NOTICE ANALYTIQUE Nom :
AUTEUR
Prénom : Sowa
TITRE DU MEMOIRE
Charline
« Les périphéries des villes comme “interface urbain/rural » Organisme d’affiliation IUG Nb. de pages 123
COLLATION
Nb. d’annexes 11
Directeur de mémoire : Jacques Lacoste Nb. de référ. Bibliographiques 63
MOTS-CLES
INTERFACE URBAIN - RURAL, PERIURBAIN, PERIPHERIE, AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, GOUVERNANCE, POLITIQUE URBAINE, POLITIQUE RURALE,
TERMES GEOGRAPHIQUES
EUROPE, FRANCE, SLOVAQUIE
RESUME La
France,
comme
la
plupart
des
pays
européens,
connaissent
d’importantes
transformations de leurs périphéries depuis plus de quarante ans. Différents phénomènes sociétaux ont entrainé ce mouvement. Un retour de la population vers la campagne trouve sa place dans ces périphéries. En effet, elles permettent d’allier aisément le confort et la plénitude du milieu rural tout en laissant la possibilité à la population de garder ses pratiques urbaines. Les villes se sont agrandies autour de nouvelles formes urbaines (notamment le périurbain) et grignotent au fur et à mesure l’espace rural. A l’heure d’aujourd’hui, le terme de périurbain ne suffit plus pour décrire ce territoire. Ni vraiment rural, ni vraiment urbain, un nouveau genre d’espace s’installe. L’introduction de la notion d’ «interface urbain/rural» pour les décrire est une piste d’approche pour réfléchir au devenir des périphéries et aux moyens et outils possibles pour leur développement. Le travail sera appuyé par une étude de cas sur Bratislava. La ville se trouve dans un contexte différent. Mais ses périphéries permettent de mettre en évidence un ensemble d’atouts et de problématiques caractérisant ces espaces hybrides et d’initier une réflexion sur les manières d’insérer ce territoire entre ville et campagne
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REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire m’a permise pour la première fois de mener un travail de recherche et de réflexion avancé. Malgré des conditions de travail parfois difficiles, dues à des raisons personnelles et professionnelles, j’ai réussi à mener à bien mon projet de fin d’étude. C’est pourquoi, je souhaite offrir toute ma reconnaissance auprès de ceux qui m’ont soutenu durant ces six derniers mois. Je tiens tout d’abord à remercier Jacques Lacoste, mon directeur de mémoire, qui a été présent, même pendant les périodes de doute. Dans l’équipe enseignante de l’I.U.G., je veux également remercier Jan Tucny, mon deuxième lecteur et directeur de stage, qui m’a appuyé et permis de pratiquer mon stage professionnel à Bratislava. Je remercie aussi toute l’équipe du département «Computer Aided Design » de l’école d’Architecture de Bratislava où se sont déroulés mes quatre mois de stage ; notamment Juraj Furdik, directeur du département et mon responsable de stage sur place, qui a partagé ses connaissances de terrain, sur la ville et sur le pays.
Ensuite, je ne veux pas non plus oublier mes camarades iugiens. La liste est longue. Ils ont été plus que formidables, m’ont soutenu pendant les coups durs et se sont relayés durant ma dernière ligne droite. C’est pourquoi, je tiens à citer : Annabelle V., Carole L., Clémentine G., Estelle B., Jennifer M., Jean-Mari G., Marion Z., Pauline D., Romain P. et les autres.
Pour finir, mes derniers remerciements seront pour mes amies proches, Marylin et Laure qui ont eu le privilège de subir la relecture de certaines parties de mon mémoire, et ma famille qui m’a toujours soutenu dans mes études et aidé à atteindre mes objectifs.
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SOMMAIRE
Remerciements Préambule
5 9
Introduction Les périphéries des villes, lieu de synergie entre ville et campagne
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Partie 1 Interaction de deux notions, ville et campagne A- Une dichotomie en perpétuelle évolution B- Le périurbain, une recherche de symbiose entre ville et campagne C- La rencontre urbain/rural : quelle vision pour le futur ?
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Partie 2 Bratislava : une capitale où l’urbain et le rural se rencontrent à 10 minutes du centre-ville Carte d’identité A- Bratislava, capitale d’un pays en pleine mutation B- Les périphéries de Bratislava, au cœur des enjeux de développement C- Etude de cas : Podhorsky Pas, une interface en devenir
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PARTIE 3 : CONCLUSIONS A TIRER Une nouvelle approche pour répondre aux développement territorial A- Analyse de la notion d’ « interface urbain/rural » B- 3 axes d’action à mettre en œuvre C- Conclusions
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Bibliographie Table des matières Table des figures Sigles Annexes
enjeux
futurs
17 28 37
44 46 62 71
du 85 89 95
99 105 107 108 109
7
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PREAMBULE Ville, Campagne, Urbain, Rural, Nature... La réflexion menée dans le cadre de ce mémoire porte sur les relations entre ville et campagne. La ville et la campagne interpellent le territoire à différents niveaux : définition, paysage, mode de vie... Afin de mieux percevoir ces notions générales et d’arriver à une terminologie commune, ce préambule a pour but de donner l’ensemble des définitions à retenir. Le dictionnaire Larousse1 a servi de référence.
Ville n.f. (latin villa, maison de campagne) Agglomération
relativement
importante
et
dont
les
habitants
ont
des
activités
professionnelles diversifiées. (Sur le plan statistique, une ville compte au moins 2 000 habitants agglomérés.)
Urbain adj. (latin urbanus) Qui appartient à la ville : Les populations urbaines.
Campagne n.f. (forme normande de l'ancien français champaigne, vaste étendue de pays plat) Étendue de pays plat et découvert (par opposition à bois, montagne, etc.) ou assez plat et à l'intérieur des terres (par opposition à montagne, bord de mer, ville) : Passer ses vacances à la campagne. Les champs, par opposition à la ville; les terres cultivées; les gens qui y habitent : Les travaux de la campagne. Paysage de champs ouverts (absence de haies et de clôtures) s'opposant au bocage et développé initialement dans le contexte d'une organisation communautaire de la vie rurale, étendu récemment par le remembrement
Rural, rurale, ruraux adj. (bas latin ruralis, du latin classique rus, ruris, campagne) : Qui concerne la campagne, les paysans, l’agriculture : Exode rural. n. : Habitant de la campagne
Nature n.f. (latin natura)
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Ensemble de ce qui, dans le monde physique, n'apparaît pas comme (trop) transformé par l'homme (en particulier par opposition à la ville) : Partir en vacances en pleine nature. Le monde physique, l'univers, l'ensemble des choses et des êtres, la réalité : Les merveilles de la nature. Ensemble des caractères, des propriétés qui font la spécificité des êtres vivants : Étudier la nature animale.
10
INTRODUCTION + La ville face : à la nature ou à la campagne ?
Ces deux termes qui paraissent proches, tous les deux en opposition avec la ville, sont pourtant réellement différents. Cela peut paraître complexe de distinguer la nature de la campagne. Dans son sens le plus large, nous trouvons la nature partout : en ville comme à la campagne. En effet, la nature reflète l’ensemble des éléments produits par la terre, de façon aléatoire et non en fonction de l’être humain : végétation, cours d’eau, paysages particuliers et uniques… En opposition, la ville est la résultante des modes de vie humains et modelés selon ses besoins. Pourtant, la campagne, même si elle est composée d’éléments naturels, est un territoire structuré par l’homme et à dominante agricole, où l’homme peut habiter et travailler sans forcément être un urbain. La campagne peut être considérée comme une partie de la nature que l’homme a tenté de maîtriser. Cette dernière remarque est confirmée par Nicolas Mathieu qui a déclaré que « si l’on désigne par nature ce qui existe selon un certain ordre en dehors de l’intervention de l’homme, le monde des villes, conçu et voulu par l’homme, est à certains égards, constitué en opposition à la nature. Celle-ci est beaucoup plus prégnante dans le monde rural.»1 Dans le cadre de la réflexion sur les périphéries des villes, le terme campagne (ou milieu rural) semble le plus adapté et juste. Du point de vue spatial, la campagne est le premier territoire en contact direct avec la ville dans les aires périphériques. Elle offre un paysage et un cadre de vie différent. Même si elles ont des configurations différentes, la ville et la campagne restent des territoires occupés par l’homme.
+ Urbain et Rural : rencontres dans les périphéries des villes
Au fil des décennies, la société a développé et entretenu une vision dichotomique du territoire, autour de la ville et de la campagne. Pour commencer, voici deux citations résumant cette dualité terminologique :
1
MATHIEU N., Relations ville-campagne : quel sens, quelle évolution ?, Pour, Grep, Juin 2004, Disponible sur : http://www.ruralinfos.org/spip.php?article1335 (12-05-2010 )
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« La ville et la campagne, le rural et l’urbain, sont pour nous des catégories pratiques, c’est-à-dire des catégories régissant des identifications et des revendications dans la vie quotidienne. »
2
«Ce sont « deux entités que la tradition veut distinctes, mais que les évolutions sociales, économiques, professionnelles récentes tendent à rapprocher : d’absorption en périurbanisation, la distinction s’efface. » 3 Ainsi, l’image de l’espace rural que nous nous faisons est faussée, car ce n’est plus un espace exclusivement agricole. D’autres activités viennent le caractériser, comme l’implantation d’activités commerciales, industrielles et touristiques. Lorsque l’espace urbain et l’espace rural se rencontrent, ils s’entremêlent et se chevauchent ce qui complexifie la perception et la distinction des deux espaces. Ce que nous voyons aujourd’hui dans ces périphéries, est un phénomène très récent. Pendant de nombreux siècles, la campagne était faiblement considérée. Elle représentait l’espace extérieur à la ville, sans protection d’où arrivaient les menaces et sans liberté 12
soumis au pouvoir politique et religieux venant de l’urbain. Même si une nouvelle image de ces campagnes4 se développe la ville garde encore ce symbole du pouvoir et du développement et ce rapport de soumission est encore encré. A travers l’histoire, et cela dès le Moyen-âge, les limites entre ville et campagne ont été très marquées. La place des remparts et leur symbole de protection n’ont fait qu’accentuer cette opposition. Par la suite, l’homme a appris à maîtriser les territoires hors des remparts, par sa volonté de conquête et d’expansion territoriale. Aujourd’hui, cette dynamique se poursuit, les espaces ruraux constituent une ressource foncière importante.
Depuis presque un demi-siècle, le mode de développement des villes était dans une logique d’étalement. Cela a conduit à un grignotage rapide des territoires campagnards et forestiers au détriment de leurs qualités environnementales. En France, les surfaces agricoles ont diminué de 66 000 hectares par an entre 1999 et 2009, au profit de sols artificialisés. Les premières victimes de ce phénomène d’étalement restent les périphéries des villes, qui se retrouvent dans un entre-deux, entre urbain et rural. Avec un désintérêt fort et 2
REMY J., « Le rural et l’urbain entre la coupure et la différence : la métamorphose des relations villes/campagne», Espaces et sociétés, 1er semestre 1993, N° 72, 1/1993, p. 34 3 MATHIEU N., Relations ville-campagne : quel sens, quelle évolution ?, Pour, Grep, Juin 2004, Disponible sur : http://www.ruralinfos.org/spip.php?article1335 (12-05-2010 ) 4 Un lieu de bien être et de tranquillité, loin des nuisances de la ville et promouvant le retour à la nature
persistant dû en partie à un faible investissement des autorités locales, ils n’ont pas pu affirmer leur identité, et ainsi, ils n’ont pas pu résister à l’influence urbaine. Jusqu’à présent, ce développement, même si peu contrôlé, était particulier et correspondait à un style de vie recherché et aux nouveaux besoins de la société. Avec l’apparition massive de la voiture dans les familles, l’augmentation du temps libre et un désir de retour à la nature, vivre en milieu rural était une solution pour répondre à ces attentes et améliorer son cadre de vie. Mais cela ne signifie pas que la population avait envie de revenir à l’agriculture : elle voulait rester urbaine. Ces périphéries offrait le privilège de pouvoir se situer proche de la ville et proche de la campagne. La réalisation de nombreux équipements et infrastructures a facilité et incité les nouvelles installations. Cela a produit au fil des années, un exode urbain important, et un évidement des centres villes.
+ Aujourd’hui, quelles considérations pour quel avenir ? Aujourd’hui, ce phénomène d’étalement urbain est remis en question pour le devenir de nos villes et de nos campagnes, et les enjeux environnementaux actuels (avec toutes les logiques de « développement durable ») : devons-nous continuer à laisser la ville s’étaler ou devons-nous revenir à une ville plus compacte ? Reprendre en considération ces territoires périphériques où se rencontrent ville et campagne est essentiel pour une meilleure maîtrise des espaces et de leurs connexions. Même si délaissés jusqu’à présent dans leur gestion, les périphéries restent les premiers espaces subissant l’étalement. Deux visions de politiques se rencontrent : l’une en faveur d’un développement urbain et l’autre en faveur d’une préservation des espaces ruraux (agricoles et forestiers). Il est difficile de mener une approche commune de cette interface du fait qu’elles n’abordent pas les mêmes échelles et les mêmes usages. Arriver à mieux gérer ces interfaces périphériques doit contribuer au repositionnement du milieu rural face au milieu urbain en lui attribuant une véritable posture. Les courants actuels de pensées considèrent que la notion de « périurbain », résultante de l’étalement urbain, n’est plus appropriée et représentatif de l’état actuel des périphéries urbaines. Un territoire qui, jusqu’alors représentait un type de développement issu de l’urbain commence à se définir par lui-même: il n’est ni ville, ni campagne mais autre. Pour mieux le définir, il est intéressant de compléter son descriptif par la notion d’ « interface urbain/rural ». Elle permet d’intégrer l’idée d’échange et de connexion dans le but d’impulser une dynamique territoriale active entre les acteurs de ces deux types d’espaces. Les outils actuels de gestion et de planification, ne peuvent pas répondre aux problématiques de ces territoires car ils sont trop spécialisés.
13
Les projets de territoire coordonnant les approches rurales et urbaines semblent encore difficiles à atteindre. Cela voudrait dire qu’il faudrait rassembler les acteurs, accorder les politiques, proposer des projets collectifs pour enfin permettre une approche du territoire approprié.
Nous nous demanderons donc comment : le fait de considérer les périphéries des villes comme des interfaces « urbain/rural » permettrait de définir une nouvelle approche de ces espaces pour faire correspondre les outils de gestion à leurs spécificités. Une transformation de la perception du territoire va pouvoir permettre l’établissement d’une démarche de relation et de communication entre les acteurs plutôt qu’une logique de confrontation. Ceci a pour conséquence la mise en place d’une méthodologie de travail concertée autour d’une espace considéré comme commun et donc d’utiliser de manière plus adaptée les outils existants voire d’en proposer de nouveaux.
+ Bratislava, un cas révélateur des enjeux de l’interface « urbain/rural » 14 Afin de révéler ces hypothèses de travail, une des parties de ce document abordera le cas particulier de Bratislava. La capitale slovaque est aujourd’hui en pleine expansion. Elle est sortie, il y a 20 ans, d’un demi-siècle d’influence communiste. Elle est entrée rapidement dans l’ère du libéralisme et était intégrée à l’Union Européenne en 2004, l’indépendance du pays en 1993. La ville se retrouve ainsi propulsée dans un processus de développement qu’elle ne maîtrise pas encore complètement, alors qu’en parallèle, elle doit faire ses preuves en tant que jeune capitale. Après l’avoir pratiquée quotidiennement lors de différents séjours et analysée, elle apparaît comme l’une des capitales européennes les plus proches de la campagne et de la nature. Cette ville, encore peu dense et étalée rencontre rapidement le milieu rural. L’emprise urbaine de Bratislava ne dépasse pas un rayon de 10 km. Face aux enjeux de développement et la baisse de l’intérêt pour le milieu agricole5, Bratislava devra gérer simultanément l’étalement de la ville, son empiétement sur les territoires ruraux et la création de nouvelles aires résidentielles et d’activités économiques. Podhorsky Pas, une bande linéaire du nord de la ville résume assez bien toutes les problématiques provenant des territoires périphériques : cloisonnement de certains espaces, manque de cohérence territoriale, multiplicité des propriétaires, faible emprise des collectivités locales, influences et usages ruraux et urbains difficiles à saisir. 5
Pourtant, cela a été pendant longtemps l’une des activités principales du pays avec l’industrie lourde
L’étude de cas de Bratislava pourrait permettre aux autres capitales de l’est européen de mieux gérer les interfaces « urbain/rural » tout en s’appuyant sur l’expérience de développement des grandes villes de l’Ouest de l’Europe.
+ Méthodologie utilisée Ce travail de recherche s’est déroulé en trois phases. La préparation du stage de fin d’étude à l’étranger a permis de définir des axes de recherches préalables au mémoire. Rapidement, les questions sur les échanges entre l’urbain et le rural ont été intégré à la problématique. Celles-ci interrogent les politiques menées, la constitution des systèmes d’acteurs et leurs dimensions spatiales. La deuxième étape a consisté à l’imprégnation du site de Podhorsky Pas. A travers une analyse, d’un diagnostic et une démarche de prospectives territoriales. Le troisième temps a été l’occasion de réajuster le sujet qui a évolué en fonction de la compréhension du territoire et des moyens disponibles pour traiter les questions de l’urbain et du rurale, et au fil des recherches documentaires sur le sujet. Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de faire d’entretiens directement lié à mon mémoire. Faute de temps et de personnes pouvant me répondre, l’intégralité de la réflexion est basée sur des lectures, des analyses et des constats.
+ Organisation de la réflexion
Pour répondre à la problématique, la réflexion se déroule en trois temps. La première partie permet de cadrer le sujet. Dans un premier temps, il s’agit de comprendre la manière dont a évolué la relation entre la ville et la campagne dans l’histoire et comment celle-ci a été intégrée dans les grandes réflexions architecturales et urbaines. Puis un état des lieux des dernières tendances permet d’orienter la réflexion sur les espaces périphériques subissant fortement les échanges entre l’urbain et le rural. Le dernier point permet d’ouvrir la réflexion sur la considération que nous pouvons porter aujourd’hui sur les enjeux de développement futur des villes et des campagnes. Il introduit la notion « d’interface urbain/rural », une approche plus globale de ces territoires, intégrant l’ensemble des connexions entre ces deux milieux.
15
La deuxième partie traite du cas de Bratislava et plus particulièrement, du site de Podhorsky Pas. L’étude est introduite par un repositionnement de la ville et du pays dans son contexte sociopolitique et économique afin d’avoir une compréhension des enjeux locaux et des tendances de développement des périphéries de Bratislava. Afin de mieux percevoir l’intérêt de la question de l’interface « urbain/rural » à Bratislava, nous avons approfondi la réflexion autour d’une analyse du site de Podhorsky Pas. Elle permet de mettre en évidence un ensemble d’atouts et de problématiques caractérisant ces espaces hybrides et d’initier une réflexion sur les manières d’insérer ce territoire entre ville et campagne. La dernière partie conduit à la synthèse de l’ensemble des éléments énoncés précédemment. Ceci permet de définir la notion d’ « interface urbain/rural », résultante de l’ensemble des remarques et préconisations émises. L’exemple de Podhorsky Pas, enrichi d’expériences françaises, permet de proposer des pistes de réflexion autour de trois axes : la gouvernance, la planification territoriale et la gestion foncière. Ces préconisations axées sur les moyens et les outils d’action doivent permettre d’enrichir le débat sur l’interface urbain/rural et d’interpeller les acteurs présents sur ces espaces pour mieux agir sur leur avenir. 16
PARTIE 1 INTERACTION DE DEUX NOTIONS, VILLE ET CAMPAGNE
La ville et la campagne sont deux approches différentes du territoire mais elles fonctionnent ensemble du fait d’un besoin mutuel de l’une et de l’autre. Quelque soit le milieu dans lequel il vit, l’homme pratique ces deux territoires. Cependant l’urbain a tendance à garder un rapport de domination sur le rural.
Les rapports ont évolué dans le temps et de nombreuses réflexions se sont penchées sur les rapports ville/campagne en imaginant pour certaines des villes utopistes. Il est souvent mené une recherche sur un équilibre et un confort de vie mêlant les deux espaces et ces espaces tentent de répondre aux besoins et aux attentes de la société.
A- Une dichotomie en perpétuelle évolution
1/ Evolution historique des rapports ville/campagne A travers l’histoire, l’image de la ville et de la campagne ont évolué et se sont transformées tout en conservant leur forte symbolique. Afin de mieux comprendre la posture actuelle de chacune d’elles, seule et l’une face à l’autre, il est intéressant d’analyser l’évolution de cette « césure physique et mentale » du territoire donnant deux environnements différents. La sédentarisation de l’homme est l’un des facteurs ayant fait naître la distinction entre ville et campagne. Comme l’explique le sociologue Jean Rémy 6, l’homme a rapidement distingué l’intérieur et l’extérieur de son espace de vie. Par la mise en place des remparts, il a ainsi pu matérialiser cette différenciation.
6
REMY J., « Le rural et l’urbain entre la coupure et la différence : la métamorphose des relations villes/campagne», Espaces et sociétés, 1er semestre 1993, N° 72, 1/1993, p. 34
17
Très tôt, la ville représentait le lieu de la liberté. Dès l’antiquité, elle commence à se structurer sur le plan politique. Les terres environnantes, quant à elles, ont un rapport de soumission. Elles sont les terres à cultiver pour les populations urbaines, et elles sont gérées par le pouvoir de la cité. En parallèle, les urbains commençaient à intégrer une logique de protection de ces espaces à conserver près de la ville. Les grecs, par exemple, ont restreint le développement de leur ville. Lorsque du déclin de l’empire romain (au
Vème
siècle
environ),
suite
aux
différentes crises économiques et politiques, la population fuit la ville et commence à se ruraliser.7 Les
grandes
invasions
barbares
renforcent ce mouvement et conduisent la population
18
à
se
réfugier
dans
les
campagnes. De nombreuses villes sont Figure 1 : Amphithéâtre habité et fortifié de Arles détruites. Cependant certains ont décidé de Source : « Du pouvoir franc aux comtes de Provence », rester
dans
les
villes
et
utilisent
les
http://www.memo.fr, (23-10-2010)
infrastructures existantes du type « colisée » et « amphithéâtre » comme moyen de protection (Voir figure 1). Du fait des importantes destructions, l’opposition entre la ville et la campagne s’affaiblit, notamment en matière de paysage.
