Planète Robots numéro 17

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PLANÈTE

ROBOTS

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VINTAGE — DÉJÀ EN 1989 UN R2-D2

À DOMICILE ! NEWTON SEPTEMBRE - OCTOBRE 2012 - NUMÉRO 17

N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

D U

F U T U R

LES CUBELETS UNE PROUESSE TECHNOLOGIQUE

DES LUNETTES QUI EN METTENT PLEIN LA VUE !

LA RECONNAISSANCE

VOCALE NOS ROBOTS NOUS COMPRENNENT !

STÄUBLI TP80 FAST PICKER L 11849 - 17 - F: 5,90 € - RD

LE PICK AND PLACE CONTINUE D'INNOVER

PRÉSENT AU SALON DE L’EMBALLAGE

NOS TESTS

LE ROOMBA 780, SCOOBA 230 ET LE E.ZIGREEN PREMIUM

19-22 NOVEMBRE

SPHERO

UNE BOULE QUI ROULE ET QUI BOSSE !


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édito

Planète Robots Édité par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédacteur en chef : Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com Rédacteurs : Josèphe Ghenzer, Simona D'Attanasio, Towanda, Boris Kesler, Cédric Vasseur, Cyril Drevet, David Leblanc, Nicolas Denis, Pierre Cauchois, Screetch, Sébastien Jeudy, Marine Bertucchi, Yoann Pinier et l'association Caliban. Secrétaire de rédaction : Xul-otar Tellestim Direction artistique : Patrick Lusinchi directeur.artistique@planeterobots.com

Publicité : Aabam Consulting, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Tél. : 01 46 25 05 25 contact@aabam.fr © 2 012 Les Éditions d'Acamar

Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0413 K 90 181 Imprimé par Deaprinting, 28100 Novara - Italie La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes à l'écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe. contact@planeterobots.com

LA ROBOTIQUE EST VOTRE PASSION, ET VOUS ÊTES FANATIQUE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES…

Un nouveau Planète Robots est entre vos mains !… Exceptionnellement, ce numéro n'inclut pas la rubrique Nos lecteurs ont du talent, mais ce sera corrigé dans le numéro suivant, promis. Les chroniques des jeux vidéo concoctées par Cyril Drevet manquent aussi à l’appel — mais cette absence est temporaire ! Il a fallu gérer les dates de vacances de chacun afin d'avoir le meilleur contenu possible à vous apporter. Mission réussie, me semble-t-il… Nous abordons en effet de nombreux sujets qui n'ont jamais été étudiés jusque-là dans nos pages, comme les robots pompiers, la reconnaissance et la synthèse vocales — ainsi que les lunettes à réalité augmentée. Et aux fondus de technique, nous offrons un projet à développer avec un Kinect connecté à un PC… Quant à l'association Caliban, elle nous a aimablement donné le détail du règlement de son concours robotique, inspiré de celui des 24 Heures du Mans. Nous vous promettons de suivre au plus près cette nouvelle aventure ! Les robots de services sont également à l'honneur — avec les tests de maintes nouveautés : le Roomba 780, le Scooba 230 et le robot tondeuse E.zigreen. Petite surprise : la chaîne de télé locale TV Vendée va m'accueillir en tant que rédacteur en chef de Planète Robots et j’y tiendrai, à partir de septembre, une chronique dédiée à la robotique et aux nouvelles technologies en général dans l’émission hebdomadaire La Grande Émission. Vous pouvez d’ailleurs retrouver cette chaîne sur votre box Internet, même si vous n'êtes pas vendéen (Orange : 215 ; Neufbox : 345 ; Free : 230). De plus, un podcast retransmet la vidéo sur le site Internet de ladite chaîne… Nous espérons que vous avez bien profité de vos vacances avant de retourner au travail ou à l'école. Si vous aimez nous lire, n'oubliez pas de faire découvrir Planète Robots à votre entourage. Plus nous aurons de lecteurs, plus nous pourrons augmenter la qualité de notre magazine ! De surcroît, nous commençons à envisager un moyen de réunir une partie de la communauté des fans de robotique autour d'un événement, courant 2013 en Vendée. Nous vous en reparlerons au fur et à mesure de l'avancée du projet — en espérant réunir un maximum d'entre vous ! ■Frédéric Boisdron

REJOIGNEZ NOTRE ÉQUIPE DE RÉDACTEURS ET PIGISTES.” seban@planeterobots.com PLANETE ROBOTS N°17

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ROBOTS N O U V E L L E S

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Septembre / octobre 2012 - NUMÉRO 17 70

ÇA VIENT DE SORTIR

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Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Tribune : Les 24 Heures de la robotique L'association Caliban met en place une nouvelle compétition robotique. Nous publions ici, en exclusivité, son règlement — inspiré de celui des 24 Heures du Mans. Nao TechDay 2012 : un lieu d'échanges Nao s’améliore et tous y contribuent ! Aldebaran Robotics y veille… Sorbonne Paris Cité : première compétition de robots La première édition de la compétition RoboUniCup de Paris a eu lieu en juin. Nous étions sur place…

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VIE QUOTIDIENNE

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LES DOSSIERS

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L'introduction sociale des robots Notre environnement high-tech et la robotique deviennent assez intelligents pour entretenir des liens sociaux avec l'être humain… 28 La reconnaissance vocale Les ordinateurs et les robots savent comprendre ce que l'on dit depuis quelques années déjà ! 36 La synthèse vocale Les robots ne se contentent pas de nous comprendre : ils peuvent également nous répondre… 40 TP80 Fast Picker, le Pick and Place continue d'innover Stäubli, le fabricant de robots industriel a décidé d'innover en matière de « pick & place ». Pas de robots delta, un bras robotique rapide fera amplement l'affaire ! 42 À la conquête des astéroïdes Planetary Resources est la première société privée dont l'objectif est d'exploiter les ressources des astéroïdes. 48 Des lunettes qui en mettent plein la vue Divers constructeurs pensent que les lunettes équipées de la réalité augmentée seront un des prochains hits commerciaux. Découvrons leurs projets… 54 Sphero — Une boule qui roule et qui bosse Avez-vous jamais imaginé qu’un jour votre boule de pétanque choisirait de parcourir une trajectoire défiant toute logique ? 56 Et vous, que faisiez-vous le 6 août 2012 ?… Je n’étais pas né lorsque l’Homme a fait ses premiers pas sur notre satellite et je ne le verrai probablement pas fouler le sol d’une autre planète… 6O Les Cubelets Petite présentation de ces étranges briques qui viennent d'apparaître dans notre univers robotique… 62 Robots pompiers : l’assistance aux personnes en danger Quand les robots se mettent à devenir de valeureux pompiers pour nous protéger des incendies et de diverses calamités… 68 SAFFiR : l'armée américaine se dote d'un nouveau type de soldat du feu… À la suite de notre dossier sur les robots pompiers, étudions plus en détail le projet SAFFiR.

Faites entrer les artistes ! Nos amis en fer-blanc font désormais dans l’artistique… À quand des Picasso et des Mozart robotiques ? COMAN… L'humanoïde du futur ? COMAN, un robot italien doté de la flexibilité passive, pourrait bien faire avancer la recherche en matière de robotique anthropomorphique ou biomimétique…

Test : Roomba 780, le haut de gamme d'iRobot Le Roomba évolue constamment au fil des années… Nous avons eu la chance de tester ici le tout dernier modèle. Test : Le Scooba 230 d’iRobot, un robot serpillière L Le robot serpillière Scooba a désormais un petit frère, qui travaille à merveille dans les zones exiguës. TTest : E.zigreen Premium, la tondeuse des beaux jours E.Zicom nous avait habitués à ses robots aspirateurs et nettoyeurs de vitres. Cette jeune société s'attaque désormais aux robots tondeuses.

TUTORIEL

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Initiation au développement d’applications Kinect (PARTIE 1) Voici un premier tutoriel pour vous familiariser avec le kit de développement d'applications du Kinect.

OPEN YOUR MIND

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Actus Ciné, DVD, BD, Livres Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège! Total Recall — Mémoires programmées… Souvenirs, souvenirs… Total Recall revient au cinéma dans une nouvelle version pleine de robots… Petit récapitulatif des sondes spatiales en activité Le robot martien Curiosity n'est pas le seul de son espèce à explorer l'espace — loin de là ! Le point de Lagrange : un excellent lieu d'observation de l'Univers Il est intéressant de (re)découvrir les points de Lagrange et les sondes spatiales qui y sont parquées. Concepts du futur Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier, dans cette rubrique, les plus intéressants — ceux qui fourmillent dans la tête de nos designers. Gadgets et tendances à venir Une petite sélection de gadgets et d’autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise… Le Newton de SynPet — un R2-D2 à domicile ! Dès les années 1980, il était possible de se procurer un robot ressemblant étrangement au héros de Star Wars.

“LA ROBOTIQUE

ESTET VOUS VOTRE PASSION, ÊTES FANATIQUE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES… REJOIGNEZ NOTRE ÉQUIPE

DE RÉDACTEURS ET PIGISTES.”

seban@planeterobots.com 04

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Sommaire

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Aldebaran Robotics recrute des ingĂŠnieurs qui voient les choses ... Autrement. www.shapetheworld.fr


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NEWS septembre / octobre 2012 Robots

Au travail, main dans la pince… Dans les usines, les robots effectuent leur boulot isolés dans des cages, pour des raisons de sécurité — ce qui empêche la collaboration avec les ouvriers. La fondation espagnole Tecnalia Research & Innovation a développé les capacités d'Hiro, un robot originaire du Japon et capable de travailler avec les gens, avec deux objectifs : améliorer le rendement des salariés en garantissant leur sécurité et accroître la compétitivité des usines sur les marchés internationaux. L’intelligence du robot a donc été augmentée, ce qui le rend apte à rejoindre les entreprises du monde entier. C’est un vrai robot social : s'il entre en contact physique avec un être humain, il est programmé pour s'arrêter automatiquement. Dans les six ans qui vont venir, 60 % des industries s’occupant des travaux d'assemblage final d’un produit disposeront d’un tel robot sur leurs chaînes. (La partie supérieure d’Hiro a un aspect humanoïde, avec une tête, un tronc et deux bras… Il dispose de quatre yeux — deux sur le visage et un sur chaque main — et se déplace sur roues.) ◗

HyQ, un robot tout-terrain Le projet HyQ a été lancé en 2008 par l'Istituto Italiano di Tecnologia. Il a fallu quatre ans pour que ce robot quadrupède fasse sa première sortie dans la nature avec ses concepteurs. HyQ (Hydraulic Advanced Quadruped) se dresse sur quatre « pattes », est tout-terrain et surtout bien plus rapide que d’autres modèles similaires puisqu’il dispose d’une vitesse de pointe allant jusqu’à 7,2 km/h. Pour arriver à ce résultat, l’équipe des concepteurs a monté les « pattes » sur huit vérins hydrauliques et deux vérins électriques, ce qui permet une grande flexibilité. Bardée de capteurs, la bête peut marcher sur un chemin semé d’embûches et gravir des pentes raides. L’ensemble pèse 70 kg (avec batterie externe) ou 90 kg (si ladite batterie est montée sur son dos). Le projet n’est pas destiné à des fins récréatives — mais plutôt militaires ou scientifiques (le transport du matériel, notamment là où d’autres véhicules auraient des difficultés à passer). ◗

Un gardien des mers Un robot en forme de poisson, capable de détecter la pollution marine, est actuellement testé en Espagne dans les eaux peu profondes… L'idée : avoir un suivi de la pollution portuaire, difficile à appréhender car entre le moment de la contamination et son constat, il peut s'écouler un long délai. Grâce à ce robot, les autorités seront instantanément averties du déversement de produits chimiques — avec à la clé la possibilité d'arrêter le contrevenant. Il mesure 1,5 m de long et se déplace comme ses homologues vivants. Comme il évolue dans des profondeurs modérées et infestées d'algues, les chercheurs ont imité la locomotion des poissons et n’ont pas choisi de le munir d'hélices — qui pourraient s'accrocher. De plus, il est équipé de microélectrodes qui détectent les polluants et évaluent le niveau d'oxygène et de salinité de l'eau. Le robot travaille aussi en bande : les poissons robots communiquent alors par l'intermédiaire de signaux acoustiques. Ses créateurs veulent étendre ses capacités à la surveillance et au sauvetage des plongeurs. (Ce gardien des mers sera commercialisé dans quelques années…) ◗

Énergie propre Des étudiants ont mis au point un robot qui nettoie les panneaux solaires avec un minimum d'eau, ce qui pourrait mettre un terme à l’utilisation de produits polluants. Finalistes du concours régional First Look West (FloW), ils ont gagné la somme de 158 000 € lors de la cérémonie des récompenses, qui s’est tenue au mois de mai dans l’enceinte du California Institute of Technology. Équipé de deux brosses rotatives et facilement manipulable par deux techniciens grâce à une commande à distance, le robot améliore le rendement d’une cellule photovoltaïque de 20 %. Construite avec des matières et des techniques de fabrication issues de l’aéronautique, l’invention se révèle de plus très légère. (Malgré tous les avantages procurés par l’énergie solaire, il faut bien admettre que les panneaux réclament beaucoup d’entretien et l'utilisation de produits chimiques et d'eau en grande quantité. Voilà donc un robot qui rend les énergies encore plus propres !…) ◗

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NEWS Robots septembre / octobre 2012 Médecine : le retour du serpent ! Imaginez un robot serpent minuscule rampant dans votre corps pour aider un chirurgien à identifier les maladies et effectuer des opérations… Il ne s'agit pas de sciencefiction : les scientifiques et les médecins emploient déjà des appareils rampants pour des interventions de chirurgie cardiaque ou pour combattre le cancer de la prostate. Ces robots transportent des caméras minuscules, des ciseaux, des pinces et des capteurs. Pour l'instant, ils sont guidés par les humains — mais les experts pensent que le jour où certains robots parcourront le corps de leur propre chef n’est pas si éloigné que ça. Le professeur Howie Choset, du Robotics Institute de l’université Carnegie Mellon, qui a participé à la recherche et à la conception de robots serpents, estime qu'ils aident à réduire les coûts médicaux en exécutant des opérations de chirurgie complexes plus rapidement et plus facilement. La taille desdits robots permet de sus aux chirurgiens d'opérer en endommageant beaucoup moins l'organisme, ce qui aide le patient à guérir dans de meilleurs délais. ◗

Et la Station spatiale rencontra le… Dragon L'entreprise SpaceX a amarré sa capsule Dragon à la Station spatiale internationale (SSI). Un succès pour la nouvelle stratégie de l'administration Obama, qui consiste à utiliser des missions robotiques et des partenariats entre le public et le privé dans la conquête de l’espace. Les astronautes de la NASA à bord de la SSI ont orienté la capsule selon les directives du siège de SpaceX (Hawthorne, Californie). « Pour la première fois, une entreprise privée américaine a lancé avec succès un engin spatial en orbite et l'a amarré à la SSI. C'est la réalisation d'un jalon essentiel de la vision du président Obama en matière de leadership de l'Amérique dans l'espace », selon John Holdren, conseiller scientifique du président. SpaceX, créée par le cofondateur de PayPal — Elon Musk — en 2002, est l'une des sociétés en lice pour prendre en charge certaines des opérations gérées auparavant par la NASA. (La navette spatiale a pris sa retraite et les astronautes américains comptent actuellement sur des missions russes à soixante millions de dollars pour rejoindre la SSI.) ◗

Économie et robotique en France En cette période de crise, la robotique revient sur le devant de la scène dans la presse économique. Un article paru sur le site lenouveleconomiste.fr nous instruit plus précisément à ce sujet… La France a pris un retard difficilement rattrapable en matière de robotique industrielle, en particulier du côté des PME. C'est un facteur aggravant de la désindustrialisation, la robotisation des entreprises ayant créé dans le monde trois cent mille emplois directs en huit ans. Cet apport n'est pas encore perçu par les pouvoirs publics, à l’inverse de ce qui se passe aux États-Unis où la robotique industrielle a obtenu un plan national de 70 M$. Il faut bien considérer que la robotique de services sera le prochain marché à ne pas rater, avec 1 Mrd$ à la clé. Comme le dit Jean-Paul Laumond : « Le problème n’est pas de rattraper le retard en robotique industrielle mais de ne pas manquer le marché de la robotique grand public. » Car l’Hexagone détient de nombreux atouts : secteur de la recherche performant, jeunes entreprises innovantes, etc. Son problème reste le passage à l'industrialisation… Et M. Cocquet, de Cap Digital, conclut : « Aurons-nous la structuration suffisante pour passer de la R&D à un cycle de production industrielle ? » ◗

Économie et robotique aux États-Unis Un article paru sur le site roboticsbusinessreview.com nous apprend qu’après une décennie de délocalisations, les États-Unis parlent de relocalisation… GE, Boeing et Caterpillar ont commencé des opérations de retour ces dernières années. L'un des principaux moteurs en est le robot, dont l'intelligence et la modularité se sont considérablement développées. Une étude Metra Martech de 2011 prétend que l'industrie de la robotique va créer un million d'emplois nouveaux. Cela s'accompagnera d'un fort besoin en formation et en apprentissage d'un nouveau type de relations. Et les travailleurs devront montrer de fortes capacités d'adaptation car les tâches passeront de la fabrication à la maintenance de la machine. Une nouvelle génération de robots déboule et se répand dans tous les secteurs de l'industrie, à l’hôpital et chez les particuliers ! (C'est aussi une nouvelle culture homme-machine qui s’instaure — une culture de l'interaction et aussi de la connaissance mutuelle. Nous allons assister à la première révolution industrielle dans laquelle les robots joueront un rôle décisif…) ◗

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Qui est responsable ? Deux progrès devront être réalisés pour permettre l’avènement des voitures autonomes. Le premier relève de la technologie. Les machines sont beaucoup plus fiables que les êtres humains. (En effet, 90 % des accidents sont causés par une erreur humaine et c'est la technologie qui a permis de diminuer le nombre des accidents mortels.) L'autre progrès sera juridique : avec une voiture autonome, la responsabilité revient à la machine. « Sans pilote, il n'y a pas de négligence du conducteur. Le résultat est une plus grande responsabilité des fabricants », selon M. Walker Smith, de la Stanford University (Californie), qui étudie la loi sur les véhicules autonomes. La question de responsabilité rendra donc compliquée l'adoption de la technologie. (Les constructeurs ont hésité à mettre en œuvre les airbags, en raison des menaces de poursuites judiciaires en cas de blessure, malgré l’utilisation de la nouvelle technologie.) En fait, les gouvernements pourraient intervenir… Aux États-Unis par exemple, une loi sur les conséquences néfastes des vaccins protège en quelque sorte les laboratoires. Les consommateurs peuvent déposer des demandes d'indemnisation et les fabricants paient sans admettre la faute. La législation indemnise et défend ainsi le petit nombre de personnes ayant souffert des effets secondaires indésirables des vaccins tout en encourageant les fabricants à continuer de produire. ◗

RoboCar HV, le nouveau rival de la Google Car L'an dernier, la société ZMP a présenté le RoboCar MEV, une minivoiture autonome et électrique. Et en 2012, ZMP s'est surpassée avec la voiture robot — qui cette fois ressemble vraiment à une voiture ! On peut obtenir des informations comme la vitesse, le régime moteur, le nombre de tours de volant, l'orientation et aussi contrôler la direction, l'accélération et le freinage. Il est également possible de stocker, de sauvegarder des données de conduite acquises et ensuite de les conserver dans une base de données grâce à un cloud serveur. Avec un volume de données suffisant, il se révèle également possible de prédire si la conduite est dangereuse ou si la circulation est menacée d’encombrements. Le conducteur en est informé (le véhicule peut d’ailleurs prendre une décision pour éviter un accident). ZMP a aussi développé une interface qui permettra de conduire à partir d'une tablette ou d’un smartphone. (Le prix est élevé : 150 000 $. Mais un service d'abonnement à 62 500 $ l'année a été lancé. Et à l'heure actuelle, le RoboCar HV peut être utilisé comme véhicule d'essai par des chercheurs.) ◗

Un caddy qui lit dans vos pensées Nous avons tous vécu cette expérience : un caddy avec une roue coincée qui se cogne au coin des rayons, dans les autres chariots — et qu'il faut manœuvrer dans des allées bondées tout en essayant de regarder la liste de nos courses ! Mais Chaotic Moon Labs a révolutionné la conduite du caddy grâce à une tablette Samsung Windows 8, un Kinect et un système de disque Parallax Eddie. C'est désormais le chariot qui va se charger d'éviter les collisions… Avec le Kinect pour la navigation et la reconnaissance vocale, votre panier roulant vous écoute et vous suit, ce qui signifie qu'il peut se déplacer derrière vous dans le supermarché, partout où vous allez. Son système d'affichage vous permet de consulter votre liste de courses, de découvrir des suggestions de recettes pour les articles que vous avez achetés, d’être informé des promotions et de gérer les dates d'expiration. Enfin, il prend en compte vos allergies et les restrictions alimentaires indispensables en analysant les ingrédients et en les comparant aux informations que vous lui avez communiquées. ◗

Des systèmes robotiques adaptés aux aveugles Les robots ont besoin de systèmes de navigation et de localisation sophistiqués. Aujourd'hui, ces mêmes technologies sont adaptées pour aider les personnes aveugles par Mme Pissaloux et ses collègues de l'ISIR (de l’université Pierre et Marie Curie)… Cela donne deux caméras situées de chaque côté d'une paire de lunettes qui fournissent une image 3D de la scène et un processeur qui analyse l'image pour créer une carte 3D de l'environnement du porteur. (Le système d'accéléromètres et de gyroscopes garde une trace de l'emplacement occupé par l'utilisateur et de sa vitesse.) Et ces informations sont combinées avec l'image pour déterminer la position de l'utilisateur par rapport à d'autres objets. Le système génère dix cartes par seconde, qui sont transmises à l'appareil portatif en braille pour être affichées comme une carte tactile dynamique. La carte est constituée d'une grille de 8 x 8 texels : des repères avec un ressort en alliage à mémoire de forme. Lesdits repères se déforment assez rapidement pour qu'un porteur aveugle puisse adopter une vitesse normale d’ambulation. ◗

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NEWS Robots septembre / octobre 2012 Un exosquelette gonflé L'équipe de M. Kobayashi, de l'université de Tokyo, prépare la sortie d’un nouvel exosquelette : une version destinée aux secteurs commerciaux dans lesquels le levage de charges se révèle indispensable et qui couvrira les bras et le dos. Une autre, qui équipera aussi les jambes, ciblera l'industrie des soins infirmiers. Sa motorisation apparaît originale car il n’est pas doté de lourds actionneurs électriques et hydrauliques, mais utilise des PAMs — des muscles artificiels pneumatiques, en fait des sortes de vessies en caoutchouc conçues pour se contracter lorsque l'air sous pression est pompé. Ils fournissent jusqu'à 30 kg de prise en charge, selon la distance qui sépare le poids à soulever du corps. « Le rapport de puissance est supérieur à celui des exosquelettes à moteur et les PAMs ne sont pas affectés par l'eau et la saleté », explique M. Kobayashi. (Les mouvements sont déclenchés par des capteurs répondant à des commandes vocales et à l'accélération du corps. La machine sera disponible à la location, au Japon, au début de l’année prochaine à partir de 15 000 ¥ par mois et l'assurance-maladie couvrira 90 % de ce coût.) ◗

Un doigt de sensibilité Un capteur tactile développé par des chercheurs de la Viterbi School Engineering de l'University of Southern California, le BioTac, a été construit pour imiter le doigt humain et peut le surpasser dans l'identification des matériaux. Il consiste en une peau souple couvrant une poche de liquide. (La peau comporte des empreintes digitales qui améliorent la sensibilité du capteur aux vibrations, de sorte que lorsque le doigt glisse sur une surface, il vibre de manière caractéristique. Un microphone conçu pour être utilisé sous l'eau détecte ces vibrations. Le doigt a de plus la capacité d'identifier la direction de la force appliquée et la température de l'objet.) Les chercheurs ont également développé un algorithme qui imite les mouvements exploratoires humains dans l’identification d’un objet par le toucher. Le BioTac a été entraîné à l'aide de cent dix-sept matériaux. Après environ cinq mouvements, le robot identifie un matériau saisi au hasard avec une précision de 95 %. (Il a été occasionnellement déconcerté par des textures que les humains eux-mêmes ne pouvaient pas distinguer…) ◗

Tout va bien pour l'impression 3D ! Les sociétés Cubify et Z Corporation sont à la pointe de l ‘impression 3D et Apple envisagerait de les racheter… L'imprimante Cube de Cubify, conçue pour un usage personnel, est vendue 1 299 $. L'entreprise a déjà un marché en ligne permettant aux artistes de vendre leurs créations aux clients, qui les reproduisent à la maison. Quant aux imprimantes Z Corporation, de gamme supérieure, elles coûtent de 30 000 à 60 000 $. (Signalons qu’un des acteurs les plus importants du secteur est 3D Systems Corporation. Au premier trimestre 2012, ses revenus ont augmenté de 63 % et son bénéfice brut de 67 %. La société attend pour 2012 un chiffre d'affaires de l'ordre de trois cent trente à trois cent soixante millions de dollars.) Même s'il se révèle toujours compliqué d'obtenir un objet complexe prêt à l'emploi, cette technologie va devenir moins chère et plus simple. Le secteur de l'imprimerie 3D a augmenté de 9 % par an au cours des dix dernières années et devrait atteindre un chiffre de trois milliards cent millions de dollars d'ici 2016. Et cette technologie devrait investir notre vie personnelle dans relativement peu de temps… ◗

Un robot mannequin qui vous imite FitBot a révolutionné la vente de vêtements en se conformant aux mensurations des consommateurs. Le professeur Maarja Kruusmaa a créé pour Fits.me une cabine d'essayage informatique qui permet aux utilisateurs d'essayer virtuellement des vêtements avant de les acheter. (Le robot est capable de reproduire deux mille morphologies.) Lorsqu'un détaillant signe avec Fits.me, il lui envoie sa gamme de vêtements. Chaque taille est ensuite placée sur le robot, qui fait défiler toutes les morphologies dont il dispose. Un appareil photographie alors chaque permutation. Ce catalogue photographique est ensuite stocké dans une base de données en ligne et quand vous allez sur le site du détaillant et que vous entrez vos mesures, ledit site appelle la photo qui vous correspond. Grâce à FitBot, les sites peuvent ainsi présenter des modèles pour plus de 85 % des femmes. (Le concept du robot axé sur le consommateur constitue également un plus pour les détaillants. Un test effectué en Allemagne a montré que le robot avait fait grimper les ventes de 300 % !…) ◗ PLANETE ROBOTS N°17

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Un robot imbattable à « Pierre-feuille-ciseaux » ! Une équipe de chercheurs de l'université de Tokyo a créé un robot qui bat tout le monde au jeu « Pierre-feuille-ciseaux ». Il est équipé d'une caméra ultrarapide (plus de mille images/seconde) et quand il procède à son choix, il a déjà analysé le geste que l'humain va faire en étudiant le mouvement de sa main. Il joue donc après lui, mais les yeux du joueur humain, trop lents, ne peuvent le voir. Et même en sachant cela, il se révèle impossible de prendre l'avantage… L'objectif des scientifiques est de permettre au robot d'interagir avec l'être humain. « Ce projet vise la reconnaissance d'intention car pour assister l'homme, le robot doit prévoir ce que celui-ci va faire, explique Rachid Alani, directeur de recherche. Dans un jeu comme Pierre-feuille-ciseaux, le vocabulaire est simple. Pour un vocabulaire plus vaste, la tâche sera plus difficile. » Les chercheurs ont aussi imaginé le concept d’un robot assistant le chirurgien et qui tendrait toujours le bon outil au bon moment ou celui d’un robot qui anticiperait ce que pourrait faire un agresseur. ◗

Chine : le boom de la robotique… Les salaires ont augmenté de 22 % dans les zones rurales de la Chine, et de 12 % en ville, l'an dernier. Ces hausses diminuent peut-être les profits mais vont certainement alimenter un boom dans le secteur de la robotique car les robots deviennent moins chers et sont plus rapides, tout en offrant une haute qualité. Au Japon, il y a trois cent six robots de travail pour dix mille personnes — tandis qu'en Chine il y en a seulement quinze. (La Chine constitue d’ailleurs le marché le plus dynamique en matière de robotique et en 2014, elle sera la première au niveau mondial, selon la Fédération internationale de robotique !) Remarquons aussi, à titre d'exemple, que l'industrie automobile se montre de plus en plus tributaire de la robotique. Et l’empire du Milieu constituant le plus grand marché sur ce créneau, les constructeurs européens y mettent en place des installations — qui toutes utiliseront la robotique. (BMW a ouvert une usine le mois dernier et Volkswagen veut doubler sa capacité d'ici 2018, en investissant dans trois nouvelles usines et en procédant à la mise à niveau des trois qui existent déjà.) ◗

Aibo : le rappel (téléphonique)… Bandai s'apprête à sortir un joli chien robot qui utilise l'iPhone comme tête et comme cerveau, tout en émulant un assez grand nombre des comportements généraux de l'Aibo. L’application qui le prendra en charge sera téléchargeable gratuitement (du moins au Japon). Et selon les informations diffusées par Bandai, le robot peut marcher, danser, chanter, prendre des photos, tourner des vidéos et comporte environ cent comportements et réactions. Dans le cadre de sa commercialisation, on l’a mis en avant dans un vidéoclip de Meisa Kuroki, intitulé Frenemy. Le petit chien devrait japper dans les magasins à la fin du mois d’avril 2013 au Japon. (Son prix est encore à définir précisément, mais devrait se situer autour de 75 $. Aucune information n'est encore disponible de la part du constructeur quant à une possible commercialisation en dehors du Japon…) ◗

Les grains de sable robotisés de Mme Rus Le professeur Daniela Rus travaille sur un projet qui permettra à quelqu'un de créer un appareil, quelle que soit sa structure, à partir de petits blocs élémentaires robotisés. Ils pourront sentir leurs voisins, recevoir des commandes et s'accrocher les uns aux autres pour former des objets. Ainsi, des personnes travaillant dans des conditions extrêmes pourraient abandonner leurs encombrants outils au profit de ce « sable » high-tech. Quand un objet se révélera nécessaire (que ce soit une clé à molette ou une vis), on pourra en donner un modèle ou en transmettre les plans électroniques. Les grains de sable communiqueront entre eux et l'objet prendra forme magnétiquement en quelques secondes. Et le sable pourra être réutilisé… Le projet en est encore au stade de l’élaboration ; toutefois, Mme Rus a déjà fabriqué un prototype fonctionnel. Elle dispose de cinquante cubes robotisés d’un centimètre et parvient à obtenir des formes géométriques. Ses recherches portent sur l'obtention de blocs beaucoup plus petits… ◗

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NEWS Robots septembre / octobre 2012 Un robot anti-infection La clinique des Cèdres d’Échirolles, dans la banlieue de Grenoble, a fait de la lutte contre le risque infectieux sa priorité. Elle compte aujourd'hui parmi les établissements les mieux classés en matière de lutte contre les infections nosocomiales. Elle devrait encore améliorer son résultat grâce à l’installation d’un nouveau robot, qui vient de recevoir son autorisation de la Food and Drug Administration : le GeneXpert Infinity-80, élaboré par la société américaine Cepheid. Ce robot, disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, peut réaliser simultanément quatre-vingts tests et rechercher la présence de bactéries aussi diverses que le staphylocoque doré, le streptocoque B ou encore Mycobacterium tuberculosis, le bacille de Koch. Cerise sur le gâteau, le résultat des tests moléculaires réalisés par GeneXpert Infinity-80 est disponible au bout d’une heure… L’installation de ce robot constitue d’ailleurs une première mondiale ! (Selon la clinique des Cèdres et la société Cepheid, il pourrait permettre de prendre une « avance d’environ cinq ans sur ce qui se pratique actuellement dans le monde médical ».) ◗

Le Sea Explorer va au fond des choses Le planeur sous-marin Sea Explorer est « le premier système robotique français de ce type », selon M. Claustre, directeur de recherche du CNRS à l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer. Développé par des organismes scientifiques et des entreprises françaises, il peut analyser des données scientifiques jusqu'à une profondeur de 700 m. Pour sa première mission, le démonstrateur a fait des allers-retours jusqu'à 50 km des côtes, remontant régulièrement à la surface pour déployer son antenne et envoyer des données aux chercheurs. (Signalons que les scientifiques utilisent actuellement des planeurs sous-marins américains.) Les chercheurs français pourront ainsi mieux comprendre le fonctionnement de l'océan et son rôle dans un contexte de changement environnemental. En effet, le Sea Explorer est équipé de capteurs miniaturisés qui permettent de mesurer la température, la salinité, la concentration en produits chimiques ou ;en phytoplancton de l’eau. ◗

Une démarche presque parfaite Des scientifiques américains ont conçu des jambes biomécaniques uniques au monde — une avancée vers la création de robots « doux », à même d’aider et de fréquenter des humains. Ces jambes sont les premières à imiter fidèlement la marche de l’homme et à reproduire son mode de déplacement, économe en énergie. Des détecteurs placés dans les pieds aident un ordinateur à ajuster le déplacement en fonction de la surface. « Avec ce robot, si vous poussez contre les jambes, il ne résiste pas. À l’inverse des robots conventionnels issus des robots industriels — qu'il ne serait pas prudent de laisser avec votre grand-mère », a déclaré Anthony Lewis, qui travaille sur cette invention avec Theresa Klein, à l’université d’Arizona. Le squelette des jambes reproduit celui de l’homme et les muscles sont simulés par des sangles, qui montent et descendent. Les mouvements sont dirigés par un logiciel qui dicte le rythme des signaux musculaires après avoir collecté les informations fournies par différentes parties du corps. (La prochaine étape consistera à inclure la vision et des détecteurs tactiles.) ◗

Ça plane pour le Batbot ! C’est en étudiant la roussette à tête grise, une chauve-souris de grande taille, et en se basant sur les travaux de chercheurs du laboratoire de mécanique des fluides de la Brown University de Providence (qui sont parvenus à modéliser l'aérodynamique de leur vol) qu’un groupe de recherche en robotique et en cybernétique de l’université polytechnique de Madrid a développé le Batbot, un drone qui a l’aspect d’un chiroptère et reproduit sa façon de battre des ailes. Le principal enjeu du projet : atteindre un niveau d’agilité et de manœuvrabilité comparable à celui desdits chiroptères. Pour cela, il fallait non seulement que ce drone fût de petite taille (son envergure est de 50 cm) et léger (son poids est de 125 g) — mais surtout que ses ailes fussent déformables et pussent être actionnées avec rapidité et précision. Désireux de reproduire la faculté qu’ont les chauves-souris de modifier la forme de leurs ailes en vol, les chercheurs ont mis au point des fils en alliage de nickel et de titane, jouant le rôle de muscles artificiels qui, grâce à leur mémoire de forme, passent d’une position à une autre sous l’action d’un courant électrique. Les ailes, dotées chacune de quatre degrés de liberté, sont constituées d'un squelette recouvert d'une membrane en silicone de 0,1 mm. Le tout est complété par des servomoteurs et un récepteur pour la télécommande opérant à 49 MHz. L’ensemble permet au Batbot de replier et de déplier ses « phalanges » pour étendre et rétracter les ailes pendant la descente et la montée. À terme, son rythme de déplacement pourrait atteindre 2,5 Hz (soit 2,5 battements d’ailes par seconde), ce qui le ferait voler à la vitesse de 5 m/s. Une fois mis au point, il pourrait non seulement servir à des fins militaires mais aussi à d’autres missions (inspection, exploration, étude du comportement des animaux en milieu naturel, lutte contre les nuisibles, etc.).◗

