Planète Robots numéro 31

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PLANÈTE

ROBOTS

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3 millions de chômeurs à cause des robots ?

Notre répoNse !

JANVIER - FÉVRIER 2015 - NUMÉRO 31

N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

D U

F U T U R

electroluX design lab :

La MaisoN De DeMaiN ! Les casques virtueLs désormais à la portée de tous

Le MaÎtre De L'iNteLLiGeNce artiFicieLLe : rencontre aVec

L 11849 - 31 - F: 5,90 € - RD

rodneY brooKs

roboNuMérique entretien aVec XaVier bertrand

XeNeX un robot contre l'ebola


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ÂŤ Qu'arriverait-il si l'humanitĂŠ quittait la planète en oubliant de dĂŠbrancher le dernier robot ? Âť Andrew Stanton (Wall*E, 2008) Planète Robots ÉditĂŠ par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com RĂŠdacteur en chef : FrĂŠdĂŠric Boisdron boisdron@planeterobots.com RĂŠdacteurs : Me Alain Bensoussan, StĂŠphane Bonnard-Cantegreil, CĂŠdric CĂŠlestin, Alain Clapaud, Jean-Claude Colin, Nicolas Denis, Cyril Drevet, Eric Fourchon, Josèphe Ghenzer, Zacharia Gunet, David Leblanc, Joe Pillow, Fabien Raimbault et Screetch. SecrĂŠtaire de rĂŠdaction : Xul-otar Tellestim Direction artistique : Patrick Lusinchi directeur.artistique@planeterobots.com Responsable publicitĂŠ : CĂŠdric CÉLESTIN c.celestin@planeterobots.com +33 (0)146 250 525 Š 2 014 Les Éditions d'Acamar DĂŠpĂ´t lĂŠgal Ă parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0418K90181 ImprimĂŠ par Deaprinting, 28100 Novara - Italie La rĂŠdaction n’est pas responsable de la perte ou la dĂŠtĂŠrioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressĂŠs pour apprĂŠciation. La reproduction, mĂŞme partielle, de tout matĂŠriel publiĂŠ dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idĂŠe, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous ĂŞtes une sociĂŠtĂŠ, une association, un particulier, vous dĂŠsirez nous soumettre un communiquĂŠ ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes Ă l'ĂŠcoute de vos propositions et de vos candidatures pour intĂŠgrer notre ĂŠquipe. contact@planeterobots.com

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Un tou site d’ t nouveau inform ation !

ĂŠdito J'ai perdu‌ Il y a quelques annĂŠes (en 2007), quand Planète Robots ĂŠtait encore un blog sur Internet (RobotImpact), je pensais que les robots de services allaient entrer dans notre quotidien en 2025. Finalement, si j'avais pariĂŠ lĂ -dessus, j'aurais bel et bien perdu ! Je ne pĂŠchais pourtant pas par optimisme, bien au contraire‌ Les robots et les technologies qui en dĂŠrivent entrent peu Ă peu dans nos foyers et dans les entreprises, bien plus rapidement que je ne le pensais Ă l'ĂŠpoque. Certes, tout le monde n'a pas encore un grand humanoĂŻde comme majordome Ă la maison, nous n'en sommes pas encore là — mais cet ĂŠtat de fait se rapproche. Le Pepper (le tout dernier robot humanoĂŻde de la startup française Aldebaran Robotics) s’apprĂŞte Ă proposer ses services dans les magasins de tĂŠlĂŠphones japonais SoftBank et chez les revendeurs de la marque NescafĂŠ au pays du Soleil-Levant. Plus tard, ce robot sera mĂŞme disponible pour le grand public et exĂŠcutera ses premières tâches au sein des foyers du monde entier. De la mĂŞme manière, les imprimantes 3D ont fait de grands progrès : elles sont dĂŠsormais proposĂŠes dans les grandes surfaces — les temples du commerce grand public. Des lecteurs nous ont signalĂŠ la prĂŠsence d’imprimantes 3D dans des hypermarchĂŠs Super U et Auchan vient d'annoncer le lancement d'une gamme de ces appareils, destinĂŠe Ă ĂŞtre distribuĂŠe dans ses magasins. Il est bien loin le temps oĂš, quand nous parlions d'impression 3D, nous passions pour des savants fous tout droit sortis d'un film de science-fiction !‌ Les objets connectĂŠs (ĂŠlargis Ă l'ensemble des objets personnels de la maison) sont devenus la nouvelle tendance de la domotique. En quelques annĂŠes, nous sommes passĂŠs du Nabaztag, le premier reprĂŠsentant de l'espèce, Ă une multiplicitĂŠ d’objets connectĂŠs prompts Ă montrer le bout de leur Bluetooth. (Les montres connectĂŠes seront certainement un des plus grands succès de la fin de l'annĂŠe 2014.) Les voitures autonomes font ĂŠgalement partie des technologies automatisĂŠes qui sont en train de s’imposer. Alors que la plupart des gens pensent qu’elles ne seront pas dans le commerce avant une bonne vingtaine d'annĂŠes, il semble que les premiers modèles vont ĂŞtre disponibles dès 2017 et que 2020 marquera leur arrivĂŠe massive dans les concessions automobiles — pour un prix avoisinant ceux des vĂŠhicules actuels. Il y a quelques jours, j'ai eu l'honneur de discuter avec Marc Caro (Delicatessen, La citĂŠ des enfants perdus), un grand monsieur du cinĂŠma qui a ĂŠgalement produit un documentaire sur les robots japonais en 2008 (Astroboy Ă Roboland). Il avait l'impression que, depuis, la robotique n'avait pas fait de si grandes avancĂŠes que ça‌ Pour ma part, je pense que toutes ces technologies ont progressĂŠ, mais de manière invisible. (L'IA fait de vĂŠritables bonds de gĂŠant, par exemple.) Mais c'est surtout l'arrivĂŠe progressive et imminente de ces technologies dans notre quotidien, grâce Ă des prix agressifs, qui permettra de sauter le pas et de se diriger vers une adoption gĂŠnĂŠralisĂŠe‌

â– FrĂŠdĂŠric

Boisdron

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ROBOTS N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S D U F U T U R Janvier / février 2015 - NUMÉRO 31

ÇA VIENT DE SORTIR

SCIENCES DU FUTUR

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Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Le droit des robots — Déclarer les robots? Le développement des drones civils est-il compromis ? Nos lecteurs ont du talent! Nos lecteurs font travailler leur matière grise : voici leurs dernières créations.

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Concours photo de l'été Découvrez les meilleures photos de nos lecteurs… 3D Printshow 2014 Retour vers la troisième dimension! Trois millions, vraiment? On dit que trois millions de personnes vont bientôt perdre leur emploi à cause de la robotique… Et si c'était tout le contraire ? Rencontre avec Rodney Brooks Interview du maître de l'Intelligence artificielle. Le salon L’An 1 de la robonumérique Saint-Quentin désire devenir une référence en matière de robotique. Nous avons rencontré M. Xavier Bertrand, le maire de cette ville.

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INNOVATIONS DU FUTUR

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DOSSIER : FORMATIONS ET MÉTIERS

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Dix métiers de la robotique Nous vous présentons une dizaine de nouveaux métiers liés à la robotique. Les MOOCs et la robotique Formez-vous à la robotique via Internet !

