2013
Saint-Clair, mont et merveilles
R O T A R Y
C L U B
S E T E
D O Y E N
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Il était une fois...
Saint-Clair, mont et merveilles
Pourquoi la montagnette qui domine Sète porte-t-elle le nom d’un évêque d’Albi décapité au Ve siècle alors qu’on y vénère Notre Dame de La Salette ? Ce n’est pas un des moindres mystères du mont Saint-Clair, que des Pierres-Blanches au cimetière Marin en passant par les escaliers et les souterrains, le Rotary Club Sète Doyen s’efforce d’élucider dans le numéro 2013 de sa brochure annuelle qui est une invitation à la découverte de l’ancien royaume des baraquettes.
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au sommaire Le mot du Maire
5
Garder à Saint-Clair son caractère singulier.
Mythes et légendes
6
Seth, Poséidon, Hilarion… de qui Sète tient réellement son nom ?
La Salette
le mot du président
10
Mon Saint-Clair
L’histoire de la chapelle et de l’ermitage au sommet de la ville.
Peintures
16
Chronologie
18
Du IV e à nos jours, les petites et grandes dates qui ont forgé la ville. Le cimetière Marin, les baraquettes, le sémaphore, le musée Paul-Valéry : les points forts de Sète.
Le panoramique Colpi et les Pierres-Blanches 26 Comment le Syndicat d’initiative réussit à empêcher le bétonnage des plus beaux sites de Sète. Interview de Me Pierre Barthas, le “sauveur” de Saint-Clair.
Géologie
39
Les dessous de Saint-Clair.
Remerciements et bibliogaphie
43
Le Rotary en action
44
© Marie-Laure Farjon/DR
Les couleurs de Saint-Clair ont de tout temps inspiré les peintres.
Chaque Sétois a dans les veines un morceau de la “montagnette”, un rocher, un parfum, un fruit, un bloc de terre jailli du fond de la mer qui est venu se réchauffer à notre soleil. Qui d’entre nous n’a pas souvenir d’une escapade, d’un repas familial où l’odeur de la viande grillée ou des sardines remplaçait avantageusement l’odeur du romarin. Nostalgie des premières amours, des évasions de cours du lycée un peu trop fastidieux, il fallait tout de même la mériter notre montagne. Sans notre colline il manquerait un élément important à notre ville, et je pense que l’on devient Sétois quand, lorsqu’au prix d’un petit effort on accède par les escaliers au promontoire de Saint-Clair. Nos différents annonceurs ont bien compris que le fait de paraître dans cette brochure est en quelque sorte leur ex-voto et nous Rotary Club Doyen nous les remercions. Comment ne pas assimiler notre Club âgé de plus de 80 ans et qui a eu parmi ses membres les plus illustres des Sétois, au patrimoine naturel du mont Saint-Clair. Personne ne sait vraiment qui était ce saint, et peu importe car il nous a laissé une relique fabuleuse qu’il convient de préserver jalousement. On a beaucoup écrit sur l’histoire de ce mont, mais illustre ou anonyme nul n’est indifférent à ce promontoire et le rêve de tous est d’en faire sa dernière demeure pour s’endormir paisiblement sous la protection de ses pins. « Ce toit tranquille, où marchent les colombes »… ELIE FARJON PRÉSIDENT 2012- 2013 ROTARY CLUB SÈTE DOYEN
Rotary Club Sète Doyen 2013 : “Il était une fois… Saint-Clair, mont et merveilles” Conception et réalisation Marie-Christine Giraudo. Impression Flam, Sète. Photo de couverture Olivier Maynard/OT Sète/DR
le mot du maire
© Service communication - Ville de Sète
Garder à Saint-Clair son caractère singulier C’est à une véritable balade au cœur de notre patrimoine non seulement environnemental, faunistique et floristique méridional mais plus largement culturel sétois que nous amènent à effectuer les chemins sinueux et impasses de Saint-Clair, colline aujourd’hui verdoyante au fondement de l’identité de notre ville, jusqu’à son nom. Balade aux accents délicieusement chantants des Cigales, aux senteurs parfumées du Buis ou Lauriers-Tins ou aux teintes ensoleillés de l’Equinoxe et du Couchant. Un riche patrimoine assurément que celui des chemins François Commeinhes de Saint-Clair, où il fait si bon déambuler que l’on soit Maire de Sète Conseiller Général de L’Hérault véhiculé, à pied, ou en vélo pour les plus courageux à l’image récente des champions du Tour de France qui pour ne s’y être guère arrêtés considèrent cette montée comme un must de leur art cycliste. Des chemins emplis de symboles, qu’ils soient environnementaux ou de portée religieuse, avec les incontournables stations rythmant l’ascension, ou identitaire, avec ces appellations occitanes, témoignage d’une culture bien vivante dont j’ai souhaité témoigner en accolant à chaque nom de voie son pendant setori. C’est un condensé du Sète que l’on aime, du Sète où l’on cultive le goût pour le beau, et où on prend le temps de l’apprécier. Pour la première fois, la typicité de ces chemins bordés de murets de pierre sèche et plus généralement tout ce qui fonde le caractère unique de SaintClair va faire l’objet d’une protection avec l’adoption récente par le conseil municipal du plan local d’urbanisme qui prémunit toute la colline de toute dénaturation ou urbanisation outrancière. Nous devions bien cela à Saint-Clair, que côté étang comme côté mer, on continue pour toujours à apprécier l’instant présent avec tant de sérénité, et profiter de ces points de vue uniques sur la ville, son port et la mer.
© Thierry Boulley/DR
F.C.
Ainsi soit Seth
© Musée Paul Valéry, Sète/ photos Eric Teissèdre/DR
De mythes en légendes
Port de Sète (1840) de Jean Antoine Théodore Gudin. Collection Louis Doise, dépôt au musée Paul-Valéry (1972)
Quelle ville n’a pas ses légendes ? Il en est une à Sète à laquelle nombreux sont ceux qui y croit dur comme fer : la légende de la ville engloutie dans l’étang. Ce récit qui fait intervenir Poséidon permet de répondre à deux questions d’un coup : comment s’est formé l’étang ? quelle forme a l’île qui le verrouille ? N’est-elle pas pour autant trop belle ? Ce n’est pas forcément ce que pensent les plongeurs qui ont trouvé au large de la Plagette, les vestiges d’un gros village établi là à la fin de l’âge de bronze. Il est d’autres questions auxquelles les légendes locales s’efforcent de répondre. Ainsi, alors que l’un des premiers occupants de l’ermitage au sommet de la “montagnette” s’appelait Hilarion, pourquoi grimpe-t-on sur Saint-Clair et non pas sur Saint-Hilarion ? Gérard Réthoré nous donne la clé de ce mystère. Les imaginations les plus fertiles se sont aussi exercées à la résolution de l’énigme du nom de Sète. Ce ne sont pas des spéculations que nous propose ensuite Paul Blanc mais une analyse érudite dont les fils ramènent aux Phéniciens.
© Thierry Boulley/DR
Le rémouleur, le cordonnier et le lait de la chèvre… e nombreux textes anciens sur l’histoire de Sète s’accordent pour nous rappeler qu’un des premiers occupants de l’ermitage du mont Saint-Clair s’appelait Hilarion. Alors pourquoi mont Saint-Clair et non pas mont Saint-Hilarion ? He bien, voici l’histoire ! Vers l’année 1680, le port était en pleine construction, le môle pouvait déjà protéger les bateaux des tempêtes et des barbaresques, si bien que l’activité économique commençait à attirer de nouveaux habitants dans cette ville nouvelle qui comptait déjà près de 700 âmes. Hilarion était rémouleur, tous les soirs, après avoir parcouru les premières rues de la ville naissante, il rangeait pour la nuit sa carriole chez son ami Clair le cordonnier. C’était le moment de la journée préféré des deux compères car ils aimaient par-dessus tout lire ensemble l’Ancien et le Nouveau Testament, prier, puis discuter et palabrer sur les textes sacrés. Un soir, Hilarion rentra dans l’échoppe du cordonnier un peu moins jovial qu’à l’accoutumée et il lui annonça son intention de se retirer dans l’ermitage abandonné qui se trouvait en haut de la colline. Il exposa ses arguments. Il voulait tendre vers la sainteté, et il sentait que la ville avec ses activités bruyantes ne le prédisposait pas à cette réussite, tandis que la solitude de la colline, le silence, la beauté des paysages, bref tout, làhaut, devait l’aider à parvenir à ses fins… devenir un pur esprit et pourquoi pas un saint ! Et puis, l’ermitage pouvait être remis en état, l’abri en pierres sèches près des ruines de l’ancien fortin est construit sur une citerne qui recueille l’eau de pluie, les chèvres peuvent brouter autour de la cabane, bref, Hilarion avait muri son projet et il n’était pas question que Clair le fasse changer d’avis ! De toute façon, il en avait assez de parcourir les rues de la ville avec sa rémoulette sur laquelle était fixé la meule pour aiguiser ciseaux, couteaux, épées, poignards. Il en avait assez de crier « Rémouleur ! rémouleur, repasse couteaux, repasse ciseaux ! ». Très émus, les deux amis se quittèrent, mais en se promettant que, quand Hilarion se sentira
La solitude, le silence, la beauté des paysages, tout sur la colline pouvait aider à devenir un saint…
