Planète Robots numéro 2

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PLANÈTE

ROBOTS

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PLANÈTE

NOUVEAU

ROBOTS N O U V E L L E S

BIMESTRIEL - FÉVRIER / MARS 2010 - NUMÉRO 2

T E C H N O L O G I E S

D U

ENTRETIEN

F U T U R

EXCLUSIF

BRUNO BONNELL DU JEU VIDÉO À LA ROBOTIQUE GRAND PUBLIC

CYRIL DREVET

PAR JOURNALISTE AUTOMOBILE TV

“QUAND VOTRE VOITURE SE GARE SANS VOUS !”

LEGO MINDSTORMS VOS PROPRES

IREX 2009 DÉCEMBRE

ROBOTS

Tokyo, salon de la robotique

D DO O SS SS II EE R R

ROBOTIQUE

ET

SEXUALITÉ

Jeux vidéo Gadgets News Livres URBI DVD BD

Les robots ont-ils une sexualité ? Ils remplaceront notre partenaires Les fantasmes de chacun - La sexualité dans le futur - Les robots sexuels

HRP-2

Une petite merveille de technologie

STAN WINSTON

Trente-cinq ans de carrière au service du septième art

(Terminator, Predator et Aliens, le retour)

L 11849 - 2 - F: 5,90 € - RD

SHOW LES ROBOTS


UN BONHEUR DE ROBOT

disponible sur www.robopolis.com


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Planète Robots Édité par Rom Rom Rom Publishing, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes. SARL de presse au capital de 762,25 € Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédactrice en chef : Najet Ben Bassou bassou@planeterobots.com Rédacteur en chef adjoint : Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com Rédacteurs : Cyril Drevet, Vanessa Martineau, Rémi Legris, Bastien Parent, Sébastien Jeudy, Thibault Depost, Christophe Le Blanc, Brigitte Bailleul, Nicolas Mocautel, Matthieu Destephe, Josephe Ghenzer, Amandine Schmitt ainsi que l'association Caliban. Secrétaire de rédaction : Xul-otar Tellestim

© 2010 Rom Rom Rom Publishing Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : en cours Imprimé en Italie La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes à l'écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe.

Direction artistique : Patrick Lusinchi

contact@planeterobots.com

directeur.artistique@planeterobots.com

Nous remercions le magasin de meuble « Cap à Suivre » à Nantes pour le prêt de ses locaux, pour des photos, ainsi que Olivier Martins pour son aide pour les photos.

Publicité : Aabam Consulting, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Tél. : 01 46 25 05 25 contact@aabam.fr

édito UN GRAND MERCI POUR VOTRE ACCUEIL ! Au vu du grand nombre retours positifs que vous nous avez fait parvenir tout au long de ces dernières semaines, il est à présent certain que Planète Robots comble un manque. Vous nous avez affirmé votre soutien par vos e-mails, les articles sur vos blogs ou par des rencontres lors de différents colloques. Nous sommes vraiment heureux de vous avoir donné satisfaction dans ce premier numéro. Aujourd'hui, le numéro deux est entre vos mains ! Nous avons décortiqué vos attentes et vous constaterez les multiples améliorations que nous avons introduites pour nous rapprocher le plus possible de vos souhaits. C'est à travers ce cheminement que nous tenterons peu à peu d'être le miroir de ce que vous attendez de Planète Robots. Au fil des numéros qui suivront, nous ajouterons quelques tutoriels techniques, tout en apportant un contenu simple à comprendre et convivial. Une nouvelle rubrique sur la robotique appliquée à l'automobile fait également son apparition avec l'arrivée dans notre équipe de Cyril Drevet, journaliste, essayeur qui opère toute les semaines pour une émission télévisée bien connue de tous. Ce magazine vous appartient désormais ! Compte tenu du succès du premier numéro, notre équipe de rédacteurs a doublé. Si vous vous sentez l'âme d'un rédacteur et que vous désirez voir des sujets qui vous intéressent dans l'unique magazine sur la robotique existant en France, contactez-nous. Vous êtes un professionnel de la robotique, vous organisez une rencontre d'amateurs de robots ou vous venez d'écrire un livre… Bref, vous avez quelque chose à montrer — contactez-nous également ! Il y a peut-être une news ou un article qui pourra intéresser nos lecteurs. Prenez le temps de savourer ce nouveau Planète Robots car toute la rédaction espère quil vous apportera autant de plaisir que le premier. Et si vous découvrez Planète Robots avec lexemplaire que vous tenez en main, nous vous souhaitons un merveilleux voyage dans le monde des nouvelles technologies du futur. ■Frédéric Boisdron

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Sommaire

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FÉVRIER / MARS 2010 - NUMÉRO 2 ÇA VIENT DE SORTIR

VIE QUOTIDIENNE

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Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Tribunes Les robots se lèvent à l'Est, l'Asie robotique s'équipe. Et un plaidoyer pour les humanoïdes par l'Association Caliban. Portrait : Bruno Bonnell Du jeu vidéo à la robotique grand public. Bruno Bonnell prend les rênes de Robopolis pour en faire sortir sa moelle logicielle. Dis, papa — comment fait-on les robots ? Suite de ce « Work in Progress » autour du robot humanoïde français Nao qui commence à se faire connaître dans le monde entier. IREX 2009 : Show les robots ! L'IREX est le plus grand salon du monde sur la robotique. Il permet d'entrevoir les arcanes de ce qu’il sera bientôt possible d'avoir dans notre vie courante. Test : Lego Mindstorms NXT 2.0 Apprenez la robotique tout en concevant votre propre robot. Découvrez la nouvelle version du coffret d'initiation à la robotique de Lego.

TUTORIELS

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Huit questions posées à Antoine Lavarec Antoine Lavarec, président de Wany Robotics, nous entretient sur sa passion, ses robots et ses projets.

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LES DOSSIERS

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Robotique humanoïde, la bonne stratégie ? Les projets de robots à l'apparence humaine naissent un peu partout dans le monde, mais est-ce le format le plus optimisé pour nous servir ? HRP-2, un robot japonais au CNRS Quand un robot humanoïde japonais qui ressemble à Goldorak entre au CNRS, cela peut faire désordre ! Stan Winston : Futur immédiat Les effets spéciaux au cinéma utilisent les animatroniques depuis de nombreuses années. Stan Winston en est un des précurseurs. La robotique spatiale : déjà un quotidien Le robot est plus à même de remplir certaines missions dans des zones où l'homme ne peut pas forcément se trouver. L'espace en est un parfait exemple. Amour, sexe et robotique... un trio d'avenir ? Les romans et le cinéma nous préparent depuis longtemps à cela, mais verra t-on un jour l'homme et le robot s'accoupler ? Gostai invente Urbi, le langage universel des robots Gostai, une petite société française, part à la conquête du monde des robots. Son but : réunir tous les robots sous le même langage. L'architecture robotisée : où les immeubles s'animent ! Les robots s'invitent dans nos maisons, mais en prennent également la forme et l’apparence . Une nouvelle évolution.

Les bases de la robotique : la Botmobile obéit à vos ordres La Botmobile est un robot que nous allons faire évoluer au fil des numéros de ce magazine. Vous découvrirez ainsi commodément les bases de la création de robots. Mon premier programme en URBI URBI est un langage de programmation commun à beaucoup de robots. C'est donc par grâce à lui que nous nous familiariserons avec le développement logiciel de nos boîtes en fer-blanc.

GADGETS HIGH-TECH

ENTRETIEN

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Tux Droid : la réponse « Version libre » au Nabaztag:Tag Quand un manchot débarque dans votre salon, ce n'est pas pour vous quémander du poisson mais pour vous servir de lien avec Internet.

Gadgets et tendances à venir Une petite sélection de gadgets et autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise. Concepts du futur Les objets de tous les jours sont d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier dans cette rubrique les concepts les plus intéressants qui fourmillent dans la tête de nos designers.

OPEN YOUR MIND

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Planète 51 : un robot d'exploration accompagne un héros en 3D Un petit robot d'exploration semblable aux rovers martiens accompagne un astronaute qui arrive dans un autre monde. Actus Ciné, DVD, BD, Livres Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège ! Rubrique Jeux Vidéo Histoire de ne pas louper ce qui se passe sur vos consoles de jeux et ordinateurs, voici la rubrique des fans de la manette ! Robotique et automobile : quand votre voiture se gare sans vous Le transport de demain sera géré par des robots, nous voyagerons à pleine vitesse, dans le confort et sans risque. En attendant cette utopie, où en sommes-nous ? Vintage Robot : Emilio, s'il vous plaît ! À chaque numéro, nous vous présenterons en détail un robot qui a marqué son époque. Pour ce numéro, c'est Emilio qui s'y colle.

Réservez chez votre marchand de journaux préféré, votre magazine

Planète Robots numéro 3 !

Sortie : fin mars

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Et si dans le prochain numéro, nous imaginions un parc de loisirs uniquement géré par des robots...

Un rêve ? Peut-être pas !


CONSTRUIS ET PROGRAMME DES ROBOTS QUI T’OBÉISSENT

disponible sur www.robopolis.com


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Robots

NEWS

février / mars 2010

Les robots Toyota Partner s’envoleront vers la Lune d’ici 2020 Toyota voit loin, très loin avec ses robots Partner. Dans une présentation sur le devenir de sa gamme de robots, Toyota montre que dans une dizaine d'années, des robots Partner serviront les hommes dans leur quotidien : l'agriculture, l'aide à la personne, la médecine... Mais Toyota a surpris tout le monde avec sa présentation concernant leurs plans d'exploration lunaire, qui pourraient utiliser des robots avancés en 2020. Ceux qui illustrent la présentation ressemblent aux robots Partner actuels, dont le dos et le crâne ont été remplacés par des panneaux solaires. Leurs activités seront diverses : assemblage de tentes, déploiement de centrales solaires, utilisation de différents outils comme des télescopes ou un bras sur un rover, exploration lunaire, station de relais, etc. Ces robots sont également de véritables artistes… sélénites ! Des créatifs les ont représentés en train d’importer un peu de culture japonaise sur l'astre de la nuit en se livrant à la calligraphie ou en dessinant des jardins de pierres… http://www.toyota.co.jp/en/special/robot/

Les ours polaires d’un zoo sont remplacés par des robots ! Le zoo de Saint Louis (aux États-Unis) ne remplace plus ses ours polaires décédés par des plantigrades bien vivants, mais utilise dorénavant des robots. Une première que la S.P.A. locale encourage, préférant la présence d’animatroniques dans les zoos à celle d’animaux réels.

Hajime 33, le plus grand robot humanoïde bipède du monde En 2005, Hajime Sakamoto songeait à construire son propre Gundam. Pour donner vie à son rêve, il a créé l'Institut de recherche Hajime, à Osaka. Hajime 33 découle de cette envie de voir grand. Le robot culmine à 2,10 mètres et son poids n'excède pas 20 kg. Il est capable de marcher, de se pencher en avant, de taper dans un ballon et se pilote par le biais d'une manette de jeu de type PlayStation. Sakamoto a maintenant en projet un humanoïde de quatre mètres… http://www.hajimerobot.co.jp

Un Gundam de dix-huit mètres de haut revient protéger le Japon à Shizuoka cet été ! L'été dernier, une réplique à l'échelle 1:1 du Gundam RX-78-2 avait trôné dans le quartier d'Obaida à Tokyo, afin de fêter les trente ans de la saga Gundam. Mobile Suit Gundam est donc une saga d'animation de science-fiction mecha, dont le premier opus fut créé par Yoshiyuki Tomino et Hajime Yadate en 1979 pour le compte du studio Nippon Sunrise. Les séries racontent en général des guerres humaines qui se déroulent au XXIIe siècle. Le robot, haut de dix-huit mètres, bougeait la tête comme pour défier tous les éventuels ennemis de la ville. Il arborait également une cinquantaine de points lumineux et quatorze générateurs de fumée — de quoi fournir un spectacle impressionnant la nuit ! Ce Gundam géant avait été démantelé à la fin de l'été 2009. Mais nous apprenons que le robot sera remonté en juillet 2010 à Shizuoka, où il sera actif jusqu'en mai 2011 avant de partir pour le Bandai Hobby Center.

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NEWS Robots février / mars 2010 Le Genibo, proche cousin de

l’Airo, arrive en France

Suite à l'arrêt de la fabrication d’Aibo, de Sony, les amateurs de robots chiens ont ressenti un grand vide. C'est pourquoi Dasatech, une société coréenne, en a repris le principe pour son robot Genibo. Le mot Genibo est une contraction de « genius » (génie) et de « robot ». D’une longueur de 34 cm pour une hauteur de 30 cm et un poids d'un kilo et demi, il est équipé d'un processeur 32 bits Risc et de onze coprocesseurs 8 bits. Sa vision, qui passe par une caméra couleur CMOS 355 x 288 pixels, est alimentée par une batterie Li-ion qui se charge en 2 h 30 pour une utilisation de 90 min. Il possède également huit capteurs de toucher et un de distance. Genibo est capable de comprendre des ordres vocaux et sait se déplacer de façon autonome, en évitant les obstacles. Il peut prendre des photos avec sa caméra et les transférer vers un PC. Robopolis distribue dorénavant Genibo en France, dans quatre couleurs (noir, blanc, rose, bleu) pour un peu moins de deux mille euros. http://www.robopolis.com

Alchimie 2009 : lorsque la robotique rencontre l’Amiga Tain-l'Hermitage, dans la Drôme, devient tous les deux ans la capital européenne de l'Amiga avec l'Alchimie, un événement organisé par l'association Triple A. L'Amiga est un standard informatique qui a connu ses grandes heures de gloire dans les années 1980 et 1990. Il a repris peu à peu du poil de la bête ces derniers temps, avec l'arrivée de nouvelles applications et de nouveaux matériels comme la carte mère SAM, aux performances très correctes sous AmigaOS 4.1 mais à la consommation très légère. Cette année, la robotique a pris une large place dans cet événement qui tente d’établir une alchimie entre les deux mondes, viviers de talents capables de s'entendre sur des technologies innovantes. C'est pourquoi Aldebaran Robotics y a présenté son Nao à un public emballé ; Wany Robotics y a affiché les capacités de ses robots lors de démonstrations ; l'association Caliban est venue présenter lors d'une conférence son robot Cybrina. D'autres acteurs de la robotique étaient également présents comme la boutique en ligne Robootic.com, ainsi que des robots de la Coupe de France robotique.

Les robots s’uniront en réseaux pour nous servir encore plus efficacement dès 2012 ATR (Advanced Telecommunications Research Institute) travaille avec Hitachi, Toshiba, NEC, NTT et Mitsubishi afin de mettre au point des standards de communication entre les robots afin qu'ils puissent travailler de concert pour mieux nous servir et exécuter des tâches qu'un seul robot ne pourrait accomplir. Le système sera d'abord déployé dans les grandes surfaces où les personnes seront assistées par des robots de type Robovie ou ApriPoco reliés à des caméras disposées dans le magasin. Un service en réalité augmentée sera également disponible.

http://www.triplea.fr

Fuji soft vient de révéler un petit humanoïde sous Atom et Ubuntu Encore sans nom, ce petit robot humanoïde est proche du design des robots Robovie. Il utilise des LEDs pour exprimer ses émotions, est équipé d'une reconnaissance vocale, de la WiFi et d'une caméra. Mais ce qui est le plus intéressant, c'est son côté standard ouvert. Le robot est équipé d'un processeur Intel Atom, tourne sous Linux Ubuntu et sa programmation se fait sous environnement Eclipse. Le robot devrait être disponible au Japon très rapidement pour un prix sûrement très compétitif. http://www.fsi.co.jp/e/

http://www.atr.jp/html/topics/press_091210_j.html

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Robots

NEWS

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Actroid, un robot humanoïde sexy, bientôt en vente Actroid est un robot humanoïde possédant une apparence humaine, développé au Japon par l'université d'Osaka et fabriqué par Koroko Company Ltd (division animatronique de Sanrio). Ce robot à l'aspect souvent jeune, asiatique et féminin a été présenté pour la première fois en 2003, lors de l'IREX, à Tokyo. Actroid, aux allures humaines, apparaît comme un pionnier des machines de science-fiction — comme les androïdes. Il peut mimer très naturellement les mouvements du visage, la respiration et peut parler. Le robot s'est d’ailleurs amélioré au fil de son développement et possède actuellement quarante-sept points d'articulation. Seuls son buste et ses bras peuvent se déplacer, les jambes restant inertes. Il possède aussi une intelligence artificielle qui lui permet d'interagir avec ses visiteurs par le biais de la vision, de l’ouïe et du toucher. Et la nouvelle année proposera une première. En effet, quelques boutiques japonaises mettront en vente des robots Actroid définis selon votre image. http://www.kokoro-dreams.co.jp/english/robot/act/index.html

Caprica 2010, un nouvel evénément robotique prendra place les 20 et 21 février Pour célébrer leur première année d’existence commune, la boutique en ligne Robootic.com et l’association Caliban ont décidé de s’unir afin d’organiser un événement ouvert aux passionnés de tous horizons : Caprica 2010. De plus, le fabricant EasyRobotics, Planète Robots et la boutique de vente en ligne Worldofrobot.fr les ont rejoints pour que la fête soit encore plus réussie. Convivial, Caprica 2010 se déroulera au Centre de culture scientifique ATLAS de la ville de Saint-Ouen les 20 et 21 février. Le 20 février, participeront les gens qui auront réservé au plus vite et le 21 février sera une journée portes ouvertes. L’objectif avoué est de permettre aux amateurs, en provenance de différentes sphères robotiques, de se rencontrer, d’échanger et de partager leur passion commune pour les robots. Au programme, des conférences animées par des passionnés, des présentations de robots mais aussi et surtout, des échanges entre simples amateurs… Pour de plus amples informations : caprica@caliban-web.com

Des robots devraient enfin remplacer les ouvriers qui travaillent sur les câbles à haute tension Lorsque l'on voit certains métiers peu à peu exercés par des robots, on peut avoir peur pour son emploi. Mais lorsque certains sont si dangereux que des pertes humaines sont constatées chaque année, cela laisse présager de sérieux progrès en la matière. L'entreprise japonaise Hibot développe différents robots Expliner capables de s'occuper des lignes à haute tension tout seuls. Les robots se présentent comme des minitélésièges accrochés aux lignes. Le Canada envisage également des projets de ce type.

Humanoïde e-Nuvo, un robot bipède de la taille d’un élève, destiné à l’éducation Au Japon, on ne lésine pas sur les moyens permettant d’aider la jeunesse à s'habituer aux robots dans leur propre environnement. Le Nippon Institute of Technology, Harada Vehicule Design, ZMP et ZNUG Design ont mis au point le robot humanoïde e-Nuvo de nouvelle génération. Dédié à l'éducation, il fait une hauteur de 126 cm pour un poids de 15 kg. Il possède vingt-et-un degrés de liberté, est équipé de senseurs classiques (comme une caméra, un gyroscope, un accéléromètre), de la détection d'obstacles, de senseurs de distance et de senseurs piézoélectriques. http://www.zmp.co.jp/e-nuvo/jp/humanoid.html

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NEWS Robots février / mars 2010 Asus se lance tête baissée dans la robotique Essayer de se faire une place dans le marché naissant des robots, c'est entrer de plain-pied dans le futur. Asus est un fabricant d'ordinateurs qui a récemment connu une forte extension en lançant le principe des netbooks (avec son eeePC), de petits ordinateurs portables dédiés à Internet. Aujourd'hui, Asus semble maintenant vouloir ouvrir son catalogue à la robotique. Deux robots Asus sont d'ores et déjà dans la course… Par le biais de sa succursale AGAiT Technologies, la firme vient d'introduire son robot aspirateur eCleaner en Chine et à Taiwan. L’eCleaner ressemble beaucoup aux classiques Roomba d'iRobot, qui constituent actuellement la référence. Mais ce robot aspirateur possède également quelques points forts comme sa lampe UV pour désinfecter le sol lors de son passage ou une télécommande posée sur son capot. De plus, son prix de lancement en Asie reste très bas : cent cinquante dollars. Après l'eeePC, Asus prévoit maintenant de sortir l'eeeBot, un robot éducatif. Il devrait être abordable et capable d'interagir avec les enfants (ou adultes) par l’intermédiaire de capteurs sonores, visuels (et de navigation), entre autres. Les possibilités de l'eeeBot devraient être étendues par le biais de contenus et de services à la carte. http://fr.asus.com

Yotaro, un simulateur de bébé avec visage rétroprojeté Le Yotaro de l'université de Tsukuba, au Japon, est un robot d'un nouveau genre. On l’emploie pour aider de jeunes personnes à s'occuper d'un très jeune bébé et apparaît comme une tête de poupon sortant de son couffin. Le visage est représenté en direct par un projecteur situé sous le robot et des bras articulés simulent les mouvements de l’enfant sous les draps. Le visage est géré à la manière d’un écran tactile et, comme sur la peau humaine, une traînée plus claire se dessine quand on le caresse. Yotaro est capable de pleurer : des gouttelettes d'eau sortent réellement des yeux du bébé.

Les robots japonais ont aussi la grippe A ! Au Japon, toujours et encore, le robot Ken (Swinebot) imite les symptômes de la grippe A (H1N1) afin d'aider à la formation des médecins dans leur diagnostic. Il est capable de transpirer, de se crisper, de pleurer, de se convulser et même de gémir. Le médecin devra apporter les soins appropriés, sinon la maladie du robot s’aggravera et il en mourra…

http://www.kansei.tsukuba.ac.jp/%7Euchiyamalab/yotaro

Robosphere, le parc robotique européen RoboSphere est un projet suisse de parc d'attractions (et d'expérimentation) sur les robots. Le projet mûrit depuis bientôt deux ans et devrait, si tout se passe bien, ouvrir ses portes en 2011 au Crêt-du-Locle. RoboSphere sera à l'Europe ce que Robot Land sera à la Corée et à l'Asie. RoboSphere, la « scène des mondes robotiques » accueillera tous ceux qui peuvent y trouver un intérêt ou y apporter quelque chose : professionnels, chercheurs, étudiants, passionnés — ou même artistes — pourront s'y rencontrer et débattre lors de forums et de colloques. Le parc sera grand public afin de faire découvrir le monde des robots de façon ludique et didactique. Ce sera également un endroit ouvert, avec des salles de réunion et des espaces de présentation. De plus, Robosphere proposera une médiathèque, un auditorium, des boutiques et des restaurants robotiques. http://www.robosphere.ch

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Hubo, le robot humanoïde qui a la cote ! Après avoir été travesti en Einstein, le robot humanoïde Hubo, créé par l'institut coréen KAIST, semble prendre encore du galon ! Il mesure 1,20 m pour 55 kg et a été développé avec un budget presque trois cents fois inférieur à celui du robot Asimo, de Honda. Et pourtant, Hubo est bien parti pour bientôt concurrencer ce dernier. Pour commencer, Hubo est le troisième robot humanoïde à taille humaine qui a réussi le prodige de courir. Il galope actuellement à 3,6 km/h (contre 7 km/h pour le Partner de Toyota). De plus, SBS, une chaîne de télévision coréenne, vient d'annoncer qu'elle allait produire une série télévisée qui aurait Hubo pour personnage central : il vivrait ses aventures au sein d’une famille. Cette série sera donc la première à inclure un véritable robot en tant qu'acteur, remplaçant ainsi les humains déguisés ou les animatroniques. Vicki, la petite merveille n'a qu'à bien se tenir ! http://www.kaist.edu

Chapit : quand les Japonais veulent concurrencer le Nabaztag En Europe, nous sommes plutôt bien lotis en matière de robots communicants. Le Nabaztag:Tag et le Tux Droid en sont la preuve. Les Japonais devaient trouver qu'il manquait quelque chose à leur éventail... RayTron développe Chapit, une sorte de robot aux allures de petit singe. Son nom même est composé de « CHAt » (dans le sens de discussion), de « PIco » (très petit) et de roboT. Ce robot tout kawai (« mignon » en japonais) est doté de la reconnaissance vocale et peut donc réagir à un millier de mots, ce qui permet aux utilisateurs d’avoir une base de communication simple. Chapit est également capable de piloter n'importe quel matériel électronique pourvu d'une télécommande et peut ainsi servir de télécommande universelle. Le robot est relié à votre réseau WiFi et se trouve donc relié en permanence à vos sites préférés. Enfin, ses LEDs faciales et ses balancements de jambes lui permettent de faire partager ses émotions.

NEATO XV-11, le robot aspirateur nouvelle génération Les mois qui viennent vont nous réserver quelques surprises dans le monde très fermé des robots aspirateurs. Jusque-là, l'hégémonie du Roomba semblait inébranlable. Mais Neato Robotics est une petite start-up de la Silicon Valley, aux États-Unis, qui part à la chasse sur le marché du robot aspirateur. Aux premiers détails, nous pouvons nous apercevoir que le Neato XV-11 n'est pas le premier gadget venu. Ce robot se programme via un petit écran LCD placé sur son capot. Lorsqu'il part travailler, il étudie vraiment son environnement à l'aide d'un laser et se crée une carte de la pièce qu'il parcourra par bandes tout en insistant là où il découvrira le plus de saletés. Il devrait être distribué aux States au début de cette année pour environ 400 dollars. http://www.neatorobotics.com

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Un robot oiseau-mouche, cela peut toujours servir… C'est en tout cas ce qu’Hiroshi Liu s'est dit en créant son robot oiseaumouche capable de voler en battant de ses quatre ailes (trente battements par seconde). Le robot fait 10 cm de long pour 2,6 grammes. Il est piloté à distance par infrarouge. La prochaine étape dans le développement du robot consistera à lui intégrer une caméra capable de retransmettre en direct ce qu'elle voit. Il pourra ainsi voler audessus d'un terrain dangereux à la recherche de victimes ou de criminels, par exemple.


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NEWS Robots février / mars 2010 Kawada nous montre nos futurs collèguesde travail, les robots Nextage Kawada, une société japonaise, travaille depuis quatre ans à son projet Nextage (« Next Stage »). Ce robot humanoïde industriel a été construit de façon très générique afin d’être utilisable pour des tâches très diverses. Le robot a été pensé pour travailler avec des humains sur une chaîne de production. Il s'occupera principalement des tâches répétitives de manipulation. Kawada assure que son robot ne servira pas à remplacer des humains et ne sera là que pour les assister et alléger leur travail tout en augmentant la productivité. Nextage possède quatre caméras, dont deux placées dans la tête — destinées à recréer une image tridimensionnelle de son environnement — ainsi qu'une autre caméra située dans chaque main, afin d'apporter une grande précision et distinguer les marqueurs qu'il y perçoit. Le robot est également équipé d’un laser de télémétrie pour détecter toute présence humaine (et ne blesser personne). http://global.kawada.jp

LG présente son nouveau robot aspirateur, le Roboking Dual Eye Toujours accompagné de jolies jeunes filles coréennes, LG nous présente le nouveau venu de sa gamme de robots aspirateurs, le RoboKing Dual Eye. Qu'apporte donc ce nouveau modèle ? Tout d'abord, il est équipé de deux caméras au lieu d'une et peut ainsi procéder à une meilleure analyse de son environnement. Ce nouveau modèle est censé être 30 % plus efficace et 30 % plus rapide que le précédent. Il a également perdu en nuisance sonore (50 dB au lieu de 63 dB) et en hauteur (9 cm au lieu de 13), ce qui l’autorise à se glisser partout.

Des robots vont s’immerger au large d’Istanbul afin de prévenir les tremblements de terre Istanbul est en danger : un tremblement de terre menace la capitale de la Turquie à cause de la faille nord-anatolienne. En 1999, un séisme avait déjà fait 20 000 victimes. En 2011, l'université technique d'Istanbul va faire surveiller cette zone par trois stations d'observation sous-marines autonomes, afin de prévenir le danger le plus tôt possible..

http://www.lge.co.kr

ZMP repositionne son Miuro comme robot de service Le Miuro de ZMP — à l'origine un robot de divertissement musical — était équipé d’un dock iPod dans le dos et se montrait capable de danser en fonction de la musique. Sony, en créant son Rolly, avait repris ce principe en l'améliorant et en diminuant largement sa taille.. Aujourd'hui, le Miuro semble en proie à une crise identitaire car ZMP repositionne sa machine sur le marché. Le robot serait donc maintenant utilisable pour surveiller une personne âgée grâce à une caméra embarquée. Selon ZMP, on pourra simplement louer ce robot. Le Miuro se verra en outre équipé d'un support pour carte Sim et d’un écran tactile dans les prochaines versions. Ce nouveau modèle pourrait aussi permettre en plus d'écouter de la musique, servir de téléphone ou bien appeler les secours. Il sera même capable d'analyser une situation et d’appeler un proche, l'hôpital ou une société de sécurité sans intervention humaine. http://www.zmp.co.jp/en/

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NEWS

février / mars 2010

ABB Robotics montre la dextérité de ses robots industriels au moyen de canettes de soda ABB Robotics est une division d'ABB (Asea Brown Boveri), un groupe helvético-suédois de biens d'équipement et d'ingénierie, qui fabrique des robots industriels et développe des logiciels pour ces derniers. Depuis 2006, cette subdivision est partie s'installer à Shanghai, en Chine Afin de démontrer les capacités de ses bras robotisés, ABB a relevé le défi de jouer avec des canettes de soda sur des plateaux maintenus par d'autres bras. En tout, ce sont trois robots qui déplacent les plateaux et de fines pointes doivent passer entre les canettes sans les toucher. Il faut bien noter que la distance entre lesdites canettes et les pointes n’excède pas un millimètre. Cet exploit a pour dénomination l’« ABB Fanta Can Challenge ». Les robots ne se contentent pas d'exécuter un programme répétitif, mais évoluent en fonction de la situation. Un pilote modifie les paramètres de vitesse en temps réel pour chaque robot sans que ce dernier se trouve pris de court. La vitesse et la précision des mouvements se révèlent impressionnantes : les robots donnent une réelle impression de maîtrise totale. www.vtnews.vt.edu/story.php?relyear=2009&itemno=738

Les drones Predator de l’armée américaine piratés avec un simple shareware Nous pourrions penser que l'armée américaine protégeait ses drones (avions robotisés sans pilotes) à 4,5 millions de dollars contre toute attaque pirate. Il semble qu'un simple logiciel à 26 dollars, SkyGrabber, permette de contrôler les drones Predator. Des Irakiens utilisent une simple antenne satellite et le logiciel d'origine russe disponible partout sur Internet, afin de récupérer la vidéo en direct émise par ledit Predator. Le flux des données émises par le drone n'est même pas crypté, permettant à tout un chacun de le récupérer et le voir en direct. Le plus gros problème réside dans le fait que cette imperfection est connue du Pentagone depuis des années et que cela n'a pas été corrigé. Une personne mal intentionnée n’aurait donc aucun mal à le piloter si des mesures d’urgence ne sont pas bientôt prises…

Topio 3.0 de Tosy, un robot fan de tennis de table Le Viêt Nam est loin d'être le parent pauvre de la robotique asiatique. C'est au contraire un pays qui se défend et propose beaucoup d'innovations dans le domaine. Pour le salon de la robotique IREX 2009, le robot Topio 3.0 a échangé quelques balles au tennis de table avec les visiteurs. Son look ultramusclé et ses lunettes noires ont dû faire peur à de nombreux joueurs ! Pour le moment, le robot laisse passer pas mal de balles mais l'équipe qui travaille dessus espère qu'un jour, ses robots seront capables de battre des humains… http://www.tosy.com

Cette rubrique News est à votre écoute. Entreprises, associations ou passionnés, faites-nous savoir ce quil se passe dans votre environnement robotique. Vous pouvez envoyer vos communiqués sur : contact@planeterobots.com

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Tribunes

LE ROBOT SE LÈVE À L’EST…

Les pays d’Extrême-Orient sont devenus des précurseurs pour tout ce qui concerne les tendances du futur. Tokyo, Séoul ou Shanghai, villes tentaculaires qui abritent des millions d’habitants, nous montrent souvent la voie des nouvelles habitudes urbaines — notamment en matière d’électronique grand public. Leurs habitants ont adopté plus rapidement que les Européens les baladeurs, consoles de jeux et autres smartphones, ont parfaitement compris quel pouvait être leur rôle social au cœur des cités et les ont quasiment intégrés à leur quotidien. Face à une démographie vieillissante, un rejet de l’immigration et de nouveaux défis de productivité, le Japon et la Corée ont choisi la robotique comme nouvelle croisade technologique. Plus de cinq cents millions de dollars par pays ont été investis sur cinq ans avec l’ambition affichée de monter sur le podium international des producteurs de robots. La moitié des six cent mille robots industriels installés dans le monde se trouvent sur le territoire japonais et les deux tiers dans l’Asie toute entière. Très loin des caricatures occidentales illustrées par des films comme Metropolis ou Terminator, la perception du robot dans ces pays est positive. Les mangas japonais et les manhwas coréens sont, depuis les années 1950, riches

d’histoires de robots qui améliorent la vie des hommes. À l’instar d’Astroboy, ils les aident à redresser l’économie de leur pays, à se réinventer et à construire l’avenir… … MAIS L’EUROPE A SON MOT À DIRE ! En Extrême-Orient, on ne fait preuve d’aucun a priori culturel, maintenant que la technique le permet, et on sait les faire participer à la vie de tous les jours. Ainsi, en Corée, Irobi (de Yujin Robots) assiste déjà les maîtresses à l’école et Genibo, le chien robot de Dasarobot, garde la maison. Au Japon, le Papero de NEC lit des contes aux enfants pour les faire sombrer dans le sommeil, quand le Motoman de Yaskawa et les humanoïdes Hiro ou HRP-2 de Kawada travaillent à l’usine ! Tous ne font que précéder de quelques années une lignée nombreuse de robots serveurs, assistants médicaux, spécialistes du ménage — mais aussi ouvriers, pompiers ou taxis sans chauffeur — qui déferleront sans aucun doute sur le monde. Ces robots deviendront aussi communs que tous les autres appareils électroniques qui peuplent notre quotidien. La conception de ces machines a déjà commencé dans de nombreux centres de recherches asiatiques, activement soutenus par les gouvernements locaux.