ROBOTS DE SERVICES

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Quadrino Nano Un contrôleur de vol pour drone. Jibo, un robot compagnon pour toute la famille Le Nabaztag a désormais un remplaçant !

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Xenex et son robot « zappeur » de germes Le virus Ebola a un nouvel adversaire, le robot Xenex. PiBot, le robot pilote Le PiBot est un robot humanoïde qui devrait à terme se montrer capable de piloter n'importe quel avion.

Percer les mystères de l’Univers… Le LHC va nous fournir des réponses à de nombreuses interrogations existentielles. Les casques de réalité virtuelle Pourquoi créer des casques de A à Z alors que les smartphones proposent déjà un écran, un processeur et de nombreux capteurs? Electrolux Design Lab 2014 Des maisons du futur orientées vers le bien-être… Subaru EyeSight Quand Subaru ouvre l’œil! News Gadgets Une petite sélection de gadgets et d’autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise… News Concepts Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier, dans cette rubrique, les plus intéressants — ceux qui fourmillent dans la tête de nos designers.

ROBOTS & MÉDIAS

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Rubrique Jeux Vidéo Histoire de ne pas louper ce qui se passe sur vos consoles de jeux et vos ordinateurs, voici la rubrique des fans de la manette!

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Alan Turing, un homme d'exception Nous profitons de la sortie au cinéma d'un biopic consacré à Alan Turing pour revenir sur ce personnage sans lequel l'informatique et la robotique n’auraient pas connu la formidable progression dont nous sommes actuellement les témoins. News Médias Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège! Cinéma — Les nouveaux héros Disney prépare une animation mettant en scène une bande de héros et l'un d'eux est un robot gonflable… Vintage: Modulus (1984) Le Modulus est un robot semi-humanoïde destiné au grand public, qui a été produit dans les années 1980. Son concept était basé sur la modularité. Un exemple à reprendre…

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ROBOTS AU TRAVAIL

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La préparation de la relève de Curiosity Le rover Curiosity n'a pas encore fini sa mission que les ÉtatsUniens pensent déjà à son successeur…

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ROBOTS AU TRAVAIL

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Alien Queen, la reine des animatroniques La reine Alien est en France et nous avons suivi sa restauration.

“LA ROBOTIQUE

ESTET VOUS VOTRE PASSION, ÊTES FANATIQUE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES… REJOIGNEZ NOTRE ÉQUIPE

DE RÉDACTEURS ET PIGISTES.”

seban@planeterobots.com 04

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Sommaire

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NEWS janvier / février 2015

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Robots

Des nouvelles de l’Atlas Le robot humanoïde Atlas a été développé par Boston Dynamics, une des huit entreprises de robotique rachetées par Google en 2013. Originellement issu d'un programme de la DARPA, il a depuis été remis entre les mains du MIT Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory (CSAIL). Une vidéo récente le montre en train de tirer un gros morceau d’échafaudage métallique autour du laboratoire. Visiblement, ce n'est pas aussi facile que ça pour lui… La lourdeur du métal le déséquilibre sur un côté et l’empêche de se stabiliser. C’est pourquoi le CSAIL travaille à améliorer son logiciel pour le rendre plus rapide et plus autonome. Un changement de matériel est d’ailleurs prévu : l’Atlas traîne actuellement un cordon qui l’alimente en énergie ; le CSAIL veut donc couper ce cordon, cette année ou la suivante, et remplacer cette alimentation externe par une source d'énergie embarquée. Espérons qu'il sera prêt à temps pour les finales du DARPA Robotics Challenge, qui auront lieu en juin prochain, à Pomona (Californie). ◗

La croisière s’amuse avec le Bionic Bar du Quantum of the Seas Parmi les nombreuses innovations installées à bord du Quantum of the Seas, le nouveau navire de croisière de la Royal Caribbean International, figure le Bionic Bar. Ce concept de bar à cocktails, mis au point par la société Makr Shakr, est constitué de deux bras robotiques KUKA, B1-0 et N1C, qui sont capables de préparer deux boissons à la minute et dont les mouvements sont inspirés de la gestuelle de Roberto Bolle (danseur étoile de l’American Ballet Theater). Les deux bras fonctionnent en parfaite synchronisation et avec la précision d’un laser pour couper des rondelles, mesurer les doses d’alcool, mélanger les divers ingrédients, secouer énergiquement le shaker puis verser la boisson dans un verre… Ils peuvent ainsi concocter une grande variété de cocktails en remuant, mélangeant et filtrant trente types de boissons alcooliques. D’autre part, ils disposent de vingt et un éléments à combiner (huit sodas, six jus, trois sirops, du sucre, de la menthe et des citrons — jaunes ou verts). Les panachages sont donc innombrables dans la mesure où le client est libre de choisir les ingrédients pour créer son propre cocktail. Après avoir passé sa commande, via une application spécifique installée sur une tablette mise à sa disposition au bar, il pourra ensuite être servi soit au bar par les bras robotiques, soit à sa table par un serveur… ◗

Les patrons préfèrent les robots ! Un sondage pratiqué auprès d'anciens élèves de la Harvard Business School a révélé que 46 % d'entre eux préféraient employer des robots à embaucher des gens (29 % préféreraient les humains). Quarante-neuf pour cent sont prêts à délocaliser leur entreprise plutôt que d'embaucher des États-Uniens (30 % garderaient des États-Uniens). « Notre enquête révèle que les chefs d'entreprise, aux États-Unis, sont réticents à embaucher des travailleurs à temps plein », écrivent les auteurs de l'étude. Le Huffington Post, qui a relayé l'étude, fait pourtant remarquer que de moins en moins de gens reçoivent la formation nécessaire pour obtenir un emploi de technologie de haut niveau, ce qui conduit à une hausse des candidats non qualifiés. Même en période de chômage élevé, le nombre d'offres d'emploi reste élevé. Il y avait neuf millions huit cent mille chômeurs états-uniens en mai 2014 et, dans le même temps, quatre millions six cent mille emplois disponibles… ◗

FORTIS — fort mais sans moteur… L'U.S. Navy est en train de tester l'exosquelette léger sans moteur FORTIS de Lockheed Martin, en vue d’applications industrielles. Il prend en charge la manipulation d'objets qui pèsent jusqu'à 18 kg et agit en supportant seul le poids du matériel que l'ouvrier emploie. Les tests ont montré qu'il multiplie la productivité (de deux à vingt-sept). Sans son assistance, un ouvrier est parvenu à tenir une meuleuse de 7 kg au-dessus de sa tête pendant trois minutes. Avec l'exosquelette, il a pu travailler pendant 30 min sans ressentir de fatigue. La conception du FORTIS réduit la tension sur le corps tout entier : il s'attache aux chevilles, aux genoux et à la hanche (il est très souple à la taille). Comme il semble facile à endosser, Lockheed envisage de le mettre en service dans des secteurs non militaires (industrie minière et construction). En attendant, la Navy est très motivée : une étude menée en 2012 sur les installations des entreprises sud-coréennes a montré que cinq des six chantiers navals visités utilisaient déjà un exosquelette… ◗