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Berenson, un robot amateur d'art Issu d’une collaboration entre Partnering Robotics, le laboratoire ETIS de Cergy et l’IRD, Berenson est le premier robot (doté d’un sens esthétique artificiel) capable d'éprouver des émotions devant des œuvres d'art. En avril dernier, il a fait l’objet d’une expérimentation hors du commun au musée du quai Branly. Accompagné d’un roboticien et d’un anthropologue, Berenson a analysé le comportement des visiteurs pour se forger un sens de l’observation et développer son propre sens de l’esthétique. En l’immergeant au cœur des collections du musée, le but de ce projet de recherche consistait à travailler sur un modèle d'apprentissage de l'émergence d'une forme d’esthétique artificielle (EA) chez un robot. Et aussi à s'interroger, d'un point de vue anthropologique, sur le regard qu'on peut porter sur les collections du musée. Les visiteurs étaient d’ailleurs invités, par le biais de l’interaction, à participer à cette expérience unique en contribuant à définir les critères d’appréciation du robot. ◗

Un bras robotique commandé par la pensée des personnes tétraplégiques The BrainGateTM Neural Interface System cherche à transformer la pensée en action en utilisant un capteur implanté directement dans le cortex moteur du cerveau d’un individu. Cet ambitieux projet vise à développer et à améliorer cette technologie — pour restaurer l’indépendance et la mobilité des personnes souffrant d’une paralysie ou affligées de la perte d’un membre. Et pour la première fois, en avril dernier, deux personnes tétraplégiques ont réussi à boire par leurs propres moyens en utilisant un bras robotique qu’elles contrôlaient par la pensée, grâce à un capteur implanté dans leur cerveau. Cette puce est composée de quatre-vingt-seize microélectrodes, reliées par des câbles en or qui transmettent l'information à un ordinateur via un module externe fixé sur le sommet du crâne. L'activité cérébrale enregistrée par le capteur est ensuite transmise à un ordinateur, qui la décode puis envoie l’ordre à un appareil. Cette expérience a démontré qu'il était possible d'aider des personnes, tétraplégiques de longue date, à gagner un peu d'autonomie. Dans le cas présent, il s'agissait d'un bras robotique — mais cela pourrait aussi bien être une prothèse, un fauteuil roulant ou un système de stimulation électrique qui ferait bouger les membres paralysés. Les chercheurs travaillent sur une version sans fil du capteur, afin de rendre le système complètement mobile et nettement plus confortable. Ce nouvel implant se composera d'un substrat polymère souple sur lequel seront intégrés un convertisseur numérique, un contrôleur basse tension et un émetteur infrarouge qui transmettra les informations à travers la peau. Actuellement testé sur le cerveau de macaques, il permettra un enregistrement de l'activité cérébrale sur seize canaux à large bande. Il reste toutefois beaucoup de travail à accomplir avant de passer à l’expérimentation humaine, surtout en ce qui concerne la biocompatibilité de l'implant et l'efficacité de la transmission infrarouge. (Ces scientifiques estiment enfin qu’il leur faudra une décennie avant que de telles solutions de contrôle par la pensée soient utilisables au quotidien…) ◗

MorpHex, le robot hexapode qui se met en boule L’ingénieur norvégien Kåre Halvorsen (également connu sous le nom de Zenta), qui a pour passion de créer des robots hexapodes pendant ses heures de loisir, ne cesse d’améliorer les performances de son MorpHex (Morphing Hexapod). Ce surprenant petit robot est composé d’une coque sphérique séparée en deux hémisphères — eux-mêmes divisés en six segments qui, une fois réunis et collés les uns aux autres, forment un hémisphère. Derrière ces segments incurvés en polycarbonate se trouvent une vingtaine de servomoteurs qui lui assurent une incroyable mobilité et lui permettent de changer de taille en fonction de ses déplacements. Grâce à ses segments, le MorpHex possède deux modes de déplacement différents : en mode Hexapode, il est capable de se mouvoir sur ses six segments inférieurs (qu’il utilise comme des pattes de façon particulièrement véloce, à la manière d’une araignée) et de contrôler sa trajectoire ; en mode Sphère, il se transforme en boule et peut rouler puis s'arrêter très rapidement… ◗

De la peau artificielle sensible au toucher La science essaie depuis des années de reproduire les cinq sens de l’homme, afin de fabriquer des robots capables de lui ressembler. Avec le goût et l'odorat, le toucher fait partie de ceux qui sont les plus difficiles à créer artificiellement — mais les choses sont en train d’évoluer grâce aux travaux effectués par un groupe de chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis). Ils ont en fait développé une peau artificielle transparente d’une incroyable élasticité. Elle est si souple qu’elle peut être étirée et atteindre plus de deux fois sa taille initiale (dans n’importe quel sens) et reprendre sa forme originelle, une fois relâchée, sans présenter la moindre ride, ni le plus petit dommage. Cette « superpeau », qui fait moins d’un millimètre d'épaisseur, est en fait un capteur de pression utilisant un film transparent de nanotubes en carbone, pulvérisés dans une suspension liquide sur une fine couche de silicone. Elle mesure avec précision la force qui lui est appliquée, qu’il s’agisse d’un léger étirement ou d’une forte compression. C’est le changement perçu par le film de nanotubes qui permet au capteur de transmettre ce qu’il ressent. Et quand les capteurs détectent le toucher d’un objet, l'épaisseur de la peau s'adapte en fonction de la pression et s'épaissit ou s'amincit dans un laps de temps de l'ordre de la milliseconde. (Ce temps de réaction apparaît très proche de celui de la peau humaine.) Et ce changement d'épaisseur est ensuite converti en signal électrique qui, une fois transmis au robot, lui indique la force avec laquelle il doit toucher ou attraper un objet en fonction de sa nature. Une fois définitivement mis au point, ces capteurs pourraient, dans un avenir plus ou moins proche, aussi bien équiper des écrans tactiles que servir de peau artificielle pour une nouvelle génération de robots ou pour recouvrir des prothèses destinées aux personnes ayant subi une amputation. ◗

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Pages réalisées par Nicolas Denis

L’avancement du projet SARTRE Après les premiers essais réalisés avec succès, au cours de l’année dernière, sur des circuits et aussi sur des routes fermées, le projet européen SARTRE (Safe Road Trains for the Environment) vient de franchir une étape significative… Rappelons qu’il s’agit d’un système qui permet, grâce à l’interconnexion entre différents véhicules et par le biais de caméras et de capteurs, de circuler en convoi guidé par un seul conducteur. Son objectif : étudier les moyens de faire circuler des grappes de véhicules en convoi sur le réseau autoroutier sans même avoir besoin d’en modifier les infrastructures. C’est en Espagne, dans la région de Barcelone, que le constructeur suédois Volvo a récemment effectué une nouvelle série de tests, mais cette fois en conditions réelles, sur une autoroute ouverte (à la circulation aléatoire et non contrôlée). Trois Volvo (une XC60, une V60 et une S60) sans conducteur, mais guidées par un camion « tracteur » de la marque (faisant office de véhicule de tête et piloté par un chauffeur professionnel), ont parcouru 200 km à la vitesse moyenne de 85 km/h. Tout s’est parfaitement déroulé malgré la circulation, le relief et la nature de la chaussée. Au total, depuis le lancement de ce projet en 2009, les véhicules impliqués ont déjà accompli près de 10 000 km au cours des différentes expérimentations. ◗

Le Furby est de retour ! Rappelez-vous : il y a quelques années, un petit robot social envahissait les listes des cadeaux de Noël — le Furby ! Venant après le Tamagotchi (virtuel), qui lui aussi avait déchaîné les passions et gagné la faveur du grand public, cette charmante boule de poils faisait évoluer sa personnalité selon la façon dont on s'occupait d’elle… Le Furby possédait son propre langage et pouvait discuter avec ses congénères. Pour les prochaines fêtes de Noël, Hasbro a décidé de remettre au goût du jour son doudou robotisé. Ses yeux ont été remplacés par de petits écrans à LED et il peut ainsi mieux exprimer ses sentiments ; ses oreilles et sa queue sont à présent complètement mécanisées et dotées de nombreux capteurs tactiles. Et la bestiole reconnaît ce que vous lui dites et peut même vous « voir ». Cette nouvelle version sera d’ailleurs accompagnée de nombreuses applications pour les appareils nomades comme les smartphones et les tablettes. (Le prix annoncé serait bien inférieur à 100 €.) ◗

Un scientifique veut mourir pour ressusciter dans un robot… Kenneth Hayworth n'est pas n'importe qui… Chercheur à l'université d'Harvard, il a travaillé pour la NASA. Il se consacre depuis quelques années à la plasticination, un procédé qui permet de transférer la conscience d'un être vivant dans l'ordinateur d'un robot — et de devenir ainsi quasi immortel. Intimement persuadé que son travail ira jusqu'au bout, il est volontaire pour être le premier cobaye sur lequel on tentera l'expérience. Ladite plasticination consiste à remplacer l'eau et la moelle épinière du cerveau par une résine plastique, sans casser le connectome. (La conscience devrait ainsi être conservée comme un parfait fossile. Il suffira ensuite de simuler ses cent milliards de neurones et ses cent trillions de synapses sur un ordinateur pour la relancer sur un robot hébergeur.) Mais cette étape va certainement poser problème, car la technologie nécessaire ne sera peut-être pas disponible avant le XXIIe siècle… Kenneth Hayworth veut pourtant tenter l'expérience et mettre fin à ses jours avant que son propre corps ne cesse de fonctionner ! Il espère ainsi que dans quelques décennies, son cerveau sera en assez bon état pour que sa conscience devienne à nouveau vivante, abritée dans un robot. Mais tout comme le problème de la téléportation, ce genre de transfert ne permet pas d'importer une vraie conscience : ce n’est qu’une copie — l'original a disparu. Mais la copie aura l'impression d'être l'original… ◗

Avec Kissenger, envoyez vos baisers à l'autre bout du monde ! Qui n'a jamais envoyé de bisous virtuels par le biais d’Internet ou du téléphone ? Cependant, le récepteur ne percevait jusqu’à maintenant que le bruit du baiser… C'est pourquoi certains petits malins de chez Lovotics se sont penchés sur le problème et ont développé le Kissenger. De la forme d’un œuf de taille respectable, il arbore une grosse paire de lèvres sur le côté. Et si l'on embrasse les lèvres d'un Kissenger relié à un autre par Internet, le second restitue le même bisou… (Lesdites lèvres sont capables de détecter les moindres points de pression à l'aide de petits vérins.) Hélas pour les romantiques pathétiques, il n’existe pas encore de modèle prévoyant les mouvements de la langue, mais nous pouvons supposer que les développeurs y ont déjà pensé… Et espérons que ce type de robot sera facilement nettoyable : imaginez, sans cela, qu’il faille utiliser celui d’un tiers !… ◗

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N A B I L A C N O I T A I C

AS S O LES 24 HEURES DE LA

ROBOTIQUE Comme nous l’évoquions dans le précédent numéro de Planète Robots, de nombreux membres de notre association (et d’autres) estiment qu’il est temps pour une compétition robotique d’un nouveau genre de voir le jour…

tous : écoles, amateurs, entreprises, etc. Que le meilleur gagne ! LE RÈGLEMENT TECHNIQUE Pour rappel, l’idée consiste à mettre en place une course d’endurance d’une durée de vingtquatre heures, destinée à favoriser l’émergence de nouvelles approches robotiques — tout en consolidant celles qui existent déjà. En réalité, cela fait désormais pratiquement trois ans que notre association travaille à sa mise en place et nous sommes heureux de vous annoncer que cette course aura bien lieu, à la fin du mois de mai 2013, dans le cadre de Geekopolis (le Mondial de la culture geek). Cette course, Les 24 Heures de la Robotique, aura lieu devant un public nombreux sur un circuit à tracé multiple dessiné dans la zone robotique du salon. Et pour des raisons pratiques, elle se déroulera en quatre manches de six heures (chaque manche ayant lieu durant les horaires d’ouverture dudit salon). Il a d’autre part été acté que trois catégories de robots seront admissibles dans la course et, bien que concourant pour la victoire au classement général, chaque catégorie bénéficiera d’un classement particulier et d’un podium. Ces trois catégories sont… — Robots Compétition Endurance Libre (RCE-L). — Robots Compétition Endurance Humanoïdes (RCE-H). — Robots Compétition Endurance Life-Size (RCE-LS). Il faut noter que cette compétition est basée sur un règlement fondé sur des interdictions, ce qui signifie que : « Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. » Chaque équipe pourra engager au maximum deux robots, quelle que soit la catégorie. Vous trouverez ci-dessous une version préliminaire

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Catégorie RCE-L Taille maximale (longueur x largeur x hauteur) : 50 cm x 50 cm x 50 cm. Poids maximal : 4 kg. Source d’énergie : libre (générateur radio isotopique et groupe électrogène interdits). Capteurs : libres. Calculateur : libre. Degrés de liberté : libres. Mode de déplacement : libre (à l’exception des appareils à sustentation — sera considéré comme relevant d’un tel mode de déplacement tout robot qui n’aura pas parcouru au moins 80 % de la distance du circuit en contact avec le sol).

Le robot de ZMP pourrait, pourquoi pas, entrer dans la catégorie Humanoïdes.

du règlement (susceptible d’évoluer dans les semaines qui viennent). Pour suivre cela, rendez-vous sur le site www.cubernetes.com, dont une section entièrement dédiée à cette course va prochainement être mise en place. Vous pouvez présenter votre projet à la commission de sélection en nous contactant par email à contact@caliban-web.com. Les modalités d’inscription seront communiquées ultérieurement. Bien entendu, la course est ouverte à

Catégorie RCE-H Taille maximale (hauteur) : 80 cm. Poids maximal : 6 kg. Source d’énergie : libre (générateur radio isotopique et groupe électrogène interdits). Capteurs : libres. Calculateur : libre. Degrés de liberté : libres. Mode de déplacement : bipédique (course à pied autorisée). Catégorie RCE-LS Taille maximale (longueur x largeur x hauteur) : 100 cm x 80 cm x 150 cm. Poids maximal : 30 kg. Source d’énergie : libre (générateur radio isotopique et groupe électrogène interdits). Capteurs : libres. Calculateur : libre. Degrés de liberté : libres.


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“Cette course Les 24 Heures de la Robotique, aura lieu devant un public nombreux sur un circuit à tracé multiple dessiné dans la zone robotique du salon.”

Et si le DARPA engageait ses robots dans cette compétition ?

terrupteur coupe-circuit permettant d’isoler la source d’énergie. 13. Chaque robot devra être équipé d’un support transpondeur du type de ceux qui sont utilisés en modélisme (les transpondeurs seront fournis par l’organisation). 14. La durée de l’arrêt aux stands n’est pas limitée. 15. L’organisation se réserve le droit d’effectuer des contrôles techniques sur les robots durant la course en cas de doutes répétés sur la nonconformité au présent règlement. 16. Sera déclaré vainqueur le robot ayant parcouru le plus grand nombre de tours à l’issue

Mode de déplacement : le système locomoteur doit exploiter des jambes, libres en nombre. RÈGLEMENT SPORTIF 1. Tout appareillage ou appendice destiné à endommager les autres robots est formellement interdit. 2. Tout robot détectant un robot plus rapide que lui remontant par l’arrière a l’obligation de se déporter sur la droite du circuit afin de le laisser passer. 3. Tout robot tentant de dépasser un autre robot doit se déporter sur la gauche du circuit. 4. Les robots de toutes les catégories doivent fonctionner, lorsqu’ils sont sur le circuit, de façon parfaitement autonome (énergie et contrôle). La voie des stands n’est pas soumise à cette règle. 5. En cas de problème technique rencontré par un robot sur la piste, si ce dernier peut être ramené aux stands en télécontrôle, l’équipe se verra infliger un tour de pénalité. Si les organisateurs doivent ramener le robot à son équipe, elle se verra infliger dix tours de pénalité. 6.Toutes les interventions sur le robot (énergie, réparation, améliorations, etc.) ne peuvent être effectuées que dans la voie des stands. 7. À l’issue de douze heures de course, tout robot n’ayant pas franchi 50 % de la distance parcourue par le leader de la catégorie sera éliminé. Il sera toutefois autorisé à continuer de tourner sur la piste, mais hors classement. 8. Tout robot infligeant des dommages à un autre robot (volontairement ou non) écopera d’un stop-and-go (arrêt aux stands durant lequel l’équipe ne peut intervenir dessus) d’une durée d’une à trente minutes, suivant appréciation des organisateurs. 9. Le sponsoring sur la coque des robots est autorisé. 10. Des obstacles présents sur le circuit constitueront autant de raccourcis (par exemple, un escalier reliant deux points d’une grande boucle). Si un robot est capable de le franchir, libre à lui de l’emprunter, quelle que soit sa catégorie. 11. Tout abandon est définitif. 12. Tous les robots doivent être équipés d’un in-

L’Asimo paraît tout indiqué pour la compétition Life Size.

l’ordre du classement de la séance précédente. — Douze places sont disponibles en catégorie RCE-L, douze en RCE-H et six en RCE-LS. Les robots solaires sont tout à fait indiqués pour ce genre de compétition d'endurance.

des vingt-quatre heures de course. Il y aura donc quatre classements (RCE-L, RCE-H, RCELS et Général). ORGANISATION — Chaque équipe se verra attribuer une table de deux mètres de long et une prise électrique. — Un réseau WiFi ainsi qu’un accès Internet seront disponibles. Ils ne pourront toutefois pas être utilisés pour déporter le traitement sur des machines extérieures au robot. Le transfert de traitement est cependant autorisé à la condition que chaque équipe mette en place son propre système de transmission. — À l’issue de chaque session de six heures, les robots seront mis hors tension et placés dans un parc fermé sous surveillance. Il est interdit aux équipes d’intervenir sur les robots lorsqu’ils se trouvent dans le parc fermé. À la séance suivante, chaque robot repartira des stands dans

Notez bien que ce règlement préliminaire va sensiblement évoluer — mais les grandes lignes sont là. N’hésitez pas à venir fréquemment sur www.cubernetes.com : le tracé sera bientôt communiqué, tout comme les caractéristiques de repérage pour les robots. (Pour toutes questions, contactez-nous à contact@caliban-web.com.) Robotiquement vôtre ! ■Association Caliban Venez parler de tout ça avec nous sur : http://www.cubernetes.com

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NAO TECHDAY 2012 UN LIEU D’ÉCHANGES Le 13 juin de cette année 2012 se déroulait la seconde édition du Nao TechDay, un événement organisé par… Aldebaran Robotics. On a pu y assister à plusieurs conférences internationales, traitant des recherches effectuées sur le robot Nao. Plus d’une centaine de personnes, venues du monde entier, étaient présentes !…

conçu dans cet esprit une application vocale qui permet au robot humanoïde de comprendre l’humeur d’un utilisateur lambda en analysant les pics sonores de sa voix. Nao peut ainsi réconforter son interlocuteur lorsqu’il est d’humeur chagrine ou encore se rendre compte que ce dernier manifeste son mécontentement quand il vient à commettre une erreur. Notons toutefois qu’il ne peut actuellement comprendre que sept voix (quatre féminines et trois masculines, en anglais), assimiler quatre émotions (la joie, la colère, la neutralité la tristesse) et six comportements (extraversion, optimisme, émotion, confiance, amitié et autorité).

Le Nao en charmante compagnie !

La reconnaissance vocale Les robots doivent s’adapter à l’homme et non l’inverse : c’est donc dans ce sens que des recherches ont été effectuées pour améliorer Nao… Le LIMSI (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences) du CNRS a

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Place au divertissement robotique ! Déjà fort connue du grand public, la société HumaRobotics a elle développé une application qui permet à notre ami Nao de mener à bien une partie de Puissance 4. Cette application made in Génération Robots vise un juste milieu — entre les demandes du pékin moyen et les objectifs avoués des chercheurs… En partant du constat que le robot humanoïde disposait de toutes les capacités indispensables à une intégration dans les foyers (robustesse, facilité d’utilisation et Intelligence artificielle), ils ont eu la bonne idée de concocter cette application ludique. Le travail n’a d’ailleurs pas été fait à moitié — puisque pour corser les parties, ils ont développé différentes attitudes à adop-


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“Le travail n’a d’ailleurs pas été fait à moitié — puisque pour corser les parties, ils ont développé différentes attitudes à adopter dans le jeu pour Nao. Il sait ainsi se montrer confiant, prudent — voire agressif !”

ter dans le jeu pour Nao. Il sait ainsi se montrer confiant, prudent — voire agressif ! Et grâce à cette application, il peut combiner différentes contraintes complexes et modifier son comportement selon les résultats du jeu : si par exemple ses adversaires gagnent trop souvent, Nao pourra « s’ennuyer », ou au contraire, si les résultats s’équilibrent, se montrera « anxieux » (plus d’informations sur www.humarobotics.com). La reconnaissance faciale Un système de reconnaissance faciale a également été développé : grâce à ses capteurs visuels, Nao peut détecter les humains environnants et localiser l’endroit où se trouve son interlocuteur : une véritable avancée sociale — puisqu’elle permet au robot de paraître plus à l’écoute ! Ce n’est pas tout ; il se montre aussi capable d’identifier tout un éventail de paramètres (l’âge, le sexe, le nom d’une personne donnée, etc.).

HumaRobotics est venu présenter son application Puissance 4. — Les conférences comme source d'inspiration pour de futurs développements. — En bas : Le Nao Techday avait lieu dans la Bibliothèque des Sciences et de l'Industrie

La préhension Une université californienne vient tout juste de développer une application qui procure à notre ami Nao la capacité de reconnaître des objets grâce à la seule préhension : un peu à la façon du robot BioTac, il peut, en prenant un objet dans sa main robotique, le nommer et déterminer son utilisation. Les facultés sociales Quant à Markus Häring, doctorant à l’université d’Augsbourg, en Allemagne, il a trouvé judicieux de doter Nao de facultés sociales : il peut ainsi répliquer à une grossièreté en adoptant une tonalité « triste » — car bien sûr il n’est jamais agréable de se faire insulter (plus d’informations sur www.hcm-lab.de)… ■Boris Kesler

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SORBONNE PARIS CITÉ

Le 13 juin dernier a eu lieu, au Réfectoire des Cordeliers (lieu de rassemblement des universités parisiennes), la première RoboUniCup de Paris. Cet événement mettait en concurrence Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13, qui ont pu ainsi présenter leurs meilleurs projets informatiques de l'année…

PREMIÈRE COMPÉTITION DE ROBOTS

DEUX COMPÉTITIONS DE ROBOTIQUE

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Avec les Lego Mindstorms Une compétition de palets pour les robots Lego qui devaient, en simple ou en double, pousser derrière leur ligne un maximum de ces palets, ramassés sur le plan de jeu ! Il leur fallait à la fois les rechercher, mais également tenir compte de la présence, sur l'aire, des adversaires. Et à l'issue d'une après-midi de matchs, c'est l'université Paris Diderot qui a remporté les deux prix (avec l'équipe Xception en solo et l'équipe Scoprio en duo). Le robot Schwarzy, créé avec un kit Lego Mindstorms NXT.

Avec Nao Le célèbre Nao a lui aussi été mis à rude épreuve, lors d'une rencontre de « basket ». Pas de dribbles ni de tirs à trois points pour l'instant : Nao devait repérer une balle, se positionner devant elle, l'attraper, se diriger vers un panier et y jeter la balle (chacune de ces actions rapportant des points à l'équipe, qui disposait de cinq minutes pour démontrer les qualités de sa programmation). Les deux adversaires en lice avaient développé des gestuelles très différentes et c’est finalement l'équipe Yanku, de l'université Paris Descartes, qui a triomphé. DES PROJETS INFORMATIQUES DE HAUT NIVEAU La RoboUniCup fut donc l'occasion de présenter


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“Dans ce cadre un programme a été développé pour permettre à un Nao de se localiser dans une pièce en utilisant l'effet de moiré (un effet de contraste changeant avec la déformation d'un objet, indépendamment des effets d'ombre).” Partout où apparait Nao, les paparazzis sont là.

quelques-uns des projets informatiques les plus aboutis de cette année universitaire… La localisation d’un robot fondée sur l’effet de moiré Ce projet utilise les effets de contraste que peut percevoir un robot via ses caméras. Dans ce cadre, un programme a été développé pour permettre à un Nao de se localiser dans une pièce en utilisant l'effet de moiré (un effet de contraste changeant avec la déformation d'un objet, indépendamment des effets d'ombre). On parle du moiré d'une étoffe (par exemple la soie). Et l’on peut obtenir un effet similaire en superposant deux voiles à maille régulière, ou bien lorsqu’on observe deux grillages l'un derrière l'autre, à une certaine distance. D'une manière générale, le moiré est une figure composée de lignes sombres et de lignes claires résultant de la superposition de deux réseaux (un ensemble de lignes parallèles). Il s'agit là d'un phénomène d'interférences spatiales entre les deux réseaux. Il peut être utilisé pour analyser la déformation d'un objet et permet aussi d'expliquer l'effet étrange produit par une chemise à rayures à la télévision (superposition de la trame de la chemise et de la trame de l'écran). Étudiants : M. Laurent et R. Heinrick. L’ASApp (Auto Scrolling App) : une interface pour lecture défilante Le projet consiste à développer une IHM adaptée à la présentation d'un texte déroulant, sur l'écran d'un smartphone sous Android. L’idée d’un logiciel d’affichage de texte par défilement consiste à substituer en partie le défilement artificiel du texte à celui qui est opéré naturellement par le regard lors de la lecture. L’avantage en est, outre un gain de vitesse, la possibilité de faire tenir un texte sur un dispositif de visualisation d’une dimension bien inférieure à celle d’une page d'e-book — en conservant la facilité de la lecture classique. (Avis à nos lecteurs : le logiciel étant en passe d’être commercialisé, les étudiants sont à l'écoute de tout investisseur souhaitant participer au projet ! Contacts : asapp.contact@gmail.com et sur le Net, sites.google.com/site/asappsoft.) Étudiants : M. Ikrelef, R.-M. Motyka, D. Prak et T. Zerrouki. Ces deux projets ont eu le privilège de participer à

l'Imagine Cup de Microsoft, où il s’agit de créer des applications et d’imaginer des solutions qui peuvent aider à rendre le monde meilleur. La compétition tourne donc autour des problèmes du millénaire (la pauvreté, la faim, l’inégalité des sexes, l’environnement, l’accès à l’éducation et la santé). Le projet Windows Phone Comment, en cas d'accident, réduire le temps d’intervention des secours ? En effet, il faut environ seize minutes à ces derniers pour arriver sur les lieux d’un accident. C’est pour réduire notablement ce délai qu'a été créée Phone&Rescue, une application pour smartphone sous Windows Phones, qui implique toutes les personnes de la chaîne de secours (de l’appelant au médecin en passant par l’opérateur). L’application ne prend pas de décision — mais apporte une aide significative, ce qui accélère la procédure… On peut ainsi contacter un médecin, chercher des défibrillateurs et même prévenir les automobilistes ! Étudiants : J. Bernard, I. Meziani, D. Lecoconnier et L. Daniel. Le projet My Green World La mise en œuvre des solutions de gestion énergétique à l’échelle internationale reste à la discrétion des États. Il existe cependant une volonté croissante des individus d’accomplir un geste écocitoyen en mettant en place des dispositifs propres à utiliser les énergies renouvelables. Par ailleurs, des aides internationales sont apportées aux agriculteurs, mais peu de solutions sont prises au niveau local pour les aider à choisir les plantes les plus adaptées à leur écosystème. Et ces deux problématiques ont été mises en évidence par l’ONU dans ses axes de développement pour le nouveau millénaire. Ce projet veut donc contribuer à les résoudre et utilise dans ce dessein les données open data des gouvernements et des institutions. Par le recoupe-

ment de jeux de données climatiques, géologiques, énergétiques ou intéressant la flore, etc., les étudiants sont alors capables de fournir à tout un chacun, à partir de sa géolocalisation, les solutions énergétiques et la nature des espèces végétales les plus adaptées. Par le biais d’une interface très simple, l’utilisateur peut donc connaître l’impact écologique de la solution qu’il envisage et les gains qu’il peut en espérer. Étudiants : M. Louchet, K. Masseix et C. Cuq. On le voit, ce ne sont pas les idées qui manquent aux étudiants d'aujourd'hui — les créateurs des applications de demain ! Elles bénéficient d’ailleurs d’une reconnaissance certaine car My Green World a été un des finalistes de la catégorie open data de l’Imagine Cup et ses concepteurs ont pu s'envoler vers l'Australie (où avait lieu la compétition cette année), afin de montrer de quoi ils étaient capables… Souhaitons le même sort à ceux qui s’apprêtent à entrer en lice pour la prochaine édition ! ■Nicolas Denis

La remise des prix.

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de plus.

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Les dossiers

L’INTRODUCTION SOCIALE DES ROBOTS

ANALYSE ET DÉCRYPTAGE

Nous appuyons sur un bouton et une lettre apparaît… Nous sommes décidément bien loin de la machine à écrire ! Il était facile, il n’y a guère, de comprendre quel était le déroulement mécanique effectif entre l’application de notre doigt sur la touche et l’impression de la lettre sur le papier. Nous avions encore l’impression d’avoir un contrôle total sur le matériel que nous utilisions — une sensation qui a complètement disparu avec l’avènement de l’informatique… Cela inquiète les plus âgés — et cela soulage les jeunes… D’autant que la machine nous comprend de mieux en mieux et réussit à prévoir nos faits et gestes : elle devient intuitive. Chez vous, dans vos poches, au travail, dans la rue ou au supermarché, elle est tellement présente qu’on ne la voit plus. L’informatique débouche aujourd’hui sur la robotique et l’ordinateur interagit avec le monde réel. Cet exploit est rendu possible par l’intégration de capteurs et d’actionneurs. De plus en plus, les robots apprennent et décident de leurs gestes en « conscience » : ils interprètent. Mais quelle est leur place dans notre vie ? Pourquoi ne les voit-on pas ? Que pourraient-ils nous apporter dans les années à venir ? Faut-il s’inquiéter ?… Dans ce dossier, c’est une prise de conscience que nous souhaitons partager avec

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vous. Nous allons faire le parallèle entre l’évolution de la robotique et la nôtre, en nous appuyant sur de véritables exemples et sur notre propre histoire. À l’issue de votre lecture, vous ne regarderez sans doute plus la technologie de la même manière… Et si la culture occidentale nous pousse à être conservateurs — voire effrayés par la nouveauté —, les technologies finissent souvent par figurer, en dernier lieu, au cœur de notre vie. L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE — POUR QUOI FAIRE ? Nos appuyons sur un bouton et le smoothie est prêt… C’est vrai, ça ! À quoi sert l’Intelligence artificielle dans la vie de tous les jours ? Pourquoi voudrait-on d’un mixeur qui détermine l’instant où il doit s’arrêter pour concoc-

ter ledit smoothie ? Tout d’abord, parce que nous vivons dans une société où la fuite du temps a pris une importance considérable… Plus on gagne de temps dans l’exécution des petites tâches, plus on se concentre sur d’autres activités plus intéressantes. La machine est là pour nous assister et c’est encore mieux si elle se montre capable de s’entretenir sans intervention humaine. (Cela rappelle sensiblement l’esclavage !) L’homme a toujours cherché à sous-traiter ses tâches de la manière la moins coûteuse possible — et pas forcément la plus morale. On peut retrouver cette volonté dans la Politique d’Aristote, où l’esclave était défini comme indispensable à la société et occupé à accomplir des travaux manuels, pendant que le citoyen pensait. Dans une société où tous les hommes sont égaux et où


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“De plus en plus, les robots apprennent et décident de leurs gestes en « conscience » : ils interprètent. Mais quelle est leur place dans notre vie ?”

Le robot social Robosem. —Le drone sousmarin Shoal découvre les sources de pollution. — Le Telenoid peut faire peur à nous occidentaux, mais il est pourtant créé pour devenir un robot social.

les prisonniers ne sont plus au service de la communauté, on vise à remplacer cette notion d’esclavage par celle d’assistance automatisée. On a besoin de robots intelligents — mais pas en trop grande quantité : l’humain n’aime pas être surclassé par celui qui le sert… Le robot d’assistance, loin d’être seulement un serviteur attentionné, peut fournir une indépendance à ceux qui souffrent d’un handicap contraignant, réduire les dangers de la route et de ses environs, augmenter l’efficacité des manutentionnaires, protéger votre domicile, por ter assistance dans des environnements accidentés, effectuer une mission sur les sites radioactifs — et plein d’autres choses encore. Finalement, lorsqu’il nous complète, un robot intelligent rassure… L’un des robots intelligents les plus complets et les plus complexes d’aujourd’hui est la voiture robot. Lorsqu'elle transporte un chargement sur les routes nationales, il lui faut prendre en compte le contexte dans son ensemble — des réglementations au comportement des autres véhicules. Ajoutons à cela l'état de la route, la météo, les signalisations temporaires, le scooter qui double à droite, le manque de visibilité et toutes ces variables qui font que la conduite peut être dangereuse… De plus, non content d’intégrer cela, notre

conducteur robot doit encore prendre les décisions appropriées (que la situation soit nouvelle ou prévue par le concepteur). Il ne s’agit plus d’une modeste machine répondant à la pression de votre doigt sur un interrupteur ; la décision n’est plus simplement binaire et le robot utilise les probabilités : il connaît le « peut-être ». Pour en arriver là, un processus d'apprentissage se révèle souvent nécessaire. On évoquera alors les réseaux de neurones et les bases de connaissances… Le plus fou, c’est que l’Intelligence artificielle est

de plus en plus accessible grâce au monde du logiciel libre. De nombreuses bibliothèques numériques comme la FANN (Fast Artificial Neural Network Library) vous permettent d’appréhender et d’utiliser les réseaux neuronaux et les cours gratuits et interactifs d’udacity.com vous expliquent les algorithmes officiels de la Google Car. Sans oublier des sites d’actualité comme shyrobotics.com et robotimpact.com, qui se donnent pour rôle de présenter les travaux de ces communautés. Le monde du logiciel libre a en fait donné un élan extraordinaire à la robotique — pour la rendre plus accessible et toujours plus puissante. Quant à l’industrie de l’aéronautique, elle a depuis bien longtemps transformé ses avions en véritables robots capables de voler en mode automatique. Et les hôpitaux s’équipent de matériels de pointe qui évitent les dérapages chirurgicaux. Enfin, les maisons de retraite suivent de près les projets ROMEO et Asimo pour que les personnes âgées ne se sentent plus abandonnées lorsqu’elles expriment un besoin. Les particuliers, eux, emploient déjà des robots aspirateurs et des smar tphones. Aujourd’hui, la puissance que contiennent ces petits engins cachés dans nos poches est équivalente à celle d’un cerveau robotique : lesdits smar tphones deviennent des calculateurs. Et la liste des applications s’allonge au fur et à mesure que l’imagination humaine invente de nouveaux moyens d’améliorer le

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Le voilier autonome Vaimos : Image Ifremer. — En bas : Le robot PR2 est déjà très polyvalent.

confort quotidien. Les robots réceptionnistes se démocratisent, cer tains plient vos vêtements et d’autres font la cuisine. Sur le seul territoire français, on trouve Reeti, ROMEO, Nao, Karotz, Jazz et maints autres robots de téléprésence et d’assistance. Ils sont d’ailleurs déjà utilisés dans l’accompagnement des autistes. Pour vous donner une idée générale des robots à caractère social qui nous entourent, nous en avons dressé une petite liste.Toutefois, gardons à l’esprit qu’elle ne constitue que la partie émergente de l’iceberg… ROBOTS D’ASSISTANCE ET ROBOTS SOCIAUX Le robot EMILY (EMergency Integrated Lifesaving LanYard) a été conçu par la société Hydronalix pour assister les maîtres-nageurs sauveteurs. Doté d’une autonomie de 130 km, il est capable de rejoindre une personne en danger à une allure de 45 km/h, et de s’orienter à l’aide d’un sonar. EMILY peut également détecter un nageur en difficulté grâce à cer tains mouvements anormaux visibles au sonar, ce qui lui procure une grande autonomie d’action.