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L’Europe, sous peine de subir le joug d’une dépendance technologique, doit également développer ses propres centres de compétence, apporter son soutien aux trop rares entreprises spécialisées et prendre l’initiative d’investir dans ce secteur d’avenir. La robotique, comme le soleil, se lève à l’Est… Mais ce n’est que le prélude à une longue course aux technologies du futur pour laquelle la Vieille Europe dispose de nombreux atouts — et qu’elle ne peut ignorer. ■Joe Pillow


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LE BILLET D'HUMEUR DE L'ASSOCIATION CALIBAN

LE ROBOT HUMANOÏDE : UN RÊVE AUSSI VIEUX QUE L’HUMANITÉ !

Si l’on trouve des traces de ce genre de réalisations « divines » dans des mythes ancestraux, pourquoi nos chercheurs s’entêtent-ils à vouloir aujourd'hui donner une apparence « humaine » aux robots ?

En effet, ne serait-il pas plus logique — et simple — de faire en sorte que la machine soit adaptée à la tâche qu’elle doit accomplir ? J’ai souvent entendu cette question et la réponse m’apparaît évidente… Pour les plus sceptiques, les robots auront pour rôle de nous servir — d’être nos esclaves modernes. Il en découle qu’ils seront amenés à évoluer dans la société — notre société —, un monde où tout est fait pour l’Humain, de l'aspirateur à l'automobile, en passant par la cafetière et le métro. Tous ces appareillages sophistiqués ont été conçus pour être exploités par une architecture de type humanoïde. Nous pourrions débattre à l’infini du fait que cette structure morphologique n’apparaît vraiment pas optimale. Il n'empêche que, dans le référentiel constitué par nos civilisations, elle est bien la plus adaptée. La réelle question est donc : Pourquoi adapterions-nous nos sociétés à nos serviteurs plutôt que le contraire ? En faisant le choix de l’humanoïde, nous nous assurons de garder le contrôle matériel « potentiel » de tous les appareils qui existent… Mais il y a une raison bien plus profonde au fait de développer des robots humanoïdes : le rêve de l’I.A. forte, de l’être artificiel possédant sa propre motivation, capable d’apprentissage et de jugement autonome… Tant de choses restent à faire dans ce

domaine ! Mais nous avons déjà une certitude… La construction de la psyché passe nécessairement par l’échange avec les autres. Il ne saurait y avoir d’être sans autrui. Or, chacun de nous peut le constater, l’homme se montre plus prolixe en compagnie des entités auxquelles il est lié émotionnellement. Et instinctivement, il s'attache à ce qui lui ressemble… Un enfant sera plus attachant qu’un animal — qui sera lui-même plus émouvant qu’un cube blanc. Pour qu’une véritable intelligence « forte » émerge des machines, il faudra que nous les aimions, tout simplement. C’est à ce prix seulement que nous pourrons philosopher avec elles jusqu’à la nuit des temps. Et puis — c'est plus marrant comme ça…

■Association Caliban


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Portrait

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BRUNO BONNELL

DU JEU VIDÉO À LA ROBOTIQUE GRAND PUBLIC Grand fans des premières heures d'Infogrames, la société à succès de Bruno Bonnell, nous fûmes ravi de rencontrer ce dernier. Il nous accueillit simplement, dans un palace parisien, devant un verre. Très vite, le trac disparut (Bruno est très amical et fort sympathique.) Nous mîmes en route notre enregistreur et partîmes découvrir comment Bruno Bonnell était passé d'un succès à l'autre, du jeu vidéo pour les premiers ordinateurs à la robotique au sens large.

BIOGRAPHIE DE BRUNO BONNELL Bruno, enfant d'une famille irlandaise installée à Alger, est né le 6 octobre 1958. Quand il atteint l’âge de huit ans, sa famille s'installe à Lyon. Bruno obtient son baccalauréat très jeune, puis décroche une maîtrise d'économie appliquée à l'université Paris-Dauphine en

UN PARCOURS HAUT EN COULEUR Bruno Bonnell fait figure de précurseur. À 24 ans, il s'occupe du lancement et de la commercialisation du premier ordinateur de Thomson, le TO7, dans le Grand Ouest. Un an après, avec l'aide de quelques amis, il fonde Infogrames en 1983, une société conceptrice et éditrice de jeux vidéo, qui élaborera quelques chefs-d'œuvre comme Drakkhen, Nord & Sud et les célèbres Alone in the Dark, qui poseront les jalons du genre Survival Horror. Pour Bruno, toutes ces expériences ont été bénéfiques et son arrivée à Robopolis n'est en fait que la suite logique de son parcours. « La création de Robopolis, c'est d'abord et avant tout la création d'une société qui veut se spécialiser dans les applications logicielles pour les plates-formes robotiques, et plus spécifiquement dans l'éducation et le jeu. » LE SOFTWARE, LE NERF DE LA GUERRE DES ROBOTS La plupart des boîtes de robotique, si l’on excepte iRobot, n'ont qu'une vision limitée à la performance technologique de la machine. « Ils font donc des trucs géniaux avec des servomoteurs et des puces électroniques. Mais à quoi servent-ils vraiment, quel est leur but ? » Bruno

1982. Après ses études, pendant qu'il travaille chez Thomson, Bruno écrit un livre, Pratique de l'ordinateur familial, avec Christophe Sapet. Le résultat leur permet de constituer le capital d'Infogrames en 1983. Puis Le Nouvel Économiste nomme Bruno Bonnell « manager de l'année » en 1995. Il porte plusieurs casquettes et devient membre du Conseil d'admi-

fait un parallèle avec l'informatique des années 1980, quand les techniciens optimisaient les processeurs et l'architecture des ordinateurs pour en améliorer les performances, mais ce sont les logiciels d'applications qui ont justifié l'acquisition des ordinateurs. En matière de robots, il a la même approche. « Notre but, rendre la vie des gens plus facile. Nous voulons donc utiliser les robots pour l'éducation et les loisirs. » Les robots doivent présenter un réel intérêt et ne plus être seulement de simples jouets pour quelques informaticiens bricoleurs. Ils doivent être capables de s'occuper de la maison ou de personnes âgées. Mais également nous distraire… Dans cette dernière optique, Bruno Bonnell prépare Le Roboticien avec sa société Robopolis. Ce robot est conçu pour vous apprendre la robotique à travers la programmation d'un script de scénario d'aventure. L'histoire relèvera de la science-fiction, et se passera sur une planète où l'on rencontrera des aliens. Ce script permettra à ses utilisateurs d'apprendre simplement tout l'éventail de la programmation d'un robot qui sera équipé de différents capteurs et d'une caméra capable de faire de l'analyse d'images. Il sera à la robotique ce que les langages Logo et Basic ont été aux débuts de l'informatique, une plate-forme dédiée à la création simplifiée et distrayante. Le

nistration du groupe Danone en 2005, puis d'ANF et de Pathé. En 2007, Bruno quitte son poste de P-D G d'Infogrames et reprend la société Robopolis. Depuis cette année, il est également président de Syrobo, le Syndicat européen de la robotique personnelle.

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Portrait “Le marché de la robotique domestique est de moins d'un milliard de dollars en 2008. En 2015, il devrait atteindre les 15 milliards.” Roboticien devrait être présenté au printemps prochain. Robopolis fait donc évoluer son statut dans le monde de la robotique. Autrefois exclusivement importateur et revendeur de robots tiers, il ajoutera désormais son savoir-faire à la création logicielle pour des robots définis selon des spécifications précises. Robopolis, c'est aujourd'hui dix personnes mais cette équipe fait travailler un peu moins d'une dizaine de studios sur le projet. Bruno ne souhaite pas passer au matériel, mais serait ravi de travailler avec des partenaires comme Dassault Systèmes ou Renault, pour les conseiller sur la robotisation de leurs produits. L'HUMANOÏDE ? PAS FORCÉMENT… Pour Bruno, les robots humanoïdes actuels ne servent à rien. « On les immobilise, on les bouge, on les fait danser. Qu'est-ce que cela peut faire d'autre, un robot humanoïde ? » Bruno ne semble pas croire du tout au petit robot humanoïde qui se balade dans la maison. Le robot subira de très grandes évolutions avant d'atteindre un format plus ou moins conventionnel lié à ses différentes tâches. « Le design de l'homme, c'est un design d'harmonie. Nous avons défini notre environnement par rapport à notre design. Si nous adaptons le robot à cet environnement, c'est penser que celui-ci ne changera jamais. Et je suis certain que notre environnement futur changera complètement. » L'accélération de l'évolution de notre environnement va parcourir une courbe exponentielle. Dans dix ans, le monde des robots sera bouleversé, de par ses matériaux, ses capteurs, l'imagerie et ses connexions bioniques. Bruno nous fait savoir qu'il n'a aucune idée de ce que sera la robotique dans dix ans. Il fait la comparaison avec l'iPhone et le GameBoy, qui n'auraient même pas été imaginés une décennie auparavant. Sur une échelle de deux à cinq ans, nous pouvons deviner le futur. Au-delà, nous sommes sérieusement dans le doute. LE MARCHÉ ET L'EMPLOI DANS LA ROBOTIQUE Le marché de la robotique domestique est de moins d'un milliard de dollars en 2008. En 2015, il devrait atteindre les 15 milliards. La France n'échappe pas au phénomène. Dans les cinq ans qui viennent, le bassin d'emploi dans ce domaine sera très certainement mul-

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tiplié par dix. D'après Bruno, il est absolument indispensable de préparer ce changement en permettant à l'informatique et à la robotique d'évoluer. La France a un très grand potentiel et il faut s'en servir. La robotique n'est pas, pour le moment, un secteur qui a eu la reconnaissance qui lui est due. Mais il sera l’un des plus importants du XXIe siècle. VERS UN « PLAN ROBOTIQUE POUR TOUS » Bruno Bonnell est également à la tête de Syrobo, le Syndicat de la robotique personnelle. Syrobo veut pousser l'idée d'un « plan robotique pour tous » à la manière du « plan informatique pour tous » lancé en 1985, qui a permis d'initier onze millions d'élèves du pays à l’utilisation de l'ordinateur. L'apprentissage sommaire de la robotique (utilisation) ou sophistiqué (programmation) constituera un élément déterminant de notre société dans les années à venir. L'échelle de temps pour y arriver apparaît très courte: elle ne doit pas dépasser dix ans. Dans une décennie, il y a aura des robots dans les écoles, dans la rue, dans les maisons. Il va falloir que l'on s'habitue très vite à ce nouveau modèle de vie. VIVEMENT LE « SPACE INVADER » DE LA ROBOTIQUE ! Dans les années 1970, les jeux vidéo ont commencé réellement à faire exploser les ventes d'ordinateurs. Le ludique a été longtemps le principal boost de ce nouveau marché. Toujours dans le domaine du logiciel, des applications comme Visicalc sur Apple 2 ont permis une mise en avant de l'outil informatique et permis de montrer qu'un ordinateur pouvait faire de nouvelles choses qui auraient été difficiles, voire impossibles, auparavant. Aujourd'hui, si l’on fait un parallèle avec la robotique, la première « killer app » n'a toujours pas été inventée. Robopolis travaille sur cette idée et conçoit des jeux avec des robots en utilisant la réalité augmentée. Le projet du Roboticien étant un exemple de ce que la société de Bruno Bonnell prépare… Créer cette première application ludique qui va faire exploser le marché de la robotique familiale, c'est compliqué. Il existe énormément de contraintes à prendre en considération. D'abord, l'achat : un robot coûte tout de suite 300 ou 500 euros. De plus, les premiers jeux risquent de paraître un peu basiques et ne plairont qu'aux « early-adopters » et autres

geeks. Ils ne seront pas à la portée de tout le monde. Robopolis travaille donc maintenant sur des prototypes de robots qui permettront aux joueurs ordinaires de simuler des jeux virtuellement et pleinement ludiques en tenant compte du budget et des avancées de la robotique dans ces prochains mois. UNE FUTURE BOUTIQUE ROBOPOLIS ? En 2003, une première boutique Robopolis fut ouverte à Paris mais fermée lors du déménagement du siège social de Robopolis à Lyon. Bruno Bonnell nous a confié que la stratégie d'un magasin réel ne collait pas forcément avec l'idée d'une distribution à grande échelle. Par contre, un showroom où les curieux pourront voir évoluer les robots avant de décider de leur achat est peutêtre de nouveau envisageable à Paris. ON PREND RENDEZ-VOUS DANS 10 ANS D'ici une décennie, la vie sociale va évoluer et se transformer avec l'aide de la robotique, un peu à la manière dont l'informatique nous a accompagnés durant ces dernières années. Nous prenons donc congé de Bruno Bonnell en donnant rendez-vous dans dix ans afin de voir comment tout cela a bien pu tourner. Mais nous risquons de le rencontrer à nouveau bien avant cette échéance. ■Frédéric Boisdron

INFOGRAMES EN QUELQUES MOTS Infogrames est une société française d'édition et de distribution de jeux vidéo fondée en 1983 par Bruno Bonnell et Christophe Sapet. La société a été à l'origine de nombreux succès misant très souvent sur des portages ludiques de licences à grands noms comme Tintin, Spirou ou même Bobo. Infogrames entre au second marché de la Bourse de Paris en 1993. En 2006, l’entreprise comptait près de 1000 employés. Au fil des années de croissance, elle a acquis de nombreuses sociétés comme Ocean Software, Gremlin, Accolade, GT Interactive, Paradigm, Hasbro Interactive et Shiny Entertainment. Enfin, en 2003, la société se renomme Atari, afin de pénétrer le marché américain grâce à un nom déjà connu outre-Atlantique. Bruno Bonnell quitte son siège de P-D G en 2007…


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ROBOPOLIS EN QUELQUES MOTS En 2000, Jérôme Damelincourt propose son blog d'actualité Vie artificielle sur Internet. Au vu de son succès, il fonde Robopolis en 2003, par le biais de la première boutique dédiée à la robotique en France. Un site de vente en ligne est créé immédiatement sur la toile

(http://www.robopolis.com). Dès 2005, Robopolis génère un million d'euros de chiffre d'affaires et devient le revendeur officiel de la marque iRobot en France. C'est donc en 2006 que Bruno Bonnell reprend la société et lui donne tout de suite un caractère européen.

Cette année, elle fête la création de Robopolis Asia (en Corée) et se place dans la course aux logiciels pour robots. Robopolis devrait atteindre un chiffre d'affaires de plus de huit millions d'euros pour cette année 2009.

“Dans une décennie il y a aura des robots dans les écoles, dans la rue, dans les maisons.”

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“ROMEO, un projet européen ambitieux pour la start-up française puisqu’il consiste à concevoir et à produire un robot assistant personnel de 140 cm.”

COMMENT FAIT-ON LES ROBOTS ?

La fabuleuse « success story » de NAO continue en 2009 ! Dans le précédent numéro de Planète Robots, nous évoquions les premiers pas de l’entreprise Aldebaran en 2005, jusqu’à la conception des premiers prototypes — suivie, en 2008, de la première commercialisation de NAO dans le monde de la recherche en robotique. Depuis, plus de quatre cents NAO Academics et RoboCup confondus ont été utilisés à travers le monde… Revenons donc au début de 2009… L’équipe commerciale enchaîne les conférences sur la robotique dans le monde entier. Du Japon à l’Allemagne, de l’Espagne à la Corée en passant par la Pologne, l’Ukraine, le Mexique et les États-Unis, NAO gagne petit à petit en notoriété dans le milieu fermé de la recherche. Afin de propulser NAO sur la scène internationale, l’entreprise augmente considérablement ses effectifs en R&D, mais également en marketing. Aldebaran grossit alors et passe en un an de cinquante salariés à plus de soixante-dix. Et pour répondre aux besoins des chercheurs en robotique, NAO voit ses capacités augmentées du point de vue du software comme du point de vue du hardware. Cette nouvelle mouture porte le nom de NAO V3+ et voit le jour au début de l’été 2009. « Nos liens étroits avec nos clients nous permettent de prendre du recul et de mettre plus facilement le doigt sur ce qui a besoin d’être amélioré ; NAO est un projet global auquel de nombreuses personnes

extérieures à l’entreprise ont agrégé leurs compétences », commente Bruno Maisonnier, le président et le fondateur d’Aldebaran Robotics. DES PROGRÈS FULGURANTS C’est ainsi que les mains du robot deviennent préhensiles et que la calotte située au sommet de son crâne peut désormais détecter l’électricité statique, c'est-à-dire les caresses comme les réprimandes. La reconnaissance vocale fait un bond en avant puisque NAO reconnaît à présent les voix de femmes, plus difficiles à distinguer (puisque plus aiguës) et sait faire abstraction du bruit ambiant. Et en juillet, la RoboCup, compétition mondiale de football pour robots, se révèle une agréable surprise pour tout le monde. Les matchs y sont beaucoup plus rythmés que l’année précédente et de bien meilleure qualité ! On y voit même un NAO gardien de but plonger les bras tendus pour exécuter le premier arrêt

d’anthologie de l’histoire du football robotique. Une partie du team Aldebaran présente sur place en profite pour faire une mémorable parodie de match, à genoux sur le terrain, ses membres déguisés en NAO portant perruque, sous les acclamations de la foule!… Cette édition de la RoboCup a donc permis de constater les efforts de stabilisation accomplis par Aldebaran dans la conception du petit NAO. INTERACTION ET COLLABORATION Non content de posséder des talents de footballeur et d’être un robot de recherche, NAO est également appelé à participer à des projets en collaboration. En effet, au mois de juin, Aldebaran apprend que NAO a remporté l’appel à projet RASPO (Robot pour l’accompagnement scolaire personnalisé) lancé par la Direction générale de la compétitivité, des industries et des services. Avec Paraschool — concepteur de jeux pédagogiques — et deux

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COMMENT FAIT-ON LES ROBOTS ? laboratoires français, Aldebaran dispose de deux ans pour développer une application sur NAO, qui le rendra capable d’apprendre aux enfants de sept à onze ans la géographie ou les mathématiques de manière ludique et interactive. Quel enfant n’a pas rêvé d’avoir un copain robot capable de lui faire apprendre ses leçons ?… Ce projet n’est pas le seul. L’année 2009 est aussi celle du démarrage de ROMEO, un projet européen ambitieux pour la start-up française puisqu’il consiste à concevoir et à produire un robot assistant personnel de 140 cm. Réunissant huit laboratoires et cinq entreprises financés à hauteur de dix millions d’euros par le gouvernement et les collectivités locales sur trois ans, ROMEO va être capable d’aider les personnes âgées ou dépendantes. Aldebaran a donc commencé à travailler sur ce grand frère de NAO en faisant les choix d’architecture logicielle et d’architecture structurelle. NAO SUR TOUS LES FRONTS ! NAO conquiert le monde de la recherche en robotique et fascine toujours autant les fans de robots avides d’en posséder un. Cela fait maintenant quatre ans que la communauté attend la sortie grand public du robot. Le vœu de quelques privilégiés a été exaucé lorsque le premier bêta test français fut lancé auprès des particuliers. Moment historique ! Le nombre de NAO était limité et les candidatures ont afflué par centaines. Trente d’entre eux ont eu la chance d’être sélectionnés pour un bêta test qui a duré quatre mois. Certains ont fait danser NAO, d’autres l’ont programmé pour envoyer des news sur leur propre compte Twitter et les plus audacieux lui ont fait raconter des histoires interactives… (Ce premier contact avec un public non professionnel connut un joli succès, bien que NAO fût encore doté de peu de comportements et fût essentiellement destiné à être programmé, dans cette première phase.) Cette expérience française va donner lieu à un nouveau bêta plus international cette fois-ci, sous la forme d’une série limitée à quelques centaines d’exemplaires du robot. Cela constitue les prémices d’une commercialisation grand public et de l’apparition des robots domestiques dans les familles. NAO va de plus finir l’année en beauté car il a été choisi pour représenter le meilleur de l’innovation fran-

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çaise au Pavillon de la France et au Pavillon de Paris Île-de-France pour l’Exposition universelle de Shanghai 2 010. Plusieurs NAO seront présents dans ces deux pavillons pour divertir le public dans les files d’attente ou exécuter une chorégraphie exceptionnelle à dix au cœur des majestueux édifices érigés à l’occasion de cet événement, qui verront défiler quelque dix millions de visiteurs en six

mois. L’année 2010 sera aussi celle des premiers prototypes de ROMEO, de la précommercialisation de NAO auprès des particuliers — et, symboliquement, celle de l’avènement d’Aldebaran, une entreprise désormais reconnue par son pays et ses pairs du monde entier. ■Marine Fabre


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IREX 2 009 De gauche à droite : HRP-3 Promet MK-II (Kawada, Japon), un robot capable de manier des outils dans des lieux extrêmes - Hello Kitty Robot (Sanrio, Japon), ce robot aux allures du fameux chat est capable d'avoir une conversation presque naturelle avec un enfant - Stand d'Aldebaran Robotics, le seul stand français, présentant le robot humanoïde Nao - Robots de Motoman (Japon), dont la tête factice permet une humanisation du robot. – HAL (Cyberdine, Japon), un exosquelette pour aider à transporter des objets lourds. Déjà en vente.

Tokyo, 25 novembre 2009. L’IREX, le plus grand salon de robotique du monde ouvre ses portes. Depuis 1973, cette manifestation réunit tous les deux ans constructeurs, centres de recherche et clients potentiels de robots en tout genre. Cette année, sur plus de 25 000 mètres carrés, 200 exposants accueillent 110 000 visiteurs pendant quatre jours. Nous vous invitons à y passer une journée pour découvrir la plus grande concentration de robots du monde. IImaginez-vous en train d’arriver chiffonnés à l’aéroport international de Narita après douze heures de vol. Une heure trente de train plus tard, vous rejoignez à la nuit tombée un hôtel Sunroute, réservé habituellement aux hommes d’affaires japonais, pour passer la nuit dans une chambre compacte mais confortable. Puis, au matin, après un rapide petit déjeuner à base de poisson mariné et de tofu, vous

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RIDC-01 (Tmsuk – Japon), ce robot adore vous venir en aide et vide les poubelles quand il ne sait pas quoi faire ! (Cyberdine – Japon), un exosquelette pour aider à transporter des objets lourds. Déjà en vente.

partez pour le salon à pied en suivant des milliers de visiteurs ponctuels. En route ! Ce salon a pris place dans une nouvelle partie de Tokyo, Ariake, qui conjugue déjà le Japon au futur. Traverser ce quartier constitue déjà une découverte. On ne cesse d’être surpris par l’équilibre que les Japonais imposent entre la vie urbaine et le respect de la nature. Ils ont créé de toutes pièces un lieu de vie et de travail d’exception, à partir d’un morceau de terre abandonné au bord de l’océan. Il y a vingt ans, en effet, les faubourgs de Tokyo d’Odaiba et d’Ariake étaient des marécages nauséabonds servant de dépotoirs ménagers et industriels. Les responsables de cette mégalopole de quarante-trois millions d’habitants décidèrent de les transformer en un lieu harmonieux et inspirant. Sacré pari — réussi en quelques années —, qui démontre la détermination du pays à se tourner vers l’avenir.

UN MONDE NOUVEAU En lieu et place des détritus s’érigent désormais des bâtiments futuristes comme les pyramides inversées du Telecom Center ou la sphère du Fuji Television Building, célèbre depuis la sortie du film de science-fiction Contact, avec Jody Foster. Un monorail glisse silencieusement entre les grues qui ne cessent de s’activer pour compléter le puzzle urbain. De nombreux hôtels aux lignes modernes bordent un parc arboré aux essences variées, mais peuplé de distributeurs automatiques et de sculptures en métal. Comme il est interdit de fumer à plus de dix mètres d’un cendrier, des groupes d’hommes en costumes sombres se retrouvent autour de poteaux en acier pour griller silencieusement des cigarettes. Des autoroutes et de larges avenues piétonnes quadrillent la zone et facilitent le transit de millions de personnes vers des tours de verre ou les portes du centre d’exposition Big Sight, qui abrite la plupart des grands salons japonais. Un flot continu d’hommes d’affaires sortent des stations de métro pour s’engouffrer dans les vastes halls d’accueil dans une chorégraphie étourdissante, mais sans aucune fausse note. Symbole du lieu, Panasonic a implanté à Ariake son principal centre de démonstration, le Panasonic Center. Cet espace, ouvert à tous et gratuit, présente au grand public les dernières innovations technologiques du groupe et recueille les commentaires sur des tablettes électroniques prêtées aux visiteurs. On y trouve, pêle-mêle, les plus grands écrans plasma du monde, des téléphones ultracompacts, des ampoules à la consommation d’une luciole ou des jeux vidéo en 3D. Mais le plus intéressant reste l’observation des consommateurs, qui découvrent et manipulent ces merveilles de technologie. Un groupe scolaire en costume- cravate ou jupe plissée plaisante autour d’un hologramme sans paraître étonné.


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“La robotique serait-elle un des rares secteurs épargnés par la crise économiques ?” Une personne en kimono traditionnel joue avec une petite caméra à projecteur haute définition en filmant des origamis, papiers colorés et pliés en forme de papillon. Une famille décontractée dont la fille est en tenue kawai fait patiemment la queue pour visiter l’Eco Ideas House, maison modèle idéale construite pour rester entièrement neutre en matière de consommation de carbone. Le centre est d’ailleurs lui-même alimenté en énergie par le soleil et récupère les eaux de pluie pour laver ses baies vitrées géantes et son circuit de toilettes. Une hôtesse rappelle régulièrement que tout est géré par un cerveau électronique qui s’adapte aux conditions atmosphériques et prend des décisions en conséquence. Une sorte de robot géant, ditelle en souriant timidement et baissant les yeux. Avant d’aller à l’IREX, cette rapide balade à travers Ariake aide à comprendre que l’environnement, les infrastructures et les mentalités sont prêts au Japon pour une intégration naturelle de la robotique. Bonne mise en bouche ! ENTRONS DANS LA DANSE ! La foule qui se presse à l’entrée du salon est organisée et les files d’attente passent silencieusement devant des gardiens qui n’ont rien à envier aux patients soldats qui gardent Buckingham Palace à Londres. Il est simplement impossible de les dérider et il faut se contenter d’imperceptibles hochements de tête pour comprendre qu’on est invité à entrer dans le temple de la robotique. Une fois à l’intérieur, l’ambiance est bien différente : sur des stands bariolés attendent de pied ferme des animateurs en costume strict ou en blouson, portant les couleurs de leurs entreprises. Ils ont tous à la main des prospectus et des feuilles d’information et n’hésitent pas à proposer leurs services. L’IREX est avant tout un salon professionnel aux objectifs de vente ambitieux et cette pression est là pour le rappeler à chaque visiteur.

service, nom générique maintenant couramment admis pour désigner les robots d’assistance à la personne, d’éducation ou de loisir. Les stands y sont bien plus petits mais non moins actifs et mélangent les prototypes encore reliés par des câbles grossiers à des ordinateurs et des produits finis, prêts pour le grand saut de la commercialisation. La Corée dispose d’un espace spécifique, Premier Korea, où se sont regroupés les fabricants et concepteurs de ce grand pays de la robotique. Une section indépendante présente les Robot Awards, prix récompensant les robots d’élite dans différentes catégories. Ils sont mis en avant sur des plots blancs et sous des projecteurs, comme à une parade aux merveilles. Les flashes des photographes crépitent sur ces bijoux de technologie quand les amateurs et

professionnels envoient sur leurs réseaux sociaux des images en temps réel à leurs amis. Une noria de télévisions filment également en temps réel les mouvements étonnants de ces drôles de systèmes et attrapent au vol les commentaires de journalistes excités. Cette frénésie participe à une impression générale d’activité sans l’ombre d’une crise économique. La robotique serait-elle un des rares secteurs épargnés par la crise économique ? Y A DE LA MARQUE ! En traversant la zone des robots industriels, on reconnaît de nombreux logos, Mitsubishi, Subaru, Kawasaki, SEIKO, Toshiba, NEC… Autant de marques que l’on connaît traditionnellement pour d’autres activités industrielles ou électroniques. Ces grandes compagnies ont À droite : HRP-3 Hiro (Kawada – Kapon), sous ses airs de robots androïdes, il est à classer dans le monde des robots industriels haut de gamme. En bas : F-Robot (Figla – Japon), robot de nettoyage pour des grandes surfaces. Wakamaru (Mitsubishi – Japon)

Les deux tiers du salon sont consacrés a la robotique industrielle. Dans cette section, les allées sont pleines de machines qui sagement répètent des gestes simulant le soudage, la peinture ou le tri d’objets divers. Les organisateurs ont dû imposer des silencieux aux machines car on entend à peine les moteurs, qui s’agitent dans le brouhaha des négociations ou des salutations incessantes. L’autre partie du salon est centrée sur la robotique de

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en fait depuis de nombreuses années diversifié leurs activités et proposent aujourd’hui des robots. Certaines ont d’abord commencé par les produire pour leurs besoins internes, puis ont décidé de les vendre. D’autres constructeurs sont plus spécifiques comme YASKAWA, FANUC ou KAWADA. Ce sont des spécialistes d’installations complexes qui exportent leurs productions dans le monde entier. Néanmoins, d’après un représentant de la Japanese Robot Association, JARA, sur un marché de l’ordre de 600 000 robots industriels installés dans le monde, plus de la moitié se trouvent encore au Japon. Cela explique aussi les performances de productivité de ce pays unique. Il est surprenant de noter que tous ces robots, qui exécutent les tâches les plus dangereuses ou les plus répétitives, s’humanisent de plus en plus. Les simples bras asservis d’un passé récent se développent en véritables torses comme pour le NEXTAGE ou le HIRO de KAWADA. Les concepteurs leur rajoutent parfois des têtes et des visages comme dans le cas des MOTOMAN de YASKAWA. C’est pour une meilleure intégration et plus d’acceptation par le personnel humain dans les usines, disent-ils en riant à pleines dents. Comme pour prouver qu’il n’y a pas que le travail dans la vie d’un robot, certains constructeurs n’ont pas hésité à présenter des robots industriels dansant avec des sabres lasers, récitant une pièce de théâtre nô, ou faisant la cuisine avec un bandana blanc roulé autour de leur front de plastique. C’est bien la maîtrise des mouvements et non la qualité des mises en scène qui est soulignée par ces exemples de la vie courante. On ne peut néanmoins s’empêcher d’imaginer l’intrusion de ces belles mécatroniques dans nos foyers, demain. En quittant la zone industrielle pour le secteur De gauche à droite : – Booktime (Live Plus), un robot qui tourne les pages des livres pour les handicapés - AV-S1 (Subaru, Japon), un robot industriel de nettoyage - Robo Catcher (MechaTraX), un jeu d'arcade robotisée - Le stand Kawasaki Robot

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des robots de service, le nombre impressionnant de stands surprend. Plus de cent boxes serrés et quasiment identiques présentent une foule d’innovations : pièces détachées comme les servomoteurs de FUTABA ou les cartes électroniques de ZMP, robots humanoïdes, robots serveurs, d’exploration terrestre ou sous-marine… Autant de prototypes et de produits finis qui montrent l’étendue des recherches dans ce domaine. Les conversations y sont studieuses, presque méthodiques, et des podiums de démonstration abritent à intervalles réguliers des présentations rigoureuses. Silence — on bosse ! Le gouvernement japonais, ainsi que son homologue coréen, ont effectivement investi dans les dernières années des centaines de millions d’euros pour soutenir l’industrie et ces efforts semblent porter ici leurs fruits. La plupart des sociétés présentes sont activement soutenues par des fonds locaux ou nationaux. La ville d’Osaka, par exemple, est en train de construire un complexe dédié à l’industrie de l’intelligence, qui abritera de nombreuses entreprises de robotique. Ainsi se développe un écosystème de brevets et de technologies qui donnent de l’avance aux Japonais dans ce domaine. À méditer pour notre Vieille Europe, qui doit rester dans cette course.