sanctifié, et peut-être saint, il reviendra et montrera à son ami cordonnier par un miracle, car il est reconnu que les saints font des miracles, la réussite de cette démarche bien surprenante. Et le temps passa. Un mois ? Un an ? Deux ? Davantage ? La vie pour Hilarion se partageait en temps de méditation et de prières ponctués par les activités nécessaires à sa survie, ramassage du bois, traite des chèvres, cueillette. Parfois il marchait jusqu’au bord du plateau et là, il regardait tout en bas la petite ville qui grandissait, il percevait même, suivant le vent, la rumeur de l’activité des hommes. Puis un jour, Hilarion attacha une de ses chèvres et commença avec elle sa descente vers la ville. Le chemin était peu utilisé, aussi Hilarion devait contourner les rochers en évitant que sa robe de bure ne s’accroche aux ronces et aux salsepareilles qui envahissaient les buissons de lentisques. Enfin, il arriva. Les retrouvailles dans la boutique du cordonnier furent chaleureuses, pendant de longues heures les deux amis racontèrent comment ils avaient vécu cette période de séparation, heureux de se retrouver après cette longue absence. Alors Hilarion mit son mouchoir sous sa chèvre, et commença à la traire, et, miracle, le lait restait dans le mouchoir ! Hilarion prit les quatre coins du mouchoir, et les ayant reliés le suspendit à un crochet, le lait restait dans le mouchoir ! Clair était admiratif ! Il prit aussi son mouchoir, le mit sous la chèvre, commença la traite, et surprise, pour lui aussi, le lait restait dans le mouchoir ! Il le noua et le suspendit près de celui de son ami, et tous les deux côte à côte regardaient avec bonheur ce prodige. Etaient-ils devenus des saints ? C’est alors qu’un jolie jeune fille entra dans l’échoppe du cordonnier et lui demanda de réparer le talon de sa chaussure. Sans hésiter Clair prit le pied de la belle et le posa devant lui sur un tabouret pour évaluer le travail à faire mais voilà que la robe glissa un peu dévoilant une jambe dont le galbe parfait pouvait damner un saint. Et c’est alors que, tout doucement, du mouchoir d’Hilarion, le lait commença à couler ! GÉRARD RÉTHORÉ
Sète tient-elle son nom de sa montagne ? ne toponymie de Sète n’apparaissant qu’au début de notre ère avec Strabon (58av-25 ap JC) et Ptolémée (100-170ap JC), il faut faire appel à des sources secondaires… ou à son imagination pour trouver l’origine du nom de notre cité. On ne peut regarder du côté de la petite baleine à la queue en l’air, plutôt gaillarde, qui illustre Sète, tête du canal du Midi, sur le plafond de la Galerie des Glaces à Versailles; à la fin du rapport technique de l’ingénieur Froideur en 1672; sur les armoiries d’Hozier en 1743; sur le blason établi par ordonnance royale en 1816, etc. etc. mais qui n’a jamais beaucoup frayée dans nos eaux, ne séjourna longtemps à la Plagette que sous forme de squelette et dont la forme n’est en rien évoquée par le mont Saint-Clair aux yeux d’un navigateur venant de l’Est, de Marseille, par exemple. Serait-ce cette montagnette, peu élevée mais aux pentes abruptes et donc remarquable de loin qui aurait reçu, puis transmis à la ville bâtie à ses pieds, un nom donné par les plus anciens marins-colonisateurs de la Méditerranée : les Phéniciens dont la présence serait attestée à Mèze, à la chapelle des Pénitents ? En 1846, Edouard Thomas dans son “Voyage historique et pittoresque de l’étang de Thau” avance que le nom de Sète viendrait de Sittim ou Kittim, nom hérité de l’hébreu pour désigner certaines montagnes boisées. Il ajoute, lyrique : « Le peuple qui vint l’appela Seth car la montagne paraissait couronnée de pins comme une jeune mariée parée du bouquet virginal ». En fait, pour les Hébreux dont la langue est postérieure au phénicien, pour Isaïe (23; 1 à 3) et Ezéchiel (27; 6 et 7) Kittim désigne des îles proches de Tyr, du Liban, de Chypre… ou Chypre elle-même, Kition étant au-
“La montagne paraissait couronnée de pins comme une jeune mariée parée du bouquet virginal…”
jourd’hui le nom d’une localité proche de Larnaca. En 1876, Jean Lenthéric reprend la thèse de Thomas mais en ajoutant à Kittim le nom de Seth qui signifierait montagne en hébreu. Faut-il accepter la thèse de Paul-Louis Blanc, vrai pionnier de l’archéologie sétoise, qui, en 1960, peu après moi, se fit ouvrir les archives de la ville et selon lequel le site aurait reçu, à l’époque romaine, le nom des mareyeurs, des “cetarii” qui y commerçaient ? L’image est belle mais le mot latin est un peu trop loin du mot français pour être retenu. C’est Jean Sagnes, auteur de “l’Histoire de Sète”, qui nous ramène au nom Seth : selon des “toponymistes modernes” il désignerait, en “préindo-européen” une montagne. L’explication n’en est pas une mais elle a le mérite de nous ramener à Saint-Clair en y associant le mot Seth, ce qui nous conduit à imaginer une nouvelle étymologie en partant de deux données : - d’une part, en phénicien, comme d’ailleurs en arabe libanais moderne, pendant 3 000 ans donc, le mot “Seth” a été, et est, donné à une noble dame (je l’ai trouvé utilisé sur le seul sarcophage féminin du cimetière antique de Tyr et je l’ai entendu servir pour la veuve d’un Emir), - d’autre part, pour un voyageur venant du sudouest, de l’Espagne, comme les Phéniciens, Saint-Clair revêt la forme gracieuse d’une femme couchée tendant les bras vers la mer. Or les marins de tous les pays et de tous les temps, exposés sans cesse aux périls, surtout devant des caps rocheux, prient volontiers, la déesse Bonne Fortune à Agde, la Bonne Mère à Notre Dame de la Garde…Nos marins phéniciens ont donc pu fort bien prier, devant nos rochers, Seth, la Grande Dame pour en obtenir protection. Ainsi Edouard Thomas, avec sa jeune mariée couronnée de fleurs ne se trompait pas : la montagne Saint-Clair est femme et mérite le respectueux et confiant : Seth ! PAUL BLANC
©/DR
La colère de Poséidon
En des temps mythologiques, la petite citée de Thau prospérait sur les bords du golfe qui lui avait donné son nom. Poséidon, l’ombrageux dieu des mers, s’irrita de cette prospérité. Dans un mouvement de colère il piqua avec son trident un énorme cétacé qu’il projeta à l’entrée du golfe. En retombant dans la mer, l’animal provoqua une vague si haute qu’elle engloutit à tout jamais la cité. Horrifié par ce qui venait de se produire, le cétacé fut pétrifié. Le golfe devint ainsi un étang et la baleine une montagne. Et Poséidon laissa aux hommes le soin de s’en débrouiller.
De Vénus à la Vierge de La Salette
© Thierry Boulley/DR
Le fort devenu chapelle
Pourquoi extérieurement la chapelle au sommet du mont Saint-Clair ressemble-t-elle plus à un fortin qu’à un lieu de culte ? Parce qu’avant la création de la ville de Sète, le duc Henri Ier de Montmorency, gouverneur du Languedoc, fit construire un fortin à l’emplacement d’un antique poste de gué romain après avoir chassé les naufrageurs de l’île. Pourquoi cette chapelle est consacrée à la Vierge qui apparût en 1846 à deux enfants du village de La Salette dans l’Isère ? Parce que sous le second empire, le chanoine Henri Gaffino préféra rester “le curé de la ville et des ports de Sète” que devenir évêque du diocèse où était apparu Notre Dame de Lourdes. Retour sur l’histoire intrigante du sommet de la montagnette.
© Archives Gérard Réthoré/DR
Le sommet du mont Sain-Clair est incontestablement un point stratégique. De là, par temps clair, la vue porte aussi bien jusqu’au mont Ventoux et aux contreforts des Cévennes qu’au Canigou mais aussi embrasse l’étang de Thau et l’immensité de la Méditerranée. Le ciel et la mer se confondent à plus de 50 kilomètres. Il fait donc peu de doute que Jules César y avait posté des légionnaires chargés d’informer ses camps, implantés sur le continent, des mouvements observés en mer. Etaient-ils retranchés dans l‘arcx setiana (forteresse sur les hauteurs de Séte) que mentionnera quelques siècles plus tard le géographe latin Festus Aviénus dans ses Ora maritima ? Vouaient-ils un culte particulier à la déesse Vénus ? Toujours est-il que quelques pièces de monnaie romaines datant de différentes époques ont été trouvées au sommet de la “montagnette” lors de fouilles effectuées en 1936. Des vestiges de ce campement ont-ils abrité des ermites à l’époque paléochrétienne ? Une légende (lire par ailleurs) voudrait que le saint qui allait donner son nom à la montagne s’y retira. En tout cas, c’est à leur emplacement supposé que le duc de Montmorency, Henri Ier, avait fait construire un fortin appelée Montmorencette (une tour circulaire flanquée de quatre bastions) après que l’île eut été débarrassée en 1586 des pirates qui s’y cachaient. Louis XIII en ordonnera la destruction une demi siècle plus tard (ainsi que celle de tous les châteaux
Au-dessus pointe une tour en ogive, ancien repère géodésique…
alentours) après que Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc, qui avait conspiré contre le cardinal de Richelieu, fut conduit à l’échafaud pour crime de lèse majesté en 1632. Et ce qui resta debout devint bel et bien un ermitage où s’installa le desservant d’une petite chapelle aménagée dans les restes d’un fortin du Moyen Age. Le premier curé en fût un certain Hilarion qui s’activa à restaurer les ruines qu’on lui avait confiées et dédia le lieu au culte de Saint-Clair qui aurait eu le pouvoir de guérir les maladies des yeux. Cela explique pourquoi la chapelle du sommet de Saint-Clair est affligée de cette architecture militaire avec ses voutes basses et ses murs capables de résister aux boulets de canons audessus desquels pointe une étrange tour pleine en ogive (un repère géodésique ayant servi à la cartographie de la région), ceinte d’un escalier en spirale jusqu’à mi-hauteur, et soutenant une modeste statue de la Vierge. Cela ne dit pas pourquoi cette chapelle est consacrée à la dévotion de Notre Dame de La Salette, nom sous lequel les catholiques désignent la Vierge Marie apparue, selon la tradition, le 19 septembre 1846 à deux enfants, Mélanie et Maximin, qui gardaient des troupeaux dans les alpages au-dessus du village de La SaletteFallavaux dans l’Isère. C’est le chanoine Henri Gaffino, curé-doyen de l’église Saint-Louis de Sète de 1858 à sa mort en 1899, qui en est la cause. Né à Cramponne-sur-Arzon (Haute-Loire), élevé dans u
La chapelle à la fin du XIXe après que le chanoine Henri Gaffino l’eut consacrée au culte de Notre Dame de La Salette.