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SHOAL, lui, est un robot sous-marin autonome (AUV) qui adopte la forme d’un poisson. Il détecte la pollution et en trouve rapidement la source. Quant à VAIMOS, c’est un voilier autonome de type ASV (Autonomous Surface Vehicle), également connu sous les initiales USV (Unmanned Surface Vehicle). Ce projet expérimental, développé par l’Ifremer et auquel par ticipe l’ENSTA Bretagne, n’en est qu’un parmi tant d’autres. On s’en sert pour l’observation automatisée des océans, de la vie marine — et diverses missions de surveillance et de contrôle. Il peut aussi être employé pour étudier le potentiel des ressources énergétiques (éolienne, solaire et hydraulique) applicables aux voiliers pour d’autres technologies. Les robots d’intérieur PR2, de Willow Garage, sait désormais plier les vêtements, ramasser les excréments de votre chien, aller chercher un sandwich au fast-food du coin, faire la cuisine et reproduire vos mouvements à l’aide de sa caméra. Mais tout cela demeure très basique et très lent, comparé à ce qu’un être humain pourrait réaliser, vu la complexité de ces actions. (La simple découpe


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“Google s’est transformé en un système d’intelligence collective très poussé… Il a pour but d’exploiter nos informations personnelles…”

Le célèbre humanoïde Nao. — Le Robonaut 2, premier humanoïde envoyé dans l'espace. — Le robot iCub découvre son environnement tel un bébé.

rapport aux objets qui se trouvent dans une pièce, de les porter, de surveiller les personnes qui se tiennent alentour et d’assister les humains en danger. Il ne s’agit plus seulement d’un robot technologique : il doit aussi répondre aux critères d’acceptation des personnes qu’il va aider. Son développement a donc réclamé l’exper tise de psychologues, d’ergonomes et de sociologues. (Le premier prototype a été présenté en février dernier.)

d’un concombre lui prend un temps considérable et se révèle peu précise.) Nao, lancé par Aldebaran Robotics en 2008, a été l’un des premiers humanoïdes. Ce véritable compagnon de vie mesure une soixantaine de centimètres et interagit directement avec l’utilisateur, via le mouvement et la parole. Connecté au réseau Web, il récupère les informations utiles pour les transmettre à son

interlocuteur. Il apprend régulièrement de nouveaux mouvements et impressionne par sa gestuelle fluide. Enfin, ROMEO est un robot humanoïde dont la taille se rapproche de celle de l’homme (1,40 m). Il a été conçu pour l’assistance à la personne, mais sa puissance a été bridée afin de ne pas heurter les utilisateurs. À terme, il sera capable de marcher, de se repérer par

Les robots d’utilité publique Robo-guard est sud-coréen et remplace désormais certains gardiens de prison. Lors de ses patrouilles, il détecte les comportements suspects dans les cellules. Il ne prend cependant pas de décision physique et ne va pas se jeter sur les détenus. Lorsqu’il détecte quelque chose d’anormal, il envoie un message d’alerte aux gardiens faits de chair et de sang… SAFFiR (voir l'article qui lui est consacré dans ce numéro), le robot conçu par The Office of Naval Research aux États-Unis, est destiné à opérer comme soldat du feu à bord des navires. Il embarquera, dès septembre 2013, de multiples capteurs capables de détecter les anomalies (caméra, détecteur de gaz, caméra infrarouge, etc.). Il pourra également manier les extincteurs, marcher dans les mêmes directions qu’un humain, s’adapter à la houle, faire atten-

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tion aux obstacles, parler, écouter et comprendre certaines gestuelles (comme une main lui indiquant un objet). Robonaut 2 (ou R2), le fruit d’une coopération étroite entre la NASA et General Motors, est un robot particulièrement évolué, capable de manipuler les mêmes outils que les spationautes de la SSI et d’interagir de manière rapide et efficace avec le monde qui l’entoure. Le 24 février dernier, R2 a donc embarqué à bord de la station spatiale internationale, devenant de ce fait le premier robot humanoïde à quitter la Terre !… Les robots chirurgiens et médecins Da Vinci, un robot chirurgical lancé en 2000, a été commercialisé par la société Intuitive Surgical. Doté de quatre bras, d’une vision 3D et capable de zoomer avec précision et netteté, il est spécialisé dans les opérations de l’abdomen. Il en augmente la sécurité en filtrant les tremblements que le chirurgien pourrait avoir pendant celles-ci. (Comme la majorité des robots médicaux, il assiste l’homme de l’art — il ne le remplace surtout pas, parce que la responsabilité de l’opération ne peut en aucun cas, aujourd’hui, incomber à un robot parce qu’il ne bénéficie pas de la dextérité et de la précision nécessaires à la maîtrise d’une opération chirurgicale.) Passons à Robocast, un projet de recherche européen en neurochirurgie. Ce robot, doté de treize degrés de liberté, effectue des neurochirurgies endoscopiques. Grâce au « retour d’effor t », il indique au chirurgien les zones sensibles de l’encéphale du patient à opérer, l’aide à les contourner en maîtrisant le chemin suivi par les outils chirurgicaux — et réduit ainsi les traumatismes dus à l’opération. Les voitures autonomes et l’exploitation d’une intelligence collective La Google Car, un projet de voiture autonome, se trouve sur le point d’aboutir : elle roule déjà sur les routes de l’État du Nevada. C’est sans doute ce projet qui reflète les aspects les plus frappants de la robotique grand public de demain. Depuis plusieurs années, débordant le domaine de la publicité pure et simple, le moteur de recherche Google s’est transformé en un système d’intelligence collective très poussé… Il a pour but d’exploiter nos informations personnelles et de nourrir ainsi les bases de connaissances de systèmes complexes dont nous ignorons presque tout. Ce que l’on peut toutefois observer, c’est que chaque projet lancé par Google est rapidement détourné pour servir des inventions stupéfiantes. Ainsi, la géolocalisation des téléphones et l’analyse des terrains par Street

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Le robot chirurgien Da Vinci. — En bas : Le Teddy Bear de Fujitsu.

View permettent de suivre le déplacement des véhicules et des humains dans le monde entier. De la même façon que le système Traffic Live de TomTom, cela devrait permettre à Google Maps de vous conseiller au mieux via le système GPS associé, en évitant les zones de forte affluence. Exploité par des voitures autonomes, cela deviendrait un système de régulation du trafic. (Les mots clés que nous utilisons pour nos recherches permettent de cerner une personnalité ou une volonté avec des outils statistiques puissants. Et la reconnaissance vocale, mêlée aux statistiques du moteur de recherche, fournit une capacité d’interprétation de nos paroles à l’ordinateur.) Bref, petit à petit, les briques d’une Intelligence artificielle, généralisée à l’ensemble des zones de la planète couver tes par Google, pourraient facilement être exploitées par une voiture autonome ou un autre robot. Dans un virage où un conducteur humain ne verrait pas nettement le piéton, la Google Car pourrait ajouter à son système de reconnaissance visuelle une analyse du déplacement des télé-


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“Leur introduction sociale suit le même parcours que celui de l’informatique, à la différence près que leur capacité d’interaction avec le monde réel pose la question de la responsabilité.”

Hiroshi Ishiguro et son clone robotisé. Lequel est le vrai, lequel est le faux. Ce type de robot peut faire peur à nombreux occidentaux. — Un esclave de métal de la pièce R.U.R. De Karel Capek en 1921. — La Google Car. Image : Tahir Vico.

phones dans la zone visitée. Ainsi, avant même que le piéton ne décide de traverser la route, la voiture verrait venir le danger — le visuel ne servant que de confirmation… La robotique de demain sera-t-elle donc basée sur une conscience connectée à l’ensemble des appareils communs ? LA PLACE DE L’HOMME DANS LA ROBOTIQUE DE DEMAIN Cer tes, nous vivons à une époque dans laquelle la technologie progresse et change peu à peu nos modes de pensée. Jamais autant d’informations (bonnes ou mauvaises) n’avaient été par tagées auparavant et cela a remis en cause l’apprentissage par mémorisation. Désormais, on favorise la compréhension et la localisation de l’information. Combien d’accros aux smartphones connaissent encore précisément leur emploi du temps ? Combien sont encore capables de s’orienter dans leur propre ville sans un système de guidage par GPS ?… Cependant, à force de faire confiance à la technologie, nous ne nous reposons plus que sur elle, en omettant tout esprit critique à son égard. Nous admettons aujourd’hui que tant qu’il n’y a pas de déficience informatique, l’ordinateur est honnête. La plupart du temps, nous faisons même davantage confiance à une caisse automatique de supermarché qu’à une caissière humaine pour compter la monnaie. Cette même confiance se manifeste dans le cas des contenus en ligne. De nombreux élèves s’inspirent — voire plagient — des rapports produits par d’autres et partagés sur Internet. (Souvenons-nous qu’une machine dispose seulement des informations qu’on lui fournit, justes ou fausses…) C’est dans ce contexte que naissent des ro-

bots de plus en plus évolués, basés sur ces mêmes technologies. Leur introduction sociale suit le même parcours que celui de l’informatique, à la différence près que leur capacité d’interaction avec le monde réel pose la question de la responsabilité. Un robot peut-il être mis en cause, indépendamment de son concepteur ? La question apparaît étrange, mais une étude très sérieuse de la HINT a démontré que plus le robot sera libre de ses mouvements, plus l’homme aura tendance à le considérer comme un être conscient… Prenons à nouveau l’exemple de la voiture autonome Google Car, qui est somme toute un

robot chauffeur. Il y a quelques mois, l’État du Nevada (comme nous l’avons mentionné plus haut) a pris la décision d’autoriser ce type de véhicule à circuler sur ses routes. D’après Google, la conduite de la voiture robot serait plus sûre que celle d’un être humain. Mais qui diable va-t-on accuser en cas d’accident ?… Les notions de « morale » et de « bon sens » restent extrêmement vagues quand on parle des robots. On assiste aujourd’hui à une perte de repères du consommateur face à ce qu’il peut attendre de la technologie et desdits robots. Certains leur font entièrement confiance, d’autres sont devenus quasiment technophobes. On peut craindre la perte des capacités intellectuelles chez l’être humain, à commencer par celle de la mémoire, suivie d’une carence logique des capacités physiques : toute tâche réclamant un effort physiologique deviendrait superflue puisque les robots seraient capables de l’accomplir. Nous n’avons pas eu besoin d’attendre l’apparition des voitures autonomes pour rencontrer des personnes qui prenaient le volant pour parcourir moins d’un kilomètre… Au-delà de la question des loisirs et du temps libre, on pourrait s’inquiéter de la place de l’homme dans la société. Car si la machine est capable des mêmes actions que lui, comment va-t-il pouvoir se nourrir ? N’est-il pas menacé de perdre son emploi ? On parle aujourd’hui des ouvriers, mais demain — que se passerat-il lorsque le niveau intellectuel des robots aura atteint celui de l’être humain ? L’ordinateur est déjà capable de prendre des décisions

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Les dossiers “Les besoins intellectuels auront été modifiés car les robots feront totalement partie de notre culture — et l’homme s’attellera à de nouveaux défis…” et de comprendre cer tains systèmes mieux que vous. Et lorsque vous allez acheter une voiture, c’est un simulateur qui fait les calculs ; lorsque vous choisissez un voyage, c’est un ordinateur qui vous indique les meilleurs plans… Avec l’Intelligence artificielle, les capacités des machines augmentent sans cesse. Les chauffeurs de taxi, les infirmiers, les employés des maisons de retraite, les gouvernantes et les cuisiniers seront-ils remerciés ? L’artisanat vat-il lentement disparaître au fur et à mesure de la démocratisation des robots ? Peut-être assistera-t-on à une augmentation considérable du nombre des inadaptés sociaux (qu’on décrira alors comme des « assistés »). Et quels espoirs pourront entretenir les générations à venir ? La volonté d’efficacité et de productivité des industries encourage, depuis le XIXe siècle, le remplacement de l’homme par la machine (dans les chantiers de construction, les chaînes de montage, mais aussi à l’accueil des supermarchés). L’âge de l’informatisation ne pourra jamais absorber les centaines et centaines de millions de travailleurs qu’employaient l’agriculture, l’industrie et le secteur tertiaire. Ces descriptions apocalyptiques pourraient effrayer si l’on oubliait que la technique et la technologie ont toujours engendré la contestation. À commencer par l’écriture ! Socrate

pensait que le fait de transcrire son savoir dans un livre mettait en péril la mémoire et la connaissance. (Ironie de l’histoire, Platon écrivait ce que disait Socrate…) Toutefois, faute de moyens, l’écriture ne s’est pas démocratisée avant l’apparition de l’imprimerie… Pourtant, la parole et l’écriture ont libéré la pensée de l’homme. La nostalgie référentielle et la remémoration ont été remplacées par des pensées « utiles », qui peuvent d’ailleurs s’appuyer sur la mémoire pour avancer. (Voici que nous nous transformons en défenseurs de la technologie en avançant qu’elle libère la pensée ! À vrai dire, elle mémorise notre agenda, écrit ce qu’on dit, nous réveille le matin, fait nos courses, la cuisine et le ménage, calcule nos itinéraires, gère notre argent, nous permet de nous déplacer plus vite, etc.). L’information devient accessible à tous, bien plus facilement et à moindre coût. Les possibilités de chacun sont démultipliées par l’assistance des machines. Quant à la connaissance du monde, elle s’est complètement démocratisée du fait de son mode de stockage et d’accessibilité. La bibliothèque d’Alexandrie — la plus célèbre et la plus considérable de l’Antiquité — fut incendiée plusieurs fois et n’a laissé aucune trace matérielle. Tout son contenu aurait été facilement mémorisé par votre ordinateur !… Et il existe certainement moult avantages dont

nous ne nous rendons même pas compte à l’heure actuelle ; soyons réalistes : tout cela va demander une adaptation de la société car entre la mort de Socrate et les lois de Jules Ferry, la démocratisation de l’écriture a tout de même réclamé près de 2 300 ans. Nous voilà donc mûrs pour l’assistance technologique. De plus en plus, les robots vont nous remplacer dans l’exécution des tâches quotidiennes. La fatigue et le stress environnemental en seront sans doute fortement réduits et la plasticité de l’être humain induira son adaptation rapide aux nouvelles conditions de vie. Et nous subirons très certainement une modification culturelle non réversible. (Nous pourrions toujours essayer d’oublier le téléphone et l’écriture, mais cela réduirait fortement notre interaction sociale…) Il faut bien faire la par t des choses : aujourd’hui, nous sommes parfaitement incapables de penser comme un Grec du Ve siècle av. J.-C. Et il est fort probable que dans deux cents ans, plus personne ne comprendra le mode actuel de pensée. Les besoins intellectuels auront été modifiés car les robots feront totalement par tie de notre culture — et l’homme s’attellera à de nouveaux défis… ■Marine Bertucchi et David Leblanc (de l’association Shy Robotics)

Octavia, un robot développé par l'armée américaine et visant l'intelligence artificielle.

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FRANCE

19 > 22 Nov. 2012

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LA RECONNAISSANCE

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La reconnaissance de la parole humaine en dictée continue et en texte « clair » représentait un formidable défi, que l’homme a relevé grâce à d’ingénieux instruments électroniques et logiciels. Une progression liée à l’évolution des technologies existantes : la puissance de calcul et la mise en réseau de puissants serveurs accessibles sur Internet (cloud) permettent désormais de créer une voix artificielle comparable à celle de l’ordinateur HAL dans 2001, l’odyssée de l’espace !…

D.Lee Beard teste la reconnaissance de la voix de Nuance.

On peut dater de 1950 l’apparition de la reconnaissance vocale (limitée à dix chiffres de 0 à 9, grâce à un ensemble de câbles et d’électronique en comparaison duquel votre calculette de poche d’aujourd’hui est quasiment un superordinateur). L’analyse demeure analogique et varie continûment — c’est-à-dire qu’on ne transforme à aucun moment la voix captée par des 0 et des 1. Mais l’ère du numérique (à partir des années 1960) a changé la donne : la voix peut donc être traitée par de savants calculs mathématiques et des algorithmes ; le traitement reste encore lent, mais ça marche…

robot et bobo ont par exemple un seul phonème d’écart, « /r/ » et « /b/ » — il dure en moyenne soixante millisecondes : imaginez alors la vitesse de calcul nécessaire pour des traitements en temps réel…) 1983. Première mondiale en matière de commande vocale à bord d’un avion de chasse, en France. 1985. Commercialisation des premiers systèmes de reconnaissance (de plusieurs milliers de mots). 1994. IBM lance son premier système de reconnaissance vocale sur PC.

1960-1965. La parole continue et le traitement de ladite parole sont devenus possibles (avec un délai entre la prononciation des mots et leur inscription, dans un laps de temps proche de l’immédiat — ou tout du moins de la vitesse de frappe d’un opérateur). En 1965, environ cinq cents phonèmes étaient compréhensibles. (Un phonème est le plus petit élément que l’on peut distinguer dans la parole :

LES PROBLÉMATIQUES… « Sous un pommier en fleurs, vos laitues naissent-elles ? Si vos laitues naissent, vos navets naissent. » Beaucoup d’êtres humains se retrouvent perdus à l’énonciation de cette phrase… La première par tie apparaît facile à comprendre, « Sous un pommier en fleurs… », mais la suite devient très confuse et les logiciels de reconnaissance vocale eux-mêmes

perdent vite les pédales : « vos laitues naissent-elles » devient rapidement « volait une Estelle » ou encore « si volait Tunèce vos n’avez nèce »... Cette petite phrase a été testée sur de nombreux logiciels de reconnaissance vocale et aucun n’a trouvé le compromis exact du premier coup. La difficulté vient en fait du nombre d'homonymes qui existent et de la rareté de cette phrase dans un contexte ordinaire… On en arrive assez rapidement à la conclusion que les logiciels de reconnaissance vocale proposent soit une interprétation fausse, soit un arrêt net et précis quand ils ne comprennent pas. Le « doute » n’existe pas encore, tout du moins dans les logiciels grand public : un problème d’homonymie potentiel ne sera pas mis en évidence par le logiciel et si le locuteur éternue lorsqu’il prononce un mot un peu tarabiscoté, le logiciel, s’il parvient à s’y retrouver, ne va pas préciser qu’il y a « peutêtre » une ambiguïté en ce qui concerne la reconnaissance du mot.

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Les dossiers “Microsoft est depuis longtemps réputée pour son travail de recherche dans la domotique, un secteur particulièrement cher à Bill Gates, il est donc normal de voir la puissante multinationale s’intéresser à la reconnaissance vocale.” des néophytes, en surprend plus d’un : demandez donc la météo du soir et il vous répondra, demandez la liste de vos prochains rendez-vous et il vous répondra également… De nombreux sites en ligne proposent depuis quelques années des agents conversationnels, appelés aussi chatbots — grâce auxquels vous pouvez, par le biais de votre clavier, poser toutes les questions que vous voulez : Lea, sur le site Voyages-SNCF, Inès pour Nespresso, et Nathan pour Symantec… (Vous trouverez une liste de la plupart des chatbots sur le site www.chatbots.org.) Et des sociétés se sont spécialisées dans la conception de tels agents, cer tains se montrant capables de s’adapter automatiquement, au fur et à mesure des questions posées, afin de passer pour un correspondant plus humain que nature… D’ailleurs, des concours ont lieu chaque année ; il s’agit alors de deviner qui se cache derrière le clavier (un opérateur humain ou un logiciel, cf. le test de Turing) Le prix Loebner est un des plus cotés de cette catégorie. Ce cocktail a fait de Siri un vrai phénomène, mais la concurrence arrive avec des projets tout aussi intéressants.

Le microphone Bluetooth va devenir votre compagnon idéal pour discuter avec votre terminal. — La chanson « Au clair de la lune » vue par l'analyse spectrographique d'Adobe Audition.

LES ACTEURS COMMERCIAUX D’AUJOURD’HUI On compte parmi eux Nuance, Microsoft, Google, Apple, Samsung, LG et de nombreux autres partenaires liés à Nuance… Apple Qu’en est-il du fameux Siri (une révolution, un effet de mode, un gadget ou encore un véritable outil remplaçant le clavier — les qualificatifs ne manquent pas, mais force est de constater qu’on parle beaucoup de lui en ce moment) ? Pourquoi tant de discours autour d’un outil qui semblait déjà exister ? C’est en réalité la superposition de plusieurs techno-

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logies qui font de Siri un projet intéressant : tout d’abord la reconnaissance de la parole, selon un dispositif au moyen duquel il se révèle plutôt compliqué de taper de long mots plus ou moins complexes. Et aussi la mise en réseau, l’accès en temps réel à un serveur distant pour traiter le texte enregistré par téléphone sur un serveur beaucoup plus puissant qu’un portable (ce dernier aurait bien du mal à supporter la tâche de travail que représente la reconnaissance de la parole, tout du moins en temps « réel »). Sans oublier l’ajout d’un agent conversationnel, à vrai dire la par tie « Intelligence ar tificielle » qui arrive à vous « comprendre » lorsque vous attendez une réponse. Ce dernier point, parfois inconnu

Microsoft Et qu’en est-il du côté de Microsoft, un peu muet sur le sujet des téléphones portables et autres dispositifs portatifs ?… La société n’est pas en reste avec Angie, présenté aux TechDays 2012 (le rendez-vous incontournable des professionnels de l’informatique) en février dernier. Angie, développé par l’entreprise française xBrainSoft, bénéficie d’une petite particularité qui plaira aux développeurs : il est conçu comme une boîte à outils ; cela lui permet de s’adapter et d’être programmé en fonction du service que l’on souhaite développer. Microsoft est depuis longtemps réputée pour son travail de recherche dans la domotique, un secteur particulièrement cher à Bill Gates, il est donc normal de voir la puissante multinationale s’intéresser à la reconnaissance vocale. Le système d’exploitation Windows intègre donc, depuis l’apparition de Vista, un système de reconnaissance vocale. Mais attention : pas de dictée proposée ici, tout du moins sans un logiciel supplémentaire, mais simplement la possibilité de naviguer d’une fenêtre à l’autre grâce à la voix. (Les versions précédentes de Windows proposaient cette fonction en option avec Office XP.) Avec l’arrivée des tablettes et des téléphones sous Windows 7 (bientôt Windows 8), sans oublier le Kinect, il semblait important de devenir plus ou moins autonome dans ce do-


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sans avoir à se déplacer. Cette application est aujourd’hui développée en Espagne par la société Tedesys.

Andrew McGlinchey, Chef de produit Google en Asir du sud-est (à droite) et Hanson Toh, consultant pour Google Malaisie au lancement de Google Voice Search Malaysia. — Le système Angie de Microsoft destiné à concurrencer Siri.

maine et de disposer de ses propres outils. (Souvenez-vous du COMDEX de 1994 : après une petite recherche sur le Net, vous retrouverez sans peine une vidéo présentant les projections futuristes envisagées par Microsoft et qui proposait un monde où il était possible pour la police de prendre des notes et des dépositions sur un petit appareil ressemblant à une tablette d’aujourd’hui…) De la science-fiction ? Plus vraiment ! On s’en approche et la société Microsoft pousse ses recherches dans le créneau du système multilocuteur, au sein d’environnements plus ou moins bruyants : bureaux, restaurants, etc. Pour le grand public et les fans de jeux vidéo, il existe donc le Kinect (le détecteur de mouvement de la console Xbox 360), capable de cap-

ter les sons environnants grâce à ses quatre microphones. Il est possible de commander la console vocalement pour naviguer dans les menus, lancer ou stopper une vidéo ou un jeu. Le Kinect a bien d’autres utilisations ; son point fort reste toutefois les capteurs audio, qui permettent une capture du son de qualité loin du locuteur. On l’a également étudié (cf. les TechDays 2012) pour limiter les risques d’infections nosocomiales. Dans un bloc opératoire, le chirurgien ne peut manipuler que des objets stériles. Grâce à la technologie du Kinect, on peut interagir avec la machine par la voix et le geste et un chirurgien peut désormais faire défiler des images (des radios) sur un écran installé à l’intérieur de la salle d’opération. Il dispose ainsi des informations nécessaires en cours d’opération,

Nuance Nuance est peut-être, au départ, moins connue du grand public, mais sa notoriété en matière de reconnaissance de la parole est considérable. De nombreuses innovations ont été développées dans ses laboratoires et elle continue encore son expansion en achetant çà et là brevets et entreprises. Il est à noter que Siri, de la société Apple, a été conçu en partenariat avec Nuance, qui possède aujourd’hui le quasi-monopole de la dictée continue. Surtout qu’un de ses anciens concurrents, IBM, a jeté l’éponge… Son produit, Viavoice, rivalisait avec les systèmes de Nuance sur plusieurs points, mais la spécialisation de cette dernière a finalement établi sa réputation auprès du grand public, avec notamment Dragon NaturallySpeaking. Elle propose de plus des prix qui rendent ses produits accessibles à tous (moins de cinquante euros pour l’édition Home, voire encore moins pour certaines promotions). Mais elle s’adresse aussi aux professionnels du monde juridique et médical — en proposant des solutions munies d’un vocabulaire adapté — et facilite le secrétariat en réseau. Plus besoin de dictaphones : le speech du docteur ou de l’avo-

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Dragon NaturallySpeaking 11.5.

cat sera transmis en réseau à un serveur (qui va lancer une moulinette made in Nuance) et la secrétaire en titre pourra alors effectuer les vérifications et les mises en forme d’usage. Google Google tient fermement sur le marché, avec ses téléphones, ses tablettes et autres appareils sous Android. L’application de recherche vocale (Search by Voice ou Voice Search) vous permet de lancer vos investigations et de dicter quelques SMS vocalement ; d’autres outils, comme Google Translate et Google Maps, sont également disponibles avec la reconnaissance intégrée… Mieux, IRIS aurait été développé en moins de huit heures, est maintenant disponible et tente de concurrencer son homologue Siri — son anagramme et palindrome. Un vrai challenge développé par Google Assistant, sans oublier les autres moutures comme Skyvi ! Mentionnons aussi Robin, une application de navigation embarquée pour les voitures, qui vient de faire son apparition sur la plate-forme phare de Google, Android. Samsung, LG et les autres… Nokia utilise désormais Windows comme système d'exploitation par défaut et donc ses fonctionnalités. Quant à Samsung et LG, elles développent leurs propres solutions, destinées à concurrencer Siri, afin de jouir d’une parfaite autonomie.

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La reconnaissance vocale vue par Intel.

LES APPLICATIONS EN MATIÈRE DE ROBOTIQUE HUMANOÏDE Nao La dernière génération de Nao, NAO Next Gen, disponible depuis décembre dernier, a été dotée d’un nouveau programme de reconnaissance vocale développé par Nuance. Plus rapide et plus fiable, il lui garantit une meilleure qualité de son et une meilleure interaction avec son utilisateur. Il lui fournit la fonction de Word Spotting,

qui lui permet de détecter dans la phrase qu’on prononce devant lui certains mots qu’il reconnaît, même s’il ne sait pas tous les vocables. Les calculs se font principalement en embarqué, via le processeur du robot, mais il est tout à fait possible de déporter certaines tâches sur un serveur (comme le font Siri et Google Voice Search). En démonstration publique, il existe déjà une quinzaine d’applications répondant à une commande vocale, mais ce nombre n’est pas limité. Une centaine d’en-


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“Les GPS les plus récents, comme ceux de la gamme Garmin ou de la TomTom permettent de saisir une destination sans qu’on ait besoin de lâcher le volant. Et certains véhicules intègrent des systèmes de reconnaissance vocale en série”

Le robot humanoïde de Honda possède son système de reconnaissance vocale, Hark. — Les GPS, ici un Garmin, savent désormais vous écouter. — Le PowerMic de Nuance.

tre elles peuvent être aujourd’hui déclenchées vocalement, en simultané. Les défis auxquels aura à répondre Nao sont générés par la distance de laquelle nous lui parlons ou par le bruit de fond. À l’heure actuelle, grâce à la technologie de Nuance, il comprend quand on lui parle — même si l’on se trouve à plus d’un mètre. Et il faudra améliorer la capacité du robot d’identifier et d’isoler la parole de son utilisateur, quel que soit l’environnement sonore. Le choix des micros et leur positionnement constituent une solution évidente pour répondre aux contraintes liées aux technologies employées aujourd’hui dans le secteur de la robotique humanoïde, mais c’est toutefois l’amélioration logicielle qui reste évidemment le gros levier. Asimo La plupart des projets robotiques liés à la reconnaissance de la parole utilisent en fait les solutions décrites plus haut, mais l’Asimo de Honda utilise son propre système, HARK, composé de huit microphones et spécialement conçu pour être multilocuteur (le vocabulaire demeure toutefois assez restreint : capable en théorie de comprendre dix voix simultanément, Asimo s’en tire à peu près avec trois interlocuteurs qui parlent en même temps). Les voitures Les GPS les plus récents, comme ceux de la gamme Garmin ou de la TomTom permettent de saisir une destination sans qu’on ait besoin de lâ-

cher le volant. Et certains véhicules intègrent des systèmes de reconnaissance vocale en série (Cadillac — ou encore Mercedes, qui utilise l’iPhone 4 comme point central permettant de contrôler tout ce petit monde.) La société Ford, quant à elle, a mis au point SYNC avec Nuance. Tous ces systèmes procurent en sus la faculté d’utiliser le GPS en mains libres, de piloter certaines fonctions comme le téléphone, la musique et les SMS vocalement. Des recherches sont actuellement menées pour connecter en permanence les véhicules au cloud, afin d'améliorer la précision des informations vocales récoltées et des renseignements renvoyés au conducteur. Différentes technologies Quelle est donc la différence entre ces technologies ? Des algorithmes, une expérience et des en-

jeux variés : répondre à des questions, dicter des phrases ou se restreindre à un vocabulaire plus limité — mais il faut avouer qu’il existe ce que l’on pourrait appeler la guerre des extraits vocaux… En effet Nuance, pour prendre son exemple, propose par défaut une option qui permet d’envoyer des extraits vocaux de dictées en analyse, les rendant ainsi plus performants. (Il serait très difficile de rassembler autant d’extraits de phrases, des mots et des phonèmes sans cette option. Google Voice Search, Siri et autres outils utilisant le cloud computing reçoivent justement, à chaque utilisation, des extraits de voix qui peuvent être analysés et intégrés dans les futures requêtes de ces derniers.) Pour le Kinect, une solution originale est employée : toute une application a été développée, Voice Studio, téléchargeable gratuitement ; elle invite le joueur à répéter des phrases affichées à l’écran avec quelques bruits de fond, les phrases ainsi collectées autorisant, tout comme avec Google, Apple, Nuance, l’amélioration des futures reconnaissances audio. Le futur ?… Il est évident que l’on va gagner en puissance de calcul et ainsi pouvoir choisir des solutions capables de traiter plusieurs locuteurs simultané-

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Des robots comme le Papero de Nec possèdent déjà la reconnaissance vocale. — La clé USB Voicelok se dévérouille lorsqu'elle reconnaît votre voix.

ment, disposer de microphones directionnels plus précis (capables d’identifier les coordonnées d’un son ou d’une voix à moindre coût). Et de bénéficier de la lecture labiale, qui pourrait compléter le tableau et permettre de mieux saisir les propos d’un interlocuteur dans un lieu plein de vacarme. Sans oublier l’Intelligence artificielle : en effet nous disposerons peut-être bientôt d’outils capables de s’adapter au contexte des mots prononcés, de l’analyser — et éventuellement de nous devancer. La télévision contrôlée par la voix est déjà une réalité grâce au Kinect, mais Samsung et de nombreux autres constructeurs utilisent désormais cette technologie au sein même de leurs futurs produits… Les nostalgiques de la télécommande ne regretteront-ils pas cette transition ? D’autres algorithmes se révèlent capables d’identifier la voix d’un individu. Les séries télévisées policières ont souvent recours à cette technologie dans leurs intrigues : maintenant, elle se trouve à la portée de tous grâce au Voicelok de la société Hammacher. Une clé USB s'ouvrira au son de votre voix et une option de secours (un code à tapoter) vous permettra d'accéder à votre contenu en cas de laryngite aiguë. Ces al-

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gorithmes fourniront aussi une meilleure identification des fautes de compréhension (homonymies, éternuements intempestifs) : Nuance Dragon NaturallySpeaking, dans le cas d’une prononciation fautive, procédera à une correction en prononçant un sélectionner 'mot', puis un épeler ça et adoptera ensuite une prononciation correcte du mot en question. Mieux, des versions Premium permettent de stocker la retranscription de la voix et du texte reconnu pour un traitement ultérieur. Il faut donc éviter de proférer d’éventuels parasites (comme un hoquet en plein milieu d'un mot). En tout cas, pourquoi ne pas souligner le mot concerné d'une couleur particulière ? Cela aiderait considérablement les utilisateurs… D’ailleurs, en parlant de parasites, on peut une nouvelle fois souligner que ce qui fait la qualité de la reconnaissance vocale d'un mot est pour l'instant lié à la qualité du microphone et à l'absence de bruit de fond, la base de données référentielle contenant justement des mots « purs ». Il se révèle alors primordial d’articuler dans une ambiance calme, comparable à celle dans laquelle la base a été construite… Les projets open source En matière de logiciels libres, le nerf de la guerre repose sur les « extraits vocaux »… Beaucoup de projets ont en effet besoin de collecter nombre de phonèmes, de mots et de phrases pour travailler correctement. Un projet remarquable a été mis en place, Voxforge. Chaque internaute peut y participer dans sa langue natale en répétant des phrases à l’écran sur le site Web ou en lisant à haute voix des extraits de livres — qui seront ensuite mis à la disposition de tous, chercheurs comme développeurs (cf. le site http://www.voxforge.org/). Pour trouver un moteur de reconnaissance vocale entièrement libre et open source, référez-vous à Sphinx (site officiel : http://cmusphinx.sourceforge.net/wiki/), développé en Java, et à Julius, spécialement conçu pour la langue japonaise… LE MODE DE FONCTIONNEMENT Puisque les logiciels de reconnaissance vocale utilisent des extraits vocaux, la correspondance entre un mot prononcé et cette base de don-

DSpeech reconnaît lorsque l'on parle de notre magazine préféré. — La reconnaissance vocale a été mise à jour sur le Nao Next Gen.

nées se fait généralement au moyen d’algorithmes construits sur un HMM (Hidden Markov Model). Pour explication, décomposez un mot en plusieurs phonèmes… Bonjour devient « B », « ON », « J », « OU » et « R », puis imaginez que notre locuteur est enrhumé et a du mal à prononcer le « B » et le prononce « ON », « J », « OU » ou « R »… Régulièrement, le système HMM donnera des « notes » lors des transitions d’un phonème à un autre et considérera, au fur et à mesure de son apprentissage, que « BONJOUR » peut également être prononcé « ONJOUR » ou « B’JOUR » si le locuteur parle très vite et oublie de prononcer le « ON ». Le HMM peut être utilisé aussi bien au niveau du phonème que du mot — voire de la phrase —, afin de prévoir et de limiter en mémoire le vocabulaire qui doit être prononcé. Il est simplement utilisé comme base (en théorie car les algorithmes, qui s’affinent avec le temps, se révèlent bien plus complexes). Cela donne cependant une bonne idée de la façon dont le traitement est effectué. Et les projets open source cités plus haut, comme Sphinx, vous permettront s'en savoir plus sur le code informatique.

journal L’Expansion a voulu faire un test en se basant également sur les mêmes publicités (la vidéo des journalistes est disponible en ligne), et les résultats ont été plutôt surprenants… Enfin, au mois de mai 2012, à la question de savoir quel était le téléphone le plus performant, Siri a répondu : « Le Nokia Lumia 900 ! » Mais Apple a rectifié très rapidement le tir : Siri, tout penaud, a affirmé haut et fort que c’était bien son papa, l’iPhone 4, qui se montrait le plus performant. (Le produit phare d’Apple s’est adapté à la voix de ses utilisateurs et semble se montrer plus « compréhensif » qu’à ses débuts…) Planète Robots remercie les sociétés, les chercheurs, les techniciens et les commerciaux qui ont bien voulu répondre à nos questions : M. Yves Laprie (du CNRS), Nuance, Microsoft, Apple, Oana Dorita (d’Aldebaran Robotics) Hammacher, Frédéric Carmin, Maha, Cathy — et tous ceux que nous aurions oubliés.

