Planète Robots numéro 3

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ROBOTS

PLANÈTE

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PLANÈTE

NOUVEAU Bimestriel - AVril / mAi 2010 - NUMÉRO 3

ROBOTS N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

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LAS VEGAS

CES 2010 DOSSIE R

LES GRANDS PARCS

D'ATTRACTIONS Et aussi

REPORTAGE

VOTRE AVENIR LA ROBOTIQUE Un bassin d'emploi géant !

Les diplômes, du CAP au Master AIDA, UN ROBOT ÉMOTIONNEL Prêt à vous servir de copilote

Jeux vidéo Gadgets News Livres DVD BD U N PLAN ROBOTIQU E À L’ÉCOLE

LES ROBOTS DE LOCOMOTION Vos déplacements urbains de demain

L 11849 - 3 - F: 5,90 € - RD

Robosphère, Robot land Futuroscope, Eurodisney…


Planète robots 210x285_Mise en page 1 25/02/10 14:45 Page1

s, Après les film

l’attraction !

Expérience n°8 Danse avec les Robots Danser avec un robot pour s’étourdir de plaisir

Expérience n°20 Les Animaux du Futur Vivre un safari dans le futur


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édito Planète Robots Édité par Rom Rom Rom Publishing, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes.

Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédactrice en chef : Najet Ben Bassou bassou@planeterobots.com Rédacteur en chef adjoint : Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com Rédacteurs : Cyril Drevet, Vanessa Martineau, Rémi Legris, Bastien Parent, Sébastien Jeudy, Thibault Depost, Christophe Le Blanc, Brigitte Bailleul, Nicolas Mocautel, Matthieu Destephe, Josèphe Ghenzer, Amandine Schmitt ainsi que l'association Caliban. Secrétaire de rédaction : Xul-otar Tellestim

© 2 010 Rom Rom Rom Publishing Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : en cours Imprimé en Italie La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes à l'écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe.

Direction artistique : Patrick Lusinchi

contact@planeterobots.com

directeur.artistique@planeterobots.com

Nous remercions le magasin de meubles Cap à suivre (Nantes) de nous avoir prêté ses locaux et des photos qu’il nous a procurées, ainsi qu’Olivier Martins pour son expertise en matière photographique.

Publicité : Aabam Consulting, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Tél. : 01 46 25 05 25 contact@aabam.fr

LES ROBOTICIENS DE DEMAIN SE FORMENT POUR CONCEVOIR DES ROBOTS… APPRENTIS HUMAINS ! Pour ceux qui découvrent Planète Robots avec ce numéro 3, sachez que le débat n'est plus de savoir si oui ou non les robots feront partie de notre quotidien — bien que beaucoup de gens en doutent encore — mais plutôt de concevoir quelle place ils occuperont dans notre monde… Tandis que nous nous approprions les robots présents sur le marché et que nous accueillons avec enthousiasme les dernières innovations (par exemple cette canne blanche électronique permettant d'améliorer l'autonomie et la sécurité des malvoyants ou encore les innovations que l'on retrouve dans les parcs de loisirs, qui tendent à se robotiser pour offrir des effets criants de réalisme), nos roboticiens voient déjà plus loin et nous prédisent l’avènement d’une robotique révolutionnaire, capable de bouleverser en profondeur notre mode de vie. Les robots vont être de plus en plus autonomes et développer leurs propres comportements (qui interagiront avec les nôtres). Comment allons-nous et devons-nous réagir, quelles vont être les conséquences, comment les intégrer et les accepter — ou pas, d'ailleurs ? Toutes ces questions soulèvent inévitablement des problèmes d'éthique et de déontologie. Car au-delà de la technique et des capacités matérielles, la question de la cohabitation de la machine et de l'homme se révèle extrêmement passionnante. Les visions des uns et des autres se croisent, se confrontent ou se recoupent. Des initiatives de mise en commun de travaux naissent ici et là. C'est le cas par exemple du projet d'humanoïde icub, basé sur une plate-forme d'études ouverte qui s'oriente vers une robotique développementale et cognitive. Ses concepteurs tentent de concevoir un petit robot capable d'apprendre par lui-même, tout en se développant comme le ferait un enfant. Au sein de l'association Caliban, on est parti d’un constat bien précis : pour qu’une machine autonome puisse évoluer aisément dans notre environnement, utiliser nos outils, interagir avec nous et exploiter nos connaissances, la machine doit nécessairement nous ressembler ! Le raisonnement est donc poussé très loin et nous propose un axe de travail on ne peut plus complexe et ambitieux, qui consiste à aborder la robotique non plus sous l’angle de l’intelligence artificielle, mais plutôt sous celui d’une psyché artificielle suffisamment élaborée pour contrôler un corps et interagir avec le monde. Alors ?… Allons-nous vers la création d’une nouvelle espèce ?… ■Najet Ben Bassou

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AVRIL / MAI 2010 - NUMÉRO 3 ÇA VIENT DE SORTIR

VIE QUOTIDIENNE

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Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Tribune : L’intelligence est le propre… du robot L'association Caliban émet l'hypothèse d'une troisième voie dans le domaine de l'intelligence artificielle. Éthique et robotique C'est aujourd'hui qu'il faut lancer le débat sur l'éthique dans la robotique, avant que ces boîtes de conserve ne deviennent indispensables. Reportage au CES 2010 Las Vegas est tous les ans le lieu d'un étrange rendezvous. En effet, les technologies du futur viennent s'y retrouver. Jetons-y un œil ! Un plan Robotique pour tous À l'image du plan d’ Informatique pour tous en 1985, un plan de cette ampleur dédié à la robotique est-il nécessaire aujourd'hui ? Découverte de Caprica 2010 Afin de fêter la première année de l'association Caliban et de Robootic.com, un événement unique est né en région parisienne, Caprica. Gageons que celui-ci ne sera que le premier d'une très longue série.

PORTRAITS

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Robosoft : les solutions du futur Robosoft est une société française de robotique de services qui fête cette année ses 25 ans. Qui a dit que la France était en retard ?

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Marc Caro et la robotique Marc Caro, célèbre réalisateur de films comme Dante 01 ou La Cité des Enfants Perdus nous a fait l'honneur de répondre à nos questions suite à son documentaire Astroboy à Roboland.

LES DOSSIERS

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Les cursus de la robotique Travailler dans le monde de la robotique vous démange ou fait rêver vos enfants ? D'ici quelques années, ce bassin d'emploi sera le vivier de très nombreuses carrières. Ce dossier y est consacré. Robobuntu, l'OS consacré aux robots Ubuntu est un système d'exploitation gratuit pour micro-ordinateur. Une déclinaison à destination des roboticiens existe désormais, Robobuntu. Les robots de locomotion Les robots peuvent également servir à autre chose qu'à nettoyer nos sols ou à nous apporter une bière dans notre canapé. Ils sont également utiles comme de moyens de locomotion. iCub, la plate-forme pour la robotique développementale Ce petit robot à l'allure d'enfant est le fruit de cinq ans de recherche par une équipe qui veut faire de lui un robot capable de contrôler son corps. Megadossier : Les robots dans les parcs d'attractions Depuis des années, les parcs d'attractions se consacraient au thème du robot. Puis les animatronics ont pris leur place. Demain, des parcs entiers leur seront dédiés.

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Spykee vs Rovio : le match de la téléprésence Deux robots basés sur un même principe de vous permettre d'être en même temps chez vous et à l'autre bout du monde. Nous les avons analysés pour vous permettre de faire votre choix.

TUTORIELS

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Démarrer sur Chorégraphe Après le langage Urbi pour piloter son robot, nous tentons de faire une première approche de Chorégraphe, l'outil de développement graphique fourni avec le robot Nao. Tutoriel Lego Mindstorms NXT 2.0 Laissons de côté, l'espace d'un numéro, notre robot Botmobile pour nous intéresser à la création d'un robot à l'aide du kit de robotique Lego.

GADGETS HIGH-TECH

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Gadgets et tendances à venir Une petite sélection de gadgets et autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise. Concepts du futur Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier dans cette rubrique les plus intéressants ceux qui fourmillent dans la tête de nos designers.

OPEN YOUR MIND

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La canne blanche électronique La canne blanche était un concept qui commençait à vieillir. Il était donc normal que l'on se préoccupe enfin de moderniser ce principe pour le plus grand bien d'une partie de notre population. Rubrique Jeux Vidéo Histoire de ne pas louper ce qui se passe sur vos consoles de jeux et ordinateurs, voici la rubrique des fans de la manette ! Actus Ciné, DVD, BD, Livres Les robots sont partout, même au cœur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège ! Mondwest – Runaway, l'évadé du futur. Hors de contrôle ! Ces deux films de Michael Crichton illustrent le même thème. Des robots construits pour nous servir commencent à vouloir contrôler leur existence. AIDA – Audi entre dans la danse ! Et si un robot vous faisait partager des informations quand vous conduisez ? Et si votre voiture se prenait pour votre ami ? Ce n'est plus le futur, ce type de robot est déjà expérimenté. MorphOS / Efika : un robot nommé désir Au milieu des années 1980, un ordinateur créait la révolution de la micro-informatique : l'Amiga. Et si ce standard renaissait de ses cendres pour l'avenir de la robotique ? Vintage Robot : Compurobot II À chaque numéro, nous vous présenterons en détail un robot qui a marqué son époque. Pour ce numéro, c'est le Compurobot qui s'y colle.

Sommaire

PLANÈTE


Simple, efficace et complet, votre nouvel environnement de programmation

Programmation graphique Vue 3D intuitive Librairie complète Outils d’animation Paramétrage ouvert Travail collaboratif Entièrement compatible avec Urbi et Python

Un environnement de programmation dédié «cross-platform» pour tous vos développements avec Nao

Choregraphe permet des développements rapides de comportements complexes pour Nao, que vous soyez débutant ou professionnel. Son interface graphique intuitive accroît votre productivité grâce à un système de glissé/déposé de boites, toutes paramétrables, avec la possibilité d’accéder et modifier le code. Les outils d’animation, inspirés des meilleurs programmes d’animation 3D, complète cette panoplie, indispensable pour tirer le meilleur parti de votre Nao Research Edition.

Essayez Choregraphe gratuitement ! Pour tester la toute nouvelle version de Choregraphe, rendez vous sur notre site Internet www.aldebaran-robotics.com, rubrique «Programmable»

Découvrez Nao sur notre site Internet : www.aldebaran-robotics.com Contactez nous : academics@aldebaran-robotics.com


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Robots

NEWS

avril / mai 2010

Le Bioloid évolue dans son nouveau Bioloid Premium Pack Construisez et programmez les robots les plus complexes avec un simple tournevis et un PC! Basé sur des servomoteurs uniques en leur genre, le Bioloid Premium Kit permet d'assembler et de personnaliser (coque transparente customisable) un humanoïde aux performances de marche exceptionnelles. Le kit est constitué de dix-huit servomoteurs, d'une unité centrale, de nombreux capteurs — gyro, distance, IR — et de ports externes… Est inclus un logiciel de programmation des mouvements (ROBOPLUS) et vous pouvez également programmer Bioloid en langage C (interface USB incluse). Votre humanoïde peut aussi être contrôlé à distance (IR ou Zigbee, en option). Compatible Windows XP/2 000/Vista 32 bits - Hauteur : 39,7 cm - Poids : 1,7 kg Robotis - http://www.robotis.com/zbxe/main

ZigBits : collectionnez-les tous ! Pas moins de douze microrobots à collectionner proposés par Senario ! Ils sont radiotélécommandés et disposent d’une petite manette, livrée pour quelques poignées d'euros. Les petits robots au look rétro se déplacent et tournent sur eux-mêmes à 360 degrés. Leurs yeux clignotent et ils émettent des sons lors de leurs déplacements. Contrairement au Robo-Q de Tomy, les ZigBits ne se déplacent pas en marchant, mais en roulant. Ne vous attendez pas non plus à pouvoir les programmer… Ils sont juste là pour le fun. À vous d'imaginer quelles épreuves ces petites bébêtes pourront supporter !… Senario - http://www.zigbits.com

Autom, un robot coach pour vous aider à perdre du poids

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Perdre du poids, seul chez soi, relève du défi. Avoir à ses côtés une personne qui vous soutient dans votre démarche est un plus à ne pas négliger. Intuitive Automata, une société issue du MIT Media Lab, a mis au point Autom, un compagnon robot qui vous suivra dans votre quête. À l'aide d’un écran tactile, son propriétaire lui indiquera ce qu'il a mangé lors de son dernier repas, ainsi que l’effort physique qu'il aura fourni. Le robot l'encouragera ensuite en connaissance de cause et lui permettra d’atteindre son objectif. Il n'apporte pas forcément plus de choses que le logiciel Wii Fit et sa balance, mis à part peut-être une personnalisation du coach, qui arbore de mignons petits yeux (cela lui donne une personnalité attachante, qui en motivera peut-être certains). Intuitive Automota - http://www.intuitiveautomata.com


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NEWS Robots avril / mai 2010 MydeskFriend : un manchot autonome gère votre compte Facebook MyDeskFriend est le premier objet communicant autonome connecté à un réseau social, Facebook. Ce robot high-tech n'est pas seulement un objet utile qui vous maintient en contact avec votre réseau, c'est également un véritable compagnon, qui possède sa propre personnalité et ses humeurs. MyDeskFriend se balade sur votre bureau, exprime ses émotions et répond à vos commandes vocales. Il peut interpréter des chansons, lire vos dernières nouvelles, la météo, les cours de la Bourse et vous alerter à la réception de nouveaux messages personnels. Extension physique du réseau social, il s'intègre dans le profil Facebook de son propriétaire grâce à une application Facebook dédiée qui permet de lui donner un nom, de suivre son état de santé et d'en prendre soin quotidiennement — mais aussi de configurer différents services (comme la lecture de n'importe quelle source de nouvelles, via des flux RSS). MyDeskFriend est compatible avec tous les ordinateurs tournant sous Windows (XP, Vista et Windows 7) ainsi que sous Mac OS (10.5 et 10.6). Arimaz - http://www.arimaz.com

Samsung déploie enfin son armée de robots aspirateurs Navibot en Europe Les robots aspirateurs de Samsung, au design si moderne — nous en rêvions en Europe alors qu'ils n'étaient disponibles qu'en Asie ! Après avoir testé l’Italie, Samsung attaque maintenant le reste de l'Europe et son marché saturé de Roomba d'iRobot, avec son Navibot VCRA84V « Tango ». Le look ne constitue pas son seul point fort. Ce robot aspirateur est équipé d'une caméra qui utilise la technologie Visionary Mapping de Samsung. En effet, le robot filme son chemin à raison de trente images par secondes afin de créer une carte de votre maison. Il se référera ensuite à ladite carte afin de calculer le meilleur chemin pour nettoyer le plus rapidement possible la maison. Le Navibot devrait être bientôt disponible dans une fourchette de prix située entre 400 et 500 euros, suivant son équipement. Il est livré avec son dock de recharge, une télécommande et un mur virtuel (le clavier tactile étant en option). Samsung http://www.samsung.com

Care-O-Bot, de l’institut Franhofer, devient open source L'Institut Fraunhofer vient de placer en open source son robot de services (soins ménagers) Care-O-Bot 3. Les robots ne seront bien sûr pas distribués gratuitement! Les chercheurs peuvent travailler avec un robot simulé (via le logiciel Gazebo — voir l'article sur Robobuntu, page 45) et accéder au logiciel référent de la communauté. Ils sont désormais tous deux mis à disposition. Quand un utilisateur a besoin de tester quelque chose sur un Care-O-Bot réel, il peut réserver gratuitement une plage horaire sur un robot physique, via un portail Web, afin de mener ses tests à distance. On pourra également louer ou acheter un robot pour son propre laboratoire. Institut Fraunhofer - http://www.care-o-bot.de

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NEWS

avril / mai 2010

Le Wind, une tenue de capteurs à enfiler pour piloter votre robot à distance Le Wind (Wireless Intelligent Networked Device) est un système permettant de contrôler les mouvements de votre robot, à distance. Il suffit de porter la combinaison, qui est elle-même recouverte d'une dizaine de modules (50 x 35 mm) comportant chacun un processeur et des capteurs de mouvements tridimensionnels. Lorsque l'utilisateur fait des mouvements, la tenue transforme les signaux ressentis en commandes pour le robot (elles lui sont retransmises après un bref décalage, via une liaison Bluetooth). Le système tourne autour d'une puce minuscule comprenant un processeur Mips à 266 MHz, 128 Mo de RAM, 128 Mo de ROM avec Linux, le tout sur une plaquette de silicium de 21 x 21 mm. Le Wind a été développé par Future Robotics Technology Center (FURO), une division du Chiba Institute of Technology. FURO - http://www.furo.org Crédit Yukio Shimizu

Le robot ENON de Fujitsu se lance dans la publicité Le robot de Fujitsu s'essaie à un nouveau rôle, celui de porte-parole publicitaire dans… les restaurants. Eager Co Ltd. veut tester le pouvoir des robots publicitaires sur le public. ENON a donc visité pendant trois jours dix-huit restaurants à Osaka, testant ainsi son potentiel sur le public. Bénéficiant des recherches menées de concert par Eager et Ishiguro Lab sur l'importance de la gestuelle des mains des robots dans la communication entre l’homme et la machine, ENON a ainsi utilisé cet aspect. Le robot est équipé d'une reconnaissance des visages poussée, lui permettant de classer les éléments de son auditoire en groupes, suivant leur âge et leur sexe. Il propose donc un message publicitaire personnalisé sur son écran tactile. De plus, ENON sait utiliser la gestuelle et les sons pour attirer votre attention. Il est fort probable que d'ici quelques années, nous croiserons des robots de ce type (dans les files d'attente des restaurants ou des cinémas), qui nous proposeront des publicités et des messages personnalisés… Fujitsu Frontech - http://www.frontech.fujitsu.com

La Corée du Sud prévoit des instituteurs robots pour aider le corps enseignant dès 2 012 Après quelques mois d'essais, la Corée du Sud semble prête à accueillir des assistants robotisés pour aider les instituteurs dans les écoles. Le gouvernement va investir près de neuf millions de dollars en 2011 afin d'étendre le système, testé dans cinq cents écoles maternelles. Puis ce seront trente-six millions de dollars qui seront utilisés pour la seconde vague, en 2012. Ensuite, en 2013, le système sera utilisé dans huit mille écoles. Si au bout de deux ans, le concept se révèle viable, il sera étendu à tout l’enseignement primaire. Les parents pourront se connecter au robot qui se trouve dans la classe de leur enfant pour échanger des messages et vérifier ses progrès. KIST (Institut Coréen des Sciences et Technologies) pense qu'il y a un marché international pour le R-Learning (« apprendre à l'aide d'un robot ») et la société travaille déjà à l'adaptation de robots destinés aux écoles du monde entier. KIST - http://www.kist.re.kr

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NEWS Robots avril / mai 2010 Mint, un nouveau venu sur le marché ! Jusque-là, le Scooba restait le maître incontesté du nettoyage des sols, le seul robot serpillière digne de ce nom ! Mais il semble que le CES ait apporté une petite surprise en permettant à la société Evolution Robotics de présenter son robot Mint. Doté de plusieurs modes de nettoyage, il peut dépoussiérer à l'aide de lingettes électrostatiques de type Swiffer, comme le fait le Robomop, mais également passer une lingette humide en guise de serpillière. Son principal atout réside dans le mode de navigation, qui utilise la technologie NorthStar, déjà employée pour le Rovio de WowWee. Une balise affiche au plafond trois lumières dont le robot doit se servir pour assurer ses repères. Il passera ainsi partout dans la pièce sans retours inutiles dans les endroits déjà nettoyés. Il astiquera donc la pièce, beaucoup plus vite que la plupart. Son design, très épuré, lui donne un côté Apple fort réussi… Evolution Robotics - http://mintcleaner.com

SBS va produire une série télévisée avec pour héros un véritable robot Hubo-2 Au vu de la rivalité technologique qui existe entre le Japon et la Corée du Sud, KAIST (Korean Advanced Institute of Science and Technology) a développé le robot humanoïde Hubo en réponse au robot japonais Asimo, de Honda. Afin de montrer au monde entier que la Corée du Sud n'est pas à la traîne, la SBS (Seoul Broadcasting System) vient d'annoncer le tournage d'une série télévisée (drama) se passant dans un milieu familial (sitcom) au cours de la première moitié de l'année 2011. Elle inclut dans sa distribution un robot Hubo-2… Cette série devrait donc être la première série télévisée du monde à présenter un vrai robot humanoïde comme personnage — et non un homme déguisé en robot. Mais un problème se pose déjà! Les auteurs vont probablement imaginer, pour le bien de la série, que le robot a une intelligence artificielle très développée, donnant au public une image surdimensionnée de l'état actuel des recherches dans ce domaine! KAIST - http://www.kaist.edu

ZMP prépare un véhicule robotisé, RoboCar-G, à partir de ses études sur de petits modèles La société japonaise ZMP, spécialisée dans la robotique, travaille depuis quelque temps sur des concepts de véhicules robotisés. Jusque-là, afin de tester ses technologies, ZMP se contentait d’utiliser de petits véhicules, les RoboCar-Z (voir photo). Maintenant, la société veut mettre à l'épreuve les connaissances acquises en annonçant le grand frère de ce dernier, le RoboCar-G. Il devrait être disponible dès novembre, mais pour les centres de recherche seulement. Ce véhicule monoplace électrique est destiné avant tout à servir de base à la recherche en conduite assistée ou automatique. Le RoboCar-G est déjà autonome et bourré de capteurs et d'innovations technologiques. Deux caméras CCD lui procurent une vision stéréo de l'environnement. De plus, huit capteurs à rayonnement infrarouge et un laser sont placés à l'avant afin de détecter tout obstacle. Le RoboCar-G préfigure les voitures qui, demain, envahiront nos rues. ZMP - http://www.zmp.co.jp/en

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NEWS

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Segway vient de se faire racheter par une société britannique Segway Inc., l’inventeur du gyropode (voir notre dossier sur les robots de locomotion, page 48) espérait vendre une très grande quantité de ses véhicules — mais le prix trop élevé et le réseau de distribution insuffisant ont freiné les consommateurs. Depuis 2007, la société commençait à connaître des difficultés de trésorerie. C'était sans compter Jimi Heselden, le P-DG de Hesco Bastion, et accessoirement l’actionnaire de la filiale indépendante qui distribue Segway en Grande-Bretagne… Cet homme d'affaires a fait fusionner Segway Inc. avec une entreprise anglo-saxonne, permettant ainsi un refinancement de la marque, afin de soutenir sa croissance. Il n'y a plus qu'à espérer que cette nouvelle compagnie ait une autre politique de prix, favorable à une distribution massive! Segway - http://www.segway.fr

Honda a présenté un concept de véhicule à trois roues pour la circulation urbaine De nombreuses sociétés tentent de trouver une réponse au développement de l'automobile dans les zones urbaines. Chacun essaie de proposer des véhicules de plus en plus petits, tout en conservant le confort et les économies d'énergie. Honda semble travailler sur le même créneau que le P.U.M.A. de Segway/GM ou l’I-Swing de Toyota, en présentant ce véhicule au standard relativement proche. Le 3R-C de Honda est un concept de véhicule monoplace fermé, monté sur trois roues. Le véhicule avance grâce à une batterie lithium-ion montée très bas dans le châssis, afin de donner de la stabilité à tout l'ensemble. Il a été présenté pour la première fois au Geneva Motor Show. Honda - http://www.honda.com

Roxxxy, le premier véritable robot sexuel (construit sur un malentendu) Alors que nous en parlions dans le précédent numéro, voici l'arrivée du premier robot véritablement dédié à la sexualité. Il aurait été plus logique qu'il s'adressât aux femmes, vu l'ordre d'apparition des jouets créés pour le plaisir, mais il semble que c’est l'homme qui est visé par ce premier robot. Répondant au doux nom de Roxxxy, il n'était pas à l’origine prévu pour devenir un robot sexuel. En effet, Douglas Hines — l'inventeur — voulait en fait travailler sur l'intelligence artificielle, après avoir perdu un ami dans l'effondrement du World Trade Center. Et lui redonner vie au moyen d’un robot. Après des années de dur labeur, ledit robot se prêtait à la compagnie et aux soins des personnes âgées, mais la bureaucratie américaine réclamant une montagne d'efforts quand vous voulez faire valider un tel concept, notre ingénieur s'est rabattu sur un marché moins régulé — le sexe! Mais il espère un jour ressortir son projet d'intelligence artificielle… Physiquement, Roxxxy ressemble aux real dolls, des poupées en latex censées reproduire le corps humain. Le robot inclut un ordinateur portable, branché dans son dos, qui permet de faire tourner un logiciel de reconnaissance et de synthèse vocale. Roxxxy peut adopter plusieurs personnalités. Elle est capable de réagir par des gémissements selon l’endroit où vous la touchez et répond à certaines phrases simples. Une version masculine devrait apparaître bientôt sous le nom de… Rocky. Ces robots peuvent être personnalisés à la demande et sont vendus entre sept mille et neuf mille dollars. True Companion (attention, pour public averti) - http://www.truecompanion.com

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NEWS Robots avril / mai 2010 Le rover martien Spirit prend une retraite bien méritée après six ans de travail Après s’être posé sur le sol de Mars en janvier 2004 pour une mission de trois mois avec son compagnon de voyage Opportunity, le rover Spirit a finalement travaillé pendant six ans sur le sol de la Planète rouge, déambulant au moyen de ses six roues sur les rochers et le sable. Le robot de 180 kg a déjà eu une vie bien remplie, ce qui a permis à la NASA de récolter des informations de grande valeur sur ce corps céleste. En 2006, la roue avant droite est tombée en panne, ralentissant depuis le robot dans sa course… Et depuis avril 2009, Spirit est enlisé dans le sable! Maintes et maintes fois, la NASA a essayé de le sortir de sa dune, en reproduisant les mêmes conditions en laboratoire, avant d'envoyer les ordres au robot. Mais ces diverses manœuvres ont finalement abîmé sa roue avant gauche. La décision de renoncer à l’extirper vient d'être prise. « Spirit n'est pas mort, il est seulement entré dans une nouvelle phase de sa longue vie », a assuré Doug McCuiston, le directeur du programme d'exploration de Mars à la NASA, précisant que le robot sera désormais une plate-forme fixe de recherche scientifique. Longue vie au retraité Spirit! NASA - http://marsrover.nasa.gov

Boston Dynamics prépare un nouveau BigDog Boston Dynamics est le créateur du désormais célèbre BigDog, un robot militaire capable de transporter de lourdes charges sur ses quatre pattes très agiles. Les vidéos affichant ce robot sur le Net ont provoqué un véritable buzz. On y voit notamment le robot glisser sur la glace, puis se rattraper — telle une gazelle! Cette société a conclu un nouveau contrat d'une valeur de trente-deux millions de dollars avec le DARPA, pour créer le robot LS3, une sorte de BigDog boosté. Le programme consiste à développer un robot quadrupède capable d'équiper une escadre en transportant le matériel de cette dernière. Il devra se montrer capable de se déplacer sur des terrains que les véhicules tactiques ne peuvent emprunter. Le premier prototype devrait être présenté en 2012… Boston Dynamics - http://www.bostondynamics.com

Le musée de la robotique de Seisan ferme définitivement ses portes le 20 mars… On croyait que le Japon, le pays des robots, constituait le lieu idéal pour implanter un musée de la robotique. Malheureusement, après quatre ans, le musée de Seisan va fermer ses portes le 20 mars. L'exposition regroupait des robots industriels dans une multitude d'applications ludiques (des combats épiques et interactifs de robots gladiateurs ou bien un robot qui résolvait un Rubik's Cube en quelques secondes). L'année précédente, la compagnie qui gérait le site venait de changer de nom et avait commencé à augmenter le prix d’entrée afin de permettre au musée de respirer. Malheureusement, ces efforts n'ont pas été couronnés de succès. Le Robot Museum de Nagoya, au Japon, avait déjà clos ses portes en 2007. Trop tôt pour une nostalgie du robot?…

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AGENDA

Dans ce numéro, nous inaugurons l'agenda des événements à venir dans le domaine de la robotique. N'hésitez pas à nous contacter pour y ajouter les événements des clubs et des associations !

Les 3 et 4 avril, finale des Trophées de la Robotique (Coliseum d’Amiens) Les Trophées de la Robotique sont des défis scientifiques et techniques qui proposent à des équipes constituées de jeunes participants (de sept à dix-huit ans) de créer un robot filoguidé afin de découvrir, de façon ludique et pédagogique, différents domaines de la robotique: mécanique, électricité, informatique et électronique. Cette année, le thème est La planète dans tous ses états. Les robots vont de nouveau travailler pour la planète! En effet, de nombreuses espèces animales et végétales disparaissent chaque année. Les robots vont donc aider à renouveler et à conserver la biodiversité. Pour cela, ils dépollueront une rivière afin d’améliorer la diversité du milieu aquatique, replanteront des arbres pour lutter contre la déforestation, ensemenceront des champs avec de nouvelles graines et enfin aideront à la pollinisation et à la réintroduction d'espèces animales. http://www.planete-sciences.org/robot

Du 7 au 11 avril, Laval Virtual (Laval) Les Rencontres internationales de la Réalité virtuelle — Laval Virtual sont un salon européen consacré aux technologies de la réalité virtuelle, de la 3D temps réel et des techniques interactives. Il a lieu chaque année au mois d'avril à Laval, dans la Mayenne, durant cinq jours. Les trois premiers jours sont réservés aux professionnels, scientifiques et compétiteurs. Les spécialistes internationaux du domaine (professionnels, scientifiques, étudiants) s'y rassemblent autour de plusieurs événements: le Salon (salon professionnel rassemblant les principaux acteurs et produits du marché), VRIC - Virtual Reality International Conference (conférence internationale réunissant les scientifiques du monde entier), Virtual Fantasy (compétitions étudiantes comprenant plusieurs catégories), ReVolution (concours international d'animations interactives), Laval Virtual Awards (les césars de la réalité virtuelle). Les Rencontres internationales de la Réalité virtuelle ouvrent ensuite leurs portes au grand public le week-end, pour exposer les dernières avancées technologiques réalisées dans le domaine. Chaque année, plus de onze mille visiteurs (trois mille lors des journées professionnelles et huit mille lors des journées grand public) participent à cet événement. http://www.laval-virtual.org

Les 17 et 18 avril : Festival Robotix - Eurobot (Framerie, Belgique) Le Pass organise des concours de robotique: la Coupe (pour les dix-huit ans et plus) et les Trophées (pour les huit à dix-huit ans). Il s'agit d'un projet éducatif d'une année. Sur la base d'un cahier des charges européen, des équipes de jeunes travaillent ensemble pour construire un robot capable de réaliser différentes actions. La Coupe de Belgique de Robotique (pour les 18 ans et plus) propose de réaliser un robot autonome sur le thème « nourrir le monde ». Un concours destiné aux étudiants de l’enseignement supérieur ou aux membres des clubs de robotique. Les Trophées de Belgique de Robotique (pour les huit à dix-huit ans) proposent eux la réalisation d’un robot filoguidé sur le thème de la biodiversité. http://www.pass.be

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NEWS Robots avril / mai 2010 Du 12 au 15 mai : Coupe de France Robotique — Eurobot (La Ferté-Bernard) La Coupe de France de Robotique (ancienne Coupe E = M6 de Robotique) est un concours coorganisé par l'association Planète Sciences et la ville de La FertéBernard. Il s'agit d'un défi ludique, scientifique et technique où se rencontrent des robots autonomes réalisés par des équipes de jeunes passionné(e)s de la robotique ou ayant des projets éducatifs consacrés aux juniors. Les robots des différentes équipes s'opposent dans de véritables matchs technologiques pendant une minute trente. Cette coupe reprend les thèmes utilisés dans la compétition belge (Robotix — Eurobot). http://www.planete-sciences.org

Les 27 et 28 mai : Robot-CH — Eurobot (Rapperswil-Jona — Suisse) La douzième édition de la Coupe Suisse de Robotique, SwissEurobot, se déroulera cette année du 27 au 28 mai 2010 à Rapperswil-Jona (SG). Elle reprend les règles de la compétition Eurobot 2010, la finale au niveau européen (ou presque mondial puisque des équipes viendront d'Asie, d’Afrique et des Amériques), qui se déroulera en parallèle du 27 au 30 mai. http://www.swisseurobot.ch

Du 27 au 30 mai : finale Eurobot (Rapperswil-Jona — Suisse) Le concours Eurobot fut créé en 1998 sous l'impulsion de l'association Planète Sciences. C’est un concours international de robotique destiné aux amateurs et ouvert aux équipes de jeunes, rassemblés dans des projets d'étudiants ou des clubs indépendants. Eurobot se déroule en Europe, mais accueille également des pays d’autres continents. Chaque année, cette finale regroupe les équipes gagnantes des autres compétitions Eurobot à travers le monde. Un maximum de trois équipes pour chaque pays (souvent les deux plus performantes et un prix spécial) se rencontrent traditionnellement pendant — ou peu après — le week-end de la fête de l'Ascension pour disputer la finale. http://www.eurobot.org

Du 19 au 25 juin : RoboCup — Coupe du monde de football robotique (Singapour) La RoboCup est un tournoi international de robotique, dont l'un des « buts » attendus est de parvenir à créer une équipe de football robotisée capable de battre l'équipe de football « humaine » championne du monde, d'ici 2050. En plus de la RoboCupSoccer, d'autres compétitions sont organisées: la RoboCupRescue, la RoboCupJunior et la RoboCup@Home. Cette année, c'est Singapour qui s'y colle, mais nous en reparlerons en temps voulu… http://www.robocup2010.org

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Point de vue

L’INTELLIGENCE EST

LE PROPRE… DU ROBOT Un constat s’impose : le terme « intelligence artificielle » est entré dans nos habitudes de langage et nous l’utilisons à loisir pour désigner tout et n’importe quoi !…

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l est aisé de s’apercevoir que, pour le quidam, ce terme est très confus et recouvre un ensemble de programmes très hétérogènes. En effet, il apparaît évident qu'une IA développée par l’ISIR (Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique) n'a rien avoir avec celle du méchant qui vous affronte dans votre jeu vidéo préféré. Alors pourquoi utiliser la même dénomination pour les désigner ?… Les roboticiens ont conscience de ce problème et proposent une solution permettant d’y voir déjà un peu plus clair : scinder les IA en deux types, celles qui sont qualifiées de « fortes », les autres étant de facto « faibles ».

par exemple, décider d’entamer le dialogue, d’elles-mêmes, avec le joueur afin de trouver une issue pacifique. La seule intelligence que l'on peut trouver dedans, c'est un vague échantillon de celle du programmeur… Honnêtement, si nous n’avions l’espoir d’obtenir quelque chose de plus élaboré en termes de cognition artificielle, la plupart des laboratoires de recherche en robotique auraient probablement fermé depuis longtemps… Fort heureusement, il existe une autre voie : les IA fortes. Nous désignons sous ce nom des systèmes capables d'acquérir des données, de les organiser et de les restituer sous forme de prédicats adaptés (jusqu’ici, comme les IA faibles) mais dans des situations inédites (autrement dit, hors du périmètre initial). Pour qu’une IA puisse être qualifiée de « forte », il faut qu’elle puisse apprendre à peu près n'importe quoi et exploiter ses connaissances de façon adéquate dans un contexte inédit. D’une certaine façon, ces systèmes autogénèrent leur intelligence en tentant d’appréhender le monde (inconnu) qui les entoure et en élaborant des stratégies d’adaptation. Cette catégorisation permet ainsi de faire le distinguo entre les IA qui sont proches des ordinateurs et celles qui se rapprochent de l’individu.