ROBOTS À GOGO Après quelques minutes de confusion, tant l’offre paraît riche, les robots remarquables se détachent au fil des stands et les plus performants se distinguent. Dans la famille des humanoïdes, le chinois BeRobot, de GeStream Technology, détient le record du monde du plus petit d’entre eux. Il s’agit d’un robot d’une quinzaine de centimètres de haut, entièrement programmable et modulaire, à destination des écoles. Son cousin japonais, le Manoi de Kyosho, allie une rare élégance à des performances d’exception. C’est un sérieux concurrent de notre NAO national (de la société ALDEBARAN), qui est le seul exposant français du salon. Le Viêt Nam est représenté aussi avec TOPIO, un étonnant robot pongiste et un petit frère aux allures de play-boy. Une armada de nouveautés chez Vstone, qui décline sa gamme Robovie et lui adjoint des licences de robots célèbres comme Gundam ! Kondo habille également sa gamme KHR et démontre ses capacités sportives en SoccerBot, l’adaptation du football aux robots. Un nouveau venu, HSW, fait une démonstration de son Jo-Zero aux doigts entièrement articulés. Bien d’autres petits bonshommes de toutes tailles et couleurs, bourrés de capteurs et d’intelligence artificielle peuplent les stands. Cette profusion d’humanoïdes démontre l’intérêt du Japon pour ce type de robots, destinés à assister l’homme dans une société vieillissante. Pour le Japon, le robot n’est pas vu comme un choix, mais comme une nécessité. Du côté des véhicules, la créativité bat aussi son plein. La RoboCar de ZMP est un véhicule miniature sur quatre roues qui simule une voiture autonome et permet d’en programmer


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“Tous ont surtout compris que la France a une carte majeure à jouer dans ce secteur, et veulent relever ce défi international.” les déplacements et réactions : évitement, créneau automatique, navigation autonome… C’est une formidable préfiguration des équipements des automobiles de demain. Les drôles de machines roulantes de la société ASANTE explorent, elles, les zones dangereuses ou difficiles d’accès. Dotées de grosses roues crantées, elles gravissent les obstacles et envoient des images grâce à leur caméra intégrée. Elles savent résister à des températures extrêmes, à l’écrasement et à la radioactivité. Des robots dignes de Koh-Lanta ! QI Inc travaille sur le même type d’application, mais sous l’eau. Leurs véhicules et leurs torpilles plongent et recueillent en toute autonomie des données pour l’exploration minière ou la recherche archéologique. Ces robots savent retrouver des civilisations disparues au fond des mers ou des fuites de pétrole dans les oléoducs. Encore plus spectaculaire, le robot pompier de la société DRB Fatec est un minitank orange qui peut transporter jusqu'à 400 kg de mousses ou poudre antifeu. Il est capable de s’approcher des fournaises dans des milieux hostiles comme les tunnels ou les usines chimiques. Résistant à des températures de plus de 500 degrés pendant plusieurs heures, il se révèle un compagnon efficace des soldats du feu. En ce qui concerne les assistances aux personnes en difficulté, la société CYBERDYNE présente son exosquelette à usage de rééducation qui est déjà utilisé dans des centres spécialisés. Il faut saluer la belle politique de cette entreprise, qui refuse l’utilisation de ses inventions à des fins militaires. La société Live Plus propose pour sa part un robot liseur, BOOKTIME, pour handicapés qui, même immobilisés, peuvent ainsi feuilleter des magazines et ne pas abandonner la communication analogique. D-Art s’est lui spécialisé dans les robots d’assistance aux membres supérieurs avec son ARM ROBOT à but de rééducation ou d’invention de sport nouveau. YANO Laboratory présente des interfaces homme-machine qui s’adaptent aux bras pour piloter des machines porteuses et aider au transport des malades… Cette robotique « au détail » semble également une catégorie pleine d’avenir. Enfin, une série de robots étranges intriguent les visiteurs, dont les regards trahissent la surprise et le doute. EAGER dévoile ses D+ropop, robots top-modèles de carton ondulé, qui s’assemblent pour former des mannequins vivants pour les vitrines de

Au-dessus : RoboCar (ZMP, Japon), petit robot sur 4 roues servant de plateforme de test pour les futures technologies embarquées sur les automobiles - Robot pompier (RDB Fatec), un robot d'assistance aux pompiers. À gauche : D+Ropop (Eager), un robot mannequin en matières recyclées pour animer les devantures des magasins de mode.

mode. Fascinantes créatures qui se meuvent au rythme de la lumière et peuvent mettre en valeur les vêtements de façon dynamique ! Dans un tout autre genre, le ROBOCATCHER de MECHATRAX est un jeu d’arcade dans lequel un robot capricieux ramasse des boules en plastique — mais loin de simplement le manipuler, il faut gérer son caractère. Et le caractère japonais, ce n’est pas si simple… ET LES GAULOIS, DANS TOUT ÇA ? Ces nombreux exemples glanés au fil des stands reflètent l’ambitieuse créativité du secteur robotique au Japon. Elle est chaque année récompensée par les Robot Awards. Pour l’an-

née 2009, les futurs élus seront certainement de très grande qualité au vu de la compétition. À 17 heures précises, les stands arrêtent soudain leur activité et les lumières du salon clignotent pour signaler la fin de la journée. Seule une poignée d’irréductibles terminent une conversation. Ce sont des… Gaulois. L’équipe d’ALDEBARAN boucle en effet son stand en compagnie de la délégation française, en visite au salon. Tous ont partagé leur enthousiasme et ont fait le plein d’idées et de contacts. Tous ont surtout compris que la France a une carte majeure à jouer dans ce secteur, et veulent relever ce défi international. Rendez-vous donc à l’IREX 2 011 autour du stand de la France !

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LEGO MINDSTORMS NXT 2.0

APPRENEZ LA ROBOTIQUE

TOUT EN CONCEVANT

VOS PROPRES ROBOTS !

Dans notre premier numéro, nous vous le recommandions comme cadeau de Noël pour son excellent rapport “potentiel-qualité-prix”. À travers ce dossier, nous allons vous faire découvrir le coffret et l'assemblage complet des robots Mindstorms NXT 2.0 élaborés par le célèbre fabricant danois de briques Lego.

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“Tout y est présent pour débuter et mettre en œuvre vos constructions les plus complexes.” BREF HISTORIQUE Depuis sa création en 1932 et après des innovations majeures comme les gammes de trains Lego (1 966) et de Lego Technics (1 978), c'est tout naturellement que la société se lança dans la robotique en 1998 avec son premier modèle de robot programmable par ordinateur : le Mindstorms RCX (Robotics Command System). En 2006, il a été suivi par le Mindstorms NXT (Next), doté d’une programmation plus aisée grâce à sa nouvelle brique intelligente NXT. Depuis l'été 2009, la gamme que nous allons découvrir ensemble, toujours plus évoluée, est passée au Mindstorms NXT 2.0.

constructions les plus complexes.

DÉCOUVERTE DU COFFRET (RÉFÉRENCE 8547, VERSION FRANÇAISE) Depuis toujours, Lego propose l'essentiel dans ses coffrets, et celui du Mindstorms NXT 2.0 ne déroge pas à la règle. Tout y est présent pour débuter et mettre en œuvre vos

- Deux capteurs tactiles, réagissant à la pression ou à l'arrêt d'une pression.

- À commencer par la brique intelligente NXT, le cerveau de vos robots, basée sur un microprocesseur ARM7 32 bits (RISC), quatre ports d'entrée (capteurs), trois ports de sortie (moteurs), un écran graphique LCD (100 x 64 pixels), une connexion USB et une autre sans fil Bluetooth, ainsi qu'un haut-parleur 8 kHz (sons et parole). - Trois servomoteurs interactifs pour un contrôle précis du robot, avec capteur de rotation intégré pouvant mesurer des incréments d'un degré.

- Un capteur d'ultrasons pour la mesure des distances et des mouvements, mais aussi pour détecter les objets.

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LEGO MINDSTORMS NXT 2.0 taille réelle (échelle 1 h 1) pour les pièces de longueurs différentes sont appréciables. Cependant, certains petits éléments plastiques laissent une impression de fragilité à l'usage. À ce stade, on dispose d'un simple objet, inerte, reste donc à lui donner « vie »…

- Le nouveau capteur de couleur photosensible, détectant différentes couleurs et les variations d'intensité lumineuse (également utilisable comme lampe multicolore). - Toujours plus de Lego Technics pour vos montages, un total de 619 pièces comprenant éléments divers, engrenages, roues, chenilles et pneus, le tout agrémenté d'autocollants décoratifs. - Tous les câbles nécessaires… - Le manuel de l'utilisateur en français, décrivant tous les éléments matériels de la technologie NXT et l'installation logicielle avec configuration et programmation, ainsi que le guide de démarrage rapide de votre premier robot (en trente minutes à peine). - Le CD-ROM d'installation de l'environnement de développement graphique Lego NXT-G, compatible PC (Windows XP ou Vista) et Apple Macintosh (Mac OS X 10.4 ou 10.5, PowerPC et Intel). - Et enfin un tapis « Test Pad » (65 x 100 cm), représentant un terrain d'essais avec trajectoire et différentes cibles de couleurs, destiné à tester vos premières réalisations. Seules manquent au tableau, comme souvent,

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les six piles 1.5 V LR6 (AA). À première vue, l'ensemble paraît soigné et professionnel, misant sur l'ergonomie pour un apprentissage rapide. Les illustrations sont précises et les schémas de montage progressifs, étape par étape, en 3D, colorés et sans textes (comme depuis des décennies chez Lego). Même les explications sur les parties plus techniques, brique intelligente NXT et logiciel, apparaissent simplifiées (les paragraphes vont à l'essentiel), mais jamais sans visuel.

INSTALLATION DU LOGICIEL Le logiciel graphique Lego NXT-G est proposé pour compatible PC (Windows XP ou Vista) et Apple Macintosh (Mac OS X 10.4 ou 10.5, PowerPC et Intel), sans nécessité d'une configuration matérielle musclée. Techniquement, il est basé sur l'environnement de développement d'applications LabVIEW, élaboré par la société américaine National Instruments grâce à un langage de programmation graphique, le langage G. C'est grâce à ce logiciel que vous allez programmer vos robots, d'abord sur ordinateur, puis en transférant vos programmes dans la brique intelligente NXT du robot à l'aide du câble USB ou de la connexion sans fil Bluetooth. Cette installation logicielle est rapide et aisée. Il suffit d'insérer dans le lecteur le CD-ROM du coffret et de double-cliquer sur l'icône « Install », puis de choisir sa langue (français disponible) et de suivre les quelques instructions affichées à l'écran. Une fois l'installation terminée et la machine redémarrée, le logiciel LEGO MINDSTORMS NXT est prêt à l'emploi.

CONSTRUIS TON PREMIER MODÈLE EN TRENTE MINUTES ! Le kit de mise en route « Start here ! », emballé à part dans le coffret et qui sert d'introduction au manuel de l'utilisateur, vous met tout de suite le pied à l'étrier. Voyons si le défi est réaliste, et réalisable pour un novice en robotique… La première étape consiste en l'assemblage — classique — des pièces Lego, expliqué dans onze pages de vingt schémas colorés progressifs, brique intelligente NXT et câblages compris. Le résultat attendu est un minirobot mobile sur chenilles, utilisant les trois servomoteurs. Soyons précis, le montage complet à lui seul a nécessité trente-cinq minutes, en n'oubliant pas d'insérer au préalable les six piles LR6 dans la brique NXT… Les dessins à

ZOOM SUR LE LOGICIEL L'application se présente sous la forme d'une interface intuitive, entièrement graphique et programmable par « drag-and-drop » (glisserdéposer) des icônes ou des objets à manipuler, idéale pour les débutants. Une aide supplémentaire est également disponible à tout moment sur chaque écran. Au centre de l'écran d'accueil, vous pouvez découvrir l'environnement LEGO MINDSTORMS NXT à l'aide du guide de mise en route ou de la présentation du logiciel, le tout de façon interactive. La partie droite de l'écran principal vous propose le panel « Robo Center ». Cette section est destinée à vous guider — pas à pas — dans le montage complet et dans les premiers tests de programmation des quatre types de modèles de robots


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réalisables avec les pièces du coffret Mindstorms NXT 2.0 : véhicules, animaux, machines et humanoïdes. Agrémentée d'un zoom, la version écran des schémas de montage est aussi conviviale que la version papier. La barre verticale de gauche vous propose, sous forme d'icônes colorées, l'ensemble des objets et actions nécessaires à la conception de vos programmes. Vous pouvez alors, soit créer un nouveau programme, soit ouvrir un programme récent (partie basse de l'écran principal). Le menu traditionnel du haut de l'écran vous permet, quant à lui, de créer, ouvrir et enregistrer vos projets, mais aussi de couper, copier, coller ou annuler vos actions d'édition. En résumé, vous concevez graphiquement vos programmes en « glissant-déposant » les icônes nécessaires de gauche sur la partie centrale de l'écran. Chaque icône représente une action sous forme d'objet à paramétrer à l'aide de propriétés (partie basse de l'écran) : mouvements, directions, rotations, angles, durées, toucher, couleurs, sons… Le tout se

Logiciel LEGO MINDSTORMS NXT

dessine de façon linéaire et séquentielle à l'écran — ou en parallèle — aussi bien pour les moteurs à programmer (A, B, C) que pour les capteurs à configurer (1, 2, 3, 4). En définitive, cette technique rappelle le langage Grafcet des automates programmables industriels. À l'usage, on verra que le logiciel grand public de Lego peut être aussi puissant que ceux des industriels.

PREMIERS TESTS DE PROGRAMMATION

Pour des premiers pas en programmation, le plus simple est de choisir l'option « Démarrage rapide » dans la section « Véhicules » du panel « Robo Center » (partie droite de l'écran principal). Cette option propose de compléter notre précédent kit de mise en route rapide avec un « RoboLanceur » de surveillance. À ce stade, il suffit de suivre les différentes étapes dans l'ordre préconisé par le logiciel…

1. Base de conduite Cette première étape va permettre de programmer votre robot pour des mouvements d'avancée et de recul. Le guide de montage reprend simplement l'ensemble des schémas d'assemblage du kit de mise en route (voir plus haut). Le guide de programmation vous explique ensuite, pas à pas, la programmation graphique des mouvements du robot : cinq tours de roue en avant, puis cinq tours de roue en arrière. Créez alors un nouveau programme (« Base de conduite ») et suivez le guide jusqu'au téléchargement de la brique NXT (allumée) via le câble USB raccordant l'ordinateur au robot. Le téléchargement terminé, le guide de test vous permet de vérifier les actions à effectuer par le robot. Au niveau de la brique NXT, déroulez alors les menus « My Files/Software files/Base de conduite », posez au sol votre robot (après l'avoir débranché de l'ordinateur !) et cliquez sur « Run ». Le tour est joué ! Cinq tours de roue en avant, cinq tours de roue en arrière — vous avez mis en service votre premier programme LEGO MINDSTORMS NXT.

2. Détection de couleur Cette seconde étape va compléter votre « RoboLanceur » et lui permettre de détecter les couleurs sur la planche de test. Comme précédemment, le guide de montage vous explique comment raccorder le capteur de couleur au robot, en seulement quatre schémas. Mais cette fois-ci uniquement à l'écran, non plus sur papier, économie et écologie obligent. Le guide de programmation vous aide ensuite, sur dix écrans, à développer le nouveau défi du robot : avancer, trouver la ligne rouge, faire demi-tour et revenir à sa position de départ. Créez alors le nouveau programme « Détection de couleur » et suivez le guide, pas à pas, jusqu'au téléchargement de la brique NXT via le câble USB. Vérifiez les actions à effectuer par le robot à l'aide du guide de test, puis exécutez le programme au niveau de la brique NXT (menus « My Files/Software files/Détection de couleur/Run »). Si tout se passe comme prévu, votre robot est maintenant capable de rouler jusqu'à une zone de couleur rouge et de revenir…

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LEGO MINDSTORMS NXT 2.0 À PROPOS DE LA BRIQUE NXT La brique intelligente NXT est le véritable cerveau de vos robots, architecturée autour d'un puissant microprocesseur ARM7 32 bits (RISC). Après téléchargement via sa connexion USB, ou en sans fil Bluetooth, elle héberge les programmes conçus à l'aide du logiciel Lego. Cette brique est incroyable de simplicité, rappelant les premiers iPod blancs à molette. Quatre boutons (pour vous déplacer dans les menus affichés sur l'écran LCD) permettent de configurer la brique mais surtout de sélectionner les programmes à exécuter (ou de les supprimer). Une option propose même de créer des programmes directement sur la brique. Elle est également la source d'énergie du robot (moteurs et capteurs) et accueille les six piles 1.5 V LR6. Elle possède un haut-parleur permettant de jouer des sons ou encore de donner de la voix à vos robots. Ses trois sorties (numérotées A, B et C) servent à envoyer les ordres aux servomoteurs branchés, avec une extrême précision. Tandis que ses quatre entrées (numérotées 1, 2, 3 et 4) servent à recevoir les ordres des capteurs raccordés (tactiles, ultrasons, couleurs, lumières…). Le manuel de l'utilisateur vous présente largement la brique intelligente NXT, notamment la possibilité d'en connecter plusieurs entre elles par Bluetooth ! De quoi réaliser vos projets robotiques les plus fous… BILAN DE CETTE DÉCOUVERTE Trois éléments essentiels du coffret Mindstorms NXT 2.0 font sa force : la richesse des 619 pièces de type Lego Technics, la simplicité de la brique intelligente NXT et enfin, l'ergonomie et la puissance du logiciel graphique Lego NXT-G. Les limites de vos constructions sont repoussées à l'infini par la combinaison de plusieurs briques NXT et par les centaines de milliers de briques qui figurent au catalogue Lego. Ce coffret de démarrage et ses quatre modèles proposés vous permettent de découvrir tous les rouages de la robotique, des véhicules robotisés aux robots humanoïdes — cela à moins de 300 euros TTC. L'ensemble de l'apprentissage se trouve faci-

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lité par le manuel de l'utilisateur, décrivant clairement et simplement tous les éléments de la technologie NXT et de son logiciel de développement. En seulement quelques heures, chacun peut assembler son premier robot, le programmer et le tester, guidé étape par étape. Le tout paraît très professionnel, les mouvements sont précis et les robots Mindstorms NXT 2.0 sont bien plus que des jouets. Même les couleurs choisies donnent du sérieux à l'ensemble. Avec un brin d'imagination et un budget minimum, de véritables projets peuvent voir le jour, ne serait-ce que pour élaborer de nouveaux prototypes. Pour aller encore plus loin, le portail officiel http://mindstorms.lego.com vous offre déjà des centaines de photos, vidéos, sons, montages et programmes à télécharger, mais aussi des aides en ligne et des challenges. À suivre… ■Sébastien Jeudy Remerciements à LEGO France SA. Et encore : Robot Lego sur YouTube !


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Entretien

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QUESTIONS POSÉES À

ERWANN LAVAREC PRÉSIDENT DE WANY ROBOTICS

Il est à l'origine de la création d’une des entreprises pionnières de la robotique française. Voilà plus de dix ans que Wany Robotics révolutionne ce petit monde et s'évertue à faire sortir les robots des laboratoires pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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Planète Robots : Comment l'idée de concevoir les robots mobiles Pekee et PekeeII vous est-elle venue ? Erwann Lavarec : L'idée m'est venue à Montpellier durant mes années de doctorat en robotique au sein du LIRMM, un laboratoire du CNRS. Je me suis rendu compte des difficultés que devaient surmonter les chercheurs lorsqu’ils voulaient passer d’une hypothèse scientifique à une utilisation en conditions réelles sur un robot mobile. Ils devaient alors fabriquer leurs propres machines. Ce travail nécessitait un temps considérable. C'est pour remédier à cela que nous avons conçu Pekee, un robot mobile « standardisé » et livré avec tous les logiciels nécessaires à sa programmation. En utilisant ce type de matériel, les chercheurs parvenaient plus facilement et plus rapidement à des résultats scientifiques exploitables. P.R. : Je crois savoir que les chercheurs ne sont pas les seuls utilisateurs de vos robots… Est-ce vrai ? E.L. : Oui, c’est vrai. Le robot Pekee a eu très tôt la vocation de servir dans l'enseignement, afin d'augmenter l'attractivité des travaux pratiques dans diverses matières (automatique, informatique industrielle, électronique et robotique mobile — bien entendu). Les étudiants peuvent alors mettre en application les concepts théoriques qu'ils ont appris. C'est très motivant de voir un robot mobile se déplacer en utilisant le programme informatique que l'on vient juste de réaliser ! Cela n’a pas échappé aux enseignants de ces matières technologiques. L’usage d’un robot mobile, quel qu’il soit — et d’un robot Pekee en particulier —, agrémente l’ordinaire de ces enseignements et permet de créer la première étincelle d’une passion chez les étudiants.

robotique mobile, le premier à pouvoir embarquer une caméra et une connexion WiFi à ce niveau de prix et dans des dimensions aussi réduites. Pour la seconde génération, nous avons décidé de faire encore mieux et de repartir de zéro, en tenant compte en priorité des propositions d’amélioration et des critiques des utilisateurs. Deux grands axes se sont imposés : le nouveau robot devait pouvoir utiliser de nombreux équipements différents et être en mesure d'évoluer facilement avec les futures technologies. PekeeII peut donc recevoir de nouveaux accessoires comme des capteurs, des batteries ou encore un ordinateur embarqué plus performant. Je crois bien que c’est la première fois que l’on voit ce genre de facilités sur un robot mobile… P.R. : Vous dites disposer de plusieurs millions de configurations possibles, c’est incroyable ! Comment la fabrication de ces robots, tous différents, s'organise-t-elle ? E.L. : Oui, c’est assez incroyable ! Avec tous les différents accessoires disponibles, nous avons déjà à disposition plus de 268 millions de configurations possibles. Il faut savoir que le robot PekeeII a été conçu pour être assemblé à partir de divers modules, composés de pièces plastiques, métalliques ou de cartes électroniques. Nous les assemblons lors de la fabrication du robot. L’expertise industrielle acquise au cours des dernières années par Wany Robotics nous permet aujourd’hui de suivre un modèle de fabrication très proche de celui qui a valu son succès à Dell. Nous ne commençons à assembler les divers modules qu’au moment de la réception de la com-

P.R. : Dix ans de Pekee, déjà ! En quoi PekeeII est-il différent du Pekee de la première génération ? E.L. : La conception, la fabrication en volume et la commercialisation des premières générations du robot mobile Pekee furent une très belle aventure. Le CNRS et l’INRIA, sans oublier le ministère de la Recherche, nous ont énormément soutenus. Avec leur aide, le premier robot Pekee a été un précurseur de la

WANY ROBOTICS EN DIX DATES >> 1 995. Premières idées de robots autonomes et premiers prototypes.

1 999. La première génération de robots Pekee prend forme dans les locaux du LIRMM (Laboratoire d'Informatique et de Microélectronique de Montpellier).

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Entretien

mande. PekeeII est prévu pour pouvoir être fabriqué en petite série, à la demande — ou bien si nécessaire en grande série, comme n'importe quel produit électronique. P. R : Y a-t-il justement des débouchés pour PekeeII auprès du grand public ? E.L. : PekeeII est une plate-forme destinée à un public d'experts. Le grand public n'est donc pas concerné. En revanche, les technologies et les savoir-faire que notre société a développés pour PekeeII peuvent servir pour la conception et la fabrication de robots de service à usage professionnel ou grand public. Nous avons d’ailleurs une activité R&D très intense sur le sujet. Nous nous impliquons également dans des consortiums scientifiques français et européens. P.R. : En resterez-vous aux robots à roues ou êtes-vous prêts à tenter la grande aventure humanoïde ? E.L. : Le potentiel affectif des robots humanoïdes est indéniable et peut jouer un rôle déterminant dans l'acceptation des robots par la société. À mon avis, les robots humanoïdes finiront à terme par devenir incontournables lorsque l’on arrivera à les rendre capables de se déplacer de manière suffisamment fiable et de manipuler des objets avec célérité et précision (cela avec une autonomie de plusieurs heures). Les applications seront alors incroyables ! Le marché de la robotique risque d’exploser et de devenir vertigineux… Sans cela, malheureusement, un robot humanoïde restera un bel objet mais ne parviendra pas à acquérir une utilité ayant suffisamment de valeur ajoutée. Il apparaît pour le moment déjà très complexe de faire évoluer de manière totalement autonome, fiable et sûre un robot à roues dans un environnement humain. Cela se révèle bien plus difficile pour un robot humanoïde. Il y a encore beaucoup

d’étapes scientifiques et technologiques à franchir pour l’ensemble de la communauté. Les experts s'accordent à dire qu'en dehors de quelques automates — jouets ou gadgets de luxe —, la robotique humanoïde risque de rester cantonnée aux laboratoires assez longtemps encore, principalement à cause de la complexité et du coût de ces robots. Cela ne diminue en rien l’obligation, pour nous comme pour autant d'industriels et de chercheurs que possible, de travailler sur cette discipline pour préparer l'avenir. P. R : Davantage de robots à venir, donc ? E.L. : Oui, c’est d’ailleurs très excitant !… Il faut savoir que nous sortons une nouvelle option pour le robot PekeeII tous les trimestres. Nous continuons aussi le développement de notre gamme de robots scientifiques et pédagogiques. À terme, nous proposerons une gamme complète de robots mobiles de différentes tailles avec des capacités différentes et se complémentant. Il s’agit pour nous d’un segment de marché historique auquel nous sommes et resterons toujours très attachés. La famille des Pekee va s'agrandir avec la sortie prochaine d'un modèle plus petit, plus rapide, offrant la possibilité de faire de la robotique en essaim (une meute de robots vifs et rapides travaillant en équipe), puis celle d’un modèle pouvant porter des charges avoisinant les cent kilos et évoluant à l'extérieur. Des robots de services pour les professionnels ou le grand public se trouvent également en cours de préparation, mais je ne veux pas en dire plus pour le moment car cela dépendra principalement de la vitesse à laquelle nous trouverons nos partenaires industriels et financiers pour ce segment de marché. P.R. : En parlant d'avenir, justement, pourriezvous, pour conclure, nous faire partager votre vision de la robotique de demain ?

E.L. : Je suis optimiste car j’ai l’impression que les progrès de la robotique grand public sont en train de s’accélérer. J’y vois un signe précurseur : l’utilisation des robots par le plus grand nombre est imminente ! Et se profilent plusieurs phases business très intéressantes… Dans la première, celle qui a déjà commencé et qui va continuer encore quelques années, les robots arrivent sur le marché de manière presque naturelle. Ce processus, une fois amorcé, peut devenir irréversible. Connaissezvous beaucoup de bricoleurs qui n’ont pas de perceuse électrique ? Les chignoles de jadis ont quasiment disparu car pour faire des trous dans les murs, rien n’est plus pratique qu’une bonne perceuse. Ces progrès technologiques ne constituaient que des progrès « mécaniques » et les machines n’avaient pas besoin d’« autonomie de comportement » particulière pour nous rendre le service que nous en attendions… Grâce aux progrès de la robotique qui apportent un minimum d’« autonomie de comportement » aux machines, vous n’avez aujourd’hui plus besoin de tondre votre pelouse tous les quinze jours ou de nettoyer votre piscine toutes les semaines. Imaginez que cela fonctionne de manière totalement automatique avec des machines abordables. Vous trouverez cela très pratique et risquez de ne plus pouvoir vous en passer ! Même si le grand public n’y verra qu’une tondeuse et un aspirateur « automatiques », il s’agira en fait de véritables robots dignes de ce nom. Comme vous le savez, ces derniers sont arrivés récemment sur le marché et génèrent des revenus de plus en plus importants dans le monde. Au fil des générations, ces appareils vont se moderniser jusqu’à devenir complètements autonomes dans leurs missions. Les revenus financeront l’amélioration des technologies utiles à ces machines, qui deviendront ainsi de plus en plus performantes et abordables. Les

suite WANY ROBOTICS EN DIX DATES Octobre 2000. Erwann Lavarec remporte le concours national de création d'entreprises de technologies innovantes. La société Wany Robotics est officiellement créée et effectue sa première levée de fonds. Le brevet du télémètre le moins cher du monde est déposé par Erwann Lavarec.

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2 001. Le robot Pekee commence à être utilisé par des chercheurs et des enseignants dans toute la France. Wany Robotics partage son expertise et son savoir-faire technologique en concevant de nouveaux produits pour les plus grandes marques de jouets.

2 002. Alien et TargetBot sont les premiers produits grand public intégrant des algorithmes et des télémètres infrarouges conçus par Wany Robotics. Ce sont les premiers jouets réellement intelligents.

2 003. Une navigation efficace pour les robots aspirateurs est développée et brevetée par la société Wany Robotics.


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“La famille des Pekee va s'agrandir avec la sortie prochaine d'un modèle plus petit, plus rapide.” technologies qui vont ainsi progresser en qualité (performance et coûts de fabrication) permettront aux robots de se déplacer de mieux en mieux dans les environnements humains. Nous verrons ainsi apparaître de plus en plus de petits robots capables d'exécuter chacun une mission bien particulière (nettoyage des surfaces, surveillance, évacuation de la neige, etc.). Plus compliqués ou plus sophistiqués, ils coûteraient dans un premier temps bien trop cher pour être économiquement viables. Tout au contraire, l’« autonomie de déplacement » ainsi banalisée se révélera la brique technologique déterminante, dans le sens où elle sera indispensable à tous les autres robots mobiles, y compris les robots humanoïdes. Les cinq autres briques technologiques indispensables à la robotique de service sont des technologies déjà banalisées grâce au monde des PC. Il s’agit de la communication par WiFi ou 3G, de la puissance de calcul des ordinateurs embarqués, de l’autonomie des batteries, du traitement des images et de celui de la parole. L’essor de ladite « autonomie de déplacement » associée à la baisse des coûts de l’informatique permettra l’intervention de la deuxième phase du marché. Les robots — alors économiquement viables et capables de se déplacer correctement — vont donner naissance à une nouvelle génération dont le périmètre marketing les amènera à bénéficier d’ajouts de fonctionnalités et à collaborer. Les revenus engendrés par les générations précédentes vont alors permettre aussi de baisser le coût des systèmes de manipulation d'objets. C’est ce qui marquera la deuxième phase… Les robots capables de manipuler les objets pourront, grâce aux progrès de cette fonctionnalité, s’affirmer de plus en plus polyvalents. Il sera alors possible de demander à des robots

2 004. Wany Robotics présente Ralphy, son premier robot de téléprésence utilisant la WiFi. Les premiers robots grand public dotés de fonctionnalités comparables n'arriveront sur le marché qu'en 2008.

de mettre la table, de faire le repas, de sortir les poubelles, etc. Surviendra alors la troisième phase de l’évolution du business de la robotique : pour mutualiser les coûts des différentes briques technologiques nécessaires, la tendance évoluera ensuite vers l’intégration de la plupart d’entre elles sur un même robot. Les robots deviendront multifonctions pour des raisons économiques naturelles. Le robot universel évoluant parmi nous sera né ! Dans ce contexte, le robot humanoïde sera très certainement la vedette d'un marché devenu colossal et toutes sortes d’automates cohabiteront avec nous comme nous cohabitons aujourd’hui avec des machines comme les ordinateurs, les voitures et les… lave-vaisselle ! ■Frédéric Boisdron

2 005. Pekee évolue et son équipement s'améliore (webcam, WiFi…).

UNE APPROCHE “COLLABORATIVE” DE LA ROBOTIQUE Wany Robotics s'implique activement dans divers groupements œuvrant en faveur du développement de la robotique. La société est membre des organisations suivantes… SYROBO. Syndicat de la robotique personnelle et de services. Organisation regroupant des acteurs industriels et scientifiques de la robotique pour favoriser l'information, la communication et augmenter la visibilité du secteur. (www.syrobo.org) CAP ROBOTIQUE. Communauté ayant pour objectif de faire émerger le secteur de la robotique et des objets communicants. Ce groupement dépend du cluster Cap Digital Paris Région. (www.caprobotique.com) GDR ROBOTIQUE. Groupement de recherche mis en place par le CNRS en 2007, dont le but est d'animer et de structurer la communauté scientifique — et de promouvoir, faciliter et dynamiser les échanges entre recherche et industrie. (www.gdr-robotique.fr) Wany Robotics participe également depuis plusieurs années à des projets de recherche sous l'égide de l'Agence nationale pour la recherche et de la Commission européenne.

2 007. Wany Robotics aide la société Meccano à concevoir et à produire sa gamme de produits robotiques Spykee.

