaient pas livré tous leurs secrets. Comme si leur vie ne s’arrêtait pas au mot «Fin» sur l’écran. Comme si, grâce à elle, nous n’en avions jamais fini avec eux… C’est certainement tout cela à la fois qui attire aussi ces réalisateurs qui rêvent aujourd’hui de travailler avec elle. ’autant que sa curiosité de cinéma n’a d’égale que son goût du travail. «Mes parents étaient tous les deux acteurs de théâtre.Mon père m’a toujours dit: “Le don ne suffit pas. Si on ne travaille pas, le jeu s’épuise. Sans travail, un acteur ne peut pas donner toute sa dimension à un personnage.”» Il y a longtemps qu’elle a compris en effet qu’on ne peut, pour exercer ce métier avec excellence, se contenter de son instinct, de son talent, de son physique. «J’aime créer des personnages qui ont leur propre démarche, leur propre langage physique, leur propre voix… J’essaie toujours de disparaître dans un personnage le plus possible et de trouver sa façon de parler, même en français. Si je ris, si je pleure, si je crie de la même façon d’un film à l’autre, alors ça me rappelle une héroïne précédente qui n’est pas censée se trouver là. Et, du coup, cela me fait sortir du personnage.» Elle adore ainsi préparer ses rôles, travailler leur accent et leurs gestes, comprendre leurs motivations et leurs émotions. Elle n’hésite pas à multiplier les séances de travail avec les coachs, les exercices physiques, les cours de langue, les lectures, les voyages, les expériences… Pendant la préparation, elle vit avec ses personnages. Elle leur invente un passé, elle leur imagine un avenir. Comme si elle avait besoin de cette étape pour pouvoir, rassurée, s’abandonner totalement lorsque la caméra tourne. Et tout oublier, y compris elle-même. «Ce qui m’intéresse, dit-elle, c’est la recherche – et en particulier celle qui concerne l’humain. Ma connaissance de cet animal fascinant qu’est l’homme est plus profonde à chaque fois. Je ne sais pas si c’est pour cette raison que j’ai choisi ce métier, mais, oui, cela correspond à une quête personnelle… Essayer de comprendre comment une personnalité s’est construite. Le côté scientifique du cinéma, même si l’anthropologie n’est pas considérée comme une science, me passionne…» Ainsi s’est-elle plongée pourTheImmigrant dans la langue et la culture polonaise, à la fois pour parler polonais –une vingtaine de pages de dialogues quand même!– et pour parler américain avec un accent polonais. «Quand j’ai envie de faire un film, je pense d’abord à la beauté de l’histoire et du per-

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sonnage. Je n’ai donc pas paniqué tout de suite. J’ai dévalisé la librairie polonaise de Paris et vu beaucoup de films pour entendre la langue. Je savais d’où mon personnage venait et j’avais besoin de visualiser ce qu’était sa vie, de la situer socialement… Et puis est venu le moment de rentrer dans le travail, et là, c’était plus dur. En polonais, il n’y a pas un mot qui ressemble à de l’anglais ou à du français!Je devais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour parler polonais sans accent. J’ai travaillé avec plusieurs coachs, dont l’actrice qui joue ma tante dans le film. Il fallait que ce soit parfait. Cela me mettait une pression supplémentaire, d’autant que j’avais du mal sur le plateau à savoir si cela était parfait ou non. Comment être sûre que ce soit le bon accent, la bonne sonorité ? C’était du coup assez déstabilisant.» James Gray l’a certainement rassurée assez vite. Ne parlant pas polonais lui-même, il demande un jour à cette Polonaise qui joue sa tante ce qu’elle pense du polonais de Marion Cotillard. «Elle m’a dit, raconte le cinéaste, qu’il était excellent, avec juste une pointe d’accent allemand. J’en ai parlé à Marion qui m’a répondu : «C’est fait exprès puisque mon personnage vient de Silésie, région polonaise proche… de l’Allemagne! C’est vous dire son degré de précision. Ça m’a bluffé!»

«Le rêve que je visest beaucoup plus grand que celui que j’avais imaginé»

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aradoxalement, elle a eu plus de mal à apprendre à parler italien et à parler anglais avec un accent italien dans Blood Ties. «Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours beaucoup de mal avec l’italien! J’avais déjà essayé sur un film précédent, et cela avait été une catastrophe.» Heureusement, à Cannes, à la conférence de presse du film, un journaliste italien l’a félicitée pour son accent. «Je pourrais venir vous embrasser pour un tel compliment tellement cela a été dur. J’ai mis autant de temps à apprendre une page en italien que vingt en polonais!» lui a-t-elle répondu dans un éclat de rire. C’est pourtant elle qui avait décidé Guillaume Canet à donner à ce personnage une origine italienne. «Lorsque je commence à penser à un personnage, dit-elle, j’essaie de faire le vide en moi et j’attends de voir ce qui vient en premier pour remplir ce vide. Quand j’ai pensé à cette prostituée de Blood Ties, la première chose que j’ai vue, je ne saurais pas expliquer pourquoi, c’est l’Italie. On en a parlé avec Guillaume, et nous avons donc décidé qu’elle serait d’origine italienne.» C’est le deuxième film, aprèsLesPetits Mouchoirs, tourné en 2009, qu’elle joue sous sa direction. Le premier après la naissance de leur fils, Marcel, en mai 2011. «Je pourrais en faire vingt avec Guillaume tellement j’ai plaisir à travailler avec lui! J’aime son énergie, sa passion. Je suis fascinée par la manière dont il mène son équipe, dont il dirige ses comédiens avec beaucoup de respect, d’attention et de compréhension. En même temps, c’était une expérience

Marion Cotillard avec Joaquin Phoenix dans «The Immigrant».

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«Ce qui m’intéresse, c’est la recherche et en particulier celle qui concerne l’humain. Ma connaissance de cet animal fascinant qu’est l’homme est plus profonde à chaque fois. Je ne sais pas si c’est pour cette raison que j’ai choisi ce métier, mais, oui, cela correspond à une quête personnelle…»


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{ Talents } particulière –nous nous parlions même le plus souvent en anglais sur le plateau, c’est dire!» Lorsqu’on lui demande le point commun des personnages qu’elle a interprétés, elle répond simplement: «Ce sont des femmes en mouvement, dont la pulsion de vie est forte et palpable.» On ne saurait trouver meilleure définition d’ellemême. Son métier et son statut ne l’empêchent pas d’ailleurs d’avoir des préoccupations citoyennes. Au contraire. Si sa passion pour l’écologie –et pour les actions de Greenpeace– date d’avant sa notoriété, elle n’hésite pas aujourd’hui à mettre, à chaque fois qu’elle le peut, sa réputation au service de cette juste cause. Aussi bien en affirmant régulièrement son admiration pour Wangari Maathai, cette militante écologiste et politique kényane, Prix Nobel de la paix 2004, ou son soutien à Pierre Rabhi, «paysan philosophe et poète bouleversant» qui défend une agriculture proche de l’homme et de l’environnement, qu’en mettant en avant les actions de Maud Fontenoy et de Tristan Lecomte pour la défense des forêts et des océans… «Je suis consternée par la lenteur ambiante: on ne prend aucune mesure radicale, alors que tant de choses sont en péril. On pourrait sans doute inverser la vapeur, mais la dictature de la rentabilité fait que personne ne fait rien pour que la population intègre l’urgence des décisions à prendre.» Elle sait que ce combat est long et difficile, mais il ne lui fait pas peur. Elle ne craint pas la difficulté. C’est même un moteur pour elle. Aussi bien comme citoyenne que comme actrice. «C’est vrai, reconnaît-elle, mais je ne la recherche pas en premier lieu. Je suis plutôt attirée par l’inconnu, par des choses qui me paraissent parfois impossibles à réussir, que je n’ai jamais expérimentées auparavant.» Pas étonnant donc qu’elle ait eu envie, elle, la star internationale, l’actrice glamour qui joue volontiers le jeu sur les tapis rouges du monde entier, l’égérie de Dior, de se confronter à l’univers austère, radical, social, des frères Dardenne, où elle joue, ni maquillée ni coiffée, une femme qui lutte pour ne pas perdre son emploi. «J’ai envie de leur dire merci à chaque instant. Je ne sais pas vraiment comment ils sont venus jusqu’à moi, je ne cherche jamais à savoir pourquoi les réalisateurs me choisissent… Ce que j’aime, c’est aller dans la vie des gens, et, avec les Dardenne, des humanistes, le voyage est particulièrement beau.» n veut bien la croire, et il y a toutes les chances qu’on les retrouve, elle et eux, au Festival de Cannes 2014. Et aussi d’ailleurs avec Michael Fassbender, héros deHunger et deShame, son alter ego en hot stars, dont elle va être la Lady Macbeth dès janvier prochain devant la caméra de l’Australien Justin Kurzel. Le voyage de Marion Cotillard est loin d’avoir livré toutes ses surprises.

Marion Cotillard, a passion for cinema James Gray wrote his most recent feature,The Immigrant, for Marion Cotillard. “It was the world upside down!” says the actress. “I had a list of directors I dreamed of working with and since Little Odessa James Gray was, of course, on it.” The result, the story of an early 20th-century immigrant to the US, was shown at this year’s Cannes Festival, alongside another Cotillard film, her companion Guillaume Canet’s Blood Ties. Two films in which she plays a prostitute, Polish in Gray’s film, Italian in Canet’s. But then Marion Cotillard likes a challenge. So she can move from being the face of Dior to working without makeup with the kings of social realism Jean-Pierre and Luc Dardenne near Liège, Belgium. “Roles turn up when you’re ready to receive them and bring them to life,” she says. “My parents were both theater actors, and my father always said, ‘Talent isn’t enough, if you don’t work, you exhaust it. Without work, an actor cannot completely bring a character to life.’ I always try to disappear into a character as much as possible and find her way of speaking,

«Je ne cherche jamaisà savoir pourquoi les réalisateurs me choisissent… Ce que j’aime, c’est aller dans la vie des gens.»

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J E A N - P I E R R E L AV O I G N AT Marion Cotillard dans«Blood Ties» de Guillaume Canet.

even in French.” Marion Cotillard likes to prepare for roles, working out accents, gestures, understanding motivation and emotion. She works with coaches, trainers, language teachers; she reads, travels, experiences. She invents characters’ back-stories; imagines their futures. “I’m interested in research,” she says, “in particular about humans. My knowledge of this fascinating animal called man gets deeper each time. Trying to understand how a character is constructed, the scientific side of cinema – even if anthropology isn’t considered a science – fascinates me…” ForThe Immigrant she dived into Polish, language and culture. “I read everything in the Polish bookshop in Paris and watched lots of films to hear the language. I had to do everything in my power to speak Polish without an accent. I worked with several dialect coaches, including the actress who played my aunt in the film.” The latter told Gray that Cotillard’s accent was excellent, but had a touch of German. “Marion told me, ‘But that’s deliberate because my character’s from Silesia, which is close to Germany!’” Cotillard had more trouble with the Italian inBlood Ties: “I don’t know why but I’ve always had real problems with Italian!” That film is her second under the direction of Canet, the father of her child, Marcel, born in May 2011. “I could make 20 films with Guillaume I love working with him so much!” she says. “I love his energy, his passion.” When asked if the characters she plays have something in common, she replies, “They’re women on the go, with a strong, palpable lust for life.” Which is perhaps as good a description of Marion Cotillard as you’ll find.

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es théières et les vases deKurt Weiser sont des chefs-d’œuvre de porcelaine. Kurt Weiser est un artiste américain. Son travail est tout autant influencé par la peinture traditionnelle chinoise que par les visions très européennes de l’Eden perdu. L’artiste a d’abord commencé à décorer ses théières de graphismes en noir et blanc, avant de passer, après un voyage en Thaïlande qui l’a beaucoup marqué, aux couleurs luxuriantes. Avec cette série, il atteint un des sommets de son art : c’est un travail de peintre en trois dimensions qu’il nous propose, en associant de manière unique peinture et volumes. L’artiste se sert des courbes et des formes des pots pour exacerber les formes dessinées. Les corps et les visages acquièrent une présence incroyable grâce à leur placement et leur taille dispro portionnée dans les objets. L’ensemble des pièces est conçu dans une thématique totalement cohérente : c’est la perte de l’Eden qui obsède l’artiste. Il nous offre une vision à la fois fascinante et inquiétante: des paysages, une végétation et une flore idylliques hantés par des visages tendus, des animaux souvent morts et des insectes envahissants. La beauté formelle comme consolation du paradis perdu.

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Kurt Weiser’s teapots and vases’ natural curves and shapes exaggerate his paintings to create threedimensional planes. The whole collection is a continuum of the artist’s long-time interest in a postlapsarian vision of Eden: formal beauty as a consolation for what we have lost. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Ralph Wenig

«La lingerie, c’est pour séduire, mais c’est d’abord pour se séduire soi-même!»


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homass T l a t n a h C

Séduire A

avec élégance hommes. Son splendide appartement à Paris est à son image. Un univers de boudoir, très rose, chargé de bibelots, dont deux sublimes corsets dorés chinés aux puces, deux Peynet et sa dernière acquisition, un fauteuil rose de Gaetan Pesce. Devant nous, sur la table basse, sont posées les lettres du mot «glamour», pièces en céramique, peintes en or, réalisées par un artiste allemand.

Virgile Guinard

ujourd’hui, j’ai la chance d’être invitée chez la reine des dessous chics. Une icône à la silhouette immuable, bouche écarlate, cheveux ébène et coupe au carré, taille de guêpe toujours habillée de noir et blanc. Grâce à elle, la lingerie est devenue un objet de mode et de création à part entière. A porter dessus comme dessous. Une révolution qui a libéré les femmes… et fait plaisir aux

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Vous êtes la reine des dessous chics… CHANTAL THOMASS. C’est ce qui se dit … et la diva des frou-frous. Vous n’avez rien contre les frou-frous? Non, je n’ai rien contre les frou-frous: au contraire, j’aime ça! Vous avez apporté beaucoup aux femmes. Grâce à vous, elles se sentent belles et fortes. Oui, la lingerie, c’est pour séduire, mais c’est d’abord pour se séduire soi-même! Pour se sentir belle. Même si personne ne le voit, on se sent mieux, on est plus sûre de soi, on se tient plus droite. Pour soi, c’est beaucoup plus agréable. La femme Chantal Thomass n’est pas une femme-objet, elle est sexy, troublante, mais avec humour, elle joue avec des codes… Oui, c’est ce qui fait la différence avec des concurrents comme Agent Provocateur, qui est «obviously sexy». J’ai commencé vers 1975, juste après l’époque féministe. On n’avait plus ce problème de ne pas montrer qu’on était féminine. C’était terminé, les féministes avaient fait le boulot ! Et moi, je trouvais dommage de ne pas avoir cette lingerie élégante, magnifique, qui met le corps en valeur et vous rend séduisante. On n’en trouvait pas, ou alors il fallait aller à Pigalle, dans les boutiques de prostituées, pour trouver des guêpières, par exemple. C’est pour cela qu’au début j’ai fait quelques pièces de lingerie pour une collection, juste des accessoires pour le défilé. J’avais trouvé un petit fabricant à Lyon qui faisait des articles pour putes. Je lui ai donné des tissus, de la soie, des belles dentelles et, ce qui n’existait pas à l’époque, des couleurs vives, pour qu’il réalise les pièces: un soutien-gorge porté sous une chemise transparente, un porte-jarretelles que l’on voyait sous une jupe fendue… et ça a plu tout de suite ! Car les filles de ma génération n’avaient jamais connu ça. On avait vu les bas sur nos mères... nous, on portait des collants, jamais de soutiens-gorge avec balconnets pigeonnants. C’étaitPlaytex, couleur chair ou blanche! Pas de noir, car c’était réservé aux vieilles dames dans les années 1960. Donc, ça a été un succès immédiat, et j’ai continué! Pensez-vous avoir aidé les femmes à se «réapproprier» leur pouvoir de séduction? Oui, j’ai commencé pour moi. En me disant qu’il manquait des trucs dans la garde-robe. J’avais envie d’être féminine, et on ne trouvait rien de joli en sous-vêtement. Je pense avoir aidé les femmes, car très vite elles ont compris que ce n’était pas uniquement un truc sexuel, mais aussi pour se faire plaisir. Car j’ai traité la lingerie comme un accessoire de mode. On a toutes envie de se sentir belles, à18, 40 ou 60ans. On veut se sentir bien dans son corps. Acheter de la lingerie sexy est devenu quelque chose de normal. J’ai embourgeoisé la lingerie sexy.

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Pensez-vous avoir été à votre manière féministe ? Oui, absolument ! A travers les images aussi. J’essaye de présenter des femmes qui maîtrisent leur séduction. Pas des femmes fatales, mais des femmes qui jouent à la femme fatale, qui ne subissent pas. C’est le contraire de Zahia, qui s’offre sous une cloche, comme une cerise sur le gâteau. C’est une femmeobjet, à l’opposé de moi et de ce que je veux exprimer. Moi, même en étant parfois provoc, je fais toujours attention à ne pas dépasser une certaine limite. C’est instinctif. Je m’inspire beaucoup de la lingerie ancienne. Je trouve les corsets magnifiques ! Je vais chercher mes dentelles à Calais, qui sont les mêmes qu’au XIXe siècle. J’aime être décalée. Je joue avec les motifs et les imprimés. J’ai fait des bustiers que l’on met sur des vêtements. Des crinolines avec les baleines recouvertes de frou-frous pour une robe de mariée. Je joue avec les codes de la lingerie. Vous jouez aussi avec le concept masculin-féminin... Absolument, et dans chaque collection! C’est le soutiengorge sous un smoking, des cols, des rayures tennis, par exemple, des bretelles d’hommes… et toujours avec des frou-frous ! J’aime que l’on voie un volant, une dentelle qui dépasse… Chaque saison, on a une guêpière, des porte-jarretelles et des corsets. Ça fait une jolie silhouette et met en valeur les formes. Ce sont des éléments de séduction pour le soir. On se crée un personnage pour sortir. C’est un jeu ! C’est quoi, pour vous, l’impertinence? C’est être un peu provocante, mais en jouant. Le sexy avec élégance, sans en faire trop! C’est jouer avec les clichés de séduction, comme l’infirmière, les petites bonnes, les pinup des années 1950, ou Marie-Antoinette avec ses corsets dont les seins débordent… en les rendant drôles et chics. Et surtout plus élégants. On peut tout se permettre, tout dépend comment on le porte. C’est une question d’allure, et surtout de mesure. Comment est la collection de cet hiver? C’est le thème du cirque. Des parures en noir et blanc pour Colombine, un serre-taille pour les dompteuses, des imprimés chinois pour les jongleuses, une guêpière écossaise, une parure constellée d’étoiles scintillantes, des confettis multicolores, des imprimés léopard et girafe, très tendance cet hiver, des collants cuissardes trompe-l’œil et une affolante salopette tanga! Tout un spectacle mis en image par Ellen Von Unwerth, avec des acrobates, des jongleuses, des dompteuses voluptueuses et… des femmes tigresses ! L’été prochain, ce sera «Vierge sage, vierge folle», tout un programme! Propos recueillis par A N N E D E L A L A N D R E

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Ellen Von Unwerth

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«Le sexy avec élégance, sans en faire trop! Jouer avec les clichés de séduction… en les rendant drôles et chics. Et surtout plus élégants. On peut tout se permettre, tout dépend comment on le porte. C’est une question d’allure, et surtout de mesure.»