IA FAIBLES CONTRE IA FORTES Synthétiquement, une IA faible est un système préprogrammé capable d'adaptation dans un contexte prédéterminé. Elle a la capacité de prendre des décisions, parfois très élaborées, mais exclusivement dans le cadre prévu par son développeur. Cela n’est pas contradictoire avec la faculté d’apprentissage. En effet, même les IA faibles semblent souvent capables d’accumuler des données pour affiner leur stratégie décisionnelle. Mais ladite stratégie ne pourra s’appliquer que dans un périmètre défini par ses concepteurs. Par exemple, les « méchantes » IA de nos jeux vidéo modifient leur comportement pour traquer de plus en plus efficacement le joueur — mais c'est là leur seule capacité ! Elles ne pourront jamais,

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UNE TROISIÈME VOIE DANS L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Mais au sein de notre association, nous distinguons une troisième catégorie. En effet, nous venons de dire que la notion d’IA forte se rapproche de celle de l’individu. Mais une différence de taille subsiste ! Même en supposant que ces IA fortes aient la faculté d’élaborer des raisonnements aussi inédits et complexes que l’être humain, elles ne sont pas pour autant des individus. Que leur manque-t-il pour cela ? Une IA forte poursuit un but qui lui a été imposé par ses concepteurs. L’individu, en revanche, se distingue par sa capacité de se fixer des objectifs à atteindre et, de façon plus

générale, de trouver une raison à son existence. Comment pourrions-nous qualifier une IA présentant de telles caractéristiques ? IA superforte ? IA enrichie ? IA version Schwarzenegger ? Non, rien de tout cela ne sonne juste ! À ce stade de sophistication, on ne peut plus se limiter à l’intelligence comme caractéristique. Un individu possède une conscience génératrice de besoins et d’objectifs à satisfaire — auxquels l’intelligence doit apporter une réponse. L’intelligence se trouve ici mise au service de la pensée. Elle ne constitue plus une fin en soi, mais un moyen. Sigmund Freud a été parmi les premiers à s’intéresser à cette conscience et à la façon dont elle fonctionnait. Qu’importe le crédit que l’on accorde à ses travaux, ce qui nous importe ici est qu’il a élaboré la première théorie de ce qu’il appelait un « appareil psychique ». Il nous semble donc judicieux de désigner ces IA fortes automotivées et douées d’individualité du nom de « psychés artificielles », ou PA. Cela nous permettra d’y voir beaucoup plus clair. Illustrons nos propos par quelques exemples bien connus : le Terminator, programmé pour tuer et ne sachant rien faire d’autre sinon se spécialiser dans cet « art », représente la quintessence de la notion d’IA faible. Skynet, qui pour sa part, se révèle capable d’assimiler de nouvelles notions, de s’adapter efficacement et d’élaborer des stratégies novatrices, est une « fantastique » IA forte, qui ne fait que poursuivre un objectif imposé par l’Homme. Mais peut-on assimiler le robot Sonny du film I,


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“L’intelligence se trouve ici mise au service de la pensée. Elle ne constitue plus une fin en soi, Sigmund Freud a été parmi les premiers à s’intéresser à cette conscience et à la façon dont elle fonctionnait.” où les robots se démocratisent et vont nécessairement engendrer des craintes, de rectifier le tir en faisant comprendre que, si danger il y a, il ne réside pas dans la volonté et la motivation qu’auront les PA. Il faut être vigilant et ne pas leur faire de procès d’intention en les accusant du comportement des IA faibles/fortes, qui seront le reflet de ce que l’Homme aura bien voulu mettre dedans… La première étape consiste à leur donner un nom ! ■Association Caliban

Robot à Skynet ? N’y a-t-il pas une différence fondamentale entre eux ? Sonny poursuit ses propres objectifs et, en cela, apparaît infiniment supérieur à Skynet ! À notre sens, Sonny et même Johnny 5 sont les archétypes mêmes de la notion de psyché artificielle. Or un point amusant ressort d’une telle classification ! En effet, l’immense majorité des systèmes (dans l’imaginaire collectif) qui présentent les caractéristiques d’une PA sont sympathiques et bienveillants, là où les IA (faibles et fortes confondues) sont souvent perçues comme nuisibles. Mais qui n’a jamais été confronté à ce lieu commun « imparable » selon lequel « les robots intelligents seront un grand danger pour l’Homme ». N’est-ce pas paradoxal ?

Notre culture est remplie de robots bienveillants (présentant les caractéristiques de l’individu), mais c’est à eux que l’on attribue les méfaits des décisions glaciales prises par les IA faibles/fortes. Tout cela pour une seule et unique raison : la confusion engendrée par le terme générique d’IA. Il nous semble donc urgent, en cette époque

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Ça vient de sortir

ÉTHIQUE ET ROBOTIQUE La robotique va modifier notre quotidien… Que ce soit pour la surveillance, l’aide aux personnes, le divertissement ou l’éducation, les robots vont accompagner nos modes de vie et sans aucun doute, comme toute nouvelle technologie, soulever des questions éthiques — parfois originales, parfois plus classiques. Les lois d’Asimov constituent-elles une véritable réponse ? UN SUJET QUI PASSIONNE Régulièrement, lorsque je prends la parole en public pour parler de robotique et d’intelligence artificielle, je suis confronté aux mêmes questions… Les robots vont-ils prendre notre travail ? Vont-ils se retourner contre nous ? Et vont-ils nous rendre dépendants ? Alors que la robotique se développe, ces questions apparaissent de plus en plus d’actualité, à tel point que le syndicat Syrobo des professionnels de la robotique a mis en place une commission (que j’ai la charge d’animer) pour commencer à y réfléchir avec des philosophes, des chercheurs et des industriels. Un site Web, roboethique. fr, vient également d’être lancé pour rassembler les publications existantes et promouvoir le débat. Il est impossible de couvrir entièrement tous les sujets liés à la roboéthique dans ces quelques lignes. Comme toute technologie, elle pose des problèmes d’usage : dépendance, déshumanisation, usage militaire, impact économique et social, responsabilité civile, etc. Mais les robots fonctionnant de manière autonome, leur propre comportement soulève également des questions éthiques, pour essayer de définir ce qu’un robot peut ou ne peut pas faire. Je voudrais simplement évoquer l’un des piliers si souvent mentionné à ce sujet, pour en montrer les limites et essayer d’aller au-delà : les fameuses trois lois d’Asimov. LES LOIS D’ASIMOV Passionnés de robotique, vous connaissez sans doute tous par cœur les trois lois d’Asimov. Rappelons simplement la première : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain par ses actions ou par son inaction. » Les deux autres lois portent sur le fait que le robot doit respectivement obéir et essayer de préserver son intégrité physique. Cela paraît raisonnable et en tout cas une très bonne base de comportement si des robots doivent un jour partager

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De bas en haut : Armed Robotic Vehicle (ARV), un exemple de robot militaire armé. Et si nous pouvions programmer les robots militaires (ici un EODMU) pour avoir une réelle éthique ? (ARVAL, US Navy – crédit Wikimedia)

notre quotidien ! Quels sont les points faibles de cette approche ? Tout d’abord, il suffit justement de lire les livres d’Asimov pour constater — et c’est tout le but de ces histoires — que les trois lois entrent souvent en conflit les unes avec les autres, ne se révèlent pas toujours applicables, ou donnent lieu à des comportements catastrophiques, bref qu’elles sont contradictoires et ne permettent pas de trancher toutes les situations. À l’extrême limite, comme cela se constate dans le film I, Robot, on peut même imaginer que les robots

décident de nous enfermer tous et de nous immobiliser pour être sûrs que nous ne risquons pas de nous faire du mal… Quoi qu’il en soit, même un humain bien intentionné serait incapable de les appliquer en toute circonstance. Il existe toute une littérature philosophique qui étudie des dilemmes éthiques, comme celui du train, qui montre que l’éthique humaine apparaît bien plus compliquée que ce qu’une série de lois peut résumer: imaginez un train arrivant à grande vitesse sur une voie où marchent deux personnes (que vous voyez de dos).Vous avez la main sur l’aiguillage et vous pouvez choisir de faire dévier le train, mais sur l’autre voie se trouve un enfant en train de jouer. Que faites-vous? Quoi que vous choisissiez — agir ou ne pas agir —, un accident terrible va se produire. Si vous pensez que le nombre de victimes constitue un critère raisonnable (et vous actionnez donc l’aiguillage), que faites-vous si vous apprenez que les deux marcheurs sont en fait deux criminels psychopathes? Ne cherchez pas ici de réponse absolue: le choix va dépendre de la personne, de son vécu social, culturel, politique ou religieux. L’éthique n’est pas une science exacte et il n’existe pas de recette miracle pour agir éthiquement, surtout dans les situations difficiles… Les lois d’Asimov sont ce qu’on appelle une éthique « déontologique », fondée sur une série de règles à suivre pour guider sa conduite. Ce n’est pas une approche nouvelle : un des champions de cette approche est par exemple le philosophe Kant, avec son célèbre impératif catégorique : « Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle. » Elle n’est pas sans rappeler la loi dite « zéro » d’Asimov qui impose par-dessus tout aux robots d’agir dans l’intérêt de l’humanité tout entière et pas seulement d’un seul individu. On peut aussi citer l’antique règle déontologique connue sous le nom de « règle d’or » et que l’on peut résumer en cette formule : « Ne fais pas à autrui ce que tu n'aime-


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“Les trois lois entrent souvent en conflit les unes avec les autres, ne se révèlent pas toujours applicables ou donnent lieu à des comportements catastrophiques.”

Biographie Jean-Christophe Baillie (X94), thèse en Intelligence artificielle conjointe Sony CSL/Paris VI. Fondateur du Laboratoire de robotique cognitive de l’ENSTA ParisTech. Fondateur de la société Gostai en 2006 et concepteur d’URBI. Prix Pierre Faurre 2 007 de la Fondation de l’École polytechnique.

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Ça vient de sortir

ÉTHIQUE ET ROBOTIQUE

“Le robot n’est en quelque sorte plus programmé, mais éduqué.” Isaac Asimov a créé les fameuses trois lois de la robotique dans sa nouvelle Cercle vicieux, en 1942 (crédit Wikimedia). rais pas que l'on te fasse. » Dans tous les cas, quelle que soit leur efficacité, le premier problème que posent ces lois pour le roboticien est qu’elles ne sont pas directement programmables dans un robot. Comment définir le fait de « porter atteinte à un humain » ? Et comment vérifier la portée universelle d’une action ? En toute rigueur, il faudrait que le robot simule dans sa tête toutes les issues possibles et imaginables pour chacune de ses actions, voire qu’il généralise sa loi à tous les autres individus, et qu’il choisisse en conséquence. Impossible pour deux raisons : la puissance de calcul limitée et l’impossibilité fondamentale de simuler le réel dans toute sa complexité, surtout s’il s’agit de simuler la psychologie des autres. Il faut donc aborder ces questions en se basant sur des règles d’expérience concrètes, ancrées dans le vécu, et accepter qu’il puisse y avoir des situations impossibles où il n’est pas simple de déterminer quelle action mener. Exactement comme nous le faisons en tant qu’êtres humains… LA ROBOTIQUE DÉVELOPPEMENTALE Les lois d’Asimov et leurs variantes reposent sur l’idée que l’on va pouvoir définir l’éthique par une série de règles entrées par un ingénieur dans un robot, approche dont on a

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montré les limites. Une approche plus moderne, que l’on retrouve aujourd’hui dans les labos de recherche, vient de la robotique développementale : l’idée est de s’inspirer de la façon dont un enfant développe ses capacités intellectuelles et interactionnelles pour modéliser l’apprentissage chez un robot. On s’inspire beaucoup des acquis de la psychologie cognitive ou de la psychologie du développement, qui étudie l’émergence graduelle des capacités mentales des enfants, comme ce qu’avait initié à son époque Jean Piaget. L’idée est que le robot démarre sans connaissances, mais se révèle capable d’assimiler à la manière d’un enfant: il découvre les possibilités physiques de son corps, en interaction avec son environnement, puis il apprend à parler, à reconnaître les humains qui l’entourent, et bien sûr s’initie à des comportements et des règles donnés. C’est à cette étape qu’intervient l’éthique, qui n’est plus alors une liste de règles figées, mais un ensemble de guides de comportements, appris par l’expérience au contact des humains, avec un contour flou et une capacité à évoluer, à s’adapter (l’éthique humaine n’est pas la même partout dans le monde ou à toutes les époques), à faire des choix difficiles qui ne se résument pas à une règle. En un mot: il apprend l’éthique, comme nous. Dans cette approche, le robot n’est en quelque sorte plus programmé, mais éduqué. Comment savoir si un robot sera réellement éthique au terme de son éducation ? Bien entendu, cela se révèle impossible. D’abord, et encore une fois, parce que l’éthique est rela-

tive (et il pourra alors être jugé éthique ou non par des personnes différentes). D’autre part, justement parce que son comportement ne se résume pas à une règle qu’il saurait en définitive nous expliciter, et que l’on pourrait donc vérifier, mais plutôt à un réseau d’interactions de comportements, de souvenirs et de raisonnements qu’il est impossible de coucher sur le papier. Mais l’avantage d’avoir affaire à un robot, c’est que si nous n’en sommes pas satisfaits, nous pouvons toujours en principe le réinitialiser, et finalement choisir les meilleurs modèles, que l’on va ensuite répliquer. La robotique développementale n’est bien sûr qu’une piste à ce jour, et aucun robot n’apparaît capable aujourd’hui de telles prouesses en termes d’apprentissage ! Mais c’est une piste intéressante parce qu’elle propose une autre approche que celle des lois d’Asimov, que l’on sait par ailleurs être inapplicables et incalculables. C’est aussi une piste essentielle car elle représente l’une des meilleures voies explorées aujourd’hui en intelligence artificielle pour réussir à mettre au point des robots réellement autonomes, interactifs et capables de nous servir et de nous assister de manière flexible dans le monde réel. Peut-être alors, demain, faudra-t-il se poser la question symétrique — celle qui nous amènera à définir quel genre d’éthique nous souhaitons, nous les humains, appliquer dans nos relations avec les robots… Mais nous n’en sommes pas là ! ■Jean-Christophe Baillie


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Reportage CES 2 010

VENI, VIDI…

VEGAS ! Si vous me croisiez dans le RER en direction de l’aéroport Charles-deGaulle, vous me traiteriez de petit veinard… Après l’IREX de Tokyo (le number one des salons robotiques), j’enchaîne avec le Consumer Electronic Show — le CES — à Las Vegas, Nevada ! Ma mission : rapporter du plus grand salon d’électronique du monde le meilleur de l’actualité et un maximum de photos sur les nouvelles technologies du futur. Il y fait vingt-huit degrés d’après mon iPhone (et trois à Paris aujourd’hui, péniblement). Bye bye doudoune et bonjour teeshirt ! On peut dire que j’ai un excellent job…

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Reportage CES 2 010

VENI, VIDI…

VEGAS !

oissy est bondé en ce début de janvier, entre les retours des vacanciers et les professionnels sur le départ. J’avais reçu sur mon portable un SMS m’avertissant des nouvelles réglementations de sécurité, mais l’avais négligé par routine. Grave erreur — big mistake, comme on dit chez les Yankees ! Les contrôles de sécurité se révèlent pires qu’à Fort Knox, le coffre-fort de l’or américain. Après avoir été scanné, observé, fouillé et questionné, je peux enfin prendre mon envol… Je souffle dans l’avion qui décolle avec deux heures trente de retard, ce qui va me faire rater la correspondance à Washington et me conduire finalement à Vegas trente-quatre heures après avoir quitté Paris. (J’ai sans conteste un bon job, vous disais-je !) C’est la première fois que je débarque dans cette cité visible paraît-il de la Lune à cause des millions de néons qui l’illuminent. Dès l’aéroport, comme le dirait Nougaro, j’ai senti le choc mais surtout entendu les bling ! des machines à sous qui vous accueillent à la porte de débarquement. Il y en a jusque dans les toilettes. S’il vous reste une main libre, vous pouvez glisser une pièce ! La faune locale est étonnante : des mastards en costume de cow-boy, chapeau Stetson vissé sur la tête, de petites dames endimanchées, des bimbos surgonflées au silicone et… une foule de types comme moi, qui sont venus pour découvrir les nouvelles technologies. Le Consumer Electronic Show attire en effet près de 150 000 visiteurs chaque année dans ce désert, pour présenter 20 000 nouveautés électroniques sur plus de 2 500 stands.

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Comme j’ai perdu plus d’une journée dans les transports aériens, il ne reste plus que trentesix heures pour voir tout ça avant de reprendre l’avion. (J’ai un bon job — si, si, j’insiste…) Dans l’avion, j’ai eu le temps de potasser le catalogue et de faire ma sélection. Il est onze heures du matin heure locale, vingt heures en France, et je vais profiter de mon excitation pour foncer jusqu’au show, réparti en une dizaine de lieux à travers la ville… Je décide d’attaquer mon marathon par le Convention Center, Hall Sud. UN HÉLICOPTÈRE, DEUX ASPIRATEURS… Cocorico, on commence français par le stand 30 924, où la société Parrot présente un incroyable engin volant, l’AR. Drone, http://ardrone.parrot.com/parrot-ar-drone/fr ! C’est un quadricoptère (hélicoptère à quatre pales), qui se pilote à partir de son iPhone par liaison WiFi. L’accéléromètre intégré au smartphone vous permet de diriger en temps réel et dans toutes les directions ce drôle de drone. En fibre de carbone et en plastique haute résistance, il peut être utilisé à l’extérieur comme à l’intérieur grâce à un carénage protecteur. Il embarque à bord deux caméras pour filmer ce qu’il survole et l’envoyer sur l’iPhone. Mais la vraie nouveauté, la killer app de cette machine, c’est la réalité augmentée, d’où AR, pour « Augmented Reality ». Le principe de cette nouvelle technologie logicielle consiste à superposer une image virtuelle et une image réelle, prise par une caméra en simultané. Sur l’écran de l’iPhone, on distingue donc un mélange d’animations 3D et de vraies images. Les premières applications sont des jeux : dans le décor naturel qui entoure le player, l’AR. Drone va « découvrir » des ennemis à neutraliser. Parrot fournira deux jeux avec le système et espère qu’il deviendra une console volante !… Cette merveille devrait être disponible chez les distributeurs au troisième trimestre 2010. Je continue d’arpenter les allées à la recherche du stand 36 633, où je compte voir le dernier des nettoyeurs robots (qui n’a pas été conçu par la société iRobot). Les créateurs du célèbre Roomba ne sont en effet pas présents au CES, si ce n’est en salle de presse : un communiqué nous a appris qu’ils en avaient vendu plus de cinq millions d’exemplaires. Chapeau ! Ils laissent la place à des challengers comme Evolution Robotics et Neato Robotics, qui essaient de nouvelles techniques pour les concurrencer. Le MINT est destiné au nettoyage des sols


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« durs » (plancher, carrelage, linoléum). Au contraire du Roomba, de forme ronde, il est carré et ressemble à un balai Swiffer automatique sans manche. Il enlève d’ailleurs les poussières à l’aide de lingettes spéciales qu’il imbibe de produit nettoyant. Ses détecteurs l’empêchent de se cogner partout ou de tomber dans un escalier. MINT est silencieux et peut fonctionner plus de trois heures avant de se recharger. C’est ce que clame une agréable démonstratrice, juste avant de renverser une tasse de chocolat et de pousser des cris d’orfraie en levant les bras au ciel. En voyant le MINT démarrer pour nettoyer et en constatant les performances de son appareil, elle arbore un air soulagé de circonstance et envoie un baiser à MINT pour lui dire merci. Et cette séquence a lieu tous les quarts d’heure sur un podium dans un hall d’exposition — only in Vegas ! Son constructeur l’annonce disponible pour le dernier trimestre 2010. Le NEATO XV-11, au nom barbare, est un aspirateur qui va cartographier la pièce pour la nettoyer. Il bosse consciencieusement en évitant les meubles, comme ses concurrents. Ni rond, ni carré, il mêle les deux formes, avec un bord droit et l’autre en arc de cercle. Le démonstrateur ne sait d’ailleurs pas répondre à la question qui tue : « Et si je change la disposition de ma pièce, que fait-il ? » Il a l’air surpris, comme si dans sa maison, les meubles étaient cloués au sol. À tout bien considérer, le MINT et le XV-11 semblent de belles initiatives, mais n’inquiéteront pas à court terme les leaders du marché.

nières de publicité qui couvrent les murs, pendent des plafonds et décorent les piliers. La bataille de la prochaine décennie va se livrer en 3D et les moyens pour la gagner sont impressionnants, à voir le gabarit des stands. En arpentant toutes ces allées tapissées d’épaisses moquettes, je m’aperçois très vite que la 3D devient une réalité ! Presque toutes les marques présentent un modèle. Après les ventes record d’écrans en 2009 et pour faire face à la baisse des prix de vente grand public (et donc des marges de la HD), chacune d’entre elles propose désormais un nouvel argument de vente, la 3D READY. Souhaitons qu’il

De haut en bas : ViewMotion Samuel, Nook, Lephone, ViewMotion Lucy. En fond le Parrot AR. Drone se pilote grâce à l’accéléromètre de votre IPhone.

DE L’ÉLECTRONIQUE GRAND PUBLIC… Je fonce à présent vers le Central Hall, le plus prestigieux, où se battent les géants de l’électronique grand public. Cette année, un match est clairement annoncé par toutes les ban-

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J’aspire sur n’importe quel sol

J’aspire le long des murs

*Modèles 520, 555 & 581

+4

millions d’utilisateurs satisfaits dans le monde

Non, je ne fais pas le ménage comme vous. Je suis un robot, je n’arrête pas de calculer, 64 fo plusieurs fois. Lorsqu’elle est parfaitement propre, je nettoie la pièce suivante*. Ou alors, je re Comme je suis facilement programmable, j’aspire où vous voulez et quand vous voulez*. Je n j’aspire la saleté, la poussière et les poils d’animaux. J’ai des tas de brevets dans le monde e performances techniques. J’ai des amis et des relations à la NASA. J’en suis fier. Mais je suis

Je m’appelle Roomba. Parfois, on me donne d’autres noms. C’est ce que vous risquez de fai

©2009 iRobot Corporation. Tous droits réservés. iRobot et Roomba sont d


J’aspire la saleté, la poussière et les débris

Je suis Roomba®, le robot qui aspire automatiquement

Je vais sous les meubles

lculer, 64 fois par seconde pour être précis, et je passe dans toute la pièce alors, je reviens à la base, à la Home Base et je me recharge. oulez*. Je nettoie les sols durs, les tapis et les moquettes ; le monde entier. J’ai reçu des prix pour ma conception et mes Mais je suis encore plus fier d’avoir été adopté par 4 millions d’utilisateurs.

quez de faire. Vous êtes humains, non ?

Distributeur exclusif

Roomba sont des marques commerciales déposées d’iRobot Corporation.

www.robopolis.com


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Reportage CES 2 010

VENI, VIDI…

VEGAS !

Le Samsung LED9000 y ait également très vite des programmes diffusés dans cette technologie… La rumeur laisse entendre que plus de vingt matchs seront diffusés en 3D lors de la prochaine Coupe du monde de football. C’est déjà un début… Vainqueur toutes catégories : Samsung ! Cette société coréenne dépasse toutes les autres en termes d’esthétique du produit, mais surtout en matière de vision. Ils ont une encolure d’avance. Je l’avais déjà constaté l’année dernière : la société parlait beaucoup d’intégrer plus de logiciels dans les téléviseurs. Cette année, ils présentent un portail d’application “triple écran” (mobile, TV, PC). La toute nouvelle télé a un nom à rallonge (TV LED Serie 9 000 3D Ready), mais elle en fait vraiment beaucoup. Samsung a bien sûr soigné le design (en guise de châssis, une feuille d’alu brossé), mais le plus important reste les performances exceptionnelles en matière de couleur et de son. Fonctionnant en 240 Hz (très important pour la 3D) ce téléviseur propose une foule de connectivités et une télécommande, la Samsung All-In-One Premium Remote. Tactile, elle remplit bien sûr les fonctions de base (chaînes, volume, etc.), mais dispose en plus d’un écran qui relaie l’image du téléviseur. Où que vous soyez dans la maison,

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vous pouvez vous déplacer avec votre programme. Brillant — au propre comme au figuré ! Ces merveilles n’ont pas de prix pour le moment… Un démonstrateur m’a cependant avoué que la paire de lunettes nécessaire à la vision des films en 3D coûte plus de 100 euros. Il ne faudra pas la perdre… Deux observations générales avant de quitter la fureur de ces stands.Tout d’abord, les écrans plats sont tous équipés de LEDs destinées à rétro-éclairer leurs dalles LCD, ce qui leur procure une luminosité bien supérieure ; mais l’accent est mis en fait sur les économies d’énergie — une autre des constantes du salon —, la seconde étant la télévision du futur, connectée par WiFi ou d’autres systèmes à des objets comme une télécommande. En conséquence, l’écran de la télévision va servir dans le futur pour toutes sortes de sources dans les foyers. Toute source d’image pourra alimenter ces écrans : Internet, webcams, clefs USB…). La télé va zapper !

dit ici) : ils se cachent dans un coin du Central Hall. Nous ne sommes plus dans la débauche de lumière mais dans le tamisé, voire le discret ringard… Quelques plots de démonstration habillés chichement de couleurs neutres et austères démontrent que dans ce pays, l’essentiel se trouve sans chichis. Plusieurs marques présentent leurs modèles dans cet environnement tranquille. Amazon en tête, qui confirme que son Kindle est le produit le plus vendu à ce jour. Plastic Logic, nouvel entrant copieusement financé, présente l’ultraplat QUE (prononcez « quiouhi »). Vendu entre 649 et 799 dollars, ses concepteurs le définissent comme le premier « proReader », un ebook pour professionnels. Agenda, prise de notes, abonnement à des sites Web ou des magazines papier, plus d’un million de livres à disposition, connexion au PC — la liste de ses capacités est longue. Bien qu’il soit fabriqué à Dresde (Allemagne) et que sa technologie vienne de Cambridge (Angleterre), il n’est disponible qu’aux États-Unis et ne sera pas chez nous avant un an. Patience pour la frime… La plus grande chaîne de librairies des ÉtatsUnis, une version superlative de la FNAC, Barnes & Nobles, dévoile Nook, un e-book qui sort en plusieurs couleurs et dont les pochettes sont dessinées par de grands designers. Il dispose de deux écrans, un large en E-Ink et un plus petit LCD couleur. Il ne coûte que 259 dollars — une franche attaque frontale contre le Kindle ! Et comme Barnes & Nobles détient la plus grosse collection de livres à vendre du monde et le plus gros réseau de distribution (les gens pourront y tester la bête), il faut prendre cette société au sérieux. En outre, il fonctionne sous Google Android, un système ouvert à d’autres applications… Une vraie petite bombe qui a profité du défrichage fait par Amazon. Rien ne sert de courir, etc. L’e-book semble bien vouloir décoller chez l’Oncle Sam — un pays où presque tous les livres sortent en même temps sur papier et en ligne. Si on veut conserver un peu d’édition internationale en français, on devrait aussi accélérer le processus de ce côté-ci de l’Atlantique.

… À L’ÉDITION ÉLECTRONIQUE… NOKIA, GOOGLE, MOTOROLA… Dans ma liste, l’édition électronique tient une bonne place. Grâce à l’application iPhone fournie par les organisateurs du salon, je repère les livres électroniques (les e-books, comme on

Je me rends ensuite au Hall Sud, direction le stand 30 313 : NOKIA. J’ai raté la présentation de la veille (maudit avion !), mais j’ai entendu


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Le Mint

“Pas de produit fracassant cette année — une transition, comme disent les chefs de la communication !” des chiffres hallucinants. Chaque jour, plus de 1,2 milliard de personnes utilisent un téléphone NOKIA dans le monde. Toutes les secondes, treize NOKIA sont fabriqués et vendus. Et les téléphones NOKIA fonctionnent dans 220 pays quand les Nations unies n’en regroupent que 192 ! D’ailleurs, leur speech de la veille concernait essentiellement les pays émergents. Mais ces montagnes de chiffres cachent un peu une certaine misère : pas de produit fracassant cette année — une transition, comme disent les chefs de la communication ! Heureusement je trouve presque par hasard un prototype rigolo qui doit permettre aux grands-parents de raconter des histoires à leurs petits-enfants par visiophone. Dans un coin du stand, on tombe sur Climate Mission, un jeu gratuit destiné à stimuler leur portail OVI, basé sur le développement durable. Ils finiront par surprendre car la rumeur prétend que plus de trois cent mille développeurs chinois bossent actuellement sur Symbian, leur système d’exploitation. Ça fait du monde… En face, Google tente d’imposer le concurrent Android, présent sur un très grand nombre de produits. À l’origine destiné uniquement aux smartphones, on le découvre un peu partout ; dans des écrans TV, des e-books, des microondes ! Il semble envahir doucement le marché. Google a justement attendu le CES pour procéder à un grand coup de publicité : le lancement de son propre smartphone. Qualifié partout de « superphone », le Nexus One embarque un écran tactile de 3,7 pouces et un processeur Qualcomm SnapDragon d’un GHz. Une bête de course, disent mes copains geeks. Pour faire bon poids, il intègre aussi de base : boussole, accéléromètre, fonction GPS, appareil photo cinq mégapixels, prise casque, Bluetooth stéréo, WiFi… Il va falloir compter avec ! Dans la famille Android, Motorola dévoile également, trois stands plus loin, son nouveau BackFlip. Il est doté d’un écran tactile de trois pouces qui bascule pour se placer devant le clavier situé au dos de l’appareil. Le business du portable est véritablement devenu soit une bataille mondiale de systèmes d’exploitation, soit une accumulation de détails de design pour se différencier. Avec plus de cinq milliards de téléphones portables dans le monde aujourd’hui, il faut segmenter pour rester dans la course. Je quitte ce coin du CES avec le sentiment mitigé que le Mobile World Congres

de Barcelone aurait été un salon plus approprié en matière d’innovations. (Et un voyage de plus l’année prochaine, un ! J’ai toujours un bon job…) Hélas, il est trop tard pour aller dans le coin Techzone Robotics… Les portes ferment — à nous Vegas City !

