ne pas jeter sur la voie publique
le magazine qui prend soin de vous
n° 8 • Mars - Avril 2010
la gentillesse
c’est bon pour la santé
ForMe la meilleure façon de maRcheR
l’amour fou
gRande cause nationale 2010
la lutte contre les
Violences
faites aux
femmes
sous l’œil du psychanalyste enquête
comment mangent nos ados ? intervieW
SATYA OBLETTE
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Mylan, 2 ème laboratoire pharmaceutique en France (1), offre la plus large gamme (2) de médicaments afin de soulager, soigner ou guérir le plus grand nombre de patients. Vous connaissiez le nom de votre médecin et celui de votre pharmacien, découvrez celui de vos médicaments.
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(1) En nombre de médicaments délivrés Source GERS, données ville en cumul mobile à fin novembre 2009 (2) En nombre de présentations commercialisées inscrites au Répertoire Source GERS à fin novembre 2009
* Votre vie - Crédit photo : Christian Duchet - Mylan - DBG Studios 6893e
Mylan, votre nouvelle référence santé
édito La prévention santé est-eLLe une utopie ? On nous le dit sur tous les tons à grand renfort de spots télé et de campagnes nationales : il faut arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, diminuer le sel, le sucre, le gras dans son alimentation, rechercher le sacro-saint équilibre alimentaire, avoir une activité physique régulière, éviter de s’exposer au soleil. Même si leur objectif est louable, les messages préventifs sont de moins en moins audibles par la population, comme le démontre une étude réalisée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé en 2008*.
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36 % seulement des Français se déclarent réceptifs, 23 % sont indifférents, 15 % hostiles, 13 % méfiants, 13 % angoissés. certains vont jusqu’à évoquer le retour d’un « totalitarisme », d’un nouvel ordre moral. a minima, les messages apparaissent brouillés et parfois contradictoires. comment prêcher pour la consommation de 5 fruits et 5 légumes par jour et servir des repas totalement déséquilibrés dans les cantines scolaires ou dans les hôpitaux ? comment informer sur les ISt (infections sexuellement transmissibles) et ne pas mettre réellement des préservatifs à disposition dans les collèges et les lycées ? Comment justifier une mesure aussi discriminante que l’augmentation du prix du tabac pour favoriser son arrêt ? les exemples ne manquent pas. néanmoins, des pistes se profilent grâce aux nouvelles technologies et à Internet. L’échange, le partage d’expériences, ont la capacité de faire évoluer les comportements
Directeur des publications Lucien Bennatan. Directrice des rédactions Fabienne Attali assistée de Audrey Danten. Rédaction/coordination Julie Pujol. Ont collaboré à ce numéro Paul-Laurent Assoun, Luc Biecq, Marie-Christine Clément, Geneviève Delaisi de Parseval, Rica Étienne, Emmanuel Hirsch, Emmanuelle Jumeaucourt, Suzanne Kanou, Olivier Mariotte, Valérie Sebag, Pascal Turbil.
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et progresser les connaissances pour peu que ces lieux de discussion soient modérés et les sites qui les abritent authentiquement certifiés. Patrick Peretti-Watel et Jean-Paul Moatti dans leur livre, Le principe de prévention*, citent le cas de la Grande-Bretagne. l’élaboration des plans de santé publique est ouverte aux associations et fait ensuite l’objet de larges consultations dans la population. la prévention ne peut plus rester à la charge des seuls médecins. Il est urgent que d’autres professionnels de santé (pharmaciens, infirmières, diététiciennes…) s’y investissent, comme il est nécessaire que ces territoires se multiplient. la prévention doit entrer à la crèche, à l’école, à l’université, à l’hôpital, dans l’entreprise, la ville, la région. Il faut cesser de la concevoir exclusivement sous l’angle de l’interdit et de la stigmatisation, de l’aborder uniquement par le médical, le biologique ou le scientifique. Considérer enfin le social et l’humain, rendre la prévention à la cité est peut-être un des moyens de la réinventer. Fab ien n e at tal i D I r ect r I ce De l a réDac tIOn * Enquête téléphonique réalisée en juin et juillet 2008 auprès de 2 000 personnes âgées de 18 à 75 ans. ** Co-édité par La République des Idées et les éditions du Seuil.
redaction@pausesante.fr En couverture : Satya porte une chemise en lin rose LIN 120 % HOMME, et une écharpe en coton Sisley. Photos : Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com).
RetRouvez l’actualité santé en diRect avec l’aFP suR www.Pausesante.FR
Secrétariat de rédaction et révision Anne Ducourtial, Jérémie Grandsenne, Laurence Roch. Direction artistique Julien Imbert. Maquette et iconographie Virginie Bazot. Photo Stéphane de Bourgies. Stylisme Kevin Grattagliano. Fabrication Delta Graphic. Diffusion Posterscope.
Régie publicitaire DB Régie. Directrice de clientèle Nadia Riou. Tél. : 06 60 27 86 45. contact@dbregie.com Impression Roularta Printing. Pause Santé est édité par la société Com’Access 78, boulevard de la République 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 55 20 93 72. ISSN : 1968-93-30. Dépôts légaux à parution. Commission paritaire en cours.
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Sommaire numéro
mars - avril 2010
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5 raisons d’être gentil. Animaux : pour vous rassurer, assurez-les.
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forme et santé Tout savoir sur la migraine. Sexo, le courrier des lecteurs. La meilleure façon de marcher. Addicts à l’alcool à 15 ans. MICI, kezaco ?
14 18 20 22 24
Beauté Beauté noire. Jeu : gagnez un séjour détente en Haute-Normandie.
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saVeur Enquête : comment mangent nos ados ?
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et aussi… Témoignage : Arnaud fait son «coming out». Une nuit avec les sans-abri. L’actualité de la science.
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en couVerture
Satya Oblette
crée une fondation pour lutter contre la pauvreté. g r a n d e ca u se nat io na l e prévenir les violences conjugales.
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XII
© Satya est habillé par Francesco smalto. Photos : Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com).
supplément
agora pour aller plus loin dans la réflexion santé.
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www.Pausesante.fr Suivez toute l’actualité de la santé en France et à l’étranger avec le fil AFP. Tous les articles du magazine et une encyclopédie médicale sont disponibles en ligne. Réagissez, partagez vos expériences et posez vos questions.
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édito
© Nicolas Loran/iStockphoto
> courrier des lecteurs RETROUVEZ L’ACTUALITÉ SANTÉ EN DIRECT AVEC L’AFP SUR WWW.PAUSESANTE.FR
DOUCE FRANCE Voici comment, à 50 ans, j’ai failli me retrouver sans papiers, une Française étrangère en France. Mon père français, vivant en Tunisie à l’époque du protectorat, y avait épousé ma mère, de nationalité libyenne. En 1956, lorsque la Tunisie accéda à l’indépendance, mon père, fonctionnaire, fut rappelé en France et ma famille s’est installée à Toulouse. Je suis née à Tunis par le simple fait du hasard�; ma mère, attachée à ce pays, avait décidé d’y passer des vacances. En février 2007, à l’occasion d’un voyage aux États-Unis pour couvrir un congrès médical international, je décide de renouveler mon passeport. Le précédent était toujours valide mais ne correspondait plus aux critères d’entrée sur le territoire américain. Il me fallait un passeport biométrique.
FA B I E N N E AT TA L I D I R E C T R I C E D E L A R É DAC T I O N
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© Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com)
redaction@pausesante.fr
En couverture : Mina, agence People, est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com), elle porte un marcel en coton homme « Sisley underwear ». Coiffure et maquillage : Kim. Directeur des publications Lucien Bennatan. Directrice des rédactions Fabienne Attali assistée de Audrey Danten. Rédaction/coordination Julie Pujol. Ont collaboré à ce numéro Luc Biecq, Maureen Chavinier, Marie-Christine Clément, Françoise Condat, Pierre Le Coz, Emmanuelle Jumeaucourt, Suzanne Kanou, Olivier Mariotte, Dominique Thiéry, Pascal Turbil, Isabelle Yaouanc.
J’allais découvrir que ce je pensais n’être qu’une simple formalité s’apparentait en fait, pour les Français nés à l’étranger, à une véritable quête du Graal. Naïvement, je rassemble tous les documents nécessaires, je me rends à la mairie de mon arrondissement, persuadée que la démarche ne prendrait que quelques minutes. Là, à ma grande surprise, l’employée de l’état civil m’annonce que mon dossier est incomplet. - Comment avez-vous acquis la nationalité française�? me demande-t-elle. Il me manque le décret de naturalisation. - Mais je n’ai pas été naturalisée, je suis née française. Mes parents sont français. - Oui mais vous êtes née à l’étranger alors il me faut un certificat de nationalité française. Ce n’est pas compliqué, il suffit juste d’aller au tribunal d’instance prouver votre nationalité sur deux ou trois générations. - Mais enfin c’est impossible, vous voyez bien que je suis française, je l’ai toujours été, voici ma carte d’identité, mon passeport, ils sont toujours valides. Mon père était un fonctionnaire français. - Je n’en sais rien, moi. Inutile d’insister je vous dis, je ne prendrai pas votre dossier. Vous comprenez,
tout le monde veut être français. On en reçoit tous les jours, nous, des étrangers qui essaient de nous tromper. D’ailleurs je vois même que votre grand-père maternel est né en Bar… en Barbarie�! ajoute-t-elle, visiblement horrifiée. Elle interpelle alors son collègue�: - Gérard, c’est quoi la Barbarie�? Tu connais ça, toi�? Sans trop me faire d’illusions, je lui explique qu’il s’agit de l’ancien nom de la côte d’Afrique du Nord et que mon grand-père est né à Tripoli, dans l’actuelle Libye. Incrédule et profondément humiliée, je sors de la mairie décidée à ne jamais céder. Je n’irai pas au tribunal mendier ma nationalité. J’appelle, très agacée, le service de presse du ministère de l’Intérieur. Huit jours plus tard, mon passeport m’attendait à la mairie. Au moment de me le délivrer, la même employée n’a pas pu s’empêcher de me reposer poliment la question�: - Est-ce que je peux vous demander comment vous avez obtenu la nationalité française�? Mon métier m’a facilité les choses mais comment font les autres�? Pas de morale à cette histoire, juste mon témoignage, une forme de contribution à l’actuel débat contesté et contestable sur l’identité nationale.
Secrétariat de rédaction Laurence Roch, Anne Ducourtial. Direction artistique Julien Imbert. Maquette et iconographie Virginie Bazot. Photo Stéphane de Bourgies. Stylisme Kevin Grattagliano. Coiffure et maquillage Kim.
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Témoignez, réagissez ! Envoyez vos courriers à l’adresse suivante : 78, boulevard de la République 92100 Boulogne-Billancourt ou redaction@pausesante.fr.
« Je me sens révoltée, meurtrie, trahie »
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on père est britannique et ma mère suédoise. Ils se sont mariés en 1948 et ont décidé de vivre en France car c’est pour eux le plus beau pays du monde. Mon père a débuté en tant que diplomate à l’OCDE en 1949 et ma mère a élevé ses enfants. Nous sommes 4 frères et sœurs, tous déclarés à notre naissance à l’ambassade britannique. Je suis née en 1963 à Bayonne et, en 1978, la fédération d’équitation a souhaité me sélectionner pour les championnats d’Europe, j’ai donc fait une demande de naturalisation qui m’a été accordée. On m’a délivré une carte d’identité. Depuis j’ai renouvelé régulièrement ma carte d’identité et mon passeport. J’ai fait toutes mes études en France, j’ai également épousé un Français, représenté la France 3 fois en équipe de France, eu 3 enfants « français », passé le concours de professeur des écoles (réservé aux Français !) et bien sûr payé mes impôts et voté quand il le fallait… Une « bonne petite citoyenne ». Au mois d’octobre, j’ai voulu renouveler ma carte d’identité et mon passeport car nous avions décidé de passer Noël à Miami, notre premier grand voyage en famille. Je me suis donc rendue à la mairie. Là on m’a annoncé qu’il me manquait un « certificat de nationalité ».
N’ayant pas ce document, je me suis rendue au tribunal de Vanves (tribunal qui m’avait accordé la nationalité française en 1978) où j’ai dû constituer un énorme dossier. Puis le tribunal m’a informée que mon dossier avait été rejeté. Il me fallait maintenant prouver mon existence en France !!! La personne au service de l’état civil m’a proposé de prouver que j’avais été scolarisée en France entre 13 et 18 ans. J’ai donc passé une journée à retrouver, à scanner et à envoyer par mail mes bulletins scolaires de la sixième à la terminale aux différents établissements afin qu’ils m’établissent un certificat de scolarité. J’ai également envoyé tous les bulletins au tribunal. Conclusion, nous ne sommes pas partis à Noël. Je ne peux pas sortir de France. Est-ce que je dois reprendre mon poste ? Si je ne suis pas française, je ne dois pas enseigner. J’ai ressorti mon passeport britannique que je n’ai pas renouvelé depuis 1995 puisque je me sentais plus française que britannique. Je crois que les Britanniques me réserveront un meilleur accueil. Tout ce temps perdu qui pourrait être mis au service de causes bien plus importantes. Cela m’a fait du bien de l’écrire, je cherchais quelque chose à faire pour décharger ma rancœur. Eileen
« Une bonne petite citoyenne. »
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« C’est mon Histoire » En 2003, j’ai voulu renouveler mon passeport qui, comme le vôtre, était toujours valide. J’avais sur moi ma carte d’identité (valide également) et le livret de famille de mes parents. Mon père et ma mère sont nés à Marseille et mon père, mineur, a dû aller travailler dans le sud tunisien. À cause de la guerre ( je suis née en 1942), ma mère a accouché en Tunisie. Donc, lorsque j’ai voulu renouveler mon passeport, on m’a obligée à me rendre au tribunal pour prouver ma nationalité. Pour cela, j’ai dû retrouver l’acte de naissance de mon grand-père paternel mort vers 1917. J’ai protesté, le hic, c’est d’être née à l’étranger. Une responsable de la mairie, ensuite consciente de son erreur (pour ne pas dire bêtise), m’a téléphoné pour s’excuser et me promettre d’accélérer les démarches. J’ai obtenu mon passeport dans les temps, mais après de nombreuses démarches (inutiles) sans parler de la colère. Une de mes amies, née dans le même village du sud tunisien, a renouvelé, sans difficulté son passeport dans une autre mairie de Lyon. J’ai pensé que, comme elle avait été mariée, cela posait moins de problèmes !!! J’ai trouvé cela très dur. Maintenant je vais hésiter à faire renouveler une pièce d’identité. Merci pour votre témoignage. On se sent moins seule. Claudine
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Un médicament des Laboratoires
Satya Oblette crée une fondation Après avoir défilé pour les plus grands noms de la mode masculine, le célèbre top model a délaissé les podiums et les objectifs des photographes pour s’engager auprès des populations les plus démunies. Pause Santé : Vous venez de créer une fondation qui porte votre nom. Satya Oblette : En acceptant d’être ambassadeur du PNUD, le programme des Nations Unies pour le développement, j’ai pris conscience du fossé qui sépare
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© Satya porte une chemise en lin rose LIN 120 % HOMME, et une écharpe en coton SISLEy. Photo : Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com).
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entretien < ProPos recueillis Par luc biecq
nos pays riches et les pays du Sud. Créer cette fondation, c’était agir encore plus concrètement pour permettre à ces pays pauvres d’assurer leur développement. L’eau notamment est un problème crucial. D’ici 2080, 1 milliard de personnes, principalement en Asie, risquent de connaître une pénurie. Notre devoir est de leur apporter la technologie qui leur permettra de dessaler l’eau de mer, de traiter les eaux usées, de gérer la sécheresse. En ce qui concerne la santé, le développement de la télé médecine et l’e-learning sont autant de pistes qui favoriseront l’accès aux soins. Les Nations Unies et les ONG locales nous aideront à évaluer et à cibler les besoins. En pratique, nous avons mis au point des containers qui ont une double fonction. Le container en lui-même peut être transformé en salle de soins ou bien en lieu Internet. Et à l’intérieur on y a installé des technologies comme un désalinisateur, une machine à charbon vert ou encore une mini-salle d’opérations.
© Chesnot/SIPA
PS : Comment allez-vous financer ces containers ? SO : Nous sommes en train de lever des fonds et je profite d’ailleurs de cette tribune pour faire appel à la générosité des entreprises quel que soit leur secteur d’activité. Ces fonds sont destinés à payer la fabrication et le transport de ces containers. Sur place, pour permettre leur acquisition, nous souhaitons favoriser l’autonomie des populations en développant le micro-crédit quand ce sera possible.
