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Modes, arts et créations à Paris
Blake Lively
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Leïla Bekhti Un rêve français
Diamants sous la pluie Les Carnets de mode Palacescope l’agenda très parisien
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Sommaire
N° 4 4
Novembre 2012
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Ta l e n t s
8. Blake Lively. L’amour du jeu. 12. Rachel Khoo. La cuisine au charme. 14. Oxmo Puccino. Rappeur tranquille. 16. Grégoire Ludig & David Marsais. Very Good Blagues. 18. Chris Esquerre. «Je suis un gentil». 20. Alysson Paradis. Le choix du prénom. 22. Laura Gonzalez. Passion déco.
24
Leïla Bekhti.Interview. Un rêve français. 30
Carnets deMode 30. La Météo des Tendances. 32. Alexander Wang. Décontracté sensuel. 34. Bottes très hautes. 36. Olivier Theyskens et le «néo-luxe». 38. Julien David. L’esprit kavaï. 39. Bottes guêtres. 40. Laurence Dacade. Chic confort. 41. Metradamo. Mix italien. 42. Résolument baroque. 43. Misericordia. Mode éthique. 45. Jitrois. L’artiste du cuir. 46. Memento Clothing. Urban gentlemen.
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Les Acheteuses
Ces faiseuses de mode. 54
Bijoux 54. Mode bijoux. Special
Réalisé par Azadeh Zoraghi Photographies Wilfried Wulff 64. Van Cleef &Arpels. Les coulisses de la magie. 67. Stanislas de Quercize. «La haute joaillerie connaît aujourd’hui un véritable âge d’or». Photog raphie de couverture : James Houston pour L’Oréal PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Sommaire
68. Cartier. L’éclat de la panthère. 72. Monique Péan. «Je suis la première marque eco-friendly». 75. Baptiste Monvoisin. «Des pièces fortes, portées par une idée». 77. Chanel. 78. Lydia Courteille. Des bijoux tout droit sortis d’un conte. 81. Céline Rivet. «Les pierres ont un pouvoir». 82. Boucheron. L’héritage réinventé.
86
Diamants sous la pluie Photographies David Chambon 96. Dior. Le triomphe de Victoire. 100. Stéphanie Deydier. «Les bijoux doivent donner le sourire». 102. Wendy Yue. «Une création est un éclat de la mémoire». 103. Buccellati. Boucles d’or. 104. Piaget. 106. Harry Winston. 108. Chopard. 109. Wen Wei Tong. «Un luxe discret, de la beauté pour soi-même». 110. Lorenz Bäumer.111. Eternamé. 112. Shourouk. Fantaisies glamour. 115.Muriel Grateau.«Le bijou est plus personnel que le vêtement». 116. Wallace Chan. 117. de Grisogono. 118. Sylvie Corbelin. Roberto Coin. 119. Messika. 120. Pasquale Bruni. Pomellato. 121. Gas Bijoux. «Fantaisie d’exception» 122. Bulgari. 124. De Beers. 126. Yazbukey. «J’aime qu’on ne soit pas timide».
128
Infomania
128. Les livres sculptures.
132
Valérie Belin. Reflets de femmes. 136. Frédéric Stouls et Marc Ange. Déco animaux. 138. Jaime Tresserra. La mémoire du style. 142. Laurent de Gourcuff. Patron de nuit. Marie-Dominique Bayle. Une voix qui marque. 144. Pommes glamour. Working chic. La table parapluie. 146. Patrick Spatafora. Service royal.
147 Pa l a c e s c o p e
148. Expositions. L’irruption Dalí. McDermott & McGough. Un tandem ébouriffant. Yue Minjun. Christophe Jacrot. Richard Dumas. Bruno Aveillan. Adel Abdessemed. 25 ans de créativité arabe. Kehinde Wiley. Kaws. Boris Bucan. Arno Nollen. 162. Bonnes adresses. 168. Musique. 172. Nuit. PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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PalaceCostes est édité par la société PalacePresse. Gérant Claude Maggiori Rédaction: 64rue Tiquetonne 75002 Paris. 0144 88 24 94 palace@palacepresse.com
Directeur de la rédaction, directeur artistique Claude Maggiori Directeur financier Victor Malka Graphisme, mise en page et retouches Nader Kassem Iconographie Lucie Gouze Secrétariat de rédaction Philippe Bottini Assistante et assistante de rédaction Lucie Tigoulet redaction@palacepresse.com
Ont collaboré: Virginie Bertrand Sarah Bouasse Christian Caujolle Emilie-Alice Fabrizi Lucie Gouze Amandine Grosjean Anna-Alix Koffi Antoine Laurain Oscar Léon Juliette Michaud Robert Puyal Bertrand Raison Max Robert Sandra Serpero Nadine Vasseur Ellen Willer Photographies Valérie Belin www.denoirmont.com
David Chambon
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Glen Luchford
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Azadeh Zoraghi
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Remerciements à Anne Delalandre Publicité: Figaro Médias 9, rue Pillet Will 75009 Paris 01 56 52 26 93 Sibylle Dubost-Foisil, Directrice de la Publicité sdubostfoisil@figaromedias.fr
Bertille de la Pontais, Chef de Publicité
blapontais@figaromedias.fr
Imprimerie SEGO, 95150 Taverny Fabrication Annick Torrès/Rivages Chromie&gravure Nader Kassem nader@naderkassem.com
ISSN 1955-9380 Dépôt légal à parution
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Talents
Blake Lively
accroché aux lèvres, ce sourire mutin qui n’appartient qu’à elle; le grain de beauté souligne la pureté de son visage… Son mariage avec le tombeur canadien Ryan Reynolds a placardé Blake en couverture des magazines people. Mais la belle affirme que toute cette attention «dénaturée» est l’une des raisons pour lesquelles, au départ, elle ne voulait pas devenir actrice!
d’actrice, laisser couler. Mais je ne vous cache pas que, parfois, cela me rend folle. Vous avez terminé le tournage de la saison finale de «Gossip Girl» : est-ce un soulagement ? Nous avions tous signé pour six ans, et nous avons eu beaucoup de chance d’arriver au bout. Mais j’étais impatiente de montrer que je savais jouer autre chose que la petite fille riche bien habillée et éthérée de Gossip Girl. Dans le feuilleton, les personnages sont très appuyés, un peu caricaturaux, cela fonctionne très bien, mais, en tant qu’actrice, vous espérez explorer plus de facettes. Quelle fut votre réaction devant le scénario de «Savages»? Ma première réaction a été d’être choquée. Je suis née en Californie du Sud, et je n’avais aucune idée des horreurs liées à la guerre de la drogue qui se déroule en ce moment entre les Etats-Unis et le Mexique. Savages est hélas très proche de la réalité. J’ai trouvé le scénario puissant, du pur Oliver Stone, dont j’étais fan. Sauf que je n’aimais pas mon personnage. Je le trouvais dur et cynique. Et c’est la mort dans l’âme que j’ai dit à Oliver Stone que je ne pouvais pas accepter! Dire non à Oliver Stone, c’est courageux ! Ou inconscient! (Rires) Du coup, il s’est enfermé avec moi dans son bureau et nous avons travaillé parfois pendant douze heures d’affilée, plusieurs jours par semaine, pour peaufiner le rôle. C’était intimidant… et très excitant. J’ai beaucoup appris. Notre collaboration s’est poursuivie au montage, où nous avons continué à améliorer le personnage à travers ma voix off.
Vous ne vouliez pas devenir actrice… BLAKE LIVELY. Je suis très secrète, et l’idée d’exercer une profession aussi exposée me gênait beaucoup. Mais je viens d’une tribu d’acteurs (son père est un vétéran de la télévision américaine, sa mère une agent), et j’ai été rattrapée malgré moi par la tradition familiale ! Quel a été le déclic ? J’ai grandi à Tarzana, dans la vallée de Los Angeles. Mes quatre frères et sœurs sont tous acteurs. Mais j’étais la plus jeune, le bébé, et tout ce que je désirais, c’était fuir l’attention que subit irrémédiablement la petite dernière. Quand même, un jour, poussée par mes parents, je suis allée à une audition pour Mrs. Doubtfire : heureusement, je l’ai ratée! (Rires) Etre le point de mire me terrorisait, et, aujourd’hui encore, cela me gêne. En même temps, à l’école, j’équilibrais ma timidité maladive en faisant le clown, et j’avais un certain succès… A 16 ans, un de mes frères m’a emmenée en voyage en Europe pour me faire réfléchir à mon avenir. Son plan secret était de me convaincre de rencontrer son agent à notre retour… et c’est ce qui s’est passé ! (Rires) Vos toutes premières impressions devant une caméra ? Je suis tout de suite tombée amoureuse du jeu. Et j’ai eu la chance de pouvoir en profiter un peu sans les aléas de la célébrité. Le film The Sisterhood of the Traveling Pants a très bien marché, mais je pouvais continuer à me balader dans la rue sans qu’on me reconnaisse. C’était merveilleux. Et puis il y a eu Gossip Girl… et ma vie a changé. Vous regrettez l’anonymat ? Oui. Une fois que les gens se sont fait une opinion sur vous, vous devez vous taire. Si vous tâchez de rectifier le tir dans la presse, cela sera déformé et se retournera contre vous… Il faut accepter ce qui va avec le métier
L’équipe de «Gossip Girl» au complet.
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Jay L.Clandenin / L A Times / Contour by Getty Images
L’Amour du Jeu
’est dans la lumière blanche d’un matin de C LosAngeles, sa ville natale, que nous rencontrons Blake Lively: elle est simple, douce et naturelle; avec,
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«Une fois que les gens se sont fait une opinion sur vous, vous devez vous taire. Si vous tâchez de rectifier le tir dans la presse, cela sera déformé et se retournera contre vous… Il faut accepter ce qui va avec le métier d’actrice, laisser couler. Mais je ne vous cache pas que, parfois, cela me rend folle.»
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{ Talents } Etre kidnappée, torturée, d’accord, c’est du cinéma, mais une telle expérience vous transforme-t-elle ? Oui, le tournage de Savages, émotionnellement très intense, m’a fait mûrir, d’autant que Au téléphone sur j’ai rencontré de vraies victimes du cartel mexile tournage de «Gossip Girl» et cain. Moi, je ne suis qu’une actrice, mais rester dans «Savages» des semaines à tourner dans une pièce sombre, d’Oliver Stone. enchaînée, faux bleus et blessures sur les jambes, avec des gens qui vous giflent, des nonacteurs à qui on dit: “OK, vas-y, gifle-la !»… pression de travailler à mon propre personc’est éprouvant. Et même si on utilise les trunage, de penser à ma vie personnelle. C’est cages du cinéma, il y a toujours un moment où du réel. Je savoure. vous recevez une vraie gifle en pleine figure, et Chanel a fait de vous son égérie. vous avez une migraine pour le reste de la Maintenant, c’est au tour de Gucci. Vous journée ! Pour la scène très violente dans la cage êtes toujours intéressée par la mode ? avec Benicio Del Toro, j’ai eu l’impression de J’ai découvert le glamour de la mode. Je me me jeter du haut d’un précipice. souviens d’un jour, sur le plateau de Gossip Oliver Stone déclare qu’il voit en vous Girl, où je me suis retrouvée un peu de Meryl Streep… devant un objet qui m’a hypQuand je rabats mes cheveux sur une seule notisée : un sac Gucci en cuir épaule, peut-être... (Rires) Oliver Stone est un brodé avec une poignée en homme d’exagération ! Une telle comparaison bambou et des détails fleuris me met trop de responsabilités sur les épaules! passés à l’or. J’ai eu un tel Etre jolie et blonde peut être un handicap coup de foudre que j’ai à Hollywood. Vous devez vous battre pour demandé à la costumière : être prise au sérieux ? «Vous croyez qu’un jour je posséderai une Le simple fait d’être une femme est un hantelle merveille ?» Un coup de fil à Gucci plus dicap, à Hollywood. On vous demande de «Le simple fait tard, on m’offrait cette œuvre d’art ! Ce sac jouer la victime, ou le trophée, vous êtes tou- d’être une femme reste un de mes biens les plus précieux. J’aijours objectivée. On me demande toujours de est un handicap merais faire mes courses avec un de ces chajouer une droguée avec des problèmes sexuels! à Hollywood. peaux improbables des années 1940, la taille C’est à chaque fois une nouvelle version, mais On vous demande très prise –je n’aime rien tant que les vêteil va falloir que je sois vigilante si je ne veux pas de jouer la victime, ments qui prennent bien la courbe de la être cantonnée à la pauvre fille tordue. Moi qui taille– et les petits gants élégants… (Rires) ou le trophée, voulais les rôles les plus complexes possible, je vous êtes toujours Parfois, je traîne chez moi en robe de soirée ! suis servie. En même temps, j’aime le naturel, j’habite objectivée. Quels sont vos modèles à l’écran ? On me demande Manhattan et j’adore me promener pieds L’autre soir, je regardais pour la énième fois toujours de jouer nus dans Central Park… Eve de Joseph Mankiewicz : toutes les actrices une droguée avec Vous prenez grand soin de votre ligne ! du film, de Bette Davis à Anne Baxter, jusdes problèmes Non, je ne fais rien de spécial. Mais je ne qu’au petit rôle de Marilyn Monroe, m’épabois pas d’alcool, ne fume pas, n’ai jamais sexuels! tent. Je reste devant l’écran bouche bée. Je me C’est à chaque fois pris la moindre drogue. Je suis très saine. dis : il faut que je change de métier, car je ne Ceci dit, je n’ai que 25 ans. Revenez dans une nouvelle leur arrive pas à la cheville… Ma comédienne ans, quand je serai énorme ! J’adore la version, mais il va vingt favorite est Katharine Hepburn. Elle était plus cuisine internationale. J’ai suivi une école de falloir que je sois cuisine en Thaïlande, une autre en Inde. Je forte que n’importe quel homme, tout en vigilante si je incarnant la féminité absolue. suis la reine des soupes et sorbets à la noix de ne veux pas Votre histoire d’amour avec un certain acteur et du poulet tikka ! Je suis amie avec être cantonnée coco canadien rencontré sur le tournage de «The plusieurs chefs et je peux prendre un avion Green Lantern» a fait couler beaucoup d’encre à la pauvre fille direction La Nouvelle-Orléans juste pour tordue.» : pour quelqu’un comme vous, de mal à l’aise aller y faire des dégustations ! D’ailleurs, si avec ce genre d’exposition, cela doit être assez étrange... on ne me propose plus de rôles, je pourrai toujours ouvrir C’est même pour cela que je n’en parle pas en interview. un restaurant, et vous êtes invitée ! (Rires) Je peux vous parler du Canada : si vous allez à Vancouver, P ropos recueillis par J U L I E T T E M I C H A U D n’oubliez pas de manger les tartes à la myrtille de chez A la Mode… (Rires) Permettez-moi simplement de dire que je suis très heureuse. Pour la première fois, j’ai l’imPA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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{ Talents }
Rachel Khoo
La Cuisine au charme chaussures plates, elle qui a l’habitude d’être perchée sur ses talons. Elle commande du thé noir et se laisse tenter par un pain au chocolat même si ce n’est pas très «ladylike». D’origine anglaise, elle parle un français parfait ponctué d’un accent délicieux. Rachel Khoo a quitté le milieu «un peu ennuyeux» de la mode pour venir apprendre la pâtisserie à Paris. Doucement, elle se fait connaître comme styliste et consultante culinaire, fait même le tour du monde avec ses pop up dinners. Après deux premiers livres de recettes pour Marabout elle décroche un contrat avec les Editions Penguin et se lance dans l’aventure de la Petite Cuisine à Paris. Elle installe une table pendant six mois dans son salon-salle à manger et ouvre, deux fois par semaine, un restaurant clandestin dans lequel elle invite à déjeuner uniquement deux personnes. «Quand tu écris un livre, raconte t-elle, tu dois tester énormément de recettes et cela m’a semblé idéal pour ne pas gaspiller et surtout ne pas devenir énorme!». Elle reçoit des amis d’amis, bloggeurs et autres curieux pour qui elle prépare des repas dans sa micro cuisine avant d’attirer l’attention du New York Times et de la BBC qui produira six épisodes de The Little Paris Kitchen. Elle n’aura jamais besoin de faire de publicité, «en même temps, ce n’était pas très difficile de remplir une table pour deux». Elle garde de cette expérience un livre d’or dans lesquels figurent tous ses menus accompagnés des commentaires, toujours enthousiastes de ses convives, et 120 recettes de cuisine française revisitée. Pour elle qui a grandi en Angleterre, fille d’un père chinois de Malaisie et d’une mère autrichienne, ce fût une découverte. Rachel Khoo ne se prend pas au sérieux et prône une cuisine girly facile à faire. Elle en fait une démonstration efficace à la Cooklette (le cours de cuisine mensuel chez colette), où du
Daniel Lucchiesi
achel Khoo porte des robes R colorées, du rouge vif sur les lèvres et s’excuse d’arriver sur des
haut de ces talons cette fois et sans tablier, elle explique entre deux éclats de rire comment faire une tartelette aux fraises minute ou une mousse de chèvre pour l’apéro. Une chose est sûre, on voudrait toutes tout savoir faire comme Rachel. L U C I E G O U Z E «La Petite Cuisine à Paris», Editions Hachette Cuisine.
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Oxmo Puccino
près six albums et plus de vingt ans de carrière, A Oxmo Puccino a toujours la verve affûtée et le mot juste. Alchimiste de la phrase, laborantin de la
rime, le «rappeur poétique», comme on le surnomme, n’a jamais trahi son éloquence. Son dernier album, Roi sans carrosse, est un subtil mélange d’émotions, de rythmes et de réflexions sur la vie. «La musique est le moyen de transport des mots. J’aime réunir ces deux entités, leurs forces se multiplient. Ecrire la musique donne une liberté jouissive», lance le rappeur. Qui, pour la première fois, a composé son album à la guitare. Entouré par Renaud Letang, Vincent Segal et Vincent Taeger (batteur des Poni Hoax), l’album a été réalisé avec une maîtrise absolue. «A nous tous, nous avions cent années d’expérience. Cette énergie se ressent sur le disque. Aujourd’hui, j’aborde le travail sur un album avec beaucoup de calme et de plaisir. Je ne me compare plus à personne et ne me pose plus de questions.
Je rappe tranquille.» Il n’a qu’un seul regret: n’avoir pas assez de temps pour communier avec son public. «Une chanson est un rapport fort entre deux personnes. Ça nécessite plus qu’un serrage de main ou une accolade. J’aimerais avoir le temps d’en discuter. C’est une vraie frustration. Je suis longtemps passé pour un marginal dans ma manière d’agir, de voir, de parler. Aujourd’hui, j’ai compris où j’allais. Je suis resté trop longtemps arrêté dans l’obscurité. Avec de l’amertume. J’ai préféré chercher de la lumière et créer des bons souvenirs. J’aborde mon travail d’écriture avec beaucoup de réflexion. Je lis beaucoup, des romans, des essais, des biographies… Tout m’inspire. Je remplis des carnets de mots, de phrases, d’anecdotes. J’accumule, j’aime la résonance des mots.» Son mot préféré ? «Il y en a plein ! Libellule, ellipse, scaphandre…» Ceux qu’il déteste ? «Tous les mots en “cide”.» Et celui qui le définit le mieux ? «Tranquille.» A M A N D I N E G R O S J E A N
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Vincent Desailly
rappeur tranquille
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Grégoire Ludig & David Marsais
Thomas Vollaire
Very Good Blagues
i les têtes pensantes de Canal + ont fait le ménage S dans la grille de D 8, elles se sont bien gardées de toucher au Palmashow, le duo comique formé par
Grégoire Ludig et David Marsais. Succès oblige, les fans retrouvent donc pour la troisième année consécutive les héros de Very Bad Blagues. A 28 et 30 ans, Grégoire et David sont des enfants du Net. «Sur Dailymotion, nos vidéos ont été vues 82 millions de fois et sur YouTube 200 millions ! Sur Direct8, on réunissait une jolie moyenne de 400 000 téléspectateurs, avec des pointes à 800 000… En fait, nous avons commencé par la scène avant que Dailymotion et YouTube existent. Nous avons mis nos vidéos en ligne, pas pour nous faire connaître, mais juste pour que la famille et les amis voient les vidéos que nous tournions le week-end.» «A Montfort-l’Amaury, dans les Yvelines, d’où on vient, c’est la campagne, donc il fallait trouver un mode de survie ! Soit on fume des joints, soit on pique la caméra des parents. Ou les deux ! Nous sommes devenus amis car nous partagions la même forme d’humour et les mêmes références cinématographiques : les Charlots, La 7e Compagnie, Y a-t-il un pilote dans l’avion? et tous les films des ZAZ (Zucker, Abrahams and Zucker).» Après un passage «foireux» à la fac, nos compères s’inscrivent dans des cours de théâtre. Quand ils ne bossent pas au McDo pour vivre, ils écrivent des gags. Ils finissent par proposer leurs services à Yvelines Radio,
«une station écoutée par dix personnes», qui leur confie trois heures d’antenne le dimanche après-midi. Installés dans les toilettes d’un centre commercial de Marly-leRoi, ils enchaînent blagues et dialogues délirants avec les auditeurs. Et finissent par atterrir à Fun Radio, où ils écrivent pour les animateurs de la station, notamment un certain Arthur. «Nous avons appris à écrire vite et efficace, avec une chute rapide. D’où l’idée de Very Bad Blagues, où l’on enquille tous les gags possibles sur un thème. Dans la saison 2, nous avons aussi travaillé sur la longueur, avec notamment des parodies cinéma.» Réalisées par leur ami Jonathan Barré, Le Seigneur des nanos, Quand on est un Jedi ou Batman feat Superman font un carton. Entre-temps, ils sont montés sur scène avec Men in Blagues, Ambiance ! et Trucs, ont rencontré Christophe Lambert (si, si, celui de Greystoke!), avec qui ils créent leur société de production, Blagbuster, puis lancé La Folle Histoire du Palmashow sur Direct8 en 2010, satire du monde de la télé… Ils font cet automne plusieurs apparitions dans le spectacle de Florence Foresti à Bercy. Comme pour beaucoup de comiques, la suite s’écrira au cinéma. «Nous avons déjà fait des apparitions solo dans des films, mais on espère bien sûr réaliser prochainement notre propre long-métrage. Nous n’avons jamais rien calculé, rien écrit pour plaire à tel ou tel public, et cela nous a plutôt réussi.» P ropos recueillis par M A X
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ROBERT
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l anime tous les vendredis soir l’hilarant «Bilan» de I la semaine au Grand Journal de Canal+. On l’avait déjà repéré à l’Edition spéciale du midi avec sa «Revue
de presse des journaux que personne ne lit», chronique décalée épinglant les absurdités des magazines les plus méconnus… Chris Esquerre, avec son air de petit garçon malicieux, a l’humour froid et efficace. «J’ai commencé par être sinistre, le rire est venu beaucoup plus tard, plaisante-t-il. Quand j’ai vu que j’avais la larme à l’œil en allant bosser, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose! J’étais malheureux. Je suis donc parti avec mon micro dans les cafés faire des reportages humoristiques.» Où, très sérieusement, il annonce des nouvelles grotesques : le Louvre a été déplacé à Roissy pour les touristes à cause de raisons pratiques… Michèle Alliot-Marie a rendu la moustache obligatoire pour tous les gendarmes… des éléphants vont remplacer les bus pour raisons écologiques… «90 % des gens me croyaient, car je ne plaisantais pas ! Je recueillais leurs réactions ahuries.» Il envoie ses maquettes aux radios. France Bleu le contacte. Puis, de fil en aiguille, Radio Nova, le Morning café de M6, Canal+… «Je suis l’exemple qui démontre que le piston en télé n’est pas obligatoire !» En 2011, il lance son spectacle, repris cette rentrée au Grand Point Virgule. «Mon spectacle est une conférence plus qu’un one man show. Il n’y a pas d’obligation de rire, pas de silence après les vannes. Le but est de montrer ce qui, moi, me fait rire.» Un humour atypique qui nous prend toujours là où on ne s’y attend pas, voilà tout le talent de Chris Esquerre. «J’essaie de trouver quelque chose de neuf dans des associations. Des choses auxquelles on n’avait pas pensé. Je suis un gentil. Je fais rire sans méchanceté. Je préfère prendre en charge moi-même le ridicule. Ça demande d’être bien dans ses pompes ! Beaucoup d’humoristes veulent être séduisant ; moi, j’accepte d’être ridicule. Pour faire ce métier, il faut avoir un rapport à l’existence un peu triste, désabusé. La facture, tu l’as payée avant. Pour moi, c’est une belle porte de sortie. On s’aime mieux quand on sait rire de soi. Il faut une vie pour s’aimer soi-même, et l’humour est un accélérateur.» Le café où nous sommes installés diffuse une chanson d’amour ultra-kitsch. Chris sourit et me lance : «Levez-vous et dansons un slow, Amandine, on a toute la vie pour écrire des articles…»
«Je suis un Gentil» Augustin Detienne / Canal+
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Chris Esquerre
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{ Talents }
Alysson Paradis
lysson Paradis traverse les scènes et les genres et A impose son prénom. Dans le film Les Mouvements du bassin, elle donne la réplique à HPG. Elle interprète
aussi Candice, star du X qui retourne à des études de philosophie dans QI, série qui démarre sa seconde saison sur France 2, et joue Astrid, chanteuse française dans le tumulte londonien pour Riot on Redchurch Street. La cadette des filles Paradis assume ses choix. Entretien. C’est difficile de se faire un prénom ? Ce n’est pas comme si ma sœur Vanessa était un personnage infâme ! Je suis très fière de l’admiration qu’on lui porte, mais je n’en fais pas état. C’est ma sœur, et je l’aime comme une sœur aime sa sœur. Je suis très zen par rapport à tout cela, et je ne vais pas me battre pour prouver à la terre entière que je ne suis pas que la «sœur de». Film d’auteur ou grosse production, comment savez-vous
si un rôle est fait pour vous ? J’essaie de ne pas me cloisonner dans un genre. Je sélectionne les réalisateurs avec qui j’ai envie de travailler. Ça part de là: des rencontres entre des personnes. Ensuite, c’est aussi une histoire que j’ai envie de raconter à travers mon rôle, et, si le cadre est très populaire et grand public, soit, je parlerai au plus grand nombre. Si, au contraire, le scénario se déroule dans un univers extrêmement intimiste pour un public confidentiel, peu importe ! J’aurai raconté quelque chose. Vous avez été dirigée par HPG et vous incarnez une actrice de films pornographiques. Pourriez-vous tourner des scènes classées X ? Non, je ne pourrais pas être une actrice de film porno. Plus que la nudité, ce qui serait vraiment dur serait de simuler la jouissance, le plaisir sexuel devant toute une équipe de tournage et des spectateurs ensuite. Devoir jouer des scènes d’émotion intense ou pleurer devant la caméra est tout aussi compliqué, c’est le même sentiment de mise à nu. Si l’histoire que l’on raconte est intéressante et que ce n’est pas du sexe pour du sexe, je pourrai jouer avec des réalisatrices comme Catherine Breillat ou Virginie Despentes sans hésitation ! Pour demain, la caméra ou le théâtre ? J’adore être au cinéma, mais j’ai un réel désir de trouver un projet de théâtre. J’aime la régularité d’y aller tous les soirs, le recommencement. J’adorerais qu’on me dise : «En janvier, tu es au théâtre !» Ma frustration est d’avoir fait l’impasse sur le théâtre et les classiques à cause d’une formation plutôt cinématographique. J’ai envie d’avoir un pygmalion qui me prenne sous son aile et qui m’apprenne tout ! P ropos recueillis par A N N A - A L I X K O F F I
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Lisa Roze / Contour by Getty Images pour Alysson
Le choix du Prénom
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{ Talents }
Laura Gonzalez
Passion Déco lle s’appelle Laura Gonzalez avec un E «z». Et elle y tient: cela confirme ses origines espagnoles, et non portugaises.