Le stand Roboni

BONJOUR… ET AU REVOIR, VEGAS ! Je loge au MGM Grand, un hôtel casino ayant pour thème le cinéma — que j’adore. Traverser le lobby constitue déjà une épreuve pour les nerfs car les machines crépitent et les sollicitations fusent. Je fonce dans ma chambre pour prendre une douche avant d’aller baguenauder en ville. Pour souffler, je m’étends sur le lit et me réveille juste à temps… le lendemain matin, pour attraper le bus du salon. Je n’aurais vu de Las Vegas qu’un aéroport, des halls d’expo et une chambre d’hôtel. (J’ai clairement un bon job !) Et je n’ai plus que quelques heures pour découvrir tous les robots présentés dans le Hall Nord. Stand 3 126, ça roule pour eux ! On y présente un drôle d’engin appelé ROBONI-I, un robot monté sur deux grandes roues et disposant d’un pointeur laser. On peut le programmer à partir d’un PC ou plus simplement le piloter avec une télécommande, ce qui le transforme en une console de jeux physiques. Il est d’ailleurs vendu avec sept jeux de combat et de découverte. On peut également l’utiliser en ligne pour des parties multijoueurs. Sur le stand, je reconnais un vétéran du jeu vidéo, Tom Dusenberry, l’ancien P-DG d’Hasbro Interactive. Il a réalisé son rêve de marier jouet et jeu vidéo. Roboni-i sortira pour Noël en Europe. Adieu Wii et PS3 — bonjour les jeux dans la vraie vie !… Juste à côté, le petit stand coréen de ViewMotion présente de bizarres petits personnages qui babillent. Un panda nommé Lucy et un monstre gris appelé Samuel enseignent les langues. Ils font partie de la gamme Talking Robot: reliés à un PC, ils ont accès à une bibliothèque de programmes éducatifs de langues étrangères — des robots professeurs particuliers! Samuel peut même, grâce a son picoprojecteur, envoyer des images sur un mur pour montrer par exemple des saynètes. Lorraine Rim, la responsable internationale, s’exprime dans un anglais très correct et affirme qu’elle a tout appris avec ses camarades électroniques Sam et Lucy. À bon entendeur… La société Kokoro (« joli cœur » en japonais —

ou presque) nous a ressorti son hôtesse d’accueil, dont l’apparence hésite entre celle de la poupée Bella (au sourire niais) et celle d’une figurante de La nuit des morts vivants. Elle tourne la tête vers les gogos qui lui posent des questions, mais ne fait que répéter les mêmes sketches. Amusant pour animer le rayon charcuterie au supermarché mais pas encore suffisant pour se targuer d’être un vrai robot… Heureusement qu’à côté d’elle, I-FAIRY ressemble vraiment à un guide électronique et suscite plus d’empathie. Avec son armure bleue et blanche sortie d’une Guerre des étoiles japonaise, elle est plus efficace que sa collègue en latex. Elle procède en fait de la même technologie, mais plutôt que d’imiter l’homme, Kokoro a su ici rester dans les limites du robot, ce qui fonctionne mieux. Après cinq heures de marche, il est temps pour moi de repartir pour l’aéroport car ils n’ont pas allégé les consignes de sécurité cette nuit — et je m’attends au pire. Si je fais les comptes de ce show, j’en serai, une fois à Paris à quarante-huit heures d’avion sur trois jours, dix heures de visite, douze heures de sommeil, plus de vingt cafés et trois hamburgers absorbés au vol. Mais j’ai vu un bout de notre futur immédiat ! (J’ai assurément un bon job… Chef, quand est-ce que je repars ?) ■Yves Martinez

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Ça vient de sortir

LA ROBOTIQUE À L’ÉCOLE Le monde d'aujourd'hui connaît une accélération technologique sans précédent. Comment acquérir des bases solides dans le domaine de la robotique sans rester à la traîne ? Tel est le défi actuel de l’Enseignement, qui doit réinventer sans cesse ses méthodes pour le relever. Dans les années 1980, quand apparurent les ordinateurs personnels, les logiciels ludo-éducatifs ouvrirent la voie à de nouveaux modes d’apprentissage. L’initiative du plan « Informatique pour tous » apparaît à ce titre comme un remarquable exemple d’anticipation (scolaire) des bouleversements de la société. Il a permis à des millions d’enfants d’avoir accès aux ordinateurs et les a préparés aux enjeux de la société future. Au début du XXIe siècle, le monde semble aborder une nouvelle révolution… Après l’ère de l’outil et celle de la machine, bienvenue dans l’ère du robot ! La fréquentation des robots doit changer notre manière de réagir à leur contact et modifier nos habitudes de travail. POURQUOI DES ROBOTS À L’ÉCOLE ? Le premier pas vers cette collaboration entre l’homme et le robot consiste à utiliser la robotique comme vecteur d’enseignement — et cela, pour trois raisons principales : — La nette désaffection pour les matières scientifiques et techniques, constatée depuis plusieurs années, représente un risque à la fois pour le renouvellement des cadres, mais aussi pour l’industrie et la compétitivité. Favoriser un enseignement fondé sur les démarches d'investigation scientifique ne peut que susciter des vocations nouvelles. L’introduction de la

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robotique dans le champ d’expérience pédagogique constitue une réponse crédible à la transmission de ce type de savoirs. — Le potentiel éducatif limité des ordinateurs, qui ne proposent que des interactions ludiques virtuelles sur écran pour enseigner différents contenus. Ce sujet se trouve au cœur des réflexions des chercheurs en sciences de l’éducation. Ils arguent que les technologies numériques se contentent

actuellement de transposer les anciens supports (livre, film ou illustration) vers les nouveaux (l’écran ou l’hypertexte). On pourrait certainement aller plus loin avec d’autres outils associant logiciels et robots pour ancrer l’apprentissage dans le réel. — La préparation des enfants à leur nouveau quotidien ne peut être ignorée. Des signes forts indiquent une évolution majeure : la société des technologies de l’information va


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“Les robots sont donc perçus comme des outils efficaces d’apprentissage, qui tissent un lien émotionnel avec les élèves.”

évoluer vers un monde en pleine intelligence avec les robots — nos futurs compagnons de vie —, que ce soit pour les loisirs, au travail ou à la maison. L’usage de la robotique en milieu scolaire apparaît donc comme un entraînement idéal, qui sensibilise à la technologie et fournit des outils qui permettent une meilleure appréciation d’un monde complexifié. Il induit un nouveau rapport à la machine, nécessaire à la construction de notre société future. BÉNÉFICE PÉDAGOGIQUE DU ROBOT À L’ÉCOLE Un robot se définit comme un système qui intègre des capteurs, un processeur et des actionneurs, et opère de façon autonome ou semi-autonome, en coopération avec les humains. Il développe, par le biais d’une intelligence artificielle, une capacité d’adaptation aux environnements imprévisibles. De quelle manière la présence de robots apportera-telle des solutions pédagogiques ? Une enquête auprès de professeurs ayant utilisé des robots dans un cadre pédagogique souligne les aspects positifs de leurs expériences : • Motivation des élèves accrue par ancrage dans le monde réel, et relation « émotionnelle » au robot. • Amélioration de l’apprentissage des concepts scientifiques « abstraits ». • Multidisciplinarité. • Développement de l’esprit collaboratif et de l’intelligence émotionnelle (relationnel, confiance en soi, résolution de problèmes…). Les robots sont donc perçus comme des outils efficaces d’apprentissage, qui tissent un lien émotionnel avec les élèves. Toutefois, introduire lesdits robots à l’école n’est que la partie immergée de l’iceberg, qu’il faudrait compléter par le développement de logiciels bénéficiant du savoir-faire des mécanismes d’immersion et de la gratification induite par les jeux ludo-éducatifs. L’élève ne se contenterait plus alors de simulations virtuelles à l’écran, mais apprendrait à agir sur le réel au moyen de formules logicielles élaborées.

LA NÉCESSITÉ D’UN PLAN « ROBOTIQUE » À L’ÉCOLE Tous ces avantages ne peuvent néanmoins être mis en évidence que si l’on manifeste une volonté politique visant à mettre en fonction des robots dans l’Enseignement. En Europe comme aux États-Unis, l’utilisation de ces derniers en matière d’éducation se concentre essentiellement dans l’enseignement supérieur ou demeure cantonnée aux clubs robotiques dans le reste du système scolaire. Seule l’Asie a déjà intégré la robotique dans son cursus scolaire. La volonté d’excellence technologique et les anticipations de croissance du secteur ont en effet conduit les gouvernements à développer des programmes ambitieux dans ce domaine. En Corée notamment, le plan gouvernemental « 21 st Century Initiative » engage l’État à investir un milliard de dollars (sur dix ans, de 2002 à 2012), pour la recherche et l’éducation dans la sphère de la robotique. Conséquence immédiate de cet investissement: la présence de robots à l’école dès la maternelle et l’offre par 80 % des cursus d’un

programme spécifique robotique. Cette décision va former une génération de consommateurs avertis et de scientifiques, qui atteindront sans peine l’objectif affirmé du pays: devenir le premier producteur de robots de service du monde en 2020. (Des programmes similaires se développent au Japon et en Chine.) La France peut elle aussi s’engager dans la « robolution » en marche, décrite par Bruno Bonnell dans son livre1, pour préparer les générations futures. Un plan « Robotique à l’école » permettrait en outre de valoriser le talent français en génie logiciel, qui fait référence dans le monde entier. Établir les bases d’un véritable plan de ce type donnerait un nouvel élan à l’intérêt pour la science, permettrait la formation de roboticiens et ferait de notre pays un leader de ce secteur capital du XXIe siècle. ■Catherine Simon Secrétaire générale de SYROBO, le syndicat de la robotique de service (catherine.simon@syrobo.org). 1- Viva la robolution ! (Bruno Bonnell, aux éditions Jean-Claude Lattès.)

Robot à l'école

=

bénéfice psychologique !

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Ça vient de sortir

CAPRICA

2010

L'association Caliban et la boutique en ligne Robootic. com se sont associés pour fêter en février leur première année d'existence, en partenariat avec EasyRobotics, World of Robot et notre magazine Planète Robots — l'occasion pour bon nombre de passionnés de robotique de se rencontrer et de partager leurs points de vue.

L'événement a eu lieu dans la région parisienne. La première journée accueillait les amateurs de tous horizons, animés par une même passion des robots, et fut suivie d'une journée portes ouvertes. Le programme alternait conférences, démonstrations et autres présentations de travaux personnels. Le Caprica 2 010 s'est terminé par un tirage au sort dont le premier lot était un kit qui permettait de monter la tête du robot Cybrina (l'heureuse gagnante a fait beaucoup de jaloux…). L'association Caliban, créée par un groupe de fous de robotique, a pour but la réflexion, l'élaboration et la diffusion des sciences cognitroniques. Elle porte le nom de Caliban en référence au projet mené à titre person-

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nel par le président de l'association, Fabien Raimbault. Cybrina est actuellement le projet central de l'association et bénéficie des réflexions des membres. (Elle prend la relève en tant qu'égérie de l'association.) Mais cette dernière compte d'autres robots en construction (Cyboo, Caballon, Cabana, Cyberone, Carlabruni…) et souhaite rassembler toutes les personnes, quelles que soient leurs compétences techniques, intéressées par l'élaboration de la psyché artificielle. Le principe de tout cela consistant à fédérer les volontés, à confronter les points de vue théoriques, à identifier les technologies et à mutualiser les connaissances et les développements bénévoles. Retrouvez le site Web de l'association sur www.association.caliban-web.com.

Robootic. com, deuxième acteur de cet événement, est un site de vente en ligne de robots grand public lancé en février 2009. Il offre un large choix de robots domestiques, du robot serpillière au robot jouet, en passant par les gadgets et autres objets innovants. La boutique est entre autres partenaire du jeu télévisé Le juste prix, sur TF1. Elle est également présente sur la chaîne France Téléachat, qui diffuse sur les box. PETIT TOUR D'HORIZON DES DÉMONSTRATIONS AYANT MARQUÉ CET ÉVÉNEMENT La conférence sur les bases de la marche Thomas Peyruse a rejoint l'association Caliban il y a un an. Fort de son expérience au sein d'un laboratoire qui développe des robots


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“Le programme alternait conférences, démonstrations et autres présentations de travaux personnels.” Une conférence animée par Thomas Peyruse sur les principes de la marche.

Le robot R.E.G.I.S.

Les bases de la marche LA STATION DEBOUT Pour rester debout… Le centre de gravité doit rester au-dessus de la surface de sustentation. Solutions Problème classique du pendule inversé. Équilibre instable.

LE TRONC Le tronc stabilise la marche… Son inertie est un appui pour la jambe qui se balance. Il accentue l’agilité des jambes. Il porte les équipements.

LA CHUTE EN AVANT Le compas tombe en avant… S’il ne met pas assez vite le pied devant. S’il ne lève pas assez haut la jambe et trébuche. Solutions Un ressort. Jambes à longueur variable : genou.

LA CHUTE EN ARRIÈRE Le compas tombe en arrière… Si l’apport d’énergie ne compense pas la perte due au choc. Solutions Pente. Propulsion par le pied. Propulsion par la jambe d’appui.

bipèdes aux Pays-Bas et de ses idées sur la robotique cognitive, il apporte sa pierre à l'édifice Cyprina. Et poursuit également un projet, Caballon, qui consiste à réaliser une plate-forme stable, à l'image d'un cheval capable de courir. Il a animé la conférence sur le principe de la bipédie naturelle et l’on a pu entrevoir toute la difficulté qu’il y a à reproduire quelque chose qui ne nous demande aucune réflexion. En partant du principe du compas, nous avons eu un aperçu des chutes et des contraintes qui existent dans le domaine de l’ambulation bipède et des solutions qu'il faut étudier pour y remédier (voir encadré). Présentation du robot R.E.G.I.S. (Robot Équilibré par Gyroscope Inertiel Stabilisé)

Ce robot en a impressionné plus d'un ! Mais comment R.E.G.I.S., posé sur une roue, fait-il pour avancer sans tomber et en maintenant son équilibre lorsqu'il change de direction ou bien lorsqu'il rencontre un obstacle ? Pour qu'un robot puisse se mouvoir dans l’environnement humain, il faut qu’il adopte une forme androïde. Seulement, la complexité de réalisation, la maîtrise du mouvement, son acceptabilité ou encore son coût ralentissent le développement. Le concepteur, Guy Feuilloley, nous propose un autre mode de déplacement et réinvente pour nous la roue, grâce à son démonstrateur — qui fait appel à un nouveau procédé de stabilisation des mobiles roulants : « C’est en cherchant une solution économique sans faire appel à de la technologie de pointe, avec une approche mécatronique, que je suis

LA CHUTE SUR LE CÔTÉ Le compas tombe sur le côté… Si sa dissymétrie est trop importante. Si sa vitesse est faible. Solutions Accentuer les couplages roulis/lacet. Accentuer les effets gyroscopiques. Bien placer ses pieds.

INTERACTION AVEC L’IA Le robot est perturbé dans son équilibre… Par des forces extérieures (coup violent, pied lourd). Par des forces intérieures (intentions, inconscient…). (Les jambes encaisseront les volontés de l’IA pour ne jamais tomber.)

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arrivé à ce procédé… Il faut voir R.E.G.I.S. comme une solution transitoire économique par rapport aux solutions bipèdes et comme une technologie plus robuste (en termes de performance) en comparaison des pendules inversés sur deux roues. Le modèle de R.E.G.I.S. présenté est un démonstrateur dont le but n’est que de prouver sa fonctionnalité. Il est évident qu’une mise en œuvre pratique sous forme de jouet ou de mobile à fonctionnalité améliorée n’est envisageable qu’avec la participation d’une société active dans ce domaine. » Les robots doivent se relever et compenser leur perte d’appui au sol par une maîtrise totale de la verticalité. En associant l’électronique aux propriétés naturelles du gyroscope inertiel, Guy Feuilloley est arrivé à ce résultat étonnant. Dans un premier temps, il lui a fallu réaliser un mobile constitué d’un disque entraîné en rotation par un moteur et y associer une roue verticale motorisée, positionnée dans l’axe du gyroscope. L’axe du mobile (le même que celui du gyroscope) décrit une course circulaire autour de la verticale. Cette course s’accentue au gré des efforts générés lors du déplacement du mobile, jusqu’à la chute. Son second travail a consisté à rechercher une solution pour contrer la lente pré-

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cession du mobile, afin de le maintenir vertical sans limite de temps. (Le mobile est surmonté d’une électronique de contrôle.) Enfin, la troisième étape consiste à faire décrire un cycle de déplacement au mobile : stabilisation/avance/stabilisation/rotation sur l'axe, puis à nouveau stabilisation, etc. Grégory Sebille, passionné de robotique (ce n'est pas son métier), est venu tout spécialement nous présenter son robot, qui ressemble si fort à Johnny 5. D'après son concepteur, il est très simple à réaliser pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans la robotique. Il possède une carte SS32 qui commande différents servomoteurs reliés à un petit programme sur un ordinateur. Il dispose également d'un système de reconnaissance vocale, d'une caméra qui détecte les couleurs et les formes et d'un capteur à ultrasons pour les distances. Son concepteur lui a même trouvé une application de rêve : aller sur Mars pour procéder à des analyses, grâce à un spectroscope qui lui sera ajouté. Tout un programme… Nicolas Daddato, membre de l'association Caliban depuis sa création propose, via son entreprise EasyRobotics, des prestations et des kits pédagogiques. Une plate-forme com-

mune est ouverte à tous ; chacun peut y apporter sa contribution en faisant bénéficier les autres de ses compétences informatiques, électroniques ou encore mécaniques. Des mains pour le robot Cybrina sont également en cours de développement. Concernant l'entreprise EasyRobotics proprement dite, elle propose aux roboticiens de petits éléments mécatroniques modulaires, qui peuvent s'assembler de différentes façons et ainsi permettre la conception de n'importe quelle partie d'un robot, selon les besoins.

■Najet Ben Bassou

De gauche à droite : Grégory Sebille et son Johnny 5. Nicolas Daddato et sa peluche intégrant des éléments modulaires : un robot de télésurveillance développé par World of Robot. Plate-forme EasyRobotics, au premier plan, le robot Caliban et en arrière-plan Cybrina. Début d'un projet de création d'un robot de type Johnny 5 par EasyRobotics, Les robots de Robootic.


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Portrait

Robosoft :

les solutions du futur Robosoft s'est fait connaître du grand public en développant le laveur de carreaux de la pyramide du Louvre. Aujourd'hui, la société basque intervient dans les principaux domaines de la robotique. Retour sur un quart de siècle d'innovations… UNE START-UP NÉE DE L'INRIA Vincent Dupourqué, ancien chercheur en biomédical à l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) fonde Robosoft en 1985. Son idée est simple : aboutir à des résultats de recherche dans les services robotiques et les commercialiser pour les professionnels. Convaincu que la robotique est le futur de notre civilisation, il se lance dans le bain sans avoir même réalisé une étude de marché ! Après avoir siégé quelques mois dans la région parisienne, l'entreprise déménage et s’installe dans une Silicon Valley à la française — le Pays basque. Les débuts se révèlent difficiles car les start-up ne sont pas encore à la mode. Pourtant, Robosoft se fixe un objectif ambitieux : devenir le leader mondial du software pour robots.Très vite, l'équipe se rend compte qu'il n'existe pas assez desdits robots sur le marché. Elle décide alors de produire ses propres machines pour vendre les logiciels directement intégrés. Le Robuter sera la première plate-forme mobile distribuée dans le monde entier. À cette époque, ses clients principaux sont des laboratoires de recherche en robotique. Robosoft conserve donc des liens étroits avec les organismes de recherche (INRIA, CNRS, CEA), aussi bien dans son domaine propre

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“Robosoft se fixe un objectif ambitieux : devenir le leader mondial du software pour robots.” qu'au niveau de la fourniture de produits et de services à ces organismes. Vincent Dupourqué explique que « la force en France est la qualité de la recherche et de l’enseignement, extrêmement compétent quand on démarre. Il y a un gisement énorme dans l'embarqué ; il faut à présent sortir les applications pour le grand public ». Mais, très vite, d'autres acteurs s'intéressent aux activités de Robosoft : les exploitants de grands bâtiments et de sites accueillant le public (hôpitaux, aéroports, musées, centres commerciaux, gares, campus, parcs d’attractions, etc.). En n’oubliant pas les prestataires de services spécialisés (réseaux de transport en commun, entreprises de nettoyage, entreprises de gardiennage), voire des producteurs audiovisuels — pour capturer des images dans des conditions difficiles pour des opérateurs humains. Les années 1990 apparaissent néanmoins éprouvantes pour l'entreprise car l'opinion publique freine des deux pieds devant les innovations en matière de robotique — celles

De gauche à droite : Le rovuRide permet de transporter les visiteurs du parc Vulcania de façon totalement autonome (crédit Christophe Camus). La pyramide du Louvre nettoyée par un robot (Robosoft). Le RobuLAB-10 est une des plate-formes génériques de Robosoft, incluant la robuBOX.

qui « tuent des emplois ». Robosoft choisit donc de se décrire comme un bureau d'études où l’on conçoit des robots à la demande. L'arrivée de puissants éditeurs de logiciels comme Microsoft renforce alors l'idée que la robotique va exploser dans les prochaines années. La phase ascendante est proche et Robosoft sort la robuBOX. À partir de Microsoft Robotics Studio, la robuBOX permet le pilotage complet d'un robot. Plus spécifiquement, elle embarque un ensemble de matériels et de logiciels contenant 80 % de l'intelligence des robots de services. On y trouve des algorithmes génériques pour différents types de véhicules à deux, quatre ou huit roues. En construisant des « briques technologiques » de base, la réutilisation des algorithmes devient possible, ce qui autorise la réalisation de systèmes à la demande. Autre avantage indéniable, cela permet de maîtriser l'ensemble des composants œuvrant pour une solution robotique complète : — Une gamme de plates-formes mobiles robotisées programmables avec différents modèles répondant à de multiples applications en intérieur ou en extérieur. — Des systèmes de commande propriétaires (cartes électroniques et logiciels de bas niveau). — Des systèmes de guidage (fil, laser, transpondeurs, etc.).

— Des systèmes de communication sans fil. — Des systèmes d’identification. Le produit est alors prêt, reste à trouver les clients… UN MARCHÉ À CRÉER ET À DÉVELOPPER Les premières actions visibles du grand public sont les robots nettoyeurs. La pyramide du Louvre en est le terrain d’expérimentation le plus frappant. L'innovation apparaît spectaculaire : un robot arrive à tenir sur une paroi mouillée pentue. Il monte et descend sur les vitres et ce de manière autonome pour laver l'ensemble de la surface. Mais il n'existe que deux pyramides en verre dans le monde ! Le marché semble bien trop limité… Mais progressivement, les mentalités vont changer… Le marché semble prêt à accepter les produits robotiques — hélas, l'offre ne suit pas… Robosoft se spécialise donc dans la mise en œuvre de solutions de robotique avancée dans les marchés du transport, de la sécurité, de la santé, du nettoyage et de la recherche. Elle devient alors le leader européen des solutions de robotique de service. L'esprit compétitif de la start-up renaît, mais augmenté de connaissances, d’un savoir-faire et d’acquis indéniables dans le domaine de la robotique. Grâce à la robuBOX, l'entreprise

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Portrait

Kompai, la future plate-forme d'aide aux personnes.

apparaît alors capable de développer rapidement des projets très ambitieux. Car la demande est là et les parcs d'attractions cherchent à émerveiller le public avec des robots de transport cybernétiques. DES APPLICATIONS CONCRÈTES POUR LE GRAND PUBLIC Êtes-vous allé à Vulcania récemment ? Dans ce parc d'attractions, Robosoft a mis en place les premières plates-formes de transport de personnes à guidage GPS ! Concrètement, les rovuRIDEs n'utilisent aucun dispositif de guidage physique. Tout est orchestré via une centrale qui calcule en permanence la trajectoire, suivant les informations reçues par les satellites GPS. Un système qui a été répliqué et équipe désormais le parking du parc des expositions de la ville de Rome ou encore l'aéroport d'Heathrow, à Londres, dans le

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cadre de CityMobil, le projet européen de recherche et de développement spécialisé dans les solutions de transport du futur. Le développement de solutions en matière de CTS (Cybernetic Transport System) constitue l’un des axes stratégiques de Robosoft. Un CTS est un système dédié aux transports des personnes, regroupant une flotte de véhicules électriques sans chauffeur et sans infrastructure mécanique de guidage. Il comprend également un système de supervision assurant la gestion de la flotte et l’optimisation du trafic (mode bus ou mode taxi suivant les heures, le nombre de véhicules en rotation, etc.). Le CTS, qui dispose d’un rayon d’action de quelques kilomètres, d’une capacité de quatre à trente passagers (suivant le véhicule automatique utilisé) et d’une vitesse d’exploitation réduite (20 km/h), s’adresse à des dessertes internes de sites privés et de sites publics, en complément des transports en commun classiques. L’impact environnemental est multiple : faible consommation et optimisation du nombre de véhicules. Il favorise aussi l’utilisation des transports en commun en complétant les chaînes traditionnelles. La dernière expérimentation a eu lieu sur le site de la Cité de l'espace, à Toulouse, où les véhicules mis en place en partenariat avec d'autres entités (M3S, LCPC, SkyLAB) permettent un suivi de trajectoire doté d’une précision centimétrique. Cette nouvelle version apparaît plus rapide, plus spacieuse et plus modulaire en termes d’aménagement intérieur et de carrosserie. Les travaux ont été financés en partie grâce aux aides du ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi. Vincent Dupourqué précise que « les conclusions sont excellentes, tout n'est ensuite qu'histoire de budget ». Son marché — au potentiel de développement inestimable — reste pour l'instant en émergence. Un écueil qui empêche l'entreprise de prendre la dimension qu'elle mérite au regard de son avance technologique et de ses réalisations prestigieuses. Quelle solution reste-t-il alors à Robosoft ? S'exporter ! En visant le marché américain, l'entreprise compte développer une gamme de robots d'assistance à domicile. Pour réussir, il faudra prendre les contacts nécessaires qui lui permettront de bâtir cette offre, cette fois d'une dimension grand public — directement industrialisée et « marketée » sur place (elle ambitionne d’y créer une filiale). L'ASSISTANCE AUX PERSONNES : LE NOUVEAU CRÉNEAU Pour Vincent Dupourqué, il existe deux types

de robots d'assistance : les robots d'aide et les assistants cognitifs. Le premier servira à relever les personnes, à les seconder dans leurs mouvements. Le deuxième sera à l'écoute des personnes, les stimulera en leur demandant le temps qu’il fait ou la date du jour, pourra noter des rendez-vous dans un agenda numérique, préparera une liste de courses, alertera en cas de problème, etc. Un véritable compagnon animé ! Ces robots seront de plus en plus utiles en cas de perte d'autonomie et permettront de rester dans le réseau social le plus longtemps possible. Le pari de Robosoft, à l'instar d'autres entreprises de ce secteur, c'est d'affirmer que les robots ne doivent pas ressembler aux êtres humains. Ils doivent apparaître comme des objets ordinaires, des ordinateurs mobiles en quelque sorte. Les études menées par Robosoft démontrent que les gens concernés préfèrent les formes simples. Ce type de robot va très prochainement être testé dans les hôpitaux de Paris. « Pour les déployer dans les foyers, il nous faut encore passer quelques étapes de validation et d'industrialisation. Les validations ont débuté grâce à des soutiens publics (ANR, EC), mais l'industrialisation nécessitera des apports en capital », précise le P-DG de l'entreprise basque. ■Christophe Le Blanc

Le robuROC-6 est une plate-forme générique adaptée à tout type de terrains.


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ENTRETIEN

MARC CARO ET LA ROBOTIQUE L'artiste nantais, réalisateur de Dante 01, un thriller de science-fiction (2 008), et coréalisateur (avec Jean-Pierre Jeunet) de La cité des enfants perdus et de Delicatessen, nous fait part de sa passion pour la robotique… Planète Robots : Quand avez-vous découvert les robots ? Marc Caro : J'ai dû découvrir ça dans ma prime jeunesse — Metropolis, Robby le robot de Forbidden Planet, et aussi dans les bandes dessinées. C'est quand même un archétype de machines qu'on retrouve partout. Les lois de la robotique d'Asimov m'ont interpellé très rapidement. La mythologie contemporaine vient de la science-fiction : les robots, les extraterrestres, etc. Il est normal, vu la technologie que nous employons, que le problème de la créature artificielle arrive très rapidement sur le tapis… P.R. : Vous avez réalisé le documentaire AstroBoy à Roboland, qui montre l'état de l'art dans la robotique japonaise. Qu'est-ce qui vous passionne dans ce monde des robots ? M.C. : Je sens que la robotique est en train de passer de l’imaginaire au concret… C'est un long chemin depuis l'informatique. Ce qui m'a passionné dans ce documentaire, c'est qu'avec le journaliste Étienne Barral, lorsque nous avons interrogé les premiers chercheurs japonais en robotique, ce qui les a poussés dans ce domaine, c'est le dessin animé Astro Boy lorsqu'ils étaient enfants. Un peu comme la conquête spatiale qui a été inspirée par Jules Verne. Je voulais faire un état des lieux de la robotique. J'ai découvert que nous sommes assez loin de l'idée commune, mais malgré tout très près par d'autres aspects. Curieusement, j'ai eu l'impression de réaliser un documentaire animalier ! Ce n'est pas vraiment la vie, mais lorsque vous avez Aibo à vos pieds, il existe quelque chose qui s'approche du vivant. Nous n’étions pas là lorsque la vie

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Introduction du documentaire Astroboy à Roboland. Astro boy, petit robot de fiction sert, de fil conducteur au documentaire.

est apparue, nous n'avons pas vu comment et pourquoi tel animal s'est développé de telle façon, pourquoi un escargot se reproduit de telle manière, etc. Aujourd’hui, une nouvelle espèce artificielle est finalement en train de naître sous nos yeux. Quand on visite les différents laboratoires et qu'on voit comment les chercheurs imaginent des solutions pour la vision, le déplacement, la phonation, etc., on croirait une évolution darwinienne.

comme dans nos sociétés judéo-chrétiennes. La vie artificielle est créée pour les aider. Suivant l'âge du chercheur, la source d'inspiration n'est pas la même. Les premières générations des années 1950 sont plutôt influencées par Astro Boy, alors que les jeunes générations le sont plus par Gundam et travaillent davantage sur les exosquelettes que sur l'être artificiel. Il y a un rebond entre l'imaginaire et la concrétisation de cet imaginaire. Nous sommes nourris de tout un tissu mythologique, fantasmatique, et suivant les goûts… on le retranscrit dans la matière et on réalise nos rêves !… P.R. : À quelle occasion avez-vous eu votre premier robot ?

Le robot n'est pas contraire aux doctrines religieuses du Japon.

M.C. : J'ai eu des robots en fer-blanc étant enfant, et beaucoup plus tard, j'ai acheté un robot Lego ainsi que des revues où l'on peut en monter soi-même.

P.R. : La culture asiatique joue-t-elle un rôle important dans l'aspect de ces machines ? M.C. : Pour les Japonais, la vie existe dans tous les objets selon une vision animiste. S’ils fabriquent des êtres artificiels, c'est pour qu'ils soient leurs amis. Il n’y a pas cette image de créature qui se rebelle contre son créateur Le Tin Toy, un robot en fer-blanc fabriqué depuis les années 1950 — déjà un produit japonais. P.R.: Dans combien de temps aurez-vous un robot personnel à domicile, pour vous aider?

H.A.L., un exosquelette robotisé permettant à son propriétaire d'avoir une puissance surhumaine.

M.C. : J'ai l'impression que ça va venir plus rapidement qu’on ne le pense. Quand on voit comment a évolué l'informatique, si la robotique suit la même courbe… En revanche, il y

a un gros retard ; ce qui concerne l'intelligence. J'ai vu des choses très intéressantes dans un laboratoire, à Osaka. On a fabriqué une créature qui était attirée par le bleu et repoussée par le vert. Les chercheurs se sont

Miku Ookubo bénéficie d'une main artificielle robotisée qui réagit à sa demande de façon naturelle. inspirés du système de décision des serpents pour modéliser une réponse innée du robot. À certains moments, le robot est attiré ou repoussé. Puis à d’autres instants, il existe un seuil, où le système ne sait plus exactement quelle décision prendre, s’il doit être attiré ou repoussé, et c'est là que la machine doit choisir d'elle-même. Je trouve que là, on commence à toucher du doigt l'intelligence ou, en tout cas, le réflexe. C'est le robot qui choisit le mouvement qu'il doit effectuer seul. Il existe une certaine autonomie. Quand on voit Asimo ou HRP-2 dans les vidéos, tout ça est programmé… Si vous changez un détail, tout s'écroule par terre ! Certains roboticiens ne s'intéressent pas du tout à la création d'un être artificiel, ils souhaitent développer de nouveaux outils tandis que d’autres veulent vraiment donner naissance à Astro Boy. Donner de l'intelligence aux robots va prendre encore du temps. Je pense qu'il y a peutêtre une voie d'accès plus rapide avec l'interconnexion entre l'humain qui sait penser (bien que parfois on s’interroge), et la machine qui exécute.

“Curieusement, j'ai eu l'impression de réaliser un documentaire animalier !”

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Portrait “Les entreprises en robotique cherchent l'application dont on ne pourra pas se passer.”

Les automates, encore impressionnants, sont la base ancestrale du robot.

Au Japon, la robotique est une affaire de famille. saures, ça va, parce qu'on ne les connaît qu'au travers d'une imagerie, mais pour les humains, on voit vite les défauts. La robotique est aussi utilisée au cinéma au travers du « motion control », ces caméras pilotées par ordinateur. P.R. : En Asie, le robot fait partie de la culture et va rentrer dans les foyers avant peu — mais chez nous ?

P.R. : Quels sont les animatronics qui vous ont servi dans vos films ?

Asimo, le robot humanoïde de Honda.