© Thierry Boulley/DR
Le peintre Jacques Bringuier réalisa les fresques de la chapelle en 1952. la ferveur mariale au Puy-en-Velay, il avait voyagé jusqu’en Palestine, visité les sanctuaires d’une multitude de madones et séjourné à Rome avant de revenir en France où il avait été nommé curé de Saint-Nazaire-de-Ladarez dans le canton de Murviel-lès-Béziers puis curé-doyen à Sète l’année de l’apparition de la Vierge à Lourdes. Après avoir été pressenti pour devenir évêque de Tarbes (dont Lourdes dépend), il se résolut plutôt à implanter le culte de Notre Dame de La Salette dans sa paroisse tant il était fier d’être « le curé de la ville et des ports de Sète » . Il lui fallut six ans pour parvenir à ses fins. Acquise sur ses deniers, ainsi que l’ermitage et deux baraquettes en piteux état, la chapelle du haut de
Le chanoine acquit la chapelle sur ses deniers
Saint-Clair, surmontée d’une statue de la Vierge, devint ainsi le 19 septembre 1864 le nouveau sanctuaire dédié au culte de La Salette. Le succès fut immédiat, les fidèles ne rechignant pas à escalader les pentes de la colline pour se rendre à l’office dont l’heure avait été indiquée à coups doublés la veille au moment de l’Angélus par les cloches de la Décanale. Le chemin de croix marqué de chiffres romains gravés sur les pierres des murs bordant la montée vers le lieu du culte attira bientôt chaque 19 septembre des fidèles venus de toute la région. Le chanoine Henri Gaffino pu même envisager de faire construire une basilique à la place de la modeste église pour couronner les hauteurs u
de Sète. Mais il était trop fatigué pour mener à bien cet ultime projet. En 1896 il transmit le sanctuaire aux missionnaires de la congrégation de La Salette dont quatre prêtres prirent possession en 1898 quelques mois avant sa mort. Les nouveaux desservants vécurent là jusqu’en 1904 dans un extrême dénuement ne survivant que par la générosité des Sétois. L’ermitage fut alors mis sous séquestre et son pauvre mobilier dispersé aux enchères publiques à la suite de la loi sur la dissolution des congrégations. Le culte de La Salette parvint néanmoins à subsister grâce au père Louis Comte qui brava l’interdit pour assurer la desserte du pèlerinage. Lorsque les tensions politiques s’apaisèrent, le père lança une souscription qui permit de réparer ou reconstruire les bâtiments et de remettre en état la croix de l’esplanade. La pérennité du culte a ainsi été assurée jusqu’à nos jours. Avant que le chanoine Henri Gaffino n’en prenne possession, la chapelle avait été surnommé “la baraquetta d’au Capelan” par les Sétois qui affectionnaient déjà les jeux de mots, “capelan” désignant aussi bien un poisson ordinaire qu’un prêtre dans le langage familier. Sur les photographies du début du XXe siècle, la chapelle de Saint-Clair ressemble en effet davantage aux mazets de la colline qu’à un lieu de culte bien que la grosse colonne en
Le visiteur a l’impression de pénétrer dans un édifice médiéval
ogive qui la surplombait pût évoquer un clocher. La porte qui a ensuite été percée sous cette tour pour faciliter l’entrée des fidèles et des pèlerins n’en a pas sensiblement modifié l’aspect même si la statue de la Vierge en haut de la colonne et un bas relief en bronze représentant la pêche miraculeuse à côté de l’entrée ne laissent plus aujourd’hui de doute sur la destination de l’édfice. A l’intérieur les voutes en berceau et les énormes piliers donnent l’impression au visiteur de pénétrer dans un édifice médiéval qui évoquerait une crypte romane ou des catacombes. En entrant, le regard est immédiatement attiré par un petit oratoire où une profusion de veilleuses brûlent aux pieds de statues de saintes et de saints. A gauche de cet oratoire, dans l’abside centrale, le maître-autel est dominé par trois statues de la Vierge dont l’une, la Vierge en pleurs, était jadis parée de bijoux (un anneau et un collier) qui ont été dérobés. Face au maître-autel, se trouve une petite chapelle tapissée d’ex-voto (voir encadré). En 1952, le peintre Jacques Bringuier orna les murs intérieurs de La Salette de fresques modernes qui à l’époque ne furent guère appréciées. Elles ont été restaurées en 1983 mais le travail réalisé n’a pas eu l’aval de l’artiste. ALAIN GIRAUDO
Ex-voto : quand le “ Joseph-François” se perdait en mer Sète est une ville de pêcheurs, de marins. Dans toutes ces villes il y a une culture des ex-voto (« peintures ou objets symboliques déposés dans une église à la suite d’un vœu ou en remerciement d’une grâce obtenue », dit le Larousse). Il y a plusieurs sortes d’ex-voto. Par exemple vous avez les ex-voto propitiatoires : on peut en voir un de ce type dans la chapelle de Saint Clair. L’incident duquel il est l’origine m’a été raconté par un des acteurs du drame que j’ai connu pendant ma vie professionnelle. Il s’appelait Catarina et était le plus jeune de l’équipage qui a vécu le drame survenu au cours du terrible hiver 1941. Le 2 janvier 1941, il fait très froid. Ce jour là, le “Joseph-François”, bateau de la famille Nocca, quitte le port malgré le mistral et un temps bouché avec une température bien au dessous de zéro. Le bateau est un ancien bateau-bœuf sur lequel a été installé un moteur de voiture dont l’arbre est relié à celui de l’hélice par un cardan. Est-ce modernisme qui a donné conf iance au patron pêcheur qui quitte le port
malgré les mauvaises conditions ? Bref arrivé au large le mistral se renforce, la neige se met à tomber et c’est alors que le drame se noue. Le cardan qui relie le moteur à l’arbre de l’hélice se rompt et le bateau devient incontrôlable. L’équipage doit s’attacher pour ne pas être jeté par-dessus bord. Le bateau va alors dériver pendant six jours. A Sète on les croit morts. Le “JosephFrançois” croise enf in un cargo qui ramenera l’équipage au port. Dans la chapelle de Notre-Dame-deLa Salette, au fond, à gauche, vers le milieu du panneau une peinture vieillie témoigne de ce drame. On y voit une embarcation au milieu des vagues avec les marins les bras vers le ciel. Sur le pourtour est écrit “ janvier 1941 : Joseph – François : perdus en mer : Famille Nocca”. C’est un ex-voto propitiatoire. Il existe également des ex-voto gratulatoires qui eux ont pour objet de dire merci. G.R. (extrait de la conférence sur la Pêche miraculeuse, 11 février 2010)
Chez de nombreux collectionneurs de notre ville on retrouve les tableaux des principaux peintres sétois dont certains, tels Gabriel Couderc et Joseph Moulin, ont été conservateurs du musée municipal.
Joseph Moulin sans nom
François Desnoyer Paysage de Sète
© Thierry Boulley/DR
Joseph Moulin sans nom
Gabriel Couderc Chemin de Saint-Clair (1938)
Joseph Moulin sans nom
François Desnoyer Le port de Sète 1948 huile sur toile 82 cm x 54,5 cm. Collection Musée Paul Valéry (1948)
© Musée Paul Valéry, Sète/ photos Eric Teissèdre/DR
Les couleurs chaudes de Saint-Clair ont été une riche source d’inspiration pour les peintres du groupe Montpellier/Sète réunis autour de François Desnoyer dont le Musée Paul-Valéry présente les œuvres.
André Blondel La colline (1946) huile sur contreplaqué 55 x 38 cm Collection Musée Paul-Valéry (1959) François Desnoyer Le mont Saint-Clair à Sète (1946) huile sur panneau 33 x 41 cm Collection Musée Paul-Valéry (2010)
Retour sur l’histoire de la “montagnette”
Vingt siècles chrono L’antique amer (point de repère) des Phéniciens, Seth, est devenu au fils des siècles, une riche colline, Saint-Clair. Occupée par des pirates puis des soldats, la “montagnette” fut ensuite le refuge d’ermites qui y ont introduit le culte de Saint Clair plus tard remplacé par celui de Notre Dame de La Salette. Longtemps pelée, royaume des chèvres, elle est finalement redevenue verdoyante comme aux temps anciens. Abandonnée aux prolétaires par les bourgeois au XIXe siècle, elle abrite désormais de somptueuses villas entre les épais murs de pierres sèches levés pour délimiter les lopins des pauvres. Retour rapide sur les vingt siècles qui ont façonnés la montagne des Sétois. •IVe siècle
•XIIe siècle L’île sur laquelle est produite du vermillon (teinture rouge obtenue à partir d’une cochenille parasite des chênes kermès qui couvraient la colline) devient un f ief de l’évêché d’Agde après avoir été la propriété de l’abbaye bénédictine d’Aniane.
•Mai 1586 Après l’ensablement des ports d’Agde et de Narbonne, Henri IV projette de fonder un port à Sète. Il charge un de ses f idèles, Henri 1er de Montmorency, gouverneur du Languedoc, de débarrasser les lieux des brigands qui y pullulent. C’est ainsi qu’est capturé en 1586, près de Sérignan, Barberousse (de son vrai nom Gaspard Dot), un naufrageur qui avait son repaire sur l’île. Pour sécuriser les lieux, le duc fait construire au sommet de la colline une tour entourée de quatre bastions. Quand ce petit fort baptisé “Montmorencette” sera abandonné, les pirates reprendront possession de l’île. Si bien qu’en 1622,
le f ils du duc, Henri II de Montmorency fera incendier la colline pour les déloger déf initivement.
•1632
colline au-dessus du port pour inhumer les ouvriers morts sur le chantier du môle. De nombreuses parcelles s’y ajouteront au f il des siècles. Dénommé Saint-Charles, il sera off iciellement appelé “cimetière Marin” à partir d’août 1945 en référence au poème de Paul-Valéry.
•25 juillet 1710 © Archives Gérard Réthoré/DR
Dans sa description des côtes de la Méditerranée, le géographe latin, Festus Avenius, évoque “Setius”, une île couverte de pins qui servait d’amer aux marins naviguant dans le golfe du Lion, et au sommet de laquelle aurait été installé un camp militaire. Cette île en forme de cétacé échoué avait été notée avant lui par Stabon et Ptolémée sous les noms de “Settim” et “Setion”.
Henri II de Montmorency, qui avait conspiré contre Richelieu, est exécuté à Toulouse. Toutes les places fortes des Montmorency dans le Languedoc sont démantelées, y compris celle de Sète. Peu de temps après un premier ermite s’installera dans la chapelle du fortin en ruines. Dénommé Hilarion, il dédiera la chapelle à Saint-Clair, premier évêque d’Albi, invoqué pour guérir les maladies des yeux. Sept ermites succéderont à Hilarion jusqu’en 1770.
•1666 Le fermier général Paul Riquet, qui a entrepris la construction du canal de Toulouse à Sète, fait édif ier une chapelle au-dessus du môle Saint-Louis dont la première pierre a été posée le 29 juillet 1966. Dès 1670, un petit cimetière est ouvert sur les premiers contreforts de la
Des soldats anglais surgissent par le sommet de la colline pour investir la ville et le port sans se retrouver sous le feu du fort construit au bout du môle. Une batterie (détruite en 1960 pour permettre la construction de nouveaux immeubles) sera alors installée à la ButteRonde au-dessus de la Corniche pour repousser toute nouvelle tentative de débarquement par les plages.
•Début du XIXe siècle La f in du premier Empire marque le début d’une expansion du port de Sète (que les Anglais ne sont pas parvenus à incendier en 1807 et 1808) où va affluer de la main d’œuvre venue des départements ruraux des contreforts du Massif Central. Cette nouvelle population va “coloniser” les pentes du mont Saint-Clair dont l’aride caillasse fournit le matériau des murs et des cabanes de pierres sèches. Ce grignotage va donner à la montagnette sa géographie si particulière, toute en chemins, impasses et escaliers avec des carrières béantes d’où est extraite la roche pour la construction du port. Dès 1824, Saint-Clair est subdivisée
en douze secteurs administratifs dont les appellations sont toujours en usage : la Citadelle, le Fort Saint-Pierre, la colline de la Chabanette, la combe d’Aubagnac, Belbezet et les Pierres-Blanches sur le versant mer ; la Craque, le Château-Vert, le Mas-Rousson et le Mas-Ravier sur le versant étang. On recense alors quatre cent trente propriétaires qui ont tous planté quelques pieds de vigne et édif ié une cinquantaine de “baraquettes”. Il y en aura dix fois plus un quart de siècle plus tard.
•1840 Des pierres de taille, sur lesquelles sont gravés des chiffres romains, sont placées sur les murs du chemin de Saint-Clair pour matérialiser les quatorze stations du chemin de croix qui monte à la chapelle qui sera restaurée l’année suivante.