Vous cherchez un job ? Il est certainement sur www.planeterobots.com 06

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NEWS Robots janvier / février 2015 Mon squelette est fait de tissu… Les soldats portent souvent plus de 50 kg de matériel et les blessures musculosquelettiques sont la cause la plus fréquente des évacuations. La DARPA, à travers son programme Web Warrior, est à la recherche de l'équipement le plus léger et le plus souple qui soit. Et la Defense Advanced Research Projects Agency vient de recevoir une subvention de 2,9 M$ destinée à la poursuite du projet Exosuit. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un exosquelette en tissu confortable combiné à une robotique qui aide les muscles des jambes et les articulations lors de la marche. Il se porte comme un pantalon, est équipé d’une sangle dotée d’un microprocesseur à faible puissance et de capteurs de déformation. Il surveille des données comme la tension du tissu, la position de l'utilisateur et fournit une assistance subtile aux jambes — sans restreindre les mouvements. Le développement de la combinaison a contribué à la découverte de nouveaux types de textiles, de systèmes flexibles d'alimentation, de capteurs logiciels et de nouvelles méthodes d'interaction homme-machine. ◗

Des drones protègent la Nature Une flotte de robots autonomes pourrait remplacer des pompiers, des sauveteurs ou des travailleurs du bâtiment. Des robots volants, équipés de bras manipulateurs, sont en cours d'élaboration dans le cadre d'un projet financé par l'UE. En coopérant, ils peuvent saisir des objets. Issus du projet ARCAS (Aerial Robotics Cooperative Assembly System), ils ont été testés en Espagne. Il s'agit de systèmes équipés de huit rotors, afin de procurer plus de contrôle en vol stationnaire et d’augmenter la charge utile avec un plus grand degré de liberté. Le test a utilisé dix miniprototypes qui travaillent en collaboration. « Nous devons encore améliorer la précision et la répétitivité dans des conditions différentes mais les résultats sont très prometteurs. Nous avons démontré la manipulation aérienne, la perception et la planification des fonctionnalités », selon le professeur Anibal Ollero, le maître d’œuvre du projet. L'équipe va maintenant se concentrer sur l'amélioration de la robustesse des robots et travailler pour leur permettre d’évoluer en formations plus importantes ◗

Le Rowbot : un robot pour fertiliser les champs de maïs Le Rowbot a été créé en 2012 par les frères Bares : Charlie (un important producteur de lait et de maïs de l'État de New York), Kent (un spécialiste de l'environnement ayant une formation d’ingénieur agricole, basé dans le Minnesota) et John (cofondateur et P-DG de Carnegie Robotics). Leur jeune start-up a pour objectif d'apporter des solutions robotiques aux problèmes les plus pressants du secteur agricole. Grâce à leur robot, ils espèrent qu’à l’avenir les producteurs de maïs auront des rendements plus élevés et des sols plus sains — mais aussi moins de déchets. L’un des problèmes majeurs auxquels sont confrontés les cultivateurs de maïs est la coordination de l’apport d’engrais avec le rythme de la croissance (très rapide) de cette plante car, une fois une certaine hauteur atteinte, il devient impossible d’utiliser un tracteur sans provoquer de dégâts… Très difficile alors de synchroniser la fertilisation avec les besoins de la plante, notamment en azote. C’est pour apporter une solution concrète à cela que le Rowbot a été conçu. Équipé de quatre roues motrices, ce petit robot autonome est suffisamment étroit pour avancer entre les plants de maïs sans les endommager, afin d’y pulvériser les engrais nécessaires, au moment souhaité, mais aussi de recueillir des données pour informer le cultivateur sur le travail du moment et celui qui l’attend. Le Rowbot se sert d’un GPS et d’un LIDAR pour se guider, tout en maintenant sa trajectoire. Et peut traiter 60 ha en une journée. ◗

RFID — et le monde des objets s'ouvre au robot ! Des robots de l'Institut de technologie de l’État de Géorgie commencent à utiliser de petites étiquettes RFID d'ultrahaute fréquence : on les colle sur des objets pour les localiser dans une pièce, même lorsque qu'ils sont cachés à la vue du robot. L'étiquette seule, cependant, n'est pas suffisante pour lui permettre de déterminer un emplacement : en effet, elle ne lui dit pas où se trouve l'objet. Les chercheurs l’ont donc équipé d’antennes articulées et ont mis au point un algorithme de recherche qui améliore sa capacité de localiser et de naviguer vers les objets marqués et de différencier la signature de chaque étiquette. Les antennes reçoivent un signal RFID d'autant plus fort qu'elles sont dirigées vers une étiquette et qu'elles en sont plus proches : le robot est alors capable d'extrapoler pour se diriger vers elle. Cela pourrait lui permettre de rechercher, de saisir et de livrer le bon médicament à la bonne personne au bon moment… La technologie RFID permet une identification précise, de sorte que le risque de ne pas livrer le médicament ad hoc se révèle quasiment nul… ◗

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La programmation par l'exemple Eugene M. Izhikevich pense que vous ne devriez pas écrire du code pour enseigner de nouvelles tâches à un robot. Sa start-up, Brain Corporation, développe un système d'exploitation pour des robots — BrainOS (Brain Operating System). Afin de leur apprendre à ramasser les ordures, vous utilisez une télécommande pour guider à plusieurs reprises leurs pinces dans cette tâche. Après quelques répétitions, ils prennent l'initiative et exécutent ladite tâche eux-mêmes. Brain Corporation espère vendre son logiciel aux entreprises qui veulent fabriquer des robots intelligents à bas prix. Elle fournit aussi une carte de circuit imprimé avec un processeur de smartphone et BrainOS installé. Une entreprise formerait un seul robot et copierait ensuite son logiciel pour en équiper les autres… (Les puces neuromorphiques offriraient un moyen plus efficace d'exécuter BrainOS.) Izhikevich reconnaît cependant que la formation d'un robot par démonstration produit un comportement moins prévisible et que cette technique se révèle inexploitable pour les voitures autonomes. Mais pour des tâches simples, elle reste efficace. ◗

La danse des abat-jour Le nouveau court-métrage du Cirque du Soleil — Sparked — emploie dix drones quadricoptères Flying Machine Arena pilotés par ordinateur et déguisés en abat-jour volants. Le résultat : une danse homme-machine ! Ce film est le fruit d'une collaboration entre le Cirque du Soleil, l'Eidgenössische Technische Hochschule Zürich et une entreprise issue de cette dernière, Verity Studios. L'équipe de Raffaello D'Andrea, professeur à l'ETH Zürich et fondateur de Verity, a développé des algorithmes d'essaims pour contrôler dynamiquement un grand nombre de quadricoptères avec une précision impossible à obtenir de pilotes humains. « En quelques heures, toute l'équipe du film était à l'aise avec les machines volantes qui planaient tout près ou nous frôlaient », a révélé Markus Waibel, le cofondateur de Verity. Un résultat magique à voir sur YouTube ! (Disney a également travaillé avec l'ETH Zürich pour créer le Puppet Copter.) ◗

Peut-on tirer sur un drone ? Aux États-Unis, un homme a descendu le drone de son voisin alors qu'il survolait sa propriété et a été arrêté pour détention illégale d'arme mais la question est autre : Comment concilier les droits des propriétaires des drones et ceux de la vie privée ? Le propriétaire d'un terrain est aussi propriétaire de l'espace au-dessus. Mais d'une part, la propriété a une limite d'usage et d'autre part, le propriétaire ne peut empêcher le survol des aéronefs. D’ailleurs, ce n'est pas parce qu’un objet appartenant à autrui s'introduit chez vous que cela vous donne le droit de le détruire… Ce point sera peut-être à revoir : les robots pourraient présenter un danger (de par leur autonomie), ce qui en légitimerait la destruction par le biais de l'autodéfense. Cependant, le fait de détruire un avion constitue un crime. Aux États-Unis, la FAA a décidé d'appliquer ce principe aux drones — regroupant avions et drones dans la catégorie des « aéronefs » mais détournant l'esprit de la loi d'origine, destinée à protéger les passagers des avions… ◗