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PS : Vous êtes Numéro d’urgeNce européeN également Le 112 est accessible dans tous les pays d’europe présent dans une gratuitement à partir d’un téléphone portable (quel que grande opération soit l’opérateur) ou d’un téléphone fixe 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il permet de contacter tous les qui relaie le services d’urgence en cas d’accident, d’agression, lancement d’une de maltraitance, d’incendie… carte Premier Lancée le 11 février dernier, cette carte permet d’avoir secours 112. toujours sur soi les informations nécessaires SO : Effectivement, à l’intervention des secours. Identité, personne nous allons fêter les à contacter, traitements éventuels, groupe sanguin, 10 ans de la mise en coordonnées du médecin traitant… place de ce numéro, mais seulement 22 % des Français connaissent son existence. Le pilote mon alimentation, je consacre aussi du automobile Paul Bourion, très sensibilisé temps à ma forme, été comme hiver. Je aux problèmes de prévention et d’édusuis inscrit dans une salle à Paris. Je cours cation routière, vient de créer une carte sur un tapis et je réveille mes muscles avec Premier secours 112. J’ai décidé de l’aider des appareils de musculation. Je prends à faire connaître cette belle initiative. aussi des cours de hatha yoga et de Pilates. C’est une discipline très physique PS : On le voit, l’engagement qui permet de travailler la respiration et la humanitaire a toujours été important résistance musculaire. J’en ai besoin, c’est pour vous. là que je trouve mon équilibre. Et pour SO : Je suis un homme dans la cité, répondre plus précisément à votre question j’ai conscience de mes responsabilités. perfide, je ne sais plus qui disait « C’est le Jusqu’ici, je me suis engagé pour soutenir devoir de chaque homme de rendre au des causes qui me semblaient peu moins autant qu’il a reçu ». C’est ce que connues du grand public et qui avaient j’essaie modestement de faire. l besoin d’être médiatisées. Mon combat avec SOS hépatites, mon rôle auprès de Pour le croiser l’Onu, m’ont beaucoup appris. C’est ce long cheminement qui m’a permis de studio de yoga et Pilates, prendre conscience des besoins immenses. espace saint-Louis, J’ai maintenant envie d’en faire plus, c’est 51-53 rue saint-Louis en l’Île, Paris iVe. www.espace-saint-louis.com la raison pour laquelle je crée la fondation Satya Oblette. studio de Pilates, PS : C’est une facette surprenante de votre personnalité que vous dévoilez davantage aujourd’hui. Le public connaît moins l’homme engagé que l’icône de la beauté masculine… SO : Je déteste ce mot, je le trouve agressif. Vous savez, je fuis tout ce qui est artificiel, je ne mets pas de crème sur le visage tous les jours. En revanche, je surveille
espace Pilates Boulogne, 53 rue de Paris, Boulogne-Billancourt. www.pilates-boulogne.com club de sport urbain, usine opéra 8 rue de la michaudière, Paris iie. www.usineopera.com Péniche bar-restaurant, La Balle au Bond, 12 quai de la tournelle, Paris Ve. www.alaballeaubond.com
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> CARNET DE SANTÉ
Be gentil,
par pascal turbil
be happy !
Il semblerait que la maxime s’applique également à la générosité. Voici 5 raisons d’être bon et altruiste.
La gentillesse, c’est tout bénéf Vous voulez réussir dans la vie ? Soyez gentils ! Selon le cancérologue suédois Stefan Einhorn, la gentillesse est un facteur déterminant de réussite. Il déclarait dans les colonnes du Monde le 26 décembre dernier : « Les études scientifiques ont montré qu’il existe plusieurs bénéfices à être gentil. Quand vous faites une bonne action, vous activez une zone liée au plaisir dans le système mésolimbique du cerveau, la même que celle qui est activée par la bonne nourriture et le sexe. » l’art d’être bon, Stefan Einhorn, éditions Belfond.
© 2010 Masterfile Corporation
plus de bénévoles, moins de dépressifs
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En donnant de votre temps, vous soulagez la détresse ou la misère des autres mais vous protégez également votre état de santé et votre bien-être. Toutes les personnes interrogées, membres d’associations caritatives, obtiennent des scores supérieurs à la moyenne en ce qui concerne l’évaluation de leur qualité de vie. plus heureuses, moins dépressives, ces personnes vivraient plus longtemps et seraient moins concernées par certaines maladies, notamment la maladie d’alzheimer. « patients with alzheimer’s disease have reduced activities in midlife compared with healthy control-group members », par R.P. Friedland dans proceedings of the National academy of sciences, 2001.
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carnet de santÉ < Pardonner, c’est bon pour le cœur Je pense aux autres, je pense à moi Ouvrez-vous aux autres, ce ne sera jamais du temps perdu. C’est en étudiant des enfants scolarisés que des chercheurs ont étayé leur démonstration. À niveau scolaire égal, ceux qui aidaient les élèves en difficulté obtenaient, deux ans plus tard, de meilleures notes que ceux qui ne travaillaient que pour eux-mêmes.
Sachez passer l’éponge. Au début de la décennie, des scientifiques ont demandé à 71 victimes d’un délit de cultiver la rancune envers leurs agresseurs. Ils devaient penser à leurs blessures, à leurs douleurs. Chez tous les sujets, les examens médicaux l’ont prouvé : les battements du cœur se sont accélérés et la tension artérielle a augmenté. Ils ont par la suite travaillé sur le pardon en leur cherchant des excuses. Résultat : leur stress a été automatiquement diminué. Psychological Science en 2001.
Donner rend plus heureux C’est l’anthropologue Marcel Mauss qui l’affirme : « Donner crée une dette et engendre un cercle vertueux. » Le don s’accompagnerait, en effet, de l’obligation de recevoir. Mieux, en étant généreux, on fait plaisir aux autres, mais on renforce aussi l’estime de soi. Des chercheurs canadiens ont ainsi démontré qu’à revenu égal les gens qui donnent sont plus heureux que les radins. Université de Colombie-Britannique (Vancouver) et Harvard Business School, 2008 Science.
« Prosocial Behavior » de Hans-Werner Bierhoff, Psychology Press, 2002.
Publi-rÉdactionnel
Le conseiL de ReUnicA Faites des économies grâce à votre complémentaire santé
RencontRe : Anne-LAure, 25 Ans, rentre DAns LA vie Active et Doit choisir sA mutueLLe
La Santé est l’affaire de tous et chacun redouble d’efforts pour qu’elle lui revienne le moins cher possible. Réunica vous dévoile trois astuces pour que votre complémentaire santé vous coûte moins cher.
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Et en cas de coup dur… une réserve d’argent ! La solidarité « coup dur » est une aide financière (entre 200 et 1 000 €) qui complète le remboursement de la mutuelle. Elle permet de prendre en charge plus complètement une dépense santé en cas d’événement difficile (hospitalisation de longue durée, gros soins dentaires…). Encore une bonne astuce pour faire face à des dépenses imprévues ! Anne ROSIER anne_rosier@reunica.com
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animaux
Pépette s’assure © 2010 Masterfile Corporation
51% des foyers français possèdent au moins un animal de compagnie, mais 2% seulement de ces animaux sont assurés contre 80% en Suède.
Pépette rassure ses maîtres Pour ce qui est des tracas du quotidien et autres aléas (Pépette brise un vase chez votre meilleure amie, Minette se fait les griffes sur le canapé), la responsabilité civile et l’assurance du propriétaire demeurent le recours. C’est donc essentiellement pour couvrir ses frais de santé que Pépette doit être assurée. Car les frais vétérinaires, en raison de l’évolution des techniques, sont de plus en plus élevés, qu’il s’agisse d’un petit bobo, d’un accident ou de soins lourds. Assurer son animal permet donc de réduire les dépenses restant à votre charge.
La facture de la fracture s’élève à 480 €. Avec une assurance haut de gamme (Premium), entre 400 et 500 €, tous les frais seront remboursés, à l’exception d’une franchise (entre 20 et 30 € selon les assureurs). › Pépette se promène en forêt en période de chasse. Elle essuie un malencontreux tir de chasseur dans la cuisse. Les microfractures et les soins de la plaie reviennent environ à 430 €. Si Pépette est bien assurée, ses propriétaires ne s’acquitteront que des frais de franchise, 24 € en moyenne (www.santevet.com). › Pépette avale un os de poulet qui entraîne une occlusion intestinale et une intervention chirurgicale d’urgence. Grâce à l’assurance, son maître est remboursé 694 € pour 750 € de frais (www.anilife.fr).
Le prix de l’assurance Cas d’école
› Lors de sa promenade quotidienne, Pépette échappe au contrôle de son maître. Elle traverse la chaussée et, malheur, elle se fait renverser. Le pire est évité, mais sa patte est cassée. Direction le premier vétérinaire disponible qui effectue les radios de contrôle, lui administre des antibiotiques, pose un pansement et une attelle. 12
Il faut compter entre 170 et 450 € par an pour un chien et entre 140 et 350 € pour un chat. Selon les formules choisies, les frais de santé pourront être remboursés en cas d’accident ou de maladie à hauteur de 50 % par an, plafonné à 1 100 € ; 70 %, plafonné à 1 500 € ou 100 % plafonné à 2 200 € par an. Dans tous les cas, l’animal devra avoir entre 3 mois et 5 ans au moment de la souscription. l
par Pascal turbil
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« Cat Indoor » Une formule spécialement conçue pour les chats d’intérieur. Même s’ils prennent moins de risques que les chats qui gambadent dehors, ils sont néanmoins sujets aux risques domestiques : coupures, brûlures, intoxications alimentaires, allergies aux plantes, aux produits ménagers, surpoids, affections ostéoarticulaires, respiratoires, digestives ou cardio-vasculaires. Il existe aujourd’hui une formule « allégée » qui rembourse 100 % des frais vétérinaires à moins de 10 € par mois (118,80 € par an).
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L’association l’Elan retrouvé, qui aide les malades psychiatriques à se réinsérer, crée une radio entièrement présentée par des patients. Le projet s’inspire de l’émission argentine Colifata, qui rassemble aujourd’hui près de sept millions d’auditeurs. Les programmes humoristiques et décalés proposent un point de vue différent sur la maladie. A écouter sur www.radiocitron.com.
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Migraine Ne vous prenez plus la tête !
par EmmanuEllE jumEaucourt
sur la qualité de vie sont réels. » Les crises sont en effet parfois si violentes que 16 % des migraineux sont forcés de cesser toute activité. Ce que confirme Sophie, 33 ans : « Quand une crise s’invite, je ne supporte plus rien. J’arrête de travailler et je me couche dans le noir, au calme. »
Peut-on identifier les causes ? Suis-je un sujet à risque ? La migraine touche 21,3 % de la population française, des femmes pour les trois quarts, principalement entre 30 et 44 ans. Le docteur Michel Lantéri-Minet, président de la Société française d’étude des migraines et céphalées, estime que « ces chiffres sont sensiblement identiques dans les autres pays ». Le facteur héréditaire entre en compte, puisque d’après le docteur Valade, chef du Centre d’urgence céphalées de l’hôpital Lariboisière à Paris, 60 % des patients ont des antécédents familiaux.
Quels sont les symptômes ? Classée au 19e rang des maladies les plus invalidantes par l’Organisation mondiale de la santé, la migraine se distingue du simple mal de tête par une violente douleur pulsatile, battement ou martèlement, ancrée d’un seul côté de la tête mais pouvant s’étendre au côté opposé. Elle s’accompagne souvent d’autres symptômes (nausées, vertiges, intolérance à la lumière ou au bruit). « La migraine, c’est comme une tornade, prévient le docteur Valade. Elle attaque rapidement, en général sans signes d’alerte, et ses impacts
Ce désordre neurologique chronique est dû à une perturbation des vaisseaux de la méninge. Un facteur déclenchant extérieur provoque une dilatation des nerfs qui les entourent, causant ainsi une très forte douleur. Les facteurs déclenchants sont multiples et propres à chacun : stress et fatigue bien sûr, efforts physiques ou intellectuels importants, mais aussi allergie à certains aliments (fromage, chocolat), jeûne, variation climatique, ou même l’odeur de certains parfums. Chez les femmes, il faut encore noter, comme l’explique le docteur Lantéri-Minet, l’influence de « la chute d’œstrogènes précédant les règles. La moitié des femmes atteintes de migraines constatent à ce moment-là des crises plus fréquentes et 10 % d’entre elles en ont exclusivement à cette période. »
adresses www.sosmigraine.com www.migraineenteteatete.com
Existe-t-il des complications ? 20 % des migraines s’accompagnent de phénomènes sensoriels regroupés sous le nom « d’auras ». Dans le cas des auras ophtalmiques, le champ de vision est traversé de scintillements ou de lignes lumineuses. On peut aller jusqu’à des cécités provisoires de l’un des deux yeux, ou de la moitié, gauche ou droite, de chaque œil. Une céphalée de tension vient parfois s’ajouter à la migraine occasionnant un état de mal migraineux, bien plus long
5 astuces anti-migraine 1. Posez un gant froid sur la tempe en cas de crise. 2. Buvez un café ou un soda en début de crise. La caféine peut réduire l’intensité de la douleur ou la faire disparaître. 3. massez la veine temporale pour un soulagement temporaire. 4. stimulez le point anti-migraineux (situé dans le creux de la main entre le pouce et l’index) avec le pouce de l’autre main, en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. 5. Prenez un anti-nauséeux avec le traitement de crise. Source : association France Migraine
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Maladie bénigne mais handicapante, la migraine est souvent négligée. Quelles sont ses causes, comment la reconnaître et comment la traiter ?
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TesT
êtes-vous migraineux ? Les mAux de tête durent : A - de quelques heures à quelques jours. B - Quelques minutes seulement. Au cours de votre vie, vous Avez eu : A - Plus de 5 crises. B - moins de 5 crises. LA douLeur se situe : A - d’un seul côté. B - dans toute la tête. est-eLLe PuLsAtiLe ? A - oui. B - non. Augmente-t-eLLe à L’effort ? A - oui. B - non. LA considérez-vous comme : A - forte ou très forte. B - moyenne ou faible. s’AccomPAgne-t-eLLe de nAusées ou de vomissements ? A – oui. B – non. Lors de LA crise, Avez-vous du mAL à suPPorter Le Bruit et/ou LA Lumière ? A - oui. B - non. Vous avez une majorité de A : vous êtes peut-être migraineux. n’ayez pas recours à l’automédication, consultez un médecin sans tarder. il fera un examen approfondi et pourra vous prescrire un traitement approprié. Vous avez une majorité de B : vous n’êtes pas migraineux, seulement confronté à des céphalées. demandez conseil à votre médecin pour vous en assurer et trouver l’origine de ces maux de tête.
NOUVEAU
un traitement de fond vise Dans la famille des triptans (molécule rizatriptan), un nouà réduire la veau traitement vient d’être mis sur le marché sous forme de fréquence, comprimés. Il se prend sans eau et se dégrade en quelques l’intensité et secondes au contact de la salive. Recommandé pour la mila durée des graine accompagnée de nausées, il permet également d’éviter crises ». Pour la possible aggravation des maux gastro-intestinaux. soulager une migraine, il est important de consulté et ignorent que des traitements prendre son traitement sans attendre. existent et « près de 40 % ne retournent « Pris dans l’heure qui suit le début de pas voir le médecin après une première la crise, il calme la douleur rapidement. » consultation ». Beaucoup estiment, Par ailleurs, le docteur Lantéri-Minet à tort, que les médicaments en vente libre précise qu’il est désormais possible suffisent à traiter la douleur, d’où une d’associer les triptans aux anti-inflammaautomédication importante, inefficace, toires non stéroïdiens. En effet, selon et des crises à répétition. une étude américaine publiée en 2007,
Il existe une quarantaine d’anti-migraineux dont le champ d’action s’étend du traitement de crise au traitement de fond. Le docteur Marc Schwob, neuropsychiatre et président de l’association France Migraine, ajoute que la prise en charge est d’autant plus problématique que « d’une part, de nombreux patients pensent que la douleur est incurable et que, d’autre part, certains médecins ne savent ni la traiter ni délivrer les bonnes informations. Pour être efficace, un traitement doit être suivi entre 9 mois et un an, mais on l’interrompt souvent trop tôt. » C’est une erreur : si on ne sait pas guérir la migraine, on peut la soulager.
Pourtant, elle se soigne que la migraine. À noter : le fort abus d’antalgiques peut entraîner des céphalées paradoxales, longues et difficiles à traiter. Enfin, il semblerait que la migraine soit un facteur de risque cardio-vasculaire (infarctus du myocarde, angine de poitrine…).
Une mauvaise prise en charge En France, selon le docteur Valade, 80 % des migraineux ne sont pas suivis. 30 à 45 % n’ont tout simplement jamais 16
Il existe une quarantaine d’antimigraineux, dont le champ d’action s’étend du traitement de crise (triptans, antalgiques…) au traitement de fond : bêtabloquants, anti-épileptiques… Le docteur Lantéri-Minet explique que « le premier soulage la céphalée lorsqu’elle est encore peu sévère ; le second intervient si la qualité de vie est altérée malgré le traitement de crise, ou si le patient abuse de ce dernier. Sur le long cours,
une prise simultanée offrirait un soulagement plus rapide de la douleur. Il porte également ses espoirs sur le développement des anti-CGRP, molécules qui se fixent sur les récepteurs du cerveau afin d’éviter la vasodilatation à l’origine de la douleur. Particulièrement destinées aux personnes âgées ou à risque vasculaire élevé, elles seront disponibles en 2011. Enfin, le docteur Valade rappelle la nécessité d’une hygiène de vie équilibrée. « Le patient doit vivre dans un endroit très calme, manger, se lever et se coucher à heures fixes, ne pas se trouver en hypoglycémie et éviter les siestes. » Responsabiliser le patient, poser un bon diagnostic et encadrer le traitement permettront donc de mieux soigner. Mais aussi de réduire le coût élevé de la maladie (scanners et examens non justifiés) qui, d’après le docteur Schwob, serait équivalent à celui d’une épidémie de grippe. l Sources : étude FRAMIG 3 de 2005, enquête de la DRESS 2002 et recommandations 2006 de la Haute autorité de santé.