Laura va surprendre en utilisant 35 papiers peints et pas moins de 12 moquettes différentes… Depuis, les contrats s’enchaînent. Elle «relooke» le Schmuck, le Culture Hall, le Régine’s et La Quincaillerie… «C’est plus créatif de refaire un club ou un restaurant qu’un appartement», explique-t-elle. En ce moment, elle est en train de créer la décoration d’un bar à l’Opéra Garnier, attenant au restaurant. «Mais pas du tout dans le même esprit que le restaurant !» confiet-elle. Ce bar a été imaginé comme une loge de danseuse, avec des froufrous, du noir et du rose poudré. En décembre, La Quincaillerie numéro deux devrait voir le jour rue du Roi-de-Sicile. Laura Gonzalez dit avec pudeur qu’elle n’a pas de style propre. Qu’elle se remet en question tout le temps. Qu’elle aime toutes les inspirations : le baroque, le vintage, le classique, mais déteste le contemporain: «Le design épuré qu’on voit partout? Les gens en ont marre, et ça vieillit très mal ! En période de crise, ils ont plutôt besoin d’être rassurés et de se retrouver dans des décors plus chauds.» Elle chine, passe son temps aux puces et dans les salles de vente, sur eBay ou encore Leboncoin. C’est donc cela, sa touche personnelle. Son rêve ? Concevoir un hôtel et peut-être, pourquoi pas, un musée. A suivre...
Photographies : Philippe Levy pour l ’Office Hollandais des Fleurs
Aujourd’hui, Laura Gonzalez est en train de conquérir Paris: à seulement 28 ans, elle a déjà refait la déco d’une dizaine d’établissements réputés, restaurants, boutiques ou clubs. Tout a commencé en mars 2010 lorsqu’un de ses amis, Benjamin Patou, qui vient de racheter le Bus Palladium, lui confie la décoration de ce club mythique des années 1960.
DAPHNÉ DEGUINES
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Leïla Bekhti Un rêve français
«Nous York» est un film sur une ville, sur les rêves qu’aux autres. Il a fallu qu’un jour une amie et les doutes d’une bande de trentenaires. Avez-vous de lycée m’appelle pour me dire qu’elle sortait d’un un rêve américain ? casting où l’on cherchait une fille de mon type. J’étais LEÏLA BEKHTI. Non. Je ne ferai pas des pieds et des gare du Nord et le casting était rue de Paradis, «à dix mains pour arriver à Hollywood. Je n’ai pas d’agent làminutes», comme on dit dans Tout ce qui brille. Pour être bas. Mais si demain je rencontre un réalisateur qui me originale, j’ai fait quatre photomatons en noir et blanc et donne envie, pourquoi pas ? Pour moi, la rencontre avec j’y suis allée… Au moment de déposer mes photos dans le metteur en scène, c’est 60 % du scénario. Que cette la boîte aux lettres de la production, j’ai eu la chance rencontre se fasse à Paris, Carcassonne ou New York incroyable qu’Olivier Barthélémy sorte fumer une cigaimporte peu. J’aime les comédies américaines, le cinéma rette. Il m’a envoyé à l’étage du casting où, second coup de James Gray, celui de Martin Scorsese, bien sûr, ou, de chance, Kim Chapiron, le réalisateur du film, était là dans le registre «film d’action», Christopher en personne. Il m’a donné un texte à «Mon rêve Nolan, le réalisateur des Batman et d’Incepapprendre, une improvisation où je devais tion, qui est un génie. Mais en France aussi jouer la timide. En fait, je n’ai pas «joué», de petite fille, il y a énormément de gens qui me font rêver c’était de devenir j’étais vraiment timide. Ils ont dû me et avec qui j’ai envie de travailler. “aideuse de gens”, prendre pour un génie puisque j’ai eu le comme je disais. rôle! Voilà, c’est peut-être un rêve français, En attendant, vous vivez un «rêve Ou “caisseuse”, mais il vaut tous les rêves américains! français» : tout réussit à la jeune femme parce que j’adorais Avant, vous aviez tenté d’être éducatrice? née à Issy-les-Moulineaux et qui a le bip des caisses C’était mon rêve de petite fille, devenir grandi à Bagneux. Vous avez souvent dit au supermarché… «aideuse de gens», comme je disais. Ou que la chance avait joué un grand rôle En fait, l’histoire, «caisseuse», parce que j’adorais le bip des pour vous, mais en fait vous vous étiez c’est que j’étais caisses au supermarché… En fait, l’hismis en position pour que cela arrive… C’est exactement ça. Je travaillais avec mon toire, c’est que j’étais fascinée par la télévifascinée par frère dans sa boutique de vêtements, j’avais sion. J’étais toujours cachée derrière le la télévision. pris quelques cours de théâtre et je lisais J’étais toujours poste à essayer de rentrer ma tête dedans ! chaque semaine CastingMagazine, mais sans Je pensais que les gens de la télé cachée derrière (Rires) jamais faire aucune démarche. Je me disais : n’existaient pas et que Patrick Poivre le poste à essayer d’Arvor, Cendrillon et Robert De Niro ça serait cool si quelqu’un m’arrêtait dans la de rentrer rue pour me proposer un film, mais je n’y vivaient dans un même monde imaginaire. ma tête dedans!» Mon rêve s’est écroulé le jour où j’ai croisé, croyais pas. Comme au Loto, ça n’arrive PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Vous restez émerveillée par tout ce qui vous arrive? Ben oui! Je suis tout à fait consciente de ma chance. Je sais aussi que les choses peuvent s’arrêter. Donc je relativise, et ça me permet de savourer les bonnes choses. Mon entourage n’a pas changé, je ne suis pas entourée de courtisans. Ma famille et mes amis ne me traitent pas en star de cinéma. Et si je ne dis pas bonjour à quelqu’un, si je ne suis pas polie, ma mère va vite me remettre à ma place ! (Rires) C’est à elle que je dois cette éducation et ces valeurs.
«Je suis tout à fait consciente de ma chance. Je sais aussi que les choses peuvent s’arrêter. Donc je relativise, et ça me permet de savourer les bonnes choses. Mon entourage n’a pas changé, je ne suis pas entourée de courtisans. Ma famille et mes amis ne me traitent pas en star de cinéma. Et si je ne dis pas bonjour à quelqu’un, si je ne suis pas polie, ma mère va vite me remettre à ma place!»
Nous parlons d’un rêve français. Justement, comment la jeune femme d’origine algérienne que vous êtes trouve la société française en cette fin 2012? Nous pourrions en parler des heures, mais je ne dirai qu’une chose : l’échec de la société française serait d’empêcher les gens de rêver, quels que soient leur âge, leur sexe, leur origine. Il faut pouvoir être «à dix minutes de tout», toute sa vie. Or, j’ai rencontré des jeunes qui sont à dix minutes de rien, et ça me bouleverse. Je n’ai pas de solutions clés en main, mais les médias ne devraient pas toujours focaliser sur les dix mecs qui brûlent des voitures en banlieue sans parler des centaines qui vivent normalement, travaillent, ont une famille. Il ne faut pas toujours mettre en lumière les cons. Personnellement, j’ai eu de la chance: c’était moins dur à Issy-les-Moulineaux et à Bagneux. Ma mère travaille aux Assedic et mon père est chauffeur de taxi. La banlieue que les médias décrivent, je ne la connais pas.
«Nous York» est un film sur les trentenaires, leurs réussites, leurs échecs. Vous, vous avez 28 ans, et votre bilan est flatteur. Tout vous réussit. Comment faites-vous pour ne jamais vous tromper ? (Sourire) Je vous dis, j’ai beaucoup de chance. Et je suis très bien conseillée, particulièrement par mon agent, Grégory Weill. Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde. Il ne me donne jamais son avis avant que je n’aie lu un scénario, pour ne pas m’influencer, puis nous confrontons nos points de vue. Il m’a appris à dire non. En fait, ma seule peur est de ne pas être à la hauteur de ce que l’on m’offre. J’ai conscience qu’écrire un scénario c’est deux ou trois ans de travail qu’un réalisateur met entre mes mains ! Je joue au théâtre A la française d’Edouard Baer, et j’ai suivi de l’intérieur le processus de création de la pièce. C’est un énorme travail, et je ne veux pas décevoir. Même chose avec le prochain film de Philippe Claudel, Avant l’hiver, avec Daniel Auteuil et Kristin Scott Thomas. C’est une histoire superbe, avec de grands comédiens, et je dois être au niveau.
L’idée de bande, de famille de cœur, est-elle très importante pour vous? Je n’ai pas fait ce métier pour me constituer une nouvelle famille, j’en ai une et je l’adore. Avec Géraldine Nakache ou Roschdy Zem, c’est la vie qui nous a reliés. Ramzy est également très important pour moi, Cédric Kahn, Omar Sy… Ce sont des gens qui sont tellement proches que je vis autre chose avec eux que le seul cinéma. Nous pourrions être postiers demain, nous serions toujours amis. Géraldine Nakache est juive, vous musulmane. Votre amitié prouve que l’on peut très bien vivre ensemble… Mais c’est tellement normal pour nous que nous ne ressentons pas le besoin d’en parler ! Moins on parle de cette amitié entre une personne juive et une autre musulmane, plus cela est banal. On nous avait proposé
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à la Défense, Georges Pernoud, l’animateur de Thalassa, en train de faire les courses. Pour moi, c’était impossible, il ne pouvait pas être là puisqu’il n’existait pas, il était sur la planète télé. J’en ai pleuré! (Rires) Après, j’ai suivi une formation d’éducatrice, mais je n’ai tenu que trois semaines, dans un centre pour handicapés. Je pleurais tous les jours dans les toilettes. La directrice m’a dit : «Tu ne rends pas service aux patients et tu ne te rends pas service à toi-même.» J’ai appris qu’il fallait d’abord faire un gros travail sur soi avant de pouvoir aider les autres.
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jour, j’étais contente que la boulangerie en bas de chez moi soit fermée! J’étais contente de retrouver mes habipendant la promotion de Tout ce qui brille de faire un tudes, comme une petite vieille. Oui, les boutiques sont sujet sur ce thème et nous avons refusé. Le jour où l’on fermées le dimanche, oui, les Parisiens se plaignent tout ne parlera plus de ça, un grand pas aura été fait. le temps, mais voilà, c’est comme ça, Paris, et c’est très bien ainsi! Regardez les touristes: ils s’extasient sur des Certes, mais voyez l’émoi suscité par la conversion choses qui, nous, nous énervent. Moi, je suis une vraie de Diam’s à l’islam. Tout cela n’est pas encore «banal»… touriste, à Paris. Parfois, je vais sur le pont des Arts Je n’ai pas envie, moi, d’en faire quelque prendre des photos à 4heures du matin! «J’ai aimé chose d’extraordinaire et de dire : «RegardezJ’aime Paris la nuit. NewYork, nous, c’est possible, c’est beau !» Cela donmais j’adore nerait raison à ceux qui trouvent justement Pour faire la fête? Paris! ça extraordinaire, pas banal, pas normal. Je Non, pour manger! Je vais beaucoup au Je comprends n’ai pas compris tout ce battage autour de restaurant, c’est ça, ma fête à moi. (Rires) Diam’s. Elle fait ce qu’elle veut, et elle a l’air ceux qui disent J’adore la gastronomie, peut-être à cause aujourd’hui très heureuse. On devrait se de ma sœur qui est traiteur et dont je suis que cette ville réjouir de son bonheur, et je ne comprends donne de l’énergie la goûteuse officielle. pas le débat autour d’elle. et des ailes. qui avez travaillé dans la boutique Elle donne l’élan Vous «Nous York» est un film sur une ville. de vêtements de votre frère, pour rêver. Quelle différence avez-vous sentie que pensez-vous de la mode? Aller là-bas avec Paris? Je ne suis pas une «bête de mode», mais m’a donné J’ai aimé New York, mais j’adore Paris ! Je j’adore ça. Dans la boutique, je m’occupais plein d’idées n’étais jamais allée à New York et –c’est ce des achats femme, et donc j’essayais de que j’essaie que disent tous ceux qui découvrent la ville, déceler les tendances streetwear à venir. de concrétiser, mais c’est vrai–, quand tu arrives là-bas, tu as Aujourd’hui, j’adore Balenciaga et la mode mais ici, l’impression que la ville te connaît déjà et que exigeante de Nicolas Ghesquière. tu la connais déjà. Tu ne te sens pas étrangère. Guillaume Henry a fait un travail extraorà Paris.» Je comprends ceux qui dinaire avec Carven. Actuellement, je suis disent que cette ville donne amoureuse des souliers et des sacs Roger de l’énergie et des ailes. Elle Vivier, une marque qu’Inès de la Fressange donne l’élan pour rêver. a su moderniser. J’aime aussi le travail de Aller là-bas m’a donné plein Raf Simons chez Dior, les robes de soirée d’idées que j’essaie de d’Elie Saab, et je suis fan d’Hedi Slimane. concrétiser, mais ici, à Paris. J’aime beaucoup Saint Laurent. Et puis il y (Rires) Ceci dit, j’y suis a des marques que je découvre à l’occasion restée trois mois et demi de shootings photo, comme Gaultier, Balpour le tournage, mais je ne main ou Opening Ceremony. Enfin, j’aime pourrais pas y vivre. J’ai des marques plus accessibles, comme besoin de ma famille à mes APC, ba&sh, Sandro, Maje ou Kookaï… côtés et de partager ce que je vis avec les gens que j’aime. Votre avenir professionnel, vous le voyez derrière la caméra? Vous êtes en train Vous restez une d’écrire une histoire? Parisienne de cœur… Effectivement. J’aimerais vivre l’expérience Quand je suis rentrée de de diriger des comédiens, de réaliser, et je New York, pendant deux ou pense avoir des choses à dire. Mais, après trois jours, j’ai trouvé Paris avoir trouvé la force de me raconter cette ringard, parce que tout histoire à moi-même, je suis à présent en n’était pas ouvert en permapleine quête de confiance, afin d’avoir la nence. Et puis, le quatrième force de la raconter aux autres. P ropos recueillis par M A X
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©Vertigo P roductions 2012, ©Frédérique Barraja
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La Météo des Tendances La gourmandise anti-crise
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out comme la cuisine a opéré il y a quelques décennies sa révolution –en redécouvrant la force du produit, les cuissons justes et les ingrédients peu nombreux– pour donner naissance à la «nouvelle cuisine», la parfumerie amorce son virage et revient à ses fondamentaux. Après le muguet en majeur dans L.I.L.Y de Stella McCartney (pour «Linda I Love You», en hommage au surnom que son père, Paul McCartney, donnait à sa mère, Linda), le jasmin dans Manifesto de Saint Laurent, la lavande dans Luna Rossa de Prada, la rose dans le très attendu Florabotanica de Balenciaga, et bientôt le mimosa et la violette dans des lancements imminents, on voit nettement poindre un retour aux matières premières des origines de la parfumerie, moins par passéisme que par envie de notes plus simples. Elles sont extrêmement travaillées, au sein d’accords complexes, mais ce sont elles, malgré tout, qu’on met en valeur et en évidence pour rompre avec la tendance actuelle du sucré, qui finit par lasser tout le monde. Le Labo –une marque de niche créée par deux Français qui ont démarré leur implantation par New York– va même jusqu’à mentionner le nombre d’ingrédients sur ses étiquettes. Leur record à date : Ambrette, qui n’en compte que neuf. C’est d’ailleurs chez ces marques de niches, qui n’ont pas les mêmes ambitions commerciales que les grands du luxe, que les meilleurs parfumeurs de la planète trouvent aujourd’hui à publier leurs jus les plus audacieux, et souvent les plus beaux, qui végétaient parfois dans leurs tiroirs. Cette Ambrette, qu’on doit à une star de la parfumerie adepte des formules ultra-courtes et dépouillées, Michel Almairac, est un pur délice. Tout autant que le Vanille Insensée d’une autre marque de niche, Atelier Cologne. Reste à savoir ce que Vuitton, qui implante son atelier de création olfactive à Grasse, va souhaiter apporter à la parfumerie et comment il entendra jouer son rôle. En attendant peut-être de nous faire adopter le parfum qui se mange : une senteur encapsulée, qu’on avalera et qui exhalera par les pores de la peau.
comme de friandises, diamants chocolat et bonbons rubis à la framboise. Décidément, on a beau chercher à nous alerter et à nous culpabiliser sur les dangers du surpoids, la gourmandise ne se résout pas à devenir un vilain défaut. Mieux, elle s’instaure comme un remède à la crise. A New York, le Dylan’s Candy Bar, un hypermarché de la friandise sur près de 1 000 m2 ouvert par Dylan Lauren, la fille de Ralph, est d’ailleurs en train de devenir un monument qui se visite. Comme s’il ne suffisait pas de manger plus à chaque repas et de manger en plus entre les repas, tout le monde se met en tête d’inventer un quatrième repas quotidien. Quand Taco Bell, aux USA, cherche à instaurer le dîner tardif –autour du milieu de soirée, quand on est dehors et qu’on ressent une petite faim–, on déchiffre aisément son objectif commercial. Mais quand la pub française s’efforce de rendre trendy les goûters d’affaires, on se dit qu’il s’agit plutôt d’une tendance de fond : plus d’une personne sur trois aujourd’hui en France prend une collation de milieu d’aprèsmidi, et on passera bientôt à une surdeux. Bref, préparez-vous à «fika». C’est quoi ? Ce verbe suédois intraduisible désigne une institution en Scandinavie : une rencontre devant une tasse de boisson chaude accompagnée d’un sandwich ou d’une pâtisserie.
Le culte photo
près les photos cultes, le culte photo. Tout le A monde se prend pour un artiste et se proclame reporter de sa propre histoire. La photo devient peu à
peu le témoin d’une vie bien remplie qu’on s’empresse de partager. Grâce à l’ingéniosité d’entrepreneurs futés, on découvre chaque jour une nouvelle façon d’afficher ses photos : petites expos perso, trimballées partout avec soi, de la coque d’iPhone aux stickers souvenirs collés sur son agenda. Et la photo pourrait bien devenir un moyen d’inspirer la mode. La mode, en véritable marqueur temporel, est normalement un indice indiscutable qui permet de dater une photo : en un regard, on est capable de reconnaître une photo de foule prise dans les années 1960 d’une photo identique prise dans les années 1990. Mais, quand la mode n’est plus ce qui se démode, mais ce qui n’arrête pas de revenir cycliquement, avec ses inlassables emprunts aux années 1970,
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Photographies © Lee Setty © Jiri Hera - Fotolia.com
Parfums, retour aux fleurs
e sucré est une telle valeur en soi qu’un bijoutier L américain, LeVian, pour susciter le désir, préfère se désigner comme chocolatier et parler de ses pierres
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REPÈRES EXPRESS 1980, 1990… c’est peut-être bien la photo qui va finir par dater la mode. Grâce à une industrie textile qui n’arrête pas d’innover, la créativité s’exprimera bientôt dans l’impression numérique de pièces uniques. La ligne capsule par Akris pour la célébration des 111 ans du luxueux Bergdorf Goodman en est une anticipation remarquable. Et on le voyait bien au récent salon PremièreVision : c’est dans l’univers du textile qu’on est le plus actif, réactif. On peut mentionner ces tissus très forts, très marqués, comme des écailles ou des briques, inspirés par l’architecture. Ces tissus compacts double couche, double face, double tissage, qui font comme des armures ou des amortisseurs. Et pour emporter le tout, ces tissus pelucheux, rassurants et caressants, un peu comme ce qu’on a vu aux pieds des modèles du dernier défilé Céline. Sans parler de la robe qui change de couleur en fonction des humeurs et des émotions, star du projet Skin initié par Philips, ou de ces vêtements intégrant des LED qui permettront bientôt de trimbaler sur soi des messages animés. Ses films de vacances ?
Ensemble, c’est mieux. On les voyait venir, elles nous envahissent: les collaborations pullulent, et pas toujours sur le modèle du chic associé au pas cher. Maison Martin Margiela pour H&M, Manolo Blahnik pour lePrintemps, Karine Arabian pour André, mais aussi JM Weston pour Innamorato ou Vanessa Seward pour la marque APC… La nouvelle alliance. Il signifie quoi, cet ongle verni d’une couleur franche qui tranche avec les autres ? Si c’est sur l’annulaire, il y a fort à parier que vous vous trouvez en présence d’une «ring finger nail polish». L’alliance, c’est la loose. Alors, quand on est mariée et qu’on veut le faire savoir, pourquoi ne pas adopter ce nouveau code de la conjugalité ? Les montres qui montrent tout. Avalanche de montres en transparence, qui sont à la montre ce qu’une radiographie est à un corps. De Cartier, Vuitton, Richard Mille, à Tag Heuer et même Swatch, tout le monde s’y met. Probablement un incontournable dans quelques mois. Besoin de voir comment ça marche dans un monde où on passe son temps à essayer de percer à jour les rouages de tous les mécanismes ? T-commerce. Acheter sur Internet, c’est dépassé. Apprêtonsnous à acheter directement sur notre téléviseur. Non, il ne s’agit pas de devenir accroc au télé-achat, mais, plus simplement, grâce à un téléviseur connecté, d’acheter d’un clic tout ce qui nous passe sous les yeux pendant qu’on regarde son programme préféré. En lançant Uppleva, un téléviseur intégré à un meuble qui inclut et dissimule les fils et les branchements, Ikea se prépare discrètement à cette nouvelle évolution du commerce. ELLEN WILLER
Avec Pierre-François Le Louët, président de l’agence NellyRodi. www.nellyrodilab.com
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Décontracté sensuel e favori de la scène L new-yorkaise emprunte à la rue ses codes pour mieux les détourner sur les podiums. Sans avoir l’air d’y toucher, les filles d’Alexander Wang jouent avec leur sensualité dans une sorte de chaud-froid convaincant, entre rigueur et sex-appeal. .
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Bottes très hautes
es bottes au sommet. Page de gauche: D cuissarde zippée en cuir noir Giuseppe Zanotti Design, cuissarde ajourée en cuir noir Altuzarra, botte en suédine rouille Gianvito Rossi. Ci-contre: botte en cuir noir à bride et botte en cuir rouille Gianvito Rossi, botte Overlap cuir et suède Aperlai, botte Onde de Choc Roger Vivier.
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Carnet de u luxe pour Rochas, puis Nina Ricci, vous êtes passé D au «mid market» de Theory. Comment définissezvous ce qu’on appelle ici le «néo-luxe» ?
OLIVIER THEYSKENS. Aux Etats-Unis, le «mid market place» est à mi-chemin entre le mass market et le luxe. Ici, l’appellation «néo-luxe» est nouvelle et montre qu’il se passe réellement quelque chose. Dans le mid market, on peut trouver des produits comprenant certaines valeurs habituellement associées au luxe, mais dans une catégorie plus démocratique. Ces valeurs, ce sont l’intégrité du vêtement, le geste créatif, la réflexion sur la façon d’être moderne, le point de vue stylistique, de belles matières et, enfin, une réalisation industrielle impeccable. Vous demeurez dans une fourchette de prix abordable, mais n’est-ce pas au prix de concessions sur la qualité? Je n’ai pas l’impression d’en avoir fait. Dans mon job de créateur, je travaille comme je l’ai toujours fait. Ce que
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Olivier Theyskens et le «néo-luxe»
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j’apporte en tant que couturier aboutit à des vêtements qui ne sont pas lambda, et il n’y a pas de raisons pour que cela n’existe que dans le luxe. Une fibre comme le cachemire s’est démocratisée. Le luxe est à présent poussé dans ses retranchements : il doit justifier son prix, avec des tissus extrêmement précieux et des procédés de fabrication très sophistiqués. Le grand luxe restera immuable. Mais le prix d’un vêtement est très lié à une organisation efficace de l’entreprise. Nous, nous n’avons pas à répercuter des investissements importants comme les campagnes publicitaires. Le coût final du vêtement est donc très sincère. Andrew Rosen, le patron de Theory, est le gourou du mid market aux Etats-Unis ! Je l’ai rencontré pour lui demander conseil, car je passais beaucoup de temps à imaginer comment démocratiser le luxe. La marque est majoritairement implantée aux Etats-Unis et au Japon, et elle correspond en fait au lifestyle mondial, pas au lifestyle américain en particulier. Theory, c’est un style global. Vous êtes donc directeur artistique de deux lignes, Theory et Theyskens Theory. Quelle est la différence? Theyskens Theory propose le point de vue d’un créateur, et c’est pourquoi cette collection porte mon nom. Cette ligne est plus fashion que Theory. On prend des risques, on s’aventure sur des designs de produits plus osés. Le spectre de propositions est moins ouvert. Je cherche ce qui dénote, interpelle stylistiquement. Je m’adresse à une femme plus fashionista. Sur Theory, l’attitude est très différente. Je suis inspiré par quelque chose de plus mainstream. Je m’attache à la science du vêtement, aux qualités d’un générique parfait. Et je ne veux pas de vêtements immédiatement reconnaissables comme du Theyskens. Comme je dis à mon équipe: «Kill the designer!» P ropos recueillis par M A X
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Julien Claessens
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David Julien
L’esprit kawaï
e 5 juillet dernier, le grand prix de L l’Association nationale pour le développement des arts de la mode (Andam) et son enveloppe de 230 000 euros a été décerné à Julien David. Le jeune créateur rejoint ainsi la prestigieuse liste des lauréats sur laquelle figurent, entre autres noms, ceux d’Yvan Mispelaere, directeur artistique Diane Von Furstenberg, Giles Deacon, directeur artistique Ungaro, Christophe Lemaire, directeur artistique Hermès, Martin Margiela, Viktor & Rolf, Jeremy Scott, Anne Valérie Hash ou encore Anthony Vaccarello, lauréat 2011… L’Andam a pour objectif de repérer, lancer et soutenir les talents émergents de la mode française et internationale. Si la créativité reste au cœur du prix, une nouvelle impulsion se dessine, qui colle à la conjoncture et aux évolutions du secteur. L’heure est en effet au rassemblement, et les clivages création/gestion tendent à s’estomper. Les jeunes talents en lice doivent être porteurs d’un projet de développement en France. Une aubaine, donc, pour Julien David, qui défile d’ores et déjà à Paris depuis plusieurs saisons. Diplômé de la Parsons School of Design en 2003, Julien David a collaboré avec Narciso Rodriguez et Ralph Lauren, a été free-lance à Tokyo, avant de fonder sa propre marque au Japon, Julien David, en 2008. Un pays qui l’inspire et où se trouve aujourd’hui son studio. De fait, dans ses collections, qui empruntent aux codes du sportswear, plane aussi l’esprit kawaï. L’ensemble, décalé sans être décadent, gagne en audace. L’objectif, désormais, pour le créateur de 34 ans : livrer des collections complètes. É M I L I E - A L I C E FA B R I Z I
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Bottes guêtres
ottes guêtres en cuir de veau B façon poney et cuir souple rouge Givenchy by Riccardo Tisci, botte en veau velours noir et clous dorés Giuseppe Zanotti Design.