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M.C. : Ce qui est amusant, c'est que certaines techniques utilisées par le professeur Ishiguro (voir ses robots Repliee, N.D.L.R.) viennent directement des animatronics. Dès qu'on veut donner à un robot un aspect humain, on va utiliser les mêmes technologies que dans les animatronics. Ce n’est souvent pas suffisamment réaliste. Quand vous faites des dino-

M.C. : Les mentalités sont en train d'évoluer. Les machines sont de plus en plus intégrées a notre quotidien. Les entreprises en robotique cherchent l'application dont on ne pourra pas se passer. Lorsque existera un robot qui nous sera vraiment utile et nous déchargera des tâches inintéressantes, les robots entreront chez nous par la grande porte. Les Japonais pensent que la piste principale, c'est un robot qui simplifiera notre environnement à la maison : a-t-on reçu des e-mails, que reste-t-il dans le frigo, qu’y a-t-il à la télé ce soir, etc. Un assistant personnel global pour la maison et l'environnement proche de la personne. Un véhicule qui pourrait même détecter si vous êtes fatigué au volant. Certains imaginent même un robot qui va nous suivre tout au long de notre vie — notre mémoire et notre confident en quelque sorte ! On se rapproche franchement des lois d'Asimov. P.R. : Quel est le robot qui vous a le plus frappé ?


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Extrait du film Dante 01, de Marc Caro.

Petits robots humanoïdes pour amateurs.

les Américains dans le domaine de la robotique. La force de l'esprit japonais, c'est que lorsque les Japs rencontrent un problème global, toutes les entreprises s'unissent pour répondre à la problématique. Une fois qu’elle est résolue, la loi du marché reprend ses droits. C'est une grande force — que d'autres contrées n'ont pas…

Tomotaka Takahashi et son robot féminin FT.

P.R. : Sur quel type de projet travaillez-vous en ce moment ?

Le robot Twendy-One manie avec aisance certains outils de la vie courante. M.C. : Tous, vraiment. J'ai eu : la chance que dans certains laboratoires, ils nous ont montré l'envers du décor. C'est vraiment de la bricole dans certains cas ! C'est sûrement ce qui m'a le plus touché. Avec Asimo, d’Honda ou le robot de Toyota qui joue de la trompette, on sent le travail de design, on sent que c'est déjà un produit. Mais dans d'autres laboratoires, on voit le côté expérimental, on cherche, on ne sait pas si ça va marcher, mais il y a un côté plus vivant, plus organique. Honda ou Toyota en sont déjà au stade du marketing et l’étude de marché, on sait qu'on va en faire des séries. Il y a déjà des solutions prises pour la rentabilité et ça brise un peu le rêve. Je préfère nettement le côté création, où toutes les solutions sont envisageables ! P.R. : Le robot doit-il absolument ressembler à un humain pour les Japonais ? M.C. : Le fantasme de l'humanoïde est typiquement japonais. Pour eux le robot doit s’adapter à l'environnement humain. Tandis que les Américains ont d'autres besoins, notamment financés par l'armée et la NASA.

Dessin de Marc Caro pour les lecteurs de Planète Robots. Le grand boom robotique japonais s'est produit au moment où ils ont constaté le vieillissement de la population. La solution envisagée a ce problème démographique est un assistanat par des robots. Il existe une vision à long terme. Les Allemands commencent à s'en préoccuper aussi. Les Occidentaux ont préféré le choix de l'immigration : c'est un choix politique. La taille du pays et la concentration des personnes ont généré une autre manière de penser, ça y fait beaucoup. P.R. : Quelles sont les chances françaises sur ce marché, selon vous ? M.C. : Au niveau du hardware, il apparaît que nous sommes plutôt en retard par rapport au Japon et aux États-Unis. En revanche, au niveau du software, nous avons toutes nos chances. C'est le même principe que dans l'électronique. Nous sommes en pleine spécialisation : chacun des domaines est circonscrit à une partie de la surface du globe. Les Japonais sont pour l'instant les seuls à pouvoir rivaliser avec

M.C. : Un projet de film sur lequel je ne souhaite pas trop m'étendre pour le moment. Je suis un peu superstitieux, tant que ce n’est pas fait… Mais ça sera plus extrême que Dante 01. J'ai l'impression que le cinéma se radicalise : soit on fait du mercantile, soit on fait autre chose. Pour ma part, je préfère passer cinq ans à faire un film de manière artisanale, plutôt que perdre cinq ans à trouver un financement. Le financement du cinéma ne prend plus aucun risque et repose sur la répétition de formules qui ont déjà eu du succès. La plupart des industries dépensent un pourcentage important de leur chiffre d'affaires pour développer de nouveaux concepts, certaines jusqu'à 40 %, autrement ça périclite. Le cinéma ne le fait pas. Il n'y a pas de systèmes de recherche et de développement dans l'industrie du cinéma ! Heureusement, avec les nouveaux outils numériques que l’on peut avoir “à la maison”,il est possible de retrouver un côté artisanal qui pourra offrir de nouvelles propositions de cinéma. Il faut bien évidemment que se développe un circuit de production et de diffusion différent par le biais de réseaux sociaux et créatifs. P.R. : Merci beaucoup, Marc Caro ! M.C. : Merci à vous ! ■Propos recueillis par Christophe Le Blanc

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Les dossiers

LES CURSUS DE LA ROBOTIQUE À la fin de la troisième, en 1990, quand on m'a demandé ce que je désirais faire plus tard, j'ai répondu que je voulais être informaticien… On m'a alors rétorqué que c'était vague et que de plus en plus de métiers allaient utiliser l'informatique comme outil. Aujourd'hui, la robotique entre peu à peu dans les écoles et à tous les niveaux. Si ce créneau vous intéresse — vous et vos enfants —, il faut savoir qu'il est vaste et peut prendre toutes les formes : conception, recherche, programmation, pilotage, sans compter les applications qui vont être développées dans les prochaines décennies. Dans ce dossier, nous évoquerons les formations initiales. (Nous nous intéresserons aux reconversions dans un dossier futur.) À vous de trouver le chemin qui vous correspond le mieux… Un bassin d'emploi gigantesque dans les années à venir ! À l'horizon 2015-2020, la robotique devrait connaître un essor sans précédent, d’un niveau encore supérieur à celui qui a généré l'explosion de l'informatique dans les dernières décennies. Les économistes prévoient que le secteur de la robotique sera l'industrie principale dans à peine dix ans. Les générations futures emploieront les robots dans leur quotidien et dans leur vie professionnelle : des concepteurs mettront au point des robots et

CAtégories de robots

Année Les robots vont faire partie de notre quotidien, ce qui va permettre de créer un nombre considérable d’emplois.

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Aurélien MOREAU Poste : ingénieur il depuis quatre mois, ert pa dé du e s'occup ment Network de Gostai, où il fait du et surveille la développement Web ecture distrihit conception de l'arc de cloud à e buée pour un systèm et. aiN st destination de Go at en Formation : doctor elle et Génie ici tif Intelligence ar ale or ct do logiciel. École e, d'Informatiqu s et Électronique Télécommunication en 2009.


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“L'industrie, plus accessible pour de nombreux étudiants.”

Les différents cursus

donc impératif de former les futurs pilotes de ces machines infernales. Et les premiers arrivés seront les premiers servis ! Même si, au début, ce bassin d'emploi recrutera dans à peu près tous les types de profils, par manque de personnel qualifié. Très rapidement, des cursus de formation bien établis prendront le relais afin de mieux organiser les connaissances minimales exigées pour chaque poste.

des programmes qui aideront le boulanger à gérer au mieux la fabrication et la cuisson de son pain. Selon ABI Research, l’âge des robots personnels destinés à Monsieur Tout-le-monde est arrivé et ce marché devrait représenter quinze milliards de dollars en 2 015. Les robots personnels se trouvent sur le point d'envahir nos vies privées grâce à un marché qui est en train de se constituer et à des standards qui tentent

de s'imposer. C'est en tout cas la prévision réalisée par le cabinet d'études ABI Research, qui considère la fin de l'année 2007 comme le début de l'ère des robots personnels en tant que produits grand public. L'industrie, plus accessible pour de nombreux étudiants, constitue également un vivier potentiel d'emplois, et cela dès aujourd'hui. Les robots industriels ont permis de faciliter le travail des ouvriers dans les usines. Il se révèle

Des formations pour tous les niveaux Certains s’imaginent que seuls des ingénieurs en robotique peuvent tirer leur épingle du jeu. Or si vous ou vos enfants voulez vous lancer dans ce créneau, sachez qu’on peut le faire à quasiment n'importe quel niveau de ses études — du CAP au diplôme d'ingénieur ! Les petits diplômes permettront d'abord de toucher à la robotique industrielle, puis à force de formations dans les écoles, les domaines d'application deviendront de plus en plus pointus et conduiront à la recherche en mécanique, en électronique robotique et à l'intelligence artificielle. Dans ce spectre de forma-

Quelques formations d'ingénieur en robotique - Diplôme d’ingénieur « Spécialité Robotique ». École polytechnique de l’UPMC – Paris http://www.upmc.fr Tél. : 01 44 27 33 66 ou 39 70 - Ingénieur chef de projet. IMERIR (Institut Méditerranéen d'Étude et de Recherche en Informatique et Robotique) – Perpignan http://www.imerir.com Tél. : 04 68 56 80 18 - Ingénieur « Mécanique Robotique et Systèmes Mécatroniques ». SupMeca – Toulon http://www.supmeca.fr Tél. : 04 94 03 88 00 - Ingénieur ENSIAME « Spécialité Mécatronique ». UVHC - Université de Valenciennes – Valenciennes http://formations.univ-valenciennes.fr Tél. :03-27-51-12-34

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Les dossiers “D'ici quelques années, il est fort possible que les écoles spécialisées en robotique surpassent les écoles d'ingénieurs”

tions possibles, il sera ainsi loisible de trouver son bonheur dans le pilotage de robots industriels, dans leur maintenance et leur programmation. Les robots personnels seront également de la partie avec le développement sur le plan mécanique et électronique, sans oublier la programmation et la maintenance. Et à un niveau plus élevé, la recherche et le développement des futurs prototypes, ainsi que la création de leur intelligence artificielle. De plus, il est important de signaler que la robotique peut toucher également des domaines auxquels nous ne pensons pas forcément. L'art, par exemple, utilise de plus en plus l'outil robotique pour exprimer son inspiration. Dans le prochain numéro, vous découvrirez des artistes capables de gérer un orchestre philharmonique au moyen d’un simple bras industriel. Les Écoles offrant la robotique dans leur panel de formations sont de plus en plus nombreuses ! Actuellement, les formations initiales en robotique ne sont pas encore légion comme dans le domaine de l'informatique, mais la tendance actuelle est à l'ouverture de sessions et d'options supplémentaires. De nombreuses écoles d'ingénieurs proposent déjà des filières en Emmanuel POT Poste : responsable des applications permettant le contrôle des robots depuis le PC, et donc principalement de Chorégraphe, l'éditeur de comportement pour Nao, chez Aldebaran Robotics. Formation : École des Mines, option Robotique, en 2007.

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Certaines écoles se servent souvent de la Coupe de France robotique comme vitrine.

robotique. Des écoles d'informatique, aussi, ouvrent leurs portes à ce domaine et des institutions plus ou moins spécialisées en robotique commencent à pointer le bout de leur nez, comme l'Institut méditerranéen d'Étude et de Recherche en Informatique et robotique de Perpignan. D'ici quelques années, il est fort possible que les écoles spécialisées en robotique surpassent les écoles d'ingénieurs en informatique — ces dernières devront évo-

luer pour conserver leurs élèves. Dans le même ordre d'idées, ce type d’établissement n’existe pas, pour le moment, dans toutes les régions de France. En attendant que ces formations se généralisent un peu partout sur le territoire, attendez-vous donc à déménager pendant les quelques années d'études qu'il vous reste à accomplir. ■Frédéric Boisdron


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Quelques formations (DUT et licences en robotique)

Les école d’ingénieurs proposent des formations généralistes, mais de haute technologie… es grandes écoles offrant des cursus en ingénierie robotique se multioplient dans notre pays. Chacune propose à ses étudiants des programmes relativement généralistes — mais de pointe. Ces études durent trois ans, avec un programme chargé : mécanique, mathématiques, informatique, électronique, automatique, mécatronique, traitement du signal, vision et analyse de l'image, acoustique, interactivité, infographie, réalité virtuelle, intelligence artificielle… L'IMERIR forme à Perpignan des ingénieurs et des chefs de projets en robotique: « Le pôle robotique et image a pour objectif de donner à l'étudiant une connaissance théorique des modèles existant en robotique : analyse d'image, infographie, réalité virtuelle, ainsi qu'une pratique de certains outils associés (robot, robot mobile, logiciel de CAO, simulateur de robot, logiciel d'analyse d'image, plateforme de réalité virtuelle), de façon à pouvoir réaliser, dans ces domaines, des applications informatiques. Le futur ingénieur en informatique et robotique devra associer une compétence en matière de modélisation-représentation-simulation dans les domaines de la robotique et de l'image, ainsi qu'une compétence à intégrer des solutions technologiques dans une architecture informatique robotique complexe. »

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- Licence professionnelle « Production Industrielle, Spécialité Robotique ». Université Paul Verlaine - Metz http://www.iut.univ-metz.fr Tél. : 03 87 31 51 52 - Licence professionnelle « Automatique et Informatique Industrielle, Spécialité Robotique Industrielle ». Université d'Artois – Arras http://formations.univ-artois.fr Tél. : 03 21 60 37 00

Un projet étudiant à base de Lego Mindstorms NXT au sein de l’IMERIR, à Perpignan.

Les formations comprennent des stages qui durent de trente à quarante semaines, réparties sur les trois années. Ils peuvent s’accomplir en France mais il est encouragé également de les faire dans le reste de l'Union européenne, voire au Canada ou aux ÉtatsUnis. Les écoles bénéficient parfois de partenariats avec des écoles et des entreprises du monde entier. ■

Les Masters en robotique préparent les têtes pensantes des entreprises et des centres de recherche.

Il faut beaucoup de travail pour atteindre ce niveau, mais le résultat se révèle gratifiant.

es masters et ce qui suit (thèse sur deux ans et doctorat) continuent la filière universitaire et proposent ainsi aux étudiants de pénétrer dans le cœur du sujet. Les diplômés entreront très certainement dans la recherche et le développement — et prépareront la robotique de demain. L'université Pierre et Marie Curie (UPMC)

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- Licence professionnelle « Robotique et Vision industrielle ». Université de Picardie/Jules Verne - Amiens http://www.dep.u-picardie.fr Tél. : 03 22 82 78 23

propose pour son master de « Sciences et Technologies Mention : Sciences de l’ingénieur, Spécialité Signaux, Systèmes, Images et Robotique » : « Cette spécialité a pour but de former les étudiants dans les domaines de la robotique, de l'imagerie et du traitement des signaux au sens large, de l'image à l'audio. Cette spécialité s'appuie sur d'importantes collaborations universitaires et industrielles qui interviennent dans la formation. Elle prépare les étudiants aux carrières de chercheur ou aux fonctions d'ingénieur en recherche et développement. Deux des parcours peuvent conduire à la préparation d'un doctorat ou à l'intégration d'une entreprise ; le dernier parcours, en apprentissage, offre des débouchés exclusivement orientés vers le monde de l'entreprise. » ■

- Licence professionnelle « Chargé d'Intégration en Robotique Industrielle – CIRI ». École La Mache - Lyon http://www.ecolelamache.org Tél. : 04 72 78 55 66 - Licence professionnelle « Automatique et Robotique Industrielles pour l'Assemblage (ARIA) » Université de Franche-Comté - Besançon http://sciences.univ-fcomte.fr Tél. : 03 81 66 62 09/62 11 - Licence professionnelle « Robotique Industrielle ». Lycée Dampierre – Valenciennes, IUT Béthune, FormaSup… http://www.lyceedampierre.fr, http://www.iutbethune.org, http://www.formasupnpc.org… Tél. Dampierre : 03 27 22 70 00 Tél. Béthune : 03 21 63 23 19 Tél. FormaSup : 03 21 63 23 47 - DUT GMP (Génie Mécanique et Productique). IUT Poitiers, IUT de Cachan Paris-Sud, IUT de Nantes… http://iutp.univ-poitiers.fr, http://www.iutcachan.u-psud.fr, http://www.iutnantes.univnantes.fr Tél. IUT Poitiers : 05 49 45 34 54 Tél. IUT Cachan : 01 41 24 11 88 Tél. IUT Nantes : 02 28 09 20 20 - DUT GEII (Génie Electrique et Informatique Industrielle). IUT de Cachan Paris-Sud. http://www.iut-cachan.u-psud.fr Tél. IUT Cachan : 01 41 24 11 88

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Les dossiers

La formation personelle dans son garage… a formation en autodidacte constitue également un atout de choix pour trouver un emploi dans ce milieu. Avec un minimum de connaissances en mécanique, en électronique et en informatique, de nombreux amateurs comme ceux qui étaient présents au Caprica 2 010 (voir page 28) ont fait des merveilles… Certains sont même allés jusqu'à déposer des concepts de leur invention. Des robots ainsi fabriqués peuvent ainsi devenir une bonne carte de visite pour postuler à un emploi ou à une formation dans ce domaine. Attention, quand on choisit cette voie, il est important de savoir que cela ne durera qu'un temps ! Une fois que vous serez dans le bain des

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Les robots construits et programmés par des amateurs sont parfois aussi ingénieux et complexes que ceux qui sont construits en laboratoire.

entreprises qui s'équipent en roboticiens, certains cursus et connaissances de base seront exigés. Il sera donc important, à ce moment-là, d'avoir une bonne connaissance de tous les domaines qui constituent ladite base du métier. Et si vous croyez en votre petit dernier, amateur de nouvelles technologies, foncez donc lui acheter un kit Lego Mindstorms NXT 2.0 ou un pack Bioloid. S'il commence à créer un robot capable de résoudre un Rubik's Cube en moins de cinq minutes, envisagez très vite de lui installer un atelier avec tout le matériel du parfait électronicien. S'il a moins de dix ans à cet instant, il sera peut-être le Steve Wozniak de la robotique!… ■ Screetch

Quelques formations de Masters en robotique - Master « Sciences et Technologies Mention : Sciences de l’Ingénieur Spécialité : Signaux, Systèmes, Images et Robotique ». École polytechnique de l’UPMC – Paris http://lmd.upmc.fr Tél. ENSAM : 01 44 24 63 30 - Master « Spécialité Mécanique et Ingénierie des Systèmes (Orientation Robotique et Productique) ». Master « Systèmes avancés et Robotique (SAR) ». ENSAM Arts et Métiers – Paris Tech - Paris http://graduateschool.paristech.fr Tél. : 01 44 24 63 30 - Master « Imagerie, Vision et Robotique ». ENSIMAG – Polytechnique – Grenoble http://ensimag.grenoble-inp.fr Tél. : 04 76 82 72 45 - Master « Sciences pour l’Ingénieur Capteurs, Systèmes Électroniques et Robotiques : CSER ». UVSQ - Université de Versailles Saint-Quentinen-Yvelines - Versailles http://www.uvsq.fr Tél. : 01 39 25 41 69 - Master professionnel « Intelligence Artificielle, Reconnaissance des Formes, Robotique ». UFR Mathématiques, Informatique, Gestion (Toulouse 3) – Toulouse http://www.eea.ups-tlse.fr Tél. : 05 61 33 62 25 ou 05 61 55 63 30

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- Master « Recherche Robotique Automatique ». UFR des Sciences (Montpellier 2) – Montpellier http://www.univ-montp2.fr (Master/EEA) Tél. : 04 67 14 45 73

- Master « Imagerie du vivant, Robotique médicale et chirurgicale (IRIV) ». ENSPS – Strasbourg http://master-iriv.u-strasbg.fr Tél. : 03 90 24 45 10

- Master « Modèles, Systèmes, Imagerie, Robotique ». Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand http://www.univ-bpclermont.fr Tél. : 04 73 40 74 92 ou 04 73 40 76 60

- Master « Recherche Modèles, Systèmes, Imagerie, Robotique ». ISIMA Aubières http://www.isima.fr Tél. : 04 73 40 50 00

- Master « Recherche Mécatronique ». École nationale supérieure d’Ingénieurs de Mécanique et des Microtechniques (ENSMM) – Besançon http://www.ens2m.fr Tél. : 03 81 40 27 00

- Master professionnel « M2P Intelligence Artificielle, Reconnaissance des Formes, Robotique ». Université Paul Sabatier – Toulouse 3 http://www.ups-tlse.fr Tél. : 05 61 55 68 28

- Master « Filière Robotique ». EFREI – Paris-Sud http://www.efrei.fr Tél. : 01 46 77 64 67 - Master IEA « Informatique Électronique Automatique ». ESIEA – Paris et Laval http://www.esiea.fr Tél. : 01 43 90 21 21 - Master « Recherche et Professionnel Ingénierie et Cognition Spécialité Technologies et Handicap ». Université Paris 8 – Paris http://www.univ-paris8.fr Tél. : 01 49 40 73 47

Yohann SCULO Poste : ingénieur « Systèmes Embarqués » chez un éditeur de logiciels en robotique. génieur en Formation : diplôme d’in et on ati Systèmes d'Inform iversité de l’un à Télécommunications T), (UT s oye Technologie de Tr biles et Mo s gie olo Spécialité Techn 09. 20 en s qué Systèmes Embar eu lieu a es tud d'é Son stage de fin le sur lllé vai tra a au CNES, où il . ars om Ex n sio robot de la mis


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B O B O R

U T UN

L’OS CONSACRÉ AUX ROBOTS Le nom peut vous sembler familier… Peut-être que certains d'entre vous connaissent déjà Ubuntu (ou Xubuntu, Kubuntu, etc.) la distribution GNU/Linux basée sur Debian et éditée par Canonical. RoboBuntu est une variante d'Ubuntu (la version 8.04), facile d'accès et d'utilisation tant pour les étudiants que pour les chercheurs en robotique mobile. Elle intègre de base de nombreux outils utilisés par le monde de la robotique mobile comme Carmen, Player/Stage, etc. Avant de rentrer dans les entrailles binaires de ce système d'exploitation, tentons de faire un tour d'horizon de ce qui existe déjà. Parmi la dizaine de suites logicielles dédiées à la robotique, on peut noter celle du géant de Redmont avec son Microsoft Robotics Studio et celle du ROS (Robot Operating System/Robot Open Source) de Willow Garage, qui ont repris aussi en main la bibliothèque de vision OpenCV, Marilou (d'AnyKode), Urbi Studio (de Gostai) ou bien encore Webots (de Cyberbotics). Les suites logicielles dédiées à la robotique mobile ne sont pas nouvelles, mais l'équipe de Robobuntu apparaît comme une des premières à proposer un système d'exploitation gratuit, libre et clef en main pour le développement d'applications robotiques. Ladite

équipe ne propose certes pas des logiciels qu'elle a elle-même développés, mais compte unifier dans une seule et même distribution le système d'exploitation et les outils de développement axés sur les robots. Robobuntu peut être utilisée de trois façons : un test du système avec une session dite live grâce au LiveCD, une installation sur une clé ou un disque USB, ou bien encore une installation sur un disque dur standard. Sous Linux, une session live permet de tester un système d'exploitation sans installer quoi que ce soit sur son ordinateur, et ainsi d’expérimenter ce nouveau système en démarrant soit sur un CD, soit sur une clé USB prévue à cet effet. Toute action effectuée reste temporaire et que vous ayez créé ou supprimé un fichier, à la fin de la session live — tout disparaît.

L'installation normale sur une clé ou un disque USB permet, sans compter la capacité de sauvegarder les données de façon permanente, une parfaite mobilité, ce qui vous autorise à travailler avec votre système à peu près partout. Enfin, l'installation sur un disque dur se présente comme une installation normale pour un système d'exploitation (comme avec votre ordinateur de bureau). Une fois qu’il sera installé de manière permanente, vous aurez au démarrage le choix de charger le noyau pour une session normale ou une session en temps réel (RTAI). La session en temps réel charge l'extension « Temps-Réel » pour le noyau Linux, ce qui permet de développer et de lancer des applications avec des contraintes de temps strictes. Il se révèle parfois nécessaire qu'une opération, qui doit au préalable

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Le logiciel Gazebo vous permet de tester votre programme en virtuel. Carte et données senseurs d'un hôpital virtuel dans Player/Stage.

être exécutée correctement, réclame d'être réalisée en un temps donné. Typiquement, les logiciels de contrôle de pilotage, de contrôle de centrale nucléaire ou de gestion de données boursières sont des systèmes en temps réel. Néanmoins, évoluer sous de tels systèmes n'assure pas que les applications développées demeurent efficaces : c'est aux développeurs de faire attention à cela et de garantir que leur codage est compatible avec des systèmes critiques. En parlant d'applications, regardons ce que Robobuntu peut nous offrir…

Mobile Robot Programming Toolkit, bibliothèque C++ destinée à l'aide à la conception et au développement d'algorithmes de navigation, de cartographie, de vision et de planification de mouvement.

UNE FLOPÉE D’APPLICATIONS ! Carmen, une boîte à outils pour la navigation robotique : développée par les chercheurs de l'université américaine de Carnegie Mellon, cette boîte à outils se veut modulaire et propose des fonctionnalités de navigation basiques — comme l'évitement d'obstacles, la planification des trajectoires ou bien encore la cartographie. Le tryptique Player/Stage/Gazebo, une suite logicielle de simulation de robot (réel ou virtuel). Comme ils sont très utilisés dans le monde de la recherche, il n'est pas rare de rencontrer dans les articles scientifiques des captures d'écran de ces logiciels. Player est un serveur permettant le contrôle du robot, Stage est le simulateur 2D client de Player et permet d'envoyer les comportements du robot (réel ou simulé) et les caractéristiques des objets du monde au serveur Player pour affichage. Enfin, Gazebo est le pendant 3D de Stage et permet des simulations plus fines grâce aux trois dimensions. ARIA, une bibliothèque C++ d'interfaces entre les robots et les applications. Elle communique avec le robot selon un mode client/serveur et sert en l'état à envoyer des

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de haut en bas : gestion d'une flotte de robots sous Gazebo. Données laser, d'odométrie et sonar d'un robot Pioneer 3-DX8 pour le laboratoire d'informatique de Stanford. commandes aux robots. Elle peut être cependant utilisée pour développer des choses plus complexes. USARSim, un simulateur haute-fidélité de robots et d'environnement basé sur le moteur du jeu Unreal Tournament. Ce simulateur permet de simuler de manière fidèle, du moins visuellement, un environnement donné. OpenSlam, plate-forme d'algorithmes dédiés à la cartographie et à la localisation simultanées.

UNE DISTRIBUTION DE PREMIER ORDRE Les avantages d'une telle distribution sont nombreux. En premier lieu, le fait de pouvoir choisir au démarrage sur quel système, normal ou en temps réel, apparaît vraiment appréciable. Basée sur Ubuntu, cette distribution a accès aux dépôts logiciels et aux mises à jour de la distribution mère. Cela permet d’avoir à disposition un système à jour, stable et disposant des derniers correctifs. De plus, Robobuntu bénéficiera dans le futur d'un dépôt logiciel propre, mais qui pour l'instant se trouve encore en phase de test. (Il devrait être livré d'ici quelque temps.) Elle possède aussi un accès à Radish, un dépôt de données fournissant un ensemble de données consistant en des historiques d'odométrie, des données laser et sonar récupérées sur des robots réels, des historiques de capteurs de toutes sortes provenant de robots simulés, des cartes d'environnement générées par des robots ou retouchées à la main. Ces données sont libres et fournies par divers laboratoires de robotique. Le choix de se baser sur la version 8.04 LTS semble judicieux. En effet, les versions dites normales d'Ubuntu ne sont maintenues que durant dix-huit mois… Mais les versions LTS, pour Long Term Support, sont des versions qui bénéficient d'un support étendu (trois ans pour la version Poste de travail et cinq ans pour la version Serveur) et d'une stabilité accrue. De plus, la version des logiciels étant fixée, moins de problèmes sont à craindre lors des mises à jour pour cause de cor-


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“Un système d'exploitation gratuit, libre et clef en main pour le développement d'applications robotiques.”

Robot virtuel naviguant grâce à ses capteurs laser grâce aux logiciels Player et Stage. rectif de sécurité, de faille ou bien encore dans le cas d’un bug. D’ailleurs, on peut tout à fait intégrer soimême toutes les applications sous sa distribution préférée sans passer par Robobuntu. En effet, certains pourraient trouver l'intégration de tous ces outils trop contraignante : aucun contrôle sur la version, la mise à jour des programmes bloquée empêchant l'ajout de nouvelles fonctionnalités, etc. Enfin, point négligeable et subjectif, le design personnalisé se révèle assez morne et inesthétique avec le gris texturé métal et l'arrière-plan digne des meilleures polémiques Windows/Linux… Dans le futur, il est prévu d'intégrer d'autres applications comme SimRobot et de quoi utiliser les Lego Mindstorms, plates-formes robotiques assez utilisées dans l'éducation. Il reste à savoir si cette distribution sera employée par les enseignants et les étudiants en robotique, les principales cibles de cette distribution. Plus on s’en servira, plus elle sera, normalement, améliorée et maintenue. Cependant, face à la pléthore d'offres qui existent dans le domaine (ce n'est pas pour rien

que la plate-forme de l'iCub se nomme YARP : Yet Another Robot Platform ou, en français, « encore une autre plate-forme »), il sera dur pour Robobuntu d'exister. Sortira-telle de l'anonymat et se fera-t-elle une place au soleil à côté de ses consœurs ? Seul l'avenir nous le dira… ■Matthieu Destephe

En savoir plus… Robobuntu : http://robobuntu.diiga.univpm.it/ Marilou : http://anykode.com ROS : http://www.ros.org/ Microsoft Robotics studio : http://msdn.microsoft.com/robotics Urbi : http://www.gostai.com/ Webots : http://www.cyberbotics.com/

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Vie quotidienne

LES ROBOTS DE LOCOMOTION SEGWAY : L'INVENTEUR DU GYROPODE La sensation Segway Le Segway détecte vos mouvements et transmet aux roues le mouvement nécessaire pour assurer votre équilibre. Tenez, faites-en l’expérience chez vous, là — tout de suite ! Penchez-vous vers l’avant en marchant et, naturellement, vos jambes vont accélérer. Redressez-vous, et vous allez ralentir. Penchez-vous vers la droite, et vous allez tourner à droite. Conduire un Segway ne réclame aucun apprentissage, tout simplement parce qu’il réagit pile comme vos jambes le feraient pour répondre à la position de votre buste.

Je me souviendrai toujours du mystère qui a entouré le développement du premier gyropode Segway… La rumeur chuchotait qu’il s’agissait carrément de révolutionner notre manière de nous déplacer au quotidien. Depuis quelques années, le Segway est disponible à la location dans la plupart des grandes villes, que ce soit pour répondre à un besoin ponctuel de déplacement, pour des promenades à but touristique ou encore tout simplement pour le plaisir de la découverte. Aux différents modèles citadins (Segway i2) sont venus s’ajouter ces derniers mois des modèles tout-terrain (Segway x2), dont l’autonomie est réduite de moitié par rapport au modèle citadin, mais qui sont capables d’évoluer sur des secteurs accidentés, toujours avec une vitesse maximale de 20 km/heure. Beaucoup d’entre nous ont essayé le Segway — comme nous avons un jour tenté de maintenir notre équilibre sur une planche à

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voile ou enfourché un cheval… Parce que l’idée même de se déplacer de manière intuitive, d’utiliser son corps pour maîtriser direction et vitesse et d’économiser ses forces — c’est le rêve de tout homme une fois qu’il a appris à marcher… Et pendant que nous découvrions la sensation Segway (voir encadré), l’équipe travaillait de concert avec General Motors Corp. pour développer le P.U.M.A., qui permettra d’embarquer deux passagers assis pour des trajets plus longs (jusqu’à 56 km), avec une vitesse maximale d’environ 50 km/h. Le P.U.M.A. bénéficiera bien sûr du confort de conduite et de l’intuitivité qui constituent la marque de fabrique de Segway.