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interactif <
Amour, désir, plaisir…
Nos experts répondent à vos questions par Pascal Turbil, a v e c l e d o c T e u r s y lva i n M i M o u n *
plaisir longue durée Prise de… tête Je suis un de vos fidèles lecteurs et j’ai pensé que vous pourriez répondre à mes questions. J’ai 26 ans et, depuis près de 2 ans, je suis en couple avec une jeune femme de 22 ans. Je suis son premier véritable petit ami, alors que moi, j’ai déjà eu une vie amoureuse. Depuis que nous sommes ensemble, tout se passe à merveille. Au cours de notre première année de vie commune, il m’est arrivé d’avoir des pannes pendant un mois, mais grâce à l’aide de mon amie et celle d’un médecin nous avons réglé ce problème. nous faisons l’amour plusieurs fois par jour. J’ai constamment envie d’elle et ce désir est réciproque.
nous traversons parfois des baisses de désir, que nous mettons sur le compte de « trop de sexe ». nous nous abstenons alors d’avoir des relations sexuelles pour laisser revenir le désir… néanmoins, je suis confronté à une envie terrible d’avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes. Pourtant, je ne veux pas tromper mon amie. est-ce que la manière dont nous gérons les baisses de désir est judicieuse ? Y a-t-il un risque que notre désir s’amenuise et que cela détruise notre couple ? enfin, comment puis-je régler ce problème d’envies extraconjugales, sachant que je veux garder mon amie pour la vie ? (Jérôme, Marseille)
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Cher Jérôme, Il semble que vous ayez une sexualité épanouie et réussie. Le conseil du sexologue serait : « Ne vous prenez pas trop la tête ! » Vous gérez très bien votre sexualité. Vous avez déjà pris l’initiative de consulter, vous êtes donc visiblement très impliqué. Concernant les baisses de désir, elles sont entièrement normales, surtout lorsque, comme vous, on est parti sur des bases importantes. C’est à vous deux d’entretenir l’envie qui vous dévore. Pour ce qui est de vos tentations « extérieures », elles posent la question du désir et de l’amour. Il s’agit d’un choix qui appartient au couple. Toutes les options comportent des avantages et des inconvénients. Assouvir tous ses désirs et toutes ses pulsions expose au risque de ne plus savoir où l’on en est vraiment. Certains couples pensent avoir trouvé la solution en ouvrant les portes, mais beaucoup de personnes ont du mal à partager. Et dans ces cas de figures, si les deux partenaires ne sont pas en parfaite harmonie, le couple ne tarde pas à voler en éclats. l
Pour la première fois, j’ose évoquer ce problème qui me poursuit depuis des années. Lors de mes rapports sexuels, je jouis assez vite. si vite que ma partenaire n’est souvent pas satisfaite et que cela nuit gravement à notre couple. J’aimerais savoir ce que je peux faire pour retarder mon orgasme et la combler. (Anthony, Pontault-Combault)
Cher Anthony, Sachez que vous n’êtes pas seul. Il s’agit d’un cas d’éjaculation « rapide », autrefois appelée « précoce ». Un problème qui touche un homme sur trois et qui se traite parfaitement. L’éjaculation rapide est un réflexe conditionné, dont l’anxiété est un symptôme. Certains médicaments, notamment des anti-dépresseurs, ont pour effet secondaire de retarder l’éjaculation. Des crèmes anesthésiantes (en pharmacies) ou des préservatifs enduits de gel anesthésiant peuvent aussi fonctionner. Tout cela en attendant des médicaments spécifiques qui doivent arriver sur le marché en 2010 ou 2011. Un andrologue ou un sexologue peut également vous suggérer des exercices corporels et respiratoires qui s’avèrent souvent très efficaces. l
À lire Les deux ouvrages Sexe et sentiments, version hommes et version femmes, par le docteur sylvain mimoun et rica étienne aux éditions Albin michel.
* Gynécologue et andrologue, Sylvain Mimoun est directeur du centre d’andrologie de l’hôpital Cochin.
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POUR GARDER LA fORmE < Facile, pratique, la marche urbaine se structure et s’impose aujourd’hui comme une activité de bien-être et de remise en forme.
Côté santé, la marche réduit la pression artérielle, le taux de mauvais cholestérol, l’anxiété et elle ralentit la perte osseuse causée par l’ostéoporose. Enfin, elle augmente la capacité respiratoire.
par Pascal turbil
Tout est dans la chaussure L’accessoire de base du Ma salle de sport, c’est la rue marcheur urbain reste la La marche urbaine s’adresse à tous. chaussure. Il s’agit souvent L’âge, la tenue vestimentaire ou le niveau d’une chaussure hybride de performance n’ont aucune importance. pouvant se porter avec C’est le minimum de marche active recommandé Il s’agit simplement de progresser en une tenue de ville, mais pour une bonne hygiène de vie (avec un miniévoluant à pied dans sa ville. Le trajet suffisamment souple et mum de 10 minutes d’affilée). Les Français sont domicile-bureau est généralement la sportive pour accepter les loin du compte. Ils passent 4 h 45 par jour assis* première étape. Le marcheur urbain kilomètres. Un modèle qui et ne marchent 10 minutes d’affilée que 4,5 fois s’invente ensuite d’autres trajets qu’il se développe et qui n’est dans la… semaine. 12 % d’entre eux déclarent évalue en temps : une demi-heure pour pas forcément hors de même ne jamais marcher 10 minutes de suite. aller au bureau, une heure pour traverser prix. Une grande chaîne * Source : Eurobaromètre Health & Food. la ville d’est en ouest… La rue devient de distribution d’articles une aire de bien-être et de loisir où le sportifs propose une gamme Des bénéfices multiples marcheur découvre son environnement Botna à partir de 13 € la paire. Reste la La marche permet d’affiner la silhouette. et, surtout, améliore sa forme. version américaine : tailleur-baskets. Pas Elle brûle presque autant de calories toujours glamour, mais confortable. Une D’un pas léger que le jogging. En courant 30 minutes marque (Shape-Ups) s’est engouffrée dans Marcher en ville ne nécessite pas d’entraîà 8 km/h, vous brûlez environ 285 calories. le créneau de la marche urbaine avec nement et n’exige pas, au début, d’effort En marchant 30 minutes à 6,5 km/h, des chaussures spécialement adaptées. physique intense. Des études ont montré vous brûlez 165 calories sur une surface Efficaces, mais plus chères (à partir de 120 €). qu’en raison de la constitution de notre plane, 225 calories sur une pente de 5 % Un mouvement éco-citoyen corps marcher est plus naturel que s’asd’inclinaison et 360 calories sur une pente La liste des métropoles européennes seoir, se tenir debout ou courir et exerce de 10 %. En outre, la marche fortifie (Londres, Copenhague, Paris, Barcelone, moins de pression sur le corps. Par ailleurs, le dos, améliore votre position, amincit Lisbonne, Bilbao…) qui misent sur la marche ne force pas sur les articulations. la taille raffermit les fessiers, les cuisses, la promotion de la marche urbaine L’impact du choc causé par les pas de les mollets et la ceinture abdominale. s’allonge chaque jour. Le phénomène course est équivalent à 3 à 4 fois le poids Une liste de bienfaits que l’on peut encore gagne les États-Unis et New York se met du corps, alors que le choc subi lors de la allonger en marchant les fesses serrées et au diapason des « villes marchables », marche est de 1,5 fois seulement. en rentrant le ventre. une véritable lame de fond portée par le bouleversement des modes de vie. C’est ainsi que de nombreux colloques* sont régulièrement organisés pour définir une politique de la ville qui réponde à Les propriétaires de chiens marchent davantage que les des finalités multiples : préserver le climat, conserver le patrimoine, promouvoir autres. Deux fois plus pour être précis. Grâce à la promenade la santé, la culture et le lien social. l évidemment (deux fois 20 minutes par jour en moyenne).
30 minutes par jour
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le saviez-vous ?
Quand vous promenez Pépette, vous marchez en moyenne 9,3 kilomètres par jour* contre moins de la moitié pour ceux qui ne possèdent pas de compagnon à quatre pattes. * Source : Fédération canine du Royaume-Uni.
* « les territoires du moi : aménagements matériels et symbolique de la marche urbaine », Yves Winkin en collaboration avec Sonia Lavadinho. Étude consultable sur www.unige.ch.
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addicts à l’alcool à 15 ans La consommation excessive d’alcool touche de plus en plus les jeunes, voire les très jeunes. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme.
par Pascal Turbil
Adresses
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vec aujourd’hui 13,1 litres d’alcool par an et par personne en moyenne contre 27,4 litres par habitant en 1960, on pourrait considérer que le phénomène régresse. En réalité, c’est le mode de consommation qui évolue. Certains ne boivent plus du tout et d’autres boivent trop, et de plus en plus tôt. Selon l’enquête Espad réalisée en 2003, les premiers verres se boivent à 12 ans, 70 % des garçons ont déjà bu à cet âge. Les ados ont fait du binge drinking (alcoolisation express) un mode de vie, voire de reconnaissance. Peu sensibles aux messages 22
de prévention délivrés par les adultes, ils restent néanmoins plus attentifs lorsque les jeunes parlent aux jeunes. Dans ce registre, le livre d’Élodie Conte Mon premier verre, alcoolique à 12 ans est exemplaire. La gamine de Châteaudun (Eure-et-Loir) explique comment elle a commencé avec quelques bières et fini par s’injecter directement dans le sang des seringues de Pastis, de vodka ou de whisky. Sept ans plus tard, elle s’en est miraculeusement sortie et intervient dans les collèges et les lycées pour informer les jeunes des dangers de l’alcool… >>>
Lorsqu’il est question de venir en aide à une personne alcoolique, il faut trouver la formule adaptée. La maladie reste honteuse, notamment chez les femmes et, comme souvent, le premier pas est le plus difficile à franchir. ces sites abritent des spécialistes de la maladie et surtout de la parole.
www.acte-now.com www.inpes.sante.fr www.alcooliques-anonymes.fr www.thebinge-lefilm.com www.esense2-study.org www.2340.fr www.drogues-info-service.fr www.aphp.fr
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agora* la santé, ça m’intéresse
Cette fresque de Raphaël, L’École d’Athènes (1 509-15 10), se trouve au musée du Vatican. Elle rassemble Socrate, Platon et Aristote qui tient en main L’Éthique.
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Véritable cœur de la cité, l’agora était dans l’Antiquité grecque bien plus qu’une simple place du marché. À Athènes, elle abritait de nombreux bâtiments publics, et c’est là que les citoyens se retrouvaient quotidiennement pour discuter avec leurs amis, débattre des affaires de la cité ou même, tel Socrate, philosopher.
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ComIté de déontologIe Composé de médecins, de politiques, d’enseignants, de juristes et d’une psychanalyste, notre comité se passionne pour les débats liés à la santé. Il posera un regard indépendant et constructif sur le contenu de ce magazine.
la santé, ça m’intéresse
POur Aller PluS lOIn DAnS l A réflexIOn Sur lA SAnTé > Magistrat et spécialiste du droit international, Christian Byk a rencontré la bioéthique « par hasard ». Depuis plus de 20 ans, il contribue à la géopolitique de la bioéthique à travers l’association internationale droit, éthique et science (www.iales.org).
Sommaire
> Geneviève Delaisi de Parseval est psychanalyste, enseignante et essayiste. Elle est membre associé des principaux centres d’éthique biomédicale dans le monde.
III
Bioéthique, faut-il autoriser la procréation post-mortem ? rubrique dirigée par Valérie Sebag
VI
Politique de santé la tribune d’Olivier Mariotte
X
Les violences conjugales, grande cause nationale 2010 par Julie Pujol
XII
RéAgiSSEz, témoignEz SuR www.PAuSESAntE.fR
www.PauSESaNtE.fr Sur www.pausesante.fr, suivez avec l’AfP toute l’actualité de la santé en france et à l’étranger. les brèves sont actualisées en continu. Tous les articles du magazine et une encyclopédie médicale sont également disponibles en ligne. n’oubliez pas de réagir, de partager vos expériences et de poser vos questions.
II
> ancien directeur général de la Santé, William Dab est médecin, docteur ès sciences et professeur titulaire de la chaire Hygiène et Sécurité du CNaM. Il est l’auteur de 4 livres, dont un « Que sais-je ? » intitulé Santé et environnement, et d’une centaine de publications scientifiques. > Olivier Mariotte est médecin. après avoir exercé des fonctions marketing dans des entreprises du médicament, il a pris la direction des affaires économiques et publiques du laboratoire Schering-Plough. Il vient de créer « nile », une agence conseil dédiée aux acteurs de santé. > Pharmacien, Philippe Minighetti a suivi des cursus en nutrition, orthopédie, oncologie, et a travaillé sur la prise en charge des patients stomisés. Enseignant, il participe à de nombreux congrès. > Valérie Sebag est juriste et maître de conférences en droit privé. Spécialiste de l’encadrement de la biomédecine, elle a rédigé de nombreux articles sur le statut de l’embryon et la gestation pour autrui. > Didier Tabuteau est conseiller d’État et responsable de la chaire santé à Sciences-Po. Il est également directeur général de la fondation Caisses d’Épargne pour la solidarité. Il a été deux fois directeur du cabinet du ministre de la Santé.
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La PaSSiOn aMOureuSe à L’éPreuVe de La PSychanaLySe par Paul-laurent aSSoun
> Alain-Michel Ceretti a créé l’association Le Lien, qui lutte contre les infections nosocomiales. Il est aujourd’hui conseiller santé auprès du médiateur de la république.
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LA MALADIE D’AMOUR LA PASSION AMOUREUSE À L’ÉPREUVE DE LA PSYCHANALYSE La passion amoureuse devrait-elle s’envisager comme une maladie ? Après tout, l’usage courant de l’expression « maladie d’amour » peut le laisser croire.
e que la psychanalyse montre, c’est que le symptôme névrotique porte à ce que désigne l’expression « l’amour refoulé ». Mais, dans l’autre sens, un sujet amoureux – sujet à cette passion qui semble naturellement liée à l’inclination entre les sexes – ne peut-il être envisagé en quelque sorte comme « malade » ? L’état amoureux n’est-il pas abordable comme une sorte d’état maladif momentané ? L’amour traduit certes a priori une forme de santé pulsionnelle et désirante, c’est plutôt l’impossibilité d’aimer qui ferait symptôme. Mais il convient de considérer de plus près cette forme d’amour « pas ordinaire » qui s’appelle « l’amour fou », ou encore la passion amoureuse en ses manifestations paroxystiques.
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C Paul-Laurent Assoun est psychanalyste et professeur à l’université Paris VII.
Une fièvre nommée amour : un « état toxique » ?
Décrivons donc le phénomène passionnel d’un œil clinique. De façon brutale, à la façon d’un épisode fébrile, un sujet voit ses pensées absorbées et ses actes satellisés par un autre. Il arrive que le sujet devienne amoureux avant même de s’en apercevoir. Ainsi Swann, le héros proustien d’À la recherche du temps perdu, commence-t-il à entendre, dans les sons d’une certaine sonate, les premiers coups d’annonce d’un sentiment naissant pour son Odette.