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Mode ade ce Dac n e r u a L
Chic confort
ui n’a jamais entendu une femme se Q plaindre après une soirée perchée sur 12 centimètres de talon ? «C’est inconcevable,
Portrait : Éric Guillemain
insupportable, s’offusque Laurence Dacade. Bien entendu que l’on peut sortir avec des talons hauts, être belle, mais ne pas souffrir. Je n’aime pas le mot “sexy”, qui est un peu vulgaire car galvaudé. Je préfère parler d’élégance, de beauté, de luxe et de plaisir. J’aime l’allure des femmes, leur façon de bouger, et tout cela est déterminé par le pied. Cela ne sert à rien de fabriquer une jolie chaussure pour faire une jolie chaussure. Il en existe déjà des milliers. Ce qui est intéressant, c’est ce qu’il y a derrière : les matières et la technique. Le bien-être d’un chausson, ça se joue à 1 millimètre près ! La cliente n’en sait rien, mais c’est ce qui fait qu’elle passera sans douleur une soirée sur 12 centimètres et qu’elle reviendra chez moi ! Pour moi, une chaussure est une sculpture. Un soulier, c’est sensuel, j’aime le caresser. C’est une véritable histoire d’amour.» La créatrice a suivi, après une formation classique de styliste, les cours d’une école spécialisée dans la chaussure. «Je suis comme un chercheur, et, si je fabrique un produit mode, je ne néglige pas pour autant l’approche anatomique.» Un enthousiasme et un talent qui ont séduit Givenchy, Nina Ricci, Kenzo, Matthew Williamson et, depuis sept ans, Chanel, pour qui elle réalise les souliers de chaque collection. «J’aime dessiner des chaussures ultra-féminines en imaginant les vêtements qui iront avec.» Les chaussures Laurence Dacade ne bénéficient pas encore d’un magasin en nom propre. C’est dans les grands magasins et au Montaigne Market que se rendront les fashionistas, à moins de passer par le Japon, les Etats-Unis ou l’Arabie saoudite… M A X R O B E R T
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damo Metra
Mix italien este d’officier, blazer en V cuir ou petit blouson trapèze à manches évasées,
pantalon XL qui dégouline sur les hanches genre je-l’ai-piquéà-mon-mec ou bas de pyjama en soie qui flotte, immense jupon ou petite jupe corolle, chemise ample nouée sur la taille ou combinaison ambiance karaté kid à top bouffant et gros nœud dans le cou… La mode made in Italy par Metradamo, c’est un style à la fois mutin et nonchalant, une silhouette entre petite fille sage et boyish attitude en apparence simplissime mais bourrée de détails couture. Bref, on veut tout essayer, tout acheter. C . G .
Aurelyen – Misericordia
www.metradamo.it
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Résolument baroque e gauche à droite et D de haut en bas : escarpin Mary Jane en satin
orangé Prada, sandale bicolore Alexander McQueen, escarpin à bride en cuir doré orné par des cristaux Dsquared2, sandale Belle Epoque Nicholas Kirkwood.
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cordia Miseri
Mode éthique
e ne suis pas juste designer, je fais tout. Et c’est «J ce qui me plaît : je sais faire les photos, la vidéo, les tableaux Excel, dessiner, produire et vendre une col-
lection…» Dire qu’Aurélyen (c’est son nom), le créateur parisien de Misericordia, touche à tout serait un euphémisme. Sauf que Misericordia n’est pas un simple label : c’est un projet à la frontière entre action sociale et création artistique. En 2003, lors d’un voyage au Pérou, Aurélyen est frappé d’une révélation en découvrant les bidonvilles de Lima. Il décide d’y monter un atelier de couture, de dessiner une première collection, puis d’embaucher quelques locaux qualifiés pour la produire. Sur les étiquettes, on peut déjà lire «Manos, Espíritu y Corazón (mains, esprit et cœur)», un slogan qui annonce la couleur bien avant la déferlante de mode éthique et coton bio. Aurélyen et sa collection rentrent en France, le succès est là. Misericordia fait son trou et vend ses pièces aux concept stores du monde entier, Colette en tête. Et Aurélyen, qui partage désormais son temps entre Lima et Paris, ne se contente pas de faire travailler une quaran-
taine de personnes à temps plein dans de bonnes conditions, il leur permet, dans un apprentissage constant, d’appréhender l’ensemble du processus de création. «Mes patronnières n’ont jamais vu de défilés. Je ne leur apprends pas à dessiner les vêtements, je leur apprends comment les gens d’ici les portent. Je veux montrer qu’on peut faire, en Amérique latine, des projets d’avant-garde qui intègrent une vraie réflexion. Je veux aussi donner confiance aux Péruviens, leur montrer qu’on peut faire des choses, diffuser une culture qui nous plaît et qui nous anime. Je crois aux projets locaux à vision globale : l’idée, c’est aussi de donner envie à d’autres de créer un mouvement. Peut-être que tout le monde n’aime pas nos vêtements, mais tout le monde peut comprendre nos idées.» Dans le milieu, cet esprit visionnaire séduit. Notamment Kris Van Assche, successeur d’Hedi Slimane à la direction artistique de Dior Homme : Aurélyen lui a dessiné des tee-shirts que le designer a intégrés à sa collection et fait défiler à Paris. Depuis six saisons, Aurélyen lui concocte des dessins et graphismes, assure des séries limitées pour le Japon, cosigne une ligne produite au Pérou. Récemment, il a monté des collaborations avec les vélos Abici et les lunettes de soleil Waiting for the Sun. En fait, Aurélyen ne s’arrête jamais. «Misericordia, ce n’est pas ma boîte, c’est ma vie. J’ai donné plus que tout pour les gens qui bossent avec moi. C’est dur, mais il y a une pression très forte dans le milieu de la mode qui permet aussi des moments de cohésion magiques.» En ce moment, Aurélyen «cherche des sous» : le prochain gros projet, c’est une boutique, la première, à Paris. SARAH BOUASSE
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Jitrois
L’artiste du cuir ’homme est attachant, passionné et atypique. Il L prend le temps de recevoir chez lui, au-dessus du Jardin des Tuileries, dans ce qui fut autrefois l’apparte-
ment de Marguerite Yourcenar. Un lieu en adéquation avec cet homme de culture qui est allé chercher l’inspiration de sa dernière collection dans la contemplation des vitraux de la Sainte-Chapelle, récemment restaurés. Transparence, broderies anglaises et dentelles habillent des modèles à l’architecture gothique où la couleur –le rouge, le jaune, le bleu– est à l’honneur. La peau, elle, est plus fluide et souple que jamais. «Quand j’ai commencé, il y a 25ans, le cuir était soit noir soit marron. C’était le blouson noir des mauvais garçons et des punks, une matière très masculine, sourit Jitrois. Combien de fois me suis-je entendu dire que le cuir était vulgaire, qu’il était froid l’hiver et chaud l’été et que je devrais plutôt travailler la soie ! Mais je suis resté fidèle à ma matière fétiche et je l’ai féminisée au maximum. Et je suis rentré de plein fouet dans le cuir de séduction le jour ou j’ai pu mettre dessus le coton «derma stretch». Avec ce cuir stretch, la maison Jitrois a décollé dans le monde entier !» Un «Jitrois» passe même désormais en machine et est repassable. «Dans l’absolu, tout le monde pourrait me copier. Il n’existe pas de brevet pour de telles innovations. Mais voilà, personne ne sait le faire! La phrase clé de la maison Jitrois, c’est: “Dans la mode, il ne faut pas commettre de péché d’orgueil.” Combien de créateurs de talent ont disparu ces vingt dernières années ? Il faut être capable de diriger son entreprise sans céder aux sirènes des financiers qui ont des objectifs de rentabilité à
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courte vue. La logique de “maison” m’a permis de conserver notre fabrication en France ainsi que de valoriser notre capital humain. Je suis un sportif et Jitrois est une course de fond où il faut savoir passer le relais. Les personnes qui m’entourent sont ici depuis 20 ou 25ans, et les nouveaux s’intègrent très vite dans cette forme de famille recomposée. Je suis là pour définir la ligne directrice, mais mon souhait le plus cher est que ces personnes prennent le relais le jour venu. La maison ne changera pas de main, et mon neveu gère déjà les boutiques de Cannes et de Courchevel. La force de Jitrois, c’est aussi Sarah Marshall, qui est là depuis 16 ans. Elle est ma muse et nous formons un binôme. Voilà, j’ai bâti un édifice et j’en donne la formule à mon entourage pour que la maison continue.» Mais Jean-Claude Jitrois a encore un ou deux chapitres de son histoire à construire avant de songer à écrire ses Mémoires. Déjà présent aux Etats-Unis en multimarques, il ouvre un premier flagship de 270m2 à New York, en plein Soho. LosAngeles et Miami sont également au programme. Implanté à Honkkong depuis dix ans, Jitrois a aussi ouvert un «boudoir futuriste et glamoureux» signé Christophe Pillet à Beijing, en Chine. Enfin, le créateur a lancé sa première collection de sacs, baptisée Margot. Un modèle unique, élégant, au style rétro des années 50 mais également très moderne avec son soufflet zippé intérieur qui permet de ranger une tablette tactile. «Le produit doit toujours être surprenant et beau, conclut Jean-Claude Jitrois. Pour les vêtements, et j’insiste beaucoup là-dessus auprès de mes équipes, il doit être portable ! Il doit être dans l’air du temps, voire même le sentir un peu à l’avance, mais rester facilement portable. Le cuir, c’est unique. On ne jette pas un cuir, on le garde toujours !»
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MAX ROBERT
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Clothing o t n e m e M
Urban gentlemen
ens de la coupe, des matières et du S détail, les collections de la jeune griffe Memento Clothing apportent une vraie
authenticité dans l’univers du prêt-à-porter pour homme. Derrière cette marque créée en 2010, on retrouve deux jeunes hommes : Benjamin Memmi, ex-DA de Sandro Homme, et Alexandre Destel, ancien directeur commercial de Tom Tailor. Leur envie ? Construire un vestiaire masculin destiné aux urbains autour de pièces basiques et confortables. Résolument casual, leurs vêtements ont l’élégance des détails et revisitent les grands classiques du dressing masculin avec une pointe rock. Pour cette saison, qui signe la quatrième collection de la marque, chaque pièce a été fabriquée en Italie, tandis que l’inspiration a été puisée du côté de la Grosse Pomme, plus particulièrement du musicien new-yorkais Theophilus London, dandy du hip-hop : «Je suis amoureux de sa musique et j’adore son style éclectique et sophistiqué. Il m’a inspiré cette collection, que j’ai imaginée comme un mélange de deux genres très urbains, parisien et new-yorkais», nous confie Benjamin. A côté du caban aux boutons dorés devenu un basique de la maison, des gilets en grosse maille et de l’incontournable chemise en denim, on trouve, en pièce phare de l’hiver, un pull 100 % laine shetland dont le motif jacquard est ici imprimé à l’envers. Côté accessoires, Memento Clothing propose pour la première fois cette saison une paire de derbys en cuir et des boots en daim noir, et toujours ses écharpes doucement colorées. En projet : une nouvelle boutique qui devrait voir le jour d’ici la fin de l’année dans le quartier du Marais et une ligne de bagagerie pour l’été prochain.
SANDRA SERPERO
Memento Clothing. 12 rue Mandar, Paris IIe. 09 81 13 90 82.
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eurs choix déterminent la cote des créateurs et les L points de vente qu’elles représentent sont toujours le carrefour des rédactrices de mode et autres passionnées
Olivia Kim
des pages style. Depuis les premiers rangs des défilés, elles repèrent la bonne tendance, comprennent et anticipent nos envies. C’est sur elles que repose la force d’un rayon mode. Petit tour de la planète acheteuses.
Opening Ceremony, NewYork-LosAngeles.
Sarah Andelman
Olivia kim : Christelle de Castro ; Laure heriard Dubreuil : Camilo Rios
colette, Paris.
Précurseur à Paris du style «designartfood», colette est devenue, dès son ouverture en 1997, une des références internationales de la consommation d’avant-garde : exclusivité et ultra-modernité, prix en conséquence… Tout ce qui passe par le concept store de la rue SaintHonoré est garanti cool & chic. La mode a joué un rôle majeur dans cette réputation. Colette a contribué à la généralisation des mini-collections et a instauré des collaborations avec des designers pour des pièces réalisées en séries limitées exclusivement pour la boutique. Sarah Andelman est directrice de création et fille de la fondatrice Colette Rousseaux. Comment envisage-t-on la mode chez colette ? Pour la sélection femme et homme, c’est un équilibre entre des marques établies et de jeunes créateurs. Puis un mix de pièces fortes de la saison. Qu’est-ce qui motive le choix d’une marque ? Sa créativité, sa qualité de fabrication, sa complémentarité avec les autres marques que nous avons déjà. Qui sont vos préférés cette saison ? Parmi nos «chouchous» actuels : Julien David, Olympia Le-Tan, Piece d’Anarchive, Anthony Vaccarello, Simone Rocha, Meadham Kirchhoff pour la femme ; Christopher Raeburn, Officine Generale pour l’homme. Chaque semaine, nous renouvelons le display en mixant les marques entre elles, comme les pages mode d’un magazine, cela permet de renouveler nos propositions, le regard qu’on peut porter sur un vêtement. Qui avez-vous contribué à lancer depuis les débuts ? Nous travaillons depuis leur première saison avec des créateurs comme Jeremy Scott, Rodarte, Proenza Schouler, Mary Katrantzou, Sacai, Gareth Pugh, Alexander Wang ; Raf Simons, Kimmel, Thom Browne pour l’homme. Où la mode est-elle la plus dynamique ? Il y a une bonne énergie à Londres, avec des collections très «délicates» comme celles d’Erdem, de Peter Pilotto, «avant-gardistes» comme celles de Christopher Kane ou Marios Schwab. Quelles sont les tendances fortes pour l’hiver 2013 ? Nous avons noté beaucoup de fourrure, des touches de léopard, de matières métallisées, encore beaucoup de «biker jackets» et des matières très lourdes pour les vestes et les manteaux.
Fondé en 2002 à New York par Carol Lim et Humberto Leon, Opening Ceremony est devenu une marque, des concept stores (New York, Los Angeles, Tokyo) et un collectif de créatifs. Son aura underground chic a contribué à promouvoir, entre autres créateurs, Delfina Delettrez, Patrik Ervell, Alexander Wang, Proenza Schouler, Rodarte. Olivia Kim est vice-présidente de la création et chasseuse de créateurs. Qu’est-ce que la mode chez Opening Ceremony ? C’est un énorme melting-pot d’idées créatives venues de partout dans le monde et qui englobe la mode depuis les défilés jusqu’à celle de la rue, pour tous les prix. Une garde-robe, ce n’est pas une série de mode dans un magazine, c’est un sac avec plein de choses dedans. Où le dynamisme est-il le plus fort ? Je trouve que la mode la plus intéressante se trouve dans les petits coins des grandes villes, là où elle n’est pas forcément attendue. Il y a le marché africain de Dalston à Londres, la promenade de Venice Beach à Los Angeles ou les perruques du boulevard de Strasbourg à Paris. Je suis constamment à la recherche de couleurs, de musique et de matières assez fortes pour influer sur la mode. Quelles sont les principales tendances de l’hiver ? Des sweats cosy et ultra-luxe, une touche de métal et toujours des chaussures confortables.
Laure Heriard Dubreuil The Webster, Miami.
Destination mode à part entière, TheWebster est à Miami le grand magasin multimarque de luxe. Il a été fondé en2007 par deux Parisiens, Laure Heriard Dubreuil, ex-visual merchandiser chez Balenciaga et Yves Saint Laurent, et Milan Vukmirovic, ex-directeur de création de colette, dont il fut cofondateur avant d’être directeur de création chez JilSander et Trussardi. Laure Heriard Dubreuil est aussi l’acheteuse du Webster. Qu’est-ce que la mode chez The Webster ? The Webster est un reflet de mon goût, pour les achats homme comme pour la femme. Selon moi, la mode, c’est l’équilibre entre des pièces intemporelles originales et drôles et des nouveautés qui sortent du lot. J’ai toujours en tête l’envie que le client ait du style et se sente beau. Vos choix auraient-ils été autres si The Webster avait été parisien ? Chaque ville est différente. Miami, New York, Paris, Londres, Milan ou Rio : vous y trouvez un langage de mode commun, mais une distinction dans l’achat et dans la manière d’exprimer ce langage. Je crois que le choix est plus audacieux à Miami, avec des
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Christine Chapellu
couleurs plus vives, des imprimés, plus de robes et de tissus légers à cause du climat et, bien sûr, à cause des multiples influences culturelles et de la proximité de l’Amérique du Sud. Mon travail consiste à garder ce caractère unique et en même temps à apporter les codes de la mode pour une clientèle internationale. Quelles sont les tendances fortes pour l’hiver ? Beaucoup de cuir porté comme s’il s’agissait de soie ou de coton : des jupes, des robes et aussi des slims ou des pantalons larges, jusqu’aux écharpes en cuir. Il y a aussi beaucoup d’inspiration des seventies et du color block aux couleurs vives.
Sarah Rutson
Lane Crawford, Hongkong. Fondé à Hongkong en 1850, Lane Crawford est passé, ces quinze dernières années, du grand magasin à un luxueux et très influent bastion d’une mode internationale plus que sélective. C’est chez Lane Crawford que Haider Ackermann a été sélectionné pour la première fois, Rag &Bone y est aussi depuis ses débuts. Sarah Rutson est directrice de la mode. Comment envisagez-vous la mode? Nous pensons avant-garde en matière de mode et lifestyle. Nous avons la chance d’avoir une clientèle de voyageurs cosmopolites et très avisés, ce qui veut dire que nous devons sans cesse repousser les limites dans notre sélection, dans l’agencement du magasin, dans les services et dans nos échanges avec nos clients. Le monde est si petit, et les clients ont accès à tout, soit par Internet soit en voyageant ; leur expérience chez nous doit être exceptionnelle. Comment choisissez-vous une marque ? Il est primordial qu’elle ait un ADN fort, une écriture bien définie. Lorsqu’un designer ou une collection nous transporte, nous devons la proposer à nos clients. Le choix n’est jamais motivé par le fait d’avoir ou non la marque avant les autres. Si nous l’avons, c’est parce que nous l’aimons. Nous avons souvent choisi des designers en ayant conscience qu’il serait un peu tôt pour obtenir une vraie réaction de nos clients, mais nous savons nourrir et développer nos marques. Et c’est un réel plaisir quand les clients font des découvertes et commencent chez nous une histoire avec une marque. Où la mode est-elle la plus dynamique ? Quel que soit l’endroit où vous êtes, il est question d’obtenir cette «réponse» et le désir de ressentir une émotion, que ce soit de l’excitation, le besoin, la beauté ou tout simplement le fait de ne pas pouvoir vous sortir quelque chose de la tête.
La plus grande «boutique» de Paris vient de célébrer ses 160 ans. Seize décennies de chic rive gauche, de mode et d’une sélection plus affûtée encore ces dernières années. Anthony Vaccarello, Julien David et Pièce d’Anarchive étaient au premier étage du Bon Marché avant que le prix de l’Andam ne les consacre. Christine Chapellu est directrice du département mode femme. Comment envisagez-vous la mode au Bon Marché ? La mode résonne dans l’ensemble du magasin, et nous voulons permettre à nos clientes d’y découvrir une offre inédite, la quintessence de la création française et internationale. Notre démarche est extrêmement sélective, tant par le choix des marques que par les pièces que nous sélectionnons. Qu’est-ce qui motive le choix d’une marque ? Sa créativité, sa personnalité, la modernité des coupes, des proportions, son univers… et toujours la qualité des matières, des finitions, des détails. Nous fonctionnons beaucoup par coup de cœur et recherchons la marque qui va apporter une valeur ajoutée à notre offre, la marque qui va nous différencier. Qui est votre «new corner» cette saison ? Notre coup de cœur de la saison est pour le jeune créateur québécois Thomas Tait que nous allons présenter en exclusivité au BonMarché. Nous avons aimé ses silhouettes très graphiques, le travail des coupes, les belles matières et les couleurs. Nous continuons aussi à développer des créateurs émergents très talentueux tels que Julien David, Simone Rocha, Pièce d’Anarchive, Anthony Vaccarello, dont le travail évolue chaque saison et dont les collections s’étoffent. Qui avez-vous contribué à lancer depuis les débuts de la mode au Bon Marché ? Nous avons été les premiers à soutenir Isabel Marant, Dries Van Noten, Rick Owens, Stella McCartney, Lanvin, Balenciaga et bien d’autres il y a quelques années. Bouchra Jarrar, Alexandre Vauthier, Thom Browne et Mary Katrantzou plus récemment. Où la mode est-elle la plus dynamique ? Londres est une grande source de créativité, pleine d’énergie et de talents émergents, mais Paris reste la plus dense et la plus forte, riche en termes de concentration de talents internationaux. P ropos recueillis par A N N A - A L I X
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KOFFI
Sarah Rutson : Laurent Segretie
Le Bon Marché, Paris.
SHOWROOM BARCELONA JOSEP BERTRAND, 17 E-08021 BARCELONA. SPAIN TEL. +34 93 200 49 22 FAX +34 93 200 47 34 collection@tresserra.com
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Liliane Jossua
Montaigne Market, Paris. n entre chez elle comme une gourmande dans une O pâtisserie. Le regard s’accroche à chaque silhouette. Ontombe en arrêt devant des bottes en croco Givenchy – uneexclu–, on caresse en passant les plis serrés d’une robe signée YiqingYin. Après un long couloir encombré de portants, on arrive dans le saint des saints : le minuscule bureau de Liliane Jossua. Elle a créé avec son mari Montaigne Market, mais Liliane Jossua tient au titre d’acheteuse : «C’est cela, mon métier : acheter. Faire une sélection, faire connaître et reconnaître.»
Un œil. «En fait, mon parcours correspond à mes choix de vie. J’avais 19 ans quand j’ai débarqué à Saint-Barth pour les vacances. Je suis tombée amoureuse de l’île. J’avais deux passions : la mode et la gemmologie. Je suis revenue en France le temps de faire mes études à Esmod. Certains étudiants voulaient créer, être styliste. Moi, j’aimais regarder le travail des autres, choisir, trouver, assembler. J’avais un œil.» Choisir, sélectionner, faire aimer. «A Saint-Barth, j’avais une position géographique idéale. A l’époque, en France, on était encore sur deux collections par an. Aux Etats-Unis, on tournait déjà sur quatre collections, voire plus, avec des saisons décalées entre côte Est et côte Ouest. Il y avait une incroyable profusion. J’achetais aussi bien à Paris qu’à New York, ce qui m’a permis de découvrir des gens et d’en mettre d’autres en lumière : Isabelle Marant, Plein Sud, John Galliano, quand il ne créait encore que sous son propre nom, Juicy Couture, Corinne Cobson… On avait une clientèle internationale, des gens qui voyageaient beaucoup et qui aimaient mes choix.» Carré d’or. «Quand mes enfants ont grandi, que leur scolarité est devenue une priorité, on s’est installés à Monaco. La transition était plus douce que Paris, même si Paris était bien sûr notre objectif pour une nouvelle ouverture. A Paris, on voulait l’avenue Montaigne. Quand j’ai ouvert, des amies me disaient : “Je passe me changer et j’arrive.” L’idée de venir ici les impressionnait. D’où notre nom : Montaigne, parce qu’on voulait localiser l’adresse. Market, parce qu’on voulait casser le code, rendre cet endroit vivant et accessible. On a des marques institutionnelles, mais aussi des marques moins chères, que j’ai envie de faire connaître, et bien sûr des exclusives. Très vite, on a pu travailler avec Lanvin, Pellat-Finet, Missoni, Alexander McQueen, Alaïa… Ce que j’aime, c’est mixer les genres, faire découvrir des créateurs, leur donner de la visibilité, comme Alexander Wang, Jason Wu, The Row des
sœurs Olsen, Mayle, Katie Holmes… C’est moi qui reçois les propositions, par mail souvent, et je suis la seule à les lire. Je dois sûrement rater des trucs. En tout cas, coup de chance, c’est comme ça que je suis tombée sur Prabal Gurung. On a été le voir à New York, on a aimé. Le style Montaigne Market ? Sexy, court, assez cher, mélangé. Ouvrir ailleurs ? Non, on ne peut pas transposer : je change moi-même les displays tous les dix jours environ. Il faut être sur place, rester connecté. Ça m’amuse d’acheter quand ce n’est nulle part ailleurs. On a bien sûr des exclus, des éditions spéciales ou limitées, mais tout doit mériter d’être ici. Au début, j’achetais ce que j’avais envie de porter. Maintenant, mon œil s’est exercé et mon goût s’est construit. Je suis plus ouverte, plus tolérante. La seule chose qui compte, c’est une certaine idée de la qualité, des finitions, qu’il s’agisse d’un tee-shirt ou d’une fourrure. Et l’originalité. Souvent, les gens qui viennent ici ont déjà tout. Il faut trouver le truc en plus, qui fait craquer, qui donne envie de mode.» P ropos recueillis par E L L E N W I L L E R
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Bi jo ux Réalisé par
Azadeh Zoraghi Photographies
Wilfried Wulff
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Robe brodée en paillettes Paco Rabanne; fourchette en argent Christofle; collier en platine serti de diamants Cartier; bague main droite «Flamingo» en or blanc serti de saphirs roses et bleus, de diamants et d’un saphir ovale Boucheron; bracelet «Irène» en or blanc serti de diamants Boucheron ; boucles d’oreilles «Les Ardentes» en or blanc et diamants Louis Vuitton; bague main gauche en haut en or gris serti de diamants Chopard ; bague main gauche en bas en or blanc et diamants Louis Vuitton.
