Chapitre 2. L’expérience du socialisme au 20e siècle et du mouvement communiste internationale 2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS 2.2. Le socialisme en Chine 2.3. le mouvement communiste international 2.4. Le communisme en Afrique, les partis communistes africains et le panafricanisme 2.1. La révolution d’octobre 1917 et l’URSS
1. Pour comprendre la révolution d’octobre, il faut comprendre la Première Guerre mondiale. Cette première guerre mondiale avait une tout autre nature que la Deuxième Guerre mondiale.
La Deuxième Guerre mondiale était une guerre entre une alliance de pays antifascistes avec la participation de l’Union Soviétique socialiste et un bloc de pays dirigés par des forces fascistes.
La Première Guerre mondiale, par contre, était en guerre entre deux blocs impérialistes : l’Angleterre, la France, la Belgique et la Russie dans un camp ; l’Allemagne, l’Autriche et la Turquie dans l’autre. C’est la plus grande boucherie que l’humanité ait connue jusqu’alors : elle fera dix millions de morts.
La première guerre mondiale (1914-1918) : plus grande boucherie jusqu’alors.
2. Dans les deux camps, les partis qui mènent la guerre veulent élargir leur territoire, leurs colonies, conquérir et piller de nouveaux territoires. Ils ont tous un second but : utiliser la guerre pour évincer le mouvement socialiste, qui devient une menace réelle pour l’ordre existant, en persécutant les révolutionnaires au sein du mouvement socialiste, les arrêter, les exécuter. Les évincer aussi en s’adjoignant les opportunistes du mouvement socialiste et en les récupérant dans l’ordre socio-économique existant.
Au lieu de la lutte des classes, les partis socialistes, depuis 1890, ont en fait prêché la collaboration avec la bourgeoisie.
En plus, depuis des dizaines d’années, dans toute l’Europe, ces partis socialistes pêchaient par nationalisme, par chauvinisme et même par esprit colonial. Dans le parti socialiste allemand, qui était le plus grand au monde, des voix s’élevaient depuis la fin du 19e siècle pour reconnaître à l’Allemagne le droit d’avoir des colonies.
Ces partis socialistes adoptent un point de vue nationaliste et chauvin et ils disent : cette guerre est une guerre pour la défense de la patrie et ils vont soutenir à fond la collaboration avec la bourgeoisie.
Dans les deux camps, les partis qui mènent la guerre veulent élargir leur territoire, leurs colonies, conquérir et piller de nouveaux territoires
3. Lénine dit : Sur le territoire belge combattaient aussi bien des soldats belges, des soldats français et anglais, à côté de soldats marocains, sénégalais, chinois, indiens. C’était donc une guerre internationale, dans laquelle tous ces pays étaient concernés.
Les travailleurs et les révolutionnaires de tous ces pays doivent condamner cette guerre unanimement comme étant une guerre criminelle. Ils doivent faire comprendre que les ouvriers et les travailleurs n’ont rien à gagner dans cette boucherie et qu’ils doivent y mettre fin en renversant la bourgeoisie.
Les armes, il ne faut donc pas les tourner contre les travailleurs d’autres pays, mais tous les travailleurs doivent fraterniser, tourner les armes contre leur propre bourgeoisie et transformer ainsi la guerre mondiale injuste en une guerre civile pour le renversement de la classe des oppresseurs et du capitalisme.
4. La social-démocratie qui était passée dans sa quasi-totalité dans les rangs de l’impérialisme en 1914, poursuivit son œuvre de protection du système impérialiste, jusqu’à collaborer à l’écrasement des insurrections et des révolutions. La social-démocratie allemande a noyé dans le sang la révolution allemande de 1918-1919. Le parti socialiste belge, il a soutenu toutes les opérations militaires au Congo, de 1914 à nos jours. On peut prouver matériellement que les partis socialistes d’Europe, depuis plus de 90 ans, travaillent, comme machine de parti, pour l’impérialisme, pour le colonialisme, pour la grande bourgeoisie.
5. En lutte contre la trahison sociale-démocrate, le Parti des bolcheviks et de Lénine a défendu le marxisme et il a développé la stratégie et les tactiques de la révolution socialiste, il a dirigé l’insurrection d’Octobre et arraché les travailleurs à la barbarie de la guerre impérialiste et des interventions impérialistes. Lénine a formulé la ligne générale pour l’édification socialiste. La Révolution d’Octobre a créé une situation nouvelle dans le monde : l’ordre bourgeois a dû coexister avec son opposé, l’ordre socialiste ; l’existence d’un grand pays socialiste rappelait à tous les exploités et opprimés que l’ordre injuste du capitalisme et de l’impérialisme pouvait être renversé. Le capitalisme vit son champ d’exploitation de la force de travail et des richesses du sous-sol se réduire fondamentalement.
6. La bataille de l’industrialisation mobilisa des millions de jeunes ouvriers et a transformé un pays arriéré et féodal en une puissance industrielle capable de tenir tête à l’impérialisme mondial. L’agriculture moyenâgeuse est devenue dans un délai de deux décennies
une agriculture collective mécanisée. Grâce à la révolution culturelle, l’ancien pays des analphabètes devint le pays des hommes de science, des ingénieurs et techniciens, qui envoie les premiers hommes dans l’espace.
La bataille pour l’électrification de l’U.R.S.S. a été gagnée en deux décennies. Ainsi aujourd’hui la capacité de production d’électricité en Russie et Ukraine dépasse toujours celle des Etats-Unis et du Canada.