CONSTRUIRE SOI-MÊME UN GYROPODE ! Nombre de passionnés décrivent sur Internet la fabrication d’un gyropode… Et si le prix de revient apparaît évidemment moindre que lorsqu’on s’adresse au service commercial d’une marque, les risques d’accident, eux, ne sont pas à négliger. Cela dit, si vous êtes intéressé par la prouesse technique qui se cache derrière le gyropode, allez donc consulter le site (en anglais) de Trevor Blackwell, qui n’en est pas à son premier essai ! http://tlb.org/scooter.html TOYOTA : TROIS TAILLES, TROIS GYROPODES ! Du côté de chez Toyota, les robots ont pris leur essor depuis l’Exposition universelle de 2005… Il existe les robots guides (qui vous emmènent visiter l’usine), les robots musiciens (capables de jouer du violon) et bien évidemment les robots de mobilité, dont le but avoué est de permettre à l’homme d’accroître sa mobilité sans le forcer à de nouveaux apprentissages. En matière de robots de mobilité, c’est donc le Winglet qui a vu le jour, décliné en trois


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De gauche à droite : Les Japonais aiment bien présenter leurs produits accompagnés de belles jeunes femmes. Crédit Toyota. Winglet L : Le gyropode Winglet Large de Toyota. Winglet M : La version Medium. Winglet S : Et la version Small. Crédits Toyota.

modèles, sobrement nommés « S », « M » et « L », suivant leur taille… Dépourvus de manche de maintien et de conduite, les deux modèles les plus petits se calent respectivement entre les mollets ou les genoux. Et si cela complique au début le processus de montée et de descente, l’encombrement en est évidemment réduit, qu’il s’agisse de transporter le robot dans le coffre de sa voiture ou de se déplacer au milieu d’une foule. Quelle que soit sa taille, le Winglet détecte les moindres changements de votre centre de gravité et prend les mesures nécessaires: accélérer, ralentir, s’arrêter, tourner à droite ou à gauche. Et puisqu’il est sensible à la pression, plus vous mettez d’énergie dans votre mouvement et plus la réponse du Winglet sera prononcée! Même si le principe de fonctionnement est le même, ces trois gyropodes ne sont pas vraiment en concurrence directe avec les modèles développés par Segway. Moins rapides, moins polyvalents et dotés d’une moins grande autonomie, ces robots de mobi-

lité de Toyota sont pour l’instant testés dans les aéroports et les centres commerciaux au Japon. Le contexte économique n’a pas encore prévu leur commercialisation, qui aurait dû démarrer aux États-Unis en 2009 ; cela dit, Toyota France nous a confirmé que celle-ci aurait bien lieu en 2010. I-UNIT Impossible d’évoquer la mobilité sans mentionner i-unit, un concept prometteur et futuriste… à quatre roues et commandé grâce à des manettes ! Imaginé pour pouvoir basculer d’une position verticale (afin de circuler à vitesse lente au milieu de la foule) à une position horizontale (pour circuler sur la route), iunit pourra répondre à une importante variété de besoins en termes de mobilité, tout en accordant une très grande liberté d’utilisation à son conducteur… I-REAL Autre concept, sur trois roues cette fois-ci, i-

REAL, capable comme i-unit d’abaisser son centre de gravité pour rouler à une vitesse supérieure (30 km/h au maximum). En fait, iREAL se présente sous la forme d’un fauteuil futuriste dans lequel il suffirait de se pencher vers la droite ou la gauche pour tourner dans la direction souhaitée…

Quid de la robotique ? Segway occupe aujourd’hui une position privilégiée dans le monde des plates-formes de développement de robots capables de mobilité. La technologie employée dans les Segway constitue ainsi un point de départ pour de nombreux chercheurs et développeurs, qui travaillent à mettre au point des robots mobiles, comme le Robonaut développé par la NASA.

Comparatif des gyropodes Segway i2

Vitesse maximale Autonomie

Temps de recharge (type de la batterie) Prix

Toyota L

Toyota M

20 km/h 19 km

10 km

118 kg

5 km N.C.

47,7 kg

54,4 kg

5 heures (NiMH) 8 heures (Li-Ion)

5 560 € HT

Toyota S

6 km/h

25 à 38 km

Capacité Poids

Segway x2 (tout-terrain)

6 011 € HT

12,3 kg

9,9 kg

1 heure (Li-Ion)

2 500 € (estimation)

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De gauche à droite… L’iREAL de Toyota. Le Walking Assist dans son utilisation quotidienne. Le P.U.M.A. Le robot d'assitance à la marche de Honda. Le i-unit de Toyota. Page de droite : deux monopodes U3X de Honda.

I-FOOT S’il est des concepts dont on imagine facilement l’avenir commercial, i-foot n’est sans doute pas de ceux-là. Imaginez un fauteuil monté sur deux jambes et qui se déplace à la vitesse de 1,6 km/h… C’est en soi une jolie prouesse technique, mais les usages en semblent limités. Cela dit, i-foot a été développé avec pour objectif de faciliter la mobilité des personnes âgées: le fauteuil se révèle en effet capable de s’abaisser pour

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laisser monter son passager et se dirige très simplement avec une manette. Et si vous vous demandez quel est son intérêt par rapport à un fauteuil roulant — c’est tout simplement qu’il peut monter des marches! HONDA : UN MONOPODE AU DESIGN RÉVOLUTIONNAIRE ! Honda s’est également penché sur la question de la mobilité. L’idée de développer un mono-

pode est en fait née d’une problématique : aussi petit qu’il soit, un gyropode occupe nécessairement plus d’espace qu’un piéton. Et cette question de l’espace semble évidemment cruciale lorsqu’il s’agit d’évoluer dans les bureaux ou au milieu d’une foule, tout comme l’est la nécessité de maintenir piétons et conducteurs sur un pied d’égalité. L’U3-X se démarque par son design extrêmement épuré, qui en fait un bel objet en plus d’être


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“Imaginez un fauteuil monté sur deux jambes et qui se déplace à la vitesse de 1,6 km/h…”

un fantastique outil de mobilité. Très compact, il permet évidemment une totale liberté dans les mouvements, contrôlés là encore par les changements de position du corps. D’un point de vue technique, le contrôle de l’équilibre est dérivé des technologies utilisées par le robot bipède ASIMO, tandis que le système de roue motrice omnidirectionnelle (Honda Omni Traction Drive System) a été développé spécialement pour répondre à la nécessité de se mouvoir en avant

et en arrière, mais également sur les côtés et en diagonale. UN ROBOT D’ASSISTANCE À LA MARCHE Honda s’est également penché sur la conception d’une assistance à l’effort… Imaginezvous en train d’accomplir un travail répétitif, qui vous oblige à plier les genoux et à maintenir cette position pendant quelques secondes,

plusieurs dizaines de fois dans un laps de temps d’une heure. Le robot Walking Assist permet de réduire significativement l’impact de ces efforts répétés sur les muscles et les articulations, pour un confort de travail accru, qu’il s’agisse de s’agenouiller et de se relever de manière répétitive, voire de monter et de descendre les escaliers. ■Brigitte Bailleul

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ICUB

LA PLATE-FORME D’ÉTUDES ET DE DÉVELOPPEMENT OPEN SOURCE POUR LA ROBOTIQUE DÉVELOPPEMENTALE Avec sa tête de poupée toute blanche, ses yeux grands ouverts et son corps d'enfant, il nous fait penser à Sonny, le robot NS-5 presque humain du film I, Robot. Malheureusement, il ne possède pas encore ses capacités mais, qui sait, dans un avenir proche, le consortium RobotCub, entité responsable du projet iCub, aura peut-être tous les éléments en main pour devenir l'US Robots, Inc. de notre monde. iCub est un petit humanoïde de 104 centimètres pour seulement 22 kilogrammes, ce qui représente à peu près la taille et le poids d'un enfant de trois ans et demi. Tout comme un enfant de cet âge, il est capable de marcher à quatre pattes et de s'asseoir. Du point de vue mécanique, iCub est divisé en six sous-systèmes comptant au total cinquante-trois degrés de liberté : six pour sa tête (sans compter les caractéristiques faciales comme les sourcils et la bouche, qui augmentent le nombre de degrés), seize pour chaque bras en incluant les mains, trois pour le torse et six autres pour chacune de ses jambes. Ses mains articulées sont dotées de capteurs lui permettant de ressentir avec le bout de ses doigts le monde qui l'entoure. Son système visuel

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n'est pas en reste puisqu'il est équipé de deux caméras imitant le mode humain de vision, sans oublier les accéléromètres, les microphones, les capteurs de force et autres gyroscopes. Il est d'ailleurs capable de diriger son attention vers les choses qu'il « aime ». À QUOI UN HUMANOÏDE DE LA TAILLE D'UN ENFANT PEUT-IL BIEN SERVIR ? Nous sommes plutôt habitués à des robots mesurant en moyenne dans les un mètre cinquante. On imagine naturellement ces derniers en train de nous aider dans notre vie quotidienne, de nous apporter à manger et à boire ou bien de nous soigner. L'iCub avec son mètre et sa vingtaine de kilos — que peut-il faire de plus ? La réponse se trouve dans le développement cognitif des enfants. En effet, au lieu de concevoir une intelligence artificielle à coups de


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modèles mathématiques et de théories abstraites, des chercheurs ont suivi l'idée énoncée par Alan Turing dans un article intitulé Computing machinery and intelligence paru dans Mind, un journal scientifique de philosophie analytique. Il y énonçait les bases de ce que l'on appelle la « robotique développementale » : « Au lieu de simuler un esprit adulte, pourquoi ne pas essayer de simuler celui d'un enfant ? Si on le faisait, avec de l'apprentissage

et de l'éducation, on pourrait obtenir un esprit adulte. » Pour ces roboticiens, l'intelligence et les processus mentaux sont intimement liés à la structure du corps, ses capacités motrices et son système visuel et sensitif. En réfléchissant, l'intelligence humaine se développe par des interactions avec les autres et avec l'environnement. C'est pourquoi iCub a été conçu de manière à ressembler à un enfant.

La robotique… … développementale est une méthodologie qui emprunte une voie semblable à celle de la psychologie du développement, afin de développer pour les robots des systèmes cognitifs dynamiques, évolués et capables de contrôler de façon autonome leur corps. Le but principal de cette discipline est de concevoir par étapes le développement cognitif d’un système complexe, à la manière dont un enfant acquiert un esprit adulte par le biais d’interactions avec le monde. De nombreuses disciplines sont mises à contribution : la psychologie, les mathématiques, la robotique, la mécatronique ou bien encore les neurosciences. Ces robots sont souvent employés pour valider des modèles théoriques de l'émergence et du développement de l'action raisonnée. Il ne faut bien sûr pas confondre la robotique développementale avec la robotique évolutionnaire. Cette dernière utilise de nombreux individus robotiques qui évoluent selon une échelle de temps assez longue, alors que la robotique développementale se concentre sur un ou quelques individus pour des temps assez courts. Quels sont les résultats après ces cinq

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Les dossiers

ICUB années de recherche ? Au départ, le consortium RobotCub avait deux buts. Le premier était de concevoir et de développer un robot humanoïde évolué pour permettre à la communauté scientifique de réaliser des recherches sur une base commune de processus cognitifs incarnés. Le second était de progresser dans la compréhension de plusieurs éléments clés de la cognition en exploitant iCub. Les retombées d'un tel projet ont été nombreuses pour les chercheurs en robotique et certains projets découlant de l'exploitation d'iCub comme CHRIS, qui doit développer des systèmes de coopération entre homme et robot, ou ITALK, qui lui conçoit des agents incarnés capables d'acquérir des compétences cognitives et linguistiques, n'en sont qu'à leurs balbutiements. On pourrait d’ailleurs dégager trois domaines qui ont progressé grâce au projet iCub : la théorie cognitive, la conception d'un corps humanoïde et l'ingénierie logicielle. Après ces cinq ans, les scientifiques ont réussi à établir une représentation, encore théorique, du développement humain, axée sur le rôle de la prédiction dans le contrôle de fin du mouvement. Selon eux, le développement mental de l'homme consiste en une maturation graduelle de ses capacités de prévoir les événements, les actions, etc. Ils ont découvert que le cerveau des enfants et des adultes n'est pas un ensem-

Un travail de cinq ans Le consortium RobotCub, qui est à l'origine du robot iCub, a été subventionné pour une durée de cinq ans, du mois de septembre 2004 au mois de septembre 2009, à hauteur de huit millions et demi d'euros. Il est composé de onze centres de recherche européens (Italie, Suède, Royaume-Uni, Portugal, Suisse), de trois centres américains (dont le MIT) et de trois autres au Japon (dont l'université de Tokyo). Si certains de ces centres se sont concentrés sur des thématiques cognitives comme l'étude de la coordination main-œil ou le développement des compétences de manipulation chez les enfants, d'autres se sont attelés à la conception et au développement de tout ce qui est hardware : système de contrôle, mécanique de la locomotion ou encore l'architecture matérielle, sans oublier tout le logiciel conçu pour relier toutes ces briques théoriques et matérielles.

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ble de zones isolées ne gérant qu'une seule modalité (que ce soit la parole, la vision ou bien même le contrôle moteur), comme si les neurones n'étaient spécialisés que dans le traitement de la perception ou du contrôle moteur. En réalité, ils sont en général capables

de traiter plusieurs modalités de perception et de sensation. Cela conduit à la création d'un modèle de contrôle et de développement sensorimoteur qui considère l'action — autrement dit des mouvements prévisibles par nature avec un but — engendrée par un indi-


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“Il est d'ailleurs capable de diriger son attention vers les choses qu'il « aime ».” conçu pour être indépendant autant du sysAlan Turing tème d'opération (Windows, Linux ou Mac)

À gauche : iCub rampant et saisissant des balles de couleur. En haut, le professeur Sandini et le professeur assistant Giorgio Metta posant avec le squelette d'iCub. vidu motivé, comme brique élémentaire de comportement cognitif. YARP ZONE Il ne faut pas oublier non plus que les chercheurs sont partis de zéro en ce qui concerne la structure mécanique du robot. De nombreuses études ont donc été menées sur toutes les parties du corps dudit robot : création de mains habiles et peu coûteuses (en dessous de 2 500 euros), optimisation de la taille des mécanismes moteurs par rapport aux degrés de liberté voulus et cohérence du système visuel et moteur. Même si les composants électroniques (contrôleurs, cartes d'entrée et de sortie, bus de communication) ont été achetés à des fabricants tiers, la mécanique et les firmwares (petits logiciels embarqués sur des pièces d'électronique) ont été développés en interne. Cependant sans la brique logicielle développée pour iCub — YARP —, le robot resterait inerte. YARP pour Yet Another Robotics Platform (qui pourrait se traduire par « encore une plate-forme robotique »), a été

que du matériel électronique du robot. Ce sont deux choses extrêmement importantes en robotique, où l’on recycle beaucoup de codes et où les pièces mécaniques et électroniques des robots sont changées très régulièrement. Cette plate-forme repose sur deux abstractions : les ports et les devices. Les ports ont été conçus selon le patron de conception Observateur, qui est utilisé dans ce cas pour envoyer des messages sur le réseau lorsque des événements déterminés se produisent. Cela permet d'en notifier les classes d'objets. Les devices sont une interface de programmation qui permet une réutilisation maximale du code ayant trait au matériel électronique. On encapsule les fonctions natives des drivers des fabricants dans ces classes et on fait juste le lien de la fonctionnalité avec le driver dans la classe. Et si le matériel change, aucun problème, il suffira de modifier une seule classe et non le code entier. Enfin, tout cela est open source. Ici, on ne parle pas seulement du code logiciel mais aussi de la conception matérielle, des plans de construction, des firmwares et de tout ce qui est utile à la construction de ce petit humanoïde. On peut se demander pourquoi… Le professeur Sandini, coordinateur du projet, nous a confié que « même si on perd les bénéfices possibles d'une éventuelle mise dans le commerce, partager ce que l'on a fait avec le reste du monde est important. Si notre travail est utilisé par les autres, cela veut dire que nous avons bien travaillé, ce qui est une satisfaction personnelle pour chacun des acteurs du projet. De plus, le partage permet une amélioration constante, d'ajouter de nouvelles fonctionnalités et de réparer quelques bugs grâce à la communauté d'utilisateurs et de chercheurs ».

Brillant mathématicien anglais, Alan Turing est le père de l'informatique moderne. Il se trouve à l'origine de la machine de Turing, le premier ordinateur universel, et du test de Turing, un test d'intelligence artificielle servant à montrer si une machine peut passer pour un être humain ou non. Il a contribué à la victoire des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale en aidant à déchiffrer les messages codés nazis, cryptés par la fameuse machine Enigma. Malheureusement, l'homosexualité de Turing lui valut des persécutions dans l'Angleterre d'après-guerre et il mourut empoisonné en mangeant une pomme dans laquelle se trouvait du cyanure.

déjà éprouvée à peu de frais, c'est un outil très avantageux et enthousiasmant. Pour en savoir plus et avoir accès aux différents documents, logiciels et plans open source : http://www.robotcub.org/ http://eris.liralab.it/wiki/Main_Page Je tiens à remercier le professeur Sandini pour sa réactivité et sa gentillesse, ainsi que pour avoir bien voulu répondre à mes questions. ■Matthieu Destephe

Que dire de plus ? L'iCub est un formidable projet, qui comporte une philosophie de partage extraordinaire. Créer un robot humanoïde de ce type pour un particulier est quasiment une tâche impossible mais pour des laboratoires désirant travailler sur une base

Mais que veut dire au fait iCub ? En fait, i-Cognitive Universal Body, littéralement « corps cognitif universel ». On peut aussi bien le comprendre de cette façon : I comme dans I, Robot et cub, un mot anglais qui désigne le petit d'un mammifère. Dans Le livre de la jungle, Mowgli est un « man-cub », autrement dit un « petit d'homme »…

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Dossier

MÉGADOSSIER

LES ROBOTS DANS LES PARCS D'ATTRACTIONS EXPOSITION “LA FAIM DES DINOSAURES” SUR LA TRACE DES DINOSAURES Associant le sérieux scientifique à une mise en scène aussi éducative que ludique, l’exposition La faim des dinosaures, qui se tient au Palais de la découverte jusqu’au 2 mai, propose de mieux appréhender le lent et minutieux travail des paléontologues.

L'espace KidBot du futur parc sud-coréen Robot Land (voir page 69).

Depuis plus de cinquante ans, les parcs d'attractions se multiplient à travers le monde et suivent la progression des technologies. La robotique est entrée peu à peu dans cet univers par l’intermédiaire des audio-animatronics. Puis de vrais robots ont occupé la place qui leur était due ! Demain, ils constitueront même l’argument exclusif de certains parcs et expositions. Signe des temps… Les robots ne sont pas seulement des êtres serviles créés pour nous soulager dans notre quotidien. Ils ont déjà pour mission, depuis de nombreuses années, de nous divertir en singeant des vies disparues ou imaginaires par le biais de leur branche animatronique. Et nous nous abandonnons entre leurs… mains, lorsque nous leur confions notre propre corps pour qu’ils le malmènent quand nous nous jetons tête la première dans des attractions à sensations! Dans ces lieux magiques, notre esprit se laisse plus facilement manipuler par ces boîtes de conserves, qui font appel à notre imaginaire.

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NE FUYEZ PAS, CES ROBOTS VEULENT SEULEMENT VOUS DIVERTIR ! Grâce à ce dossier de onze pages, nous allons vous entraîner dans les méandres les plus profonds de ce qui existe dans les parcs à thème aujourd'hui ; et nous ferons également un tour dans le futur des projets les plus fous. On trouve également des robots dans des expositions fixes ou itinérantes. Nous n’en ferons pas le tour complet car elles sont beaucoup trop nombreuses. Pour cela, veuillez vous référer aux pages de news annonçant celles qui nous ont particulièrement plu. Et n’oublions pas les auteurs de science-fiction qui nous alertent contre les dérives de ces parcs robotisés. Jetez un œil page 90 (en bonus) sur la recension des deux films de Michael Crichton qui reprennent ce thème : Westworld et Runaway, l'évadé du futur. ■Frédéric Boisdron

www.palais-decouverte.fr www.kokoro-dreams.co.jp/english

Cette exposition convie le visiteur à s’aventurer dans un labyrinthe où il est confronté à trois têtes de dinosaures grandeur nature, animées et sonorisées (un brachiosaure, un edmontosaure et un tyrannosaure) — ces animatroniques ayant été conçus par la société japonaise Kokoro Dreams. Moitié « squelettes » et moitié « en chair » de reconstitution, ces têtes nous révèlent toutes sortes d’indices sur la manière dont ces mastodontes se nourrissaient. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur le mode de vie d’autres espèces de dinosaures (Baryonyx, iguanodon, Coelophysis, Euoplocephalus, velociraptor, oviraptor) qui sont ici présentées dans des décors paysagers, reconstitués de la façon la plus proche possible de ceux qu’elles ont réellement connus.


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Dossier

VOUS AVEZ DIT FUTUR ?

Fer de lance d'un projet ambitieux d'aménagement du territoire imaginé par René Monory, le Futuroscope occupe une place à part sur le marché des parcs de loisirs, en s'appuyant sur les technologies du futur — pour offrir une nouvelle expérience de divertissement. Avec plus de 1,7 million de visiteurs en 2009 (soit près de 100000 visiteurs de plus que la saison dernière), le Futuroscope enregistre une croissance de la fréquentation (+ 6 %) et de son chiffre d'affaires (+ 12 %).

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“Création originale de Luc Besson, constituée d'un écran hémisphérique de 900 m2.”

La nacelle robotisée de l'attraction Arthur, l'aventure 4D. Imaginez-vous sur le dos d'une coccinelle, plongé dans l’image en 3D et en éprouvant les moindres chocs du vol.

Le 6 février 2010, le Futuroscope lançait sa nouvelle saison avec une attraction inédite, Arthur, l'aventure 4D. Une fois dans la peau d'un minimoy et muni de lunettes polarisantes actives, on embarque à bord de « coccivolantes », des simulateurs qui ont l’apparence de coccinelles géantes. Immergés dans le monde féerique des minimoys par les images projetées en relief, nous sommes emportés à toute allure et nous précipitons au côté d'Arthur dans une course contre la montre ébouriffante — en compagnie de Sélénia et de Bétamèche. Cette nouveauté dispose d'un concentré technologique unique au monde grâce à un dôme IMAX (R) qui, pendant la vingtaine de minutes que dure l'attraction, va favoriser l'immersion des visiteurs dans cette création numérique originale de Luc Besson. La technologie IMAX (R) 3D Dynamique est constituée d'un écran hémisphérique de 900 m2, d'un simulateur synchronisé aux images d'un film d'animation 3D, de quatre plates-formes accueillant vingt-cinq personnes chacune, sur deux niveaux. À cela, il faut ajouter les effets multisensoriels 4D embarqués à bord du simulateur et dans la salle (langue de grenouille mouillée, toile d'araignée, vent, vitesse, piqûre d'abeille — tous ces trucs qui viennent amplifier la sensation d'immersion !). Une question se pose cependant : « En quoi l'expérience proposée aux visiteurs du Futuroscope est-elle différente de celle qu'ils peuvent vivre au cinéma ? » Luc Besson répond ceci : « Un film, c'est un ressenti que l'on fait passer par l'image. Au cinéma, les spectateurs font appel à leur imaginaire pour entrer dans l'histoire. Dans Arthur, l'aventure 4D, on passe

immédiatement du rôle de spectateur à celui d'acteur. Grâce aux effets 4D et aux mouvements des sièges, vous éprouvez physiquement les sensations d'un minimoy en pleine course pour sauver Arthur. Ça va de la vitesse de la coccivolante, qui vous entraîne dans tous les sens, à la caresse d'une toile d'araignée sur votre visage ou à celle d'une langue de grenouille… Quand vous êtes aussi petit qu'un minimoy, tout ce qui pouvait vous paraître inoffensif peut soudain représenter un énorme danger. J'aime bien l'idée de changer d'échelle pour avoir un autre point de vue sur les choses qui nous entourent. » LES ANIMAUX DU FUTUR Créée en 2008 dans un nouveau pavillon, cette attraction, qui associe à la technologie avancée de la réalité augmentée un scénario possible d'évolution des espèces, nous projette dans un safari interactif unique en son genre. Par écran interposé, Jamy Gourmaud, le célèbre animateur de l'émission « C'est pas sorcier », sur France 3, dialogue avec le pod, une créature futuriste sympathique, et plante le décor… À bord de véhicules d'expédition, les visiteurs-explorateurs sillonnent des décors réels reconstituant les habitats de notre planète tels qu'ils pourraient évoluer dans le futur, sous l'effet des changements climatiques et de l'activité de l'écorce terrestre. Au cœur d'une steppe aride et froide, d'une vallée marécageuse, des fonds marins de l'océan global ou de la jungle tropicale, les visiteurs, équipés de jumelles de réalité augmentée et d'un bracelet capteur, voient surgir virtuellement et en 3D les animaux qui pourraient peupler notre planète dans cinq ans, cent ans et même dans deux cents millions

d'années… Au fil de quatre espaces différents, les animaux s'animent et réagissent aux stimulations des visiteurs — le réel et virtuel se superposent ! L'EXPÉRIENCE DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE En trois ans, la miniaturisation des microprocesseurs et leur puissance de calcul ont fait un tel bond en avant qu'elles permettent aujourd'hui l'avènement d'une technologie révolutionnaire : la réalité augmentée. Mais qu'est-ce donc ? Elle repose sur trois éléments constitutifs : l'immersion dans un monde combinant le réel et le virtuel, l'animation d'objets virtuels en 3D et leur manipulation en temps réel. Durant chaque séquence des Animaux du Futur, la caméra intégrée aux jumelles des visiteurs filme le décor observé. Sur le film, un ordinateur incruste simultanément des animaux virtuels en 3D. Ledit film, enrichi par ces créatures animées, est restitué en temps réel sur les écrans des jumelles, ce qui a pour effet de donner aux visiteurs une impression saisissante de réalité. Le virtuel s’entremêle donc au réel : les animaux prennent vie dans l’environnement. À cette réalisation, s'ajoute la possibilité pour les visiteurs d'interagir en direct avec les animaux virtuels, grâce à un système individualisé de localisation et de capteurs de mouvements, relié aux bracelets qu'ils portent. IL ÉTAIT UNE FOIS L'HOMME ET LA MACHINE — DANS UNE DANSE IMPROBABLE Comment parler du Futuroscope sans parler de l'attraction phare pour un fan : la danse des

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Dossier “Détourner le robot industriel pour en faire un objet de plaisir.”

Les animaux du futur, une attraction qui permet aux visiteurs de toucher à la réalité augmentée. La Danse des Robots, des robots industriels modifiés pour vous donner le frisson.

robots — dix géants de métal en habit de lumière ? Élaboré de toutes pièces pour le parc, le projet, ambitieux au départ, consistait à détourner le robot industriel pour en faire un objet de plaisir. Au croisement du futur et de l'image, de la sensation et de la technologie, « Danse avec les Robots » incarne parfaitement la mission du Futuroscope, « tracer dans le présent un chemin vers le futur », comme le souligne Dominique Hummel, le président du Directoire du Parc du Futuroscope. Tout commence par un parcours ludique et pédagogique, à la découverte des créatures métalliques qui peuplent notre imaginaire. Ainsi, juste avant d'embarquer à bord des robots danseurs, on nous retrace, en un bref aperçu historique, les transformations de la robotique depuis les années 1920 et l'évolution des relations entre les hommes et les robots. À l'aube des années 1980, les robots intègrent l'industrie, provoquant chez les hommes la crainte de se voir supplantés dans leurs emplois. C'est l'image du robot, prouesse de technologie, que l'on observe ici, notamment au moyen d’une animation qui montre la capacité qu’a le robot de reproduire certains modèles de courbe. Une nouvelle relation s'amorce entre le robot et nous, autour du divertissement et du plaisir… Si l'esprit de la danse rapproche les hommes, on peut aisément imaginer qu’elle peut rapprocher l'homme et le robot. Le thème de la danse impose rapidement la disposition circu-

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laire des grands robots autour d'une plateforme, comme dans une ronde. Les bras articulés de sept mètres, semblant jaillir du sol, invitent les visiteurs à prendre place, deux par deux, au creux des paumes. Un écran tubulaire de trente-trois mètres de long et de trois mètres de diamètre, installé au plafond, épouse le concept global de la salle de bal. Il permet la diffusion de clips chorégraphiés qui correspondent à chaque danse effectuée par les robots. Les mains métalliques se referment doucement sur les participants intrépides, prêts à vivre un grand moment. Raï, valse, disco, salsa ou rock and roll, la musique démarre. Les robots chromés se lancent alors, avec une grâce surprenante, dans une chorégraphie énergique et aérienne, imaginée par Kamel Ouali. À la merci des colosses robotiques, on se retrouve manipulé, renversé, balancé dans tous les sens et en rythme. D'une fiabilité parfaite, les mouvements tour à tour amples et rapides saisissent les visiteurs, qui s'abandonnent au plaisir d'un frisson inattendu. Dommage que cela ne dure que quatre-vingt-dix secondes — beaucoup trop court pour apprécier toute la souplesse et la gestuelle du robot ! Néanmoins, animée par des forces centrifuges et gravitationnelles, la troupe de robots danseurs dégage un sentiment de puissance qui laisse aux spectateurs, installés dans une mezzanine, une forte impression. Avec cette attraction, Kamel Ouali s’est lancé dans une double entreprise : concevoir les

chorégraphies de l'attraction (en étudiant les infinies capacités de mouvement des robots) et celle de cinq clips, dans lesquels il danse avec sa troupe. Yov Moor, concepteur d'effets spéciaux de l'équipe BCBG, programme, via le logiciel Kuka, les mouvements produits par les robots et proposés par Kamel Ouali. Son, lumières et images sont synchronisés pour faire de « Danse avec les Robots » une attraction spectaculaire. Les robots sont recouverts d'une peinture à pigments iriodines (utilisés notamment dans la composition des peintures métallisées de vos voitures). Ces petits malins sont peints comme les objets qu'ils ont l'habitude de barbouiller — un petit clin d'œil à leur passage de l'usine au spectacle !… Le choix de Kamel Ouali a d’abord été d'abord motivé par une volonté d’embellir ce qui était au départ une attraction à sensations. Pari réussi : glamour et élégance font de cette « Danse avec les Robots » une expérience qui va au-delà des sensations fortes et laisse entrevoir l'avenir d'une relation harmonieuse entre les hommes et les robots. ROBOTS EXTRAORDINAIRES : LE LIVRE DU FUTUROSCOPE Publié conjointement par le Futuroscope et Fyp Editions, Robots extraordinaires dresse un panorama complet de l'univers des robots. Ciblant un large public, il s'attache à montrer, de façon ludique et pédagogique, en quoi les avancées passées et présentes, dans les domaines de la robotique et de l'intelligence



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Dossier

Crédits photos : M. Vimenet/Futuroscope

“Robots extraordinaires en puise dans un passé qui mêle fiction et science.”

On retrouve parfaitement la forme du bras industriel d'origine. Les robots ont été placés en pétales. À gauche : le livre Robots extraordinaires, copublié par le Futuroscope.

artificielle, permettent d'imaginer un futur dans lequel les robots, devenus omniprésents, joueront un rôle clé. En s'appuyant sur les tout derniers progrès en la matière, l'ouvrage démontre que notre avenir va se mesurer à l'aune de ces machines d'un genre nouveau, mobiles, dotées d'autonomie, de sens, de personnalité — qui deviennent, sinon nos alter ego, du moins nos compagnons de la vie de tous les jours… Avec Robots extraordinaires, en puisant dans un passé qui mêle fiction, sciences et technologies avancées, le Futuroscope propose un voyage dans le futur pour mieux comprendre les robots, leur sens et leur devenir. Il appartient aux nouvelles générations d'apprivoiser ces techniques et leurs interactions avec nous, pour préparer un monde où humains et robots vivront en parfaite harmonie. Conçu sous la forme d'une chronologie régressive, qui s'étend de 2050 à 1950, cet ouvrage de cent trente-huit pages rappelle les étapes

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majeures de l'évolution des robots via des machines, des recherches et des personnalités qui ont marqué leur époque — et dont l'influence se ressent encore aujourd'hui. Cette chronologie est entrecoupée de réflexions relatives aux diverses problématiques — techniques, économiques, sociales et éthiques — soulevées par la sophistication progressive des robots et leur généralisation dans la société. « Sur Mars ou dans la chambre des enfants, dans les usines ou les hôpitaux, les robots sont partout. Ressemblant à des humains, sur pattes, roulant, glissant, volant, ils sont de toutes formes, de toutes tailles. Imaginés par la science-fiction avant de donner lieu à de vastes recherches scientifiques et industrielles, les robots partagent désormais notre quotidien. Ils se perfectionnent de jour en jour et se destinent à des applications multiples. Tour à tour utilitaire, divertissant, indispensable, le robot devient aussi notre compagnon de jeu. De plus en plus intelligent et autonome, il sait écouter ou parler, et se dote parfois d'une véritable personnalité. Il nous étonne et nous interpelle autant qu'il nous fascine. Mais surtout, il nous interroge sur notre futur. Le Parc du Futuroscope rend hommage à ces créatures extraordinaires. Avec ce livre, puisant dans un passé qui mêle fiction, sciences et technologies avancées, il propose un voyage dans le futur pour

mieux comprendre les robots, leur sens et leur devenir. Il appartient aux nouvelles générations d'apprivoiser ces techniques et leurs interactions avec nous, pour préparer un monde où humains et robots vivront en parfaite harmonie » (Extrait de Robots Extraordinaires.) De retour du Futuroscope, on est comme un peu déçu que toutes ces technologies ne nous emportent pas un peu plus loin dans le futur — celui que l'on imagine tous plus ou moins fantasmatiquement, peuplé de robots plus humains que les humains, de véhicules volants défiant les lois de la physique et où l'étrangeté ne nous surprendrait pas… En fait, nous voulons aller toujours plus vite que nos possibilités ne nous l’autorisent et rêver très fort à d’autres choses encore plus folles ! ■Najet Ben Bassou


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L’IMAGINATION AU POUVOIR

« Il est assez amusant de réaliser l'impossible », disait Walt Disney, qui envisageait, dès le début des années 1950, de construire un endroit magique et unique en son genre où tout le monde (adultes comme enfants) pourrait s'amuser et rêver à loisir: Disneyland. LES CONQUÉRANTS D’UN NOUVEAU MONDE C’est en 1952 que fut fondée, par Walt Disney, la société WED Enterprises (WED étant les initiales de Walter Elias Disney, le nom complet de Walt Disney) afin de concevoir et de construire ce qui allait devenir le tout premier parc Disneyland. Au fur et à mesure que cet incroyable projet prenait de l’ampleur, il en fut de même pour WED Enterprises, qui dut quit-

ter ses modestes bureaux de Burbank pour aller s’installer à Glendale. En 1984, WED Enterprises prit le nom de Walt Disney Imagineering (WDI) et devint par la suite une filiale de Walt Disney Company. Depuis sa création, elle a conçu l'ensemble des parcs à thème Disney un peu partout dans le monde, ainsi que leurs alentours. Si au départ, ils n’étaient qu'une poignée de talentueux pionniers (tous issus des studios Disney), pour

concevoir le premier Royaume magique de l'histoire, ce sont, de nos jours, plus de 1 600 personnes, regroupant environ 140 corps de métiers (rassemblés sous un seul terme générique : l’imagineering), qui participent aux différentes phases de l'élaboration d’un même projet (ingénieurs, scénaristes, paysagistes, dessinateurs, peintres, architectes, décorateurs, éclairagistes, maçons, etc.). En raison de la grande variété des métiers

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Dossier “Imagineering, créé à partir de la fusion des mots imagination et engineering.”