Rapidement, face à ce phénomène, les institutions religieuses se sont implantées dans les campagnes. Elles se sont approprié les territoires ruraux dans une logique de conversion de la population à la chrétienté. Il faut aussi ajouter un autre mouvement de population : parmi ceux voulant fuir les conflits, beaucoup sont partis dans les monastères. Ainsi, ces centres religieux sont devenus de nouveaux cœurs d’échanges sociaux et économiques où la population a pu s’installer autour de l’enceinte religieuse. Pour la grande majorité, ce sont devenus les points d’ancrages des futurs développements urbains. Le sentiment de « protection » marque la formation des sociétés, et des communautés : cela engendrera l’élément fondateur de la coupure entre la ville et la campagne. Le Moyen-âge a accentué les symboliques de différence. Cela ce constate avec la forteresse (lieu du pouvoir politique et religieux) d’une part, et la compagne (lieu de 7 Pour compléter, c’est par exemple à cette période que commença la ruralisation de la France. Aujourd’hui, il reste peu de vestiges de cette époque en comparaison avec l’Italie.
l’agriculture et de la chasse) d’autre part. Celle-ci porte bien son nom : c’est un édifice permettant de se protéger des menaces arrivant des campagnes environnantes. C’est une période où les conquêtes et les guerres étaient nombreuses. Les constructions étaient adaptées à une démarche de domination du paysage, permettant d’anticiper les invasions extérieures. Le château devient le lieu de refuge pour la population. Même si la « ville » commençait à se développer, l’enceinte garda une place importante, et cette symbolique est restée très présente jusqu’au XIXème siècle. Elle définissait une frontière nette entre la ville et la campagne. Les villes ont recommencé à se développer à partir du IXème - Xème siècles, en parallèle du développement des espaces agricoles environnants. Nous voyons apparaitre les premiers bourgs aux portes des villes, qui accueillaient, généralement les artisans et les commerçants (voir figure 3). Les premières couronnes de campagne étaient sous l’influence de l’homme, et ceci à fait émerger une organisation du territoire campagnard. Même si les villes s’affirmaient face à la campagne, ces dernières commençaient à mieux se structurer. 19 Une évolution du rapport ville-campagne importante s’est opérée, aux XII-XIIIème siècles, de façon plus marquée, par l’intégration du paysage. Les échelles d’approche territoriale deviennent plus grandes, on passe à une architecture de grande échelle. Par sa structuration, la ville exerce un effet centrifuge valorisant la domination de la ville sur la campagne. A la Renaissance, la ville s’est affirmée à travers la recherche d’une maîtrise du territoire. Cela contribua à une meilleure définition de ses contours et d’une forme propre. Elle devenait le reflet du pouvoir royale. En parallèle, un contrôle de la nature s’est mis en place pour mieux gérer les terrains de chasse. Au XIXème siècle, l’ère de l’industrialisation8 bouleverse l’approche de la ville et des espaces ruraux9. A cette époque, la ville reflète une certaine image attrayante. Elle est dans une période où elle grandit et commence à se planifier. A cela s’ajoutent des mutations de l’agriculture. Elle devient plus performante et demande une main d’œuvre moins importante. L’organisation des surfaces agraires se transforment et sont agrandies pour optimiser les récoltes : nous sommes passés d’une culture agricole familiale et nourricière autosuffisante à une culture 8 9
Agriculture, des manufactures, mais également dans le mode de déplacements de la population L’exemple de l’implantation des lignes des chemins de fers va remodeler l’organisation du territoire.
agricole de masse et rentable. Ceci marque le début d’un exode rural de masse. Ce phénomène perdurera jusqu’à la seconde guerre mondiale (de nombreuses campagnes européennes ont été dépeuplées de cette manière). Le développement de l’industrie a contribué à l’extension de la ville. Il a fallu trouver de nouveaux espaces pour implanter les usines : les premières couronnes des villes étaient les plus propices à leur accueil. Une ouverture de la ville vers l’extérieur commença. On voit apparaître une mutation dès la fin du XIXème siècle. Les Etats commençaient à se construire, les villes s’organisaient en réseaux, même si les conflits continuaient à exister. La campagne n’est plus perçue comme un territoire d’où venaient les menaces. Dès cette période, les hommes ressentaient petit à petit le besoin de retourner vers les campagnes pour se détendre et se récréer. Par la suite, les remparts ont commencé à être démolis un peu partout en France et en Europe, alors qu’au XVII ème siècle, Vauban a développé tout un système de fortifications dans de nombreuses villes françaises.8 L’image du rempart perd de son importance. L’espace rural devient, suite à ces faits, la nouvelle source d’espace libre permettant à la ville de s’agrandir. 20 Même si la ville reste attractive, son image commence à s’affaiblir. Après la seconde guerre mondiale, et les « Trente Glorieuses », les années 1970 dévoilent un changement radical dans le rapport ville-campagne : à la fois par l’intérêt grandissant des problèmes environnementaux suite à d’importantes catastrophes naturelles (premières marées noires), mais aussi par une nouvelle vie recherchée auprès de la population. La campagne représente le repos, la tranquillité, le bien-être, le loisir et n’a plus cette image réduite de simple espace nourricier qu’elle a pu avoir pendant longtemps. C’est un retour à la source : la population fait face à des changements qui lui permettent de revoir ses notions d’espace/temps (augmentation des distances possibles sur un temps identique : voiture, train…). Nous nous retrouvons devant un exode rural sans précédent. A travers l’histoire, l’homme à fait des allers/retours entre la ville et la campagne. Aujourd’hui il cherche à bénéficier des atouts des deux espaces alors que pendant longtemps la ville et la campagne étaient vécues de façon distincte.
2/ Théories et philosophies nourrissant le concept
De nombreux philosophes, architectes et urbanistes se sont questionnés sur les rapports ville/campagne dans le développement et la conception des villes alliant ces deux éléments. Les formes urbaines réfléchies tentent de répondre aux styles de vie recherchés à une époque donnée. Chaque utopie naît lorsque la société est en crise : on imagine des villes pouvant répondre aux maux qu’elle connaît.
Comme a pu nous le montrer la dernière partie de l’historique sur les rapports ville/campagne, notre société a connu de grandes mutations sous la révolution industrielle. Face à une attractivité grandissante de la ville, et aux chamboulements sociétaux, des utopies et des concepts urbains ont vu le jour, mettant en avant un idéal urbain communiquant avec le rural. Ces concepts permettent d’apporter des données nouvelles sur cette relation ville/campagne. 21 + Du XVIIIème au début XIXème siècle : La cité ouvrière - travailler en contact avec la nature Les salines royales d’Arc-et-Senans par C.-N. Ledoux (voir figure 2) apportent une réflexion intéressante sur la relation de la campagne avec le lieu de travail et de vie. Architecte de l’Ancien régime (1736-1806), Claude-Nicolas Ledoux10 est l’un des fondateurs du mouvement néoclassique en France. Aujourd’hui, il est également considéré comme faisant parti des utopistes précurseurs. Il a pu mettre en place un projet de cité idéale, inspiré d’Utopia de Thomas More qu’il a pu réaliser à Arc-et-Senans. Les Salines Royales sont des mines d’extractions du sel, se trouvant à proximité de la forêt de Chaux, entre les villages d’Arc-et-Senans (Franche-Comté). Ce projet est né durant la seconde moitié du XVIIIème siècle et a été construit entre 1774 et 1779.
10
Initialement architecte de la « Ferme générale », il se retrouve en 1771 « Commissaire aux salines de Lorraine et de Franche-Comté », il sera considéré par la suite comme l’architecte du Roi.
A l’époque, le roi recherchait un nouveau site d’extraction. Parallèlement, Ledoux
commençait
à
réfléchir
à
la
conception d’une cité idéale avant même d’avoir la responsabilité du projet d’Arc-etSenans. Ainsi, il a pu mettre en application son projet où le concept développe une architecture et une organisation spatiale qui FIGURE 2: Le familistère de guise Source : http://utopies.skynetblogs.be/ (23-10-2010)
marquent l’opposition entre l’homme et la nature. Mais en même temps, il cherche à créer une articulation entre les forces de la
nature, et l’ingéniosité de l’homme. Il incorpore l’idée d’interaction entre les besoins des habitants tout en intégrant nature dans le projet. Il voulait une structure spatiale simple, ainsi qu’une autonomie dans les ressources vivrières. Pour y répondre, il développa sa cité idéale autour d’un arc de cercle, qui représentait selon lui, la forme parfaite. La partie centrale11 est constituée de l’atelier 22
d’extraction du sel, du pavillon de direction et de la chapelle, alors que les bâtiments périphériques sont à usage privatifs. A cela vient se compléter, la création de jardins entourant le site pour permettre aux ouvriers de produire leurs propres denrées et de bénéficier d’un complément de salaire dans la vente de leurs produits agricoles. La question de l’espace forestier à proximité n’est pas à négliger. Il permet une ressource en bois à proximité, permettant de chauffer les habitations et de maintenir un rapport de l’homme avec la nature. Son projet n’a cependant pas abouti. Autour de la Saline, il avait imaginé la création d’une ville, en menant une réflexion sur un urbanisme et une architecture innovants destinés à rendre la société « meilleure ». Selon les courants de l’époque, le principe d’autarcie, éloignée et comme ici, au milieu de la campagne permettait à l’homme d’être loin des « vices » que peuvent procurer la ville. L’homme peut ainsi acquérir plénitude et tranquillité sur le lieu où il est logé, ou il travaille, se nourri et peut se distraire. Les Salines est un projet qui permet, pour la première fois d’établir l’interaction entre ville et campagne comme élément essentiel au cadre de vie.
11
Elle représente le travail, le pouvoir et la religion.
+ De la fin XIXème au début XXème : Cité-jardin d’Howard La naissance des cités-jardins s’est passée
dans
un
contexte
politique,
économique et social particulier. La société était en pleine mutation et bénéficiait des derniers progrès de l’essor industriel. On passe d’une époque où l’homme vivait de ses terres, à l’homme au cœur de la société, qui est acteur majeur du développement économique du pays : c’est le règne du libéralisme. L’être humain prend conscience de ses droits et libertés, l’individualisme apparait dans la société. Le concept de la « cité-jardin » ne s’arrête
pas
à
un
simple
mode
de
construction de la ville, mais c’est aussi un 23
mode d’urbanisation à plus grande échelle, qui met en réseau plusieurs villes. Unwin a mis en application le concept à travers la réalisation de deux cités-jardins : Letchworth Garden et Welwyn. Pour établir la cité-jardin et permettre son bon fonctionnement, Howard établit des règles strictes9 : (voir figure 3)
Il doit être mis en place une maîtrise publique du foncier pour éviter toute spéculation financière sur la terre
Afin
de
fournir
des
denrées
alimentaires suffisantes, il doit y avoir la présence d’une ceinture agricole autour de la ville;
La densité du bâti doit être faible soit environ trente logements à l’hectare
Pour mettre en avant la structure radioconcentrique de la ville, les
FIGURE 3: schémas de la cité-jardin Source : http://wikipedia.org (23-10-2010)
équipements publics doivent être situés au centre de la ville (parcs, galeries de commerces, lieux culturels)
La maîtrise des actions des entrepreneurs économiques sur l’espace urbain : Howard est un partisan de la liberté d’entreprendre tant que l’activité ne nuit pas à l’intérêt collectif. La présence ou non d’une entreprise dans la ville est validée ou refusée par les habitants via la municipalité. La cité-jardin est d’abord pensée à une grande échelle. Pour répondre aux règles
préconisées, il faut stopper l’urbanisation de la ville principale à 58 000 habitants – développer des villes en périphéries de 38 000 habitants – connecter par un système de réseaux routiers et une densification du réseaux ferroviaires – mais séparer par des espaces naturels non constructibles. La forme des villes serait circulaire d’un rayon de un kilomètre environ (4 km² maximum) et elles se positionneront au cœur d’espaces agricoles s’étalant sur plus de 20 km ². (Voir figure 9) Pour ce qui est de la structure de la ville, elle serait divisée en six quartiers, chacun délimité par des boulevards. Comme cité précédemment, le cœur serait composé des services mis à disposition pour la population. Pour finir, la dernière couronne urbaine serait 24
composée des manufactures, de marché et des lignes de chemins de fers. Il ne faut pas oublier l’importance de la structure verte, intégrée dans l’organisation spatiale. Sa réflexion portant sur le schéma des trois aimants, représente ce qu’il a voulu mettre en avant dans ses concepts c'est-à-dire : Etablir une ville campagne à partir des atouts de la ville et de la campagne. + La première partie du XXème siècle : Les modernistes et Le Corbusier Sous les modernistes, l’approche est différente. La culture européenne a produit l’image d’une ville détenant des tracés régulateurs forts avec une limite franche entre ville et campagne, organisé autour d’un centre (historique). L’urbanisme moderne a justement cherché à lutter contre la ville ancienne, traditionnelle avec ses rues corridor. Il faut une ville aérée, adaptée à l’évolution de la société, et répondant à l’hygiène, au bien-être et à la santé. Pour compléter, nombreux ont été les architectes de l’époque à penser qu’il fallait créer un système de ceintures vertes entre chaque phase d’urbanisme et d’extension urbaine. Cela incita à repenser l’échelle de la ville à une échelle plus vaste (régionale). D’ailleurs, il y a eu beaucoup d’expérimentations sur cette question de ceinture verte en Allemagne, dans les années 1920-1930. Le Corbusier est l’un des plus connus de ce mouvement.
Il a beaucoup réfléchi au mode de développement de la ville et a développé au fil des années trois concepts de ville : la ville à 3 millions d’habitant, le plan voisin et la ville radieuse. Dans cette dernière, il développe une ville verte avec des immeubles à redans composés de toitures habitées où s’organisent, en rez-de-chaussée, des grands parcs verdoyants et arborés. La mise en place de pilotis permet la libre circulation et ainsi, d’aller d’espaces en espaces sans avoir de barrière. Cette relation entre ville et nature et ville et campagne ne peut être perceptible que par un travail du territoire à très grande échelle. Le fait qu’il repense des îlots plus vastes permet de développer au mieux ces nouvelles relations. Le Corbusier imaginait déjà l’importance qu’aurait la voiture sur ces territoires. Il a recherché une interpénétration de la ville avec des espaces verdoyants intégrants des activités de loisirs. Mais il est vrai que cette approche sera reprise dans l’avenir (elle propose une nouvelle forme de développement) pour les périphéries des villes à la fois par la notion de grandes échelles mais aussi par le type d’architecture. Les premiers grands ensembles inspirés des logiques modernistes y seront installés.
+ Les années 1980-1990 : Le renouveau de la ceinture Verte (RU) 25 Ce concept est plutôt ancien, mais aujourd’hui, nous pouvons le voir réapparaitre un peu partout dans le monde. Londres est l’un des précurseurs de ce renouveau. L’idée est née dans les années 1930, mais elle a été mise en application à travers un plan régional (Green Belt Policy) à la fin des années 1980 par le ministre de l’aménagement Duncan Sandys. (Voir annexe 1) Cette approche du territoire est intéressante, car elle est dans une logique de préservation des espaces ruraux et de maintien de la ville. A la différence des approches précédentes, c’est une proposition issue sur des éléments concrets. Le principe est simple : limiter et contrôler l’urbanisation par la mise en place d’une « ceinture non-bâtie » autour d’une agglomération. Cette organisation est un moyen de maintenir et de sauvegarder un espace rural où les activités agricoles et forestières peuvent subsister, mais également, où des espaces récréatifs peuvent se développer. C’est aussi une méthode pour réduire l’étalement urbain en évitant la création de grandes aires construites et ainsi prévenir la fusion des villes voisines. Cela induit les villes à une démarche de régénération urbaine afin de recycler les friches et autres espaces urbains. Le Projet « Green Belts » recoupe une échelle nationale car les plans de structure recouvrent environ 1 556 000 hectares, (soit 12% du Royaume-Uni), dont 486 000 hectares englobent Londres.
+ Les années 1990-2000 : de la « ville émergente » à la « ville nature » C’est un nouveau concept de ville, donnant les clés de lecture sur l’espace où interagissent ville et nature, afin de mettre en place des projets de développement adaptés. Dans son ouvrage L’invention de la ville (2000), Yves Chalas définit la ville actuelle comme «ville émergente » et la décompose en 6 concepts de ville : ville-mobile, ville-territoire, villepolycentrique, ville au choix, ville-vide et ville-nature. La ville émergente n’est pas à considérer comme une ville continue. Par rapport à la relation ville/campagne-nature, il est intéressant de compléter que la ville émergente ne cherche pas à s’étendre contre la nature et la campagne, mais au contraire à les intégrer. Pour ce qui est de la ville-nature, elle ne doit pas se réduire aux parcs et aux jardins et ce n’est pas non plus une ville verte. Elle ne représente ni la fin de la ville, ni la fin de la nature, ni les deux en même temps. Pour décrire la ville nature, il y a cinq mots clés à retenir dans l’approche ville-nature : interpénétration, centralité, sensorialité, monumentalité, vide structurant. Pour compléter, « la ville-nature, cela signifie en premier lieu que la nature ou la campagne est et fait ville aujourd’hui et, par conséquent, que la nature et la ville, ou que la 26
campagne et la ville ne s’opposent plus. La ville-nature peut se définir comme le résultat d’une double dynamique : dynamique d’urbanisation de la nature, ou de la campagne, et dynamique de ruralisation de la ville à la fois. » 12 La meilleure représentation de cette ville-nature est l’exemple de l’agriculture qui devient urbaine car le mode de vie urbain se diffuse dans l’espace rural, et la ville englobe de plus en plus des zones agricoles entières et économiquement encore viable. + Au début du XXIème siècle : vers la ville durable ?
Depuis plus de 150 ans, les villes européennes subissent une explosion urbaine sans précédent. Aujourd’hui, il y a une sorte de retournement de ce phénomène. La population a tendance à « fuir » les villes dans le but d’un retour à la nature, et d’une vie plus saine en symbiose avec l’environnement. Les débats actuels nous interrogent sur ce que sera la ville du futur. La tendance est sur la mise en place de la « ville durable » : terme à la fois vaste et polémique du fait que la durabilité est difficile à définir, mais dont l’objectif principal reste de produire une ville répondant aux nouveaux enjeux climatiques12 et sociétaux13.
12
Réchauffement climatique ; multiplication des catastrophes naturelles ; baisse des ressources énergétiques fossiles ; pollution ; augmentation des GES ; etc. 13 Montée de l’individualisme ; agrandissement des écarts de richesse ; transformation des modes de vie ; etc.
Richard Rogers a proposé une définition de la ville durable dans Des villes durables pour une petite planète (2008). Selon lui, elle est :
Une ville juste, où la justice, la nourriture, l’hébergement, l’éducation et l’espoir sont distribués de manière équitable et où chacun participe au gouvernement ;
Une ville belle, où l’art, l’architecture et le paysage enflamment l’imagination et émeuvent l’esprit ;
Une ville créatrice, où l’ouverture d’esprit et l’expérimentation mobilisent tout le potentiel de ses ressources humaines et permettent une réaction rapide au changement ;
Une ville écologique, qui minimise son impact sur l’environnement, où le paysage et la forme bâtie sont équilibrés et où les bâtiments et les infrastructures sont sûrs et efficaces dans leur utilisation des ressources ;
Une ville conviviale, où le domaine public favorise le sentiment de communauté et la mobilité et où l’information s’échange à la fois face à face et électroniquement ;
Une ville compacte et polycentrique, qui protège la campagne, rassemble et intègre les communautés dans des quartiers et optimise la proximité ;
Une ville diversifiée, où un large éventail d’activités qui s’entrecroisent créent de l’animation, de l’inspiration et donne naissance à une vie publique essentielle.
La ville durable ne propose pas des concepts d’aménagement purs, mais plutôt un mode de vie à développer. Aujourd’hui, établir une ville durable entraîne des projets et des programmes
d’aménagements de grandes envergures par l’intermédiaire de l’expérimentation afin de trouver des réponses adaptées, aux différents contextes (géographique, climatique, socioéconomique et politiques). Ces dernières années permettent de voir que l’homme recherche un cadre de vie mettant en relation ces deux milieux. Les différentes approches théoriques mettent en avant l’idée d’interaction entre la ville et la campagne, l’ouverture de l’urbain sur le rural et la question des échelles d’intervention, tout en intégrant les espaces verts et naturels comme éléments structurants. Pour certaines approches, elles intègrent la notion de contrôle et de limitation du développement urbain. Aujourd’hui, on tend vers des approches qui favorisent l’échange et l’harmonie entre la ville et la campagne.
27
B- Le périurbain, une recherche de symbiose entre ville et campagne 1/ Un nouveau style de vie à l’image des changements sociaux
+ Une époque où la société s’enrichit En France, comme un peu partout en Europe et Amérique du Nord, l’entrée dans les « 30 glorieuses » a transformé de manière rapide le niveau de vie de la population et leurs besoins. La société s’enrichit ce qui entraîne le développement d’une classe moyenne importante. La situation d’après-guerre montre les prémices de ces changements. Des politiques de reconstruction sont lancées et la population part s’installer dans les grands ensembles qui répondent aux attentes de la société. A cette époque, c’est une grande avancée en matière de logement où l’on proposait des conditions d’hygiène meilleures. Au fil des années et des transformations sociétales, ce style de vie ne correspondait plus aux attentes. Ce style d’habitat était adapté pour un temps court d’occupation. La population 28
recherchait une reconnaissance de ses nouveaux statuts sociaux et droits, et l’accession à la propriété était devenue l’un des nouveaux symboles de richesse. Partir vivre dans les périphéries proches en voie d’urbanisation, au contact de la campagne permet la reconnaissance de la réussite sociale. Dans le même temps, il y a une grande révolution des transports qui permet de revoir l’approche de l’espace-temps. La loi de Zahavi14 met en évidence ce nouveau rapport à l’espace. Les familles s’équipent de plus en plus en automobile, les infrastructures se développent rapidement partout en France et dans les autres pays, notamment dans la mise en place d’autoroutes et du TGV. Les temps de déplacement se réduisent, les premières couronnes périphériques des villes se retrouvent de cette manière plus proches. Ces nouvelles proximités permettent à tous d’avoir accès plus facilement à leur lieu de travail et aux espaces récréatifs.