7. Le Parti bolchevique, sous la direction de Lénine et Staline, a formé l’Armée rouge dans un esprit d’initiative et d’héroïsme et il a forgé des liens étroits entre l’armée et les masses populaires. Pratiquement toute seule, Armée rouge a vaincu les armées hitlériennes.
8. La victoire de l’Union soviétique sur l’impérialisme allemand a donné une nouvelle impulsion au mouvement révolutionnaire anticolonial et anti-impérialiste qui ébranla la domination impérialiste en Asie et en Afrique. Dans plusieurs pays, la démocratie populaire et le socialisme ont triomphé.
À la mort de Staline, le camp socialiste et les forces de la révolution anti-impérialiste avaient une puissance et un prestige jamais vus, ils se trouvaient dans une position offensive, les opprimés du monde entier pouvaient voir l’avenir avec optimisme.
9. La montée du révisionnisme et la lutte contre ce fléau
L’arrivée de Khrouchtchev à la tête du PCUS a marqué un tournant dans l’histoire. Le groupe de Khrouchtchev a initié son œuvre de destruction en dénigrant les grandes batailles révolutionnaires que les communistes, sous la direction de Staline, ont menées pour matérialiser les principes et
les orientations donnés par Lénine. 10. Le révisionnisme, introduit par le groupe de Khrouchtchev, a eu besoin de plus de 35 ans pour détruire toute l’œuvre réalisée par Lénine, Staline et trois générations de bolcheviks!
11. Khrouchtchev a lancé beaucoup d’idées réactionnaires sur « l’État du peuple tout entier » et le « parti du peuple tout entier » qui ont conduit à la liquidation de la dictature du prolétariat et à la cessation de la lutte de classe contre les forces et influences bourgeoises. La théorie de « la coopération entre l’Union soviétique et les États-Unis dans la lutte pour la paix » a porté des coups à la lutte anti-impérialiste. La théorie de « la voie parlementaire et pacifique vers le socialisme »
Les Présidents américain et soviétique ensemble au sommet de Vienne en juin 1961.
a renforcé les courants sociaux-démocrates au sein de plusieurs partis communistes.
12. Sous Brejnev, une nouvelle petite bourgeoisie a émergé au sein de la bureaucratie et de l’intelligentsia et celle-ci a été la base sociale la plus importante du révisionnisme. Elle a encouragé le développement d’un secteur capitaliste ’de l’ombre’ et a impulsé un processus de dégénérescence au sein des entreprises socialistes.
13. Le révisionnisme de Gorbatchev a pris finalement des formes ouvertement anticommunistes. Les forces sous sa direction, soutenues par la bourgeoisie internationale, ont poussé à son terme le processus contre-révolutionnaire en Union soviétique pour le faire déboucher sur la restauration ouverte du capitalisme dans ses formes les plus sauvages. Gorbatchev et Eltsine ont été les artisans d’une victoire de portée internationale des forces de l’impérialisme et de la réaction.
14. Tous les courants opportunistes œuvrant dans le mouvement ouvrier, les sociaux-démocrates
et les trotskistes ont soutenu le processus contre-révolutionnaire en Union soviétique jusqu’à appuyer le coup d’État d’extrême droite de Eltsine et de la CIA en août 1991.
15. Grâce à la dictature du prolétariat et l’économie socialiste planifiée, l’URSS a réussi à résoudre
de nombreuses questions fondamentales qu’aucun pays capitaliste ne parviendra jamais à les résoudre.
L’URSS a réalisé l’égalité et la coopération fraternelle de plus de 100 peuples, elle a résolu les problèmes du plein emploi, de l’enseignement et de la médecine gratuits, de l’accès à la science et à la culture, du logement, des services sociaux et du transport public pratiquement gratuits. Aucun pays capitaliste n’a jamais assuré la sécurité que l’Union soviétique garantissait à ses populations sous le socialisme.
16. Dès que le socialisme a été complètement détruit en Europe de l’Est et en Union soviétique, toutes les contradictions du monde se sont brusquement et dramatiquement aggravées.
En Russie, la nouvelle grande bourgeoisie maffieuse et criminelle a réduit le pays à un état de dépendance par rapport au capital américain et européen. Le capitalisme a plongé les peuples de l’ex-Union soviétique dans des catastrophes hallucinantes, dans la misère, le chômage, les divisions ethniques, les guerres civiles. La production industrielle a chuté de 55 %.
Tous ces facteurs ont provoqué une diminution de la population de la Russie et de l’Ukraine de dix millions d’hommes en dix ans. Les Républiques, nouvellement créées, sont, pour la plupart, dominées par le capital financier américain et allemand et dirigées par des bourgeoisies compradores.
18. Dès la disparition de l’Union soviétique, l’impérialisme a commencé une offensive néo-coloniale contre le tiers monde, il démantèle les États nationaux, dicte leur politique économique, s’empare de leurs forces productives et intervient directement dans leurs affaires internes. La Première Guerre et l’embargo contre l’Irak ont tué 1.500.000 hommes, femmes et enfants, la Deuxième Guerre et l’occupation ont coûté encore une fois la vie à 1,5 million d’Irakiens. Depuis 1994 on a connu en Afrique centrale génocides, massacres et guerres...