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“Lingerie is about seduction, but more than that it’s about feeling beautiful. Even if no one else sees it, you feel better, more confident. When I began in the 1970s, we no longer had the problem of being unable to show off our femininity. Feminists had done the work for us. But I thought it was a shame you couldn’t find elegant lingerie that showcased the body and made you seductive. I began by making a few pieces of lingerie; I didn’t think I’d make a career of it. I found a small manufacturer in Lyon who made lingerie for hookers, and gave him the fabrics, silk, nice lace, all in bright colors that didn’t exist back then. It was an instant success. Women of my generation quickly understood that lingerie wasn’t just a sexual thing, but also a treat for them. We all want to feel beautiful. “In my ads, I try to present women who are in control, who aren’t passive. I always take care not to go too far; it’s instinctive. “I’m really inspired by antique lingerie. I find corsets magnificent; I love beautiful lace. I enjoy playing with clichés of seduction, such as nurses, maids and 1950s pin-ups, by making them funny, chic, and above all, more elegant. This winter’s collection is circus themed, a spectacle photographed by Ellen Von Unwerth, with acrobats, jugglers, voluptuous trainers, and womentigers!”


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Robe en cuir vernis et manches transparentes, bottes, Valentino. Chaussettes en maille, porte-jarretelles en cuir,Loewe. Gants en cuir et vinyle,Wanda Nylon. Collier et pendentif croix, Jean Paul Gaultier.

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Queen Photographies Signe Vilstrup Direction artistique Anne Delalandre Stylisme June Nakamoto


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Robe en broderie, Louis Vuitton. Manteau en fourrure panthère, Yves Salomon. Cuissardes en daim lacées, Casadei.

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Robe en broderie, Louis Vuitton.


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Robe dos décolleté en V, Carven. Ceinture dorée en métal, Burberry Prorsum. Sac en python,Jimmy Choo. Double bracelet gourmette, Givenchy.


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Bustier en maille Ă carreaux pied-de-poule, robe bicouleur et jupe en jacquard, Christian Dior. Culotte noire Wolford. Gants en cuir noir, La Bagagerie.

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Trench en gabardine et manches léopard,Burberry Prorsum. Débardeur et culotte en maille,Nina Ricci. Bas et porte-jarretelles en cuir,Loewe. Ceinture en cuir,Muveil. Collier gourmette en métal,Chanel. Bagues, Marc Deloche.


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Manteau panthère, Muveil. Gants brillants, jupe courte en tweed, Marc Jacobs. Collier de perles, Vintage Clothing Paris.

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Manteau panthère, Muveil. Gants brillants , jupe courte en tweed, Marc Jacobs. Bas noirs Falke. Collier de perles, Vintage Clothing Paris.

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Blouse imprimĂŠe, jupe fendue en cuir, col en fourrure, chaussettes et porte-jarretelles en cuir, Loewe. Gants noirs en cuir, La Bagagerie.


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Blouse imprimée et col en fourrure, Loewe. Gants noirs en cuir, La Bagagerie.


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Robe en crêpe de soie et broderies en dentelle,Gucci. Ceinture dorée en métal, Burberry Prorsum. Gants brillants, Marc Jacobs. Sac en cuir python,Jimmy Choo. Sandales, Stuart Weitzman.

Mise en beauté Dior : Karin Westerlund @B-agency avec le mascara Diorshow Black Out volume spectaculaire noir intensité Khôl, l’ombre à paupières 5 Couleurs Mystic, numéro 384 Bonne Étoile, le rouge à lèvres Dior Addict Extreme, numéro 986 Bonne Aventure et le vernis Haute Couleur, Haute Tenue numéro 992 Galaxie. Coiffure : Paolo Ferreira @Calliste Mannequin : Kristy Kaurova @ Nathalie agency Assistantes photographes : Charlotte Eugenié Bjurehag et Eva Pinsach Assistante styliste : Naoko Soeya Assistante : Roxane Fitoussi Merci au Musée du quai Branly pour son aimable accueil.


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Arié Benayoun Viva Zapa! P

our Arié Benayoun, président de Zapa, cette rentrée est importante. Sept ans après avoir repris et modernisé Zapa, «une belle endormie», comme il aime à dire, l’homme lance le premier it-bag de la griffe, leZ.54. «Zapa est né en1972, et quand son fondateur m’a cédé la marque en 2006, à moi et mes trois associés, elle était connue, mais discrète, raconte Arié Benayoun. C’était une griffe exclusivement féminine, classique et élégante, positionnée en moyen-haut de gamme. La société était saine et gagnait de l’argent. Tous les éléments étaient là pour réaliser quelque chose d’ambitieux.» Passionné et décidé, l’ancien professionnel de la retaille commence par reprendre le contrôle de sa distribution. «Il est capital, pour faire évoluer une marque, d’être propriétaire de son réseau afin de maîtriser complètement l’évolution de son produit, d’imposer son rythme et de ne pas être tributaire de partenaires», souligne Arié Benayoun. L’entrepreneur s’investit totalement dans le produit. «J’avais bien sûr envie d’avoir ma propre marque et qu’elle me ressemble. Je suis un amoureux du produit. Je m’implique dans tout, j’essaie tout, j’emmène des chemises chez moi que je lave dans ma machine pour vérifier comment elles tiennent! Alors, ça n’a pas été facile, ça a été long, mais nous avons réinventé le style Zapa !» En quelques saisons, la femme Zapa mue en une jeune femme moderne, rock-chic. Une ligne de jean slim est créée. Des déclinaisons bi-matières, comme le lin-cuir, font également leur apparition. «Pour la ligne homme, ce fut plus facile, car, là, je partais de zéro. J’ai pu faire ce que je voulais et cela a tout de suite fonctionné», explique Arié Benayoun. «Notre “plus”, c’est d’en offrir plus pour le même prix, poursuit l’homme. Nos tissus viennent à 95% d’Italie et nos jeans, chemises et sacs sont fabriqués là-bas. Nous sommes capables d’abaisser notre marge pour offrir un produit vraiment qualitatif. Par exemple, nous gagnons très peu d’argent sur notre sac. Il est entièrement fabriqué en Italie, nous aurions pu le produire en Asie pour deux fois moins cher, mais c’est pour nous une question de qualité et d’image. Nous avons de l’ambition, mais nous ne sommes pas pressés, nous ne sommes pas engagés dans une course au bénéfice.» LeZ.54 (Z comme Zapa et 54 pour le numéro de la rue où est installée la marque à Paris) est le pari de cet automnehiver. «C’est la suite logique pour la marque, et l’accessoire

non seulement va dynamiser le prêt-à-porter, mais il va aussi nous permettre de toucher une nouvelle clientèle qui ne vient pas chez nous», confie Arié Benayoun. Passionné d’architecture, ce dernier a imaginé un sac épuré, aux formes géométriques simples (le trapèze) et au look intemporel, mais dans l’air du temps. Disponible en trois tailles, il se décline dans une vingtaine de matériaux et coloris différents. Le Z.54 précède ainsi une collection de cabas et pochettes qui sortiront pour l’été2014. A ce moment-là, Zapa aura ouvert une boutique femmes en Chine, travaillera sur son implantation aux Etats-Unis et sur l’ouverture de boutiques dédiées à l’homme à Paris, puis à l’international. Pour Zapa, la vie commence à 40ans… Propos recueillis par M A X R O B E R T

Arié Benayoun bought Zapa in 2006 from its founder. “A sleeping beauty,” he calls the brand set up in 1972 and one ready to be awoken. So he took back control of the distribution network and began changing the style. In a few seasons the Zapa woman became younger and more modern. Slim jeans were created; a men’s line was added. “Our ‘plus’ is to offer more for the same price,” says Benayoun. “We lower our profit margins to offer a product of genuine quality.” The latest invention is the Z.54, a bag available in three sizes and 20 or so different materials and fabrics. For Zapa, life begins at 40.

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Etonnants Créateurs

Barbara Boccara et Sharon Krief

Nos coups de Cœurs Mode R

arement un rendez-vous aura été si vite organisé. Un coup de fil, un mail, et me voici dans l’immense showroom de BA&SH, niché dans une petite rue du Marais. La collection est exposée sous une immense et belle verrière. C’est fonctionnel, simple et moderne. Il se dégage une ambiance terriblement sympathique. Il doit faire bon d’y travailler. Barbara Boccara et Sharon Krief sont deux amies d’enfance, fières d’avoir mené ensemble l’aventure BA&SH. Elles sont accueillantes et chaleureuses. Elles créent ce qu’elles aiment, des pièces qui leur ressemblent, gaies, colorées, féminines. Des vêtements qu’elles ont envie de porter tous les jours. «Casual chic!» Elles sont proches de la rue, de l’air du temps. Elles écoutent leurs envies et ne se refusent rien. Elles sont libres et ne suivent pas forcément les tendances. Elles les interprètent à leur manière avec leurs codes et leur regard. Que pensez-vous des tendances de l’hiver prochain? Quels sont vos coups de cœur? (Elles répondent ensemble, terminent les phrases de l’autre et sont toujours d’accord.)Nous avons adoré Hedi Slimane, il a complètement révolutionné Saint Laurent.(Sharon est fan absolue !) Il a eu le talent de redonner à la marque un aspect mode très fort et très glamour. Le défilé a été un choc. On a eu envie de faire pour BA&SH des jeans déchirés et des petites robes en cuir sexy pour le soir. Il a aussi réalisé de beaux basiques, des accessoires plus rock et plus pointus. Et de belles robes du soir modernes et très années 1970. On aime aussi Balmain, très bling-bling, avec ses robes ultra-brodées. Nous, on n’aime pas pousser autant à l’extrême. Pourtant, on apprécie un joli top brodé. On a fait toute une série avec des strass. Mais d’une façon plus simple. Nous ne sommes pas une marque prétentieuse. On aime aussi Phoebe Philo, chez Céline. Elle a toujours le beau manteau, le pantalon parfait, le sublime pull. On a adoré le manteau oversize imprimé tartan écossais. Ça tombait bien, on avait fait du carreau, on ne savait pas pourquoi. Hedi Slimane et Céline en ont fait cet hiver, on avait vu juste ! Il y a aussi les imprimés léopard très tendance. Nous en faisons chaque saison. Cet hiver, ce sera de la soie en léopard. Nous sommes des Parisiennes, curieuses de mode, lectrices de presse, on aime sortir, donc on est forcément imprégnées de toutes ces tendances. Pourtant, nous ne sommes pas des fashion victims. Nous, on fait ce qu’on aime. On est

consommatrices avant tout. BA&SH, c’est facile à porter, et on veut que ce soit simple et très féminin. On n’intellectualise pas nos collections. On les réalise un an à l’avance, puis on est toujours ravies de voir qu’on est dans l’air du temps. On aime aussi les imprimés noir et blanc, un peu marbrés, d’Alexander Wang chez Balenciaga, ses dos très décolletés; le style de Bottega Veneta, mêmesi ce n’est pas très mode. Les sacs sont sublimes.Isabel Marant a un twist incroyable. Elle nous touche car elle est de notre génération, elle est très forte. Elle a une grande histoire. Et aussiAcne. Ils sont du Nord, nous sommes beaucoup plus féminines, plus dans le détail, etProenza Schouler, Bouchra Jarrar… On adore Valentino, son travail est magnifique. Un repositionnement en douceur. Et surtout Anthony Vaccarello: rock et hyper féminin ! Pour BA&SH, on aime toujours la maille, mais cet hiver il y aura beaucoup de cuir, du carreau, du velours et du strass. Des parkas, des manteaux, des pièces pour toutes les morphologies et tous les goûts. Plein de robes, car c’est ce qu’on préfère, certaines près du corps, d’autres faciles pour tous les jours, et surtout une robe smoking très chic! Votre pièce coup de cœur de la saison? Le blouson à carreau et la parka grise avec le col en fourrure. La citation de la rentrée? Food. Water. Clothes. «Let’s get back to the essentials.» Propos recueillis par A N N E D E L A L A N D R E

Barbara Boccara and Sharon Krief are childhood friends and the founders of BA&SH. “BA&SH is easy to wear, and we want it to be simple and extremely feminine. We don’t intellectualize our collections. We create them one by one ahead of time and are then always totally happy to see that they’re on trend. We are Parisian, curious about fashion; we love going out, so we obviously soak up trends, but we’re not fashion victims. First and foremost, we’re consumers. We always have prints and this winter it will be leopard skin on silk. At BA&SH we love knitwear, but for winter there is also lots of leather, checks, velvet and diamante. Parkas, coats, pieces for all body shapes and all tastes. Lots of dresses, too, because we love them; some tight, others easier to wear every day, plus, a tuxedo dress that’s totally chic.”


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ne mode ultra-couture et ultra-sexy! Le summum du dénudé et du dégraphé. Des robes longues entaillées par des boutonnières bordées d’œillets et de crochets que l’on peut ouvrir selon son humeur. Un festival de robes longues et de fourreaux transparents structurés par des épaulettes et un patchwork de dentelles et de strass. «C’est la femme fatale Versace», annonce fièrement Donatella. Ultra couture and sexy: a festival of long dresses and transparent wraps. “Versace’s femme fatale,” says Donatella.


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ous Des dess qui ne nt demandsee qu’à montrer


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Dominique Maitre

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Des pièces ultra-luxueuses, comme des bijoux seconde peau, très habillées, très déshabillés, pour des silhouettes ultra-sexy, comble du glamour bling-bling

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atik Antik B

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omade et chic! Des coupes modernes et des imprimés inspirés de la culture d’Europe centrale. Nomad chic! Modern cuts inspired by Eastern Europe.

ort, Après lelosh tt la cu eée d (ici brom tal, e d l au fi enétée ornemrles, de pe es paillett s) et clou es est une dces tendan cet sexy de ne autom


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Le très in teddy : réinterpurirété en c matelassinée ou en laée, rebrodssage pur méti es des cultutarle s n e id c c o s le ta n ie et or


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eune créateur anglais d’origine nigériane, Duro Olowu propose une mode à découvrir d’urgence: des coupes géométriques d’inspiration rétro, des couleurs éclatantes, des imprimés flamboyants pour une mode épatante et séduisante. Michelle Obama adore! Seulement disponible sur Net-a-porter.com A young British designer with Nigerian roots, Duro Oluwu makes fashion that needs discovering – quickly. Michelle Obama’s already a fan.

Luis Monteiro courtesy of Duro Olowu

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n Un pandta’elo pattes népehs très an 1970


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De longsts sweatshrirés ceintu és aux impreim pop t baroquees. Une d s sensatioisnosn de la sa

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La culotte haute à peine voilée

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iccardo Tisci mixe matières et imprimés, coupes près du corps et sweats longs. Ses sources d’inspiration sont multiples pour une mode baroque néo-punk sexy éclairée de touches de romantisme. «C’est vraiment une de mes collections les plus fun», dit-il. Riccardo Tisci mixes fabrics and prints, cut tight with long sweatpants. “One of my most fun collections,” he says.


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Jitrois

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uirs rose poudré ou bordeaux pour des modèles structurés, cintrés à la taille ou ceinturés, pour un vestiaire très féminin. Powder-pink or burgundy leathers for structured and extremely feminine creations.

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s Rocha

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arco Zanini, le styliste italien, veut donner à la marque, jadis assez guindée, une allure définitivement mode et subtilement audacieuse. On retrouve, comme chez beaucoup de créateurs cette saison, une recherche sur les matières, les imprimés et les couleurs: du cuir raffiné, des voiles, du noir, du rose et le retour de l’omniprésent imprimé camouflage. Rochas’ Italian designer Marco Zanini wants to give it a look that’s more ontrend and subtly daring.


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Du cuir léger uti li comme sé un accessoir raffiné e


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Des pièceeusses très vaporrrées resse le à la tail e comm des corsets

Cura Serkan

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e la fourrure, des plumes et du cuir pour le défilé haute couture du jeune créateur mi-belge, mi-turc. De merveilleuses parures pour des femmes oiseaux, douces et sexy. Fur, feathers and leather feature in this young halfBelgian, half-Turkish designer’s haute-couture collection.


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Un je audacieuux de matières et de structures


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Des robtees insec audacieustseysle pour unment rĂŠsolu et sexy futuriste

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e Une vest oversize re en fouraruules aux ép s. basse Une all.ure pop e in Une cercta idée hic de la e. lanc noncham our Du gla nté déja

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urprenante association de la fourrure et de l’imprimé camouflage chez Christopher Kane. Et proposition d’une série de robes filets rehaussées de motifs géométriques ou floraux fixés sur une structure en résille très aérienne. Christopher Kane brings together fur and camouflage prints to surprising ends.

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uthier a V e r d Alexan

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laire Un specfftaectu e recto verso pour ceupléull col ro e en lain

ne mode toujours sexy et ultraféminine avec des jeux qui s’amusent des recto verso et du mélange des matières. «Je n’ai qu’un seul but, rendre les filles les plus belles possible, sans tomber dans la vulgarité. Ce bleu layette, ce poudre sont les couleurs de l’enfance ; elles étaient indispensables pour injecter un coup de frais dans la collection», dit le créateur. Ever sexier and ultrafeminine fashion or, as the designer puts it, “I have just one goal: making women as beautiful as possible, without being vulgar .”


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ylon Wanda N

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anda Nylon, concept de mode autour de l’eau, c’est d’abord l’histoire d’une fille, Johanna Senyk, qui en avait marre d’être trempée quand elle roulait à scooter dans Paris. Ne trouvant rien de beau et de fashion pour se protéger, elle s’adressa à Peter Hornstein, designer spécialisé en matériaux high-tech, qu’elle avait repéré au Festival de Hyères. Ainsi naquit Wanda Nylon, marque de vêtements de pluie associant le luxe au confort et l’esthétique au fonctionnel. «Notre première pièce, nous l’avons coupée dans un rideau de douche», sourit Johanna Senyk, successivement styliste, directrice artistique, consultante, cocréatrice de la marque Anthony Vacarello et aujourd’hui aussi directrice de casting pour J.W. Anderson et TheRow, la griffe des sœurs Olsen. «Nous avons ensuite longtemps cherché des textiles techniques et développé des matières plastiques propres, qui ne jaunissent pas avec le temps, avant de présenter notre première collection,Cyclone 2012-2013 en juin 2012.» Les lignes pures, les silhouettes structurées, la précision des finitions et le style résolument mode conquièrent immédiatement le public. «La deuxième collection, Typhoon 2013,présente un vestiaire élargi, avec notamment de la maille, des jupes crayon et même un short en vinyle matelassé, raconte la créatrice, qui songe déjà à des maillots de bain pour cet été. Nous avons introduit de nouvelles coupes et de nouvelles matières (polyuréthane imprimé écaille, polyester réfléchissant, vinyle matelassé, résille plastifiée…), et l’accent est aussi porté sur l’hybridation des matières : laine tissée-PVC, maille-vinyle, vinyle matelassé-fourrure.»

Fashion consultant Johanna Senykwas tired of getting soaked on her scooter in the Paris rain. So she went to see hi-tech fabric specialist Peter Hornstein, who she’d met at Hyères in 2007. Wanda Nylon, designer rainwear for the discerning, was the result. Out now, the second collection (“Typhoon 2013”) features rainwear, as well as some knitwear, pencil skirts and shorts, in new cuts and innovative materials (wool-PVC, sheepskinvinyl). Keeping dry never looked so good. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Julia Champeau

MAX ROBERT www.wandanylon.fr


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Photo André Saraiva/Paris Première

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ENVOLEZ VOUS POUR LE PAYS MERVEILLEUX DE LA MODE LA MODE LA MODE LA MODE présenté par Alexandra Golovanoff Un programme court tous les jours à 20h30, une hebdo le week-end à 11h et des documentaires exceptionnels et inédits

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Paris Première est également accessible en clair sur le canal 41 de la TNT gratuite tous les jours de 18h à 21h, le week-end de 10h à 13h


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iu Miu M

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n jeu subtil et d’une étonnante élégance sur les époques et les styles, les matières et les superpositions, avec multiplication de pois, rayures, boutons et zip… A subtle play of epochs and styles for surprising elegance.