•Seconde moitié du XIXe siècle
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La ville vote massivement pour le bonapartiste Emile Doumet (maire de 1849 à 1865, considéré comme le Haussmann de la ville) tandis que les légitimistes et les républicains se retrouvent dans les baraquettes où la police impériale viendra en arrêter plusieurs en juillet 1853.
Le cimetière Marin “Sur la maison des morts mon ombre passe…”
L
a construction du môle Saint-Louis ne se fit pas sans pertes humaines. Peu de temps après le début du chantier en 1666, il fallut donc trouver un endroit où donner une sépulture aux victimes. On n’alla pas •19 mars 1863 bien loin, sur une petite parcelle à peu près plate au-dessus de la Inauguration d’un sémaphore carrière du Souras où Paul Riquet avait fait construire la chapelle Saint-Louis au sommet du mont Saint-Clair, de la Pitié (aujourd’hui disparue). C’est là que fut installé le cimetière qui au à proximité de la chapelle. fil des siècles allait s’agrandir jusqu’à sauter en 1845 le chemin du Cimetière pour monter finalement jusqu’à la carrière où sera construit le musée Paul•19 septembre 1864 Le chanoine Gaff ino, curé doyen de la Valéry. Une des parcelles a été réservée à la communauté protestante dont le paroisse Saint-Louis qui a acquis l’ancien rôle a été essentiel dans l’essor économique du port au XVIIIe et XIXe siècles. ermitage et deux baraquettes attenantes, Le cimetière prit le nom de Saint-Charles lorsque fut fermé au XIXe siècle celui consacre au culte de Notre Dame de de l’hôpital Saint-Charles (actuelle place de l’Hospitalet au Souras-Haut). La Salette la chapelle de Saint-Clair dont Pour rendre hommage aux vers fameux du poète Paul Valéry qui avait la tourelle est surmontée d’une statue célébré les lieux avant d’y être inhumé, le cimetière devint le “cimetière de la Vierge. Une grande croix de bois est u Marin” le 7 août 1945. Mais, paradoxalement, les Sétois continue d’appeler la partie basse du cimetière, le “cimetière neuf” alors que c’est la plus ancienne. La plupart des Sétois célèbres* y reposent face à la mer sous « ce toit tranquille, où marchent les colombes » : l’aspirant Eugène Herber (1878-1900); le ministre de l’éducation Mario Roustan (1870-1942) ; le poète Paul Valéry (1871-1945) ; le journaliste sportif Emmanuel Gambardella (1888-1953) ; le jouteur Vincent Cianni (1895-1960) ; l’homme de théâtre Jean Vilar (1912-1971) ; l’architecte Charles Lemaresquier (1870-1972) ; le cinéaste Henri Colpi (1921-2006) ; le peintre Pierre François (1935-2007). Au hasard des allées, on peut admirer la beauté architecturale de certaines chapelles : le mausolée de l’ancien tailleur de pierres Georges Capetta ; la chapelle des négociants Amadou-Herail flanquée de deux “Pleureuses” ; le tombeau finement sculpté en marbre de Carrare de la jeune Marie-Rose Goudard ; le sarcophage du courtier maritime Louis Rieu inspiré du tombeau de Napoléon, et bien d’autres encore… *à l’exception notable de Georges Brassens qui est enterré de l’autre côté de la colline, au cimetière du Py, avec vue sur la lagune.
installée non loin du sémaphore en 1866, année où commencent les 19 de chaque mois des pèlerinages dont le plus important est celui de septembre. En 1897, le chanoine Gaff ino cède la chapelle aux missionnaires de La Salette qui s’en occupent depuis lors. Une grotte baptisée Aubagnac est découverte dans la combe entre le sommet de Saint-Clair et les Pierres-Blanches. Elle fait partie des nombreuses cavités creusées par les eaux souterraines dans la roche calcaire qui constitue la colline. Dans les années 50 ces cavités seront explorées par les membres du Club de Spéléologie animé par l’opticien Arsène Chavin. Dans les années 60, un nouveau Spéléo Club prendra le relais. Une dizaine d’aven ont ainsi été documentés.
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•17 janvier 1883
L’âge d’or des Baraquettes
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es premières baraquettes sont édifiées au début du XIXe siècle sur des parcelles du mont Saint-Clair généralement plantées de vigne e par leur propriétaire qui en tirent un complément à leurs modestes re•Début du XX siècle venus. Elles sont construites “à la romaine” face à la pente sur la plus Pour bénéf icier d’un dégrèvement d’impôt haute “restanque” de la parcelle avec les mêmes pierres qui ont servi à foncier, des propriétaires de terrains improductifs entreprennent de planter lever les murs sur lesquels elles s’adossent. Elles se composent d’une ou des résineux sur le versant mer qui deux pièces obscures dont la fraîcheur est assurée par une citerne enterrée, commence à se reboiser. Tandis que pièces pavées de carreaux en terre cuite qui ouvrent sur une terrasse des buvettes (“A la Culminante”, “Café ombragée par un pin, une treille ou un figuier. Elles sont le lieu de sociaTalon”, “La Salette”, “Robustelli”…) bilité pour les hommes qui travaillent sur la colline et se réunissent en difs’ouvrent progressivement au sommet férentes associations. de Saint-Clair qui devient un lieu Dans son “Histoire de Sète” (éd. Privat), Jean Sagnes relève qu’un rapport d’excursions. Des maisons individuelles de 1853 donne la mesure de ce phénomène : « La majeure partie des bacommencent à remonter sur les flancs raquettes (quelque 500) est gouvernée par de petites associations : tel dide la colline à cause de l’augmentation de la population de la ville qui, en fonction manche on donne à dîner ou on sert des rafraîchissements à des membres de l’évolution de la situation économique, d’une autre baraquette qui, le dimanche suivant, vous reçoivent eux-mêmes à leur tour et vous traitent de la même façon ». attire de la main d’œuvre en provenance d’abord du Sud de l’Italie puis d’Espagne. C’est dans une d’entre elles, “Magali”, située en haut des escaliers du Mas-Rousson, que six disciples de Frédéric Mistral (parmi lesquels Joseph •23 avril 1903 Soulet, loueur de citernes métallique et fervent catholique, et Gustave Théron, instituteur et militant socialiste) se réunissent en juin 1890 pour arroser la publication du premier numéro de “l’Armanach Cetori”, revue qui célèbrera en langue d’Oc jusqu’en 1913 leur amour de la vie et des traditions locales. La crise qui frappe Cette avant la première guerre mondiale provoque l’effondrement de la tonnellerie et met un terme à ces agapes. Les baraquettes deviennent des lieux de villégiatures estivales avant que l’arrivée de l’eau courante et de l’électricité sur la colline ne marque le passage de ces lieux en résidence principale. Les baraquettes authentiques ne se comptent plus que sur les doigts d’une main.
Construit dans l’alignement du môle Saint-Louis, le phare Saint-Clair est allumé après deux ans de travaux. C’est une tour octogonale haute de 23 mètres qui se dresse à 94 mètres
au-dessus de la mer. Son feu blanc d’une puissance de 6 kilowatts a une portée de 29 miles (environ 55 kilomètres).
l’application de l’arrêté en… 1960 pour l’obtenir en… 1970.
•4 août 1904
Des chômeurs sont employés à tracer un chemin (assez abrupt) qui gagne les Pierres-Blanches. Off iciellement dénommé “montée des Pierres-Blanches”, ce chemin sera connu sous le nom de “montée des chômeurs”. Il sera classé
A la suite de plusieurs accidents, le préfet de l’Hérault interdit la chasse sur le mont Saint-Clair. Le gibier ne sera pourtant pas tranquille avant que les habitants du site demandent vivement
•1930
dans le réseau des chemins de grande communication en 1932 avec celui de Saint-Clair.
•30 août 1932 Une croix maçonnée remplace la vieille croix en bois au sommet de Saint-Clair. Dotée d’un éclairage, elle peut être illuminée à la demande des f idèles. Elle résistera au souffle de l’explosion qui détruit le sémaphore miné par les Allemands lors de leur retraite le 19 août 1949. Une nouvelle croix sera installée en 1946 puis à nouveau rénovée en 2009 avec un éclairage plus performant lors de la transformation du panoramique.
•30 juillet 1936 Un syndicat de défense et d’organisation des intérêts du mont Saint-Clair est créé qui va s’employer à faciliter les conditions d’existence des habitants (adduction d’eau, électrif ication, éclairage, assainissement…) mais aussi à permettre un meilleur accès de la colline aux visiteurs. Après s’être mis en sommeil pendant la guerre, le syndicat reprendra ses activités de 1948 à 1962.
•Novembre 1942-août 1944 La ville est occupée par l’armée du IIIe Reich qui construit des blockhaus et installe des batteries de DCA dans la montée de Saint-Clair, aux Pierres-
Blanches et à mi-pente à l’emplacement de l’actuel ensemble immobilier “La Vague”. Les Allemands creusent et aménagent de nombreux souterrains au Ramassis (pour stocker des munitions), sous le cimetière Marin (pour parquer des chars et aménager un hôpital) et aussi à partir de leur batterie russe de la montée des Pierres-Blanches. Ces souterrains dont les entrées ont été minées au départ de l’occupant seront explorés et documentés par le club de spéléo Evasion.
•1945
inaugurée sur le toit de l’ermitage. La vue porte à plus de 45 kilomètres à 360°. Une table d’orientation en céramique permet de repérer le Canigou à l’ouest, le causse du Larzac et le massif de l’Aigoual au nord, la Camargue et le Ventoux à l’est.
•1949-1951 Le chemin de Saint-Clair est élargi pour permettre le passage des cars qui vont monter les habitants et les visiteurs au sommet de la colline, leur épargnant ainsi la rude épreuve des escaliers.
L’explosion d’un dépôt de munitions allemandes stockées dans une carrière au-dessus du cimetière du Py fait plusieurs dizaine de victimes et plus de 300 sinistrés.
•6 juin 1951
•1946
Le peintre Jacques Bringuier réalise les fresques à l’intérieur de la chapelle dédiée à Notre Dame de La Salette. Synthèse moderne de l’art roman et byzantin, elles ne sont guère appréciées des Sétois qui f iniront toutefois par reconnaître leur adéquation au lieu. Elles seront restaurées en 1983.
Après avoir inspiré naguère des peintres comme Courbet, Dufy, Marquet, Locatelli ou Matisse, Saint-Clair attire le peintre François Desnoyer qui s’installe rue René-Cassin dans le quartier de la Butte-Ronde. Il aura pour voisin pendant quelques mois Pierre Soulages qui réside lui à Sète depuis 1959.
•17 juillet 1949 Une terrasse panoramique à laquelle on accède par un escalier intérieur est
Le sommet du mont Saint-Clair est classé parmi les sites pittoresques.