+ Une politique nationale en faveur du développement des périphéries L’urbain rêve d’acquérir sa maison. Pour lui, elle représente « un ancrage dans un monde fluctuant et incertain, en tant que port d’attache ou en tant que capital »15 : c’est un
14
Cette conjecture avance l’hypothèse d’une constante du budget et du temps de déplacements des ménages alors que les distances de leurs déplacements s’allongent du fait de la motorisation. 15 In. : DJELLOULI Y., EMELIANOFF C., BENNASR A. et CHEVALIER J., L’étalement urbain: un processus incontrôlable ?, Presses Universitaires de Rennes, Paris, 2010, 258 p. (Espace et Territoires)
moyen d’investir sur le long terme l’ensemble des richesses accumulées en réalisant son propre investissement. Les politiques de l’habitat entreprises dans les années 1970 vont dans ce sens. Elles favorisent l’accession à la propriété et au logement individuel dans les périphéries. De plus, l’espace foncier y est moins cher et de nombreux terrains sont disponibles. Un peu plus tardivement (dès les années 1980), les politiques naissantes de requalification des quartiers délabrés maintiennent la classe moyenne dans ces périphéries. Par exemple, les centres historiques sont requalifiés et un phénomène de gentrification s’y opère. La classe moyenne, l’une des principales habitantes des périphéries, ne se sent pas réellement concernée par ces transformations des centres : celles-ci ne correspondent pas à leurs recherches et à leurs moyens. + Vers la recherche d’une vie rêvée
Le modèle périurbain représente la vie rêvée construite par la population et la société dans les années 1970. Il développe un certain nombre de critères recherchés par la population : + Avoir sa maison pavillonnaire et individuelle avec son jardin (voir figure 4) + Être proche de la campagne pour profiter des paysages que celle-ci dégage, avec un retour au traditionnel et à la nature. + Être proche de la ville : continuer à travailler en ville et profiter des services que celle-ci offre. + Bénéficier d’espaces récréatifs pour le temps libre qui augmente. + Avoir sa place dans la société : un symbole de changement de statut social. + Une voiture qui permet de partir vivre plus loin : baisse des temps de déplacement.
FIGURE 4 : le rêve pavillonnaire Source : http://retrorenovation.com/(20-08-2010)
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Le périurbain devient donc une réponse revendicative des « anti-urbain » et complète ce que beaucoup recherchaient à cette période : une sorte de retour aux sources, où l’on redécouvre la campagne et les véritables valeurs (authenticité, convivialité, l’artisanat). Ainsi, la prééminence de la ville sur la campagne a tendance à s’affaiblir. Avec l’avancée de la ville, des activités qui étaient spécifiques au monde rural se retrouvent dans l’espace urbain : de nouvelles formes d’agriculture, des espaces de loisirs/récréatifs, etc. De part leur emprise spatiales, elles transforment les périphéries de la ville.
2/ Les périphéries, entre conflits d’usages et problèmes identitaire Afin d’introduire cette partie, voici une citation reprise de l’ouvrage les nouvelles ruralités à l’horizon 2030 qui résume assez bien les propos qui seront tenus :
« Les espaces ruraux, naturels et périurbains constituent des réceptacles importants de tensions et conflits, c’est en raison de leur caractère 30
multifonctionnel. En effet, ils servent de support à trois types de fonctions, qui induisent des usages concurrents, et donc des divergences et des oppositions entre les acteurs économiques et sociaux locaux : une fonction économique ou de production, une fonction résidentielle et récréative (la campagne comme cadre de vie, qu’il s’agisse d’un habitat permanent ou temporaire) et une fonction de conservation (protection de la biodiversité, du patrimoine naturel, culturel et paysager). »16
+ Un territoire sous tension
Ces territoires périphériques ne sont pas des espaces « neutres » toujours bien définis. Ils deviennent des zones à conflit où nous pouvons voir apparaître quatre types de tensions :
Des pressions humaines Ces tensions se ressentent dans les rapports entre les différents groupes de
population : entre néo ruraux17 et exploitants agricoles, mais aussi entre les urbains et les
16
In. : MORA O., Les nouvelles ruralités à l’horizon 2030, Quae, Versailles, 2008, p. 31 Néo-ruraux : citadins qui ont décidé de vivre en zone rurale dès les années 1970, dans la continuité du mouvement de rurbanisation. 17
ruraux. Ces difficultés viennent surtout du fait qu’il existe une très grande méconnaissance mutuelle. A partir de cela, apparaissent des préjugés et des on-dit qui entrainent des cloisonnements idéologiques et une non-volonté d’échanger afin de briser les barrières. D’ailleurs, cela se voit dans la définition des espaces et ce que cela représente auprès des populations issu d’un sondage du Sénat : « seuls 28 % des Français associent le terme de « campagne » à une utilisation agricole du sol. Pour 69 % d’entre eux, la campagne n’est qu’un « paysage». » 18 Ce refus et cette méfiance qui existent entre les populations sont aussi apparus suite aux diverses craintes des habitants ruraux sur la question de l’avancée du « front urbain ». Ils ont peur de voir se détériorer leur territoire, de perdre leur terre ainsi que leurs particularités paysagères. L’augmentation des vols dans les exploitations agricoles périurbaines montre que ces tensions ne tendent pas à se réduire. Cela entrave le développement de bonnes relations avec les résidents à proximité.
Des tensions paysagères Ces territoires ne sont pas considérés à leur juste valeur par les acteurs alors qu’ils
ont des qualités paysagères qui leur sont propres. Les politiques d’aménagements ont jusqu’à présent favorisé, valorisé et développé les centres entrainant ainsi des déséquilibres entre l’intérieur et l’extérieur des villes (ex. : mise en place des ZPPAUP19). Pour ce qui est des espaces périphériques, l’enjeu paysager est perçu depuis peu. La question des entrées et des lisières des villes n’offrent pas toujours un franchissement agréable entre campagne et ville et vice-versa. Celles-ci sont souvent modelées par la vue de grands ensembles et des espaces pavillonnaires, de zones industrielles et commerciales, couplées par l’installation d’infrastructures de grandes échelles. Ainsi, cela fait apparaitre d’autres phénomènes apparaissent. Des espaces d’entredeux se développent suite à un découpage des espaces par ces installations qui ne sont pas traités et restent délaissés. Le traitement des bâtiments ne montrent pas d’interrogations sur l’impact que cela peut avoir sur le paysage, comme par exemple, les arrières de hangars, les panneaux publicitaires massifs, etc. En effet, «ces espaces de consommation sont encore
18
LARCHER G., La gestion des espaces périurbains, n° 415, France, SENAT, 1997/1998, Disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r97-415/r97-415_mono.html (13-08-2010) 19 ZPPAUP = zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Son objectif est d’assurer la protection du patrimoine et de mettre en valeur les quartiers, les sites à protéger pour des motifs d’ordres esthétique et/ou historique à travers un périmètre spécifique.
31
pensés comme si la population était insensible. Ils ne sont pas reconnus et considérés comme des espaces publics et le respect du contexte et l’intégration au site sont absents.»20 Ces tensions se posent également sur la question de la conservation des paysages. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, de nombreux débats se déroulent autour des notions de protection, mais aussi de transformations, car les villes et les campagnes changent dans les rapports avec l’homme et leurs usages.
Des tensions dans la gestion des sols et des ressources Ces territoires ont la contrainte de voir se superposer des terrains répondant aux
occupations urbaines et rurales. Le milieu urbain est depuis longtemps un espace très influant par l’image qu’il projette et la démarche de développement qu’il entretient sur le territoire : la ville est un organisme en mouvement qui s’accroît. Dans les espaces périphériques, les espaces agricoles sont les premiers touchés par le développement de la ville. Depuis de nombreuses années, ils sont considérés comme une ressource foncière. De plus, ils subissent deux phénomènes : la pression foncière qui existe dans les centres urbains du fait de la monter des prix d’achat des logements, mais aussi la déprise agricole et la fragilité du milieu. 32
L’instabilité du droit de l’urbanisme a conduit à l’entretien des « anticipations à la vente des propriétaires fonciers, qui font parfois pression sur les autorités municipales en laissant en friches les terrains pour lesquels ils souhaitent obtenir un droit à construire ». 19 Il apparaît également un développement en mitage du territoire. Ceci entraîne une artificialisation des sols et un éclatement du territoire. Des conséquences négatives peuvent apparaître sur l’environnement naturel et dans la continuité des réseaux écologiques. Pour ce qui est de la création des infrastructures, selon le type de projet, il faut une emprise foncière relativement importante. Des terrains doivent être abandonnés pour ces constructions ce qui provoque un découpage des espaces non profitable.
Des tensions dans les pratiques des territoires
Certaines pratiques de ces territoires entraînent des nuisances diverses. Nous avons l’exemple de la chasse, activité qui se développe en milieu rural. L’ambiguïté que développe le territoire périurbain conduit à ce que cette pratique se retrouve parfois dans ces zones.21 L’exercice de cette pratique se retrouve parfois en contact avec d’autres activités du type résidentiel et agricole qui peut poser certains problèmes de voisinage du fait de la proximité avec la population. 20
CESSELIN J.-L. et GIORDANA G, Paysage périurbain : comprendre, connaître, respecter, Rambouillet : Bergerie Nationale, Rambouillet, 2000, p. 23 21 Des paysages qui se ressemblent : existence de forêts et de champs agricoles
Ensuite, les externalités négatives des activités productives ne sont pas à négliger. Elles entraînent des nuisances de toutes sortes pour les riverains : que ce soit dans les odeurs, les bruits et les gênes visuelles. Cela peut détériorer les conditions de vie qui auparavant étaient recherchées, c'est-à-dire le calme et la tranquillité.
+ Un faible intérêt des acteurs dans le développement territorial des périphéries. Pendant longtemps, les actions politiques d’aménagement n’intégraient pas ces espaces. Elles étaient orientées sur l’aménagement et l’embellissement de la ville ancienne. La logique capitaliste des villes actuelles et le phénomène de mondialisation organisent les villes autour d’un réseau mondial. Elles doivent devenir plus compétitives, se réinventer et rechercher de nouvelles ressources. Dans un but d’apport de nouveaux capitaux, les villes ont entretenu une logique d’étalement pour l’accueil de nouvelles populations et
le développement de nouveaux centres économiques. Les axes routiers
majeurs, les infrastructures d’échanges sont des espaces très favorables pour l’essor de la ville dans l’implantation de nouvelles activités qui se retrouvent accessibles rapidement et facilement. En ce qui concerne l’urbanisme (ce sont évidemment ces acteurs qui en ont la maitrise), comme il a pu être dit précédemment, ces espaces sont pensées sans prendre en compte l’intérêt de la population, qui pourtant pratique ces espaces quotidiennement. Trop souvent, ils sont pensés de façon fonctionnelle afin de proposer des usages précis : cité-dortoir, zones commerciales ou espaces de loisirs. Cela présente une forme de zonage à grandes échelles où s’alternent également des espaces agricoles, formant ainsi des paysages hybrides, mais où les connexions et les échanges ne sont pas traités. Des fractures apparaissent et les autorités locales se retrouvent avec des territoires qu’ils ne savent pas gérer et dont la reprise en main est difficile.
L’impact des autorités locales a de lourdes conséquences sur la question de l’identité de ces territoires. Suivant l’intérêt qu’elles y portent, elles fabriquent l’image et le sentiment d’appartenance à un territoire. Actuellement, elles n’ont pas une réelle politique de définition de l’espace. A cela s’ajoute l’augmentation de la population qui vit dans ces périphéries. En conséquence, les habitants ne se sentent pas toujours écoutés et n’ont pas spécialement de repères clairs.
33
3/ Disparité et déséquilibre en matière de gestion du territoire
Un territoire partagé, une politique territoriale face à une politique sectorielle, des tensions et la suprématie de la ville sur la campagne encore fortement présente : tout ceci rend difficile la mise en place d’une politique commune, ou du moins la structuration, l’organisation et l’échange sur le futur de ces zones périphériques.
+ Une maigre collaboration entre rural et urbain
Comme il a pu être cité précédemment, ces deux approches composent un même territoire. Elles ne travaillent pas ensemble sauf de façon exceptionnelle. Ce travail est rendu difficile par la multiplicité des échelles d’interventions et d’orientations. Des plans d’actions sectoriels encouragent le développement de l’espace rural. Ils proposent des orientations d’une échelle nationale jusqu’à une locale. Elles sont issues d’axes régis par l’Etat (ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche) qui appliquent les orientations de la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne. L’Etat 34
et les collectivités locales travaillent ensemble. Cependant, comme l’indique l’OCDE, « toute politique sectorielle prise isolement atteindra bientôt ses limites liées à l’absence de mesures connexes ou à des mesures préjudiciables prises dans d’autres domaines, faute de coordination. » 22 Cela se ressent dans des actions à l’échelle locale. Il devient difficile d’avoir une réflexion sur un champ de travail thématique sans tenir compte du reste de l’environnement. En opposition, nous avons les orientations de développement urbain qui sont issues non pas d’une politique sectorielle, mais, territoriale où se superposent enjeux sociaux, économiques, et environnementaux. Les plans d’aménagement mis en place tels que le Schéma de Cohésion Territoriale (SCOT) et le Plan Local d’Urbanisme (PLU) ne sont pas forcément adaptés aux questions agricoles. Particulièrement, ils intègrent difficilement les problématiques posées par les terrains agricoles de grandes ampleurs qui se trouvent aux périphéries. Le rôle de la PAC n’est pas négligeable dans le développement de ces espaces d’interface ville-campagne. Elle contrôle les usages et le type de plantation des terres autour d’une logique de compétitivité et de régulation du marché. Ces orientations se font au détriment des petits exploitants. Par exemple, nous avons le cas du projet d’arrachage de
22
OCDE, Formuler des meilleures politiques pour le développement rural, OCDE, Paris, 1996, p. 83
plus de 400 000 hectares de vignes sur l’ensemble de l’Europe qui aura des impacts sur l’économie locale et le paysage. Ce type de plan d’action doit intégrer une réflexion sur la reconversion de ces espaces. Ces nouveaux terrains disponibles continuent à favoriser l’étalement de la ville. La mise en place de réflexions sur la reconversion des anciennes exploitations pour un autre usage permettrait de ralentir ce phénomène.
Pour finir sur ces politiques, même si les relations sont complexes, les espaces disponibles qui rendaient les communes périurbaines attractives leur font aujourd’hui défaut. Dorénavant, «elles prennent donc conscience de la nécessité de rechercher une image positive de leur commune, de reconstruire des zones d’habitation de qualité et de retrouver une certaine identité.»23 Cela induira une réflexion plus fine de ces territoires en coordonnant les intérêts de chacun.
+ Des difficultés pour mettre en place des outils de contrôle et de gestion Même s’ils émergent des volontés de mener à bien des projets communs, il reste toujours la question du contrôle de la croissance urbaine. Des expérimentations sur des projets de réseaux en ceintures, de front et d’espaces verts sont en cours de réflexion. Néanmoins, les projets sont d’une telle ampleur que les collectivités concernées n’ont pas assez de moyens financiers et techniques pour les mettre en place. Les exploitants agricoles subissent les fluctuations du prix et de la valeur foncière. Mais, même si ils se heurtent à la hausse des prix des terrains, il est important qu’ils conservent leur rôle de gestionnaire du territoire. La construction d’habitations aux alentours entraîne une augmentation de la valeur foncière, et une rareté des espaces disponibles. De fait on observe une fracture au sein du milieu agricole : les plus jeunes agriculteurs connaissent des difficultés à racheter des terres tandis que les plus anciens, motivés par les prix du foncier, sont tentés de les revendre. Cela rend incertain le devenir des espaces agricoles et l’établissement de projets durables sur ces territoires.
24
Pour conclure, « aborder la question de la maitrise de l’étalement urbain dans des villes où les processus d’expansion, les dynamiques démographiques et les outils de régulation politique diffèrent très sensiblement, est en soi un pari. »
25
23
CESSELIN J.-L. et GIORDANA G, Paysage périurbain : comprendre, connaître, respecter, Rambouillet : Bergerie Nationale, Rambouillet, 2000, p. 23 24
CESSELIN J.-L. et GIORDANA G, Paysage périurbain : comprendre, connaître, respecter, Rambouillet :
Bergerie Nationale, Rambouillet, 2000, p. 39 25
In. : DJELLOULI Y., EMELIANOFF C., BENNASR A. et CHEVALIER J., L’étalement urbain: un processus
incontrôlable ?, Presses Universitaires de Rennes, Paris, 2010, p. 9 (Espace et Territoires)
35
Les outils de planification restent en faveur du développement urbain plutôt qu’en faveur d’un dialogue entre urbain et rural. + De nouveaux facteurs à intégrer pour l’avenir
En tant que synonyme de modernité et réussite sociale, les pavillons standardisés se sont rapidement diffusés auprès des jeunes ménages. Néanmoins, actuellement, en France comme dans d’autres pays européens, « le modèle pavillonnaire se retrouve mis à mal par le vieillissement de la population ».25 Le pavillon n’a plus autant la même image de réussite sociale, et a tendance à être aujourd’hui considéré comme « une étape dans un cycle de vie, avec des désirs de retour vers des zones plus centrales une fois les enfants partis ».
26
A
l’âge de la retraite, les habitants ont tendance à repartir vers les centres villes dans le but de trouver de nouvelles proximités. Vivre dans les périphéries conduit à avoir un mode vie se déployant sur de plus grandes échelles d’espace-temps par rapport aux villes centres et ainsi nous rend dépendant de l’usage de la voiture. Mais il y a aussi l’envie de sortir de l’isolement qui peut exister afin d’avoir un accès à plus de services de proximité et d’animations dans les centres urbains. 36
Il serait donc tentant de développer au sein de ces territoires de nouvelles activités comme les services d’aides à la personne, des établissements spécifiques (hôpitaux, maisons de retraite, etc.). Dans tous les cas, les plans d’action devront s’y intéresser.
Les mutations des périphéries de ces cinquante dernières années ont recherché l’intégration des nouveaux besoins de la société : offrir de nouveaux espaces disponibles pour accroitre le développement de la ville, permettre un développement résidentiel propre répondant aux attentes de la population (vivre entre la ville et la campagne). Les faibles contrôles et intérêts de ces espaces n’ont pas contribué à leur traitement réfléchi. Malgré leurs qualités propres, la faible force identitaire de l’espace d’interface et les conflits l’animant ne permettent pas de réduire les disparités et les incohérences issues de son approche politique. Aujourd’hui, l’espace périurbain doit faire face à de nouvelles problématiques territoriales et sociétales. Ainsi, ceci nous permet de nous demander si la vision actuelle de ce territoire correspond à une échelle pertinente afin d’ouvrir le regard sur l’interface urbain/rural. L’espace périurbain n’est pas la seule composante de ces périphéries où se rencontre la ville et la campagne.
C- La rencontre urbain/rural : quelle vision pour le futur ? 1/ Une définition encore floue de l’espace périurbain
+ Une terminologie qui ne tend plus à représenter la réalité
A travers une première lecture étymologique de la notion de « périurbain », nous pouvons voir que le sens du mot reste orienté sur la « ville ». Si nous le décomposons, nous avons « péri » de périphérie et « urbain » de la ville. Le rapport avec le mot « rural » ou la mise en avant de l’idée de ruralité et de campagne n’est pas explicité. Cependant, nous le retrouvons dans les expressions « rurbain » et « rurbanisation »26, mais elles ne proposent pas le même type d’occupation de l’espace. En contradiction, la réflexion de Bernard Kayser sur l’espace intermédiaire27 intègre l’espace périurbain comme l’un des éléments le plus structurant du milieu rural.28 Ce terme conserve la suprématie de la ville sur la campagne. Il représente un phénomène impulsé par la ville : un développement urbain vers l’extérieur. Il ne représente plus l’image du territoire en question qui tend vers une nouvelle caractérisation: mi-ville/micampagne. Cette espace chercherait à se définir comme une entité à part entière avec ses propres particularités. Martin Vanier le caractérise de « tiers-espaces ». Expression reprise de réflexions antérieures, il la décrit comme un « espace de densité intermédiaire aux formes hétéroclites d’occupation des sols, aux paysages mixtes, aux polarisations discrètes ou lointaines mais aux réseaux omniprésents »29. Thomas Sieverts le considère comme un « entre-ville » qu’il nomme la « Zwischenstadt ». Ce ne sont pas des territoires planifiés, mais plutôt des territoires qui sont la résultante de plusieurs phénomènes antérieurs. C’est une interpénétration entre les espaces bâtis et non bâtis qui ont la particularité de regrouper toutes les fonctions urbaines et rurales. 30 Aujourd’hui, une multitude de termes descriptifs apparaissent pour nommer ces périphéries. Ils se complètent mais finalement, ceci provoque sa marginalisation 26
Généralement composé de villages ruraux se trouvant dans les grandes périphéries des villes, le rurbain est peuplé par des urbains. L’aire rurbaine reste tout de même d’une faible densité de peuplement par rapport aux premières couronnes périphériques de la ville, elle est constituée d’espaces pavillonnaires et nous pouvons voir se superposer espace rural conservé et habitat. 27 Cette catégorie d’espace (l’une des 3 composantes de l’espace rural : espaces dépeuplés et marginalisés espaces périurbains - Les espaces moyens, banals ou intermédiaires) occupe la plus grande partie du territoire et offre ainsi un potentiel important de développement. C’est un atout en matière de ressources foncières autour des zones urbanisés. Elle est à dominante agricole qui subit les pressions urbaines. 28 BONERANDI E., LANDEL P.-A. et ROUX E., « Les espaces intermédiaires, forme hybride : ville en campagne, campagne en ville », Géographie Alpine, 2003, Tome 91, n°4., pp. 65-77. 29 VANIER M., « Métropolisation et tiers espace : quelle innovation territoriales ? », Rencontre de l’innovation territoriale, Grenoble, 2003, Disponibles sur : http://www.pacte.cnrs.fr/IMG/pdf_41_Vanier_Tiers_espace.pdf (2807-2010) 30 SIEVERTS T., Entre-ville, une lecture de la Zwischenstadt, Parenthèses, 2004, p188 (collection Eupalinos)
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Pour un pur usage nominatif et simpliste, « périurbain » et « suburbain » restent les plus palpables. Ces périphéries se retrouvent parfois définis par des expressions beaucoup plus bornés : « frontière » et « limite » sont les plus courant. Pour finir, nous trouvons également tout un panel de mot, mais qui d’une certaine manière, permettent de décrire ce troisième espace : territoire hybride, espace flou, espace tampon, entre-deux, en marge, espace intermédiaire, en lisière, en frange, secteur de transition. + Un phénomène qui reste difficile à cerner et s’approprier
Ces zones dites périurbaines brouillent nos repères. Ce sont des espaces non bornées, non limités à la différence des zones urbaines et rurales qui ont des critères spécifiques, notamment sur la densité. L’homme a besoin de limites pour percevoir, comprendre et se positionner dans l’espace. L’absence de ce type de repère rend ce territoire difficilement saisissable. Il serait important de trouver le moyen permettant de comprendre, saisir, penser ces espaces. Certains types d’espaces sont situés directement dans une continuité morphologique, en bord et en marge des villes. Parfois ces franges urbaines sont souvent 38
issues d’un découpage sectoriel de l’espace (zoning). Même si de nombreux travaux de recherche ont été réalisés depuis une trentaine d’années sur les différentes problématiques englobant le système périurbain, il reste toujours difficile de cerner distinctement les réalités.31 Le périurbain mais d’une manière plus générale, l’espace d’échange entre la ville et la campagne paraît être un espace où l’on semble tout trouver. Ces périphéries urbaines regroupent toutes les problématiques des dynamiques urbaines et rurales contemporaines rendant le territoire difficilement saisissable.