■Cédric Vasseur

Quelques anecdotes… Les publicités promotionnelles pour Siri ont été interdites d’antenne à la télévision britannique, qui estimait qu’elles n’étaient pas conformes à la réalité… Apple a dû revoir sa copie : en effet des clients avaient tenté de poser les mêmes questions que celles qui figuraient dans lesdites publicités, mais sans grand succès : trop de bruits environnants subsistaient et le temps de réponse se révélait trop long… Et en France, le

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LA SYNTHÈSE VOCALE La synthèse vocale (TTS pour Text-to-Speech) constitue la réciproque de la reconnaissance vocale et automatique de la parole, qui transcrit la voix en texte. Elle permet de transformer du texte en voix — on parle parfois de SAPI pour Speech-API (Application Protocol Interface), en référence aux bibliothèques logicielles conçues pour les programmeurs.

HAL, de 2001, l’odyssée de l'espace a été le premier robot vraiment marquant de l'histoire du cinéma — du moins le premier à posséder une voix « humaine ». Auparavant, du fait de leur apparence de boîte de conserve — comme celle du B9 de la série Lost in Space (1965-1968), qui a inspiré un film éponyme en 1998 —, l'inconscient collectif n’imaginait les robots que dotés d’une voix saccadée et métallique. Stanley Kubrick a donc changé la donne et nous laisse espérer que notre PC possédera dans l’avenir un timbre doux et mélodieux…

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LE TRAITEMENT NUMÉRIQUE DE LA VOIX En effet, les cartes sonores étaient à l’origine limitées à quelques bips et l’enregistrement de la voix constituait un défi — lié à la capacité des processeurs et de l’espace mémoire. Lire un fichier MP3, WMA ou Ogg sur son PC ou son baladeur numérique est maintenant chose courante… Mais n’oublions pas l’énorme travail effectué pour en arriver là : l’échantillonnage du son est passé de 8 000 à 44 000 Hz (voire plus). Car la voix est un son comme un autre, un

Le robot fictif B9 du film Lost in Space savait parler de vive voix aux humains. — Des Nabaztag (ancêtres du Karotz) en plein opéra. Ces petits robots sont doués en synthèse de la parole.

mouvement d’air rapide, une onde qui prend sa source dans nos cordes vocales ou, dans le cas des machines, dans les membranes des hautparleurs. Cette vibration peut être illustrée graphiquement sous la forme de vagues : en une seconde, si l'on enregistre 8 000 points de cette vague sonore, on parlera d'un échantillonnage de 8 000 Hz ; l'oreille humaine étant capable d'interpréter des sons d’une fréquence avoisinant les 22 000 Hz, il faut donc doubler le taux d’échantillonnage et en émettre 44 000 pour obtenir une qualité de son agréable à nos oreilles… Et même si un fichier MP3 ne fait que quelques mégaoctets, le format sera décompressé à la volée avant de passer par les écouteurs et les haut-parleurs. Sous Windows, nous disposons de la célèbre voix TTS Virginie de Scansoft ; on y trouve également un Pierre, un Sébastien, et un Thomas,


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“Contrairement à la reconnaissance vocale, la synthèse vocale requiert moins de puissance de calcul et moins de mémoire.Traduire du texte en paroles se révèle pour ainsi dire plus facile… ”

De gauche à droite : Odimo, la première console de jeux pour déficients visuels, utilise la technologie de synthèse vocale Acapela. — Le système Clear Reader Plus lit à voix haute les documents que l'on place sous sa caméra.

proposés en série ou en option (notons que les premières voix de bonne qualité étaient proposées avec des outils souvent destinés aux malvoyants et aux aveugles). De la même façon, on peut choisir sous Android, Symbian ou Apple des voix plus ou moins connues… L'OPEN SOURCE ET LES APPLICATIONS GRATUITES En matière de logiciels gratuits, on peut retenir MBrola, un projet international de synthèse vocale qui propose de nombreuses voix dans une grande quantité de langues — mais aussi le projet NVDA, dont l’utilisation est la même ; il possède toutefois la particularité d’être instantanément opérationnel pour les personnes malvoyantes. Il permet en effet de lire immédiatement le texte présenté sous la souris (Non-Visual Desktop Access) par le biais du processeur TTS eSpeak embarqué par défaut. COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL ? Amusez-vous donc à créer une phrase de toutes pièces au moyen d’un éditeur audio gratuit comme Audacity ! Découpez quelques mots ou phonèmes et assemblez-les, superposez-les et changez la dynamique de la phrase : vous comprendrez alors comment fonctionnent la plupart des logiciels de synthèse vocale… (Le plus difficile étant de composer une base de données de phonèmes ou de mots d’une taille suffisante, d’avoir un dictionnaire de mots avec leur code phonétique, puis de faire le lien entre la base de sons et ce dictionnaire.) Mixez ensuite le tout et vous obtiendrez un synthétiseur de voix : il restera bien entendu à ajouter quelques effets d’intonations pour rendre le discours moins monotone, afin que les questions et les exclamations ne se confondent pas. Il faudra ensuite gérer les exceptions et les mots dont la prononciation n’est pas le reflet de leur

tout comme les voix off que vous entendez à longueur de journée, sont aujourd’hui fournis par des professionnels devenus célèbres et dont le timbre ne passe plus inaperçu. À ce propos — ce ne serait pas la vôtre, la voix de mon GPS ?… ■Cédric Vasseur

graphie (souvent des noms propres : Agen et agent, par exemple, ne se prononcent pas de la même façon…). Toutefois, au lieu d’enregistrer les phonèmes, on peut choisir d'enregistrer un nombre limité de mots (c’est ce qu’on avait fait pour les premières horloges parlantes — et les premiers systèmes GPS, dont le vocabulaire se limitait à formuler tourner à gauche ou tourner à droite ; d’ailleurs, les noms des villes et des gares sont pour la plupart intégralement préenregistrés dans les systèmes utilisés par la SNCF et la RATP). Contrairement à la reconnaissance vocale, la synthèse vocale requiert moins de puissance de calcul et moins de mémoire. Traduire du texte en paroles se révèle pour ainsi dire plus facile que la réciproque — mais comme on l’a dit plus haut, la difficulté consiste à trouver des mécanismes qui rendent la lecture dudit texte moins somnifère. Les opérateurs virtuels que vous entendez dans les gares sont à l'origine des comédiens dont on a capté des mots pour les décomposer ensuite. Signalons à ce sujet que Mercedes, pour le lancement de son système de synthèse vocale embarqué, a embauché une dizaine de comédiens — uniquement pour disposer de plusieurs sources vocales en version française… Et les voix de certains GPS,

La synthèse vocale sur les ordinateurs familiaux depuis plus de 25 ans Cette technologie est loin d'être nouvelle. Dés les années 1980, des ordinateurs familiaux étaient pourvus de la capacité de parler. L'EXL 100, ordinateur 8 bits (TMS7000 à 4,91 Mhz !!) français d'Exelvision atteignait des sommets d'avance sur ses concurrents. En plus de son clavier sans fil dès 1984, cet ordinateur était pourvu de la synthèse vocale en français. Plus tard, la gamme des ordinateurs révolutionnaires Amiga de Commodore proposaient la synthèse vocale avec des phonèmes anglais. Mais cette synthèse était disponible depuis le CLI (équivalent du DOS) et même de l'AmigaBasic. Une première !

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| NEXT GEN

NAO next gen pour un nouveau monde d’applications La dernière génération de NAO a été conçue avec de plus grandes capacités d’intégrations, afin de devenir LA plateforme robotique la plus adaptée au développement d’applications. Vous êtes professeur d’informatique ou de mécatronique, universitaire, chercheur ou passionné de programmation ? Venez découvrir comment associer NAO à vos activités.

www.aldebaran-robotics.com



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Les dossiers

TP80 FAST PICKER LE PICK AND PLACE CONTINUE D'INNOVER

Le « Pick and Place » est une opération courante réalisée par les robots industriels. Ce type de robot est capable, souvent par le biais de caméras embarquées, d'attraper (Pick) un objet à la volée sur une surface stable ou en mouvement sur un convoyeur et de le déposer (Place) ailleurs, dans un contenant par exemple. Les robots à architecture delta semblaient devenir peu à peu la norme pour ce type d’opérations, c'était sans compter sur le tout nouveau TP80 Fast Picker de Stäubli. Stäubli (voir Planète Robots 11), constructeur français de robots industriels, ne croit pas dans les robots à architecture parallèle, appelée communément delta. Pourtant ces robots semblables à des araignées semblaient conçus pour des opérations à grandes vitesses. . En effet, le brevet technologique entourant ce type de robots a été libéré en 2007. De nombreux constructeurs se sont donc engouffrés dans ces robots afin de proposer à leurs clients des possibilités de déplacement d'objets de petites tailles à très haute vitesse. Stäubli semble bouder cet enthousiasme et travaille sur un autre concept. Stäubli choisit l'innovation Début 2012, l'industriel présente son tout nouveau robot TP80 Fast Picker. Ce robot 4 axes

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extrêmement rapide a été développé expressément pour des applications de « Pick and Place » sur des pièces inférieures à 1 kg. Le robot est capable de soutenir la vitesse phénoménale de 200 coups par minute (3,33 coups par seconde !) en fonctionnement continu sur des pièces de 100 grammes. Ce petit robot de 68 kg seulement ne baisse son rendement qu'à 170 coups par minutes pour des pièces de 1 kg. Ces mesures sont faites sur des déplacements de pièces jusqu'à 30 cm de distance. Le TP80 possède un très large rayon d'action de 80 cm autour de la base du robot, ce qui lui confère une enveloppe de travail d'1,60 mètre de diamètre. L'architecture choisie par Stäubli permet ainsi de travailler dans une enveloppe

de travail importante en maintenant une répétabilité homogène sur toute la zone de travail, y compris sur la périphérie. La cinématique des robots delta les empêche d'ailleurs de se faufiler à l’intérieur d'une machine. La cinématique du TP80 et la finesse de son bras lui permettent d’atteindre des zones confinées avec des ouvertures limitées. Ensuite, contrairement aux robots à cinématique delta, le bras du robot TP80 n’entrave pas le champ de vision d’une caméra. Ceci évite toute perturbation du système de traitement d’images très souvent utilisé sur des opérations de « Pick and Place ». Autre grande avancée du TP80, son encombrement est très faible. Le robot peut être fixé sur un pied, mais il est surtout destiné à une fixation


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“Sa facilité de fixation, son volume peu encombrant, son rayon d'action large et sa rapidité en font un robot idéal pour les opérations de packaging dans les industries… ” Le TP80 est particulièrement adapté dans l'industrie pharmaceutique. — Le TP80 dans sa cellule de démonstration.

la poussière et des jets d'eau à haute pression). Sa facilité de fixation, son volume peu encombrant, son rayon d'action large et sa rapidité en font un robot idéal pour les opérations de packaging dans les industries agroalimentaires, pharmaceutiques et photovoltaïques ainsi que l’automobile, l’électronique, la plasturgie ou les machine outils. En plus d’être le robot de prédilection dans les industries mentionnées précédemment, le robot permettra de mettre en œuvre de nouveaux concepts d’automatisation grâce à son design unique. Usines à haut rendement énergétique, implantations compactes, stations légères à faible impact sur les ressources, espaces confinés à haute densité de robots : grâce à la créativité des clients et des intégrateurs, le champ d’application du robot TP80 de Stäubli est virtuellement illimité. Avec la nouvelle cinématique du TP80, des concepts pionniers peuvent à présent être mis en œuvre sans restrictions pour automatiser les processus de fabrication. toute les directions. En cas de besoins,le robot peut être livré avec des soufflets et un capot supplémentaire ce qui augmente sa graduation de protection en IP65 (protection totale contre

Stäubli sera présent au Salon de l’emballage du 19 au 22 novembre 2012 - Paris Nord Villepinte. ■Frédéric Boisdron

INDICE DE PROTECTION (IP) A ne pas confondre avec l'adresse IP (adresse d'un matériel informatique sur un réseau utilisant le Protocole Internet), l'IP est un standard international de la Commission Electrotechnique Internationale relatif à l'étanchéité. Cet indice classe le niveau de protection qu'offre un matériel aux intrusions de corps solides et liquides. Le format de l'indice, donné par la norme CEI 60529, est IP XX, où les lettres XX sont deux chiffres et/ou une lettre. Les chiffres indiquent la conformité avec les conditions résumées dans les tableaux ci-dessous. Lorsqu'aucun critère n'est rencontré, le chiffre peut être remplacé par la lettre X.

murale. Sa légèreté est ainsi économique en volume et en budget. Le TP80 peut être intégré à de nombreux postes, facilement et à moindre frais. En outre, l’ensemble de la connectique passe à l’intérieur du bras, ce qui met définitivement fin aux problèmes générés par les câbles et lignes externes. Comme l’ensemble des robots Stäubli, le nouveau robot TP80 est piloté par la famille des contrôleurs CS8, à la performance et fiabilité reconnues depuis de nombreuses années. Les utilisateurs se retrouvent donc une environnement de programmation familier grâce au langage VAL3 ou aux logiciels métiers VALproducts. Passe-partout Le robot TP80 Fast Picker est classé en standard IP54 en matière de protection (voir encadré). Cela veut dire qu'il est protégé durablement contre les poussières et les projection d'eau de

Indice

1er chiffre = Protection contre la poussière

2e chiffre = Protection Protection contre l'eau

0

Aucune protection.

Aucune protection.

1

Protégé contre les corps solides supérieurs à 50 mm.

Protégé contre les chutes verticales de gouttes d'eau.

2

Protégé contre les corps solides supérieurs à 12 mm.

Protégé contre les chutes de gouttes d'eau jusqu'à 15° de la verticale.

3

Protégé contre les corps solides supérieurs à 2,5 mm.

Protégé contre l'eau en pluie jusqu'à 60° de la verticale.

4

Protégé contre les corps solides supérieurs à 1 mm.

Protégé contre les projections 'eau de toutes directions.

5

Protégé contre les poussières.

Protégé contre les jets d'eau de toute directions à la lance (buse de 6.3mm).

6

Totalement protégé contre les poussières.

Protégé contre les paquets de mer.

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Protégé contre les effets de l'immersion (jusqu'à 1m). La pénétration d'eau en quantité nuisible ne sera pas possible lorsque l'équipement est immergé dans l'eau dans des conditions définies de pression et de temps (jusqu'à 1 m de submersion).

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Les dossiers Le projet AiRScouter de Brother.

À LA CONQUÊTE DES ASTÉROÏDES… À Seattle, en avril dernier, de riches businessmen et des investisseurs pour le moins visionnaires ont dévoilé les plans de leur société Planetary Resources — dont l'objectif est l'exploitation des matériaux bruts (de l’eau aux métaux précieux) dont regorgent les astéroïdes passant près de la Terre. Il vont ainsi faire de l'espace le nouvel eldorado du XXIe siècle…

UNE ASSOCIATION DE BIENFAITEURS Si ce projet semble a priori complètement fou et peut prêter à sourire, il est pourtant bien réel et ses participants y croient dur comme fer. On est bien loin ici d’avoir affaire à de doux rêveurs ou à de gentils hurluberlus — puisque Planetary Resources regroupe des pionniers visionnaires, des scientifiques de l’aérospatiale et de grands industriels ayant déjà largement fait leurs preuves aussi bien sur notre planète que dans l’espace. Parmi les membres fondateurs et les principaux dirigeants figurent plusieurs anciens collaborateurs de la NASA : Eric Anderson (ancien responsable du programme martien et cofondateur de Space Adventures) ; Chris Lewicki (qui fut directeur de vol des missions martiennes Rover et Phoenix) ; Chris Voorhees (ancien ingénieur en chef de Mars Science Laboratory). Sans oublier Peter Diamandis (fon-

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dateur et directeur de la fondation X PRIZE et pionnier de l'exploration spatiale privée : il a en outre créé et dirigé Zero Gravity, la Rocket Racing League et Space Adventures). Des investisseurs privés participent aussi à cette grande aventure : Eric Schmidt (président exécutif de Google) ; K. Ram Shriram, (fondateur de Sherpalo et membre fondateur du conseil de direction de Google) ; Charles Simonyi, qui après avoir fait fortune chez Microsoft en créant les logiciels Word et Excel, est maintenant le président d’Intentional Software Corporation. (Il a également été touriste spatial à deux reprises et fait une donation de 20 M$ pour financer le Large Scale Synoptic Telescope, qui devrait fournir ses premières images en 2016.) Mentionnons aussi Larry Page (cofondateur et actuel P-DG de Google) et Ross Perot Jr (président de Hillwood et du groupe Perot). À cette liste s’ajoutent de prestigieux conseillers

comme James Cameron (réalisateur, scénariste, producteur, environnementaliste et explorateur) ;Thomas Jones (scientifique, écrivain, pilote et astronaute vétéran de la NASA) ; le général Michael Moseley (ancien chef d’état-major de l’U.S. Air Force et président de Gulf Alliance Company) ; le Dr Sara Seager (professeur de physique et des sciences planétaires au MIT). Et encore le Dr Mark Sykes (directeur général du Planetary Science Institute et coïnvestigateur à la NASA de la mission Dawn à destination des astéroïdes Vesta et Cérès) ; David Vaskevitch (un ancien de chez Microsoft), John Villa (associé chez Williams & Connolly LLP). Sans omettre le Dr John Lewis (professeur honoraire à l’université d’Arizona et auteur du livre Mining the Sky). De plus, vingt-cinq ingénieurs issus de la NASA vont être recrutés pour travailler sur ce projet sous la direction de Christopher Lewicki. Ces techniciens peuvent s’enorgueillir d’avoir une


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“Planetary Resources s’est donné pour objectif, au fil des décennies, d’exploiter dans un futur plus ou moins proche les fortes concentrations de minéraux et de métaux rares présents en grande quantité dans les astéroïdes qui passent à proximité de la Terre.

très grande expérience dans toutes les phases des missions spatiales robotisées, de la conception et la construction aux essais et à l’exploitation. UN PROJET TRÈS AMBITIEUX Alors que les énergies fossiles s'amenuisent sur la Terre, Planetary Resources s’est donné pour objectif, au fil des décennies, d’exploiter dans un futur plus ou moins proche les fortes concentrations de minéraux et de métaux rares présents en grande quantité dans les astéroïdes qui passent à proximité de la Terre. (Ils sont désormais nettement plus accessibles grâce aux nouvelles technologies et il importe d’en tirer des ressources durables au bénéfice de la population mondiale, qui ne cesse de croître.) Malgré l’âge certain des astéroïdes, notre compréhension de leur nature n’en est encore qu’à ses prémices et nous sommes seulement en train de réaliser leur incroyable potentiel… Ce projet particulièrement ambitieux ferait entrer l'exploitation des ressources naturelles dans une nouvelle ère et devrait avoir de multiples retombées bénéfiques pour l'humanité. (Même s’il s’agit là d’un investissement à très long terme, on estime que cette activité économique inédite, engendrée par l’exploitation commerciale des astéroïdes, représenterait un gigantesque marché de plusieurs milliers de milliards de dollars chaque année…) LA NOUVELLE FRONTIÈRE De très nombreux corps célestes, constitués de roche ou de métal, sont présents dans le Système solaire. Leur taille, très variable, peut aller de quelques dizaines de mètres à plusieurs centaines de kilomètres de diamètre. Une grande majorité d’entre eux se déplacent dans une zone située entre les orbites de Mars et de Jupiter — en fait entre 2 et 4 ua (une unité astronomique — soit la distance moyenne de la Terre au Soleil — est égale à 149 597 871 km) dans ce que les astronomes appellent la ceinture d'astéroïdes. Ils apparaissent essentiels à la compréhension de la formation du Système solaire mais ne sont pas aussi faciles à atteindre que ceux qui sont proches de la planète qui nous abrite… En fait, ils relèvent de la catégorie de ceux qui, à chaque orbite, passent à une distance se situant au moins entre 0,983 et 1,3 ua du Soleil. Ils faisaient auparavant partie de la ceinture d’astéroïdes ou ont été des comètes actives. Quelques-uns d’entre eux passent la plupart du temps en dehors de l’orbite de la Terre tandis que d’autres, les géocroiseurs ou NEO (Near

De haut en bas : Une partie de l'équipe dirigeante de Planetary Resource. — Vue approchée de l'astéroide Lutetia, prise par la sonde Rosetta en 2010. — Quelquefois, il ne faut pas aller très loin pour rejoindre un astéroïde. Le 15 février 2013, l’astéroïde 2012 DA14 de 120 000 tonnes frôlera notre planète à seulement 27 000 kilomètres.

Earth Object), adoptent des orbites qui la croisent. Pour les nommer, on utilise souvent l'abréviation ECA (Earth-Crossing Asteroids). Ils sont catalogués en trois groupes, classés selon la distance qui les sépare du Soleil : les astéroïdes Aten (qui possèdent un demi-grand axe de moins d'une ua), ceux de type Apollon (qui croisent l'orbite de la Terre selon une période supérieure à un an) et ceux de type Amor (qui frôlent l'orbite extérieure de notre planète). Aujourd’hui, sur les quelque neuf mille astéroïdes géocroiseurs déjà recensés par la NASA (on en découvre un millier chaque année), plus de mille cinq cents, qui ont au moins 50 m de largeur, se révèlent aussi accessibles que la Lune en raison de leur faible champ de gravité, qui les rend faciles à approcher et à quitter. Environ 10 % d’entre eux recèlent de l’eau ou d’autres ressources ayant une valeur commerciale — et il en existerait des millions d’autres à identifier… La première rencontre entre un engin spatial et un astéroïde a eu lieu en 1991 quand la sonde Galileo est passée près de l’astéroïde (951) Gaspra lors de son voyage vers Jupiter. Depuis, deux autres ont été visités par des engins spatiaux ro-

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Les télescopes Leo vont cartographier les astéroïdes. — Les sondes ARKYD-300 iront étudier de plus près les astéroïdes.

botisés : (433) Éros (par la mission NEAR de la NASA, en 1998) et (25143) Itokawa, par la mission Hayabusa de l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA) en 2005. En ce moment, la NASA prépare la mission OSIRISREx, qui devrait explorer l’astéroïde (101955) 1999 RQ36 en 2019. L’EAU, UN ÉLÉMENT VITAL Dans l'espace, l'eau est une ressource indispensable à l’entretien de la vie mais surtout un élément très coûteux à transporter depuis la Terre en raison de son volume. De nos jours, toute l’eau nécessaire aux vols spatiaux doit être transférée de la planète bleue pour un prix exorbitant (transporter un litre de cette substance dans l’espace revient environ à 15 000 $). De toutes les contraintes liées à l’expansion de l’exploration spatiale habitée, c’est la plus restrictive. Du coup, le fait d’accéder à des astéroïdes géocroiseurs contenant de grandes quantités d'eau (sous forme de glace) devrait énormément faciliter l'exploration du Système solaire. Car outre sa fonction d’hydratation, on peut aussi en extraire de l'oxygène et de l'hydrogène : le premier pourra fournir de l’air respirable aux astronautes et le second servir de carburant à toutes sortes d’engins spatiaux (satellites de communication, stations orbitales…). Elle peut aussi servir de bouclier contre les radiations solaires, prolonger l’approvisionnement en nourriture et favoriser le fonctionnement des industries de transformation. Un astéroïde de 500 m de large comportant de

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matière énergétique, de transporter un litre d’eau ou de carburant d’un astéroïde géocroiseur à une destination située en orbite autour de la Terre que de se coltiner ce même litre à partir de notre planète. De plus, une fois extraite des astéroïdes et convertie en carburant, elle pourrait par la suite être stockée dans des endroits stratégiques (comme des stations géostationnaires en orbite autour de la Terre ou une base lunaire) et ainsi fournir les ressources nécessaires pour de lointaines expéditions d'exploration spatiale ou des missions de longue durée dans l’espace. Et aussi accroître le volume de la charge utile des fusées ou fournir du carburant à des remorqueurs de l’espace chargés de nettoyer tous les débris qui s’y trouvent. Tout cela devrait donc radicalement révolutionner l’exploration du Système solaire en rendant les voyages spatiaux nettement plus économiques — l’approvisionnement en carburant constituant un problème majeur. l’eau en contient quatre-vingts fois plus que le plus grand des supertankers et si le précieux liquide est transformé en carburant, cela représente plus de deux cents fois le volume de celui qui a été nécessaire pour lancer toutes les fusées jamais expédiées dans l’espace jusqu’à ce jour. D’autre part, il se révèle plus efficace, en

DES RESSOURCES QUASI INÉPUISABLES Contrairement à la Terre — où les métaux lourds se trouvent en majeure partie près du noyau —, les astéroïdes en abritent un peu partout dans leur structure, ce qui rend l’extraction beaucoup plus facile. En outre, leur concentra-


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“Contrairement à la Terre — où les métaux lourds se trouvent en majeure partie près du noyau —, les astéroïdes en abritent un peu partout dans leur structure, ce qui rend l’extraction beaucoup plus facile.”

Une capture d’astéroïde, une action commune dans quelques années ?

Un accroissement de ces ressources en métaux rares ferait non seulement diminuer le coût de nombreux équipements (allant de la microélectronique aux batteries) mais pourrait aussi engendrer de nouvelles applications et permettrait d’exploiter leurs propriétés pour des usages encore inédits.

tion est nettement plus élevée que sur notre planète. Un grand nombre de métaux et de minéraux, rares sur la Terre, existent en quantités quasi illimitées dans l'espace. En effet, un astéroïde de 500 m de long, riche en platine, contient environ cent soixante-quatorze fois plus de ce métal que notre planète n’en produit chaque année et plus que toutes les réserves mondiales des métaux appartenant à la famille du groupe du platine (ruthénium, rhodium, pal-

ladium, osmium et iridium) — 1,5 fois plus, en fait ! Ces derniers possèdent des propriétés chimiques particulières qui les rendent incroyablement précieux pour les processus industriels de notre économie du XXIe siècle. Le platine, dont l'once (28,349 g) vaut environ 1 500 $, est notamment utilisé dans la confection des bijoux, de divers composants électroniques (pour les téléphones portables et les téléviseurs) et des pots catalytiques.

LES DIFFÉRENTES ÉTAPES Entre l’identification d’un astéroïde intéressant à exploiter et le retour sur terre du butin spatial, il faudra compter environ une décennie. Pour atteindre son objectif, Planetary Resources envisage plusieurs étapes… La première consistera à envoyer dans l’espace des télescopes Leo (Low-earth orbit) à bord d’engins spatiaux, les ARKYD-100 Series, afin de cartographier les astéroïdes géocroiseurs et de repérer les plus prometteurs (ceux qui sont riches en eau ou en platine). Ces télescopes incroyablement performants et ne pesant que 20 kg ont déjà été mis au point par une petite équipe d’experts et seront fabriqués à moindre coût. Grâce à la haute technologie de leurs caméras, ils seront en me-

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“Entre l’identification d’un astéroïde intéressant à exploiter et le retour sur terre du butin spatial, il faudra compter environ une décennie.”

Konstantin Tsiolkovsky était un grand visionnaire. En 1911, il a écrit une phrase dans une lettre qui résume tout : « La Terre est le berceau de l'humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau. »

sure de fournir des vues extrêmement détaillées, aussi bien de la surface de la Terre que des confins de l’espace, en incluant même des zones encore inexplorées situées entre notre planète et le Soleil. Dans un délai d’un an et demi ou de deux ans, Planetary Resources espère être en mesure de lancer de deux à cinq de ces télescopes sur une orbite basse autour de la Terre (il est prévu d’en envoyer de dix à quinze dans les trois prochaines années). Dans un deuxième temps, on procédera au lancement des ARKYD-200 Series Interceptor. Placées en orbite basse autour de la Terre, ces

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sondes, similaires aux ARKYD-100 Series, seront en revanche équipées de propulseurs afin de s’approcher des astéroïdes et de collecter toutes sortes de données. Plusieurs sondes travailleront en équipe pour identifier et pister certains astéroïdes se déplaçant entre la Terre et la Lune — et voyager à leurs côtés. Lors de la troisième phase, des sondes de type ARKYD Series 300 – Rendezvous Prospector (des ARKYD-200 Series Interceptor auxquelles on ajoutera de puissants lasers) seront lancées, pour déterminer la valeur des astéroïdes préalablement sélectionnés et préparer les opérations de forage.

En se plaçant en orbite autour d’un corps céleste, elles seront en mesure de récolter des données précises sur sa taille, sa rotation, sa densité, sa surface et la composition de son soussol. Ces sondes robotisées auront de sus la capacité de fonctionner en essaim — ce qui permettra de répartir les risques entre les diverses unités. À ce stade-là, il faudra exploiter ces mines spatiales et cela dépendra en partie de l’intérêt porté à ce projet par des clients potentiels comme la NASA, diverses agences scientifiques ou d’autres organisations d’exploration spatiale privées. Planetary Resources a d’ailleurs déjà négocié des contrats pour développer des technologies de communication au laser dont elle aura besoin pour sélectionner les astéroïdes les plus intéressants. Si l'idée d'exploiter les richesses des astéroïdes n'est pas nouvelle puisqu’elle remonte à 1926 (cf. un projet du scientifique russe Konstantin Tsiolkovsky), l’extraction de leurs ressources, en l’état actuel de la technologie, ne pourrait pas se faire avant 2025 (d’après les résultats d’une étude réalisée sous l’égide de la NASA). Cette dernière a prévu d’ailleurs une mission habitée à destination d’un astéroïde à l'horizon des années 2020. Et bien que ses besoins en matière de missions humaines soient différents de ceux de Planetary Resources pour ses futures expéditions robotisées dans l’espace, il existe une réelle synergie entre les deux du point de vue de la sélection des astéroïdes. (En effet, ceux qui seront choisis et explorés par Planetary Resources au cours des missions de prospection minière pourront aider la NASA à définir des cibles possibles pour ses vols habités.)

■Josèphe Ghenzer


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Les dossiers Le projet AiRScouter de Brother.

DES LUNETTES

QUI EN METTENT PLEIN LA VUE ! La réalité augmentée a été révélée au grand public par le biais des films de SF et a donc fait fantasmer des générations de cinéphiles, qui rêvaient tous d’être RoboCop ou Terminator. Pour la science de ce début de XXIe siècle, le passage de la fiction à la réalité apparaît imminent : que nous le voulions ou pas, nous vivons désormais dans un monde hyperconnecté et la frontière entre le monde réel et le monde virtuel s'amenuise de plus en plus… LE DÉBUT D’UNE NOUVELLE ÈRE De nos jours, la technologie — capable de reconnaître l'environnement d'une personne et d'y ajouter un certain nombre d'informations supplémentaires — existe déjà bel et bien… Que ce soit dans les jeux vidéo à la première personne (diverses informations s’affichent alors à l'écran pour aider le joueur dans sa progression), dans les rues de certaines villes disposant de mobilier urbain intelligent ou encore dans les

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cockpits des avions de chasse… Il en est de même pour certaines applications dont disposent les smartphones de dernière génération, qui utilisent leur caméra intégrée pour indiquer notamment à leur utilisateur la direction et la distance de la station de métro la plus proche. D’autre part, certaines sociétés ont commencé à développer des outils de navigation pour les véhicules, selon ce même principe. Les progrès de la miniaturisation des compo-

sants présents dans les smartphones ont permis d’incorporer aux lunettes une technologie permettant la visualisation de métadonnées, la reconnaissance d'images, la connexion à un réseau et la géolocalisation — qui constituent la base de la réalité augmentée en action. Plus immersives qu’un smartphone car proches des pupilles, elles permettent d'accéder directement à une multitude de données. Ce type de lunettes constitue le nouvel enjeu économique du déve-


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“De nos jours, la technologie — capable de reconnaître l'environnement d'une personne et d'y ajouter un certain nombre d'informations supplémentaires…” loppement technologique. C’est pourquoi un peu partout dans le monde — mais plus particulièrement au Japon —, un grand nombre de recherches sont menées sur différents projets similaires. LA BOÎTE À IDÉES C’est a sein du laboratoire de recherche Google X, dans lequel les deux fondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, sont très impliqués, que sont sans cesse élaborés, dans le plus grand secret, de très nombreux projets innovants (pas forcément liés, d’ailleurs, au cœur de métier de la société), comme les voitures autonomes, le déploiement d’un réseau Internet en fibre optique de très haut débit, un système audio de salon ou encore des lunettes à réalité augmentée. Ces dernières préfigurent le passage à un nouveau type d’informatique : le wearable computer (informatique vestimentaire ou sur mesure). En avril dernier, Google a d’ailleurs fait le buzz en diffusant sur Internet la vidéo de son projet de lunettes à réalité augmentée (baptisé Project Glas). Elle montrait quelques-unes des fonctionnalités de ces accessoires pilotés soit par la voix, grâce à de petits micros disposés dessus, soit par l'œil (au moyen des mouvements oculaires). Quelques semaines plus tard, ce projet a refait parler de lui de façon spectaculaire lors de la dernière conférence I/O : un groupe de parachutistes a filmé et diffusé en direct, au moyen de ces fameux binocles, le vol et l’atterrissage de toute l’équipe sur le toit du Convention Center de San Francisco. Sergey Brin a ensuite présenté un exemplaire de la première génération de ces Project Glass. Tout d’abord, seuls les développeurs pourront en précommander une version prototypale, Explorer (livraison prévue au début de 2013), pour la somme de 1 500 $. Quant à la version définitive destinée au grand public, elle ne devrait être commercialisée (et uniquement aux États-Unis) qu’en 2014 — afin de pouvoir prendre en compte le retour d’expérience des développeurs qui auront testé le prototype. Aux antipodes du Visiocasque 3D de Sony qui n’est destiné qu’au multimédia, cette paire de lunettes futuriste et prometteuse, tant par son interactivité que par son usage, est composée d’une fine monture métallique assez design, sans verres de vue, mais disposant d’un mini-écran transparent placé dans le coin de l’œil droit et suffisamment discret pour ne pas obturer le champ de vision. Les informations captées sur le réseau apparaissent à la demande de l’utilisateur en surimpression de sa vision du monde réel. Quant aux branches, équipées d’une caméra et d’un micro, elles permettent de se connecter à Internet par le WiFi et les commandes fonctionnent sous Android. Et elles assurent, en sus des services en ligne traditionnels, une interaction avec l'environnement immédiat de l'utilisateur,

De haut en bas : les lunettes d'immersion en réalité augmentée de Google — La réalité augmentée est utilisée depuis longtemps dans les cockpits des avions militaires. — Les lunettes Epson Moverio BT-100 sont relativement abordables.

afin de lui fournir toutes sortes de données pertinentes. La commande vocale (Google Voice) apparaît simple à utiliser pour déclencher certaines actions (prendre une photo, lancer un appel, rechercher une adresse…). La navigation dans l’interface, elle, se fait par un mélange de contrôle vocal, de gestes effectués sur le pavé tactile latéral et par des mouvements de la tête et de l’œil pour le défilement et le choix d’une fonction (l’équivalent d’un clic). Cet accessoire visuel proposera des services très proches de ceux qui sont procurés par les smartphones. Sur le mini-écran viendront s'afficher, à la demande de l’utilisateur, un large éventail de fonctionnalités riches et variées (géolocalisation via Google Maps, horloge et alarme, météo, recherche d'informations augmentées via Google Adresses, SMS, MMS, emails, communication téléphonique, agenda, musique, photo, vidéo...). Le nombre des applications à venir apparaît quasi illimité (reconnaissance faciale, domotique via Android@Home, traduction instantanée de textes en langue étrangère). Avec ces lunettes à réalité augmentée, Google mêle encore davantage virtuel et réalité. Et dans la mesure où elles interagissent avec le monde extérieur, elles pourraient très

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Le casque virtuel Visiocasque 3D de Sony est destiné à d'autres usages. — Les Mixed Reality de Canon sont développées pour un usage professionnel.

bien, dans un avenir plus ou moins proche, remplacer les smartphones… En fait, ces lunettes ne constituent pour Google qu’une première étape vers la conception d’une lentille de ce type. L’un des ingénieurs (un spécialiste en bionanotechnologie) qui a travaillé sur le Project Glass a récemment fabriqué une lentille de contact intégrant un écran d’une poignée de pixels. Et ailleurs dans le monde, d’autres chercheurs (de l'université de Washington ou finlandais) et d’autres sociétés (comme Innovega, avec son prototype utilisant la technologie iOptik) travaillent sur des projets similaires.

une caméra HD (1080 p) qui apporte une haute performance aux applications nécessitant une qualité vidéo maximale. Ces lunettes disposent également de tout un assortiment de logiciels et d'accessoires. Leur prix encore très élevé (avoisinant les 5 000 $), du moins pour l’instant, réduit toutefois sensiblement leur clientèle potentielle.