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La parade des cuissardes L

es cuissardes sont un des musts de la saison, très hautes ou juste au-dessus du genou, plates ou à très hauts talons, sur un pantalon slim, une mini-jupe ou même un short… De gauche à droite, cuissardesRider en veau navy, Céline. Cuissarde en nappa,Jimmy Choo. Cuissarde Mohawk en cuir noir à lacets et œillets d’or,Casadei. From left to right,Céline; Jimmy Choo; Casadei.

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e gauche à droite, cuissarde zippée en veau velours, Gianvito Rossi. Cuissarde en cuir et chaîne métal avec guêtre en cuir incorporé, Chanel. Cuissardes à lacets en veau velours noir, Giuseppe Zanotti. From left to right,Gianvito Rossi; Chanel; Giuseppe Zanotti.

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ce Bereni

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nfluence grunge et références anarchics, pour le vestiaire de Berenice cet automne: des clous, des piques, du cuir… Mais toujours ultra féminin. Un mix original et élégant. Berenice is grungy studs and leather made feminine.

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Prada

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nspiration après-guerre pour Miuccia Prada, qui nous propose pour la saison hivernale des robes en laine à carreaux, à larges rayures ou imprimés vichy que l’on peut échancrer à sa guise et porter sur de petits pulls noirs. Post-war inspiration for Miuccia Prada: woolen dresses with checks, wide stripes and Vichy prints.

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Boots festival E

n haut à gauche, boots Harmony pointues en suède, à découpe laser,Tabitha Simmons. Au milieu, bottines bordeaux à talons en anguille, Givenchy by Riccardo Tisci. A droite, bottines noires en cuir de veau avec fermetures éclair à la cheville, Giuseppe Zanotti. En bas, bottines lacéesKim en cuir métallisé, Gucci. Top, Tabitha Simmons; Givenchy by Riccardo Tisci; Giuseppe Zanotti. Bottom, Gucci.

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En haut, à gauche, bottines ouvertes en python noir à lacets, Giuseppe Zanotti. A droite, boots à talons ABS, imprimé zèbre, en poils de poney et fourrées de vison,Fendi. En bas à gauche, rangers en cuir ornés de clous et breloques, Saint Laurent by Hedi Slimane. A droite, boots ouvertesPrismick Peluche, Roger Vivier. Top, Giuseppe Zanotti; Fendi. Bottom, Saint Laurent by Hedi Slimane; Roger Vivier.

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Joe Paul &

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es chemises et des pantalons néo-pyjama pour une élégance à la parisienne, nonchalante, un peu bohème et très confortable. Shirts and trousers (think, remixed pajamas) for some nonchalant Parisian elegance and comfort.

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Christophe Michalak fête les 10 ans d’IKKS Pourquoi avoir choisi Christophe Michalak pour incarner les 10ans de la marque IKKS, dont vous êtes le PDG? PIERRE-ANDRÉ CAUCHE. Nous cherchions une personnalité originale dans le monde de la cuisine, domaine qui transfère des valeurs positives dans ce climat un peu tendu, qui est transgénérationnel, mixte et qui dépasse les frontières des CSP. Christophe a exactement ce profil. Il est très persévérant et talentueux, et a une réelle signature, un côté chic décalé qui caractérise aussi IKKS. Et, comme par enchantement, il a commencé sa carrière à Cholet, siège historique d’IKKS, aux mêmes années où naissait justement notre marque avec sa première collection enfant. Nous nous sommes rencontrés et il a été très vite évident que nos deux images «fittaient» bien ensemble. Christophe a découvert la ligne homme IKKS et est tombé très fan du style et des matières. Il a tout de suite accepté. Envisagez-vous d’autres collaborations de ce genre ? Dans quelle stratégie de marque cette démarche s’inscrit-elle ? Pour l’instant, ce n’est pas un fil rouge de la marque d’avoir des égéries, mais plutôt des opportunités pour fêter des anniversaires ou des capsules bien particulières. Nous aimons les hasards des rencontres, c’est notre côté décalé qui ressort…No rules ! Clothing brand IKKS chose celebrity patisserie chef Christophe Michalak to be the face of the campaign celebrating its 10th anniversary. “He’s extremely determined and talented, and has a sort of chic quirkiness that’s also IKKS,” says the label’s CEO Pierre-André Cauche. “We met for the first time and it was quickly clear that our two images fit well together.” PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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ARMANDO TESTA

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Les Carnets de Djemila

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e n’est pas la mi-carême mais un carnaval imprévu qui vient de secouer la province chinoise de Henan. Au zoo de Luohan, on fait passer un chien pour un lion. Le titulaire de la cage «lion d’Afrique» ayant été expédié en stage de reproduction, le directeur a placé en intérim un chien de race mastiff tibétain au poil roux, pensant que les visiteurs n’y verraient que du lion! Comme dans le conte d’Andersen, LeRoi nu, un petit garçon a éventé la grosse farce en criant à sa mère : «Mais pourquoi le lion, il aboie?» Même en Chine, où l’on a remplacé les vrais capitalistes par de faux capitalistes tout aussi efficaces, l’affaire est hallucinogênante! «Entrez, entrez et vous verrez!» A la manière de Monsieur Loyal, Jean Paul Gaultiernous convie à son défilé couture bigarré. La haute ménagerie des fauves ouvre la marche. Nouvel accessoire, la tache léopard marque aussi bien la chevelure que la jambe. Doté d’un buste de sirène et prêt à s’envoler pour la ronde de nuit, le bel exocet irisé de bleu et de vermeil redevient parigote avec son bibi en biais. L’esprit du Bowie d’Ashes to Ashesnimbe cette collection haute couture. Naomi Campbell reste insubmersible. En guest star chez Versace, le souvenir prégnant de Gianni explique peut-être la larme furtive sur la joue de la tigresse. Côté physique, en revanche, pas l’ombre d’un capiton! Poitrail en éventail, jambe ingambe, au service d’une élégance qui ne donne pas dans le prix de vertu. Miss Barbarella, votre nouvelle tenue est prête! Tout en un! Ras l’outrage, haut de cuisse et Préalpes des fesses. Quel contraste entre la plénitude naomesque et sa famélique hôtesse donna Donatella Versace, patronne de l’Atelier Versace Couture. Scaphandrée de cristal de Swarovski, il est difficile d’apprécier la plastique du mannequin de la Maison Martin Margiela. En revanche, le plastique des bottes rouges compensées façon New York Dolls est impec! Chez Hermès,le prêt- àporterhaut de gamme donne dans les années 1930 et1940. Cela en devient presque de l’Historial ! Quelle ode aux femmes de ces années qui, par leurs actions, firent davantage pour la condition féminine que le folklore de quelques exaltées bien protégées. En avant pour les aviatrices championnes du manche à balai transatlantique, les inconnues de tous les Express, les Lili Marlene et autres égéries! Pilotes de haut vol, Maryse Bastié

et Jacqueline Auriol auraient eu le coup de foudre pour le blouson de peau couleur gold, somptueux terrain d’atterrissage pour une chevelure à la Veronica Lake. Autre pièce de collection: une belle madone, digne de l’Orient Express, tente de se camoufler de gris en petite écolière sage. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Sa mine hautaine et le plaid porté à la torera montrent qu’elle est prête à en découdre avec l’animal. Christophe Lemaire, styliste d’Hermès, maîtrise l’art de faire tourner l’Histoire et les histoires autour de la Parisienne élégante. Over in Henan province, a Chinese zookeeper replaced his lion with a Tibetan mastiff dog. Like inThe Emperor’s New Clothes, no one said anything until a boy asked his mother why the lion was barking.There were big cats over at Jean Paul Gaultier, too, as leopard-skin patterns covered hair as well as trouser legs, but really this was haute couture as seen by Bowie circa “Ashes to Ashes.”Naomi Campbell is unsinkable, even when she’s leaking water, as she did when she guest-starred at Versace’s show. (Perhaps it was a thought for Gianni.)Hermès headed back to the 1930s and 1940s: an ode to women, the collection was all Orient Express, Lily Marlene and transatlantic female pilots, proving designer Christophe Lemaire knows how to wrap elegant Parisian women in history and its stories.

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ans la série culte des années 1970,Mission impossible, le boss donne ses instructions aux agents par la voie d’une bande magnétique qui s’autodétruira après audition. Aux exhibitionnistes, voyeurs et langues de pute sévissant sur Android ou iOS, Snapchat proposait une application similaire. Quelques secondes après publication sur l’écran du destinataire, la photo ou le message était censé s’anéantir automatiquement. Donc, finies les preuves de dommage ou d’outrage, terminées les possibilités de chantage. Tout comme la gomme du préservatif assure la contraception, celle du Snapchat efface la compromission. 40millions de gogos ont gobé la proposition et versé 70millions de dollars dans le tonneau des Danaïdes. Or, on vient de l’apprendre, la capote anglaise est trouée! Une autre firme américaine, Decipher Forensics, a découvert une faille dans l’application Snapchat. Aux parents et à la justice, elle propose, contre espèces, de récupérer photos et documents prétendument effacés. Aujourd’hui, finito le «ni vu ni connu», en tout lieu on vit au vu et au su de Big Brother. In Mission: Impossible, messages self-destruct in five seconds and Snapchat was meant to be their instant messaging versions – send messages and photos, they self-destruct. Unfortunately, a US company has discovered a flaw, so now it’s offering to recover your children’s supposedly destroyed photos. You see, even when Big Brother’s not watching, his minions at Decipher Forensics are keeping an eye out. D J E M I L A K H E L FA www.djemila–k.com

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Illustration: Marc -Antoine Coulon. Défilé Couture Atelier Versace. Défilé Hermès, A/H 13 ©Jean-Francois Jose.

Fauves en liberté


CUISINE ACTIVITÉS MUSIQUE ART & MODE CINÉMA

LU S T WANDER U D E N L’AUTOM SEPT AU 2 NOV 2013 DU 16

JEUDI :  DE 20H À 04H VENDREDI : DE 20 H À 06H SAMEDI : DE 14H À 06H

SOUVENIR

REMEMBER THE TIME! PALAIS DE MÉMOIRES AVEC PARFUM EN SCÈNE*SOUVENIRS DE PARIS AVEC LA HAPPYWAVE* PHOTOMATON PAR LA JOYEUSE DE PHOTOGRAPHIE / SUPER GROUPE*PROJECTIONS EN PLEIN AIR… ART & MODE : LES ARTS DÉCORATIFS*LA VILLETTE ET LES RENCONTRES D’ARLES*VESTOJ… ACTIVITÉS : ATELIERS ENFANTS & ADULTES AVEC UNKNOWN PROJECT*ESPACE CULTUREL LOUIS VUITTON* RUBI JONES…*YOGA AVEC LÖLÉ DJ SETS : JEUDI : HIP HOP*VENDREDI : DEEP HOUSE*SAMEDI : NOUVEAU DISCO CUISINE : RESTAURANT WE – CARTE AUTOMNE PAR ARNAUD DAGUIN. DU JEUDI AU SAMEDI À PARTIR DE 20H. 32 QUAI D’AUSTERLITZ – 75013 PARIS * WWW.WANDERLUSTPARIS.COM www.ilgtrueb.ch & www.moire.ch


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Infomania Des infos étonnantes et des objets excitants

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Détournements de paysages

eune, il dessinait pour des fanzines, et c’est à cette époque qu’il a choisit son pseudo: Ox. C’est plus tard, après une rencontre avec Jean Faucheur, un des précurseurs de l’art urbain, qu’il a adopté sa technique, au sein d’un groupe qui s’était donné le nom de Frères Ripoulin:coller ses propres peintures sur les panneaux publicitaires et ainsi être vu de tous les passants. Maintenant, Ox fait des collages sauvages à plein temps. Au début, les panneaux publicitaires étaient comme des tableaux géants exposés dans une galerie immense, puis, petit à petit, son travail a évolué. Maintenant, la pièce collée s’intègre au décor et parfois résonne comme

un contrepoint, un commentaire graphique, une tache humoristique, ironique ou poétique. «Je travaille de jour comme tous les colleurs d’affiches, dit l’artiste. Et la technique est à peu près la même que pour poser du papier peint. La peinture est réalisée sur du kraft, en atelier. Sur le panneau, sa vie est éphémère: elle sera recouverte quelques jours après sa pose par une nouvelle pub. Mais avant le collage et la réalisation de la peinture, il y a tout un travail de repérage et de prises de vues. Car la pièce que je colle devient, pendant un temps très court, un élément qui fait partie intégrante du paysage, au même titre que l’architecture.»

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Hacking the city In his younger days, he drew fanzines and chose his penname : Ox. Later he began pasting his own paintings onto advertising hoardings. Now he makes collages that become (an ephemeral) part of outdoor ads: “The pieces I stick up become for a short time elements integrated into the cityscape, just like the architecture.” PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Les images d’Ox sont visibles à la Galerie du Jour agnèsb., 44 rue Quincampoix, jusqu’au 26 octobre. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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tandis que le blend est un «assemblage» d’un whisky de grain (céréale à dominante de blé ou de maïs) et d’un whisky d’orge. Le Japon est donc devenu en peu de temps l’un des grands producteurs de whisky. Pour Thierry Bénitah, le directeur général de la célèbreMaison du Whisky, à Paris, «l’emblématique whisky Nikka, et son Nikka from the Barrel, a ouvert une brèche. Il est bien plus qu’une tendance, c’est un vrai phénomène qui s’est installé, et à juste titre.» Il y a quatre grandes distilleries au Japon; l’Irlande n’en a que trois. Partenaire pour sa distribution en Europe, laMaison du Whisky a vu ses ventes de la gamme Nikka passer de 30000 bouteilles en 2006 à… 700000 pour la fin de l’année 2013! L’aventure du Nikka est étonnante, puisqu’il n’a été repéré qu’au début des années 2000, alors qu’il existait depuis plus de trente ans au Japon. Durant vingt ans, il est passé inaperçu

© Tshirt-Factory.com

e whisky revient.Certes, il n’est jamais vraiment parti, et aucune baisse de sa consommation n’a été signalée. Pourtant, il paraissait moins visible. Moins présent. Ces dernières années ont fait la part belle à la mixologie de pointe à base de gin et de vodka premium et ultra premium. On avait même évoqué une «féminisation» du cocktail. Au-delà de cette hypothèse, on pouvait noter une uniformisation asexuée de la consommation d’alcool, principalement dans le domaine du cocktail. Cette mutation de la consommation plaçait clairement le whisky du côté d’une masculinité perçue comme archi-classique. Le whisky, alcool emblématique, a pourtant plus d’un tour dans son tonneau. Les récents World Whiskies Awards (une dégustation à l’aveugle par de grands professionnels, organisé par l’incontournable Whisky Magazine) ont à nouveau sacré l’Ecosse dans la catégorie single malt avec leGalileode la distillerieArdbeg, après deux ans de domination japonaise… Le Japon n’est d’ailleurs pas loin: il remporte le titre de meilleur blend avec l’Hibiki 21 ans de Suntory. Pour les profanes, résolvons une fois pour toutes cette question du blend et du malt: le single malt est un whisky 100% orge malté, provenant d’une seule distillerie,

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Pam Spaulding/Lionel Blancafort

Infomania dans le monde et n’avait jamais décollé dans son pays d’origine ! Depuis, le Japon s’y intéresse, et la France est le premier consommateur de Nikka au monde. «Le whisky japonais est clairement inspiré du whisky écossais, mais ils l’ont aménagé à leur palais. La constante est la douceur, qui est une valeur très importante, une tendance générale dans le monde, résumeThierry Bénitah, qui vient de recevoir le matin même un whisky taïwanais, le Kavalan. Les Taïwanais sont passionnés de whisky, ils ont une culture prodigieuse de cet alcool. Les plus grands whiskies sont vendus à Taïwan, et ils en produisent également.» Il n’y pas de terroirs, en whisky, à l’inverse du vin, la question de l’ensoleillement ou de la position de la parcelle ne se pose pas. On peut produire du whisky partout dans le monde. L’Inde est ainsi le premier producteur de whisky au monde, héritage britannique oblige… Ce n’est pas exactement le whisky comme nous l’entendons (temps de vieillissement et grains parfois différents), mais, sur les dix premières marques de whisky dans le monde, sept sont indiennes! Pour l’instant, l’Inde ne consomme que son propre whisky, mais, lorsqu’elle s’ouvrira au monde, le marché pourrait être extraordinaire. La Chine, amatrice de cognac, commence à se passionner pour le whisky. Là aussi, le potentiel est gigantesque. Le phénomène est envisagé si sérieusement qu’aux Etats-Unis quinze projets d’ouverture de distillerie sont en cours et le groupe Diageo a, lui,le projet d’une distillerie géante pour envisager les vingt années à venir… Le whisky est un produit d’alliance: eau, glace et, bien sûr, mélanges. Le whisky américain redécolle grâce à la mode des cocktails. Il y a dix ans, le bourbon semblait ringard. Pierre-Marie Bisson, de l’Experimental Cocktail Club, où la carte possède même une pleine page consacrée aux whiskies, ce qui était impensable il y a dix ans, confirme cet engouement: «Le whisky, le cognac, l’armagnac, tous ces spiritueux vieillis en fût, que l’on pourrait qualifiés de grands-pères, avaient un peu disparu au profit d’alcools jugés plus jeunes, comme le gin ou la vodka, qui sont plus faciles à produire.» Dans le domaine du cocktail, le whisky, il y a peu d’années encore, n’était pour la majorité des gens qu’associé au Coca-Cola. Il a fallu remonter le temps pour retrouver dans les années 1920 et 1930 de vrais cocktails élaborés et raffinés incluant le whisky, ou plutôt le bourbon, puisque la majorité de ces «bartenders» étaient américains. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Infomania Le plus célèbre étant leMint Julep. «En France, le whisky a beaucoup souffert d’un choix de blend plutôt passable. Les single malts, type Macallan 12 ans d’âge étant, eux, plus difficilement accessibles, à cause de leurs prix élevés. Il n’a toutefois jamais disparu du monde du cocktail dans les scènes anglo-saxonnes, mais il y était proposé dans des lieux très sélects et, là encore, le prixrestreignait la clientèle.» Lacarte de l’Experimental propose actuellement l’étonnant cocktail Ecume des Jours. «Les gens se sont à nouveau intéressés au whisky avec toutes ces nouvelles marques. Ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas que Macallan dans la vie!» Christopher, barman au China, confirme lui aussi le renouveau du whisky: «Il y a dix ou quinze ans, les cocktails à base de whisky n’étaient plus demandés ni proposés. Le whisky avait vraiment cette image d’un alcool pour connaisseurs. Le plus souvent à boire sec avec un verre d’eau à côté. Dans le domaine du cocktail, aujourd’hui, la curiosité est réelle, et plus encore pour les jeunes générations : ils ont envie d’essayer de nouvelles saveurs. C’est aussi un plaisir pour le barman de travailler ce produit. La vodka ou le gin n’ont pas de réel goût dans un cocktail. Avec le whisky, on va tout de suite vers autre chose…» Revenons à la Maison du Whisky avec le Kavalan: single malt taïwanais dont la maturité surprend, le climat subtropical de Taïwan lui donnant la maturité d’un 15ans d’âge, alors qu’il n’a que 4ans. Là-bas, on le consomme durant les repas. Dilué dans de l’eau, voire dans du thé! A ce sujet, faut-il mettre de la glace ou de l’eau dans son whisky, ou est-ce un crime? «Il y a sept ou huit ans, boire le whisky sur glace me semblait impossible, répond Thierry Bénitah. C’était comme de couper son vin à l’eau. Les modes de consommation asiatiques m’ont fait évoluer. Dans les années 1970 et 1980, on consommait le whisky toujours accompagné de glaçons. Après, durant dix ans, on est devenu très puriste. Mais cette tendance est en train de s’estomper.» Ce purisme n’a jamais été de mise pour les Ecossais qui le boivent depuis toujours dilué à l’eau. Ils sont très surpris que nous le consommions pur. Les bouteilles, elles aussi, ont évolué ces dernières années. Les marques ont intégré l’intérêt d’une nouvelle communication via l’originalité des flacons. Les Ecossais se remettent en question et repensent leur packaging. Même le cultissime Jack Daniel’s a récemment changé son design. Une petite révolution. Comme si Coca-Cola redessinait sa bouteille. Pierre-Marie Bisson confirme: «Les bouteilles de ces nouvelles marques changent vraiment des plus anciennes, qui se ressemblaient toutes, avec des noms très celtiques. Ne serait-ce que par curiosité, les gens se sont demandé ce qu’il y avait dedans !» Un whisky de «grain pur» peut-il plaire et se vendre? La réponse serait plutôt non, et pourtant…Nikka, toujours lui, produit son Coffey Grain Whisky(rien à voir avec le café, Coffey est juste le nom de l’inventeur d’un alambic). «Nous