2/ Une interpénétration des espaces remettant en cause les références + Existe-il toujours une limite, une frontière entre l’urbain et le rural? Jusqu’à présent la notion de frontière avait un grand pouvoir sur la séparation entre l’urbain et le rural. L’utilisation de la frontière permet de mettre en place un attribut de 31
BOSSE A. et DUMONT M., « L’au-delà des villes contre l’entre-deux des villes. Un espace suburbain français occulté», EspacesTemps.net., Mensuelles, 17 Mai 2006, Disponible sur : http://espacestemps.net/document2003.html (15-06-2010)
pouvoir, qui cherche à donner des limites. Parler de frontière sert à l’affirmation de la séparation physique, mentale et organisationnelle de l’espace. Cependant, il n’est pas toujours facile de distinguer les « limites » de la « frontière». Toutes deux renvoient à l’image de séparation entre deux espaces. Nous avons ici deux termes dont les significations sont opposées (urbain/rural), et qui en plus offrent deux paysages totalement différents. La frontière est la ligne qui sépare distinctement deux territoires. Elle existe mentalement, mais il est vrai qu’elle devient de plus en plus difficile à distinguer physiquement par les nouveaux rapports territoriaux. De plus, elle est forte fonction en symbolique. Nous pouvons reconnaître trois types de frontières – techniques, sociales et gestionnaires – mais chacune permettent d’avoir un sentiment de reconnaissance et d’appartenance, de se positionner face à autre chose, par un signe de démarcation permettant d’identifier deux éléments différents. Alors que la limite est ce qui marque le début et la fin de chacun des espaces. Une frontière peut séparer administrativement deux territoires, mais par exemple, cette même frontière ne correspond pas à la limite qu’il peut exister entre deux paysages.
Comme il a été dit à plusieurs reprises, « les relations entre les territoires métropolitains et les territoires limitrophes peuvent s’inscrire dans le cadre de rapport de domination (réels ou supposés). »32
Mais cela n’a pas empêché la création d’espaces
d’incertitudes qui ont entrainé un sentiment de flottement : « ce sont eux les dévoreurs de limites qui ont brouillé la frontière morphologique et fonctionnelle entre la ville et la campagne ».
33
Au-delà d’avoir un espace distinguant ces territoires, les périphéries peuvent être considérées comme une bande de territoire se déroulant autour de la ville. A l’intérieur de ce territoire, la question de la continuité des espaces est à poser pour pouvoir les caractériser. Cette limite qui existe entre l’urbain et le rural pose bien le plus souvent des problèmes politiques, « soit à plus ou moins long terme, dans le cas d’une extension urbaine lente et diversifiée (par exemple, extension ancienne le long d’un grand axe de circulation), soit au contraire brutalement, dans le cas de la construction de grands ensembles ou d’un
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Groupe FRONTIERE, ARBARET-SCHULZ C., BEYER A., PIERMAY J.-L., REITEL B., SELIMANOVSKi C.,
SOHN C. et ZANDER P, «La frontière, un objet spatial en mutation.», EspacesTemps.net, Textuel, 29 Octoble 2004, Disponible sur : http://www.espacestemps.net/document842.html (15-06-2010) 33
BOSSE A. et DUMONT M., « L’au-delà des villes contre l’entre-deux des villes. Un espace suburbain français
occulté », Mensuelles, EspacesTemps.net., http://espacestemps.net/document2003.html (15-06-2010)
17
Mai
2006,
Disponible
sur
:
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lotissement pavillonnaire […] qui bouleverse brusquement la couleur politique d’une municipalité. »
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Pour finir, il est évident de mettre en avant que ces relations ont créé au fil de l’évolution des mutations territoriales, un troisième type d’espace. Dans ce cas, pouvonsnous encore parler de frontière ou de limite ? + L’urbain et le rural, une confrontation qui s’amenuise L’opposition nette et distincte entre la ville et la campagne se ressent de moins en moins. Les espaces périphériques se forment par l’intermédiaire d’une interpénétration de l’urbain et du rural. Certains gardent une dominante beaucoup plus urbaine et d’autres plus rurale. La question du sensible et de la perception est primordiale dans cette logique, car nous vivons l’espace et théoriquement, ce territoire doit avoir tendance à servir de liaison. L’atténuation de cette dichotomie territoriale est ainsi retranscrite dans le paysage façonné par les dernières phases de développement urbain. 40
Cette baisse d’influence et de domination se ressent aussi en matière de politique. Nous pouvons voir apparaître des tentatives de coordination entre le milieu rural et le milieu urbain afin de produire un projet collectif. L’ensemble des images montrées jusqu’à présent tend à dire que les espaces périphériques se positionnent comme des espaces intermédiaires entre l’urbain et le rural. Le périurbain est trop réducteur de la définition de ces territoires périphériques. Ils peuvent être considérés comme des espaces de transition permettant de passer d’un territoire à un autre territoire. Mais rester sur cette seule définition réduirait l’impact et les potentialités qu’ils dégagent. Aller dans une logique considérant ces territoires comme une sorte d’espace tampon, permet d’introduire l’idée d’atténuation de la confrontation entre urbain et rural.
3/ L’ « interface urbain/rural », un essai de définition de l’espace Après avoir montré l’évolution du rapport entre ville et campagne, mais aussi à travers les utopies qui ont pu en naître, nous pouvons voir que leur rapport a été rythmé par 34
In. : MOULIN B., La ville et ses frontières : de la ségrégation sociale à l’ethnicisation des rapports sociaux,
Karthala, Paris, 2001, p. 57
des relations conflictuelles. Aujourd’hui, ceux-ci s’atténuent et conduisent à redéfinir ces espaces périphériques qui sont des lieux de rencontre. Cette dernière partie a pour but d’introduire la notion d’interface qui sera complété dans la dernière partie du travail par les résultats de la réflexion et de l’étude de cas de Bratislava. En avançant cette hypothèse, c’est-à-dire de proposer une nouvelle approche des périphéries, cela permettrait de repositionner le milieu rural face au milieu urbain. Cette notion pourrait inciter une nouvelle démarche d’action sur les périphéries du fait qu’elle renverrait l’idée d’échange et de communication.
Si
il
fallait
faire
une
description
simple
de
ce
que
représente
l’ « interface urbain/rural » dans ces périphéries : ce serait un espace continu, se trouvant entre la ville et la campagne et où s’entremêlent et s’interpénètrent les caractéristiques de chacune. La partie suivante présentera le cas de Bratislava. Il s’agit d’une petite capitale en pleine expansion, l’intérêt d’avoir une approche de ce type pour ces espaces périphériques est un atout. Bratislava peut être considérée comme une ville vraiment proche de la nature car elle détient de grandes qualités paysagères, agricoles, mais aussi dans le style de vie. A l’heure actuelle, la ville est encore dans une recherche de maitrise de son développement et ses qualités s’en trouvent menacées. Ainsi, la réflexion sera en partie construite sur une expérience vécue durant un stage professionnel de longue durée qui m’aidera par la suite a avancé des propositions.
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PARTIE 2 BRATISLAVA : UNE CAPITALE OŪ L’URBAIN ET LE RURAL SE RENCONTRENT A 10 MINUTES DU CENTRE-VILLE
La Slovaquie connaît depuis une vingtaine d’années un boom économique et une tertiarisation de ses activités, mais elle reste encore un pays à dominante rurale. La population conserve une relation forte avec la nature et cela se ressent à travers l’importance de leurs pratiques en plein air. Cela se voit à Bratislava et notamment sur le site de Podhorsky Pas, qui offre des espaces de jardinage (pratique coutumière en Slovaquie)
La capitale slovaque est une agglomération où la proximité avec la campagne est très perceptible. Il faut à peine dix de minutes en bus à partir du centre historique, pour atteindre les premières forêts qui surplombent la ville. Campagne et Nature proposent de cette manière un confort de vie agréable mêlant tranquillité, paysage plaisant et espaces de loisirs à proximité du centre-ville.
Cependant,
cette
proximité
est
aujourd’hui
menacée
par
le
développement de la ville. La succession d’événements politiques majeurs l’a propulsé au cœur d’une Europe en pleine construction, privilégiant « tours en verre » et connexion aux grands axes de transports européens.
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CARTE D’IDÉNTITÉ LA SLOVAQUIE
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BRATISLAVA
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A- Bratislava, capitale d’un pays en pleine mutation 1/ Un territoire qui rencontre des difficultés pour s’affirmer jusqu’à son indépendance
+ Un pays sous influence multiples
La Slovaquie se trouve au carrefour de différentes civilisations. Elle a subi de nombreuses conquêtes venant de part et d’autre de ses frontières, entre guerres de territoires et campagnes de conversion religieuse auprès de la population. Au XIIIème siècle, une partie de la région d’Europe centrale a été occupé par les allemands, et notamment la région de Bratislava qui a pu engager son développement.
Au fil des siècles, ce développement économique ou sociétal est mitigé à la différence des villes comme Wien, Praha, ou Budapest. Les influences extérieures ont eu tendance à la maintenir dans une conservation de l’esprit rural. Les mouvements perpétuels de population et d’influences ont contribué à la difficulté 46
de définition des frontières de la Slovaquie lorsque le pays a été dessiné au début du XXème siècle. Il n’y a jamais eu une véritable existence de frontières à la fois historiques ou ethniques. Lorsque celles-ci ont été réalisées, la délimitation la plus facile a été l’emploi du Danube. Jusqu’à aujourd’hui, les frontières de la Slovaquie ont été une grande problématique face aux différentes minorités occupant le territoire, surtout au sud, avec une importante communauté hongroise.
+ 1918 : des contours qui se dessinent, la naissance de la Tchécoslovaquie
La Slovaquie et la République tchèque ont développé ensemble leur histoire contemporaine alors qu’ils ont connu ultérieurement des influences et des occupations différentes. L’union entre les deux pays s’est produite en 1918.Ce choix a été précédé par une période d’hésitation sur le type d’Etat à établir : un Etat autonome ou l’établissement d’une République Tchécoslovaque. Cette dernière a été favorisée pour deux raisons principales : les élites n’étaient pas assez fortes pour créer un état et soutenir cette revendication et la population slovaque désirait être rattachée.
Ce nouvel Etat était pour les Slovaques le moyen de réussir à émerger des conséquences provoquées par la domination hongroise dans le paysage social35. De plus, il fallait réduire les inégalités spatiales et sociales. Les Tchèques avaient été sous la domination de l’empire Austro-hongrois, alors que la Slovaquie, sous Budapest et le royaume Magyar.
Dès son intégration dans ce nouveau système politique, la Slovaquie a pu se réinsérer dans le réseau européen et replacer Bratislava, face à Wien et Budapest dont l’influence et la proximité avait ralenti le développement de la capitale slovaque. Rapidement, sa place stratégique du nouvel Etat sur le Danube, a permis une revalorisation de la zone slovaque. Un port fluvial a pu être aménagé sur les rives du fleuve. Les échanges se sont accrus avec les autres pays. Cela a contribué à lancer une nouvelle économie sur Bratislava36.
Même si une certaine dynamique de développement entre les deux pays a commencé à s’installer, le territoire tchécoslovaque s’est retrouvé dissocié lorsqu’il a été annexé à l’Allemagne en 1938. Hitler redécoupa à nouveau l’espace et une scissure continua a accentué les écarts. + Le passage au communisme : une tentative d’équilibrage des territoires
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Tchécoslovaquie est refondée, mais elle se retrouve dans un entre-deux : entre mettre en place un état communiste et un état démocratique, ce qui n’aura pas la même influence sur la gestion du territoire. Les acteurs politiques font cependant le choix de mettre en place un état socialiste, dont la gestion du territoire sera inspirée du modèle soviétique sans pour autant être intégralement copié. Une organisation sectorielle s’établit afin de centraliser les orientations générales de développement dans la Capitale, et les collectivités servaient de relais au niveau local. Mais ce système entraina des difficultés pour créer une réelle politique d’aménagement. La question de l’équilibre des territoires était l’un des points centraux de ces politiques socialistes. Il ne devait pas exister d’inégalité entre le milieu rural et le milieu urbain ce qui a aussi contribué à ce choix. En effet, la Tchécoslovaquie devait faire face à deux niveaux territoriales très différents : entre la partie slovaque, pauvre et encore très rurale, et la Bohême-Moravie urbanisé et industrialisé.
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Maintien de la ruralité, difficulté d’évolution dans les différentes catégories socioprofessionnelles. Le trafic a été multiplié par 10 entre 1914 et 1935.
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Suite à ces constats d’inégalités territoriales, il a était instauré une politique de résorption des écarts de développement par la mise en place d’investissement de modernisation. Lorsque le slovaque, Gustav Husak, a fait parti du pouvoir central, cette démarche a été accentué dans ce sens, mais ce n’a pas permis au fil des années de voir apparaître un renversement radicale de la situation tant espéré. Le rattrapage est resté limiter et n’a pas permis d’atteindre le niveau de vie des tchèques. Cependant, les importants efforts de modernisation ne sont pas à négliger. Cela s’est ressenti dans la croissance importante de la population, plus importante qu’en Tchéquie et une nette amélioration économique est perceptible entre 1948 et 1989.
Pour son intégration, la Slovaquie a orienté son développement en fonction de ses ressources minières et énergétiques.37 Le pays améliore ainsi ses conditions économiques et son rattrapage régional. Jusque là très ruralisé, le territoire rentre dans un phénomène d’urbanisation rapide. Le rééquilibrage entre la ville et la campagne commence à se sentir. A l’échelle de la république, le développement du territoire s’est orienté sur 48
l’implantation d’un axe Prague – Brno – Bratislava. Il a creusé les inégalités spatiales en Tchécoslovaquie par son influence. De nouvelles faiblesses territoriales sont aussi apparues à la fin du régime tchécoslovaque. Les bassins miniers commencent à connaitre des difficultés. Les régions en zones transfrontalières arrivent à perdurer grâce à leur une position géopolitique intéressante. Bratislava a bénéficié de cela à cause de sa place dans le cœur économique d’Europe centrale.
+ Bratislava, une capitale de plus en plus intégrée Lorsque la Slovaquie a été sous l’occupation hongroise, Bratislava était sa capitale durant deux siècles avant de retourner à Budapest en 1783. Aujourd’hui, elle possède toutes les richesses
de l’histoire slovaque et ceci se ressent à travers son architecture : un
véritable regroupement de toutes ces influences. Sa position au cœur de 4 pays38 et les changements successifs de noms n’a pas favorisé la définition de son identité39. Elle s’est retrouvé étouffer par les villes et pays environnants et à entrainer des difficultés de son affirmation et sa caractérisation. 37
Bratislava a pu bénéficier de la mise en place d’une importante raffinerie, et Kosice, d’un complexe sidérurgique qui a ouvert en 1974 et qui en 1982 représentait 20% des exportations slovaques et était constitue de 25 000 employés. 38 Autriche, Hongrie, République Slovaque et République Tchèque,
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FIGURE 5 : les étapes de l’évolution de Bratislava Source : Fragment d’Europe, 1993
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Sous l’influence des marchands allemands, elle était appelé Presbourg (Presporok par la population locale). Les hongrois la prénommaient Pozony (venant du nom donner a la première colonie romaine : pozonium) ; la République Tchèque lui attribua le nom de Bratislava et temporairement, après la seconde guerre mondiale, elle s’est appelé Wilson.
Avec l’implantation du port, puis ensuite de la raffinerie, Bratislava a réussi à mieux s’intégrer dans le système économique déjà existant. La ville s’accroissant, il a fallu mettre en place des projets d’habitat, et de développement territoriale permettant d’accueillir tous ces nouveaux arrivants. C’est à partir des années 1960, que les complexes d’habitat sont apparus. Inspiré de l’architecture fonctionnaliste moderne, des barres et tours en béton40 (« panelok » : en slovaque) apparaissent dans les premières périphéries de la ville. Petržalka sera la villenouvelle de référence de la Slovaquie. Elle a été conçue pour pouvoir accueillir plus de 150 000 habitants. En parallèle, la ville commence à reconnecter son territoire. La création du « Ufo », a permis de relier les deux rives du Danube au détriment d’une partie du centre-ville historique détruite pour sa réalisation. Bratislava cherche à valoriser son développement économique à travers des projets de grandes ampleurs.
La Slovaquie n’a pas réussi à se démarquer des pays environnants et le retard de Bratislava 50
n’a pas pu émettre une impulsion assez forte pour contribuer à l’enrichissement et l’attractivité du pays. L’esprit rural se maintenant, la population partant à Bratislava et dans les villes secondaires se déplaçait uniquement dans l’espoir de s’enrichir pour retourner ensuite dans les campagnes.
2/ L’ouverture du pays a provoqué un boom sans précédent
Depuis la séparation, il faut réinventer une nouvelle façon de penser le développement. Penser dans une logique commune pendant plus de 70 ans, il faut revoir la structure territorial à l’aube de la scission pour définir les objectifs de développement à venir. + Une succession d’événements chamboulant la configuration du territoire 1993, date de l’indépendance de la Slovaquie annonce le début d’une longue transformation du paysage politique, économique et sociale du pays. Pour la première fois, la Slovaquie se déclare comme un pays autonome. Après 70 ans sous influence tchèque et
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Sur la rive gauche du Danube, autour du centre-ville, ce sont des ensembles de tailles moyennes, Parmi ces grands ensembles, voici les plus importants de cette période : Ružinov, Karlova Ves, Medzi Jarkami, Petržalka, Dúbravka
plus de 40 ans sous l’influence communiste, elle doit réussir à mettre en place ces propres repères.
La structure économique de la Slovaquie est complètement renversée. Elle passe d’une économie socialiste administrée par l’État à une économie de marché ultralibérale. Le pays passe dans une période de transition. Il faut repenser intégralement le système de gestion afin de mieux structurer le territoire, ses ressources et son approvisionnement. Le pays entre ainsi dans une phase importante de tertiarisation du pays qui contribue au développement rapide de Bratislava, mais l’agriculture garde tout de même une place très importante dans l’économie. 41 En 2004, la Slovaquie intègre l’Union Européenne et d’ailleurs. Elle a fait parti de plus important élargissement depuis la création de la communauté (10 membres entrées cette année-là). Cela la positionne dans une nouvelle structure géopolitique en vue de la création d’un nouveau cœur européen en Europe Central dont elle sera actrice active dans l’animation de cette région. Physiquement, elle fait parti des extrêmes périphéries de l’U.E., renforce ses frontières avec l’Ukraine. Cela entraine des coupures vives entre des communautés qui étaient à cheval sur les deux pays. Le passage à l’euro en 2009 entraine l’augmentation des coûts de la vie et ainsi, tend à l’accroissement des inégalités sociales et spatiales. Košice, deuxième ville du pays conduit une approche territoriale cherchant un équilibrage du pays à l’est. L’attribution du titre de « Capitale Européenne de la Culture » en 2013 (en même temps que Marseille) pourra impulser de nouvelles dynamiques spatiales. Actuellement en plein préparatifs, cet événement contribuera à la valorisation de la culture du pays (tradition et architecture), et sera un moyen intéressant pour relancer une dynamique touristique dans le pays. + Bratislava : la naissance d’une nouvelle dynamique de ville
Ces nouvelles dynamiques motivent la capitale à reprendre en main son territoire par la mise en place de projets caractérisés de prioritaires.
41
En 1998, la surface agricole occupait presque 50 % du territoire. En 1995, elle était autosuffisante dans ses productions agricoles à 90%. Pour ce qui est de la ruralisation de la population, nous pouvons comparer les densités de populations entre la France et la Slovaquie qui sont toutes deux très proches : autour de 100-110 habitants au km2. Mais à la différence de la France où seulement 1/4 de la population est rurale, la Slovaquie compte encore une part de 50% de sa population.