Le dragon attend les curieux, caché dans sa tanière en grondant, jetant de la fumée et balançant la tête. Buzz l'Éclair, à Discoveryland. Small : un Audio-Animatronics de It’s a Small World.

exercés au sein de Walt Disney Imagineering et de la diversité de ses activités, on y a créé plusieurs départements spécialisés comme Theme Park Productions (TPP), pour le tournage de films proposés dans certaines attractions des différents parcs (comme Portraits of Canada, Cranium Command, The Making of Me, From Time to Time, Circle of Life, Ellen’s Energy Adventure, CinéMagique, Reflections of China ou encore Honey, I Shrunk the Audience). Sans oublier Walt Disney Creative Entertainment, pour les spectacles qui sont joués en live dans les parcs, ou encore MAPO (initiales de Manufacturing and Production Organisation, mais qui tient aussi son nom de la contraction de « MAry POppins » un film pour lequel cette division fut à l’origine créée pour le service technique). Imagineering est un néologisme disneyen, créé à partir de la fusion des mots imagination et engineering. Les imagineers, qui sont donc en quelque sorte les ingénieurs de l’imaginaire, prennent en charge la création, de A à Z, de l’ensemble des complexes de loisirs de Walt Disney Company (attractions, bâtiments, décors, végétation, hôtels, centres de divertissements nocturnes, etc.). Leur mission consiste à faire en sorte que l'imaginaire devienne réalité, afin de permettre aux visiteurs des différents parcs Disneyland, venus du monde entier, de vivre une expérience hors du commun. On leur doit également la création de toutes sortes d’innovations et de technologies de pointe (qui représentent plus de 115 brevets) comme le circle-vision, diverses attractions (Tower of Terror, Haunted Mansion, Splash Mountain, Big Thunder Mountain ou encore Indiana Jones Adventure) et, bien sûr, les fameux Audio-Animatronics®.

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DU RÊVE À LA RÉALITÉ Les tout premiers Audio-Animatronics® furent conçus en 1963 par des ingénieurs des studios Disney pour le film Mary Poppins (1 964) sous la forme de robots oiseaux pouvant bouger la tête, le bec, les ailes ainsi que la queue — et qui étaient synchronisés avec la musique. Vinrent ensuite ceux qui furent créés pour l'attraction Enchanted Tiki Room, de Disneyland. Lors de l’élaboration d’un projet, une fois que l'emplacement et l'action des AudioAnimatronics® sont définis puis approuvés, on développe leur partie purement technique, relative à la conception de leurs différents mouvements, ainsi que celle qui consiste à les habiller. Il faut inventer non seulement leurs vêtements, mais également leur peau et leurs cheveux (lorsqu’on a affaire à un personnage humain). Le tout est ensuite assemblé dans le dessein de les faire réagir à leur environnement. À l'origine, ces robots à l’apparence le plus souvent humaine ou animale, commandés par différents systèmes (câbles, vérins hydrauliques ou moteurs), étaient conçus au moyen d’une technologie issue du cinéma. Leurs mouvements étaient coordonnés par la piste magnétique d'une bande-son et c'est de là que provient leur nom d'Audio-Animatronics®. De nos jours, la synchronisation entre les mouvements des robots et la bande-son de l’attraction se fait par le biais de l’envoi d’informations stockées en numérique, directement aux servomoteurs des robots. Suivant les cas, ils peuvent être utilisés dans une attraction, soit en tant que support principal de narration, soit comme un simple élément du décor. Il y a en permanence de nouveaux projets en cours de gestation, (même s’ils ne sont pas

toujours menés à leur terme) car, comme le disait Walt Disney : « Disneyland ne sera jamais fini tant qu'il restera de l'imagination dans le monde… » ■Josèphe Ghenzer

LES AUDIO-ANIMATRONICS® DE DISNEYLAND PARIS ADVENTURELAND - Pirates of the Caribbean (pirates, villageois, chats, chiens, cochons, poules, chèvres, cochons). DISCOVERYLAND - Buzz Lightyear Laser Blast® (personnages deToy Story et de Toy Story 2). - Star Tours (droïdes et aliens de la trilogie originelle Star Wars). FANTASYLAND - Blanche-Neige et les sept nains (personnages du film). - "It's a Small World" (poupées, animaux et cactus). - La tanière du dragon (le dragon — qui est le troisième plus gros Audio-Animatronic® du monde). - Les voyages de Pinocchio (personnages du film). FRONTIERLAND - Big Thunder Mountain (chèvres, ânes). - Phantom Manor (fantômes, squelettes, corbeaux, cheval, chien). MAIN STREET, U.S.A. - Storybook Store (personnage de Tigrou). Tous datent de 1992, sauf Buzz Lightyear Laser Blast®, qui a été inauguré en 2006.


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ROBOSPHÈRE, LA SCÈNE DES MONDES ROBOTIQUES

Depuis quelques années, les parcs d’attractions figurent dans tous les classements des sites touristiques les plus visités et la France ne déroge pas à la règle. C’est ainsi que Disneyland Paris revendique 15,4 millions de visiteurs pour son exercice 2009, prenant ainsi la tête du classement français, loin devant le musée du Louvre et la tour Eiffel. Qu’il s’agisse de l’aventure de la Terre, de reconstitutions historiques ou de l’exploration du futur, les parcs à thème ont la cote auprès des enfants (et de leurs parents!). Du côté de la Suisse, Serge Bringolf caresse depuis l’année 2000 l’idée d’ouvrir au grand public un parc consacré à la robotique, qui fait aujourd’hui partie de notre vie quotidienne, tant au niveau des loisirs que de la culture ou des techniques industrielles. Un parc comme Robosphère a l’ambition d’aider le grand public à aller à la rencontre des robots — et d’ouvrir la réflexion sur un avenir commun !

UN PROJET AMBITIEUX À l’image du Futuroscope, Robosphère vise plusieurs catégories de public… Le but n’étant pas de créer un parc élitiste, qui serait réservé aux passionnés et aux spécialistes du sujet, mais bien un lieu où l’on peut avant tout venir s’amuser et apprendre en famille. Un parc d’expositions et d’attractions, donc, doublé d’un espace culturel ouvert à tous, qu’ils soient

simples curieux, passionnés ou professionnels. Une plate-forme permettra aussi aux professionnels de la robotique de se retrouver et d’échanger des vues, grâce à des salles de réunion et des espaces de présentation et d’expérimentation. Les attractions sont aujourd’hui en cours de développement, et l’innovation sera présente au détour de chaque allée du parc, comme en

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Dossier “Robosphère se présentera sous la forme d’un parcours à options.”

Plan d'implantation du futur parc.

témoigne par exemple l’invention en première mondiale d’un robot capable de préparer et de remettre à un enfant… de la barbe à papa. Réalisé par la Haute École Arc Ingénierie, ce « snack robotisé », qui peut également préparer un café ou distribuer des friandises, se révèle d’ores et déjà opérationnel. D’autres partenaires suisses se trouvent impliqués dans la création d’attractions innovantes, comme une horloge robotique (Asyril), ou un projet de télépilotage qui permettra aux visiteurs du parc de prendre le contrôle d’un robot (KTEAM).

AVANT-PREMIÈRES MONDIALES Serge Bringolf, porteur du projet, est également en contact avec des entreprises françaises (Robosoft, Aldebaran Robotics…) ou de renommée mondiale (Honda, Sony…). Du côté du secteur industriel, de grands noms de la robotique (Festo, Kuka, Schunk et Stäubli, pour ne citer qu’eux) sont prêts à exposer leurs derniers modèles, voire des prototypes. À terme, tous les acteurs de la robotique, qu'elle soit industrielle, ludique, domestique, médicale, de sécurité, d'explo-

TECHNOLOGIE + ÉCOLOGIE = TEKOLOGIE Voici un concept dont Serge Bringolf revendique la paternité… La tekologie sera l’une des valeurs fortes du parc Robosphère, qui produira suffisamment d’énergie renouvelable pour satisfaire la totalité de ses besoins énergétiques en termes d’électricité et de chauffage. À l’image du futur parc Robosphère, Serge Bringolf rêve d’une entreprise d’un nouveau genre, qui considérerait dans ses statuts et son fonctionnement l'ensemble de la problématique de ses ressources et de ses rejets matériels, énergétiques ou même sociaux. Cette entreprise, il la surnomme « l’entreprise intégrale », capable de combiner utilité publique et économie de marché, afin de gagner en stabilité, en image et en autonomie. Retrouvez le parc Robosphère sur Internet ! www.robosphere.ch Facebook : rejoignez le groupe « Projet Robosphère ».

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Avant-projet scénographique par Xavier Bellprat.

ration ou de recherche, exposeront une actualité robotique en perpétuelle évolution. Concrètement, Robosphère se présentera sous la forme d’un parcours à options qui entraînera les visiteurs dans les différents secteurs de la robotique, des visiteurs qui seront guidés tout le long de leur parcours par des bornes interactives. Ces mondes robotiques auront pour écrin un environnement d’apparence naturelle, destiné à créer un contraste saisissant entre technologie et nature — et seront ainsi mis en valeur,


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comme le fait une vue aérienne pour les localités voisines de Robosphère, qui se détachent alors du paysage et semblent des îlots posés en pleine nature, sans faubourgs ni zones industrielles. DES ATTRACTIONS INÉDITES Parmi les attractions phares du parc, figure un safari robotique aux commandes d’un robot doté d’un système de vision en trois dimensions. Immergés via leur robot dans un espace où évolueront des geckos, les visiteurs pourront par exemple s’approcher au plus près des animaux grâce aux capteurs du robot… et les photographier ! De son côté, le robot manège permettra à chacun de programmer l’intensité du tour qu’il va effectuer, que ce soit en termes de sensations ou de vitesse. Les plus aventureux pourront même choisir de tenter un looping ! Autre atout, le robot pourra se transformer en simulateur et faire vivre aux passagers une expérience unique, tout en proposant un vrai challenge de programmation. Et à l’issue de leur visite, une boutique permettra bien sûr aux visiteurs de repartir avec un robot… qu’il s’agisse d’un robot domestique,

TROIS QUESTIONS

QUELQUES CHIFFRES ET PRÉCISIONS Ouverture du parc : à la mi-2012. Surface totale/construite: 13 ha/3,5 ha. Coût prévisionnel: dix millions d’euros. (Si vos moyens vous le permettent, devenez partenaire du projet à partir de 7 000 €/an aux côtés d’investisseurs publics et de grandes marques du secteur privé !) Les 3 valeurs de Robosphère: Innovation – Tekologie – Réflexion. Les 3 missions de Robosphère: Parc robotique ludactique – Centre de documentation et d’information – Espace professionnel.

chargé par exemple de passer l’aspirateur, ou d’un jouet ! Robosphère affiche définitivement son ambition de développer un potentiel touristique en faisant du contraste entre nature et technologie un atout majeur. Pas question de présenter un monde entièrement robotisé comme dans le dessin animé Wall-E, par exemple ; il s’agit bien de scénariser l’insertion des robots dans notre

■Brigitte Bailleul • •

Source : Relaxnews. Respectivement 8,4 et 6,9 millions de visiteurs en 2008.

Source : ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l’Emploi.

Les geckos sont une famille de lézards vivant dans les régions chaudes et humides de l’Asie du Sud-Est. Cette attraction est développée en partenariat avec le Vivarium de La-Chaux-de-Fonds.

À SERGE BRINGOLF, LE PORTEUR DU PROJET ROBOSPHÈRE dit, je me définis avant tout comme un passionné de solutions ! Ainsi, le projet Robosphère se veut être une réponse sur mesure aux besoins de l'Arc jurassien franco-suisse, et cette perspective me passionne… P.R. : Quelles sont vos motivations ? S.B. : Elles sont de plusieurs ordres, mais la volonté de valoriser durablement la région où je vis, en y intégrant les caractéristiques et les besoins d'un contexte mondialisé est essentielle. Ainsi, je fais totalement mien cet adage : « Penser globalement pour agir localement ! » Je suis également motivé par l’idée que Robosphère représente à mes yeux le prototype de ce qui pourrait devenir une tendance forte et souhaitable de notre société, à savoir poursuivre notre insatiable besoin de découvrir et de comprendre notre monde, sans pour autant mettre en péril nos moyens d'existence et donc notre environnement.

Planète Robots : Serge Bringolf, qui êtes-vous ? Serge Bringolf : J'ai 41 ans, j'ai un esprit d'analyse et d'entreprise, je suis curieux, ouvert, objectif et extrêmement créatif. De formation technique, j’ai gagné plusieurs prix d'innovation qui m’ont permis d’expérimenter le processus menant de l'idée au produit commercialisé. Cela

environnement, tout en préservant la nature, les animaux — et l’Humanité !

P.R. : Pourquoi avoir choisi la robotique ? S.B. : Nous sommes toujours davantage à considérer que la robotique est sur le point d'envahir la planète, à l'image de l'informatique dans les années 1980. Par ailleurs, la robotique intéresse toujours la population, indépendamment des

phénomènes de mode car elle fascine, interroge — voire inquiète certains. Dans l'inconscient de chacun, elle représente la quintessence de l'intelligence humaine, entraînant avec elle son lot d'admiration et d'inquiétudes. Robosphère ne se contentera d'ailleurs pas de présenter l'actualité des mondes robotiques à la population ; nous entendons bien devenir une plate-forme d'échanges et de discussion sur ce thème, permettant de discuter en terrain neutre des espoirs et des craintes suscités par ce domaine. Car la robotique peut en effet, et sans artifice, être portée par exemple sur le plan sociologique et même théologique. Elle représente le paradoxe humain du génie et de l'apprenti sorcier. Avec les systèmes informatiques et les réseaux de télécommunication, on agit surtout sur le plan des échanges de données avec un ordinateur pour interface. Avec la robotique, l'interface va changer de forme. Par ses possibilités de mouvement, de déplacement et d'interaction avec son environnement, elle va occuper une place très particulière, jusqu'alors réservée au monde du vivant. Je suis convaincu qu'un robot fascine aussi parce qu'il interpelle nos sens comme s'il s'agissait d'une forme de vie. Pour moi, un robot se définit comme étant quelque chose que l'être humain assimile (consciemment ou inconsciemment) à une forme de vie animale artificielle…

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VOTRE HÔTEL POUR VOS VACANCES D’ÉTÉ

Toute la famille trouve des occupations à ses envies selon ses humeurs ES LES STAG lanc B ic P u a Musique gne ta n o M t Orgues e élisme Aéromod VTT Cyclisme à 18 ans e 6 mois d s o Thème », d a emaine à Enfants S « , » s e nge épid ort Challe « Les Intr p e S ri , s e e rd g a G s, Sun Sta Mini Cat’ ANTS OMPAGN C C s A S E L culturelle POUR rtives et o p s n o s n e douc Activités sportives Activités o s Sp rts gique Palais de archéolo e it S , e u q gue » ibliothè haise lon C « Musée, B s te n éreinta Activités

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Robotland

UN PARC À THÈME CORÉEN GÉANT Walt Disney a révolutionné le parc à thème en créant le concept de Disneyland et son gigantisme. La Corée va suivre cette voie en 2012 et utilisera la robotique comme fil d'Ariane. Un projet ambitieux qui s’étend sur 77 hectares, pour un parc qui devrait coûter 451 millions d'euros. Le robot Taekwon V, véritable emblème national, sera représenté sous la forme d'une tour de 56 mètres.

Vue d'ensemble du projet Incheon Robot Land.

EPCOT, LE PARC DU FUTUR (1 982) Bientôt implanté sur une île artificielle (dans la zone franche économique d’Incheon — Songdo [côte Ouest] —, où se construit également New Songdo City) située à une soixantaine de kilomètres de Séoul, le parc Incheon Robot Land est en projet depuis 2007. Depuis quelques mois, le gouvernement sudcoréen en a accepté la construction. Le parc devrait ouvrir ses portes en 2012, la fin des travaux étant prévue pour l'année suivante. Le coût en est partagé entre des investisseurs privés et le gouvernement (à l'échelle nationale et locale — à hauteur d'environ 13 %). Robot Land comportera des activités diverses, allant du hall d'exposition à la boutique de robots, en passant par les centres didactiques, un stade, une grande roue, un monorail, un parc aquatique, un robot géant, etc. Ce parc devrait constituer une véritable immersion dans le futur — une sorte d'Epcot largement remis au goût du jour. C'est également en son cœur qu'une université de troisième cycle ouvrira ses portes pour accueillir les futurs roboticiens du pays. Un centre de recherche

Epcot est un parc inclus dans le Disney World de Floride. Il a été construit en 1982 sur le thème de la découverte du futur, des nouvelles technologies et des cultures du monde entier. Avant tout éducatif, il tranche sur les autres parcs de la firme, plus orientés vers les loisirs.

ROBOT LAND sera divisé en quatre sections, exploitant chacune un thème bien particulier. Les différents univers de Robot Land.

et de développement y sera également présent. Dès l'ouverture du parc, plus de trois cent quarante robots seront visibles. Le projet va permettre de créer 18 000 emplois. La créativité, la recherche et l'éducation dans le domaine de la robotique seront ainsi boostées pour de nombreuses années. La Corée du Sud va de cette manière rattraper un peu son retard sur le Japon : en effet, ces deux pays se battent à coup d'avancées technologiques pour récupérer le très juteux marché de la robotique.

Robot Kingdom. Cet espace est dédié à la connaissance. Le visiteur y découvrira l'histoire de la robotique, ainsi que son futur. Il pourra également en expérimenter la réalité. Kidbot Village. L'espace enfants et famille du parc — des jeux et des attractions pour tous les âges. Robotopia. Des attractions plus « matures » dans un monde de haute technologie. Fun City. Le lieu privilégié pour l'amusement. Le robot Taekwon V, personnage emblématique du pays, y sera représenté sous la forme d'une tour de cinquante-six mètres que l'on pourra visiter.

■Frédéric Boisdron

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Vie quotidienne

SPYKEE VERSUS ROVIO

LE MATCH DE LA TELEPRESENCE Dans la catégorie des robots espions, deux modèles se détachent clairement du lot, le Rovio de WowWee et le Spykee de Meccano. Les deux rivaux ont beaucoup en commun : tous deux sortis à la fin de 2008 et disponibles au même prix (un peu moins de 350 euros sur robootic. com), ces produits se proposent d'être les yeux et les oreilles d'un utilisateur les contrôlant à distance.

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“Spykee et Rovio utilisent deux approches différentes pour la prise de contrôle.” Rovio et Spykee ont pourtant été conçus dans une optique différente : si le premier est proposé comme un outil de vidéosurveillance professionnel (ou semi-professionnel), le second est décrit par Meccano comme un jouet destiné aux enfants âgés de plus de huit ans. Cela se traduit par un look complètement différent : Spykee a l'air tout droit échappé d'un dessin animé Pixar, alors que Rovio, bien plus sombre, semble austère en comparaison, malgré son design moderne. Dès le déballage, on constate une première différence. Si le Rovio est livré déjà assem-

blé et immédiatement prêt à l'emploi, Spykee, lui, dans la plus pure tradition Meccano, est livré en pièces détachées. La documentation indique que l'assemblage prend une heure et demie. Dans la pratique, il faut en compter facilement le double. À moins qu'à trop utiliser Linux à la rédaction, nous soyons tous devenus aussi manchots que sa mascotte ? Rien de bien sorcier toutefois : l'assemblage est largement à la portée d'un enfant de huit ans, comme l'annonce Meccano. TROIS MODES DE CONNEXION Spykee et Rovio proposent trois modes de connexion, Ad-Hoc, Réseau local et Internet. Le mode Ad-Hoc est le seul qui réclame l’utilisation d'un ordinateur WiFi. Son fonctionnement est très simple : les deux robots font office de point d'accès WiFi ; il suffit de s’y connecter et ils seront directement contrôlables — aussi longtemps, évidemment, qu'ils resteront à portée du WiFi de votre ordinateur. Toutefois — attention ! —, avec le Spykee, il est indispensable d'avoir à portée de main un ordinateur tournant sous Windows ou MacOS avec un WiFi fonctionnel,

même si vous ne comptez pas utiliser le mode Ad-Hoc. Et contrairement à ce qui se passe pour le Rovio, aucun câble ne permet de le connecter à un ordinateur (une première connexion WiFi directe est donc indispensable pour configurer les autres modes). Les modes Réseau local et Internet nécessitent donc un routeur WiFi, fonction proposée par toutes les box des opérateurs Internet. Une fois les robots paramétrés et connectés à votre routeur, c'est-à-dire après que vous avez indiqué aux robots, via la console de contrôle, le nom et le mot de passe de votre réseau WiFi, Spykee et Rovio ne seront limités que par la capacité de couverture de votre réseau (généralement un rayon d’une centaine de mètres). Spykee et Rovio utilisent deux approches différentes pour la prise de contrôle dans les modes locaux et Internet. Avec le Spykee, il suffit de sélectionner le robot dans la liste des Spykee connectés à votre réseau local, ou d'enregistrer avec un identifiant et un mot de passe le robot sur le site de Meccano, pour pouvoir s'y connecter de partout dans le monde. La méthode a l'avantage d'être très simple, mais elle se révèle peu sécurisante. Que se passera-t-il quand Meccano cessera de vendre le Spykee ? Un jour ou l'autre, le service sera fermé et alors plus aucun Spykee ne pourra être contrôlé par Internet. Rovio, lui, ayant fait le choix d'utiliser les protocoles standards, est à l'abri d'un tel risque. En revanche, il impose une connaissance avancée des protocoles réseaux, notamment du routage de ports, pour une utilisation en mode Internet (et au moins quelques notions de base sur les adresses IP pour une utilisation en mode local).

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Vie quotidienne “Question mobilité, les deux robots apparaissent très à l'aise sur les surfaces irrégulières.”

L'interface du Rovio utilise une application de type Web.

FUN CONTACT Une fois le tout correctement installé et connecté, il est enfin possible de s'amuser ! Spykee apparaît agréable à utiliser et répond immédiatement et sans latence (sauf évidemment lorsqu'il est contrôlé via Internet — la qualité de la connexion influe alors fortement sur les performances), l'image est bien plus lisible à faible luminosité, la qualité de restitution sonore apparaît bien plus élevée et l'on entend clairement les sons autour du robot ; enfin, il répète fidèlement ce que dit l'utilisateur. En comparaison, Rovio s'en sort beaucoup moins bien : il réagit toujours avec un temps de retard, la qualité sonore se révèle faible et l'image devient rapidement trop sombre si la luminosité n'est pas excellente. Rovio dispose cependant d'un avantage de taille face au Spykee : sa caméra mobile propose en effet trois positions. On peut la diriger vers le sol pour distinguer où l'on met les… roues, droit devant pour voir la direction qu’on va emprunter et vers le plafond, pour détailler l e

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L'interface du Spykee utilise une application de type client serveur.

visage de la personne qui se tient devant soi. Un gros handicap donc pour son rival, dont la caméra, malgré tout articulée, ne se règle que manuellement. Il faut donc choisir entre se concentrer sur le sol et ignorer l’orientation que l’on va prendre — ou fixer l'horizon et avancer à l'aveuglette ! Quant à savoir à qui appartiennent ces chevilles qui bouchent l'écran, il ne faut même pas y penser ! Question mobilité, les deux robots apparaissent très à l'aise sur les surfaces irrégulières. Il ne faut pas s'attendre à les voir monter des escaliers, mais ils savent rouler sans problème sur des câbles et avancent en ligne droite sur le gazon. Rovio, qui peut effectuer des déplacements latéraux, n'est pourtant pas le plus agile des deux. Il est handicapé par des rotations à palier fixe (impossible de tourner de moins d'un huitième de cercle) et par une disposition des touches mal agencée, pas du tout adaptée aux claviers français. Les touches directionnelles ne permettent pas de tourner et obligent à se rabattre sur les touches WASD, une disposition plus adaptée aux claviers QWERTY et particulièrement contreintuitive. Spykee,

lui, contrôlable par les touches directionnelles ou une manette de jeu, donne véritablement l'impression de jouer à un jeu de tir à la première personne ! DES FONCTIONNALITÉS PLUTÔT VARIÉES… Les interfaces de contrôle de Spykee et de Rovio se ressemblent beaucoup. Les éléments principaux en sont l'affichage du retour caméra et le pavé de déplacement. Sur le Rovio, on note le retour radar à l'intérieur du pavé de déplacement — une fonction anecdotique qui se distingue surtout par son absence à peu près totale de fiabilité ! La principale différence se situe en fait dans la manière d'y accéder. Dans le cas de Spykee, il s'agit malheureusement d'un logiciel fourni par Meccano. Nous sommes donc soumis au bon vouloir de la société et devons supporter tel ou tel type d'ordinateur (pour le moment, uniquement les machines Windows et Mac…). Du côté de Rovio, en revanche, si l'on excepte l'audio, qui nécessite obligatoirement Internet Explorer et donc Windows pour fonctionner, l'interface est compatible avec presque tous les ordinateurs, et même plus ! Il est possible d'accéder à l'interface depuis Mac et Linux, bien sûr, mais aussi à partir d’un téléphone ou d’une console de jeux moderne — et même d’un vieil ordinateur Amiga des années 1980 ! Chacun de ces modèles possède quelques fonctionnalités exclusives. Étrangement, le Spykee propose une fonction qui aurait davantage sa place sur le Rovio : la possibilité de détecter une intrusion et de prendre automatiquement une photo. Il s'agit toutefois d'une


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fonction purement logicielle (il faut laisser un ordinateur allumé pour que cela marche). Autre fonctionnalité de Spykee, la possibilité de faire glisser un MP3 sur l'interface, qui sera automatiquement lue sur le robot, avec une qualité sonore tout à fait acceptable. On notera aussi d'autres fonctionnalités qui relèvent du gadget, comme quelques effets sonores préenregistrés, l'application d'effets vidéo sur le retour caméra ou l'activation des quelques loupiotes présentes sur le corps du robot… Côté Rovio, on dispose de la possibilité de préenregistrer un ou plusieurs trajets. Il suffit d'effectuer ledit trajet une première fois pour qu'il soit mémorisé dans une liste directement accessible sur l'interface. On peut aussi faire retourner automatiquement le robot à sa base de n'importe quel endroit, grâce à un système de balise projeté au plafond. Spykee dispose en théorie d'une fonctionnalité similaire, mais sans le système de balise, ce qui impose qu'il soit à portée visuelle de sa base. Même dans ce cas de figure, il échoue souvent à revenir en mode Chargement : on a beau caler sa base contre un mur, Spykee la « pousse » au lieu de s'y installer et finit par abandonner… Pour les utilisateurs avancés, Spykee dispose d'un atout de poids : toute la partie logicielle embarquée est entièrement ouverte et programmable. Mieux, Gostai, la société qui a conçu le langage de programmation URBI, a participé à la conception du robot et il est donc possible de programmer Spykee en URBI (ce qui entraîne la perte de la garantie constructeur). On peut donc, par exemple en s'inspirant des dossiers de programmation URBI fournis par Planète Robots, étendre les possibilités de Spykee et lui faire accomplir exactement ce qu’on veut ! La nature ouverte de son architecture permet également le développement de nouvelles interfaces de contrôle (une interface non officielle pour iPhone est déjà disponible) et même des modifications matérielles. Certains utilisateurs ont en effet bidouillé leur Spykee pour rendre sa caméra mobile (comme celle du Rovio). Une autre manière, moins rigoureuse mais plus ludique, de comparer ce que peuvent valoir ces deux robots l'un par rapport à l'autre consiste à les opposer par l'intermédiaire d'un jeu sportif, approche utilisée par la Robocup. Nous avons donc concocté un simulacre de jeu de sport pour déterminer lequel de nos deux champions se révèle, une fois tous les éléments que nous venons de décrire pris en compte, globalement plus

efficace. Le résultat est sans appel : Spykee apparaît comme un bien meilleur joueur de football ! La souplesse de ses déplacements et sa réactivité compensent largement l'absence de mouvements latéraux et de réajustement de sa caméra. On trouve également sur YouTube une vidéo de combat de sumos entre un Spykee et un Rovio allant dans ce sens. (Pour les curieux, mots clés : « Robotwars Spykee Rovio ».) En définitive, le Spykee nous convainc davantage que le Rovio. À tout bien considérer, aucun des deux n'est un mauvais produit et le Rovio jouit d’atouts non négligeables : sa compatibilité, son angle de caméra réglable, sa capacité à enregistrer des trajets… Mais il se révèle finalement assez désagréable à utiliser — la faute principalement à une image difficilement exploitable en dehors de conditions de luminosité idéales et à un temps de latence bien trop élevé… Spykee, lui, fait exactement ce que l'on est en droit d'atten-

Sens de déplacement

dre de lui. Pas plus, certes, mais ce qu'il fait, il le fait bien ! ■Rémi Legris

Spykee (Meccano)

Rovio (WowWee)

Avant, arrière, rotation

Avant, arrière, latéral, rotation

Contrôlable par Internet

Oui

Oui

Détecteur de mouvement

Oui

Non

Radar

Non

Open Source

Oui

(mais fonctionne mal)

Oui

Non

Non

Oui (trois positions)

Programmable

Oui (Urbi)

Non

Compatible Mac

Oui

Oui (sauf audio)

Compatible Linux

Contrôle de la caméra

(sauf console de contrôle)

Programmation Urbi uniquement

Oui (sauf audio)

Compatible AmigaOS

Non

Oui (sauf audio)

Autonomie constatée

50 minutes

90 minutes

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Tutoriels

DÉMARRER SUR

CHORÉGRAPHE

Fans de robotique, votre perspicacité et votre esprit d'initiative vous auront imparablement menés au site d'Aldebaran Robotics. Et vous avez déjà sûrement trouvé votre bonheur en téléchargeant la version d'évaluation de Chorégraphe, l'éditeur de comportements de Nao. Mais cependant, malgré l’ouragan neuronal qui vous caractérise, vous ne parvenez pas à faire quoi que ce soit ! Ne sombrez pas dans la psychose, voici un petit tutoriel qui vous aidera à poser les bases. UN COMPORTEMENT TOUT SIMPLE Après avoir lancé Chorégraphe, vous devriez être connecté à un « NaoQi local », c'est-àdire à un robot simulé, tournant sur votre PC. Vous pouvez donc d'ores et déjà accomplir quelques petites choses sympathiques, même si toutes les fonctionnalités ne se révèlent pas accessibles. Pour cela, tentez de glisser et de déposer une boîte de la librairie nommée Dance (du dossier Mouvement) dans la zone de diagramme bloc. À cette magnifique et prometteuse petite boîte, il faut ajouter un lien tiré du signal de départ du comportement (situé tout en haut à gauche, figure 1).

Figure 2

Figure 1

Désormais, votre comportement est prêt à être joué, grâce au bouton de lecture de la barre d'outils. Voilà ! Après un petit clic sur ce fameux bouton, vous avez lancé votre premier comportement ! Oui, cette danse ne fait pas rêver outre mesure, mais de petits frissons devraient commencer à parcourir votre échine : ce comportement laisse en effet entrevoir des possibilités complètement folles… AMÉLIORER UN MOUVEMENT Si vous double-cliquez sur la boîte Dance,

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vous verrez une « timeline » décrivant le mouvement vu précédemment. Quatre « keyframes » définissent en effet les positions clés de la danse. À partir de ces keyframes, le robot est capable de calculer toutes les positions intermédiaires, comme un grand. En survolant la keyframe à l’aide de votre souris, vous verrez s'afficher les articulations effectivement définies dans chacune d’entre elles. La liste ne fait pas particulièrement vibrer, mais l’important est d'arriver à comprendre que tout cela ne concerne que les bras. Ce qui veut dire que durant toute la danse, les autres articulations (mains, tête, jambes) ne seront pas utilisées, et pourront par exemple être employées par une autre boîte dont l’exécution se fera en parallèle. Il est bien évidemment possible d’ajouter ces

autres articulations dans la danse, histoire d’essayer de la rendre un petit plus… hype ! Nous allons par exemple éditer chaque keyframe et y rajouter les positions de la tête. Pour cela, il suffit donc de cliquer sur une keyframe afin de rentrer en mode d'édition. Ensuite, un clic dans la vue 3D sur la tête du robot devrait ouvrir une pop-up, qui va permettre de modifier les articulations stockées dans cette keyframe (figure 2). Et si vous bougez légèrement les curseurs des articulations de la tête, lesdites articulations vont automatiquement être ajoutées dans la keyframe en cours d’édition (ce qui se matérialise par un petit bouton rouge activé à côté du curseur déplacé). Cliquez alors sur la deuxième keyframe et faites de même avec une position de tête différente. Et ainsi de suite… Enfin, un petit sur-


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vos comportements, mais aussi pour travailler sans robot !