étions tellement enthousiastes que nous les avons convaincus de le commercialiser, et ça cartonne en France. Ils vont lancer la version aux Etats-Unis. Je pense que ça va marcher encore plus que chez nous, assure Thierry Bénitah. Le whisky est une grande industrie, mais les modes de production restent très artisanaux, il y a encore de vraies possibilités de création et de sur-mesure.» L’audace, la créativité et l’envie d’être différent semblent être un vrai moteur ces dernières années. Le whisky peut même être vécu comme une aventure personnelle, à l’image de John Glaser, ancien de chez Diageo, qui a décidé de changer de vie et de créer rien de moins que sa propre marque : Compass Box, avec son fleuron, Hedonism, qui est désormais un incontournable pour les amateurs. Il se passe toujours quelque chose dans lemonde du whisky, une trouvaille, une idée, un défi… Chaque année, plus de 400nouveautés apparaissent. Thierry Bénitah attend un arrivage de Tasmanie, un autre de Nouvelle-Zélande et bientôt un suédois inédit avec Mackmyra. Résumons : les meilleurs flacons proviennent parfois de territoires inattendus, les cocktails incluant le whisky reviennent à la mode, le choix des blends et single malts s’est considérablement accru ces dernières années, le Japon confirme sa place dans le monde. Quant aux consommateurs, avertis ou profanes, ils sont aussi de plus en plus curieux, la Maison du Whisky organise même des ateliers dégustation et initiation tous les jeudis, avec son Académie du Whisky. ANTOINE LAURAIN

Whisky is back Whisky production has gone international. All over the world distilleries are shaking up the hegemony of Scotland, Ireland and the US. The best-known producer is Japan where huge conglomerates such as Suntory and smaller producers have been distilling whisky since the 1920s. (The emblematic Japanese whisky is perhaps Nikka from the Barrel: made in Japan for over 30 years and a hit in France for the past decade.) Unlike wine, whisky does not depend on terroir, so it can be made anywhere meaning there are now whiskies from Taiwan (the award-winning Kavalan), Tasmania, New Zealand, and Sweden. More surprising, perhaps, is that world’s biggest whisky producer is actually India (seven of the 10 best-selling whiskies in the world are Indian). China is now beginning to get a taste for the liquor and drinks giant Diageo planning a huge distillery in the country. In the future, your favorite tipple may well be whisky, but it won’t have to be Scotch.

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Quatre cocktails au whisky a découvrir Trois cocktails de l’Experimental Cocktail Club

L’Ecume des Jours

- Morceau de céleri frais - Scrappy’s Celery Bitters - Citron jaune - Miel d'agave - Chartreuse jaune infusée au poivre blanc - Rye whiskey Rittenhouse 100 Proof - Blanc d’œuf Mélanger tous les ingrédients sans glaçons et shaker afin de créer une émulsion. Reshaker avec glaçons pour rafraîchir. Double filtrer dans une coupette.

Le Mint Julep

- Menthe fraîche - Sucre - Bourbon Déchirer quelques feuilles de menthe dans une timbale en argent. Ajouter en direct le sucre et le bourbon. Mélanger à l’aide d’une cuillère afin que le sucre se dilue dans le bourbon. Ajouter de la glace pilée et continuer à mélanger tout en en rajoutant jusqu’à ce que le verre soit rempli. Garnir d’une tête de menthe.

Le Sazerac

- Sucre - Angostura Bitters - Peychaud’s Bitters - Rye whiskey - Absinthe «Rincer» les glaçons du verre à l’absinthe. Dans le verre à mélange, mettre le sucre, les bitters et le whisky. Mélanger en homogénéisant le tout. Garnir d’un zest d’orange «exprimé» (écraser les extrémités du zest face extérieure vers le verre afin que les essences se déposent sur le verre pour créer un rappel olfactif). Le zest peut varier, et on peut commander un «Sazerac» à part égale de cognac et de whiskey.

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Le cocktail de Christopher du China

Le Melrose China - Bourbon - Liqueur de pomme - Jus de cranberry - Jus de citron jaune - Sucre liquide


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Samuel Gassmann Le Roi des Boutons P

etits objets de grands désirs, désormais aisément reconnaissables et repérables, ses boutons de manchette surgissent à une cadence grandissante aux poignets les mieux vêtus de Paris. Si simples et pourtant si complexes, ils trimballent avec eux la belle histoire de leur créateur, Samuel Gassmann. Samuel Gassmann est dans son atelier. Il montre son index: «Je ne suis de retour d’Italie que depuis trois jours. J’ai poli 13 pièces hier. Je ne suis plus habitué. J’ai des ampoules.» Donc, la première légende à son sujet est vraie : Samuel Gassmann fabrique lui-même, à la main, et à Paris, chaque pièce de ses incroyables collections. La seconde légende l’est tout autant : ce jeune homme est fou. Disons obsessionnel, pour ne pas inquiéter son entourage. Car le bouton de manchette occupe toute sa vie et constitue pour lui une sorte de jeu de l’esprit. Tout a commencé quand il était encore journaliste dans l’art contemporain. Pour un sujet pour Arte, il se demande ce qu’est un bouton de chemise d’homme. Quand il réalise que la réponse est identique, d’Hermès à H&M, en passant par APC, il s’interroge encore: «Mais qui a bien pu imposer ce standard ? Qui a décidé que ce serait un disque de 11mm de diamètre percé de quatre trous?» Le voilà parti pour le Musée de la nacre, à Meru, dans l’Oise… «J’ai pensé à mon premier bouton de manchette en découvrant cette matière incroyable. Mon modèle Archétype est né comme ça. Il me restait à décider du lien.» Le lien, dans un bouton de manchette créé par Samuel Gassmann, est un pont rigide en métal au dessin immuable, une autre de ses signatures : «J’ai observé l’angle des deux pans du poignet de la chemise, et j’ai dessiné une forme qui l’épouse parfaitement. C’est ce qui rend mes boutons de manchette si facile à enfiler. Et ils tiennent bien, sans tension.» Ce sont ces ponts qu’il polit lui-même, à la main: «Je les donnais à faire à un artisan, mais je n’arrivais pas à obtenir cet effet miroir.» Des ponts en bronze ou en argent, exclusivement:

«C’est à l’âge de bronze qu’on a vu apparaître les premiers ornements masculins, qui désignaient les chefs. Et ça me va très bien. Je ne travaille jamais l’or. Je trouve ça… doré. Et ça n’a aucun sens, en plus, au regard de l’histoire du vêtement.» Ses collections ? Des moments plutôt, liés aux lois somptuaires, ces règles vestimentaires qui régissaient notamment le vestiaire des rois: le négligé, le jour, la nuit, le sport et l’apparat. Car la dernière légende à son sujet est vraie elle encore : dès qu’il s’agit de vêtements masculins, Samuel

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Gassmann déborde d’érudition. Il sait tout, sur tout, et vous le déballe avec une gourmandise de passionné. «Le bouton de manchette, pour moi, c’est l’occasion de transmettre des connaissances, du savoir-faire, du savoir-vivre.» Pour le jour? Un modèleArchétype en nacre franche, la blanche. Pour la nuit, la nacre grise. Il lui arrive aussi d’utiliser la nacre teintée dans la masse. Il confie cette opération à l’un des rares experts qui la pratiquent encore, Jean-François Mercier : «Quand je l’appelle pour une commande, j’ai peur qu’il me dise qu’il arrête.» Pour le sport? «C’est mon autre fondamental, le cabochon. Je me donne un peu de liberté. Un relief qui évoque le tissu, une belle toile, par exemple. Et, pour l’apparat, je chine des objets qui font partie de notre histoire. Je suis tombé récemment sur un lot d’ivoire. J’ai pu faire une série complète, mais assez courte.» Une édition limitée? «Quelle horreur ! Je déteste cette idée. La seule chose qui me limite, moi, ce sont les dix-neuf pièces d’ivoire qui ne m’ont permis de fabriquer que neuf paires…» Sa dernière création: «Je voulais faire le portrait des chiffres. Un typographe les a dessinés. Ils sont gravés sur des os de vache indienne.» Et quand il ne fabrique pas des boutons de manchette?

«Je m’amuse à créer de petites images autour d’eux. Mon père, Pierre Gassmann, était tireur photographique pour Cartier-Bresson, Doisneau, Lartigue… J’ai baigné dans son travail. Ces vignettes, c’est ma récréation.» Quant aux photos elles-mêmes de ses produits, il se montre intraitable : «De face et de profil. Ce qu’ils sont. Simplement.» ELLEN WILLER En vente chez Astier de Villatte, 173rue Saint-Honoré, ParisIer, et sur le site du créateur, www.samuelgassmann.com

Samuel Gassmann makes cufflinks, by hand, in Paris, because cufflinks are his life. His obsession began when he was a journalist and investigated them for a TV report. “Who decided a cufflink had to be an 11mm disc with four holes?” he thought. He created his first cufflink after visiting a museum of mother-of-pearl and “discovering this incredible material.” Now he just had to decide on the link. “I observed the angle of a shirt’s two cuffs and designed a shape that fitted them perfectly,” he says. “That’s why my cufflinks are so easy to put on.” He uses only silver or bronze (which he polishes by hand himself) because “it was during the Bronze Age that the first men’s accessories were made.” Gassmann recommends his white mother-of-pearl Archétype model for the daytime and the black version for the night. There are even “sport” versions that can be painted in your team’s colors.

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Lauren Rubinski Nouvelle précieuse S

olaire comme les pierres qui parent ses boucles d’oreilles, la jeune créatrice de la marquePristine a étonné la joaillerie avec ses bijoux aux accents punks et gothiques. Ses trophées chics, déjà cultes, sont inspirés de sa fascination pour les piercings, cornes et autres ornements tribaux qu’elle réinterprète avec audace et élégance en les parant des pierres les plus précieuses. «Je voulais créer des bijoux différents, loin des courants de la mode et de ses tendances. Mes boucles d’oreilles se portent seules, en accumulation ou dépareillées. Ce sont des bijoux qui s’adaptent à chaque personnalité et que l’on peut aussi bien porter le soir avec une robe que la journée avec un jean.» Rock, modernes et hautement désirables avec leur rangée de diamants, de saphirs ou de rubis, les créations de Lauren affichent une volupté incendiaire, avec ce sens de la pureté qui fait écho au nom de sa marque («immaculé», en anglais). Un style punk-chic novateur qui a fait palpiter les Parisiennes et autres itgirls de la planète en quête de pièces singulières : «Beyoncé porte une de mes boucles d’oreilles dans son dernier clip!» Et si, depuis2010, cette jeune femme de 27 ans dévoile ses inspirations autour d’une collection qui se veut intemporelle, elle a étoffé cette saison ses propositions avec de nouvelles pièces tout en or pour lesquelles elle décroche une fois encore sa mention très bien.

Cuir exclusif O

n aimait les tee-shirtsColtesse. Voici désormais la toute première ligne d’accessoires du label, des objets d’une magnifique simplicité, dessinés en partenariat avec le designerJules Caironet montés entièrement à la main dans l’atelier parisien de ce dernier. «Le passage du tee-shirt aux accessoires s’est fait plutôt naturellement, explique Florent, fondateur du label. Les visuels de nos teeshirts ont pour point commun un véritable travail sur la matière, puisque certains sont réalisés au stylo Bic, au crayon, à l’encre… Lorsqu’on a décidé de lancer nos accessoires, le choix du cuir nous a semblé évident.» Et quel cuir! Le veau Barenia choisi par Coltesse, en plus d’être 100% français, est également celui qu’utilise Hermès. Une peau qui se patine et s’assombrit avec le temps, permettant aux porte-cartes, carnets de notes et autres porte-clés de vivre véritablement avec leur propriétaire. Tirés à cinquante exemplaires par modèle seulement, ils sont vendus à Paris chez Coïncidence.S B Known for its artist-designed T-shirts,Coltesse has now launched its first line of accessories, in partnership with designer Jules Cairon. Using beautiful Barenia calfskin (100-percent French, also used by Hermès), only 50 examples of each model will be made. On sale in Paris at Coïncidence.

SANDRA SERPERO En exclusivité chez Montaigne Market et Colette.

“I wanted to make jewelry that’s different, a long way from fashion and its trends, and which adapts to each person’s personality,” says Lauren Rubinski of Pristine. Inspired by her love of piercings, horns and other tribal accoutrements, which she then dresses up with precious stones, the 27-year-old’s collections have gained some high-profile fans: Beyoncé wore a Pristine earring in her most recent video.

Uniquement Audi

A

udi Bauer propose le programme de personnalisation Audi Exclusive: votre couleur favorite peut devenir la peinture de votre prochaine Audi, de la citadine Audi A1 comme de la supercar AudiR8. Vous pouvez personnaliser à votre goût, les cuirs, les bois, de la forme des jantes jusqu’à la couleur des ceintures.

Audi Bauer. 48place du Marché-Saint-Honoré, ParisIer. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Infomania nouveautés à l’essai

Porche 911 Turbo S Monstre Docile

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urbo ! Voici quarante ans, le mot sonnait comme un slogan, se murmurait comme un talisman. Porsche mettait sur la route cette version sauvage de la911, métamorphosée, diabolisée par l’accessoire magique qui lui conférait un terrible surcroît de couple et de puissance: 260 chevaux, déboulant en toute brutalité, qui avaient de quoi désarçonner le novice imprudent. Et les 250km/h sonnaient alors comme une provocation. Depuis, Porsche a réussi sa croissance: plus de 100000 voitures par an. Mais la 911 Turbo reste son porte-drapeau. C’est la supercar, la quintessence des savoir-faire de la marque, la «Porsche by Porsche». Les performances se sont magnifiées. La nouvelle 911 Turbo S vous assène 560 chevaux. Le punch et l’allonge: sa boîte sept rapports distille le souffle jusqu’à 318km/h. Pourtant, il n’est plus question de combat comme avec la grande ancêtre. Certes, l’apparence reste spectaculaire, avec les énormes roues forgées à écrou central, les immenses disques de carbone, l’aileron biplan qui s’érige dès 120 km/h et la lèvre aérodynamique, à l’avant, qui se gonfle pour une meilleure pénétration dans l’air. Mais la portière s’ouvre sur un habitacle à l’opposé des mœurs spartiates chères au sportif. On peut

parler de confort de suspension, la voiture braque dans un mouchoir, grâce à ses quatre roues directrices, la chaîne Burmester sculpte Tannhäuser aussi bien qu’elle égrène une pièce de Satie, et la consommation n’est même pas spectaculaire : moins de 8litres sur route! Ce en quoi la nouvelle TurboS est exceptionnelle, c’est qu’elle peut vous régaler de cette exception au quotidien, pour les trajets au ralenti comme pour les longs voyages très sûrs et très rapides. Dans un monde qui reste à inventer, mais ça, ce n’est pas de sa faute… R O B E RT P U YA L

The Porsche 911 Turbo – perhaps the original supercar – is 40 years old. The latest version, the 911 Turbo S, packs a 560 brake horsepower punch for a top speed of just under 200mph, with all-wheel drive, a retractable three-level spoiler, and huge carbon brakes on the outside, and a surprisingly roomy cabin with a Burmeister stereo on the inside. And at 21.4 mpg, it’s supercar thrifty on fuel.

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Hype

intégral

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a celèbre marque de casques Ruby fête ses 5 ans avec la sortie de son premier casque intégral : leCastel. Basique, épuré et délibérement sans visière, à porter avec des lunettes.

1 rue Hérold, ParisIer.

Ruby has made its first full-face helmet: le Castel.

U

Le vélo tout en bambou

n vélo en bambou! C’est très léger et, disent les fabricants, «bien plus résistant que l’acier». La technique utilisée pour la construction a été développée par des ingénieurs de l’université de Columbia. Le vélo est fabriqué

par BlackStar, une société néerlandaise. Pourquoi BlackStar? «Parce qu’au centre du drapeau ghanéen il y a une étoile noire…» Cette petite merveille coûte seulement 849€. Blackstar’s bamboo bike is “much stronger than steel” as well as being much lighter.

Fondation Louis Roederer

D

ans le cadre de ses actions de mécénat, laFondation Louis Roederer soutient la création artistique contemporaine. Notamment la photographie auprès de la BnF –depuis maintenant dix ans– et le Palais de Tokyo depuis 2012 via des cartes blanches aux artistes. Ces activités lui ont valu la distinction de Grand Mécène de la Culture qu’elle est la seule à détenir en Champagne. Trois grandes expositions sont à venir en cette rentrée2013 : Matthew Barney à la BnF, carte blanche à Philippe Parreno au Palais de Tokyo et Raymond Depardon au Grand Palais.

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Charles Serruya, jeux d’ombres C

harles Serruya est un artiste des ombres. Des ombres chinoises, qui sont depuis des années son matériau de prédilection. C’est en regardant les scènes animées de silhouettes noires qui décorent les vases antiques que ce goût lui est venu. On pouvait raconter des histoires avec des personnages sans visage, des corps ramenés à leurs simples silhouettes. Depuis, il ne cesse de décliner ce motif sur les supports les plus divers. C’est dans une galerie d’art de New York qu’il donne ses premiers spectacles en ombre chinoise, puis avec son cabaret burlesque itinérant, LaKentina. Dans ses créations, l’humour n’est jamais loin, léger, juste un brin décalé et flirtant toujours avec la poésie. Ainsi des courtsmétrages et des clips en jeux d’ombre qu’il réalise depuis la fin des années1980 avec sa société Shad’o Productions et qu’on a pu voir notamment sur Canal+. Ses photographies en jeux d’ombre jouent, elles aussi, de ces registres. Tantôt loufoques, érotiques, romantiques… «Il s’agit chaque fois d’une mise en scène dont nous inventons ensemble, mes modèles et moi, le scénario. Ce qui est formidable avec l’ombre, c’est qu’elle se prête à toutes les métamorphoses. Un fauteuil, selon la manière dont on le place, peut devenir un temple… Elle désinhibe aussi ceux qui posent.» Des personnalités aussi diverses que la créatrice de lingerie Fifi Chachnil, le photographe Jean-Pierre Godeaut ou

Pierre Bergé se sont, entre autres, prêtées au jeu. Si cela vous tente, vous pouvez, vous aussi, vous faire tirer le portrait en ombre chinoise. A moins que vous ne préfériez le faire sculpter en fil de fer. Cette autre technique de Charles Serruya. Qu’elles soient de simples profils aux contours dépouillés ou des portraits en volume aux lignes plus baroques, toutes les sculptures en fil de fer se doublent de savants jeux d’ombre, qu’ils se détachent sur un mur ou sur le paysage, comme pour les sculptures monumentales que Charles Serruya a réalisées dans les jardins du Pavillon de Galon, dans le Luberon. «Je travaille mes sculptures un peu partout, sur la plage, en voiture… Je ne peux pas rester inactif.» Et c’est tant mieux. Propos recueillis par N A D I N E V A S S E U R

Charles Serruya first became interested in shadows when looking at silhouettes on ancient vases and realizing he could tell stories with them. He began his shadow-theatre career in a New York gallery and continued with an itinerant burlesque version, La Kentina. He’s made films, too, shown at Cannes and on TV, while his shadow photographs have featured lingerie designer Fifi Chachnil and fashion titan Pierre Bergé. And Serruya takes commissions – so you too can become a shadow of yourself.