L’EXPÉRIENCE AU SERVICE DE L’UTILISATEUR De son côté, la société Vuzix a conçu (en étroite collaboration avec plusieurs sociétés, dont Nokia) et commercialisé plusieurs modèles de lunettes exploitant le procédé de réalité augmentée. En ce qui concerne les précédents et plus particulièrement les Wrap™ 920AR, les verres étaient remplacés par des écrans affichant les images filmées par une caméra embarquée. Ce n’est plus le cas avec le nouveau, le STAR™ (See-Through Augmented Reality) 1200, qui fonctionne selon un procédé différent — la réalité augmentée étant plaquée via un filtre transparent sur la vision normale. Ces lunettes intègrent aussi un capteur vidéo capable de restituer une image WVGA (852 x 480 pixels) sur les écrans transparents et d’autres permettant d’interagir avec l’environnement et d'identifier le contenu en réalité augmentée.

EN QUÊTE DE DIVERSIFICATION… Plus connus pour leur matériel informatique et bureautique comme les scanners et les imprimantes, certains fabricants, comme Brother et Epson, se sont positionnés à leur tour sur ce nouveau créneau pour diversifier leurs activités et se poser en sociétés innovantes. Ainsi, développé depuis plusieurs années par les ingénieurs de Brother, AiRScouter est un dispositif à porter qui prend place en dessous d’un des verres de la paire de lunettes. Ce système d’affichage très léger, appelé RID (Retina Imaging Display) projette directement des images sur la rétine. Elles sont affichées par un microprojecteur à cristaux liquides HD, puis dirigées à travers une lentille contre un demi-miroir. Les images apparaissent alors comme incrustées dans le verre. Du fait d’un léger décentrage, l’AiRScouter situé devant l’œil gauche de l’utilisateur ne gêne pas son champ visuel et affiche des informations sem-

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Des contenus informatiques (texte, image et vidéo) peuvent alors se superposer aux visualisations couleur en 2D ou 3D. Leur version 2.0 comprend désormais deux options de caméras : une caméra compacte (environ un quart de la taille de la précédente version), qui propose une esthétique améliorée et un poids plus léger, et


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“Les progrès de la miniaturisation des composants présents dans les smartphones ont permis d’incorporer aux lunettes une technologie permettant la visualisation de métadonnées.”

Le Project Glass de Google consiste en des lunettes équipée d'une micro-caméra ainsi qu'un écran permettant la réalité augmentée. — Les lunettes de réalité augmentée Vuzix Wrap 920AR.

blant flotter dans les airs, mais d’une taille appréciable — ce qui lui donne l’impression de les voir sur un écran de seize pouces situé à environ un mètre. Et son système d’affichage transparent mobile permet de voir, en temps réel, des images et des données provenant d'ordinateurs ou de smartphones. Brother a également prévu la possibilité d’y placer une microcaméra vidéo pour bénéficier de la réalité augmentée (à condition d’y adjoindre une application qui lo-

calise la position de l’utilisateur et affiche des informations sur les lieux environnants). À l’heure actuelle, les AIRScouter existent en deux versions : le modèle WD-100G, qui bénéficie d’un système de correction pour les personnes portant habituellement des lunettes de vue, et le modèle WD-100A, destiné à celles qui n’ont aucun problème visuel. Pour l’instant, ils sont seulement commercialisés au Japon, à un prix avoisinant les 1 800 €, et uniquement ré-

servés à des applications professionnelles comme l’assemblage de dispositifs complexes dans l’industrie, la réparation ou la maintenance dans des lieux distants ou isolés — ou encore la préparation de commandes dans des entrepôts logistiques. Pour Brother, ces deux versions constituent seulement une étape initiale et il faudra leur apporter des améliorations avant de pouvoir les commercialiser. La prochaine étape consistera à développer des lunettes WiFi autosuffisantes, ce qui ferait d’elles un véritable outil de mobilité qui pourrait, à terme, remplacer la tablette tactile… De son côté, Epson propose les Moverio BT-100, des lunettes vidéo 3D dotées de verres transparents, d’une connexion WiFi, d’une plateforme Android 2.2 et d’une carte mémoire 4 Go. Elles fournissent à leur utilisateur de multiples possibilités (mettre à jour ses comptes sur les réseaux sociaux, naviguer à sa guise sur Internet, recevoir les dernières actualités, regarder en ligne des vidéos 2D ou 3D, tout en restant

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2 en contact avec son environnement extérieur…). Et lui permettent aussi de profiter d’images équivalentes à celles d’un écran de trois cent vingt pouces installé à 20 m et d’une résolution semblable à celle d'un quart de Full HD. La télécommande, équipée d'un pavé tactile, autorise de manière intuitive une navigation sans effort dans les menus et facilite la recherche. Le prix des Moverio BT-100 : environ 600 €. UNE GRANDE DIVERSITÉ DE PROJETS Depuis quelque temps on assiste, un peu partout dans le monde, à l’initiative de divers fabricants (Oakley, Essilor, Sony, Lumus, Apple, etc.), à l’émergence d’une multitude de projets innovants dans le domaine de la réalité augmentée — qui arrivent à maturité après des années de développement… C’est ainsi que Canon a lancé au Japon son MR (Mixed Reality) System, qui se compose d’un casque de réalité augmentée et

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d’un PC avec logiciel. Cet outil de conception de produits fait fusionner les mondes réel et virtuel, avec pour objectif de réduire significativement les délais de conception et de développement des nouveaux produits industriels. En dehors de la conception (plus particulièrement dans le secteur automobile) ou de la recherche de l’efficacité maximale dans l’agencement d’un lieu — en testant différentes configurations avant même qu’elles soient installées physiquement —, ses applications peuvent potentiellement s’appliquer à divers domaines (médecine, éducation, divertissement…). Quant à la société Olympus, elle a mis au point les MEG4.0, équipées d’un système optique qui projette un écran virtuel de 320 x 240 pixels. Une connexion Bluetooth permet de les relier à un smartphone ou à une tablette, tandis qu’un accéléromètre intégré détecte la position de la tête de l’utilisateur. Elles ne pèsent que 30 g et disposent d’une autonomie de huit heures grâce

à un système d’allumage intermittent qui active l’écran toutes les trois minutes pendant quinze secondes. Plus étonnant encore, des chercheurs de l'université de technologie de Delft, aux Pays-Bas, ont développé un modèle doté d'un système à base de réalité augmentée, destiné à aider la police criminelle dans la résolution de ses enquêtes. Tout en filmant l’environnement en 3D, l’utilisateur peut placer des marqueurs virtuels à certains endroits en exécutant un mouvement de la main pour signaler un indice. Les différents éléments sont ainsi déterminés et des commentaires apparaissent à l'écran lorsque l'utilisateur est à proximité. Une fois enregistrée dans ses moindres détails, la scène de crime peut être revisitée virtuellement grâce à ces lunettes autant de fois que nécessaire — l'objectif étant de la rendre disponible tout au long de l'enquête (et même de pouvoir l’utiliser au tribunal comme pièce à conviction). On peut également communiquer en direct et à distance avec d'autres agents ou des criminologues : le premier policier arrivé sur les lieux pourra ainsi rapidement faire des repérages et transmettre les premiers éléments de l’enquête dans la foulée… ■Josèphe Ghenzer

Quelques utilisations possibles de lunettes de réalité augmentée : • Simplement filmer sa vie quotidienne. • Discuter en visiophonie avec vos correspondants tout en admirant le paysage. 1 • Vous ne vous perdrez plus jamais. 2 • Vos lunettes vous avertirons de multiples alertes qui vous faciliteront la vie. 3 • Les lunettes seront votre mémoire des visages. 4


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Prénom ..................................................................................

Nom du titulaire si différent celui de l’abonné

Profession (facultatif)............................... Âge (facultatif) ..............

................................................................................................

Adresse ..................................................................................

N° de carte

................................................................................................

Expire-le

Code postal ............................................................................ Ville ................................................ Pays ............................. Téléphone fixe (facultatif) ......................................................

Cryptogramme 3 derniers chiffres au dos de votre carte

Signature et date obligatoires des parents pour les mineurs

Téléphone portable (facultatif) ............................................... E-mail ..................................................................................... PLANETE ROBOTS N°17

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Les dossiers

SPHERO UNE BOULE QUI ROULE ET QUI BOSSE !

Avez-vous jamais imaginé qu’un jour votre boule de pétanque choisirait de parcourir une trajectoire défiant toute logique ? Pour vous, lorsqu’on apprend à jouer au golf, on s’exerce d’abord à la manipulation du club… Et vous croyez encore que les balles sont seulement d’innocents objets qui réagissent bêtement selon l’impulsion que vous leur avez donnée… C’est pour mettre le holà à vos idées préconçues que la société Orbotix a créé une petite balle : Sphero. Mélangeant réalité augmentée et robotique, la société Orbotix s’est créée autour de cette boule dotée de gyroscopes, d’accéléromètres, de magnétomètres, d’un module Bluetooth et d’un système de recharge par induction (bref, elle est bien plus que du caoutchouc et du plastique !). La communauté geek s’est très vite emparée de l’objet et des possibilités qu’il offre. Le nombre d’applications disponibles a explosé — d’autant plus vite qu’Orbotix organise des concours de la meilleure application. Mais quelles sont donc ces applications qui attirent tant les fans ?… SPHERO : UNE DÉMONSTRATION DE POTENTIEL Lorsque vous recevez votre Sphero, une application de démonstration vous est fournie. Elle vous permet de contrôler la boule vocalement, mais surtout de tester certaines applications payantes ou de mettre à jour le logiciel embarqué dans le jouet. Le produit étant nouveau, les applications professionnelles ne sont pas encore

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nombreuses. Pour l’instant, quand on veut profiter des possibilités de la bête, il se révèle indispensable de la mettre à jour régulièrement… Les applis peuvent s’installer sur les smartphones et les tablettes tactiles équipées d’Android ou d’iOS. Attention cependant, toutes ne sont pas systématiquement disponibles sur les deux plates-formes ! Procédons donc à une petite revue de celles qui sont déjà proposées… LES APPLICATIONS Drive : une application de conduite inventée pour Sphero L’application de base est le guidage télécommandé par la tablette (ou le téléphone) qui le contrôle. Le smartphone se transforme alors en joystick tactile et la sphère robotisée se commande comme une petite voiture ! Ne l’envoyez pas trop loin car elle ne reste connectée que dans un rayon de quinze mètres… Des esprits frappeurs l’ont un peu détournée

de sa fonction première et ont caché plusieurs exemplaires de la baballe dans les gobelets d’un célèbre débitant de café américain : la première personne qui s’approchait de la table sur laquelle se trouvaient lesdits gobelets les voyait soudainement entrer en mouvement… Ajoutez à cela une grosse — fausse — mygale et vous imaginez sans peine l’effet produit ! SpheroCam : capturez les aventures de Sphero !Le programme SpheroCam complète assez judicieusement les fonctionnalités du jouet — sous réserve de posséder une caméra additionnelle. (Attention, il ne s’agit pas d’une caméra placée sur la balle — même si cela pourrait être faisable —, mais d’une fonction supplémentaire du contrôle de l’engin : la capacité d’enregistrer des vidéos directement par le biais du smartphone utilisé.) Draw N’Drive Draw N’ Drive est sans doute une des applica-


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“Sphero suit un tracé directement dessiné sur l’écran de votre téléphone pour le reproduire sur le sol. Pour que l’effet soit encore meilleur, il faut placer la boule…”

De gauche à droite : Le Sphero peut réinventer de nouvelles façons de jouer au billard — Avec Chromo, le Sphero accède au ludique. — L'application MacroLab peut programmer facilement le Sphero.

tions les plus impressionnantes visuellement ! Sphero suit un tracé directement dessiné sur l’écran de votre téléphone pour le reproduire sur le sol. Pour que l’effet soit encore meilleur, il faut placer la boule dans une pièce très sombre et observer. Cette application annonce déjà le contrôle précis de la balle par un schéma enregistré sur le téléphone : MacroLab. MacroLab : laissez le robot Sphero s’exprimer… MacroLab n’est pas réservée à une population geek et se révèle facilement accessible via un langage de programmation très simple. Il s’agit ici de programmer une suite d’actions que Sphero devra reproduire au niveau du sol. La balle va se déplacer, tourner, vibrer, changer de couleur et émettre de la musique — selon le schéma que vous lui aurez envoyé. Une fois créées, ces chorégraphies s’exportent et se partagent d’un utilisateur Sphero à l’autre. Sous Android, il est également possible de contrôler plusieurs balles à la fois et de faire exécuter à l’ensemble un ballet à la Flubber ! LES JEUX Les jeux visuels et de télécommande de la balle laissent toutefois place à des ludiciels plus sophistiqués, dont les règles sont établies par des programmes chargés lors des mises à jour. Il en existe globalement deux catégories : celle dans laquelle le téléphone commande Sphero et celle où la balle devient le joystick du jeu diffusé à l’écran… Chromo : attrapez les couleurs et défiez le temps… Un des tout premiers jeux mis à la disposition des utilisateurs est Chromo : en fonction de la couleur affichée sur l’écran du smartphone, il s’agit d’orienter la balle du bon côté, le plus ra-

de boule — pendant que toutes les données de la partie s’enregistreraient sur la tablette associée.)

pidement possible (pas impossible, d’ailleurs, que les kinésithérapeutes s’en servent un jour pour la rééducation du poignet !). Last Fish Last Fish, déjà disponible sur la plate-forme iOS, se contrôle désormais avec Sphero ! Le jeu apparaît des plus simples : il s’agit de manger, d’échapper au poisson méchant et de sur vivre dans les eaux troubles. Il propose une jouabilité intuitive, combinée à un graphisme recherché. Golf La majorité des smartphones sont dotés d’accéléromètres. Forte de ce constat, Orbotix a créé l’application Golf, qui utilise le téléphone comme un club. En fonction de la force avec laquelle vous aurez géré votre swing et de l’orientation de votre jeu, Sphero calculera une direction et une accélération angulaires des plus réalistes. (Restons sur terre : il est peu probable que la balle aille briser les carreaux d’une fenêtre — mais sait-on jamais ?…) Là encore, cela ne constitue que la première étape du développement d’applications dans lesquelles la balle et le téléphone ont vocation à se répondre. (On imagine alors aisément une partie de pétanque où une seule balle Sphero servirait de cochonnet et

LE SDK ET L’API SPHERO — RÉSERVÉS AUX GEEKS C’est dans ce contexte d’avancées permanentes, d’inventions et de renouveau d’applications codées en C++ que se développe aujourd’hui Sphero. Si le nombre d’applications disponibles sur le site officiel reste très limité, les forums de développeurs et le blog de la société regorgent de programmes et d’idées pour utiliser à votre guise la balle lumineuse. De plus, la documentation RobotKit, disponible sur Gosphero, vous expliquera comment tester vos idées. (Et pourquoi Sphero ne concurrencerait-il pas des projets qui n’avaient à l’origine aucun rapport — comme le réveil simulateur d’aube ?) ■David LEBLANC et Marine Bertucchi

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ET VOUS, QUE FAISIEZ-VOUS LE 6 AOÛT 2012 ?… Je n’étais pas né lorsque l’Homme a fait ses premiers pas sur notre satellite et je ne le verrai probablement pas fouler le sol d’une autre planète… Il me fallait donc suivre au plus près l’atterrissage du robot Curiosity sur Mars. Comme je n’étais pas à Paris, à proximité de la Cité des sciences et de l'industrie, ni à Toulouse, à la Cité de l'espace, j’ai vécu cet événement à Saint-Hilaire-de-Riez, une station balnéaire qui se trouve sur le littoral du département de la Vendée — à quelques kilomètres de chez moi…

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ATTERRISSAGE RÉUSSI POUR LE ROBOT MARTIEN CURIOSITY !

“À 5 h 20 mon réveil sonna… Les vacances avaient commencé et ce réveil matinal fut difficile à encaisser — mais je savais que cela valait le coup : je ne devais pas louper cet événement majeur de notre histoire astronautique.”

Reconstitution de Curiosity vu par les ordinateurs de la NASA. — Quoi de mieux que montrer des maquettes pour expliquer les manœuvres du vaisseau et du robot.

À 5 h 20, mon réveil sonna… Les vacances avaient commencé et ce réveil matinal fut difficile à encaisser — mais je savais que cela valait le coup : je ne devais pas louper cet événement majeur de notre histoire astronautique. Cela faisait d’ailleurs des mois que je l'attendais et que je ne parlais que de ça autour de moi — ce n'était pas le moment de rester au chaud dans mon lit ! (Chance inouïe, la petite commune de Saint-Hilaire-de-Riez, au bord de la mer, était située à une quarantaine de minutes de chez

moi.) Je pris un petit chocolat chaud (comme les enfants), fis une toilette sommaire et saisit au vol mon appareil photo, les yeux encore lourds de sommeil… Saint-Hilaire ne payait pas de mine : une petite ville remplie de vacanciers encore endormis… Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais ! Vu l'heure (6 h 30), je me disais que je devais être une exception — une des rares personnes assez motivées pour se lever aux aurores afin de voir atterrir un robot sur Mars… Mais quelle

ne fut pas ma stupeur lorsque je découvris la grande médiathèque de la station balnéaire, qui grouillait de gens (femmes, hommes et enfants) réunis dans l'espoir d'assister à un événement hors du commun ! La salle était comble et les quelque cent chaises qui y étaient disséminées ne suffisaient pas à accueillir tous les curieux — qui étaient au moins deux cents. UNE CONFÉRENCE DIGNE DE L’ÉVÉNEMENT Le fond de la salle hébergeait deux écrans vidéoprojetés géants. Celui de gauche diffusait en direct la position du robot, encore dans son ré-

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Avant que le robot n’atterrisse, nous avons eu droit à une profusion d'informations sur Mars.

ceptacle spatial. (Enfin, quand je dis en direct — plutôt avec un léger différé de quatorze minutes, le temps que les informations parviennent de la planète Mars jusqu’à la Terre…) L'image était une reconstitution 3D du vaisseau devant Mars, qui devenait de plus en plus grosse au fur et à mesure que l'heure avançait… Le second écran, lui, projetait les informations liées à la conférence tenue par les invités, placés derrière un pupitre (au fond et à droite). En dépit du fait que nous nous trouvions à quelques encablures de Merlin-Plage, nous ne manquions pas d'experts dans le domaine spatial. Étaient en effet présents Thomas Appéré, astronome au Commissariat à l’énergie atomique et spécialiste de Mars, ainsi qu’Olivier Poch, du LISA de l’université Paris-Est Créteil (qui a participé à l’élaboration de l’analyseur d’échantillons SAM, embarqué à bord de Curiosity). Thomas Appéré présenta longuement, devant un public passionné, un historique de Mars et un résumé des connaissances géologiques que nous en avons. Puis il nous entretint du cratère Gale, lieu prévu de l’atterrissage. Quant à Olivier Poch, il nous décrivit le robot sous toutes les coutures, les instruments, le déroulement de l’atterrissage et la mission elle-même (elle devrait

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durer au minimum deux ans). Et la conférence était régulièrement interrompue par des interventions du JPL (Jet Propulsion Laboratory), qui annonçaient la confirmation des tâches exécutées par Curiosity et son vaisseau transporteur pendant la descente automatique en direction de la surface.

SEPT MINUTES DE TERREUR !… Lorsque le vaisseau se fut suffisamment approché de Mars, un des écrans bascula sur une diffusion en direct du Centre spatial du JPL, à Pasadena. C'était comme si nous y étions… Les conférenciers traduisaient certains messages des membres des équipes internationales et la ten-


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“Lorsque le vaisseau se fut suffisamment approché de Mars, un des écrans bascula sur une diffusion en direct du Centre spatial du JPL, à Pasadena. C'était comme si nous y étions…”

Conférence de presse en direct du JPL de Pasadena. — La seconde même où nous recevons la confirmation de la réussite de atterrissage.

sion montait (autant au JPL que dans la salle). On sentait que le public était fasciné, bien plus encore que par les jeux Olympiques ! (Olivier Poch ne se tenait quasiment plus — en pensant aux années de travail qu’il avait consacrées à ce robot…) À chaque annonce, le public de la médiathèque et

l’équipe du JPL applaudissaient. Certains fronts étaient emperlés de sueur, les enfants demeuraient silencieux et observaient avec insistance chacun des écrans…Toutes les étapes du processus d’atterrissage nous furent expliquées par les intervenants. Et durant sept interminables minutes, nous

découvrîmes en direct l'entrée du vaisseau dans l'atmosphère martienne, sa séparation du bouclier thermique, l'ouverture de l'immense parachute puis son largage. La tension monta encore de plusieurs crans lors de l'allumage des rétrofusées et pendant la descente du robot le long de ses trois câbles, jusqu'au sol de la planète. L'apothéose se produisit quand le JPL confirma la réussite de l’atterrissage. La liesse qui régnait au JPL de Pasadena enflamma également notre modeste petite ville : les applaudissements et embrassades se succédèrent, manifestations d’une joie communicative… Un jour, je pourrai dire que j'y étais… Cet atterrissage fut un grand moment, digne de figurer dans les livres d'histoire — au même titre que la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb et les premiers pas de Neil Amstrong sur la Lune. En effet, Curiosity n'est pas un simple robot, mais un véritable laboratoire de près d'une tonne, destiné à rechercher des traces de vie. Semi-autonome, il va arpenter pendant deux ans (voire beaucoup plus) le sol de Mars et nous permettre d'en apprendre beaucoup sur cette planète qui nous fascine tant, depuis des siècles… À propos, où étiezvous le 6 août 2012, à 7 h 31 ? ■Frédéric Boisdron

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LES CUBELETS Les Cubelets constituent une sacrée prouesse technologique, du fait de leur modularité exceptionnelle : ils vous permettent, à partir d’une série de briques indépendantes et intelligentes, de concevoir le robot de vos rêves — mais un robot cubique…

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“Les cubes font quatre centimètres de côté et disposent d’un processeur de 8 MHz ainsi que d’un programme standard. ”

détenteurs de ces Cubelets, nous vous invitons à vous renseigner sur les vidéos en ligne qui les concernent car des flopées de tutoriels vous y attendent, qui vous permettront de fabriquer des robots d’une conception plutôt basique — mais tout de même intéressants. Les Cubelets ont été conçus par le Computional Design Lab de l’université de Carnegie Mellon et un kit de six coûte actuellement 150 $ (deux Sense Blocks, deux Action Blocks et deux Think Blocks).Tout cela est achetable sur www.modrobotics.com. (Pour obtenir plus d’informations, nous vous invitons à taper Cubelets dans la barre de recherche de YouTube.) ■Boris Kesler Au XXIe siècle, il se révèle important, pour le curieux de nouvelles technologies, de bénéficier d’un grand choix de technologies accessibles et c’est pour cela que les Cubelets remportent les suffrages du grand public. Toutefois, il est à préciser que ces cubes robotiques passionnent de plus en plus les amateurs de robotique car en dépit du fait que leur programmation ne réclame pas un bagage important de connaissances, leur manipulation implique une certaine dextérité cognitive — surtout si l’on veut concevoir un robot un tant soit peu cohérent… Les cubes font quatre centimètres de côté et disposent d’un processeur de 8 MHz ainsi que

Les Cubelets, de nouvelles briques de constructions fun et intelligentes. — Les cubes s'assemblent par aimantation.

d’un programme standard. Et il existe trois catégories de Cubelets : les Sense Blocks (qui sont en gros les capteurs de votre robot) ; les Action Blocks (en gros les moteurs) ; et enfin les Think Blocks (en gros les cerveaux). C’est donc en essayant différentes combinaisons de ces blocs (qui s’assemblent par simple aimantation) que vous pourrez créer une infinité de robots (à condition bien sûr que votre porte-monnaie suive le rythme de votre génie…). Et si par chance vous êtes d’ores et déjà un des heureux

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Les dossiers Le concept de robot pompier FIRO par Jordan Guelde.

ROBOTS POMPIERS L’ASSISTANCE AUX PERSONNES EN DANGER De l'extinction des incendies industriels au traitement des explosions et de leurs conséquences, la lutte contre le feu est l'un des métiers les plus dangereux du monde… C’est pourquoi les pompiers sont très intéressés par les progrès réalisés dans le domaine de la robotique. En effet, les robots pourront les assister lors de leurs interventions en transportant de lourdes charges, en effectuant des tâches trop risquées ou en se faufilant dans des endroits impossibles… LA GHOST TEAM La société QinetiQ est connue pour ses robots Talon et Dragon Runner, qui œuvrent aux côtés des soldats en Irak et en Afghanistan pour détecter des mines ou des bombes dissimulées sous des véhicules. Mais depuis plusieurs années, en Angleterre, elle met son expérience dans le domaine de la robotique au service des équipes de secours d’urgence qui luttent contre les incendies de grande envergure en proposant un

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concept innovant : le GHOST (Gas cylinder and Hazardous Operations Support Team) élaboré en étroite collaboration avec Highways Agency, Network Rail et la LFB (London Fire Brigade). Ce projet consiste à faire travailler en équipe quatre robots pompiers (Talon, Bison, Black Max et Brokk 90) pour réduire les risques inhérents aux incendies et aux accidents dans lesquels on soupçonne la présence de matériaux dangereux (comme des bouteilles d’acétylène), qui peuvent

menacer non seulement la vie des pompiers humains mais aussi la population avoisinante. Lors des interventions, chaque robot de l’équipe a un rôle bien précis à tenir. Le Talon joue le rôle de l’éclaireur : en raison de sa petite taille et de sa grande manœuvrabilité, il peut se faufiler un peu partout sur les terrains difficiles ou dans des endroits obstrués (et même grimper les escaliers grâce à ses chenilles). Équipé de capteurs et d’une caméra thermique, il transmet des vi-


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“Le Black Max constitue le véritable pompier de l’équipe. Il a l’apparence d’un quad télécommandé, avec ses grosses roues qui facilitent le déplacement.” déos, évalue la situation et estime l’état des bouteilles d’acétylène, ce qui permet aux pompiers de mesurer le degré critique de l’intervention. Dans les cas extrêmes, il est possible d’envoyer en reconnaissance une version Hazmat (hazardous materials) du Talon qui comporte en plus des moniteurs radiologiques et un bras capable de collecter des échantillons. C’est ensuite au tour du Bison d’entrer en action… Se déplaçant grâce à une plate-forme à quatre roues, plus grand mais plus adroit que le Talon, il est équipé de nombreux outils avec lesquels il peut découper, empoigner, soulever (jusqu’à 100 kg) ou arracher des éléments obstruant le passage menant aux bouteilles d’acétylène. Il est aussi doté d’un petit jet d’eau qui lui permet de tester leur température lorsque l’eau, projetée dessus, crée de la vapeur. Grâce à ses caméras à images thermiques, cette information transmise par vidéo aux pompiers leur indique la dangerosité desdites bouteilles. Le Black Max constitue le véritable pompier de l’équipe. Il a l’apparence d’un quad télécommandé, avec ses grosses roues qui facilitent le déplacement.Tout comme ses petits camarades, il possède un système de caméras et de retransmission vidéo mais, contrairement aux autres, il est équipé d’une lance à incendie à haute pression qu’il peut faire tourner pour arroser, rafraîchir des objets dangereux ou éteindre des fumées toxiques — le tout dans un rayon de plus de 200 m. Il est en outre capable de supporter des températures de plus de 100°C et de rester dans un environnement toxique pendant plus de trois heures sans courir le moindre danger. Quant au Brokk 90, c’est le plus imposant des quatre. Utilisé à l’origine comme engin de démolition dans l’industrie nucléaire au sein des bunkers radioactifs, QinetiQ l’a modifié en l’équipant de sept caméras et en le dotant d’un moteur diesel deux cylindres Hatz 20hp pour lui fournir la puissance nécessaire au maniement de la plus grande des pinces hydrauliques Holmatro. Cela lui permet non seulement de se frayer un chemin en ouvrant des brèches dans les murs mais aussi d’attraper et de déplacer des objets lourds (comme les bouteilles d’acétylène ou des véhicules qui pourraient gêner les interventions humaines). Il faut bien se rendre compte que la présence des bouteilles d’acétylène sur les lieux d’un incendie provoque des dangers spécifiques et réclame des précautions particulières car sous la chaleur, une réaction chimique se produit — décuplant la production thermique, ce qui les transforme en bombes potentielles et cela même longtemps après l’extinction du feu. C’est pourquoi, dans le passé, la procédure de sécurité standard (appliquée par les brigades de pompiers et les services de secours) les contraignait non seulement à interdire toute circulation dans un périmètre de 200 m autour de l’endroit impliqué, mais aussi à éva-

Les robots de QinetiQ travaillent en collaboration avec les pompiers — Le Black Max de QinetiQ projette de l'eau en toute sécurité.

rique des signaux individualisés (par sous-porteuses multiples).

cuer toute la population y résidant et cela pendant vingt-quatre heures. En fait, depuis que les pompiers font appel au GHOST pour ce type de sinistre, le problème est désormais réglé moins de trois heures après le début de l’intervention. Le GHOST est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Dès son arrivée sur les lieux d’un sinistre, le responsable envisage la façon dont les différents robots vont intervenir. Afin d’assurer la meilleure communication possible entre les robots et le superviseur, QinetiQ a investi dans un équipement digital (audio et vidéo) de grande qualité, de type COFDM — un procédé qui associe un codage de canal OFDM (Orthogonal Frequency Division Multiplexing) à une modulation numé-

L’UNION FAIT LA FORCE À chaque fois que les pompiers pénètrent dans un entrepôt industriel en flammes, ils mettent leur vie en danger car la fumée est extrêmement toxique et le manque de visibilité peut les désorienter. Avec leur bouteille d'oxygène, ils ne disposent que de vingt minutes d'autonomie et ne parcourent en général que 12 m par minute à cause des obstacles. Avec l'aide d'un ensemble de robots autonomes, spécialement conçus pour ce type d’opérations, ils pourraient se déplacer avec beaucoup de rapidité et de sécurité, voire sauver davantage de vies. C’est dans cette optique que des scientifiques, œuvrant en partenariat avec les pompiers du SYFRS (South Yorkshire Fire and Rescue Service) et quatre autres organisations européennes, se sont attelés à deux projets financés par l'Union européenne. L’objectif : développer un essaim de robots « canaris » autonomes, baptisés les Guardians (Group of Unmanned Assistant Robots Deployed In Aggregative Navigation by Scent Detection) et les Viewfinders, conçus pour mieux appréhender les dangers et accélérer les recherches d’éventuelles victimes. En matière de robotique, la notion de sys-

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Neil Baugh (un pompier) et Jacques Penders de la Sheffield Hallam University, qui est l’instigateur et le maître-d’œuvre du projet Guardians et Viewfinder. Crédit : Sheffield Hallam University

tèmes multi-robots (ou robots en essaim) s'appuie sur des recherches de pointe simulant un groupe d'oiseaux en vol. Les chercheurs sont donc partis de ce concept pour que le déplacement de ces robots autonomes soit influencé par leur répartition dans le local… Ces minirobots, qui ne mesurent que 16 cm de diamètre, ont été équipés d'une technique de communication mobile, de caméras de télévision infrarouge (TV/IR), de radars au laser (LADAR) et de deux types de capteurs permettant respectivement la navigation et la détection de substances chimiques toxiques.Travaillant en groupe d’une trentaine d’unités, les Guardians constituent la première équipe à pénétrer dans les entrepôts pour y recenser les divers dangers (présence de substances chimiques toxiques, flammes, obstacles rencontrés en chemin…) et transmettre les informations recueillies à un chef d’escadron humain (qui restera hors de la zone de danger) ainsi qu’au poste de commandement, grâce à des techniques de communication mobile comme le réseau local sans fil (WLAN), Bluetooth et Zigbee. Opérant par équipe de trois, les Viewfinders sont, quant à eux, équipés