50 $ pour la main d'Iron Man Rayden Kahae a trois ans et vit à Hawaii… Mais ce petit garçon est atteint du syndrome des bandes amniotiques. Cette maladie se caractérise par le fait qu'il manque, à la naissance, des doigts (parfois tous) aux mains des bébés — voire des membres. Il y a quelques mois, Rulan Waikiki, la grand-mère de Rayden, a découvert sur Internet les capacités de l'impression 3D, par le biais d’une association appelée E-Nable. Grâce à cette technologie, une prothèse de main mécanique pour Rayden a coûté simplement 50 $. « Il voulait la main d'Iron Man », a déclaré Rulan Waikiki. Récemment, la nouvelle mimine (rouge et or) de Rayden est arrivée par la poste et gratuitement : l'association à but non lucratif E-Nable fonctionne à partir de dons et grâce à l'expertise de ses bénévoles. Depuis, Rayden a eu quatre ans (en novembre 2014) et sa grand-mère a tranquillement annoncé que la main de son petit-fils sera recalibrée pour tenir compte de sa croissance… ◗

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NEWS Robots janvier / février 2015 Drones : sur l'eau aussi ! L’U.S. Navy a fait la démonstration de la mise en œuvre d'un essaim de bateaux autonomes en formation (alternativement défensive et offensive). Ce programme est motivé en partie par l'attaque terroriste lors de laquelle un bateau rempli d'explosifs a percuté la coque d'un destroyer. À l'avenir, les bateaux autonomes pourraient aborder ces menaces et, si nécessaire, les neutraliser. Les tests mettaient en scène jusqu'à treize bateaux pneumatiques à coque rigide utilisant la technologie d'automatisation développée à l'origine pour les rovers martiens de la NASA. La flotte de robots a d'abord assuré l’escorte d’un navire. Un bateau « ennemi » ayant été repéré, huit des robots ont quitté la formation principale et entouré ledit « ennemi ». Les bateaux utilisaient un radar pour calculer leur trajectoire individuelle et chaque bâtiment partageait son image radar avec le groupe pour construire une vue d'ensemble. (Ces robots pourraient être déployés dans un an pour des missions d'escorte.) ◗

Des robots collaboratifs normalisés L'International Organization for Standardization (ISO) va diffuser une mise à jour des normes de sécurité concernant les robots industriels (et incluant les robots collaboratifs). Esben Østergaard, directeur de la technologie d’Universal Robots, une société danoise qui vend des bras de robots collaboratifs, est inquiet : ces règles imposeraient des exigences irréalistes aux concepteurs et aux opérateurs. Elles incluent par exemple des directives sur la force maximale avec laquelle un robot peut frapper un homme… Björn Matthias, d’ABB et membre du groupe de la norme ISO, a fait valoir que les robots doivent être autorisés à parfois blesser les humains. Le problème des normes est de plus compliqué par la perception publique des robots, largement façonnée par la science-fiction. Cela (sans oublier la tendance à se méfier des nouvelles technologies) peut conduire à des attentes déraisonnables, affirme Phil Crowther, chef de produit chez ABB : « Vous pensez que les avions sont sûrs ? Ils tombent parfois… Les fondamentaux sont les mêmes : vous devez limiter le risque à un niveau acceptable. » ◗

Des puces autonomes Une équipe d'ingénieurs de l’université Stanford a construit une radio de la taille d'une fourmi — un dispositif économe en énergie qui rassemble toute la puissance dont il a besoin pour exécuter ou transmettre les commandes à partir des ondes électromagnétiques qui les lui ont transmises : il n'a pas besoin de piles ! Conçu pour calculer les commandes de relais, cette minuscule puce sans fil coûte quelques centimes à la fabrication — un fait qui pourrait la rendre indispensable au développement de l'Internet des objets. Une grande partie de l'infrastructure nécessaire au contrôle des dispositifs à distance existe déjà : nous avons Internet pour véhiculer des commandes et les ordinateurs et les smartphones pour les émettre. Ce qu’il manque, c'est un contrôleur sans fil, suffisamment peu cher pour être installé sur n'importe quel objet. « Le prochain progrès de la connectivité consistera à relier les objets entre eux et à nous donner le contrôle à distance via le Web », a déclaré Amin Arbabian, le professeur (adjoint) de génie électrique qui a présenté cette puce. ◗

Kafka version robot Pour mettre sur pied La métamorphose de Kafka, le metteur en scène japonais Oriza Hirata a travaillé pendant un mois avec quatre acteurs français (dont Irène Jacob) et avec Hiroshi Ishiguro, un grand spécialiste de la robotique. Le travail de ce dernier : faire en sorte que le robot acteur fasse naître des émotions. « Je veux que le public puisse être ému par un robot », a expliqué Oriza Hirata. « Parfois, vous avez l'impression que c'est plus qu'un robot — et parfois non. Un équilibre intéressant car au fond vous ne savez plus », a confié Irène Jacob. Le spectacle est joué en français avec des sous-titres en japonais. Un robot argenté, dans son lit et sous un drap blanc, trône au milieu d'une scène austère. Du drap émergent un visage blanc et des mains comme gantées. Et quelque part dans la salle, le visage, les yeux, la bouche, les bras sont animés à partir d’un ordinateur. Quelques représentations de La métamorphose ont été données à Yokohama et ensuite la pièce fera l'ouverture du festival Automne en Normandie (12 novembre-9 décembre), dont le thème est, cette année, L'humain e(s)t l'artificiel… ◗

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SGR-A1, la force armée de Samsung Le site Hitek. fr nous donne des nouvelles de SGR-A1… Ce robot de Samsung est une machine armée chargée de la surveillance de la frontière intercoréenne. Il est équipé d’une mitrailleuse et d’un lance-grenades et doit détecter et prévenir les passages clandestins. Des caméras et des capteurs lui permettent de repérer une cible en mouvement à une distance de 4 km et il est doté d’une vision nocturne. De plus, un logiciel de tracking analyse et suit les mouvements d'un éventuel intrus (le système de communication prévient un opérateur en cas de mouvement suspect). Pour l'heure, le robot n'est qu'un prototype et ne serait pas capable de faire la différence entre un allié et un ennemi… Problématique quand on sait qu’il est armé ! (Le SGR-A1 coûte 200 000 $.) ◗ Plus d'informations sur: http://hitek.fr/actualite/samsung-sgr-a1-robot-arme-frontiere-coree_3971

Volkswagen — des retraités et des robots L'effectif de Volkswagen vieillit et sera soumis à une importante vague de départs à la retraite entre 2015 et 2030 mais le nombre de jeunes travailleurs qui devrait remplacer les retraités risque d'être insuffisant. Volkswagen prévoit donc d'utiliser des robots pour faire face à une éventuelle pénurie de candidats et pour veiller à ce que l'entreprise reste compétitive en termes de coûts. La direction a insisté sur le fait que les robots prendront en charge les tâches monotones ou fatigantes, alors que les humains conserveront les emplois les plus qualifiés. L'entreprise, tout en remplaçant des personnes par des machines, se dit toutefois prête à continuer d’embaucher le même nombre de jeunes employés. (L'automatisation a permis à l'Allemagne de conserver une position dominante dans la production de véhicules et le secteur automobile y est le plus gros utilisateur de robots industriels. Le potentiel apparaît considérable car les robots sont rares dans la zone d'assemblage final, où les travailleurs doivent effectuer des tâches complexes…) ◗