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Manteau en laine Gucci; service à thé en porcelaine Christofle; robe en maille de viscose Azzedine Alaïa; collier et boucles d’oreilles «Ava Scarf» en or blanc serti de diamants et d’émeraudes Boucheron; bague main droite «Poisonus» en or blanc, diamants, rubellite, grenats tsavorites et laque Dior Joaillerie; bagues main gauche «Epinosa» en or blanc, diamants, améthyste, citrine, rubellite, grenats tsavorites, saphirs et laque Dior Joaillerie; montre tambour bijou pétale quartz en acier, cornes et bracelet sertis de diamants, verre en saphir Louis Vuitton.
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Gilet en maille de viscose Azzedine Alaïa; short en coton et cuir Hogan ; boucles d’oreilles «Parade» en or blanc et or rose, serti de 34diamants taille poire et 77diamants taille brillant, 2saphirs de Padparadscha taille poire et 346saphirs taille rond Chanel Joaillerie; collier «Plumes Perlées» en or blanc, serti d’un diamant taille poire, 338 diamants ronds et 47 perles de culture Akoya Chanel Joaillerie; bague «Ruban» en or blanc, serti avec un béryl taille rond et 341 diamants taille brillant Chanel Joaillerie; bracelet «Evasions» en or rose, diamants, opales roses, onyx, saphirs noirs et roses Cartier.
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Robe en crêpe Chanel; collier «Ava Saphir» en or noirci serti de saphirs et de diamants Boucheron; bracelet autour du bras «Ten Colors» en or blanc et 210saphirs bleus Henri J.Sillam; motifs d’oreilles et bague «Oiseaux de Paradis» en or gris et diamants VanCleef&Arpels.
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Robe en maille de viscose Azzedine Alaïa; collier «Audace» en or jaune, blanc et rose, serti d’un diamant poire, de diamants marron, blancs et jaunes, et de saphirs jaunes et roses Boucheron; bague «Bagha» en or rose serti de saphirs oranges, roses et noirs, de diamants et d’émeraudes cabochons Boucheron; créoles «Bois de Rose» en or rose Dior Joaillerie; bracelet en or gris serti de 336diamants et 231diamants bruns Chopard. Page de droite: combinaison en mousseline Georges Hobeika; pendentif, bagues et boucles d’oreilles «Attrape-moi si tu m’aimes» en or gris, diamants, pierres de couleurs et améthystes Chaumet.
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Chemise en mousseline Gucci; broche «Papillon» en or blanc, 761diamants taille ancienne et 622saphirs Henri J.Sillam; bracelet «TenColors» en or blanc et 210saphirs bleus, bague main gauche «TenColors» en or blanc et 89saphirs bleus, bague main droite «Zawoom!» en or blanc et saphirs bleus Henri J.Sillam.
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Robe en maille Chanel; pendants d’oreilles en platine sertie de diamants et d’émeraudes boules Cartier; collier en or blanc, diamants, grenats tsavorites en démantoide et boules chrysoprases, bague «Oiseaux de Paradis» en or gris et diamants VanCleef&Arpels.
«uNcoNveNtioNal» pour PalaceCostes Photographe: Wilfried Wulff Réalisation: Azadeh Zoraghi Styliste: Azadeh Zoraghi Make up: Olivier Baille Hair: Rita Dell’Orco Manucure: Lucia Cheptene @b4agency Model: Mathilda Bernmark @starsystem
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es ateliers de VanCleef&Arpels ne se visitent L pas à l’improviste. Nichés dans les étages d’un bel immeuble du I arrondissement, à un jet de pierre préer
cieuse de la place Vendôme, on y accède après avoir passé une multitude de lecteurs de badges et autres sas de sécurité. Et il est recommandé de bien choisir son moment : passé 17 heures, les ateliers sont vides. Pourquoi? Parce que les artisans vivent au rythme du soleil afin de créer leurs pièces à la lumière du jour. Si la maison est réputée pour son savoir-faire, c’est parce que la fabrication de ses bijoux relève, d’un bout à l’autre de la chaîne, d’un souci du détail hors du commun. En pénétrant les lieux, c’est d’ailleurs un puits de lumière que l’on découvre dans la grande salle, inondant les établis des joailliers. Premier maillon de la chaîne, ils fabriquent les structures de métal qui accueilleront les pierres précieuses à partir d’épaisses plaques d’or : certaines pièces peuvent passer plus de 1000 heures entre leurs mains. Ici, on installe les recrues les plus récentes entre deux joailliers expérimentés : c’est le meilleur moyen de progresser rapidement. Et, afin que le savoir circule librement et que chacun profite au mieux de l’expertise de ses pairs, les artisans changent régulièrement de place, et donc de voisin d’établi. En lien étroit avec les joailliers, la maison peut se vanter de posséder son propre studio de maquette : c’est lui qui, à partir du dessin gouaché par le service de création, va réaliser un prototype en étain afin d’éprouver l’idée en 3 dimensions avant d’attaquer la «vraie» réalisation en métal précieux. Et, si le studio peut passer jusqu’à deux semaines sur une simple maquette, c’est parce qu’elle permet également de résoudre en amont les difficultés techniques propres à une pièce et de faire gagner un temps précieux à toute l’équipe. La maison s’est toujours distinguée par sa virtuosité technique: outre son célèbre serti mystérieux –complètement invisible– breveté dès 1933, elle a fait de la transformabilité des pièces l’un de ses fers de lance. En témoigne son Passe-partout, à la fois collier, bracelet, ceinture, boucles d’oreille et broche ! En empruntant le dédale de couloirs, on tombe sur la pièce dédiée au polissage : à l’aide de fils de lin et coton, chaque pièce y est polie au moins trois fois au cours de sa fabrication. C’est un métier qui ne s’apprend nulle part, sinon auprès d’un maître, et il faut compter dix ans à ses côtés pour maîtriser cette technique. La pièce d’en face est celle des sertisseurs, qui enferment les pierres dans leur structure à l’aide d’échoppes, ces outils biseautés d’une précision incroyable. Plus loin, on rencontre les lapidaires, qui taillent les pierres, un autre métier qu’on n’apprend plus. Sur trente restant en France aujourd’hui, neuf travaillent pour Van Cleef, et ils sont les seuls à détenir les secrets de la technique du serti mystérieux.
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Les coulisses de la magie
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Page de gauche, de haut en bas: clip «Zodiac Set Cancer» et boucles d’oreilles «Everlasting Ling». Page de droite: collier «Sept Etoiles» et bague «Everlasting Light».
Cette dernière consiste à faire glisser les pierres sur des rails ; c’est pourquoi il faut d’abord creuser, au dixième de millimètre près, les chevages, ces deux sillons qui permettent leur insertion. Il faut compter 2 à 4 heures par pierre, et les pertes sont de l’ordre de 50 à 70 %… Le mystère a un prix. Dernière équipe de choc : les gemmologues, qui sélectionnent les pierres avec une rigueur incomparable, puisque la maison est l’une des seules à choisir des diamants d’une qualité D (la plus haute) pour sertir même les plus infimes de leurs pavages. Traditionnellement évalués selon quatre critères, carat (poids), clarity (pureté), color (couleur) et cut (taille), les gemmes, chez VanCleef&Arpels, doivent se conformer à un cinquième C : le caractère, c’est-à-dire l’émotion qu’ils véhiculent. Et là encore, la seule façon d’apprendre, c’est de se former directement auprès des experts de la maison. C’est dans cette logique de transmission de savoirs inestimables que VanCleef&Arpels a inauguré, en février, sa propre école au numéro 19 de la Place, afin de permettre à qui le souhaite de s’approprier un peu de cette fabuleuse tradition qui devient rare… et d’autant plus luxueuse.
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Nicolas Bos, directeur international de la création, pour VanCleef&Arpels résume l’esprit dans lequel sont réalisé les bijoux : «Nous sommes en interaction permanente avec les ateliers. Il n’y a pas un créateur qui dessine et des artisans qui exécutent : nous sommes dans une démarche de création collective. Nous puisons nos thèmes dans l’histoire de la maison ou ailleurs : dans les arts plastiques ou la littérature, par exemple. Une fois ce thème choisi, nous le discutons avec les artisans de l’atelier ainsi que les gemmologues. C’est un processus long, il peut s’écouler jusqu’à deux ans entre l’idée première d’une pièce et le début de sa réalisation. Beaucoup d’esquisses sont échangées avant de tomber d’accord sur un dessin définitif, et le service création n’a pas le monopole des idées ! Et c’est justement ce qui est beau : nos bijoux n’existeraient pas sans ce dialogue permanent et l’expertise des ateliers, qui nous permettent de perpétuer une fabuleuse tradition tout en restant innovants sur les plans créatif et technique.» S A R A H B O U A S S E
De haut en bas: clip «Pivoine», clip «Plume Le Martin-Pêcheur» et bague «Jeux de Reflets».
«Nous sommes en interaction permanente avec les ateliers. Il n’y a pas un créateur qui dessine et des artisans qui exécutent : nous sommes dans une démarche de création collective.» PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Stanislas de Quercize
«La haute joaillerie connaît aujourd’hui un véritable âge d’or»
Portrait ©Olivier Ouadah
tanislas de Quercize, le président de S VanCleef&Arpels, grand défenseur de la haute joaillerie française, dont le savoir-faire séculaire a
construit la réputation de la place Vendôme, se sent-il menacé par l’arrivée de Dior ou Vuitton sur le marché de la haute joaillerie. Il a la réponse diplomate et subtilement perfide: «Au contraire, nous trouvons très bien que d’autres s’essaient à notre métier. Nous le prenons comme un hommage au vrai luxe. La haute joaillerie telle que nous la pratiquons est celle que l’on retrouve exposée dans les musées, mise aux enchères dans les salles des ventes. Les pièces que nous fabriquons se transmettent de génération en génération et créent de la valeur à long terme. A écouter les antiquaires, ce sont même les seuls biens qui continuent à se transmettre sur plusieurs générations. Mais les produire nécessite une expertise qui est le fruit d’un savoir-faire acquis par des années expérience, enrichi bien sûr par les techniques les plus «L’éternité récentes. Certaines des “mains d’or” est un qui travaillent dans nos ateliers ont vingtrempart cinq ans, voire quarante ans de métier.» contre la Au contraire de la mode, «qui est ce qui se démode», la haute joaillerie prétend à fragilité l’éternité. La contrepartie de cette ambi- du monde dans tion n’est-elle pas une forme d’immobilequel lisme ? «Je ne dirais pas que la haute nous joaillerie est le contraire de la mode, elle vivons.» en est le pendant. Nous ne souhaitons pas qu’on dise d’un bijou qu’il fait très 1930 ou très 2012. La haute joaillerie dépasse le terme de notre vie, elle est du plus que durable. Les bijoux d’Elizabeth Taylor ou de telle autre femme témoignent à jamais de l’amour qu’un homme leur a porté. Ils sont la trace d’un élan d’affection. Mais cela n’empêche pas que nos créations soient en prise avec leur temps. En 1967, George Balanchine a créé le ballet Jewels, inspiré par les créations de VanCleef&Arpels. Quarante plus tard, en 2007, la maison crée la collection Ballet précieux en hommage au chorégraphe, avec des créations inédites. Pour notre exposition au Musée des arts décoratifs, nous avons fait appel à l’architecte Patrick Jouin. Alfredo Arias a réalisé la scénographie de notre espace à la Biennale des antiquaires. Et, surtout, nous nous renouvelons sans cesse. Nous proposons chaque année une nouvelle collection de haute joaillerie: entre 120 et 150 pièces uniques! L’éternité est un rempart contre la fragilité du monde dans lequel nous vivons. En particulier de nos jours. La haute joaillerie connaît d’ailleurs aujourd’hui
un véritable âge d’or. Elle a rarement témoigné d’autant de créativité. Parce que nous avons besoin, peutêtre, d’être rassurés, dans un monde qui bouge tout le temps. N’oublions pas que les joyaux servaient, à l’origine, à se protéger du mauvais sort. Les bracelets étaient des boucliers miniatures.» Les collections de la maison célèbrent les thèmes de l’amour éternel. Cette année, de la chance. Des thèmes intemporels. «On est dans le mythe, dans la légende, dans un monde où les roses n’ont pas d’épine, les animaux pas de griffes, et dans lequel tout porte chance. Il faut croire qu’ils font partie du rêve de tout un chacun. Notre exposition à New York a compté plus de 20 000 visiteurs.» La marge de progression de la haute joaillerie se trouve surtout aujourd’hui dans les pays émergents, Chine, Russie, Inde, Afrique du Sud. Ces nouveaux marchés influent-ils sur le style de vos créations ? «Dans un monde globalisé comme le nôtre, les gens ne se définissent plus par le lieu où ils habitent. Les pièces de haute joaillerie sont achetées par des amoureux, des amateurs d’art et des entrepreneurs. Et des amoureux, des amateurs d’art, des entrepreneurs, il y en a dans tous les pays !» P ropos recueillis par N A D I N E
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artier et la panthère, une longue histoire: à la fois C emblème, icône et source d’inspiration inépuisable pour la maison. Le motif de son pelage, très graphique,
est présent dans les collections joaillières de la maison depuis 1914, mais il faut attendre que la légendaire Jeanne Toussaint remplace Louis Cartier aux rênes de la direction artistique, en 1933, pour que le félin entre dans la légende. Joaillière talentueuse, amie de Gabrielle Chanel, elle est réputée à la fois pour son goût exquis et pour son tempérament de feu, qui lui vaut d’être surnommée la Panthère. C’est sous sa direction que la maison traite pour la première fois, à la fin des années 1940, l’animal en trois dimensions : commandée par le duc de Windsor pour son épouse, la broche représente une panthère en or, tachetée de noir, qui s’étire sur une fabuleuse émeraude de 116 carats. Omniprésente dans les collections joaillières, élégante héroïne du dernier film publicitaire de Cartier, L’Odyssée, la panthère traverse les décennies et demeure un symbole très fort pour la maison du 23 place Vendôme. Décryptage avec Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine de Cartier. Comment la panthère de Cartier est-elle devenue si célèbre? Dès 1949, la broche de la duchesse de Windsor a créé une forte émulation parmi les femmes de la Café Society: Daisy Fellowes, María Félix et Juliette Gréco, entre autres, se sont mises à en porter… A l’époque, les femmes se paraient d’oiseaux, de papillons et autres tortues, comme un jeu. Qu’on arbore un animal féroce et indomptable était totalement nouveau. La panthère véhiculait des idées d’indépendance d’esprit, de force et d’une certaine féminité : c’était la première fois que les femmes trouvaient dans les bijoux de tels symboles de leur propre caractère. Depuis, ce thème n’a jamais cessé d’être demandé, donc produit. Non sans quelques mutations… Bien sûr. Selon les époques, elle est plus ou moins naturaliste ou stylisée, ses attitudes changent. Comme l’animal est souvent doté d’une articulation, il est un prétexte formidable à la démonstration de notre savoir-faire joaillier. Et également à des innovations techniques : on a inventé le serti pelage, qui consiste à rabattre le métal en différents fils sur les taches figurées par l’onyx, ce qui accentue l’effet «poil». Aujourd’hui, on travaille des représentations singulières : le corps devient abstrait, puisque le motif du pelage se prête très bien à cet exercice, tandis que la tête reste figurative. A la Biennale des antiquaires, cette année, on a présenté des attitudes ludiques, notamment une pièce où la panthère joue avec sa queue. Et enfin, on crée désormais des pièces autour du bébé panthère, qui séduisent d’autres femmes grâce à leur côté «adorable».
Cartier
L’éclat de la panthère Pourquoi la panthère demeure-t-elle l’animal fétiche de la maison ? Il nous serait difficile de présenter une collection sans elle! C’est l’incarnation de la maison, elle ne cesse de motiver de nouvelles créations et représente un défi constant. A son époque, Jeanne Toussaint disait : «Nous avons de merveilleux oiseaux, des tortues et des insectes extraordinaires, mais tout ce que nos clientes veulent, c’est la panthère, la panthère, la panthère !» Les panthères permettent un véritable travail autour des pierres : avec les bébés panthères, on va utiliser des cabochons et des couleurs acidulées ; alors que, pour une panthère adulte, féline, on va choisir des pierres de caractère affirmées, tachetées, des opales… Le travail du joaillier, c’est de mettre en valeur la pierre, or la panthère est un sujet particulièrement riche dans ce sens-là. Nous continuons de présenter des approches inédites de l’animal. La nature de la pierre utilisée inspire sa représentation : à la Biennale, cette année, il y avait un bracelet en matière fossile grise, gravée de petits dessins noirs, et un autre était en bois palmier. Sur le premier, la panthère était dans une séduction affirmée, avec un regard doux, alors que sur le deuxième, elle paraissait plus féroce : la pierre guide la création et le dessin. Philippe Nicolas, maître d’art, graveur et sculpteur sur pierres fines, a rejoint la maison en tant que glypticien, et il a apporté un nouveau territoire à l’animal. Lorsqu’il travaille le bois fossilisé, par exemple, il y a une sorte de mise en abyme entre les valeurs de la panthère, son élégance et son côté naturel, et les valeurs intrinsèques du matériau utilisé.
P ropos recueillis par
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Crédit photo : N. Welsh, collection Cartier ©Cartier.
Page de gauche: bague de la collection Dépaysement, Paysage Boréal. Page de droite: broche-pince tigre, 1957, et bracelet «Panthère», 1958.
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La nouvelle collection haute joaillerie Cartier est placée sous le signe du dépaysemnt et nous entraîne dans toutes sortes de paysages. Page de gauche: collier, boules facettées et bague de la collection Paysage Boréal. Page de droite: bagues et bracelet de la collection Paysage Urbain.
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Crédit photo : Julien Claessens & Thomas Deschamps/Vincent Wulver yck ©Cartier 2012.
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Monique Péan
«Je suis la première marque eco-friendly» près le détroit de Béring, la PolyA nésie française et le Pérou, c’est au Guatemala, dans une zone à forte
activité volcanique, que Monique Péan a trouvé l’inspiration pour sa dernière collection, K’Atun: «C’est le nom de l’unité temporelle maya. Je suis fascinée par leur architecture. Dans un autre genre, je suis très sensible au travail de l’artiste contemporain danois, Olafur Eliasson.» Analyste chez Goldman Sachs à son arrivée à New York, Monique Péan abandonne la finance en 2006 pour enfin concilier ses aspirations : «L’art, l’artisanat, la mode et la philanthropie», dit-elle. Elle lance alors sa luxueuse marque de joaillerie, avec, pour matériaux de prédilection, l’ivoire de mammouth laineux et les défenses de morse. Souvent, à cette évocation, les écolos protestent. «C’est justement le contraire, explique-t-elle, j’utilise uniquement de l’or recyclé 18 carats, et je considère être la première marque de joaillerie eco-friendly. La fonte des glaciers et les mouvements tectoniques des plaques font surgir des entrailles de la terre ces fossiles étranges et merveilleux. Nous collaborons avec des associations locales, ellesmêmes soucieuses du développement durable, qui les recueillent. L’immense difficulté est d’en rassembler assez pour une production complète d’une centaine de pièces.» Ces matériaux rares de la période jurassique, vieux de 160millions d’années, sont sa marque de fabrique. Récemment, elle y a ajouté la corne de buffle, l’os de dinosaure et le jade, en attendant de découvrir d’autres matériaux inédits. Elle les travaille à sa façon, unique: «Je
cherche à souligner la ligne graphique avant tout. Je m’efforce de donner l’impression que les pièces sont fabriquées à la machine, alors qu’elles sont entièrement réalisées à la main par des artisans new-yorkais.» Un dessin pur, des couleurs en fusion. Le raffinement de l’évidence, la puissance du rare. De l’art portable, le jour comme la nuit, mais aussi une certaine façon de montrer qu’on aime ce qui est beau et ce qui est bien. Au dernier Met Bal, l’événement le plus couru de New York, le couple Firth, connu pour son engagement dans le développement durable, portait ses créations: «Colin avait choisi une paire de
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Portrait ©Monique Péan
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«La fonte des glaciers et les mouvements tectoniques des plaques font surgir des entrailles de la terre ces fossiles étranges et merveilleux.»
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«Je cherche à souligner la ligne graphique avant tout.»
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boutons de manchette en diamant noir et ivoire de mammouth.» En 2009, Anna Wintour l’a adoubée, en lui faisant décerner le prestigieux CFDA-Vogue Fashion Fund Award. En 2010, c’est le magazine Fortune qui la distingue en la classant parmi les «40 personnalités de moins de 40ans» sur lesquelles il faut garder un œil. Ultra-engagée dans de nombreuses associations humanitaires, elle compte désormais parmi les membres du Green Carpet Challenge, qui se donne pour mission de promouvoir une démarche de responsabilité sociale et environnementale dans le milieu de la mode. Une autre bonne raison, pour Michelle Obama, de porter assidûment ses créations. ELLEN WILLER
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Baptiste Monvoisin
«Des pièces fortes, portées par une idée»
n canapé, un établi, quelques magazines, U l’atelier de Baptiste Monvoisin, planqué derrière de grands volets sur un trottoir
calme de la rive gauche, est presque austère. Tout l’inverse, donc, des bijoux qu’il y crée, encore plus drôles et décalés une fois posés sur le petit plateau de feutre noir qu’il me tend à mon arrivée. Il y a ce magnifique solitaire, entièrement fait de buis, ainsi qu’un bracelet en argent qui imite à s’y méprendre les pass qu’on vous accroche en soirée au poignet. Il y a aussi le moulage en or, monté en broche, d’un véritable chewing-gum soigneusement mâché ; et la bague Bijoux de Famille… Baptiste Monvoisin, qui fêtait ses 30 ans la veille de notre rencontre, n’est pas loin d’être autodidacte. Diplômé en gemmologie, formé à la maquette de bijou pendant des cours du soir, il est allé frapper à la porte des ateliers lorsqu’il s’est rendu compte qu’il avait des choses à dire et qu’il voulait, lui aussi, créer. «Pendant trois ans, j’ai regardé. Je m’asseyais dans un
coin, je posais des questions, et je fabriquais des pièces de mon côté, en dilettante.» Déjà, à l’époque, le style Monvoisin s’exprime : des créations qui font sourire avant d’éblouir. «Je veux que mes pièces aient à la fois un intérêt artistique et joaillier. J’aime qu’elles soient cohérentes, fortes et portées par une idée.» Pour celui qui ne travaille que l’or, fond et forme doivent être parfaits. Il assure, à la seule exception du sertissage, toute sa petite production, au coup par coup, sans s’encombrer d’un système de collections. Et s’il prend le contrepied de la joaillerie classique en proposant sa bague 5 en 1, dont l’anneau est nu sur un quart, serti de diamants sur un autre, en maille d’or et en or tressé sur les deux derniers, ce n’est que pour mieux «offrir tout ça d’un seul coup à une fille». Baptiste avoue admirer quelquesuns des plus grands noms de la place Vendôme, notamment Lorenz Baümer et JAR. «Même si on est en 2012 et que je pense qu’il faut faire des choses différentes, je respecte la tradition. C’est ce qui me permet de lui tordre le cou plus facilement !» Vendu par le Palais de Tokyo dès 2006, exposé pour la première fois par la galerie de bijoux Elsa Vanier, le créateur s’est vite fait repérer par les collectionneurs. Et pourtant, aujourd’hui, on ne trouve ses pièces nulle part à Paris. «Je suis peut-être trop typé.» En attendant une nouvelle vitrine, le créateur reçoit ses clients à l’atelier sur rendez-vous, «même pour les plus petites pièces», se déplace à domicile et vient d’ouvrir une boutique en ligne. SARAH BOUASSE
www.monvoisin.name
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Chanel La collection 1932 vient d’être présentée à l’occasion du 80e anniversaire de la collection Bijoux et Diamants créée par Gabrielle Chanel. Page de gauche: bague «Comète Toi&Moi» et bague «Couture» de la collection 1932. Page de droite: collier et boucles d’oreilles «Spirale», bague «Ruban Mademoiselle Diamant Jaune», bague «Plume perlée» et collier «Couture» de la collection 1932.
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Lydia Courteille
Des bijoux tout droit sortis d’un conte n dit de mes bijoux qu’ils «O sont des “bijoux de conversation”. C’est une expression
ancienne venue d’Amérique, conversational jewellery: un bijou qui engendre des remarques et des conversations lors d’un dîner. Je trouve que c’est un joli terme, qui correspond bien à mon travail.» Antiquaire spécialisée dans le bijou ancien à l’origine, avec une prédilection pour Boivin et Belperron, Lydia Courteille est devenue l’une des créatrices les plus observées de la capitale. Difficile de passer à côté de sa boutique, ouverte rue Saint-Honoré depuis 1993, dont la vitrine expose dans un écrin sombre des bagues, boucles d’oreilles, pendentifs et colliers tout droit sortis d’un conte. Celle qui a remporté cet été le Design Awards au Salon couture de Los Angeles pour son bracelet Amazonia avoue quelques tentatives de création dans les années 1980, qui l’avaient laissée sur sa faim. Ce n’est qu’en 1995 qu’elle commence à faire des montages avec des plaques en jade et turquoise gravées sur des montures de style Art déco. Cette fois, le succès est au rendezvous. «Je me suis mise à reprendre confiance en moi sur le plan de la création.» Cette deuxième vie va commencer sous le signe des «vanités». Nathalie Rheims, cliente de Lydia Courteille et amatrice de Codognato à Venise –dont c’est la spécialité–, lui suggère de faire des têtes de mort à sa façon : «Tout de suite, ça a marché, et ça continue toujours.» Depuis, Lydia Courteille a élargi ses thèmes, avec pour ligne une beauté et un imaginaire qui se teintent toujours d’un soupçon de vénéneux. «Contrairement à ce qu’on croit, je ne fais pas des choses ésotériques, je veux démystifier tout ça. Il faut tuer les superstitions plutôt que de les attiser. Casser les peurs qui nous hantent.» Il faut compter à peu près trois ans entre le premier dessin et la réalisation du bijou. «Beaucoup de gens se disent créateurs mais ne dessinent rien. Un créateur doit savoir dessiner !»