On dit d’ailleurs « tomber amoureux » comme on dit « tomber malade », comme si l’on chutait dans l’état amoureux comme dans l’état morbide. Une fois la passion déclenchée, elle semble suivre inexorablement son cycle, à la façon d’un processus physiologique pathologique. Le sujet néglige à l’occasion ses tâches et devoirs quotidiens, se néglige lui-même, bref « il ne jure que par » l’autre aimé qu’il place au-dessus de tout. On comprend que la mythologie ait décrit Éros comme ce dieu farceur décochant ses flèches au hasard. Mieux, l’état passionnel semble comparable à un état toxique. Ce n’est pas un hasard si, dans l’histoire de Tristan et Iseut, un certain « philtre d’amour » est censé jouer un rôle, à la fois déterminant et mystérieux, dans le déclenchement de cette attraction irrésistible et fatale entre les deux êtres. Les amoureux passionnés s’adonnent à une commune ivresse, comme s’ils avaient absorbé à leur insu un breuvage. Ils semblent si soudainement épris que l’on suppose l’action secrète d’une substance mystérieuse. Un objet idéalisé : l’amour aveugle
La psychologie de l’amour se heurte à l’énigme que constitue le choix de l’objet d’amour. Pourquoi tel est-il aimé, préféré à tout autre ? Les mérites – physiques et moraux –
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p s ycha na ly s e
ne su’sent pas à déclencher lflamour. On nflaime pas quelquflun pour ses mérites, qui ne peuvent fonder quflune estime. Lflamour va au-delà de la perception objective des « qualités » de lflautre aimé. Le langage courant dit à juste titre que « lflamour est aveugle ». Une fois quflil lfla « élu », lflamoureux semble « magniffier » lflobjet aimé, lui prêter un éclat particulier – quflà la limite lui seul perçoit. Ce nflest pas parce quflil est jugé beau et bon que lflautre est aimé, cflest parce quflil est aimé quflil est paré de toutes les grâces et vertus. Il ne faut pas sflétonner que la psychanalyse parle d’ « objet » aimé – plutôt que de « personne ». Il faut comprendre que la personne réelle, en chair et en os, occupe la place dflun objet (précieux) dans lflinconscient. Il sflagit de détecter de quelle nature est cet « objet ». Le fantasme à l’œuvre
La « psychologie de lflamour » freudienne peut nous permettre dflavancer en soulignant que lflamour consiste à mettre en consonance son « fantasme » avec un « objet » extérieur, un « autre-objet ». Autrement dit, lflamour se déclenche quand, pour un sujet, se fait la rencontre entre quelquflun (« un autre-objet ») dehors et ce « dedans » que lflon appelle
de frustration, si le sujet ne disposait de ces refuges fantasmatiques – ceux-ci étant élaborés dans le contexte originaire des premiers objets dflamour que lflon réfère au « complexe dflŒdipe ». Ce détour est nécessaire pour obtenir une déffinition de lflamour. Le sujet tombe amoureux pour de bon quand il croit retrouver dans un objet présent, en son histoire actuelle, le retour dflun objet aimé de lflorigine, sous une forme nouvelle. Cflest lflillusion poignante de lflamour. Le « choix dflobjet » dflamour obéit donc à des critères aussi précis que mystérieux. Précis, parce quflarchivés dans lflhistoire du sujet, mystérieux parce que le sujet en a perdu la mémoire. Cflest pourquoi lflamoureux le plus passionné ne peut rien dire du « pourquoi » de son attirance – il nflen a dflailleurs cure, lflétat amoureux su’sant amplement à lfloccuper. Le « miracle de lflamour » est que le sujet est pris à la fois dans lflactualité la plus poignante et – à son insu – dans le passé le plus immémorial. Au fond, à bien lflexaminer, le fantasme nflest pas fait pour se réaliser, mais pour soutenir – imaginairement – le désir. Or, dans lflamour réel, le fantasme est actualisé, puisque connecté à un objet réel – dfloù lflimpression euphorique chez lflamoureux dflun accomplissement de son fantasme. La personne aimée
L’amour va au-deLà de La perception objective des « quaLités » de L’autre aimé. fantasme. Le fantasme, qui désigne dans le langage courant une vague imagination, remplit une fonction précise. Le fantasme est en psychanalyse cette formation psychique qui sert à soutenir le désir. Cflest dans ce « jardin secret » ou plus précisément dans cette « réserve naturelle » que chacun abrite ses objets secrets. Après que le sujet a refoulé, il met en quelque sorte à lflabri ses objets privés et inavouables. Le fantasme est donc cette fonction dflindemnisation au renoncement pulsionnel, sorte de « prime de consolation ». Le monde serait invivable, avec ses sources
IV
devient porteuse du fantasme de lflamoureux, on peut dire quflelle lflincarne. Dfloù aussi le fait que celui-ci « nflen croit pas ses yeux » comme si le fantasme trouvait dans lflobjet réel une « réalisation » inespérée. Le « coup de foudre »
Le vécu de « coup de foudre » – « l’amour au premier regard » – signale l’éclosion spontanée de la passion. Le sujet semble recevoir en un instant la révélation d’un objet présent ici et maintenant comme s’il recevait une décharge d’électricité,
dont on sait qu’elle constitue un véritable traumatisme. Il a l’impression qu’il reconnaît en un instant un objet longtemps attendu. Effet d’éblouissement face à un objet « éclatant ». Mais on peut supposer que, justement, cette découverte de l’objet rayonnant est connectée à un effet de retour. De quoi précisément ? Le narcissisme et l’amour
La psychanalyse révèle quflà lflorigine existe une forme de narcissisme, autrement dit que nous nous sommes aimés nous-mêmes, à la façon de Narcisse, le héros mythologique présenté par le poète latin Ovide dans ses Métamorphoses. Celui-ci tombe amoureux fou dflun semblant, sa propre image refiétée dans lfleau. Plutôt quflégoïste, il est bien épris dflun objet, mais qui est lui-même… en image ! Il est donc à lui-même son propre objet dflamour, ffinissant par mourir de consomption puisque ne pouvant étreindre son aimé (et pour cause !), celui-ci sflévanouit chaque fois quflil lflapproche. Ce qui se passe dans lflamour-passion est donc paradoxal. Dflune part, la personne est plus aimée que soi-même, elle est fortement idéalisée, lflamoureux sfloublie lui-même au point de négliger sa propre auto-conservation, toute critique est devenue impossible, mais, dflautre part, lflobjet est dflautant plus aimé qufla été transférée sur lflobjet passionnément aimé, ainsi paré de toutes les vertus, la passion origi-naire de soi-même. La « surestimation » de lflobjet aimé vient donc de ce quflil réincarne le narcissisme. Cflest, nous dit Freud, « une inondation de la libido du moi sur lflobjet ». En ce « tsunami » psychique, le sujet est « terrassé » par lflobjet follement aimé, quflil a momentanément « introjecté », en sorte quflil exerce sur lui une domination mais le gratiffie dflune forme dflexaltation : aussi bien se sent-il comme lflenfant qui vient de naître. On comprend mieux ainsi le côté « démesuré » de cet amour qui donne au couple passionné le style dflun délire ou sa pente délirante.
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La passion, un amour pas ordinaire : un « délire à deux » ?
La passion totale est donc en son fond narcissique – ce qui en fait à la fois la force et l’illusion. Freud compare le narcissisme à des « lèvres qui s’embrassent elles-mêmes », en étreignant passionnément son aimé(e), l’amoureux(se) s’étreint aussi lui(elle)-même. Tandis que, dans les aflres de la séparation, se dessine le destin mélancolique de la passion. Aimer, c’est aussi, littéralement, avoir quelque chose à perdre. Là se pose la question de l’aspect destructeur de la passion. Ce n’est pas un hasard si les grandes mises en récit de la passion amoureuse – de Tristan et Iseut à Roméo et Juliette – en ont souligné le caractère dévastateur. De façon plus prosaïque, les passions des gens ordinaires – moments extra-ordinaires de leur existence qui s’écrit dans leur propre histoire connue d’eux seuls – débouchent souvent sur des impasses, comme si elles se heurtaient à une ligne d’impossible. Et pourtant ceux qui ont connu la passion en gardent le souvenir d’avoir vécu dans une espèce de « hors-monde », mélange indécantable de souflrance et de jouissance, qu’ils n’échangeraient pourtant pas contre tout le bonheur du monde, avec sa sérénité… On peut même se demander dans quelle mesure au fond cet « amour » en est bien un. Alors que l’amour est censé viser l’autre dans son être (l’autre étant aimé, comme on le dit, « pour lui-même »), dans cet amour délicieusement maladif l’amoureux vénère, à travers l’autre, sa propre image de jadis. Il jouit de son propre corps à travers l’autre passionnément étreint. Reste que, la passion devenant réciproque, se produit un « délire à deux » inoubliable, unissant « deux Narcisse » dans l’ivresse de « faire-un ». Passion et féminité
La psychanalyse souligne le lien déterminant entre passion amoureuse et féminité. D’abord, en ce que les femmes sont plus sujettes à la passion et s’y assujettissent plus entièrement. À bien y regarder, dans les couples célèbres, ce sont les femmes, comme Juliette ou Iseut, qui sont les « locomotives »
de la passion. De plus, l’examen du « devenir-femme » inconscient montre la portée du lien à la Mère, véritable passion originaire, en sorte que l’on peut soupçonner la passion, plus tard orientée vers les hommes, d’aspirer à ce retour à une forme de symbiose passionnée. Fantasme de retour dans le giron maternel : la représentation de l’enfant au sein de la mère a vocation, remarquait Freud, à représenter exemplairement la relation d’amour comme telle. La maladie de l’autre
On peut donc revenir à la question de départ. La passion amoureuse est un état excep-
alcool, alors même que celui-ci le détruit. Dans le cas de la passion, si l’autre agit comme une « drogue », ce qu’atteste l’expression « tu me manques ! » qui rappelle que l’éloignement et la séparation sont assimilables à un état de manque, il s’agit bien d’ouverture à l’altérité fût-ce dans un état de confusion entre le moi-narcisse et l’autre. fiui n’est pas capable de passion, n’a-t-il pas aussi bien un équilibre morbide et défensif ? On sait que la névrose évite l’amour réel et y préfère les satisfactions moroses de sa solitude psychique. Parfois la passion des premiers temps fait place au lien d’amour durable. De la passion
iL arrive que La passion des premiers temps fasse pLace au Lien d’amour durabLe. tionnel, qui déconnecte le sujet de son identité habituelle, à la façon de l’état maladif, ce qui ne signiffie pas que la passion soit en elle-même morbide. À l’inverse, par exemple, du toxicomane qui n’est, lui, « marié » que pour le pire avec son toxique. Freud remarque qu’un alcoolique n’est jamais déçu par son
« feu de paille » et embrasement narcissique – de style adolescent – à la passion qui vise l’être de l’autre, l’amour-passion est bien en ce sens une épreuve de vérité du rapport du sujet à l’autre. C’est là encore ce « symptôme… à deux » qui dit vrai. ●
à lire Le couple inconscient éditions economica/ anthropos, 2e édition, 2004.
Leçons psychanalytiques sur le fantasme éditions economica, 2e édition, 2009.
Leçons psychanalytiques sur le regard et la voix éditions economica, 2e édition, 2001.
Freud et la femme petite bibliothèque payot, 4e édition, 2003.
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PROCRÉATION POST-MORTEM,
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RubRIque dIRIgÉe PAR valérie sebag
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es progrès de la science ont permis la congélation de sperme et d’embryons. Ainsi, la technique de la congélation est employée dans le domaine de l’Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle permet dans un premier cas de conserver les gamètes de l’homme en vue de l’insémination de la femme et, dans un second cas, de conserver des embryons conçus in vitro en vue de leur transfert dans l’utérus maternel.
Ces progrès techniques suscitent des procédures devant les tribunaux. En 2006, un homme qui s’apprêtait à subir un traitement contre le cancer risquant de compromettre sa fertilité confle son sperme au Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme (CECOS), afln que ce dernier en assure la conservation. En 2008, cet homme décède des suites de sa maladie. Sa veuve demande au CECOS la restitution des gamètes de son époux défunt, dans le but de procéder à l’étranger à une insémination. Face au refus du CECOS, la femme saisit la justice pour que la restitution des gamètes soit ordonnée. Sa requête est rejetée le 15 octobre 2009. Cette affaire, comme d’autres avant elle, pose la question de la procréation postmortem. Lorsqu’un homme décède après avoir déposé des gamètes en vue de leur conservation ou au cours d’une procédure
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d’AMP, son épouse ou sa compagne doiventelles être autorisées à demander la restitution des gamètes ou à faire réaliser malgré tout le transfert d’embryons ? La loi en son état actuel répond par la négative, le code de la santé publique imposant, parmi les conditions d’accès à l’AMP, que le couple soit vivant. Cependant, à la veille de la révision de la loi relative à la bioéthique, il apparaît opportun de s’interroger sur une éventuelle remise en cause de ce principe. Deux situations doivent être distinguées. Dans la première, la demande de la femme porte sur les gamètes. En cas de décès, le guide des bonnes pratiques cliniques et biologiques d’assistance médicale à la procréation impose qu’il soit mis fln à la conservation des gamètes. Dans la seconde, elle porte sur des embryons déjà formés, qui étaient en attente de transfert. La loi propose alors trois solutions à la femme : faire accueillir l’embryon par un autre couple, le donner à la recherche ou demander sa destruction. Tandis que tous les législateurs s’accordent pour maintenir l’interdiction de restituer les gamètes, certains adoptent une position sensiblement plus souple sur la question du transfert d’embryons. Et de fait, cette question s’avère particulièrement délicate : la plupart des réfiexions menées sur ce sujet aboutissent à opposer le désir d’enfant à l’intérêt de l’enfant.
D’un côté, il y a la détresse d’une femme, qui, à la douleur de la perte de son époux ou de son compagnon, voit s’ajouter celle du renoncement à l’espoir d’avoir un enfant avec l’homme décédé. Et la décision qu’elle devra prendre sur le devenir des embryons s’avère particulièrement douloureuse, dès lors qu’elle souhaite poursuivre le projet parental qu’elle avait formé avec l’homme décédé. De l’autre côté, il y a l’enfant, dont il faut se demander si l’intérêt peut être assuré dans de telles circonstances. ●
BON À SAVOIR Gamète Cellule sexuelle mâle (spermatozoïde) et femelle (ovule) qui fusionnent pour former le zygote (œuf) à l’origine de l’embryon. aMp Assistance médicale à la procréation. En France, seuls un homme et une femme formant un couple vivant en âge de procréer ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins 2 ans peuvent bénéficier d’une AMP. en europe L’Espagne et les Pays-Bas autorisent la procréation post-mortem.
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La science rend aujourd’hui possible, dans le cadre de l’Assistance médicale à la procréation, l’insémination artificielle ou le transfert, dans l’utérus maternel, d’embryons conçus in vitro. Mais si l’homme décède, que peut-on répondre aux femmes qui demandent, malgré tout, la poursuite du protocole ?
FAuT-Il l’AuTORIseR ? transfère ses embryons, au nom du projet parental qu’elle avait formé avec son défunt mari. Le comité d’éthique de l’hôpital a refusé sa demande au nom de la déffinition, par la loi bioéthique, de la notion précisément de « projet parental », attachée à un couple vivant et consentant au moment de l’implantation des embryons.
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Plusieurs procès ont eu lieu. Le premier a été gagné par Madame P., qui a obtenu que ses deux embryons ne soient pas détruits tant que l’aflaire ne serait pas jugée à nouveau. Elle a cependant perdu le deuxième procès. Elle a fait appel de ce jugement, a perdu de nouveau et ses embryons ont été eflectivement détruits. Depuis, cette personne s’habille en noir, elle « porte le deuil », semble-t-il, de son mari et du bébé qu’ils n’ont pas eu…
Face à cette question, les réponses de la médecine et de la justice diffèrent. Qu’en pense la psychanalyse ? Geneviève Delaisi de Parseval souligne la différence entre l’insémination post-mortem et le transfert d’embryons.
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a procréation post-mortem paraît en première analyse absurde, voire pathologique. À l’occasion de la prochaine révision de la loi bioéthique, le transfert post-mortem, chez la veuve, d’un embryon conçu avec le père dans le cadre d’une fécondation in vitro, et préalablement congelé, va être sérieusement discuté. Discuté à nouveau, en réalité, car une aflaire ancienne de ce type avait déjà été jugée. Revenir sur cette histoire emblématique permettra de mieux comprendre le dilemme en jeu. Monsieur P. est mort d’un accident de la circulation alors qu’il allait rendre visite à sa femme, hospitalisée dans le cadre d’une tentative de fécondation in vitro, quand sept tentatives précédentes avaient déjà échoué. À sa mort, il restait deux embryons congelés. En pleine phase de deuil, sa veuve avait demandé au CECOS qu’on lui
Le caractère inextricable et dramatique de ce type de situation apparaît d’autant plus clairement que les professionnels eux-mêmes sont d’avis diflérents. Le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis à la suite de la demande de Madame P. Avis nuancé, au terme duquel dix membres du Comité s’étaient prononcés en faveur du replacement des deux embryons restants, et trois négativement. Contrairement, donc, à celui des magistrats de la cour d’appel. La psychanalyse, tant au plan de la théorie qu’à celui de la clinique, est directement interpellée par ce type de questions. C’est en eflet le travail de deuil d’une veuve qu’il s’agit d’évaluer et d’accompagner au mieux, dans un cas très particulier, celui où un enfant virtuel du couple – un enfant possible, pour être
précis – est susceptible de naître : enfant qui aura, lui aussi, à faire le deuil de son père… Remarquons au passage que « la boîte de Pandore » de la congélation des gamètes et des embryons ayant été en quelque sorte ouverte, des demandes qui déffient le temps, pour le « meilleur deuil » comme pour le pire, vont régulièrement apparaître. Mais pour la psychanalyste que je suis, il existe une diflérence fondamentale entre la demande d’insémination post-mortem d’une veuve dont le seul sperme du mari a été congelé et une demande de transfert d’embryons. Dans le premier cas, la paillette de sperme congelé est une sorte de métonymie (ici, la relique du défunt), la trace d’un regret, d’une douleur. Faut-il entretenir cette blessure en prenant le risque de manipuler la mémoire du mort, qui n’était pas présent au moment de la fécondation ? Je ne le pense pas. C’est en revanche d’un tout autre deuil qu’il s’agit quand un embryon a été conçu, c’est du deuil d’une personne potentielle, preuve concrète de l’amour du couple qu’il s’agit. D’un enfant possible, mais cependant bien réel dans sa potentialité de naître. Non d’un projet d’enfant. Freud a montré que le travail de deuil nécessitait une confrontation à la réalité, à un mort identiffié et que des traces réelles étaient nécessaires, que l’endeuillé acceptait et refusait au cours d’un long processus faute de quoi il risque de s’enfermer dans la dénégation, ou pire, dans le déni. En ce sens, pour éviter la dénégation de cet enfant possible qui ne serait jamais né, le transfert post-mortem, bien accompagné, d’un embryon conçu par un couple dans le cadre d’un projet parental conforme à notre représentation de la parenté, me semble une solution humaine et bien pensée. Un dernier mot sur l’enfant. Il me semble qu’on peut estimer son devenir en observant les dizaines de milliers d’orphelins de pères tués pendant la guerre de 14-18, génération dont les historiens nous disent qu’elle s’est bien portée, malgré le deuil du père. ●
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formulées depuis plus de trente ans sont rares) qui porterait sur le droit à une conception au-delà de la mort en recourant aux techniques de lffiAMP (Assistance médicale à la procréation). Nos di’cultés à appréhender le lien ou lffiidée de continuité entre mort et vie ne se cantonnent pas à lffiespace si particulier de lffiinsémination post-mortem. Une analogie est possible avec les prélèvements dffiorganes. Cette étrange transmission possible de la vie par le don dffiun élément du corps transplanté sffiavère, elle aussi, peu évidente. Ce qui explique probablement la pénurie de grefions, alors que, difiérence essentielle, un organe ne porte pas lffiidentité comme cffiest le cas sffiagissant des gamètes. Il nffiest donc pas simple aujourdffihui de savoir comment envisager la bonne attitude ou le juste choix,
Directeur du département de recherche en éthique à l’université Paris-Sud XI, Emmanuel Hirsch s’interroge sur le risque d’enfermer la femme du côté de la mort au lieu de lui permettre un retour à la vie.
