Pepper Steak N°2

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N°2

en seagal Le nouveau stev

Vrai drug movie ?

Previews été

Pepper steak / Mai 2008 / numéro 2 / 1 euro


A l’époque, ça semblait tout bonnement incroyable. Le teaser du Godzilla américain était passé dans les salles un an avant la sortie du film. C’était le début des nouvelles stratégies de communication des studios envers son public, une époque où tout aller basculer, où Internet arriverait, où le DVD allait supplanter la bonne vieille cassette VHS. Le film grand public est aujourd’hui à un stade de produit intermédiaire, qui correspondrait à son exploitation en salles. Il rattache avec lui un travail en amont et en aval, où le spectateur est sans cesse sollicité, préparé à donner de l’argent, puis à en donner encore si l’expérience lui a été bonne. Voilà comment étendre une expérience filmique au-delà de la simple projection, même au-delà des images qui peuvent nous en rester. Rumeurs, annonces officielles, Images, teasers, bandes annonces de mauvaise puis de bonne qualité, promo télé, magazine, puis film en salle puis attente de sortie en DVD avec la bande son du film, puis sortie en DVD avec bonus DVD. Voilà la longévité d’un film, qui se traduit plus par une période pendant laquelle on le vit, même avant de l’avoir vu, à travers des spéculations sur l’histoire, les acteurs, les pronostics sur les scores d’audience. Le mot qui définit tout ce phénomène est un faux ami. « Anticipation »., à traduire par attente fébrile en français. Voilà comment évolue les films qui marchent, alors que sonne déjà le glas de leur fatale dématérialisation physique. Usine à rêves après tout.

FANTOMETTE PREND UN COUP Non ce n’est pas le nom du nouvel opus littéraire écrit par notre Georges Chaulet national. Quoique ça aurait pu l’être, depuis que les éditions Hachette ont décidé de rééditer les aventures de la justicière de Framboisy dans une huitième édition reliftée des plus sympathiques. Autre temps, autre mœurs, dirons nous. Bref, tout avait l’air réussi jusqu’à ce que l’on se rende compte à première lecture que le texte a lui aussi été remis au goût du jour, pour être intégralement conjugué au… présent ! En résultent des phrases insipides, une littéralité massacrée, et des tournures de phrases trahissant des fautes de styles des plus effroyables. A se demander ce qui a du passer par la tête des décideurs de la maison d’édition, qui semblent avoir courbé l’échine devant le maelstrom de la débilisation générale, de la pénurie des jeunes lecteurs et du massacre décomplexé de la langue française. Ecrites comme des scénarios, les aventures de Fantômette n’ont plus aucune magie et ne peuvent plus répondre à la mission première d’un livre pour enfant: donner envie de lire, encore et encore. Pour savoir ce qui a fait basculer les responsables de la bibliothèque rose vers un ralliement aux vertus de la novlangue, nous leur avons adressé une lettre manuscrite afin qu’ils puissent nous fournir une explication. Ayant évoqué le scandale et la honte, nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse explicative des prévaricateurs...


PEPPY NEWS Vous voyez cet homme ? Oui. C’est Joshua Jackson. Que fait-il dans Pepper Steak et qu’est il en train de faire ? En train de voir comment son appareil marche pour pouvoir faire une prochaine couverture. Car cet homme, Joshua Jackson, mesdames et messieurs, a de très grandes chances d’incarner Peter Parker dans Spider-Man 4. Tout droit sorti de l’école des teen movies américains des années fin 90, celui dont on se souvient surtout pour avoir incarné Pacey Witter dans Dawson n’a pas caché son enthousiasme quand la proposition de remplacer Tobey Maguire lui a été faite.