Depuis 1991, la Yougoslavie, pays indépendant et non aligné a été divisé et « balkanisé » sous
La Balkanisation de la Yougoslavie : Sous le socialisme les peuples vivent ensemble, ils travaillent ensemble et ils cherchent à s’entendre et à s’écouter. Les conflits sont résolus par le dialogue et les palavres. Sous le capitalisme, les impérialistes cherchent à diviser les peuples pour mieux les régner. A gauche vous voyez la carte comment les peuples étaient mélangés dans l’ancienne Yougoslavie. La carte à droite montre comment les impérialistes ont, à travers plusieurs guerres, su diviser la Yougoslavie dans des petits états dans lesquels ne vivent chaque fois qu’une majorité : les Slovènes en Slovénie, les musulmans en Bosnie-Herzegovinie, les Croates en Croatie, les Serbes en Servie, les Macédoniens en Macédoine. Depuis 2005 l’OTAN a encore réussi à créer encore un état en plus : le Kosovo, sous prétexte que les Albanais ne sauraient pas vivre ensemble avec les Serbes. Cela s’appelle la Balkanisation. Entre 1998 et 2003, les Etats-Unis ont appuyé la guerre d’agression et ils ont tenté de “balkaniser” la RDC, en créant différents états où régnaient différents chefs (Bemba eu Nord, les hommes de Kagame à l’Est et Kabila à l’Ouest). Cette tentative de balkanisation a échoué jusqu’à présent, grâce à la résistance du peuple congolais et à la tenue des élections en 2006.
les coups de l’impérialisme allemand et américain. En 2000, ce qui restait de la Yougoslavie a été l’objet d’une agression par les armées de l’OTAN, violant les principes fondamentaux de la Charte de l’ONU.
Et en octobre 2001, sous le prétexte de vouloir exécuter un seul homme, Oussama Ben Laden, l’impérialisme a bombardé aveuglément un pays déjà complètement ravagé, l’Afghanistan.
Et cela, dans le but d’implanter de nouvelles bases militaires pour contrôler l’Asie Centrale et encercler l’Iran et la Chine.
2.2. Le socialisme en Chine
19. La Chine a été dominée d’abord par plusieurs puissances occidentales, jusqu’à ce qu’elle tombe presque entièrement sous la domination du fascisme japonais au début des années 1930. Depuis 221 la Chine vivait aussi sous la domination d’un empereur absolutiste et d’un système féodal bureaucratique. En 1949 le peuple chinois se libérait sous la direction du Parti communiste chinois de ces deux formes d’oppression : le colonialisme et la féodalité bureaucratique. Au moment de la victoire de la révolution nationale et démocratique en 1949, la Chine était un pays extrêmement pauvre, son PIB par habitant n’atteignait qu’un quart de celui de l’Afrique.
20. Au début des années 50, la Chine a entamé son passage au socialisme. Elle n’a pas cessé depuis de s’en revendiquer.
21. Le socialisme comme le concevaient Marx et Engels remplacerait inévitablement le système capitaliste une fois que celui-ci aurait atteint un niveau de développement élevé. La Chine des années 50 n’en était nullement là. Le capitalisme n’y existait encore qu’à une échelle extrêmement réduite et était essentiellement présent dans les anciennes concessions coloniales. En effet, l’immense Chine n’a jamais été complètement colonisée, mais diverses grandes puissances – la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, le Japon et même la Belgique – y possédaient des « concessions » (quartiers) dans quelques grandes villes, surtout près de la côte.
22. Une période de transition s’imposait inévitablement. Depuis les réformes de 1978, le gouvernement a reprivatisé un certain nombre d’autres secteurs et encourage l’établissement d’entreprises privées, chinoises ou étrangères. Il développe une économie de marché que l’État contrôle à un certain degré. À l’heure actuelle, 70 % des 500 entreprises chinoises au chiffre d’affaires le plus élevé sont des entreprises publiques ou contrôlées par l’État. Leurs capitaux représentent 85 % du capital total de ces 500 entreprises. L’État socialiste possède ou contrôle les secteurs économiques d’importance stratégique.
23. Ces réformes offrent des possibilités, mais présentent aussi des dangers. Grâce à elles, la Chine a pu augmenter rapidement le niveau de vie de sa population – qui s’élève à plus de 1,3 milliard d’habitants déjà. En même temps, les lois du système de propriété privée des moyens de production (c.-à-d. du capitalisme) et du marché se manifestent aussi. Des inégalités s’accentuent entre riches et pauvres, entre villes et campagnes. Le nombre de capitalistes augmente et peut devenir une force menaçante pour le socialisme. L’histoire dira si les communistes chinois pourront développer de manière correcte et créative le socialisme dans cet immense pays du Sud.
24. La Chine d’aujourd’hui est toujours un pays en voie de développement. Malgré une région côtière industriellement développée, la majorité de la population reste rurale. En 2009, 38 pour cent de la population professionnelle travaillait encore dans l’agriculture, soit une baisse de 12 points
depuis 2000. En comparaison, aux États-Unis, 1 pour cent de la population travaille encore dans l’agriculture. Plus la part de l’agriculture dans l’emploi est élevée, moins le pays est développé et plus il est difficile de faire croître l’économie. La Chine se classe parmi les pays moyennement pauvres. Le rapport sur le Développement humain (2010) des Nations Unies classe la Chine à la 89e place, sur un total de169 pays.