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La promotion d’une nouvelle image devient centrale. C’est pourquoi la réappropriation du centre historique est la première étape de sa mutation. Une importante campagne de restauration et de réhabilitation est menée grâce aux aides de l’Union Européenne. Elle s’est occupée des rives du Danube, trop anciennes et peu praticables pour la population. Il fallait de nouveau se les réapproprier afin de proposer un espace renoué avec le Danube, trop souvent ravageur. Au Nord-est de centre-ville, Bratislava a décidé de mettre en place un nouveau quartier d’activités tertiaires afin d’attirer de nouveaux capitaux et investisseurs étrangers. Afin de mieux reconnecter les deux parties du fleuve, elle développe un système de ponts. Pour finir, elle s’est lancée dans de grands programmes de réhabilitation des quartiers de logements datant de la période communiste. Cette indépendance a été l’occasion de se réapproprier les espaces gelés pendant toute la période de la guerre froide, avec la présence du rideau de fer. La proximité de Bratislava avec la frontière ne lui a pas permis de se développer vers l’Ouest et le Sud. Cela a ralenti le développement de la ville nouvelle de Petržalka alors qu’elle est entourée d’une vaste réserve foncière. Aujourd’hui, cette zone transfrontalière (mais aussi vaste espace périphérique de Bratislava) offre des terrains potentiels pour de futurs projets immobiliers et l’implantation de nouvelles activités. L’ouverture de la frontière a conduit à la revalorisation les liaisons avec Vienne. De plus, le triangle urbain Wien-Bratislava-Sopron-Györ cherche à mettre en place une base de développement commun, à travers une connectivité des territoires. De là est né un projet d’autoroute permettant d’améliorer leurs communications et leurs échanges. La position de Bratislava est aujourd’hui un atout concret pour aider au décloisonnement de ce nouvel état.
Les transformations dans la société ont contribué à la modification des pratiques urbaines. L’enrichissement de la population a permis une augmentation de l’usage de la voiture. La ville commence à voir apparaître des problèmes de congestion, cela pousse les politiques à réfléchir à de nouveaux réseaux routiers. Ensuite, il y a une augmentation des grands centres commerciaux, dans les périphéries de la ville, qui reflètent auprès de la population une image de modernité. On passe d’une logique de service de proximité à la société de consommation. De nombreux projets de construction se multiplient et l’on voit fleurir une multitude de chantier. Dans le cas de Bratislava, il est intéressant de signaler le décalage qui existe entre les projets slovaques en cours et ceux qui peuvent se faire en Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Royaume uni) : une image recherchant une notoriété et le symbole de la
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richesse face aux besoins d’une ville « durable », aux développements des éco-quartiers, et le déploiement d’une architecture HQE.
+ Une nouvelle structure pour la planification en Slovaquie
La structure permettant la planification du territoire doit être revu selon les particularités propres de la Slovaquie et de ces villes. Le pays est régi depuis 1976 par la loi de planification territoriale et de la construction, instauré sous le régime tchécoslovaque42. En 2001, cette loi réadapte et modifie le système de planification. Aujourd’hui, elle repose sur trois piliers : planification stratégique, planification urbaine et planification écologique. Au niveau national, le « projet national de développement territoriale «
(KURS)
permet d’identifier les pôles de développement urbain, de proposer une structure d’organisation générale, et ainsi de réfléchir sur les limites du développement urbain. Elle instaure l’approche et la stratégie que les communes et les régions devront mettre en place dans leur projet de planification territoriale afin d’avoir une coordination entre les différentes échelles. 56
Au niveau local, nous trouvons le Masterplan (uzmny plan mesta). Ils sont obligatoires dans les communes de plus de 2000 habitants. Il comporte des éléments obligatoires et de régulation, et mets l’accent sur l’occupation des sols. Il y a aussi des plans de zonages et il est parfois complexe de faire interagir correctement les différents niveaux de projets.
Cependant, les restes du passé communiste sont encore présents et il est difficile pour les municipalités de réfléchir à différentes échelles et donc d’intégrer les autres niveaux de planification. Cela entraine des problèmes de communication qui provoquent une difficulté dans leur coordination.
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L’objectif est de réussir à réguler la planification du territoire avec les plans quinquennaux a travers 2 niveaux d’intervention : régionale avec une stratégie de développement économique, et au niveau locale, par la régulation.
3/ Modernisation et métropolisation d’une capitale européenne + Bratislava et la Slovaquie au cœur de projets européens d’envergure
Comme nouvelle capitale européenne, Bratislava se retrouvent intégrer dans des projets de grandes envergures. Les objectifs principaux sont d’aboutir à un nouveau cœur économique européen, dont Bratislava serait l’une des actrices centrales. Deux programmes sont à retenir promouvant cette dynamique. - Le Programme CENTRAL EUROPE La Slovaquie bénéficie du programme de l’Union Européenne « Central Europe » qui encourage la coopération transnationale entre les pays d’Europe Centrale, afin de promouvoir l’innovation, l’accessibilité et l’environnement, et d’améliorer la compétitivité et l’attractivité des villes de cette région. Face aux enjeux actuels et aux besoins de développement que connait le pays, il est essentiel pour la Slovaquie de bénéficier de ce type d’aide. Ce programme requièrent plus de 231 millions d’euros dont les fonds proviennent d’un partenariat entre différents acteurs : national, régional et locale des pays en collaboration : l’Autriche, la République tchèque, l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie, la Pologne, la République Slovaque et la Slovénie. Il est également financé par le Fond régional européen de développement sur la période 2007-2013. - Projet « Danube » : EUROPEAN STRATEGY FOR DANUBE REGION Ce projet est en cours de réflexion. Il a émané du Conseil Européen, qui a demandé à la Commission Européenne d’élaborer une stratégie de l’Union Européenne pour le développement de la région du Danube.
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L’objectif est d’aboutir à un développement durable répondant aux défis spécifiques auxquels sont confrontés ces pays autour de ce fleuve. Une démarche intégrée et ciblée est actuellement mise en place autour de 3 grandes orientations:
amélioration de la connectivité et des communications en couvrant en particulier les transports, les questions énergétiques et la société de l’information ;
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En tout, ce sont huit états membres de l’U.E et six hors de l’Union qui sont concernes par ce projet : Allemagne (Bade-Wurtemberg et Bavière), Autriche, République Slovaque, République Tchèque, Hongrie, Slovénie, Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Roumanie, Bulgarie, République moldave et l’Ukraine (les régions le long du Danube).
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préservation de l’environnement et prévention contre les risques naturels. En effet, le Danube peut provoquer des crues très spectaculaires
renforcement des potentiels de développement socio-économique.
La mise en place de ce projet s’est inspirée d’une expérience précédente de stratégie régionale de l’U.E., autour de la mer Baltique. Un important travail concerne la gouvernance. Une volonté de stratégie commune contribuerait à la mise en œuvre d’actions concrètes.
+ Une nouvelle image pour Bratislava : succession de projets Aujourd’hui, Bratislava est dans une dynamique de projets de grandes ampleurs. Face aux enjeux politiques, socio-économiques, mais aussi environnementaux, son objectif est de positionner et de démarquer les Capitales alentours par l’accueil de nouvelles aires d’activités et de nouveaux flux de population. Ceci inciterait la ville à réfléchir sur un projet de territoire à une échelle plus vaste et surtout transfrontalière. Son développement ne s’arrête plus aux limites administratives de la ville. Elle favoriserait une coordination avec les autres villes44 composant le nouveau cœur d’Europe centrale. 58
Les projets actuels s’ouvrent sur ses périphéries étant donné la proximité et les disponibilités foncières de ces aires. Aujourd’hui, les districts de Dubravka et Lamač forment ensemble l’un des pôles de développement les plus en vue de la région de Bratislava. En plus d’être des zones périphériques proches du centre, ils sont un espace stratégique pour le développement de la ville45. Le cadre paysager est non négligeable. Ils se trouvent à moins de trois kilomètres du Danube et au pied de la forêt des « Petites Carpates ». Ils ont des terrains agricoles disponibles en grandes quantités et en attente de reconversion. Deux projets majeurs pour la ville sont en cours de réflexion dans ce secteur et peuvent prétendre à un lourd impact sur la transformation et la valorisation de Bratislava.
Bory – Lamač Port (Figure 6)
Le projet a été lancé en 2009 et doit se terminer théoriquement en 2015. (Cependant, il est actuellement en suspens du fait d’un manque de moyen financier.) Lamač Port est une zone d’attractivité sur 110ha sur laquelle se superposent : zones d’habitats, zones commerciales, entreprises privées, bureaux et structures administratives. 44
Soit : Brno, Budapest, Györ et Wien, Se trouvant au Nord-ouest de la capitale, ces districts s’étirent le long de l’autoroute qui mène à Brno et Praha. De plus, un autre projet de voie rapide « Ring Road », qui partirait du centre-ville de Bratislava pour aller à Wien (avec pour durée de trajet : 30 minutes), desservirait cette zone. 45
FIGURE 6 : Vue perspective de Lamac-port Source: Joklova V., Bacova A. et Malovany M., «Presentation of the site : Bratislava Dúbravka – Big Camp», Workshop Oikodomos, Bratislava, Octobre 2009
FIGURE 7 : Emplacement de centrop valley dans la région de Wien-Bratislava Source : Joklova V., Bacova A. et Malovany M., «Presentation of the site : Bratislava Dúbravka – Big Camp», Workshop Oikodomos, Bratislava, Octobre 2009
6
FIGURE 8 : Vue perspective du projet CENTROP Source : http://www.in-vi.com/ (0109-2010)
FIGURE 9 : plan du projet «drazdiak forest park» a petrzalka Source : http://www.cityofbratislava.eu (0109-2010)
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8
9 – –
Sa position privilégiée sur le territoire à proximité de l’autoroute (atout souvent recherché dans les périphéries) permet de développer un travail sur l’accessibilité du site (transport individuel : voiture, et transport collectif : tramway, bus.) Cette approche montre les prémices d’une réflexion sur l’intégration des logiques de baisses de consommation des énergies.
CENTROP (Figure 7-8)
Le second projet est CENTROP : « Central Europe Valley ». Sa position n’est pas anodine et la conduit à se placer dans une réelle stratégie de développement territoriale. Il est considéré comme le futur pôle technologique et logistique de Bratislava, mais aussi de la région d’Europe Centrale. Cela la transformerait en pôle de compétitivité ayant un poids non négligeable sur la scène européenne voire mondiale. Le projet est tel qu’ils ont mis en place un phasage des opérations qui durera de 20 à 30 ans. Le programme est varié, mais tournera autour d’un important parc technologique et de recherche. Il y aura également des bureaux, des commerces, des espaces de récréations (parcs, golf…), ainsi que le futur campus de Bratislava. Sa proximité avec le projet Lamač-Port (côte à côte), rend le programme plus imposant. Les opérateurs menant les projets conduisent une réflexion commune à travers l’entente et la 60
coopération dans la gestion des programmes en place et de la structure urbaine des projets. Parallèlement aux ambitions mis en place au nord de la ville, d’autres projets d’envergure sont en cours de réflexion au sud de Petržalka. L’urbanisation actuelle et le développement futur.de la ville qui la remet en question, par rapport à sa position sur le Danube.
Le projet « Obtok » (voir annexe 4) est un programme qui consistera à dévier une partie de l’eau du Danube.46 Pour réfléchir à cette question et y répondre, le territoire en jeu demande l’implication de trois pays. Ce n’est pas seulement Bratislava qui subit les problèmes causés par une inondation, mais l’Autriche et la Hongrie sont également concernés. Le projet relève d’une réflexion d’ordre européenne avec une approche transfrontalière du problème et où différents niveaux d’acteurs sont en relation : du local au global. Les premières esquisses de projet proposent une dérivation d’une partie du Danube qui commencerait à l’ouest de Bratislava, à la frontière avec l’Autriche, pour déboucher plus en sud à la frontière avec la Hongrie, afin d’épargner le quartier de Petržalka, le premier site 46
Pour comprendre ce programme, il est important de resituer Bratislava dans son rapport avec l’eau. La ville se situe à cheval sur le Danube, sur des terres qui étaient par le passé des marais-cages. De plus, elle connaît depuis plusieurs siècles des crues très violentes. L’urbanisation a conduit au contrôle du mouvement du lit du fleuve, mais cela n’a pas permis par exemple de mieux gérer son débit. En effet, là où se trouve Bratislava, le débit est 10 fois supérieur à un débit normal en période de fortes pluies. L’eau peut monter très vite et les digues actuelles peuvent facilement céder.
potentiellement victime en cas de crue. Une zone d’épandage en direction de l’Autriche est intégrée afin d’évacuer une partie des eaux dans le lac de Neusiedl (ou lac Fertő). Ce projet pose la question de la transformation de l’usage des terrains concernés. Aujourd’hui, la plupart sont des terrains agricoles, et très rares sont les parcelles non exploitées. L’emprise du canal de dérivation sur le territoire avec les périmètres de sécurité que cela induit remet en question la configuration actuelle et les futurs usages des espaces qui pour certains se positionneront comme un entre-deux. Avec les réglementations architecturales et urbaines pour les inondations, la sécurité de la population, le développement par le sud de la ville sera limitée par la mise en place sans doute de zones non-constructibles. Pour ce qui est des usages, il est fortement possible que les terrains restent à dominante agricole. Cela pourrait être l’occasion de développer des zones récréatives pouvant attirer des populations slovaques, hongroises et autrichiennes. La réflexion d’aménagement doit permettre l’intégration de l’impact transfrontalier (sur le plan politique, économique et sociale, mais aussi paysager) Sur cette partie au sud de Bratislava, nous pouvons voir que l’enjeu de développement urbain est réel. Un autre projet en cours, « Draždiak forest park », a pour but de devenir l’un des lieux publics centraux de toute la ville. Le projet s’étend sur plus de 62 hectares, composé de forêt, de lacs et marais, alors que jusqu’à présent, le site était seulement occupé par des lotissements datant des années 1970. Il met en avant l’importance du travail paysager mettant en relation la ville et l’espace naturel environnant. Ces deux projets peuvent avoir un impact énorme sur le territoire et conduire à une redéfinition importante des périphéries de Bratislava. Le paysage sera dans tous les cas transformé, et conduira la ville à une évolution importante dans son rapport avec son environnement extérieur.
Alors que de nombreuses villes réfléchissent à comment gérer leurs périphéries et à la question de l’étalement urbain, Bratislava est encore dans une logique d’expansion à travers des projets d’urbanisme et d’architecture considérables. Cela ne ressemble pas au type de développement qu’on pu connaître la plupart des pays européens dans les années 1970 à aujourd’hui, c’est-à-dire un développement à dominante résidentielle. Bratislava et d’autres villes européennes ont connu la construction d’imposants quartiers d’habitations à l’image de la « barre ». Mais la capitale slovaque n’a pas connu par la suite un retour vers les campagnes, à travers un développement pavillonnaire comme cela a pu être le cas en France ou dans le Benelux. Les projets locaux viennent compléter les démarches émises par les programmes européens qui contribuent aux remaniements profonds de la structure spatiale du pays et de
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Bratislava. En vu des enjeux de développement avenir, ces programmes n’abordent pas les questions d’interfaces urbain/rural. Il favorise une logique de compétitivité et de transformation de l’image comme il est cas dans les projets menés à Bratislava dans ses périphéries. Par contre, ce ne sont pas des projets favorisant un étalement urbain diffus, mais plutôt des programmes d’urbanisation créant de nouveaux quartiers composant la capitale et renforçant son rôle. Ces projets font face à une limite difficile à franchir : leur poids financier. Ils n’ont pas toujours l’ensemble des investissements et ceci ralentit leur développement.
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B- Les périphéries de Bratislava, au cœur des enjeux de développement 1/ Une « interface urbain/rural » qui reste encore très proche du cœur de ville L’histoire de Bratislava et de la Slovaquie ont entrainé la configuration que nous connaissons aujourd’hui de la ville : encore peu étalé, des espaces agricoles, forestiers et récréatifs en lisière de la ville. Bratislava se trouve dans un pays où le territoire reste essentiellement rural dans sa 47
composition spatiale . Même la capitale se développe dorénavant rapidement, les décennies ultérieures, sous l’ère communiste, n’ont pas été le signe d’un boom de l’urbanisation. C’est pourquoi la ville n’est pas autant étalée. Cette proximité de la rencontre urbain et rural du centre de l’agglomération bratislavienne a ainsi été préservée. Aujourd’hui, les périphéries de Bratislava doivent être considérées comme un atout. Leur proximité permet à la population d’atteindre facilement et rapidement ces territoires de campagnes pour pratiquer leurs loisirs. De plus, elles forment un vrai poumon vert pour la ville. 63 Afin de se rendre compte de cette proximité, il a été fait le choix de comparer Bratislava à 3 autres villes :
Wien : elle est très proche de Bratislava, mais cette autre capitale d’Europe Centrale à une emprise sur le territoire complètement autre.
Grenoble : en intégrant le périmètre le plus large de l’agglomération grenobloise, la superficie et le nombre de population sont relativement proche à ceux de Bratislava. Référence quotidienne, il est intéressant aussi de mettre en parallèle deux villes vécus en tant qu’usager.
Paris : elle est la capitale de la France, elle permet de mettre en opposition Grenoble, une ville secondaire, mais aussi Bratislava face à une capitale mondiale.
De cette analyse, nous pouvons voir qu’en plus d’avoir une emprise spatiale faible, elle est peu dense. De plus, la morphologie urbaine aérée de Bratislava et l’ensemble des espaces verts qui l’a compose, favorisent l’interpénétration de la ville et de la campagne dans ces périphéries. FIGURE 10 : Comparaison de Bratislava avec d’autres villes européen nes. Source : Charline Sowa 47
L’organisation de la Slovaquie peut être comparée à « Paris et le désert Français » (Repris de Jean-François Gravier). C’est-à-dire que nous avons un territoire composé d’une capitale importante, avec des villes secondaires. Des espaces vides entre les relient.
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65
66
2/ Vers un recul de l’interface urbain/rural
+ Des occupations périphériques ne favorisant pas à une harmonie entre ville et campagne Lorsque nous analysons les lieux d’échange entre ville et campagne dans les espaces périphériques de Bratislava, un constat inquiétant est fait. L’environnement naturel est atteint par les problèmes
48
liés à la croissance de la ville. Les zones résidentielles
empiètent les terres agricoles, et fusionnent avec certaines aires industrielles (produisant des espaces parfois difficiles à vivre). Les paysages bratislaviens se transforment par l’implantation des activités provoquant d’importantes nuisances et pouvant avoir une forte emprise foncière. Par exemple, nous avons à l’Est l’aéroport. Encore d’une faible importance, il risque d’accueillir une partie des dessertes arrivants à Wien. C’est une activité 49
très preneuse en matière de ressources territoriales . Au Sud, le port industriel, puis la raffinerie occupent aussi une place considérable. Le site pétrochimique existe depuis de nombreuses années et a entrainé divers problèmes comme la dégradation des sols et du paysage.
Ces périphéries sont également des zones où perdurent des espaces en friches. Il y a deux éléments importants : les espaces agricoles délaissés (situation sur le site de Podhorsky Pas), et les espaces industriels. C’est le cas du site de « Big Camp », actuellement en attente de reconversion. Souvent peu contrôlés ces espaces se retrouvent dans des projets valorisant une logique de rentabilité économique à travers du logement de haut standing, plutôt qu’une logique de réinsertion des territoires dans leur environnement. + Un avenir qui tend à l’affirmation de la conurbation « Wien-Bratislava »
Comme il a été montré dans la première partie, Bratislava a plusieurs projets en cours de réflexion. Tous se trouvent être dans les périphéries de la ville et offrent : pôle de compétitivité, infrastructures de communication et zones d’activités commerciales diverses. La volonté de développer des voies rapides va permettre de mieux connecter la ville à Wien et Budapest. Ceci conduit à une redéfinition des proximités à travers la création de nouveaux espaces d’échange et infrastructures. Ce sont des espaces très stratégiques pour la mise en place de nouvelles zones d’activités. Bratislava et Wien 48
50
profite de cette mitoyenneté pour développer leur territoire
Pollution et dégradations des sols et des paysages. A la fois dans ces installations, mais aussi des périmètres de sécurité. 50 Elles ne se trouvent qu’à une soixantaine de kilomètre l’une de l’autre. Une heure de train les séparent 49
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En tout, deux aéroports desservent la région. Cette région gère d’importants flux de population. Le programme autoroutier « ring road » complète cette logique. Elle a pour but de relier les deux villes en 30 minutes et va potentiellement permettre un tissage de ces deux villes. Le rôle des travailleurs transfrontaliers (lieu de résidence et déplacements) va permettre l’entremêlement des deux capitales. Les villes se trouvant entre les deux capitales se développeront sans doute de plus en plus pour accueillir ces populations. Cette
proximité
de
deux
capitales
européennes
risque
d’accélérer
leur
développement urbain. Ceci les conduira à leur rapprochement et à leur connexion. Avant que cela n’ait un réel impact spatial, il faudrait mettre en place des politiques de développement territorial à l’échelle de ces deux agglomérations afin de maîtriser au mieux l’urbanisation et les enjeux environnementaux. C’est un moyen pour permettre aux villes slovaques (plus en retard que Wien sur ces questions là), d’intégrer les menaces qui pèsent sur leurs périphéries et d’initier ainsi une démarche plus respectueuse de l’environnement.
68
3/ L’intégration des périphéries de Bratislava dans les réflexions paysagères
+ Intégration du paysage dans le développement territorial Les modifications des outils de la planification territoriale en 2001 ont permis d’apporter une nouvelle dimension. La question du paysage a été intégrée de telle sorte qu’il y ait une réflexion optimisée de la distribution et l’utilisation des terres de façon fonctionnelle. Il est vrai qu’il est complexe d’entrer dans un processus qui cherche à corréler les besoins en espace du développement économique ave ceux des autres activités humaines tout en conservant des paysages de qualité. Cette nouvelle entrée du territoire doit réussir à mettre en place un programme de développement où le logement, la production et les loisirs sont mieux définies en rapport avec l’activité urbaine et les qualités spatiales environnementales.