«Ce qui est formidable avec l’ombre, c’est qu’elle se prête à toutes les métamorphoses.» «L'Homme au palmier.» PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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«Céline Joyeux: Songe d'une nuit d'été.» PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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L’œil de Montaigne Market

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i je devais choisir six pièces pour mon dressing de la rentrée, je choisirais en premier lieu le perfecto deSaint Laurent. C’est un intemporel, incontournable et indispensable. Il a la capacité de finaliser tous les looks. Pour suivre la tendance du moment, la blouse Gipsy de Veronica Beard, ultra-féminine et romantique. La petite robe chicUniform Union, indispensable pour les soirées de Fashion Week. La bague Spine 3 Fingers d’AS29, bijou alternatif qui habillera vos doigts. La fourrure blanche Salomon pour sa douceur et son élégance. Enfin, les bottes hautesGivenchy. Ce sont les it-boots du moment. Les plus jolies et agréables à porter. L I L I A N E J O S S U A Montaigne Market. 57avenue Montaigne, ParisVIIIe. 01 42 56 58 58. www.montaignemarket.com

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Arty parapluies E

t si «la vie, ce n’était pas d’attendre que l’orage passe, mais d’apprendre à danser sous la pluie?» C’est la jolie devise deKumo, une jeune marque de parapluies qui a pour ambition de remettre cet accessoire oublié au goût du jour. Kumo, qui signifie «nuage» en japonais, naît de la rencontre deMathilde Fiessinger, une designeuse qui a vécu au Japon, et de Paul Frey, un photographe passionné par l’image, qui a toujours baigné dans un univers créatif fort. Un jour de pluie de juillet 2012, ils font au même moment ce même constat désolant:pourquoi les parapluies sont-ils toujours tristes et noirs? Pointe alors le projet de développer une collection de pièces originales et contemporaines qui valorisent la création et l’esprit français. C’est ainsi qu’ils sont parvenus à dégriser les journées pluvieuses grâce à une collection qui fait la part belle à la mode et multiplie les collaborations. Ils se tournent naturellement vers leurs amis artistes et graphistes, Morse, Akatre, Check Morris… et leur donnent carte blanche. Parmi eux, la talentueuse illustratrice Frédérique Vernillet, qui a déjà conçu des imprimés pour Paul and Joe et TheKooples, crée un motif pile dans la tendance, Pluie Tropicale. Les parapluies Kumo sont sérigraphiés en édition limitée sur de la toile polycoton, et leurs poignées, en bois de hêtre, sont façonnées et peintes de façon artisanale. Comment se rendre plus désirable?

Chez Elevation Store. 135rue Vieille-du-Temple, ParisIIIe.

Designer Mathilde Fiessenger and photographer Paul Frey founded Kumo (“cloud” in Japanese) to make umbrellas that will make you want to go singin’ in the rain. The pair ask their arty friends such as Morse, Akatre, Check Morris, and illustrator Frédérique Vernillet to create designs for their stylish umbrellas with beechwood handles.

La bière de Paris

P

aris va de nouveau avoir sa bière! Beaucoup de villes de France ont leurs propres bières, mais pas Paris. Car, depuis 1968, la bière Gallia avait cessé d’être produite, comme c’était le cas depuis un siècle, dans la capitale. La marque vient d’être relancée par deux entrepreneurs, Guillaume Roy et Jacques Ferté, avec le soutien financier de Charles Beigbeder. Pour l’instant, ils fabriquent la bière à Gisors, à seulement 60 km de Paris, avec pour objectif de rapatrier sa fabrication à Paris intra-muros en 2015. En attendant, la bière est présente dans plus de 300établissements chics parisiens: colette, la Grande Epicerie… Brune ou blonde, mais toujours parisienne, à vous de choisir!

www.galliaparis.com

Akatre

Gallia is back, which means Paris finally has its own beer again! The original Gallia brewery ceased production in 1968, but two entrepreneurs recently relaunched the brand. Currently brewed 60kms from the capital, the owners are looking to move into central Paris by 2015.


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Infomania

La magie d’Ofée A

près six ans d’existence, la marque de joaillerie Ofée donne une nouvelle orientation à ses créations à travers quatre collections exclusives : Mood, une bague transformable à l’infini… qui peut devenir collier, Sunset, des pièces qui utilisent la poudre d’or, Blossom, avec des fleurs de diamants, etOne, qui mélange le verre de saphir et d’or. Superbe!

Perles et cuir

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e collier s’appelleBuffle. Cette pièce unique, signée Parme Marin, utilise des perles de verre cousues sur du cuir, deux des matériaux chouchous de la jeune créatrice. Parme a toujours travaillé, à la main, des matières hors du commun: perles, rubans et tissus, mais également des peaux, des os, de la corne, des plumes ou même du crin de cheval. Chinées au fil de ses voyages, ces matières composent des bijoux intrigants, plastrons, colliers ou même cravates, qu’on croirait venus d’ailleurs, et même d’un autre temps. Passionnée d’art tribal, Parme Marin revendique une véritable obsession pour les couleurs vives, les formes géométriques et les textures brutes.S B www.parmemarin.com

Jewelry and accessories designerParme Marinlikes pearls, ribbons, leather, bones, horns, feathers and horsehair, and is obsessed by bright colors, geometric forms and rough textures. Her work mixes that all together: say, a glass-pearl and leather necklace or a quilted iPad case in African fabrics. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Infomania

ENSEMBLEThom Browne pour colette. LUNETTESVuarnet x colette.CHAUSSURESTimberland x colette. ROUGE A LEVRESEdward Bess x colette.CDThe Sound of the Season.SPEAKER SOCIAL «Monocle» Native Union.INSTANT LABImpossible Project. BOUGIELola James Harper.

Le shopping de colette colette. 213 rue Saint-Honoré, Paris I er. www.colette.fr

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© Bal du Moulin Rouge 2013 - Moulin Rouge® - 1-1028499

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PALACESCOPE

L’agenda très parisien Expositions Bonnes adresses Musique Nuit

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Braque à tire d’aile

eorges Braque (1882-1962) aura accompagné le XXe siècle dans le désastre des deux guerres et traversé avec éclat l’aventure picturale, poétique et musicale de son temps. Le peintre mit sur pied en compagnie de Picasso le cubisme, qui défraya la chronique, sans parler de l’invention formidable des papiers collés de concert avec le génial Andalou. Une association qui fera couler beaucoup d’encre et confinera longtemps Braque dans le rôle de l’éternel second, ce qui ne l’empêchera nullement de tracer son sillon. Promu par Malraux dès sa mort au Panthéon de nos héros artistiques, on imagine mal aujourd’hui la force du front anti-Braque, qui rassemblait alors dans un même élan Gertrude Stein et Guillaume Apollinaire, disciples inconditionnels de l’Espagnol. Bref, c’est à ce monument désormais incontestable que le Grand Palais consacre une rétrospective digne de sa gloire, ce qui permet d’en faire le tour et d’apprécier la profondeur de nos oublis comme de nos a priori. Un parcours chronologique qui a la vertu de fournir une compréhension globale de l’itinéraire tout en dessinant la trame des correspondances. En effet, les paysages fauves saturés de l’année1906 (L’Estaque) renvoient cinquante ans plus tard à un plein air simplifié presque austère, voire abstrait. Comme l’indique Henry-Claude Cousseau dans le catalogue, le retour au paysage est la marque d’une transformation et surtout d’une amplification du thème des oiseaux déjà présent dans le monde de Braque depuis 1929, avec les illustrations consacrées à la Théogonie d’Hésiode. Cette thématique hantera à tel point

sa peinture qu’on la trouve ici et là dissimulée dans les multiples séries qui sortiront de sa main. Au-delà de la présence réaliste du motif, on en trouve la trace dansLesPorteuses de fruits (1922)et les deux natures mortes au compotier et au pichet (1926-1927), qui affichent une propension à l’étirement vertical, sorte d’élévation que l’on retrouvera explicitement dans L’Oiseau noir et l’Oiseau blanc(1960)et Atire d’aile (1956-1961). Or, inutile de chercher un quelconque symbolisme, fût-il ailé. Braque d’ailleurs précise qu’il n’est nullement attiré par l’oiseau en tant que tel; ce qui le préoccupe, c’est davantage «la construction d’un fait pictural». C’est pourquoi cette obsession travaille en secret cette peinture dont certains critiquent l’aspect décoratif. On peut précisément en suivre l’évolution aussi bien dans les variations des

Tables de billard(1944-1949)transformées en autant d’ailes que dans la multiplication des ateliers où l’oiseau surgit dans l’espace de la toile. Et quand il n’existe plus que lui dans le cadre, offert au plein air, c’est la peinture elle-même qui apparaît en suspension comme soulevée par son dépassement – ouverte, dira le peintre, «à l’imprévisible qui crée l’événement». BERTRAND RAISON

GRAND PALAIS. Georges Braque. 21 avenue FranklinRoosevelt, Paris VIIIe. 01 43 59 76 78. Jusqu’au 6janvier. Cubist pioneer Georges Braque (1882-1962) gets a large-scale retrospective at Paris’ Grand Palais. Organized chronologically, the exhibition gives an extensive overview of the French painter’s long career – from early Fauvist experiments to his late austere, almost abstract landscapes – while revealing certain overarching themes, such as the painter’s use of birds. Don’t search for hidden meaning, though. What interested Braque was not the bird itself, but “the construction of a pictorial deed,” part of his determination to remain open to “the unforeseeable that creates the event.” «Le Port de l’Estraque», 1906 ©Statens Museum for Kunst, Copenhagen ©Adagp, Paris 2013. «A tire d’aile», 1956-1961 ©Centre Pompidou, MnamCCI, dist.RMN-Grand Palais/Adam Rzepka ©Adagp, Paris2013. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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L’homme

ui, l’homme invisible, absolument. Il n’y a jamais eu d’exposition, semblet-il, qui se soit donné pour objet de montrer la représentation de l’homme nu sur la longue durée, de1800 à nos jours. A la seule exception du Musée Léopold de Vienne, dont la rétrospective sur le sujet vient de s’achever en mars dernier. Ultime tabou ? En dépit de la libération sexuelle, la nudité masculine fait toujours peur ou en tout cas paraît plus scandaleuse que sa version féminine. Terrain inconnu qui a fait reculer plus d’un partenaire potentiel de l’institution. Et pourquoi à Orsay? Parce qu’à cet égard le XIX e se montrant d’une belle pudeur, la démonstration pouvait être menée à partir de cette censure des corps qui conduisait nombre de personnages mythologiques de la période à cacher avec ostentation ce qu’il ne fallait pas voir. Belle légitimité de surcroît qui autorise le musée à ouvrir une fenêtre sur l’art contemporain. Second étonnement, les canons de la beauté masculine viennent encore aujourd’hui tout droit de l’héritage classique. A ce titre, Vive la France (2006) de Pierre et Gilles reprend la pose du héros triomphant de l’antiquité paré de ses armes, ici les ballons aux pieds de nos victorieux footballeurs dans le plus simple appareil. De

même, Yves Saint Laurent photographié par Jeanloup Sieff, en1971, obéit à une rhétorique similaire. Ce parcours transversal réunissant la photographie, la peinture et la sculpture bouscule avec bonheur la chronologie et offre au visiteur les différents chapitres d’un voyage au long cours dans les sinuosités du désir charnel, avec en prime l’occasion de s’attarder sur les fluctuations de notre sensibilité.

invisible

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BERTRAND RAISON

MUSÉE D’ORSAY. Masculin/Masculin. L’homme nu dans l’art de1800 à nos jours. 5 quai Anatole-France, Paris VIIe. 01 40 49 48 14. Jusqu’au 2 janvier. Masculin/Masculin, at the Musée d’Orsay, is perhaps the first ever retrospective of male nudes at a major museum. It brings together photography, painting and sculpture from 1800 to today to prove that the male nude holds a power to shock that hasn’t diminished since the 19th century when classical sculptures were fig-leafed into propriety. Camille Félix Bellanger, «Abel», 1874-1875 ©Musée d’Orsay, dist. RMN/Patrice Schmidt ©Adagp, Paris2013. Pierre et Gilles, «Mercure», 2001 ©Pierre et Gilles, courtesy Galerie Jerôme de Noirmont, Paris.


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Les Expositions

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n ne peut que se féliciter de l’existence des artistes célèbres puisque dans leur ombre portée on distingue mal ceux qui, faute de synchronisation médiatique, échappent pour un temps à la lumière des projecteurs. C’est fort heureux, car ils développent leur singularité à l’abri des tam-tams de l’actualité. Félix Vallotton (1865-1925) est de ceux-là, même si, pour ses contemporains, il n’avait rien d’un inconnu. Ce Suisse devenu parisien a rejoint très tôt les nabis regroupés autour de Maurice Denis dont le mot d’ordre commandait de fuir les illusions du réalisme, libérant la peinture des obligations de l’imitation. On y retrouve Bonnard, Vuillard, Sérusier… tous aiguillonnés par l’exemple de Gauguin, qui, question liberté, en connaissait un rayon. Vallotton se saisira allègrement de cette permission pour mener son chemin sans se soucier de l’orthodoxie de sa famille d’adoption, qui d’ailleurs se dispersa assez vite. Aussi, il convient de profiter de l’exposition organisée par le Grand Palais, car Vallotton, comme l’on dit, n’apparaît pas souvent sur les radars de nos multiples écrans, la dernière fois remonte à plus de trente ans! Le menu du parcours scandé en dix étapes ignorant la sacro-sainte chronologie s’attache à montrer très précisément l’approche singulière de cet irrégulier de la peinture. Différent Vallotton ? Eh bien, proposons une suite de trois tableaux : Le Ballon (1899), La Loge de théâtre, le Monsieur et la Dame (1909) et La Grève blanche, Vasouy (1913).

Félix Vallotton, l’irrégulier

Premier élément qui ressort, le recours à la ligne qui délimite les couleurs et les ombres peintes en aplats avec pour résultat des perspectives très écrasées, voire absentes, à l’image des estampes japonaises, et un rendu proche de la BD avec La Grève blanche. Ce modelage des plans si caractéristique de la gravure, dont Vallotton était un expert, lui permet de simplifier la représentation et de s’affranchir de la description. A noter aussi l’emploi d’un répertoire presque cinématographique qui multiplie le procédé de plongée et de contre-plongée rapprochant ou éloignant à volonté les protagonistes de ses scènes. Ils échappent ainsi au piège de la psychologie, mais pas de leur solitude. C’est vrai pour l’enfant au ballon tout à son jeu, comme pour le couple de la loge où chacun a oublié la présence de l’autre, sans mentionner les silhouettes de la plage, perdues dans l’immensité du paysage. Le dispositif si particulier des toiles de Vallotton leur confère la capacité de méditer, elles rêvent en somme au coup d’après, à ces chapitres de leur histoire que nous ne connaîtrons pas, mais que nous pressentons. C’est pourquoi, face à la loge, la main blanche de la femme au

chapeau démesuré surgit en forme de point d’interrogation saisissant. Et si nous succombons à son charme et au vertige qu’il annonce, c’est parce que Vallotton ne montre que ce qu’il cache. BERTRAND RAISON

GRAND PALAIS. Félix Vallotton. Le feu sous la glace.21 avenue FranklinRoosevelt, Paris VIIIe. 01 43 59 76 78. Jusqu’au 20 janvier. There are some artists who take time to reach the spotlight, time that allows them to develop their singularity. Félix Vallotton (1865-1925) was one such artist. Soon after his arrival in Paris from his native Switzerland he fell in with the artists around Maurice Denis – including Bonnard and Vuillard – who were fleeing realism. And the retrospective at the Grand Palais, the first in 30 years, reveals his talent. Such as his use of line to limit colors and shadows, reducing perspective to Japanese-print flatness; the way he employed high- and low-angle viewpoints to highlight his subjects’ solitude; and his particular way with composition, which always leaves more questions than its answers. «La Loge de théâtre, le Monsieur et la Dame», 1909 ©Collection particulière. «La Grève blanche, Vasouy», 1913 ©Collection particulière, photo Markus Mühlheim, Polith SA, Suisse.

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Miss.Tic

« Les Uns et les Unes »

Pêle-mêle des « Unes » - 2013 © Miss.Tic / Galerie W

Pêle

Exposition du 26 septembre au 20 octobre 2013 Galerie W

44 rue Lepic Paris 18

www.galeriew.com / 01 42 54 80 24


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Yan Pei-Ming

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es toiles sont grandes, toujours en bichromie, sur la base de quatre couleurs: le noir, le blanc, le gris et le rouge vermillon. On connaît son travail sur les portraits de Mao: il fait partie de ces rares artistes à avoir été exposé au Louvre de son vivant. Il revient avec une nouvelle série,Help!, qui s’inspire de faits marquants de l’actualité.

GALERIE THADDAEUS ROPAC. Yan Pei-Ming. Help! 7 rue Debelleyme, ParisIIIe. 01 42 72 99 00. Jusqu’au 23novembre. Yan Pei-Ming’s huge canvases use only black, white, grey or vermillion paint. His latest works, calledHelp!, are inspired by media images and news events. «Autoportrait à un dollar F56789603 H», 2009 ©Yan Pei-Ming, Adagp, Paris 2013, photo André Morin.

Elizabeth Eyre de Lanux

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l aura fallu quatre années de recherche à travers le monde pour retrouver les pièces de la créatrice Elizabeth Eyre de Lanux, dite «l’amazone de l’Art déco». Contemporaine d’Eileen Gray, cette artiste américaine a fréquenté les cercles littéraires et artistiques français dès ses 24ans. Cette rétrospec tive permet de découvrir cette artiste créative, mondaine et libertine, qui expérimenta dans son art des matières et des matériaux insolites, tels que le linoléum ou le liège verni. GALERIE WILLY HUYBRECHTS. Elizabeth Eyre de Lanux. 11 rue Bonaparte, ParisVIe. 01 43 54 29 29. Jusqu’au 19octobre. It took four years to put together this exhibition of work by designer Elizabeth Eyre de Lanux, known as the “Amazon of Art Deco.” Creative, mondaine and libertine, she was also a fashion innovator. Man Ray, «Elizabeth Eyre de Lanux» ©Manraytrust Adagp, Paris2013. «Bureau personnel d’Yves Saint Laurent» ©Galerie Willy Huybrechts.