•1951-1953
•10 février 1956 La vague de froid qui s’abat cruellement sur la France en février 1956 n’épargne pas Sète où la température va tomber u
Le sémaphore du fort Richelieu
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Après que Louis XV a ordonné de mettre les côtes méditerranéennes en état de défense pour parer à un nouveau débarquement des Anglais, le fort Richelieu a été construit entre 1743 et 1747 aux frais des états du Languedoc (90 000 livres), sur des plans de l’ingénieur Niquet datant de 1710, par les entrepreneurs “cettois” Recouyet et Despetit supervisés par l’ingénieur Mareschal. Le fort qui sert de caserne aux garnisons de la ville sous l’ancien régime prendra le nom de “La Fraternité” et de “La Montagne” sous la Révolution. Il abrite alors les services de l’Artillerie et du Génie et sert de dépôt de munitions ainsi que de prison en temps de guerre avant d’être cédé à la Marine en 1919. Réquisitionné par les Allemands en 1942 qui l’entourent de blockhaus, le fort est partiellement détruit par les bombardements alliés en 1944. Le sémaphore (système de communication à signaux optiques installé en remplacement des vigies en 1806 puis adapté à l’électricité et au télégraphe en 1862) ayant été détruit par les Allemands lors de leur retraite en novembre 1944, la Marine décide de l’implanter “provisoirement” au fort Richelieu. Il est toujours en service (et sans doute pour longtemps) avec des missions militaires (surveillance de l’espace maritime, terrestre et aérien ; écoute des fréquences civiles et militaires ; information des commandements opérationnel et organique ; surveillance et régulation du trafic et de l’activité maritime, navigation et pêche) et des missions de service public (sauvegarde des personnes – en liaison avec les CROSS – confrontées aux périls marins ; détection des feux de forêt ; observations météorologiques au profit des navires civils et militaires ; prévention des pollutions maritimes accidentelles…). Le fort et le sémaphore ont été inscrits au registre supplémentaire des monuments historiques le 10 mai 1996.
à -14° sur la terrasse de la chapelle de La Salette faisant geler amandiers et cerisiers. En février 1963 se sont 10 centimètres de neige qui rendront les pentes de Saint-Clair inaccessibles. Un autre épisode neigeux bloquera la colline en janvier 2009.
au lancement d’un programme immobilier qui n’est toujours pas achevé. Construit au-dessus du cimetière Marin dans une ancienne carrière sur les plans de l’architecte Guy Guillaume, le musée Paul-Valéry est inauguré après quatre ans de travaux, On y retrouve les collections de l’ancien musée situé en face le théâtre Molière. Réaménagé en 2010 pour permettre une nouvelle présentation des collections et des expositions, le musée compte plus 700 peintures et 1000 dessins.
•1960 En dépit des efforts du comité de sauvegarde présidé par M. Chavardes, la municipalité communiste décide la démolition du fort de la Butte-Ronde qui constituait un lieu de promenade au-dessus de la Corniche pour faire place à de nouvelles constructions. Outré par ce “bétonnage”, le peintre François Desnoyer quittera peu après la ville pour s’installer à Saint-Cyprien.
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•1962
Jean Olive, professeur de physique au lycée Joliot-Curie et passionné d’apiculture, installe des ruches dans le secteur de la Mogeire où il vient de faire construire sa maison.
•19 mai 1963 L’arrivée de la dernière étape du grand prix cycliste du “Midi Libre” organisé par le quotidien régional éponyme a lieu au sommet de Saint-Clair. En dépit des diff icultés liées à la topographie du lieu, cette arrivée spectaculaire est maintenue jusqu’à la dernière édition de la course en 2002. Le Tour de France est passé par le sommet de Saint-Clair en 2012 sans y faire étape. L’exploitation de la carrière du Ramassis est arrêtée, laissant une plaie béante sur la queue de la colline. En contrebas, dans les galeries creusées par les Allemands, sera ouvert en 1995 un musée du Vin où sont reconstituées des scènes de café. L’entreprise n’a pas le succès escompté. En 2000, la coopérative Listel vient alors entreposer du vin dans les galeries mais elle quitte aussi la place
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•1964
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•31 mai 1969
Les tunnels allemands
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urant les deux années d’occupation (1942-1944) de •fin 1969 Sète, les Allemands ont créé Le président du Syndicat d’initiative, un réseau de tunnels et de Me Pierre Barthas écrit au Président galeries sous le mont Saint-Clair. de la République, Georges Pompidou, A partir du front de taille de la carrière af in d’obtenir l’abandon d’un projet du Ramassis, ils ont creusé, dans du de lotissement sur la zone des Pierrescalcaire bleu particulièrement dur, trente Blanches alors administrée par les Ponts et Chaussées Maritimes. Les Eaux et Forêts et une galeries hautes de 3 mètres, larges de 2,80 à 5,25mètres pour y en prendront ainsi rapidement la charge stocker des munitions dans une excapermettant la préservation du site qui vation de près de 9 000 m². On acpourra être aménagé comme un lieu de promenade et de visite avec la réalisation cédait à ces souterrains par quatre entrées et il y avait une issue de d’un parking (1972) puis d’une table d’orientation (1974). secours. Après avoir été utilisé pour abriter un éphémère musée du vin et •12 juillet 1974 pour stocker la production des vignobles Après avoir accroché une ligne électrique de Listel, l’accès à ces galeries a été dans le brouillard, un avion de tourisme de l’aéroclub de Toulouse s’écrase sur la cuve muré après l’ouverture d’un chantier immobilier inachevé. à mazout d’une propriété du chemin Dans la montée des Pierres-Blanches, de la Mogeire dont les occupants sont il y avait une autre carrière dans heureusement absents. Les trois passagers laquelle ils ont agrandi et aménagé sont morts. des souterrains naturels. Le Spéléo •5 mars 1978 Club qui les a explorés a découvert Une trentaine de résidents de Saint-Clair un ensemble de tunnels et de niches réunis dans une salle de l’ermitage de organisées autour de deux principales Notre-Dame-de-La-Salette créent une galeries qui partent d’une salle de amicale dans le but d’établir des liens 60 m² environ. Derriére le lycée Pauld’amitiés entre les résidents, d’améliorer Valéry, un souterrain a aussi été creusé, leur cadre de vie, et de défendre leurs son entrée a été condamnée. intérêts auprès des administrations. Installée en 1982 dans un foyer construit Dans la tranchée entre le fort, qui deviendra le théâtre de la Mer, et le ciprès de l’emplacement de l’ancien sémaphore, cette amicale se battait encore metière Marin, les Allemands ont aussi en 2012 pour obtenir un accès haut débit ouvert une excavation assez vaste à Internet pour toute la colline. pour accueillir un grand nombre de chars et de véhicules ainsi qu’un hôpital. •1979 Ils l’ont fait sauter lors de retraite en Un “parcours « santé” de 2 500 mètres août 1944. Une grande partie des est aménagé dans la forêt domaniale u gravats qui bloquaient la tranchée a été repoussée dans la cavité, si bien qu’en 2012 une entreprise qui sondait le grand mur de pierre qui obstrue ce réseau souterrain n’a pas trouvé la trace de cette cavité. Sources : Club spéléologique de Sète Evasion
Musée Paul-Valéry une île et des peintres
S
ète s’est doté d’un musée dès 1891. Il était installé dans un bâtiment qui, dans le quartier nouveau de la Bordigue, longeait la place Victor-Hugo (rebaptisée Stalingrad en 1946) en face du théâtre Molière. Ce musée végéta jusqu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale. C’est alors qu’un nouveau conservateur, Gabriel Couderc, lui-même peintre, lui donne un nouvel élan. Il ouvre une salle Paul-Valéry grâce à l’aide la famille du poète qui a été enterré au cimetière Marin en 1945. Il fait entrer au musée des peintres contemporains comme Dufy, Desnoyer et Sarthou. La donation du médecin et ethnologue Emile Bonnet (1863-1942), un des principaux érudits de la ville, enrichit encore le musée d’un fond sur l’histoire locale et les joutes. Si bien que la place vient à manquer dans ce bâtiment mieux fait pour abriter un collège qu’un musée. La municipalité dispose des terrains d’une carrière abandonnée au-dessus du cimetière Marin. C’est là qu’est édifié le nouveau musée sur les plans de l’architecte Guy Guillaume qui suit la logique du Corbusier. Il est inauguré le 31 mai 1969 après quatre ans de travaux. Il sera pendant longtemps le seul édifice spécialement conçu à l’usage muséographique dans le Languedoc-Roussillon. Il permet une bonne conservation des œuvres et l’organisation régulière d’expositions. Il reçoit au milieu des années 80, plus de 70 000 visiteurs par an. En 1982, sera ouverte une salle Georges-Brassens qui fermera en 1991 lors de l’ouverture d’un espace spécifiquement dédié au poète en face du cimetière du Py où il repose… Largement réaménagé en 2010 pour permettre une nouvelle présentation des collections et des expositions, le musée compte plus 700 peintures et 1000 dessins outre les fonds Paul Valéry et arts et traditions populaires (déplacé à la mairie en attendant l’ouverture du musée de la Mer). Riches d’environ 4 000 œuvres, les collections du musée Paul-Valéry comptent un ensemble de plus de 700 peintures qui, pour beaucoup d’entre elles, témoignent de l’intérêt porté à l’île singulière par de nombreux artistes : Jongkind, Mols, ou Hintz, les Sétois Jules Troncy ou Toussaint Roussy au XIXe ; Marquet, le groupe Montpellier/Sète réuni autour de François Desnoyer ou la génération de la Figuration Libre notamment représentée par Robert Combas et les frères Di Rosa au XXe…
des Pierres-Blanches où seront réalisés en 1990 un sentier botanique et en 1991 un bâtiment d’accueil et une buvette (devenue en 2008 un restaurant de brochettes).
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•Années 80 La municipalité prend plusieurs délibérations pour baptiser de noms évocateurs les voies communales : chemin de la Valcaude, impasses du chèvrefeuille, du Lierre, des Tamaris, de la Cardamine (dans la zone du fort Saint-Louis), chemins de la Chabanette, du Basilic, des Buis, des Mûres, des Asphodèles, impasses des Aubépines, des Abeilles, des Chênes Verts, des Grillons, du Scarabée (dans la zone de La Chabanette)… Il y aura aussi l’impasse du Soleil et les chemins du Couchant et de
l’Equinoxe. Chaque dénomination est faite en français et en occitan.
•20 juillet 1984 La table d’orientation réalisée en bronze par Sabine Réthoré est inaugurée sur le belvédère des Pierres-Blanches noyé dans le brouillard.
•1983
Une nouvelle numérotation des maisons et des villas par mètres linéaires est mise en place (l’ancienne subsistant).
•1986 Un émetteur-relais de télécommunications est installé au sommet de Saint-Clair par l’armée. Il sera démonté en 2007 alors qu’en 2006 a été érigé un pylône de transmissions civiles haut de 32,5 mètres.
•1990-1995 Les secteurs des Pierres-Blanches, du quartier Haut, du cimetière Marin, du chemin de Saint-Clair, de la Chabanette, sont raccordés au gaz.
•2008 Le belvédère de Saint-Clair réaménagé par l’architecte Pierre Di Tucci s’appelle désormais Henri-Colpi en souvenir du cinéaste sétois décédé en 2006.