Où en est le projet Humain Brain ? Le projet Human Brain cherche à simuler le cerveau humain mais, selon certains critiques, notre compréhension en la matière apparaît encore insuffisante et il aurait fallu attribuer des ressources à la recherche fondamentale. En outre, un groupe de scientifiques a mis l’accent sur le fait que l'on serait en train de passer d'un effort de simulation éclairé par les neurosciences à une entreprise favorisant la technologie… Le directeur du projet a répondu en comparant la situation à celle du séquençage du génome, qui avait reçu les mêmes critiques. Pour lui, le défi consiste à donner un sens aux cent mille documents publiés annuellement en matière de neurosciences. Pour cette raison, le projet s’est révélé, tout au début, vraiment chargé en informatique. Les premières bases devraient être posées d'ici 2016 et les défis à relever sont multiples ; en effet, jusqu'où sera-t-il possible de valider une simulation incomplète ? Car une simulation ne doit pas se contenter de reproduire le cerveau isolément, ce dernier étant indissociable du corps. Enfin, la puissance de calcul des supercalculateurs devra évoluer de quelques ordres de grandeur… ◗

Polémique autour des robots tueurs en Norvège Le gouvernement norvégien finance le développement de nouveaux missiles qui auront la capacité d'identifier une cible et pourront prendre seuls la décision de tirer dessus. Cette technologie soulève plusieurs questions… Que se passerait-il si le facteur humain disparaissait totalement du champ de bataille ? Qui serait tenu pour responsable en cas d'erreur ou d'attaque violant le droit international ? La Ligue pour la paix estime que ce projet viole de fait le droit international et réclame depuis plusieurs mois un débat au Parlement. Le professeur Christof Heyns, rapporteur spécial de l'ONU, s'inquiète des implications d'une telle technologie : « Ces dernières années, on a vu s'accroître la distance entre le soldat et sa cible. Mais ce qu’il se passe, c'est que l'arme devient le combattant… La Norvège est un gros exportateur d'armes. Nous devons donc être attentifs aux questions éthiques que soulève ce projet. » Le ministre norvégien de la Défense, Mme Ine Eriksen Søreide, confirme que la question est complexe mais refuse que le projet soit mis en suspens et d’attendre qu'un débat ait lieu. ◗

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NEWS Robots janvier / février 2015 Vol au-dessus des centrales Sept centrales nucléaires françaises ont été survolées par des drones en octobre, « sans conséquence sur la sûreté ni le fonctionnement des installations » selon EDF — qui a porté plainte. Un tel survol est interdit dans un périmètre de cinq km et en dessous de 1 000 m. (Les drones ont été repérés la nuit ou tôt le matin. Les sites visités : Creys-Malville, Gravelines, Cattenom, Bugey, Chooz, Nogent-sur-Seine et celui du Blayais.) L'espace aérien, au-dessus des centrales, est surveillé par l'armée de l'air. Greenpeace « nie toute implication » et a demandé une enquête sur ces « survols suspects ». L'ONG affirme qu’ils « ont eu lieu parfois le même jour au-dessus de quatre sites éloignés — Bugey, Gravelines, Chooz, Nogentsur-Seine —, ce qui témoigne d'une opération de grande envergure ». Le site du Commissariat à l'énergie atomique de Saclay a également été survolé, selon l'organisation… ◗

Volkswagen utilise des cobots dans son usine de Salzgitter Avec une superficie de 2 800 000 m2, l'usine Volkswagen de Salzgitter est l'une des plus grandes usines de production de moteurs du monde. Chaque jour, environ six mille employés y fabriquent près de sept mille moteurs (avec plus de trois cent soixante-dix variantes). C’est dans la section d'assemblage des culasses qu’a été installé un cobot UR5. Grâce à un mode de sécurité intégré, ce robot industriel d’Universal Robots, équipé d'une pince collaborative, a pu être inclus dans la ligne de production sans boîtier de protection supplémentaire. Il travaille de concert avec les employés à insérer les bougies de préchauffage, délicates à manier, dans les culasses. Auparavant, les employés responsables du montage des bougies de préchauffage devaient euxmêmes insérer les bougies dans les trous de forage à peine visibles de la culasse, dans une position voûtée. Cette étape est maintenant prise en charge par les six axes de l’UR5, qui saisit délicatement les bougies de préchauffage, fournies par un système de séparation spécialement conçu, et les insère dans le disque pour atteindre les trous de forage. L’employé se charge ensuite de la fixation des bougies et de l'isolation de la culasse. Grâce au travail fait avec le cobot, qui agit comme un assistant, il effectue désormais sa tâche dans une position verticale qui lui épargne des douleurs dorsales. Il assure d’autre part une veille constante durant tout le processus et peut donc intervenir rapidement s’il le faut. ◗


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NEWS janvier / février 2015

Retrouvez-nous sur notre tout nouveau site : www.planeterobots.com

Robots

GoCart : un robot distributeur de plateaux-repas Le fabricant sud-coréen Yujin Robot a conçu un robot de services chargé d’apporter des plateaux-repas aux patients dans les établissements spécialisés (hôpitaux, centres de convalescence, maisons de retraite médicalisées…). Baptisé GoCart, il cartographie son environnement en utilisant un réseau de capteurs et de caméras pour transporter de manière autonome ses livraisons — sans interférer avec les personnes ou les objets qu’il pourrait croiser. Le système est capable de contrôler plusieurs robots en même temps, de gérer leur affectation et de les assigner à diverses tâches. Il est en outre doté d’une interface qui lui permet de communiquer facilement avec les smartphones et les PC. Il sera ainsi possible de commander son repas via une application dédiée. Ce type de projet a pour but de pallier la pénurie de main-d’œuvre mais aussi de permettre aux aidessoignants de se consacrer exclusivement aux soins et de passer plus de temps avec les patients qui en ont besoin. Un partenariat a d’ailleurs été conclu entre Yujin Robot, ScanBox (un fabricant suédois de transport de nourriture) et la société états-unienne American Horst. Un premier essai sur le terrain a été effectué, début octobre, dans une maison de repos située dans le nord-est des États-Unis et un autre test est également prévu dans un établissement similaire, dans le sud de la Suède. ◗

En Californie, entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur les véhicules autonomes Un nouveau texte de loi régissant les tests de voitures autonomes sur routes ouvertes est entré en vigueur en Californie le 16 septembre 2014 (la précédente loi, qui datait de 2012, était obsolète). Cette nouvelle loi instaure un certain nombre d’obligations que les constructeurs automobiles devront impérativement respecter : le conducteur doit être en mesure de reprendre le contrôle de son véhicule à tout moment, chaque constructeur est tenu de fournir un programme détaillé des tests qu'il compte effectuer mais aussi de rapporter chaque incident, même mineur, dès lors que le conducteur a été obligé de repasser en mode de conduite manuelle. En outre, les constructeurs ont dû verser une caution de 5 M$ pour chacun de leurs véhicules afin de dédommager d'éventuelles victimes ou parer aux dégâts éventuels. Audi, Mercedes-Benz et Google sont les trois premières sociétés à avoir obtenu un permis de tester en adéquation avec cette nouvelle législation. Vingt-neuf véhicules autonomes (deux Audi, deux Mercedes-Benz et vingt-cinq Google) sont désormais autorisés à circuler sur les routes de Californie. ◗