Lydia Courteille possède d’impressionnants carnets de notes, ses «carnets d’idées», comme elle dit, couverts de dessins de bijoux, mais aussi plein de sources d’inspiration soigneusement archivées: des images extraites de livres ou de magazines, des reproductions de gravures, un perroquet, un hippocampe, des petites images «dark art» à la manière de Natalie Shau (qui a fait les visuels de son site), la photo d’une sculpture de Java, un conte africain, un rebus maçonnique… «Il faut toujours qu’il y ait une histoire derrière toutes mes créations, une histoire le plus souvent française. C’est un rapport à l’enfance, aux contes, au merveilleux.» Ces dessins préparatoires seront finalisés par une artiste qui en fera des planches gouachées. Après viendra le choix des pierres et le suivi de toutes les étapes jusqu’à la création finale. «C’est moi deA àZ, j’y tiens beaucoup.» Cinq ateliers réalisent pour elle, et la marque désormais
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culte est devenue familiale. Ses clients sont des esthètes de tous pays. Quant aux célébrités, on ne les compte plus. On ne citera que Kate Moss, Mick Jagger, Mylène Farmer, Natalia Vodianova, Nicole Kidman, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg… «Je voudrais être artiste, j’espère y arriver un petit peu, dit-elle dans un sourire. Les pierres doivent être vraies. Les bijoux fantaisie, même très beaux, c’est tout de même un peu comme si votre carrosse redevenait citrouille ! Je veux que tout soit vrai : un métal noble, une pièce précieuse, et que le travail soit beau et surtout rare.»
P ropos recueillis par A N T O I N E L A U R A I N 231 rue Saint-Honoré, Paris Ier. 0142611171. lydiacourteille.com
«Je voudrais être artiste, j’espère y arriver un petit peu. Je veux que tout soit vrai : un métal noble, une pièce précieuse, et que le travail soit beau et surtout rare.» Lydia Courteille
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Céline Rivet
«Les pierres ont un pouvoir» ans sa boutique tapissée de noir discrètement D rehaussée d’or, les grenouilles sont à l’honneur. Blasons, socles sur lesquels reposent bagues et bracelets rendent hommage à la reine des mares et des étangs. Rien d’étonnant, quand on sait que «garnazelle» est le nom que l’on donne en Sologne à la grenouille. «On dit plus exactement “guernazelle”, mais le “guer”, trop martial, me dérangeait, alors je l’ai un peu changé», précise Céline Rivet. La grenouille n’est pas le seul représentant de l’étonnant bestiaire que constitue sa collection de bijoux. On y trouve aussi des lapins, des serpents, des ours et même des chauvessouris… «J’ai la passion des animaux, insiste-t-elle, un gros chien blanc, en chair et en os celui-là, étendu à ses pieds. Mes peintres préférés sont les peintres animaliers du XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Oudry, AlexandreFrançois Desportes.» Elle a aussi l’amour des pierres, précieuses comme le diamant ou fines comme l’améthyste, la turquoise, l’onyx ou la tourmaline. Avant de créer sa marque, Céline Rivet a fait des études de gemmologie, puis vendu des diamants place Vendôme. «Les pierres ont un pouvoir, il ne faut jamais oublier qu’elles viennent de la nature.» Quand elle ne les taille pas en forme d’animaux, elle aime travailler leur matière pour en exhausser l’origine minérale, en forme de pic, d’aspérité, d’iceberg ou de montagne. Son autre signe de reconnaissance, ce sont les petites boules dont elle orne presque toutes ses créations, et notamment la bague Boule d’amour, son bestseller depuis sept ans, ou sa dernière bague, Pour toujours. «Avec moi, il y a toujours des noms à la con, je suis très sentimentale.» Elle aime, précise-t-elle encore, ce qui est «dodu, généreux». Preuve de son esprit ludique, un tantinet provocateur, les surprenants boutons de manchette gravés «SARKO» qu’elle a créés il y a cinq ans. «Aujourd’hui, ils sont, c’est sûr, vintage!» N A D I N E VA S S E U R
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Boucheron
L’héritage réinventé
e serpent, animal fétiche de Boucheron, fait L sa mue. En juin 2011, la célèbre maison de la place Vendôme accueillait un nouveau président, Pierre
Bouissou, rapidement suivi d’une jeune créatrice de 36ans, Claire Choisne. En septembre, elle amorçait son retour à la Biennale des antiquaires, après huit ans d’absence. «C’est avec grand bonheur que Boucheron revient à la Biennale, un lieu qui exalte notre métier, explique Pierre Bouissou. Une nouvelle ère s’ouvre pour Boucheron. Nous avons fait appel au talent de Claire Choisne, directrice des créations, qui a imaginé sa première collection, L’Artisan du rêve, en s’inspirant des archives secrètes de la maison et en réinterprétant de manière contemporaine les savoir-faire des joailliers de nos ateliers. Nous célébrons ainsi l’héritage et le patrimoine de Boucheron à travers neuf chapitres qui révèlent neuf univers et neuf muses.» Bouquet d’ailes est une réinPA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Page de gauche: bague de la collection Bouquets d’Ailes et bracelet de la collection Nature de Cristal. Ci-contre: collier de la collection Bouquets d’Ailes.
terprétation du collier Point d’interrogation créé en 1900, symbole de la période naturaliste du joaillier. Il met en scène papillons, libellules et plumes de paon dans une cascade de pierres précieuses, diamants, émeraudes et saphirs. Nature de cristal rappelle que Boucheron fut l’un des premiers joailliers à utiliser le cristal de roche. Ce bracelet représente un véritable exploit technique, avec son dôme en cristal de 63 carats serti à l’intérieur et à l’extérieur de diamants. Plume de paon est une nouvelle version d’un collier de 1883, Point d’interrogation, icône de la Maison. Cette plume de paon, en émeraudes d’un vert exceptionnel et en diamants, épouse le cou sans recourir à un quelconque fermoir. «Il y a plusieurs motifs et techniques qui ont attiré mon
attention pour réaliser la collection, raconte Claire Choisne. Le collier en forme de point d’interrogation, sans fermoir, créé par Frédéric Boucheron, était le point de départ pour le collier Serpent opalescent. La technique du trembleur a donné vie à la parure Bouquet d’ailes. Le cabochon, une forme de pierre spécifique à Boucheron, a été réinterprété dans la parure Nature de cristal. Notre intention est d’abord de créer des bijoux dans l’esprit Boucheron qui plaisent aux femmes du monde entier. La femme Boucheron est une personne très féminine, forte de caractère et extrêmement exigeante en termes de design et de pierres précieuses.» A voir cette première collection magnifique, on est sûr que Claire Choisne saura magnifier les codes de Boucheron. M A X R O B E R T
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Page de gauche, de gauche Ă droite et de haut en bas: collier de la collection Plume dePaon, collier de la collection Serpent Opalescent, pendentif de la collection Nature de Cristal. Page de droite: collier et bague de la collection Lierre de Paris.
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Diamants
sous la pluie Photographies
David Chambon
avid Chambon est un photographe éclectique: D il fait des photographies de concert, de sport, des portraits, mais aussi des photographies de mariage…
et de la macro-photographie. Il se définit lui même comme un «photographe amateur». Un photographe surtout passionné, en particulier par la photographie animalière. Nous vous montrons ici ses images d’insectes saisis au lever du jour, sous la pluie ou recouverts de la rosée du matin. Lorsque les minuscules gouttes d’eau enveloppent les insectes d’un écrin de cristaux liquides et donnent à ces tout petits animaux l’allure de véritables bijoux. www.davidchambon.com
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Dior
omme une belle révérence, Victoire C de Castellane rend hommage au talent de Monsieur Dior. Lors de
ses défilés, le couturier de génie parait ses mannequins de bijoux colifichets, colliers de strass et autres bracelets de perles dont la seule valeur était qu’ils soulignaient merveilleusement l’élégance et la grâce de celles qui les portaient. Ce sont ces pièces que la créatrice réinvente par de nouveaux dessins qu’elle sublime de son savoirfaire joaillier : sertis de véritables pierres précieuses aux couleurs éblouissantes, les bijoux de la collection Dear Dior portent la griffe toute personnelle de celle qui a fait des caratages exubérants sa signature. Victoire de Castellane nous parle de cette dernière collection et de son amour des belles pierres. D’où vient votre fascination pour le volume et les bijoux disproportionnés? Cela vient de mon enfance, quand mes yeux se posaient sur les bijoux de ma grand-mère paternelle, Sylvia Hennessy. A travers mon regard d’enfant, ces pierres, montées de façon très classique, me paraissaient énormes. Cette disproportion se retrouve également en haute couture, où les robes de bal peuvent exiger 500 mètres de soie. L’équivalent, en joaillerie, c’est une pierre de 80 carats. Quand j’ai remis au goût du jour les cocktails rings, on m’a prise pour une folle ! Comment la couture de Monsieur Dior a-t-elle inspiré vos créations ? Les vingt pièces sont inspirées de l’idée des bijoux couture dont Monsieur Dior accessoirisait ses tenues en coulisses des défilés dans les années 1950. Ces bijoux fantaisie ressemblaient aux vraies pièces de joaillerie de l’époque. J’ai réinterprété l’idée des bijoux couture, mais en vrais bijoux. Après Le Bal des roses, en 2011, qui était une collection très figurative, j’avais envie d’être où on
Le triomphe de Victoire ne m’attendait pas, envie d’une collection plus abstraite, car cela m’intéressait d’aller vers un champ artistique différent de ce que je fais pour Dior depuis 1999. Le figuratif, je l’ai réservé à l’envers des pièces, afin qu’il soit totalement travaillé comme des motifs de dentelles de robes Dior des années 1950. Réinventer des bijoux sans valeur pour en faire des pièces extrêmement luxueuses : quels ont été les défis de cet exercice peu banal? La taille des pierres, la délicatesse et la minutie des sertis à chaton ou en escaliers et le travail de dentelles des dos ont été les défis. Ces montures en escaliers, très peu d’artisans sont capables de les faire. Le travail orfèvre et joaillier est garanti par le savoir-faire des meilleurs artisans parisiens. La technique du serti à chaton, les différentes tailles de pierres confèrent aux bijoux le volume et la brillance que seul l’ouvrage manuel rend possible. Dans «Dear Dior», le travail sur la couleur des gemmes est important : les contrastes et les camaïeux sont incroyables. Comment les assemblez-vous ? Pour la couleur, j’avais envie de pierres inattendues et d’associations très diverses. J’aime jouer avec Boucles d’oreilles «Dentelle Saphir Iris» et Bague «Résille Bouquet d’Opales».
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Portrait ŠPatrick Demarchelier
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En haut, de gauche à droite: boucles d’oreilles «Résille Bouquet d’Opales» et boucles d’oreilles «Dentelle médaillon soleil». Ci-contre: bracelet «Dentelle Opale d’Orient». PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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«Quelle est ma pierre préférée ? L’opale. Grâce à ses feux, on dirait qu’elle est vivante.»
Ci-contre: bague «Dear Dior». En bas, de gauche à droite: boucles d’oreilles «Dear Dior» et Bague «Dentelle Chantilly Multicolore».
Victoire de Catellane
des pierres de toutes les tailles et couleurs, comme des tourmalines Paraïba et vertes, des opales de feu, des opales wollo d’Ethiopie, des opales noires «lightning ridge», des émeraudes, des diamants blancs, jaunes et verts, des spinelles roses ou orange, des rubellites, des saphirs, des apatites, des sphènes et des grenats spessartites… entre autres. Quelle est votre pierre préférée ? L’opale. Grâce à ses feux, on dirait qu’elle est vivante. Elle est comme Les Nymphéas de Monet : elle possède toutes les couleurs, comme si un génie vivait à l’intérieur… P ropos recueillis par S A R A H
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BOUASSE
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Stéphanie Deydier
«Les bijoux doivent donner le sourire» téphanie Deydier est exactement comme S on n’imagine pas une joaillière : moderne, drôle, spontanée, avec un sens
connaissance de cause. Et puis, on fait des rencontres : je suis tombée en arrêt devant ces saphirs : ils sont bleus le jour, violets à la lumière des lampes. Deux bijoux en un ! L’idée de l’éventail est venue ensuite. La pampille est en fluorite verte. Ce n’est pas une pierre utilisée en joaillerie. Elle est trop dure, pas facile à tailler. Moi, j’aime. Elle est trouble à l’intérieur, on ne voit pas le fond.» Et elle reste pour l’instant fidèle aux semiprécieuses. «Il y a une telle gamme de couleurs ! C’est si joyeux, ça donne tellement envie. Ce serait dommage de les laisser de côté. J’adore la spinelle rouge. Elle est très rare, extrêmement chère, mais surtout, elle a des reflets incroyables.» Aujourd’hui, après deux collections d’inspiration asiatique, elle veut surprendre : «La Russie, à présent. Des matriochkas. Et après? Je ne sais pas. Je voyage, et je pense bientôt partir en Inde.»
de l’humour qui perce à chaque phrase et un rire qui fuse à chaque souvenir. Elle aime tellement ce qu’elle fait qu’elle semble parfois oublier qu’elle manipule des fortunes : «Ne croyez pas ça, je suis très respectueuse de mon métier. Mais si les bijoux ne donnent pas le sourire, à quoi bon ?» Des études d’histoire de l’art et de gemmologie, des débuts chez Christie’s aux bijoux, et déjà de très vives envies : «Pour le plaisir, je faisais les salons de pierres, j’achetais celles qui me plaisaient et je les montais pour moi. Ma toute première création? Un cœur avec des quartz. J’avais 22ans. On est romantique à cet âge-là.» Aujourd’hui, elle a 27 ans et une jolie notoriété : «Ma collection Panda a été très bien accueillie. Les Hongkongaises adorent. Elles trouvent ça hyper mignon. C’est devenu mon animal phare. J’ai toujours baigné dans cette culture. Mon père est expert en art ancien chinois.» Gemmologue dans l’âme, c’est elle qui achète les pierres. «C’est un atout de bien les connaître. On les choisit en
P ropos recueillis par
ELLEN WILLER
13 rue de la Paix, Paris IIe.
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Portrait ©Luc Castel
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«Il y a une telle gamme de couleurs dans les pierres semi-précieuses! C’est si joyeux, ça donne tellement envie. Ce serait dommage de les laisser de côté. J’adore la spinelle rouge. Elle est très rare, extrêmement chère, mais surtout, elle a des reflets incroyables.» PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Wendy Yue
«Une création est un éclat de la mémoire» T
oute jeune, Wendy Yue quitte Hongkong où elle est née pour traverser sans frémir les mers et les continents. Elle atterrit à Vienne, où elle fait des études de langues et d’art. C’est le point de départ de son périple intime, au propre et au figuré, dans une Europe qui l’intrigue, où elle jette en vrac sa curiosité sans limites et son étrange fascination pour la vie sauvage. Des émotions fortes qu’elle veut partager. Elle commence par les dessiner simplement, au crayon de couleur. Et décide finalement, de façon assez insolite, d’en faire des bijoux. De pierre et de métal, le souvenir se concrétise et devient éternel : «Pour moi, une création est une façon de matérialiser une impression, une lumière, une mélodie, un éclat de la mémoire. C’est ce que je cherche à transmettre à qui la possédera et la portera.» La joaillerie n’est plus un but en soi, mais le moyen pour elle de dire qui elle est et ce qui la trouble. Après plusieurs collaborations, elle crée sa marque en 1998. Saphir, perles, jade, corail, aiguemarine, un travail précis, virtuose, une joaillerie exigeante, remarquable, délicate, qui raconte des histoires, pique l’imagination, emporte l’âme, ouvre les vannes de l’émotion. Un instant suspendu à l’approche d’une pyramide, une retraite dans un temple birman, une expédition dans le vert enfer amazonien. Voir, écouter, sentir. Une sorte de scrapbook luxueux, de carnet de voyage opulent, terriblement coûteux, extraordinairement désirable, qui séduit Rihanna, Pixie Lott, Eliza Doolittle, Freida Pinto… Une nouvelle génération de célébrités, qui ne se reconnaît pas dans la joaillerie traditionnelle et souhaite pourtant plus que tout porter du rarissime et de l’ultraprécieux. E L L E N W I L L E R
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Buccellati
Boucles d’or
’est un projet singulier que prépare Gianmaria C Buccellati depuis deux ans. Il s’est donné pour mission de sublimer le visage féminin grâce à une fabuleuse collection de boucles d’oreilles Cocktail, qu’il présente enfin cet automne : 80 modèles pendants construits autour de pierres aux couleurs incroyables. L’or jaune ou blanc accueille saphirs bleus et roses, tourmalines, tanzanites, émeraudes, diamants, améthystes ainsi qu’un magnifique jade gravé de Chine, d’un vert éblouissant. Depuis plusieurs générations, l’orfèvre et joaillier italien se démarque grâce à son inimitable technique de gravure et de ciselure, un travail artisanal unique qui lui permet de donner à l’or l’aspect du tulle et de la dentelle, la texture du velours ou de la soie. La boucle d’oreille est un exercice délicat, surtout lorsqu’elle est imposante: il convient de trouver deux pierres semblables en taille, en qualité et en couleur pour constituer une paire homogène. Ce sont ces pierres qui inspirent les dessins de Gianmaria Buccellati: «Par leurs couleurs, leurs formes et leurs caractéristiques singulières, ce sont elles qui me suggèrent les silhouettes des bijoux. Et c’est leur diversité qui m’a permis de créer tant de modèles différents. Pendant les dix dernières années, j’ai créé différentes collections : la collection Bestiaire, composée de perles baroques, ainsi qu’une collection de bagues cocktail, il y a trois ans. Chacune d’entre elles a été un défi d’esthétisme et de réalisation. En effet, un tel projet signifie bloquer 50 à 100 pièces durant plusieurs années, plus de deux ans pour celle-ci. C’est donc un grand engagement artistique, mais aussi financier, ce qui rend chaque collection unique et si exceptionnelle.» Un challenge de taille, mais qui semble combler le joaillier, qui perpétue ainsi la tradition initiée par son père, Mario, fondateur de la maison de renom qui possède son enseigne place Vendôme : «Il n’y a rien de mieux que de dessiner des boucles d’oreilles pendantes ! Savoir qu’elles donneront plus d’élégance au visage d’une femme constitue un stimulant fantastique.»
SARAH BOUASSE
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Piaget Ci-contre: bagues «Limelight Garden Party» de la collection Piaget Rose. Page de droite : collier de la collection Couture Précieuse.
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ton s n i W y r r Ha Ci-dessus : broche «Ultimate Adornment», or blanc et plumes de paon irisées, et montre pendentif «Ultimate Adornment». Page de droite : montre «Rendez-vous» et montre-pendentif «Cluster of Time».
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Chopard Boucles d’oreilles multicolores de la collection Temptations. En bas: pendentif et bague issus de la collection ImpÊriale.
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Wen Wei Tong
Crédit portrait ©Xiang Sun.
«Un luxe discret, de la beauté pour soi-même» S
a première collection de colliers en dentelle de cuir a aussitôt été achetée par le magasin Colette. Les huit suivantes ont suivi le même chemin. «Ce que je fais, c’est du classique romantique avec une touche rock», dit Wen Wei Tong avec sérieux, même si elle sourit. Comment cette jeune et jolie Chinoise de Shanghai s’est-elle lancée dans la joaillerie ? «Mon père est un artiste, un calligraphe. Il est aussi un grand collectionneur, un amateur et un expert en antiquité chinoise. Quand j’ai fini d’étudier les beaux-arts, il souhaitait que j’aille à Londres pour me lancer dans les ventes aux enchères. J’ai finalement atterri à Paris, qui est pour moi la capitale de l’art, j’ai appris le français et je suis allée à Esmod. Pour moi, ici, tout est source d’inspiration : l’architecture, le motif des balustrades en fer forgé, les balcons…» Et puis le jade est arrivé dans sa vie, et l’envie de créer des bijoux aussi aériens que ses colliers. «Je ne voulais pas me cantonner à la mode. Je voulais que ce soit plus culturel. J’ai continué à apprendre avec les plus grands professionnels. Je désirais me servir d’une technique, d’un savoir-faire. L’Atelier Royal a toujours sculpté le jade pour les empereurs. C’est un art vieux de 3 000 ans. Aimer cette pierre fait partie de la culture chinoise.» Et Wen Wei, elle, a toujours baigné dans le beau et le rare. Elle confie une passion sans limite pour la Chine ancienne et ses objets traditionnels : «J’ai réfléchi au luxe proche de l’artisanat, pour ne pas m’inscrire seulement dans ce qui passe. J’ai acheté un atelier d’art à Shanghai, dix personnes y travaillent. C’est grâce à cela que le jade peut être sculpté et évidé comme il l’est. C’est une technique rare,difficile. Le jade est une pierre dure, le tailler si finement est une prouesse.» Des dentelles de jade noir et de jade blanc, les plus beaux, en provenance de la région d’Hétian, sur des montures en dentelle d’or.
Une délicatesse de volutes et de courbes, la transparence. Le précieux à l’état pur. «Ce ne sont pourtant pas des pièces à laisser dans un coffre, mais à porter tous les jours. C’est un luxe discret, de la beauté pour soi-même, pas pour le show-off. Aujourd’hui, les femmes ont une vie active. Je voulais que mes créations soient tous les jours à leur doigt. Le jade a la réputation de porter chance et de protéger celui qui le porte. Ce n’est pas une pierre comme les autres. Le jade est vivant. S’il reçoit une goutte d’huile, il l’absorbe. Il crée un lien avec la peau.» En parlant, elle agite sa main. Sa bague fait un joli bruit. «C’est une perle. Une perle incluse dans le jade, comme un oiseau qui chante dans sa cage.» ELLEN WILLER
En vente au Bon Marché et chez Colette.
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mer u ä B z n e r Lo Broches «Scarabée» olfactives, fonctionnant grâce à des microcavités repercées sur le corps qui libèrent l’essence du parfum derrière les ailes.
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Eternamé Manchette et bague «Noor», bague «Reflet».
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Shourouk
Fantaisies glamour VC et cristaux Swarovski, arc-en-ciel fluo et P volumes XXL, les bijoux de Shourouk ont la folie et l’humour précieux. Cette
jeune créatrice d’origine tunisienne s’amuse de la joaillerie, glamourise le bling-bling et ose sortir des sentiers battus. «J’ai la culture du bijou depuis toute petite. Tous les étés, lorsque j’allais en Tunisie, il y avait des mariages qui duraient une semaine. La maison se transformait en penderie géante, mes tantes se chamaillaient les robes pleines de broderies et les bijoux. Ça sentait la laque et ça brillait de partout ! Ma coquetterie et mon goût pour l’ostentatoire viennent de là.» Shourouk est une belle jeune femme souriante, hantée par sa passion. Tout, dans son atelier à Bastille, respire le raffinement et l’inspiration. Ici, on brode des bijoux en trois dimensions. «J’ai fait des études de stylisme au Studio Berçot, puis j’ai travaillé dans des grandes maisons comme Chloé, Galliano ou Roberto Cavalli. Je voulais décliner le travail de la haute couture sur de l’accessoire. J’étais plutôt douée pour les petites choses ; le bijou est alors venu naturellement.» Colliers, boucles d’oreilles, bracelets, mais aussi mini-sacs se parent ainsi de rangs de strass, brodés les uns sur les autres. Les créations sont aussi pensées pour être avant tout confortables. Shourouk aime le bijou de tous les jours. «Je teste tous mes prototypes sur moi. La pièce doit être légère, j’aime qu’on la mette pour aller travailler et pas seulement pour une grande occasion. J’ai horreur des pièces importables !» Une de ses dernières merveilles ? Le collier Elizabeth, inspiré du célèbre collier Bulgari porté par Elizabeth Taylor. «Je m’amuse à
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«Je teste tous mes prototypes sur moi. La pièce doit être légère, j’aime qu’on la mette pour aller travailler et pas seulement pour une grande occasion. J’ai horreur des pièces importables !»
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«Je n’aime pas les femmes trop sophistiquées, j’aime quand il y a un petit truc qui dénote !» Shourouk
imaginer comment elle aurait porté son collier aujourd’hui dans un squat ! Avec du PVC et des attaches sportswear, par exemple. Je n’aime pas les femmes trop sophistiquées, j’aime quand il y a un petit truc qui dénote !» Des associations rigolotes et culottées pour des femmes qui ont un petit grain de folie et qui aiment le bijou haut de gamme, à la fois punk, baroque et surtout inédit. AMANDINE GROSJEAN PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Muriel Grateau
«Le bijou est plus personnel que le vêtement» U
que mes idées amusaient : travailler les métaux précieux comme de la dentelle, dissimuler l’or sous une couche de chrome… Créer des bijoux, pour moi, c’était tout nouveau. Mais, entre nous, c’est ça qui m’amuse : ne rien connaître et débarquer avec mes idées. Je veux créer pour toutes les femmes. Selon moi, le bijou est encore plus personnel que le vêtement : avec ses codes et sa symbolique, on se l’approprie davantage.» Ses toutes dernières créations –des broches et bagues en émail qui flirtent avec le fluo– annonceraient-elles une rupture avec son univers joaillier, jusqu’ici plutôt sombre ? «Dans la création, on adore ce qu’on a détesté la veille. C’est ce qui permet de ne jamais s’ennuyer.» S A R A H B O U A S S E 37 rue de Beaune, Paris VIIe. 01 42 71 20 46.
Portrait ©Oleg Covian
ne vie entière dédiée aux belles choses! Styliste incontournable de la mode italienne des années 1970-1980, Muriel Grateau, toute vêtue de noir, comme à son habitude, nous reçoit sur la mezzanine de sa galerie, installée rue de Beaune, pour parler des bijoux qui sont exposés aux murs sous des cadres de verre, comme des objets d’art. «J’ai toujours créé tous les accessoires pour mes défilés, mais c’était des bijoux fantaisie. A l’époque, je n’aurais jamais cru toucher un jour à la haute joaillerie: toutes ces pierres de valeur, ça me faisait peur !» Et pourtant, de simples bijoux qu’elle imagine pour accrocher à une ligne de sacs lui donnent le déclic : «Mes clientes se sont mises à les porter au cou, c’est ce qui m’a décidée : j’ai apporté mes dessins aux ateliers qui créent pour la place Vendôme, et ils m’ont tout appris, notamment ce qu’il était possible de faire… ou de ne pas faire ! Je m’attendais à découvrir un milieu fermé, mystérieux, mais j’ai trouvé des gens ouverts,
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han Wallace C Wallace Chan est le premier joaillier chinois ayant participé à la Biennale des antiquaires. Il a présenté une cinquantaine de pièces autour du thème Chemin de l’Illumination, l’Art et le Zen.