Quand le Syndicat d’initiative prenait en charge Saint-Clair
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Le sauvetage d’un patrimoine
L’histoire de l’actuel panoramique Henri-Colpi ainsi que celle de la table d’orientation des Pierres-Blanches sont indissociables de l’activité du Syndicat d’initiative présidé par Maître Pierre Barthas dans les années 70. e Syndicat d’initiative (SI) de Sète, descendant de la Société pour la défense des intérêts de Cette, fut présidé pendant longtemps par Victor Beaufort, aidé dans cette tâche par le dévoué secrétaire du SI, Claude Cancel. Ces structures animées par des bénévoles, souvent des notables, avaient pour vocation d’organiser et de développer le tourisme local. En 1964, une loi autorisa les municipalités à créer des Offices de tourisme, elle institua donc une structure ad-
ministrative nouvelle pour œuvrer aussi pour le tourisme. Le Syndicat d’initiative, association privée à but non lucratif, et Office municipal du tourisme quand ils cohabitent dans une même ville ont les mêmes attributions ce qui peut créer certains problèmes. C’est ce qui arriva dans notre ville de Sète. Au décès de Victor Beaufort, en décembre 1967, le conseil d’administration du SI se réunit pour élire son nouveau président. La mairie présenta M. Tirat mais ce fut Me Pierre Barthas qui fut élu à l’unanimité moins deux voix.
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Courroucé, le maire communiste, Gilbert Martelli, intima au SI de quitter immédiatement le local mis à disposition, et lui supprima la modeste subvention (500 F) qui lui était allouée chaque année. Le SI fut immédiatement hébergé par la Chambre de Commerce et put continuer son activité grâce aux cotisations de ses membres et de ses adhérents et surtout grâce au dévouement sans faille de son conseil d’administration. Or, au moment où les touristes commencaient à affluer vers la ville, les stigmates de la dernière guerre mondiale (blockhaus, nids de mitrailleuses, tunnels et casemates) affleuraient encore sur le mont Saint-Clair. Le Syndicat d’initiative était présidé à cette époque par Pierre Barthas, j’en étais le trésorier, Claude Cancel en étant toujours le dévoué secrétaire. Le SI s’employa avec ses faibles moyens à améliorer le site et faire disparaitre les traces de ce dernier conflit. Au panorama des Pierres-Blanches sur lequel quelques pins d’Alep essayaient de subsister, la beauté du paysage attirait de nombreux visiteurs malgré la présence des ruines de plusieurs nids de mitrailleuses qui donnaient au paysage un aspect désolé. Nous eûmes l’idée d’utiliser la fortification située sur la partie la plus haute du site pour installer une table d’orientation et je demandais à Pierre Nocca, le sculpteur du “pouffre” en face de la mairie, de nous faire un projet. Avec son idée, la table d’orientation devenait un vrai monument. La casemate était comblée, cela avait l’avantage de la camoufler et d’augmenter la hauteur pour l’observateur. L’image du paysage reproduite sur la table était disposée sur un voile de béton, sorte de volute qui entourait l’observateur, un mât à la manière d’un totem, corrigeait par sa verticale l’horizontalité de la table. Avant de s’occuper du financement, nous devions obtenir la permission du propriétaire des lieux.
En 1974, le dessus du mur de la fortification est crépi pour recevoir une peinture représentant le paysage qui s’offre au loin à la vue des promeneurs.
Pierre Nocca avait esquissé un projet de table d’orientation s’inspirant de la mâture d’un voilier.
Les Pierres-Blanches étaient à cette époque sous l’administration des Ponts et Chaussées maritimes. Fréquemment, des tirs de mines retentissaient dans la grande carrière située à l’ouest de la colline, la roche extraite étant utilisée pour l’entretien du môle et des digues, à tel point que dans les années 60 bien des Sétois s’inquiétèrent sur le devenir de ce lieu de promenade. J’étais avec Me Barthas quand nous avons rencontré M. Bordagi, qui représentait M. Mascarelli, l’ingénieur ordinaire responsable de cette administration. Nous nous attendions à un accueil favorable sinon enthousiaste compte tenu de la beauté de notre projet, au lieu de cela, la réception fut désagréable, vexante car sans le savoir notre entreprise s’opposait aux visées de notre interlocuteur. En effet, déjà en bas de la montée des PierresBlanches, un lotissement avait été commencé et la rumeur propageait que la viabilité faite par les Ponts et Chaussées avait permis aux acquéreurs d’obtenir ces terrains à un prix exceptionnellement bas. Aussi quand il nous annonça que notre projet était mort né vu que toute la zone le long de la route allait être lotie ainsi que la partie haute où nous devions installer la table d’orientation (cette partie étant réservée à des gens haut placés) nous fûmes stupéfaits ! Nous devions faire vite, et le soir même Pierre Barthas me demandait de le rejoindre dans sa villa située près des Pierres-Blanches. Il me lut une lettre adressée au Président de la République, Georges Pompidou… Je me souviens encore d’un des nombreux arguments évoqués, il demandait au Président si on tolèrerait de voir lotir à Paris le bois de Boulogne et insistait disant que c’était un but de promenade pour la population, un des derniers espaces verts à Sète et qu’il ne fallait pas que ce domaine public soit bradé au privé. Le soir même je postais la lettre. La réaction fut très rapide et par la préfecture, la gestion de ces terrains fut enlevée immédiatement aux Ponts et Chaussées maritimes pour être donnée à l’administration des Eaux et Forêts. En juillet 1969, je rencontrais Monsieur Guérin, nouveau responsable du site ainsi que Monsieur Goville responsable du reboisement. Nous avons choisi ensemble d’utiliser les vestiges du nid de mitrailleuses placés en haut des PierresBlanches depuis lesquels l’observateur avait une vision de l’horizon sur 300° environ. Le comblement étant réalisé en utilisant les restes des ruines situées aux alentours. C’était une belle victoire, mais restait maintenant à trouver le financement de notre monument ! Après bien des attentes et des déceptions, il fallut admettre que le projet de Pierre Nocca u
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était hors de portée pour nos finances. Dans notre recherche de sponsors, nous avions pourtant contacté Dunlop, Listel, Montlaur et bien d’autres… mais hélas sans résultat ! Pendant le conseil d’administration du 26 octobre 1971 il fut décidé que l’érection de la table d’orientation devenait notre action prioritaire. Abandonnant avec regret le projet de Nocca nous choisissons la solution plus simple de maçonner le dessus du mur de protection de la fortification en réalisant un plan incliné qui crépi et lissé recevrait une peinture représentant le paysage. Ce qui fut fait, et la table fut inaugurée en 1974. L’originalité de cette réalisation venait que les visiteurs étaient au centre d’une sorte d’anneau sur lequel figurait le panorama observé. Mais rapidement il fallu déchanter car la peinture attirant la peinture, la table était souvent taguée, et tous les ans voire deux fois par an, il fallait la repeindre. J’ai retrouvé dans mes archives une note datée de 1979 d’un ancien lieutenant de la sécurité civile qui sur mon insistance m’avait adressé le montant des frais de peinture que lui avait occasionné la réfection de notre table, tout son travail ayant été réalisé bénévolement. Cela ne pouvait plus durer, aussi, pendant le conseil d’administration du 21 janvier 1983, je proposais de réaliser une nouvelle table en utilisant un matériau appelé à durer comme le bronze qui ne craint pas les intempéries. Je connaissais la fonderie Granier à Hérépian et ma fille Sabine qui était en licence d’arts plastiques consentait à réaliser la maquette en bois indispensable pour être reproduite par le fondeur. Cette proposition acceptée le travail pouvait commencer. Nous avions déjà début 1982 photographié
tout le panorama avec un appareil fixé sur un trépied et chargé avec une pellicule diapositive noir et blanc de façon à pouvoir projeter les images obtenues pour saisir tous les détails du point de vue. En utilisant du contre-plaqué de 19mm. Sabine divisa la table en différents secteurs, chacun correspondant à l’image d’une diapositive. Sur le contre-plaqué elle dessina le paysage puis en découpant et en collant sur le support des plaques de bois dans des épaisseurs différentes suivant l’éloignement des détails à représenter, elle reproduit son dessin en relief, la perspective était ainsi respectée et le panorama prenait corps. Plusieurs réunions sur le site avec certains administrateurs furent nécessaires pour définir tous les renseignements qui devaient figurer sur la maquette définitive. Il fallut vingt secteurs pour représenter l’ensemble du panorama, et plusieurs mois de travail pour venir à bout de cette entreprise. La fonderie Granier qui était spécialisée dans la fabrication des cloches, accepta de reproduire en bronze toutes les plaques. Je me souviens avec émotion de l’amabilité et de la compréhension que j’ai trouvé auprès de cet interlocuteur. Notre collaboration fut parfaite, j’assistais à la fonte des éléments ce qui fut un spectacle magnifique et, par, plusieurs voyages, je ramenais les précieuses plaques dans notre ville. Les services municipaux se chargèrent du scellement de l’ensemble des pièces de bronze, et sous la présidence d’Yves Marchand, premier magistrat de l’époque, et de Me Pierre Barthas, en présence de ma fille Sabine, la table fut inaugurée le 21 juillet 1984. G.R. La maquette de la nouvelle table d’orientation des PierresBlanches, gravée sur bois avant d’être coulée en bronze, a été réalisée par Sabine Réthoré. Elle était au côté de Pierre Barthas et du maire Yves Marchand lors de l’inauguration le 21 juillet 1984.
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Le Syndicat d’initiative paya en 1981 20 000 F la réalisation d’un parking à la place des ruines de l’ancien sémaphore
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Le panoramique Henri-Colpi réaménagé en 2008 avec une avancée en bois qui plonge vers le bas de la ville et vers la mer.
De haut en bas, le sémaphore avant et après sa destruction; l’état du sommet de Saint-Clair avant la réalisation du parking puis du panoramique.