Après avoir joué Pacey dans Dawson, comment pourrait il donner plus de crédibilité à Peter Parker dans une nouvelle approche de la license de l’homme araignée ? Ne serait-il pas temps de donner au photographe new-yorkais une allure autre que celle de l’éternel puceau qui se transforme en super héros une fois le masque enfilé ? Espérons que les producteurs de Sony aient un sursaut de lucidité et choisissent un vrai acteur de cinéma pour remplacer Tobey Maguire. Quand on pense qu’il a failli être Batman… Pourquoi pas Lindsay Lohan en MJ ? A propos du film, des rumeurs persistantes à propos de James Vanderbilt (Zodiac) pour le scénario circulent dans les longs couloirs de Hollywood. Nouvelle plutôt rassurante de ce côté... Ca s’annonce pas mal du tout. Et c’est un peu dommage. Car le prochain James Bond sera de bonne qualité, bref ça s’annonce comme un très bon film, à la hauteur de Casino Royale. N’en déplaise aux amateurs des James Bond semi parodiques avec Roger Moore comme moi, Daniel Craig revient, bien décidé à débusquer l’organisation pour laquelle travaillait sous chantage la belle Vesper Lynd (Eva Geen). Le film commencera vingt minutes après la fin de Casino Royale, là où Bond retrouvait le commanditaire de Vesper et lui tirait une balle dans la cheville. James Bond était né. Pas une préquelle à la saga donc, mais plutôt une réécriture du mythe instigué par les romans de Ian Fleming il y’a plus de 50 ans. Cette nouvelle aventure de Bond mettra en avant un des aspects rares du héros: Sa désinvolture auprès de ses supérieurs pour mener une vendetta personnelle. Sa soif de vengeance et de réponses le mènera en Italie, en Afrique du Sud et en Amérique latine pour faire chuter les plans de conquête de l’horrible Dominic Greene (Mathieu Amalric). Espérons que Bond pourra se remettre de la trahison de la bitch française avec ses deux nouvelles Bond Girls. (Olga Kurylenko et Gemma Arterton).

C’en est fini de la série animée Legion Of Super Heroes, sortie en France sous le nom de La Légende des Super Héros. La première saison qui était passée dans F3X sur France 3 va s’arrêter après la diffusion de la seconde saison aux USA. Aucune info sur une sortie en France, ou une exploitation DVD plus honnête que les deux DVDs de démo déjà sortis. Warner annonce en même temps une nouvelle série Batman (encore !) comme pour s’en excuser.

Candyman pourrait revenir pour un quatrième film. Tony Todd a récemment affirmé sur Internet qu’il était très intéressé à réendosser le costume du fantôme damné. Clive Barker lui-même pourrait participer au scénario, et le film bénéficierait peutêtre d’une exploitation au cinéma, en raison du nouvel essor actuel sur les films d’horreur. Quelle blondinette va-t-il torturer cette fois-ci ?

Côté réalisation, c’est Marc Forster (Neverland) qui prend la suite des opérations. Seul point noir de ce côté-là, au vu de la filmographie du réal qui risque de s’emmêler les pinceaux quand il s’agira de rendre hommage à la plus grande saga de cinéma d’action. Côté scénario, on retrouve Robert Wade, le même scénariste que Casino Royale, qui doit être impatient de présenter la suite de son histoire à tous les fans de l’agent du MI6. Notons qu’il avait aussi signé les scénarios du Monde ne suffit pas et de Meurs un autre jour. Cette fois ci, il choisit un mot latin et un mot anglais des plus élégants pour ce nouveau titre: Quantum Of Solace.

Warner Bros. A décidé que l’adaptation du dernier roman des aventures du jeune sorcier anglais Harry Potter ferait l’objet de deux longs métrages. C’est David Yates qui a déjà réalisé L’Ordre du Phénix qui signera la fin de la franchise; toujours avec le même casting.