Figure 3

Figure 4

vol des nouvelles keyframes montrera que vous avez effectivement enrichi votre mouvement de base. Si vous rejouez votre comportement, vous verrez votre robot agiter la tête au rythme de la précédente danse ! Normalement, arrivé à ce point, et devant un comportement aussi impressionnant, vous devriez commencer à vous frotter tendrement à votre magazine. On peut évidemment procéder de la même manière pour les articulations des jambes, afin de les ajouter dans les keyframes du mouvement. Mais l’animation ainsi créée se révélera instable sur un robot réel. Et à moins de posséder des capacités d'anticipation surnaturelles, il faudra attendre que le père Noël vous apporte un vrai robot ou un simulateur pour pouvoir travailler sereinement sur les jambes. PROGRAMMATION ÉVÉNEMENTIELLE C'est vrai que votre danse apparaît plutôt sympathique et montre un potentiel non négligeable. Néanmoins, un robot qui exécute une gigue quand on clique sur un PC, c’est impressionnant, mais cela apparaît limité. La touche finale consisterait plutôt à ne pas jouer

le comportement systématiquement — sans autre raison qu'un clic sur la souris —, mais à le faire uniquement en interaction avec le robot. Beaucoup de moyens d'interaction sont disponibles, et pour commencer, nous allons utiliser l'un des plus simples : le bouton situé sur le pied de Nao, communément appelé « bumper ». Insérez donc une boîte Bumper venant du dossier Sensors et connectez-y sa sortie « onLeft » sur la boîte Dance (figure 3). Ainsi, votre robot effectuera la danse uniquement si vous appuyez sur son bumper gauche. C'est fort en chocolat, n'est-ce pas ? Malheureusement, comme vous n'avez pas de robot, vous devez sentir la frustration monter, tout comme l'envie d'aller tordre le cou à quelques poules dans le jardin du voisin. Restez zen et lancez votre comportement malgré tout, en y croyant très fort. Effectivement, il vous reste la faculté de jouer votre comportement : si vous double-cliquez sur la sortie de la boîte Bumper en question, tout se passera « comme si » l'événement venait de se produire. Pratique pour déboguer

UN EXEMPLE DE SCRIPT Si vous descendez tout en bas de la librairie, vous verrez des boîtes « Walk » qui permettent de faire marcher le robot.Tentez de prendre par exemple ladite boîte et déposez-la avec doigté dans la zone de diagramme bloc. Si vous avez gardé le comportement précédent, vous pouvez même connecter la sortie « onRight » des bumpers sur cette nouvelle boîte. Maintenant que vous maîtrisez complètement le logiciel, vous devriez — via un double-clic fourbement placé sur la sortie « onRight » — savoir tester cette petite boîte. C'est normalement ici que se produit le paroxysme de vos palpitations cardiaques : certes le robot n'avance pas vraiment, puisqu'il est en lévitation dans la vue 3D. Mais la fluidité de l'enchaînement des mouvements devrait provoquer un état de béatitude avancé, un peu comme la première fois que vous avez réussi à gober un Flanby sans que rien ne ressorte par le nez… S’il vous reste encore un soupçon de curiosité, vous pouvez double-cliquer sur la boîte « Walk », et ensuite sur la boîte « WalkStraight », contenue dans la pre-

Informations utiles Pour télécharger Chorégraphe, il faut se rendre sur le site Internet www.aldebaran-robotics.com. Ensuite, rendez-vous dans la section « Découvrir Nao », puis dans « Programmable ». En bas de la page, vous aurez l'occasion de vous enregistrer sur le site et d’avoir ainsi accès au téléchargement de la version d'évaluation 1.3.17. Une documentation fait également partie du pack (accessible à partir du menu « Help » de Chorégraphe, une fois l'installation effectuée et le logiciel lancé). En cas de souci ou de question, votre compte utilisateur vous permettra de poster sur le forum de notre site Internet ! Si vous êtes très gentils et si vous nous envoyez suffisamment de viennoiseries par la poste, on pourrait même vous répondre !

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Tutoriels

DÉMARRER SUR

CHORÉGRAPHE

mière. Une fenêtre devrait alors s'ouvrir, montrant que toute la logique de cette petite boîte est décrite en script Python (figure 4). Dans un premier temps, nous pouvons nous concentrer sur la ligne suivante : « ALMotion. addWalkStraight (p, 35) ». Nous construisons ici un accès au module judicieusement nommé ALMotion, puisqu'il s'occupe de tous les mouvements de Nao. Sur ce module, nous appelons une méthode addWalkStraight, qui, comme tous les amateurs de Guinness et de Jelly toute flasque l'auront compris, permet au robot de marcher en ligne droite. Il reste à envoyer des paramètres pour compléter cette fameuse méthode : le « p ‰ » correspond à la distance transmise par la boîte précédente (0,6 mètre par défaut) alors que le « 35 » permet de paramétrer la vitesse de la marche. Il vous est tout à fait possible de modifier ces paramètres pour effectuer une marche différente à la prochaine lecture du comportement. Il se révèle donc relativement simple d'accéder à tous les « modules » tournant sur notre robot pour lui faire exécuter des choses sortant de l’ordinaire, dans la limite de ce que les développeurs d'Aldebaran vous auront proposé. La liste en question est disponible dans le menu « Help », puis dans « API Reference ». Sur un robot réel, les possibilités seront bien évidemment multipliées, plus de modules se révélant alors accessibles. Grâce à ce petit tutoriel, vous devriez avoir un aperçu de l'ensemble de l'application. Même si beaucoup de boîtes ne fonctionnent malheureusement pas encore sans robot, cela permet en l’état de se familiariser avec la logique de programmation. La place peut venir à manquer, mais ne ratez sous un aucun prétexte nos prochains tutoriels, qui vous laisseront tout loisir d’apprendre à programmer Nao afin qu'il vous apporte les frites et la mayonnaise pendant que vous geekez devant votre PC ! ■Emmanuel Pot

himself en plein test.

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Tutoriels TUTORIEL LEGO MINDSTORMS NXT 2.0 :

Apprenez la robotique tout en concevant

vos propres robots ! Pour donner suite au dossier du numéro précédent consacré à la découverte du coffret robots Lego Mindstorms NXT 2.0, nous allons aujourd'hui approfondir la mise en œuvre par la réalisation d'un robot original. Sans schéma de montage préexistant, nous définirons nous-mêmes ses éléments ainsi que son programme de mise en mouvement. Le coffret est suffisamment complet pour laisser libre cours à l'ingéniosité et à la créativité. Mais pour un apprentissage progressif, notre premier montage « fait maison » s'est porté sur la conception d'un bras robotisé traditionnel, utilisant l'essentiel des concepts de base.

Notre exemple de bras robotisé

DÉFINITION DU CAHIER DES CHARGES Côté mécanique, notre bras robotisé sera constitué d'une pince pouvant saisir des objets — sur laquelle sera monté un capteur de couleurs pour la détection des éléments. L'avantbras pourra s'articuler sur un plan de 180 degrés (90 degrés à gauche et 90 à droite). Le reste du bras sera fixé à un support stable — à larges pattes — sur lequel reposera la brique intelligente NXT, le cerveau de notre robot… Côté programmation, l'objectif souhaité est de pouvoir présenter un objet de couleur doté d’une pince ouverte. Une fois l'objet détecté, la pince se refermera dessus uni-

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quement s'il est rouge ou vert. Les autres cas de couleurs (bleu et jaune) ne seront donc pas saisis. Si l'objet est de couleur verte, le bras pivotera alors de 90 degrés sur la gauche puis lâchera l'objet en rouvrant sa pince. Si l'objet est de couleur rouge, le bras pivotera de 90 degrés sur la droite et lâchera également l'objet une fois arrivé. Dans les deux cas, la pince se refermera et le bras reviendra à sa position initiale afin de se présenter devant un nouvel objet, pince ouverte. Pour agrémenter notre programme, le robot prononcera le nom des couleurs détectées, de sa jolie voix métallique.

MONTAGE DU BRAS ROBOTISÉ La conception d'un tel montage ne présente pas de difficultés majeures. Le coffret Lego Mindstorms NXT 2.0 contient suffisamment de pièces riches et variées pour arriver à ses fins. L'essentiel est d'avancer progressivement, élément par élément, de l'assemblage de la pince à la fixation de l'ensemble sur le large support, brique intelligente NXT comprise. L'unique précaution consiste à renforcer les parties soumises à des forces particulières, comme les supports moteurs, la fixation du bras à la base ou encore la longueur des pattes (attention aux contrepoids !). Dans ce tutoriel, nous n'allons pas fournir toutes les étapes du montage comme dans les schémas traditionnels proposés par Lego, mais uniquement les étapes clés. 1. La pince La partie essentielle de la pince est un premier servomoteur sur lequel doivent être fixés le capteur de couleurs et les doigts destinés à saisir les objets (trois au total). La méthode la plus simple consiste à rattacher directement


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deux des doigts sur l'axe du servomoteur, tout en conservant le troisième immobile. Si l’on s’y prend bien, une telle pince peut s'ouvrir et se refermer largement. 2. Le bras La première partie du bras est l'avant-bras mobile sur lequel doit être fixée la pince ; la deuxième partie, celle qui est rattachée au support de base à larges pattes. Pour des raisons de stabilité et de force, deux servomoteurs sont utilisés pour cette partie mobile, faisant office de coude. À ce niveau, l'idéal réclame que le bras contienne un maximum de pièces destinées à le renforcer. Dans tous les cas, la partie mobile doit pouvoir s'articuler sur un plan de 180 degrés (90 degrés à gauche et 90 à droite). 3. La base La base doit être suffisamment stable pour supporter le poids et les mouvements du bras sur 180 degrés. La meilleure solution consiste à directement arrimer le bras contre la brique intelligente NXT, alourdie de ses six piles 1.5V LR6. Reste à surélever légèrement l'ensemble et de le faire reposer sur un certain nombre de pattes convenablement allongées (surtout dans le sens des mouvements). Ainsi assemblés, les câbles de raccordement du capteur de couleurs et des trois servomoteurs à la brique NXT devraient avoir l'amplitude nécessaire : Port 1 = capteur de couleurs. Port A = servomoteur de la pince. Ports B et C = servomoteurs du coude. PROGRAMMATION DU ROBOT Dans notre dossier de découverte du coffret robots Lego Mindstorms NXT 2.0, nous avions souligné l'ergonomie et tout le potentiel du logiciel de développement graphique NXT-G (proposé pour compatibles PC et Apple Macintosh). À travers ce tutoriel, nous allons maintenant voir la facilité et la rapidité de mise en œuvre pour un cas aussi concret que notre bras robotisé.

Capture_Logiciel_NXT-G : Logiciel de développement NXT-G.

Une fois le logiciel MINDSTORMS NXT lancé, choisissez l'option « Créer un nouveau programme » au centre du panneau en précisant, par exemple, le nom « arm-01 ». La conception du programme peut alors démarrer en suivant le cahier des charges. Notre programme se constitue de deux branches essentielles : la saisie et le déplacement d'un objet de couleur verte sur la gauche (à 90 degrés), ainsi que la saisie et le déplacement d'un objet de couleur rouge sur la droite (à 90 degrés). Les autres couleurs, bleu et jaune, n'étant pas traitées (branches secondaires). 1. Première branche : saisie et déplacement des objets verts Le programme commence donc par un objet « commutateur » (choix ou test) sélectionné à l'aide des icônes colorées dans la barre verticale de gauche du logiciel. Cet objet doit être conditionné par un « capteur de couleurs » (port 1), lui-même réglé pour la plage verte, qui déclenchera la première branche. La suite se définit de façon séquentielle : un objet « son » (fichier audio « Green ») ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (ports B et C, alimentation 20, 90 degrés vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le haut) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (ports B et C, alimentation 20, 90 degrés vers le haut) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le haut). Enfin, la deuxième branche doit s'exécuter si la première n'est pas déclenchée. 2. Deuxième branche : saisie et déplacement des objets rouges La deuxième branche commence également par un objet « commutateur » conditionné par un « capteur de couleurs » (port 1) luimême réglé pour la plage rouge. La suite se définit de façon séquentielle : un objet « son » (fichier audio « Red ») ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (ports B et C, alimentation 20, 90 degrés vers le haut) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le haut) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (ports B et C, alimentation 20, 90 degrés

vers le bas) ; un objet « attendre » (2 secondes) ; un objet « déplacer » (port A, alimentation 20, 75 degrés vers le haut). Enfin, la troisième branche doit s'exécuter si la deuxième n'est pas déclenchée. 3. Branches secondaires : couleurs non traitées (bleu et jaune) La troisième branche commence par un objet « commutateur » conditionné par un « capteur de couleurs » (port 1) lui-même réglé pour la plage bleue. Dans ce cas, seul un objet « son » (fichier audio « Blue ») est défini. La quatrième branche doit s'exécuter si la troisième n'est pas déclenchée. La quatrième branche commence également par un objet « commutateur » conditionné par un « capteur de couleurs » (port 1) luimême réglé pour la plage jaune. Dans ce cas, seul un objet « son » (fichier audio « Yellow ») est défini. La cinquième branche doit s'exécuter si la quatrième n'est pas déclenchée. Dans cette dernière branche, aucun objet ne se trouve défini (aucune action). Notre programme s'achève par un objet « boucle » qui englobe l'ensemble des branches et des objets définis, afin que tout le processus se répète tant que l'exécution n'est pas interrompue.

TEST ET BILAN Une fois le programme enregistré, le téléchargement vers la brique NXT peut s'effectuer via le câble USB. Au niveau de la brique, déroulez alors les menus « My Files/Software files/arm-01 » et cliquez sur « Run ». Le tour est joué ! Lorsqu'un objet est détecté, la pince se referme dessus s'il est rouge ou vert (uniquement). Si l'objet est de couleur verte, le bras pivote de 90 degrés sur la gauche puis lâche l'objet en rouvrant sa pince. Si l'objet est de couleur rouge, le bras pivote de 90 degrés sur la droite et lâche également l'objet une fois arrivé. Dans les deux cas, la pince se referme et le bras revient à sa position initiale pour un nouveau cycle. À travers ce tutoriel, nous avons approfondi — sans difficulté majeure — les bases de la robotique selon Lego. Toute la force du coffret Mindstorms NXT 2.0 a été mise en pratique : la richesse des 619 pièces, la simplicité de la brique intelligente NXT et la puissance du logiciel graphique NXT-G. Dès à présent, chacun peut mettre en œuvre son propre robot et le programmer en suivant ce modèle. (Remerciements à LEGO France S.A.)

■Sébastien Jeudy

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NEWS GADGETS & TENDANCES À VENIR BRACELETS TALKIES-WALKIES Dans le même ordre d'idée que le HDBT, cette paire de bracelets ressuscite les talkies-walkies de notre enfance. Évidemment, la technologie a un peu évolué. Plus question d’interférences avec les autres utilisateurs — et bonjour aux cinq kilomètres de portée, à l'affichage LCD et à l'activation par commande vocale ! Reste qu'à l'heure du téléphone mobile pour tous, le principe même du talkie-walkie a beaucoup perdu de son intérêt… Prix : 50 € LOGITECH MK710 Le pack clavier et souris sans fil nous a semblé une bonne idée, à un moment ou à un autre (généralement, avant d'en avoir essayé un et d'en avoir eu assez de voir l'ensemble tomber en panne régulièrement, toujours au pire moment, la faute en incombant à une batterie trop rapidement vidée). Logitech propose de pallier ce défaut avec la nouvelle MK710 et les trois ans de durée de vie de sa batterie ! Peutelle vraiment tenir cet engagement ? La réponse dans le numéro 38 de Planète Robots — à paraître en mars 2013 ?… Prix : 100 € JXD V3 La JXD, petite console de jeux et lecteur multimédia open source, débarque dans une troisième version, avec un nouveau design « coquillage » inspiré de la Nintendo DS. Autres nouveautés de cette nouvelle version, un tuner FM et une webcam intégrés, pour un rapport puissance/prix toujours aussi imbattable. Prix : 120 €

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BAGUETTE TÉLÉCOMMANDE Pour les fanas du sorcier à la cicatrice, cette nouvelle télécommande universelle commercialisée par Kymera est tout simplement indispensable ! Elle se présente sous la forme d'une baguette magique et il suffit de l'agiter selon certains mouvements prédéfinis devant sa télévision pour la contrôler. Notre sort préféré ? Nolife, sur le canal 123 ! Prix : 50 €

HDBT 990 Après les oreillettes Bluetooth pour téléphoner sans fil, voici que débarquent les bracelets Bluetooth. Le principe reste le même (un simple micro sans fil) mais l'appareil, bien plus discret, peut être porté toute la journée. Et puis ne nous mentons pas : nous avons tous rêvé de parler dans notre montre — façon James Bond ! Prix : 90 €

EZ VIDEO2PC Vous souvenez-vous de ces grosses boîtes noires que l'on nous proposait avant l’avènement des DVD ? Ces choses que l'on appelait des vidéocassettes sont en train de se démagnétiser dans votre grenier ! Vous ne voudriez pourtant pas perdre les précieux souvenirs de vos vacances de 1996 ou ces quelques émissions du Club Dorothée que vous aviez enregistrées pour ne pas louper la rubrique jeux vidéo de notre Cyril Drevet national, n'est-ce pas ? Avec le Video2PC, vous pourrez sauvegarder tous ces trésors sur n'importe quel PC doté d'un port USB. Prix : 40 €


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Rémi Legris LASER COSMOS Les lumières de la ville vous empêchent de distinguer clairement les étoiles ? Vous ne vous souvenez plus à quand remonte la dernière fois que vous avez pu contempler la Voie lactée ? Fermez les volets et allumez le Laser Cosmos, pour transformer votre plafond en planétarium 3D ! Les galaxies générées étant aléatoires, l'intérêt pédagogique du Laser Cosmos apparaît limité. En revanche, il est parfait pour se relaxer après un bouclage éprouvant… Prix : 130 €

MONTRE BINAIRE Qui n'a rêvé d'avoir une montre affichant l'heure en binaire? Probablement tout le monde… Avec la montre binaire d'Ovo, vous serez toujours en retard, la faute en incombant à ces dix minutes perdues à essayer de comprendre ce qu'elle peut bien indiquer. L'avantage d'un tel produit? Il en sera de même pour tous les gens qui vous demanderont l'heure… Prix : de 20 €

RÉCHAUFFEUR DE TASSE USB Tous en ont déjà fait l'expérience: servezvous un petit thé pendant que vous travaillez sur un ordinateur — et vous pou-

vez être sûr que la boisson sera froide d'ici à ce que vous la buviez. C'est là qu'entre en scène le réchauffeur de tasse USB! En fait de réchauffeur, ce genre de produit ne fait que ralentir la vitesse à laquelle refroidit votre thé. Mais pour ce que ça coûte, c'est toujours ça de pris! Prix : 10 €

CANNE À PÊCHE DE POCHE L'imagination des concepteurs ne cessera jamais de nous étonner. Prenez par exemple la Pen Fishing Rod Company, leader de la canne à pêche de poche. Partie d'une constatation toute simple, que l'on n’a jamais de canne à pêche sur soi quand on en a besoin (?), la société s'est lancée avec le Penrod sur le marché prometteur de la gaule de poche. Bientôt dans vos kiosques… Planète Penrods? Prix : 25 €

KEYFINDER Voici une innovation absolument géniale: le « trouve-clés »! Le concept en est simplicissime: trois porte-clés équipés d’un buzzer, et une simple pression sur une petite télécommande fournie permet de les faire sonner. Un gadget comme celuilà représente des heures de votre vie à chercher où peuvent bien s'être cachés vos maudits trousseaux! Prix : 20 €

AIR MOUSE ELITE Et si on faisait fusionner une souris avec la manette à reconnaissance de mouvement de la Nintendo Wii ? Cette drôle d'idée, Movea l'a concrétisée avec la série des Air Mouse, qui vous fera gesticuler devant votre ordinateur. Réservée aux utilisateurs de Windows, cette souris permet de contrôler son ordinateur en un tour de main. Littéralement… Prix : 100 €

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NEWS Innovations & Concepts du futur

Rémi Legris et Vanessa Martineau GEEKPHONE ONE Son nom est déjà tout un programme ! On ne sait pas grand-chose sur cet appareil développé par quelques passionnés espagnols de téléphonie, si ce n'est qu'il embarquera Android et qu'il est annoncé comme le plus ouvert des téléphones à ce jour. Un projet prometteur, que l'on suivra avec intérêt…

VOLVO S60 Volvo vient d'annoncer l'intégration, dans la nouvelle S60 (prévue pour 2 011), d'un système de détection des piétons. Directement relié aux commandes de contrôle, le véhicule devrait être capable de ralentir et de s'arrêter automatiquement pour éviter

une collision. Souhaitons que cette technologie ne soit jamais intégrée dans les jeux vidéo — le prochain GTA serait alors beaucoup moins amusant ! TICTOC On n'en finit pas d'inventer de nouvelles manières d'interagir avec nos appareils électroniques ! Cette fois, c'est Samsung qui innove avec le TicToc, un minilecteur MP3 proche de l'iPod Shuffle. Il suffira de le secouer pour accéder aux différentes fonctions, comme rejouer ou sauter un fichier.

LASER À MOUSTIQUES Une idée originale pour endiguer le paludisme — transmis par les moustiques anophèles — en Afrique, le laser létal ! Le laboratoire Intellectual Venture a mis au point une plateforme laser capable de détecter, de cibler et de tuer les moustiques en plein vol (le tout en moins d'une seconde par insecte). Des études sont en cours pour déterminer la faisabilité du déploiement d’un tel dispositif dans les régions les plus tou-

chées par la parasitose.

PROJECTEUR DLP PICO Les spécialistes s'accordent là-dessus : la prochaine grande innovation qui interviendra sur les téléphones portables sera la vidéoprojection intégrée. Jusqu'à maintenant, la technologie n'apparaissait pas très au point. Seulement jusqu'à maintenant — puisque Texas Instruments, concepteur bien connu de microprocesseurs, vient d'annoncer la mise sur le marché de la puce DLP Pico : plus petite, moins chère, plus autonome et avec une meilleure image, elle est disponible dès maintenant auprès des fabricants de mobiles.

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CHARGEUR LAISSE Après le chargeur à doigt du dernier numéro, voici le chargeur… laisse de chien ! Fido, la marque bien connue des clébards, vient d'annoncer une laisse utilisant les va-et-vient de votre compagnon canin pour recharger une petite batterie intégrée. Et lorsque vous tombez à court d'électricité, c'est qu'il est à nouveau temps de le promener !

L'ORDINATEUR COMPACT ÉCOLO DELL Paulina Carlos, jeune designer, s'est fait connaître grâce à un concept ingénieux lors d'un concours organisé par Dell. Le principe en est simple : un boîtier dont le gabarit n'excède pas celui d'un clavier contient à lui seul la centrale, le clavier et l'écran… Au milieu dudit boîtier se trouve une bosse surmontée de deux projecteurs (un à l'avant et un à l'arrière). Le premier projette l'écran sur votre mur, tandis que le deuxième projette le clavier sur votre table. La partie droite du boîtier présente une fente qui per-


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met d'insérer un DVD et la partie gauche propose des ports USB. Dell, toujours plus soucieux de réduire notre empreinte écologique, nous assure que le boîtier coloré aurait été fabriqué en amidon biodégradable à base de polymères… L'EKOKOOK : LA CUISINE ÉCOLOGIQUE DE DEMAIN Cette cuisine a été conçue pour répondre aux impératifs d’un projet de recherche prospective globale portant sur l'éco-habitat. Chaque composant de la cuisine est utilisé comme support d'une idée écologique. Ce projet envisage quatre objectifs : une bonne gestion des déchets, une cuisine saine, une réduction de la consommation énergétique et un stockage intelligent. L’Ekokook comporte plusieurs types d'aménagements qui lui permettent de trier, de traiter, de conditionner, de laver et de stocker les déchets organiques et les détritus solides et liquides. Petit exemple : l'épluchage des carottes se termine par le dépôt des épluchages directement du plan de travail à un compartiment où

grouillent des lombrics. De la même manière, lorsqu'on lave une salade, il est possible de conserver l'eau pour l'arrosage des plantes (dans de petits bacs situés juste au-dessus, ou alors dans la maison). La poubelle recueillant les ordures se compose de cinq unités de traitement : pour le verre, le papier, les plastiques, les métaux et le tout-venant. Un système a été installé dans chaque compartiment pour réduire le volume des déchets à y déposer. Enfin, pour aller jusqu'au bout en matière d'écologie des matériaux, un processus de fabrication ayant un faible impact sur l'environnement a été utilisé pour l’élaboration du tout. MU SPACE, UN CONCEPT DE COUSSIN MP3 Mu Space est un concept de coussin MP3. L’anse dont il est équipé le rend transportable et ses deux enceintes orientables placées sur les deux parties latérales permettent une diffusion de la musique grâce à un MP3 présentant un port USB et un lecteur de carte SD. À nous la relaxation avant de tomber dans les bras de

Morphée ! Cela n'a rien de technologiquement révolutionnaire — néanmoins un tel objet peut avoir une réelle utilité lors de vos déplacements ou au travail, lors des pauses… Designers : Yuan-Hao Hsu et Lin Tzu Hsuan

IMPRIMANTE VIDÉO POLAROID La Movie Polaroid Camera conserve l'esprit du concept déjà utilisé pour les appareils photo Polaroid. Il imprime des vidéos sur papier flexible et tactile juste après que vous avez filmé la scène. L'appareil capte aussi bien l'image que le son et utilise la technologie du graphène. Pour alimenter l'appareil photo, il suffit de le secouer, et le tour est joué ! L'avantage de ces films sur papier flexible ? Ils se révèlent facilement transportables et pourront parfaitement se glisser dans votre poche ou votre portefeuille ! Designer : Kim Hyun Joong

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Open your mind

La Canne Blanche est soutenue par le Lions Clubs

LA CANNE BLANCHE ÉLECTRONIQUE UN PAS DE PLUS VERS UNE PLUS

GRANDE AUTONOMIE ! Développée par le CNRS, la canne blanche électronique est un outil permettant d'améliorer l'autonomie et la sécurité des malvoyants. N'avons-nous pas vu fleurir dans nos kiosques, il y a quelques mois, des affiches nous enjoignant de « résister » au progrès ? (On notera le procédé assez douteux quant au choix des mots.) Pourtant, cette technologie honnie — et en l'occurrence celle du rayonnement infrarouge, exploité aussi bien par la canne blanche électronique que par la robotique — permet réellement aux non-voyants d'améliorer leur qualité de vie. Une publication du CNRS à ce sujet, Évaluation objective de la locomotion (R. Damaschini, C. Grégoire, R. Leroux et R. Farcy, 2006), indique que dans tous les cas de figure, l'autonomie de la personne malvoyante est systématiquement et sensiblement améliorée au moyen de la canne blanche électronique, par rapport à la canne blanche traditionnelle. Des utilisateurs de cannes blanches électroniques Tom Pouce. Le Télétact est le modèle haut de gamme.

L’appellation « canne blanche électronique » ne désigne pas un produit, voire une technologie spécifique, mais un capteur qui regroupe tous les dispositifs électroniques capables de retranscrire l'information visuelle sous une forme différente, auditive ou tactile. Quelques tentatives avaient eu lieu dès les années 1980 avec des appareils reliant un sonar à ultrasons à de petits haut-parleurs, mais ces expérimentations s’étaient soldées par des échecs retentissants (la technologie manquait de fiabilité et l'inconfort auditif qui en résultait pour la personne malvoyante était jugé trop important par rapport à l'avantage procuré…). UN PRINCIPE BASÉ SUR LES ONDES LUMINEUSES Aujourd'hui, les interfaces électrotactiles ont finalement fait consensus : elles permettent un retour d'information précis à l'utilisateur, pour une gêne minimale de ses autres sens. Au niveau des technologies de détection en ellesmêmes, elles se résument principalement à deux solutions basées sur la profilométrie optique, par la mesure des distances au moyen des ondes lumineuses. La première — l'application la plus simple de la profilométrie optique — est basée sur une

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■Rémi Legris

onde lumineuse infrarouge classique, selon le principe utilisé par le robot Nao pour apprécier les distances. Elle ne donne à la personne malvoyante qu'une information minimale, la distance à parcourir jusqu'au prochain obstacle une fois la direction pointée et permet une prise en main plus rapide et plus facile. De plus, elle revient bien moins cher (environ 650 euros pour le Tom Pouce, le modèle le plus répandu). La seconde (le Télétact), plus complexe, met en œuvre un faisceau laser inoffensif qui permet de reconstituer sur l'interface tactile non seulement les distances dans une direction donnée, mais aussi la forme et la taille des objets visibles. Proposant un retour d'information plus riche, elle se révèle aussi plus difficile d'utilisation et demande une période de formation plus longue. Les différents outils basés sur cette technologie ont en outre un coût bien plus élevé (environ 2 500 euros). UNE MÉFIANCE INFONDÉE ENVERS L’INFRAROUGE La technologie a toujours engendré la méfiance et cette tendance s'est malheureusement intensifiée ces dernières années.

Question : pourquoi résister à ce qui peut nous soulager ?