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de capteurs chimiques et de caméras infrarouges afin de repérer des passages sûrs qui procureront aux pompiers la possibilité de se frayer un chemin à travers des sites industriels partiellement détruits. En envoyant les informations recueillies vers un poste central, via une interface homme-robot spécialement conçue, ils appuient ainsi la recherche des victimes afin de les secourir plus rapidement, tout en aidant donc les pompiers à évaluer la sûreté de la voie empruntée et à choisir le meilleur chemin à suivre. Comme les chercheurs voulaient aussi que les robots aidassent activement les pompiers pendant leur intervention, l'essaim devait être capable d'interagir, directement et de façon cohérente, avec les pompiers et de leur indiquer la direction à suivre. Le système multi-robots réagit de manière autonome aux mouvements d'un pompier et lorsque celui-ci se déplace, le groupe de robots fait de même. Par ailleurs, les robots de l’essaim doivent pouvoir communiquer par un réseau sans fil, mais aussi échanger des informations utiles de guidage et les communiquer aux sauveteurs dans

des conditions extrêmes. Les chercheurs ont élaboré et testé, dans cette intention, des interfaces capables de ne présenter que les informations les plus cruciales — et cela dans des conditions que les robots pourraient supporter. LE SRIP En France, un projet de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) a rassemblé sous son égide, de 2007 à 2010, plusieurs partenaires complémentaires d’un point de vue technologique et opérationnel… La société ECA (une PME spécialisée dans la robotique, pour son expérience dans ce domaine ainsi qu’en intégration de systèmes), le CEA et l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (pour leur connaissance approfondie des technologies liées à la détection radiologique et chimique), ainsi que l’École nationale des officiers de sapeurs–pompiers et le SDIS 13 (tous deux pour leur expertise en la matière). Ce projet avait pour objectif de définir et d’évaluer les apports d’un système robotisé aux actions des équipes d’intervention. À partir des besoins exprimés par les utilisateurs opérationnels et des


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“le RMP-450F apporte une manœuvrabilité, un positionnement et un contrôle de pointe pour combattre les incendies les plus dangereux et préserve ainsi la vie des soldats du feu. »”

Des prototypes de robots en Lego destinés au projet Guardians. Crédit : Sheffield Hallam University. — Le robot pompier français, le Srip.

capacités des plates-formes mobiles robotisées, il a été défini des moyens d’action et leurs concepts d’utilisation. Souhaitant en outre couvrir le plus grand nombre de tâches identifiées (essentiellement reconnaissance et appuis NRBC), le choix s’est alors porté sur le développement d’un robot de taille moyenne : le SRIP, composé d’une plate-forme mobile chenillée et équipée de deux caméras de conduite

(avant et arrière) couleur avec commutation automatique en noir/blanc par faible éclairement, d’un microphone pour le retour des sons d’ambiance et d’un haut-parleur pour la diffusion de messages. Sans oublier un capteur de température extérieure et deux capteurs sécurisant la plate-forme (un détecteur explosimètre dont les seuils de déclenchement sont paramétrables, un radiamètre pour la détection et la délivrance

d’un seuil d’alerte radiologique). Il est également doté de cinq « modules-missions » : une caméra d’observation, une caméra haute définition, un module de mesure par colorimétrie, un de prélèvement de gaz et de liquides, un ensemble de supports permettant de mettre en œuvre rapidement un grand nombre de capteurs chimiques ou radiologiques et un support orientable permettant l’intégration sur la plateforme des caméras thermiques. Ces « modulesmissions » sont montés sur le robot à l’aide d‘une interface spécifique qui, en plus d’assurer les liaisons mécaniques et électriques, intègre le calculateur embarqué de gestion des différents modules. Le poste de commande déporté et la plateforme sont reliés par transmission hertzienne. Les données (commandes, retours d’état, mesures) ainsi que les retours son et vidéo sont inclus dans un flot unique. Une transmission par fibre câble est également disponible. La plateforme et les « modules-missions » sont pilotés et contrôlés par un Tablet PC pourvu d’un écran tactile (utilisé pour les affichages des états, des mesures, du retour vidéo) et par les commandes du dispositif. Il est complété par deux

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Les dossiers

grés. Ces articulations sont contrôlées par commande électronique. Et des capteurs situés dans chacune d’entre elles décident en toute autonomie de l’angle selon lequel elles vont bouger. Enfin, une caméra placée dans la tête du robot lui indique comment se déplacer d’un point à un autre tout en franchissant ou en évitant les obstacles, suivant les cas. Et le « cerveau » du robot peut communiquer avec un ordinateur extérieur par une connexion sans fil de type Bluetooth — ce qui permet donc le contrôle à distance. Non content de lutter contre les incendies, ce système SnakeFighter, après avoir été équipé de nouveaux capteurs et d’outils spécifiques, pourrait avoir bien d’autres applications : secourir des victimes coincées dans l’effondrement d’une mine ou d’un bâtiment après un tremblement de terre — en les guidant, en leur apportant de quoi survivre (nourriture, eau, lampes électriques, masques à gaz…) ou des moyens de communication avec l’extérieur ; en les aidant en cas de risque d’explosion sans avoir à mettre en jeu des vies humaines, inutilement, en assurant l’inspection et la maintenance d’installations sous-marines, etc.)…

boîtiers dédiés aux commandes des déplacements de la plate-forme et des divers axes des « modules-missions » (lorsqu’ils en sont pourvus). L’évaluation de ce programme s’est déroulée, en parallèle, autour de deux batteries de tests. Il s’agissait, d’une part, de tests de résistance réalisés en laboratoire et servant à évaluer la résistance aux hautes températures, aux produits chimiques corrosifs et oxydants comme aux forts débits de doses radioactives et, d’autre part, d’exercices effectués sur le terrain d’après différents scénarios représentatifs. LE ROBOT POMPIER DE SEGWAY Tout à la fois compact et puissant, le RMP-450F se compose d’une plate-forme mobile robotisée Segway® RMP400, sur laquelle a été installé un canon à eau Unifire Force50™ très performant. Il apporte une manœuvrabilité, un positionnement et un contrôle de pointe pour combattre les incendies les plus dangereux et préserve ainsi la vie des soldats du feu. Et présente de nombreux avantages (puisqu’il est facile à transporter, rapide à déployer, simple à utiliser, programmable, télécommandé et toutterrain). Il se déplace à une vitesse d’environ 30 km/h et transporte une charge de 180 kg. Quant à son canon à eau, il se révèle capable de déverser environ trente-huit litres par seconde. LA NATURE COMME SOURCE D’INSPIRATION ! En s'inspirant des caractéristiques d’un scarabée géant, des chercheurs de l'université allemande de Magdeburg-Stendal travaillent sur un prototype de robot autonome qui serait capable de combattre les feux de forêt — baptisé OLE. Équipé d’un GPS permettant de le localiser, il devrait, grâce à divers capteurs de chaleur et à infrarouge, détecter un départ de feu et l'éteindre grâce à son réservoir d’eau et à poudre chimique. En cas de danger, il se roulerait en boule en rétractant ses six pattes dans sa carapace (fabriquée de composants en fibre céramique qui lui permettraient de résister à des températures allant jusqu’à 1 300°C). Selon le relief et l'état du sol sur lequel il se déplacerait, sa vitesse varierait de 10 à 20 km/h et trente de ces robots devraient être capables de couvrir une zone d’environ 7 000 km2. Ces scarabées faciliteraient aussi le travail des pompiers humains dans les zones difficiles d'accès et les renseigneraient sur les départs de feu et sur leur évolution au ras du sol. Et en Norvège, des chercheurs du SINTEF travaillent sur le projet SnakeFighter (lancé en 2003). Leur concept novateur a produit Anna Konda — un étonnant robot pompier de 3 m

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■Josèphe Ghenzer

Le Srip sait monter les escaliers. — Le robot pompier en forme de scarabée, OLE. — Anna Konda, prêt à dégainer son eau sous pression

de long et d’un poids de 75 kg, qui se déplace en rampant à la manière d’un serpent, grâce à vingt moteurs hydrauliques. Ils actionnent ses articulations robotisées tandis qu’un nombre similaire de valves contrôle le flux de l’eau dans chacun des moteurs. Ce mode de propulsion lui permet aussi de monter des escaliers, de soulever une voiture ou de défoncer un mur. L’eau qui le traverse sert non seulement à faire fonctionner ses moteurs mais aussi à combattre les incendies, en refroidissant des objets ou en éteignant des flammes grâce à deux buses qui pulvérisent de l’eau à une pression maximale de 100 bars. Chacun des modules comprend deux moteurs hydrauliques et deux valves. L’extérieur est constitué d’un squelette en acier très résistant qui renferme les modules d’articulation, bougeant autour de deux axes orthogonaux selon une flexion pouvant aller jusqu’à trente-trois de-


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SAFFIR L'ARMÉE AMÉRICAINE SE DOTE D'UN NOUVEAU TYPE DE SOLDAT DU FEU…

Dans le monde toujours fertile de la robotique, le projet SAFFiR — descendant direct de CHARLI-2, conçu par le RoMeLa (The Robotics and Mechanisms Laboratory), de l'université de Virginia Tech — du Naval Research Laboratory (NRL) figure parmi les plus prometteurs en matière de lutte contre les incendies qui se déclarent à bord des navires… Malgré les masses d’eau dans lesquelles il navigue, l’un des plus grands sinistres qui menacent un bateau est l’incendie… De nos jours, même si les navires ne sont plus construits en bois, ce danger demeure toujours d'actualité. Un embrasement provoque des dégâts humains et matériels colossaux ! Et il est difficile à combattre à cause de la constitution complexe et de l’infra-

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structure exiguë des vaisseaux. D’autre part, l’incendie est bien trop souvent détecté trop tard et difficilement maîtrisé… Afin d'améliorer la protection de ses hommes et de ses navires, l'armée américaine, sous l'égide Naval Research Laboratory et en association avec Virginia Tech, est en train de concevoir un robot pompier d'un nouveau genre… SAFFiR (pour Shipboard

Autonomous Firefighting Robot) naviguera aux côtés des soldats pompiers à bord des vaisseaux de la marine états-unienne dans les prochaines années. POURQUOI UN HUMANOÏDE ? Le choix d'un humanoïde a été entériné à cause de la conception des navires (construits par les


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“SAFFiR travaillera tout d'abord aux côtés des troupes de la Navy et du Marine Corps. Enfin, autonome et adapté à notre environnement… ” De gauche à droite : détails de SAFFiR. — Petite photo de famille de robots humanoïdes avec de gauche à droite en haut : ChARli-2, hubo et SAFFiR. — ChARli-2 en phase de tests lors d'une présentation.

LASR (Laboratory for Autonomous Systems Research), qui travaillera également à l'amélioration de sa consommation en énergie et offrira des infrastructures de tests et de recherche de premier ordre. (Il est d'ores et déjà prévu de l'utiliser en mer à la fin de 2013 à bord de l’USS Shadwell et de perfectionner ses applications lors de tests grandeur nature.)

humains et pour eux) ; il dispose de grandes facultés d'adaptation et d’une fantastique mobilité en cas d'urgence — là où un robot monté sur roues ou datant d'une autre génération aurait plus de difficultés à se déplacer. SAFFiR sera donc doté des caractéristiques physiques, techniques et des capacités de mouvement et d'équilibre d’un être humain. Proche de robots comme Petman ou Alpha Dog (de Boston Dynamics), il pourra grimper les escaliers des couloirs étroits et sera équipé d'un système d'équilibrage pour éviter les chutes quand la mer se révélera trop houleuse. SAFFiR travaillera tout d'abord aux côtés des troupes de la Navy et du Marine Corps. Enfin, autonome et adapté à notre environnement, il pourra pallier les carences en matière de surveillance. SA COMPOSITION De taille quasi humaine donc, le robot sera équipé de nombreux capteurs et détecteurs qui lui permettront, tout en se déplaçant à bord du bateau, de repérer, d’alerter et de porter assistance en cas d'alerte ou de départ d'incendie. Il disposera en sus de capteurs sensoriels multifonctions, d’une caméra (placée dans la tête), d’un capteur de gaz et de fumée et aussi d’une caméra infrarouge stéréo qui lui permettra de voir à travers les voiles de fumée. (Il est bien souvent impossible à un humain de détecter avec certitude ou se trouve le feu au beau milieu d'une fumée épaisse. SAFFiR le trouvera sans problème et pourra intervenir beaucoup plus rapidement.) Pour maîtriser les incendies et les départs de feu, le robot sera également équipé d'extincteurs et du système de lancer de grenades PEAT (Propelled Extinguishing Agent Technology), chargé d’un agent capable d'éteindre les flammes. Son autonomie durera trente minutes environ en pleine action et il pourra se mouvoir sur tous les types de terrains. Il aura de plus vocation de compagnon ou plutôt de soldat modèle : des algorithmes sont actuellement développés pour qu'il puisse interagir avec son équipe et améliorer son autonomie. Il reconnaîtra ses supérieurs et leur

parlera. Et grâce à différentes interfaces qui vont lui procurer des capacités d'attention et de communication visuelles (gestes et mouvements des mains) et orales, il saura interpréter et répondre à des ordres. On prévoit d’ailleurs de lui fournir la capacité d’apprendre au fil de ses tests. Toute cette technologie est développée par le NCARAI (Navy Center for Applied Research in Artificial Intelligence), impliqué dans la recherche sur l'Intelligence artificielle depuis 1981. La partie sensorielle du robot sera développée par le

UN POMPIER D’ÉLITE, MAIS… SAFFiR n'est bien entendu pas seul dans le monde des robots pompiers, mais c'est son comportement et sa fluidité de mouvement qui feront de lui un robot à part. L'armée américaine et la DARPA on déjà produit des robots aux architectures et aux capacités époustouflantes et SAFFiR ne déroge pas à la règle. Sa structure en aluminium, munie de ressorts en titane dans les chevilles, reproduit les fonctions des muscles humains. Et deux actionneurs linéaires, placés dans les hanches et les chevilles, lui procurent une grande stabilité. (Lors de ses déplacements, il sera aidé par une vingtaine d'actuateurs extralégers à faible échauffement.) De plus, des capteurs de force situés dans lesdites chevilles lui permettront de maintenir son équilibre en utilisant la dynamique passive engendrée par le mouvement de sa structure. Il sera capable d'emmagasiner le trop-plein d'énergie et de le réutiliser sans le gaspiller (cf. l'utilisation de l'élan dans la marche : une jambe active et une jambe passive). Enfin, sa partie supérieure est encore en cours de conception. (L’assemblage se fera à la fin de l'année 2012.) Mais tout comme pour les robots made in Boston Dynamics, des questions restent en suspens… Il n'y a bien sûr aucun doute quant au fait que SAFFiR sera un robot pompier, utilisé sur les navires de l'armée américaine — mais ensuite ?… Les capacités de cette machine posent problème ! Car elle pourra lancer des grenades, suivre une cible et interpréter des ordres… Sera-t-elle, comme Petman, le soldat du futur ? Ou au contraire incorporée au corps des pompiers urbains ? L'avenir nous le dira et nous ne manquerons pas de vous en informer. Mais une chose est certaine : les robots s'implantent de plus en plus dans notre quotidien et sont plus que jamais présents dans les programmes de développement et de recherche des armées du monde entier. SAFFiR n'est encore qu'un prototype — mais ses futures fonctionnalités annoncent un avenir radieux pour les robots pompiers…

■Yoann Pinier

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Les domaines dans lesquels les robots (comme avant eux les automates) se révèlent capables de réaliser des prouesses sont légion : dessin, peinture, sculpture, musique ou encore danse… Intéressants reflets de l'âme foncièrement artistique de l'homme, ils constituent aussi un bon moyen de mettre en valeur le potentiel créatif qui existe en matière de robotique, tout en suscitant la curiosité du public… En voici une présentation fort instructive… LES DESSINATEURS Paul et Peter sont les robots dessinateurs de l'artiste et chercheur Patrick Tresset, un Français actuellement établi à Londres. Ses recherches, menées conjointement avec le professeur Frederic Fol Leymarie (du département de robotique de l'université Goldsmiths de Londres), ont permis la conception de Paul — un robot qui tire le portrait des visiteurs — et de Peter — qui dessine et efface plus ou moins aléatoirement en continu. Paul utilise une partie de la technologie développée dans le cadre du projet de recherche Aikon II (www.aikon-gold.com). Son système commence par rechercher une per-

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sonne grâce à un œil motorisé. Puis il dessine ses traits principaux — repérés par des cellules informatiques spécifiques qui ont des réactions équivalentes à celles des cellules de notre propre cortex visuel — sur du papier et enfin ajoute des ombres. Peter, quant à lui, dessine des courbes puis les efface sans arrêt pour faire passer le temps. Sa caméra est capable de repérer le niveau d'activité d'une pièce, ce qui l'ennuie ou le stimule. Son humeur influence alors la vitesse à laquelle il dessine. Selon les concepteurs, le dessin constitue un talent utile pour un robot domestique, puisqu'il procure quelque chose de socialisateur.

Le Learning Algorithms and Systems Laboratory (LASA) de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a également conçu son robot portraitiste (lasa.epfl.ch). Il reconnaît les visages placés dans son environnement et en extrait les caractéristiques pertinentes. En utilisant son talent artistique, son bras robotisé dessine alors les portraits des participants à partir des images capturées — en les convertissant en art vectoriel et en plusieurs nuances de gris. Les contours et les zones extraites sont simplifiés, afin de ne conserver que les éléments importants de la face et de ressembler à une représentation de bande dessinée…


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“Le LASA reconnaît les visages placés dans son environnement et en extrait les caractéristiques pertinentes. En utilisant son talent artistique… ”

LES PEINTRES Présenté lors de l'exposition UTOPIA no OSHIRASE de Tokyo les 9 et 10 octobre 2011, le Senseless Drawing Bot est un artiste urbain d'un nouveau genre (kanno.so/sdb_setup/). Conçu par So Kanno et Takahiro Yamaguchi, deux designers tokyoïtes adeptes de la typographie, de la calligraphie et des graffitis, il exécute en effet des fresques murales en toute autonomie. Il se déplace sur quatre roues motrices et il est muni d'un bras articulé qui agrippe un spray multicouleur pour se lancer dans des envolées graphiques.Très efficace, le résultat apparaît somme toute très... abstrait ! Benjamin Grosser, artiste visuel et compositeur américain, a décidé d'explorer l'Intelligence artificielle associée à l'art en créant l'IRPM — pour Interactive Robotic Painting Machine (www.bengrosser.com). Son incroyable machine, à l'ossature de bois, est capable de peindre des toiles de manière autonome, à l'aide d'un pinceau rattaché à un bras mécanique et grâce à toute une série d'algorithmes. Caméra et microphone sont placés sur la tête peignante, ce qui permet au robot de choisir différentes couleurs et de peindre en fonction de la musique et du bruit ambiants audibles dans la pièce. Le projet est toujours en cours de développement et doit aboutir à la conception d'une Intelligence artificielle proche de l'intelligence humaine, capable de faire preuve de sensibilité artistique. Quant à Vincent Thiberville, chef de projet (passionné) de l'ESSEC Business School (Paris), il se trouve à l'origine du projet Handibot, qui a pour objectif la réalisation de robots peintres utiles aux personnes atteintes d'un handicap moteur ou mental (www.handibot.fr). Aujourd'hui, la troisième génération est dotée d'un unique bras robotisé — équipé d'un pinceau pouvant se recharger en peinture dans trois pots différents et effectuer de nombreux gestes. Un microcon-

Paul croque le portrait de ses visiteurs. — Le Senseless Drawing Bot, le spécialiste des fresques murales.

trôleur, faisant office de cerveau, gère le déplacement du robot, l'interface homme-machine, le bras, la communication radio et tous les capteurs qui rendent le robot autonome. Enfin, deux interfaces d'utilisation permettent de le contrôler : une radiocommande (fonctionnant en temps réel et selon l'inclinaison de la tête de l'utilisateur) et un logiciel permettant de tracer sur ordinateur ce que le robot doit peindre, puis de lui envoyer les données. Ces deux interfaces ont été pensées de manière à le rendre accessible au plus grand nombre. Très prometteur, le projet Handibot a déjà obtenu de nombreuses distinctions : pas moins de quinze prix nationaux, deux prix mondiaux et une douzaine d'articles dans la presse…

LES SCULPTEURS La société américaine Robotic Solutions (www.roboticsolutionsinc.com) est un intégrateur de systèmes robotisés, spécialisé dans les applications d'usinage au forfait travaillant le bois, la mousse, le sable, l'uréthane ou encore la pierre. En guise de démonstration, elle a diffusé récemment une vidéo qui montre un robot en train de sculpter dans des panneaux de polystyrène extrudé une réplique d'un buste du compositeur allemand Ludwig van Beethoven. À l'aide d'une programmation assistée par ordinateur, ce bras robotisé est parvenu à tailler avec une minutie extrême un bloc de cet isolant thermique, généralement de couleur bleue ou rose. Au bout de quelques minutes, couche après couche, le robot est venu enlever le surplus de matière pour ne laisser finalement qu'une sculpture 3D parfaitement réalisée. Le Marmot 6400 est un robot tailleur de pierre capable de modéliser puis de sculpter n'importe quel bloc de pierre. Il s'est fait connaître en 2005 en réalisant une reproduction parfaite du célèbre sphinx de Naxos (Delphes, Grèce). Depuis, son propriétaire, l'entreprise S.N.B.R. de SainteSavine, dans l'Aube (www.snbr-stone.com), l'exploite sur ses nombreux chantiers de restauration de monuments historiques. Non content de sculpter des répliques exactes, ce

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Les robots Partner de Toyota sont de grands musiciens. — Le Marmot 6400 sculpte le sphinx de Naxos.

rectement à un ordinateur — ce qui en fera une authentique imprimante 3D !

robot se montre capable de concevoir les symétries, des copies homothétiques (échelle modifiée) et même la modélisation des parties manquantes. On l'a souvent vu dans Planète Robots, le système robotique programmable Mindstorms NXT de LEGO est capable de réaliser de véritables prouesses… L'un des derniers projets du designer brésilien Arthur Sacek (www.arthursacek.com), passionné de constructions LEGO et membre du groupe éducatif Lego Zoom (www.legozoom.com), est une sorte de robot fraiseur capable de produire des sculptures 3D. Sa LEGO 3D Milling Machine peut découper des images 3D de blocs de mousse florale (une mousse dure notamment utilisée dans la création des décorations de Noël). Cela commence par la réalisation d'un modèle 3D (comme un visage) sur logiciel Autodesk, juste avant l'intervention du robot LEGO. En raison de la capacité mémorielle du système NXT, les modèles fraisés sont pour l'instant limités à 80 x 80 x 40 mm. Mais le prochain défi à relever sera la conception d'une machine plus complexe, travaillant avec d'autres matériaux et si possible reliée di-

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LES MUSICIENS Même s'il vient de prendre sa retraite, faute de pièces de maintenance, le robot trompettiste du constructeur automobile Toyota est un bon exemple de robot musicien — le premier du genre (www.toyota-global.com/innovation/partner_robot/). Surnommé Harry, ce robot de la gamme Partner avait été présenté pour la première fois en 2005, lors de l'Aichi Expo de Seto, au Japon. Grâce à des lèvres artificielles pouvant changer de position aussi subtilement que celles d'un être humain, il a pu interpréter, pendant des années, des morceaux de musique devant les spectateurs ébahis de Nagoya. Pour cela, il a dû exécuter les même gestes qu'un véritable trompettiste : insuffler de l'air par la bouche, pincer les lèvres sur l'embouchure et appuyer sur les clefs de l'instrument avec ses doigts ! Toujours dans le cadre de ses développements de machines futuristes capables d'assister l'homme, Toyota a dévoilé en 2007 un deuxième robot Partner, cette fois violoniste. Mesurant 1,50 m pour 56 kg, ce modèle doté de deux jambes se montre capable de reproduire, sans faute et sur un véritable violon, les partitions qui lui ont été apprises. Avec dix-sept articulations au niveau des mains et des bras, il impressionne par le réalisme de ses mouve-

ments et la justesse du morceau joué, même si les puristes ne manqueront pas de déplorer le côté encore un peu mécanique du produit... Et en 2008, le constructeur automobile a complété son orchestre avec un troisième robot Partner qui joue de la batterie et du tuba. D'une taille d'un mètre et monté sur une multitude de roues cachées sous son capot pour une meilleure stabilité, il possède un design spécifique (afin que les spectateurs puissent faire la différence entre les deux musiciens). Ritchie (65 kg) est le batteur, avec des bras articulés et un total de seize degrés de liberté. Chuck (50 kg) cale d'une main un tuba sur son épaule, tout en plaçant les doigts de l'autre sur les pistons, avec onze degrés de liberté. (Tant et si bien que la société Toyota a organisé un miniconcert présentant un quatuor de robots musiciens. La formation, baptisée pour l'occasion Robots and Play !, était constituée de deux robots trompettistes, d'un robot tubiste et d'un robot batteur. Ces derniers ont assuré le show musical dans l'enceinte du Mega Web, un immense showroom automobile de la société.) Enfin, installé à Imola, le roboticien italien Matteo Suzzi a donné vie à Nestor, également connu sous le nom de Teotronico (www.teotronica.it). Ce robot musicien est capable de jouer n'importe quelle mélodie au piano sans faire de fausses notes. Il possède au total dix-neuf doigts, ce qui lui permet de couvrir tout le clavier et de jouer


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“Asimo est indiscutablement le robot humanoïde le plus avancé qui soit. Mais sa prestation la plus impressionnante demeure certainement sa danse rythmée — à voir sur la toile !”

Il a la classe, Teotronico. — Thomas Freundlich lors de son spectacle Human Interface.

bien plus rapidement qu'un être humain. À son répertoire il y a bien sûr Mozart, mais il peut également chanter et s'accompagner à la batterie, tout en observant le public grâce à des caméras situées dans ses yeux. Une reconnaissance vocale et des expressions faciales l'autorisent aussi à interagir avec ledit pu-

blic. (Il n'a coûté que 3 500 € à son concepteur, qui utilise du matériel de récupération.) LES DANSEURS En 2008, des scientifiques sud-coréens ont présenté Mahru, un robot humanoïde d'environ 1,30 m pour 55 kg, capable de danser et de faire le mé-

nage. Mis au point par le KIST (Korea Institute of Science and Technology, www.kist.re.kr), il peut exprimer des émotions via de petites mimiques. Et aussi bouger les lèvres, les sourcils et les pupilles, ce qui lui permet d'afficher toutes sortes d'expressions — et même de faire des grimaces. Quant à Honda Robotics, elle vient de sortir une nouvelle version d'Asimo (asimo.honda.com), beaucoup plus rapide et beaucoup plus agile que les précédentes (1,30 m, 9 km/h et cinquante-sept degrés de liberté). Ce nouvel Asimo se montre capable de courir plus vite, dispose de mains habiles et peut même sauter sur un pied. Il est indiscutablement le robot humanoïde le plus avancé qui soit. Mais sa prestation la plus impressionnante demeure certainement sa danse rythmée — à voir sur la toile ! Et c'est au chorégraphe Thomas Freundlich que l'on doit une autre conversion du robot en danseur (www.freundlich.org). Dans son dernier spectacle, Human Interface, donné le 22 mai 2012 à Helsinki, le chorégraphe (et danseur à la retraite) finlandais mettait en scène deux robots industriels ABB. Leurs mouvements étaient certes préprogrammés, mais extraordinairement précis et étonnamment expressifs. Bien évidemment, ces robots sont bardés de technologie, pour garantir la sécurité de leurs partenaires humains… ■Sébastien Jeudy

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L'HUMANOÏDE DU FUTUR ? Dans le monde merveilleux de la robotique, l'humanoïde COMAN figure sur la liste des prototypes qui pourraient changer la donne dans le futur. Associant la solidité du métal qui compose sa carcasse à la souplesse du corps humain, il fera sans nul doute avancer la recherche en matière de robotique anthropomorphique ou biomimétique…

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“COMAN possède en outre vingt-quatre articulations et des ressorts qui lui permettent de reproduire l'élasticité des muscles et des tendons qui meuvent les membres du corps humain. ”

Projet européen placé sous la supervision de Darwin Caldwell, le directeur du département de robotique avancée de l'Italian Institute of Technology, COMAN (COmpliant HuMANoid Platform) est un humanoïde destiné à la recherche sur l'application de la passive compliance (flexibilité passive) à un robot — la raison et l'utilisation de ressorts dans la conception des membres du robot apportant une flexibilité à l'intégralité de sa structure. Elle lui permet d'absorber les chocs plus facilement, d'être plus robuste, d'utiliser moins d'énergie pour fonctionner, de réaliser des actions dynamiques comme sauter ou courir et d'évoluer plus facilement dans notre environnement (parfois hostile). Sa finalité : réduire la distinction entre les matériaux utilisés pour la fabrication du robot et leur contrôle. Ce concept est développé dans le cadre d’un autre projet européen, AMARSi (Adaptive Modular Architectures for Rich Motor Skills), qui étudie l'adaptation du mouvement humain à la machine, la conception de moteurs « intelligents » inspirés du cerveau humain et le renforcement de la résistance des matériaux utilisés grâce à leur flexibilité. L'iCub et le Cheetah de Boston Dynamics, notamment, en sont les figures de proue… COMAN, UN PROTOTYPE QUI A DE L'AMBITION ! Seuls sa partie inférieure et son buste ont été jusqu’à présent assemblés mais dans les prochains mois, une tête et des bras feront leur apparition. COMAN va aider les chercheurs de l'Italian Institute of Technology à mieux comprendre les mécanismes du mouvement humain et à améliorer le comportement des humanoïdes, notamment lorsqu'ils se déplacent (de manière parfois peu naturelle). Plutôt grand pour un humanoïde, il a une taille (pour le moment) de 67 cm pour environ 20 cm de largeur

La composition des membres de Coman. — Le même Coman un peu plus habillé. — Vue générale du Coman, tout nu !

mais son autonomie figure à terme sur le cahier des charges. Nous avons eu l'occasion de poser quelques questions au professeur Petar Kormushev, membre du consortium animant le projet COMAN. Spécialisé dans le développement des algorithmes renforçant les capacités d'apprentissage des machines, il travaille donc à l'IIT (Italian Institute of Technology) et y collabore avec le professeur Caldwell.

au niveau des hanches. Il pèse 17 kg et peut marcher à une vitesse de 3 km/h. Les records de vitesse ne sont pas encore à l’ordre du jour… COMAN possède en outre vingt-quatre articulations et des ressorts qui lui permettent de reproduire l'élasticité des muscles et des tendons qui meuvent les membres du corps humain. Il a donc des hanches, des genoux, des chevilles et des pieds conçus dans cet esprit. Aucune batterie n’équipe le robot pour le moment

Planète Robots : Quel est votre rôle au sein du consortium ? Petar Kormushev : Mon travail est avant tout de concevoir les programmes de contrôle du robot. Je travaille d’ailleurs sur son programme d'Intelligence artificielle, qui en est encore au stade du développement, la conception du robot ayant été la première phase du projet. Je m'occupe aussi du développement des algorithmes de méthodes d'apprentissage (machine learning algorithms) ; ils permettront à COMAN d'apprendre en (presque) totale autonomie à

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Les dossiers

travers des expérimentations (par essais et par erreurs), pour atteindre les objectifs déterminés par l'utilisateur. P.R. : À quels types d'expérimentations avezvous procédé sur COMAN ? P.K. : Lors d'une récente expérience, j'ai demandé à COMAN de trouver le moyen de consommer moins d'énergie pendant son déplacement. En utilisant le machine learning, le robot a été capable d'amoindrir sa consommation de 18 %, alors qu'il améliorait en même temps la qualité du mouvement de sa démarche en la rendant plus naturelle. Bien entendu, sans la passive compliance intégrée aux composants du robot, rien de cela n'aurait pu être réalisé (et ne pourrait être réalisé avec des robots ne présentant pas les mêmes caractéristiques physiques)… N'hésitez pas à visionner la vidéo des essais sur : http://kormushev.com/research/videos/. P.R. : Pourquoi avez-vous choisi d'utiliser la passive compliance pour le développement de vos robots ? P.K. : Humains et animaux ont une passive compliance intégrée dans les muscles, les tendons et la colonne vertébrale. Elle apporte de nombreux avantages comme de la souplesse au mouvement, un stockage de l’énergie — et son utilisation améliore son efficacité. Elle permet également de réaliser des mouvements extrêmement dynamiques comme sauter ou frapper (ainsi que la protection). Les robots conventionnels n’utilisent de telles techniques que depuis très peu de temps et c'est une des raisons qui expliquent pourquoi les robots sont aussi peu souples dans leurs mouvements et se déplacent d'une manière différente de celle des animaux ou des humains. Avec COMAN, nous essayons de faire progresser cet aspect des robots… P.R. : Pour quelle raison avez-vous choisi de consacrer votre carrière à la robotique ? P.K. : Étant chercheur en IA, je pense que l'interface ultime entre le cerveau artificiel et le monde réel EST le robot. Les robots sont la seule représentation physique qu'un programme d'Intelligence artificielle puisse utiliser afin d'entrer en contact avec son environnement et puisse y interagir. P.R. : Quelle est votre définition de l'Intelligence artificielle ? P.K. : Il est très difficile de la définir… Prenez le test de Turing, qui est une des méthodes utilisées pour évaluer l'Intelligence artificielle. Pour ma part, je pense que ce test est subjectif et se base trop sur l'intelligence humaine… Je serais plus enclin à soutenir une vision plus alternative de l'Intelligence artificielle — où elle représenterait la capacité d’effectuer des prédictions précises

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Il ne lui manque plus qu'une tête ! — Le Coman, vu de côté.

concernant le futur. Plus vous posséderez d’intelligence et de connaissance, meilleures seront les prédictions. Ce type d'Intelligence artificielle testable et fonctionnant grâce à des procédures est celui auquel je préfère penser ! Une chose est sûre : de plus en plus de roboticiens montrent de l'intérêt pour les humanoïdes imitant l'homme dans ses moindres particularités. Et le moins qu’on puisse dire, c'est que l'émulation est grande… Si l’on prend l’exemple fourni par les robots de Boston Dynamics — BigDog et Petman —, on constate que leurs caractéristiques sont directement inspirées de celles de l'homme et de l'animal — qu’elles soient physiques ou comportementales… La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), qui finance la plupart des robots de Boston Dynamics, organise d’ailleurs cette année, en octobre, un nouveau Grand Robotics Challenge. Une compétition au cours de laquelle les robots devront accomplir des missions dans un environnement hostile afin d'apporter une réponse en situation de catastrophe naturelle ou non. Avis aux amateurs… ■Yoann Pinier


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BULLETIN DE COMMANDE À DÉCOUPER OU PHOTOCOPIER ET À RETOURNER À : PLANÈTE ROBOTS - ÉDITIONS D'ACAMAR, 161, BD HENRI-SELLIER, 92150 SURESNES ❏  ❏ 

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Les tests

ROOMBA 780

LE NOUVEAU HAUT DE GAMME D’IROBOT iRobot est sans aucun doute la référence en matière de robots aspirateurs avec sa gamme Roomba. Connus du grand public, ces appareils ménagers ont fait leurs preuves dans beaucoup de foyers. Aujourd'hui déboule le Roomba 780. Qu'a-t-il de plus ? Quelles en sont les évolutions ?… CE QUI RESTE… Du point de vue esthétique, pas de grands changements, même s’il apparaît plus classe que son prédécesseur : une carcasse lisse en deux teintes de gris, une poignée intégrée, un menu au centre avec sa touche Clean de démarrage, une brosse latérale et deux brosses de nettoyage... La télécommande permet de faire démarrer l’aspirateur et de le renvoyer à sa charge. Et grâce aux touches directionnelles, nous pouvons le mener comme bon nous semble — je dois avouer que cela fonctionne très bien : le robot se révèle très réactif à nos commandes !