25. Dès l’automne 2008, des économistes occidentaux avaient prévu avec certitude que la crise financière et économique dans les grandes métropoles capitalistes allait réduire de moitié au moins la croissance annuelle de 9 à 10 pour cent que la Chine avait connue au cours des deux décennies écoulées. Le grand patron du Fonds monétaire international, Dominique StraussKahn affirmait en décembre 2008 : « L’an dernier, la Chine a connu une croissance de plus de 11 pour cent. Elle va retomber à 5 ou 6 pour cent. » En Chine, l’économie a continué de croître : durant la première année de crise, de 9,6 pour cent ; l’année suivante, de 9,1 pour cent ; et, en 2010, de 10,1 pour cent (estimation).
26. Pour compenser l’affaiblissement des exportations vers l’Occident depuis la crise de 2008, les autorités chinoises ont fait grimper les investissements et les commandes publiques et ont également assuré une hausse encore plus rapide du revenu des familles. C’est une réponse à la crise qui est à l’opposé de ce que les pays capitalistes ont fait. Plus tard, dans les métropoles capitalistes, on a également lancé des trains de mesures financiers contre la crise. Mais il n’y fut pas question d’augmenter le revenu des familles. Et le soutien aux banques y consista en la reprise de leurs dettes. Socialisation de la dette, privatisation du profit, dirent les analystes. Aujourd’hui des pays européens (Grèce, Irlande, Espagne) sont en train de tomber dans le rôle des victimes du FMI comme l’Afrique depuis les années 80.
27. En laissant la Chine entrer dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en septembre 2001, les États-Unis, l’Europe et le Japon espéraient contrôler son économie. Ils étaient convaincus que la Chine allait détricoter progressivement le secteur d’État dans l’économie et que le Parti communiste allait être mis de côté comme en URSS. Ils doivent constater l’échec de cette politique. Aujourd’hui, il s’avère que le secteur d’État est de plus en plus fort. Le magazine Foreign Policy, une publication proche des démocrates aux États-Unis, écrit : « Au fur et à mesure que la Chine se renforce et s’enrichit, les secteurs de l’économie contrôlés par l’État se développent. Ils deviennent plus puissants, au contraire du secteur privé indépendant, qui est sciemment opprimé. 95 % des 586 milliards de dollars du montant des incitatifs annoncé par Beijing en novembre 2008 va aux entreprises du secteur d’État. Le secteur d’État, plus puissant, donne au parti communiste plus de moyens encore de renforcer son emprise sur l’économie et la société. »
28. La Chine a acquis de nouvelles technologies et la capacité de produire elle-même, dans tous les domaines. Grâce à cela, elle a pu sortir des dizaines de millions de paysans de la pauvreté et faire progresser le pays entier. Cela lui permet aussi de développer des relations économiques avec un nombre croissant de pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique qui peuvent ainsi diminuer leur dépendance vis-à-vis des multinationales impérialistes. Souvent la Chine leur fournit une aide non négligeable. Ainsi, en échange de matières premières, de pétrole surtout, la Chine s’engage dans de nombreux projets de développement en Afrique.
29. Pour la première fois dans l’histoire moderne, l’Afrique voit la possibilité de se développer de manière indépendante. Les puissances occidentales comptaient renforcer leur mainmise sur le Sud à fin d’exploiter à fond ses ressources et ses marchés. Mais voilà qu’elles ne peuvent pas empêcher la Chine de développer des relations commerciales privilégiées avec leurs anciennes « chasses gardées », africaines pour l’Europe, latino-américaines pour les États-Unis. 2.3. le mouvement communiste international
30. Dès l’instant où la théorie marxiste a gagné du terrain au sein du mouvement des travailleurs, l’internationalisme a été un élément essentiel du mouvement. « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous » en est devenu la devise. L’unité du monde du travail face aux intérêts communs du monde du capital a reçu un nom : « l’internationalisme prolétarien ».
31. Aujourd’hui, le monde du capital pense et agit de façon plus que jamais internationale. Il se bat pour le contrôle des marchés mondiaux et des matières premières. Sans compter ses soustraitants, Siemens emploie 426 000 travailleurs dans 78 pays différents. Jamais un si petit nombre de grands actionnaires n’a eu le contrôle des fruits du travail d’un si grand nombre de travailleurs d’autant de pays différents.
32. La classe ouvrière ne peut réussir qu’en tant que force internationale unie. L’unité internationale des ouvriers est plus importante que leur unité nationale. Il s’agit d’y arriver aussi en pratique. L’internationalisme est une attitude envers le monde. Les communistes veulent traduire cette attitude dans les orientations et dans les initiatives pratiques de leur parti.
33. Chaque parti communiste fait partie du mouvement communiste international.
34. La bourgeoisie a dû lutter pendant plus de trois siècles, avant de triompher définitivement de la féodalité. La révolution socialiste a pour but de mettre fin au long règne des différentes classes exploiteuses et d’éliminer toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme. La victoire définitive du socialisme dans le monde entier demandera toute une époque historique. 35. Le vingtième siècle a été le témoin non seulement de grandes victoires dans la révolution et la construction socialistes, mais aussi de la trahison et de la contre-révolution dans les rangs des communistes. La social-démocratie, le trotskisme et le révisionnisme à l’intérieur des partis communistes ont largement contribué et appuyé le renversement de l’Union Soviétique. Le vingtième siècle a été celui de la répétition générale au cours de laquelle le prolétariat a accumulé des expériences positives grandioses, mais aussi des expériences négatives et dramatiques.