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Frida Kahlo, Diego Rivera «L

La colombe et l’éléphant

a colombe et l’éléphant»: le père de Frida Kahlo, en apprenant le souhait de sa fille de se marier avec Diego Rivera, avait eu cette formule à l’emporte-pièce pour qualifier la rencontre hors du commun entre l’artiste mexicain célèbre pour ses peintures murales et Frida, qui commençait tout juste à dessiner et à peindre. Dans le tourbillon des années révolutionnaires mexicaines, le couple allait devenir une légende, à tel point que leur vie sera indissociable de leur art. Pour le meilleur et le pire, la passion, avec ses gouffres et ses rivages solaires, les accompagnera tout au long de leur chemin. Mariés, séparés et de nouveau réunis: l’éléphant avec un appétit d’ogre entretient de nombreuses liaisons, tandis que Frida, victime d’un accident qui la laissera fracassée, la colonne vertébrale rompue, ne cesse de subir opération sur opération. Mais ces deux assoiffés ne peuvent se passer l’un de l’autre, alors tant pis pour l’amour et le désespoir, ils travaillent comme des insensés dans le drame et le bonheur. Le Musée de l’Orangerie, en les associant de nouveau, présente des aspects moins connus de leurs œuvres. Nouvelle confrontation qui permet de revisiter le mythe grâce aux prêts exceptionnels du Musée Dolores Olmedo à Mexico, qui possède la plus importante collection Khalo/Rivera. Inséparables, certes, mais très dissemblables. Diego Rivera, formé par ses voyages répétés en Europe, entre1909 et 1920, regarde, dans l’éblouissement de Cézanne et du cubisme, les convulsions de l’Histoire, alors que Frida Kahlo, plus intériorisée, arpente la biographie de son univers intérieur. Pourtant, ce qui les rassemble profondément, c’est l’indianité, cette terre mexicaine dont ils réinventent avec ardeur le passé. Diego partage avec Frida cette vision du monde indien qui, par son exubérance, leur paraît comme la source fécondante de la vie et de la mort.

Une manière aussi d’assimiler la cause indigène à la foi révolutionnaire et de s’éloigner des grands courants de la peinture occidentale. Avec Mi nana y yo (Ma nourrice et moi, 1937), Frida Kahlo reconfigure sa naissance dans les bras d’une idole préhispanique démesurée, comme elle reconfigurera ce terrible jour qui la jeta en morceaux contre un tramway dans, La columna rota (La Colonne cassée,1944). Mais si tous les deux se ressourcent dans l’imaginaire de cet Eden mexicain violent et multicolore, Frida, loin de son compagnon, ouvre son corps à l’examen de ses angoisses. C’est dans sa nuit qu’elle s’achemine, seule, abandonnée dans la Maison Bleue de Coyoacán, rongée par son besoin d’absolu, par la nécessité d’être, envers et contre tout, aux côtés de Diego. BERTRAND RAISON

MUSÉE DE L’ORANGERIE. Frida Kahlo/Diego Rivera. L’Art en fusion.Jardin des Tuileries, ParisIer. 01 44 50 43 00. Jusqu’au 13 janvier.

The Dove and the Elephant Diego Rivera and Frida Kahlo: the couple whose art, lives and politics were so entwined as to be indivisible are back together, this time at the Musée de l’Orangerie in Paris. The exhibition shows that while Rivera’s style was influenced by his trips to Paris during its Cubist revolution and Kahlo was a painter of the interior – her own and those of others – both were profoundly inspired and influenced by their indigenous heritage. This fecund source was reconfigured in their work into a fight for political justice, a cause that gave both an Edenic foundation myth and a common cause to their tumultuous relationship. Frida Kahlo, «La columna rota», 1944 ©2013 Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, México, D.F./Adagp, Paris2013. Diego Rivera, «En la fuente de Toledo», 1913 ©2Banco de México Diego Rivera Frida Kahlo Museums Trust, Mexico, D.F./Adagp, Paris2013.

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Les Expositions

Miss. Tic

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igure du street art, cette enfant de la Butte a choisit la GalerieW pour son exposition «Les Uns et les Unes». Désormais, ce sont les couvertures de magazines féminins et masculins qu’elle détourne avec humour, en titrant, par exemple: «Plus de Chanel, moins de Coco», ou encore: «Amour, gloire et botox»… GALERIE W. Miss.Tic. Les uns et lesunes.44rue Lepic, nspirée par un mouvement underground de jeux de rôles apparu dans les clubs ParisXVIIIe. 0142548024. tokyoïtes et londoniens, Ellen Von Unwerth revient à Paris avec une série inédite : Little Beast. La photographe met en scène ces «fétichistes du fantasme» qui, rejetant les Jusqu’au 20octobre. classiques du bondage, préfèrent des costumes de petits lapins, de serpents ou d’oiseaux… A key figure on the Parisian Kitsch, ludique, mais toujours élégant. street-art scene, Miss.Tic’s ACTE2GALERIE. Ellen Von Unwerth. Little Beast.41 rue d’Artois, ParisVIIIe. 01 42 89 50 05. show Les Unes et les autres reworks magazine covers Jusqu’au 9 novembre. with quirky humor. For her exhibition Little Beast, Ellen Von Unwerth photographed fetishists who prefer dressing up as brightly colored rabbits or snakes to black rubber. «Vogue» ; «Officiel Hommes»;

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Ellen Von Unwerth

«Jalouse», 2013 ©GalerieW.

©Ellen Von Unwerth, courtesy acte2galerie. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Sergio Larrain

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l aura fallu 30 ans à Agnès Sire, directrice de la Fondation HCB, pour obtenir de Sergio Larrain l’autorisation d’organiser cette rétrospective. Ce photographe chilien virtuose a voulu détruire ses œuvres en 1970, lui qui était convaincu que la photo était liée à l’ego et à la vanité. On découvrira son approche poétique, et notamment la série sur Les Enfants abandonnés de Santiago. FONDATION HCB. Sergio Larrain. Vagabondages.2 impasse Lebouis, ParisXIVe. 01 56 80 27 00. Jusqu’au 22décembre. It took the director of the Fondation HCB Agnès Sire 30 years to get permission from Sergio Larrain for a retrospective. The virtuoso Chilean photographer wanted to destroy his archives in the 1970s, but luckily they survived so we can now (re)discover his poetic approach to the image. «Passage Bavestrello, Valparaiso, Chili», 1952 ©Sergio Larrain/Magnum Photos.

Raymond Pettibon

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utodidacte, Pettibon se définit comme «un artiste punk»! Au fil des années, il a imposé un genre bien à lui, puissant et plein de dynamisme. La galerie MFC se transforme pour cette exposition en cabinet de curiosités punk pour our la première fois de sa carrière, l’artiste néerlandais est sorti de dévoiler le travail de l’artiste. son studio pour se confronter à l’architecture de la ville. Il s’est installé à Berlin, qu’il considère comme «le nouveau centre de l’Europe», pour MFC-MICHÈLE DIDIER. Raymond dresser le portrait d’un monde nouveau. Il a utilisé le passé (les années 1920) Pettibon. Punk cabinet de curiosités. pour examiner le présent. Dans cette série, la mise en scène et l’atmosphère 66 rue N.-D.-de-Nazareth, ParisIIIe. morose laissent pourtant place à une dimension burlesque. 01 71 97 49 13. Jusqu’au 16novembre. GALERIE RABOUAN MOUSSION. Erwin Olaf. Berlin.121 rue Vieille-duSelf-taught “punk artist” RayTemple, Paris IIIe. 01 83 56 78 21. Jusqu’au 23novembre. mond Pettibon has taken over this Parisian gallery with a cabinet of Dutch artist Erwin Olaf moved to Berlin (“the new center of Europe”) to create this portrait of a new world, one with a certain sense of the burlesque. punk curiosities.

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Erwin Olaf

«Olympia Stadion Westend, autoportrait»; «Stadtbad Neuköln», 2012 ©Erwin Olaf, courtesy Galerie Rabouan Moussion.

«Reason for living!», planche de skateboard, 1983 courtesy Galerie mfc-michèle didier.

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Les Expositions

Sebastião Salgado

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enesis» se veut comme un «hommage photographique à notre planète». 245 photos, huit ans de travail, pour «une quête du monde des origines, celui qui a évolué pendant des millénaires avant d’être confronté au rythme de la vie actuelle, avant d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains». Un travail exceptionnel et des images d’une extrême beauté et dotées d’une vraie puissance évocatrice. Un hymne à la grandeur et à la force de la vie naturelle. LA MEP. Sebastião Salgado. Genesis. 5-7 rue de Fourcy, ParisIVe. 01 44 78 75 00. Jusqu’au 5 janvier. Genesis is a “photographic homage to our planet”: 245 photographs taken over eight years as part of a “quest for the world of origins.” A hymn to the beauty of the natural world. «Amazonie et Pantanal», 2009; «Afrique», 2010 ©Sebastião Salgado. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Xiao Fan

’artiste chinois présente à Paris ses dernières œuvres, intitulées Limited/Unlimited. Des objets en lévitation contenus sous des globes de verre, des portraits dont les têtes ont été remplacées par des bouquets de fleurs… La nature est omniprésente dans le travail de l’artiste. GALERIE RX. Xiao Fan. Limited/unlimited. 6 avenue Delcassé, ParisVIIIe. 01 45 63 18 78. Jusqu’au 26 octobre. Entitled Limited/Unlimited, Chinese artist Xiao Fan’s latest works feature objects levitating in glass spheres and portraits with bunches of flowers for heads. «Confusion», 2012 ©Adagp Paris, courtesy Galerie RX Paris.

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Alaïa

e Palais Galliera consacre son exposition d’ouverture à Azzedine Alaïa. Une scénographie signée Martin Szekely présente 70 modèles emblématiques qui retracent le parcours créatif de cet homme singulier. Tel un sculpteur, Alaïa modèle les corps et maîtrise chaque étape de la réalisation du vêtement. Son influence sur la mode a été fondamentale. En amoureux des femmes, il déclare: «Je fais des vêtements, elles font la mode…» PALAIS GALLIERA. Alaïa.10 avenue Pierre-Ier-de-Serbie, Paris XVIe. 01 56 52 86 00. Jusqu’au 26janvier. Sixty emblematic creations that trace Azzedine Alaïa’s creative, singular oeuvre. Influential and vital. «Alaïa, robe bustier», couture P/E2003, archives personnelles de Monsieur Alaïa ©Patrick Demarchelier. «Alaïa, robe longue», vers1996, archives personnelles de Monsieur Alaïa ©Ilvio Gallo, 1996

Mark Cohen

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rtiste s’inscrivant dans la lignée de la street photography, genre dominant de la photographie américaine des années 1970, Mark Cohen capture des fragments de gestes ou de corps. Il puise son inspiration toujours au même endroit, à WilkesBarre, petite ville minière de Pennsylvanie, où il est né. LE BAL. Mark Cohen. Dark knees.6 impasse de la Défense, ParisXVIIIe. 01 44 70 75 50. Jusqu’au 8 décembre. An heir to 1970s US street photography, Mark Cohen specializes in strange compositions and color use in photographs inspired by his hometown of Wilkes-Barre, a mining town in Pennsylvania. «Bare Thin Arms Against Aluminium Siding», 1981 ©Mark Cohen.

P A L A C E C O PS A T LE A S CSEE P C TOESM TB E SR ES E / POTCETMOBBRREE / 2O 0C 1 3T O B R E 2 0 1 3

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Projet2:Mise en page 1

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Galerie Willy Huybrechts

Exposition Eyre de Lanux 19 Sept - 19 Oct www.willy-huybrechts.com


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Les Expositions

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«Sans titre», 1990 ; «Sans titre», 2013 ; «Sans titre», 1990, courtesy Galerie Zurcher, ParisNew York.

Marc Desgrandchamps

n des plus grands peintres français vivant! L’artiste, pour commenter son travail, aime citer Althusser: «un processus sans sujet ni fin». Ses tableaux rassemblent, en les superposant, des détails de la vie quotidienne que l’artiste qualifie d’«équivoques». Il confronte ici des tableaux de 1987 avec ceux de 2013. GALERIE ZÜRCHER. Marc Desgrandchamps.56 rue Chapon, ParisIIIe. 01 42 72 82 20. Jusqu’au 19 octobre. One of France’s greatest living painters, Marc Desgrandchamps describes his work as a “process without a subject or an end,” which may explain why his latest exhibition contrasts his work from 1987 with that from 2013. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Katinka Lampe

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David Hilliard

hotographe américain, David Hilliard revient une seconde fois en France avec sa nouvelle série, The Tale Is True. Il met en image un roman personnel dont les sujets sont ses proches. A travers des diptyques, triptyques ou même quadriptyques, ses photos forment un conte qui raconte deux histoires parallèles: d’un côté, deux hommes torturés par leurs névroses respectives; de l’autre, un couple kitsch de retraités. GALERIE PARTICULIÈRE. David Hilliard. The tale is true.11 et 16rue du Perche, ParisIIIe. 01 48 74 28 40. Jusqu’au 23novembre. The Tale is True, US photographer David Hilliard’s latest exhibition, is a photo-novel telling the contrasting tales of two neurotic men and a couple of pensioners. «When Lips and Skin Remember», 2011, courtesy La Galerie Particulière, Paris.

écouverte à Art Paris, la peintre russe Katinka Lampe dévoile sa série Wannabe : des portraits d’enfants ou d’adolescentes peints sur de grands fonds unis colorés. Elle a été marquée par un phénomène américain, les concours de beauté pour enfants. Sa méthode de création est particulière: elle commence par photographier des petites filles maquillées et accessoirisées à outrance… puis elle laisse de côté ce travail pour repeindre de mémoire ces figures sur la toile… Comme si elle voulait «donner une jeunesse éternelle à des êtres en devenir». GALERIE LES FILLES DU CALVAIRE. Katinka Lampe. Wannabe.17 rue des Filles-duCalvaire, Paris IIIe. 01 42 74 47 05. Jusqu’au 26 octobre. For her seriesWannabe, Russian painter Katinka Lampe photographed child beauty queens, then painted them from memory. «Sans titre», 2011, courtesy Galerie Les Filles du Calvaire.

Serge Poliakoff

Isabelle Chapuis

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ne photographe française entre art et mode. Plasticienne, elle créé ellemême ses décors: givre, poudre, ou même barbapapa… Des images lumineuses, très colorées et vives, que l’artiste retouche très peu, restant fidèle à la «lumière continue». GALERIE BETTINA. Isabelle Chapuis. 2 rue Bonaparte, ParisVIe. 06 77 97 25 05. Jusqu’au 26 octobre. French photographer Isabelle Chapuis’ work sits somewhere between fashion and art. Her images are luminous and brightly colored, and hardly retouched. «Miao», 2012 ©Isabelle Chapuis.

ne grande rétrospective de l’un des représentants majeurs de l’école de Paris à travers 150œuvres. Immigré russe, Poliakoff a passé sa vie à Paris. Au fil de ses rencontres, notamment avec Robert Delaunay et Kandinsky, il développe son langage pictural et devient une des grandes figures de l’abstraction intégrale. MUSÉE D’ART MODERNE. Serge Poliakoff. Le rêve des formes.11 avenue du PrésidentWilson, Paris XVIe. 01 53 67 40 00. Jusqu’au 23 février. Russian painter Serge Poliakoff spent his adult life in Paris where he became one of the great figures of total abstraction. «Composition», 1950 ©Museum Würth, Künzelsau, photo Philipp Schnborn, Munich ©Adagp, Paris2013.

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Les Expositions Dans l’intimité d’un collectionneur

Guillaume Houzé Laisser aller l’Audace «J

’avais peut-être10 ans quand j’ai ouvert la porte et vu le portrait d’une vieille femme signé Chaïm Soutine.» Cette vision captée, la peinture d’une tête dans la primordialité du vivant, est le déclencheur mental d’une passion qui saisit le jeune Guillaume Houzé dans l’atmosphère érudite de l’appartement de Max et Paulette Heilbronn, ses arrière-grands-parents. L’histoire familiale sur cinq générations est intimement liée à celle des Galeries Lafayette fondées dans le vent de la modernité par son aïeul Théophile Bader. Il imprègne dès son plus jeune âge la culture propre à cette matrice familiale, toujours régénérée, le renouvellement des modes, une dynamique tournée vers la création. Sa première œuvre?Une peinture d’Erró achetée alors qu’il avait 13ou 14 ans. L’univers des artistes de la figuration narrative, coloré et expressif, remplace aisément les bandes dessinées dont on s’abreuve à l’adolescence. Son parcours singulier s’oriente vite vers des artistes de sa génération, guidé par des marchands à l’œil prospectif : Olivier Antoine de la Galerie Art Concept, Michel Rein, les Valentin, Clémence et Didier Krzentowski de la Galerie Kréo, ou Edouard Mérino et Florence Bonnefous d’Air de Paris… Collectionner ? Toujours se laisser surprendre, laisser aller l’audace. «L’art n’est pas fait pour plaire ou pour distraire.» Guillaume Houzé se formule en privé un territoire qui tente d’absorber l’immense contenu de l’art, un versant plus philosophique que contemplatif. Chez lui, les œuvres agissent sans ostentation comme des présences, dans l’intensité d’un questionnement: de nombreuses têtes-masques, Mathieu Mercier, Ugo Rondinone, Martin Boyce, Bertrand Lavier sondent l’âme et l’humain; des œuvres de Tatiana Trouvé, Walead Beshty ou Wade Guyton interrogent l’énergie des processus de création. Plutôt que d’«accumuler des trophées dans son salon», avec la nécessité d’insuffler un sens à une action et de l’inscrire dans le long terme, il construit depuis2005, en complicité avec sa grand-mère Ginette Moulin, un projet de collection ouvert à la jeune création; un fluide transgénérationnel régénérant et une manière de conjurer le fait que ses grands-parents «étaient passés à côté d’un Klein» dans les années 1970. Jusqu’en2012, la collection sera formulée en expositions annuelles, «Antidote», au sein des

Galeries Lafayette. En visionnaire, Guillaume Houzé avance une stratégie qui relie l’entreprise à l’art dans une dynamique pyramidale : des secteurs marketing, événementiel, mécénat ou communication interne jusqu’au partenariat officiel avec la Fiac, l’autre temple du commerce, il fait résonner le nom du groupe familial dans toutes les strates de la création. L’argent ?«Un moyen pour arriver à une fin.» C’est-à-dire une énergie productive qui définit clairement les contours de son engagement personnel dans l’art, au cœur de son écosystème: aider les galeries émergentes et permettre le renouvellement des artistes, activer le marché français, faire rayonner les artistes français à l’international, initier le secteur Lafayette à la Fiac ainsi qu’un prix aujourd’hui incontournable tissé d’un partenariat avec le Palais de Tokyo… De collectionneur prescripteur à producteur, il n’y a qu’un pas, qui se dessine à travers le projet d’une fondation conçue comme un laboratoire pour générer de la matière à penser, de la production d’œuvres, programmer, «curater»… A 32ans, Guillaume Houzé, avec l’audace et l’humilité de sa jeunesse, est en train de faire bouger les lignes du monde de l’art en France. VIR G IN IE BERTR AN D & N INA R OD R IGUES- ELY Observatoire de l’art contemporain, plateforme de décryptage www.observatoire-art-contemporain.com

Guillaume Houzé’s love of art began aged 10 when he first saw a Chaim Soutine portrait at his great-grandparents’ apartment. A member of the family that founded Parisian department store Galeries Lafayette, Houzé began collecting aged 13 or 14 with an Erró painting. Now aged 32, he continues to build an ever-evolving collection (on show annually in the family store), while promoting emerging French artists and galleries and a now renowned contemporary-art prize he helped set up. All with the aim of supporting his belief that art “isn’t made to please or distract” – it’s made to surprise.

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Philippe Sébirot

De haut en bas, David Noonan, «Kabarett Keif & Untitled», 2007 ; Claude Lévêque «Rise of the Poisoned Youth», 2009 ; Whitney Bedford «Purple sky Iceberg», 2006. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Nos Bonnes Adresses

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itué dans l’aile ouest du Palais de Tokyo, aux abords des quais et face à la tour Eiffel,Monsieur Bleu a surgi dans des espaces inexploités depuis des décennies. Pensé et dessiné par l’architecteJoseph Dirand (boutique Pucci à New York, Chloé rue Saint-Honoré…), ce lieu d’exception, c’est d’abord une gigantesque salle Art déco avec une hauteur de plus de 9mètres sous plafond, habillée de marbres, d’assises de velours, de tables noires, d’un bar doré et d’alcôves feutrées. Disponible chaque jour et très tard dans la nuit, ce Monsieur charmant, gastronome et

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festif, propose une carte de brasserie chic, qui répondra à toutes les envies. Un dandy éminemment parisien qui bouscule avec élégance la capitale. MONSIEUR BLEU. 20 avenue de New-York, ParisXVIe. 01 47 20 90 47. Designed by architect Joseph Dirand and situated in the west wing of the Palais de Tokyo art museum, new brasserie Monsieur Bleu is a huge Art Deco room (ninemeter-high ceilings) full of marble and velvet, black tables, a golden bar and quiet alcoves. The food is pretty good, too.