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no de Grisogo Boucles d’oreilles et bague de la collection haute joaillerie Melody of Colours.
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belin r o C e i v l y S Broche papillon.
oin Roberto C Bracelet conçu pour célèbrer l’année du Serpent à venir.
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Messika Collier «Snake» de la collection Trendy.
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runi B e l a u q s Pa A gauche : bague haute joaillerie «Mandala» et bagues fleurs de la collection Bon Ton.
Pomellato Bagues «Tabou» et «Bahia» de la nouvelle collection Pomelatto.
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Gas Bijoux
«Fantaisie d’exception»
est une histoire née sur les C’ plages ensoleillées de SaintTropez. Nous sommes en 1969,
André Gas, jeune graveur marseillais fraîchement sorti major des BeauxArts de Paris, est le tout premier à proposer sur le sable de Pampelonne des bijoux en harmonie avec l’air du temps. «A l’époque, il n’existait que la haute joaillerie. Sinon, les gens ramenaient de leurs voyages des petits bijoux ethniques, raconte Olivier Gas, PDG de la marque. Mon père a alors créé dans son jardin des bijoux porte-bonheur, et il faisait chaque jour l’allerretour à Saint-Tropez en 2 CV.» Ses premiers colliers et bracelets, inspirés des gri-gris africains, affolent les pin-up tropéziennes. «Il a su donner du sens au bijou, précise Olivier Gas. Ce n’était pas des parures, mais des talismans détournés en bijoux très féminins.» La vitrine internationale qu’est Saint-Tropez assurera la renommée de Gas Bijoux… André Gas a conservé le système de production des débuts : la production se fait à flux tendu, sans collections annuelles, en petite série, la marque n’est pas présente dans les salons professionnels et pas de marketing. «Cela étonne, mais cela ne nous a pas empêchés d’être présents dans 300 boutiques multimarques dans le monde et d’avoir plusieurs magasins en nom propre à Paris, Marseille, Saint-Tropez, New York
(quatre) et Milan. Nous ne désirons pas être partout, car nous ne pourrions pas produire plus, sauf à passer à un stade industriel. Or nous ne le souhaitons pas : nous voulons rester des artisans qui contrôlent leurs produits et leur distribution. Chez nous, c’est de l’artisanat, c’est ça qui est magique ! Tout est fait à la main, par 80 artisans dans la maison atelier de Marseille, chaque pièce est contrôlée une par une. Ces valeurs sont celles du luxe, et c’est en cela que l’on définit Gas Bijoux comme de la “haute fantaisie” ou de la “fantaisie d’exception”. Le travail de sertissage est le même, mais, chez nous, il n’y a pas de diamants !» Les femmes et, de plus en plus, leurs filles ne s’y trompent pas et continuent de plébisciter cette fantaisie d’exception. Intemporel, mais facilement identifiable, Gas Bijoux séduit aussi les stars: Kate Moss, Jennifer Lopez, Eva Longoria… «Nous avons également des femmes fortunées qui mélangent nos bijoux avec de la haute joaillerie, parce qu’elles les trouvent chics», conclut Olivier Gas. M A X R O B E R T 26rue Danielle-Casanova, Paris IIe. gasbijoux.com
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Bulgari Page de gauche, de haut en bas: boucles d’oreilles inspiration Mediterranean Eden, boucles inspirées de la collection Elizabeth Taylor, bague inspiration Mediterranean Eden. Page de droite, de haut en bas: collier «Serpenti», bague «Rubellite» inspiration Mediterranean Eden, bracelet «Serpenti».
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De Beers Baptisée Imaginary Nature, la dernière ligne de bijoux haute joaillerie de DeBeers met en valeur le diamant. Page de gauche: bague «TheFlight», boucles d’oreilles «TheUnveiling», manchette et bague «Embrace» de la collection Imaginary Nature. Page de droite: Broche de la collection Imaginary Nature.
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Yazbukey
«J’aime qu’on ne soit pas timide» lexiglas, culture pop, autodérision… P Mélangez le tout dans un grand shaker eighties et vous obtiendrez un cocktail signé Yazbukey. Créée en 2000, la marque de bijoux et accessoires délirants développe un univers plein d’humour. Inspirée par les films anciens, les comédies musicales, les clips des années 1980, le cinéma de John Waters et Tim Burton, Yaz, la créatrice, aime les idées joyeuses et originales. «J’aime qu’on porte les bijoux les plus grands possibles, que l’on ne soit pas timide. Aujourd’hui, on se prend toujours au sérieux : autant avoir quelque chose qui nous fasse sourire !» Un collier hot-dog autour du cou, des bagues à tous les doigts et un look rouge et noir impeccablement singulier, Yaz semble tout droit sortie des images de ses collections, pour lesquelles elle pose d’ailleurs elle-même. D’une éducation raffinée, Yaz a gardé le goût de la distinction. Princesse ottomane, elle est issue d’une famille qui régna en Egypte. «Il fallait toujours être irréprochable, mais dans la discrétion. J’ai cassé les codes en multipliant les bijoux de grande taille ! Les miens se portent par accumulation. Pour moi, le bijou doit donner l’humeur du jour, notre état d’esprit. J’aime qu’il raconte une histoire. Associés les uns aux autres, ils disent quelque chose. Comme la tête de Karl à côté d’un appareil photo, d’une bulle ou d’un morceau de chocolat. Ou encore la bouche Aaaah, qui a une double connotation… C’est selon ce que l’on veut bien y voir.» Les collections Yazbukey sont complétées aujourd’hui par des objets de décoration pour la maison et par des
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Portrait : ©Serkan Emiroglu
«Pour moi, le bijou doit donner l’humeur du jour, notre état d’esprit. J’aime qu’il raconte une histoire.»
écharpes, toujours avec le même esprit ludique. C’est Björk, la première, qui donna l’impulsion à la marque, en portant, lors d’un concert, les toutes premières créations de Yaz. «Ames débuts, c’était très artisanal. Je faisais des arrêts sur image des vidéos que j’aimais sur Internet et je décalquais les dessins que je voulais mettre en bijoux ! Mais, aujourd’hui, la chose la plus importante pour moi est de laisser mon nom dans les livres de mode comme quelqu’un qui a représenté une époque à travers le bijou.» AMANDINE GROSJEAN
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Infomania Des infos ĂŠtonnantes et des objets excitants
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C
ara Barer est une artiste texane très connue aux Etats-Unis et au Canada, mais très peu en Europe. Pourtant, son travail est particulièrement étonnant: elle «froisse», «emmêle» et «déchire» des livres… qu’elle photographie ensuite pour les transformer en fleurs, légumes, méduses, étoiles… Elle a commencé après avoir trouvé un annuaire téléphonique gisant froissé sur un trottoir de Houston, où elle habite. Depuis, elle regarde les pages des livres autrement et imagine les sculptures qu’elles pourraient devenir. Une façon, dit-elle, de s’interroger sur l’aspect éphémère et périssable de toutes ces masses d’informations dont nous disposons et qui nous encombrent.
Les livres sculptures
Cara Barer expose du 8 au 26novembre à la Galerie Boissière+Gomendio. ©Boissière+Gomendio art contemporain.
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Des livres qui peuvent devenir fleurs, légumes, méduses, étoiles…
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Valerie Belin Reflets de femmes
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Infomania «Bride_Eromaxx», «Bride_ATM», photographies originales d'une édition à 3exemplaires ©Valérie Belin, courtesy Galerie Jérôme de Noirmont.
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es mariées dans les vitrines. Comme des rêves dans la ville où tout se mêle et se D superpose: désirs, néons, espoirs, marques, ego, logos, robes blanches et pubs grises, amours et marchandises… Valérie Belin, avec cette série qui sera montrée pour la première fois à Paris Photo, poursuit son travail sur les cérémonies et les rituels. Des surimpressions d’impressions, des croisements d’émotions, des fusions de sentiments, des mix de messages: les femmes s’évaporent, les néons se transforment en dentelles… tout devient reflets, illusions, fantasmes. Restent des images d’une beauté troublante. Ambiguë. Les mariées sont-elles des princesses ou des filles à prendre? Des rêves ou des mensonges? PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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«Bride_Videos&Magazines», «Bride_Fiat 124Spider», 2012, série«Brides», photographies originales d'une édition à 3 exemplaires ©Valérie Belin, courtesy Galerie Jérôme de Noirmont. La série «Brides» de Valérie Belin sera visible à Paris Photo, au Grand Palais, du 15au 18novembre 2012, Galerie Jérome de Noirmont. PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Etonnants Créateurs
Frédéric Stouls et Marc Ange
Déco animaux ui possède un chien, un chat ou un volaQ tile connaît l’hérésie de voir un intérieur soigné défiguré par une niche en faux
bois vermoulu, une litière en plastique orange ou une cage aux barreaux rouillés. Avec Chimère, «maison d’édition de mobilier contemporain pour les animaux et les hommes», fini les visites à l’animalerie. Grâce à Frédéric Stouls et Marc Ange, on sort désormais acheter un joli meuble qui remplira sa fonction animalière tout en préservant, voire augmentant, la beauté de l’espace où il sera placé. «Nous avons même un nombre significatif de clients qui passent commande alors qu’ils n’ont pas d’animal de compagnie, juste pour le plaisir de posséder un beau meuble!» se réjouit le duo. L’histoire commence à Noël dernier. Frédéric Stouls court les boutiques à la recherche d’une cage à lapins à offrir à sa filleule. «Je ne trouvais rien, ni dans les matières ni dans les formes, qui vaille cadeau pour des gens qui aiment le design. Rien non plus sur le Web. Lors d’un dîner, j’en parle à mon ami Marc Ange, qui est designer. Il m’a expliqué qu’il n’existait rien
de la sorte, que c’était un secteur délaissé où l’on ne trouvait que du bas de gamme cheap. Nous avons alors eu l’idée de proposer des cages, des niches, des litières, des aquariums… design, tout simplement beaux. Personne n’y avait pensé. La France est pourtant le premier pays européen en nombre d’animaux de compagnie, avec 12millions de chiens et 8millions de chats… Ça nous étonnait et nous inquiétait même un peu, mais nous nous sommes lancés.» Les designers du studio BloomRoom de Marc Ange, plus habitués à dessiner pour des marques de luxe comme Louis Vuitton ou Moët&Chandon, se prennent au jeu et livrent en un mois cinq modèles pour chiens, chats, rongeurs, poissons et oiseaux. «J’ai réfléchi comme pour un client qui a un bel appartement et qui aime les belles choses, raconte Marc Ange, ancien designer pour les mythiques carrossiers italiens Pininfarina (les Ferrari, entre autres) et Bertone (Alfa Romeo, notamment). La démarche est similaire à celle de la création d’un meuble
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Infomania pour salon. Je n’ai pas réfléchi en tant que cage ou niche, mais en tant qu’élément de décor. Nos meubles pour animaux prolongent les meubles pour humains, en y injectant une dose d’inconscient collectif, celui de l’enfance.» Mais si l’univers de Chimère est romantique, il est également fonctionnel. La litière pour chat en est une vraie, que l’on peut facilement changer. La fabrication est de grande qualité: matières nobles (bois de chêne), revêtement très résistant et doux, coutures parfaites… Les prototypes présentés au Salon de Milan ayant immédiatement séduit les acheteurs et les médias, Frédéric Stouls, ancien financier et passionné de design, a démissionné sur-le-champ. Il a trouvé un fabricant français dans les Vosges, et les premières pièces seront à la Boutique Noire du Printemps pour Noël ainsi que chez Conran à Londres. D’autres points de vente suivront, aucune animalerie, seulement des boutiques de meubles et de design. De 1850euros le clapier jusqu’à 2750euros le canapé pour chien, Chimère s’inscrit dans le marché du mobilier haut de gamme. Des collections capsules, fruits de futures collaborations avec des designers extérieurs, sont au programme ainsi que la création de nouveaux meubles pour des animaux plus exotiques. Une Italienne ne vient-elle pas de leur commander une niche de 4 mètres à placer dans son jardin pour… son loup?! M A X R O B E R T
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Infomania Etonnants Créateurs
Jaime Tresserra
La Mémoire du style ès la première année de création de sa compagnie D à Barcelone, en 1987, Jaime Tresserra reçoit le prix du meilleur designer de meubles contemporains.
Depuis, ses créations se retrouvent aux quatre coins du monde. En plus d’appartements privés et de quelques yachts inoubliables, on lui doit de nombreuses réalisations de vaste envergure, tels un musée à Dallas ou un grand restaurant à NewYork. Entretien. On peut lire sur votre site : «No tengo escuela, tengo memoria (je n’ai pas d’école, j’ai des souvenirs)»… L’école nous transmet un savoir académique. Les souvenirs sont ce que nous enregistrons sur notre disque dur. Par curiosité, par plaisir, par je ne sais quel étrange miracle. Mon travail est la résultante de cette part sensible, informelle, de mon expérience et de ma vie. Comment vos «souvenirs» influencent vos créations ? L’influence de l’Art déco est essentielle dans mes créations: l’appartement de mes parents était meublé en style Art déco. Mon autre influence majeure, la plus importante peut-être, est celle du cinéma. Il y avait près de chez nous une petite salle de projection dans laquelle toute la famille se réunissait pour découvrir les succès du moment. Mes grands maîtres restent les frères Marx et leurs luxueux transatlantiques, sans oublier l’élégance de Fred Astaire. Il y a aussi l’inspiration méditerranéenne :
le rôle de la lumière… J’ai recours aux essences de bois pour leur luminosité. L’influence du Sud se trouve aussi dans la sensualité des formes. En voyant vos meubles et vos objets, on pense aux mots «sobriété», «épure des lignes», «géométrie». Si ces qualificatifs vous font penser à mes créations, alors mon but est atteint ! Car ils sont pour moi la définition même de l’élégance. Qu’est-ce qui compte le plus dans un meuble ? C’est l’esthétique sur une base de fonctionnalité. Si, avant de me servir d’un meuble, je n’éprouve pas de plaisir à le contempler, c’est qu’il y a quelque chose à revoir. Vous avez recours à une gamme de matériaux et de couleurs qui confère une grande homogénéité à vos collections : le bois, le cuir, le métal, le marron, le noir, le blanc… J’ai recours à des matériaux nobles, car ce sont eux qui confèrent à un objet sa principale valeur ajoutée, celle de la pérennité. Un bon matériau s’ennoblira toujours avec le temps, il ne vieillira pas. C’est parce que nous utilisons ces matériaux que nos meubles sont présents chez des antiquaires, dans de grands musées, ou qu’ils peuvent tout simplement se transmettre de génération en génération. En ce qui concerne l’harmonie des tons, je les associe de la même manière que je m’habille. C’est mon style. P ropos recueillis par N A D I N E
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Infomania E t o n n a n t s Pa r i s i e n s E t o n n a n t s Pa r i s i e n s
Laurent de Gourcuff
Patron de Nuit
aurent de Gourcuff. Ce nom ne vous dit rien ? L Pourtant, vous êtes certainement déjà sortis faire la fête dans l’un de ses établissements: l’homme
Noctis Event
ne cesse de racheter des clubs mythiques de la capitale. A tout juste 35 ans, Laurent de Gourcuff fait partie de cette petite poignée de personnes qui règne sur les nuits parisiennes: il dirige Les Planches, Raspoutine, Le Sens, Le Redlight et vient de relancer le No Comment. Cet automne, il reprend le Club des Saints-Pères, le Club 79 et le Pink Paradise, qui sera rebaptisé La Suite… Et, comme si cela ne suffisait pas, il se lance dans la restauration. En effet, il a remporté l’appel d’offres pour s’occuper du nouveau restaurant du Palais de Tokyo. Mais comment devient-on un incontournable des nuits parisiennes ? «A force de travail ! lance-t-il. Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce métier est un métier comme un autre, je suis toute la journée dans un bureau et je ne suis pas du tout un fêtard.» Laurent de Gourcuff ne se drogue pas et jure même ne pas boire un verre d’alcool. Son seul vice : la cigarette. Maintenant, en bon patron, il «tourne», comme il dit, c’est-à-dire qu’il fait la tournée de ses établissements deux fois par semaine, pour voir si tout fonctionne pour le mieux et si ses clients passent une bonne soirée. D A P H N É D E G U I N E S
Marie-Dominique Bayle
Une Voix qui Marque ous avez sûrement pris un jour un car d’Air France V ou voyagé avec le Thalys… ou patienté en écoutant un répondeur des magasins But ou, plus chic, Car-
tier... entendu des publicités pour Chanel ou Veolia… Vous connaissez donc sa voix. Marie-Dominique est l’une des voix les plus connues, et pourtant anonyme, de notre paysage sonore. Contrairement à ses confrères, Simone Hérault, qui enregistre depuis trente ans la voix de la SNCF, ou Sylvie Caspar, dont la voix fluette a incarné la chaîne Arte pendant des décennies, MarieDominique Bayle n’est pas la voix d’une entreprise, mais de multiples marques, pour lesquelles elle se fait tantôt mutine, tantôt purement informative, sensuelle ou élégante, tonique, comique ou snob. «Chaque entreprise a son cahier des charges et me demande tel ou tel type de voix. Parfois, c’est extrêmement précis, comme une “voix journalistique du style Christine Ockrent”… Il arrive aussi qu’on m’apporte l’échantillon d’une voix dont je dois reproduire le ton instantanément, à l’identique.» Bref, être une voix, cela ne s’improvise pas. En quelques secondes, il faut faire passer un message, retenir l’attention, donner envie. La plupart de ceux qui exercent ce métier, et ils sont de plus en plus nombreux avec l’essor des répondeurs et de la publicité, viennent du théâtre ou, comme MarieDominique, de la radio. Simone Hérault a débuté à FIP. «J’avais fait le conservatoire de Lyon et commencé à jouer un peu, quand ma mère a repéré une annonce: ils cherchait des “voix singulières”. La mienne était peu commune, chaleureuse, souriante, dans le registre grave. J’ai été prise et, très vite, d’autres propositions ont afflué : pour enregistrer des publicités, la voix off de documentaires, de films de communication interne, de répondeurs. Je me souviens que j’ai commencé par faire la voix du Code de la route pour les auto-écoles ! Les voix, avec le développement des moyens de communication, sont devenues très importantes dans notre société, notamment pour les entreprises. Toutes ont désormais une signature vocale comme elles ont un logo.» Quand on demande à Marie-Dominique quelles sont les voix qu’elle a le plus aimé faire, elle répond: «Fleury Michon, Ford Fiesta, le Touring Club Suisse…» Mais aussi celle des audio-livres qu’elle enregistre depuis quelque temps, notamment Une vie de Simone Veil. Son rêve ? Faire du doublage. N A D I N E VA S S E U R www.marie-dominique.bayle.com
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Photos Alexandra Golovanoff-Paris Premère / Francois-Regis Gaudry / Hotels du monde DR
LE WEEK-END, FAITES LE PLEIN DE BONNES ADRESSES
e le Reill Arabel ABELLE R A : 5 in 10H4 tempora L’art con
11H30 : HO TELS
DU MONDE
Les hôtels
Francois-Regis Ga udry
11H : TRES TRES BON Les restaurants
Anthony Van den Bossche
12H : INTERIEURS La déco
off Golovan Alexandra A MODE 11H : L
A MODE LA MODE L
Alain Barato
n 12H30 : ALAIN L’ENCHA NTEUR Les jardins
EN CLAIR LES SAMEDIS ET DIMANCHES DÈS 10H canal 30
canal 5
canal 20
canal 19
canal 48
canal 31
canal 28
canal 5
Paris Première est également accessible en clair sur le canal 31 de la TNT gratuite tous les jours de 18h à 21h, le week-end de 10h à 13h
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Pommes glamour
icolas Theil, le jeune créateur inspiré par ses voyages et N ses expériences chez de grands noms comme Jean Paul Gaultier, travaille le cuir brut pour des accessoires aussi luxueux
que décalés. Sa manchette pomme, emblématique de la marque, se décline en plusieurs modèles. Crocodile, galuchat ou python teint et patiné à la main sur une structure en résine. L’intérieur est doublé de veau végétal naturel et matelassé pour plus de confort. Feuilles et tiges sont en laiton argenté. Les accessoires de Nicolas Theil sont fabriqués artisanalement à Paris. Un créateur à suivre de près… A L www.nicolastheil.fr
Working chic ne nouvelle gamme de pochettes U compatibles iPad vient d’enrichir la ligne d’accessoires Paule Ka. Dans un esprit à la fois
La table
parapluie
couture et espiègle, alliant le chic et l’utile, ces pochettes, impeccables au bureau, peuvent devenir la nuit de superbes pochettes de soirée. www.pauleka.com
ette étonnante table C parapluie a été designée par deux artistes berlinois, qui
signent de leurs deux prénoms inversés, Rakso Naibaf. Ils disent aimer créer des «atmosphères contradictoires qui jouent avec la notion de vrai et de faux» et affirment que cette table «est une ode à l’absurdité du quotidien». raksonaibaf.com
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Vo i t u r e s d e R ê v e
Exagon Furtive eGT.
La Fée Electrique arement nouveauté est à ce point nouvelle. NouR velle silhouette, nouvelle technologie, nouvelle marque. La Furtive eGT ne prolonge pas une lignée, elle
l’inaugure. Elle ne poursuit pas une tradition, mais des objectifs. Exagon, comme son nom tient fermement à l’indiquer, est une marque française. La première depuis longtemps à oser l’aventure de la voiture de sport. Les promoteurs, audacieux et peut-être visionnaires, veulent mettre à profit le changement de pied de la voiture d’exception, entre voracité sublime et performance éclairée. Et imposer le luxe à la française, carte maîtresse dans la mode ou les parfums, pourquoi pas dans les automobiles? Côté technique, la construction ultra-légère en carbone la place aux côtés des Pagani, des Ferrari Enzo et Porsche 918. Côté style, le design «maison» ne dépare pas cet aréopage de strictes deux places sans concession. Pourtant, l’habitacle, tendu d’un cuir fin finement cousu main, est pensé pour quatre adultes ! Miracle que favo-
rise l’absence de moteur… Ou du moins tel qu’on l’entend généralement. Celui-ci, justement, on ne l’entend pas : un groupe électrique Siemens de 400 chevaux propulse la eGT à 100 km/h en 3,5 secondes et jusqu’à 250 km/h. Rapide et silencieuse, elle mérite son nom de Furtive. Mais combien de temps ? On sait que les électriques achoppent sur l’autonomie. Pour remporter cette seconde manche, Exagon a un atout dans la sienne: un moteur thermique très compact, à régime constant, qui ne se charge que de recharge. Pour un trajet court, il n’intervient même pas. Pour un voyage, il retarde le ravitaillement jusqu’à 750 kilomètres. Le prix, évidemment, est en rapport : il faudra aux premiers clients, au printemps 2013, 397 000 euros. Dans le monde des supercars, on est toujours prêt à payer pour être quelques dixièmes plus rapide. Avec l’Exagon, il s’agit même d’années d’avance. R O B E R T P U YA L
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Patrick Spatafora
Service Royal e n’est pas un hasard si Patrick Spatafora a bapC tisé son service de conciergerie Zeus Lifestyle. Dans la mythologie grecque, Zeus est le dieu du ciel et
Laid&Fanny
réalise le destin des humains. Dans la réalité, Zeus Lifestyle est à la fois un service d’assistants personnels et une agence de voyages privée à destination d’un club de membres ultra-select et admis seulement par invitation. La promesse de Zeus Lifestyle est simple : «Audelà de vos attentes.» «Le groupe Zeus Lifestyle est né en 2009, raconte ce jeune homme de 30 ans. En fait, nous nous sommes aperçus que, si les clients étaient correctement pris en charge à intérieur des hôtels, ils étaient oubliés dès qu’ils étaient à l’extérieur. Nous, nous les prenons en charge de A à Z, chez eux, en voyage, la journée, le soir, le week-end, 7 jours sur 7, 24 heures sur24… Pour cela, nos membres disposent d’un numéro de téléphone, avec, au bout, un concierge privilégié.» Une personnalisation rendue possible par la qualité et le savoir-faire de Zeus Lifestyle, qui, en plus d’offrir tous les avantages d’une agence de voyages, peut faire décoller un jet en moins d’une heure et trouver un hôtel à l’autre bout du monde. Une équipe est prête à solliciter un grand nombre de prestataires de services pour satisfaire les membres du club. «Par exemple, trouver, quinze minutes avant le départ, une place dans les stands pour suivre le Grand Prix de Formule 1 de Monaco, raconte Patrick Spatafora. Ou encore faire ouvrir à 3heures du matin une salle de cinéma privée parisienne pour un membre qui avait envie de voir un film! Je me souviens aussi d’une petite fille en vacances avec ses parents qui avait oublié sa peluche préférée chez elle, très loin de Paris. Nous sommes allés à plus de 4 000 kilomètres pour la lui remettre… Nous avons aussi fait venir un cirque entier dans un jardin pour l’anniversaire d’un enfant ! Quand je raconte ces histoires à mes amis, ceux-ci ne me croient pas. Et pourtant si, Zeus l’a fait.» M A X R O B E R T
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L’irruption Dalí éjouissons nous : le Centre Pompidou, après avoir R salué Salvador Dalí (1904-1989) il y a plus de trente ans, récidive cette année en montrant, cette fois,
les différents aspects de cet excentrique incomparable qui se servit des médias avec un art consommé de la provocation et promena en toute liberté son regard sur le monde et ses œuvres. Ses tableaux les plus connus, des Montres molles (La Persistance de la mémoire) au Grand Masturbateur, figurent en bonne place à côté d’extraits d’émissions de télévision, de projets pour le cinéma et le théâtre. Un portrait à sa dimension où l’on dispose enfin d’une vision panoramique pour embrasser d’un même coup l’homme de spectacle et le maître de l’ambiguïté visuelle. Ses multiples coups d’éclat et ses apparitions publicitaires, dont le fameux «Je suis fou... du chocolat Lanvin», scandé et proféré avec ce ton dalinien inimitable, n’ont pas contribué à l’admettre au Panthéon du sérieux. Il est vrai que le XXe siècle a préféré Picasso à Dalí, trouvant ce dernier un peu vulgaire. Certains, même, dénonçaient sa soif commerciale, d’où cet «Avida Dollars», anagramme accusatrice composée à partir de son nom. Il est donc temps, et c’est ce que l’exposition se propose de faire, de réévaluer les réalisations du peintre catalan et d’admettre que ce personnage haut en couleur avait investi le champ médiatique bien avant Warhol, et qu’il fut, en matière de performances et de happenings, un précurseur talentueux. Dalí revendique aussi bien le génie pictural que la gloire scénique, pas de séparation entre les deux, ils font partie du même programme. Mais laissons parler son journal : «Comme mon propre nom de Salvador l’indique, je suis destiné à rien moins que sauver la peinture moderne de la paresse et du chaos.» Avec une telle profession de foi, impossible de ne pas croire à sa bonne étoile, comme en témoigne son usage de la paranoïa critique. Méthode ah hoc qui, schématiquement, permet de ne jamais être victime de son délire, mais de l’imposer envers et contre tout au plus
grand nombre. La méthode ne fut pas du goût de tout le monde, dont les surréalistes, qui, André Breton en tête, s’empressèrent de le radier de leurs membres au cours d’un procès épique. Chassé, il n’en continue pas moins le projet surréaliste consistant à ruiner la réalité. C’était déjà le cas des Montres molles (1931), où le temps se
dilate dans l’espace et coule, dira-t-il, «comme un fromage». C’est aussi vrai, bien après son expulsion du groupe, avec cette Madone de Raphaël peinte à la vitesse maximum (1954) et totalement éclatée sur la toile. Mais, outre le brouhaha généré par Dalí, on en profitera pour suivre plus attentivement son obsession du détail, ce classicisme à la Vermeer qui, finalement, hante l’œuvre de cet avant-gardiste. B E R T R A N D R A I S O N CENTRE POMPIDOU. Dalí. Place Georges-Pompidou, Paris IVe. 01 44 78 12 33. Jusqu’au 25 mars. «Queue d’aronde et violoncelles», 1983 ©Salvador Dalí, Fundacio GalaSalvador Dalí/Adagp, Figueres, Paris, 2012. «Le Spectre du sexappeal», 1934 ©Salvador Dalí, Fundacio Gala-Salvador Dalí/Adagp, Paris, 2012.