Super-héros Ce sera finalement un bel été que l’été 2008, avec pas moins de 3 longs métrages de super héros. Après la déception amère de Spider-Man 3 l’année dernière où mê13 juin 2008 me le Surfer d’Argent lui faisait de l’ombre à certains égards, cette année semble assez prometteuse avec l’arrivée d’un petit nouveau sur le grand écran : le mal aimé Iron Man. Pour le reste, l’Incroyable Hulk promet un film intimiste avec un casting étonnant, puis c’est Christopher Nolan qui va transformer l’essai de Batman Begins avec Batman : The Dark Knight. Pour l’occasion d’ailleurs, THE INCREDIBLE HULK WB nous sort un DVD intitulé Batman: Gotham Knight et qui recueille six courts-métrages animés façon manga Les premières images disséminées par la Warner mettant en scène le chevalier noir. Puis à la rentrée, ce sur Batman Dark Knight n’ont pas franchement enthousera le retour du Punisher au cinéma dans un nouveau film proposant une nouvelle approche du personnage de siasmé les foules. Du moins pas autant que Batman BeMarvel. Un film réalisé par une femme, Lexi Alexander. gins à l’époque des premières images teaser. Premièrement parce que le costume de Batman ne ressemble plus à rien, et que cette version tuning du premier costume nous rappelle les figurines atroces que nous proposaient 13 août 2008 les constructeurs de jouets quand ils n’avaient plus le vrai Batman en stock. Ce qui déçoit beaucoup moins d’un autre côté, c’est la révélation de Heath Ledger grimé en l’insaisissable Joker version punk crado plutôt que dandy artiste taré auquel nous avait (trop) habitué Jack Nicholson. Outre les bande annonces peu enthousiasmantes, la communication autour du film se démarque un peu du reste avec des trouvailles inventives comme lorsque le Joker avait « hacké » le site internet de campagne politique du sénateur Harvey Dent. Le studio a également sorti une vidéo montrant le tournage du film en Imax dans laquelle on n’apprend pas grand-chose puisque ce spot s’avère être une véritable pub pour le format cinéma du futur. Quand au reste, tout semble moins travaillé que dans le premier épisode, à notre plus grande surprise. Les premiers plans aériens montrent un Gotham City définitivement sans âme, la batcave ressemble à un bureau de comptable, les cellules de la prison sont toutes propres… Bref on se demande comment des gens arrivent à se déguiser en chauve souris et en clown tueurs dans cette espèce de ville-témoin trop propre. Il y’a tout de même quelques bonnes décisions prises pour cette suite, comme l’éviction de Katie Holmes dans le 18 juillet 2008 rôle de Rachel Dawes, pour laisser la place à Maggie BATMAN dARK KNIGHT Gyllenhaal.


Le public connaît peu Iron Man. Mais la licence Marvel inspirant un gage de divertissement assuré envers le spectateur, le film peut attendre un beau score, aidé par son bonne communication. D’autant plus que le héros arrive juste après Transformers, qui a commencé de sympathiser le grand public avec les robots de combat. Le film tentera sans doute de rendre Tony Stark sympathique, contrairement à celui de la BD qui reste un « homme d’affaire qui ne sourit pas » comme chantait joyeusement le générique du dessin animé des années 60. Le déroulement du film apparaît lui aussi trop évident, comme le laisse penser la bande annonce. Longue entrée en matière, romance inutile, puis premier combat avec une armure prototype, puis longue parlotte à enjeux politiques, puis deuxième scène d’action avec un Iron Man encore prototype, puis arrivée du méchant, complication de la romance puis dénouement bâclé avec le Iron Man final que l’on ne verra que deux minutes. Espérons cependant que nous ayons tort !

30 avril 2008

IRON MAN

2 MAI 2008

23 juillet 2008 The Punisher: War ZONE

THE INCREDIBLE HULK 12 septembre 2008

BATMAN GOTHAM KNIGHT

Rappelons que l’Incroyable HULK est réalisé par Louis Leterrier, l’homme à l’origine du Transporteur et de Danny The Dog. Avec les premières images d’un Hulk ressemblant à un personnage de jeu vidéo, on peut s’attendre à un film nerveux décomplexé et bourré d’action. Mais la présence dans le rôle de Bruce Banner d’Edward Norton pourrait amener un peu d’intellect à la trame principale. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, car si à l’instar du HULK d’Ang Lee, ce film compte épancher pendant de longues minutes l’évolution du scientifique en géant vert, autant que ça soit un acteur aussi convaincant qu’Edward Norton. Notons aussi la présence aux crédits de l’ultra ravissante Liv Tyler dans le rôle de Betty Ross mais aussi et surtout le nom de Robert Downey Jr. dans le rôle de… Tony Stark ! Quel rôle aura-t-il dans le film ? Simple consultant dans le projet de Bruce Banner ? Ou fournisseur pour l’armée auprès du général Ross ? Quand nous parlions des premiers cross-overs de films Marvel, nous étions loin de nous douter qu’ils penseraient enfin à faire coïncider les acteurs avec les rôles ! A quand la société de production de films Marvel indépendante pour un cinéma de super-héros d’exploitation ? Constantin Berthelier