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nsémination post-mortem : dans leur froideur technique, les mots euxmêmes trahissent nos di’cultés à évoquer la signiflcation humaine et la portée dffiune pratique médicale considérée injustiflable en France, et donc interdite par le législateur. Cette relation entre un projet de vie et la réalité de la mort surprend, dérange et inquiète. Elle nous laisse à bien des égards démunis pour adopter une position assurée et éviter de redoutables controverses, dès lors que les limites naturelles paraissent surmontables, y compris en ayant le sentiment de transgresser un certain « ordre des choses ». Lffiactualité récente tente dffiéveiller à nouveau un débat récurrent (même si en fait les demandes
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tant les avancées biomédicales déroutent les habitudes, les traditions et déflent nos capacités de jugement. Cffiest pourquoi la prudence et la retenue sffiimposent, là où nos conceptions de la dignité humaine, de la responsabilité, mais également nos libertés peuvent être dévoyées faute dffiune exigence de réffexion. En ces circonstances éprouvantes et complexes du désastre de la mort, là où la rémission était espérée au terme du combat mené contre la maladie, tenir des propos sentencieux et rappeler la règle de droit sffiavère, je le sais, peu recevable. Ainsi, notre approche éthique ne se satisfait jamais de considérations générales, et doit accepter lffiexamen au cas
par cas de dilemmes parfois redoutables. Sans sffiexonérer pour autant dffiun devoir de sollicitude et donc de compréhension. La création des CECOS (Centres dffiétude et de conservation des œufs et du sperme) en 1973 nffia été considérée acceptable que pour autant que des principes rigoureux puissent flxer un cadre dffiexercice compatible avec des pratiques inédites bouleversant les repères avec lffiémergence de lffiAMP. Quffiil sffiagisse des conditions de recueil des gamètes et de leur restitution, lffiextrême attention portée à la déontologie de cette activité médicale et scientiflque profondément innovante lui a conféré à travers les années une autorité rarement contestée. Lffiexercice professionnel dans le contexte de si haute vulnérabilité que constitue lffiAMP impose des procédures collégiales fondées sur des valeurs intangibles et des compétences qui ne se limitent pas aux seules capacités techniques. Les décisions ont des conséquences humaines et sociales qui concernent certes un couple, mais plus encore lffienfant à naître et son devenir. Intervenant pour pallier des dysfonctionnements physiologiques ou pour éviter aux parents qui le souhaitent, et selon des règles législatives précises, la transmission de maladies génétiques délétères, le médecin se voit flxer des limitations précises à son champ dffiaction. Réciproquement, les parents qui sollicitent la médiation dffiune AMP dans les circonstances où leur projet parental en est conditionné ne peuvent sffiexonérer des règles prescrites dans cette relation médicale si spéciflque. La conservation de paillettes de sperme (que lffion peut considérer dffiune nature difiérente de celle dffiembryons) relève de dispositions explicites auxquelles consent le couple. Dffiun point de vue formel, rien ne justifle donc de déroger à des règles dont on peut estimer quffielles favorisent le dépôt de
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Sans évoquer la signification pour un enfant d’une conception dans des circonstances pour le moins confuses (en n’ignorant pas nombre d’arguments produits à propos de la naissance d’orphelins), je préférerais ne retenir, sous forme de questionnement, qu’un aspect assez peu discuté dans l’approche de l’insémination post-mortem. La fldélité morale de l’épouse, son
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exigence de mémoire doiventelles l’enfermer dans l’exigence d’une procréation solitaire, médicalement assistée, qui déflerait la mort ? Plutôt que de prendre l’habit du survivant, reconnaître la perte de l’être cher et en assumer le deuil permet de renouer avec la vie. Il faut pouvoir s’autoriser cette liberté de vivre à nouveau. C’est précisément pour nous prémunir de toute confusion entre la vie et la mort, et des dérives (voire des illusions) que suscitent parfois les techniques biomédicales dans leurs possibilités apparemment sans limites, qu’il nous faut ensemble flxer des règles. Il y va de nos valeurs d’humanité et de nos capacités d’exercer la plénitude de nos responsabilités, privilégiant les intérêts véritables des personnes en situation de vulnérabilité, notamment face à la mort d’un conjoint. ●
Illustration réalisée gracieusement par Sébastien LYKY / Talkie Walkie. Espace offert par le support. McCann
gamètes car les conditions de leur restitution sont précises. Il ne s’agit en aucun cas d’interpréter une décision relevant du souci de précaution (le dépôt conservatoire de gamètes visant tout d’abord à pallier une stérilité consécutive à un traitement) comme l’expression de directives anticipées, reconnues par le législateur afln de tenir compte de la demande d’une personne malade dans l’incapacité d’exprimer ses choix. La conservation de gamètes pour un temps donné a pour flnalité de restituer une capacité de procréation au couple qui a préféré attendre la fln d’un traitement plutôt que de concevoir de manière naturelle avant de connaître l’issue de la maladie. Dès lors, la demande d’une insémination post-mortem ne procède pas de l’exigence d’honorer la volonté du défunt comme s’il s’agissait d’un devoir auquel le conjoint serait tenu. Aucune justiflcation ne saurait légitimer l’intervention médicale.
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grands experts, fascinés par le H5N1 (virus de la grippe extrêmement dangereux) ont entraîné la politique de lutte contre le H1N1 (beaucoup moins grave) dans une logique de crise mondiale gravissime. Hospitalouniversitaires, sociologues, épidémiologistes y sont allés de couplets dissonants, tantôt ironiques, tantôt dramatiques. Les hommes politiques crient au scandale, à la démission de la ministre ou, au contraire, à son soutien sans faille… Le citoyen ne sait quoi penser ! Le carcan de l’image
Ces mots sont le préambule de la constitution de l’Organisation mondiale de la santé. Ils ont été repris dans la grande loi française de modernisation du système de santé, dite HPST1. Santé devrait donc signifler bien-être, épanouissement, liberté, énergie positive, progrès social… Pourtant, depuis quelque temps, santé est synonyme d’inquiétudes, de menaces, de crises, de doutes et d’invectives politiques. La nouvelle pensée « humaniste » lui donne un visage partial et culpabilisateur. Les gourous ffieurissent maniant l’anathème et les solutions magiques. Sur les blogs, cachés derrière des avatars, certains tendent à vouloir répandre les idées catastrophistes, les critiques au vitriol et les solutions déflnitives. Ces informations tournent, se régénèrent et forment une rumeur que nul ne peut arrêter. L’exemple de la grippe A est symbolique. Les plus
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Car, au nom de la santé, tout doit être jaugé. À commencer par sa propre représentation, sa propre image. La lutte contre l’obésité est un objectif important. Cette nouvelle maladie des pays riches est porteuse, pour les années futures et les jeunes générations, de risques majeurs. Mais cette obsession de la forme, ampliflée par la mode, déclenche des régimes forcenés et aboutit à un regard négatif sur soi-même et sur autrui, on cherche à maigrir jusqu’à l’anorexie. Sur Internet, on trouve même des sites et des blogs pour vanter cette grave maladie ! Le diktat de la biologie
En santé les chifires sont rois. Vous ne demandez rien à personne, puis un jour, au détour d’une visite chez votre généraliste ou d’un examen de dépistage, vous êtes aux portes de l’enfer. Vos globules blancs sont-ils
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POINT de vue
Olivier Mariotte est médecin. Il a créé nile, une agence conseil en Affaires Publiques dédiée aux acteurs de santé.
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Passe encore que vous soyez « négligent » avec votre santé. Tout le monde va vous rappeler à l’ordre, pour le bien de la Santé Publique. Mais, faites attention car les conséquences peuvent être dramatiques : avezvous pensé à vos projets de vie ? Vous faut-il un prêt ? Une assurance ? Vous pensiez être un cadre travailleur, actif, ayant toujours contribué au bon fonctionnement du système, payant les charges sociales que vous devez car vous vous sentez solidaire. Solidaire mais un peu naïf… Avez-vous comparé les contrats des assurances complémentaires ? N’essayez pas, c’est impossible. À tel point que les politiques actuellement réffiéchissent à l’adoption d’une loi qui obligerait les sociétés d’assurances et les banques à « harmoniser » leurs contrats… On peut rêver ! Mais cela vaut si vous n’êtes pas malade. Parce que si vous avez une maladie grave, ce n’est plus l’enfer que vous vivez, c’est encore plus grave. Imaginez : vous êtes victime d’un infarctus du myocarde. Par chance, tout est
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par OLIVIER MARIOTTE
pris à temps. Le cardiologue vous a administré un traitement pour faire fondre les caillots qui bouchent les artères irriguant le cœur puis vous a mis un ressort magique (un « stent » en langage technique) qui va maintenir ouverte l’artère vitale. Bref vous êtes guéri. Enfin presque, parce que si vous aviez envie de demander un prêt à votre banque, alors là tout se complique. « Oui, vous dira-t-on, vous êtes médicalement guéri, mais pour vous prêter de l’argent c’est autre chose. La sinistralité de votre maladie nous oblige à augmenter (au risque de rendre l’emprunt impossible) les montants des assurances.» Médicalement guéri, la belle affaire ! Vous êtes économiquement hors jeu ! Et ce n’est pas la convention AERAS2 qui vous aidera. Le processus est dans l’impasse et les associations de patients s’épuisent à essayer de le rendre efficace ! L’avenir radieux de la science !
Nos cellules possèdent une sorte de bande magnétique, un disque dur (notre ADN) sur lequel sont inscrites toutes les informations génétiques. Si aujourd’hui, le coût d’un décryptage de ces informations reste trop élevé pour pouvoir en faire un examen de routine, il est permis de penser que demain, vers 2020, il coûtera à peine 50 €. Et c’est là que les choses se gâtent ! Que se passera-t-il si vous ne possédez pas les bons gènes ? On vous déconseillera élégamment telle ou telle activité professionnelle au vu de votre carte génétique. On vous indiquera que les gènes que vous avez hérités de votre mère ou de votre père vous exposent à développer telle ou telle maladie. Quelle sera la garantie de confidentialité de ces informations propres à faire douter un employeur ou une administration de vous embaucher ? « Passons tout de suite à la cotation de votre hypothétique handicap et analysons ensemble vos virtuelles prestations compensatoires »,
vous asséneront les services sociaux… Mais ne venez pas compliquer le problème des directions des ressources humaines. Le plaisir… est-ce coupable ?
Au jour le jour, les messages culpabilisants ou directifs, plus ou moins marqués par une nouvelle morale biologique font perdre la valeur « plaisir ». Un dîner entre amis : avez-vous pensé à votre cholestérol, vos gamma GT ou votre diabète ? Comment allez-vous rentrer avec votre alcoolémie ? Irez-vous en fin de soirée danser dans un de ces lieux où la promiscuité pourrait vous faire rencontrer une personne à séduire ? Avezvous vos préservatifs ? Connaissez-vous votre statut sérologique pour le VIH3, le VHB4, le VHC5 et tous les autres sigles que vous rencontrez dans un CDAG (Centre de diagnostic anonyme et gratuit) ? Faudra-t-il revivre le plaisir comme une transgression ? Un peu comme avant la pilule, avant les antibiotiques, avant 1968, avant le Sida, avant cette nouvelle morale scientifique. Nos nouveaux curés sont scientifiques et les messages véhiculés par la presse et les agences de communication sont les nouveaux sermons ! Il faut raison garder
La santé, ce n’est pas se priver de tout pour avoir des examens biologiques impeccables. La santé, ce n’est pas manger « 5 fruits et légumes par jour », faire du sport, arrêter l’alcool et le tabac, ne pas toucher aux drogues, mettre des préservatifs et surveiller ses sérologies et les chiffres de ses examens biologiques. Ce n’est pas non plus se soumettre aux Cassandres du trou de la Sécu et cela ne se résume pas seulement à des questions d’argent. La santé, c’est se sentir bien dans sa vie, dans son corps, faire des projets, avoir conscience de prendre des risques quand on les prend. Ce n’est pas l’absence de plaisir qui fait la santé.
1. Hôpital, patients, santé et territoires. 2.Convention AERAS : s’Assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé. 3. VIH : virus du Sida. 4. VHB : virus de l’hépatite B. 5. VHC : virus de l’hépatite C.
C’est savoir gérer les risques que l’on prend. Cela passera par un nouveau dialogue avec votre médecin ou votre pharmacien, une nouvelle alliance entre professionnels de santé et patients. Et plus loin que les images de la publicité qui nous vendent un monde « en bonne santé » bien fade. Il nous faut réinventer une nouvelle manière de vivre. La bonne santé, c’est un nouveau libertinage ! ●
Coups de Cœur Le syndicat des cardiologues libéraux signe un partenariat avec les associations de malades du cœur, la FnAMoC. Enfin une façon innovante et constructive de travailler ensemble pour une meilleure prise en charge ! Sur les sujets d’information, d’éducation thérapeutique et de dossier médical en cardiologie, les soignants travailleront AVEC les soignés. Le dossier des prêts et des assurances (les malades du cœur sont souvent « hors jeu économique ») fera aussi l’objet d’un groupe de travail commun. Une démarche citoyenne qui mériterait d’être généralisée !
Rencontre avec des chercheurs Les premiers entretiens de la fondation IFRAD pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer sont ouverts au grand public. Rendez-vous le 16 mars de 14 h à 17 h 45 à l’hôtel Mariott, 17 boulevard Saint-Jacques, Paris XIVe. Frais d’inscription : 15 € par personne sur www.fondationifrad.org.
Coup de Gueule La santé et le médicament ne sont pas des produits d’appel marketing Un grand de la distribution, qui a lancé depuis longtemps une campagne de communication grand public sur une approche « discount » du médicament non remboursé, vient de se voir condamné par le tribunal de grande instance de Colmar à cesser la diffusion de ce type de message, considérant que l’entreprise poursuit « par nature un intérêt uniquement économique ». On ne se décrète pas comme cela acteur de la santé publique.
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par julie pujol
violences conjugales, parler, agir, prévenir
elon une enquête de l’Observatoire national de la délinquance, le nombre de violences conjugales est passé, entre 2006 et 2008, de 978 000 à 1 480 000. Que ce soit le nombre de femmes victimes de violences dans le couple qui ait augmenté ou qu’elles parviennent à mieux s’exprimer, ce chiffre est une honte et le faire
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baisser, une urgence. Aujourd’hui, tous les 2,3 jours, une femme meurt des blessures infligées par son conjoint, ce qui représente près de 20 % des homicides commis chaque année en France. Le risque pour une femme de se faire agresser est plus élevé dans son foyer que dans la rue. Le gouvernement a décidé de mettre en place des mesures de
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67 % des auteurs d’homicide sur leur conjointe sont cadres.
Discours de François Fillon le 25 novembre 2009 à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. De gauche à droite, Xavier Darcos, Nadine Morano, François Fillon, Michèle Alliot-Marie.
XII
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La lutte contre les violences faites aux femmes est « grande cause nationale en 2010 ». Pause Santé ouvre le premier volet de ce dossier.
protection, dont la principale consisterait à équiper les agresseurs d’un bracelet de surveillance et leurs victimes d’un GPS réagissant par une alarme lorsque la personne portant ce bracelet entre dans son périmètre de sécurité. Un portable d’urgence, spécialement conçu pour alerter la police, est également à l’essai. L’épineuse question des lois
Parmi les prochaines améliorations, la loi devrait bientôt inclure une procédure d’éviction du foyer pour le compagnon violent. Non plus seulement pour le mari comme c’était le cas jusqu’à présent, mais aussi pour un conjoint pacsé ou un concubin de fait. Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), s’en félicite. « Cette mesure vient réparer une aberration, nous espérons qu’elle sera utile à l’avenir. » Le Premier ministre, François Fillon, a également annoncé la création d’un délit de violences psychologiques pour les situations « qui ne laissent pas de traces à l’œil nu, mais mutilent tout autant ». Malgré la nécessité d’une telle mesure, Evelyne Reguig, de l’association Viff SOS Femmes, demande comment, au-delà de l’effet d’annonce, ces décisions pourront véritablement s’appliquer. « Comment définir la violence psychologique ? Selon quel critère ? Si l’homme confisque les allocations familiales,
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Gra nde c aus e nat io nale
B., 42 ANS : « Ne jamais tolérer uNe première gifle. » Centre d’hébergement pour femmes battues de l’association «Cœur de femmes».
cela sera-t-il considéré comme tel ? » Même en ce qui concerne les violences physiques, Marie, 33 ans, témoigne d’un problème dans la reconnaissance du délit. « Je suis allée au commissariat parce que mon mari m’avait frappée. J’étais dans une grande détresse, mais les policiers ne pouvaient rien faire sans certificat médical. J’ai dû rentrer chez moi. » Les réponses de la médecine
Il y a dix ans, le rapport Henrion indiquait déjà la nécessité de mieux former les médecins à la prise en charge de femmes victimes de violences. Une enquête efiectuée auprès de 917 praticiens établit que 76 % d’entre eux n’ont généralement d’autre réponse que la prescription d’anxiolytiques. Pourtant, selon Evelyne Reguig, la situation progresse lentement. « ffuand une femme arrive aux urgences couverte de bleus, on commence à lui demander ce qui s’est passé. » Du côté des victimes, la réaction conseillée après avoir subi une agression est de faire constater ses
Les réponses de la justice
On peut porter plainte dans n’importe quel commissariat et, comme le note Evelyne Reguig, « des consignes ont été données pour l’accueil des victimes ». Françoise Brié invite cependant à prendre préalablement conseil auprès d’une association. Si l’on ne souhaite pas engager de procédure judiciaire, il reste possible de signaler les violences subies en déposant une main courante à la police ou à la gendarmerie. Enffin, pour les femmes qui souhaitent quitter le domicile, il existe des services d’hébergement, tels que celui dirigé par Evelyne Reguig à Villeurbanne. « Venir chez nous ofire aux femmes le temps de faire une pause et de régler des questions administratives et financières », explique-t-elle.