36. Depuis le renversement du socialisme en Union Soviétique, des partis communistes ont organisé des séminaires et des rencontres internationales et régionales pour le rétablissement du mouvement communiste international, à fin de restaurer la confiance dans le futur socialiste de l’humanité pour tous ceux qui se battent contre le capitalisme et l’impérialisme.
37. En dépit de ces pas en avant, la lutte entre les points de vue communistes révolutionnaires et les points de vue réformistes et opportunistes continue dans ses rangs. Le conflit entre la ligne de « résistance et rupture » et la ligne « adaptation et assimilation » au système impérialiste continue.
38. Il faut participer activement à ses activités internationales afin de donner une forme plus nette à la coopération avec les partis communistes et ouvriers, le pôle communiste. Ce pôle communiste va créer de meilleures conditions pour affronter les difficultés existantes. Cela facilitera aussi un rassemblement plus large des forces anti-impérialistes.
39. Un pôle communiste bien défini ne rend en aucun cas caduques la souveraineté de chaque parti et leur responsabilité dans la relation avec la classe et le mouvement ouvrier dans leur pays respectif. Il prendra la forme d’une coordination d’actions communes, basée sur l’égalité.
40. En ce qui concerne les différences idéologiques entre partis communistes, ces divergences ne peuvent pas nous empêcher à poursuivre nos efforts pour des actions communes autour d’objectifs anti-impérialiste et anti-monopoles tout en réfutant les points de vue politiques et idéologiques erronés.
2.4. Le communisme en Afrique et le panafricanisme
2.4.1. Communisme versus social-démocratie dans la question coloniale
41. Dans la question coloniale, dès la fin du 19e siècle et le début du 20e, deux lignes politiques s’affrontent au sein de la gauche internationale : celle qui est clairement anticoloniale et celle qui propage le chauvinisme et le devoir de coloniser au nom de la civilisation. La première position est défendue par les marxistes. La deuxième par la social-démocratie.
42. Les communistes prennent une position clairement anticoloniale : « Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de “ses” impérialistes aux colonies, de soutenir non en paroles, mais en fait, tout mouvement d’émancipation dans les colonies, d’exiger que les impérialistes de la métropole soient expulsés des colonies, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimées et d’entretenir parmi les troupes de la métropole, une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. »
43. Bernstein, un des plus importants dirigeants et idéologues de la social-démocratie allemande écrit en 1899 : « Nous devons également songer à l’avenir. L’Allemagne importe chaque année des quantités considérables de produits coloniaux : un jour viendra où nous souhaiterons, au moins pour une part, trouver ces produits dans nos propres colonies. (...) » « Il n’est pas fatal que l’occupation de pays tropicaux par les Européens porte préjudice aux
Congrès de l’Internationale Communiste, juillet 1920.
indigènes, et dans de nombreux cas, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Ce n’est pas la conquête qui crée des droits, mais la mise en valeur du sol. Une civilisation évoluée a donc, en définitive, des droits supérieurs. » En 1903 Bernstein déclare : « Sans progrès de notre économie dans les colonies, la misère actuelle en Europe, que nous nous efforçons d’éliminer, serait infiniment plus grande. (...) Même comparé aux atrocités coloniales, l’avantage tiré des colonies pèse toujours plus lourdement dans la balance. »
44. Émile Vandervelde, dirigeant et idéologue de la social-démocratie belge comme internationale, conclut en 1908 après un voyage au Congo : « Je tiens le Congo pour un champ d’action admirable, où l’on a déjà fait de grandes choses, mais il reste tant de choses à faire que la mise en valeur en sera très onéreuse, du moins pendant les premières années. Quant aux réformes — spécialement en ce qui concerne la corvée du caoutchouc — je considère que, même si des considérations de justice, d’humanité ou du respect d’engagements internationaux ne les imposaient pas, encore faudrait-il les faire, parce que, du point de vue purement économique (...) Les méthodes vicieuses d’exploitation finissent par rendre le travail forcé plus onéreux que le travail libre. » Vandervelde se termine par un appel « aux milliers de jeunes gens qui assiègent les ministères et les administrations pour obtenir une misérable place », afin « qu’ils aillent plutôt au Congo. Ils y trouveront des traitements plus élevés, des occasions plus nombreuses de se mettre hors pair et, surtout, une vie plus libre et plus intéressante au milieu des possibilités des pays neufs, dans la majestueuse solitude des forêts et de la brousse. »
Quand une majorité au congrès du Parti socialiste belge risque de voter pour une position anticoloniale, Vandervelde l’empêche en menaçant avec sa démission.
45. L’argument théorique des sociaux-démocrates est que « Quand la production capitaliste entre en lutte avec les formes de production arriérées, nous ne pouvons et ne devons pas lui dresser des obstacles sur son chemin. » Ce qui revient à dire qu’un mouvement révolutionnaire dans les colonies serait réactionnaire puisqu’il risque d’entraver le développement du régime capitaliste « en faveur d’une forme de production arriérée ».