CONTENU : Commentaire audio du réalisateur Tim Story. Commentaire audio du producteur Avi Arad et de l’équipe du film. 5 scènes coupées avec commentaire audio optionnel de Tim Story. 3 scènes de prévisualisation avec commentaire audio optionnel de Tim Story. La création de la Fantasticar Doc: Les 4 éléments

Comme tout bon fan de films Marvel qui s’assume et se respecte, je me dirige à la Fnac le jour de la sortie en DVD et Blu-Ray du petit film de super-héros que j’avais bien aimé l’été dernier, à savoir Les 4 Fantastiques et le Surfer d’Argent. Toute la machine promo est en route, les écrans diffusent le film en HD, et les rayons abondent pour l’occasion de copies du film. Alors qu’hésitant encore en chemin entre m’offrir la version Collector 2 DVD ou la version simple, je suis confronté à ma première surprise en arrivant sur place. Cherchant l’édition simple à 20 euros, je ne trouve que la version « Collector 2 DVD Edition spéciale Fnac » pour le prix anormal de… 20 euros. Soit, j’embarque la marchandise à la caisse et verse mon obole à la Fox. Arrivant à la maison, tout fébrile de pouvoir ajouter cette nouvelle pièce à ma collection de films de super héros, je découvre que l’emballage collector ne renferme rien d’autre que l’édition simple. Pas d’arnaque véritablement, car je me rends compte en me baladant sur Internet que Fox France n’a pas prévu d’édition 2 DVD pour la France. La version avec le documentaire sur le Surfer d’Argent n’est au fait réservée qu’à nos amis de transatlantique. Le DVD regorge donc des conneries habituelles, pour la plupart de la promo pour un film qu’on a déjà acheté. On est tenté de dire que ça aurait pu être mieux, mais ce serait déjà prendre parti sur la question de la valeur divertissante extrinsèque à un film comme celui-ci. Les 4 Fantastiques et le Surfer d’Argent reprend donc l’histoire quelques temps après la fin du premier film, les producteurs étant conscients que celui-ci avait évité le four fantastique grâce à une bonne communication et à la popularité sans borne de la part des américains envers les héros de Stan Lee. Il se fallait donc que le film proposât un élément tout à fait nouveau, un enjeu scénaristique plus grand que la romance simpliste entre Mr. Fantastic et La Femme Invisible. Cet élément sera le Surfer d’Argent, le serviteur du terrible Galactus, un dieu mangeur de planètes. Le premier film de super-héros proposant des crossovers était donc né. (En jargon marvelien, on peut aussi parler d’un « Marvel Team-Up », NDLR) Peut-être le film est-il précurseur d’une nouvelle vague de films proposant d’autres associations, l’avenir le dira. (On imagine déjà les Spider-Man/Daredevil ou les Supergirl contre Poison Ivy…) Le surfer d’Argent arrive donc en super wedding crasher au milieu de la cérémonie censée unir Suzan Storm et Reed Richards, bien déterminé à préparer le terrain pour son maître et mettre une sacrée frousse aux Super-Héros de New York. C’était d’ailleurs l’objet de la super bande annonce vue quelques mois plutôt, très prometteuse. Ce personnage tout en 3D est joué par un comédien préposé à porter des masques (Doug Jones: Abe dans Hellboy) allait bientôt piquer la vedette aux quatre Fantastiques. Et comme si ça ne suffisait pas, l’acteur sera ensuite doublé par Lawrence Fishburne ! Ce sont nos quatre héros qui en prennent un coup, et qui traînent par-dessus le marché tous les problèmes de couple ridicules des deux amoureux qui n’arrivent décidemment pas à se marier. Heureusement, le Torche Humaine est là pour nous faire rire avec ses blagues de jeun’s et son attitude effrontée. Mais le Surfer d’Argent ne sera pas vraiment le vilain de l’histoire, ni Galactus d’ailleurs. Car il y’a un certain Julian Mac Mahon qui prend de l’ampleur en tant qu’acteur et que les spectateurs du premier film veulent revoir. Le Dr. Fatalis revient donc, et sans son masque… (Après le temps qu’il a fallu attendre dans le premier pour voir enfin le super méchant Fatalis !) D’ailleurs, celui-ce reste très laconique quand il s’agit de résumer les relations entre les héros et leur Némésis: « Je vais être honnête: je vous déteste tous. Mais la terre est en danger donc on va faire équipe ». Pas mal pour un dictateur qui aime fomenter des plans machiavéliques compliqués afin d’asseoir son pouvoir. On le remerciera cependant de rappeler l’intrigue du film pour le spectateur débile qui aurait déjà décroché. L’intrigue poursuit son chemin et c’est le surfer qui prendra une belle leçon d’humanité de l’insignifiante Suzan, symbolisant ici le bon sens et la conviction populaire américaine: On a toujours le choix… A méditer.