J’étais mariée avec un homme issu d’une grande famille bourgeoise, nous vivions dans une belle maison. Cela a commencé par un alcoolisme mondain, il sortait beaucoup tandis que je restais avec les enfants, puis il a commencé à crier et à me frapper quand il rentrait le soir. Après un certain temps, j’ai pris un autre appartement, mais il m’a retrouvée. Quand il a commencé à s’en prendre à ma fille, j’ai fait appel à une association qui nous a accueillies en foyer. Nous nous y sommes cachées. J’ai dû disparaître du jour au lendemain, couper tous les ponts, j’avais perdu mon identité, tous mes repères. Lorsque j’ai déménagé quelque temps plus tard, savezvous ce qui m’a fait vraiment plaisir ? C’est de pouvoir mettre à nouveau mon nom sur la boîte aux lettres. Aujourd’hui, je commence à me reconstruire, la vie reprend. Il ne faut pas hésiter à partir, même si c’est difficile. Surtout quand l’entourage ne comprend pas ou pense que l’on exagère, comme cela a été le cas pour moi. Je veux surtout dire aux femmes qu’elles ne doivent pas tolérer une première gifle ni croire que les choses s’arrangeront, car elles ne feront qu’empirer.
Refuser la violence
Mais malgré des progrès au niveau législatif et dans la prise en charge, un problème important demeure. À peine 10 % des femmes
blessures par un médecin qui établira le certifficat médical nécessaire. Il pourra également engager une procédure d’hospitalisation pour éloigner la personne de son compagnon dangereux.
victimes de violences conjugales déposent une plainte, ce qui est deux fois moins que pour les autres agressions. En cause un sentiment, pourtant bien injustiffié, de honte et de
Le 25 novembre 2006, manifestation pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes à l’initiative du Collectif national pour les droits des femmes.
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près d’une française sur dix est victime de vioLences.
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G r a nd e ca u s e n ati on ale
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Quelque 200 personnes se sont rassemblées le 9 août 2003 place Colette à Paris pour rendre hommage à l’actrice Marie Trintignant et à toutes les femmes victimes de violence conjugale, déposant fleurs et messages et arborant des rubans blancs .
culpabilité. « Comme si elles pensaient être dans une position de vulnérabilité qu’elles n’auraient pas dû accepter », analyse Liliane Daligand, psychiatre et expert près la cour d’appel de Lyon1. « Elles trouvent à leur conjoint des excuses pour se convaincre qu’il les aime et qu’elles réussiront à le changer. » Nombreuses sont celles qui ajoutent combien leur partenaire se montre gentil après un accès de violence, et le pardon succède aux coups. Des coups qui pourtant, immanquablement, reviendront. Le plus souvent, les hommes violents reproduisent un schéma, celui de blessures qu’ils ont eux-mêmes reçues dans leur enfance. À quoi s’ajoutent divers facteurs : alcoolisme, jalousie, désir de toutepuissance, et des situations déclenchantes : séparation, perte d’emploi, grossesse… Dans tous les cas, ces hommes sont, selon Liliane Daligand, des inffirmes de la parole, « la violence vient à la place des mots. »
XIV
Prévenir et éduquer
Pour se libérer de ce cercle vicieux qui n’est pas une fatalité, la femme doit parler à sa famille, à ses amis. Et parce que la prévention est essentielle, des campagnes d’afichage et des spots télévisés mettent le sujet au cœur des questions de société. Enffin, dans les écoles, des associations effectuent un travail de sensibilisation. « Pour faire cesser cette violence, insiste Françoise Brié, nous devons nous interroger sur ses causes et éduquer les plus jeunes. » ● 1. Elle est également professeur de médecine légale et auteur de violences conjugales en guise d’amour, aux éditions Albin Michel.
vOus êTes TÉmOIN Ou vICTIme de vIOleNCe • Violences conjugales info Tél. : 3919 (prix d’un appel local). • SOS viol femmes information Tél. : 0800 05 95 95 (appel gratuit). • En cas d’urgence 17 pour la police, 15 pour le Samu, 112 pour l’Europe. • Fédération nationale solidarité femmes www.solidaritefemmes.asso.fr. • VIFF-SOS femmes 156, cours de Tolstoï, Villeurbanne, Tél. : 04 78 85 76 47. www.stop-violences-femmes.gouv.fr.
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Violences au sein du couple, viols et agressions sexuelles, harcèlement sexuel, prostitution, mariages forcés, mutilations sexuelles...
Au quotidien, les services spécialisés des CIDFF réalisent une prise en charge globale des femmes victimes de violences sexistes, ils les informent, quelle que soit la nature de ces violences et les accompagnent dans leurs démarches policières, judiciaires, médicales, sociales et professionnelles.
des CIDFF : Coordonnées m emmes.co f o f n i . w w w
Un réseau national de proximité pour informer sur les droits des femmes et des familles
114 centres d’information sur les droits des femmes et des familles = 1250 lieux d’information = 440 000 personnes accueillies = 800 000 demandes d’informations traitées dans les domaines de l’accès au droit, l’aide aux femmes victimes de violences, la vie familiale et la parentalité, l’emploi et la formation, la création d’entreprise, la sexualité et la santé.
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Le réflexe égalité
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Les ados trinquent
Bien qu’il soit très difficile d’obtenir des chiffres, la plupart des organismes de prévention et de santé reconnaissent cet accroissement de l’alcoolisation chez les jeunes. Seul, l’IREB, Institut de recherches scientifiques sur les boissons alcoolisées, créé en 1971 à l’initiative de sociétés productrices et distributrices de boissons alcoolisées, par la voix de Marie Choquet, qui anime le comité scientifique, persiste à trouver que les ados d’aujourd’hui ne boivent pas plus que ceux d’hier… Les enquêtes et sondages de terrain enregistrent pourtant de terribles augmentations et notamment celle-ci : les hospitalisations pour ivresse ont augmenté de 50 % chez les jeunes de moins de 15 ans entre 2004 et 2007
inspirés de sortir des courbes globales et des chiffres moyens calculés sur l’ensemble de l’Europe pour aller voir sur le terrain ce qu’il se passe. Ils y découvriraient, par exemple, que les comas éthyliques ou états d’ivresse qui n’étaient réservés qu’aux grandes écoles et lycées il y encore quelques années sont désormais fréquents au collège. Faudrat-il attendre que le phénomène touche la maternelle pour que tout le monde tire dans le même sens ?
Des solutions adaptées aux jeunes
elle clame haut et fort : « J’additionne les addictions. » Autre conséquence, l’ouverture dans de nombreux hôpitaux de consultation d’addictologie, qui accueillent de plus en plus d’ados. Au programme, nourriture (anorexie), cyber-dépendance et alcool… Certaines consultations privées prennent également le relais, notamment Actenow, cabinet spécialisé dans les addictions en tous genres… Un cabinet pas comme les autres, puisque les trois thérapeutes sont d’anciens addicts. Et, pour les patients, cela change tout de savoir qu’ils s’adressent à une personne qualifiée, diplômée, mais aussi une personne qui comprend parfaitement leur tourment. Dans le cas de Marie de Noailles, il est question d’alcool et de drogues : « À l’âge de 15 ans, j’ai découvert l’alcool et les drogues. J’y ai pris goût et dix années de descente aux enfers ont suivi. J’avais honte… » l
Icône de la jeunesse, Jennifer Ayache, leader du groupe Superbus, en a fait une chanson (Les Addictions) dans laquelle
Pour en savoir plus, connectez-vous sur www.addictmag.info.
50%
de comas éthyliques en plus chez les ados
(source : ministère de la Santé et Mutuelle des étudiants).
On y apprend également que 11 % des jeunes de 17 ans boivent régulièrement de l’alcool et 10 % des jeunes des grandes écoles boivent trois fois par semaine. Les enquêteurs et chercheurs de l’IREB seraient bien
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MICI
Kezako ? par Julie puJol
Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique touchent près de 200 000 personnes1 en France. Zoom sur ces maladies chroniques inflammatoires. Les MICI, de quoi s’agit-il ?
La coLoscopie Cet examen visualise l’intérieur du côlon grâce à une fibre optique introduite par l’anus. Il permet de déceler des anomalies ou d’effectuer des prélèvements. Parce qu’il est inconfortable, il se pratique presque toujours sous anesthésie générale. Pour que le côlon soit parfaitement visible, il faut le purger en avalant la veille de l’examen plusieurs litres de solution laxative. Petite astuce : ajoutez quelques gouttes de sirop (sauf ceux de couleur rouge qui peuvent brouiller la lecture des résultats) dans la préparation afin d’atténuer son goût salé désagréable.
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Quels sont les symptômes ? Des crises appelées « poussées » provoquent des douleurs abdominales, une grande fatigue et des diarrhées chroniques (avec des saignements importants dans le cas de la rectocolite hémorragique), en alternance avec des périodes de rémission. Des symptômes extrêmement gênants qui peuvent aller jusqu’à l’impossibilité de se retenir. Dans certains cas, des problèmes articulaires, cutanés ou oculaires, peuvent également survenir. La perte d’appétit et l’amaigrissement sont très aigus dans la phase active de la maladie. Malheureusement il est impossible de prévoir la durée et l’apparition des crises.
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Le terme MICI désigne deux maladies : la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn. Elles provoquent des lésions inflammatoires uniquement au niveau du côlon pour la première, potentiellement sur l’ensemble du tube digestif pour la seconde, et apparaissent généralement avant 30 ans. Les deux affections sont très proches, on estime d’ailleurs à 10 % le nombre de cas « frontière », ou colites indéterminées.
Connaît-on la cause de ces maladies ? Pas exactement. On évoque l’association de facteurs génétiques et environnementaux à une réponse anormale du système immunitaire. On sait aussi que le nombre de cas a fortement progressé au cours de la deuxième partie du XXe siècle dans les pays développés. Aujourd’hui, les pays qui connaissent la plus forte progression de la maladie sont les pays en cours d’industrialisation. Notre mode de vie serait donc peut-être aussi en cause. Autre hypothèse : trop d’hygiène pendant l’enfance
« empêche(rait) le tube digestif de s’adapter à diverses bactéries et provoque(rait) à l’âge adulte une réaction excessive »1.
Comment sont-elles diagnostiquées ? C’est la répétition des symptômes, proches d’une gastro-entérite, qui permet d’évoquer une MICI. Mais seule une coloscopie et/ou des examens radiologiques permettent d’établir un diagnostic. De nombreux patients regrettent les longues
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question de santÉ < Vivre avec une MICI
années passées sans pouvoir poser un nom sur leur maladie. Aujourd’hui, les praticiens généralistes sont davantage sensibilisés, mais il ne faut pas hésiter à consulter un gastro-entérologue.
Existe-t-il des complications ? Il existe un « sur-risque » de cancer de l’intestin chez les malades de MICI. « Mais il est devenu presque nul grâce à une surveillance accrue », affirme le professeur Lemann, chef de service gastroentérologie de l’hôpital Saint-Louis. À noter, le tabac reconnu comme un facteur aggravant de la maladie de Crohn est formellement déconseillé.
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Quels sont les traitements ? Actuellement, on ne guérit pas ces maladies, mais on peut les stabiliser. « Les traitements se rejoignent même si on est un peu plus avancé dans la connaissance de la maladie de Crohn »,
Sur la toile, les malades se retrouvent pour partager leurs difficultés. Ici, ils savent que d’autres, atteints des mêmes symptômes, les comprendront. « Je ne sors pratiquement plus de peur des crises mais surtout de peur de ne pas réussir à me retenir », écrit une internaute. Pour Juliette, 26 ans, « cette maladie, c’est la mort sociale ». La mort du couple aussi parfois. Gênés par les effets indésirables, certains patients préfèrent rompre. Selon une étude française1, 9 % d’entre eux ont même renoncé à une vie amoureuse… « Cette maladie est tantôt minimisée parce qu’elle ne se voit pas (ou pas toujours), tantôt considérée comme effrayante », explique Alain Olympie, président de l’association François-Aupetit. La mère du petit Baptiste, 8 ans, qui a dû vivre un moment avec une sonde nasogastrique, raconte : « Les parents de ses amis ne nous parlaient quasiment plus. J’ai appris qu’ils avaient demandé à la directrice de son école si sa maladie était contagieuse… » Pour Alain Olympie, une seule solution. Faire sortir les MICI du tabou en informant encore et toujours. 1. TNS Healthcare pour l’AFA, 2006.
estime le docteur Xavier Roblin, gastroentérologue au CHU de Saint-Étienne. C’est le médecin qui décide du traitement le plus approprié en fonction du profil du patient. Les 5-aminosalicylés (5-ASA), antiinflammatoires bien tolérés, permettent de contenir les formes les plus bénignes.
Témoignage Myriam, 30 ans, atteinte de la maladie de Crohn Avoir enduré cette épreuve m’A rendue forte « Quand j’ai besoin d’aller aux toilettes, c’est tout de suite. du coup, il m’est arrivé d’avoir des accidents dans la rue, la hantise de tous les malades de mici. c’est terrible, mais j’ai choisi mon travail en fonction de l’emplacement des toilettes, afin que mes collègues remarquent le moins possible que j’y vais 15 fois par jour… et avant d’accepter un dîner chez des amis, je vérifie toujours la configuration de leur appartement. Je souffre aussi de fortes douleurs mais j’ai appris à faire comme si tout allait bien. paradoxalement, la maladie m’a donné confiance en moi. plus rien ne me fait peur. »
Les poussées sont généralement traitées par corticoïdes tandis que les immunosuppresseurs (médicaments qui atténuent ou suppriment les réactions immunitaires de l’organisme) sont prescrits en traitement de fond. Depuis une dizaine d’années, de nouveaux traitements sont apparus, les anti-TNF alpha. Ils cicatrisent l’intestin et offrent aux patients un meilleur confort. Ils ont cependant l’inconvénient d’être administrés sous perfusion intraveineuse à l’hôpital. « L’avantage, c’est que ces médicaments agissent rapidement et peuvent être maintenus sur le long terme », explique le professeur Lemann. Pour la rectocolite il n’existe actuellement qu’un seul Anti-TNF, mais on dispose d’un autre médicament : la cyclosporine, un immunosuppresseur puissant utilisé en traitement d’attaque. Malgré cette offre de traitements, la chirurgie qui consiste à retirer un segment d’intestin reste nécessaire chez un malade sur deux. Et elle ne met pas à l’abri de récidives.
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Le régime sans résidus Le régime sans résidus permet de limiter les diarrhées en période de poussée, même s’il n’a pas de pouvoir curatif ni préventif. on conseille de supprimer d’abord les fibres les plus difficiles à digérer : céréales complètes, fruits, crudités, viandes très fibreuses, choux, salsifis, champignons… Puis tous les légumes s’il n’y a pas d’amélioration. Après la poussée, il est possible de reprendre un régime normal en réintroduisant les aliments progressivement et par petites quantités. Poursuivre un régime sans résidus en permanence est déconseillé car celui-ci est susceptible de provoquer des carences. il est fréquent et normal de conserver une sensibilité à certains aliments même en dehors des poussées. cuisez-les plus longtemps, mâchez-les davantage ou mixez-les pour réduire les fibres et faciliter la digestion. Merci au professeur Schneider, du service de gastro-entérologie et nutrition de l’hôpital l’Archet à Nice, et à Alexandra Martin, diététicienne.
adresses Peut-on être enceinte avec une MICI ?