46. Les communistes répondent : « Le but du capitalisme n’est pas de développer les forces productives, mais de créer du profit pour les capitalistes. Le développement des forces productives est seulement la conséquence des conditions dans lesquelles le profit est créé. La caractéristique de tout système de colonisation est qu’il est déterminé dans ses formes et dans son développement par les nécessités intérieures du pays colonisateur, en ce que ces nécessités ont de plus exclusif et de plus inconciliable avec le développement du pays colonisé. »
47. Ce sera Lénine qui analyse la base matérielle de la position de la social-démocratie : « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée d’États particulièrement riches et puissants qui pillent le monde entier (...). On conçoit que ce gigantesque surprofit (car il est obtenu en sus du profit que les capitalistes extorquent aux ouvriers de “leurs” pays) permette de corrompre les chefs ouvriers et les couches supérieures de l’aristocratie ouvrière (...). Cette couche d’ouvriers embourgeoisés ou de “l’aristocratie ouvrière”, entièrement petits-bourgeois par leur mode de vie, par leurs salaires, par toute leur conception du monde, est le principal soutien de la IIe Internationale, le principal soutien social (...) de la bourgeoisie, car ce sont de véritables agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier, des commis ouvriers de la
Rapport au 6e congrès de l’internationale communiste de Togliatti « La social-démocratie et la question sociale », 1928.
classe des capitalistes (...), de véritables propagateurs du réformisme et du chauvinisme. »
2.4.2. Le Panafricanisme anti-impérialiste
48. Dans le monde de la « mondialisation » impérialiste d’aujourd’hui, une entreprise « privée » comme General Electrics a des actions d’une valeur de 782 milliards de dollars. En 2009 la RDC avait un produit intérieur brut d’environ 11 milliards de dollars. Sans le panafricanisme antiimpérialiste, ce ne sera jamais possible pour la RDC ou n’importe quel pays africains d’en finir avec le régime néo-colonial et d’obtenir une vraie indépendance et une vraie démocratie pour son peuple.
49. Sous la direction de Mzee Laurent Kabila se tenait du 12 au 15 mai 1998 une Conférence de Solidarité et de Développement, où les pays des Grands Lacs participaient. Dans la synthèse des travaux, on lit : « Face au défi de la mondialisation, aucun pays ne peut s’en sortir seul. Il nous faudra mettre en commun nos ressources, il nous faudra définir et appliquer des politiques communes, si nous voulons que cette mondialisation devienne pour nos pays une opportunité de croissance, de développement et d’éradication de la pauvreté... »
50. La vraie solidarité panafricaine implique que les pays règlent leurs différences en dehors de toute immixtion de la part des puissances impérialistes et dans l’intérêt commun des peuples africains. Or en Afrique, il y a nécessairement autant de mouvements panafricanistes différents qu’il y a de classes sociales. Au-delà des frontières africaines, les courants politiques identiques se soutiennent mutuellement, créant un panafricanisme à contenu de classe déterminé.
51. Il y a d’abord le panafricanisme réactionnaire pro-impérialiste. L’abbé Fulbert Youlou, le président du Congo-Brazzaville, a été un représentant typique de ce panafricanisme réactionnaire. « Les civilisations du Bénin et du Nigeria témoignent d’un Moyen Age honorable. » « Il est temps que les Africains pensent eux-mêmes leur politique. » « L’heure des grands ensembles est aussi l’heure de l’Afrique à son éveil. » « Le péril qui menace l’Afrique aujourd’hui est teinté du jaune communiste de Pékin. » « C’est la race noire tout entière qui est menacée d’extermination sous l’occupation massive des vagues chinoises. » « L’idéologie mondiale communiste qui a diaboliquement poussé l’Homme d’Occident à douter de la valeur de sa civilisation chrétienne est la cause essentielle du drame africain. »
52. Les vrais nationalistes doivent s’allier aux « représentants traditionnels de l’Afrique ». Il faut « une grande stratégie de tous les États du continent noir », à mettre en œuvre avec HouphouëtBoigny de la Côte d’Ivoire, Tombalbaye du Tchad, Banda du Malawi, Yaméogo de la Haute-Volta, Diori Hamani du Nigeria, Dacko de la République centrafricaine, le roi Mwabusta IV du Burundi et avec Tshombe et Mobutu au Congo-Kinshasa. « L’unité africaine n’est réalisable que dans l’adhésion du continent noir au bloc occidental. » « Je me bats pour que le Marché commun soit étendu à tout le continent africain. » Il faut « associer la défense de l’Afrique à celle du Monde libre » en élargissant « la zone couverte par l’OTAN ».
Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme. Préface aux éditions française et allemande, 6 juillet 1920
Kabila et la révolution congolaise. Panafricanisme ou néocolonialisme ? Ludo Martens 2002. P. 306-307.
53. Le 19 septembre 1960, Mobutu place Bomboko et ses Commissaires généraux à la tête du Congo. Les Commissaires lisent une proclamation rédigée en concertation avec Mobutu luimême : « Le colonel Joseph Mobutu est aujourd’hui l’homme qui nous a délivrés du colonialisme communiste et de l’impérialisme marxiste-léniniste. Grâce à l’armée nationale congolaise, nous ne passerons pas d’un esclavage à un autre. » À l’époque, tous les agents de l’impérialisme prétendent « dénoncer tout néocolonialisme d’où qu’il vienne, celui de l’Est aussi bien que celui de l’Ouest ». On trouve cette même phrase dans la bouche de Malula, de Mobutu ou de Bomboko. Mais tous veulent en même temps la perpétuation de la domination impérialiste, et feront tout pour lier le Congo pieds et poings liés à ses pires exploiteurs, aux pires assassins, les impérialistes américains, français et belges.