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McDermott &McGough Un tandem ébouriffant art contemporain apprécie les duettistes, de L’ Gilbert&George à Pierre&Gilles, en passant par les Russes Komar&Melamid. McDermott&
McGough, eux, sont américains et produisent depuis une trentaine d’années un ensemble de photographies, de peintures, de sculptures et de films mettant en scène des situations ou des techniques datant de la fin du XIXe siècle et se prolongeant au XXe, du côté de l’âge d’or de Hollywood et de la bande dessinée, aux franges du pop art. Photographes, ils aiment les appareils à chambre et les tirages à la gomme bichromatée. Peintres, ils travaillent sur des toiles de lin. Théoricien du duo, David McDermott fixe le cap de cette échappée vers le passé, tandis que Peter McGough veille à la mise en forme de ce refus du futur. Tandem vital, car David, dans une interview, avoue que sans Peter il serait devenu fou et que ce dernier, sans lui, se serait ennuyé à mourir. Au début des années 1980, on les
voyait, à New York, aux côtés de Schnabel, Warhol et Basquiat, déambuler en costume victorien et s’éclairer à la bougie dans un immeuble du même tonneau. On a pu les croire amateurs de vieilleries, couple kitsch un brin nostalgique. Pas du tout, ils recréent leur propre passé et règlent surtout son compte à ce petit monde de l’art qui, il y a trente ans encore, était dominé par des Occidentaux blancs, sûrs de leur suprématie. Au moment où le progrès a du plomb dans l’aile, les deux complices font figure de modernistes. Ils le savent et savourent à l’avance la déconfiture de leurs contemporains. D’ailleurs, et afin de mettre les choses au clair, Peter McGough indique que c’est la condition humaine qui nous fascine, pas les vieux films ou les bandes dessinées. D’où leur volonté affichée de ne pas jouer seulement dans la cour du rétro bon teint, mais plutôt de s’intéresser aux excès de l’émotion parfaitement orchestrés par les grands mélodrames du cinéma américain des
années 1960. Rassemblées autour de la chanson-titre In Dreams You’re Mine (dans mes rêves, tu es à moi), les douze nouvelles peintures du duo dessinent le portrait d’une femme en crise, solitaire, perdue, condamnée aux canons de la beauté, bref, subissant tous les clichés de la condition féminine de l’époque. Chaque tableau, par grands aplats de couleur, revient sur l’instant décisif, ce moment clé qui sépare la joie du malheur. Ce simple appel téléphonique qui déclenche tout et dont nous repérons les effets sur la toile Among Some Talk of You and Me nous est livré comme une intrigue à lire et à déchiffrer. Nous disposons de quelques indices, un visage dévasté, la main agrippée sur le combiné du téléphone, et la vignette BD d’une héroïne, de dos, effondrée sur un sofa. Enfin, deux dates encore, celle de la scène d’origine,
1965, et celle d’aujourd’hui, 2012. Il nous reste alors à recomposer l’histoire et à suivre le fil de ce théâtre pictural oscillant entre le tourment et le plaisir. BERTRAND RAISON
GALERIE JÉRÔME DE NOIRMONT. McDermott & McGough. In dreams you’re mine. 38avenue de Matignon, ParisVIIIe. 01 42 89 89 00. Jusqu’au 23janvier. «A Mind Intoxicated With Love», 1965 ; «Strenuous Briefness», 1965 ©McDermott & McGough, courtesy Galerie Jérôme de Noirmont.
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Yue Minjun
ls sont en slip et se tordent de rire tandis que leurs I exécuteurs les visent d’une arme invisible. Le soldat de droite, qui, dans le tableau de Manet dont cette toile
est inspirée, fourbit son arme, rit aussi à pleines dents. Derrière se profile l’enceinte de la Cité interdite. La scène, inspirée par la répression du mouvement démocratique de la place Tiananmen en 1989 (une référence que l’artiste préfère taire aujourd’hui), est l’une des plus provocantes peintes par Yue Minjun. Elle nous communique un intense malaise. L’artiste a renoncé, dans cette œuvre, au rose vif qui colore le plus souvent la chair de ses personnages. Mais ses couleurs tranchantes, son trait puissant lui donnent, comme à la plupart de ses peintures, une allure de planche de bande dessinée. Rarement le rire a été plus proche de la mort. La Fondation Cartier a intitulé cette première grande rétrospective européenne du
peintre chinois «L’Ombre du fou rire». Plus encore que de rire, c’est en effet de fou rire, à la fois convulsif et figé, de rictus, qu’il s’agit dans ces œuvres qui ne visent guère à nous faire sourire. Cela fait maintenant trente ans que Yue Minjun se peint la bouche béante et les yeux fermés, impénétrable, dans des mises en scène où le tragique le dispute au cocasse, pour dire la Chine d’aujourd’hui, sur laquelle il porte un regard acerbe. «Le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a une grande importance pour ma génération», explique-t-il. Dans ses tableaux, tout se mêle, voitures de luxe de cette Chine désormais ouverte au marché, dinosaures, hauts lieux de la Chine ancestrale, en des jeux d’assemblages et d’associations où l’artiste se laisse une liberté d’exécution totale et où chaque signe reste ouvert à l’interprétation. Caricature de l’uniformisation de la Chine contemporaine, moyen de survivre dans un monde absurde, simple forme d’autodérision? Le masque ricanant que nous présente Yue Minjun résiste à toute interprétation univoque. «Il dresse un mur, écrit le philosophe et sinologue François Jullien, (qui) interdit le dedans, bloque toute sensibilité.» Enigmatique. Inquiétant. N A D I N E VA S S E U R FONDATION CARTIER. Yue Minjun. L’ombre du fou rire. 261bd Raspail, ParisXIVe. 01 42 18 56 50. Jusqu’au 17mars. «Memory-2», 2000 ; «Isolated Island», 2010 ; «The Execution», 1995 ©Yue Minjun.
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Christophe Jacrot
n globe-trotteur assidu, Christophe Jacrot arpente E les villes de l’hémisphère Nord. Mais uniquement par gros temps. Ce «photographe des rues» inspiré par les grands estampistes japonais, mais aussi par le travail de photographes américains tels que Saul Leiter, livre aujourd’hui une série sur la neige. On y découvre des silhouettes fantomatiques errant dans des paysages urbains. Le mauvais temps est soudain chargé d’une densité romanesque et romantique. GALERIE DE L’EUROPE. Christophe Jacrot. Neige. 55 rue de Seine, ParisVIe. 01 55 42 94 23. Jusqu’au 8décembre. «Under the Line» ; «Le Tireur» ;«Dansons sous la neige ©Christophe Jacrot.
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Galerie W Eric Landau [ 44 rue Lepic Paris 18 ]
Galerie W Landau Blast [35 avenue Matignon Paris 8]
Bruno Schiepan, Fauteuil et Totem Mondrian, 2010 Š Galerie W
www.galeriew.com – 01 42 54 80 24
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Richard Dumas ichard Dumas revient à la Galerie VU’ dix ans après, pour une R exposition intitulée «Suite»: une cinquantaine de portraits en argentique pris dans les couloirs et suites de grands hôtels parisiens.
Richard Dumas réalise des portraits sombres. Pas tristes. Tendus. Gris et noir ou en couleurs. Comme plombés. Par l’immobilité et la solitude
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Les Expositions
du sujet photographié. Il y a dans ces images élégantes comme une mélancolie discrète, un romantisme raffiné qui troublent et séduisent. GALERIE VU’. Richard Dumas. Suite. Hôtel Paul-Delaroche, 58 rue Saint-Lazare, ParisIXe. 01 53 01 85 81. Jusqu’au 5 janvier. «Keith Richards», 2010 ; «Patti Smith», 2010 ©Richard Dumas, Galerie VU’.
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Les Expositions
E
Bruno Aveillan
n 2009, quelques mois avant la présentation de l’opérette La Chauve-Souris, le photographe français Bruno Aveillan fut invité par les dirigeants du théâtre Bolchoï à «poser son regard» sur les coulisses du spectacle. Il nous révèle aujourd’hui, lors de son exposition «Bolchoi Underground», les photos prises dans les couloirs, les vestiaires, et ces moments incertains qui précèdent le lever de rideau. Il joue constamment, grâce à la profondeur de champ, avec le net et le flou, la présence et l’absence. GALERIE SPREE. Bruno Aveillan. Bolshoi underground. 11 rue Lavieuville, Paris XVIIIe. 01 42 23 41 40. Jusqu’au 3 décembre.
«Quatre», 2010 ; «Rouge pensée», 2010 ©Bruno Aveillan.
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Adel Abdessemed
del Abdessemed est un artiste plasticien d’origine A algérienne, qui puise son inspiration dans des grands événements d’actualité. Avant l’ouverture de son
exposition, il a installé sur le parvis de Beaubourg, une sculpture, Coup de tête, qui immortalise le coup de boule de Zidane à Materazzi. «Je suis innocent», titre de son exposition, présente les œuvres d’un homme hanté par la violence du monde. Le chaos est le matériau principal de ses créations. Le résultat est parfois étonnant, toujours provocant. CENTRE POMPIDOU. Adel Abdessemed. Je suis innocent. Place Georges-Pompidou, ParisIVe. 01 44 78 12 33. Jusqu’au 7 janvier. «Exit», 2007 ©Adel Abdessemed, Adagp, Paris, 2012, courtesy de l’artiste et David Zwirner, New York/Londres. «Décor», 2011-2012, Fondation François Pinault, Venise ©Adel Abdessemed, Adagp, Paris, 2012.
25 ans de créativité arabe
l’occasion de ses 25 ans A l’Institut du monde arabe asouhaité retracer «25 ans de
créativité arabe» en créant cette exposition collective où sont représentés 40 des plus grands artistes arabes. L’exposition est principalement axée sur les arts plastiques, tous médias confondus : peinture, sculpture, vidéo, installation… et met en avant une véritable «révolution» culturelle. INSTITUT DU MONDE ARABE. 25ans de créativité arabe. 1 rue des Fossés-SaintBernard, ParisVe. 01 40 51 38 38. Jusqu’au 3 février. «Barcoding I», 2010 ©Athr Gallery et Maha Malluh, courtesy Athr Gallery, Jeddah et Maha Malluh.
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Kehinde Wiley
ehinde Wiley est considéré aux Etats-Unis comme l’un des artistes les plus prometteurs K de sa génération. Il revient en France avec son exposition «TheWorld Stage», pour laquelle il a parcouru le monde afin d’organiser des castings sauvages. Ce peintre réalise des portraits de jeunes Noirs dans des décors somptueux saturés d’ornementations, en référence à la grande peinture classique. Il tire son inspiration de la condition noire. Le pouvoir, l’identité raciale et sexuelle sont ses sujets de prédilection. GALERIE DANIEL TEMPLON. Kehinde Wiley. Theworld stage : France, 1880-1960. 30 rue Beeaubourg, ParisIIIe. 01 42 72 14 10. Jusqu’au 22décembre.
«Terence Nance II», 2011 ; «Morthyn Brito II», 2011 ©Kehinde Wiley, photo B.Huet/Tutti, courtesy Galerie Daniel Templon, Paris.
Kaws
aws, célèbre artiste new-yorkais, est égaleK ment un collectionneur, un designer, une marque… Dans son exposition «Imaginary
Friends» sont présentés ses tableaux et sculptures inspirés de la pop culture. Il essaie d’exprimer avec ces pièces un nouveau langage visuel pour faciliter un échange dynamique à la fois social et culturel. Issu de la scène graffiti, il concilie l’énergie frontale des peintres urbains et les moyens de production à grande échelle typiques du pop art. GALERIE PERROTIN. Kaws. Imaginary friends. 76rue de Turenne, ParisIIIe. 01 42 16 79 79. Jusqu’au 22décembre. «Chum (KCA5)», 2012, courtesy Galerie Perrotin, Hongkong, Paris.
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Les Expositions
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Boris Bucan
oris Bucan, figure emblématique de l’art graphique croate, expose pour la première fois en France. «Posters» présente ses «peintures de rue» des années 1980 à 1990, s’inspirant principalement des thèmes tels que le pouvoir, la puissance, le succès, le mal… A ses débuts, il se tourna naturellement vers l’art graphique et fit de l’affiche sérigraphiée sa forme de prédilection, car elle constituait à son époque, en Europe de l’Est, le média de masse par excellence et représentait donc une liberté d’expression. LIEU DU DESIGN. Boris Bucan. Posters. 74 rue du Faubourg-Saint-Antoine, Paris XIIe. 01 40 41 51 02. Jusqu’au 9 janvier. «Zagreb Symphony Orchestra, du cycle “Le Pianiste”: Expérience musicale, 14», 1988; «Un ange sur mon épaule», 1998 ; «L’Oiseau de feu et Petrouchka (Stavinski)», 1983 ; «29e festival d’été de Split», 1983 ©Musée d’art contemporain de Zagreb.
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Les Expositions
Arno Nollen
’art au Pays-Bas est aujourd’hui représenté par ses L photographes. Arno Nollen, artiste issu de la fameuse Rietveld Academie, à Amsterdam, a établi une
résidence artistique à Paris, à l’Hôtel Costes, sur la demande de Jean-Louis Costes, pour y réaliser un ouvrage photographique. Toute la scénographie de l’hôtel est prétexte à des rencontres avec une allure, un visage, un détail qui évoque un souvenir et provoque des émotions. Le travail d’Arno Nollen est fondé sur cette expérience personnelle avec ses modèles à l’intérieur de ce lieu de vie. Les images sont empreintes de nostalgie, de mélancolie, de fragilité, d’érotisme et de volupté. L’Hôtel Costes est un voyage immobile, dont Arno Nollen a su capturer la mélodie. Le livre, en vente à la réception de l’Hôtel Costes, a une parti-
cularité singulière, unique: il est particulièrement épais (5,5cm), mais sa reliure peut toujours se plier en donnant aux pages une surface plane, ce qui permet d’admirer les images sans être gêné par le pli. Le livre sera officiellement présenté lors de l’exposition Paris Photo 2012, en partenariat avec la Galerie Jousse Entreprise. David Lynch a déjà sélectionné une photo d’Arno Nollen réalisée à l’Hôtel Costes pour illustrer son parcours à Paris Photo. «Livre Costes», 214pages, photographies Arno Nollen, édition limitée à 800exemplaires. En vente à l’Hôtel Costes, 239 rue Saint-Honoré, ParisIer. 01 42 44 50 00. www. hotelcostes.com; www.jousse-entreprise.com «La Baigneuse» ©Arno Nollen.
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Gérard Rancinan, Le Banquet des idoles, tirage argentique sous diasec
Sélection d’artistes contemporains, moder nes et impressionnistes
356, rue Saint-Honoré - 75001 Paris T. +33 (0)1 42 96 39 00 paris@operagallery.com Lundi - samedi 10h - 19h
www.operagallery.com
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Bonnes Adresses
A
vec son drôle de nom qui fait référence à l’héroïne stripteaseuse de la chanson éponyme de Serge Gainsbourg sortie en 1968, ce néo-bistrot annonce tout de suite la couleur. Une décoration so vintage qui colle à l’époque de la chanson, avec des meubles chinés et colorés et des murs bleu canard dans la très belle salle de l’étage. Derrière les fourneaux, on retrouve un ancien de chez Ledoyen, le chef David Personnat, qui propose une cuisine semi-gastronomique pleine de saveurs. Mention spéciale pour le brunch, avec ses cookies maison, ses bagels et ses sushis de fruits délicieusement tendance. Pamela Popo. 15 rue François-Miron, ParisIVe. 0142741465.
Eléphant Paname
errière ce drôle de nom D qui rend hommage au pachyderme qui inspirait
les bâtisseurs parisiens du XIXe siècle se cache un lieu hybride lové dans un hôtel particulier Napoléon III imaginé par Fanny et Laurent Fiat. Cet espace pluridisciplinaire de 2 000 m2 regroupe des studios de danse, une salle d’exposition (avec des photos d’Elliott Erwitt jusqu’au 13 janvier) et de concert, un restaurant et une boutique de souvenirs ! Eléphant Paname. 10 rue Volney, ParisIIe. 0149278333.
La Brune &la Blonde
omme une goutte C d’eau posée à même la peau, les bijoux La Brune &
la Blonde ont libéré la plus précieuse des pierres: un diamant sensuel présenté dans sa plus simple expression, sans serti ni or, libre de briller sous toutes ses facettes. Une idée audacieuse que l’on doit à un duo de charme, Véronique Tournet et Rebecca Lévy, qui nous offre une collection de bijoux délicats où le diamant se révèle à 360° sur des montures en or blanc, jaune ou rose. Sur la courbe du poignet, dans le creux du décolleté, à la main ou suspendu à l’oreille, la précieuse gemme révèle toute sa magie et vit à même la peau de celle qui le porte. Des parures chics qui frémissent dans l’air en toute liberté, qu’on aime et que l’on ne quitte pas ! La Brune & la Blonde. 5 rue du Faubourg-Saint-Honoré, ParisVIIIe. 0149249098.
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Eléphant paname : Emmanuel Donny
Pamela Popo
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East Side Burgers
ans un cadre très new-yorkais, D carrelage noir et blanc et briques rouges, le premier fast-food
Cuisine Attitude
itué dans la tranquille cité Dupetit-Thouars, l’ateS lier de création culinaire de Cyril Lignac, magnifique espace sous verrière, propose un choix impressionnant de cours de cuisine grand public : cours techniques ou de pâtisserie, spécial cuisine du marché ou jeunes parents… Et, tous les quinze jours, les Apéros chics du vendredi, emmenés par la dynamique et pétillante Elsa Marie, avec au programme préparation de bouchées apéritives et dégustation de vins et cocktails (à volonté) ! L’ambiance y est conviviale et décontractée, on le conseille entre amis. Si le chef Lignac ne dispense pas les cours lui-même, il passera peut-être pour donner quelques conseils gourmands. Cuisine Attitude. 10 cité Dupetit-Thouars, Paris IIIe. 014996 00 50. Spécial fêtes de fin d’année les vendredis 7 et 21 décembre.
100 % végétarien vient d’ouvrir ses portes à Paris. Ici, la viande est remplacée par des galettes de tofu aux champignons, au fromage ou aux algues, accompagnées, selon la recette, de poivrons caramélisés et pimentés, de courgettes, d’aubergine, d’houmous… Le tout est capturé dans un pain rond dodu et servi avec des frites croustillantes à souhait. East Side Bugers, c’est aussi une farandole de desserts so USA et faits maison, comme les cookies vegan au beurre de cacahuètes, le cheesecake, les cupckakes aux Oreo et les muffins moelleux. East Side Burgers. 60 boulevard Voltaire, ParisXIe. www.eastsideburgers.fr
Sartore
a célèbre marque de chaussures reconnue L pour son style et la qualité de ses cuirs s’installe rue du Faubourg-Saint-Honoré. Avec l’archi-
tecte Laurent Abécassis, Françoise et Catherine Sartore ont créé un écrin à leur image: élégant et sobre. Un bel espace sur deux étages et une décoration pointue: canapés des frères Campana, sièges de Jaime Hayon, lustres bulles de savon de Patrick Jouin… Une adresse raffinée où sont présentées toutes les lignes de la marque, avec des modèles de fabrication traditionnelle qui collent à l’époque, comme ceux de la ligne unisexe au chic décontracté. Sartore. 3 rue du Faubourg-Saint-Honoré, ParisVIIIe. 0142655591.
Club Royale by Terrazza Martini
près le succès de la Terrazza cet été, Martini prend A ses quartiers d’hiver au 34 rue Marbeuf. Le nouveau Club Royale a installé sa loge Art déco VIP acces-
sible uniquement sur carte de membre dans le club fraîchement rénové. Où, depuis la rentrée, Rasmus Michau et Adrien Messié ont repris les rênes du week-end avec les soirées Discothèque (le vendredi) et Cirque Paradis. Club Royale by Terrazza Martini. 34 rue Marbeuf, ParisVIIIe. Vendredi et samedi, jusqu’à fin décembre.
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Ophite
ouveau concept de décoration décalé et original, N Ophite s’est spécialisé dans le détournement des plaques de signalisation. Le showroom propose égalelaids, couvertures, coussins ainsi qu’une multitude P d’accessoires de décoration piochés aux quatre coins du monde s’exposent façon «malle aux trésors»
dans la première boutique française de la célèbre marque allemande Zoeppritz, qui œuvre depuis 1928 dans l’univers du textile pour la maison. Une adresse délicieusement ouatée entièrement dédiée au cocooning qui distille une foule de matières nobles pensées pour chacune de nos envies : polaire, microfibre, cachemire, laine, peaux… Mention spéciale pour la collection Kiss of Life, basée sur le recyclage, avec, cette saison, des coussins et des tapis en cravates et des fermetures éclair. Zoeppritz. 6 rue de la Corderie, ParisIIIe. 0142783029.
ment une collection réalisée par des street artists, mais vous pourrez aussi laisser cours à votre imagination en créant vous-même votre propre panneau. Ophite. 64rue du Temple, ParisIIIe. 01 45 51 50 09
Glass
n arrivant rue Frochot, on E hésite. La discrète devanture noire et l’absence d’enseigne
nous laisseraient penser qu’on s’est trompé d’adresse. Installé dans un ancien bar à hôtesses, le Glass, ouvert par l’équipe de la Candelaria, a des allures de bar clandestin. Passé le sas, le ton est donné, un lieu exigu et la déco sobre, les lumières tamisées et la musique à fond, l’ambiance à 20heures est celle d’un club à 5 heures du mat’. A la carte, des cocktails inédits et délicieux (dont le Kiki Smith à base de gin, citron et shisho), des boilermakers (bières suivies de shots) et probablement les meilleurs hot-dogs de Paris. Le nouveau repère enivrant du très branché So-Pi. Glass. 7 rue Frochot, Paris IXe. 06 25 16 72 17.
Lorafolk
près avoir fait A ses armes chez Lanvin, Balmain et
Chanel, Laura Foulquier a lancé sa ligne de prêt-à-porter haut de gamme. Dans sa boutique-atelier située au cœur du IIe arrondissement, elle dévoile ses créations ultra-féminines où les matières se marient dans un jeu subtil de transparence. Une mode taillée dans l’élégance qui fait se rencontrer cette saison cuirs d’agneau, lainages et autres tweeds brodés de mille fils irisés tandis que mousselines et crêpes de soie caressent les dentelles de Calais lamées sur des pièces délicatement sensuelles. Lorafolk. 10 rue Beauregard, ParisIIe. 0610093085.
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Glass : David Rager
Zoeppritz
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TaoKan
utour d’une carte qui propose un panorama A inventif et raffiné des spécialités allant de Canton à Shanghai, le chef Au Tien-Dat et son équipe honorent la tradition de la gastronomie chinoise. Adresse élégante designée par Hélène et Olivier Lempereur, TaoKan, c’est surtout une cuisine virtuose, délicate et pleine de saveurs où se succèdent des merveilles croquantes, moelleuses, douces ou épicées, notamment les dim sum faits maison, nouvelles stars cantonaises à la vapeur. TaoKan. 8 rue du Sabot, ParisVIe. 0142841836.
Galerie Thaddaeus Ropac
haddaeus Ropac inaugurait pendant la semaine T de la Fiac son nouvel espace aux portes de Paris. La galerie installée depuis trente ans rue Debelleyme a investi à Pantin une ancienne usine de 4700 m2 et a choisi pour sa première exposition les œuvres monumentales (et inédites) d’Anselm Kiefer. Une bonne raison d’aller flâner dans un nouveau 9-3 chic et arty. Galerie Thaddaeus Ropac Pantin. 69 avenue du Général-Leclerc, Pantin. 01 55 89 01 10.
Vues d'installation de l'exposition d'Anselm Kiefer, "Die Ungeborenen" (Les non-nés), courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photographie : Charles Duprat.
Noglu
ne cuisine où le gluten n’a pas droit de cité. Le U concept se développe dans la capitale, et c’est le credo de cette nouvelle adresse qui a posé ses tables dans
le passage des Panoramas. Noglu, c’est un espace épicerie-restaurant fait de bois et d’inox où Frédérique Jules, la maîtresse des lieux, et son chef sommelier naturophile, Mitsuru Yanase, explorent un répertoire culinaire inventif où s’entremêlent saveurs d’ici et d’ailleurs. Quelques plats pour se mettre en appétit : gaspacho de tomate au fenouil sauvage, magret de canard avec les légumes de plainchamp de Joël Thiebault, cabillaud rôti et son risotto shiitake… Et les irrésistibles pâtisseries de Jennifer Harting : la tarte aux fruits de saison, les muffins moelleux aux myrtilles, le fondant au chocolat noir, les madeleines au citron… Des gourmandises hautement addictives ! Noglu. 16 passage des Panoramas, ParisIIe. 0140264124.