Les pom-pom girls de Murata ont fait leur show Lors du dernier salon CEATEC, les robots pom-pom girls de Murata Manufacturing ont fait le show afin de promouvoir leur savoir-faire dans le domaine des technologies de détection, de contrôle et de communication. En collaboration avec des chercheurs du Matsuno Lab de l’université de Kyoto, Murata a élaboré une technologie de contrôle de groupe de pointe qui permet aux dix robots (en parfaite communication) de se mouvoir en musique de façon parfaitement synchronisée, tout en conservant leur stabilité et en se maintenant en permanence à égale distance les uns des autres — pour éviter les collisions. (La position de chacun est transmise en temps réel via un réseau sans fil et contrôlée par un programme spécialement conçu.) Ces pom-pom girls, qui ont 36 cm de hauteur pour un poids de 1,5 kg, sont juchées au sommet d’une boule métallique qui roule sur le sol et grâce à laquelle elles peuvent se déplacer rapidement dans n’importe quelle direction, tout en exécutant des figures complexes. Elles peuvent aussi rester debout grâce à trois gyrocapteurs, qui intègrent la technologie de contrôle de pendule inversé pour détecter les angles d’inclinaison et les corriger instantanément afin de garder l’équilibre quand leur posture atteint un degré d’écart par rapport à la verticale. Murata a aussi installé dans leur tête cinq microphones à ultrasons et quatre capteurs infrarouges qui détectent la présence éventuelle d’objets et permettent de les éviter (y compris dans l’obscurité). ◗

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Les robots mous gagnent en résistance et acquièrent leur autonomie

Au début du mois de septembre 2014, une équipe de chercheurs de la Harvard School of Engineering and Applied Sciences et du Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering, dirigée par Michael T. Tolley, a publié les dernières avancées de ses travaux — effectués sur une nouvelle génération de robots mous. Il se présentent sous la forme d’un X, au centre duquel se trouve l'équipement nécessaire à leur fonctionnement (microcompresseurs, systèmes de contrôle et batteries). Ils sont maintenant non seulement autonomes mais aussi d’une taille bien supérieure, passant de 10 à 65 cm de longueur. Leur « corps » est constitué de silicone et possède une structure composée de compartiments qui communiquent pour laisser passer de l’air comprimé (injecté par un microcompresseur). Ces robots peuvent avancer en marchant à une vitesse de 18 m/h ou se déplacer en ondulant (mais à seulement 2 m/h). Ils sont d’autre part capables de transporter jusqu’à 3,4 kg sur leur dos et de soulever sur place jusqu’à 8 kg, grâce au 1,38 bar qui gonfle leur structure. En outre, ils sont devenus nettement plus résistants (mais seulement dans une certaine mesure) à diverses choses… Au vent (jusqu’à 40 km/h), au feu (exposition à des flammes de 2,726 °C durant 20 sec), au froid (jusqu’à – 9 °C), à l’immersion sous l’eau (jusqu’à 5 cm de profondeur), à des substances chimiques (comme les acides) et même à l’écrasement sous une voiture (s’il est limité à un de ses membres et a épargné sa partie centrale — contenant l’électronique, le moteur et la batterie). ◗

Philae s'est posé avec succès sur la comète Tchourioumov-Guerassimenko C'est un première historique : l'agence spatiale européenne (ESA) a posé un petit robot sur la comète 67P/Tchourioumov-Guerassimenko après un voyage de dix ans. Le Philae est un atterrisseur qui était accroché à la sonde spatiale Rosetta et s'en était détaché le 12 novembre 2014 pour venir se poser sur la comète. Après quelques heures de descente et de suspense après deux rebonds, il a finalement réussi à s'arrimer, à prendre quelques photos, à forer le sol de 67P et à transmettre des données à la Terre avant de se mettre en veille. La comète, située au moment de l’atterrissage du Philae à cinq cents millions de kilomètres de la Terre, va se rapprocher peu à peu du Soleil et il pourra ainsi recharger ses batteries par le biais de ses panneaux. Le Philae aura alors assez d'énergie pour prolonger sa mission de quelques semaines, jusqu'au printemps 2015. (Tout un dossier dans le prochain numéro de Planète Robots !) ◗

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Droit&robotique

LE DROITDES ROBOTS

LE DÉVELOPPEMENT DES DRONES CIVILS EST-IL COMPROMIS ?

La multiplication des survols, pourtant interdits par la réglementation, de centrales nucléaires EDF par des drones fait-elle peser une menace sur la technologie des drones civils?

L'acquisition d’un drone civil est pour le moment ouverte à tous (ici, le nouveau Bebop de Parrot).

INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES ET DÉTOURNEMENT DE FINALITÉ Ce n’est pas un phénomène nouveau qu’une innovation technologique soit détournée des finalités pour lesquelles elle a été créée. Chaque innovation amène avec elle son lot de comportements déviants et de nouvelles occasions de commettre des crimes et des délits… Les incidents nés de l’utilisation illégale de drones qui émaillent l’actualité ne doivent pas pour autant freiner le développement d’une technologie promise à un bel avenir et dont l’intérêt n’est plus à démontrer1. Il ne se passe pas une semaine sans que de nouvelles applications industrielles des drones civils soient en effet signalées. Le marché des drones civils se développe tout autant au service d'activités économiques classiques (applications scientifiques, agriculture, mines, etc.) qu’à celui des sociétés de surveillance2.

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L'Usine Nouvelle a récemment consacré un dossier à « l'incroyable potentiel des drones civils » dans de nombreux secteurs de l'industrie française3. Le Parlement luimême s’intéresse à ce secteur très prometteur et vient de créer un groupe d'études sur « l'industrie du drone » à l'Assemblée nationale4, sur la base d’un rapport du député Christophe Sirugue. Parallèlement, depuis le mois d’octobre, une vingtaine de vols de drones ont été signalés au-dessus ou aux abords de centrales nucléaires françaises (Belleville-sur-Loir, le Blayais, le Bugey, Cattenom, Chooz, Creys-Malville, Dampierre-en-Burly, Fessenheim, Flamanville, Golfech, Gravelines, Marcoule, Nogent-sur-Seine, Penly, Saint-Alban, Saint-Laurent-des-Eaux, etc.). Même si pour l’heure, ils n’ont eu aucune conséquence sur la sûreté et le fonctionnement des installations des sites survolés, ces incidents ont de quoi inquié-

ter par leur multiplication, leur simultanéité et surtout par le fait que le mystère reste entier quant aux intentions (préparation d’actes terroristes ou simple volonté d’alerter sur des failles de sécurité?). Les survols ne sont en effet pas revendiqués. L’armée est encore en phase d’investigation… Dans le climat de tension actuelle face aux menaces d’actes terroristes, ces survols de zones ultrasensibles font craindre des risques d’atteinte aux parties vulnérables des centrales (piscines d’entreposage du combustible irradié, toit des centrales). On ne sait pas si elles pourraient en effet résister à la chute d'un drone porteur d'explosifs. Cette question est prise très au sérieux par l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui a organisé une audition publique sur le thème Drones et sécurité des installations nucléaires le 24 novembre 20145. Cette audition publique a réuni les principales par-