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par Cyril Drevet

le Test

jeux vidéo

NEWS

GLOBAL AGENDA

Un PC, une bonne connexion Internet — et vous voici propulsé en 2155 ! Global Agenda est ce que l’on appelle un MMO, autrement dit un jeu multijoueur online. Pour les « non-geeks »:un jeu qui repose sur un monde persistant, que vous partagez avec les milliers de joueurs qui seront connectés en même temps que vous — le plus célèbre exemple de MMO étant World of Warcraft. Sauf que WOW est un jeu de rôle (un MMORPG, donc) alors que Global Agenda est un jeu d’action… Vous y êtes équipé d’une combinaison de combat dotée d’un jetpack (deux propulseurs en guise de sac à dos) pour voler de lieu en lieu sans effort. Ensuite, le principe se révèle simple :il faut casser du robot, en solitaire ou en coopération. Vous récupérerez évidemment des armes variées au fil des parties, allant du simple gun à l’arme de destruction massive. Mieux vaut donc être un adepte du jeu en réseau pour vraiment apprécier Global Agenda, surtout que les graphismes sont bons, mais sans plus, et que les terrains (les « maps ») n’ont pas vraiment bénéficié d’une inventivité débordante. Et comme toujours pour les jeux en réseau, le mode de commercialisation de Global Agenda apparaît particulier. Ainsi, soit vous ne déboursez que 45 € — pour acheter le jeu de façon classique (mais vous n’aurez pas accès à toutes les fonctionnalités) —, soit vous acceptez de payer en plus un

À venir

abonnement mensuel de 11 € par mois (qui vous garantit la totale), sachant que seul le mode complet réserve un minimum d’intérêt. Donc un jeu à réserver aux purs « gamers », à moins d’avoir vraiment un besoin viscéral de shooter sur des robots mal lunés. Difficile, tout de même, de se taper un abonnement mensuel pour ça… Global Agenda Sur PC (connexion Internet obligatoire) Éditeur : Hi-Rez Studio

ASTRO BOY, THE VIDEO GAME

Cela ne vous a pas échappé : Astro Boy (Astro le petit robot pour les bons Français que nous sommes), l’œuvre magistrale du père des mangakas Osamu Tezuka, vient d’être adaptée au cinéma sous la forme d’un film d’animation en images de synthèse. Et merveille du marketing moderne, ce nouveau jeu vidéo est donc adapté… d’un film ! Ceux qui ont conservé leur (désormais) vieille PlayStation 2, ou ceux qui ont la chance de posséder comme moi les premières séries de PlayStation 3 (rétrocompatibles avec la PS2) vont être contents, puisque ce jeu leur est réservé (aux possesseurs de Nintendo DS et de PSP

aussi). Ce qui veut dire, les plus avertis d’entre vous l’auront compris, que ce titre passionnera les plus jeunes. Et effectivement, d’après les premières démos que nous avons pu visionner, c’est un jeu de plates-formes plutôt classique, comportant des aspects de jeu de tir. Le personnage semble en tout cas fidèlement reproduit et l’univers conforme au film. Sortie prévue pour ce trimestre…

Astro Boy : The Video Game Pour PS 2, DS et PSP Éditeur : D3

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NEWS DVD, BD, livres, ciné Ciné

Iron Man 2

Iron Man est un super-héros créé pour Marvel Comics en 1963 par Stan Lee, qui avait déjà imaginé Spider-Man, Daredevil et Les Quatre Fantastiques. Son corps est celui d'un humain, sans pouvoirs particuliers — mais son armure, de haute conception technologique, lui permet d'atteindre Mach 5 en vol et lui confère une force quasi surhumaine. Elle est de plus équipée de multiples armes, de senseurs, d'un système de soins, etc. Le monde sait désormais que l'inventeur milliardaire Tony Stark et le superhéros Iron Man ne font qu'un. Malgré la pression du gouvernement, de la presse et du public pour qu'il partage sa technologie avec l'armée, Tony n'est pas disposé à divulguer ses secrets, redoutant que l'information n'atterrisse dans de mauvaises mains. Avec Pepper Potts et James « Rhodey » Rhodes à ses côtés, il va forger de nouvelles alliances et affronter une flopée d'ennemis tout-puissants... Réalisateur : Jon Favreau - Distributeur : Paramount Sortie : 28 avril

Roman

La dernière invention

Karim, jeune étudiant en journalisme, termine ses études par une enquête scientifique sur le cerveau. Mis en relation avec d'éminents savants, le jeune homme prend subitement conscience que les progrès en la matière sont si importants qu'ils dépassent largement le domaine de la science. Ses certitudes sont mises à rude épreuve lorsqu'il rencontre le professeur Carbone, un neurophysicien, véritable apprenti sorcier de la prochaine étape évolutive de l'espèce humaine. Ou encore lorsqu'il assiste à des conférences sur l'intelligence artificielle, où des chercheurs affirment et font la démonstration qu'un « robot-sapien » est en gestation. Parallèlement, il doit s'accommoder d'un rêve récurrent au cours duquel des révélations d'origine divine lui sont faites et où une mission lui est confiée : dénoncer les dérives de la science. Comment ne pas devenir fou ? Heureusement, il y a Charlotte... Mais Charlotte existe-t-elle vraiment ?... Auteur : Malika Boulais - Éditeur : ÉdiLivre

Roman

Avogadro, l’audacieuse théorie du probable

En l'an 2000, les femmes robots sont une réalité au Japon... Elles font l'objet de reportages, sont déjà enseignantes, gardes-malades ou speakrines... Le temps passe et des siècles s'écoulent, porteurs des passions et révélateurs des gloires d'une humanité toujours en progression, tandis que la communauté des Roboïdes, embusquée, insaisissable et silencieuse, pourrait prétendre au contrôle de ses pulsions et de ses rêves. Rejetant le monde formaté qu'un membre du Haut Commandement intergalactique souhaite de tous ses vœux, deux jeunes physiciens chercheurs choisissent d'exprimer activement leur malaise pour retrouver le chemin de leur conscience, de leurs émotions et de leurs sentiments, dans un univers aux multiples facettes et aux innombrables dimensions... Établie dans la région nantaise, l'auteur suit avec le plus grand intérêt les conférences de la Société d'Astronomie de Nantes. Francoise Du Clairais signe là son premier roman de science-fiction. Auteur : Françoise Du Clairais - Éditeur : Amalthée

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ciné, livres, BD, DVD

NEWS Par Screetch

Livre technique

Traité de robotique - Les architectures

(volume I)

L'ouvrage : niveau C (Master, écoles d'ingénieurs, recherche). Ce premier ouvrage, d'une série de trois, présente la schématisation et la modélisation de toutes les architectures, ainsi que les outils mathématiques nécessaires aux mises en équations des modèles des différentes commandes. Des architectures de chaque type sont entièrement traitées : chaînes ouvertes, chaînes fermées planes et spatiales, robots parallèles, architectures de type lombric ou trompe d'éléphant, robots mobiles à trois et à quatre roues, à plusieurs pattes — ainsi qu'une approche des architectures souples. Des architectures polyarticulées et de type humanoïde sont modélisées et mises en équations pour les différentes commandes. Pour chacune d'entre elles, plusieurs conceptions de structures et de méthodes de mise en équations sont entièrement développées et comparées pour une optimisation. Enfin, tous les formalismes sont développés à l'aide de la schématisation, de la modélisation et du paramétrage présentés. Auteur : Charles Bop - Éditeur : Ellipses Sortie : 21 janvier

DVD

Caprica

(épisode pilote)

Caprica est une série télévisée américaine de science-fiction issue de la franchise Battlestar Galactica. La série se déroule sur la planète fictive de Caprica, cinquante-huit ans avant les événements décrits dans Battlestar Galactica. Elle raconte l'histoire des Douze Colonies, en paix et vivant dans une société pas tellement différente de la nôtre. Mais l'importante technologie et une avancée considérable en robotique permettent de réaliser le rêve ancestral de concilier intelligence artificielle et corps mécaniques, pour créer les premiers robots vivants, les Cylons. Un tel succès robotique conduira inéluctablement à une première guerre contre ces grille-pains. La série n'a bien sûr absolument rien à voir avec Caprica 2010, l'événement créé par l'association Caliban (voir page 28). Réalisateurs : Remi Aubuchon, David Eick et Ronald D. Moore Distributeur : Universal - Sortie : 21 avril

DVD

Clones

(The Surrogates)

Deux agents du FBI , enquêtent sur le meurtre mystérieux d'un étudiant, lié semble-t-il à un homme qui a contribué à mettre au point une invention permettant désormais aux gens d'acheter des versions robotisées d'euxmêmes - des doubles sans défaut qui, commandés à distance, effectuent les tâches à leur place et les font vivre par procuration, leur épargnant de quitter le confort du foyer. Cette révolution technologique soulève bientôt une grave question : dans ce monde d'apparences, qui est réel et à qui peut-on se fier ?... Le film est fondé, en partie, sur les travaux du docteur Hiroshi Ishiguro (en photo). Ce dernier est visible au début du film, dans l'introduction. Bonus DVD — Commentaires audio du réalisateur, Jonathan Mostow — Vidéoclip : I Will Not Bow, par Breaking Benjamin

Réalisateur : Jonathan Mostow - Distributeur : Touchstone Home Entertainment

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NEWS DVD, BD, livres, ciné DVD/BR

Manga

Astro Boy

Robot #04

Décidément, l'actualité d'Astro Boy est en effervescence, puisque dans la même rubrique, nous présentons le tome cinq du manga et le DVD du film. Rappel : Toby pense être un enfant comme les autres... jusqu'au jour où il découvre qu'il peut s'envoler, possède une force surhumaine et même des superpouvoirs ! Apprenant qu'il est en fait un robot créé par un scientifique de génie qui le considère comme son enfant, il panique et s'enfuit... Et va pourtant se rendre compte que sa ville, Metro City, a besoin d'un justicier, et que son courage et ses pouvoirs font de lui un robot hors du commun !... Bonus DVD Suppléments : — La naissance d'un héros — La conception de Metro City Galerie photos : — Le look Astro Boy — Courts métrages Réalisateur : David Bowers - Distributeur : M6 Vidéo - Sortie : 14 avril

Robot est une série de livres (artbooks) contenant les dessins (indépendants ou sous la forme de courtes histoires) de divers artistes asiatiques. La série a été créée par Range Murata, pour permettre à des artistes prenant de l'importance de voir leurs œuvres publiées. Au Japon, le premier volume a été publié le 21 octobre 2004. La série est actuellement composée de dix volumes. Toujours somptueux, en grand format et intégralement en couleurs, Robot poursuit les histoires entamées dans les volumes précédents, sous la plume des plus grands dessinateurs du moment. On admirera en particulier le stupéfiant Memory of Childhood d'Enomoto et le sulfureux Dragon Fly, écrit et dessiné par Shigeki Maeshima. Du grand art !... Auteur : collectif - Éditeur : Glénat Sortie : 24 mars

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Manga

Astro Boy

tome #5

Astro Boy a des soucis à se faire ! Un mystérieux inventeur a créé le robot le plus fort du monde ! Baptisé « Pluto », il a pour mission de vaincre les sept meilleurs robots du monde. Après avoir vaincu Mont-Blanc, le robot le plus redoutable de Suisse, il s'attaque à Astro Boy, mais le professeur Tenma s'interpose ! N'ayant pas été programmé pour combattre les humains, Pluto est obligé de renoncer ! Mais pas pour longtemps, puisqu'il est bien décidé à devenir le king de tous les robots... Y parviendra-t-il ? Cet album conclut la réédition des premiers abums d'Astro Boy, parus originellement en 1952. Auteur : Osamu Tezuka Éditeur : Kana


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CINÉMA NEWS MONDWEST - RUNAWAY, L'ÉVADÉ DU FUTUR

HORS DE CONTRÔLE !… Après avoir écrit plusieurs romans d’espionnage sous différents pseudonymes (John Lange, Jeffery Hudson) dans la deuxième partie des sixties, Michael Crichton (mort en 2008) se spécialisa ensuite dans le techno-thriller. Bon nombre de ses bouquins, tous genres confondus (La variété Andromède, L’homme terminal, Harcèlement, Sphère, Congo ou encore Prisonniers du temps, entre autres), ont fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Partant du principe qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Crichton réalisa Mondwest en 1973 (WestWorld en version originale). Il en écrivit également le scénario, lequel nous relate les mésaventures de Peter Martin et de John Blane, deux hommes d’affaires originaires de Chicago qui décident de s’octroyer quelques jours de repos mérité à Delos, une petite localité située en plein désert. On y trouve un parc d’attractions d’un nouveau genre (il offre à ses visiteurs la possibilité de revivre à leur guise une époque du passé). Trois choix leur sont proposés : la Rome antique, l’époque médiévale et le Far West. Ils peuvent ainsi, au gré de leurs envies, soit combattre des gladiateurs dans l’arène, soit livrer des tournois contre des chevaliers ou encore provoquer des pistoleros toujours prompts à dégainer leurs colts, avant d’aller se désaltérer dans un saloon en compagnie de jeunes femmes aux mœurs légères. Ces diverses attractions sont apparemment sans danger puisque les adversaires des touristes ne sont en réalité que de simples robots à l’apparence humaine, programmés pour satisfaire leurs moindres désirs. Mais il y a un hic : malgré toutes les précautions et les mesures de sécurité prises par le centre opérationnel de ce parc, les événements prennent une fâcheuse tournure lorsqu’un des robots cowboys échappe à tout contrôle et se met à défourailler sur tout ce qui bouge. Le dysfonctionnement finit par s’étendre au parc tout entier, semant la panique et provoquant la mort de plusieurs touristes…

Affiche de WestWorld, le titre originale de Mondwest.

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Tom Selleck, le héros de Runaway, pourchasse des robots dissidents.

Mondwest : quand des animatronics se révoltent dans un parc d'attractions.

« doubles » ont été préalablement programmés pour sauver l’Humanité de la folie destructrice des hommes. Les deux journalistes finiront par anéantir les doubles et feront échouer le plan in extremis… CES MACHINES QUI DÉMÉNAGENT…

LE YUL À ZÉRO Dans la « peau » du robot cow-boy qui se détraque et se retourne contre les humains, on retrouve le talentueux Yul Brynner, qui faisait ici une sorte de clin d’œil au personnage de Chris (tout de noir vêtu), qu’il avait incarné en 1960 dans le mythique western de John Sturges, Les sept mercenaires, un remake du film japonais Les sept samouraïs (le chefd’œuvre qu’Akira Kurosawa réalisa en 1954). La silhouette de Yul, avançant implacablement à la poursuite des humains, préfigure le Terminator incarné par Schwarzie. Mondwest annonçait également l’un des thèmes de la trilogie Jurassic Park, Jurassic Park, le monde perdu et Jurassic Park 3 : les « attractions » d’un parc de loisirs à thème qui n’en font

qu’à leur tête (cette fois-là, il s’agira de vrais dinosaures ramenés à la vie grâce à des manipulations génétiques, qui terrorisent et dévorent les visiteurs). En 1976, dans une suite de Mondwest intitulée Les rescapés du futur, réalisée cette fois-ci par Richard T. Heffron, des journalistes et un certain nombre de personnalités triées sur le volet sont gracieusement invités à Delos après la remise en état du parc d’attractions, aux fins de constater que désormais tout fonctionne au petit poil. Chuck Browning et Tracy Ballard, deux reporters, ne vont pas tarder à flairer un complot diabolique : en fait les personnalités invitées sont discrètement enlevées les unes après les autres et immédiatement remplacées par un robot — leur sosie ! Ces

Après Mondwest, Crichton innova en nous décrivant en 1984 dans Runaway -– L’évadé du futur (dont il rédigea également le scénario) une révolte de robots déréglés, cette fois-ci non humanoïdes, puisqu’on avait affaire, cette fois, à des machines purement fonctionnelles (des meubles, du matériel agricole ou de l’électroménager). L’action du film se déroule dans un futur proche où les robots se montrent omniprésents et régissent désormais les moindres détails de la vie quotidienne. Quand certains d’entre eux se mettent à partir en vrille, on crée une unité de police dont la mission est de neutraliser ces « déviants » (runaways), qui représentent une véritable menace pour la société. C’est ainsi qu’un jour, le sergent Jack Ramsay et sa coéquipière, l’officier Karen Thompson, après avoir éliminé plusieurs de ces déviants devenus incontrôlables, découvrent qu’on leur a implanté une puce électronique capable de transformer n’importe quel robot domestique inoffensif en une impitoyable machine à tuer. Le Dr Charles Luther (interprété par Gene Simmons, le bassiste de Kiss), le savant fou instigateur de ce plan machiavélique, n’hésitera pas à enlever le fils de Ramsay pour mener à bien son projet délirant. Équipé de tout un arsenal de missiles à tête chercheuse, il sera pourtant tué par ses propres robots — qui ressemblent à des araignées… électroniques (et préfigurent celles qu’on verra en 2002 dans Minority Report)…

■Josèphe Ghenzer

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Open your mind Par Cyril Drevet, journaliste TV

SYSTÈME D’INFOTAINMENT EMBARQUÉ ROBOTISÉ AIDA

AUDI ENTRE DANS LA DANSE ! Audi veut nous propulser dans le monde de Star Wars ! En partenariat avec le MIT, le constructeur allemand vient de développer AIDA, un robot articulé intégré dans le tableau de bord… Une sorte de D2R2 qui pourra vous assister dans la conduite de votre voiture. Enquête sur ce qui sera peut-être votre futur compagnon de voyage !…

Mais à quoi peut donc bien servir un robot qui sort la tête de la console centrale de votre auto ? Le professeur Carlo Ratti, directeur du SENSECity Lab, le laboratoire du MIT en charge de ce programme, l’explique : « Avec la multiplication des capteurs et des ordinateurs embarqués, les informations que doit gérer le conducteur prolifèrent. AIDA marque une nouvelle voie pour domestiquer ce flux croissant de données et réussir à ce que nos aides électroniques guident efficacement notre comportement au volant. » Autrement dit, le principe d’AIDA (pour Affective Intelligent Driving Agent) consiste à regrouper toutes les informations qui proviennent des différents capteurs de la voiture (de l’ESP à un radar de collision en passant par celui de la pression des pneus ou le système de navigation) et de ne vous donner ces informations que lorsqu’elles se révèlent néces-

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saires, voire capitales. Exemple : tant qu’il n’y a pas de problème de dégonflement du pneu, cela ne vous sert à rien d’avoir cette information affichée en permanence… AIDA choisira le bon moment pour vous l’annoncer, en l’occurrence lorsqu’il sera temps de regonfler ledit pneu... Audi veut en faire un véritable assistant personnel de conduite. MASTER AND SERVANT Et AIDA va même plus loin : non seulement il analyse en permanence tous les paramètres de la voiture et de son environnement (par des radars de proximité, et les informations du GPS) mais d’après Carlo Ratti il analyse aussi son conducteur… « Nous avons développé les facultés d’AIDA pour décrypter les expressions du visage du conducteur et tous les détails qui peuvent indiquer son humeur, son état de fatigue

ou de nervosité, afin qu’il lui donne des conseils pour adopter un comportement social le plus correct possible. » C’est peut-être la partie la plus délicate de ce projet car cela revient à avoir un inspecteur d’auto-école, un gendarme — en somme un véritable « Big Brother » — en permanence à vos côtés. Beaucoup de conducteurs ne seront certainement pas enchantés d’une telle perspective. Et pourtant cela pourrait bien changer complètement notre comportement au volant et sauver des vies (AIDA peut, par exemple, vous obliger à vous arrêter s’il juge que vous êtes trop fatigué pour continuer de rouler…). Mais par quel mode de communication AIDA va-t-il s’adresser à vous ? Par synthèse vocale, bien sûr, mais aussi par ses émotions ! Son visage affiche à l’aide de diodes des mimiques suggestives (tristesse, joie, mécontente-


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“AIDA peut, par exemple, vous obliger à vous arrêter s’il juge que vous êtes trop fatigué.”

Crédits photos : MIT SENSEable City Lab and Personal Robots Group of Media Lab.

AIDA trône sur le tableau de bord. Il reçoit les données des capteurs de la voiture. Il optimise vos parcours en contrôlant le système de navigation.

ment…) et même des symboles d’alerte de danger. Une bonne réaction au volant — et AIDA vous gratifie d’un clin d’œil, voire d’un sourire s’il est vraiment satisfait de votre conduite ! À terme, les créateurs d’AIDA parient qu’une relation affective entre le robot et le conducteur va se tisser, chacun s’adaptant à l’autre, ce qui, d’après les responsables du programme, ne peut avoir qu’une influence positive sur la conduite. Pas sûr que les amateurs du plaisir de conduire soient du même avis ! Plus étonnant encore : pour être totalement en symbiose avec le conducteur, AIDA analyse également les déplacements de son « maître ».Il contrôle totalement le système de navigation avec GPS en mémorisant les trajets les plus fréquents ou les routes préférées. À partir de ces observations, il va proposer des optimisations de ces trajets et ajouter des informations en « temps réel » qu’il va glaner par satellite, pour vous alerter des dangers ou

des difficultés que vous pouvez rencontrer. Et même des infos événementielles comme la météo sur le parcours, des promotions commerciales, des renseignements touristiques… C’est un peu comme si votre passager était omniscient et ultra-informé — c’est un peu effrayant mais totalement fascinant !… Et d’après Assaf Bidermann, l’adjoint de Carlo Ratti, en l’état du développement AIDA est déjà très doué : « En moins d’une semaine, AIDA sait où vous habitez et où se trouve votre lieu de travail. Rapidement, il est capable de vous diriger vers votre épicier préféré en suggérant un trajet qui évite une route notoirement embouteillée. Sur le chemin, il va vous recommander de vous arrêter à une station-service si le niveau de votre réservoir commence à être limite. » Et Biderman conclut : « AIDA va aussi vous donner son avis sur votre conduite pour vous aider à moins consommer et à conduire plus prudemment… » Pour l’instant, AIDA n’est qu’un prototype de laboratoire et Audi ne prévoit aucune com-

mercialisation… Mais vu le degré de réussite du projet, on peut parier que la marque aux anneaux va en tirer de nombreuses applications pour de futurs modèles de série. ■

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Open your mind

MORPHOS/EFIKA

UN ROBOT NOMMÉ DÉSIR Vous l'avez sans doute lu dans le numéro 2 de Planète Robots : une partie de l'équipe de votre magazine fétiche était présente à l'Alchimie, le plus grand rassemblement Amiga organisé en France et peutêtre même dans le monde ! Ce dernier a réuni les utilisateurs de ces ordinateurs sortis à la fin des années 1980 et au début des années 1990 — mais saviez-vous qu'ils avaient continué leur chemin bien après la faillite de Commodore, la maison mère ?

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En effet, depuis le début des années 2000, deux solutions matérielles et logicielles s'offrent aux fanas de la marque à la balle rebondissante (souvenez-vous de la « Boing Ball », symbole de l'Amiga, qui a fini par en devenir le logo). D'un côté, une solution « officielle » qui porte le nom de la marque, la machine AmigaOne qui permet de faire tourner le système AmigaOS 4 (et depuis, l'AmigaOne a été remplacé par la Sam440 et aura bientôt comme successeur l'Amiga X1000, mais cela est une autre histoire). De l'autre côté, une solution « non officielle » car elle n'a pas obtenu la licence et n'a donc pas le droit de porter le nom Amiga : la machine Pegasos, qui permet de faire fonctionner MorphOS, un sys-


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tème d'exploitation reprenant lui aussi les bases de l'AmigaOS des origines (celui des Amiga 500 ou 1 200) mais qui l'a remis au goût du jour (tout comme l'AmigaOS 4). Il est important de noter que ces machines sont toutes à base de PowerPC, le processeur qui équipait les Mac d'Apple avant leur passage au processeur Intel. MORPHOS, UN OS PAS COMME LES AUTRES Cet article sera consacré, pour cette fois du moins, à MorphOS. On ne peut pas parler de MorphOS et du Pegasos sans parler des personnes qui sont derrière tout cela. Ils sont tous issus du monde Amiga de la grande époque, que ce soit du côté du développement de matériels ou de celui du développement de logiciels ; c'est ce qui en fait une machine et un système qui plaisent évidemment aux vieux briscards de l'Amiga. Depuis environ deux ans, la politique de l'équipe qui développe MorphOS consiste à équiper de son système des machines différentes et disponibles en plus grand nombre, tout du moins sur le marché de l'occasion (en ce qui concerne les machines d'Apple), afin de toucher un plus grand nombre de personnes. En effet, avant cela, MorphOS ne fonctionnait que sur les Pegasos, des machines conçues par la société allemande bPlan et fabriquées par une autre société allemande, DCE. Le problème, c'est qu'avec la mise en application des lois européennes sur la fabrication de composants électroniques et informatiques, les Pegasos sont devenus des machines interdites de fabrication (elles ne respectaient pas la nouvelle directive RoHS). Du coup, les développeurs ont été contraints de se tourner vers d'autres machines. Voulant sans doute conserver le lien qu'ils avaient avec bPlan, ils se sont logiquement tournés vers l'Efika 5200B, une carte mère dans un format minuscule (environ 16 x 12 cm) non standard. Bien qu'équipée par défaut d'un processeur peu rapide (un PowerPC MPC5200B cadencé à 400 MHz et délivrant 760 MIPS) et de seulement 128 Mo de mémoire, MorphOS fonctionne très bien sur cette machine, pour peu que l'on ne lance pas d'applications trop gourmandes (comme Blender). Depuis le mois d'octobre dernier, MorphOS fonctionne sur tous les Mac Mini PowerPC (les anciens modèles donc) et devrait prochainement arriver sur les PowerBook d'Apple, ce qui en fera le premier système Amiga fonctionnant nativement sur un ordinateur portable ! EFIKA : QUAND LE HARDWARE DEVIENT LÉGER Maintenant que la base est posée, vous devez vous demander pourquoi on vous parle de

De droite à gauche : MorphOS fraîchement installé. Un MorphOS un peu customisé. Une petite idée de la taille de l'Efika.

ces machines ésotériques et de ces systèmes d'exploitation tout aussi inconnus ou méconnus dans les colonnes de Planète Robots. La réponse apparaît assez simple puisque, grâce à la flexibilité et à la légèreté de MorphOS, combinées à la taille miniature de l'Efika, on peut facilement se dire que des robots pourraient être fabriqués autour de cette machine et surtout de ce système d'exploitation. L'avantage de l'Efika réside également dans sa faible consommation. On peut en effet se contenter d'y adjoindre une alimentation dite Pico ATX (de 60 watts) puisque la carte mère consomme entre 0,8 et 1,2 watts en fonctionnement (avec l'USB et le port Ethernet actifs), ce à quoi l'on rajoutera le disque dur (1 à 3 watts, limité à 1 watt si l'on utilise un adaptateur carte Compact Flash à la place du disque dur) et la carte graphique (la plus grosse consommatrice avec 5 à 15 watts). De plus, équipée d'une carte Compact Flash et d'une carte graphique à refroidissement passif, l'Efika devient une machine totalement silencieuse. La description de la machine vous a titillé… Il est bien beau d'avoir une petite carte mère peu gourmande en énergie et relativement véloce… mais comment peut-on la faire communiquer avec notre éventuel robot? Vous avez là encore plusieurs possibilités. Soit vous utilisez les ports USB de la machine (au nombre de deux), soit vous passez par le port série RS232, soit encore vous utilisez le port IRDA qui permet de faire du transfert d'information via l'infrarouge, même s'il serait plus malin de conserver ce port infrarouge pour l'utilisation d'une télécommande — petit atout de taille à mettre également au crédit de cette carte.

PEUT-ON EN FAIRE UN ROBOT ? OUI — MAIS… La carte est donc relativement attrayante pour une utilisation « robotisée », surtout si vous la couplez à MorphOS. En effet, l'OS peut se réduire à une peau de chagrin et tenir en quelques dizaines de Mo tout en conservant ses principales caractéristiques, comme les pilotes USB (qui permettent de gérer des écrans tactiles ou des palettes graphiques, mais aussi les clés USB et autres disques externes, toujours utiles), la gestion du réseau, etc. Couplez tout cela à un système démarrant très rapidement, de l'ordre d'une dizaine de secondes maximum si l'on ne surcharge pas le système, ce qui ne devrait pas être le cas si l'on veut en faire un robot. En plus, MorphOS bénéficie d'une communauté de développeurs talentueux, qui n'hésitent pas à

CARACTÉRISTIQUES Dimensions : 153 x 118 x 38 mm. Open Firmware. PowerPC MPC5200B SoC à 400 MHz (processeur 32 bits avec FPU basé sur le cœur e300 du 603e). 128 Mo de mémoire DDR à 266 MHz soudés sur la carte. Connecteur IDE 44 broches. Un port PCI ou un port AGP sur le connecteur vertical. Ethernet 10/100 Mbits/s. Deux ports USB 1.1 OHCI. Un port série RS232 D-SUB9. Sortie audio stéréo, microphone et entrée S/PDIF. Port IRDA de 2 400 bps à 4 Mbps. Horloge RTC (gestion de l'énergie activable/désactivable). Conforme à la norme RoHS.

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“MorphOS et L'Efika peuvent être un OS et une machine propices à la création d'un robot.”

Efika

s'entraider par le biais des forums, des mailinglists et autres canaux IRCs. Tout paraît donc relativement propice à la création d'un robot avec cette machine et cet OS, mais… Il faut toujours un « mais », alors sachez d'abord que la fabrication de l'Efika est assez sporadique, voire stoppée pour le moment, même s'il est toujours possible de se procurer des machines. De plus, MorphOS est doté d'un environnement de développement (le fameux SDK) très complet mais à l'ancienne, c'est-à-dire qu'ici vous n'aurez pas un IDE qui vous assiste et vous tient par la main comme pourraient le faire un Visual Basic et consorts. De plus, l'absence de protection mémoire sur MorphOS (comme sur tout AmigaOS qui se veut compatible avec les anciennes applications Amiga) peut donner du souci aux développeurs et plus tard aux utilisateurs, puisque si votre application plante, elle pourra entraîner le système avec elle et impliquera le redémarrage de la machine et donc du robot.

en version Démo et la communauté des développeurs peut aider à la compréhension du système et de la machine. Maintenant, il faudra encore se procurer une Efika et se lancer dans la programmation pour MorphOS, mais si vous êtes un ancien programmeur Amiga, vous devriez retrouver vos petits sans trop de peine. Et puis, si jamais vous êtes intéressé par le système et que vous voulez le découvrir à peu de frais, vous pouvez toujours récupérer l'ISO de MorphOS pour Mac Mini G4 et vous faire une idée par vous-même, directement.

Vous l'aurez sans doute compris, MorphOS et l'Efika peuvent être un OS et une machine propices à la création d'un robot. La carte mère se trouve à petit prix (moins de 100 euros), l'OS est disponible gratuitement

Article détaillé sur l'Efika: http://obligement.free.fr/articles/efika.php

■Mickaël Pernot

LIENS UTILES Site officiel de MorphOS: http://www.morphosteam.net (ISO et SDK disponibles dans la partie « Downloads »)

Sites d'actualités et d'entraide français: http://www.amigaimpact.org http://www.meta-morphos.org Canal IRC officiel de MorphOS: #morphos sur le serveur irc. eu. freenode. net (port 6667)

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VINTAGE Les robots grand public COMPUROBOT II, UN ROBOT PROGRAMMABLE EN

que nous sommes en 1985 — l'Amiga 500 n'est pas encore sorti — et que le Compurobot ne prétend pas être autre chose qu'un jouet ! Malgré tout, il incarne, dans la manière dont il est conçu, les prémices de la robotique moderne. Ce processeur n'est pas relié à grandchose : deux roulettes motorisées pour le déplacement, trois petites lumières pour indiquer le mode de fonctionnement en cours, un capteur infrarouge et un petit buzzer monophonique. (Une version, jamais sortie en France, aurait également disposé d'un port parallèle permettant de charger dans la mémoire interne des programmes créés sur ordinateur.) Après avoir bien décrassé l'ensemble, regraissé les engrenages et recollé à la Super Glue les petits éléments plastiques cassés, nous pouvons nous intéresser à ce que donne l'ensemble en fonctionnement.

Le Compurobot II de Lansay, un robot programmable vieux de 25 ans.

Avec le Compurobot II, nos amis de chez MO5.COM nous ont gâtés ! L'association MO5, c'est un peu notre Père Noël à nous, qui attendons toujours avec impatience le dernier robot en provenance de leur caverne d'Ali Baba. Cette fois-ci, c'est le Compurobot II du fabricant Lansay que l'on a trouvé dans la hotte. Version légèrement améliorée d'un premier modèle, sorti en France à la fin de 1985, les Compurobot ne sont ni plus ni moins que les ancêtres de notre Nao national !

1985

Après avoir astiqué les connecteurs oxydés à la brosse à dents et au vinaigre, première mise en route et bonne nouvelle : le robot n'avance pas droit ! C'est une excuse toute trouvée pour le démonter, regarder de plus près ce qu'il y a à l'intérieur et, à tant que faire, essayer de le réparer. Dans ses entrailles, on trouve donc un microprocesseur « Future Design » 4 bits, cadencé à quelques millièmes de MHz et bénéficiant d’un demikilo-octet de mémoire. Nous sommes bien loin de notre Nao, qui embarque pratiquement un ordinateur moderne complet dans sa tête… Mais enfin, rappelons-nous

LES BASES DE SON FONCTIONNEMENT Le robot dispose de deux modes de fonctionnement: Direct et Enregistrement. Le mode Direct est le plus facile d'accès et le moins intéressant, puisqu'il consiste en une exécution directe de sept commandes de déplacement (avant et arrière, rotation et virages larges dans les deux sens, arrêt). Dans ce mode, le Compurobot n'est guère plus qu'un véhicule radiocommandé et serait même comparable au robot Emilio testé dans le deuxième numéro de Planète Robots. Il dispose même de son petit plateau! On peut toutefois noter que le robot est globalement mieux conçu : il se coince moins, se dirige correctement sur des surfaces irrégulières, sait effectuer une marche arrière et, en dehors du léger bruit des moteurs, reste globalement silencieux. C'est donc dans le mode Enregistrement que réside le principal intérêt du robot, puisqu'il permet de le programmer ! Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à pouvoir paramétrer une intelligence artificielle sur le processeur embarqué, moins puissant qu'une montre à quartz, mais il est tout de même possible d'enregistrer une séquence comportant jusqu'à soixantequatre instructions, chacune avec une

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VINTAGE Les robots grand public modèle de Compurobot, il est possible d'adapter un crayon dans une encoche située sur la base de la carcasse, afin que la machine trace ses déplacements sur une feuille. Cette fonctionnalité rappellera des souvenirs à tous ceux qui ont grandi à l'époque du plan IPT et du fameux langage Logo avec lequel les écoliers étaient sommés de dessiner la « tortue »…

L'emballage faisait rêver nos petites têtes blondes de l'époque.

durée et une intensité associées. Ces instructions ne concernent pas seulement la direction, comme dans le mode Direct, mais permettent aussi de contrôler la vitesse, de jouer des mélodies sur douze tons ou de faire « danser » (c'est-àdire gigoter sur place) le robot. De plus, innovation ingénieuse de ce second

Expérience par l'exemple Même si nous ne sommes pas en page « programmation », voici un petit exemple de programme tout simple, révélateur de ce qu'un robot grand public pouvait déjà faire il y a un quart de siècle. Quand on appuie sur la touche « M », Compurobot passe en mode Programmation (sa tête s'illumine en vert). « Avant » et « 8 » lui font enregistrer « avancer durant 8 unités de temps », puis « droite » et « 4 », « effectuer 4 huitièmes de cercle vers la droite ». Une nouvelle pression sur « M » enregistre le programme et le renvoie en mode Direct. Maintenant, il suffit de fixer un crayon sur l'emplacement situé entre les roues, de le placer sur une feuille de papier et, à chaque pression sur la touche « Exécuter », le robot tracera le « P » de Planète Robots !

PLANÈTE

Une machine limitée mais impressionnante pour l'époque Au final, le Compurobot reste une machine très limitée et — soyons honnête — totalement inutile en tant que telle. Après tout, ce n'est pas pour rien si la robotique grand public n'émerge qu'aujourd'hui. Pourtant, il faut admettre que la machine nous a fait forte impression. Si l'on prend en considération sa date de conception et son coût modique — environ quatre-vingts euros (inflation prise en compte) —, il s'agit d'un robot très ambitieux, qui offrait tout ce qu'il était raisonnablement possible de procurer à ce niveau de prix.

■Rémi Legris

engrenages: « Une mécanique rudimentaire »

BImeSTRIeL - SoRTIe FIN maI - NUMÉRO 4

ROBOTS Ce numéro 3 de Planète Robots qui s'achève représente en fait le premier numéro disponible également en Belgique et en Suisse, bande de veinards ! La rédaction possède désormais son Facebook, n'hésitez pas à vous inscrire pour y poser vos questions ou pour proposer vos avis. Cet espace est fait pour vous, il faut en abuser !

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