2 009. Wany lance PekeeII, nouvelle génération de platesformes de robotique mobile scientifique et expérimentale.

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Work in progress

Pourquoi l'Homme veut-il à tout prix concevoir quelque chose qui lui ressemble ? Nous sommes confrontés à une véritable question d’éthique : les robots doivent-ils adopter notre apparence ? Si c’est pour exécuter les mêmes gestes et opérations que les humains, la réponse est naturellement oui. Les développements en cours démontrent toutefois que l'efficacité des robots humanoïdes confrontés à une situation inconnue reste encore à approfondir… Récit d'une vision utopiste.

Un peu de vocabulaire… Humanoïde. Ce terme évoque principalement la bipédie. Androïde. Robot humanoïde qui est construit, stricto sensu, à l'image de l'Homme. Cyborg. Robot androïde qui possède la même organisation et la même logique qu'un être vivant. En général, un cyborg est représenté comme un être composé de parties vivantes et d’éléments mécaniques.

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ROBOTIQUE HUMANOÏDE

LA BONNE STRATÉGIE ?

LES ASIATIQUES, « CHAMPIONS » DES HUMANOÏDES ? Une chose est sûre, ils ont tendance à développer très fortement ce côté « humain » et ne possèdent pas les mêmes codes que les Anglo-Saxons. Ils n'ont pas peur, par exemple, d’être anéantis et remplacés définitivement par les robots — une terreur (irraisonnée ?) que manifestent parfois les Européens par le biais du cinéma. Ils montrent bien au contraire un grand enthousiasme devant l’émergence de ces nouvelles créatures. Si des humanoïdes se contentent d'imiter la forme humaine, dans certains laboratoires, on reproduit le plus finement possible les caractéristiques de l’homme. Ces robots sont appelés des androïdes. Le professeur Ishiguro, de l'université d'Osaka, en est la meilleure preuve : le Repliee Q1Expo qu'il a conçu imite à merveille l'apparence d'une hôtesse d'accueil. Tout y est : visage, expression, mouve-

ments des lèvres, sourcillements, et même présence de nerfs sous la surface de la peau. Grâce à des capteurs tactiles placés sous le silicone flexible (qui fait office d'épiderme), le robot réagit aux différentes pressions exercées sur sa « peau » (aux pincements, par exemple). Elle (on en vient même à parler de ce robot au féminin, tellement il semble réel !) bouge ses mains comme vous et moi. Repliee est même capable de répondre à ses interlocuteurs. Comment tout cela fonctionne-t-il ? L'astuce réside dans un puissant ordinateur relié au robot. En effet, pour programmer ses émotions, un ordinateur analyse les « sensations » perçues par la machine et réagit en conséquence. En outre, une analyse vocale est effectuée en permanence et l'ordinateur renvoie en synthèse vocale les phrases-types pour que Repliee réponde de manière à peu près naturelle. Si bien que nos semblables (comme Hiroshi Ishiguro en a fait la démonstration), après une

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Work in progress

courte conversation avec Repliee, oublient qu'ils devisent avec un robot ! MAIS ALORS — ILS SONT VRAIMENT EN AVANCE ? En ce qui concerne leur aspect, la ressemblance est frappante, mais ce seront les algorithmes — très complexes — qui feront la différence et permettront à un robot de cette taille de devenir parfaitement « autonome ». Mais il lui manque aussi quelque chose d’important : la faculté de se déplacer sur deux jambes ! La plupart des vidéos disponibles sur Internet et des projets en cours dans ce domaine ne montrent que des scénarios préétablis ; ces robots ne sont en aucun cas capables de réagir au quart de tour à une situation inopinée. Pourtant, ils figurent incontestablement en pole position dans le domaine. De nombreuses compétitions sont organisées dans ce cadre pour développer la robotique humanoïde. Les Asiatiques sont en effet fascinés par cet aspect de la robotique. D’ailleurs, après les J.O. de Pékin en 2008, les Chinois ont voulu revivre cet événement — mais par l’intermédiaire de robots ! Effectivement, la Chine accueillera durant l’été prochain ses premiers jeux Olympiques réser-

Tout le monde a déjà vu un robot humanoïde… On peut citer, dans le genre, Asimo, Nao ou encore Robonova. Ces robots imitent la bipédie humaine: ils sont pourvus de deux jambes, de deux bras, d'une tête et d'un buste qui relie le tout. Nao, avec sa petite taille, attire notre curiosité avec sa tête de forme ovale et ses diodes luminescentes: on le prend au premier abord pour un jouet. Mais quand on l’observe plus en détail, sa gestuelle et ses expressions finissent par intriguer car il imite à la perfection notre manière de nous exprimer. Asimo, lui, est véritablement impressionnant dans les vidéos qui circulent sur Internet! On le voit courir, danser ou encore grimper des escaliers sans difficulté. Mais est-il capable de reproduire tous ces gestes dans des environnements inconnus? Une marche de travers ou un obstacle inattendu placés devant lui ne le gêneraient-il pas dans sa progression?

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“La Chine accueillera durant l’été prochain ses premiers jeux Olympiques réservés aux robots humanoïdes.”

Rollin' Justin aime à préparer votre thé — le robot d'aide à la personne japonais Twendy One. vés aux robots humanoïdes. L'Institut des technologies de l'université de Harbin, capitale de l'ex-Mandchourie située au nord-est de Pékin, espère en effet accueillir des robots issus d'une centaine d'universités du monde entier qui devraient s’affronter dans seize épreuves différentes (comme l'athlétisme et le football, mais aussi — plus surprenant — le nettoyage, la danse et même le combat). Pour être admis, les robots devront arborer une forme humaine (avec deux bras, deux jambes et… aucune roue). La date exacte n'a pas encore été fixée car les organisateurs recherchent encore des sponsors. Cet événement ne sera pas le seul et devra faire face à une concurrence féroce. En effet, la Californie accueillera fin avril les RoboGames. Ce tournoi possède une catégorie « humanoïdes » dans laquelle seront proposées des épreuves de kung-fu, d’alpinisme, de marche, de course à pied, de golf, de course d'obsta-

cles ou encore de sumo. Un peu plus tard, ce sera le retour de la RoboCup, à Singapour. Le principe de cet événement est simple : des robots disputent une coupe du monde de football dans différentes catégories. Leur but : battre un jour une équipe humaine (résultat prévu pour 2 050 !). À l'instar des Asiatiques, les Européens et les Américains se sont plutôt concentrés (pour le moment) sur des robots de taille inférieure mais dotés de degrés de liberté supérieurs (bénéficiant donc de plus de possibilités de mouvement) et sur un aspect fondamental : l'autonomie ! C'est super d'avoir un robot qui ressemble à un être humain mais qu’en est-il vraiment de sa nature d'humanoïde s'il n'est pas capable d'interagir de manière autonome avec son entourage ! Toutefois, les entreprises occidentales se focalisent plus particulièrement sur des robots fonctionnels comme le Roomba. Ce n'est pas un humanoïde qui

s’empare de votre dépoussiéreur préféré, mais il se révèle pourtant bien plus efficace qu'un Asimo qui manipulerait votre aspirateur… Du moins pour le moment ! CES ROBOTS SERONT-ILS CAPABLES DE NOUS AIDER ? Longtemps, les roboticiens ont pensé qu'il fallait concevoir un robot avec énormément d'algorithmes. Mais la progression des connaissances nous montre que le corps dudit robot, sa forme, son mode de déplacement — toute sa partie mécanique, en somme — sont primordiaux pour l’exécution des gestes complexes. On remarque donc sans peine les progrès faits par ceux qui adoptent une forme non conventionnelle. Big Dog, le mulet de Boston Dynamics, le robot sûrement le plus impressionnant de ces temps-ci, ressemble-t-il à un superguerrier ou à un chien, comme un

Big Dog, le transporteur robotique de l'armée… — Harbin, lieu de la prochaine compétition robotique humanoïde en Chine…

“Des robots disputent une coupe du monde de football… leur but : battre un jour une équipe humaine”

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Work in progress

Repliee, l'androïde le plus abouti. Aibo ? Pas vraiment… Ses concepteurs ont élaboré une forme capable de se mouvoir dans de nombreuses situations et de s'en dégager sans encombre tout en transportant un maximum de matériel ! On se dit qu’un cyborg à la Terminator ne ferait pas tellement mieux… À l'heure actuelle, en tout cas, cela n'apparaît pas réalisable : les contraintes sont trop fortes… Mais déjà, un programme nommé HRP (Humanoïds Robotics Project) a pour objectif principal de développer et, à terme, de commercialiser des robots capables d'épauler des ouvriers dans un chantier, de travailler à la chaîne, de manipuler des matières dangereuses — voire d’assister des personnes âgées ou malades. Dans la même optique, Cap Robotique (le pôle de compétitivité de la France en matière de robotique, N.D.L.R.) développe un robot humanoïde pour l'Europe, nommé très théâtralement Romeo. Mais sous quelle forme se dévoilera-t-il ? Les ingénieurs essaieront-ils de s'approcher le plus possible de l’aspect humain ou se concentreront-ils sur les aspects pratiques ? À coup sûr, l'efficacité sera prioritaire… ■Christophe Le Blanc

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Robina, la demoiselle robot de Toyota.



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Les dossiers

HRP-2

HRP-2 Et voici — 1,54 m, 58 kg, 62 cm de tour de taille (non, ce ne sont pas les mensurations de la nouvelle Miss Japon !) — HRP-2, le seul robot humanoïde de ce genre en France et même le seul de sa catégorie en dehors du Japon. L’Humanoid Robotic Platform 2 (le quatorzième d’une série qui en comprend dix-neuf), connu aussi sous le nom de Promet, est une petite merveille de technologie produite par la firme japonaise Kawada Industries depuis 2002. Son développement a été financé conjointement par la compagnie Kawasaki, l’AIST (le pendant japonais du CNRS) et le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. Le design extérieur, ses longues oreilles et les lignes racées de son torse vous rappellent quelque chose ? C’est bien possible ! En effet, l’un des designers des robots géants de séries célèbres comme Patlabor et Gundam, Yutaka Izubuchi, s’est occupé de concevoir cette apparence si particulière. Que se cache-t-il sous cette coque d’un bleu argenté ? Parlons un peu technique… Le robot possède trente degrés de liberté *(voir encadré) dont deux pour ses hanches. Son design a permis d’installer un système électrique extrêmement compact qui évite l’effet « sac à dos », visible sur des robots comme Asimo. Cela a l’avantage de permettre au robot des mouvements que les androïdes de sa catégorie ne peuvent réaliser, ou du moins difficilement : se pencher, se relever à partir d’une position allongée, etc. Côté capteurs, il

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“Ce laboratoire est le pionnier de la robotique en France.”

n’est pas en reste puisqu’il bénéficie de deux systèmes de stéréovision (deux caméras), l’un dans la tête pour la vision de près, l’autre dans le cou pour la perception des objets les plus lointains. Il bénéficie de plus d’une centrale inertielle dans le torse, ainsi que de capteurs au niveau des pieds pour assurer sa stabilité en position de repos ou lors de la marche (qui est un des grands défis actuels pour les chercheurs en robotique humanoïde). Ce matériel ne serait rien sans les outils libres fournis gratuitement par l’AIST avec OpenHRP, la plate-forme logicielle pour robotique humanoïde qui consiste en différents modules : simulateur dynamique, simulateur de vision des caméras, module de contrôle et planification de mouvements. Tout cela est orchestré par un bus CORBA, c'est-àdire l’architecture logicielle qui permet à tous ces modules de communiquer de manière indépendante et en parallèle. De plus, le LAAS — le laboratoire d’accueil de HRP-2 en France — a conçu un environnement de développement d’architecture logicielle en temps réel, GenoM. Il permet de définir des modules, des briques logicielles composant un système ouvert, communicant et maîtrisable

au moyen d’un flot de contrôle et d’un flot de données pouvant être démarrés, interrompus ou stoppés de manière dynamique. LE LAAS, SON FOYER HRP-2 est basé à Toulouse, au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS. Ce laboratoire est le pionnier de la robotique en France. Créé en 1967, le LAAS fut constitué avec le LIRMM (Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier) pour répondre à la demande croissante que manifestait Renault en matière de robots industriels. En 1974, le groupe Robotique vit le jour avec des gens comme Georges Giralt, un des pères fondateurs de la recherche française en robotique. De ce groupe est sorti HILARE en 1977, le premier robot mobile français, véritable monstre de métal pesant un peu plus de quatre cents kilogrammes. Le groupe a évolué en pôle de recherche, maintenant intitulé RIA, Robotique et Intelligence Artificielle, divisé en trois autres groupes de recherche : GEPETTO, dédié à la robotique humanoïde ; RAP, Robotique Action et Perception, dédié aux

DEGRÉ DE LIBERTÉ Un degré de liberté est un mouvement possible et indépendant selon une liaison mécanique. En comparaison, une main possède environ vingt-sept degrés de liberté et un bras, sept. Plus un système possède de degrés de liberté, plus il est difficile de le commander à cause du temps de calcul des différentes configurations.

CNRS Le Centre national de la recherche scientifique est un des plus grands organismes de recherche scientifique français. Créé à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il est orienté vers la recherche fondamentale. Ses activités ne concernent pas seulement les sciences dites exactes mais tous les domaines de la connaissance, de l’histoire à la politique en passant par la philosophie. Quelques chiffres: 32000 personnes y travaillent, il dispose d’un budget annuel de 3,367 milliards d’euros, seize lauréats du prix Nobel et neuf de la médaille Fields (l’« équivalent » du prix Nobel pour les mathématiques) sont sortis de ses rangs; enfin, il est à l’origine de 25000 publications par an…

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Les dossiers “Il est difficile, de créer un mouvement stable et naturel pour un robot humanoïde.”

capteurs, actionneurs et à la modélisation des systèmes robotiques complexes ; puis, pour finir, RIS, Robotique et InteractionS, qui s’occupe de la capacité de décision, de raisonnement et d’actions en fonction des perceptions extérieures ou intérieures. C’est en 2003 que fut créé le laboratoire franco-japonais JRL, Joint Robotics Laboratory, dont les deux centres principaux sont le LAAS à Toulouse et l’AIST à Tsukuba, à une heure de Tokyo. C’est par ce laboratoire conjoint que

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s’est faite l’acquisition d’HRP-2 pour le site de Toulouse, puisque l’AIST possédait ses propres modèles. Locomotion, décision et interaction: les trois axes de recherche Arrivée en avril 2006, cette formidable plateforme expérimentale robotique qu’est HRP-2 a permis durant trois ans aux équipes du LAAS d’opérer des avancées significatives dans

leurs recherches. Celles-ci portent sur trois axes principaux : le mouvement humanoïde, l’interaction physique et la manipulation — et la prise de décision plus l’interaction avec l’homme. Les travaux sur le mouvement humanoïde sont orientés vers la compréhension et la modélisation de la démarche humaine. Le but est de donner aux robots humanoïdes une autonomie d’action en utilisant la planification de mouvement de manière automatique. Jusqu’à maintenant, ces techniques de planification de mouvement étaient essentiellement des approches géométriques ou bien cinématiques. Le calcul de la trajectoire du robot prenait du temps, surtout dans le cas d’un robot humanoïde. La difficulté résidait dans le nombre d’articulations à bouger et dans la dynamique de toutes les parties du corps. Si la marche peut nous sembler naturelle, il est difficile de créer un mouvement stable et naturel pour un robot humanoïde. De plus, le temps de calcul de la trajectoire peut être plus ou moins long selon l’algorithme utilisé, la possibilité de contact, le dénivelé, le dynamisme de l’environnement (c'est-à-dire s’il y a des choses, hommes ou objets, en mouvement), etc. Autant de paramètres qui rendent la tâche des chercheurs difficile. Néanmoins, la conception d’algorithmes de planification de mouvement ne constitue qu’une partie de l’ensemble des recherches menées au LAAS. HRP-2 sert donc de plate-forme de validation pour modéliser la locomotion bipède, tester la vali-


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dité des transferts des modèles biologiques de contrôles moteurs humains ou bien encore étudier les réflexes dans les mouvements. Si l’étude du mouvement occupe une grande place dans l’agenda de HRP-2, deux autres groupes de recherche travaillent sur un paradigme très important en robotique : la chaîne Perception - > Décision - > Action. Actuellement, plusieurs thèses sont appliquées à la perception visuelle du robot avec pour objectif de commander ses mouvements. On peut citer les travaux de suivi de personnes (grâce à une technique de filtrage particulaire, une méthode d’estimation basée sur la simulation). Au moyen de cela, la position de l’homme est connue dans le référentiel image et ces données sont vouées à être stables dans le temps. Il n’est plus question d’une détection d’un homme image par image mais bien d’une reconnaissance et d’un suivi, tout au long d’une séquence d’images ou de flot visuel. De cette manière, on peut suivre une personne, d’abord avec la tête, puis si elle s’éloigne trop, avec le cou ; ensuite, si la cible poursuit son mouvement hors de la vue du robot, on peut encore faire bouger le torse de ce dernier. La localisation des personnes se révèle importante en robotique humanoïde puisque ces robots sont voués à travailler en collaboration avec l’être humain, à lui rendre service ou bien à le soigner. Dans le même ordre d’idées, des études sont faites sur la reconnaissance des mouvements de l’opérateur humain. Cela peut être rendu possible via un système de capture de mouvements ou grâce aux caméras embarquées. Reconnaître des gestes apparaît important à plusieurs égards. Premièrement, des ordres peuvent être donnés grâce à des mouvements de bras ou des postures corporelles : « viens ici », en faisant un signe de bras ; « apportemoi ça », en pointant du doigt l’objet désiré. Ajouter de la signification à un ordre vocal améliore la reconnaissance de la commande et donc, en définitive, le succès de l’action entreprise par le robot. Deuxièmement, reconstruire le mouvement de l’homme peut servir de base à l’apprentissage d’un geste par le robot, pour une manipulation conjointe en vue de construire un meuble, par exemple. Enfin, le système de capture de mouvement a déjà permis de « téléguider » HRP-2 et ce type d’applications peut aboutir au contrôle à distance du robot par l’opérateur humain lors d’opérations dangereuses comme le déminage, la manipulation de matières toxiques ou

la présence ou non d’obstacles visuels, même si l’objet en question existe en plusieurs exemplaires… Conclusion

bien encore l’évolution en terrain hostile. Même si l’on peut contrôler à distance HRP-2, cela ne veut pas dire que rien n’a été conçu pour le rendre autonome. Certains projets visent en effet à le transformer en un partenaire à part entière de l’homme. L’Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste, grand laboratoire de psychologie allemand, est un des acteurs de pointe dans la recherche sur le robot cognitif. Ici, il est question d’utiliser plusieurs domaines comme la perception visuelle, la psychologie du développement et les mathématiques, afin de mettre en œuvre ce que l’on appelle l’attention conjointe entre l’homme et le robot, qui consiste à permettre au robot de se mettre à la place de l’homme et d’imaginer ce que celui-là peut percevoir. Des ontologies — ces mécanismes d’inférence et de représentation du monde via un graphe de concepts — sont étudiées afin de rendre possible ce phénomène d’attention conjointe. On peut ainsi imaginer le robot assis à une table en compagnie d’un homme, différents objets étant posés devant eux. Si l’homme réclame un objet en particulier, le robot devra être en mesure de savoir quel objet a été désigné au vu de sa position et de

Toutes ces recherches sont en phase d’expérimentation sur HRP-2, mais il est difficile de mener de front tous ces travaux sur un seul et même robot. Toutefois, grâce à GenoM, l’architecture logicielle développée au LAAS, les équipes peuvent tester leurs algorithmes sur d’autres robots avant de valider complètement leur application sur HRP-2. Aussitôt ces expériences terminées, les scientifiques du LAAS se consacreront à d’autres projets : l’implémentation de réactivité du mouvement, le développement de nouveaux algorithmes de déplacement prenant en compte le contact avec des obstacles, des applications neurorobotiques où la décision du mouvement du corps viendrait exclusivement de la perception (visuelle et inertielle) du robot au niveau de sa tête — et bien d’autres choses fascinantes. J’invite les curieux à jeter un œil sur les nouvelles évolutions de HRP-2 : HRP-3, le robot ouvrier capable de travailler même sous la pluie et HRP-4, le tout nouvel androïde d’apparence féminine. Je tiens à remercier les chercheurs et les doctorants qui ont bien voulu répondre à mes questions et se prêter au jeu de l’interview. ■Matthieu « Myrkvid » Destephe

“Ces robots sont voués à travailler en collaboration avec l’être humain, à lui rendre service ou bien à le soigner.”

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Robot cinéma

STAN WINSTON

FUTUR IMMÉDIAT

En trente-cinq ans de carrière au service du septième art, Stan Winston a incontestablement marqué de son empreinte le cinéma par son incroyable savoir-faire, aussi bien comme maquilleur (Batman, le défi, Entretien avec un vampire, Galaxy Quest, etc.) que comme génial concepteur de personnages animatroniques et autres créatures fantastiques, tous élaborés à partir de diverses techniques — novatrices et toujours plus sophistiquées — d’effets spéciaux…

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“En 1984, Terminator fit date dans l’histoire du cinéma puisqu’on y voit apparaître pour la première fois à l’écran un personnage filmé en temps réel” LES GÉANTS DE FER Entre autres choses, Stan Winston a conçu, à l’aide d’accessoires mécanisés en matière plastique, l’ensemble des ciseaux et des couteaux qui servent de doigts au personnage hors normes d’Edward dans Edward aux mains d’argent. Il a également créé divers personnages de robots toujours plus performants comme le cyberpolicier extensible d’Inspecteur Gadget, toute une galerie d’androïdes comme Teddy (l’ours en peluche de David, l’enfant robot qui est le héros du film) pour A.I. ou encore les jouets qui prennent vie dans Small Soldiers, qu’il s’agisse des Gorgonites (les gentils monstres) ou des membres du commando d'élite qui les pourchassent. Toutefois, son travail le plus remarquable en la matière reste celui qu’il a effectué dans la saga des Terminator. TERMINATOR En 1984, Terminator fit date dans l’histoire du cinéma puisqu’on y voit apparaître pour la première fois à l’écran un personnage filmé en temps réel, issu des effets conjugués de l’animatronique et de l’art des marionnettes. L’équipe de Stan Winston commença tout d’abord par transposer les croquis dessinés par James Cameron en sculptures miniatures et d’en parfaire les moindres détails sur des répliques à taille réelle. Il fallut non seulement maquiller Arnold Schwarzenegger pour visua-

liser la dégradation progressive de sa peau ainsi que l’apparition des composants électroniques se trouvant dessous, mais aussi concevoir un bras et plusieurs têtes mécaniques à l’effigie de l’acteur, ainsi qu’un squelette mécanique grandeur nature entièrement articulé. Les différentes parties du cyborg (bras, torse, jambes, etc.) furent sculptées séparément avant d’être assemblées. Ils passèrent six mois à fabriquer l’endosquelette grandeur nature en époxy et en fibre de verre, moulé autour d’une armature en acier, qui servit à réaliser l’impressionnante séquence où le Terminator surgit des flammes après l’explosion du camion-citerne. Le corps de cet endosquelette, constitué de nombreuses pièces en acier, était lourd et difficile à actionner pour le manipulateur, qui se déplaçait sous le décor en actionnant la gigantesque marionnette métallique plus vraie que nature qu’il portait sur ses épaules, tandis que le cou, la tête et les yeux du Terminator étaient animés par un autre opérateur grâce à des servomoteurs radiocommandés. TERMINATOR 2 Six ans plus tard et avant même de lancer le démarrage du tournage de Terminator 2 : le Jugement dernier, une première bandeannonce de cette suite fut réalisée par Stan Winston lui-même, dévoilant les différentes

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“Aliens le retour, le deuxième volet réalisé par James Cameron, demeure surtout mémorable pour sa reine extraterrestre.” étapes de la création des T-800 dans les usines de Skynet. Cette fois-ci, ce sont deux endosquelettes d’une taille de deux mètres, entièrement articulés par des câbles et des mécanismes hydrauliques qui furent fabriqués pour l’occasion. Pour ce deuxième volet, Cameron désirait filmer le plus possible de scènes en temps réel ; on décida alors de ressortir l’endosquelette du T-800 et de l’améliorer en y incorporant de nouvelles technologies et en modifiant la robotique utilisée jusqu’alors. En 1991, Terminator 2 innovait à l’époque du fait de l’utilisation simultanée d’une multitude de techniques qui se complétaient harmonieusement autour d’un même personnage, en combinant tout à la fois le tournage en direct, le travail des marionnettistes, les effets conjugués de la robotique, de l’animatronique et de l’animation digitale. Pour pallier le problème soulevé par le poids des endosquelettes du premier opus, l’équipe de Stan Winston Studios décida d’alléger leur structure en employant de la résine et de la fibre de verre ainsi que de la fibre de carbone, les différentes pièces étant ensuite chromées pour leur donner l’aspect du métal. Tout comme dans le premier volet, une partie des effets visuels consistait à visualiser les blessures subies par le cyborg au cours de l’action, les diverses prothèses placées sur Schwarzenegger étant progressivement remplacées par de fausses têtes d’un troublant réalisme. Pour la séquence d’ouverture, on construisit quatre squelettes métalliques représentant le Terminator à nu. La grande nouveauté de Terminator 2 réside incontestablement dans le personnage du T1000, un métamorphe constitué de métal liquide. Pour simuler ses impressionnantes blessures par balles lors des scènes de fusillade, on confectionna tout d’abord plusieurs têtes puis on tira des centaines de balles dans des blocs d’argile afin d’obtenir des impacts en corolle qui furent reproduits en mousse, puis chromés sous vide. Un mécanisme permit ensuite lors du tournage de simuler l’aspect du métal liquide au moment où l’impact des balles de gros calibre se dessinait sur le corps de Robert Patrick (qui incarnait le personnage du T-1000), effet qui fut baptisé “fleurs de chrome” parce lesdits impacts s’ouvrent d’un seul coup. La destruction du corps du T-1000 s’est opérée grâce à la combinaison du talent des marionnettistes et des effets de l’anima-

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tronique, tandis que sa reconstruction a été réalisée par animation numérique. On a également conçu d’autres marionnettes grandeur nature, visualisant le T-1000 en très piteux état : le corps fendu en deux, la tête déchirée ou le visage perforé… Terminator 3 et Terminator Renaissance Pour Terminator 3 : le soulèvement des machines, l’équipe de Stan Winston Studios a créé diverses prothèses animatroniques fixées sur Schwarzenegger et a également mis au point toute une série de fausses têtes encore plus réalistes que précédemment (sans omettre la Terminatrix, un cyborg doté d’un squelette de métal solide recouvert de métal liquide). Quant aux T1, les premiers prototypes, ce sont de véritables robots, animés par des systèmes de télémétrie. Terminator Renaissance, dont l’action se déroule en 2 018 (soit après l’apocalypse du Jugement dernier mais avant que Skynet ne dispose de la technologie lui permettant de voyager dans le temps), est l’occasion de découvrir différentes sortes de robots, tous plus redoutables les uns que les autres… T600, T-800, Hunter-Killer, Aerostat, Harvester, Moto-Terminator, Hydrobot), chaque modèle ayant son domaine de prédilection (air, eau, sol) sans oublier le personnage de Marcus Wright, qui n’est pas entièrement humain car s’il a bien un cœur et un cerveau organiques, sous sa peau se cachent des os et des vérins de métal. On découvre aussi ici le T-600 qui est une véritable machine à tuer de 2,50 m de haut, rôdant dans les ruines à la recherche de tous ceux qui possèdent un cœur. Pour ce nouveau film de la saga, on construisit une version mécanisée de l’Hydrobot, un robot tueur au corps de serpent capable de nager et dont les mandibules se referment tandis que le foret central tourne, animé par un câble relié à une perceuse.

CRÉATURES FÉROCES Pour L’emprise (1 981), dans la scène où le personnage, incarné par Barbara Hershey, se fait violer par une entité démoniaque invisible, Winston conçut un corps féminin hyperréaliste, doté de mécanismes permettant de simuler des empreintes de mains invisibles sur sa poitrine. En 1982, pour The Thing, de John

Jurassic Park

Terminator

Carpenter, il s’occupa de la transformation du chien possédé par une créature extraterrestre ; cette séquence très spectaculaire lui permit d’affiner son savoir-faire dans le domaine des effets mécaniques. Stan Winston a également laissé son empreinte sur deux des créatures extraterrestres les plus surprenantes et terrifiantes, physiquement comme moralement, que le septième art ait jamais créées : celle de la saga Alien et celle des Predator, qui restent, à ce jour, toujours considérées comme étant deux références incontournables du cinéma de science-fiction.


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Apparue pour la première fois en 1979 dans le film de Ridley Scott, la créature extraterrestre d’Alien doit son apparence originale à l’imagination torturée de H.R. Giger. Mêlant l’organique au mécanique, il a créé un monstre bipède au faciès allongé dépourvu d’yeux mais doté d’une double mâchoire particulièrement redoutable s’ouvrant sur un appendice

nator

Terminator

mètres, coiffé de dreadlocks. Son faciès de phacochère… reptilien au regard glacial comporte une gueule aux incisives proéminentes qui s’ouvre sur une seconde rangée de crocs. Surgi de nulle part, c’est toujours en solitaire que ce chasseur extraterrestre intelligent, calculateur et retors, poursuit impitoyablement ses proies humaines dont il aime à collection-

Small Soldiers

Edward aux mains d’argent

qui arbore une série de crocs effrayants. Le corps squelettique de la créature est doté de deux bras et de cinq appendices dorsaux, prolongés par une queue recouverte d’un éperon osseux. Ce xénomorphe impitoyable est doté d’un mode de reproduction parfaitement adapté à sa fonction de tueur sanguinaire et son cycle de vie se décompose en cinq phases : l’œuf, le « face hugger », l’embryon, le « chest hugger » et l’alien adulte. Aliens, le retour, le deuxième volet réalisé par James Cameron, demeure surtout mémorable pour sa reine extraterrestre. Si l’alien de base mesure entre 2 m et 2,50 m, la reine, quant à elle, atteint carrément une taille de 4,20 m. Physiquement, elle se distingue de ses congénères par le fait qu’elle possède huit pattes, une longue tête triangulaire et un abdomen allongé qui sert de réceptacle à ses œufs. On créa donc une gigantesque marionnette télécommandée et animée de surcroît par des câbles reliés à une grue ainsi que par un système hydraulique. Son fonctionnement nécessitait la présence de quatorze manipulateurs et de deux opérateurs qui l’animaient de l’intérieur. Pour Predator, Stan Winston inventa un extraterrestre très insolite. La hideuse créature est un guerrier anthropomorphe de plus de deux N° 6, la jolie Cylon de Battlestar Galactica

ner les crânes comme des trophées. Extrêmement fort physiquement, il dispose d’un armement sophistiqué — dont une vision thermique et un analyseur de voix. Lors des combats, il dissimule son visage sous un casque. Sa principale caractéristique réside dans le camouflage optique qui le rend invisible aux yeux de ses ennemis. Dans Predator (1 987) ainsi que dans Predator 2 (1 990), c’est Kevin Peter Hall qui endossa le costume animatronique de la créature. Qu’il s’agisse de la reine alien ou du Predator, Winston tenait impérativement à donner une vraie personnalité à ses créatures au moyen d’un mouvement de tête, d’une posture particulière ou encore d’une réaction caractéristique — considérant qu’il est bien plus effrayant de sentir que la créature qui menace le héros est intelligente et pas seulement une vulgaire machine à tuer… ANIMAL FACTORY Si au cours de sa prolifique carrière, Stan Winston a conçu bon nombre d’animaux animatroniques particulièrement crédibles comme les gorilles de Congo et ceux d’Instinct, les lions de L’ombre et la proie et le crocodile de Lake Placid (sans oublier les « humanimaux » de L’île du docteur Moreau et le bes-

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plus pointu. Les mâles et les femelles ont été plus différenciés en ajoutant des épines sur le dos des mâles. Par ailleurs, ils ont complètement été repensés d'un point de vue technique et mécanique pour l'animatronique. Ils sont maintenant complètement contrôlés en interne et apparaissent plus mobiles qu'auparavant, ce qui leur permet de se déplacer plus vite de plan en plan. Ils répondent également mieux aux commandes du manipulateur. Deux animaux principaux complets ont été construits ainsi qu'une série d'éléments pour les gros plans et deux torses avec la tête. Tous les dinosaures en animatronique montrés dans le film ont été créés en grandeur nature. Du côté des créatures ailées, on construisit également un ptéranodon ainsi qu'une escouade de tyranodons. Jusqu'alors, le T-Rex était la plus grosse créature montrée à l'écran. Dans Jurassic Park, ce dernier faisait un peu plus de quatre tonnes et ceux du Monde perdu pesaient un peu plus du double. Jurassic Park III se devait donc de faire encore mieux, d'où l'apparition d'une nouvelle espèce de dinosaures : le spinosaure — encore plus gros et plus méchant ! Réclamant l’intervention de six marionnettistes et pesant près de douze tonnes, ce nouveau monstre mesurait environ treize mètres de long pour une hauteur de presque huit mètres. Contrairement au T-Rex, qui a de tout petits membres supérieurs et apparaît tout en gueule, le spinosaure possède des membres supérieurs qui ont chacun la taille d'un raptor entier. Le clou du spectacle fut la séquence de l’impressionnant combat entre les deux dinosaures géants…

tiaire de la série TV Manimal), ses créations les plus marquantes en la matière restent sans aucun doute les dinosaures de la trilogie de Jurassic Park. En effet, toutes les actions des bestiaux en relation proche avec les acteurs ont été obtenues au moyen de marionnettes grandeur nature mues par divers mécanismes, tandis que celles qui étaient filmées en plan large avaient recours aux images de synthèse. Pour Jurassic Park, son équipe a construit un tricératops mécanique allongé sur le flanc, capable de respirer, d’ouvrir la gueule, de cligner des yeux et de remuer les pattes. Elle a également fabriqué un T-Rex de sept mètres de haut, truffé de vérins hydrauliques et fixé sur une plate-forme de simulateur de vol afin de mimer des mouvements de marche. Un joystick sophistiqué, comparable à ceux des jeux vidéo, permettait d’improviser son animation « en direct » avant d’en sauvegarder les données dans l’ordinateur. L’utilisation de ce mégarobot donnait ainsi la possibilité de répéter la scène au centimètre près sans risquer de blesser accidentellement les cascadeurs au moment du tournage. En 1997, pour Le monde perdu, les immenses progrès opérés dans le domaine de l'animatronique, permirent de créer des dinosaures qui semblaient de plus en plus « vivants ». L'équipe de Stan Winston a donc été en mesure de fabriquer des dinosaures mécaniques et animatroniques grandeur nature à base de toutes sortes de matériaux (caoutchouc, mousse, silicone, métal, etc.), véritables robots électroniques dotés de mécanismes hydrauliques capables désormais d'interagir avec les acteurs sur le plateau. C'est ainsi qu'à l'exception des vélociraptors et de l'impressionnant Tyrannosaurus rex, déjà présents dans Jurassic Park, la ménagerie du Monde perdu était composée de toutes nouvelles créatures, représentant près de quarante espèces différentes (stégosaure, pachycéphalosaure, hadrosaure, tricératops, etc.) allant du minuscule Compsognathus au gigantesque tyrannosaure. À Hollywood, chaque nouveau volet d’une saga se devant de faire systématiquement plus fort que le précédent, les différentes équipes travaillant sur les effets spéciaux essaient toujours de proposer quelque chose d’innovant et de dépasser leurs limites. Ainsi, dans Jurassic Park III, les raptors ont été « relookés » : désormais, leur museau a été allongé pour le rendre

Le décès de Stan Winston, survenu en juin 2008, a amené ses principaux collaborateurs (John Rosengrant, Alan Scott, Lindsay MacGowan et Shane Mahan) à continuer son œuvre au sein d’une nouvelle société, baptisée Legacy Effects, histoire de lui rendre hommage et de perpétuer ainsi au mieux les techniques mises au point par un maître en la matière. ■Josèphe Ghenzer

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LA ROBOTIQUE SPATIALE

Dans notre imaginaire, l'association entre robot et espace résonne comme le titre d’un roman ou d'un film de science-fiction. Quoi de plus naturel… Nous avons tous grandi en regardant les aventures des héros métalliques que furent D2R2, Goldorak ou encore Nono, le robot d’Ulysse 31. Voilà des robots ultraperfectionnés aux performances extraordinaires et aux réactions quasi humaines ! Dès les années 1970, la science nous promettait une rapide exploration de l'espace et les robots devaient nous aider dans cette quête semée d'embûches. Mais quarante ans plus tard, que reste-t-il de ces promesses ? Où en est la robotique spatiale ? Et quelles surprises le XXIe siècle nous réserve-t-il ?