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par Alain Bensoussan, avocat technologue, spécialiste du droit des technologies avancées www.alain-bensoussan.com

Les drones ont défrayé la chronique ces derniers temps… (Montage avec un drone DJI Phantom 2). L'utilisation d'un drone apporte de nombreuses possibilités, comme celle d’atteindre des zones inaccessibles.

ties prenantes de la sécurité et de la sûreté des installations nucléaires pour faire le point sur l'état d'avancement de la réglementation qui leur est applicable, tant en France qu’en Europe. UNE RÉGLEMENTATION DES PLUS COMPLEXES Le Code de la défense protège les installations dites « d’importance vitale » — au nombre desquelles figurent les installations nucléaires (art. L.1332-2) — et renvoie au Code de l’aviation civile en ce qui concerne les limites aériennes à l’intérieur desquelles « toute pénétration d’un aéronef non autorisé est interdite » (art. R. 2363-4). Ainsi, le survol des centrales nucléaires est interdit dans un périmètre de cinq kilomètres et de mille mètres d'altitude autour des sites. En outre, le Code de l’aviation civile stipule qu’« est interdite la prise de vue aérienne par appareil photographique, cinématographique ou par tout autre capteur des zones dont la liste est fixée par arrêté interministériel » (art. D.133-106) ; mais cette interdiction risque de devenir aisée à contourner avec les innovations technologiques en matière d’imagerie. La qualité des appareils photo actuels permet peut-être déjà de réaliser des prises de vue au-delà de l’altitude à partir de laquelle le vol est autorisé. Les sanctions sont quant à elles fixées par le Code des transports, qui punit de six mois d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende le fait pour un pilote de survoler, « par maladresse ou négligence », une zone du territoire français interdite (art.

Les drones proposent très souvent un retour caméra — comme ce Skycontroller dédié au Bebop de Parrot.

L.6232-2). Ce même code sanctionne d’un an de prison et de 75 000 € d’amende la prise de vue lors du survol d’une zone interdite (art. L.6232-8). Les autorités peuvent en outre saisir « les appareils photographiques et les clichés qui se trouveraient à bord d’aéronefs autorisés à transporter ces objets, dans le cas où ces aéronefs seraient passés au-dessus de zones interdites » (art. L.6232-9). LES CONTRÔLES L'espace aérien au-dessus des centrales nucléaires est surveillé par l'armée de l'air, dans le cadre d'un protocole conclu avec EDF. Cet été, un Mirage 2000 a intercepté un ULM ayant survolé deux centrales nucléaires françaises7. Et en 2013, le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDADO) a dénom-

bré quatre-vingt-neuf survols de zones interdites temporaires, soixante et un survols de sites sans autorisation, quarante et une infractions et trente-sept mesures POLAIR (interventions de la gendarmerie par la suite). Les contrevenants risquent un rappel à la loi (dans le cas manifeste d’une erreur de navigation) ou des peines d’amende, voire de prison, si leur intention était délibérée. Ainsi, en février 2010, un pilote d’avion de tourisme CESSNA a été condamné à une amende délictuelle de 500 € pour avoir survolé la Centrale nucléaire de Penly8. Et en mars 2013, un militant de Greenpeace a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir survolé la centrale nucléaire du Bugey avec un parapente à moteur9. ● 1 - Cf. notre article paru dans Planète Robots n°26 (mars 2014). 2 - Serge Michel, Drone d'époque, Le Monde.fr du 23-052014. 3 - http://www.usinenouvelle.com/article/l-incroyable-potentiel-des-drones-civils.N235967 4 - Compte-rendu de la réunion du 12-11-2014 : http://www.assemblee-nationale.fr/14/agendas/crbureau.asp#20141112 5 - http://www.assemblee-nationale.fr/presse/communiques/20141119-04.asp 6 - Liste des zones interdites de survol à titre permanent : http://www.legifrance.gouv.fr/affichSarde.do?reprise=true&p age=1&idSarde=SARDOBJT000026503127&ordre=null&nat ure=null&g=ls 7 - Laurent Lagneau, Un Mirage 2000 a intercepté un ULM ayant survolé deux centrales nucléaires, posté dans Forces aériennes, le 02-08-2014. 8 - CA Rouen, ch. correctionnelle, 15-02-2010, n° 09/00447. 9 - Trib. correctionnel de Bourg-en-Bresse, 27-03-2013.

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NOS LECTEURS ont du talent ! LA TEAM REDOHM ET LE ROBOT SENTINEL Nous tenions à vous présenter l'impressionnant travail réalisé par le groupe RedOhm, fondé par Hervé Mazelin. Ce Lorrain de cinquante-deux ans — électronicien et électrotechnicien — a su s'entourer d’une fière équipe, originaire de Champagne-Ardenne. Chacun de ses membres ne manque pas d’apporter sa touche de savoir : Louis Leca, cinquante-trois ans, est un électricien industriel et un chaudronnier qui s'est attelé à la mécanique, au câblage électrique et aux tâches de fraisage ; Sullivan Derlin, vingt-deux ans — également électricien industriel — gère plus particulièrement la partie informatique ; et Cédric Colin, un militaire de vingt-huit ans, apporte ses compétences de tourneur fraiseur au sein du groupe des mécaniciens. d’une imprimante 3D). Le robot complet sera prochainement reproductible par tous… La construction est prévue en deux matières (en aluminium pour les férus de mécanique ; en PLA ou en ABS pour les passionnés d’impression 3D ; ou alors dans un mélange des deux — selon le matériel dont vous disposez). Côté électronique, le robot pourra être animé soit par carte mini-ITX, soit par un microcontrôleur. Côté programmation, il sera possible d’utiliser un système de bloc logique (de type ProfiLab) ou de recourir au C++. (Le système se veut ouvert et pourra donc être amélioré par la communauté.) ◗ Éric Fourchon

La Team RedOhm au grand complet.

Cette équipe, qui se réunit chaque samedi pour travailler, dispose donc de compétences multiples, propres à mener à bien différents projets robotiques. L’expérience acquise sur les robots les plus petits permet d’améliorer les plus complexes… C’est pourquoi, en vous rendant sur le site du groupe (RedOhm.fr), vous découvrirez qu’il travaille aussi bien à partir de conceptions internes que de projets bien connus… Gros plan de la tête du robot Sentinel.

Le châssis robotique polyvalent LL-1.01, mis au point par l'équipe.

QUELQUES-UNES DES RÉALISATIONS DE LA TEAM… — En se basant sur des éléments du projet InMoov, l’équipe a décidé de construire l’avant-bras et la main du robot pour en tirer des enseignements sur son fonctionnement — applicables à leurs projets internes. (C’est également une

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bonne manière de se familiariser avec l’imprimante 3D Replicator.) — La conception de châssis: RedOhm travaille de manière méthodique en commençant par mettre au point une base mobile répondant à un cahier des charges précis — sur lequel il sera ensuite possible de greffer tous les éléments du robot. Exemple: son châssis polyvalent LL-1.01 fonctionne sur la base d’une propulsion par quatre roues motrices indépendantes; il est capable d’embarquer une charge utile de 70 kg à une vitesse de 6 km/h. Il devrait pouvoir évoluer sur l’herbe, le gravier et sur des surfaces rugueuses et inégales. — Sentinel : ce robot reprend tous les éléments mis au point par RedOhm, pour donner vie à une machine dont l’apparence est semi-humanoïde, avec une base roulante surmontée d’un tronc et d’une tête dotée de deux yeux animés (et de joues et d’oreilles conçues à partir

Le semi-humanoïde Sentinel, fleuron de la Team RedOhm, sera bientôt reproductible par tous.