Actu cinéma

The Mist

USA, 2007, 2h17 Réalisé par Frank Darabont Écrit par Frank Darabont, d’après une nouvelle de Stephen King Avec : Thomas Jane, Andre Braugher, Marcia Gay Harden

Les romans et nouvelles de Stephen King ayant toujours été source d'adaptations de qualité variable sur petit et grand écran, il n'est a priori pas étonnant qu'une nouvelle fois, l'un des textes du maître de l'angoisse prenne vie sous l'objectif de la caméra. En vérité, la surprise vient du choix du texte en lui-même, puisqu'il s'agit de « The Mist », nouvelle principale du recueil éponyme paru en 1985. Un livre mineur dans la bibliographie de l'écrivain, qui de prime abord pourrait laisser croire qu'Hollywood, en rade de scénarios intéressants, a encore une fois pompée ses concepts les plus lucratifs jusqu'à la moelle... S'il y a sûrement une part de vérité dans ces craintes légitimes, c'est sans compter le travail honnête fourni par le réalisateur Frank Darabont (né à Montbéliard, dans le Doubs, ça ne s'invente pas!), déjà auteur des plutôt réussis « La Ligne Verte » et « Les Évadés ». L'histoire prend place dans une petite ville américaine qui, suite à une tempête dantesque, se retrouve noyée dans une brume opaque. Alors qu'un monstre semble rôder dans le brouillard, les habitants se retranchent à l'intérieur d'un supermarché et tentent tant bien que mal de survivre. Très vite, les théories sur le phénomène divergent et commence à scinder la population en groupes distincts. Le premier est mené par Mrs. Carmody (Marcia Gay Harden), une évangéliste intégriste expliquant les évènements par la vengeance de Dieu depuis trop longtemps ignoré par ses « enfants ». Ensuite, il y a celui de David Drayton (Thomas « The Punisher » Jane), père de famille qui va trouver dans la protection de son enfant un but lui permettant de fuir la réflexion au profit de l'action, donc l'empêchant de sombrer dans la folie face à l'inexplicable et la remise en question de concepts fondamentaux. Enfin, Brent Norton (Andre Braugher), un avocat New-Yorkais en vacances, opte pour la négation du paranormal, ce qui n'est peut-être pas la meil-