+ Appropriation de la notion de paysage dans la planification : le cas de Bratislava
A partir de ces changements dans les législations, Bratislava a décidé de lancer une réflexion sur les paysages écologiques. Des chercheurs de l’Institut d’Ecologie du Paysage ont effectué un travail pionner sur les conditions à apporter au paysage pour contribuer au développement de Bratislava et à donner une image optimale de la capitale. Cette réflexion
porte sur une démarche durable du territoire et permet ainsi d’intégrer et de sensibiliser un panel plus grand de populations différentes. Sous la direction de Tatiana Hrnčiarová, l’équipe a présenté l’ensemble des recherches en publiant en 2006 l’ouvrage : Krajinnoekologické podmienky rozvoja Bratislavy (les conditions du paysage pour le développement de Bratislava. + La méthodologie de l’approche Afin de réaliser l’évaluation écologique du paysage de la région de Bratislava, ils se sont inspirés de la méthodologie de la planification du paysage écologique : méthodologie Landep. (Voir annexes 5 et 6) Pour le faire, cinq étapes de travail ont été mise en place : 1.
Analyser le paysage écologique pour permettre de déceler les conditions naturelles, la
structure secondaire du paysage, les éléments positifs du paysage écologique et les facteurs de risque 2.
Synthétiser le paysage écologique répertoriant l’ensemble des éléments fournis par
l’intermédiaire d’un corpus de cartes représentatives des différentes situations 3.
Interpréter le paysage écologique pour élaborer par une analyse synthétique des
caractéristiques du milieu et de définir leurs particularités (fonctionnelles) et les caractéristiques du paysage comme des critères servant à la localisation des activités sociales dans le paysage. 4.
Evaluer le paysage écologique pour établir la pertinence des usages des sols : soit
l’aptitude à localiser certaines activités. 5.
Proposer une orientation établissant le paysage écologique pour établir les activités de
transport (éléments physique et artificiel pouvant avoir une emprise forte) et mettre en place la structure du paysage. Deux axes sont à proposer : Etablir des propositions sur une utilisation optimum des soles pour les 7 activités et les usages nécessaires, et réfléchir à un plan d’aménagement du paysage écologique des régions urbaines. Ce travail peut être un exemple d’outil pour traiter la question du paysage par ses étapes.
+ Les Finalités
A partir de ce travail, ils ont pu dégager les pistes à intégrer dans les prochains changements de Masterplan de Bratislava et projets d’aménagement.
De mettre en place une structure spatiale qui permet la stabilité écologique du territoire et la conservation de la biodiversité
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D’utiliser de façon rationnelle les ressources naturelles
De protéger les sites culturels et historiques ainsi que les bâtiments patrimoniaux
De développer et de protéger le système territorial permettant la stabilité écologique et une qualité environnementale pour l’homme.
Pour finir, ces recommandations doivent servir au plus grand nombres, que ce soit pour le gouvernement de l’écologie ou les paysagistes; mais aussi pour les personnes aux services de l’Etat et des collectivités locales, les étudiants, les écologistes et tous ceux qui ne sont pas indifférents aux problèmes environnementaux. L’analyse menée par cette équipe a permis de dégager les enjeux des interfaces entre urbain et rural dans les périphéries de la ville. Ce sont les endroits où il existe le plus d’interférence et dont la gestion doit être la mieux maitriser dans une démarche de protection des paysages et de l’environnement. De plus, elle propose un projet répondant aux réalités du territoire suite à des inventaires et diverses analyses des usages des sols, en imposant des limites et des points essentiels à justement mettre en avant. Ce travail a pu mettre en place un très bon outil pour 70
le développement futur de Bratislava. Maintenant il ne reste plus qu’a voir dans les projets futurs et dans les prochains changements du Masterplan, si les préconisations sont prises en compte. Un travail reste à faire : réussir à introduire les préconisations dans les prochains projets de la ville. Cela passe par une appropriation de la problématique des paysages par les acteurs locaux. Ils sont encore dans une logique de rentabilité de l’espace par un développement quantitatif des territoires. La valorisation du paysage doit passer par la production d’espaces de qualités.
C- Etude de cas : Podhorsky Pas, une interface en devenir Aujourd’hui, le site de Podhorsky Pas est un atout pour Bratislava. La position de Podhorsky Pas le place au cœur des enjeux du développement futur de la ville. A proximité du centre-ville, proche de la nature et avec un foncier agricole en pleine mutation, le site peut 51
devenir l’un des territoires les plus en vue de Bratislava pour ces 15 prochaines années .
71
FIGURE 11 : Position de Podhorsky Pas dans la ville de Bratislava Source : SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, p.17
1/ Les atouts du site
Ce site est particulier à Bratislava du fait de : sa position dans la ville et sa superficie son orientation et ses paysages ses usages particuliers offrant un cadre de vie (agricoles et résidentiels)
51
Un contexte en pleine mutation favorisant un développement urbain fort.
+ Une position stratégique dans la ville
Podhorsky Pas se trouve au Nord de Bratislava, et appartient au district de « Nove Mesto / Raca ». Configuré en bande linéaire d’environ 5 km de long sur 1 de large, le territoire offre un espace disponible d’une très grande ampleur (environ 500ha), et de ce fait, un nouvel espace foncier accessible. Sa position au pied des montagnes, les « Petites Carpates », lui permet de profiter de la pente douce de celles-ci et d’avoir une orientation vers le Sud. Sa morphologie lui offre un ensoleillement optimal et des panoramiques sur la ville exceptionnelle, tout en créant un rappel intéressant entre la ville et la campagne. Le site fait partie intégrante du réseau d’eau naturel et artificiel de la région. Elle est dans une certaine mesure une réserve écologique pour la ville. Ses sous-sols contiennent des nappes phréatiques importantes. Des ruisseaux qui structurent le territoire et connectent de cette manière le site au Danube. Sa grande quantité en espaces verts l’intègre également au système de parcs et jardins existant sur Bratislava. Il contribue pleinement au maintien du système de biocorridors de la ville, entre les « Petites Carpates » et le fleuve. 72
Au-delà de ses atouts morphologiques et géographiques, le site à l’avantage d’être aussi connecté à la structure urbaine de la ville. Même si les connexions routières ne sont pas nombreuses, cette intégration au réseau lui permet de faciliter son accessibilité et participe à son attractivité -
52
:
les voies de dessertes routières lui permettent d’être connecté à l’un des axes principaux de Bratislava (Račianska) qui lui-même permet de rejoindre le centre-ville et les axes autoroutiers périphériques.
- Il est connecté au réseau ferré au niveau de ses entrées par l’intermédiaire de deux 53
gares . - Des lignes de bus et de tram connectent le site directement et indirectement à l’ensemble du réseau de transports en commun de la ville
Cette diversité des accès permet à la population une appropriation plus facile du site. Avec l’ensemble de qualités spatiales et géostratégiques du territoire, la ville dispense d’un territoire encore peu atteint par une urbanisation massive, mais qui détient suffisamment d’infrastructure pour le connecter à la ville lorsqu’un projet d’ensemble sera développé.
52
Remarques issus de l’analyse de la structure des déplacements produit dans : SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, p. 56-71 53 au sud (Hlavna Stanica – Gare centrale de Bratislava) et à l’est (Vinohrady Stanica) deux gares qui desservent le site.
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+ Un espace hybride permettant la connexion entre ville et nature Même si le territoire appartient à la ville de Bratislava, nous pouvons voir qu’il a longtemps relevé d’une occupation essentiellement « rurale » : entre habitats individuels et espaces agricoles à dominante viticole. A cela viennent se compléter les jardins, particularité de la culture locale slovaque, qui se regroupent sur le site à travers des zones bien 54
définies.
(Voir annexe 7)
Ce pêle-mêle, entre habitat et espaces verts de différents genres, permet de produire une relation intéressante entre la ville structurée par l’homme, marquée par les systèmes urbains de l’époque communiste, et la forêt qui propose une forme et un développement plus aléatoire. Du fait que Podhorsky Pas se trouve en périphérie de la ville, sa configuration actuelle permet une transition progressive urbain/rural. Cela se voit sur la question de la densité. L’entrée du site est structurée par une morphologie compacte de l’urbain (immeubles et maisons rapprochés), pour ensuite être plus diffuse et moins dense sur le reste du site. Les maisons sont parfois regroupées entre les espaces viticoles. Comme il a été indiqué précédemment, les différents réseaux naturels (végétal et aquatique) contribuent à ces liaisons. Ceci permet des continuités à la fois visuelles et 74
environnementales à plus grandes échelles et réduit les fractures territoriales.
Pour permettre ces liaisons, la question du paysage est primordiale sur Podhorsky Pas. Il permet de donner un cadre très riche à proximité du centre-ville. (Voir annexe 8) Comprendre la structure du paysage permet de guider le regard et de connaître les 55
éléments particuliers du site. Deux regards sont à avoir sur le site . Suivant notre position, la perception est différente et permet de produire des interactions. Depuis la partie basse du site, en direction de l’amont, un sentiment physique d’intégration à la campagne s’opère. L’emprise de l’espace viticole est perçue. La structure urbaine s’efface entre les différentes composantes naturelles (vigne, champs, bosquets, forêt). Depuis le haut du site, le paysage est complètement différent : il est ouvert et nous découvrons un panorama qui s’étend à perte de vue, nous pouvons voir l’intégralité de la ville de Bratislava, son urbanisation et ses particularités. La campagne semble préserver de la ville.
54
Des zones spécifiques de Podhorsky Pas sont entièrement constituées de petits terrains dédiés composés de jardins et de bungalows. Une sorte de zonage des espaces s’opère. 55 La production d’une analyse paysagère décrivant la composition de l’espace sous différents angles a permis de faire cette constatation dans : SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, p. 56-71
+ Un territoire qui peut prétendre à sa propre identité
Face à une ville qui tente de développer une image nouvelle promouvant son indépendance politique et sa nouvelle adhésion à l’Union Européenne, les qualités propres que dégagent Podhorsky Pas ne sont pas prises en compte dans les mouvances actuelles. Bratislava recherche une image de marque à travers la réalisation de projets de grandes ampleurs représentant l’essor économique du pays : centres-commerciaux, et autres pôles technologiques. Podhorsky Pas regroupe naturellement un ensemble d’éléments qui lui permet d’avoir sa propre identité face au reste de la ville. C’est pourquoi, il faut réussir à les valoriser dans l’avenir. Ses atouts spatiaux lui donnent la possibilité d’expérimenter liaisons possible ville/campagne à proximité du centre historique. Les points forts de cet espace sont tout d’abord les vignes et les jardins. Elles sont repérées et situées par la population locale. P.P est le dernier territoire en proximité du centre à détenir encore autant de superficies exploitées par le milieu viticole. Elles représentent la culture et l’économie locale. Les jardins sont une autre particularité locale. L’habitat est un élément structurant du site. Même si les formes et les couleurs ne sont pas toujours appréciés par les locaux, il donne une spécificité au site où se superposent couleurs variées, maisons traditionnelles et modernes. Il n’existe pas de règles strictes d’urbanisme comme en France, mais cela contribue à son originalité. P.P. est aussi pratiqué dans le cadre d’activités en plein air comme le vélo, mais le site n’est pas encore exploité pleinement pour ces types d’usage. La faible occupation des routes et les espaces libres en attente de reconversion offre un potentiel important pour développer des zones récréatives accessibles rapidement depuis le centre de la ville. Une zone concentre une partie de l’histoire industrielle de la ville : l’ancienne carrière de pierre. Actuellement, peu exploitée, elle est l’unique espace protégé de la zone. Elle détient entre des atouts lui permettant une reconversion intéressante.
Identifier les atouts doit permettre de poser les axes de réflexion sur les moyens de reconnecter la ville et la campagne à travers cette interface. Ceci permet à la fois de mettre en place une dynamique de valorisation du site à travers l’emploi des qualités du site comme éléments de couture. Dans le cas de P.P., les espaces viticoles et d’habitation devraient être des éléments permettant d’articuler l’urbain et le rural. De plus, ceci permet à cette « interface urbain/rural » de mieux s’identifier grâce à une définition précises de ces qualités.
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2/ Des menaces pèsent sur l’équilibre urbain/rural
+ Un espace cloisonné, replié
Podhorsky Pas est relié au réseau routier, mais cette remarque est à modérer. Sa configuration et son manque d’infrastructures de connexion (pont ou tunnel) ont tendance à l’enfermer. Leurs manques de lisibilité et d’entretien favorisent ce phénomène.
Le positionnement de la voie ferrée crée une coupure visible et perceptible du site avec le quartier juxtaposant le site Cette barrière physique accentue son isolement et son manque d’intégration dans l’approche territoriale de la ville. Bratislava a pour projet de créer une voie automobile rapide permettant de relier les deux extrémités de la ville. Ce nouvel axe routier viendrait consolider et amplifier l’existence de cette barrière.
Les entrées sur le site ne sont pas nombreuses, désuètes, et peu praticables pour un usage autre que la voiture. Les piétons ou les cycles n’ont pas un accès aisé leurs loisirs. Parfois, la position de ces entrées est difficilement compréhensible. C’est d’ailleurs le cas au 76
niveau de la gare de Vinohrady. La question de la connexion avec l’extérieur du site est à intégrer, mais nous retrouvons également le même problème au sein du site. Les découpages qui existent au sein même du site sont en effet tout aussi déroutants. Une seule voie routière relie l’ensemble du site et, celle ci ne dessert pas les aires se trouvant sur la partie haute de la zone. Le système de circulation est complexe. Chaque espace s’organise de façon indépendante. En matière d’occupation spatiale par le bâti, ce manque de cohésion provoque une urbanisation ponctuée et discontinue.
Certaines remarques sont tout de même à modérer. La ville a intégré les problèmes de connexion des espaces internes et le manque d’entretien de la voirie. Dans le dernier plan de zone (2007), elle a lancé un projet de voirie améliorant l’accessibilité à l’ensemble du site.
+ Une multiplicité des propriétaires affaiblit le territoire Podhorsky Pas est constitué d’une multitude de petites parcelles, toutes appartenant à des propriétaires différents. Pour comprendre cette subdivision, il est important de repositionner le site face à l’histoire politique de la ville et du pays.
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Pendant l’ère communiste, la gestion des sols était orchestrée autour d’une approche collectiviste. Tous les terrains appartenaient à l’Etat. Lorsque le pouvoir politique a changé dès 1989, les terres ont été rendues aux propriétaires initiaux. Très souvent, ils revenaient aux descendants des premiers propriétaires qui généralement n’avaient pas perpétuée la culture de la terre. Cette redistribution a entraîné un redécoupage important des parcelles. Aujourd’hui, le site contient un nombre important de petites parcelles et rares sont celles qui ont été fusionnées. Beaucoup d’entre elles sont abandonnés. Même s’il existe une coopérative agricole, cela n’est pas assez pour continuer à exploiter les espaces viticoles de l’ensemble du territoire. Le manque d’intérêt de ces espaces par les propriétaires entraîne la vente des parcelles. Ne les exploitants pas, cela peut être une ressource financière. Les promoteurs immobiliers profitent de cette opportunité pour acheter les terrains afin de proposer des projets de logement. Ils arrivent souvent qu’ils ne répondent pas aux ambitions du plan de zone. Un nouveau type d’architecture se développe alors que jusqu’à présent, il était produit uniquement des maisons individuelles. Une véritable transformation du paysage est en train de s’opérer. 78
Ces projets de logement ne répondent pas à la réelle demande de la ville. La 56
population n’a pas les moyens d’accéder à ces logements . + Un espace qui a tendance à se réduire : l’avancée de la ville et de la forêt
Deux phénomènes de développement du territoire menacent le territoire. L’évolution de la forêt entraîne le déplacement des limites de P.P. Son manque d’entretien et la désuétude de plus en plus marquée des vignes conduit à sa descente dans la vallée. Par conséquent, elle accroît son emprise sur le territoire et dégrade la qualité paysagère. En parallèle, le développement de la ville devient une autre menace. Les projets de développement de la ville sont friands d’espaces et Podhorsky Pas offre un espace foncier très attractif. Depuis environ cinq ans, nous constatons que les projets sont en constante augmentation. Les analyses cartographiques du site révèlent que P.P. aurait tendance à se développer sans un réel contrôle de l’urbanisation. Les prochaines phases de développement montrent que l’espace commence à être occupé sur sa partie haute, en lisière de forêt. Petit à petit, cela conduira à un englobement des terres agricole. Si ce
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Ils sont plutôt demandeurs d’une offre de logements sociaux (politique non développé en Slovaquie pour le moment) et beaucoup de ces nouvelles constructions restent vacantes. Leurs « qualités » ne sont pas appréciées par la population qui préfère un type d’habitat plus traditionnel
mouvement se développe, cela pourrait provoquer des coupures nettes entre les terres agricoles et la forêt. Une réduction des espaces verts et agricoles est à imaginer et pourrait produire une perte d’un élément de la culture locale
+ La faible emprise de la ville : peu de maitrise du développement de Podhorsky Pas A l’heure actuelle, la ville possède un seul territoire sur le site : l’ancienne carrière, qui se trouve en plein cœur du site. N’ayant pas une plus grande emprise, il est difficile pour elle de mener des projets d’aménagement de plus grandes ampleurs. Son champ d’action est restreint, même si elle met en place de règle d’urbanisme.
Le manque de prise en main de la municipalité se ressent aussi dans les relations entre les différents acteurs car chacun travaillent isolement. Pour ce qui est des projets à venir à plus grande échelle mais impliquant le territoire, les orientations de la ville ne permettent pas d’améliorer sa désuétude et son cloisonnement, mais vont au contraire les renforcer. En complément du projet de routes renforçant la fracture avec la ligne de chemin de fer, une seconde voie va venir créer une nouvelle coupure : un tunnel routier démarrera du côté de Vinohrady pour ensuite sortir du côté de Lamač-Dubravka. Il doit permettre le contournement de toutes la zone Nord de Bratislava et par la suite, rendre Modra (et l’est de la Slovaquie) accessible plus rapidement à l’autoroute menant à Wien et Prague.
Pour finir, la ville est encore dans une logique de développement intensive, et ne contrôle pas encore tous les phénomènes que cela induit. Même si la municipalité commence à lancer des réflexions sur le site, notamment sur la création de jardins suspendus, il est encore difficile de mettre en place un projet de territoire englobant l’ensemble du site.
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3/ Mode d’emploi d’une gestion de l’ « interface urbain/rural »
Podhorsky Pas est un territoire qui regroupe de nombreux atouts permettant de produire un territoire de transition entre ville et campagne. Cela lui donne la possibilité de lancer de nouveaux défis de territoire. C’est pourquoi, il est impératif de mettre en place des mesures qui contribueraient à la mise en valeur de Bratislava par l’amélioration de ses relations avec la campagne et ainsi, qui permettraient d’ouvrir une nouvelle possibilité de développement à travers l’image d’une Capitale en contact étroit avec la nature et les campagnes environnantes. Ces préconisations doivent être intégrées rapidement, car le territoire en perpétuel mouvement évolue trop rapidement sans forcément être raisonné. Ainsi, il faut trouver des solutions concrètes agissant sur le court et le long terme. La plupart des informations sont issus de constats réalisés dans le cadre d’un 57
diagnostic du site de Podhorsky Pas . Les diverses analyses ont agrémenté les deux premières parties de l’étude de cas. Le diagnostic, les scenarii ont permis d’inspirer cette dernière partie. 80
+ Une réappropriation inévitable et obligatoire pour son avenir L’un des éléments qui fait le plus défaut au site est le manque d’investissement des différents acteurs du territoire. Actuellement, Podhorsky Pas dépend des fluctuations du marché économique (agriculture) et immobilier. Dans cette optique de réappropriation, la municipalité aurait un rôle très important à tenir afin de montrer à la population et autres acteurs économiques et sociaux que Podhorsky Pas pourrait être réinvesti de façon pérenne et raisonné. La ville reprendrait sa place de gestionnaire de l’espace, en proposant un nouveau regard sur le site et en l’intégrant au système général de planification de la région de Bratislava. Ainsi, les développeurs et les acteurs de la planification répondraient à ces nouvelles exigences car ils devraient les appliquer à travers leurs projets. Il faudrait qu’ils arrivent également à intégrer leur démarche dans un système d’organisation spatiale allant plus loin que le niveau parcellaire. De plus, cela dépasserait la logique de développement intense de la ville en proposant des programmes et des plans d’action répondant à la réalité du terrain. Les usagers constitués des habitants, des propriétaires, des agriculteurs, mais aussi des passants occasionnels, pourraient se rencontrer et réfléchir ensemble à leur territoire.
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SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, 110 p.
Ceci orienterait le territoire sur l’instauration d’une approche participative entre les différents acteurs. Cela permettrait ainsi d’avoir des résultats très intéressants. En France, ce type de travail commence à être développé dans de nombreuses villes. En Slovaquie, ce travail est rendu difficile par les traces du passé communiste encore pesante. Ils n’ont pas encore cette culture de l’échange entre les différents niveaux d’acteurs. Ce travail de communication peut être bénéfique pour obtenir une vision du territoire plutôt fine. Par exemple, les urbanistes et les cartographes peuvent disposer d’informations issues des vignerons afin de répertorier les espaces agricoles encore en activités, abandonnés, et cours de transformation.
+ Contrôler et gérer les projets en cours
Le site est régi par le dernier Masterplan de Bratislava et son plan de zone (2007). Les plans ne sont pas toujours respectés. Ils ne représentent pas forcément la réalité du terrain. Il est vrai qu’il existe des écarts parfois importants entre les informations fournis par le plan de zone et une orthophoto. Nous pouvons trouver des zones bâtis alors qu’elles sont sensées être des espaces non constructibles. Ainsi, il serait primordial de produire des inventaires des projets en cours et à venir, mais aussi d’actualiser les plans de zones selon les réalités du terrain.
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Il faut que la maîtrise foncière soit plus prononcée par la municipalité afin d’éviter la vente de terrain à des promoteurs immobiliers qui ne respectent pas les projets du site et les indications fournies par les différents plans régulateurs. Il faut ainsi rendre plus contraignant la réalisation des projets et demander à ce que les projets proposés répondent à de véritables besoins. Les études préliminaires et les rencontres avec la population doivent prendre une tout autre importance et doivent servir de pilier pour les projets.