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qui expliquerait le dérèglement du système de défense intestinal des Oui. La grossesse doit cependant être malades de MICI. La bactérie, testée programmée et encadrée. sur des souris malades, réduisait nettement l’inflammation. Et ce n’est Que peut-on attendre pas la seule découverte prometteuse. de la recherche ? « Une cinquantaine de molécules au S’il n’existe pour l’instant aucun moins sont à l’étude dans le monde, traitement véritablement curatif, les précise le professeur Lemann. pistes sont nombreuses. Des chercheurs Ces nouveaux traitements ne sont de l’Institut national de recherche pas encore à la portée des malades, agronomique (Inra) et de l’Institut mais c’est très encourageant. » l national de la santé et de la recherche Sources : médicale (Inserm) ont étudié les 1. Inserm, 2005. 2 bactéries vivant dans l’intestin humain . 2. INRA – Inserm – APHP, octobre 2008. D’après leurs conclusions, ce serait peut-être l’absence de l’une d’elles 26
Association françois Aupetit (AfA) La maison des mici 78, quai de Jemmapes, paris 10e. MICI info au 0811 091 623 (prix d’un appel local).
www.afa.asso.fr www.vousnetespasseul.fr Ce site internet est consacré à la maladie de Crohn. Le plus : les tchats vidéo avec des experts.
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Sensualité Bonheur Détente Senteurs Douceur
Eau la bonne idée Petite nouvelle sur le marché du bio, la marque Sinagua lance les cosmétiques sans eau. Une idée qui permet de se passer totalement de conservateurs (les bactéries ne se développent qu’en milieu aqueux). Baumes visage et corps, gommages et masques capillaires sont riches en huiles essentielles et ingrédients précieux. Ils s’utilisent purs ou mélangés à un peu d’eau pour reconstituer une crème. De 25 à 39 €, dans les magasins bio.
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© Rose de l’agence Coccinelle est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com), elle porte une chemise trapèze en coton entièrement plissé et une veste longue d’homme sans manches en coton noir SiSley Femme. Coiffure et maquillage : Kim.
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Beauté
noire
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a couleur de notre peau est liée à la mélanine, petits grains de pigments fabriqués par les mélanocytes, des cellules de la peau. Nous possédons tous le même nombre de mélanocytes ! C’est le nombre de pigments, leur taille et leur répartition qui déterminent l’intensité de la couleur.
Attention peau sèche La peau noire souffre d’un problème d’adaptation au climat européen, moins humide qu’en zone tropicale. Résultat : sur le corps elle se dessèche, se lézarde, les cellules mortes s’accumulent en surface et la ternissent. Pour conserver une couleur lumineuse, usez et abusez de laits hydratants. Faites un gommage très doux une fois par semaine pour ne pas décaper l’épiderme. Au niveau du visage, la peau réagit à ces perturbations par une hyper production de sébum. Résultat, elle est à la fois fragile et sujette à l’acné. Optez pour un fluide hydratant non gras pour peaux sensibles et laissez poser un masque désincrustant régulièrement.
La tache : ennemi numéro 1 Inflammation, blessure, bouton… autant d’occasions pour les peaux noires de se retrouver marquées par des taches. En général, elles s’estompent en quelques semaines. Petite astuce pour les faire disparaître plus vite : appliquer un traitement anti-acnéique (ces produits possèdent également une action anti-taches). Si le problème persiste, un dermatologue vous prescrira un traitement pour les faire disparaître et les prévenir. Même si la tentation existe, n’utilisez jamais de produits «éclaircissants» vendus sous le manteau,
Les produits spécialement formulés pour les peaux noires ou métissées se multiplient dans l’univers de la beauté. 1
par julie pujol
Le bon shopping
sur Internet ou dans des magasins douteux. Ils sont dangereux pour votre santé et peuvent laisser des cicatrices indélébiles.
1 Exfoliez en douceur gelée exfoliante au litchi Black/up, 41 € les 200 ml, en parfumeries.
Moins ridées que les peaux blanches !
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On sait aujourd’hui que le soleil est une des causes principales du vieillissement cutané. Grâce à leur couleur, qui fait barrage aux rayons UV, les peaux noires en subissent moins les effets (rides et perte de fermeté). Mais elles peuvent tout de même prendre des coups de soleil lorsqu’elles sont soumises à un très fort ensoleillement. Il est donc nécessaire de vous protéger et de vous exposer progressivement.
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Des cheveux fragiles
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Abonnez-vous ! Pour recevoir le prochain numéro de Pause Santé à domicile, il suffit de compléter le bulletin ci-dessous et de nous adresser une grande enveloppe (format 22,9 X 32,4 cm minimum) libellée à vos nom et adresse affranchie au tarif de 2,22 € si vous habitez la France métropolitaine, ou 4 € si vous habitez la Belgique.
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Alimentations adolescentes, sous la direction de Nicoletta Diasio, Annie Hubert et Véronique Pardo, cahiers de l’Ocha n° 14, octobre 2009. Colloque organisé par l’Ocha. www.lemangeur-ocha.com
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À LIRE
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Comment mangent par MARIE-CHRISTINE CLÉMENT
nos ados ?
Mal, ils le disent eux-mêmes. Mais qu’en est-il réellement ? Une équipe d’ethnologues a, pendant 3 ans, décrypté les habitudes alimentaires de quelque 1 500 adolescents. Leurs conclusions sont surprenantes.
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jeunes femmes ont partagé, de 2007 à 2009, la vie d’adolescents de 12 à 19 ans de toutes origines et de tous niveaux sociaux dans les régions de Strasbourg et Marseille. Elles se sont mêlées à leurs repas scolaires, à leurs sorties, à leurs réunions familiales. Elles ont pris des photos, recueilli leurs témoignages, leur ont demandé d’élaborer des carnets de consommation, ont scruté à la loupe leurs plateaux-repas, participé aux dîners familiaux. Certes, nos ados consomment sodas, hamburgers et autres barres chocolatées, mais ils revendiquent également le plaisir du dîner en famille, des petits plats maison ou de la cuisine de terroir de leurs grands-parents.
« À la cantine, ce n’est pas bon ! » Premier poste d’observation privilégié : la cantine. Leur réprobation est unanime. L’odeur du lieu, tout d’abord, les incommode. « Avant même d’être à l’intérieur, ça sent mauvais ; je remonte mon écharpe sur mon nez », raconte un garçon de 15 ans. Cette hyper-sensibilité aux odeurs peut s’expliquer par les changements hormonaux de la puberté qui exacerbent les sens, notamment l’odorat. Ils se plaignent également du bruit
et du peu d’intimité du lieu. « Il n’y a pas de fenêtres, on dirait une grotte. » Le manque de temps, la précipitation, « On n’a que 20 minutes pour manger ! », constituent aussi un facteur déterminant dans leur appréciation.
ou passé au four à micro-ondes avec un peu de sucre, le pain remplace avantageusement le gratin de courgettes froid. « C’est toujours mieux que de ne rien manger », admet Robin, 14 ans, tout en précisant : « C’est sûr qu’à la fin de la journée, on a faim. Le soir, on se rattrape en mangeant des plats faits maison. »
Des goûts et des regards
Les ados n’ont pas besoin d’une alimentation survitaminée ou enrichie, ils ne sont pas carencés. Ils ont surtout besoin d’une alimentation qui ait du goût. Avec autant de préjugés négatifs et une propension aux jugements tranchés, ils ne peuvent qu’éprouver de la répulsion pour les nourritures servies. « C’est fade et insipide, on ne reconnaît même pas les carottes des poireaux. » Certains ne mâchent pas leurs mots, c’est carrément « à vomir ». Heureusement, restent le pain, la part de fromage et le dessert, quand la crème ne sent pas « le cheval », selon l’expression d’Eduardo, 14 ans. Coupé en deux, badigeonné de vinaigrette
Il est vrai qu’entre les recommandations du Programme national nutrition santé, la gestion des coûts et les goûts des ados, on constate une contradiction totale entre les plats qu’ils aiment et les plats proposés. À la cantine, la nourriture est plutôt de consistance molle, bouillie, nageant dans du liquide. Or les adolescents préfèrent les textures croquantes, le cru et le croustillant, les produits fermes. « Si le fromage ne coule pas, il est bon ; j’aime quand il est un peu dur, comme quand il sort du frigo », explique Ludovic, 12 ans. « J’adore croquer les endives ou le concombre, c’est ferme et c’est agréable », ajoute Élise, 13 ans. Cette fermeté est un gage de fraîcheur, mais surtout de praticité puisque, à la maison, ils préféreront un camembert fait ou un fruit mûr. Mais un critère encore plus important que la texture des aliments va conditionner leur choix : le regard des autres.
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> comment mangent nos ados ?
La liberté est dans la rue Aussi, dès qu’ils peuvent choisir, leur décision est vite prise. Ils mangent dehors. Décision qui n’offre que des avantages : un cadre plaisant (un square, une place, le bord d’une rivière), le plaisir de se retrouver entre amis, une variété de choix alimentaires et, bien sûr, la joie d’échapper au regard censeur des adultes. En un mot, la liberté. Ils peuvent rire, crier, l’espace leur appartient. Manger à l’extérieur, « c’est comme danser sur l’herbe, tu te lâches, et peu importe ce que les gens pensent ! », s’exclame Sophie, 15 ans.
Les rappeurs aux fourneaux ! Passionné de cuisine, Akhenaton, leader du groupe de hip-hop IAM, confesse volontiers son goût de la bonne chère. Il anime désormais une émission sur Cuisine TV. Du hip-hop à la sauce italienne, il n’y avait qu’un pas pour le rappeur, qui cuisine quotidiennement pour ses enfants. Avec quelques amis, Moustic, Jamel Debbouze, Amel Bent, Sylvain Wiltord, Ramzy, Gabrielle Lazure, Bouga ou Leïla Bekhti, et dans une franche bonne humeur, il mitonne linguine au citron, cari de poulet ou encore jarret au miel et aux petits légumes. On en redemande ! Cuisine TV, Cosca Cook, tous les mercredis à 19 heures.
Plus que toute autre génération, celle-ci se retrouve face à un choix immense de nourritures nomades : hamburgers, kebabs, sandwichs, paninis, pizzas, pâtes en boîte, salades, soit une nourriture beaucoup plus diversifiée qu’il n’y paraît. Bien qu’ils connaissent les messages d’incitation à l’équilibre alimentaire, c’est souvent la mobilité permise par ces nourritures qui guide leur choix. 34
de gâteaux ou sachet de pâtes chinoises Yum Yum1 dont la consommation semble particulièrement en vogue dans la région Alsace, tournent entre les mains des élus et chacun pioche à son tour. Au-delà des générations, le copain reste donc bien celui avec lequel on partage le pain… ou les Yum Yum.
Le must : les petits plats de grand-mère ! Purées, soupes, légumes, quiches, crumbles… Les adolescents peuvent citer de nombreux plats maison et mettent de plus en plus la main à la pâte. Il n’y a pas rupture de transmission entre adultes et adolescents, mais bien une transmission qui se bricole entre les exigences matérielles de chacun, les situations familiales et le temps disponible. Les Français de 12 à 19 ans ne sont donc pas des adeptes de la malbouffe, loin de là. « Nous, on préfère des plats cuisinés à l’ancienne. C’est bien meilleur ! », s’exclame Aybüke, 18 ans. Et, par-dessus tout, la cuisine de leurs grandsmères ! « J’aime l’odeur de la soupe et des quenelles, explique Antoine, 18 ans. Chez mes grands-parents, il fait toujours chaud, c’est toujours convivial. Chez mes parents, il n’y a pas cette odeur de gâteau qui sort du four comme quand j’étais petit. Chez mes grands-parents, les odeurs n’ont pas changé, la soupe est toujours la même. Je ne suis pas un fan de soupe, mais celle de ma grand-mère, je l’aime bien. Elle fait des plats alsaciens, comme le porc au chou rouge et aux marrons, et ça sent dans toute la maison. Ma mère ne fait pas ce genre de plats, pour les préparer il faut du temps ». © Comic Strip / Cuisine.tv
Ils choisiront un plat « pour faire comme les copains », ne pas avoir mauvaise haleine ou simplement par peur de la moquerie. « Ce que je ne supporte pas, c’est de me tacher. À la cantine, il faut que je fasse très attention. Souvent, je préfère ne pas manger un plat avec lequel je risque de me salir », avoue Sophie, 15 ans.
La street food a été inventée pour eux. Grâce à elle, ils affirment leur identité générationnelle. « Ce qui se mange assis est pour les vieux », disent-ils. Comme dans la mode vestimentaire, la marque alimentaire est un signe de distinction. « Manger un sandwich banal, c’est comme si on achetait un jogging sans marque ; aller au Mac Do, c’est comme si on achetait un jogging Adidas. C’est, je ne sais pas, mieux vu », explique Kevin, 17 ans. Le partage de la nourriture entre amis marque également l’appartenance à une communauté. Coca-Cola, paquet
Négociations en cuisine Les adolescents concilient donc ce paradoxe : dans une même journée, se distancier de ce qui est préparé à la maison et se rattacher à la culture familiale. Ce qui peut créer des conflits, notamment entre mères et filles, les premières exerçant une surveillance accrue sur l’alimentation des secondes, jusqu’à parfois leur imposer des régimes dès l’âge de 12 ans ! Le choix du repas reste l’objet de négociations permanentes, mais il arrive également
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que les adolescents demandent à leur mère, de leur propre chef, une nourriture moins lourde. Fatima, 15 ans, raconte : « Quand je fais les courses avec ma mère, je l’incite à acheter certains plats surgelés et à cuisiner moins gras. De son côté, elle m’emmène au marché et me fait comprendre l’importance des produits frais comme les légumes. J’apprends aussi qu’avant de venir en France elle cuisinait beaucoup plus équilibré que maintenant. Le tajine avec beaucoup de viande qu’elle nous prépare,
c’est pour nous faire plaisir et nous montrer qu’il y a de quoi manger à la maison. » On assiste ainsi à un métissage culinaire plutôt qu’à une évolution tranchée, et si certains ados ajoutent ketchup ou mayonnaise pour amadouer les saveurs, les plats identitaires gardent, à leurs yeux, toute leur intégrité. Kévin, 17 ans, est très ferme : « Je ne peux pas mettre de ketchup dans un plat turc : c’est dégradant. »
La bataille des légumes Même s’ils connaissent parfaitement les prescriptions du Programme national nutrition santé, elles leur semblent réservées aux obèses. Comme Sana, 18 ans, ils en soulignent les limites. « C’est contradictoire, ils passent une pub pour Mac Do et ils disent d’éviter de manger trop gras, trop salé. » Emmanuel, 19 ans, surenchérit : « Ils me font rire à nous prendre pour des débiles : quand on mange des chips devant la télé, on sait bien que ce n’est pas bon pour la santé ! C’est pareil avec les cigarettes, on sait bien que ce n’est pas bon… » Face à une normativité imposée, Maëlle, 13 ans, a tranché : « Le Mac Do, c’est bon, les fruits et les légumes, c’est équilibré. »
© 2010 Masterfile Corporation
Il ne faut surtout pas dramatiser, les adolescents français présentent le taux d’obésité2 le plus bas d’Europe.
Bon À SAVOIR
Avoir assimilé les messages nutritionnels ne débouche pas sur une pratique effective, mais la question fait débat. « Il ne faut pas les croire, quand ils disent qu’on ne mange pas de légumes. C’est inévitable de manger des légumes, on mange tout ce que nous donnent nos mères », assène Nizar, 16 ans. Les légumes. Une bataille menée par des mères angoissées, comme Awatef, 38 ans, qui répète : « Comment je fais si elle ne veut pas manger ça ? ». Anissa, 37 ans, a fini par ruser : « Pour qu’il mange un peu de légumes, je râpe des carottes dans une sauce pour les pâtes ou bien, comme il adore la pizza, des courgettes et des carottes dessus… et il me dit “c’est trop bon, maman“! »
Favoriser l’éducation alimentaire Entre pression familiale, sociale et quête d’identité, les adolescents font un apprentissage important : gérer leur faim. La présence d’une identité alimentaire
• mieux vaut consommer un fruit frais qu’un jus de fruit. • Les céréales vitaminées sont des bombes nutritionnelles ! Trop grasses, trop sucrées, leur goût est stéréotypé. proposez plutôt à vos ados une tartine de pain beurrée avec de la confiture, dont le parfum changera au fil des saisons. • faites-les participer au marché, à la préparation des repas. • En leur racontant l’histoire de la famille, vous les inscrirez dans une tradition culinaire. • L’assiette doit être colorée, les aliments croquants. Les adolescents sont très sensibles à l’odeur et à l’apparence des plats. • Si un ado mange dehors à midi, il appréciera d’autant plus, le soir, un dîner maison.
familiale et l’ancrage dans des traditions constituent un garde-fou nécessaire. Après une période de rébellion ouverte, propre à leur âge, les adolescents modifient leur comportement au fil des ans et reviennent à leurs origines alimentaires familiales. Si la période adolescente se manifeste toujours par une prise de distance par rapport à son environnement, l’exemplarité des habitudes alimentaires familiales reste donc d’actualité. Aussi, une éducation alimentaire, plutôt qu’une éducation nutritionnelle, apparaît de plus en plus nécessaire, l’important étant de continuer à leur proposer une autre nourriture que celle des fast-foods qui fait partie intégrante de leur construction identitaire à ce moment de leur vie. l 1. Les Yum Yum sont des pâtes chinoises déshydratées que les adolescents réduisent en poudre et mangent à même le sachet avec les épices qui les accompagnent. 2. 11,6 % d’obèses.