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iRobot garde son classique mode de travail aléatoire (pourquoi changer une équipe qui gagne ?), certes. Mais il ne faut pas oublier que ses concurrents ont bien avancé dans ce domaine et que leurs aspirateurs, désormais, travaillent beaucoup plus vite grâce à une navigation méthodique ! Le Roomba 780 conserve aussi son mode Spot (nettoyage en spirale sur un mètre de diamètre environ). Enfin, du point de vue des fils, tout comme pour les précédents, il n’y a aucun problème. Son système anti-emmêlage lui permet de tourner dans l'autre sens lorsqu'il a commencé à s'empêtrer dedans. Il laisse alors les fils derrière lui…

CE QUI CHANGE… Le menu est intéressant et simple d'utilisation — un des plus agréables que j’aie pu voir jusque-là. Un écran à affichage LCD avec touches tactiles permet, de façon intuitive, d'effectuer les programmations, de le faire démarrer ou de le renvoyer à sa base. Cette dernière connaît justement un grand changement. Elle apparaît très petite (9 x 12 cm) et très légère — sans doute pour gagner en discrétion... Toutefois, l’aspirateur se trouvant la plupart du temps sur la base, ladite discrétion n’est alors plus de mise pour l’ensemble ! Pour ma part,


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“Tous les débris trouvés au sol vont aussi entrer en ligne de compte : en effet, il possède la capacité de capter la moindre saleté souillant le sol (grâce à l’iAdapt Responsive Cleaning Technology). ”

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES • Puissance sonore : 70 dB. • Diamètre : 34 cm. • Hauteur : 9 cm. • Doubles filtres HEPA qui capturent les particules de poussière jusqu’à 0,3 micron. • Charge : entre 2 h 30 et 3 h. • Batterie : NiMH APS. • Autonomie : il a pu travailler pendant trois heures et quarante minutes, un record ! Mais n'oublions pas qu'il passe plusieurs fois au même endroit… (Lorsqu’il se trouve confronté à une grande surface, il est bien de disposer d’une forte autonomie.) Temps de travail : cinquante minutes pour nettoyer une cuisine très sale de 9 m² et trente-cinq pour la même pièce, moins sale (encore un peu long !)...

j’aime beaucoup le choix de certains concurrents qui optent pour un rangement du câble et de son chargeur dans la base même. Car la vision du cordon et du chargeur se révèle beaucoup moins esthétique qu’une base plus flashante ! De plus, elle est devenue tellement légère que si jamais le Roomba la trouve sur son chemin lors de son travail, il va la traîner sur quelques centimètres hors du mur… Quant à son bac à poussière, il s’agrandit (avec une grande capacité de 0,8 litre) et un indicateur s’ajoute sur l’écran lorsqu’il est plein. Mais le Roomba 780 a fait aussi beaucoup de progrès du point de vue sonore … Dans le mode d'emploi, on nous informe que cette nouvelle gamme est capable de calculer la taille de la pièce. L'aspirateur adapte donc son travail en conséquence — une innovation intéressante ! Cependant, très franchement, c’est le genre de truc qui ne se remarque pas du tout lorsque le Roomba fonctionne en mode aléatoire. Et pour cause, la taille de la pièce ne constitue pas l’unique cause de la durée de son travail. Tous les débris trouvés au sol vont aussi entrer en ligne de compte : en effet, il possède la capacité de capter la moindre saleté souillant le sol (grâce à l’iAdapt Responsive Cleaning Technology). Et en fonction de ce qu’il va détecter, il va adapter sa puissance d’aspiration ainsi que ses mouvements. Lorsque je l’ai testé, le sol à nettoyer était jonché d’épluchures, de poussière de plâtre, de chocolat en poudre et de pétales de fleurs séchées. (Les grosses saletés partent très bien et il ne s’attarde pas dessus.) En revanche, je restais très sceptique quant au ramassage du plâtre. Eh bien, il n’a quasiment rien laissé ! En effet, lorsqu’il avalait toute cette « farine blanche

La technologie Soft Touch permet au Roomba de ne pas cogner violemment contre les objets fragiles.

cher et que si l’on considère les évolutions dont sont dotés les autres aspirateurs qui arrivent sur le marché, il va rapidement être dépassé !… ■Towanda

UNE NOUVELLE TÉLÉCOMMANDE POUR LE ROOMBA 790 ! » répandue sur le sol, le Roomba insistait dessus et exécutait des spirales (façon mode Spot). Un résultat plutôt plus que satisfaisant !… De plus, le Roomba 780 est livré avec deux murs virtuels, qui l’empêchent donc d’outrepasser une certaine zone. Ces deux petits blocs servent aussi à la navigation. Dans un premier temps, il va se concentrer sur la pièce de démarrage puis, une fois cette tâche terminée, franchira le premier mur pour aller travailler dans la deuxième pièce. (Il peut donc naviguer à travers trois pièces en exécutant un nettoyage complet à chaque fois.) Le Roomba 780 est donc un très bon produit… Mais il est regrettable qu’iRobot ne tente pas des innovations qui permettraient à ses robots aspirateurs de travailler avec plus de méthode et de rapidité. D’autant qu’il reste un produit

Depuis peu, la gamme Roomba propose un nouveau venu, le modèle 790, qui reprend en gros les caractéristiques du modèle testé dans ce numéro, le Roomba 780, et lui fait la faveur d’une télécommande plus évoluée. Elle est le reflet de l'ensemble du tableau de bord intégré au robot, ce qui permet de déporter la programmation dudit robot et sa manipulation via l’écran tactile capacitif dont il est doté. Le Roomba 790 intègre également un boîtier supplémentaire d’accessoires (avec balais et filtres de rechange). Il est disponible au prix de 900 € (environ).

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Les tests

LE SCOOBA 230 D’IROBOT

UN ROBOT SERPILLIÈRE PETIT FORMAT Beaucoup s’étonnent quand on leur affirme que le robot serpillière existe depuis plusieurs années (mais ils ne lisent pas Planète Robots !)… Il est vrai que pour le moment, seule la société iRobot s’y consacre. Le plus souvent, on trouve du « deux en un », avec un système de lingettes qui se clipse sous l’aspirateur. Cette fois, iRobot nous propose le Scooba 230, une machine de petite taille surtout conçue pour laver les sols de la cuisine, de la salle de bains et des toilettes. Nous connaissions déjà le Scooba 385, récemment remplacé par le 390. Ce robot laveur de sol est conçu pour toutes les pièces de la maison, grandes ou petites, avec pour seul inconvénient le fait qu’il ne peut pas faire le tour des toilettes ! Avec ce nouveau modèle de 16,5 cm de diamètre et d’une hauteur de 9,2 cm, il est maintenant possible de lessiver dans les moindres recoins…

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CONCEPTION Ce petit cylindre juché sur deux roues striées est d’une utilisation très simple. Il faut mélanger de l’eau claire au produit de nettoyage iRobot (ou du vinaigre blanc — cela fera aussi l’affaire) dans un compartiment Fill. Une petite pression sur le bouton Power, une autre sur le bouton central Play et le voilà qui déambule telle une petite coccinelle. Le liquide sort par-dessous, via deux trous placés sous une bande en caout-

chouc (qui sert aussi de raclette) et le tout se dispatche. Des tubes d’aspiration sont incrustés sur les côtés et d’autres bandes (faites de petits ronds au poil court) frottent délicatement le sol pour enlever un maximum de taches. L’eau sale est ensuite aspirée et stockée dans un autre compartiment, Empty, qu’il faudra vider et rincer à la fin du travail du Scooba. Bien entendu, pour éviter tout contact entre l’eau et l’électricité, ce robot serpillère ne dispose pas d’une base de


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“Avec ce nouveau modèle de 16,5 cm de diamètre et d’une hauteur de 9,2 cm, il est maintenant possible de lessiver dans les moindres recoins… ”

rechargement. Il ne démarre donc jamais seul et s’arrête n’importe où dans la pièce. On le charge donc manuellement. Le Scooba 230 commence son travail en effectuant une spirale, puis s’en va en ligne droite chercher un mur qu’il pourra longer. Ensuite, il continue à opérer de manière totalement aléatoire, ce qui sous-entend qu’il passe plusieurs fois au même endroit. En définitive, il ira partout sans problème, sans oublier de faire le tour de la cuvette des toilettes. À noter toutefois : ce Scooba ne peut nettoyer une surface supérieure à 14 m². Au-delà, il apparaît peu probable qu’il puisse passer partout durant les quarante-cinq minutes d’autonomie dont il dispose ! Par conséquent, en fonction de la taille de la pièce, il se révèle possible de choisir entre deux cycles de nettoyage : un cycle court de vingt minutes pour une surface de moins de 6 m² (pression soutenue sur la touche Clean) et un autre, plus long, de quarante-cinq minutes pour une surface de moins de 14 m² (pression rapide sur la touche Clean). Si l’on prend l’exemple de ma salle de bains (à peine 6 m²), on constate que le cycle court de vingt minutes suffit en gros à la nettoyer, mais que le Scooba 230 a ignoré quelques petits espaces. En conséquence, il faut préférer le cycle long de quarante-cinq minutes, qui permet au robot d’accomplir totalement son travail. LE RÉSULTAT Quasi parfait : le sol paraît propre… En s’acharnant à passer sur certains endroits, il a réussi à enlever les saletés visibles. En revanche, celles qui demandent à être véritablement récurées subsistent (il pourrait peut-être les laver en passant la journée dessus — mais bon)… L’eau sale a été bien aspirée (la couleur du liquide, lorsqu’on vide le compartiment concerné, en témoigne). Mais je pensais qu’avec ce mode d’aspiration de l’eau, le sol aurait été sec plus rapidement... En fait, le Scooba 230 a beau pouvoir avaler quelques légères saletés, il ne fait pas le travail d’un aspirateur. Je vous conseille donc d’aspirer avant de l’utiliser. Sinon, vous risquez

Le Scooba 230 est particulièrement adapté à la salle de bain et ses petits recoins. — Rien de plus simple que de remplir le réservoir du Scooba 230.

d’avoir des surprises, surtout dans un lieu comme la salle de bains où des cheveux traînent souvent sur le sol ! De plus, si le compartiment Fill n’est pas totalement vide à la fin de l’utilisation et si le Scooba n’est pas rangé dans l’heure qui suit, vous risquez fort de voir une grande flaque d’eau entourer le robot... ATOUTS ET INCONVÉNIENTS… Son grand atout réside dans la faculté qu’il a de se glisser quasiment partout et on apprécie sa capacité de faire le tour des toilettes ! Mais en

contrepartie, il faut bien dire que son autonomie est insuffisante et son temps de chargement trop long (au moins huit heures — et comptez même quinze heures s’il n’a pas été rechargé depuis longtemps...). Cela implique qu’il va se révéler difficile d'enchaîner le nettoyage de la salle de bains, des toilettes et de la cuisine — à moins que le tout fasse moins de 14 m² !... Dans mon cas, une fois la salle de bains faite, j’ai dû attendre huit heures pour pouvoir déposer le Scooba dans ma cuisine. Mais n’oublions pas qu’il a été conçu pour nettoyer de petits espaces. (Et s’il vous arrive de l’employer dans votre séjour, prenez garde : car si vous avez des tapis, il pourrait réussir à monter dessus !) Cuisine, salle de bains et toilettes sont, dans un logement, trois pièces rapidement salies par des projections d’eaux usées ou d’autres liquides et nous marchons ensuite sur ces flaques sans trop faire attention. Par conséquent, consacrer un robot au décrassage de ces pièces ne constitue pas une mauvaise idée ! Avec le Scooba 230, leur sol pourra être nettoyé quotidiennement, même si l’on manque de temps. Il conviendra toutefois de composer avec l’autonomie et la durée de charge du robot…

■Towanda

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LA TONDEUSE DES BEAUX JOURS Les lecteurs de Planète Robots connaissent bien la société E.zicom Robotics car nous avons déjà testé l’aspirateur autonome E.ziclean Revolution et le robot laveur de vitres E.ziclean Windoro. Elle propose maintenant de nous aider à entretenir nos pelouses avec ses robots tondeuses automatiques E.zigreen Classic et E.zigreen Premium. Nous avons expérimenté ce second modèle, une version haut de gamme pouvant couvrir 1 500m2. Cette tondeuse — moins onéreuse que ses concurrentes directes (même s’il faut compter 1 550 €) — peut-elle nous offrir autant de possibilités ? Perd-elle en qualité ? Autant de questions qu’on se pose lorsqu’on doit comparer des produits similaires, dont l’un coûte 500 € de plus… SON LOOK Elle nous propose un look « rétro-futuriste » et sa carapace est en plastique ver t armée. Deux petits yeux en ressor tent et captent, grâce aux ultrasons, tous les obstacles qui se trouvent devant, ce qui lui permet de les contourner. Entre ces deux yeux, un clapet noir s’ouvre pour laisser apparaître une ma-

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nette qu’il suffit de tourner pour changer la hauteur de coupe (allant de 2,5 à 6 cm). Juste derrière, un bouton rouge d’urgence permet d’arrêter la tondeuse d’une simple pression. Et devant, deux petits capteurs de charge la relient à sa base. Enfin, à l’arrière se trouvent le tableau de bord et sa poignée (en dessous, on peut distinguer la lame, de 25,4 cm). La tondeuse est livrée avec une télécommande, un abri transparent et tout le nécessaire pour l’installation… Voilà un ensemble bien pensé et pratique à utiliser… (J'émets toutefois des doutes sur la durée de vie des deux contacteurs de recharge de la base. En effet, ils se tordent facilement et on a vraiment l’impression qu’ils

peuvent se briser assez rapidement. Cela dit, lors du test, il n’y a eu aucun problème à signaler.) Et je dis bravo aux capteurs à ultrasons ! Car il arrive que des voitures se garent sur mon terrain — et là où d’autres tondeuses vont se coincer dessous, l’E.zigreen Premium capte l’obstacle sans aucune difficulté (sans taper dedans) et emprunte un autre chemin. Vraiment super ! C’EST PARTI POUR UN TOUR ! Il fonctionne comme tous les autres robots tondeuses : pas de bac de récupération d’herbe mais un système de mulching. Bien entendu, il existe la possibilité de le programmer au quotidien, un démarrage automatique


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“Dès son premier passage, on distingue nettement son travail grâce à la largeur de coupe — un point appréciable.”

La pelouse est bien entretenue avec E.Zigreen. — La lame de coupe est très large. — Le robot peut être piloté via sa télécommande.

pluie qui lui permet de s’arrêter en cas de mauvais temps.)

ou manuel et le choix de longer le câble pour commencer... Jusque-là, rien de par ticulier et de nouveau à noter. Mais lorsqu’on le regarde travailler, on est vite surpris ! Et cette surprise est plutôt agréable pour trois raisons… — Dès son premier passage, on distingue nettement son travail grâce à la largeur de coupe — un point appréciable. — Son mode de travail est particulier. Quand il travaille de manière aléatoire, le voilà soudain qui se met à tourner en rond ! En fait, il détermine un point à par tir duquel il tourne, puis élargit son cercle petit à petit jusqu’à atteindre un rayon d’environ deux mètres — puis repar t exécuter sa danse plus loin ! — On ne l’entend pas quand on se trouve à l’autre bout du jardin… Le moteur est très discret et le bruit de la coupe itou (70 dB) ! Le son le plus dérangeant finalement est celui qu’engendre le robot lorsqu’il passe sur une bosse (mon terrain est loin d’être plat) : il se soulève alors et émet un léger son en retombant (ça ressemble au bruit d’une brouette en plastique vide). Résultat : le travail se fait rapidement et sans nous déranger — on peut boire son jus de fruit en toute tranquillité ! ET PAR UN TEMPS MAUSSADE ?… Vu l'ensoleillement que nous avons eu cette année pendant ce qu’on appelle les beaux jours, siroter un verre en regardant opérer la tondeuse a constitué un événement plutôt rare !… Non seulement cela enlève beaucoup d’agrément au fait qu’un robot se charge de notre boulot — mais cela pose un autre problème… Car dans la notice, il est spécifié que l’alimentation et la station de charge ne sont pas waterproof... Aïe !… Pour l’alimentation, je comprends. Mais pour la station de charge !? Il m’a donc été très difficile

de faire le test dans des conditions normales et agréables. Et il faut savoir que le robot tondeuse ne peut pas fonctionner si la station de charge n’est pas reliée au câble périphérique. Il fallait donc tenir compte de la météo et ranger la station après une unique journée de beau temps (si mon emploi du temps me le permettait) ! C’est sans doute pour cela que l’E.zigreen Premium est livré avec un abri… Mis à par t que le modèle dont je disposais n’en avait pas ... (Une question se pose tout de même : l’abri étant ouver t sur les côtés, comment peut-il protéger totalement la station de charge de l’humidité et de la pluie ?! Toujours est-il que la tondeuse, elle, est totalement waterproof et possède, comme beaucoup d’autres, un capteur de

UN ROBOT TONDEUSE QUI TOND HORS DE SON TERRITOIRE… Dans mon jardin, il y a beaucoup de contours d’arbres à faire, parfois très rapprochés, ce qui peut causer beaucoup de soucis à un robot tondeuse. Mais sa surface présente aussi un découpage particulier et certains petits espaces se retrouvent de facto en dehors de la zone délimitée par le câble. Par conséquent, un robot tondeuse ne devrait jamais y passer… Mais c’est oublier la télécommande de l’E.zigreen Premium ! En effet, après avoir déposé le robot sur une de ces petites parcelles, je l’ai guidé et il a pu tondre ces portions de terrain, qui commençaient à se transformer en une véritable forêt vierge pour mon chat… Impeccable ! Le guidage au moyen de la télécommande se révèle d’ailleurs assez par ticulier. En effet, tant que vous n’envoyez pas une information, la tondeuse avance seule (pas besoin d’appuyer constamment sur une touche). De la même façon, lorsque l’E.Zigreen Premium se retrouve face à un obstacle, il recule de son propre chef. Mais il apparaît tout aussi réactif quand vous envoyez une information via la télécommande… Voilà donc un robot tondeuse qui m’a plutôt séduite avec son nouveau mode de fonctionnement et son niveau sonore plutôt bas. Reste le problème de sa station de charge — qui ne suppor te pas la pluie... Sauf avec son abri, peut-être — mais ça, je n’ai pas pu le tester ! ■Towanda

PETITE FICHE TECHNIQUE Batterie : lithium Décibels : entre 65 et 70, selon la coupe Autonomie : entre quatre et cinq heures Temps de charge : environ six heures Angle de pente : environ 35°

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Le tutoriel

INITIATION AU DÉVELOPPEMENT D’APPLICATIONS

KINECT (PARTIE 1)

INSTALLATION ET DÉCOUVERTE DES FLUX VIDÉO ET DES FLUX DE PROFONDEUR De nombreux articles ont déjà paru dans Planète Robots sur l’impact du Kinect dans le monde de la robotique. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur les bases d’un kit de développement qui permet de créer des applications (robotiques ou pas) tirant parti de ce formidable capteur… UN PETIT MOT À PROPOS DES VERSIONS DU KINECT Le produit Kinect (de Microsoft) existe sous deux déclinaisons : le Kinect pour Xbox 360, à 149 $ et le Kinect pour Windows à 249 $. La différence de prix est due à deux choses… — Une fonctionnalité spécifique : le Near Mode, qui réduit la « zone noire » devant le capteur à 40 cm (au lieu de 80), disponible uniquement avec le Kinect pour Windows… — Une licence commerciale, obligatoire quand on crée une application commerciale avec le Kinect. Pour l’expérimentation, ils font cependant tous les deux parfaitement l’affaire. D’autres capteurs utilisant des technologies du même type que celles du Kinect sont également disponibles sur le marché, mais ne fonctionnent pas avec le kit de développement officiel (dont nous allons faire le tour dans cet article)…

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INSTALLATION DU KIT Le kit de développement est gratuit et s’utilise avec l’outil de développement de Microsoft Visual Studio 2010. Il faut donc l’avoir installé au préalable. Ensuite, deux téléchargements différents sont disponibles… — Le SDK Kinect, qui contient notamment les pilotes de périphériques (la dernière version est la version 1.5). — Le Developer Toolkit, dont la dernière version est la 1.5.1 et qui contient des codes d’exemples, la documentation, etc. (Les liens de téléchargement figurent à la fin de l’article.) LES FONCTIONNALITÉS DU SDK Les données brutes renvoyées par le capteur Kinect sont… — Le flux vidéo de la caméra. — Le flux de profondeur (qui correspond également à une image, avec un code couleur cor-

respondant à une valeur de distance pour chaque pixel). — Les données audio en provenance des quatre micros intégrés dans le capteur. En plus de ces données, le SDK fournit un certain nombre de fonctionnalités… — Suivi de squelette debout (vingt articulations incluant les jambes). — Suivi de squelette assis (dix articulations, sans les jambes ni les hanches). — Le Kinect Studio, qui permet d’enregistrer et de rejouer des données Kinect (épargnant au développeur de se lever toutes les cinq minutes pour faire des tests devant le capteur). — La reconnaissance vocale (en douze langues). — Le tracking de visage (autrement dit la position, l’orientation et les points remarquables du visage de plusieurs utilisateurs en même temps). — Des exemples de codes multiples et variés qui démontrent à la fois ces fonctionnalités de base et


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“Maintenant qu’on sait ce qu’on va pouvoir faire avec le Kinect, entrons dans le vif du sujet avec la création d’une première application simple…”

Et lorsque l’événement de nouvelle image arrive… quelques exemples avancés comme l’animation d’avatars, etc. Maintenant qu’on sait ce qu’on va pouvoir faire avec le Kinect, entrons dans le vif du sujet avec la création d’une première application simple, qui nous permettra d’explorer les différents flux d’informations retournés par le capteur. Il est possible de programmer des applications Kinect en C++ et en C# (nous utiliserons ce dernier pour les exemples). CRÉER UN PROJET D’APPLICATION UTILISANT LE KINECT N’importe quel projet de type Application Windows (qu’il s’agisse d’une application console, WPF, robotique ou autre) peut référencer les API Kinect fournies par le SDK : il suffit d’en ajouter la référence dans le projet. AFFICHER LE FLUX VIDÉO Le processus qui permet d’afficher un flux vidéo dans un composant de type Image se révèle extrêmement simple… 1. Trouver l’instance du capteur Kinect qu’on veut utiliser (il peut y en avoir plusieurs connectés sur le même PC). Par exemple, s’il y en a un seul qui soit connecté : KinectSensor kinect = KinectSensor.KinectSensors.First(); 2. S’abonner aux événements signalant l’arrivée d’une nouvelle image : kinect.ColorFrameReady += new EventHandler<ColorImageFrameReadyEventArgs>(kinect_ColorFrameReady); 3. Ouvrir le flux vidéo et démarrer la capture : kinect.ColorStream.Enable(ColorImageFormat.R gbResolution640x480Fps30); kinect.Start();

4. Copier le résultat dans l’image : void kinect_ColorFrameReady(object sender, ColorImageFrameReadyEventArgs e) { using (ColorImageFrame imageFrame = e.OpenColorImageFrame()) { if (imageFrame != null) { byte[] pixelData = new byte[imageFrame.PixelDataLength]; imageFrame.CopyPixelDataTo(pixelData); if (imageFrame != null) { byte[] pixelData = new byte[imageFrame.PixelDataLength];

profondeur et éventuellement une donnée qu’on appelle le Player Index, qui signale si le pixel en question appartient au décor ou bien à un utilisateur placé dans le champ de vision (cela permet de distinguer jusqu’à huit utilisateurs différents). Il faudra donc effectuer un petit traitement sur chaque pixel, afin de transformer ces deux informations en une couleur qui distingue les utilisateurs et les infos de profondeur dans une image 32 bits… Et plutôt que de recopier une tartine de code comme celle que vous venez de déchiffrer, je vous invite à découvrir le code d’exemple Kinect Explorer fourni avec le Developer Toolkit dans : C:\Program Files\Microsoft SDKs\Kinect\Developer Toolkit v1.5.1\Samples\C#. Dans la deuxième partie de cet article, nous expliquerons comment fonctionne la détection de squelette !… ■Pierre Cauchois

imageFrame.CopyPixelDataTo(pixelData); Liens utiles… if (imageFrame != null) { this.outputImage.WritePixels( new Int32Rect(0, 0, imageFrame.Width, imageFrame.Height), pixelData, imageFrame.Width * Bgr32BytesPerPixel, 0); } } } }

— Téléchargement des outils : http://www.microsoft.com/en-us/kinectforwindows/develop/developer-downloads.aspx — Annonce du nouveau SDK : http://blogs.msdn.com/b/kinectforwindows/archive/2012/06/18/kinect-for-windows-developertoolkit-update-v1-5-1.aspx

AFFICHER LE FLUX DE PROFONDEUR Le flux de profondeur fonctionne exactement selon le même principe que le flux vidéo et renvoie une frame — avec pour chaque pixel encodé sur 13 bits à la fois l’information de

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NEWS DVD, BD, livres, ciné Roman

AMPED

Après Robopocalypse et la révolte des robots contre les humains, Daniel H. Wilson s’attaque dans son nouveau roman aux dérives que pourrait engendrer la haute technologie appliquée au domaine médical. Son héros se voit implanter une puce dans le cerveau pour contrôler l’épilepsie dont il souffre — ce qui va sensiblement accroître ses capacités. C’est alors que la Cour suprême vote une loi qui réglemente les droits des Amps, les personnes « améliorées » ayant bénéficié de ces implants. La discrimination dont ils vont être victimes va les pousser à entrer en résistance et à choisir leur camp : il faut changer le monde ou le détruire… Auteurs : Daniel H. Wilson┃Éditeur : Doubleday┃Déjà paru (en anglais)

Roman + BD

STAR WARS — LE CYCLE DE THRAWN — INTÉGRALE

La trilogie des romans de Timothy Zahn est adaptée ici, pour la première fois, en version intégrale et en BD. L’action se déroule cinq ans après la destruction de la deuxième Étoile Noire : l'Empire a disparu pour laisser place à une nouvelle République… Et Luke Skywalker est devenu le premier des Chevaliers Jedi. De leur côté, Leia et Han Solo se sont mariés et attendent un heureux événement, mais une menace plane sur cet apparent bonheur car l'amiral Thrawn, un officier de l'Empire qui résiste toujours, s'apprête à porter un coup fatal à la République… Scénariste : Mike Baron┃Dessinateurs : Terry Dodson, Olivier Vatine, Fred Blanchard et Edvin Biukovic┃ Éditeur : Delcourt┃Déjà paru

Comic book

NOU3

C’est dans le cadre d’un projet militaire que trois innocents animaux (un chien, un chat et un lapin) ont été capturés pour être transformés par des scientifiques en dangereux cyborgs, dotés de redoutables capacités… Mais hélas, 1, 2 et 3 ne sont que des prototypes et l’expérience ayant été menée à son terme de façon concluante, les cobayes vont bientôt être retirés de la circulation. C’est à ce moment qu’une scientifique au cœur tendre les libère… Les soldats se lancent alors à leur poursuite tout en gardant sous le coude, pour les assister, le terrible et imposant 4 ! Scénariste : Grant Morrison┃Dessinateur : Frank Quitely┃Éditeur : Urban Comics┃Déjà paru

Manga

SONIC 1 — LES ORIGINES (1/2)

Les fans inconditionnels de jeux vidéo — et surtout ceux de Sonic — seront ravis de découvrir les origines du célèbre hérisson bleu supersonique, sous forme de BD… Le diabolique Dr Ivo Robotnik a décidé de transformer tous les animaux en robots et la Terre en machine de guerre — mais Sonic et sa bande d’amis (la belle Sally, Boomer et Antoine Depardieu) sont heureusement là pour l'en empêcher. Pour déjouer les plans de l’infâme savant fou et de son affreux neveu, la fine équipe devra faire face à des tremblements de terre, se battre sous l'eau ou encore explorer une caverne… Scénario et dessin : SEGA┃Éditeur : Delcourt┃Déjà paru

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ciné, livres, BD, DVD

NEWS Josèphe Ghenzer

DVD/BR

PLANZET + NEGADON: MONSTER FROM MARS

En 2047, FOS — une forme d'intelligence extraterrestre à la technologie très avancée — attaque la Terre et rase ses principales villes… Six ans plus tard, l’humanité est au bord de l’extinction — mais résiste toujours grâce à un front militaire commandé par un gouvernement mondial. Les Terriens les plus chanceux sont évacués vers les colonies de Mars, qui arrivent à saturation. L’heure est venue pour une ultime contre-attaque ! En première ligne se trouvent de jeunes soldats comme Taishi Akeshima, qui rêve de venger son père mort à cause du plan d’anéantissement de FOS. Ce film d’animation est accompagné d’un court-métrage, Negadon : The Monster from Mars, et d’un poster géant dédicacé par le réalisateur. Éditeur : Kazé┃Réalisateur du court-métrage : Jun Awazu ┃Disponible en DVD et Blu-ray

DVD

CODE GEASS: LELOUCH OF THE REBELLION — SAISON 1

En sauvant une mystérieuse jeune femme, Lelouch reçoit le pouvoir du Geass… Aidé de ce don qui lui permet de manipuler quiconque le regarde dans les yeux, il décide non seulement d'aider les Japonais à se révolter contre l'empire de Britannia, mais aussi de découvrir qui a commandité l'assassinat de sa mère lorsqu'il était enfant. Pour arriver à ses fins, il va lui falloir être prêt à sacrifier ses amis, même les plus proches. (Le coffret contient l’intégralité de la saison 1, soit vingt-cinq épisodes.) Éditeur : Kazé┃Déjà disponible en Blu-ray

DVD/BR

BATTLESHIP

Un jeu de bataille navale à grande échelle… L’intrigue nous plonge au cœur d’un combat sans merci que les humains livrent contre les Régents, des extraterrestres désireux d’anéantir notre planète avec leurs gigantesques vaisseaux, les Stringers, qui évoluent sous l’eau avant de remonter à la surface. Ils disposent d’un redoutable arsenal grâce à leurs déchiqueteurs, programmés pour tout détruire sur leur passage, ce qui donne lieu à de spectaculaires scènes d’action bourrées d’impressionnants effets spéciaux. Réalisateur : Peter Berg┃Distribution : Taylor Kitsch, Alexander Skarsgård, Brooklyn Decker, Rihanna, Liam Neeson… ┃Production : Universal Pictures Video ┃Disponible en DVD et combo Blu-ray + copie numérique

Ride

Transformers: The Ride 3D

C’est à Hollywood (en mai dernier) qu’Universal Studios a lancé sa nouvelle attraction, Transformers: The Ride 3D, conçue par ILM grâce à la technologie NVIDIA GPUs. Elle propose aux spectateurs de plonger au cœur de l’éternel affrontement qui oppose les Autobots aux Decepticons. Des graphismes époustouflants, combinés à des sensations de vent, d'eau et de chaleur, font que la frontière entre la fiction et la réalité y devient quasi inexistante. En faisant fusionner la technologie de la 3D HD et celle de la simulation de vol, cette réussite incontestable engendre une expérience sensorielle extrêmement réaliste et ultra-immersive — unique à ce jour…

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NEWSCINÉMA TOTAL RECALL

MEMOIRES PROGRAMMEES SOUVENIRS, SOUVENIRS… MÉMOIRE SUR COMMANDE La société Rekall peut transformer les rêves en souvenirs criants de vérité grâce à un procédé qui en implante de faux dans la mémoire de ses clients, pour leur faire vivre d'incroyables aventures. Bien qu’il soit marié à une femme superbe (qu’il adore), Douglas Quaid, un simple ouvrier, décide de s'offrir un des voyages artificiels conçus par Rekall et choisit dans leur catalogue les souvenirs d’une vie de superespion — ce qui lui semble constituer les vacances idéales pour échapper à sa vie frustrante… Mais quand la procédure déraille brusquement, il devient un homme traqué ! Pourchassé par la police — contrôlée par le chancelier Cohaagen, le leader du monde libre —, il va devoir faire équipe avec une rebelle pour trouver le chef de la résistance clandestine et mettre fin aux entreprises coupables de Vilos Cohaagen. C’est au moment où la frontière entre la réalité et son imagination se brouille de plus en plus et où le destin de son monde est en jeu que Quaid découvrira sa véritable identité, son véritable amour et son véritable destin…

Vingt-deux ans après Total Recall, le film culte de Paul Verhoeven (avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal), c’est aujourd’hui Len Wiseman qui nous

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livre sa vision personnelle de Souvenirs à vendre (We Can Remember It for You Wholesale) — la nouvelle de Philip K. Dick, source d’inspiration des deux films…

EN QUÊTE D’IDENTITÉ Total Recall — Mémoires programmées est un action thriller qui exploite les thèmes souvent contradictoires de la réalité et de la mémoire. L’intrigue reprend des éléments clés de la nouvelle de Dick et du film de Verhoeven avant de bifurquer vers d’autres voies, la gageure consistant à rester fidèle à la nouvelle originelle tout évitant l’écueil de tourner un simple remake du premier film (sorti en salles en 1990). L’idée de base du scénario consistait à se réapproprier l’histoire de départ tout en proposant un nouveau point de vue. Plutôt que de se rendre sur une autre planète (la deuxième partie du Total Recall de Verhoeven se déroulait sur Mars), le choix a donc été fait de rester sur la Terre mais de la diviser en deux hémisphères (chacun ayant sa propre atmosphère) — ce qui permettait de réinventer les idées majeures qui animaient le ressort de l’action. Dans cette nouvelle version, on assiste à


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par Josèphe Ghenzer Quaid (Colin Farrell) assis sur le Mind Trip Chair qui lui fournira un voyage virtuel chez Rekall. — Photo prise au dernier Comic-Con de San Diego montrant une des voitures et l’un des robots du film Total Recall : Mémoires Programmées. Photo : Michael Gibson - ©2011 Columbia Pictures Industries, Inc. Tous droits réservés.

une lutte sans merci entre deux États-nations — l’Euromerica et New Shanghai — avec au centre du scénario le personnage de Douglas Quaid, simple ouvrier d’usine en apparence (mais redoutable espion, en sommeil depuis qu’on a effacé sa mémoire) — qui part à la recherche de sa véritable identité. LA LUTTE DES CLASSES Une grande société contrôle donc deux continents (très différents) sur une même planète… D’un côté il y a l’Euromerica, un monde riche où il fait bon vivre et dans lequel des hommes de pouvoir font régner une corruption larvée. De l’autre côté se trouve New Shanghai, le monde qui abrite les usines — et regroupe différentes ethnies chargées de fabriquer les biens qui procurent tout le confort nécessaire aux privilégiés de l’Euromerica. Les deux États sont reliés par un gigantesque ascenseur qui va d’un hémisphère à l’autre et permet aux gens de voyager rapidement. Et des individus haut placés ont intérêt à maintenir ce déséquilibre… Douglas Quaid se retrouve de fait au milieu de ce conflit et de toute une série de manipulations. ENTRE DEUX MONDES… Le réalisateur Len Wiseman et Patrick Tatopoulos (le chef décorateur, qui a collaboré à de nombreux films — dont I, Robot) ont voulu s’appuyer sur des technologies qui commencent à être exploitées (en partie) aujourd’hui — afin de rendre l’anticipation crédible aux yeux des spectateurs. En effet, si ces derniers se rendent très vite compte que la société du futur montrée dans le film a beaucoup changé, ils perçoivent tout de même des

Quaid (Colin Farrell). — Jessica Biel en pleine course. Photo : Michael Gibson - ©2011 Columbia Pictures Industries, Inc. Tous droits réservés.

données qui leur permettent de s’accrocher à une réalité qui reste à leur portée. Le monde le plus riche, où résident les élites, devait apparaître clean et bien organisé tandis que l’autre, plus ou moins livré à lui-même, devait sembler presque abandonné. L’origine du conflit entre les deux ?… Le monde des nantis a une sur-

face trop limitée et se trouve dans l’obligation de trouver des terrains ailleurs. Quand l’espace vital diminue, il faut construire verticalement. (Les routes, suspendues, accueillent le plus de trafic possible et grâce à la force magnétique dont ils sont équipés, les véhicules antigravité se déplacent au-dessus du sol sur différents niveaux et sur les deux faces desdites routes.) Avec un budget très confortable avoisinant les 200 M$, la réalisation a donc pris le parti de concevoir un futur extrêmement réaliste. Elle a opté pour un maximum d’effets — réalisés directement en plateau, au moment du tournage (les voitures ont réellement été construites pour contourner la fastidieuse obligation de concevoir des séquences uniquement composées d’effets visuels). Quant aux robots humanoïdes, fabriqués en masse, ils constituent ici les forces de police. Là encore, certains d’entre eux ont été créés de toutes pièces pour être utilisés sur le plateau lors du tournage, afin d’apporter plus de véracité aux scènes. Mais pour franchir sans problème la frontière entre les deux mondes, Quaid a besoin d’adopter une nouvelle identité et porte donc un collier qui lui permet de modifier radicalement l’apparence de son visage. Il s’agit là d’un subtil clin d’œil (cf. la fameuse séquence du film initial, dans laquelle Schwarzenegger portait le masque d’une femme corpulente qui s’ouvrait en plusieurs tranches avant de dévoiler son vrai visage)… Enfin, à l’occasion de la sortie du film, Gallimard a eu la bonne idée de publier il y a peu, dans la collection Folio, un ouvrage regroupant quelques nouvelles de Philip K. Dick (dont Souvenirs à vendre).