Il est impossible aujourd’hui d’imaginer l’aspect du panoramique Henri-Colpi entre la f in de la guerre et le 28 novembre 1981 jour de l’inauguration du parking créé par le Syndicat d’initiative, Off ice de tourisme. En effet, en abandonnant Sète suite au débarquement des Alliés en Provence, les troupes allemandes avaient dynamité le môle et son phare, les quais et certains ouvrages stratégiques dont le sémaphore qui était au sommet de Saint-Clair. Par la suite, af in de sécuriser le site, l’administration responsable de cet espace, l’avait clôturé par des potelets de ciment reliés entre eux par des petites poutres, avec par endroit des f ils de fer barbelés pour éviter toute intrusion. On y apercevait, parmi les buissons de ronces et d’épineux, les dômes de plusieurs casemates et blockhaus aménagés pendant l’occupation. De nombreux départs de souterrains donnaient à cette zone un caractère dangereux, le commandant Albert Abelanet m’avait d’ailleurs raconté que pendant l’occupation, il avait travaillé pour l’entreprise Truchet et Tansini réquisitionnée par l’armée allemande pour construire les fortif ications et creuser les souterrains et que tous les éboulis qui se trouvent entre le sommet de la colline et le chemin de Biscan-Pas, proviennent des excavations réalisées à cet endroit. Pour admirer le paysage, les promeneurs ne disposaient donc que de la zone située devant la croix, qui fut érigée en mai 1866 au même emplacement, la première étant une croix de bois. Pour ajouter une touche à cet aspect de désolation plusieurs paraboles et antennes avaient été installées, en bordure nord de la clôture, chacune à la fantaisie de l’administration qui en avait l’utilité. Pour le Syndicat d’initiative,
Off ice de tourisme, cette situation ne pouvait durer surtout que les voitures et les cars de tourisme étaient de plus en plus nombreux, d’où l’idée de réaliser un parking à cet endroit. J’ai eu la chance de conserver un exemplaire de l’interview donné par Me Barthas à “Midi Libre” au moment de l’inauguration du parking du sommet de Saint-Clair le 28 novembre 1981, entretien par lequel il expliquait toutes les démarches qu’il avait fallues entreprendre pour que ce projet soit réalisé (lire page 33). A l’occasion de cette inauguration notre secrétaire Claude Cancel reçu de la Fédération des off ices de tourisme de l’Hérault, la médaille de bronze en remerciement de toutes ces années de dévouement. C’est pendant le conseil d’administration du 28 novembre 1980 que fut attribué à Joseph Ortega la réalisation des travaux. Nous avions eu trois propositions : une à 84 263,44 F, une autre à 34 104 F et, celle retenue, à 23 000 F qui se transforma en 20 000 F à la f in des travaux, par la générosité du réalisateur ! A l’ordre du jour du conseil d’administration du Syndicat d’initiative du 26 janvier 1984, était prévu la transmission à la municipalité de la concession du terrain du parc auto de Saint-Clair, transmission qui fut effective dans les semaines qui ont suivi. Depuis, grâce à la municipalité Commeinhes l’ancien parking a disparu, remplacé par ce magnif ique panoramique Henri-Colpi, dans l’aménagement duquel on retrouve certains espaces imaginés par le président Barthas. Me Barthas hélas ! n’est plus là pour le voir, lui qui en avait toujours rêvé car pour cet amoureux de Sète, rien n’était trop beau pour mettre en valeur notre montagnette. G.R.
Entretien de Me Barthas à “Midi-Libre” le 28 novembre 1981
“Une cascade de démarches” Midi Libre : Quelles furent les démarches qui vous ont permis de démarrer l’aménagement du parking ? Maître Barthas : Elles ont commencé le 10 mai 1968 par une intervention officielle devant la Commission Départementale des Sites dont j’étais déjà membre, puis elles ont stagné pendant une longue période. Nous avions alors d’autres chats à fouetter. Il s’agissait en particulier, de redonner vie au Syndicat d’Initiative qui venait de sortir de difficultés qui avaient failli lui coûter la vie. Elles ont pris un tour plus sérieux fin 1974, époque à laquelle le point fut fait, avec le concours de la préfecture, sur la situation juridique particulièrement complexe du site. Une administration d’état gérante, la Marine ; sept administrations utilisatrices : la Marine, les Douanes, la Police, les PTT, l’ORTF, la SNCF, l’EDF. Début 1975, un dossier était constitué à la préfecture, pour la mise au point administrative et financière. En 1976, ayant fait connaître nos projets à l’administration municipale nous obtenions d’elle un accord de principe, sous réserve de l’approbation du conseil municipal. Ce fut alors pendant de longs mois une cascade de démarches, visites, coups de téléphone, correspondances, l’ensemble pour n’aboutir qu’à des résultats décevants. De guerre lasse, en mai 1977, je renouvelais la procédure qui nous avait si bien réussi aux Pierres-
Blanches, et adressais un dossier complet à la Présidence de la République, demandant son intervention. Cette démarche aussi demeura vaine. En juillet 1977, la préfecture me faisait savoir qu’il n’était pas dans l’intention de la ville d’envisager un parking sur Saint-Clair. Je m’adressais alors à Me Marchand, conseiller général, lui demandant aide et appui, en lui précisant que ce refus nous amenait à prendre l’opération sous notre responsabilité exclusive.
Le 4 juillet 1978, il me transmettait une copie de la lettre qu’il venait de recevoir de la préfecture, comportant enfin l’accord de principe de l’Autorité militaire (en fait, l’Amirauté de Toulon), pour la création envisagée, mais précisant qu’il s’agissait, en l’espèce d’une “réalisation d’initiative municipale” et qu’il appartenait dès lors à la municipalité d’apprécier la suite à donner. J’intervins à nouveau auprès de M. le Maire, qui me fit connaître que la ville n’envisageait pas d’investir quoi que ce soit sur une parcelle d’Etat.
Je fis alors appel à l’ensemble des élus locaux : député, conseillers généraux, conseillers régionaux, leur demandant de solliciter la contribution financière de leurs assemblées respectives à l’opération envisagée. Je n’obtins que deux réponses favorables, la première émanant de madame le député Barbera, l’autre de monsieur le conseiller général Yves Marchand. En fait, cette démarche ne pouvait qu’aboutir à un échec puisqu’il est d’un usage constant que l’Etat, le département et la région n’interviennent que pour autant, s’agissant d’une opération municipale, que la ville fasse le premier geste. Mon conseil d’administration accepta alors que notre association se substituât à la ville, ce qui nécessita une multitude de démarches nouvelles, pour que l’Amirauté nous reconnaisse — fait inhabituel pour un Syndicat d’initiative — comme partie contractante dans une question d’urbanisme. Je dois rendre hommage, à cette occasion, à M. Barel, secrétaire général de la préfecture, président de la commission départementale des sites dont l’intervention fut des plus précieuses, pour ne point dire déterminante. Vous voyez qu’il nous a fallu une patience et une ténacité à toute épreuve. L’intérêt en jeu, je veux dire le renom touristique de notre ville, les justifiaient. Nous sommes aujourd’hui heureux qu’elles aient porté leurs fruits. (suite page 35)
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Pierre Barthas, un homme d’initiatives Me Pierre Barthas, qu’on voit ci-contre entre, à droite, le maire de Sète, Gilbert Martelli et Claude Cancel, secrétaire du Syndicat d’initiative, est né à Castres où il a exercé la profession d’avocat. Il est venu s’installer à Sète à 50 ans pour y prendre sa retraite. Encore dynamique et engagé, il ne tarde pas à s’impliquer dans la vie locale. Il devient ainsi en 1968 président du Syndicat d’initiative lorsque la municipalité communiste veut imposer son candidat à cette association. Le maire Yves Marchand fera baptiser “allée Pierre-Barthas” le chemin des Pierres-Blanches qui conduit à la table d’orientation que le SI avait installé sur une ancienne batterie allemande.
© Thierry Boulleyé/DR
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Lors de la construction du musée Paul-Valéry au début des années 70, les blockhaus construits par les Allemands sont encore visibles dans le chemin de Saint-Clair. Le Syndicat d’initative les fera recouvrir de terre pour les dissimuler. Avec l’érosion ils commencent toutefois à réaparaître. Midi Libre : Comment s’est opéré le f inancement ? Maître Barthas : Comme je viens de le dire, nous n’avons obtenu aucune aide financière. C’est donc le Syndicat d’initiative qui a été amené à prendre seul en charge le financement. Etant donné la modicité de nos ressources, cela représente pour nous un effort considérable. Nous avons été obligés de reporter une opération de propagande que nous avions initialement programmée. Mais nous ne pouvions tolérer plus longtemps qu’un site de classe internationale comme notre mont SaintClair, restât plus longtemps dans l’état qui était le sien. C’était un scandale permanent, qui nous a valu bien des reproches. En présence de l’attitude rigoriste des deux parties publiques normalement concernées, l’Amirauté, dépourvue d’un budget susceptible de financer un parc auto à Sète, la municipalité se refusant à investir un centime sur
un terrain d’Etat, nous n’avions qu’une solution dictée par l’intérêt public, faire ce que nous avons fait ! Qu’il me soit permis, à ce propos, de rendre hommage à M. Joseph Ortega qui a réalisé les travaux, et qui, manifestement, a fait de cette opération davantage une affaire de cœur qu’une affaire commerciale. Midi Libre : Où en sont les travaux, va-t-il y en avoir d’autres ? Maître Barthas : Notre ambition première était de ne faire qu’une seule opération englobant l’ensemble, y compris la parcelle communale qui jouxte la parcelle d’Etat. Nous aurions voulu un ensemble cohérent, incluant notamment une terrasse panoramique sous laquelle auraient pris place les divers matériels de transmission garnissant ces cubes disgracieux de maçonnerie avoisinant le derrick dont nous avions même envisagé le déplacement, et comportant une aire de parc, une aire de vue, une aire de délassement,
les commodités habituelles, des bancs, des fleurs. Les circonstances nous ont imposé de passer de la grandeur à la modicité, puis de prévoir deux tranches. La première vient de se terminer. Elle répond aux besoins urgents : nettoyer, combler, abattre les ruines, aplanir, organiser un parc auto immédiatement utilisable, et ce faisant permettre l’accès aux grands cars de tourisme qui, venant des Pierres-Blanches, ne pouvaient pas se diriger vers le sommet. Le plus urgent et le minimum indispensable ont été réalisés. Il existe désormais un parc auto ouvert à tous les véhicules, même les plus lourds. Les lieux ont perdu leur ancien caractère d’abandon et de terrain vague. C’était là l’essentiel. Il est souhaitable que la deuxième tranche soit un jour réalisée pour un meilleur standing touristique, mais nous n’avons pas la possibilité de le faire, d’ici longtemps peut-être. DOCUMENT MIDI-LIBRE
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Une géologie favorable à la formation de grottes
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Les dessous de Saint-Clair
Le premier club de spéléo à Sète a été créé par Arsène Chavin (au centre) dans les années 50.
Chef de l’agence de “Midi Libre” pendant de longue année durant lesquelles il tint notamment la rubrique “Embruns et coups de mer”, Robert Baraillé a continué de s’intéresser à la vie locale en rédigeant la “Lettre de Sète” qui est désormais le site “Thau Info”. En février 2012, il a publié un texte sur les “Grottes et gouffres du Saint-Clair” que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation. ointe Sud du massif de la Gardiole qui s’étend de Fabrègues à Sète, la colline de Saint-Clair est le royaume du calcaire et donc riche en cavités naturelles creusées par les eaux souterraines. Après la Libération, un premier club de spéléologues, animé par l’opticien Arsène Chavin, entreprit leur exploration. C’était encore l’époque où éleveurs de moutons, viticulteurs et agriculteurs peuplaient la colline avant que l’urbanisation les en chasse. Dans les années 60, un nouveau Spéléo-Club prit le relais. On connaît bien maintenant la réalité spéléologique de Sète. Voici les principales cavités : 1. Aven de la Lorraine Appelé aussi aven de la Combe d’Aubagnac, il est le plus profond de Sète avec 35 mètres. Il s’ouvre par une ouverture de 40 cm de diamètre dans le jardin de la villa “La Lorraine”, longtemps habitée par M. Filocamo, garde-champêtre de Saint-Clair, à mi-chemin entre la croix et les Pierres-Blanches. Une succession de salles, souvent concrétionnées de stalactites blanches en
“chou-fleur” et d’à-pics, conduit au fond où souffle un violent courant d’air sortant d’une diaclase qui n’aurait pu être élargie qu’à l’explosif. Mais les explorateurs n’ont pas insisté car, comme souvent sur Saint-Clair, le gouffre servait de tout à l’égout aux occupants de la villa. On espère que cette pratique a été abandonnée... 2. Aven du Château Vert Lors de la construction des immeubles, coté gauche en venant du centre-ville, boulevard chevalier de Clerville, près du carrefour avec le chemin du Glacis, l’explosion d’une mine sur le chantier ouvrit l’entrée d’un gouffre. Les terrassiers essayèrent en vain de le combler ce qui permit aux spéléos de descendre à 16 mètres avant que les aménageurs décident d’obturer son entrée avec une plaque de béton. Dommage, car cet aven bien concrétionné devait être très profond. 3. Grotte de la 1re station Non loin du Fort Richelieu et à quelques dizaines de mètres à gauche du chemin de Saint-Clair, cette grotte s’ouvre dans une ancienne carrière à 25 mètres de l’entrée du tunnel creusé par les Allemands.