+ Développer un projet de territoire concret et cohérent :
De son envergure et les enjeux actuels de développement autour des questions environnementales (pollution, préservation de la nature, etc.), l’insertion de Podhorsky Pas dans le système urbain de Bratislava serait à repenser à trois échelles différentes :
Echelle de la ville et de sa région :
Il faudrait le positionner dans l’agglomération et l’intégrer aux réseaux existants, et s’il le faut en créer de nouveaux. Cela conduirait à la valorisation et à la redynamisation des trames préexistantes du type « trame verte » et « trame bleue », en mettant un place un maillage 58
La carte de l’état actuel du site de P.P. “Current state” est intéressante sur ce point de vue là. Les indications du Masterplan ont été comparées avec les réalités du terrain par des visites de site et des orthophoto récentes. SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, p. 54-55
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allant jusqu’au Danube, et connectant les différentes parties du territoire. Il ne faut pas non plus négliger le poids que pourrait avoir ce site par rapport à « la route du vin » (en étant l’un des derniers espaces à usage viticoles dans Bratislava) qui va jusqu’à Modra. Cela pourrait devenir un nouvel élément d’attractivité culturelle et touristique mettant en avant la culture locale.
Echelle du périmètre d’étude :
Il faudrait rendre le territoire cohérent et le réinsérer dans la ville. Il est important de développer un projet lui permettant de reconnecter ces espaces intérieurs entre eux. Cela permettrait une fluidité des déplacements et l’accessibilité à tous, tous en structurant les niveaux de voiries et d’usages. Il ne faudrait pas non plus permettre de surconsommation de la voiture sur P.P. A partir de l’existent, il faudrait proposer un projet plus adapté aux besoins locaux. Une réflexion sur la reconversion des espaces en abandon pourrait être menée. Suivant les scénarios qui seraient mis en place (tout urbanisé, intermédiaire, conservation extrêmes des espaces ruraux), cela influerait beaucoup sur les propositions. Aussi bien, ils pourraient devenir des espaces constructibles, ou devenir des parcs et espaces de loisirs. Ainsi, ceci 82
n’aurait pas le même impact sur le paysage. C’est aussi permettre de penser le site avec son environnement extérieur direct, afin de recoudre l’espace avec la forêt et la ville, les faire interagir mais aussi permettre de conserver de façon lisible l’interface qui existe entre ville et campagne. La mise en place d’une stratégie de territoire peut être un moteur d’action important.
Echelle parcellaire
Cette échelle est beaucoup plus de l’ordre de l’architecte, mais demande une réflexion gardant les logiques et les axes indiqués dans les plus grandes échelles. L’échelle de la parcelle permettrait de mettre en place des dispositifs expérimentaux afin de travailler les relations ville-campagne et ainsi réfléchir au type de production que cela pourrait rendre en matière d’architecture, de paysage, d’usage et de morphologies de 59
l’espace.
+ La campagne en ville : profiter de cette opportunité pour en faire un des atouts de Bratislava
Finalement, la population locale sera la première bénéficiaire de cet espace : pour se récréer, se reposer. Étant donné qu’il y a une forte recherche d’un rapport avec la nature 59
Une réflexion a commencé à être porté sur l’interaction à l’échelle du parcellaire des jardins, des vignes, du bâti et des biocorridors afin de produire des aménagements particulier. SOWA C. et VOILLOT A., Podhorsky Pas - Nove Mesto : Urban Study, FASTU, Bratislava, Juin 2010, p.101
dans les modes de vie dans la culture slovaque, la conservation du site serait d’autant plus appréciée.
Le traitement paysager et des usages seraient importants pour mettre en relation et coudre les différents espaces structurant le site. Cela permettrait une transition entre la ville et la forêt. L’approche sensible de l’espace a un rôle à jouer pour percevoir les interactions possibles. Le développement des échanges (humains, déplacements, spatiaux, etc.) tisserait l’espace de façon plus profonde. Le cas de Podhorsky Pas montre l’importance de tirer parti des qualités du site qui doivent être valorisé pour le traitement de l’interface
Cela serait intéressant d’insérer le site dans une démarche de tourisme « vert » et culturel à Bratislava et en Slovaquie. Un nouveau type d’économie pourrait ainsi se développer et être bénéfique dans la reconnaissance de la Capitale en Europe. Elle valorisait une qualité particulière propre tout en requalifiant ces interfaces entre ville et campagne. Maintenir et sauvegarder les espaces ruraux en proximité de centre-ville pourraient permettre aux petits exploitants de faire perdurer une pratique et une économie locale. Ensuite, cela contribuerait au maintien d’un poumon vert autour de Bratislava, essentiel pour elle qui possède, dans l’une de ses extrêmes périphéries une importante plate-forme pétrochimique.
L’objectif final serait de produire des espaces de qualités mettant en symbiose ces territoires différents, et permettant de réaliser un paysage particulier correspondant à l’interface et non en tant que délaissés du territoire. La suite du travail, face aux pistes ressorties jusque là, proposera une réflexion sur la manière dont ces espaces intermédiaires en périphérie des villes, pourraient être traités afin d’améliorer les relations villes/campagnes et mettre en place leur propre identité.
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PARTIE 3 : CONCLUSIONS A TIRER Une nouvelle approche pour répondre aux enjeux futurs du développement territoriale
De plus en plus de chercheurs et aménageurs réfléchissent à une redéfinition de ces territoires d’interface et à leur devenir. Initialement structurées de façon distincte, la première partie de la réflexion a permis de montrer que la ville et la campagne tendent aujourd’hui vers un entremêlement et une interpénétration. Les périphéries des villes où se produit cette rencontre composent des nouveaux espaces. Les aires périurbaines est l’exemple le plus flagrant mais elles n’intègrent pas l’ensemble des problématiques annoncées par la notion d’ « interface urbain/rurale ». Le cas de Bratislava nous a permis de mieux saisir les enjeux d’une telle approche spatiale. Il faut voir différemment ces espaces : ils ont des caractéristiques propres et leur reprise en main doit permettre au renouement harmonieux entre la ville et la campagne. Cette dernière partie a pour but d’analyser cette nouvelle considération du territoire à partir des éléments clés ressortis tout au long de la réflexion. Ceci permet de s’interroger sur les axes possibles permettant le développement de l’espace.
A- Analyse de la notion d’ « interface urbain/rural » + Définition de l’ « interface urbain/rural » La réflexion a regroupé différentes descriptions et analyses de l’ « interface urbain/rural ». Ainsi, ceci a permis d’établir sa définition : C’est un territoire englobant l’urbain dense et subissant les influences conjointes des milieux urbains et ruraux. C’est un espace en mouvement dont le développement n’est pas uniforme. Cette position ambiguë, induit des difficultés de définition de son statue et de son identité. Les différents acteurs ont des difficultés à s’en saisir par la complexité des relations qui s’y développent et des outils d’aménagement souvent mal adaptés. Zone ni vraiment urbaine, ni vraiment rurale, cet entre-deux se caractérise par un développement d’espaces sectorisés. La position de ce territoire est idéale par sa proximité avec les deux grands milieux. Elle permet le développement de l’ensemble
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des activités économiques, récréatives et résidentielles. Ces espaces sont des éléments intéressants pour établir des connexions entre ville et campagne, que ce soit morphologiquement, mais aussi sur le plan social et politique.
86 + Des caractéristiques qui lui sont propres L’ « interface urbain/rural » a des caractéristiques propres qui réinterrogent perpétuellement la dichotomie de la ville et de la campagne :
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Un problème de nomination
Une succession de termes décrivent ces périphéries urbaines. Ils se complètent mais paradoxalement contribue à sa marginalisation. L’inexistence d’une appellation propre rend difficile l’appropriation du territoire : il n’est pas saisissable et fixé. Du fait de la complexité de sa structure, par la multiplicité des usages urbains et ruraux, l’ « interface urbain/rural » est trop souvent réduite au la nomination d’ « espace périurbain ». Concept connu par tous, décrit, qualifié et quantifié, il permet de fixer plus facilement l’espace, alors que l’ « interface urbain/rural » va au-delà de cette image. L’interface intègre le périurbain qui lui-même se trouve en marge de l’urbain. Il est souvent oublié que l’interface est aussi composée d’espaces ruraux, où existe une prédominance des espaces agricoles. La vision de ce territoire conduit à sortir de la notion de « frontière » et de « limite ». Elle remet en question l’approche bornée de l’espace et conduit à une redéfinition des repères spatiaux.
-
Des conflits d’usage et un espace mal maîtrisé
L’interface a la particularité de concentrer des usages urbains et ruraux. Ils se superposent mais il n’y a pas une réelle communication (entre les espaces, entre les occupants, entre les acteurs locaux, etc.). Cela empêche la cohérence territoriale et une réflexion stratégique de l’espace. Il est souvent délaissé par la volonté politique. Leur prise en main est difficile par ce problème de nomination, mais aussi par l’appartenance (quel acteur est le plus apte à se l’approprier). Les outils existants ne permettent pas toujours une bonne intégration de ces espaces. Le manque d’intérêt des acteurs montre la faible prise de conscience des qualités et des potentiels de ce territoire d’interface. Les projets menés prennent peu en compte le contexte ce qui fracture l’espace plutôt que de le connecter
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Un territoire en mouvement
Cet espace est une forme mouvante en perpétuelle fabrication. C’est un patchwork qui se redéfinit tout le temps. Le territoire vit, la ville s’agrandit et les campagnes s’affaiblissent (et vice-versa). C’est un entre-deux qui se retrouve à avancer, reculer, s’élargir et se réduire selon les besoins et les attentes de la société. Certaines surfaces sont en attente de projet, alors que d’autres changent d’occupation très rapidement. Le mouvement se retranscrit dans la façon dont l’homme occupe l’espace. Il devient de plus en plus mobile. Il se déplace entre la ville et la campagne ce qui permet des échanges de toutes sortes. Le territoire se retrouve dans un espace/temps où dominent la distance et la rapidité.
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Une morphologie du paysage particulière.
Il représente le lieu de l’individualité. La capacité d’accueil de l’espace a permis l’implantation de nouveaux types d’occupation favorisant cette position sociale : développement de l’espace pavillonnaire, création des zones commerciales et des centres de loisir. Sa grande échelle (emprise spatiale) favorise l’usage des transports individuels, comme la voiture plutôt que ceux collectifs (ex. : réseaux de transport en commun présent en zones urbaines). Etant donné que les distances s’allongent, le sentiment de proximité aux services se réduit et cela met à mal les liens sociaux. C’est aussi un espace de connexion. La prédominance de l’automobile génère le développement des réseaux routiers. Ces infrastructures permettent de relier les différents territoires. Il peut aussi accueillir les plateformes multimodales du fait des espaces disponibles (aéroports, réseaux ferrés, échangeurs, etc.). Mais c’est aussi un espace permettant la connexion des corridors écologiques Il sert de nœud d’échange entre les structures naturels du milieu rural et du milieu urbain.
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+ Une capacité à répondre à certains enjeux actuels Les caractéristiques de l’ « interface urbain/rural » lui permettent de répondre à certains enjeux actuels pour le développement territorial :
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aux enjeux environnementaux
Sa capacité d’intégrer les réseaux de communication et de transports, ainsi que les corridors écologiques pouvant favoriser les modes doux permettrait de retravailler les échelles et de réintégrer l’homme dans le territoire de façon nouvelle. Par l’utilisation résonné et économe du sol, elle pourrait offrir une meilleure gestion et coordination des usages et ainsi, une réponse au développement territorial à venir. Sa position la conduit à s’adapter et proposer des solutions aux fluctuations de la ville (exemples : vers une ville plus compacte ? ou quelle évolution pour l’étalement urbain) et de la campagne (exemple : conservation ou mutation des surfaces agricoles ?)
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aux enjeux économiques
C’est un lieu d’avenir pour le développement local. La proximité des exploitations et des 88
industries avec les habitants favoriserait les circuits courts : production, transformation et consommation. Ce nouveau type d’économie intégrerait de nouveaux consommateurs et produirait de nouveaux liens sociaux. Les producteurs60 seraient ainsi mieux reconnus et cela intègrerait la mouvance actuelle : une population recherchant aujourd’hui de nouveaux rapports à la proximité qui avaient disparu en ville comme dans les périphéries.
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à un travail de l’image
L’intérêt serait de passer d’un marketing urbain vers à marketing territorial. On passerait d’une compétition entre la ville à un intérêt commun de valoriser un territoire dans son ensemble. Il faudrait valoriser ses spécificités et permettre ainsi de renouer avec le milieu rural pouvant parfois être mis à l’écart. Ceci permettrait aussi de retravailler les entrées et les lisières de ville, en mettant en relation la ville et la campagne par une couture spatiale. C’est un espace de liaison qui ne doit pas être négligé : elle donne la première image de la ville et de la campagne.
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Pour les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) et les espaces maraichers des périphéries, c’est une réelle opportunité qu’ils peuvent prendre pour valoriser les cultures locales.
B- 3 axes d’action à mettre en œuvre
Pour répondre aux enjeux, il est important que le développement du territoire d’interface soit planifier et mieux gérer pour aboutir à une organisation socio-spatiale structurée. Le rôle des acteurs n’est pas négligeable : une réflexion conjointe permettrait d’impulser une synergie d’actions concrètes. Pour se faire, la démarche se développerait autour de 3 axes : la gouvernance, la planification du territoire et la gestion foncière. Ceci permettrait de définir les préconisations possibles à mettre en place : moyens et des outils d’actions. Souvent, ces outils existent déjà, mais ils ne sont pas assez maîtrisés ou adaptés pour une utilisation optimale dans ces espaces. De cette manière, l’interface serait mieux définie, identifiée et intégrée dans nos systèmes de pensées qui jusqu’à présent était uniquement autour de la dichotomie « rural/urbain ».
+ Gouvernance La structure complexe de l’ « interface urbain/rural » est à mieux prendre en compte. Pour sa meilleure intégration dans le système territorial existant, l’émergence d’un intérêt collectif est essentielle. C’est pourquoi, il faudrait aboutir à un système de gouvernance pertinent. L’approche dualiste de l’espace (opposition ville/campagne) est à dépasser et doit s’ouvrir afin de développer cet espace à travers un projet de territoire. L’intégration de la nécessité d’une démarche coopérative après des acteurs concernés serait l’un des éléments générateurs de ce nouveau type de gouvernance. Cela passerait par une identification de l’ensemble des acteurs impliqués dans la composition de l’« interface urbain/rural ». Ce serait connaître : les individus qui la pratiquent (le locataire, le propriétaire, l’exploitant, le visiteur, etc.) – les regroupements associatifs et économiques qui l’animent (coopératives agricoles, industrielles et commerciales, les comités d’habitants, etc.) – mais aussi l’ensemble des acteurs politiques qui la gèrent et la structurent (communes, CC – CA – CU, EPCI, SEM, département, région, l’Etat, l’U.E., etc.). La mutualisation des connaissances serait l’un des moyens de connaître plus finement les caractéristiques du territoire. Ce serait aussi le moyen de regrouper les informations des projets passés, en cours et à venir, mis en place par les acteurs locaux des milieux urbains et ruraux afin d’établir un projet cohérent. La finalité serait d’arriver à mettre en place une réflexion collective autour d’enjeux communs de territoire.
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Pour ce type de réflexion, il est intéressant de regarder l’organisation des partenaires de la charte de Pays61. Un conseil de développement est à la tête de la structure organisationnelle. Constitué d’élus et parfois des acteurs économiques importants, il définit les enjeux déterminants pour parvenir à un projet commun. Il émet également des avis, des propositions et accompagne les projets. Des commissions de réflexions thématiques composées d’élus, d’acteurs économiques, sociaux, culturels ou associatifs mais aussi de citoyens vont émettre des propositions d’actions (prenant en compte les axes émis par le conseil de développement) aux communes faisant parties de la charte. Les Parcs Naturels Régionaux62 ont un peu la même approche. Ils. A la différence des SCOT ou PLU qui n’engagent que les élus dans l’établissement d’un documents de cohérence urbaines, il cherche à mettre en place un « projet de territoire » autour d’une charte en faisant intervenir les différents types d’acteurs (politiques, économiques et sociaux) dans la réflexion du projet. Tous les deux sont mieux adaptés pour le milieu rural. Dans le contexte de l’interface, ils pourraient rencontraient des limites dans la rencontre avec le milieu urbain qui n’ont pas les mêmes problématiques spatiales. Pour mettre en place une gouvernance de l’interface efficace, il faudrait passer par la 90
définition des échelles de travail pertinentes. Les échelles sont de 2 types : celle de la temporalité et celle de la spatialité. Elles n’ont pas les mêmes finalités, mais sont complémentaires pour le développement de l’interface. Travailler à court ou moyen terme permettrait d’agir localement et rapidement. Pour cette échelle du temps, intervenir sur une petite échelle spatiale serait le plus adéquat comme au niveau des communes voire sur des zones plus petites (quartier ou parcelle). La vision à long terme conduirait à une tout autre approche : avoir un projet global sur l’ensemble de la zone d’interface. Ceci permettrait d’agir sur l’ensemble d’un bassin de vie. Le traitement de l’espace par un regroupement en intercommunalité serait à envisager. L’interface pourrait aussi être perçue à une plus grande échelle : sur un territoire beaucoup plus vaste, intégré au réseau départemental ou régional voir européen pour certains territoires. Cela ferait intervenir des niveaux d’acteurs supérieurs qui seraient plus
3
Un Pays est un territoire de projet fédérant les acteurs locaux autour d'une charte, d'un conseil de développement et d'un contrat passé avec l'Etat et les régions. Il a pour vocation de stimuler les initiatives locales et les pratiques participatives. Leur périmètre est souvent celui d’un rassemblement de petites communes souhaitant étendre les compétences. 62 Un parc naturel régional (PNR) est un projet de conservation du patrimoine naturel et culturel partagé sur un territoire cohérent (parfois en dehors des limites administratives classiques), créé par des communes contigües qui le souhaitent. La Charte d'un PNR définit le programme de conservation, d'étude et de développement à mettre en œuvre sur le territoire.
apte dans la prise de décisions spécifiques allant au-delà des compétences des intercommunalités par exemple.63
+ Planification du territoire Le traitement de l’ « interface urbain/rural » serait de travailler à toutes les échelles et de les articuler. Comme il a été dit précédemment, chaque échelle d’intervention n’intègre pas la même approche spatiale et donc, les mêmes types de projets d’actions. Intervenir à l’échelle macro conduirait à établir un projet de territoire au niveau d’un bassin de vie. L’interface serait vue dans son ensemble et cela permettrait d’établir une cohérence entre les différents espaces la composant. Le schéma de cohérence territoriale (SCOT) serait un outil pertinent pour cette échelle. Il permet de définir les orientations fondamentales de l’organisation du territoire et de réfléchir à l’évolution du territoire en intégrant ses limites périphériques (limite d’agglomération, entre ville et campagne). Par contre, l’ « interface urbain/rural » peut remettre en question les périmètres d’intervention. Il arrive que son emprise aille au-delà de ceux-ci et ainsi, il deviendrait difficile de la traiter dans son intégralité. Le travail d’inter-SCOT permettrait de mieux gérer ces interfaces en articulant les orientations des différents documents et ainsi, en coordonnant les actions. L’exemple de l’analyse paysagère établit sur l’ensemble de la ville de Bratislava pourrait être un autre outil intéressant pour déceler et développer les interfaces les plus problématiques et stratégiques. Cela définirait les espaces spécifiques où l’intervention est primordiale. L’échelle intermédiaire permettrait à la fois d’articuler l’échelle micro et macro, mais aussi d’intervenir sur des espaces particuliers. Deux types d’outils sont intéressants à mettre en œuvre à cette échelle. Il y a des outils réglementaires comme les plans de zone (exemple de Bratislava : document issu des orientations générales du Masterplan de l’agglomération) qui permettrait de mettre en place les grands axes d’interventions et de définir les projets d’aménagement majeurs (infrastructures de bases et voiries, organisation du foncier, etc.). Il y a aussi des outils d’aménagement permettant la mise en place de programmes d’intervention spécifiques en aménagement. L’exemple des zones d’aménagements concertés64 (ZAC) pourrait de cette manière être intéressant à introduire. Si l’intervention est décidée, suite à une approche plus générale, cela permettrait un rééquilibrage du territoire en implantant des installations spécifiques manquant sur le territoire.