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OpenYOUR MIND PETIT RÉCAPITULATIF DES SONDES SPATIALES

EN ACTIVITÉ Depuis quelques semaines, on n’entend plus parler que du robot martien Curiosity (un article complet lui sera d’ailleurs consacré dans notre prochain numéro)… En dépit de l’importance de sa mission, il ne faudrait pas qu’elle occulte toutes les autres, lancées dans l’exploration du Système solaire — et au-delà. Planète Robots se fait fort de vous rafraîchir la mémoire !… Chandrayaan-2 en constitue un exemple frappant. Censée décoller de notre planète dans le courant de 2013, elle se séparera en deux modules. Le premier, un satellite d'observation de la Lune, contiendra une caméra haute résolution et des spectromètres. Le second, de conception russo-indienne, ira se poser sur notre satellite afin d'y déployer un petit robot de type rover, qui sera équipé de panneaux solaires et d'un système à roues. (Il embarquerait des outils pour prélever des échantillons de sol et de roche et un laboratoire d'analyse physico-chimique.) MERCURE, LA PLANÈTE LA PLUS PROCHE DU SOLEIL Lancée en 2004, la sonde américaine Messenger s'est placée en orbite autour de Mercure en mars 2011 pour une durée d'une seule année (prolongée ensuite à deux ans). L’objectif de la mission : établir une cartographie complète de la planète, étudier la composition chimique de sa surface et de son exosphère, son histoire géologique, sa magnétosphère, la taille et les caractéristiques de son noyau ainsi que l’origine de son champ magnétique. Messenger succède en l’espèce à la sonde Mariner 10 — qui était jusque-là la seule sonde à s'être approchée de cette planète (en 1974).

LA LUNE, NOTRE COMPAGNE Gravity Recovery and Interior Laboratory (GRAIL) est une mission lunaire américaine qui a été lancée en septembre 2011 par une fusée Delta II. Elle comporte deux satellites jumeaux, en orbite autour de la Lune. Sa finalité : étudier la structure interne de notre satellite naturel, de la croûte au noyau. Les deux satellites ont effectué un transit de trois mois au point

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de Lagrange L1 (voir article sur les points de Lagrange dans ce même numéro) avant de se mettre en orbite autour de la Lune pour une mission de quatre-vingt-dix jours, qui devrait donc être terminée au moment où vous lisez ces lignes : les sondes, selon toute probabilité, se sont écrasées sur le sol sélénite… L'Inde, elle aussi, intensifie sa participation à la course à l'espace et la mission

VÉNUS, LA PLUS CHAUDE Vénus est, après Mars, la planète la plus étudiée du Système solaire, mais la mission d’exploration de cette planète a été la première que l'Agence européenne a mise au point. Venus EXpress a décollé de la Terre en novembre 2005 puis s'est placée en orbite autour de Vénus en avril 2006. La sonde étudie la circulation atmosphérique de la planète, le rôle de l'effet de serre et son incidence sur son évolution, l'activité tectonique et volcanique et enfin les origines de la divergence entre


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par Frédéric Boisdron Prototype du rover de la mission lunaire indienne Chandrayaan-2. — La sonde Messenger cartographie la planète Mercure depuis le mois de mars. — Venus Express à l'assaut des nuages vénusiens. — La mission New Horizons est très prometteuse en découvertes.

l'évolution de la Terre et celle de sa planète quasi jumelle. (La mission devrait s'arrêter en décembre 2012). JUPITER, LA PLUS GROSSE PLANÈTE DU SYSTÈME SOLAIRE Juno est une mission américaine ambitieuse. Partie de notre planète le 5 août 2011 avec pour lanceur une fusée Atlas V, elle doit arriver en orbite de Jupiter en août 2016 pour procéder à diverses observations jusqu'en octobre 2017. Juno doit collecter sur place des données sur les couches internes de Jupiter, la composition de son atmosphère et les caractéristiques de sa magnétosphère. L'étude de cette géante devrait nous permettre d'en savoir plus sur la formation du Système solaire — la masse de Jupiter ayant eu une très grande influence sur sa naissance. PLUTON, L'ANCIENNE NEUVIÈME PLANÈTE… Longtemps oubliée par les budgets de l’exploration spatiale, en raison de la distance, Pluton a récemment été rétrogradée au rang de planète naine. Pourtant, ce plutoïde minuscule, accompagné de cinq satellites naturels (l’un d’entre eux se révèle presque aussi important que luimême) est loin d’être inintéressant. La sonde américaine New Horizons a quitté la Terre en janvier 2006 et devrait rejoindre sa destination en juillet 2015. Elle doit étudier la géologie et la morphologie de Pluton, comme celles de son plus gros satellite, Charon, et les photographier au moyen d’une caméra 3D. La sonde passera ensuite à proximité des astéroïdes de la ceinture de Kuiper en 2015-2020 avant de quitter le Système solaire vers 2029…

La sonde Juno devrait atteindre l'orbite de Jupiter en 2016.

LA CEINTURE D'ASTÉROÏDES SITUÉE ENTRE MARS ET JUPITER De nombreux astéroïdes de grande taille se baladent entre Mars et Jupiter… La sonde Dawn, lancée en septembre 2007, est arrivée le 16 juillet 2011 en orbite autour de Vesta, le second plus gros asté-

roïde de la ceinture. À l'heure où vous lisez ces lignes, Dawn aura quitté Vesta pour partir en direction de Cérès — qu'elle atteindra en février 2015. (Cérès est la plus petite planète naine connue du Système solaire et la seule située dans la ceinture d'astéroïdes.) Le but de la mission : étudier la formation de ces deux entités stellaires. Une des particularité de Dawn est qu’elle est propulsée par un moteur d'un nouveau genre, un moteur ionique au xénon (c’est le deuxième engin spatial à tester un tel moyen de propulsion). Un moteur ionique, qui projette donc des ions à très haute puissance, peut se révéler dix fois plus rapide qu'un moteur de fusée classique… Nous pourrions également citer les missions Voyager 1 et Voyager 2, qui ont étudié une bonne partie des planètes du Système solaire entre les années 1980 et 1990. Elles se trouvent désormais hors de ce dernier et la NASA espère continuer à communiquer avec elles jusqu'en 2020, avant que la distance ne les empêche de se recharger en électricité et donc d'émettre…

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OpenYOUR MIND

LES POINTS DE LAGRANGE : D'EXCELLENTS LIEUX

D'OBSERVATION DE L'UNIVERS Il existe cinq points dans l'espace où il est possible de placer des sondes spatiales afin que cellesci se situent entre les forces gravitationnelles de la Terre et du Soleil. Deux sont dites stables et trois instables. Ces points constituent donc des lieux privilégiés pour y installer des sondes spatiales propres à étudier l'Univers sans subir l’attraction et autres phénomènes d’origine terrestre… ter de se surcharger en combustible pour corriger leur emplacement. Dans cet article, en ce qui concerne la plupart des cas, nous allons parler des points de Lagrange liés aux masses du couple Terre-Soleil.

Un cylindre O'Neill, projet d'habitat spatial théorique proposé par le physicien américain Gerard K. O'Neill en 1974. Ces colonies seraient stabilisées au niveau des points de Lagrange. — Joseph-Louis Lagrange, inventeur des 5 points portant son nom.

Lorsque l'on place des modules d'observation en orbite directe autour de la Terre, ces derniers subissent une gêne liée à leur proximité avec notre planète. De plus, les satellites placés en orbite doivent emporter suffisamment de carburant pour corriger durablement leur trajectoire afin de n’en être pas éjectés ou pour ne pas, au contraire, être attirés par la gravité terrestre. Les points de Lagrange constituent alors une bonne opportunité, qui leur permet de se dégager de l'orbite directe et d'évi-

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JOSEPH-LOUIS LAGRANGE Nombre de mathématiciens, comme Newton, se sont attelés à la tâche de trouver le point d'équilibre gravitationnel entre trois corps. C’est seulement en 1772 que Joseph-Louis Lagrange fit la découverte qu'un corps de masse négligeable pouvait connaître un équilibre entre les attractions de deux corps plus massifs. Ces points (dits de libration) sont au nombre de cinq pour chaque couple de corps planétaires (Lune-Terre, Terre-Soleil, etc.). Trois des points de Lagrange sont dits instables. Ils ne permettent pas d'établir des objets inertes sur une longue durée. Ils finissent par quitter lesdits points et c'est pourquoi les sondes qui y sont envoyées, même si elles en utilisent bien moins qu'en orbite planétaire, usent de combustible pour corriger leur position. Le point L1 est placé entre les deux grandes masses, à une distance relative plus proche de la masse le plus faible. Le point L2 est plus difficile à atteindre en fusée de la Terre car il est placé sur une même droite — entre le Soleil, L1 et la Terre. (Le point L2 est placé à l'opposé de la Terre, à la même distance que L1 l'est de la Terre.) Quant au point L3, il se trouve sur l'orbite terrestre, autour du Soleil, mais à l'opposé de notre planète. Les deux points L4 et L5, eux, sont stables. Une fois qu’on a placé un objet à l'un de ces endroits, on n’a plus à corriger sa position. Ces points sont situés sur l'orbite terrestre, au sommet d'un triangle équilatéral dont la base est for-


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par Frédéric Boisdron

De gauche à droite : Une hypothèse très sérieuse décrit la collision entre la proto-Terre et Théia, une petite planète autrefois située sur un des points de Lagrange du système Terre-Soleil. — Schéma des 5 points de Lagrange. — SoHO, une sonde située au point L1, étudie notre Soleil. — La sonde Planck, au point L2, fouille notre univers pour en trouver les traces de notre Big Bang.

mée par le Soleil et la Terre. Et contrairement aux points L1 à L3, ces emplacements ne dépendent pas de la masse des deux autres points. (Le point L4 précède la Terre sur sa course alors que L5 retarde sur cette dernière.) LES OBJETS NATURELS La Lune est — selon l’hypothèse dominante — le résultat de la collision entre la Terre, encore en formation, et Théia — un planétoïde de la taille de Mars. Théia se serait formé au point de Lagrange L4 ou L5 de notre orbite autour du Soleil. Et à force de cumuler de la masse, ce corps céleste aurait quitté son emplacement relatif par rapport à la Terre et fini par entrer en collision avec notre planète. La poussière et les matériaux dégagés par ce choc se seraient accumulés en orbite autour de la Terre pour former la Lune telle qu'on la connaît. Dans le couple Soleil–Jupiter, aux points L4 et L5, se trouvent plusieurs milliers d’astéroïdes, appelés troyens (L4 : le camp grec et L5 : le camp d'Achille). La même chose existe en plus petite quantité avec les systèmes Neptune–Soleil et Mars–Soleil. Plus près de nous, au point L4 du couple TerreSoleil, a été découvert l'astéroïde 2010 TK7,

d'une taille honorable de 300 m de diamètre. Des systèmes plus petits comportent des objets naturels aux points de libration. Saturne remplace ainsi le Soleil dans ces couples, avec ses propres satellites : Thétis héberge Télesto (L4) et Calypso (L5), Dioné possède Hélène au point L4 et Pollux au point L5. Pour le système Lune-Terre, ce sont des nuages de poussière qui s'y trouvent, ce qui empêche d'y envoyer des sondes — qui pourraient y être abîmées. SoHO (NASA/ESA) Contrairement à la mécanique des forces de l’Univers, nous pouvons nous servir des points L1, L2 et L3. La sonde américano-européenne SoHO se trouve depuis 1995 au point L1. Elle embarque une douzaine d'instruments afin d'observer le So-

leil. Et pour garder une certaine stabilité, la sonde effectue des révolutions autour du point en suivant une courbe en forme de haricot. SoHO a failli complètement échouer en 1998 : elle se mit à tourner sur elle-même, ce qui aurait pu mettre un terme à ses activités. Après de nombreuses tentatives, elle se stabilisa suffisamment pour effectuer son travail (après quatre mois de dur labeur pour les ingénieurs). La mission devait se terminer en 1998, or aujourd'hui elle est toujours en activité et la fin de son suivi, programmée pour le moment en 2014, est sans cesse repoussée… SoHO a déjà d’ailleurs permis de révolutionner le domaine des connaissances à propos de notre étoile en prenant des millions de clichés. Son emplacement l’autorise également à dé-

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OpenYOUR MIND Le plus grand téléscope spatial à l'heure actuelle est au point L2. —LISA Pathfinder, qui partira bientôt au point L1, est un démonstrateur du projet New Gravitational wave Observatory.

de refroidissement (prévu), la mission devrait durer encore un peu moins d'un an (avant que ne se produisent les pannes habituelles).

tecter plus facilement des comètes et elle en a dénombré, jusqu’à présent, près de 2 500. De surcroît, entre le 13 et le 22 décembre 2010, elle a même identifié un groupe de vingt-cinq comètes qui sont allées se perdre dans la fournaise du Soleil… HERSCHEL (ESA) Lancé le 14 mai 2009, le télescope spatial européen Herschel est placé au point L2. Son objectif : procéder à des observations astronomiques dans les domaines de l'infrarouge lointain. La sonde étudie ainsi la naissance des étoiles et l'évolution des galaxies. Sa mission est censée se terminer dans moins d'un an à cause de fuites du système de refroidissement. Herschel est doté d'un miroir de 3,5 m de diamètre et sa définition est bien meilleure que celle du télescope américain Hubble — ce qui en fait le plus grand télescope spatial. (Il a été développé par Thales Alenia Space France et a permis la découverte de cinq nouvelles galaxies dont la lumière a mis

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dix milliards d'années à nous parvenir.) Et pour accomplir une telle prouesse, Herschel utilise le principe de la lentille gravitationnelle : une galaxie se trouvant entre nous et une autre galaxie plus lointaine (et parfaitement alignée) dévie la lumière de cette dernière et l'amplifie — comme le ferait une loupe. PLANCK (ESA) Lancé le même jour (et aussi par la fusée Ariane 5 ECA) que Herschel, Planck est un observatoire spatial européen créé afin d'étudier les infimes variations d’intensité du fond diffus cosmologique, un rayonnement dans le domaine microonde montrant l'univers tel qu'il était seulement trois cent quatre-vingt mille ans après le Big Bang. Son travail devrait nous permettre de déterminer très précisément l'âge de l’Univers et de comprendre certains aspects de la physique de l'Univers primordial. Placé sur le même point de Lagrange que Herschel et connaissant le même problème

LES FUTURS PROJETS AUX POINTS DE LAGRANGE Le télescope spatial James Webb est un projet américain, mais les Agences spatiales européennes et canadienne participent à son élaboration. Il aura pour tâche de remplacer le célèbre télescope Hubble en 2018. La taille du miroir sera de 6,5 m de diamètre, dépassant ainsi le télescope européen actuellement détenteur du record, Herschel. Le James Webb travaillera seulement sur l'infrarouge. Il n'analysera pas en lumière visible ou dans l'ultraviolet. (C'est une fusée européenne Ariane 5 qui le lancera vers le point L2. Sa mission doit durer une dizaine d'années seulement, la quantité de carburant nécessaire pour ses corrections de positionnement ne pouvant le faire fonctionner au-delà.) Enfin, le lancement du projet New Gravitational wave Observatory (NGO), de l’ESA, prévu pour rejoindre le point L1, interviendra en 2020. On compte sur lui pour étudier les ondes gravitationnelles de basse fréquence. Il comportera trois satellites en orbite héliocentrique formant un triangle équilatéral de cinq millions de kilomètres de côté. La liaison entre chacun d’entre eux se fera au moyen de faisceaux lasers infrarouges. Et la mission aura une durée de quatre ans. (Afin de tester le projet, un démonstrateur — LISA Pathfinder — sera envoyé au point L1 dès 2013.) Les points de Lagrange constituent d'excellents endroits d’observation pour les télescopes spatiaux et pour tous les engins destinés à étudier l'Univers. Nous allons y placer de plus en plus d'objets spatiaux, comme nous l’avons fait autour de la Terre. Et dans quelques décennies, il faudra donc penser à nettoyer ces espaces (spécialement les points L4 et L5, qui pourraient devenir de véritables poubelles de satellites hors service…) !


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NEWS Innovations & Concepts du futur (eh oui, c’est une sorte de quuadricoptère !). Et le système est alimenté par le pédalage. (Une batterie d’assistance au pédalage, chargée au maximum devrait procurer une autonomie de cinq minutes.) Designers : Technodat, Evektor et Duratec

CALOR'SHOCKS — EN ATTENDANT LES ROBOTS FERS À REPASSER Quand un tapis à système d’enroulement diffuse de la chaleur, qu’un autre dispositif émet des ultrasons capables de défroisser les vêtements et que cela donne un fer à repasser, nous sentons que le futur frappe à notre porte… Mais ce n’est pas encore ça : la tâche est facilitée — mais à quand le vrai robot fer à repasser et la libération de la corvée ? Remercions toutefois le designer, qui a bien travaillé…

ORBIT : UNE MACHINE À LAVER QUI LÉVITE ! Ici, pas d'eau pour laver votre linge… Car Orbit est une machine à laver d'un nouveau genre ! Le bac contenant votre linge est une sphère qui lévite grâce à des supraconducteurs et à un refroidissement à l'azote liquide. Le frottement ayant été éliminé, la sphère tourne à une vitesse supersonique ! Et des jets de dioxyde de carbone (CO2) vont remplacer l'eau et la lessive. (Le projet a été présenté à l’occasion d'un concours organisé par Electrolux.) Designer : Élie Ahovi (www.elieahovi.com)

Designer : Stéphane Pietroiusti

FOLDING ELECTRIC VEHICLE, UN PETIT VÉHICULE PERSONNEL Prenant moins de place qu'un scooter une fois garé, le Folding Electric Vehicle est un drôle d'engin électrique qui permet de se déplacer en ville. Il s’ouvre comme une fleur quand vous voulez vous installer et vous invite à vous asseoir à l'unique place dont il dispose. Pour le pilotage, deux leviers (des sortes de joysticks) offrant une bonne maniabilité attendent vos manipulations. L'engin est design et sexy… Designer : Peng Huashun

FLYING BIKE (LES VOITURES NE VOLENT TOUJOURS PAS, MAIS LES VÉLOS S’Y PRÉPARENT…) Et si votre vélo pouvait voler au-dessus des cohues, vous permettre de contempler des panoramas de légende et de survoler des lieux insolites ? Le projet Flying Bike est un concept original, quoiqu'un peu encombrant : pour prendre son envol, le cycliste est entouré de quatre hélices ultralégères qui propulsent la machine

MARINE DRONE, UN ROBOT POUR NETTOYER LA MER Vous avez sûrement entendu parler du septième continent, un amas de trois millions cinq cent mille kilomètres carrés de déchets (un tiers de la superficie de l’Europe !) qui se trouve en plein milieu de l'océan Pacifique. Des designers s'attaquent enfin à un projet qui pourra sans doute nettoyer cette gigantesque poubelle flottante… Le Marine Drone, lui, a été conçu pour éliminer les ordures qui s’accumulent dans la mer d'Arabie (nord-ouest de l’océan Indien), au large de Bombay. L'engin est une sorte de gigantesque poubelle qui filtre les déchets d’animaux bien vivants. (Il travaille deux semaines de façon autonome avant d'être repêché.) Designers : Élie Ahovi, Adrien Lefebvre, Philomène Lambaere, Marion Wipliez, Quentin Sorel et Benjamin Lemoal

NANOPHEA, UN ROBOT NETTOYEUR DE SOL INSPIRÉ DU LOTUS Le design de ce robot de douze centimètres de large nous vient de Tunisie. Le Nanophea se déplace en équilibre sur une boule et diffuse de petites perles d’eau sur le sol, puis aspire la saleté absorbée par les gouttelettes au moyen de pores (dont la structure a été inspirée par celle de la racine de lotus) situés en dessous. Les performances du principe d'aspiration restent encore à démontrer, mais on peut affirmer que son design constitue une réussite en matière d’esthétique. Designer : Zaier Jihed

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NEWS GADGETS & TENDANCES À VENIR vous les sÊances de vidÊos YouTube, la lecture des e-mails, le surf sur le Web ou les interminables parties d'Angry Birds ! Mais pour obtenir cela, il faudra associer un clavier et une souris Bluetooth à une clÊ d'Êmission Bluetooth sur l'iPPea TV (ils ne sont pas livrÊs avec le dongle). Prix : 45 ₏

JOYSTICK COMPETITION PRO USB : LE RETOUR D'UNE LÉGENDE Pour les fans de jeux vidĂŠo qui ont blanchi sous le harnois, la contemplation de la photo du Competition Pro doit ĂŠvoquer de nombreux souvenirs. Ce joystick est en effet familier aux nombreuses personnes qui se sont diverties sur les ordinateurs possĂŠdant une prise pour manette au format dit Atari. Il revient aujourd’hui dans une version USB — capable de se connecter aux micro-ordinateurs modernes sans modification du mĂŠcanisme Ă microswitches. Et il est livrĂŠ avec un CD contenant trente-cinq grands jeux classiques de l'Amiga, adaptĂŠs pour Windows. (Pour ma part, j'ai encore la chance d'avoir l'original, que j'utilise encore rĂŠgulièrement sur Amiga.) Prix : 25 â‚Ź IPPEA TV : TRANSFORMEZ VOTRE TÉLÉVISION ORDINAIRE EN SMART TV ! Un simple dongle Ă placer sur le port HDMI de votre tĂŠlĂŠviseur le transforme en appareil dernier cri (vendu Ă un prix bien plus ĂŠlevĂŠ dans le commerce). L’iPPea TV est une minicarte mère ĂŠquipĂŠe d'un processeur XBurst JZ4770 monocore cadencĂŠ Ă 1,2 Ghz et dotĂŠ d’une mĂŠmoire de 2 go. Elle possède une gestion du WiFi 802.11/b/g/n et un slot microSDHC. L’ensemble tourne sous Android 4.0 (Ice Cream Sandwich), ce qui permet d'utiliser vos applications Android prĂŠfĂŠrĂŠes pour la tĂŠlĂŠvision. Ă€

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ICE KYOOB, UNE MACHINE Ă€ GLAÇONS Certes, l'ĂŠtĂŠ touche Ă son terme — mais il se rĂŠvèle toujours agrĂŠable d'avoir des glaçons sous la main quand des amis arrivent inopinĂŠment Ă la maison ! L’Ice Kyoob prĂŠpare des glaçons en moins de dix minutes et il suffit, pour l’utiliser, de remplir le bac (de deux litres) d'eau et de lancer le programme de congĂŠlation. (L’Ice Kyoob emploie un gaz rĂŠfrigĂŠrant.) Prix : Ă partir de 140 â‚Ź OUYA, UNE CONSOLE DE JEUX SOUS ANDROID Ă€ 100 $ Quand une femme, Julie Uhrman, se lance dans le monde très fermĂŠ de la crĂŠation de consoles de jeux, elle apporte une touche d'originalitĂŠ remarquĂŠe‌ L’Ouya est un projet de console qui utilise Android comme système d'exploitation. Et elle devrait ĂŞtre vendue Ă moins de cent dollars ! La plus grande originalitĂŠ du concept : ne proposer que des jeux en F2P — c'est-Ă -dire des jeux accessibles gratuitement pour une utilisation basique. Et vous ne paierez ces ajouts que si vous voulez accĂŠder Ă l'ensemble des possibilitĂŠs procurĂŠes par lesdits jeux. (Le projet est en cours de financement avant production et la somme visĂŠe a ĂŠtĂŠ multipliĂŠe par cinq Ă l'heure de la mise sous presse en raison des besoins initiaux que rĂŠclame Kickstarter.) Prix : 85 â‚Ź (non disponible) POCKETCELL, UNE BATTERIE EXTERNE POUR VOS APPAREILS MOBILES Comment rĂŠgler en une seule fois, Ă l’achat, vos problèmes de batterie pour l'ensemble de vos appareils mobiles ?‌ Le PocketCell constitue la solution : une batterie externe qui permet de recharger un smartphone, une tablette, un lecteur MP3 ou encore une console de jeux portable loin de toute prise de courant. Le chargeur (de 3 000 mAh) est livrĂŠ avec tous les embouts nĂŠcessaires Ă l'ensemble de vos appareils. Et le PocketCell ajoute vingt-cinq heures de conversation sur l’iPhone, soixante-dix heures d'ĂŠcoute sur l’iPod ou encore cinq heures d'utilisation sur une tablette‌ Prix : 90 â‚Ź

KISAI ONLINE : UNE MONTRE POUR GEEKS Nous pourrions croire la montre complètement has been avec l'arrivĂŠe des tĂŠlĂŠphones portables qui donnent ĂŠgalement l'heure. Mais c'est sans compter les passionnĂŠs de nouvelles technologies, qui remettent cet appareil au goĂťt du jour. Tokyoflash a mis au point la Kisai Online, une montre au design Ă la fois moderne et kitsch — avec en plus un cĂ´tĂŠ Star Trek. Elle fonctionne au moyen d’un accĂŠlĂŠromètre, qui lui


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Screetch permet de dĂŠterminer le moment oĂš son porteur veut lire l'heure. Et affiche d’ailleurs les chiffres d'une façon fort originale (le reste du temps, on peut admirer des sĂŠries de dessins futuristes)‌ Prix : 135 â‚Ź

XYFI, UN HOTSPOT WIFI DE POCHE Entre e-mails, visioconfĂŠrences, musiques et vidĂŠos — tout ce qui rythme nos journĂŠes est diffusĂŠ par Internet‌ G-media prĂŠsente aujourd’hui le XYFI, un routeur qui permet de rester connectĂŠ et d’avoir toujours un accès direct Ă la Toile. Il autorise aussi la conversion d’un rĂŠseau mobile 3G haut dĂŠbit en hotspot WiFi partageable et offre une couverture Internet illimitĂŠe, en toutes circonstances et sur tous les types d’appareils. AdaptĂŠ pour le streaming — que ce soit en voiture, Ă la maison ou en voyage — il offre la possibilitĂŠ de partager fichiers, vidĂŠos et musiques sur chacun des appareils connectĂŠs au rĂŠseau. Prix : 250 â‚Ź

RAZER ARTEMIS, UNE MANETTE DE JEU POUR VOS PARTIES DE MECHWARRIOR ONLINE Le BattleMechs a inspirĂŠ le concept de contrĂ´leur Razer Artemis, qui plonge les joueurs au cĹ“ur des cockpits de leurs mastodontes de mĂŠtal favoris et leur permet de se concentrer sur les dangers inhĂŠrents au champ de bataille. DotĂŠ d’une gestion complète de la prĂŠcision, le contrĂ´leur ergonomique Razer Artemis rend le pilotage d’un mecha plus efficace et encore plus mortel au combat.

(Le joystick utilise une technologie de retour de force et un ĂŠcran retourne certaines infos du jeu.) Prix : non disponible

MATRA AGT, UN VÉLO ÉLECTRIQUE Ă€ BOĂŽTE AUTO Imaginez un vĂŠlo ĂŠlectrique pourvu d’un système de changement de vitesses automatique avec commande impulsionnelle au guidon, comme sur une berline de luxe‌ C’est ce que propose Matra avec le nouvel AGT, destinĂŠ Ă une utilisation urbaine. Le principe en est simple : le système automatique sĂŠlectionne Ă tout moment le meilleur rapport de vitesse, avec un moyeu Ă sept rapports intĂŠgrĂŠ Ă la roue arrière pour un plus grand confort de conduite, de meilleures performances et une plus faible consommation d’Ênergie. On ĂŠchappe ainsi aux passages de vitesses et aux dĂŠrailleurs qui ne sont jamais dans la bonne position lorsqu’on dĂŠmarre. Comme sur une voiture, le vĂŠlo Matra change de vitesse tout seul et se remet en première avant chaque dĂŠmarrage. RĂŠsultat : un confort optimal et plus d’autonomie, avec une gestion optimisĂŠe du changement de rapport au meilleur rĂŠgime moteur. Prix : 1 900 â‚Ź

intègre la technologie Smart TV de Samsung, ce qui permet d'accĂŠder Ă certaines applications Internet. Elle ne devrait ĂŞtre disponible que sur le sol sud-corĂŠen, Ă moins que le marchĂŠ europĂŠen ne se montre intĂŠressĂŠ. (Sinon, pour disposer d’un plus grand ĂŠcran et pour beaucoup moins cher, il existe les vidĂŠoprojecteurs‌) Prix : 14 000 â‚Ź

MALLE ARCADE PS — LA BORNE D'ARCADE ULTIME POUR LA MAISON Vous êtes fan de jeux vidÊo, de bornes d'arcade et vous venez de gagner au Loto ? La Malle Arcade PS est faite pour vous ! Le concept de Pinel & Pinel vous propose des malles mobiles intÊgrant divers ÊlÊments prÊconstruits — comme des armoires à vêtements ou des bureaux pour travailler quand vous êtes en dÊplacement. Cette fois, le crÊateur de maroquinerie de luxe s’est attaquÊ aux bornes d'arcade et met sur le marchÊ cette borne de 375 kg gainÊe de cuir et incluant une PlayStation 3, deux joysticks et divers contrôleurs de jeux, sans oublier deux fauteuils dotÊs d’un volant et des pÊdaliers pour les jeux de course. Prix : 77 000 ₏ (non, non — il n’y a pas un zÊro de trop !...)

OBSCURA CUELIGHT, LA TABLE DE BILLARD DU FUTUR Encore plus que la Malle Arcade PS, cette table de billard siĂŠrait bien Ă mon intĂŠrieur ! Elle intègre un système d'imagerie HD qui entoure les boules de dessins forts sympathiques (comme des effets d'eau ou de flammes). L'utilisateur peut choisir Ă volontĂŠ toute une sĂŠrie de dĂŠcors qui agissent en temps rĂŠel. Vous trouverez surtout cette merveille dans les hĂ´tels de luxe et les casinos haut de gamme. Si Obscura Digital voulait bien m'en prĂŞter une pour une durĂŠe infinie, je serais preneur !‌ Prix : 170 000 â‚Ź

SMART TV ES9000 : UNE TÉLÉVISION CONNECTÉE DE 190 CM DE DIAGONALE Vous trouvez votre dernier ĂŠcran de TV trop petit ?‌ La solution : cette tĂŠlĂŠvision de près de deux mètres de diagonale (75’’), proposĂŠe par Samsung et dotĂŠe d'un rĂŠtroĂŠclairage Ă LED. De plus, elle

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VINTAGE Les robots grand public

1989 LE NEWTON DE SYNPET — UN R2-D2 À DOMICILE ! Le Newton a un air de R2D2. Quels sont les points communs entre le robot de SynPet et la première tablette construite par Apple ? D’abord, le nom — Newton —, donné tant audit robot qu’à la tablette développée par Apple en 1993 et ensuite le logo, inspiré par le fruit du pommier. Mais la ressemblance s’arrête là…

la tête possède un design propre, dotée qu’elle est d’oreilles de panda… UN PC-BOT Newton possédait un ordinateur embarqué — un équivalent du PC/XT d'IBM de l'époque (Intel 8088 à 4,77 MHz). La mémoire de masse embarquée était un disque dur de 20 Mo (soit 0,02 Go), épaulé par un lecteur de disquettes 720 ko. Le robot se montrait capable de parler grâce à une synthèse vocale intégrée mais son point fort était la reconnaissance par la voix : grâce à un DSP (Digital Signal Processor), il pouvait comprendre certaines commandes vocales et les exécutait. Sa

1989 Au premier coup d'œil, on croit voir apparaître un R2-D2 de la saga Star Wars : il arbore en effet une tête circulaire qui tourne sur ellemême. Ses 86 cm de haut et sa base large de 45 montrent sans contestation possible l’influence des films de George Lucas. Seule

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conception logicielle était ouverte et sa programmation totalement libre. Et pour maîtriser son environnement, il faisait appel à deux senseurs à ultrasons, à une caméra capable de voir les mouvements, à un senseur infrarouge (pour détecter les êtres humains), à des détecteurs de lumière et de fumée, à un détecteur d'obstacles et enfin à un détecteur d'événements sonores. Équipé d'un modem sans fil 1 200 bauds, Newton pouvait répondre ou lancer un appel téléphonique. Ledit modem permettait aussi d'aller chercher des données sur les réseaux. De plus, en matière de communication, il pouvait également contrôler certains éléments de la maison comme la lumière, le système de sécurité ou l'air conditionné… Fait intéressant pour l'époque, Newton retournait seul à sa base de chargement lorsque sa batterie était vide. UN VRAI ROBOT DE CINÉMA À DOMICILE ! Doté de capacités aussi évoluées et vu sa ressemblance avec les robots de cinéma, Newton n’a pas à rougir face aux robots d’aujourd’hui. Toutefois le frein principal à sa commercialisation fut son prix (de 7 à 12 000 $) ; on en produisit seulement trois cents exemplaires. Il avait pourtant été développé pour équiper les foyers, les écoles et (dans une moindre mesure) le monde professionnel. Un film VHS promotionnel de l'époque montre Newton comme le premier robot domestique réellement fonctionnel. Dedans, on le voit éduquer les enfants, jouer aux échecs, protéger son foyer contre les intrusions et même sauver toute la famille du feu en la prévenant rapidement de l’imminence du sinistre et en appelant lui-même les pompiers…

Screetch


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