La Tarte Tropézienne

Adrien Dirand

Monsieur Bleu

son goût inimitable. Coup de cœur pour la Baby Trop’, de la taille d’un macaron, qui se déguste en une bouchée. A emporter ou sur place, avec un jus de fruit Alain Milliat, c’est le plaisir assuré. LA TARTE TROPÉZIENNE. 3 rue de Montfaucon, Paris VIe. www.tropezienne.com Saint-Tropez’s emblematic cake was invented in 1955 by an exiled Polish baker who had the good idea to give one to the film crew making And God Created Woman…with Brigitte Bardot. The sweet treat will feel right at home in its new patisserie and tearoom.

a tarte emblématique de Saint-Tropez s’invite à Paris. Direction Saint-Germain-des-Prés, où La Tarte Tropézienne vient d’inaugurer sa boutique-salon de thé. Une adresse qui respire le Sud et sublime cette gourmandise internationalement connue, baptisée ainsi par Brigitte Bardot lors du tournage du film de Roger VadimEt Dieu créa la femme, et dont la fabrication demeure inchangée depuis 1955. Dans sa version classique, mais aussi fruitée, à la fraise ou à la framboise, la tarte tropézienne s’offre ici quelques variations, mais conserve

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Romain Colors

maginez un grand appartement haussmannien perché au 5e étage et baigné de lumière naturelle où l’espace a été redistribué en studios privés au calme souverain. Les mains sur votre tête, ce sont celles de Romain, coloriste virtuose qui officie depuis dix ans sur les chevelures des femmes. Outre ses années d’expérience et son savoir-faire, ce qui fait la différence avec lui, c’est ce petit quelque chose en plus qu’on pourrait appeler l’intuition du bon goût. Son secret? Pas de recettes prêtes à l’emploi, mais l’utilisation de colorations semi-végétales infusées de pigments organiques riches en reflets qui font virer la couleur au sublime. Et pour prolonger la détente, direction la chambre privée pour un soin de saison bio : 30 minutes de massage du cuir chevelu avec un cocktail d’huiles essentielles hautement régénérant. ROMAIN COLORS XXVII. 27 rue La Boétie, Paris VIIIe. 01 40 07 01 58. This light-filled hair salon on the fifth floor of a classic Parisian building is the realm of Romain, the hair-colorist king of natural dye jobs.

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50 Foch

ncien champion du monde de boxe thaïe, Abdoulaye Fadiga a ouvert une salle de sport ultra-performante et haut de gamme. Sa particularité? Ici, tous les coachs sont d’anciens champions de renommée nationale et internationale dans leur catégorie. Sports de combat, athlétisme, fitness… qu’importe la discipline et le niveau, au50 Foch, on transpire et on lutte pour dépasser ses limites. Programme personnalisé et encadré, bilan nutritionnel, suivi, cette salle offre un accompagnement complet et sur mesure avec la clé des résultats rapides et efficaces. Pour un moment de détente, filez au sauna ou au healthy bar. 50 FOCH. 50 avenue Foch, ParisXVIe. 01 45 02 10 55. A gym run by Abdoulaye Fadiga, ex-Thai-boxing world champion, where all the coaches are ex-national or international champions. At 50 Foch it’s all personalized fitness regimes whether you’re boxing, running or jumping up and down to music. There’s also a sauna and a “healthy bar.”

Braisenville

vec son décor flamboyant, ses néons incandescents, son comptoir en béton et sa cuisine ouverte, leBraisenville met le feu à la cuisine.Philippe Baranes et son acolyte Karim Habibi proposent une nouvelle façon de manger autour d’un four à braise de compétition. S’appuyant sur le talent du chefRomuald Sanfourche, cette jeune équipe envoie une cuisine élaborée sur le mode des raciones : assiettes de dégustation espagnoles. Façon gastro, la carte déroule des plats originaux et généreux qui mélangent les saveurs: gnocchis et bouillon de maïs, pop-corn et basilic, thon rouge, betterave, framboise, citron confit et yaourt, ou encore filet mignon de cochon au sel, houmos, fève, nectarine et émulsion au citron. Une table joyeuse qui claque comme son nom. BRAISENVILLE. 36 rue Condorcet, ParisIXe. 09 50 91 21 74 . With its flamboyant decor, bright neon lights, a concrete bar and open kitchen, Braisenville has become an instant hotspot. And then there’s the inventive and fresh cuisine served in small Spanish-styleraciones.

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Le Blue Club

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vec l’ouverture du Blue, nouveau club digital arty, la bande de la rue Muller étend son empire créatif du quartier de la Goutte d’Or. Nouvelle brique de la Splendens Factory, dynamique créative insufflée par Adrien Moisson et ses équipes d’artistes, cet établissement d’un nouveau genre sera ouvert tous les jours de 18h à 4h du matin. Les artistes David Bersanetti et Franck Esposito ont imaginé la décoration de cet écrin bleu tandis que Guillaume Sanchez, designer culinaire déjanté, s’est vu confier la carte des pâtisseries. Côté programmation (assurée par David Belloeil), on retrouvera Camille Delalande et son cabaret moderne les dimanche et lundi, Nicolas Ullman et sa touche rock’n’roll le mardi ou encore Arthur Castillon (aka Benjamin Braddock) et sa Friendly le jeudi. Excitant! LE BLUE CLUB.14 rue Muller, angle de la rue Feutrier, Paris XVIIIe. www. leblueclub.com A new “digital/art” club open every day from 6pm-4am. In a blue decor designed by artists David Bersanetti and Franck Esposito, you can eat cakes and have a drink accompanied by a cabaret or some rock’n’roll. Feeling blue never felt so good.

Frenchie To Go

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mi-chemin entre le «deli» new-yorkais et le «greasy spoon» londonien, cette troisième adresse de Greg Marchand revisite la street food façon haut de gamme. On y retrouve toute la passion et le sérieux de ce jeune chef qui n’en finit pas de nous rendre accros à sa cuisine aussi précise que gourmande. Du breakfast (cappuccino latte art, Granola, bacon sandwich, pâtisseries) au déjeuner (pulled pork, reuben, lobster roll, fish&chips…), tout est préparé minute et fait maison, même le pastrami est fumé sur place. Un petit goût de bonheur à chaque bouchée, tout particulièrement lorsqu’on croque dans le magistral hot-dog: saucisse maison de bœuf fumé, choucroute au vinaigre de cidre, graine de moutarde pickles et Savora. Et pour se désaltérer, une sélection de bières pointue, lemon ice tea maison ou sodas «organic». L’incontournable de la très en vogue rue du Nil! FRENCHIE TO GO. 9 rue du Nil, ParisIIe. Somewhere between a New York deli and a London greasy spoon, Greg Marchand’s third Frenchie outpost continues his quest to take street food upmarket. There’s something for everything whether you’re there for breakfast, lunch or dinner. It’s all homemade, too, even the pastrami is smoked in-house. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Nos Bonnes Adresses

La Maison du Chou

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’engouement se confirme pour la tendance pâtissière du moment avec cette nouvelle adresse dédiée aux choux à la crème, ouverte par le chefManuel Martinez, sur une des plus jolies places de Paris. Ultra-frais, la pâte bien craquante, grâce au croustillant de speculos, est garnie à la minute (et sous vos yeux) d’un sabayon ultra-léger, décliné pour le moment en trois parfums (nature, café, chocolat). Simplissime, mais bon. LA MAISON DU CHOU.7 rue de Fürstenberg, ParisVIe. 09 54 75 06 05. Choux buns are French patisserie’s flavor of the moment and Manuel Martinez’s maison is their new home.

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Le Square Trousseau

a terrasse ensoleillée et tranquille aura contribué à faire du Square Trousseau une des adresses toujours très prisées du quartier de la Bastille. Avec son comptoir en zinc et sa déco Art nouveau, cette néobrasserie a su garder un charme d’époque. L’escalope à la crème et aux champignons, accompagnée de ses frites croustillantes (de compétition), compte parmi nos indétrônables de la carte. Les assiettes sont généreuses, le service toujours efficace. Bon à savoir, Le Square Trousseaudispose d’une salle à manger privatisable, pouvant accueillir jusqu’à 18personnes et disponible tous les jours de l’année, midi et soir. LE SQUARE TROUSSEAU. 1 rue Antoine-Vollon, ParisXIIe. 01 43 43 06 00. A sunny and quiet terrace has made Le Square Trousseau one of the most popular addresses in the Bastille neighborhood. The honest food (fabulous fries) served in generous portions and friendly service probably help, too.

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Mercer by Edith

açon boutique-appartement, ce multimarque ultrapointu qui a fait peau neuve insuffle une nouvelle impulsion à la mode. Dans ce nouvel écrin de 200m2, on déniche en avant-première et parfois en exclusivité toutes les plus belles créations made in Milan, Londres, New York ou Tokyo. En guest, Michael Kors, Peter Pilotto et Balmain, et, cette saison, Vionnet, Prabal Gurung, Vince et Rag & Bone. Parmi les «it pièces» de la rentrée: le jean en cuir d’Alexander Wang, la robe longue sirène à paillettes Donna Karan Couture, la veste patchwork en mouton de Blancha ou encore le sac python signé Pauric Sweeney. Et bien d’autres surprises pour se concocter un dressing de rêve. MERCER BY EDITH.39 rue de Sèvres, ParisVIe. 01 45 48 92 71. Extra-sharp cutting-edge fashion in this 200m2 apartment-boutique featuring clothes by designers including Michael Kors, Peter Pilotto, Prabal Gurung, and Rag & Bone. Andrea Crews ©Chantapitch Wiwatchaikamol

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Andrea Crews

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e collectif de mode parisien qui fait courir les ultrabranchés s’est installé dans le Marais. Dans cet espace modulable et polyvalent à la fois shop, dressing room, studio photo et «library», on retrouve l’âme déjantée des vêtements de la griffe, qui se fondent ici dans le décor. Cabine d’essayage en miroir souple, portant en apesanteur, poufs en wax africain, et même un jardin zen futuristique sur patchwork de marbre créé parAndrea Crews herself ! Entre galerie d’art et boutique de mode, ce shop déploie des pièces en édition limitée et deux lignes de vêtements unisexe : Black Label et White Label. Mention très spéciale pour les foulards d’artistes en twill de soie. Le tout est comment dire, expérimental. ANDREA CREWS. 83 rue de Turennes, ParisIIIe. 01 45 26 36 68. An art gallery-store from Parisian fashion’s wildest collective, Andrea Crews, has opened in the Marais: it’s all rather exciting and definitely experimental.

Le Fantôme

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u croisement de la rue d’Hauteville et de la rue de Paradis, cette drôle de bâtisse à la façade recouverte de carreaux noirs brillants abrite le nouveau spot signé Lionel Bensemoun. Entre la salle de jeux et le snack bar,Le Fantôme joue la carte de l’étrange. Au milieu des tables et chaises colorées en formica où se succèdent une multitude de jouets et jeux vintage : baby-foot, flipper, PacMan… La carte simple et bon enfant s’accorde à l’ambiance cool et décontract’ du lieu et propose pizzas variées, salades et burgers. Le club installé au sous-sol fait déjà dire queLe Fantôme, c’est le «nouveau Baron». Grisant. LE FANTÔME.36 rue de Paradis, ParisXe. 09 66 87 11 20. New restaurant-café “The Phantom” is already scaring up some buzz with its vintage toys and games, relaxed atmosphere, and pizza-salads-burgers menu. And there’s a club in the basement that some are already calling the new Baron.

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Aude Boissaye/Studio Cui Cui

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Le Perchoir

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e bar caché sur les toits, qui se voulait secret, n’aura pas tardé à être victime de son succès, pour devenir avant même son ouverture officielle une des adresses les plus prisées de cet été. Il faut dire que ce roof top de 400m2, auquel on accède au 7e étage par ascenseur, offre une vue imprenable sur Paris (le Sacré-Cœur, en particulier). A la carte, Pisco Sour et autres Moscow Mule sont à des prix abordables et plutôt bons. En attendant d’avoir une table au restaurant à l’étage du dessous (au moins deux semaines pour obtenir une réservation), vous pourrez toujours vous rabattre sur les bonnes assiettes de jambon de Jabugo et grignoter les tacos. En raison de la capacité limitée du lieu, mieux vaudra venir tôt si vous voulez être acceptés à l’entrée (mais rien à voir avec une sélection drastique!). Le Perchoir est définitivement le hot spot de la rentrée ! LE PERCHOIR. 14 rue Crespin-du-Gast, ParisXIe. 01 48 06 18 48. réservation@leperchoir.fr Seven floors up with a fantastic view of Paris, this rooftop bar was this summer’s hottest hotspot. While waiting to get a reservation in the sixth-floor restaurant (it will take two weeks), you can enjoy a cocktail accompanied by plates of jamón ibérica and tacos. But please, get there early.

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Bonjour Le Marais

picerie-cantine-boutique, Bonjour, c’est un lieu trois en un qui revisite avec bon goût le concept d’un minisupermarché. On y shoppe le meilleur de la cuisine à emporter avec des petits trésors originaux venus de France, du Japon, d’Italie et des Etats-Unis. Plats et snacks inspirés en libre-service, produits cultes en provenance des meilleurs artisans et maisons de renom (thés, moutarde, miels, vins, biscuits…), et des idées menus et recettes mises gratuitement à disposition. Plus un rayon art de la table éclectique, métissé et ultra-séduisant qui nous donne l’envie d’envoyer valser toute notre vaisselle! Au final, un food shop à part, qui met le goût à portée de main. Vraiment chouette. BONJOUR LE MARAIS. 7 rue Froissart, Paris IIIe et 167 rue Saint-Jacques, Paris Ve. 09 80 57 96 26. Bonjour is threein-one: grocerycanteen-kitchenware store. There’s tasty, freshly prepared takeout, a selection of food products from around the world, and an eclectic selection of designer wares.

Rubrique «Nos Bonnes Adresses» réalisée par L U C I E G O U Z E et S A N D R A S E R P E R O


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Service Palace

nn e Ca rpe nti er Le s con sei ls trè s pa ris ien s d’A Le top5 des organisateurs de fêtes d’anniversaire

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© Carlos Caetano

es parents ne sont pas toujours à la fête dès qu’il s’agit d’organiser une fête pour leurs enfants. En mal d’inspiration ? Tournez-vous vers des organisateurs patentés et créatifs qui vous suppléeront en matière d’idées et d’éveil. Leur mission? Qu’un événement heureux s’inscrive dans la mémoire des enfants, conforte leur imaginaire et leur fasse, pour un moment, entrevoir le monde comme ils le voudraient, mais non comme ils commencent à l’entrevoir… Chocolat Show (7 rue Nicolo, ParisXVIe) fait son show dans toute la capitale depuis 1986. Une nouvelle histoire est racontée à chaque nouvel événement: des classiques contes de fées, cirques et Far West aux plus étonnants César et Cléopâtre, Jeux olympiques jusqu’à la véritable boum avec DJ et boule à facettes. En ce moment, les thèmes qui connaissent le plus de succès sont ceux «autour du monde»: l’Inde et ses panels de saris, la Chine impériale, ses costumes somptueux et ses dragons… Les petits, et pas seulement. L’organisation du centième anniversaire du Plaza Athénée, ce sont eux. Avec, entre autres, un spectaculaire gâteau de 7mètres de haut et un lâcher de centaines de ballons rouges. Idem pour le goûter chez Dior, le brunch chez Cartier et la «Khermès» chez Hermès avec près de 2000 enfants… Grandiose ! Gaëlle de Vincelles(06 09 75 09 00) a ceci d’extraordinaire : elle est une fée par conviction. Maman de trois enfants, elle connaît par cœur leurs envies de faire la fête. Lorsqu’elle anime un anniversaire (pour les enfants de4 à 7 ans), elle s’est pointilleusement entretenue par téléphone avec un parent pour connaître les envies et les craintes de l’enfant, ses goûts et ses traits de personnalité. Vous pouvez lui confier la folle équipée sans sourciller: avec elle, tout est parfaitement orchestré, avec toute une gamme de jeux calmes et joyeux, des lectures interactives, des jeux de rôles et la réalisation

d’un cadeau personnalisé pour votre enfant par tous les invités. Et, ce qui n’est pas neutre, tout est rangé avant de partir ! On comprend pourquoi elle est devenue un rendez-vous patiemment attendu d’une année sur l’autre. Rêves et Merveilles(7 rue Talma, ParisXVIe) propose de vivre des expériences originales que parfois même bien des adultes envieraient: piloter une Formule1 ou un Airbus (dans un simulateur professionnel), créer son parfum sur les conseils d’un nez, vivre un vrai shooting photo ou une boum sur la Seine… Que demanderont-ils quand ils seront grands?

The top five party organizers No time to organize your own child’s birthday party? Call for help. Since 1986,Chocolat Show (7 Rue Nicolo, 75016 Paris)has been creating themed kids’ parties (circus, wild west, Caesar and Cleopatra), as well as teas for Dior and brunches for Cartier.Gaëlle de Vincelles (+33 6 09 75 09 00)tailors each child’s party by interviewing the parents first. She’ll even clean up afterwards! Rêves et Merveilles(7 Rue Talma, 75016 Paris) lets you pilot an Airbus in a professional simulator or create your own perfume. Kids’ store Bonton has Happy Bonton – choose a theme and it will send a professional to your house armed with games, balloons, and food – whileBertrand Leroy (+33 6 63 92 47 88)wows the kids with his magic. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Tout nouveau, Bonton lanceHappy Bonton (01 44 39 12 01). Fort du succès de la boutique dédiée aux objets de décoration pour anniversaires et autres accessoires pétillants, Bonton se déplace aussi à domicile. Plus précisément, vous choisissez un des thèmes proposés (les classiques Indiens, pirates, magiciens, Mille et une nuits, etc.), puis un comédien-animateur débarque chez vous avec pléthore de jeux et grand renfort de ballons gonflés à l’hélium, machines à pop-corn ou hot-dogs (tendance oblige), pinatas… De 1heure à 4heures selon le plaisir. Bertrand Leroy (06 63 92 47 88) est «créateur de rêves depuis 2000». Il organise et anime tout type d’événement festif, mais il est surtout réputé pour être le magicien du Jardin d’acclimatation !

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Mais où dénicher d’authentiques miroirs de sorcière?