54. Le panafricanisme de la grande bourgeoisie africaine n’est qu’une facette du mondialisme du capital. Les multinationales sont la force dirigeante du panafricanisme bourgeois. En mai et décembre 2008, le groupe qui entoure Paul Kagame a participé à deux conférences qui ont abouti au texte « Le consensus du lac Kivu, un programme pour une Afrique compétitive ». Quand on lit la liste des les 56 signataires on se rend compte qu’il s’agit d’un réseau de la droite républicaine aux États-Unis, de la droite sud-africaine autour de la famille De Beers, de la démocratie chrétienne allemande et de certaines figures du groupe proche de Kagame. Le texte contient des directives sur la politique économique qui devrait aboutir à une augmentation de la compétitivité de l’économie africaine, selon la recette ultralibérale mieux connue comme « le consensus de Washington ». Les mêmes auteurs de ce texte sur le « consensus du Lac Kivu », ont aussi écrit un texte provocateur prêchant la balkanisation de la RDCV sous le titre « There is no Congo ».
55. Il y a ensuite le panafricanisme de la petite bourgeoisie, rêvant d’une Afrique politiquement indépendante et unie, mais en maintenant les illusions dans la démocratie bourgeoise occidentale. Ce panafricanisme de la petite bourgeoisie a à certains moments un caractère révolutionnaire quand il vise à briser les chaînes coloniales et à mettre fin à la domination politique directe de l’Occident. Mais le panafricanisme de la petite bourgeoisie n’est pas conséquent et ne veut rompre ni avec l’impérialisme, ni avec le capitalisme.
56. George Padmore a été un dirigeant panafricaniste révolutionnaire influencé par le communisme dans sa jeunesse. Mais dans son dernier livre Communisme ou Panafricanisme, il estimait que les « anticolonialistes britanniques » qui suivaient « une politique conséquente » se trouvaient dans le Parti travailliste. S’adressant aux États-Unis, Padmore écrit en 1955 : « Je puis offrir une garantie contre le communisme. Cette garantie... rendra à jamais cher aux Africains le peuple de la grande république nord-américaine... Les hommes d’État américains n’ont qu’à faire un geste hardi en faveur des Africains... Ce geste doit revêtir la forme d’un programme d’un plan Marshall d’aide pour l’Afrique... Quelle belle façon de réparer les torts jadis infligés aux Africains. » Il conclut son credo : « Le panafricanisme offre une alternative idéologique par rapport au communisme... Le panafricanisme porte son regard au-dessus des étroits intérêts de classe et de race... il veut une vraie égalité pour tous. »
57. Pendant longtemps, Sékou Touré a maintenu un discours nationaliste, populiste et révolutionnaire qui avait très peu de rapport avec la réalité sociale et économique changeante de la Guinée.
http://www.thebrenthurstfoundation.org/Files/Brenthurst_Commisioned_Reports/BD0901_Lake_Kivu_French.pdf
Dès le début des années soixante, la corruption se développa parmi les fonctionnaires et quelques purges spectaculaires ne l’ont nullement freiné. En avril 1962, un nouveau code des investissements offrait d’amples avantages et privilèges au capital étranger auquel des hauts fonctionnaires se sont liés à travers des sociétés mixtes. En novembre 1962, Sékou Touré s’était réconcilié avec le « panafricaniste réactionnaire » Houphouët-Boigny qui s’écria lors de sa visite à Conakry : « Hommage à mon frère Sékou Touré, artisan déterminé de l’Unité africaine ; nous faisons le serment que nous ne nous séparerons jamais ; nous oeuvrons tous pour une Afrique unie, prospère et fraternelle ».
58. Le seul panafricanisme qui pourra vaincre dans le combat avec l’impérialisme c’est le panafricanisme révolutionnaire et anti-impérialiste, le panafricanisme dont le prolétariat africain est le moteur. Ce panafricanisme ne peut pas exister sans concrétisation, sur le terrain africain, de l’internationalisme prolétarien, de l’unité de pensée et d’action du prolétariat mondial, représenté par le mouvement communiste international. Au 20e siècle des Partis communistes africains ont été fondés sous l’influence et avec l’aide de l’Internationale Communiste. Certains ont joué un rôle important dans la lutte pour la démocratie et l’indépendance dans leur pays. Le Parti comuniste sud-africain et soudanais continuent à jouer aujourd’hui un rôle important.
59. Le Parti communiste sud-africain a accumulé une expérience très importante en vue d’augmenter l’hégémonie de la classe ouvrière dans la société à partir d’une stratégie de révolution nationale démocratique. Il a une longue tradition d’éducation politique, de journalisme progressiste, de lutte syndicale révolutionnaire, de mobilisation populaire et de pouvoir populaire, de travail parmi les jeunes comme les paysans dans les zones rurales, de coopératives et de lutte armée, dont tous les communistes africains peuvent apprendre.
60. Le Parti communiste soudanais est actuellement le seul Parti qui bat campagne dans tout le Soudan, aussi bien au Nord qu’au Sud, pour le maintien de l’unité et la défense des droits démocratique du pays.
61. Pendant la vague révolutionnaire des années soixante, ce panafricanisme révolutionnaire s’est manifesté dans l’œuvre et dans la pratique de Mulele au Congo, d’Osende Afana au Cameroun, d’Amilcar Cabral en Guinée-Bissau et dans les derniers ouvrages de Nkrumah. Ces révolutionnaires africains ont développé leur idéologie en étudiant le marxisme-léninisme, entre autres à travers les expériences de la révolution chinoise et cubaine.