leure chose à faire lorsque l'on se trouve être un personnage créé par Stephen king... Alors que face à l'effroi grandissant, Mrs. Carmody, ex- « folle du village » commence à trouver un auditoire de plus en plus conséquent, il est difficile de ne pas y voir une critique très actuelle du fondamentalisme religieux plantant ses racines dans la terreur, terreau d’autant plus fertile en tant de crise, agrémenté d’un parfum de post-11 Septembre face à une menace extérieure et indicible. Fort heureusement, ce message clairement affiché n'élude en rien la partie fantastique du récit, très efficacement menée. Les effets spéciaux sont de bonne facture (mention spéciale à l'arrivée de la brume) bien que parfois trop numériques, et savamment distillés tout au long du récit. La tension s'en trouve renforcée, installant un climat de suspense constant et soutenu. La réalisation, se reposant trop sur l'écriture, reste efficace sans jamais décoller. Les transitions « fondus au noir » l'attestent, chapitrant le film comme la nouvelle, laissant au stade de transcription ce qui aurait dû être une adaptation. La seule audace du réalisateur est d’ordre scénaristique, puisqu’il change tout bonnement la fin du récit de King. Au spectateur de juger s’il a eu raison ou non, mais sachez que l’écrivain lui-même a approuvé ce choix, ajoutant que c’est ainsi qu’il aurait conclu son histoire s’il en avait eu l’idée. En résulte au final un bon petit film fantastique, d’autant plus plaisant qu’à l’inverse de ses pairs actuels, il refuse de se complaire dans l’esbroufe visuelle au profit d’une atmosphère immersive. Doublé d’une analyse sociologique pertinente du comportement humain en cas de promiscuité prolongée, le scénario évolue au sein d’une galerie de personnages crédibles à défauts d’être tous attachants, et nous emporte sans résistance tout au long des deux heures que dure le film. Sans hésiter l’un des meilleurs film de genre de ce premier trimestre de 2008. Pourquoi s’en priver ? Alexandre Coste


Pistol whipped (Jeu fatal) De: Roel Reiné Ecrit par : J.D. Zeik Avec: Steven Seagal, Lance Henriksen, Blanchard Ryan

Un nouveau Steven Seagal dans les vidéoclubs, ce n’est rien de moins qu’un événement, n’en déplaisent a tous les culs‐bénis et autres bo‐ bos condescendants qui se branlent la nouille sur La Mort dans la Peau en y voyant l’apo‐ théose du cinéma « d’action‐mais‐pas‐que » Apres le classique instantané Urban Justice, dans lequel notre Saumon Agile croisait cette vieille tronche de Danny Trejo au détour d’une scène mémorable, le niveau d’attente était éle‐ vé. D’autant plus que Jeu Fatal est tourne aux States (confirmant ainsi que la période bidonvilles roumains est bien de l’histoire ancienne) et devait initialement connaitre les honneurs d’une sortie dans les salles obscures. Mais une fois encore, merci aux costards‐cravates de chez Sony Pictures qui ont décrété que la série B d’action actuelle était plus rentable en DVD que sur grand écran. Jeu Fatal, donc, narre un Steven alcoolique qui, pour honorer ses dettes de jeu, va accepter de devenir un tueur à gage pour le compte d’une organisation sécrète menée par un mystérieux vieil homme (Lance Henriksen : Androide d’Aliens, ennemi de Van Damme dans Chasse a l’Homme et gourou sympathique d’Absolom 2022). Premier constat : l’acteur, malgré une surchar‐ ge pondérale évidente, se démène comme un beau diable et lève la jambe sans être constamment double pour nous offrir quelques‐ unes de ses meilleures scènes de fight depuis Justice Sauvage, rien que ca !

La réalisation est bien au-delà des dernières bousasses de Bucarest, mais reste tout de même médiocre, ce qui déçoit après un trailer promettant des plans léchés et un découpage lisible. Foin de tout ca, malgré quelques images honnêtes et des situations scéniques un peu plus pensées que d’ha‐ bitude. Le scenario, après un départ sur les chapeaux de roues, nous perd des lors qu’il ne s’intéres‐ se plus au problème de bouteille de Steven et a la relation difficile qu’il entretient avec sa fille pour plonger dans les méandres habituelles des storylines incompréhensibles mêlant malhabilement agents secrets, organisations aux buts nébuleux, figuration perdue et flics ripoux. Bref, on nous sert la tambouille habituelle, et c’est bien dommage, car il y avait cet‐ te fois ci matière a innover un peu. Malgré ces points négatifs et une évidente déception par rapport a son prédécesseur, il serait impardonnable de passer a cote de Jeu Fatal, ne serait ce que parce qu’il permettra peut -être un jour a Steven de financer son biopic sur Genghis Kahn, ou, plus probablement, son Prince of Pistols. Ce dernier devant lui-même aider a la reconstruction de la Louisiane post‐ Katrina, vous pouvez en plus flatter votre bonne conscience en vous disant qu’acheter votre nanar sera la base d’une action humanitaire d’envergure. Comment ca ? Ils ont déjà reçu plus d’aide que nécessaire ? Oui ben l’aide de Steven ne se refuse pas, point.