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Bonnes adresses
Service Palace
ass eu r d’a dre sse s Le s ind isp ens ab les de M on Ch Le top 5 des meilleurs pressings
D
evant leurs vêtements froissés, beaucoup se froissent tout autant, s’énervent et se lamentent. Pour les plus pressés, dans les meilleurs pressings, leur problème sera vite plié. La tâche est rude, mais les tâches les plus rudes sont vouées à disparaître. En 1903, Louis Pouyanne fonde son service de nettoyage et de teinturerie à Paris. Il est si soucieux des toilettes des élégants qu’il invente des procédés pour perfectionner le métier. Il met au point, par exemple, une machine pour les robes aux couleurs dégradées de Madeleine Vionnet et crée le célèbre rose Schiaparelli. Aujourd’hui, sur la belle devanture en fixé sous verre, trônent encore les fières inscriptions dorées du Parfait Elève de Pouyanne (57bd Haussmann, ParisVIIIe). C’est l’arrière-petite-fille du maître artisan, Nathalie Fargeaud-Felber, qui officie désormais. Elle ne pratique plus de teinturerie, mais s’occupe toujours des textiles précieux avec rigueur et délicatesse. Les cravates sont démontées et les boutons des vêtements sont décousus avant le nettoyage. Le repassage se fait à l’ancienne, à la pattemouille et sur l’envers. S’il y a un accroc, le vêtement va chez le stoppeur, qui retisse le fil sous une loupe. Une exigence du savoir (bien) faire qui impose que tout vêtement reste au moins une semaine entre leurs mains. Le smoking défraîchi, le chemisier de soie ou le carré en cachemire sont aussi chouchoutés au Pressing de la Madeleine (12 rue de l’Arcade, Paris VIIIe, et deux autres adresses à Paris). Outre le nettoyage à sec traditionnel, la maison propose la garde des fourrures, l’entretien des daims et des cuirs et le nettoyage d’ameublement. Les pressings nouvelle génération sont green. Alors que l’on pointe du doigt le perchloréthylène, un solvant toxique pour l’homme et nocif pour l’environnement, de nouveaux produits sont employés. Kennedy Pressing (94 rue Raynouard, Paris XVIe) a choisi le siloxane. C’est un solvant dérivé du silicone. La seule contrainte : tous les textiles ne supportent pas ce type de nettoyage. Le manteau en vison de bonne-maman risque de ne pas apprécier la démarche écolo… La même technique est employée chez Colporteur (89 rue Lemercier, Paris XVIIe). Ce petit nouveau du «pressing qui aime vos chemises et plus seulement» propose le lavage et le repassage des chemises à partir de 2,70euros. Simple et efficace. Marie Lavande se déplace chez vous pour inspecter votre linge de maison et le nettoyer dans les règles de l’art. Si vos précieux tissus en dentelles ont tendance à jaunir avec le temps, les mains expertes de cette spécialiste vous les rendront éclatants (06 80 68 64 92).
Où trouver… un poivre
qui l’emporte
oivre: épice à saveur forte et piquante, formée «P par les baies (appelées grains) du poivrier, habituellement moulues et concassées.» A côté de la
froide définition du Larousse, Olivier Roellinger, le collectionneur d’épices, propose une symphonie d’arômes aux pouvoirs gustatifs et odorants détonants (sans parler de ses pouvoirs antioxydants reconnus). Il présente ses poivres rares dans sa boutique (52bis rue Sainte-Anne, ParisIIe), dont le fameux Sarawak aux notes fruitées, parfait pour réveiller une salade de fruits, le Madagascar noir aux arômes boisés pour assaisonner une viande rouge, le Panniyoor, auquel on prête des vertus aphrodisiaques… Olivier Roellinger a aussi concocté des mélanges maison pour s’accorder aux plats, comme le Poivre à perles pour les huîtres et les coquillages ou le Poivre LaLuna pour les foies gras. Son conseil : il faut toujours moudre son poivre au dernier moment et éviter de le cuire. La boutique de Bruno Jarry (L’Epicerie de Bruno, 30rue Tiquetonne, ParisIIe) est un palais qui ne manque pas de piquant. Vous choisissez votre poivre comme un vin, parmi les notes boisées, fumées ou fruitées. Les meilleurs palais se dirigent enfin vers LeComptoir Colonial, une épicerie hors du temps (22rue Lepic, ParisXVIIIe) où trônent, parmi les huiles et condiments, une quarantaine de variétés de poivre. Le Voatsiperifery, à croquer entier, est très doux, tandis que le Chiloé a une attaque en bouche très forte, puis développe des arômes camphrés et des notes de caramel. Dans ce contexte particulièrement relevé, on ne peut que souscrire à la devise des piperomanes : «Le sel de l’existence est essentiellement dans le poivre que l’on y met (Alphonse Allais)».
Mais où peut-on… bien faire
ressemeler ses santiags?
l’Atelier d’Antoine (75 rue de Miromesnil, A Paris VIII ), bien sûr. Bien dans ses bottes, Antoine Rondeau, le cordonnier tatoué au grand cœur, e
a deux amours : la mexicaine et la texane. Il peut intervenir pour les réparations les plus extrêmes. Il vient, par exemple, de démonter entièrement une paire de santiags que lui a confiée Dick Rivers. Antoine est un artisan hors pair et pour toutes les paires : on lui confie aussi les fameux escarpins à semelle rouge qu’il peut remonter entièrement. Il propose de surcroît la livraison gratuite : quel pied ! ANNE CARPENTIER
Fondatrice de Monchasseurdadresses.com, le service sur-mesure pour adresses d’exception à Paris.
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Les bijoux de Sophie présentent
Karim Sadli
’audacieuse Sophie Lévy a inauguré sa première L boutique où ses créations de «Haute Fantaisie» côtoient d’autres marques d’art de vivre et de décoration
Aurélie Bidermann
elle qui enchante le vestiaire des Parisiennes C depuis bientôt dix ans avec ses bijoux solaires vient de réunir ses collections dans une boutique au cœur de
sélectionnées parmi les grandes maisons européennes de tradition. Mode précieuse, parfums délicats, porcelaines curieuses, savons séduisants, papeterie élégante… sont rassemblés ici aux côtés des bijoux de la créatrice parisienne qui apprivoise l’étrangeté et fait rimer féminité avec des matières inattendues. Le tout a du style et de l’esprit, du décor jusqu’aux emballages. Les Bijoux de Sophie présentent, 27 rue de Tournon, ParisVIe. 0146346293.
Saint-Germain-des-Prés. A l’image de ses créations scandées de couleurs, Aurélie Bidermann a pensé cette première adresse comme l’intérieur d’une villa de la côte amalfitaine, avec pierres brutes, verres de Murano et meubles en rotin. Un écrin sur mesure baigné de turquoise, de corail, de jaune et de vert émeraude, des couleurs qui font partie de son patrimoine et qui font écho à ses pièces phares. Et, surprise, aux côtés des charms, des collections précieuses, des pétillants bracelets brésiliens et des discrets porte-bonheur, Aurélie Bidermann nous fait partager ses envies du moment à travers trois pièces exclusives de la collection Copacabana gravées au revers de l’adresse de la boutique. Boutique Aurélie Bidermann. 55 bis rue des Saints-Pères, ParisVIe. 0145484314.
Le Salon by Thé des Ecrivains
scale intimiste, le Salon by Thé des Ecrivains offre E une halte inspirée entre livres, saveurs, vêtements d’intérieur et objets à vivre pour la maison. A deux pas de la place des Vosges, cet espace chaleureux regorge dematières rares et de saveurs originales. Ici, on vient regarder un film dans la salle de projection privée, feuilleter des ouvrages originaux, faire le plein au rayon papeterie de cahiers et calepins venus d’Inde, du Japon ou de Thaïlande… Mais, surtout, on prend le temps de s’attabler à l’espace de restauration fine ouvert sur la librairie pour déguster les créations culinaires du chef Momoko Yoshida, qui propose une cuisine naturellement bio et des pâtisseries inspirées par les mots : millefeuilles, pâte feuilletée... Le Salon by Thé des Ecrivains. 16 rue des Minimes, ParisIIIe. 0140294625.
Mes Jolis Gâteaux
éritable passionnée de pâtisserie, Coline Belier est V rentrée très inspirée d’un voyage à New York, où elle a suivi des ateliers cupcakes et de «cake decorating».
Elle décide alors de monter sa petite entreprise de gâteaux sur mesure. Installée dans son atelier de Neuilly, elle répond à toutes les demandes les plus folles et a déjà réalisé des dizaines de pièces montées. Mes Jolis Gâteaux. 2place du Marché, Neuilly-sur-Seine. 0667885014. www.mesjolisgateaux.com LUCIE GOUZE & SANDRA SERPERO
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Focus
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Alt-J
élange hybride de folk, trip-hop, indie et électro, Alt-J (raccourci clavier du signe delta sur Mac qwerty) a l’art de nous surprendre. «Comme nous avons tous fait des études d’art, nous avons appris à penser autrement. Nous avons tous des goûts différents en musique, ce qui donne un mélange intéressant», explique Thom, un des membres du groupe. Très influencée par le cinéma, l’écriture de leurs chansons s’inspire de per-
sonnages de films, comme avec Matilda, qui reprend la réplique finale du film Léon, de Luc Besson : «This is from Matilda.» Leurs clips sont très réussis, comme celui de Tessellate, réalisé par Alex Southam, où, dans une fresque de Raphaël, Pythagore et Platon sont remplacés par des bad boys et des filles ultra-sexy… «Nous ne laissons jamais quelque chose sur un titre par défaut, simplement parce qu’on ne trouve pas mieux. Nous faisons de la musique que nous aimerions écouter.» Planant, saisissant et magistral, An Awesome Wave, leur premier album, signe l’arrivée d’une pop énigmatique qui promet de belles envolées. A M A N D I N E G R O S J E A N Au Zénith, le 15 novembre.
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Alexander Roshal
Musique
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Notre sélection
Electro
Crystal Castles
Thibault Montamat
On ne passe jamais à côté de la venue d’Alice Glass et Ethan Kath à Paris, le duo canadien ingérable qui bidouille magistralement de l’électro complètement strange. Après avoir bien salivé sur leurs singles Plague etWrath of God, on se délecte d’une scène à venir quasiment mythique pour les amateurs de sons électroniques sombres et rageurs. Au Trianon, le 1er décembre.
Chanson française
Mathieu Boogaerts
A l’image du savoureux Avant que je m’ennuie, les chansons du dernier album de Mathieu Boogaerts pétillent de bonne humeur. Ses mélodies rieuses et optimistes sont le remède idéal contre les coups de blues de l’hiver. Au Trianon, le 4 décembre.
Trip-hop
Wax Tailor Electro-pop
April Was a Passenger
Expérimental, onirique, puissant. Le son de ce sympathique trio parisien vous provoque des vibrations inédites dans tout le corps… Un univers électro qui nous transporte et un jeune groupe que l’on a envie de suivre dès ses premières scènes. Au Bus Palladium, le 14 décembre.
Jean-Christophe Le Saoût, alias Wax Tailor, nous annonce un show sonore et visuel de taille avec Dusty Rainbow Experience. Maître de la scène trip-hop française, il est l’une des bonnes nouvelles musicales de l’année. Un live qui va nous éblouir. Au Trianon, les 21 et 22 novembre.
Lower Dens
Le groupe de Baltimore connu pour ses rythmes enveloppants, mélancoliques et hypnotiques vient nous envoûter avec un live de son dernier album, Nootropics. On aime leur fascination pour les mélodies plus ou moins obscures, mais toujours grandioses. Au Nouveau Casino, le 27 novembre.
Nicolas Guerin
Shawn Brackbill
Electro
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Pop
Mai Lan
Liza Roze
Difficile d’échapper au petit phénomène Mai Lan, dont le tube Easy et son entêtante mélodie tourne en boucle depuis la rentrée. Egérie de la dernière campagne SFR, elle vient surtout de sortir un premier album éclectique. Un univers inspiré et une belle énergie à découvrir surtout sur scène. A la Maroquinerie, le 11 décembre.
Folk
First Aid Kit
Jimmy Kets
Klara et Johanna Söderberg, du duo First Aid Kit, sont de retour avec TheLion’s Roar, leur deuxième album, sur lequel on retrouve leurs délicieuses ballades folk acoustiques teintées de leurs voix cristallines. Au Trabendo, le 28novembre.
Rock
Déjà reconnu en Belgique, où leur album est sorti à l’automne dernier, School is Cool débarque en France avec Entropology. Avec leur rock puissant et sautillant, le quintet anversois, que l’on compare déjà à Arcade Fire, devrait faire sensation auprès du public parisien. Au Nouveau Casino, le 22novembre.
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School is Cool
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Eliot Lee Hazel
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Rock
The Dandy Warhols
Matt Humphrey
Leur huitième opus, This Machine, mixé par Tchad Blake (Black Keys, Pearl Jam…), est annoncé «dépouillé, boisé et extrêmement centré sur la guitare». Curiosité oblige, on ne peut que suivre ce groupe de Portland aux 20 ans de carrière qui nous a embarqués dans des albums captivants. Au Trianon, le 29 novembre.
Country
Funk
Avec son album Tuskegee, Lionel Richie revisite en duo les tubes de sa carrière façon country, entouré pour l’occasion des stars du genre. Un retour payant pour le roi des charts, qui s’est offert cette année la deuxième meilleure place des ventes aux Etats-Unis. Au Zénith, le 28novembre.
Un retour immanquable pour le duo londonien, avec un album funk à souhait, There Were Seven, signé sur leur propre label, Departement H. The Herbaliser, qui a collaboré avec Roots Manuva et MF Doom, nous étonne encore, plus de quinze ans après leur formation. A la Gaîté Lyrique, le 5 décembre.
Lionel Richie
The Herbaliser
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La Nuit
Chloé Remain
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n pourrait le penser discret, mais Romain n’en est pas moins une figure dynamique des nuits parisiennes. Sous le nom de Remain, il est le chef optimiste du label Meant, fondé il y a quatre ans avec Siskid. «A l’époque, on revendiquait une musique assez sombre, lente et sexy, explique-t-il. Nous n’avions pas la volonté de combler un trou, mais plutôt le désir de tout maîtriser. Et d’éviter surtout de parachuter les disques dans la nature.» Aujourd’hui, il dirige seul le label et vient de sortir le premier maxi depuis cinq ans de Rework (groupe phare du label Playhouse). «Ils m’avaient beaucoup marqué à l’époque, et ça me manquait qu’ils ne fassent plus rien.» C’est ainsi qu’est venu Werewolf, dont Magda a fait un remix «complètement dément». Pour lui, les choses se font naturellement, en tant qu’artiste ou chef de label, car tout est pour lui une «histoire de rencontres et d’enrichissement personnel et musical». Il ne considère pas Meant comme «parisien», mais salue néanmoins l’énergie d’une ville «en plein bouillonnement». Il évoque les soirées Concrete ou Sundae, le label techno Get The Curse… Paris n’aurait plus à rougir face aux autres capitales européennes. «Bien au contraire, les choses avancent, et les promoteurs se battent pour remplir leurs salles.» Il assure de son côté deux résidences au Showcase et au Social Club, mais tourne aussi avec la Meant Night à Berlin. Pour sa prochaine date au Wanderlust, il jouera aux côtés de Headman, dont il a récemment remixé le classique It Rough (sorti en 2003 sur Gomma Records). «Revisiter un incontournable de ce genre, ça peut être motivant comme extrêmement casse-gueule.» Plutôt motivant, dans son cas. L U C I E G O U Z E Au Wanderlust, pour la Relish Night, avec Headman, le 15 novembre. www.meantrecords.com
tion, ses grands yeux bleus peut-être. Elle se demande si elle va pouvoir partir à New York… à cause de l’ouragan. Chloé est attendue là-bas pour jouer son live sur le surréalisme, celui qu’elle a présenté pour la première fois l’an dernier au Centre Pompidou, dans le cadre d’un festival d’art contemporain. Une date importante qui a marqué une étape dans sa carrière. «Ça m’a sortie des clubs», dit-elle. La Cinémathèque, qui a déjà proposé l’exercice à Jeff Mills, vient de faire appel à elle pour un ciné-mix sur un film muet: Blackmail, d’Alfred Hitchcock. Les live orchestre laissent la place aux live électroniques. «Ça marque une certaine ouverture d’esprit de leur part, non ?» Evidemment, elle continue d’être DJ, incontournable pour le moins, joue «quasiment» tous les week-ends depuis plus de quinze ans. Celle qui a contribué aux meilleures années du Pulp relativise aujourd’hui sa fermeture. «C’est bien que ça se soit arrêté, ça commençait à décliner. Quelque part, ça participe même un peu au mythe du club.» C’est dans ce lieu que Chloé a contribué à faire connaître une «musique plus mentale, moins tournée sur la personne». Le Pulp proposait alors une programmation alternative «qu’on ne retrouvait dans aucun autre club». Avec le label Kill the DJ, dont elle est cofondatrice, elle garde cette «vision particulière». C’est aussi son histoire, sa famille, à l’instar de Katapult, avec qui elle a sorti ses premiers disques. «Si je suis encore là, c’est en partie grâce à eux.» De nombreuses sorties sont annoncées, et elle vient de finir un remix pour Miss Kittin. Elle se sait très attendue. A juste raison. L U C I E G O U Z E A la Cinémathèque, ciné-mix: «Blackmail», d’Alfred Hitchcock, le 2 décembre. Au Rex, Kill the DJ, avec Ivan Smagghe&Fairmont, le 15 novembre.
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Remain : Néfis Dha. Chloé : Néfis Dhab
nstallée à la terrasse d’un café, elle ne se laisse pas I perturber par l’agitation du carrefour. Il y a quelque chose chez Chloé qui capte immédiatement notre atten-
Focus
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Notre sélection
Freude Am Tanzen
Un plateau d’exception avec les artistes du label allemand Freude Am Tanzen. Représentés par Marek Hemmann et Douglas Greed en live et surtout Mathias Kaden, très remarqué lors de ses précédents passages à Paris. Incontournable. Au Showcase, le 23novembre.
Body to Body
Alex Strohl
Line-up impeccable pour cette nouvelle Body to Body avec Troy Pierce, Tomas More et le planant Aquarius Heaven, la belle trouvaille du label Circus Company. Au Social Club, le 10novembre.
We Are Family
Pour cette dixième édition, We Are Family s’associe au label Play, résident des soirées Number Six au Wood, à Bruxelles, et invite comme guest d’honneur Rodriguez Jr de Mobilee Records. Bonne ambiance et musique de qualité assurées. Au Glazar’t, le 7décembre.
Pain Surprises résout la crise
Jim Trebes
Les trublions du collectif déjanté Pain Surprises sont de retour. Ceux qui promettaient de dynamiter les soirées parisiennes investiront la Polska National Bank. La programmation est tenue secrète, mais l’ambiance sera assurée avec happenings délirants et artistes décalés. A la Polska National Bank, le 16 novembre.
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Bal Masqué
De retour dans le club le plus cool du moment, après une démente première soirée en mai dernier, on recommande vivement ce bal masqué house en compagnie des DJ résidents des meilleurs clubs berlinois. Seront de la partie le duo Kozak&Couleur, du Renate, Noema, du Soju, ou encore Juli N.More, des guests surprise, et Axel, maître de cérémonie. Sortez vos plus beaux masques, on vous promet une surprise à la clé! Au Rouge Pigalle, le 30novembre.
A night with Marco Carola
Line-up foudroyant pour une belle soirée techno en perspective avec l’efficace Napolitain Marco Carola, le cofondateur du label Desolat, Martin Buttrich en live et Leon. Au Showcase, le 30 novembre.
We Love Dear
Dans un cadre inédit, perché sur les toits avec vue imprenable sur la ville, WeLoveArt fait de Matthew Dear l’invité d’honneur de sa soirée d’hiver. Au programme: concert et DJ set du dandy électro de retour avec son cinquième album, Beams. Lieu magique et programmation enthousiasmante, on ne passe pas à côté de cette nouvelle édition. A l’Electric, toit du hall7, parc des Expositions, le 8décembre.
Vernissage de Tangi
A l’occasion du vernissage de l’exposition de Tangi du Rex Club, les représentants de la scène parisienne du moment se succéderont derrière les platines avec Camille Rodriguez, Louca, LoodBoy&Didier… Au 4 éléments, le 5décembre. PA L A C E C O S T E S N O V E M B R E 2 0 1 2
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Head-On
En tête d’affiche de cette nouvelle Head-On, le DJ house Motown Delano Smith, qui sera accompagné de l’Argentin Leonel Castillo (dont il avait remixé le track Stone Peach), mais aussi Amnaye et la résidente-maîtresse de cérémonie, Molly. Au Rex, le 7décembre.
Cirque Paradis
Nouveau lieu, nouvel univers pour les soirées Cirque Paradis (anciennement Cirque Bonheur), installées depuis la rentrée dans le club fraîchement rénové du 34rue Marbeuf. Rasmus Michau et Adrien Messié, associés à Nadir Sayah pour le booking, ont entamé une nouvelle saison avec une détonante programmation pour leurs soirées électro du samedi. A venir: Nick Curly et Christian Burkhardt (le17novembre), Monika Kruse (le1er décembre), Henrik Schwarz et Ame (le15décembre), Dennis Ferrer (le 22 décembre). Au Cirque Paradis, tous les samedis. LUCIE GOUZE
Jeff Mills
Il a fait l’événement au mois de septembre avec son concert à la Salle Pleyel entouré de l’Orchestre national d’Ile-de-France. A l’occasion de l’anniversaire des 20ans de son label Axis, la figure emblématique de la techno, Jeff Mills, se produira pour un show exceptionnel de 6heures entre performance visuelle et sonore. A la Machine, le 23novembre.
Trenty’s
Après le Carmen, le No Comment et l’Hôtel Particulier de Luc Besson, Marie Garreau, ambassadrice des soirées chics parisiennes, vous invite dans le cadre élégant du Très Honoré. Elle reçoit tous les mercredis, toujours sur mot de passe, dans une ambiance feutrée, accompagnée de ses DJ résidents ( Jean-Benoît Dunckel, Toni Vegas, Les Jumeaux, Tom Costino…). Au programme: karaokés, concerts live et performances. Au Très Honoré, tous les mercredis jusqu’au 13décembre. mariegarreau.events@gmail.com
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L e s Ac h e t e u s e s
Christine Chapellu
couleurs plus vives, des imprimés, plus de robes et de tissus légers à cause du climat et, bien sûr, à cause des multiples influences culturelles et de la proximité de l’Amérique du Sud. Mon travail consiste à garder ce caractère unique et en même temps à apporter les codes de la mode pour une clientèle internationale. Quelles sont les tendances fortes pour l’hiver ? Beaucoup de cuir porté comme s’il s’agissait de soie ou de coton : des jupes, des robes et aussi des slims ou des pantalons larges, jusqu’aux écharpes en cuir. Il y a aussi beaucoup d’inspiration des seventies et du color block aux couleurs vives.
Sarah Rutson
Lane Crawford, Hongkong. Fondé à Hongkong en 1850, Lane Crawford est passé, ces quinze dernières années, du grand magasin à un luxueux et très influent bastion d’une mode internationale plus que sélective. C’est chez Lane Crawford que Haider Ackermann a été sélectionné pour la première fois, Rag &Bone y est aussi depuis ses débuts. Sarah Rutson est directrice de la mode. Comment envisagez-vous la mode? Nous pensons avant-garde en matière de mode et lifestyle. Nous avons la chance d’avoir une clientèle de voyageurs cosmopolites et très avisés, ce qui veut dire que nous devons sans cesse repousser les limites dans notre sélection, dans l’agencement du magasin, dans les services et dans nos échanges avec nos clients. Le monde est si petit, et les clients ont accès à tout, soit par Internet soit en voyageant ; leur expérience chez nous doit être exceptionnelle. Comment choisissez-vous une marque ? Il est primordial qu’elle ait un ADN fort, une écriture bien définie. Lorsqu’un designer ou une collection nous transporte, nous devons la proposer à nos clients. Le choix n’est jamais motivé par le fait d’avoir ou non la marque avant les autres. Si nous l’avons, c’est parce que nous l’aimons. Nous avons souvent choisi des designers en ayant conscience qu’il serait un peu tôt pour obtenir une vraie réaction de nos clients, mais nous savons nourrir et développer nos marques. Et c’est un réel plaisir quand les clients font des découvertes et commencent chez nous une histoire avec une marque. Où la mode est-elle la plus dynamique ? Quel que soit l’endroit où vous êtes, il est question d’obtenir cette «réponse» et le désir de ressentir une émotion, que ce soit de l’excitation, le besoin, la beauté ou tout simplement le fait de ne pas pouvoir vous sortir quelque chose de la tête.
La plus grande «boutique» de Paris vient de célébrer ses 160 ans. Seize décennies de chic rive gauche, de mode et d’une sélection plus affûtée encore ces dernières années. Anthony Vaccarello, Julien David et Pièce d’Anarchive étaient au premier étage du Bon Marché avant que le prix de l’Andam ne les consacre. Christine Chapellu est directrice du département mode femme. Comment envisagez-vous la mode au Bon Marché ? La mode résonne dans l’ensemble du magasin, et nous voulons permettre à nos clientes d’y découvrir une offre inédite, la quintessence de la création française et internationale. Notre démarche est extrêmement sélective, tant par le choix des marques que par les pièces que nous sélectionnons. Qu’est-ce qui motive le choix d’une marque ? Sa créativité, sa personnalité, la modernité des coupes, des proportions, son univers… et toujours la qualité des matières, des finitions, des détails. Nous fonctionnons beaucoup par coup de cœur et recherchons la marque qui va apporter une valeur ajoutée à notre offre, la marque qui va nous différencier. Qui est votre «new corner» cette saison ? Notre coup de cœur de la saison est pour le jeune créateur québécois Thomas Tait que nous allons présenter en exclusivité au BonMarché. Nous avons aimé ses silhouettes très graphiques, le travail des coupes, les belles matières et les couleurs. Nous continuons aussi à développer des créateurs émergents très talentueux tels que Julien David, Simone Rocha, Pièce d’Anarchive, Anthony Vaccarello, dont le travail évolue chaque saison et dont les collections s’étoffent. Qui avez-vous contribué à lancer depuis les débuts de la mode au Bon Marché ? Nous avons été les premiers à soutenir Isabel Marant, Dries Van Noten, Rick Owens, Stella McCartney, Lanvin, Balenciaga et bien d’autres il y a quelques années. Bouchra Jarrar, Alexandre Vauthier, Thom Browne et Mary Katrantzou plus récemment. Où la mode est-elle la plus dynamique ? Londres est une grande source de créativité, pleine d’énergie et de talents émergents, mais Paris reste la plus dense et la plus forte, riche en termes de concentration de talents internationaux. P ropos recueillis par A N N A - A L I X
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KOFFI
Sarah Rutson : Laurent Segretie
Le Bon Marché, Paris.