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l s’agit de ce petit miroir convexe, celui que l’on aperçoit au fond du célèbre tableau de Van Eyck,LesEpoux Arnolfini. Ces «miroirs de sorcière», aussi appelés «miroirs de banquiers», sont d’intemporels objets de curiosité pouvant s’inviter dans tout intérieur raffiné. La beauté de ces miroirs interpelle et donne une vision du monde sphérique, loin de la platitude des miroirs qui nous envahissent. Vus à Paris à laGalerie Liova-Marc Perpitch(240 boulevard Saint-Germain-52 rue du Bac, ParisVIIe), un angle incontournable pour le mobilier et les objets de Haute Epoque; à la Galerie Camoin-Demachy (9 quai Voltaire, ParisVIe), où a été repéré un «miroir sorcière en verre gravé au cadre noir mouluré daté de1850». Les belles pièces anciennes Où trouver la crème des librairies sont de plus en plus rares, et quelques irréductibles prégourmandes ? our vous réjouir les pupilles autant que les papilles, sentent des réinterprétations et des créations telles qu’on rendez-vous chez ces libraires spécialisés dans les peut les voir à laGalerie Chastel-Maréchal (5 rue Bonaparte, Paris VIe). Sinon, le spécialiste est à Venise: Caneslivres de cuisine… A dévorer! e A L’Appétit vient en lisant(1rue Frédéric-Sauton, ParisV ), trelli (Dorsoduro 1173). L’occasion de visiter la Sérénissime on trouve toute une batterie de livres de cuisine minutieu- à l’automne, magnifique en cette période. Réfléchissez-y sement choisis par l’éditrice Agnès Viénot; sa maison d’édi- et vous vous y réfléchirez: du reflet où l’on se mire au reflet où l’on s’interroge. Vanité et fuite du temps… tion est d’ailleurs attenante à sa librairie. Entre ouvrages anciens et livres rares, elle y présente ses créations Where can you find the best éditoriales originales, convex mirrors? telle sa collection portant Find antique examples atGalerie Liova-Marc Perpitch sur la cuisine au cinéma. (240 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris)and Galerie Les chefs et les gastroCamoin-Demachy (9 Quai Voltaire, 75006 Paris). Reproducnomes en mal d’inspirations are on sale atGalerie Chastel-Maréchal (5 rue Bonation y accourent. Mieux parte, 75007 Paris)or head to Canestrelli in Venice(Sestiere vaut rater une recette que di Dorsoduro 1173, 30100 Venice). cette adresse ! La Librairie Gourmande(92-96 rue Montmartre, ParisIIe) est l’adresse générique en matière d’ouvrages portant sur l’art culinaire, du Ginette Mathiot, la bible du cuisinier, au dernier opus de Delphine de Montalier sur le cru, nouvelle tendance gastronomique. Du gourmand averti au professionnel, vous trouverez en un éclair dans les rayons de quoi vous sustenter. La cerise sur le gâteau: la Librairie Rémi Flachard (9 rue du Bac, Paris VIIe) pour des menus anciens et de vieux ouvrages, tels des grimoires anciens, vous extrairez des recettes quasi révolues mais étonnantes que vous pourrez remettre au goût du jour. The best shops for cookery books L’Appétit vient en lisant(1 rue Frédéric-Sauton, 75005 Paris) is publisher Agnès Viénot’s selection of old, rare and new cookery books.La librairie gourmande(9296 Rue Montmartre, 75002 Paris)is a cookery book Mecca, while Librairie Rémi Flachard(9 Rue du Bac, 75007 Paris) has antique menus and cookery books.

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ANNE CARPENTIER

est la fondatrice deMon Chasseur d’Adresses.com, le service sur-mesure pour adresses d’exception à Paris. PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Acid Arab

l y a une petite année, Guido Minisky et Hervé Carvalho, deux agitateurs nocturnes bien connus de la faune nocturne parisienne, décidaient d’ajouter à la carte de la house music (Paris-Chicago-Detroit) trois nouvelles mégalopoles mondiales: Istanbul, Bombay et Tunis ! Lors d’un séjour à Djerba, les deux fans de world music, au sens le plus noble et moderne du terme, se mettent ainsi à mélanger la house et ses boucles acid aux derboukas orientales et à globaliser le concept de la trance moderne. Le projet Acid Arab est -enfin- né. Depuis longtemps, certains producteurs s’essaient au mariage entre musiques orientales et musiques électroniques, le plus souvent dans un esprit lounge tout juste bon à finir sur une compile pour le Buddha-Bar. Acid Arab, bien au contraire, cherche à éviter les poncifs et les clichés thé-à-la-menthe, pour tirer de ces musiques dites exotiques le goût pour la danse. Les deux compères en djellaba ont ainsi exhumé de leur discothèque personnelle morceaux berbères, classiques égyptiens, perles libanaises, qu’ils éditent pour les remettre au goût du jour, pendant qu’ils éparpillent sur le Net des mix de standards arabes beaux à pleurer… Devant le succès et les encouragements,

ils décident de se lancer dans leur grande œuvre: convaincre les acteurs les plus talentueux et ouvert d’esprit de la scène électro de jouer la carte Acid Arab. Signé par Versatile (le label fondé par DJ Gilb’R), Acid Arab se déploie ainsi sous la forme d’une série de maxis, compilés en album en octobre prochain, où le gratin de la house a répondu présent: Legowelt, Etienne Jaumet, Pilooski, Krikor… Entre-temps, pour patienter, vous pourrez toujours les voir à l’œuvre et danser sur leurs sets imparables tout en hurlant des youyous haut perchés! PAT R I C K T H ÉV E N I N

Toutes les dates sur soundcloud.com/acid-arab Album Collections, chez Versatile. Photographie Flavien Prioreau

Nearly a year ago, Guido Minisky and Hervé Carvalho wanted to add Istanbul, Mumbai and Tunis to the world’s house-music map. So they dug up some old gems – Berber songs, Egyptian classics, Lebanese beauties – and brought them up to date, as well as releasing remixed Arab standards online. In October the DJs will release a first album, featuring collaborations with house royalty including Legowelt and Krikor.

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Solidays 2013

Musique & Night


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Charlie De Keersmaecker

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Les 25ans du Rex

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e Rex aura décidément vu les choses en grand pour son 25e anniversaire. Après quelques happenings tout au long de l’année, le club réunira les grands noms d’hier, d’aujourd’hui et de demain pour vingt nuits exceptionnelles. Avec entre autres Kerri Chandler (pour l’Opening Party le23), Ricardo Villalobos (le 25), Sonja Moonear, Margaret Dygas et Molly (le 1er novembre), Dixon (le2), Loco Dice (le7) ou encore Luciano (le 14). Indéniablement l’événement clubbing incontournable de cette fin d’année. Qui promet quelques lendemains de fête difficiles… Au Rex,du 23 octobre au 17novembre. Programmation complète sur www.rexclub.com

Club Le Rex is celebrating its 25th birthday and doing it in style. The season will include Kerri Chandler, Ricardo Villalobos, Sonja Moonear, Margaret Dygas, Molly, Dixon, Loco Dice, and Luciano.

Griefjoy

Antoine Durand

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ls sont quatre, ils débarquent de Nice, ville plus réputée pour ses clubs de bridge que sa scène musicale, mais il va falloir désormais compter sur cette bande de copains d’école, qui, après avoir beaucoup tourné, a enfin défini sa recette magique: un mélange entre un rock enlevé et tenace et des mélodies et rythmiques plus synthétiques. Leur premier album, et sa pop incandescente, les place d’emblée aux côtés des Metronomy, Juveniles ou Yuksek, par son aisance à placer les guitares au centre du dancefloor. A la Cigale,le 10 octobre. Four school friends from Nice who bring together spirited rock and more electronic rhythms and melodies. Their first album is incandescent pop that gets the guitars dancing.

Balthazar

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Solidays, une heure avant de monter sur scène, Maarten et Jinte semblaient plutôt détendus. Avec Patricia, Simon et Christophe, les deux (plutôt jolis) forment le groupe Balthazar. Le quintette belge entamait un été de festivals avec leur deuxième album,Rats. «On est évidemment ravis, même si ce n’est pas toujours évident de jouer devant un public qui n’est pas venu pour vous. Mais, au moins, ça nous sort des clubs sombres dans lesquels on a l’habitude de se produire», confiait Maarten. D’autant que c’est dans les sous-sols et les caves qu’ils ont enregistré leur disque, qui leur aura d’ailleurs inspiré le titre de leur album. «Les gens trouvent que le rat est un animal affreux, mais nous, nous aimons voir la beauté dans les choses très laides.» Quand on évoque leurs éventuelles influences, ils répliquent: «C’est un truc de journalistes de vouloir toujours comparer», et Maarten d’ajouter: «Mais c’est toujours intéressant, cela nous permet de découvrir des chanteurs que nous ne connaissions pas. Récemment, cela m’a permis de découvrir Scott Walker.» Au final,Rats est un très bel album, qui flirte dangereusement avec la mélancolie. «C’est un peu sombre, mais pas triste», insiste l’un des deux. Portées par des guitares rythmiques et le violon de Patricia («un instrument très rock, en Belgique»), les mélodies sont sublimées par la voix rauque des chanteurs, à l’image des entêtantsThe Man Who Owns the Place ou Sides. Sous le chapiteau du Dôme, à l’hippodrome de Longchamp, le public semblait conquis. Evidemment. Au Trianon,le 21 octobre (avec le groupe Editors). A Belgian five-piece, Balthazar’s second albumRats, confirms the promise of its first. “It’s a bit dark but not sad,” they say. And the title? “We love to see beauty in really ugly things.”

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Louisahhh!!!

ous avons rencontré Louisahhh!!!, jeune recrue du dynamique label Bromance, à la première édition du Peacock Society, l’excellent festival estival initié par Savoir Faire et We Love Art. Perchée sur de vertigineux talons, Louisahhh!!! y assurait, sexy en diable, un warm up musclé. A la fin de son set, après avoir enfilé ses runnings, elle nous a parlé de sa playlist idéale. Le morceau idéal pour ouvrir un DJ set? C’est bien de commencer fort puis de ralentir pour tenir son set. Mind Games des High Powered Boys, sorti sur le label Marble, est un pari sûr pour capter et retenir l’attention d’une foule. Le morceau que je joue pour réveiller le dancefloor? Let the Beat Control Your Body! de Brodinski (sur lequel elle est en featuring, ndlr).C’est tout nouveau pour moi, de sentir les gens réceptifs à quelque chose que j’ai fait!Ce morceau est très fédérateur sur le dancefloor. Le morceau que j’aurais aimé composer? Sun Can't Comparede Larry Heard. Ce morceau est parfait à tous points de vue. Le morceau sur lequel je ne peux pas m’empêcher de danser? Itty bitty Cuntyde B. Ames, un morceau dément, super nasty!

Le meilleur morceau de mon nouvel artiste préféré? Pipes a un morceau génial sur la prochaine compilation Dance Mania de Boys Noize. J’adore tout ce qu’ils font, leurs shows sont dingues, eux aussi! Ce sont mes héros. Mon morceau préféré absolu? Wicked Ways de Garbage. Je l’aimais tellement, c’était carrément mon pseudo sur le tchat AOL quand j’avais 13 ans. Vintage Internet. Le morceau qui me fait pleurer? Il y a toujours un moment où j’ai envie de pleurer pendant mes sets. Mon genre favori, c’est la «sad house»!J’adore les morceaux mélancoliques. Broken Toy de NR& sur le label Keinemusik. Le morceau que je voudrais à mes funérailles? Grateful, de Patti Smith. Au Social Club,le 9 novembre. Photographie Keffer

The choice of Louisahhh!!!, Bromance’s latest recruit, to open a DJ set? “‘Mind Games’ by High Powered Boys.” To wake up a dance floor? “‘Let the Beat Control Your Body’ by Brodinski.” (She sings on it.) Favorite ever song? “‘Wicked Ways’ by Garbage.”

AlunaGeorge

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a n’a échappé à personne, depuis deux ans, le r’n’b à l’ancienne et comme on l’aime, c’est-à-dire mâtiné de soul et lover à souhait, s’offre une seconde jeunesse et opère un retour en force grâce à des artistes comme Solange (la petite sœur de Beyoncé), les jeunes prodiges Kendrick Lamar et Miguel, ou la déjà star multi-platine Frank Ocean. La salve finale nous est parvenue en début d’été avec Body Music, le premier long format du duo britannique AlunaGeorge. Les Anglais Aluna Francis et George Reid, à juste 24ans, viennent de réussir le mélange parfait entre beats expérimentaux et dubstep UK

(pensez à Thexx, par exemple) et sensualité à fleur de peau comme le r’n’b américain sait parfaitement faire. Le résultat en forme de fusion entre le feu et la glace, mais revisité à l’heure des ordis et de la génération 2.0, devrait enchanter les fans d’Aaliyah, Cassie ou Janet Jackson. Du bonheur en RAM. A la Cigale, le 10 novembre, dans le cadre du Festival les inRocKs. Aluna Francis and George Reid: two Brits who have found a perfect blend of experimental beats, UK dubstep, and a touch of updated old-school R’n’B. Dance, baby, dance.

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The Juveniles

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Micky Clement

Yann Morrison

écouvert par le laboratoire sonore et fashion Kitsuné, puis révélé par le Festival les inRocKs en2012, le duo rémois s’est adjoint les services du producteur Yuksek, un des plus beaux fleurons de l’électro-pop made in France. Le résultat se savoure sous la forme d’un premier album, fougueux et acharné, qui cite avec élégance ses références: les Anglais The Smiths ou, plus près de nous, les Américains de Drums. Même si c’est sur scène que la vitalité et l’énergie du duo font résonner merveilleusement bien le slogan: «Nous sommes jeunes, nous sommes fiers...»La Maroquinerie,le 9 octobre. Discovered by Kitsuné, the duo from Reims recently released a first album that reminds us of the Smiths and the Drums. And they’re great live.

Benjamin Clementine

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hanteur d’origine anglaise, installé à Paris, Benjamin Clémentine, 24 ans seulement, a été découvert dans le métro. Il faut dire que sa voix, à la fois puissante, grave et à la limite de la chair de poule, n’est pas de celle qu’on oublie epuis 2005, et le succès planédu jour au lendemain. Signé par Behind, le tout nouveau taire de Kids et Time to Pretend, label fondé par Lionel de La Clique et Matthieu Gazier, Bendeux tubes qui ont parfaitement jamin Clementine n’a pour l’instant sorti qu’un trois titres capté l’ambiance de la nouvelle éblouissant, sorte de mise en bouche parfaite pour un décennie, le duo de Brooklyn n’acessé album qui s’annonce renversant. de brouiller les pistes. Leur nouvel A la Cigale,le 12 octobre, en première partie de Sébastien Tellier. album, épopée grandiose au croiseYoung Englishman Benjamin Clementine was discovered ment de la musique psychédélique et du Krautrock, mélange busking in the Paris Métro thanks to a voice that’ll give you de guitares planantes gavées de LSD et de synthés seventies au grain modulaire, les place une fois de plus comme le goosebumps. His first album is said to be on the way. groupe le plus brillant de son époque, capable de marier pop et underground les doigts dans le nez. On ne loupera donc pas la présentation de leur troisième album sur scène, parce qu’on n’a pas envie de mourir bête.A l’Olympia,le 8 octobre. MGMT’s new (third) album allows psychedelia to get intimate with Krautrock and might just be enough to make us forget the moment of pure Zeitgeistiness that was 2005’s majestic “Time to Pretend.”

MGMT

Danny Clinch

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Asaf Avidan

Philippe Lebruman

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Bertrand Belin

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Robin

42 ans, ce beau brin de brun qui arbore la barbe avec un sens du sexy prononcé n’a sorti que trois albums, dont le récent et excellentParcs, capable de réconcilier le plus prétentieux des mélomanes avec le concept de variété française. Voix grave et sensuelle excursion vers la folk et la pop, paroles ciselées comme des déclarations d’amour... Bertrand Belin imprime sa classe folle sur la pop française. Au Trianon,le 15 octobre. Even those who can’t bear Frenchchansons might well like Bertrand Belin’s trip into sensual folk and pop.

on, vous n’avez pas pu passer à côté de la voix la plus singulière de ces dernières années! L’Israélien Asaf Avidan –avec son timbre qui évoque autant Nina Simone que Jimmy Scott pour ceux qui l’adulent, un canard enrhumé pour tous ceux qui n’en peuvent vraiment plus– s’est organisé une voie royale en première position des charts avec Different Pulses, un «vrai» premier album solo, mélange langoureux de soul, de trip-hop et de mélancolie jazzy. Juste retour de son succès public, Asaf devrait sans mal faire salle comble au Zénith, le 17octobre. Sounding like the love child of Nina Simone and Jimmy Scott hasn’t stopped Israeli singer Asaf Avidan’s Different Pulses going galactic. But how does it sound live?


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Laetitia Dana

os Def, Robert Glasper ou encore The Pharcyde sont tombés sous le charme de la voix suave et ardente de cette pétillante brune en lui confiant les premières parties de leurs concerts. Après le succès de sa reprise-hommage à Busta Rhymes, Woo Hah!!,et pour la première fois en full band depuis la sortie de son premier EP,Iboga, Laetitia Dana va faire monter la température du Nouveau Casino et nous faire fondre tout en douceur.Au Nouveau Casino,le 24 octobre. Mos Def, Robert Glasper and the Pharcyde have all fallen for Dana; now it’s your turn.

Festival les inRocKs

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our sa 26e édition, le Festival les inRocKs ne déroge pas à la règle et a dévoilé cette année encore une enthousiasmante programmation. Têtes d’affiche et jeunes révélations se succèderont pendant une semaine sur différentes scènes parisiennes. C’est Major Lazer dont la récente performance à Rock en Seine a fait sensation qui ouvrira les festivités au Zénith (le5). Le mythique groupe Suede fera son retour à la Cigale trois ans après son concert de reformation à l’Elysée Montmartre. Et on s’impatiente de découvrir le trio anglais London Grammar (le9, avec Valérie June) qui fait beaucoup parler de lui depuis la sortie de son premier EP Wasting My Young Yearset dont le premier album est très attendu. Festival Les Inrocks,du 7 au 12 novembre.

Pitchfork Festival

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our tous ceux qui se la seraient coulée douce sur une île déserte ces dix dernières années, le site américain Pitchfork est «la» Bible en matière de musique, au sens large du terme. Un média désormais pluridisciplinaire, capable de faire et défaire le succès d’un groupe, mais aussi d’organiser toute une série de festivals, un peu partout dans le monde, où le meilleur de la pop, celle qui se construit comme celle qui explosera demain, est livrée sur un plateau d’argent. Pour sa date annuelle et parisienne, attendue comme le messie par la mouvance hipster, le festival a sélectionné le meilleur tous azimuts. Les poids lourds The Knife et Hot Chip viendront défendre leur pop déviante et dansante, Panda Bear et Ariel Pink nous plongeront dans les arcanes du rock qui expérimente, les filles de Savages et les petits nouveaux de Jagwar Ma brûleront leurs guitares sur scène, Todd Terje et A-Trak feront danser tout le monde d’un même élan et, pour les amateurs d’exotisme dans les oreilles, le syrien Omar Souleyman viendra pousser ses comptines tribales. Trois jours à ne louper sous aucun prétexte si vous voulez savoir ce qui vous fera danser demain.

(Programmation complète sur festival2013.lesinrocks.com)

The concert series organized by cultural magazineLes Inrockuptibles is back for another year (the 26th). Headliners include Major Lazer and Suede, while up-and-coming London Grammar are eagerly awaited.

We Are Family

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e collectif We Are Family est de retour et investit pour sa 11e édition le chapiteau du Cabaret Sauvage. Un (nouveau) lieu à la hauteur de l’excitant line-up concocté pour cette fête de rentrée. Les désormais habitués Boris Brejcha et Max Cooper seront entourés d’Ann Clue et du résident Rafaël Murillo. Pour ce qui promet d’être une soirée mémorable. Au Cabaret Sauvage,le 12 octobre The We Are Family collective has organized its annual event under the circus tent of the Cabaret Sauvage. A big top for a big night.

PAT R I C K T H ÉV E N I N

A la Grande Halle de la Villette,du 31 octobre au 2novembre. For its annual three-day Parisian shindig, Pitchfork is bringing in the big guns: The Knife, Hot Chip, Panda Bear, Savages, Jagwar Ma, plus Todd Terje, A-Trak and poptastic Syrian crooner Omar Souleyman.

Rubrique «Musique&Night» réalisée par LUC I E G O U Z E & PAT R I C K T H É V E N I N PALACE COSTES SEPTEMBRE / OCTOBRE 2013

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Steve Gullic

Djé Eelbode

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