Un film de Jan Kounen (Doberman, Blueberry) Avec Jean Dujardin, Jocelyn Quivrin, Patrick Mille, Vahina Giocante. Production: Arte, Pathé, Ilan Goldman Scénario: Bruno Lavaine et Nicolas Charlet D’après l’œuvre de Frédéric Begbeider

99 F est de ce genre de film intéressant dans sa capacité à agacer tout le monde. Tout comme l’auteur du livre dont le film est adapté, comme le thème abordé par l’histoire, ainsi que l’acteur qui joue le rôle principal. Pas de vraie controverse parce qu’au fond pas vraiment osé, le film divise cependant mais sème surtout la confusion. Parce qu’à l’origine, il y’a Frédéric Begbeider, homme dont le statut ontologique d’écrivain est encore débattu dans les sphères intellectuelles concernées. Est il y’a le livre, 99F, best seller littéraire français incontournable, dont la valeur littéraire est aussi débattue que le statut de son auteur. Car Begbeider est de ceux qui retranchent chacun derrière leur jugement, qui font planer sans cesse la question de savoir ou non s’il faut les considérer comme des ringards. Il y’a donc cette géopolitique du jugement sur Begbeider, où il sera sacré comme un dieu par des lycéennes de province, et méprisé comme un opportuniste antipathique par les bourgeois bohêmes croix-roussiens de Lyon. A Paris, cela dépendra du temps, de la nouveauté, et du niveau de lynchage déjà opéré. Même si c’est Michel Houellebecq qui demeure le champion de ce phénomène d’incertitude du jugement, Begbeider semble vouloir en faire abstraction pour seulement s’amuser avec ce film dans lequel il fait quelques apparitions rigolotes. Moins pertinent que le détonnant Fight Club, moins débilement naïf que l’abyssal Requiem For A Dream, 99 Francs réussit à amuser le spectateur avec son personnage principal de dandy arrogant et cynique Octave Parango. Les seconds rôles sont quant à eux encore plus réussis, allant de Jeff (Patrick Mille) le commercial minable à Charlie (Jocelyn Quivrin) l’hédoniste imbécile et heureux. Pourtant, ils sont les maîtres du monde. Ce sont eux qui contrôlent nos désirs, nos envies et notre raison de vivre, comprenez par là d’aller travailler pour gagner de l’argent et aller le dépenser d’une façon qu’ils auront choisi. Tout ça chapeauté par une religion, au plus exactement une sorte d’alchimie quasi-mystique au pouvoir implacable et dont ils sont les maîtres: la publicité. C’est d’ailleurs comme ça que le protagoniste se définit dès les premières minutes du film: Je suis publicitaire. Et plus tard de constater avec affront: Jamais crétin irresponsable n’a été aussi puissant que moi depuis 2000 ans. Dans la pre-