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“Souvent, dans le jargon des scientifiques, on entend parler de sonde spatiale. Mais qu'est-ce qui distingue une sonde spatiale d'un robot ?”

POURQUOI DES ROBOTS DANS L'ESPACE? Pour répondre à cette question, il convient tout d'abord de définir ce qu’est un robot. Effectivement, à partir de quel moment un automate — aussi perfectionné qu’il soit — peut-il être considéré comme un robot ? Les ingénieurs des agences spatiales ont tranché et la réponse tient en quelques mots : « Un engin ayant une totale liberté de mouvement et qui possède un programme lui permettant de prendre librement des décisions de mouvements sans intervention de l'homme est considéré comme un robot. » Il est sous-entendu qu'un tel engin doit posséder sa propre source d'énergie, disposer de moteurs lui permettant de se déplacer et embarquer au minimum un ordinateur de bord. Souvent, dans le jargon des scientifiques, on entend parler de sonde spatiale. Mais qu'est-ce qui distingue une sonde spatiale d'un robot ?… Là encore, la réponse demeure laconique : une

sonde spatiale se meut dans l'espace essentiellement à l'aide de petits moteurs fusées alors que le robot, lui, est destiné à se poser sur un sol (celui d'une planète, d'un satellite, d'un astéroïde…). C’est en fait ce que l’on nomme l’atterrisseur ou le « lander » pour les Américains. Une fois à destination, le robot doit réaliser des analyses du sol et même, si possible, s’y déplacer. Il a rapidement été évident que la présence de l'homme dans l'espace posait un réel problème, d'une part du fait de sa fragilité physique et d'autre part, du fait du coût associé à sa sécurité. Pour bien comprendre le problème, il ne faut pas perdre de vue que l'espace constitue un milieu très hostile pour les êtres vivants : absence d'atmosphère, écarts de températures très élevés (par exemple, il y a plus de 200 °C d'écart à la surface d'un satellite entre sa partie éclairée par le Soleil et celle qui est plongée dans l'ombre), irradiations solaires violentes et mortelles, rayonnements cosmiques — sans parler bien sûr des micro-

météorites qui, bien que de la taille d'une tête d'épingle, voyagent à de telles vitesses qu'elles se montrent capables de traverser un corps humain de part en part. C'est là que le robot intervient. Pour lui, il n’y a pas de problème. Pour peu que les ingénieurs aient parfaitement fait leur travail, le robot se soucie peu des écarts de température, du manque d'oxygène ou encore du rayonnement cosmique. LE ROBOT EST-IL SUPÉRIEUR À L'HOMME DANS L'ESPACE ? La réponse n'apparaît pas si simple… L'homme a réussi à dominer l'essentiel des dangers auxquels il pouvait être confronté sur la Terre. Pas facile donc pour lui de laisser des robots explorer l'espace à sa place. Et fréquemment, des scientifiques s'affrontent sur ce sujet. Certains affirment que la présence de l'homme dans l'espace est incontournable alors que d'autres pensent… le contraire.

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Le futur rover martien de l'ESA (du programme Exomars) Crédit ESA

Chacun met en avant des arguments convaincants. Par exemple, lors des missions Apollo, la présence de l'homme se révélait indispensable pour mener à bien les différentes manœuvres, fort complexes, d'alunissage et d'amarrage. De la même façon, la collecte et la sélection des échantillons de pierres lunaires n’ont pu être réalisées que grâce à l'œil expert de certains astronautes. A contrario, certains prétendent que c'est grâce aux missions des premiers robots lunaires que les missions Apollo furent de grands succès. Il est fort probable qu'à terme, l'homme et le robot devront cohabiter dans l'espace et que chacun y trouvera sa place : le robot pour les missions dangereuses dans des milieux hostiles et inconnus, et l'homme pour des missions scientifiques de haut niveau. LES ROBOTS FONT LEURS PREUVES SUR LA LUNE Peu de gens s'en souviennent, mais les Américains et les Soviétiques se sont affrontés à coups de robots lunaires bien avant le premier pas sur la Lune de Neil Armstrong en juillet 1969. Les ambitions soviétiques de conquête de la Lune remontent à 1957, soit quatre ans avant le vol historique de Youri Gagarine (12 avril 1961). Le programme Luna démarra en janvier 1959 et, en janvier 1966, l’atterrisseur Luna 9 se posa en douceur et délivra les pre-

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“Les premières images de Mars bouleversèrent ainsi radicalement notre vision de cette planète.” miers clichés d'un paysage lunaire à partir du sol. Après le succès du premier Spoutnik, une fois encore les Américains avaient été battus par les Soviétiques. Les premiers atterrisseurs Luna étaient très rudimentaires et il fallut attendre Luna 13 en décembre 1966 pour pouvoir commencer à parler véritablement de robots. En effet, cet atterrisseur fut le premier à disposer d'un bras télescopique capable de faire une analyse du sol. Ce fut le dernier succès soviétique dans cette course à la Lune. En 1969, après l’immense succès américain que l'on connaît, les Soviétiques ne baissèrent pas les bras et réussirent en septembre 1970, grâce à la sonde Luna 16, à rapporter sur la Terre des échantillons de pierres lunaires. Le couronnement du programme Luna intervint en novembre 1970 lorsque le rover télécommandé Lunokhod 1, d’un poids de 756 kg, après s’être posé en douceur, réussit à parcourir plus de dix kilomètres pendant près d'un an sur la Lune. Ce fut aussi l'occasion pour les

sur

ingénieurs soviétiques de procéder à de nombreuses analyses du sol. En 1973, son frère jumeau Lunokhod 2 suivit ses traces. Cependant, malgré une panne du système de commandes, ce robot lunaire parcourut plus de trente-sept kilomètres en quatre mois grâce à son système de pilotage automatique. Enfin, en août 1976, soit quatre ans après la dernière mission Apollo, Luna 24 rapporta des échantillons du sol lunaire sur la Terre, concluant ainsi près de vingt ans d'exploration. Il ne faut pas oublier dans cette course le programme Surveyor, qui permit aux Américains de poser en douceur cinq atterrisseurs sur la surface de la Lune entre 1966 et 1968. Les ambitions de ce programme étaient beaucoup plus modestes que celles des Soviétiques, puisqu'il avait seulement pour objectif de préparer les missions Apollo. Les robots Surveyor permirent néanmoins de prendre de nombreuses photos de grande qualité de la Lune et réalisèrent des analyses chimiques très complètes du sol lunaire au moyen d’une pelle mécanique télescopique. MARS : LES ROBOTS EN ÉCLAIREURS Tout comme la Lune, Mars fut l'objet d'une compétition entre Américains et Soviétiques, dès le début des années 1960, mais cette foisci, ce fut la NASA, associée au JPL (Jet Propulsion Laboratory), qui remporta les pre-


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Maquette de Viking avec un gros plan sur son bras télescopique. Crédit NASA/JPL

miers succès grâce à des atterrisseurs robots ultrasophistiqués. Pourtant, ce furent les Soviétiques qui tentèrent les premiers l'aventure avec une sonde martienne, dès octobre 1960. Cela se révéla un échec, le premier d'une très longue série noire. Étonnamment, Mars est toujours restée hors de portée des Soviétiques. Malgré un très gros effort (jusque dans les années 1990), les missions martiennes comptèrent parmi les plus grands fiascos du programme spatial de l'Union soviétique, avant son démantèlement. Les trois dernières missions mars 1992, mars 1994 et mars 1996 devaient respectivement emporter un robot mobile, un ballon atmosphérique et étudier la planète en détail, afin de préparer les premiers vols habités. Aucune n'atteignit sa cible et ce furent malheureusement les ultimes grands projets d'exploration russes. De leur côté, les Américains réussirent dès 1965 à prendre les premières images de Mars et bouleversèrent ainsi radicalement notre vision de cette planète. Comme toujours, si les images permirent aux scientifiques d'apporter des réponses à leurs interrogations, elles en soulevèrent une multitude d'autres — dont celle de la présence ou non d'eau liquide, tout comme celle de l'existence ou non d'une forme de vie sur Mars. Dans ce climat d'excitation, des scientifiques (dont le célèbre Carl Sagan) réussirent à obtenir un budget de plus d'un milliard de dollars

Le génial Dr Carl Sagan à coté d'un modèle de l'atterrisseur Viking. Il fut l'un des concepteurs de cette mission. Crédits NASA/JPL

pour la réalisation de la mission Viking. Deux sondes jumelles, Viking 1 et 2, décollèrent en 1976 avec pour mission de cartographier précisément Mars, mais également de poser deux atterrisseurs robots sur le sol. Les sondes Viking possédaient un bras robotique télescopique capable de gratter le sol et de prélever des échantillons puis de les déposer dans un véritable laboratoire d'analyses embarqué. Des informations capitales quant à la composition chimique du sol martien furent obtenues, mais aucune preuve flagrante de vie organique ne put être apportée. Malgré cela, les missions Viking restent gravées dans les mémoires et comptent parmi les plus prestigieuses entreprises robotiques du XXe siècle. Il fallut attendre vingt ans avant de voir revenir sur le devant de la scène des missions martiennes. En effet, la crise économique frappa de plein fouet l'industrie spatiale, qui chercha en retour à réduire à tout prix les coûts de ces programmes. Mais comment parler d’économies lorsque l'on fait de la science et de l'exploration spatiale ? Grâce à l'ambitieuse initiative du JPL, nous avons pu voir un jour un petit robot déambuler librement sur le sol martien. Initialement prévu pour analyser le sol et la météorologie martienne, l'atterrisseur Pathfinder n'aurait jamais dû emporter de rover. C'était ne pas tenir compte de l’ingéniosité du JPL, qui réussit à démontrer que, pour un budget modique, il arriverait à construire un véhicule robot économique à l'aide de

composants standards du commerce. C'est ainsi que naquit le robot rover Sojourney. D'un poids d'environ dix kilos et d'une taille modeste (65 cm x 48 cm x 30 cm), il devint une véritable vedette, non parce qu'il fit des découvertes scientifiques, mais parce qu'il ouvrit la voie à l'exploration automatique du sol martien. Et permit de prouver que le robot pouvait se substituer à l’homme pour explorer une autre planète. Le déplacement d'un robot sur Mars est complexe car le sol est truffé de pièges : crevasses, cailloux, sables mous… Il faut arriver à le faire évoluer sans embûche au risque de le bloquer définitivement. Sachant qu'il faut, selon la conjonction Terre-Mars, jusqu’à vingt-deux minutes de délai de transmission entre un centre de contrôle et un véhicule martien, chaque ordre doit être rigoureusement simulé et vérifié avant d'être envoyé pour exécution. Par sécurité, il apparaît nécessaire de doter le véhicule d’une certaine autonomie décisionnelle, qui l’autorise dans tous les cas de figure à se sortir seul et rapidement d'un mauvais pas. C'est là que l'expression « véhicule robotisé » prend tout son sens. Sept ans après Sojourney, la NASA et le JPL envoyèrent sur Mars les deux rovers robots Spirit et Opportunity. Dès janvier 2004, ils commencèrent à explorer le sol martien. Leur poids et leurs dimensions (les deux rovers ont une hauteur de 1,5 m, une largeur de 2,3 m, une longueur de 1,6 m et une masse de

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Les dossiers

Maquette du premier rover martien Sojourney. Crédits NASA/JPL

185 kg) en font de véritables explorateurs, capables de parcourir des kilomètres. Les découvertes se sont multipliées. Grâce à leur bras robot muni de quatre instruments scientifiques, Spirit et Opportunity ont déjà fait de nombreuses analyses et ont démontré qu'il y a eu beaucoup d'eau sous forme liquide sur Mars il y a quelques millions d'années. Miracle ou conception exceptionnelle ? Toujours est-il que nos deux robots martiens, six ans après leur arrivée, sont toujours plus ou moins opérationnels. Même si leur mobilité se révèle réduite du fait de l'usure, la mission initialement prévue pour durer quelques mois se transforme en véritable succès année après année. En mai 2008, la NASA envoya sur Mars l'atterrisseur Phoenix. Sa mission : rechercher de l'eau et mener des expériences d'exobiologie. Il faut rappeler que les missions Sojourney, Spirit et Opportunity furent de nature géologique et que depuis les missions Viking, aucune expérience de recherche de micro-organismes vivants n'avait été tentée sur Mars. Avec Phoenix, la NASA cherchait donc à revenir aux questions fondamentales de la recherche du vivant. Le bras robotique de 2,35 m de Phoenix permit de fouiller le sol jusqu'à une profondeur de 50 cm et des échantillons furent analysés dans son minilaboratoire biologique. Cette mission fut un demisuccès car le bras robotique eut beaucoup de difficultés à déposer lesdits échantillons dans les ouvertures prévues à cet effet et les résultats des analyses biologiques apparurent peu probants. La recherche de la vie effectuée par des robots semble donc difficile. A-t-on atteint les limites de leurs compétences ? C'est probable et des voix commencent à s’élever pour dire que la présence de l'homme est maintenant indispensable sur Mars.

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Lunokhod 1 et 2 furent les premiers rovers lunaires et en ce sens les robots lunaires les plus perfectionnés.

MARS : LES PROCHAINES ÉTAPES Forts de ces succès, la NASA et le JPL ont prévu d’envoyer en 2 011 sur Mars un très gros rover de neuf cents kilos et de plus de trois mètres de long. Son nom : Mars Science Laboratory. De son côté, l’ESA (European Space Agency) n’est pas en reste et compte bien expédier aussi son propre rover sur Mars mais seulement en… 2 016 ou 2 018 ! La mission a pour nom ExoMars et aura la particularité de disposer d'une foreuse capable d'effectuer un carottage profond dans le sous-sol martien.

LES AUTRES MISSIONS ROBOTIQUES Moins spectaculaire mais tout aussi téméraire, l’ESA a lancé en 2004 la sonde Rosetta, avec pour objectif la mise en orbite autour de la comète Churyumov-Gerasimenko en 2014, afin d'y déposer le petit robot Philae. Il devrait, à l'aide de son bras télémanipulateur, effectuer des prélèvements du sol de la comète ainsi que des analyses chimiques. On pourra ainsi savoir si les noyaux cométaires contiennent ou non des éléments organiques complexes — briques essentielles à l'apparition de la vie. Plus proche de nous, la Lune continue d'exalter les scientifiques depuis que l'on pense y avoir découvert des traces d'eau glacée dans des cratères profonds. Quant à la Chine, puissance spatiale émergente, elle s'est lancée officiellement dans les programmes Chang’E-2 (exploration robotique de la surface lunaire) et Chang’E-3 (prélèvement et retour automatique d'échantillons lunaires). Il n’est pas facile d'obtenir des informations sur ses futures missions mais tout porte à croire qu'aux alentours de 2012, ce pays fera parler de lui!

Le programme américain Surveyor fut un grand succès. Cinq atterrisseurs transmirent des images et firent des analyses du sol. Sur ce cliché, un astronaute de la mission Apollo 12 rend visite à Surveyor 3. Crédit NASA.

DES ROBOTS SUR L’ISS La station spatiale internationale (ISS) possède deux bras robotisés absolument incroyables : Canadarm2 et Dextre. Tous deux ont été fabriqués par l'Agence spatiale canadienne (ASC). Véritables bijoux technologiques, ils permettent aux astronautes de travailler dans l'espace sans avoir besoin de sortir de la station spatiale. Là également, le robot prend le dessus sur l'homme. À noter que les technologies mises au point par les Canadiens pour équiper l’ISS ont été également utilisées pour des applications terrestres, notamment en médecine. CONCLUSION Les Américains travaillent actuellement sur un robot à l'allure humanoïde qui porte le nom évocateur de Robonaut. Il s'agit en fait d'un robot humanoïde sans jambes mais qui, pour le reste du corps, possède exactement la morphologie humaine. Une fois encore, la NASA espère pouvoir l'utiliser dans l'espace à la place de l'homme et limiter ainsi les risques liés aux sorties extravéhiculaires. Décidément, les robots de l'espace ne sont pas près de manquer de travail…

■ Thibault Depost


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Dossier sexe et robots

AMOUR, SEXE ET ROBOTIQUE…

UN TRIO D’AVENIR ? L’homme est un inventeur. Depuis la nuit des temps, il imagine, expérimente, fabrique — avec comme objectif principal l’amélioration de sa vie quotidienne. Et c’est ainsi que les robots ont d’abord été créés pour l’industrie, en particulier automobile, afin de décharger l’homme des tâches répétitives et dangereuses.

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“Dans les années 1980, les jeux vidéo à connotation sexuelle débarquaient sur les écrans des Commodore 64…” Les progrès de l’électronique et de l’informatique ont permis de développer des robots toujours plus intelligents, capables d’analyser leur environnement et de réagir de manière appropriée face à des situations différentes. Les chercheurs ont ainsi développé ce que l’on appelle l’autonomie du robot, son intelligence artificielle (IA). L'AVENEMENT DES ROBOTS DOMESTIQUES Bien sûr, nous sommes encore loin des « mécas » du film A.I. Intelligence artificielle, capables d’assurer la plupart des tâches domestiques sans jamais perdre le sourire ou protester contre les traitements qui leur sont infligés. Mais même s’ils n’ont pas une apparence humanoïde, des milliers de foyers ont déjà adopté des robots dotés d’une intelligence artificielle ! Le robot aspirateur Roomba, par exemple, a déjà été vendu à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde. Les

robots tondeuses et les robots laveurs sont également en passe de devenir des succès commerciaux, tandis que le monde des jouets n’est pas en reste, comme vous avez pu le découvrir dans notre dernier guide d’achat. Pendant ce temps-là, sur le petit écran, la série BattleStar Galactica raconte l’histoire d’une guerre entre des machines, les Cylons… et les humains qui les ont fabriqués. Quarante ans après un premier armistice, les Cylons reviennent pour donner le coup de grâce aux Douze Colonies humaines… Ils ont évolué et ont créé des milliers de copies de douze modèles si humains que certains ne savent même pas qu’ils sont des machines. Parmi eux, Numéro Six, qui est certainement le robot le plus sensuel et le plus féminin jamais imaginé avec son corps sculptural, sa robe rouge, sestalons aiguilles… et son insatiable appétit sexuel, quelles que soient les circonstances. Certes il ne s’agit ni plus ni moins que d’une histoire (ou d’un fantasme des scénaristes !),

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Numéro Six, personnage emblématique de la série BattleStar Galactica

Dossier sexe et robots “Tout y est présent pour débuter et mettre en œuvre vos constructions les plus complexes”

Terminator

Leisuire Suit Larry est une suite de jeux développés dans les années quatre-vingt et 90 et destiné à un public très adulte

Droits et devoirs des robots Difficile d’ignorer l’idée qu’un jour nous verrons peut-être des humains jugés pour avoir forcé un robot à accomplir un acte, notamment sexuel, contre sa volonté (si tant est que l’on puisse parler de volonté pour un robot). C’est une question éthique, abordée notamment dans la série Battlestar Galactica, et qui ne trouve aujourd’hui pas de réponse autre que celle que nous souffle notre conviction intime. Un robot qui arbore une apparence humaine et ressent des émotions est-il une personne ou simplement une machine extrêmement sophistiquée, dont on peut user et abuser ? Cette question se pose dans A.I. Intelligence artificielle d’une manière légèrement différente. Peut-on maltraiter un enfant robot, torturer une femme ou un homme robot? Pour David Levy, « il s’agit d’une des nombreuses questions qui devront être examinées par des experts, tant d’un point de vue éthique que législatif; de telles discussions deviendront monnaie courante lorsque les robots à ressemblance humaine seront démocratisés ». Et réciproquement! On peut en effet supposer qu’il faudra prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter qu’un robot fasse un jour du tort à un humain — dans la ligne des lois édictées par Isaac Asimov.

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Dans Sarah Connors Chronicles, Cameron le Terminator est dotée d'un grand atout charme

mais elle a le mérite de soulever une idée peutêtre un peu dérangeante, celles des rapports intimes qui pourraient exister avec un robot. OSERONS-NOUS CONFIER À UN ROBOT NOTRE SEXUALITÉ ? Nous déléguons aux robots de plus en plus de responsabilités, à la fois parce qu’ils sont de plus en plus intelligents, mais aussi parce qu’il est dans notre nature de rechercher la perfection. Les robots peuvent sans contestation possible accomplir mieux que les hommes les tâches qui leur ont été demandées, tout simplement parce qu’ils sont des machines conçues pour accomplir une série d’actions avec une grande précision. Aujourd’hui nous exigeons qu’ils fassent à notre place des travaux mécaniques — mais si nous leur demandions demain de nous faire l’amour ? C’est un pas que les scénaristes ont allègrement franchi, sans laisser planer de réels doutes sur la faculté des robots à nous satisfaire sur ce plan-là également. Dans A.I. Intelligence artificielle, le héros est accompagné dans sa quête par Gigolo Joe, un robot

dont le seul objectif est la satisfaction de ses clientes. Il est amusant, romantique, galant, rassurant… et sûr de son talent ! Ne déclare-t-il pas dans le film : « Une fois que tu auras goûté à un robot d'amour, tu ne voudras plus jamais d'un homme réel. Jamais. » Dans les années 1980, les jeux vidéo à connotation sexuelle débarquaient sur les écrans des Commodore 64… Souvenez-vous, il fallait charmer de jeunes femmes afin d’obtenir leurs confidences sur l’oreiller et résoudre ainsi une enquête. Vingt ans plus tard, les sex toys quittent les arrière-boutiques miteuses et font leur apparition à la une des journaux, soulevant ainsi un nouveau coin du voile posé sur notre sexualité. Et si la prochaine étape faisait justement intervenir les robots sexuels ? David Levy, chercheur en Intelligence artificielle, déclare : « Ces robots seront programmés avec toutes les connaissances incluses dans les meilleurs manuels d’apprentissage de la sexualité. Ils pourront faire l’amour avec talent et ils seront capables d’enseigner à leurs partenaires à être de meilleurs amants. Je crois que tout ce que nous, les hommes, sommes capables de faire pourra un jour être également fait par les robots. C’est juste une question de temps. »


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nous a faits meilleurs dans notre spécialité qu'il n'a jamais été humainement possible. » Après tout, en faisant l’amour avec un robot, il sera toujours possible ensuite, très simplement, de l’éteindre, de le ranger, ou de le quitter — le tout sans craindre de conséquences ou de représailles.

nator

Terminator

Dans A.I. Gigolo Joe est un robot de sexualité à destination des femmes Non seulement ils pourront tout faire, mais ils le feront sans forcément demander un investissement moral ou affectif, comme l’exprime Gigolo Joe dans A.I. Intelligence artificielle : « Nous sommes le plaisir non coupable du pauvre être humain abandonné. Nous ne tombons jamais enceintes, nous ne demandons pas de dîner avec papa et maman, nous travaillons sous vous, nous travaillons sur vous et nous travaillons pour vous, parce que l'homme

COMBLER UN MANQUE Mais revenons au film A.I. Intelligence artificielle, communément considéré comme un excellent exemple de ce que l’avenir pourrait nous réserver. Si une partie de la population semble avoir parfaitement accepté ces robots hommes et femmes, d’autres sont horrifiés par ces créations qui visent à remplacer l’humain et les massacrent dans une version moderne des jeux du cirque de la Rome antique. Même si la solution qu’ils tentent d’apporter est pour le moins discutable, ils posent bien sûr une question d’importance cruciale. Un robot sexuel (ou un robot d’amour) pourrait dans certains cas réellement remplacer un être humain, ou plutôt l’absence d’être humain, mais sans qu’il faille forcément y voir une démarche à diaboliser. C’est en tout cas le point de vue de David Levy : « Certains ou certaines n’ont personne à aimer et personne ne les aime. Ce sont souvent des individus qui rencontrent des difficultés à établir une relation épanouissante et elles auront ainsi une autre option, celle d’une relation avec un robot. De ce point de vue, je pense que l’amour et le sexe avec un robot seront un grand bienfait pour la société, en rendant heureuses toutes ces personnes seules et malheureuses. » Tout cela se complique évidemment pour les personnes qui vivent en couple et probablement encore plus pour les hommes que pour les femmes… Si historiquement l’homme a le droit d’aller chercher en dehors du couple la satisfaction de ses désirs, c’est encore très mal admis pour les femmes, malgré toutes les avancées faites de ce point de vue. Disons-le tout de go, techniquement, il n’y a aucune raison pour laquelle les robots sexuels seraient plutôt féminins que masculins ! Cela dit, aujourd’hui, les robots féminins semblent être la priorité et pour ce qui est de la ressemblance, ils apparaissent d’ores et déjà très crédibles, comme le souligne David Levy : « Les avances en matière de robot à intelligence artificielle font qu’ils vont avoir de plus en plus de traits humains — ils auront une personnalité, des émotions et ils sembleront même avoir une conscience. Au Japon, des chercheurs ont déjà démontré que l’apparence physique des robots a atteint un niveau incroyable. » Immanquablement, l’arrivée sur le marché de robots sexuels suscitera un grand nombre de questions d’ordre éthique… et légal. Imaginons qu’une femme prétexte avoir la migraine. Sera-t-elle soulagée ou furieuse si son homme fait appel à un robot

Love sex with Robots, de David Levy David Levy est un auteur britannique qui a obtenu en 2007 un Ph.D. de l’université de Maastricht (Pays-Bas) grâce à sa thèse sur les relations intimes avec des partenaires artificiels. Son livre, Love and Sex with Robots, est disponible aux Éditions Harper. Merci, David, d’avoir répondu à nos questions spécialement pour Planète Robots

Une longueur d’avance pour le Japon ! À l’université d’Osaka, l’équipe du professeur Hiroshi Ishiguro a d’ores et déjà mis au point des robots androïdes extrêmement réalistes en termes d’apparence et de comportement. La série de robots « Repliee » est dotée d’une reconnaissance vocale, fonctionnelle même dans un environnement bruyant, et possède plus de 40 000 phrases pour s’exprimer. Ces robots aux traits féminins sont capables de mouvements fluides, qu’ils adaptent, ainsi que leurs expressions faciales, à la situation ou à leur discours. Et même la respiration humaine est simulée… L’idée qui préside à ces recherches, c’est bien sûr le développement de robots qui sauront justement faire oublier qu’ils sont des robots, afin d’interagir le plus naturellement possible avec l’homme.

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Dossier sexe et robots Le canard vibrant, premier robot sexuel de l'histoire?