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La question de l’homosexualité se réduit souvent à des clichés et des stéréotypes. Et si ce désir ignoré nous atteignait brutalement ? C’est l’histoire d’Arnaud.
tardive ProPos recueillis Par Rica Étienne
J’
étais marié, j’avais 34 ans, trois enfants et je filais le parfait amour avec Alice, ma femme. Nous nous aimions, nous nous désirions, tout se passait merveilleusement. À cette époque, Alice ne cessait de me pousser à aller chez son coiffeur, qui était une célébrité locale. Un jour, elle ne me laissa plus le choix et prit rendez-vous pour moi. J’ignorais que mon destin allait basculer au moment où je franchirais la porte de ce salon de coiffure. Quand j’entrai, quand je le vis, mon cœur s’accéléra, mes jambes vacillèrent. Et tandis qu’il me coupait les cheveux, mille idées folles et voluptueuses me traversaient 36
l’esprit, des envies de l’étreindre, de m’abandonner avec lui. Avant ce jour, jamais au grand jamais un homme, fût-il beau, n’avait fait naître en moi le moindre fantasme sexuel.
Coup de tonnerre dans un ciel bleu J’avais rencontré Alice à 19 ans pendant des vacances au ski. J’avais été très attiré par elle. Brillante, intelligente, cultivée, elle possédait un je-ne-sais-quoi de fragile que je trouvais très séduisant. Tout en elle me charmait. Très vite, nous n’avons pu nous passer l’un de l’autre.
Un accomplissement amoureux Malgré le regard social et la pression morale d’une petite ville de province d’il y a 25 ans, j’avais le sentiment que je devais vivre cette expérience unique. J’ai rassuré Alice, ma vie serait avec elle, mais je ne pouvais passer à côté de cet amour. Alice, qui je pense était secrètement amoureuse de Lucas, a accepté. Restait à convaincre cet homme, car mon coup de foudre
© Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com)
Révélation
Avec le temps, notre flirt est devenu une union merveilleuse et solide. Et là brusquement, surgissait cet homme, très beau, lui-même marié et père de deux enfants, et qui avait par ailleurs, comme je l’apprendrais par la suite, un jeune amant. Quand je suis rentré à la maison Alice m’a demandé comment j’avais trouvé Lucas et je n’ai rien pu lui répondre d’autre que : « Je suis tombé amoureux ! » Vous imaginez sa surprise. Elle est passée par toutes les phases du doute, du déni, répétant sans cesse : « mais enfin Arnaud, tu n’aimes pas les hommes ! » pendant que je me tenais devant elle, ardent, plein de désir et de certitude.
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mon histoire < pour lui compliquait singulièrement sa vie qui ne manquait déjà pas de complexité. Après un mois, il a cédé à mes avances. Et notre relation fut riche, sensuelle et finalement très peu sexuelle. Pendant six mois, j’ai été le roi du monde. Je passais des bras de mon amant aux bras d’Alice, j’avais le sentiment d’un accomplissement total, tout en moi trouvait une réponse. Pour eux, bien sûr, c’était plus difficile. Cette aventure a duré un an. Contrairement à ce que j’avais pensé au début, il ne s’agissait pas d’une simple passade homosexuelle. Une vérité profonde, ignorée, m’était révélée. Ensuite, il y a eu d’autres hommes, d’autres histoires.
Mes enfants avaient compris À l’époque de ma rencontre avec Lucas, mon fils aîné avait 9 ans, le benjamin en avait 6 et la cadette 4. Je trouvais impossible de leur révéler mon homosexualité, puisque je ne me sentais pas « homosexuel », j’aimais un homme et ma femme, voilà tout. Et mes enfants étaient trop jeunes pour que je leur impose mon intimité. Je n’ai fait mon coming out que quatorze ans plus tard, quand je me suis séparé de leur mère et que j’ai envisagé de m’installer avec l’homme de ma vie. Mes enfants avaient sûrement compris bien avant de me l’entendre dire avec des mots. Mon fils aîné a été perturbé par cette annonce, ce qui l’a d’ailleurs étonné lui-même. Il faut dire que l’image classique d’un père n’est pas celle d’un homosexuel. Nous avions avec ma fille des rapports fusionnels et j’ai fait l’erreur de lui parler très directement, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Elle aurait préféré de la délicatesse, de la douceur et non ce raccourci abrupt : « J’aime Ivan, on va s’installer ensemble. » Peut-être la vérité la plus dure à entendre pour elle était-elle que notre longue et belle histoire d’amour avec sa mère était achevée et que cela n’avait rien à voir avec Ivan. Après coup, elle a compris que j’avais agi ainsi par honnêteté et ne m’en a plus voulu.
Il ne s’agissait pas d’une simple passade homosexuelle, une vérité profonde, ignorée, m’était révélée. La question des parents J’avais cessé de voir mes parents pour des raisons sans lien avec mon homosexualité. Mon père, ou plutôt celui que je croyais alors être mon père, était un sale type, brutal, qui ne m’aimait pas. Il me frappait, d’autant plus que je portais le prénom de mon vrai père, ce que j’ignorais mais que lui savait. Quand il me frappait, c’était l’autre qu’il visait en moi. Ma mère n’avait pas eu la délicatesse de me donner un prénom qui m’épargnerait cette violence. Quant aux femmes de ma vie, elle les avait toujours détestées, toutes. Elle s’était opposée à mon mariage et à Alice, évidemment. C’est pourquoi, quand nous nous sommes séparés, il était hors de question pour moi d’aller la voir
triompher à l’idée qu’il n’y aurait jamais plus de femmes dans ma vie. Je n’ai pas voulu lui faire ce cadeau. C’est Alice qui lui a annoncé notre séparation et je l’en remercie. Elle lui a fait savoir qu’elle avait un fils formidable et qu’il serait peut-être temps de s’en rapprocher. Après 27 ans de vie commune, un nouveau chapitre de notre histoire s’est écrit avec Alice. Elle est restée la femme de ma vie, la seule que j’aie jamais aimée. À présent, je vis depuis des années avec Ivan, dans la plus grande fidélité amoureuse. Et finalement, le plus important n’est-il pas d’être fidèle à soimême, à ce que l’on porte en soi ? l
L’avis du docteur Marie Veluire, psychosomaticienne et sexologue à Paris L’identité sexuelle et les codes d’attraction amoureuse se construisent progressivement, sur de longues années. L’homosexualité ne se révèle pas du jour au lendemain. Il y a sûrement eu de nombreux indices avant cette fameuse rencontre, auxquels Arnaud n’a pas porté attention. Il pourrait sans doute, en psychothérapie, apprendre à retrouver les signes annonciateurs de son histoire. Il a eu une enfance particulière et difficile avec un père/beau-père violent, une mère castratrice qui n’a pas su le protéger et qui a détesté toutes les filles et les femmes qui l’ont approché. Il s’est construit sur cette réalité. Pour des raisons culturelles, sociales ou morales, il n’a pas pu, ou pas voulu, accepter ses pulsions. Il les a refoulées. D’ailleurs, lorsqu’il les entend, Arnaud devient homosexuel exclusif et non un homme bisexuel : avec son compagnon, il a construit un couple, une relation d’amour, animée par des valeurs de fidélité profonde. C’est l’aboutissement d’un long cheminement.
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> ils vivent dans la rue
Une personne vit et meurt dans ma rue Ils n’étaient pas seulement des « sans », sans papiers ou sans domicile. Ils ont eu un parcours, une vie, un travail, une famille. Le collectif Les morts de la rue milite pour leur redonner une dignité en publiant leur nom et en les honorant lors de célébrations collectives. Vous pouvez aider cette association en l’informant. Si vous avez connaissance du décès d’une personne sans-abri, écrivez-nous par mail à redaction@pausesante.fr, par courrier à Pause Santé, 78 boulevard de la République, 92 100 Boulogne-Billancourt ou sur le site www.mortsdelarue.org. La carte des morts de la rue, régulièrement mise à jour, est consultable sur le site www.mediapart.fr/club/edition/vivre-a-la-rue-tue.
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Une nuit avec les
sans-abri TexTe Julie PuJol P h o T o s D av i D at ta l i , C é D r i C D e s b r o s s e
Une fois par semaine, les bénévoles de la Protection civile parcourent Paris à la rencontre de ceux qui vivent dans la rue. L’une de nos journalistes les a accompagnés.
Jérôme, président de l’antenne Paris-Centre, m’a donné rendez-vous à 20 heures pour assister aux préparatifs. Avant de partir « marauder », direction la salle de tri. Denrées et boissons sont réparties dans des sachets. À l’arrière du camion, on charge des thermos d’eau bouillante, des sachets de soupe, café, thé, chocolat et de la vaisselle en carton. Ce soir, les bénévoles distribueront aussi pour la première fois des produits d’hygiène. Savon, dentifrice, déodorant, ont été offerts par les clients des magasins Monoprix. Les denrées alimentaires, elles, proviennent de la banque alimentaire. Jérôme me prête un « uniforme », une parka aux couleurs de la Protection civile, et me présente l’équipe. Nicole est au volant, Julien est « stagiaire humanitaire », Jean, enfin, est retraité et rodé au bénévolat. Notre équipe est affectée aux quatre premiers arrondissements de Paris. Aucun itinéraire n’est programmé, le camion roule au gré de nouvelles rencontres et de vieilles connaissances. Nous nous arrêtons place du Palais-Royal, où Nicole a repéré un vieux
monsieur couché sur le sol. « Café, thé, chocolat ? », lui propose Jean comme un maître d’hôtel. « On ne leur impose rien, ils choisissent ce qui leur fait plaisir », m’explique-t-il en souriant de mon air étonné. Notre homme demandera seulement un café. « Donne-lui tout de même un sac de couchage, ajoute Jean, le sien est troué ! » Après la rencontre, Jérôme remplit une fiche de suivi qui permettra aux prochaines équipes de le retrouver. Rue Vivienne, un homme est assis par terre, casque de baladeur sur les oreilles. À ses côtés, une valise rouge et des tranches de pain de mie écrasées. Il nous regarde approcher d’un air absent ; mais à mesure que Jean lui parle, son visage s’ouvre. Il enlève un écouteur, puis l’autre. Une lueur naît dans ses yeux, il esquisse un sourire triste. Pour ce soir, il accepte un hébergement d’urgence. Un appel téléphonique, et nous lui réservons une place au centre Yves-Garel, dans le 11e arrondissement. « Ne roule pas trop vite, Nicole, il peut y avoir des gens sur le boulevard », explique Jean avant de crier « Stop ! » quelques secondes plus tard.
La Protection civiLe Cette association présente dans toute la France regroupe 32 000 bénévoles qui interviennent dans la formation du grand public aux premiers secours ainsi que dans des missions d’aide humanitaire et sociale. Informations au 01 40 86 50 24 ou contact@protection-civile.org.
Une silhouette se dessine sur le sol, un homme est allongé sur la route. Je découvre une autre difficulté, la barrière de la langue. « Voulez-vous un kit hygiène ? », demande Jean, tandis que Jérôme traduit en mimant un brossage de dents. « Pas la peine, moi deux ! », répond l’homme en ouvrant la bouche pour nous montrer ses deux uniques dents. « Souhaitez-vous passer la nuit en foyer d’hébergement ? » Il se renfrogne : « Non, moi liberté ! Liberté ! », crie-t-il en montrant la grille d’aération qui lui sert
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de chauffage. « De nombreux SDF refusent de retourner en foyer après y avoir été victimes de violence ou rackettés. Contrairement à la police, nous n’emmenons jamais un sans-abri contre son gré, même si, dans les périodes de grand froid, on est un peu plus insistants », confirme Jean. L’homme évoque ses souvenirs de guerre, mélangeant le tchèque et le français. Après un quart d’heure de discussion, nous regagnons le camion un peu à contre-cœur « C’est difficile de les interrompre quand ils ont envie de parler, précisent les bénévoles, mais il faut aussi aller voir les autres. » Nous arrivons à l’angle de l’Olympia, où vit une famille roumaine. « Ils sont très affectueux », me prévient Jean. À peine est-il sorti du camion que je le vois donner l’accolade aux hommes, embrasser la grand-mère et caresser les chiens.
« Des migrants se réveillent après avoir passé une nuit dans le parc Villemin. Paris, octobre 2008. »
Je m’approche timidement, quand deux femmes me serrent dans leurs bras. Deux autres sont réfugiées derrière des cartons pour se protéger du vent. Sur un petit feu grillent des saucisses. Nous sommes au milieu du boulevard des Capucines… Quelques mètres plus loin, une mère et son fils ont installé un lit à même le trottoir humide. Ils nous ont reconnus et nous adressent un signe amical. Nous remontons à bord du camion. Julien repère un jeune garçon, seul parmi des sacs en plastique. « Bonjour monsieur, bonjour madame » sont les seuls mots
«Exil, Exit ?» Photographe à l’agence siPA/Press, olivier Jobard propose avec Médecins du Monde une exposition itinérante. elle lève le voile sur la vie des sans-papiers et apporte un témoignage inédit sur les conditions de vie, le parcours et l’état de santé de ces personnes parmi les plus exclues en europe.
français qu’il saura nous dire, mais quelques gestes suffisent pour se comprendre. Nous lui apportons un sac de produits d’hygiène et une soupe. Il nous offre en retour son plus beau sourire. « Vous voyez, me confie Jérôme, c’est ça, notre récompense. L’autre jour, j’ai donné une chemise à un garçon de 16 ans. Et j’ai vu la joie dans ses yeux. À ce moment, j’ai su que ma journée avait été utile. » Plus loin, un couple s’est abrité sous un porche. Il commence à pleuvoir. Nous leur tendons une soupe qu’ils boivent lentement, blottis l’un contre l’autre. Ils nous demandent : « Vous reviendrez ? Nous vivons ici. » Voilà presque trois heures que nous sommes dehors, le froid commence à transpercer ma parka.Pour ces hommes et ces femmes, la nuit glacée ne fait que commencer. l
• Du 28 juin au 1er juillet, au forum international des Droits de l’Homme, cité internationale des congrès Nantes-Métropole. • En septembre à Bègles sur le site des Terres Neuves. • En novembre à Bruxelles. Plus d’infos sur www.exil-exit.fr
« Un migrant se cache d’une patrouille de police dans le port de Patras. De là, il tentera de s’introduire dans un camion en partance pour l’Italie. Juillet 2008. » « Ginette est originaire du Cameroun. Les équipes de Médecins du Monde à Bordeaux l’ont rencontrée quand elle était enceinte. Sans autorisation de séjour, elle n’avait pas de suivi médical de sa grossesse et vivait dans des arrière-boutiques, dans des squats, parfois en foyer avec sa première fille. Son bébé est né en novembre 2008. »
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> bon à savoir
L’ actu
un laser mille fois plus fin qu’un cheveu
des sciences
C’est le plus petit laser du monde, il ne mesure que 5 nanomètres. Sa structure est composée d’un nanocâble en sulfure de cadmium couplé à une surface d’argent. Les chercheurs espèrent créer grâce à lui des puces plus performantes pour augmenter la rapidité et la puissance des ordinateurs. Université de Berkeley, étude publiée dans la revue Nature.
par SuzaNNe kaNou
Le retour de La tortue Depuis le début du XXe siècle, elle était devenue rare. Mais Heosemys depressa, une petite tortue birmane, a été aperçue il y a peu dans les forêts de bambous d’une réserve de protection des éléphants de l’État d’Akaran par une équipe de la Société pour la protection de la nature, la Wild life conservation society. La WCS va mettre en place une surveillance permanente pour mieux comptabiliser la population. www.wcs.org
réussi à isoler de nouvelles cellules nerveuses dans la rétine de la souris et à les étudier. Elles fonctionnent de manière autonome et jouent un rôle crucial dans la détection d’un danger. Tout se passe comme si, avant même que le cerveau soit prévenu, ces cellules nerveuses, indépendantes de celles qui informent le cerveau de la vision, étaient capables de repérer les mouvements d’un être vivant ou d’un objet. Elles seraient apparues au cours de l’évolution et pourraient aider un animal à réagir rapidement lorsqu’un prédateur fonce sur lui. Cette découverte confirme le rôle très actif de la rétine. Loin d’être un simple agent de transmission passif des stimuli visuels vers le cerveau, elle traite et sélectionne les données. Ces neurones existeraient chez l’homme.
© Hirlesteanu Constantin-Ciprian/iStockphoto
Des neurones détectent Des chercheurs le danger franco-suisses du CNRS ont
Des Algues en verre
© Pascal Jean Lopez / CNRS
saviez-vous que la coquille de certaines algues microscopiques, les diatomées, présentes en quantité considérable dans les océans, les rivières et les lacs, était composée de silice, le principal constituant du verre ? une équipe du cnrs travaille à comprendre les processus impliqués dans son assimilation, son stockage et son transport. et l’enjeu est de taille, car ces algues sont responsables de près d’un quart de l’oxygène que nous respirons, soit presque autant que les forêts tropicales ! cette avancée permettra peut-être un jour de prédire les modifications de l’environnement à partir du cycle de la silice. 42
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En cas de digestion difficile
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Digérez bien Médicament. Lire attentivement la notice. Si les symptomes persistent, consultez votre médecin. L’utilisation de ce médicament est déconseillée pendant la grossesse. En raison de la présence de saccharose, ce médicament ne doit pas être utilisé en cas d’intolérance au fructose, de syndrome de malabsorption du glucose et du galactose, ou de déficit en sucrase-isomaltase (maladies métaboliques rares). Ce médicament contient 118,6 mg de sodium par comprimé : en tenir compte chez les personnes suivant un régime pauvre en sel, strict. Un avis médical est nécessaire en cas d'utilisation prolongée, un phénomène de rebond peut s'observer à l'arrêt du traitement.
Demandez conseil à votre pharmacien. TEVA Sa
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