mière partie du film, tout réussit à Octave. Il s’enivre de son propre talent, se conforte dans sa richesse, rit de tout ce qui pourrait le rendre malheureux. Seule une femme le fera tomber en « gros bad » lors de cette scène fabuleuse où il se voit danser avec son amour lors d’un trip mis en scène au pinacle de l’esthétique publicitaire et où la musique infernale de David Guetta (un autre petit conard bourré de talent) vient poindre avec ironie la décadence sans retour dans laquelle Octave est engagé. Outre Guetta, la musique prend une part très importante dans le film allant du plus branché (Saint Germain, ça ne s’invente pas…) au thèmes classiques les plus exploités par la publicité. (Le Danube bleu de Strauss, Air de Bach…) Avec le répertoire publicitaire et l’usage de références aux pubs que les spectateurs connaissent, Jan Kounen fait exploser les mirettes avec ses montages psychédéliques, armé d’une bonne idée toutes les trentes secondes et d’un humour noir et ouvertement cynique, chose mal vue dans la production française d’aujourd’hui. Il faut dire que le film a connu son premier obstacle au montage financier lorsque TF1 ou M6 ont refusé de prendre part à l’aventure. Le film est donc produit par Arte et Pathé, des groupes plus politiquement aptes à promouvoir le message du film. Néanmoins, et ce le message de fin du film, 99 Francs n’est pas une œuvre militante. Begbeider étant trop intelligent pour s’abaisser à écrire un brulot anti pub, le film propose deux fins, deux issues concernant le sort du méchant du film: Octave. Deux fins totalement nulles, deux dénouements complètement exagérés, mais qui les deux mis bout à bout créent l’intérêt principal du film. Le choix nous est d’ailleurs donné: mort comme une merde en se suicidant ou séduit par une vie bohème paradisiaque dans un pays du tiers monde (pour finalement finir sur un panneau publicitaire). Pas vraiment un aphorisme parce que n’invitant pas à la réflexion, 99 Francs ne prend aucune part morale dans sa finalité, et ce pour le plus grand bonheur du spectateur, lui même écœuré sans le savoir par la moralisation ambiante récupérée par les publicitaires depuis qu’ils se sont rendus compte que la morale elle-même pouvait devenir une valeur marchande. Constantin Berthelier


Michel Gondry est un touche à tout. Réalisateur de films, longs ou courts, réalisateur de clip, de pub et musicien. Pas trop mal pour un seul homme. Le 5 Mars est sorti le nouveau long métrage de Gondry: Soyez sympas, rembobinez (Be Kind Rewind). L'histoire de deux gars, l'un tient un vidéo -club, l'autre est devenu magnétisé après une incursion dans une centrale électrique. Evidement, bande magnétique et pote magnétisé ne font pas bon ménage... Et toutes les VHS se retrouvent effacées (OUCH!!!). Histoire de pas avoir à fermer le vidéo club, les deux compères décide finalement de retourner les films. Voila donc nos deux compères entrain de se déguisé en Robocop ou en chasseur de fantômes pour avoir quelque chose à louer, c'est le minimum dans tous vidéo-club qui se respecte! Mike et Jerry (les deux gugusses) expliquent à leur client que les films viennent de Suède, et qu'il leur faut quelques heures pour les recevoir… Et Michel Gondry inventa ainsi les films "suédés". Voila pour le film, qui est déjà un bon divertissement pour geek, à voir sans hésiter. Mais la force ultime du concept repose surtout dans le concours que Gondry organise sur dailymotion. On nous invites donc à "suéder" notre film préféré et les trois gagnants apparaîtront sur les bonus du DVD! Voila comment, un matin de Mars je me suis retrouvé dans une station de métro excentré de la métropole lyonnaise, en train de me déguiser avec quelques autres en Foot Soldiers des Tortues Ninja pendant que quatre se parait de maquillage vert, de bonnet de bain vert et de chaussettes fluos trouées en guise de bandeau. Pour les carapaces, une cagette en carton, peinte en vert, et un pantalon ou un short vert, pour terminer la transformation. L'ami Thomas, en chef geek pour la journée nous dirigeait d'une main (occupé par le script écrit sur une feuille à carreaux) et nous filmait de l'autre, avec le caméscope d'un copain? Suédage à mort, des dialogues pas écrits, des chorégraphies "one again and bistoufly" et quelques agents de sécurité du métro qui ne voulaient pas que l'on fasse les geek chahutants sur leur terre... Autant dire que j'ai passé une journée, plus que bonne, entouré de geek, tous aussi fièrs que moi de tourner dans les Tortues ninja suédés. Je vous en reparlerai, d'une part pour vous dire comment voir le film, et d'autre part pour vous donner les résultats du concours. Jérémie Dunand Pepper Steak est un fanzine amateur à fins non commerciales tiré en noir et blanc à 50 exemplaires. Il est aussi disponible en téléchargement gratuit sous format PDF couleur sur le site du fanzine. Rédigé à Lyon et Toronto par Constantin Berthelier, Jérémie Dunand et Alexandre Coste. Contact: contact@peppersteak.fr

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