Rachel dans Blade Runner est un robot secrétaire aux allures de femme fatale. Pour l'amour de son robot femme, le héro de Cherry 2000 partira dans une zone dangereuse à la recherche de pièces pour la réparer sexuel ? Bien sûr, tout dépendra de l’ouverture d’esprit de chacun et de notre volonté de considérer les robots comme des machines… ou des humains. LE ROBOT, UN PARTENAIRE POUR LA VIE ? À plus long terme, on peut imaginer que les robots feront partie de notre vie et seront des partenaires potentiels — de ceux qui sont toujours prêts et ne nous déçoivent jamais, avec tous les problèmes que cela pourra poser ensuite dans les relations entre humains ! Comme le détaille David Levy, toujours : « Il y aura des situations dans lesquelles les robots pourront poser des problèmes. Par exemple, une personne pourrait se montrer jalouse si son partenaire est amoureux ou fait l’amour avec un robot. Et les robots sexuels seront également une cause d’anxiété si l’on cherche à se comparer à eux — un homme pourra par exemple être particulièrement nerveux s’il sait que la femme avec qui il sort a eu une expérience sexuelle très réussie avec un robot, parce qu’il se demandera si ses capacités soutiennent la comparaison. Cela pourrait être un sérieux problème dans le futur pour beaucoup d’hommes et c’est un problème sur lequel les psychiatres auront à se pencher afin de pouvoir le résoudre quand il se présentera. » Au-delà du ménage à trois ou à quatre se pose bien sûr la question de l’amour. Dans la

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série Battlestar Galactica, malgré la haine que se vouent naturellement humains et Cylons, malgré la programmation des uns et la rancœur des autres, des couples mixtes se forment. On se rend compte finalement qu’un attachement entre robots et humains rencontrerait de prime abord la même résistance qu’ont pu subir les différentes sortes d’amours (entre deux personnes de couleur différente, de religion différente, d’âge différent, de même sexe), avant que le changement des mentalités ne fasse effet. La même idée était développée dans le film Blade Runner, avec une femme robot n’hésitant pas à se retourner contre les siens pour l'amour d'un humain, qui ne voyait en elle qu'une machine dans les premiers temps de leur relation. Pour David Levy, les robots ne seront pas seulement à vocation sexuelle : « Quand toutes les technologies nécessaires auront fait un pas supplémentaire en avant et quand elles auront fusionné, nous verrons apparaître des robots qui auront toutes les caractéristiques des humains. Pourquoi les gens ne tomberaient-ils pas alors amoureux d’eux ? » Ils posséderont non seulement toutes les caractéristiques des humains mais ils seront également programmés pour répondre aux envies et aux besoins des uns et des autres en termes de personnalité, de savoir ou de culture. Programmés pour séduire les humains, tout simplement ! UNE RELATION TROP PARFAITE ? Dans le film Cherry 2000, les relations amoureuses entre humains sont contractuelles, et Sam Treadwell trouve chaque soir la paix au sein de son foyer, avec une femme robot aimante, souriante et attentive, qui a l’apparence d’une parfaite maîtresse de maison, même si elle ne mange pas, ne boit pas, et ne

résiste pas à une immersion dans l’eau ! Imaginons un instant que ces relations humains/robots soient réellement l’avenir d’une partie de la race humaine… Dans A.I. Intelligence artificielle, les robots ont été inventés pour suppléer les humains ; avec le réchauffement climatique, la Terre n’est tout simplement plus capable de supporter une population croissante et les robots sont la solution idéale pour prévenir dépression et rébellion, y compris les enfants robots, qui permettent aux couples qui n’ont pas de permis de devenir parents. 2 050 ? David Levy est convaincu que le premier mariage entre un robot et un humain aura lieu en 2050, dans l’état du Massachusetts (USA), reconnu pour être extrêmement libéral sur la question du mariage. Et même si cela semble difficile à imaginer aujourd’hui, c’est sans nul doute un scénario auquel nous devrions nous préparer !… ■Brigitte Bailleul 1- A.I. Intelligence artificielle, réalisé par Steven Spielberg (2001) raconte la quête d’un enfant robot dont le souhait le plus cher est de devenir un véritable petit garçon. 2- Selon Daniel Ichbiah, sur le site www.futura-sciences.com, dans l’article Domotique: le robot envahit la maison, publié le 26 octobre 2009. 3- Planète Robots n° 1, Guide d’achat Spécial Noël, décembre 2009. 4- Battlestar Galactica, série télévisée (2004-2009) de 73 épisodes, créée par Ronald D. Moore. L’histoire des survivants des Douze Colonies, anéanties par une race robotique qu'elles ont elles-mêmes créée un demi-siècle auparavant. Réunis à bord d’une flotte de vaisseaux protégée par un Battlestar, et pourchassés par les Cylons, les Coloniaux partent à la recherche de la Terre, où ils rêvent de s'établir en paix. 5- Blade Runner, réalisé par Ridley Scott (1982), raconte le destin de robots à forme humaine qui revendiquent l'allongement de leur espérance de vie, limitée à quatre années. 6- Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt (1987) raconte l’expérience initiatique d’un homme qui souhaite remplacer à l’identique sa femme robot, un modèle qui n’est malheureusement plus fabriqué. 7- Isaac Asimov (1920-1992) est un auteur américain d’origine russe (il est né à Petrovichi, près de Smolensk), renommé pour ses ouvrages de science-fiction et de vulgarisation scientifique. Il est également l’auteur des Trois Lois de la Robotique…

Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »

Terminator : The Sarah Connor Chronicles disponible Saison 1 La série dérivée de la saga Terminator sera disponible dans sa première saison à partir du 13 janvier. Elle sera divisée en 3 volumes, sur support DVD et Blu-Ray, chez Warner Home Video.


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GOSTAI INVENTE URBI

LE LANGAGE UNIVERSEL DES ROBOTS Baillie, ingénieur issu de Polytechnique et actuel P-DG de Gostai. Interview d'un homme passionné, dans la tourmente de la robotique qui évolue sans cesse…

Créée en 2006, Gostai est une start-up française née d'une idée volontariste : rendre plus simple et plus flexible la programmation des robots. Basée sur une architecture client/serveur, le premier produit de la firme est le langage URBI (pour Universel Real-time Behavior Interface). Il comprend quatre éléments : UObject, qui permet une architecture de composants ; des interfaces possibles avec plusieurs langages comme C ++, Matlab ou Java ; un langage propre UrbiScript ; enfin, un éditeur : Urbi Studio. URBI s'adresse notamment à la robotique mobile du fait de sa capacité à gérer simplement des actionneurs comme un moteur électrique, par exemple. Ce langage va passer en version 2, mais il est déjà possible de programmer plusieurs robots, dont l’Aibo de Sony, le Create d’iRobot, le Mindstorms NXT de Lego, le Nao d’Aldebaran Robotics, le Rovio de WowWee ou encore le Spykee de Meccano… Nous avons souhaité en savoir plus sur l'actualité et l'avenir de Gostai. Nous avons donc posé quelques questions à Jean-Christophe

Christophe Le Blanc : Quelles sont les nouveautés, en ce début d'année, chez Gostai ? Quand URBI 2.0 va-t-il passer en release finale ? Jean-Christophe Baillie : On visait la fin de l'année, mais on va avoir un peu de retard. Je préfère ne pas donner de date fixe, mais c'est sûr, URBI 2.0 sera prêt tout au début de 2010. Nous travaillons surtout sur la documentation, le packaging et le portage final sur Windows aujourd'hui.

ber toutes les barrières qui gênent l'adoption d'URBI : c'est gratuit, ouvert et soutenu par une boîte qui ne lésine pas sur les moyens ! C.L.B. : Une date de sortie pour UrbiLab et UrbiStudio ? J.-C.B. : Début janvier 2010. Tout est prêt, on travaille en ce moment sur le look and feel — vous allez aimer ! Les transitions sont animées, les graphes sont très lisibles et l'ensemble est conçu pour être pratique à utiliser. Cette première release sera un jalon, mais pas la fin de l'histoire. On a tout de suite après de nombreuses nouvelles fonctions qui vont arriver, une fois le socle de l'application terminé : multigraphe, débogueur intégré, meilleure intégration des applications entre elles, etc.

C.L.B. : De nouveaux robots vontils être compatibles avec URBI ? Des noms ? J.-C.B. : Oui !… Déjà, les robots RMP de Segway sont sur la liste. D'autres suivront bientôt. Et la release officielle d'Urbi4Spykee vient de sortir sur urbiforge. org.

Architecture d'URBI

C.L.B. : Pourquoi avoir passé URBI en open source ? J.-C.B. : On avait déjà UObject en GPL depuis le début et URBI en version gratuite pour les hobbyistes et les universitaires. Mais on sentait bien qu'il fallait aller plus loin pour permettre à la communauté de se développer. Notre but, avec le passage open source, est de faire tom-

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Les dossiers

LE LANGAGE UNIVERSEL DES ROBOTS C.L.B. : Vous revenez de l'IREX (le plus grand salon de la robotique au Japon, N.D.L.R.) dans le cadre d'un voyage avec CapRobotique et UBIFrance… Quelles sont vos impressions sur ce dernier salon ?

Stand Gostai lors de la présentation de Cap Robotique.

J.-C.B. : J’ai constaté une forte présence de la robotique de service, même si elle ne semble pas avoir beaucoup progressé depuis deux ans. Mais la crise est passée par là, je pense. Globalement, ce qu'il faut retenir, ce sont les investissements très importants (et soutenus) faits par le Japon et la Corée dans ce domaine. Il faudrait que nous fassions preuve d'autant de volontarisme !

C.L.B. : D'autres nouveautés à venir ? J.-C.B.: On est déjà bien occupés avec tout ça! C.L.B. : La plate-forme GostaiNet a été lancée depuis un an… Quel est votre bilan sur ce produit ? J.-C.B. : Très bon ! Il y a eu de petits soucis au démarrage, mais c'est tout à fait normal vu la

Architecture GostaiNet

complexité de l'architecture. On a maintenant une plate-forme stable et, il me semble, adaptée aux besoins du marché de la robotique low cost. Je pense que l'approche GostaiNet est incontournable aujourd'hui pour faire avancer des offres grand public à un prix abordable. J’en rappelle le principe : on fait tourner l'intelligence du robot en dehors, sur des serveurs, un peu comme dans le « cloud computing » pour la robotique. L'avantage est que le robot n'a pas besoin d’être très puissant, et que les applications sont en permanence à jour et interconnectées. C.L.B. : Qui sont vos clients pour cette offre ? J.-C.B. : Pour l'instant, principalement des opérateurs téléphoniques avec lesquels on a fait des pilotes. On a également des pistes applicatives plus « B2B », que l'on va explorer en 2010. C.L.B. : Des robots en sont-ils déjà équipés (en plus de Spykee et de Rovio) ? J.-C.B. : En principe, tout robot compatible URBI peut être branché sur GostaiNet, donc cela va bien au-delà de Spykee et de Rovio. On a par exemple branché un Pioneer sur GostaiNet pour l'expérience du « Robot touriste » réalisée à la Cité des Sciences. N'importe qui pouvait prendre le contrôle du robot à distance, à partir de gostainet. com, et le piloter à travers l'exposition.

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C.L.B. : Qu'avez-vous découvert de nouveau ? Des concepts prometteurs, des innovations ?… J.-C.B. : Pas énormément de nouveautés, à mon avis. Encore une fois, je pense que la crise n'a pas favorisé l'innovation depuis les dix-huit derniers mois… C.L.B. : Au cours de votre tournée asiatique, vous êtes également allé en Corée… Les investissements continuent donc très fortement làbas ? Des choses intéressantes en vue ? J.-C.B. : Oui, de très forts investissements. Et de nombreux moyens mis à la disposition des entreprises de robotique — par exemple la possibilité de faire fabriquer des moules et des pièces de prototypes à moindre prix dans un centre spécial consacré à la robotique et dont la mise en place a dû coûter des dizaines de millions d'euros. Cela donne une idée du volontarisme de la Corée, qui veut devenir le leader mondial de la robotique d'ici dix ans. C.L.B. : Des partenaires dans ces contrées pour Gostai, prochainement ? J.-C.B. : On l'espère… En tout cas, on est en discussion avec plusieurs fabricants, sur place. Nous verrons si l'open source facilite les choses ou pas… C.L.B. : En parallèle, vous vous occupez d'une commission sur


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l’éthique et la robotique au sein de Syrobo (le syndicat de la robotique en France, N.D.L.R.)… En quoi consiste donc cette commission ? Quel est son but ?

Lors du dernier "Futur en Seine", Gostai a conçu le Robot Toutiste. Ce robot visitait la Cité des Sciences de La Villette pour les internautes, qui pouvaient ainsi récolter des renseignements par des outils de réalité augmentée.

J.-C.B. : Partout où j’interviens en public, les mêmes questions reviennent, liées à la peur des robots, aux risques, etc. C'est très européen comme réaction. On a décidé de monter ce comité pour réfléchir ensemble, sérieusement, à ces questions et pouvoir apporter des réponses précises aux inquiétudes diverses, mais aussi pour souligner l’énorme et positif potentiel de la robotique. Le sujet est passionnant parce qu'il mêle technologie, philosophie, science — et même histoire !… C.L.B. : Vous êtes-vous fixé des objectifs précis ? J.-C.B. : Nous souhaitons aboutir à un document de synthèse, qui couvrira les sujets principaux. Nous pourrons également intervenir ponctuellement dans la presse pour réagir à des événements ou des critiques.

C.L.B. : Avez-vous des choses à ajouter ? Vous voulez peut-être nous entretenir d’un autre sujet ?

C.L.B. : Quelle est votre vision du marché de la robotique tel qu’il sera dans cinq ans ? Et qu’en est-il de vos ambitions, ensuite, pour Gostai ? URBI dans tous les robots ?…

J.-C.B. : On lance déjà en avance de phase le site communautaire www.urbiforge.org, qui rassemblera toutes les contributions open source, les projets et les modules téléchargeables. C'est un wiki (on va progressivement l’ouvrir à la communauté) qui est donc la place centrale pour tout ce qui concerne URBI. Vous êtes les bienvenus !

J.-C.B. : Notre but est la robotique pour tous. Cela passe, je pense, par le développement d'offres robotiques low cost (moins de 300 euros) qui sont vraiment utiles pour les gens : surveillance du domicile, téléprésence, aide aux personnes âgées, le ludo-éducatif, etc. Nous avons besoin d'une offre plus large de robots comme Spykee et Rovio — c'est aujourd'hui le point le plus important. D'ici cinq ans, vous verrez qu'il y aura de plus en plus de robots fournissant toute une gamme de services, au moins dans le cadre du travail et peut-être dans le cadre privé. Pour que ça marche, je pense qu'il est important que l'on puisse mutualiser les efforts en matière de développement d'applications : Gostai investit énormément dans la mise au point d'infrastructures logicielles complexes. L'idée est bien d'avoir URBI dans tous les robots (à côté d'autres systèmes car ce n'est pas exclusif), afin de fournir des services et des applications universels, donc à moindre coût. Évidemment, comme beaucoup d'autres, nous imaginons une sorte d'AppStore de la robotique, basé sur GostaiNet, qui permettra à n'importe qui de créer une application robotique utile et de la commercialiser par le biais d'une plateforme d’échanges. À suivre !…

C.L.B. : Merci d'avoir pris le temps de nous répondre. J.-C.B. : Avec plaisir ! ■Christophe Le Blanc

Les bases RMP, maintenant compatibles avec URBI.

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Les dossiers

L'ARCHITECTURE ROBOTISÉE

OÙ LES IMMEUBLES S'ANIMENT ! « Design architectural robotisé » — une dénomination qui s’applique aux bâtiments capables de modifier leur forme ou leur couleur, selon des événements extérieurs, comme le changement de climat, ou répondant simplement aux besoins de leurs habitants, qui veulent par exemple réguler la température. En somme, ce sont des immeubles vivants qui doivent participer au bien-être. Futuriste ? Pas tant que ça, certains immeubles de ce type ont déjà été construits et s'autorégulent… L'habitat est déjà en passe de nous obéir au doigt et à l'œil. La domotique permet aujourd'hui d’habiter une maison capable d'exécuter les petits gestes du quotidien : allumer la lumière, actionner notre matériel électroménager, remplir une baignoire. Pourtant, demain, c'est le bâtiment tout entier qui devrait devenir entièrement interactif, avoir une vie et une existence propres. Une nouvelle génération d'architectes travaille à la question, dans le but de concevoir des immeubles qui réagissent à leur environnement, à l'intérieur comme à l'extérieur. Les bâtiments pourraient peut-être s'adapter aux conditions météorologiques ou à l'utilisation que nous en faisons. L'immeuble deviendrait alors un organisme vivant, capable de s'autoréguler pour mieux s'adapter aux variations de température, aux caprices du vent ou aux clartés changeantes. Il existe déjà une architecture interactive, qui répond peu ou prou aux besoins de ses utilisateurs depuis les années 1960, mais c’est seulement dans les années 1990 que les progrès en matière de technologie ont permis de vraiment ériger ces édifices. Pour concocter les immeubles de demain, des architectes, des designers et des ingénieurs utilisent aussi bien les nanotechnologies (permettant par exemple de rendre la « peau » d'un immeuble sensible) que la robotique. Gian Carlo Magnoli, architecte et chercheur au Kinetic Design Group du MIT a une belle formule pour ce nouveau type d'immeubles, qu'il compare à nos voitures : « Les systèmes actuels

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On ne sait pas si cela verra le jour, mais Squared Lab Design et Howeler + Yoon veulent faire des immeubles abandonnés de Boston des fermes verticales robotisées. Des bras mécaniques passeraient leur journée à repositionner des capsules écologiques afin de favoriser la pousse d'algues vertes, destinées à produire du biocarburant. Crédits : Howeler + Yoon Architecture Squared Design Lab


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Tristan d'Estree Sterk envisage un gratte-ciel ultraléger pour la ville de Chicago. Le bâtiment est conçu selon le principe de la tenségrité, destiné à augmenter sa robustesse, réduire sa masse ainsi que l'énergie embarquée, les coûts de transport et de construction. De plus, un bâtiment comme celui-ci serait apte à répondre aux conditions environnementales changeantes. Crédits : Tristan d'Estree Sterk -- The Office for Robotic Architectural Media & Bureau for Responsive Architecture

ne permettent pas que l'on se serve mal des freins, des roues ou de l'essence, et les airbags se déclenchent automatiquement en cas de danger. Notre maison fait rarement tout cela pour nous, mais nous aimons à croire qu'elle le pourrait. »

LA MAISON SE SECOUE POUR ENLEVER LA NEIGE DU TOIT Au Bureau des architectures réactives, situé à Chicago et dirigé par Tristan d'Estree Sterk, on imagine un squelette robotisé qui viendrait

encercler les bâtiments : il serait alors doté de muscles pneumatiques. Ce système, qui se rapporte à la « tenségrité » (tensile integrity, faculté d'une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s'y répartissent et s'y équilibrent), permet de concevoir des structures intelligentes à la fois légères, extrêmement robustes et capables de changer de forme sans consommer beaucoup d'énergie. Sterk imagine alors que les gratteciel pourraient résister aux vents forts en produisant des forces contraires. Autre exemple, une maison pourrait remuer afin d'enlever la

neige de son toit. « En utilisant un exosquelette, le bâtiment laisse le vent passer à travers sa structure, ce qui réduit les secousses », affirme-t-il. Il imagine aussi que ces bâtiments pourraient modifier leur forme pour suivre la course du soleil afin de permettre une plus grande pénétration de la lumière. Et même capter l'énergie solaire et chauffer l'intérieur. « Nous accomplissons ce travail parce que la plupart des technologies nécessaires à l'élaboration d'immeubles réactifs n'existent pas encore et parce que les technologies réactives nous permettent d'améliorer les performances de nos immeubles. Plus que les performances des immeubles, nous pensons que ce travail nous permet de concevoir un nouveau type d'architecture qui reflète d'une façon plus proche les conditions sociales et technologiques de notre époque », conclut l'architecte. Robot Neumayr a aussi en tête un projet qui utilise la technique de la tenségrité. Topotransigrity est un centre commercial qui s'adapterait aux mouvements du public. La structure évaluerait en permanence son environnement et se reconfigurerait en fonction de ce dernier. Capable de transformations minimes ou à plus grande échelle, elle serait équipée de capteurs. Le sol répondrait alors aux mouvements des visiteurs. La taille et l'orientation des carreaux au sol seraient influencées par la foule. Conservés en mémoire, les chemins et le schéma empruntés par les utilisateurs influeraient sur la topographie… « Les robots sont capables de détecter des scénarios, d'émettre des hypothèses sur les expériences passées et présentes, et d'ensuite agir de façon appropriée », raconte Jason K. Johnson, codirigeant du Laboratoire des villes du futur, un organisme de recherche qui travaille sur les métropoles de demain. Parmi ses projets, le RAVE (Reactive Acoustic Variable Expansive Space), une structure qui stocke l'énergie solaire le jour et la restitue sur une piste de danse, avec son, lumière et pulsations la nuit. IRIS (Intelligent Responsive Integrated Space) est une façade composée de couches qui pourrait s'optimiser suivant l'air, la lumière ou la pollution. Quant à TILT (Transformative

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Les dossiers “En utilisant un exosquelette, le bâtiment laisse le vent passer à travers sa structure, ce qui réduit les secousses.”

Intelligent Loop Tower), il s'agit d'un prototype d'immeuble qui ajusterait la forme de son sol, passant du cercle à l'ellipse, afin de répondre aux conditions climatiques, tandis qu'un écran de LEDs enregistrerait la vitesse du vent, les températures et les mouvements des personnes qui se trouvent à l'intérieur. Le laboratoire fourmille de projets plus grandioses les uns que les autres, notamment le Super Galaxy, un complexe hôtelier constitué d'alvéoles blanches, qui serait en mouvement constant et se calibrerait selon des données extérieures (climat, pollution…) et des données locales (microclimat choisi, température, son et lumière). CINQ MILLE VOLETS VERTS ET ROUGES SE FERMENT ET S'OUVRENT SELON LA LUMINOSITÉ Dès mars 2006, William J. Mitchell, directeur du laboratoire « Ré-imaginer le futur » de l'École d'architecture et d'urbanisme du MIT affirmait que « nos villes se transforment rapidement en écosystèmes artificiels, en organismes numériques intelligents, interdépendants et interconnectés. Il est évident qu’inclure l’intelligence dans les objets crée de

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nouvelles fonctionnalités, mais il est moins immédiatement évident qu’elle en change également la forme et la dimension, ainsi que les rapports qu’ils entretiennent dans l’espace ». Il détaillait plusieurs projets du MIT. Ainsi, les « concept cars » pliables du laboratoire Smart Cities ou les parkings intelligents du SenseAble City Lab, qui invitent les automobilistes à occuper les places vacantes quand ils en cherchent, faisant varier les prix selon les emplacements ou la demande. Le laboratoire House_n, qui conçoit des appar tements réactifs, capables de reconnaître les compor tements de leurs habitants et de s’adapter à leurs activités, leurs habitudes alimentaires ou leur état de santé. Avec son laboratoire Ré-imaginer le futur, il a aussi imaginé quelques projets pour l'Exposition universelle de Saragosse en 2008, comme les fontaines qui permettent de créer des lignes de textes avec de l’eau ou des lumières réactives qui suivent les pas des badauds dans la ville. En décembre, les Cologne Oval Offices, initiés par le cabinet d'architectes Sauerbruch Hutton, ont été inaugurés sur les rives du Rhin. Ces deux bâtiments ovales ont la spécificité de pouvoir changer d'apparence tout au long de la journée. En effet, cinq mille volets verts et rouges se ferment et s'ouvrent selon la lumi-

nosité. Un capteur placé sur le toit détermine l'intensité de ladite luminosité et décide du nombre de volets à ouvrir ou à fermer. Estampillés du label « Green Building » décerné par l'Union européenne, les Bureaux ovales de Cologne sont munis de fenêtres plus grandes au nord — plus problématique que le sud, une orientation plus ensoleillée. Cette disposition réduit déjà de moitié la surface des baies vitrées par rapport à d'autres immeubles de bureaux et, partant, la consommation d'énergie. Le cabinet d'architectes autrichien Ernst Gieselbrecht + Partner ZT GmbH a imaginé, lui, une façade dynamique. Elle se compose de grands panneaux blancs qui peuvent s'ouvrir et se fermer. Le bâtiment reste en mouvement toute la journée, suivant le soleil et la température. L'immeuble devient alors une sorte de sculpture en mouvement perpétuel, un mobile de fer et de béton suivant une subtile chorégraphie. Quant aux chercheurs d’Irobot et de l'université de Chicago, ils travaillent sur un prototype de robot « blob » capable de se déformer. Ce robot « chimique » peut se gonfler, se dégonfler, et changer de forme. Il pourra se faufiler dans les craquelures d'un mur — même si, pour le moment, on ne voit pas vraiment à quoi cela pourrait bien servir…


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Le projet Energy Farm du laboratoire Future Cities propose à une échelle urbaine un système robotique appelé « Sky-Pins ». Ces broches collectent l'énergie solaire pendant la journée, puis la transmettent sous forme de son et de lumière la nuit — Crédits : Future Cities Lab

DES GRATTE-CIEL DYNAMIQUES L'émirat de Dubai, habitué aux projets immobiliers gigantesques, a pour objectif d'accueillir d'impressionnantes tours futuristes, comme les « Rotating Towers » (tours pivotantes) de l'architecte italo-israélien David Fischer. Cette « architecture dynamique » permet aux étages de pivoter indépendamment autour d'un axe central. L'immeuble serait alors toujours en mouvement, donc continuellement en train de changer de forme. Les résidents auraient la possibilité de modifier la vue dont ils disposent en appuyant simplement sur un bouton. Les étages peuvent tourner à des vitesses différentes (la vitesse de révolution complète va de 60 minutes à 24 heures), dans des directions opposées. Selon l'architecte, cet immeuble sera doté d’une forte résistance aux tremblements de terre puisque chaque étage peut tourner indépendamment. Ce gratte-ciel de quatre-vingts étages sera entièrement actionné par l'énergie solaire et celle du vent. Cependant, l'immeuble générera dix fois plus d'énergie qu'il n’en requiert : grâce aux panneaux solaires situés sur le toit, mais aussi grâce aux soixante-dix-neuf éoliennes incorporées entre les étages, ce qui les rend invisibles. David Fischer n'est pas peu fier de son projet : « La vie moderne est dynamique, donc l'espace dans lequel nous vivons doit l'être aussi, ajustable à nos besoins, qui changent en permanence, à notre concept du design et à nos humeurs. Les immeubles dynamiques suivront le rythme de la nature, changeant leur direction et leur forme, de minute en minute, de l'aube au coucher du soleil, de saison en saison, s'adaptant à l'environnement. À partir de maintenant, nos immeubles seront vivants, afin de prendre part à une nouvelle architecture qui changera les paysages du monde entier. » Bien que Time Magazine ait désigné l'architecture dynamique comme une des meilleures innovations de l'année 2008, le projet est actuellement en suspens, à cause de la crise financière qui a durement touché l'émirat. D'autres savent inclure la crise dans leurs projets architecturaux. Le cabinet d'architectes Howeler + Yoon et Squared Lab Design songent à utiliser un robot qui parasiterait les immeubles abandonnés de Boston. Il s'agirait de recouvrir un bâtiment non achevé par des capsules écologiques robotisées, appelées « eco-pods ». Des bras également robotisés seraient continuellement en train de repositionner ces capsules afin de favoriser la pousse d'algues vertes, destinées à produire du biocarburant. Ce concept pourrait être applicable à plusieurs bâtiments abandonnés à cause de

Future Cities Lab a aussi imaginé Super Galaxy, une gamme modulaire de suspensions robotiques — en fait des hôtels qui réagissent à leur environnement extérieur. Crédits : Future Cities Lab

la crise. Les bras robotiques seraient actionnés au moyen de l'énergie produite par les microalgues. L'immeuble robot deviendrait ainsi presque humain, avec ses parasites… l’AIST. ■Amandine Schmitt

Jason K. Johnson revient sur les dérives que le design architectural robotisé peut engendrer… « Ces nouvelles technologies sont en train de devenir une réalité — que nous le voulions ou non! Dans mon séminaire, nous réfléchissons au contrôle et à la tyrannie que cela peut entraîner. Par exemple, le gouvernement américain a lancé un projet de 7,5 milliards de dollars afin de créer 1900 km de "frontière virtuelle" entre les ÉtatsUnis et le Mexique. Cette frontière sera une combinaison de barrières physiques et de clôtures, de caméras, de capteurs de bruits et vidéo, de caméras de surveillance et d’une armée de véhicules robotisés errants. Une zone de frontière similaire est en cours de construction par les Coréens du Sud. Cet emploi des robots est effrayant et se produit à une échelle territoriale massive. »

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Vie quotidienne

TUX DROID

LA RÉPONSE « VERSION LIBRE » AU NABAZTAG : TAG « Adoptez un manchot ! » Cela pourrait être le cri de guerre de ce Tux Droid. À l'instar de Violet, la société Kysoh (pour Keep Your Sense Of Humor) a annoncé la couleur et propose elle aussi son animal communicant… Tux Droid se veut un concentré de technologies servant de relais entre monde virtuel et réalité. Cet objet s'adresse à tous ceux qui ne veulent manquer une information sous aucun prétexte, mais n’ont pas envie de dépérir devant leur écran toute la journée. Allez, hop — c'est parti, on ouvre !

Spécifications détaillées Dimensions 210 mm x 180 mm x 140 mm (avec les ailes baissées) Processeurs Atmel AVR RISC microcontrôleurs (le code est compilé avec GCC et AVR-LIBC) Mémoire flash de 4 Mbits pour les sons embarqués Connexion sans fil Lien digital en duplex de 2.4 GHz entre le dongle USB et Tux Droid Puissance Pack de batteries NiCd 750mAh avec 4 éléments AAA DC-in 7,5 V pour recharger les batteries et allumer du DC

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Le packaging Rien qu'en voyant la boîte, on sait que Tux est le résultat d’un travail soigné : avec ses belles couleurs vives sur fond noir — on imagine déjà les applications qui nous attendent en lisant les informations disposées tout autour ! Et ça continue à l'intérieur, avec un système d’ouverture original qui nous permet de voir la tête de notre nouveau compagnon et tous ses accessoires, soigneusement emballés et bien en place. En plus du Tux Droid, on trouve un chargeur secteur avec quatre adaptateurs (pour les voyages), un second cache du ventre (qui vous permettra de customiser la bestiole), un cordon spécial pour changer le firmware au cas où, une télécommande (avec sa pile, sympa !) et un guide d'installation rapide. On découvre encore un personnage inattendu, Fux — un petit poisson qui lui servira de relais pour communiquer avec l'ordinateur. En effet, pour obtenir des informations, le Tux Droid utilise un pont WiFi fourni par Fux (qui est relié à l'ordinateur via USB). À la différence du Nabaztag : tag, qui se connecte sans qu’on ait besoin d'un PC, puisqu'il passe par un serveur central (ce qui peut poser problème quant à sa pérennité, si l’on considère le redressement de Violet ces derniers mois), Kysoh a donc misé sur un serveur local. En bref, une vision d’Internet par les objets un peu différente, qui épargne à votre PC d’être constamment allumé ! Le Tux Droid a vraiment une petite bouille sympa : pratiquement la même que celle de la mascotte Tux, l’animal emblématique de Linux — on a hâte de le mettre en marche ! TUX, TU VIS ! Un manuel des plus succincts nous indique les branchements à effectuer. Au premier démarrage, on a droit à une petite animation, sympathique et fun… Ensuite, il faut installer le logiciel pour le paramétrer. Aucun CD n'est

fourni, on le télécharge directement sur le site de Kysoh — ce qui permet d'obtenir la dernière version (Windows ou Linux). Sur les deux systèmes, tout s'installe à merveille, on nous demande même, à la fin, de brancher le poisson et une nouvelle icône apparaît : c'est le centre de contrôle de la bestiole. L'interface du logiciel est néanmoins très différente. La version Windows se veut grand public, beaucoup plus complète et personnalisable à notre goût sous Linux.

“On sait que Tux est le résultat d’un travail soigné.”

CE QU'IL SAIT FAIRE Après le lancement du centre de contrôle, on distingue tout de suite les possibilités de notre robot… Lire des contenus Qui n’a jamais rêvé de prendre connaissance de son courrier en restant tranquillement dans son fauteuil ? C'est une des possibilités offertes par Tux Droid. Ce petit manchot parle plus de dix langues, grâce à un logiciel de synthèse vocale. Vous avez le choix entre deux voix françaises : Bruno ou Julie. On a préféré le timbre féminin car ses intonations sont plus faciles à comprendre et les mots moins ânonnés. Mais en général, malheureusement, la voix se révèle un peu criarde… S'animer Il peut également vous alerter grâce à différentes animations et vocalises, que vous pourrez déclencher via le panneau de contrôle. En tout état de cause, il ne manque pas de vitalité ! En effet, il est capable de battre des ailes, d’ouvrir son bec, d’ouvrir/fermer ses p'tits yeux bleus — et même de tourner sur luimême (attention : pensez à enlever le cordon d'alimentation). Bien sûr, il est possible de combiner les deux actions (bouger tout ou partie du Tux Droid et parler) pour créer ce que le logiciel appelle des « attitunes ».

Le centre de contrôle sous Linux.

À placer dans une conversation, ça fait toujours chic… Tux n'est pas un pingouin — mais bel et bien un manchot, pygmée de surcroît! En effet, en anglais, penguin est un faux ami qui désigne uniquement le manchot (pingouin se dit auk). Suggéré par James Hughes, le nom Tux est le résultat d’une apocope pratiquée sur le mot américain tuxedo qui signifie « smoking » (et de plus un rétro-acronyme composé à partir de Tolvalds et d’UniX!).

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Les dossiers

Bravo, les designers — pour le packaging !

Des gadgets et des « attitunes » déjà présents ou à faire soi-même Plusieurs gadgets sont implémentés : on compte notamment un réveil, la notification d’e-mails, les prévisions météo, la lecture de musique et son pilotage via la télécommande, la lecture de conversations MSN (il réagit même aux émoticônes !) et les programmes des chaînes de télévision. Le paramétrage de ces divers éléments apparaît relativement simple et il est possible de les

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appliquer en alerte (lancer un gadget à intervalles réguliers) ou en favoris (lancer le gadget en appuyant sur les ailes). On aurait préféré, certaines fois, pouvoir régler plus finement les actions à effectuer. Par exemple, décider de jouer des alertes uniquement certains jours pour éviter, par exemple, le réveil à 7 h 30 le samedi… Les gadgets et attitunes nouveaux sont disponibles en ligne et accessibles directement par le centre de contrôle, de surcroît très simple

d'utilisation : vous double-cliquez sur celui qui vous intéresse, il se télécharge et s'installe tout seul ! Il ne vous reste plus qu’à le configurer et à l'ajouter soit en alerte, soit en favoris. Mais si l'envie vous en prend, sachez que Kysoh met à votre disposition tous les outils nécessaires pour créer ces nouveaux gadgets et attitunes, tout étant open source. C'est incontestablement la grande force de ce manchot ! Même au quotidien, Tux Droid se révèle très libre…


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“Tux peut vous accompagner dans toutes les pièces de votre maison : en effet, la portée du WiFi est bien suffisante.” Le contenu de la boîte…

Spécifications détaillées

1. Bouton pressoir au-dessus de la tête 2. Les yeux s'ouvrent et se ferment… 3. LEDs avec différentes intensités dans les yeux + capteurs lumineux 4. Microphone dans le bec 5. Bouton "switch" sur chaque aile 6. Les ailes montent et descendent… 7. Rotation droite et gauche 8. Roulette de contrôle du volume 9. Prise audio "IN" 10. Prise audio "OUT" (casque) 11. Haut-parleur 12. Batterie rechargeable 13. ON/OFF

SON UTILISATION AU QUOTIDIEN Tux peut vous accompagner dans toutes les pièces de votre maison: en effet, la portée du WiFi est bien suffisante pour que vous puissiez l’emporter partout, d’autant qu'il est muni d'une batterie. Comme les alertes se déclenchent à intervalles réguliers, elles peuvent se révéler agaçantes si elles sont trop nombreuses. Il faudra donc prêter attention au paramétrage de ces différentes alertes. Les favoris se révèlent, quant à eux, bien pratiques pour vous épargner d'aller jusqu’à l'ordinateur pour obtenir une information: quel bonheur de ne pas devoir traverser l’appartement pour savoir si vous avez reçu un e-mail ou quel est le programme télé de la soirée! En plus de ces fonctionnalités, Tux apparaît comme un véritable être « vivant ». S'il ne se passe rien durant une certaine période, il n'est pas rare de l'entendre tousser, pousser des soupirs — voire digérer bruyamment (une façon bien personnelle de se rappeler à votre bon souvenir) ! Vous pourrez néanmoins le paramétrer pour qu'il se montre plus discret.