62. Les communistes africains ont joué et doivent encore jouer dans le futur le rôle de moteur du panafricanisme révolutionnaire, capable de casser la domination impérialiste. Inspiré de la lutte de Patrice Emery Lumumba et d’autres révolutionnaires africains, le mouvement communiste africain montre sa vitalité de la Tunisie à l’Afrique du Sud en passant par le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Soudan, le Sénégal, la RDC, le Swaziland et bien d’autres pays. Cela est clairement apparu lors des conférences de l’Africa Left Network Forum (ALNEF) en 2008 et 2010.
63. Enfin, nous ne pouvons pas oublier les communistes cubains qui, motivés par l’internationalisme prolétarien, se sont jetés dans la lutte pour briser le joug colonial en Afrique. Cela a commencé avec l’arrivée au Congo de Che Guevara en avril 1965 et cela a continué avec l’engagement
de 500 000 Cubains venus aider les peuples africains en lutte contre le système de l’apartheid et l’impérialisme américain. Thenjiwe Mtintso, l’ambassadeur sud-africain à Cuba, l’a exprimé avec éloquence en décembre 2005 : « Aujourd’hui l’Afrique du Sud a trouvé beaucoup d’amis nouveaux. Hier encore ces amis traitaient nos dirigeants comme des terroristes et ils appuyaient l’apartheid… Aujourd’hui ces amis veulent que nous dénoncions et nous isolions Cuba. Notre réponse est très simple : c’est le sang des martyrs cubains – et pas de ces amis nouveaux – qui a coulé sur notre terre et qui a nourri l’arbre de la liberté dans notre pays. »
64. Le mouvement communiste international des pays capitalistes et les pays socialistes forment les alliés naturels du panafricanisme anti-impérialiste. Pour deux raisons. D’abord, les communistes ont, eux-mêmes, terriblement souffert des agressions impérialistes. Lors de l’agression nazie de 1941-1944 des dizaines de millions de communistes ont sacrifié leur vie pour la victoire sur le nazisme. La Chine, quant à elle, a subi la domination des colonialistes occidentaux et, au cours des années 20, 30 et 40, son sort a été pire que celui de l’Afrique! Ensuite, les pays communistes veulent construire une économie indépendante et, pour cela, ils doivent se soustraire à la domination politique et économique de l’impérialisme. Pour progresser dans cette voie, ils ont intérêt à soutenir tous les pays qui, eux aussi, veulent se soustraire à la domination de ces mêmes impérialistes. En ce qui concerne les communistes dans les pays capitalistes, Staline disait : « Les intérêts du mouvement prolétarien dans les pays évolués et du mouvement de libération aux colonies exigent que les deux aspects du mouvement révolutionnaire s’unissent en un front commun de lutte contre l’ennemi commun, contre l’impérialisme. »
Chapitre 3. Le monde en 2011 3.1. le capitalisme mondial et la crise économique 3.2. le capitalisme et la crise écologique 3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure 3.4. les tâches des communistes
3.1. le capitalisme mondial et la crise économique
1. Le système capitaliste fait face à la crise la plus grave depuis la dépression de 1929. Il ne s’agit pas d’une récession passagère et conjoncturelle, mais d’une crise généralisée du système capitaliste, dont la source se situe dans la sphère de la production. Cette crise sera longue et profonde et nous n’en sommes qu’au début.
2. Cette crise changera inévitablement la face du monde. Les rapports de force entre grandes puissances seront bouleversés. Les contradictions de classe s’aiguiseront. Les travailleurs et les peuples payent déjà les frais de la crise, à travers de nouvelles séries de mesures au profit des monopoles, par la montée du chômage et une exploitation renforcée, par de nouvelles charges et des économies dans les secteurs sociaux. Tous ceux qui gagnent leur vie grâce au travail connaîtront plus d’insécurité, de faim et de pauvreté.
3. Les travailleurs et les peuples du monde ont devant eux la tâche de lutter pour des changements profonds de la structure économique et sociale, dans une perspective de renversement révolutionnaire du capitalisme et de construction du socialisme. C’est la seule et unique réponse efficace à la crise du système et pour éviter que le capital se relance sur les mêmes bases après avoir vaincu la crise par ’l’assainissement’ du marché, de sorte qu’il puisse profiter d’une nouvelle période de développement capitaliste et de profits plantureux.
4. Les causes de la crise : Les gouvernements des pays capitalistes entretiennent sciemment la fausse perception selon laquelle la crise actuelle trouve son origine dans la sphère financière parce qu’ils craignent que le système économique lui-même soit remis en cause. Selon eux, il suffirait d’une régulation plus stricte des acteurs et des opérations financières pour redémarrer comme avant. La chute vertigineuse de la production ne serait qu’une conséquence des problèmes du monde financier qu’on pourrait résoudre par la restauration de la confiance des consommateurs et des investisseurs.
5. Il est vrai que la sphère financière a pris une place de plus en plus dominante depuis l’éclatement d’une crise économique au début des années 70. Il suffit de constater qu’entre 1980 et 2007 le produit mondial a été multiplié par cinq et que les stocks financiers ont été multipliés par quatorze. Ainsi un écart croissant s’est formé entre la sphère productive et la sphère financière, gonflée par un développement gigantesque de produits spéculatifs. Mais l’éclatement de cette bulle financière, qui s’est orientée de plus en plus avidement vers les