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Par exemple, l’interface accueille des infrastructures de déplacement répondant aux autorités départementales à nationales : routes nationales, autoroutes, lignes de tgv, aéroports… Les projets de transformation doivent obligatoirement passer par ces structures décisionnelles. 64 La ZAC est une procédure d'aménagement du droit français. Elle a pour objectif de faciliter la concertation entre les collectivités publiques et les promoteurs privés. C’est un projet d'urbanisme organisé autour d'un programme de construction et d'équipements publics précis (logements, activités, équipements)
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La dernière échelle d’intervention serait celle du micro. La zone d’intervention est celle de la parcelle ou du quartier. Cela déboucherait sur projet d’architecture et de paysage recherchant la relation entre la ville et la campagne65. L’intervention se déroulerait sur le cadre de vie immédiat, à l’échelle du ressenti quotidien de l’Homme. Planifier, c’est aussi intégrer l’interface dans une démarche prospective du territoire Etre dans cette démarche de prospective permettrait d’intégrer et de tempérer l’étalement urbain en le planifiant. La zone d’interface subit ce mouvement spatial. Si les orientations politiques de développement entre ville et campagne sont établies, l’interface servirait à modérer le mouvement et à coordonner les actions de planification. Ce serait aussi un exercice permettant d’anticiper le développement et les mutations de l’espace urbain et rural. La mise en place de Plans locaux d’urbanisme66 (PLU) intercommunaux serait adaptée pour cette question. Autour d’un cadre législatif strict, les communes pourront gérer ensemble ce territoire. L’intégration de zones AU indicée dans le PLU pourrait être un outil d’action bénéfique complémentaire pour le traitement de les interfaces. Elles permettent de mettre en place une démarche de prospectives dans un 92
cadre réglementé. Elles demandent la mise en place de conditions spécifique pour un « aménagement cohérent de l’ensemble de la zone. Elles peuvent aussi faire référence à la réalisation d’un schéma d’aménagement de la zone à définir ultérieurement »67. De cette manière, cela rendrait plus difficile l’implantation des projets, au profit d’aménagements et de constructions recherchant un traitement de l’ensemble de la zone ou en tout cas d’une partie significative. Ce type de zones a été intégré récemment dans le code réglementaire du PLU et pour le moment, les communes ont des difficultés à s’en saisir. Les enjeux dont l’ « interface urbain/rural » doit faire face l’entraine à tenir compte des nécessités environnementales. Elle intégrerait les prescriptions nationales, européennes et internationales en matière d’environnement : Grenelle 2, les conventions de Ramsar, les zones Natura 2000, etc. Les continuités écologiques (corridor, trame verte et bleue) devraient être intégrées aux documents de planification et aux projets d’aménagement. Le cas du site de P.P. à Bratislava a permis de mettre en avant l’intérêt de mettre en relation les espaces naturels et campagnards avec les espaces urbains et le fleuve. Le département de Seine-et-Marne a traité, dans son plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR), 65
Se référer à la 3ème partie sur chapitre 2 sur Bratislava sur les échelles d’interventions permettant un projet de territoire cohérent. 66 Le PLU est le principal document d'urbanisme de planification au niveau communal. Il a remplacé le plan d’occupation des sols (POS) en 2000 après l’élaboration de la loi relative à la solidarité et aux renouvellements urbains (loi SRU). 67 http://www.loire.equipement.gouv.fr/article.php3?id_article=328, consulté le 12-09-2010
les connexions entre les différents corridors écologiques et à renouer la ville et la campagne autour de l’ « interface urbain/rural ». C’est par l’intermédiaire de ces itinéraires qu’il a mis en œuvre une nouvelle couture spatiale. C’est un exemple intéressant d’appropriation de l’espace intégrant l’échelle du piéton. Comme nous avons pu le voir précédemment, l’interface est un territoire mouvant, en perpétuelle redéfinition. Cela conduit ainsi à réfléchir au devenir des espaces. De cette manière, le milieu urbain et le milieu rural ne devraient plus traiter les espaces de façon concurrente, mais devraient travailler ensemble sur des transformations judicieuses des espaces. Cela passerait par une réflexion sur la préservation de certaines zones agricoles et naturelles. En contrôlant ces espaces, il y aurait un maintien des qualités environnementales et paysagères, mais aussi un équilibrage du territoire en fonction des autres activités avoisinantes comme l’habitat, les activités commerciales et industrielles. Cela passerait par exemple par une affirmation de la « non constructibilité » sur certains sols afin de maintenir les usages initiaux. Mais il ne faudrait pas non plus entrer dans une logique de patrimonialisation de l’espace rural et ainsi le figer. Ce serait aussi par un véritable travail de reconversion des espaces (ex : en friches agricoles et industriels et réserves foncières). Décider de transformer leurs usages, c’est aussi leur trouver de nouvelles fonctionnalités répondant à une logique de territoire globale. Ce serait aussi d’intégrer la notion de patrimoine. Le cas de P.P. et du plan paysager de Bratislava ont montré que les qualités propres des interfaces sont à mettre en avant. Il faudrait les définir et les valoriser. Ceci permettrait de développer l’idée d’identité de ces espaces. Dans certains contextes, les plans de sauvegarde et de mise en valeur68 (PSMV) est intéressant à regarder pour ce qui est des questions paysagères et patrimoniale de l’interface. Cela pourrait permettre de conserver ses atouts qui seraient actuellement menacés par un faible intérêt des acteurs.
+ Gestion foncière
Pour gérer au mieux le foncier, il est primordial de connaitre et identifier les usages et usagers du territoire. Pour y parvenir, il faudrait réaliser un état des lieux des modes d’occupation de l’interface et des propriétaires. Le travail d’état des lieux réalisé sur le site de Podhorsky Pas pourrait être un exemple d’inventaire pour ce type d’espace. Une carte découpée par secteur
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Le PSMV est un document d'urbanisme annexé au PLU permettant de créer un secteur sauvegardé (établi par l’tat). Il régit l'ensemble des espaces privés ou publics présentant un intérêt historique, esthétique ou nécessitant une conservation. Les aménagements produits doivent respecter les réglementations et sont suivis strictement.
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d’usage a permis d’opposer la réalité du site aux informations fournis par le Masterplan. Ceci a mis en exergue les décalages qui peuvent exister entre les usages réels et les usages planifiés. C’est une méthode qui pourrait permettre la mise en place de plans d’actions adaptés pour les projets futurs. Ce serait aussi un moyen de réduire les conflits d’usages et les difficultés d’arbitrages. Il n’est pas toujours évident de déterminer quelles sont les usages les mieux adaptés sur une zone. Ils peuvent être très variés et n’incluent pas les mêmes enjeux territoriaux, paysagers, environnementaux. L’essentiel serait d’arriver à des compromis, pas seulement politique, afin de produire un équilibrage de l’espace. Gérer le foncier, c’est aussi mieux le réguler. Pour se faire, il faudrait contrôler la fonction résidentielle. Cela éviterait aux constructeurs privés d’acheter des terrains et de construire sans répondre aux attentes des programmes de planification. Il faudrait aussi entrer dans une démarche de réduction du mitage69 dû à une urbanisation incontrôlée. Par cette action, cela conduira à une meilleure maîtrise du paysage. Les 94
périmètres de protection des espaces agricoles et naturels périurbains (PPEANP) peuvent être une entrée. Ils mettent en valeur les espaces agricoles et naturels périurbains (zones agricoles et naturelles des documents d’urbanisme) et offrent la possibilité d’acquisition des terrains (amiable, expropriation, droit de préemption). A travers un projet cohérent du territoire, cela conduirait à réorganiser l’espace, et à ralentir voire stopper le mitage dans certaines zones. Du fait que les orientations des politiques territoriales du milieu rural et urbains se superposent, il faudrait rechercher un équilibre et une harmonie dans les usages, leurs relations et leurs coordinations. Cela mènerait à une coordination des actions des sociétés d’aménagement du foncier de l’espace rural70 (SAFER) et des établissements publics foncier locaux71 (EPL).
69
Le mitage est un phénomène qui entraine une transformation du paysage rural et de son caractère spécifique par la coexistence de zones vertes et zones construites de faible densité et composé de bâtiments et de services collectifs. Cette transformation survient par l’implantation progressive de maisons, puis de lotissement pour finir avec des constructions ayant un plan grand impact sur le territoire. 70 La SAFER est une société anonyme, sans but lucratif, développant des missions d'intérêt général, sous tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances. Son but est de participer à l’aménagement durable et équilibré de l’espace rural. 71 Ce sont des établissements publics locaux à caractère industriel et commercial. Ils ont des compétences leur permettant de réaliser, pour leur compte, pour le compte de leurs membres ou de toute personne publique, toute acquisition foncière ou immobilière en vue de la constitution de réserves foncières ou de la réalisation d'actions ou d'opérations d'aménagement.
C-
Conclusion
+ L’hypothèse a-t-elle pu être répondue ? L’approche historique et théorique de la relation entre la ville et la campagne a montré l’évolution de leur rapport. Dans les deux cas, les dernières décennies ont recherché une harmonie des deux milieux et des visions conjointes de l’espace ont émergé. Cela se voit à travers le développement de l’espace périurbain dès les années 1970, et les courants développant la « ville-nature » et la « ville durable ». Ceci conduit aujourd’hui à la remise en question la dichotomie stricte de la ville et de la campagne. Les périphéries des villes sont les espaces les plus marquées par la rencontre entre la ville et la campagne. Les espaces périurbains, composant ces périphéries, a été une solution répondant aux nouveaux besoins de la société en vue d’un retour vers les campagnes. C’est une forme de développement urbain qui s’est produit au détriment de l’espace rural. Aujourd’hui, cette approche spatiale ne permet pas d’englober toutes les problématiques que posent ces périphéries des villes et d’insérer l’espace rural comme composante à part entière de ces espaces. C’est pourquoi, ces espaces limitrophes des villes devraient être reconsidérés : le concept d’ « interface urbain/rural » aiderait à une ouverture vers cette voie. L’étude de cas de Bratislava et surtout Podhorsky Pas est issu d’une expérience de terrain de plus de 4 mois. Les faits historiques qu’a connus la ville ont permis d’avoir un développement des périphéries restreints. Mais les mutations profondes qu’elle connait aujourd’hui les menacent. Face aux exemples d’Europe de l’Ouest, l’idée serait de pouvoir mieux gérer ces périphéries en les considérants rapidement comme des interfaces entre ville et campagne. Le travail sur Podhorsky Pas a été une approche de l’ « interface urbain/rural » à une échelle plus réduite. Cet exemple est significatif : par ses particularités, il a permis de mettre en avant un ensemble de caractéristiques et d’enjeux auxquels l’interface peut répondre. Ceci a permis d’aborder des premières pistes de réflexions sur les points à traiter pouvant valoriser l’ « interface urbain/rural » et les outils pouvant le faire. La définition de l’ « interface urbain/rural » relève d’une synthèse de l’ensemble des éléments relevés durant la réflexion. Elle a des caractéristiques propres et elle peut répondre à des enjeux territoriaux spécifiques. Cette vision de l’interface serait plutôt une piste pour les acteurs impliqués à transformer leur approche du territoire. C’est une transformation des mentalités qui doit s’opérer. Le système dualiste de l’espace n’est plus adapté dans la considération des périphéries des villes. Ceci déboucherait sur un travail de longue alène.
95
Les trois axes permettant de traiter l’interface ont été réfléchis selon les façons possibles d’intégrer l’interface dans le développement territorial. De ces préconisations, des exemples d’outils ont pu être mis en avant. Nous avons pu voir qu’il y a une base d’outils déjà existante dans nos systèmes de planification. Leur approche du territoire et la façon dont ils sont gérés sont pour certains à retenir pour le développement de l’ « interface urbain/rural ». Mais il arrive souvent qu’ils soient trop spécifiques à un milieu : urbain ou rural. Ils ne tiennent pas assez compte de la possible existence de l’autre milieu sur un territoire commun. C’est pourquoi, il faudrait rendre certains documents d’urbanisme et outils d’aménagement plus souples à ces possibilités et donc d’ouvrir plus largement leurs compétences selon le contexte spatial.
De cette manière, nous avons pu répondre à la problématique. Il est important que la vision de l’espace change pour mieux gérer les périphéries. Cela passerait avant tout par les acteurs politiques, économiques et sociaux : ce sont eux qui peuvent impulser cette dynamique et promouvoir la nouvelle image de cet espace. Pour les outils permettant d’agir sur la transformation de l’espace, il existe déjà une gamme importante d’outils. Mais, ils ont pour le moment une réponse limitée à tous les enjeux. 96
Très souvent, les réponses d’aménagement pour l’interface sont à prendre au cas par cas, selon les particularités des contextes, issu des évolutions propres des territoires à traiter. Ainsi, il faudrait orienter le travail beaucoup plus sur une approche méthodologique générale permettant au milieu rural et urbain de travailler ensemble l’interface. Les outils seraient choisis et adaptés selon les orientations de développement choisi.
+ Ouverture : Quelle place pour l’Union Européenne autour de cette problématique ? L’ « interface urbain/rural » des périphéries urbaines peut être pensée à l’échelle européenne. Ces espaces recouvrent plus du quart du territoire européen et l’étalement urbain continue à menacer le reste du territoire. En 2000, les espaces urbanisés avait connu une progression de 5,4% en 10 ans. Mais, il faut également tenir compte de la disparité de l’impact de cet étalement selon les évolutions politiques et urbaine (exemple entre la France et la Slovaquie). A l’échelle européenne, il pourrait être mis en place un travail basé sur le partage des connaissances et des expériences, ainsi que sur la mise en place de réseaux d’échange d’informations. L’intérêt de cette approche est de permettre la comparaison de ces situations, établissant de cette manière les caractéristiques de l’interface.
L’approche sectorielle de l’U.E. lui a déjà permis de mettre en place des méthodologies de travail et des programmes spécifiques pour le milieu rural et le milieu urbain (URBAN, URBACT, INTERREG, etc.). Mais il n’existe par pour le moment de programmes d’aides pour ces territoires hybrides, à la fois urbains et ruraux. L’U.E. commence aujourd’hui à s’ouvrir sur une vision territoriale de l’espace. Le traitement de l’interface pourrait être une entrée pour développer cette nouvelle approche spatiale. Ces expériences de mutualisation de connaissance pourraient aider à la recherche de méthodologies de travail dans ces espaces particuliers. Des réseaux commencent à être mis en place mais ils sont centrés principalement sur la question périurbaine72. La relation entre l’urbain et le rural à travers l’interface serait également un moyen de fédérer une nouvelle vision du développement régional, permettant l’articulation entre les différents espaces structurant le milieu rural et le milieu urbain.
97
72
Il y a l’exemple du réseau PURPLE qui est une plate-forme européenne des régions périurbaines.
98
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AUTRES SUPPORTS Vojtek J., Hranica [Film], 72 min , Slovaquie, 2009
103
104
TABLE DES MATIERES 5 7 9
Remerciements Sommaire Préambule
Introduction Les périphéries des villes, lieu de synergie entre ville et campagne
11
Partie 1 Interaction de deux notions, ville et campagne A- Une dichotomie en perpétuelle évolution 1/ Evolution historique des rapports ville/campagne 2/ Théories et philosophies nourrissant le concept B- Le périurbain, une recherche de symbiose entre ville et campagne 1/ Un nouveau style de vie à l’image des changements sociaux 2/ Les périphéries, entre conflits d’usages et problèmes identitaire 3/ Disparité et déséquilibre en matière de gestion du territoire C- La rencontre urbain/rural : quelle vision pour le futur ? 1/ Une définition encore floue de l’espace périurbain 2/ Une interpénétration des espaces remettant en cause les références 3/ L’ « interface urbain/rural », un essai de définition de l’espace
17
Partie 2 Bratislava : une capitale où l’urbain et le rural se rencontrent à 10 minutes du centre-ville Carte d’identité A- Bratislava, capitale d’un pays en pleine mutation 1/ Un territoire qui rencontre des difficultés pour s’affirmer jusqu’à son indépendance 2/ L’ouverture du pays a provoqué un boom sans précédent 3/ Modernisation et métropolisation d’une capitale européenne B- Les périphéries de Bratislava, au cœur des enjeux de développement 1/ Une « interface urbain/rural » qui reste encore très proche du cœur de ville 2/ Vers un recul de l’interface urbain/rural 3/ L’intégration des périphéries de Bratislava dans les réflexions paysagères C- Etude de cas : Podhorsky Pas, une interface en devenir 1/ Les atouts du site 2/ Des menaces pèsent sur l’équilibre urbain/rural 3/ Mode d’emploi d’une gestion de l’ « interface urbain/rural »
43
PARTIE 3 : CONCLUSIONS A TIRER Une nouvelle approche pour répondre aux enjeux développement territorial A- Analyse de la notion d’ « interface urbain/rural » B- 3 axes d’action à mettre en œuvre C- Conclusion
85 futurs
17 17 21 28 28 30 34 37 37 38 40
44 46 46 50 57 62 62 63 68 71 71 76 80
du 85 89 95
105
106
Bibliographie Table des matières Table des figures Sigles
99 105 107 108
Annexes
109
TABLES DES FIGURES
FIGURE 1 : AMPHITHÉÂTRE HABITÉ ET FORTIFIÉ DE ARLES
18
FIGURE 2: LE FAMILISTERE DE GUISE
22
FIGURE 3: SCHEMAS DE LA CITE-JARDIN
23
FIGURE 4 : LE REVE PAVILLONNAIRE
29
FIGURE 5 : LES ETAPES DE L’EVOLUTION DE BRATISLAVA
49
FIGURE 6 : VUE PERSPECTIVE DE LAMAC-PORT
59 107
FIGURE 7 : EMPLACEMENT DE CENTROP VALLEY DANS LA REGION DE WIENBRATISLAVA
59
FIGURE 8 : VUE PERSPECTIVE DU PROJET CENTROP
59
FIGURE 9 : PLAN DU PROJET «DRAZDIAK FOREST PARK» A PETRZALKA
59
FIGURE 10 : COMPARAISON DE BRATISLAVA AVEC D’AUTRES VILLES EUROPEENNES.
63
FIGURE 11 : POSITION DE PODHORSKY PAS DANS LA VILLE DE BRATISLAVA
71
SIGLES AMAP Association pour le maintien d’une agriculture paysanne CA Communauté d’Agglomération CC Communauté de Communes CU Communauté Urbains EPFL Etablissement Public Foncier Locaux EPCI Etablissement Public de Coopération Intercommunale HQE Haute Qualité Environnementale PAC Politique Agricole Commune PLU Plan Local d’Urbanisme POS Plan d’Organisation des Sols PNR Parc Naturel Régional 108
PP Podhorsky Pas PSMV Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur SAFER Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural SCOT Schéma de Cohérence Territorial SEM Syndicat d’Economie Mixte UE Union Européenne ZAC Zone d’Aménagement Concertée
ANNEXES
1 Système de ceinture verte à Londres et en Angleterre 2 Les différents types d’espaces ruraux en France 3 Le type d’occupation du territoire selon les différentes régions de l’U.E. 4 Le projet OBTOK 5 La méthodologie LANDEP 6 Exemple de cartes sur les problèmes environnementaux – LANDEP 7 Exemples d’éléments d’analyse constituant le territoire de Podhorsky Pas 8 Expérimentation de l’analyse paysagère 9 Carte de l’état actuel du site 10 Proposition d’action pour Podhorsky Pas 11 Tableau de synthèse des axes d’action à développer pour le traitement de l’ « interface urbain/rural »
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
ANNEXE 11 tableau de synthèse des axes d’action à développer pour le traitement de l’ « interface urbain/rural »
122
2/ La planification du territoire
ORIENTATIONS GENERALES 1/ Gouvernance
-
-
-
2 types d’échelles : - Temporaire - spatiale
-
-
-
Travailler « l’interface urbain/rural » à toutes les échelles et les articuler
PRECONISATIONS
ACTIONS POSSIBLES
Echelle macro : celle du bassin de vie afin de mettre en place une cohérence des différents territoires
Court ou moyen terme : agir localement, ce qui nous permet de faire émerger des projets Action communale, voir plus petite. Long terme : conduire une approche globale de la zone d’interface, ce qui nous permet d’agir sur l’ensemble d’un bassin de vie – collaboratif échelle intercommunale voir plus large Vision plus globale : intégration à une échelle départementale, ou régional voir européenne pour certains territoires.
Mise en place d’une réflexion collective autour d’enjeux communs de territoire Mutualiser les connaissances
Exemple du SCOT grenoblois où sont expérimentés de façon ponctuelle l’aménagement de l’interface entre
Identification de l’ensemble des acteurs Ex : PNR / Pays (ruraux) concernés par l’interface Structure qui intègre différents types L’individu : le locataire, le propriétaire, l’exploitant, le d’acteurs visiteur… Les coopératives (agricoles, industrielles, Dépassement de la dichotomie commerciales…), les comités d’habitants… urbain/rurale Les communes, et structures communautaires (EPCI : CU-CC-CA – SEM –…) Le département, la région, l’Etat, l’UE -
Définir des échelles de travail pertinent
Intégrer la nécessité d’une démarche coopérative entre les acteurs concernés par ce territoire
PISTES SPECIFIQUES
TABLEAU DE SYNTHESE DES AXES D’ACTION A DEVELOPPER POUR LE TRAITEMENT DE L’ « INTERFACE URBAIN/RURAL »
3/ Gestion foncière
nécessités
Réguler le foncier
Connaitre et identifier les usages et usagers du territoire
Réfléchir au devenir des espaces
Tenir compte des environnementales
Intégrer l’interface dans une démarche prospective du territoire
-
-
-
-
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-
Contrôler la fonction résidentielle Réduire le mitage dû à une urbanisation incontrôlée Recherche un équilibre et une harmonie dans
Intégrer les prescriptions nationales, européennes et internationales en matière d’environnement Réfléchir sur les continuités écologiques (corridor, trame verte et bleue) Prendre en considération les changements climatiques et le réchauffement pour mettre en place un développement du territoire adapté Préserver certaines zones agricoles et naturelles Reconvertir les espaces (ex : en friches agricoles et industriels et réserves foncières) Intégrer la notion de patrimoine Réaliser un état des lieux des modes d’occupation de l’interface Réduire les conflits d’usages et les difficultés d’arbitrages
Intégrer et tempérer l’étalement urbain en le planifiant Anticiper le développement et les mutations de l’espace urbain et rural
Echelle intermédiaire : espaces particulier Echelle micro : traiter au niveau du parcellaire à l’échelle du projet d’architecture et du paysage : intervention sur le cadre de vie immédiat à l’échelle du ressenti quotidien de l’Homme.
Par le travail mené à Bratislava, la réalisation d’une carte référençant l’état actuel de PP opposant la réalité du site et les informations fournis par le Masterplan (décalage entre les usages réels et les usages planifiés.) PPEANP coordonner les actions des SAFER t des EPFL
Réfléchir pour ces territoires d’interface des scénarii extrêmes pour : tout rural, tout urbain et intermédiaire Intérêt du PLU interco : zone AU indicé Le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée : liaison des corridors écologiques Elément de couture du territoire. Sur PP, ils permettent de mettre en relation les espaces naturels et campagnards avec les espaces urbains et le fleuve. PSMV – sur le rapport au Paysage
l’urbain et le rural dans les limites périphériques du périmètre Plan de Zone – ZAC
leurs
relations
et
leurs
Les PNR et les Pays sont des « projets de territoire » organisés autour d’une charte. Alors que les SCOT ou PLU cherchent à définir un périmètre de travail pour établir un document de cohérence urbaine.
les usages, coordinations
Septembre 2010 IUG