UN BILAN PLUTÔT POSITIF Même si les nouveaux gadgets semblent tarder à faire leur apparition, la possibilité d'en développer soi-même laisse tout loisir aux programmeurs doués de montrer leur génie. En effet, Kysoh a fait le choix d'« ouvrir » son Tux Droid à la communauté (jusqu'aux caractéristiques techniques !). Cela permet d'améliorer constamment le manchot par le biais de ceux qui souhaitent partager les applications qu'ils ont conçues avec l'ensemble des utilisateurs. En définitive, il reste cependant quelques points à améliorer pour que le manchot devienne le compagnon idéal ! On aurait aimé, par exemple, voir le poisson Fux USB remplacé par un petit boîtier branché sur Ethernet et capable de sauvegarder tous les paramètres (évitant ainsi aux utilisateurs de laisser l’ordinateur allumé en permanence). On regrette aussi l’absence d’un système de reconnaissance vocale ; de toute façon, cela aurait fait gonfler l’addition, isn't it ?

“S'il ne se passe rien durant une certaine période, il n'est pas rare de l'entendre tousser, pousser des soupirs.”

■Christophe Le Blanc

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Tutoriels

LA BOTMOBILE ! OBÉIT À VOS ORDRES ! Qui n’a jamais rêvé de posséder un jour un objet qui répondrait aux ordres donnés de vive voix ? On peut dire sans se tromper que la commande vocale représente le nec plus ultra de la technologie moderne en matière d’interface homme/machine. Depuis quelques années déjà, une poignée d’industriels se sont lancés dans ce segment prometteur. Les premières applications domestiques grand public furent les téléphones portables mais, depuis peu, certains appareils comme les GPS des voitures disposent de commandes vocales. Il est hautement probable que dans les prochaines années, certaines commandes du tableau de bord de la voiture du pékin moyen seront vocales. Nous avons donc décidé d'intégrer dès à présent un petit module de reconnaissance vocale à notre Botmobile afin d’en tester les fonctionnalités et de disposer ainsi d’un véhicule en avance sur son temps. LE MODULE VRBOT À LA RESCOUSSE La toute jeune société VeeaR vient de mettre sur le marché un petit module de reconnaissance vocale appelé VRbot (VR pour « Voice Recognition » et bot pour « robot »). Comme l’annonce cette société, le module VRbot (cf. figure 2) est spécialement conçu pour ajouter facilement la fonctionnalité de commandes vocales polyvalentes à de petits robots. Le module est totalement autonome et interagit avec la plate-forme hôte via un petit protocole de communication série très simple et peu gourmand en ressources processeur. Autrement dit,

Figure 1 Figure 2

Tableau 1 Nomenclature (Composants disponibles chez Lextronic) 1 module VRbot 1 module USB-CE5 1 Led rouge 3 mm, 2 mA 1 Barrette droite simple rangée au pas de 2,54 mm 1 Résistances 1k 1/4W Outillage Fer à souder + soudure PC sous Windows avec une sortie USB Ruban adhésif doubles faces

quelle que soit la nature de la plate-forme de votre robot, le module VRbot devra pouvoir s'interfacer facilement. Du reste, VeeaR a prévu que la vitesse de communication du bus de com-

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mande série puisse aller de 9600 bps à 115000 bps (bps = bit par secondes). Le VRbot est distribué en France par la société Lextronic. Il est vendu avec un petit micro et des câbles de connexion (cf. figure 3 et 3 bis). Il existe deux modes de fonctionnement : le mode indépendant du locuteur (SI = Speaker Independant) et le mode dépendant du locuteur (SD = Speaker Dependant). En effet, il est très intéressant de disposer d'un système qui reconnaît la voix de n'importe qui sans phase d'apprentissage (mode SI). Le module VRbot possède vingt-six commandes préprogrammées en mode SI (cf. tableau 4). Cependant,

pour des raisons commerciales, les langues actuellement disponibles sont l'anglais, l’allemand, l'italien et le japonais. Nous espérons que la société VeeaR intégrera rapidement la langue française. Nous avons donc décidé d'utiliser uniquement le mode dépendant du locuteur (SD) qui est insensible à la langue. En contrepartie, une phase d'apprentissage sera nécessaire. Elle sera effectuée à l'aide du logiciel VRbot GUI, disponible en téléchargement sur le site de VeeaR (cf. tableau 3). Nous verrons plus loin dans cet article la façon de configurer le module. À noter que pour améliorer l'efficacité de la reconnaissance vocale, le VRbot peut travailler avec un « trigger », qui sert à démarrer le processus de reconnaissance vocale. En effet, le VRbot n'a aucun moyen de savoir si vous vous adressez à lui ou si les mots que vous prononcez font partie d'une conversation avec quelqu'un d'autre. Il peut s'ensuivre des déclenchements parasitaires. La méthode qui est utilisée consiste donc d'abord à prononcer


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“Le module VRbot est très bien conçu et que son logiciel de configuration apparaît comme un petit bijou de simplicité.” Figure 3

Figure 3 bis

Tableau 4 Commandes préprogrammées du VRbot en anglais Trigger Wordset 1 Wordset 2 Robot Action Left Move Right Turn Up Run Down Look Forward Attack Backward Stop Hello

le « trigger » qui peut, par exemple, être le nom du robot et à ce moment précis le VRbot sera attentif aux autres mots prononcés qu'il considérera alors comme des commandes. Pour simplifier l'utilisation du module, nous n'utiliserons pas cette fonctionnalité pour la Botmobile. Au niveau de l'interface électrique, le module VRbot est très simple: alimentation électrique entre 3,3 V et 5 V, bus série sur deux fils (TX et RX) avec niveau électrique jusqu'à 5V. Autrement dit la connexion entre le BasicStamp et le VRbot ne présente aucune difficulté. UN MONTAGE TRÈS SIMPLE Pour intégrer le module VRbot à notre Botmobile, il nous faut quelques composants (cf. tableau 1). Le schéma de la figure 4 présente le câblage à réaliser sur la plaque d’essai du B.O.E. (cf. article précédent). La seule difficulté vient de la connectique. En effet, le VRbot est fourni avec des connecteurs précâblés : un pour l'alimentation et un pour le bus série. Mais comme il va falloir préalablement configurer le VRbot en le connectant au port USB d'un ordinateur avant la connexion à la Botmobile, nous allons devoir fabriquer un petit adaptateur (cf. figure 6) à l'aide d'une barrette de cinq picots, en prenant soin de relier les deux picots extérieurs par un petit fil. La figure 6

bis présente le résultat final de cette adaptation. Afin de configurer le VRbot, nous allons utiliser un adaptateur USB (réf. USB-CE5) disponible chez Lextronic (cf. figure 5). Les caractéristiques de ce produit fabriqué par la société 4dsystems sont très simples car il s'agit en fait d'un simple adaptateur USB –RS232 qui accepte des niveaux électriques de 5 V. Il se connecte au VRbot conformément à la figure 7. À noter que lors de la première connexion de l’adaptateur USB à votre ordinateur, il faudra installer le driver fourni par le fabricant et téléchargeable sur son site (cf. tableau 2). Il s'agit d'un driver générique qui créera un nouveau port de communication COMxx sur votre ordinateur. Nous voyons sur le schéma de la figure 4 que le VRbot est alimenté par la Botmobile et que le bus série est relié aux bornes P0 et P1 du BasicStamp. Nous avons rajouté une LED à ce montage, qui signalera le bon fonctionnement de la reconnaissance vocale. Cette LED est reliée à la borne P5 du BasicStamp. Attention à la connexion de la LED qui doit respecter le schéma électrique de la figure 4.

Wordset 3 Zero One Two Three Four Five Six Seven Eight Nine Ten

ble face que nous avons utilisé pour plaquer notre module sur le dessus du BasicStamp. Quant au micro, il a lui aussi été scotché sur le dessus de la Botmobile (cf. figure 8). LA RECONNAISSANCE VOCALE À L’ESSAI Nous allons voir que le module VRbot est très bien conçu et que son logiciel de configuration apparaît comme un petit bijou de simplicité. Après avoir raccordé notre module VRbot au port USB d'un ordinateur au moyen de l'adaptateur USB-CE5, il faut lancer le programme VRbot GUI (dernière version 1.1.13), que vous aurez préalablement téléchargé. Suivez les étapes indiquées… — Trouvez le port de communication COMxx (bouton B, cf. copie d’écran 1). — Cliquez sur le bouton de connexion (bouton A).

UN SOUPÇON DE BRICOLAGE… Le module VRbot n'est pas très pratique à monter mécaniquement sur notre Botmobile car il ne possède aucun point de fixation. Nous allons donc nous servir du ruban adhésif dou-

Si tout va bien, l'écran devrait se présenter comme le montre la capture d'écran 1. — Cliquez sur « 1 Group » et entrez les 8 mots des commandes conformément à la copie d'écran 2 en cliquant sur le bouton C. Attention à bien respecter les numéros d'ordre!

Tableau 2

Tableau 3

Quelques liens utiles…

À télécharger sur www.veear.eu

Site Lextronic : www.lextronic.fr

Documentation du VRbot :

Nous avons choisi les ordres suivants : STOP AVANCE À DROITE (virage de 90° à droite) À GAUCHE (virage de 90° à gauche) RECULE DEMI-TOUR AVANCE RAPIDE AVANCE LENTE

Site VeeaR : www.veear.eu Site 4Dsystems : www.4dsystems.com.au/prod.php?id=19

- VRbot Datasheet - Quick Start Guide (English) - VRbot serial protocol (pour information) Programme de configuration : - VRbot GUI 1.1.3

Télécharger le programme de la Botmobile : www.robotmobile.fr/public/file/Botmobile%20N2.bs2

— Passez ensuite à la phase d'apprentissage

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Tutoriels Figure 4

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Figure 5

Figure 6

Figure 7

Botmobile. Après un peu d'entraînement, vous verrez que le fonctionnement et la rapidité du VRbot sont assez bluffants…

des mots des commandes en appuyant sur le bouton D, comme le montre la copie d'écran 3. L'apprentissage se fait en deux temps et le programme vous signale que l'opération a réussi. Vous pouvez ensuite vérifier que le VRbot est parfaitement programmé en utilisant le mode Test (bouton E). Il est conseillé de se placer à plus de 30 cm du micro et de parler distinctement. De plus, mieux vaut exécuter de nombreux tests, afin de valider le bon fonctionnement de la reconnaissance vocale avant de jouer avec la

ET MAINTENANT, LA BOTMOBILE VA OBÉIR ! Après que vous avez configuré le module VRbot, ce dernier garde en mémoire les commandes vocales. Il suffit maintenant de le connecter à la Botmobile selon le schéma de la figure 4. Nous avons écrit un programme assez volumineux, qui transforme les ordres reçus en commandes des moteurs. Volontairement, les ordres « Avance » et « Recule » provoquent un mouvement qui est limité à quelques centimètres.

Écran 1

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En effet, le bruit engendré par les deux moteurs perturbe la reconnaissance vocale. Il faudrait donc prévoir un petit système d'amortissement acoustique au niveau du micro pour réduire cet effet secondaire, mais cela dépasse le cadre de cet article. La reconnaissance vocale ne fonctionne donc dans notre montage que lorsque les moteurs sont à l’arrêt. Le programme est commenté et pourra facilement être adapté à d'autres commandes. Les lecteurs qui voudraient aller plus loin pourront utiliser la fonction de génération automatique du code que possède le logiciel VRbot GUI. Cette fonction, très pratique, permettra de réduire considérablement les temps de développement d'un nouveau programme. CONCLUSION VeeaR a mis sur le marché un petit produit assez performant et d'une grande simplicité de mise en œuvre. Grâce au module VRbot, notre Botmobile est maintenant capable de comprendre les commandes vocales et, avec un peu de travail, il sera possible d'aller beaucoup plus loin en utilisant par exemple un trigger ainsi que la fonctionnalité SI en anglais. VeeaR annonce d’ailleurs sur son site l’arrivée d’un nouveau produit dans les prochains jours. Nous vous informerons dès que celui-ci sera disponible, en espérant qu'il nous apportera des innovations ainsi que le mode SI en français ! ■Thibault Depost Écran 3


4p botmobile2_Mise en page 1 11/01/10 09:53 Page4

' {$PBASIC 2.5} ' Thibault Depost 2009 ' COM Parameters

COM_RX COM_TX COM_SPEED

PIN PIN CON

0 2 240

' rx pin

CON CON CON CON CON CON CON CON

"b" "s" "k" "v" "l" "o" "i" "d"

' abort recog or ping

CON CON CON CON CON CON CON CON

"w" "e" "v" "t" "i" "o" "r" "s"

' back from power down mode

Moteur_D Moteur_G Capteur_D Capteur_G

' baud 9600

' set sd level <1> ' set si language <1>

12 13 8 9

' do si recog from ws <1> ' do sd recog at group <1> (0 = trigger mixed si/sd)

' executer cette boucle 35 fois correspond à 10cm (mesuré)

INPUT Capteur_D INPUT Capteur_G

FOR counter = 1 TO 35 PULSOUT Moteur_D, 1800 PULSOUT Moteur_G, 1950 PAUSE 20 NEXT

' Main Start ' signal error code <1-2> ' invalid command or argument ' timeout expired ' back from aborted recognition (see 'break') ' no errors status ' recognised sd command <1> - training similar to sd <1> ' recognised si <1> (in mixed si/sd) - training similar to si <1>

CON CON CON

64 96 65

' 0x40

ARG_ACK

CON

32

' 0x20

GROUP_0 G0_BOTMOBILE GROUP_1 G1_STOP G1_AVANCE G1_A_DROITE G1_A_GAUCHE G1_RECULE G1_DEMI_TOUR G1_AVANCE_RAPIDE G1_AVANCE_LENTE

CON

0

'(Command count: 1)

CON

1

'(Command count: 5)

RES_ERROR RES_TIMEOUT RES_COMMFAIL RES_BUILTIN

CON CON CON CON

255 254 253 32

PIN

5

'Groups and Commands

'Robot Constant

'choix groupe travail

CASE G1_A_DROITE

' executer cette boucle 15 fois correspond à 45° (mesuré)

'Wake up or stop recognition

FOR counter = 1 TO 15 PULSOUT Moteur_D, 1950 PULSOUT Moteur_G, 1950 PAUSE 20 NEXT

GOSUB VR_Wakeup 'Set SI Language

VRA1 = 0 GOSUB VR_SetLanguage

CASE G1_A_GAUCHE

'Set 5 seconds timeout

' 0x60

' executer cette boucle 15 fois correspond à 45° (mesuré)

VRA1 = 5 GOSUB VR_SetTimeout

' 0x41 'TO READ more status arguments

CON

0

CON CON CON CON CON CON CON CON

0 1 2 3 4 5 6 7

FOR counter = 1 TO 15 PULSOUT Moteur_D, 1800 PULSOUT Moteur_G, 1800 PAUSE 20 NEXT

VR_Loop: LOW VRLED PAUSE 150 IF VRGROUP > 0 THEN HIGH VRLED VRA1 = VRGROUP GOSUB VR_RecognizeSD

CASE G1_RECULE

' executer cette boucle 35 fois correspond à 10cm (mesuré)

FOR counter = 1 TO 35 PULSOUT Moteur_D, 1950 PULSOUT Moteur_G, 1800 PAUSE 20 NEXT

'-- handle errors or timeout

IF VRA1 = RES_ERROR THEN 'try again in the same group

GOTO VR_Loop ENDIF IF VRA1 = RES_TIMEOUT THEN VRGROUP = 1 ' back to trigger GOTO VR_Loop ENDIF IF VRA1 = RES_COMMFAIL THEN

CASE G1_DEMI_TOUR

' executer cette boucle 67 fois correspond à 180° (mesuré)

FOR counter = 1 TO 67 PULSOUT Moteur_D, 1800 PULSOUT Moteur_G, 1800 PAUSE 20 NEXT

'resync and try again

GOSUB VR_Wakeup GOTO VR_Loop ENDIF

CASE G1_AVANCE_RAPIDE

'-- got a command

' executer cette boucle 70 fois correspond à 20cm (mesuré)

VRCOMMAND = VRA1

'Global Variable

VAR

Restart: LOW VRLED VRGROUP = 1

IF VRCOMMAND <= RES_BUILTIN THEN GOSUB VR_Action

Byte

Page 3

CASE G1_AVANCE

' Declaration des capteurs en entrée

' set timeout <1>

ARG_MIN ARG_MAX ARG_ZERO

VRA

PIN PIN PIN PIN

GOTO VR_Loop VR_Action: SELECT VRGROUP CASE GROUP_0 SELECT VRCOMMAND CASE G0_BOTMOBILE PAUSE 0 '-- write your code here ENDSELECT CASE GROUP_1 SELECT VRCOMMAND CASE G1_STOP PAUSE 0 '-- write your code here

counter VAR Word capteurs VAR Byte

' set si knob <1>

' Protocol arguments are in the range 0x40 (-1) TO 0x60 (+31) inclusive

VRLED

Page 2

Byte Byte Byte

' Declaration des variables

' go to power down

' Protocol Status

STS_AWAKEN STS_ERROR STS_INVALID STS_TIMEOUT STS_INTERR STS_SUCCESS STS_RESULT STS_SIMILAR

VAR VAR VAR

' Declaration des entrees/sorties hardware

' tx pin

' Protocol Command

CMD_BREAK CMD_SLEEP CMD_KNOB CMD_LEVEL CMD_LANGUAGE CMD_TIMEOUT CMD_RECOG_SI CMD_RECOG_SD

VRA1 VRGROUP VRCOMMAND

FOR counter = 1 TO 70 PULSOUT Moteur_D, 1800

3

2

1

PULSOUT Moteur_G, 1950 PAUSE 20 NEXT

Page 4

RETURN

Page 5

' VRA1 = SD level (1=easy, 2=default, 5=hard)

VR_SetLevel: VRA = CMD_LEVEL SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] VRA1 = VRA1 + ARG_ZERO SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA1] SERIN COM_RX, COM_SPEED, 200, VR_CommFailed, [VRA] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO

CASE G1_AVANCE_LENTE

' executer cette boucle 17 fois correspond à 5cm (mesuré)

FOR counter = 1 TO 17 PULSOUT Moteur_D, 1800 PULSOUT Moteur_G, 1950 PAUSE 20 NEXT

'IF (VRA <> STS_SUCCESS) THEN GOTO VR_Wakeup

RETURN

ENDSELECT ENDSELECT RETURN

' VRA1 = wordset (0=trigger)

'=== VR Routines === ' Wake up:

VR_Wakeup: TOGGLE VRLED VRA = CMD_BREAK SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] SERIN COM_RX, COM_SPEED, 1000, VR_Wakeup, [VRA] IF (VRA <> STS_SUCCESS) THEN GOTO VR_Wakeup LOW VRLED RETURN

VR_RecognizeSI: VRA = CMD_RECOG_SI GOTO VR_Recognize0 VR_RecognizeSD: VRA = CMD_RECOG_SD VR_Recognize0: SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] ' send Group/WS

VRA1 = VRA1 + ARG_ZERO SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA1] ' wait for answer

SERIN COM_RX, COM_SPEED, 60000, VR_CommFailed, [VRA] IF VRA = STS_RESULT THEN ' send ack

' VRA1 = language index (0 = english, ...)

VR_SetLanguage: VRA = CMD_LANGUAGE SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] VRA1 = VRA1 + ARG_ZERO SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA1] SERIN COM_RX, COM_SPEED, 200, VR_CommFailed, [VRA] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO 'IF (VRA <> STS_SUCCESS) THEN GOTO VR_Wakeup

RETURN

VRA = ARG_ACK SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] ' wait for recognised command code

SERIN COM_RX, COM_SPEED, 2000, VR_CommFailed, [VRA1] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO ELSEIF VRA = STS_SIMILAR THEN ' send ack

VRA = ARG_ACK SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA]

PROGRAMME BOTMOBILE

Page 1

' {$STAMP BS2sx}

' wait for recognised command code

' VRA1 = timeout (in ms, 0=forever, 255=default)

VR_SetTimeout: VRA = CMD_TIMEOUT SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] VRA1 = VRA1 + ARG_ZERO SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA1] SERIN COM_RX, COM_SPEED, 200, VR_CommFailed, [VRA] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO 'IF (VRA <> STS_SUCCESS) THEN GOTO VR_Wakeup

RETURN ' VRA1 = SI knob (0=loosest, 2=normal, 4=tightest)

VR_SetKnob: VRA = CMD_KNOB SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA] VRA1 = VRA1 + ARG_ZERO SEROUT COM_TX, COM_SPEED,5, [VRA1] SERIN COM_RX, COM_SPEED, 200, VR_CommFailed, [VRA] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO

SERIN COM_RX, COM_SPEED, 2000, VR_CommFailed, [VRA1] VRA1 = VRA1 - ARG_ZERO + RES_BUILTIN ELSEIF VRA = STS_TIMEOUT THEN VRA1 = RES_TIMEOUT ELSE 'VRA1 = result (0-31=word, 32..=builtin, 253=comm err, 254=timeout, 255=error)

VRA1 = RES_ERROR ENDIF RETURN

VR_CommFailed: VRA1 = RES_COMMFAIL RETURN

'IF (VRA <> STS_SUCCESS) THEN GOTO VR_Wakeup

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3p urbi_Mise en page 1 11/01/10 10:10 Page1

Tutoriels

PROGRAMMER NAO EN

URBI

Nous avons vu, dans le numéro précédent, un premier programme URBI très simple, mais qui utilisait l'une des caractéristiques les plus puissantes de ce langage, celle de l'agencement séquentiel ou parallèle des commandes des moteurs.

Function MyClass.onInput_onStart() { // Active les moteurs du bras droit armR.load = 1; // Pitch épaule position horizontale en 1 seconde shoulderPitchR.val = 0 time: 1s ; // Roll de l'épaule position -0.3 vitesse 1 shoulderRollR.val = -0.3 speed: 1.0 ; // Pitch épaule position verticale vitesse 1.8 shoulderPitchR.val = -1.0 speed: 1.8 ; //------------------------------------------------------------------------------// Active la synthèse vocale tts.say("Bonjour tout le monde"), //------------------------------------------------------------------------------// Oscillation autour de -0.3 période 0.5s amplitude 0.2 timeout(2s) shoulderRollR.val = -0.3 sin:0.5s ampli:0.2 ; // Baisse le bras très rapidement accélération 1 shoulderPitchR.val = 0.8 accel: 1.0 ; // Désactive les moteurs du bras droit armR.load = 0; // Quitter le programme onStopped(); };

Début décembre, Gostai a mis à la disposition du public, en téléchargement sur son site Internet, la version 2.0 RC2 d’URBI. Parallèlement, Gostai a fait évoluer la version d’URBI dédiée au robot NAO qui, rappelons-le, nous sert de plate-forme de développement pour élaborer nos programmes. Il est également important de noter que Gostai a annoncé que le langage URBI allait devenir open source en mai 2010 avec une licence compatible GNU GPL, ce qui signifie en clair que le code source va pouvoir évoluer beaucoup plus rapidement avec l'aide de la communauté informatique. Nous allons continuer, dans cet article, à apprendre les bases du langage URBI en poursuivant notre exploration des différentes possibilités proposées par les commandes des moteurs.

pour ainsi dire maîtriser le temps. En effet, quoi de plus difficile lorsqu'il s'agit de commander jusqu'à vingt-cinq moteurs simultanément (c'est le cas pour NAO), que de pouvoir maîtriser avec une grande précision tous les mouvements !… Nous avions vu que le langage URBI nous permettait déjà de fixer le temps d'exécution d'une consigne moteur (grâce à la fonction time:), autrement dit le temps que nous donnions à un moteur pour atteindre la position désirée. Mais ledit langage nous offre des fonctionnalités encore plus puissantes grâce aux fonctions speed : , accel: , sin : et ampl : — time : à permet de fixer la durée de l'action. — speed : à permet de fixer la vitesse de l'action. — accel : à permet de fixer l'accélération de l'action.

URBI POUR MAÎTRISER LE TEMPS Commander un moteur en mode marche-arrêt, c'est bien, mais pouvoir lui donner des consignes de vitesse, d'accélération ou d’oscillation, c'est

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Bien entendu, ces trois fonctions ne peuvent pas être utilisées simultanément. Elles s’excluent par définition. Donc, par exemple, pour faire tourner un moteur d'une position angulaire 0


3p urbi_Mise en page 1 11/01/10 10:10 Page2

TABLE 1 Nouvelle liste des moteurs pour URBI V2.0 RC2 1. headYaw 2. headPitch 3. shoulderPitchL 4. shoulderRollL 5. elbowYawL 6. elbowRollL 7. hipR 8. hipL 9. hipRollL 10. hipPitchL 11. kneePitchL 12. anklePitchL 13. ankleRollL 14. hipRollR 15. hipPitchR 16. kneePitchR 17. anklePitchR 18. ankleRollR 19. shoulderPitchR 20. shoulderRollR 21. elbowYawR 22. elbowRollR 23. handR 24. handL


pRobootic-pub_Mise en page 1 11/01/10 12:28 Page2


3p urbi_Mise en page 1 11/01/10 10:10 Page3

PROGRAMMER NAO EN URBI QU’EST-CE QU’URBI ? URBI signifie Universal Real-time Behavior Interface. URBI est un langage dédié à la robotique, qui facilite la programmation des actions parallèles et événementielles. C’est aussi un langage de script, très simple d’utilisation, qui permet, si l’on est un débutant, de concevoir de petits programmes sans pour autant avoir besoin de maîtriser un langage de haut niveau. URBI est disponible pour les robots suivants : l’Aibo de Sony, le Create d’iRobot, le Mindstorms NXT de Lego et le Nao d’Aldebaran Robotics. à une position angulaire 1, soit nous fixons une durée, soit une vitesse angulaire, soit une accélération angulaire. Cette souplesse de commandes nous permet pour ainsi dire d'enchaîner des mouvements à volonté avec une parfaite précision. De même, les fonctions sin : et ampl : provoquent une oscillation sinusoïdale de la consigne angulaire du moteur autour d'une valeur prédéfinie pour une période et une amplitude données. Comme la fonction de sinusoïdale ne se termine jamais, URBI permet d'en fixer la durée au moyen de la commande timeout (durée), comme nous le verrons dans l'écriture du programme. La figure 1 présente toutes les possibilités de commandes que nous venons de voir. Maintenant, il est temps de procéder à un petit exercice de mise en pratique. Nous allons demander à notre robot NAO de lever le bras avec des vitesses variables, de faire osciller son bras pendant deux secondes, puis de faire descendre son bras rapidement (avec une forte accélération). AVEC URBI, NOUS AVONS UN MOYEN DE FAIRE PARLER NAO ! Pour agrémenter cette illustration, nous allons utiliser une fonction très pratique d’URBI qui active la synthèse vocale. La fonction tts. say (« text ») déclenche la prononciation du « text ». En effet, le robot NAO est doté de la fonctionnalité « Text to Speech ». Dans la majorité des cas, il suffit d'écrire sans précautions particulières le texte à prononcer en français correct. Cependant, dans certains cas difficiles, il se révèle nécessaire d'ajuster un peu l'orthographe afin d'obtenir une prononciation correcte : par exemple, la phrase « je vais à la plage » sera mieux prononcée si on écrit « je vais za la plage ». UNE MAIN GRANDE OUVERTE Gostai a profité de cette mise à jour d'URBI pour compléter la liste des commandes moteurs. La table 1 est une évolution de celle qui a été présentée dans l'article précédent. En effet, outre la modification des noms des moteurs, Gostai a rajouté la commande des mains. C'est une bonne chose car il était jusqu'à présent un peu frustrant de ne pas pouvoir faire usage des mains de notre robot. Pour ouvrir la main droite, il suffit d'affecter la valeur 1 à handR et pour la fermer, d'affecter 0. Il est aussi bien sûr possible d'ouvrir partiellement la main en affectant une valeur comprise entre 0 et 1.

CONCLUSION Nous avons consacré deux articles à expliquer les mécanismes très sophistiqués qu'offre le langage URBI à la commande des moteurs d'un robot. Bien entendu, nous n'avons fait qu'effleurer l'ensemble des commandes et des fonctionnalités qu'offre ledit langage. En particulier, nous n'avons pas parlé de la programmation événementielle qui est une autre de ses particularités. Nous invitons les lecteurs intéressés par le sujet à visiter le site de Gostai et à se procurer la documentation technique très complète d’URBI, qui décrit parfaitement la puissance qu'offre ce langage pour la programmation des robots.