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Arsène Chavin et un compagnon font salon au cours de l’exploration de l’aven de Marcenac aux concrétions d’une blancheur éclatante où, grâce à une source d’eau chaude, il y règne une température de 30° . 4. Grotte de la carrière Ginouvès Longue de 45 mètres, elle s’ouvre dans une ancienne carrière située à 300 mètres au Nord du sommet de Saint-Clair. Sa galerie principale est bien concrétionnée et se termine par une vaste salle d’où partent plusieurs boyaux et cheminées. A noter sa forte hygrométrie de 90 % et une température constante de 18°5. 5. Grotte Juan Non loin de la précédente, cette cavité présente une belle salle et porte le nom du propriétaire de l’époque qui n’autorisa pas son exploration. 6. Trou des Pierres Blanches S’ouvre sur la propriété “Ex qu’un paou yon”. Elle aboutit à un puits mais le propriétaire n’autorisa pas son déblaiement. 7. Aven de Marcenac C’est la plus remarquable cavité de Saint-Clair déjà explorée avant-guerre par le célèbre spéléologue Robert de Joly, puis en 1964 par les spéléos sétois, suivis par une équipe scientifique de l’université de Montpellier qui vinrent y étudier sa radioactivité et sa relation avec la source thermale située plus bas aux Métairies. Elle s’ouvre tout près du terrain de tennis de l’EDF au Mas Grenier. Profondes de 30 mètres, ses vastes salles sont tapissées de concrétions d’une blancheur éclatante. Il y règne une forte chaleur (entre 30 et 35°) due à la source d’eau chaude recouverte d’éboulis qui se devine au fond. Dans les années 60, la municipalité Martelli avait prévu d’utiliser ces eaux pour une éventuelle utilisation thermale. Mais les études démontrèrent qu’elles étaient trop polluées par les infiltrations. L’aven servait aussi de puits perdus pour les douches des sportifs. 8. Aven du Musée Profond de 12 mètres et terminé par une salle argileuse, ce gouffre est aujourd’hui inaccessible puisque recouvert par la construction du musée Paul-Valéry.
Un spéléologue s’enfonce dans une cheminée à la lumière de sa lampe frontale
9. Source Thermale Redécouverte en 1775 et exploitée jusqu’en 1914 sous le nom de “Source Saint-Joseph”, cette source était connue des Gallo-Romains toujours friands d’eaux thermales. Elle est située aux Métairies dans l’impasse Di Schino devenue Impasse de la Source. Dans les années 60, la municipalité a relancé son exploitation et réalisé des travaux de captage en vue d’une utilisation commerciale. Hélas, la source se révéla trop polluée par les infiltrations souterraines engendrées par l’urbanisation de Saint-Clair qui interdirent ce beau projet. Perspectives Sauf découverte fortuite engendrée par des travaux, Saint-Clair souterrain n’a plus de secrets. Mais Sète peut, côté mer, réserver des surprises. Il y aurait des grottes sous-marines qui, comme la grotte Chauvet à Cassis, ont pu être fréquentées par les hommes préhistoriques. Lors de la dernière glaciation, il y a 12 000 ans, la côte se trouvait à 12 kilomètres du rivage actuel, le niveau de la mer étant 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui. Les premières recherches ont permis de repérer des collines submergées susceptibles de receler des cavités. Déjà, dans les années 60, des géologues de l’université de Montpellier fouillèrent une petite grotte près du Lazaret qui livra des ossements de singes préhistoriques. Conclusion Il serait bon que, dans le cadre de l’assainissement de la colline qui agite tant les propriétaires contraints à l’installation de fosses septiques réglementaires, les spécialistes de l’Agglo se préoccupent également de l’utilisation illégale des cavités naturelles. Ces déversements sauvages entraînent une pollution importante des eaux souterraines qui ressortent dans plusieurs points de la ville et vont directement dans le canal. Puis dans l’étang de Thau. BERNARD BARRAILLE <lettredesete.fr>
Remerciements Le président et les membres du Rotary Club Sète Doyen remercient chaleureusement tous ceux qui ont collaboré à la rédaction et l’illustration de cette brochure consacrée au mont Saint-Clair, et en particulier : • François Commeinhes, maire de Sète, conseiller général de l’Hérault. • Maïté Vallès-Bled, directrice du Musée Paul-Valéry, et Stéphane Tarroux, conservateur du patrimoine. • L’Office de tourisme de la ville de Sète et son service de communication. • Le service de communication de la ville de Sète. • Catherine Lopez-Dréau, directrice des archives municipales de la ville de Sète. • Le commandement du sémaphore Richelieu. • Lucien Favolini, Galerie 13. • Bernard Baraillé, au Info. Le président et les membres du RC Sète Doyen adressent aussi leurs vifs remerciements à toutes les personnes qui ont contribué à soutenir les actions du club à l’occasion de la publication de cette brochure : • Les annonceurs qui ont souscrit une insertion publicitaire. • Les artistes peintres, les photographes, les sculpteurs et les collectionneurs qui ont permis de mettre leurs œuvres aux enchères : Christine Ankaoua, Eric Battista, ierry Boulley, André Cervera, Nicole Dupéré, Gilles Dupuy, Claude Car (œuvre de Joseph Francelli), Elie Farjon (œuvre de Daniel Houard), Vivi Navarro, Gérard Réthoré. • Les particuliers qui ont fait des dons : François Garcia, les Tamalous rotariens de Cettarames.
Bibliographie “Notre-Dame de la Salette sur le mont Saint-Clair à Sète”, abbé C.A. Maurin (1948), 50 pages. “Sète au baiser de sel”, Charles Agniel, éd. La Lambrusque (1966), 110 pages “Les rues de Sète”, Alain Degage, éd. Ville de Sète (1988), 240 pages. “Histoire de Sète”, sous la direction de Jean Sagnes, éd. Privat (1991), 340 pages. “Antonia”, Jean Coste, imprimerie Cros (Sète). “Le mont Saint-Clair, un point obscur de l’histoire de Sète”, Louis-Paul Blanc, éd. Lacour/Rediviva (1994), 40 pages. “Sète et le mont Saint-Clair”, Charles Gros de Salmiech, éd. Domens (1995) 34 pages. “Saint-Clair et ses baraquettes”, Catherine Lopez-Dréau, éd. Singulières (2008), 80 pages. “Le cimetière Marin”, Jean-Loup Gautreau, éd. Singulières (2008), 140 pages.
e premier Rotary Club a été réuni en 1905 à Chicago par un jeune avocat, Paul Harris, qui souhaitait que les acteurs de chaque groupe professionnel agissent ensemble dans un esprit de camaraderie et de bonne volonté pour servir ceux qui en ont besoin. Le Rotary est aujourd’hui une organisation mondiale qui compte plus de 1,2 million de membres issus du monde des affaires, des professions libérales, de la société civile. Les membres des Rotary clubs, appelés Rotariens, apportent un service humanitaire, encouragent l’observation de hautes normes éthiques dans le cadre professionnel, et aident à développer bonne volonté et paix à travers le monde. Le Rotary compte plus de 33 000 clubs répartis dans plus de 200 pays et territoires. Les clubs sont apolitiques, non religieux et sont ouverts à toutes cultures et croyances. La devise du Rotary, Servir d’abord, indique bien que son objectif principal est le service à autrui, dans les collectivités, sur les lieux de travail et à travers le monde. Le Rotary Club de Sète Doyen1 s’inscrit résolument dans cette perspective. Il a fêté ses 80 ans en 2011. Il est le plus ancien club service de l’Hérault2. Avec le “Markethon”, il contribue a la recherche d’emploi sur le bassin de Thau. Avec “l’Espoir en Tête”, il participe au financement des recherches sur les maladies du cerveau. Avec les “Entretiens d’embauches”, il initie les élèves du lycée Joliot-Curie à éviter les pièges du recrutement. Avec la “Banque alimentaire”, il collecte des denrées de premières nécessités pour les plus démunis. Avec “Mon sang pour les autres”, il aide l’Etablissement français du
Le RC Sète Doyen s’inscrit résolument dans les principes édictés par le fondateur du Rotary Paul Harris
sang dans les campagnes de dons. Depuis 1972, le RC Sète Doyen participe aussi à la sauvegarde de l’abbaye Saint-Félix-de-Montceau qui est un des trésors médiévaux de l’agglomération sétoise. Depuis 2006, le RC Sète Doyen édite une plaquette dont les bénéfices permettent de financer des actions locales et internationales. Le club a ainsi : • contribué à la formation d’un chien d’aveugle en 2007, • acheté des containers de survie pour Haïti en 2008 ainsi qu’un chariot pour permettre aux handicapés de prendre des bains de mer, • fourni des ordinateurs portables à des élèves en difficultés, • accueilli un étudiant américain et envoyé aux Etats-Unis une lycéenne sétoise pour une année scolaire ; • créé et électrifié une école dans un village malgache ; • électrifié un village laotien. La brochure 2013 se propose de donner un coup de projecteur sur les secrets et les merveilles du mont Saint-Clair. Soutenir le RC Sète Doyen, c’est contribuer à : • l’éradication de la polio dans le monde ; • la lutte contre les maladies du cerveau en France ; • le soutien de l’équipage du Lycée de la mer Paul-Bousquet dans le Défi des ports de pêche ; • la pérennité de l’association Seamen’s Club de Sète. 1- A l’occasion de son 80e anniversaire, le RC Sète Doyen a édité un livre “1931-2011 Il était une fais le RC Sète Doyen” qui est disponible dans les meilleures librairies sétoises au prix de 24 euros. 2- Un second Rotary Club, le RC Sète Bassin de Thau a été créé en 1992, son siège social est à l’hôtel Orque Bleue.
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e un r su ez pt om C - 01/2011 - Photos : Getty Images, Dupuy, de Parseval, Droits réservés.
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