■Thibault Depost

Plus d’info sur GOSTAI Sites : http://www.gostai.com/ http://www.urbiforge.com/

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2p news gadgets_Mise en page 1 11/01/10 10:17 Page1

NEWS GADGETS & TENDANCES À VENIR vue plongeante. Rien de tel pour obtenir un rendu unique et original. Comme il n’est pas facile, aussi, de tenir une lampe et de changer une roue en même temps ou de se livrer à une quelconque activité, Joby a créé le Gorilla Torch, un trépied lumineux dont les pieds sont aimantés ! Prix : de 22 à 120 € selon le modèle

SPACE AVOIDERS Ces petits monstres vous disent quelque chose, mais vous n'arrivez pas à vous rappeler où vous les avez croisés ? Devenus cultes depuis 1978 et sortis tout droit du célèbre jeu vidéo Space Avoiders créé par Taito (dont le principe consistait à tirer sur eux sans qu'ils ne vous touchent), ils se déclinent en poulpes, calamars et crabes dans différents coloris. Ces « space avoiders » peuvent être portés à différents endroits : sur vos sacs, chaussures, casquettes, vestes, poussettes, etc. Ils vous permettront d'être bien visibles dans l’obscurité car ils réfléchissent la lumière. Prix : 5 €

GORILLAPOD Gorillapod est un minitrépied très souple, comportant une partie antidérapante qui lui assure une bonne stabilité. Joby, le concepteur, décline ce trépied pour les appareils photos numériques, les reflex, les caméras, les lampes, les psp, les mp3, etc., ainsi que pour l’iPhone (une application spéciale a été créée). Sa flexibilité vous permettra même, dans les situations les plus extrêmes (enroulé à une branche, à une barre ou simplement posé au sol), de prendre des photos ou des vidéos en contre-plongée ou en

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TIRELIRE… CHAT ! Voilà encore une tirelire qui nous fait bien craquer… Placez votre pièce de monnaie tout en appuyant sur l'ovale blanc où est dessiné un squelette de poisson… Hop, la boîte en carton s'entrouvre et laisse apparaître la tête d'un chat qui sort ensuite sa patte et prend votre billon tout en miaulant, avant que ladite boîte ne se referme ! Et bien sûr, si vous n'aimez pas les chats, pas de problème — la tirelire existe aussi en version chien… Prix : 25 €

CADRE NUMÉRIQUE AVEC IMPRIMANTE Le cadre numérique de Toshiba DVF828 dispose d'un écran de 8 pouces, d’une résolution de 800 x 600,

de slots USB et d’une carte mémoire comme la plupart de ceux qui sont actuellement sur le marché. Ce cadre « trois en un » présente toutefois de nombreux avantages : il dispose d'une mémoire interne de 1 Go, ce qui permet un stockage d'environ 400 photos, et intègre également un scanner et une imprimante pour des photos ou images d'un format de 10 x 15. Il dispose enfin de deux haut-parleurs pour la diffusion de vidéos. Prix : 200 €

GBOARD GBoard s’est affilié à GMail pour créer ce clavier de raccourcis. Vous n'y trouverez pas les 69 raccourcis de GMail mais ceux qui sont les plus utilisés (19) comme par exemple : recherche, suivi, archives, corbeille, envoi, édition et réception des mails. Ce clavier peut toutefois être utilisé pour d'autres raccourcis que ceux de GMail. Il se connecte en USB et il est compatible avec Mac et PC. Prix : 15 €

APPAREIL PHOTO FINEPIX REAL 3D La nouvelle génération des tablettes multimédias obéit au doigt… La souris aura eu ses trente ans de gloire ! Avec son écran tactile de 7 pouces et ses grandes icônes, l'accès à Internet en WiFi et aux réseaux sociaux est simplifié. Sa batterie dispose de 14 heures


2p news gadgets_Mise en page 1 11/01/10 10:17 Page2

Vanessa Martineau d'autonomie et son socle câblé peut retransmettre son affichage sur un téléviseur au moyen d’un port HDMI ou USB. Le JournE Touch de Toshiba devrait faire partie des meilleures ventes de Noël… Prix : 490 €

CADRE PHOTO NUMÉRIQUE FUJIFILM 3D Vous avez pris vos photos en 3D — eh bien voici le cadre numérique qui vous permettra de les visionner en… 3D — et ce sans lunettes spéciales ! Il a une taille de huit pouces et propose une résolution de 800 x 600. En bas du cadre, une barre tactile lumineuse vous permet d'afficher toutes vos photos en miniature afin d'organiser ou de visionner celles que vous avez sélectionnées. De plus, Fujifilm a spécialement développé un site de tirage en ligne qui produit de belles photos tridimensionnelles en haute résolution… Prix : 400 €

LE PORTEFEUILLE BIOMÉTRIQUE IWALLET Ce portefeuille en Kevlar et en fibre de carbone hurle dès que votre mobile se trouve à plus ou moins… cinq à dix mètres. Quelle en est l’utilité, me direzvous? Eh bien, il vous protège de la perte éventuelle de votre portefeuille ou de votre téléphone grâce à sa technologie Bluetooth (le hurlement strident). Ce

portefeuille est en outre équipé d'un lecteur d'empreintes digitales qui ne permet donc l'ouverture qu'au propriétaire. Prix : de 180 à 380 € selon le modèle

UN SAC À DOS SOLAIRE Qui n'est tombé en panne de batterie avec son mobile, son PC, son appareil photo ou son mp3 — au moment bien sûr le moins opportun? Voltaic Systems, une entreprise américaine, vient de sortir une gamme de sacs équipés de panneaux solaires. Tous ces sacs ont été fabriqués à partir de matériaux recyclés. Ils contiennent une batterie qui stocke l'énergie produite par les panneaux et se recharge en quatre heures d'exposition. On peut aussi recharger de petits appareils électriques. Prix : à partir de 180 €

UN PÉRIPHÉRIQUE DE STOCKAGE EN FORME DE CARTE DE CRÉDIT On ne sait jamais au juste où placer sa clé USB… Walletex a créé un périphérique de stockage en forme de carte de crédit. Vous pouvez choisir l'image à insérer sur la carte: photos de vacances ou d'un employé — et même le logo de votre entreprise. Ce périphérique dispose d'une grande capacité de stockage et d’un transfert de données très rapide. Prix : 16 Go à 50 €

UN MP3 DE LA TAILLE D'UNE CARTE DE CRÉDIT Walletex s'est aussi attaqué aussi aux mp3. Toujours sous la forme d'une carte de crédit, ce mp3 de 8 Go résiste à l'eau, au sable et aux hautes températures. Il est fourni avec des écouteurs, et plus besoin de câble: il se connecte partout grâce à son USB. Prix : 8 Go à 30 €

K'NEX MOTO-BOTS K'nex est une nouvelle gamme de briques de construction venue tout droit des États-Unis. Destinée aux enfants de sept ans et plus, son principe reste bel et bien de construire soit le modèle proposé par K'nex, soit un modèle unique. Il existe actuellement quatre modèles d'insectes qui, une fois montés, s’animent grâce à un petit moteur qui fonctionne au moyen de deux piles. Prix : 45 €

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1p innovations_Mise en page 1 11/01/10 10:23 Page1

NEWS Innovations & Concepts du futur

Vanessa Martineau

Ce mois-ci, Planète Robots inaugure une nouvelle rubrique. Celle-ci dévoilera quelques concepts et designs, farfelus ou débouchant sur de vrais produits. Ils nous permettront de voir d'encore plus près ce que le futur nous réserve.

MICRO-ONDES USB PAR HEINZ Une étude britannique montre qu'en Grande-Bretagne, 20 % des actifs ne prennent pas le temps de déjeuner… Gordon Andrews et GAMA se sont donc associés à Heinz pour créer un prototype de micro-ondes fonctionnant grâce à un port USB, le Beanzawave. Sa petite taille le rend très pratique (il peut être baladé dans un sac à main) et il est de plus doté d'une batterie qui permet de l'utiliser en l'absence d'une source d'alimentation. Heinz a eu aussi l'idée de petits pots de nourriture instantanée (les « Snap Pots ») spécialement çonçus pour ce micro-ondes. Faites-en chauffer un pendant soixante secondes, et c'est prêt ! Prix : 115 € environ

LE ROLLTOP : UN CONCEPT DE PORTABLE RÉVOLUTIONNAIRE Inventé par un designer allemand, Evgeny Orkin, ce concept de portable à écran souple qui s'enroule autour d'un petit tube facilement transporta-

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doigt. Afin de rendre le mobile plus design, il a également inséré un hologramme au centre du cercle qui permet de le recharger. Enfin, sur la tranche de l'appareil, des informations peuvent être diffusées (la météo de votre ville, l'heure ou bien la date du jour).

ble (tant par son poids que par sa taille), le Rolltop, dispose d'un écran de 17 pouces OLED et peut se transformer en PC portable doté d'un clavier tactile et d'un stylet. Sa fonction multipoint permet une navigation facile et agréable. Enfin, l'axe sur lequel on l'enroule lorsqu'on souhaite le transporter dispose d'un haut-parleur, de différentes connectiques et d'une webcam.

L'IPHONE QUI SE RECHARGE EN UN TOUR DE DOIGT Comme beaucoup de téléphones portables, ce nouvel iPhone intègre des fonctionnalités basiques comme une caméra, un microphone, une prise jack, un slot pour carte mémoire, etc. Benjamin Pritz, le créateur de ce concept, en a ajouté d'autres plutôt atypiques, comme la possibilité de recharger son mobile rien qu'en le faisant tourner autour d'un

SLEEPBOX La Sleepbox est une capsule de repos de 2 m de longueur sur 1,4 m de largeur. Imaginée pour être mise à la disposition des voyageurs transitant par les aéroports ou les gares, elle pourra certainement avoir son utilité dans les entreprises. Le concept de la Sleepbox est simple : elle offre la possibilité aux personnes de passage de se reposer pendant quelques minutes ou quelques heures. Conçue par le studio moscovite d'architecture Arch Group, la Sleepbox comporte une place pour vos bagages, est équipée de l'électricité, de la TV et d'une connexion Internet WiFi. En outre, afin d'assurer une bonne hygiène, le lit est équipé d'un système de roulement automatique qui permet le changement des draps…


1p cine planete 51_Mise en page 1 11/01/10 10:32 Page1

NEWS

Planète 51

Les ados ont les mêmes préoccupations que sur la Terre : ils vont au cinéma pour voir des films d’horreur comme Les envahisseurs de l’espace ou L’attaque de l’humain, jouent au bowling entre copains ou mangent au fastfood du coin tandis que les geeks se retrouvent dans une librairie spécialisée dans les comics, où ils achètent les derniers tomes des aventures de leurs super-héros favoris. Lem est un lycéen modèle mais timide qui rêve de pouvoir voyager dans l’espace. En attendant, il travaille à temps partiel au Planétarium et quand il n’a pas l’œil collé à son télescope, il observe Neera, dont il est secrètement amoureux. Neera est la fille canon du lycée, celle qui fait craquer tous les garçons, et elle n’a d’yeux que pour Lem, lequel perd tous ses moyens dès qu’il l’aperçoit. Quant à Skiff, le meilleur ami de Lem, il croit fermement à la théorie du complot. Il est persuadé que les aliens existent et que le gouvernement les a cachés dans un endroit secret : la fameuse Base 9. LES TRIBULATIONS DE ROVER ET CHUCK Sur cette planète idyllique où le temps semble s’être arrêté aux fifties, tout le monde vit

heureux jusqu’au jour où Chuck, un astronaute humain pas très futé, imbu de sa personne et qui rêve de gloire, se pose avec sa fusée au beau milieu d’un jardin pour y planter le drapeau américain. Pensant que l’envahisseur terrien va tous les hypnotiser pour les réduire en esclavage, l’armée déploie la grosse artillerie pour capturer vivant le « monstre », à la demande du Professeur Kipple, qui rêve de disséquer son cerveau dans son laboratoire. En tentant d’échapper à ses poursuivants, Chuck se réfugie au Planétarium où il fait la connaissance du trio d’ados — qui va devoir surmonter sa peur du Terrien pour lui venir en aide. Cette comédie d’animation très réussie se joue allègrement des clichés pour mieux s’en moquer et les détourner (l’american way of life, la conquête de l’espace, la théorie du complot, la mythique Zone 51, les dérives de l’armée, le savant fou, etc.). Les fans de S.-F. s’amuseront des nombreux clins d’œil aux classiques du genre, des films de série B (voire Z) qui eurent leur heure de gloire pendant la Guerre froide aux blockbusters plus récents (avec une mention spéciale pour la créature d’Alien version miniature qui fait ici office de «gentil toutou »).

CINÉMA

Sur la Planète 51, la météo est clémente sauf quand il pleut des pierres… Et ses habitants, de couleur vert pomme et d’un naturel enjoué, vivent en bonne entente. À l’instar de Wall-E, le personnage le plus attachant de l’histoire est sans conteste Rover, un petit robot dont l’apparence s’inspire beaucoup de ceux (du même nom) qui ont été envoyés en exploration sur Mars. Fidèle compagnon de voyage de Chuck, il a été conçu pour explorer le terrain, récolter des échantillons et enregistrer des images, mais sa soudaine affection pour Skiff ainsi que son appétit immodéré pour les cailloux lui font souvent oublier qu’il est en mission. Son comportement tient plus de celui d’un jeune chien fou, qui n’en fait qu’à sa tête, que de celui d’un robot remplissant la tâche pour laquelle il a été programmé… ■Josèphe Ghenzer Réalisation : Jorge Blanco Film d’animation avec les voix de: Dwayne Johnson, Justin Long, Jessica Biel, Gary Oldman, Sean William Scott, John Cleese, Freddie Benedict Sortie : 3 février 2010 Durée : 1 h 30

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NEWS DVD, BD, livres, ciné Livre

La France contre les robots Georges Bernanos « Le danger n'est pas dans les machines, sinon nous devrions faire ce rêve absurde de les détruire par la force, à la manière des iconoclastes qui, en brisant les images, se flattaient d'anéantir aussi les croyances. Le danger n'est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d'hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. » Il a notamment laissé derrière lui un pamphlet visionnaire destiné à réveiller les consciences. Plus d'un demi-siècle après la disparition de son auteur, La France contre les robots reste d'une incroyable actualité. Auteur : Georges Bernanos Éditeur : Le Castor Astral - Sortie : 26 novembre 2009

Livre technique

Robot mais pas trop Roman

Un roman hilarant et sensible à la fois, sur les inconvénients de la vie dans un environnement robotisé ! Adam habite dans une maison très sophistiquée. Quand il crie « Tarzan ! », son lit se transforme en toboggan. Pour actionner la chasse d'eau, il faut chanter : « Il pleut, il pleut, bergère… » Mais certains appareils sont un peu détraqués… Alors, lorsque le directeur de l'école s'invite à prendre le thé, c'est la panique !

Lego MINDSTORMS NXT 2.0 : The King’s Treasure (Anglais)

Comment apprendre à programmer un robot tout en s'amusant ? C'est l'idée de James Floyd Kelly. Prenant pour base une aventure au pays des Mayas, le premier tome paru il y a quelques années permettait d'apprendre à programmer son robot Lego Mindstorms NXT. Aujourd'hui, on reprend le même principe pour l'initiation aux Mindstorms NXT 2.0. Le lecteur partira à la recherche du trésor d'un ancien royaume. Pour cela, il devra construire et programmer une série de cinq robots à l'aide du kit de Lego (non livré). À réserver aux anglophones. Auteur : James Floyd Kelly Éditeur : Apress - Sortie : 5 décembre 2009

Manga

Code Geass Nightmare of Nunnaly

En 2017, Area 11. Nunnaly Lamperouge vit avec son frère Lelouch au sein de l’Académie Ashford. Mais le jour où ce dernier disparaît, assassiné par l’armée britannienne, Nunnally change complètement de personnalité ! Elle passe un pacte avec une créature étrange qui lui octroie le pouvoir de se venger par le biais d’un robot placé sous son contrôle. Auteur : Tomomasa Takuma Éditeur : Tonkam Sortie : 2 décembre 2009

À partir de 8 ans. Auteur : Éric Simard Éditeur : Syros Sortie : 21 janvier 2010

Manga

Kurogane No Linebarrels

(tome I)

Koichi est un adolescent qui mène une vie médiocre et rêve d’être un héros. Son vœu est exaucé d’une bien tragique façon lorsqu’un satellite vient s’écraser non loin de lui, le plongeant dans un profond coma. À son réveil, Koichi se retrouve doté d’une force stupéfiante et de pouvoirs paranormaux. Il découvre également qu’il s’est transformé en « Factor » — un pilote de robots géants appelés les Linebarrels. Il décide donc d’intégrer l’organisation JUDA, un consortium qui lutte contre une organisation terroriste, en compagnie d’Emi Kizaki, une jeune fille amnésique. Leur aventure ne fait que commencer… Auteurs : Shimizu Eiichi et Shimoguchi Tomohiro Éditeur : Glénat - Sortie : 13 janvier 2010

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(tome I)


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ciné, livres, BD, DVD

NEWS Par Screetch

Manga

Pluto

(tomes I et II) Pluto se présente comme une œuvre à part dans le travail de Naoki Urasawa. En effet, ce manga ne sort pas seulement de son imagination, mais aussi de celle du dieu des mangas, Osamu Tezuka, dont le personnage Tetsuwan Atomu (Astro le petit robot) est tiré. Le robot Mont-Blanc, robot suisse célèbre pour sa bravoure et sa gentillesse est retrouvé mort, deux cornes placées près de lui… Au même moment, on assassine un responsable de la protection robotique, et des cornes semblables sont posées à côté de lui… On confie alors les deux enquêtes à Gesicht, un robot de dernière génération doté d’une intelligence rare et impressionnante… Ce qu’il va découvrir se révèle terrifiant ! Auteur : Naoki Urusawa Éditeur : Kana - Sortie : 5 février 2010

DVD/BR

Vexille

Vexille est un film d'animation japonais de science-fiction, réalisé par Fumihiko Sori et sorti le 18 août 2007. Il a reçu le Prix du Public lors du Quatrième Festival du film japonais contemporain Kinotayo. Japon 2 077… Vexille est un agent féminin du SWORD qui enquête dans le milieu de la robotique expérimentale. L'opinion publique s'inquiète des dérives des nanotechnologies et de la vie synthétique ; l'ONU interdit alors la recherche sur la robotique. L'entreprise Daiwa proteste… Conséquence : le Japon est isolé du reste du monde. Dix ans ont passé… Les ÉtatsUnis craignent qu'il ne se trame quelque chose de dangereux et d’illicite selon les lois de l'ONU. Pourtant, chaque recherche d'informations échoue, car le Japon garde secrètes ses actions, ce qui ne fait qu'amplifier l'inquiétude des États du monde entier. C'est ainsi que les États-Unis vont prendre la décision de découvrir par tous les moyens ce que le Japon prépare par le biais de Vexille. À partir de 12 ans - Réalisateur : Fumihiko Sori Distributeur : WE Prod - Sortie : 27 janvier 2010

DVD

Aquarion

(intégrale)

Depuis 11 ans, la Terre est le théâtre d'un conflit qui oppose les êtres humains aux anges déchus, des créatures humanoïdes ailées. C’est en fait le retour de bâton d'une guerre ancestrale qui a été difficilement gagnée par les humains plus de 12 000 années auparavant. Le dernier espoir de cette humanité condamnée à vivre sous des dômes se nomme l'Aquarion, un réseau de puissants boucliers d'énergie activés par trois robots dont les pilotes sont appelés les « Ailes du soleil ». Lorsque l'intensité du conflit met en péril ce système de défense, toute l'humanité se retrouve en danger ! Réalisateur : Kawamori Shoji Distributeur : Fox Pathé Europa - Sortie : 9 décembre 2009

DVD/BR

Terminator ; The Sarah Connor Chronicles

(saison 1)

Après les films, il était logique que la saga Terminator fasse l’objet d’une série. L'action se situe après Terminator 2 : le Jugement dernier. À partir de cet instant, le temps n'étant pas linéaire mais constamment modifié, un futur alternatif apparaît, où le troisième épisode (Terminator 3 : le soulèvement des machines) n'existe plus. La série raconte les aventures de Sarah Connor et de son fils John. Ils cherchent à échapper au gouvernement américain comme aux Terminators envoyés par Skynet et tentent d'empêcher l'avènement de ce dernier, pour éviter la guerre nucléaire et la domination des machines… Réalisateur : Josh Friedman Sortie : 13 janvier 2010

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NEWSjeux vidéo

le Test

MACHINARIUM

Voici un jeu étrange — et pourtant si prenant ! Tout commence par un robot déglingué jeté dans une décharge… La suite de l’histoire, c’est vous qui allez l’écrire à l’aide de votre souris, sur votre PC. Avec un principe basique : vous pouvez vous emparer uniquement des objets qui se trouvent dans le rayon d’action de votre robot. Première phase : récupérer dans la décharge les pièces éparpillées de votre nouveau « meilleur ami » (ses bras, ses jambes). Et voilà, il peut se déplacer et se lancer dans l’aventure… Si ce jeu est si bizarre, c’est qu’en regard des blockbusters actuels qui nous émerveillent à grands coups de 3D quasi photoréaliste, d’effets visuels délirants, et de séquences vidéo à faire pâlir Hollywood, Machinarium se contente de simples dessins en guise de décors… figés : désespérément plats mais d’une beauté et d’une poésie capables d’émouvoir la plus grosse des brutes. Ce jeu tient un peu du livre pour enfants, mais il est pour adultes.

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Parfois, dans les premières minutes, on trouve le système de jeu un peu simpliste mais, rapidement, on est obligé de se creuser la tête pour résoudre les innombrables casse-tête qui permettent à notre robot de progresser. Tout est question d’observation et réclame un peu d’astuce. De plus, tous les éléments figurent à l’écran et il suffit de les trouver, de les assembler correctement et enfin de les utiliser judicieusement. Cerise sur le gâteau : développé par une équipe tchèque avec très peu de moyens, Machinarium se télécharge sur le site Internet du studio (Amanita Design) au prix incroyable de 14 euros ! Enfin, pour l’anecdote, le héros de l’aventure s’appelle Josef, en hommage au frère de Karel apek (l’inventeur du mot « robot »), mort dans un camp de concentration nazi. Machinarium Uniquement sur PC Éditeur : Amanita Design


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par Cyril Drevet

À venir

STAR WARS : THE OLD REPUBLIC À l’heure où nous écrivons ces lignes, la date de sortie de Star Wars : The Old Republic n’est toujours pas connue. Seule certitude : c’est imminent ! Un énième jeu tiré des films de George Lucas, mais très attendu car c’est ce que l’on appelle un MMO (il faudra être connecté à Internet pour y jouer et tous les autres joueurs de la planète se retrouveront en même temps au cœur de son univers…). Hélas pour les lecteurs de Planète Robots, il ne sera pas possible d’incarner un droïde comme 6PO ou D2R2, puisqu’il faudra choisir entre des seigneurs Sith ou des Jedi. De plus, The Old Republic se déroulera 3 500 ans avant l’Épisode 1 de la série ; on n’y rencontrera donc que leurs lointains ancêtres. Mais l’on croisera bien tout au long du jeu d’innombrables robots, indissociables de cette saga. Star Wars : The Old Republic Prochainement sur PC (+ abonnement Internet) Éditeur : LucasArt

le Test

RATCHET & CLANK : A CRACK IN TIME Il s’appelle Clank et se présente comme un petit robot possédant de grands yeux verts inexpressifs et un corps de boîte de conserve… La représentation classique et simpliste du robot de dessin animé ! Voilà de nombreuses années qu’il nous régale en se mêlant aux aventures de son pote Ratchet, une drôle de bestiole à poil plutôt futée. Des aventures qui ont commencé sur PlayStation 2 et qui se poursuivent désormais sur la PS3… Cela fait plusieurs épisodes que Clank a été enlevé par l’infâme Dr Nefarious, et dans A Crack in Time, il faut une nouvelle fois partir à sa recherche. Bref, rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est que le Dr Nefarious a trouvé le moyen de jouer avec le Temps. Votre périple ne va donc pas seulement vous transporter aux quatre coins de la galaxie, mais également vous propulser dans des bonds spatio-temporels.

De l’humour dans les dialogues, un scénario bien ficelé, des personnages attachants, Ratchet & Clank n’innove pas mais conserve les fondamentaux qui ont fait le succès de la série — il suffit de quelques secondes de jeu pour être accro ! Cela vient sans doute de sa jouabilité ultrasimple et des commandes très précises qui permettent à tout un chacun de profiter pleinement de ce pur divertissement. Autre qualité : on ne s’ennuie jamais ; l’action est permanente, les décors magnifiques et la difficulté toujours bien dosée. Du coup, sans réelles nouveautés, on s’éclate autant dans A Crack in Time que dans le premier Ratchet & Clank, sorti il y a sept ans… (L’effet de surprise en moins, toutefois !…) Ratchet & Clank : A Crack in Time Exclusivement sur PlayStation 3 Éditeur : Sony

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Open your mind Par Cyril Drevet journaliste TV

SYSTÈMES D’ASSISTANCE AU PARKING

QUAND VOTRE VOITURE SE GARE SANS VOUS ! C’est le gadget dont toutes les conductrices rêvent… Et sans l’avouer, nombre aussi de conducteurs : une voiture qui se gare toute seule ! Et vous ne le savez peut-être pas — mais certains constructeurs le proposent déjà, en option, sur certains de leurs modèles. C’est le syndrome K 2000, du nom de la célèbre série TV des années 1980 : tout le monde rêve d’une voiture robot qui parle et se montre capable de conduire sans intervention humaine. Plus de vingt ans après sa première diffusion, la série culte appartient toujours au domaine de la science-fiction, mais les ingénieurs s’en rapprochent de plus en plus grâce à des systèmes étonnants, voire bluffants : les Park Assist (systèmes d’assistance au parking, en français). C’est Toyota qui a été la première à le proposer en option sur la Prius, vite rejointe par Volkswagen et par extension Lexus, la filiale « luxe » de Toyota. Mais comment fonctionnent ces systèmes que l’on pourrait croire magiques ? Sont-ils vraiment efficaces ? Quel est leur avenir ? Nous les avons essayés pour vous, c’est le dossier « Autos & Robots » de Planète Robots. PRIUS INTER PARES Vous êtes tranquillement au volant de votre Prius, encore émerveillé par ses incessantes bascules entre moteur à essence et moteur électrique, son confort d’utilisation et sa consommation réduite. Mais il est temps de rentrer, et donc de se garer. Une épreuve pour beaucoup… Mais contrairement aux autos que vous conduisez habituellement, sur celleci vous commencez par appuyer sur un bouton qui active la commande Intelligent Park Assist. Vous redémarrez et longez les voitures qui sont alignées le long du trottoir. Coup de chance, vous trouvez finalement un espace libre.Vous le dépassez d’une longueur sur la foi de la petite animation graphique qui s’affiche à l’écran sur votre tableau de bord et vous a, au

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préalable, confirmé que la place est assez grande. Une fois correctement positionné, il suffit d’enclencher la marche arrière et de ne plus toucher au volant. Votre seule action, pied sur le frein, consistera à contrôler que la voiture ne prenne pas trop de vitesse — elle doit rester au ralenti. Là, devant vos yeux ébahis, le volant se met à

tourner tout seul et la Prius se faufile impeccablement dans l’espace libre. Puis le volant contrebraque, toujours sans aucune intervention, pour que l’auto se colle contre le trottoir. Il faut alors freiner quand la Prius se rapproche du pare-chocs de la voiture garée derrière. Un petit coup de marche avant pour bien s’ajuster au milieu de la place… Et le tour est joué


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ÇA COINCE ENCORE UN PEU ! Au fait, comment cela marche-t-il ? Point de magie, mais une batterie de radars disposés tout autour de la voiture. En fait, les mêmes capteurs que ceux des radars de recul dont sont équipés de plus en plus de voitures, mais en plus grand nombre. Notamment sur le côté des boucliers avant et arrière, ce sont eux qui calculent si la place est assez grande. Ajoutez une évolution de la direction assistée

qui permet de tourner automatiquement le volant, plus un programme qui analyse ces données et contrôle le système dans l’ordinateur de bord — et vous obtenez ce résultat étonnant (à peu de frais, finalement, pour le constructeur). Serait-ce donc une véritable révolution ? Tout n’est pas si simple car ce que ne montrent pas les belles démos de Volkswagen ou de Toyota, c’est que les Park Assist réclament une place de grande taille pour fonctionner correctement. Il faut en tout 1,50 m de marge partagée entre l’avant et l’arrière pour que le système accepte la mission. Autant vous dire que dans les grandes villes, cela n’arrive pas souvent ! L’intérêt se révèle assez mince puisque ces systèmes ne peuvent accomplir de créneaux que dans un espace où un myope de quatre-vingt-dix ans en état d’ébriété se garerait les yeux fermés. C’est une caricature, mais l’on n’est pas loin de la vérité. De la même façon, impossible de se garer en épi ou dans une rue en courbe. Quasiment similaire, le Parking Steering Assist (c’est son nom chez Volkswagen) ne se démarque que par sa rapidité d’exécution : quinze secondes, d’après le constructeur allemand. Reste que l’on patauge toujours un peu avec les Park Assist de Toyota et de Volkswagen : sous la pression des autres automobilistes, on rate souvent la procédure par excès de précipitation. Finalement, le meilleur choix est peut-être celui qu’a fait Citroën pour son C4 Picasso. Il se contente de vous indiquer au millimètre près si la place est assez grande pour votre voiture — et à vous de vous débrouiller pour exécuter correctement le créneau ! Pas de robotisation, mais une efficacité nettement supérieure…

bants), ces systèmes n’en sont qu’à l’an 1 de leur développement et vont forcément progresser. D’ailleurs, BMW a déjà annoncé la disponibilité d’ici trois ans de son Remote Park Assist, qui permettra aux véhicules de se garer tout seuls dans un garage en relevant les rétroviseurs et en rasant les murs. Tout cela sera possible en exerçant une simple pression sur sa télécommande et à condition de l’avoir préalablement positionnée devant la porte. On assiste donc aux premiers pas qui mèneront à la robotisation de nos automobiles qui, finalement, pourraient bien ressembler à KITT d’ici vingt ans, le look eighties en moins. ■

Impressionnants (mais pas forcément pro-

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VINTAGE Les robots grand public EMILIO, S’IL VOUS PLAÎT ! Pour inaugurer cette nouvelle rubrique sur les robots grand public « vintage » (ou vieillots, c'est vous qui voyez), nous avons jugé bon de commencer par l'un des jouets les plus connus, le robot serveur Emilio. Grâce à nos amis de MO5.com, une association qui se consacre à la préservation des technologies obsolètes, nous avons pu obtenir deux des tout premiers Emilio, sortis de l'usine l'année du lancement, en 1989. Vendu comme un jouet, doté de formes rondes et massives et fait de plastique de couleur criarde, Emilio pourrait être considéré comme une sorte de Spykee rudimentaire. À l'exception d'une molette de volume, rien ne peut être contrôlé à partir du robot et toutes les (trois) commandes ne sont accessibles que sur la télécommande à ondes radio fournie. Les deux premières sont les seules qui présentent un intérêt véritable : « avancer » et « tourner » (dans le sens des aiguilles d'une montre uniquement ; pour le faire tourner légèrement vers la gauche, il est nécessaire de faire un tour complet). Cela permet à Emilio de se déplacer lentement en émettant un bruit strident. Mais ses roues minuscules lui interdisent de franchir le moindre obstacle, comme un câble ou une barre de seuil. Le troisième bouton fait émettre une sorte de bruit d'alarme au robot (en grande partie couvert par le son désagréable évoqué un peu plus haut… qui augmente avec le volume !), tandis qu'un petit micro intégré dans la télécommande permet à Emilio de répéter immédiatement tout ce que vous dites. Et heureusement, s’il ne se déplace pas, aucun bruit parasite ne vient alors couvrir votre voix ! Le corps du robot comporte deux bras, articulés seulement au niveau de l'épaule et terminés par des mains à quatre doigts. Trois de ces doigts contiennent un ressort assez puissant qui procure à Emilio la faculté d'agripper des objets. Il est fourni avec un plateau spécialement conçu, accompagné d’un minuscule porte-gobelet, propre à transporter de petits objets. Sous cet aspect, Emilio n'apparaît guère excitant et il y a peu de chances que

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vous, lecteurs, ayez particulièrement envie d'en faire l'acquisition. En revanche, il se révèle intéressant et illustre bien les raisons pour lesquelles la première vague de la robotique domestique, vers la fin des années 1980, n'a pas vraiment eu de succès — et pourquoi sa renaissance, aujourd'hui, promet d'être durable. L'explication tient en deux mots : maturité technologique.

FAUT-IL SAUVER LE SOLDAT EMILIO ? L’idée d'un petit robot se baladant chez soi, apportant et reprenant divers objets en fonction des besoins, n’est pas mauvaise en soi. J'imagine tout à fait la réaction de la bande de bras cassés qui se proclame pompeusement la « rédaction » : « Eh, Rémi, peux-tu me passer une des jambes de Cybrina ? — O.K., je te l'envoie par Emilio ! » Car, à tout bien considérer, seules quelques petites choses manquent au concept d'Emilio. Pour commencer, une caméra! En quoi réside l'intérêt de disposer d’un microphone si, pour contrôler le robot, il faut être suffisamment près de lui pour le voir? Ensuite, un microprocesseur (même basique selon les standards actuels). Cela apporterait un confort d'utilisation non négligeable: un peu d'autonomie, comme avec le Spykee ou le Rovio, ne serait pas du luxe. Une télécommande c'est bien — mais si le robot me l'apporte, c'est mieux! Ou encore fournir à Emilio la capacité de se placer en dehors de votre chemin et celle aussi de se recharger lorsqu’on n'est plus en train de l'utiliser.

Enfin, il lui faudrait une batterie. Les quatre grosses piles (chères et lourdes) qui se vident en une demi-heure, sans parler de celle de la télécommande, rendent son utilisation très rébarbative et ont indéniablement contribué, par le passé, à sa rapide mise au rancart. La présence d’une petite batterie légère, rechargeable et bien plus autonome semble en effet à peu près indispensable pour que le concept d'Emilio fonctionne. Voilà trois exemples de technologies (à l'époque inexistantes, inabordables ou pas du tout au point) qui sont aujourd'hui très répandues et viables. Les petites webcams et les processeurs embarqués légers, peu chers, performants et autonomes ne manquent pas, pas plus que des batteries pouvant très avantageusement remplacer quatre grosses piles LR20. Mais même si ces quelques innovations peuvent décupler l'intérêt que présente un produit de ce type, nous restons toutefois dans la catégorie du gadget à l'utilité réelle limitée. Aujourd'hui, la technologie permet bien plus que l'amélioration de ces vieux concepts. Un produit comme Nao pourrait potentiellement, avec le programme adapté, aller vers le frigo le plus proche, l'ouvrir, prendre exactement la cannette demandée et vous l'apporter décapsulée avant de retourner se ranger. En attendant bien évidemment les robots du futur proche auxquels nous manifesterons notre envie d’alligator sauce piquante et qui se chargeront de tout, de la commande des ingrédients manquants sur Internet à la vaisselle après le repas, en passant par le choix d'un dessert approprié… Et pourtant, Emilio connaît depuis peu une nouvelle jeunesse, dans une version légèrement remaniée. On peut supposer que le fabricant veut jouer sur la nostalgie et compte sur l’avènement annoncé de l'ère de la robotique pour vendre ce produit d'une autre époque qui n'a vraiment rien pour lui…

■Rémi Legris



Le meilleur ami Êlectronique de l’homme...

A vous de choisir !

www.genibo.com

Disponible sur www.robopolis.com


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