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Résultats

CONCOURS

PHOTO DE L'ÉTÉ Cet été, nous avions lancé un concours photo qui vous invitait à vous mettre en scène de manière originale et amusante — avec un numéro de Planète Robots entre les mains… Après de longues délibérations et moult cornéliens dilemmes (tant vous avez été nombreux et créatifs), nous vous révélons les noms des trois gagnants (récompense: un abonnement à leur revue favorite). Un grand bravo à tous les participants qui ont proposé leurs clichés sur notre page Facebook: ils nous ont permis de voyager par procuration et de rêver devant vos créations robotiques!…

Erwan devant une affiche vantant les mérites du Pepper d’Aldebaran. Erwan Jestin devant une statue d’Evangelion.

Notre même voyageur, devant le Gundam Front Tokyo du quartier d’Odaiba.

En voyage au Japon, Erwan Jestin nous a donc fait parvenir plusieurs photos (celles d’un Gundam géant, d’affiches promotionnelles pour le Pepper d’Aldebaran Robotics…). À la rédaction, nous avons vivement apprécié ses cartes postales virtuelles — bien représentatives d’un pays pionnier en matière de robotique !

Le T-800 tient en respect Erwan — le voyageur infatigable!

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Résultats concours Le groupe de passionnés RedOhm (auquel on doit la création de robots tous plus originaux les uns que les autres) nous a envoyé une série de photos très sympas. Félicitations ! L’équipe bénéficie donc d’un abonnement et a conquis de haute lutte une place dans la rubrique Nos lecteurs ont du talent ! — foncez la consulter pour découvrir le robot Sentinel.

Le robot Sentinel de la Team RedOhm semble passionné par sa lecture!

Pour terminer, Jérémy Del Bonta et les étudiants de SUPINFO Troyes nous ont proposé une sympathique photo de leur panoplie de robots en train de lire la revue de vos serviteurs ! C’est toute une collection de numéros de Planète Robots qui est entre les mains des robots de SUPINFO…

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par Éric Fourchon

Un grand remerciement à tous les lecteurs qui se sont prêtés au jeu — qu’ils soient amateurs ou professionnels. Nous vous invitons à consulter notre site pour y admirer d’autres photos (comme celle de l’Aria de Cybedroïd) et à nous en faire parvenir de nouvelles…

De gauche à droite… L’Aria de Cybedroïd ne décroche plus de son magazine préféré. — Même les objets connectés se sont prêtés au jeu: ici, le Gâ.ia, un cyborg végétal. — Les enfants d’Élisabeth Bourasseau se sont mis en scène avec leurs robots et… une poule! — Éric Fourchon (myself) s’est pris au jeu — même s’il était hors concours!…


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3D PRINTSHOW 2014 RETOUR VERS LA TROISIÈME DIMENSION !

La première édition du 3D Printshow avait constitué un événement sans précédent dans l’univers de l’impression 3D et l’occasion de montrer au grand public le potentiel extraordinaire des nouvelles imprimantes. Cette deuxième édition du salon (à Paris, au Carrousel du Louvre, les 17 et 18 octobre 2014) n’avait rien à lui envier !… LA TEMPÉRATURE DU SHOW Les stands installés sur les 7 000 m2 du salon avaient été agencés et optimisés afin de permettre aux visiteurs de se déplacer plus facilement dans les allées. Et du côté des exposants, nous retrouvâmes sans grande surprise les acteurs majeurs de l’année dernière (comme Stratasys/MakerBot, Sculpteo et Autodesk) — venus les poches garnies de nouveautés et d’innovations techniques. Deux grosses zones attirèrent particulièrement notre attention… La première, dédiée à l’architecture et à la conception, avec la présentation du Wasp (un énorme et étrange engin qui utilise le béton comme matière imprimable) ; et la deuxième, le « coin cuisine », un endroit réservé à l’impression 3D alimentaire. Bon, les créations gastronomiques restaient encore basiques et techniquement limitées mais une toute nouvelle application pour les chefs curieux et créatifs retint notre attention : nous fûmes séduits par la société Choc Edge et sur-

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tout par son imprimante à chocolat — la Choc Creator V2…

La gastronomie, une toute nouvelle application de l’impression 3D.

TRÈS TENDANCE… Les fabricants avaient misé sur l’ergonomie, la performance et l’aspect esthétique des machines. Les imprimantes évolutives en kit furent moins présentes et laissèrent davantage de place aux machines « prêtes à l’emploi », qui avaient adopté des lignes et des couleurs plus épurées. Les bobines de fils disgracieuses étaient désormais dissimulées ou parfaitement intégrées aux imprimantes (fermées par de belles portières transparentes ou complètement ouvertes — pour une mise en valeur de l’objet en cours d’impression). Les interfaces avaient aussi gagné en ergonomie grâce à des écrans de contrôle discrets et tactiles, pour une interaction plus intuitive. Dans l’ensemble, les marques annoncèrent presque toutes des performances améliorées. Confirmation de cette tendance : la


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“Les fabricants avaient misé sur l’ergonomie, la performance et l’aspect esthétique des machines. Les imprimantes évolutives en kit furent moins présentes et laissèrent davantage de place aux machines « prêtes à l’emploi ».”

Au de comm mené Awab l'éduc

Un qu

très belle UP BOX de Tiertime (la machine fut présentée en avant-première par A4 Technologie), la Cube 3 de 3DSystems et la 3D Zim de Zeepro (exposée par la société Cubeek3D) — sans oublier l’excellente Ultimaker 2 (cette version illustrait à merveille la nouvelle approche esthétique). TOUJOURS PLUS ! Les imprimantes (comme celles de Stratasys) destinées principalement aux professionnels proposaient des solutions de prototypage plus précises et plus rapides, adaptées aux industriels

habitués à la production intensive. L’éditeur de logiciels de CAO Autodesk fit beaucoup parler de lui en présentant un prototype d’imprimante 3D et Spark, une plate-forme logicielle ouverte. (Ce soft doit permettre aux professionnels du monde entier de participer à l’élaboration et de partager leurs connaissances par le biais d’un outil collaboratif connecté.) FormLabs, qui utilise la même technique d’impression, exposait son imprimante en SLA (StereoLithography Apparatus) prête à l’emploi — la Form 1+ (avec une résolution de 300 µm et de nouvelles résines procurant une finesse d’impression impression-

Le fameux prototype d’Autodesk suscitait la curiosité…

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L'impression 3D au service de la mode…

Un drone imprimé par Sculpteo.

nante), qui fera le bonheur des plus exigeants pour le prix d’une Replicator 2. Enfin, d’une taille nettement plus imposante, l’imprimante BigRep ONE.2 de BigRep, offrait 1,3 m³ de volume d’impression — pour la fabrication de prototypes grandeur nature. ARTS ET APPLICATIONS CRÉATIVES Nous ne pouvions terminer ce panorama sans parler des multiples applications de l’impression 3D dans le monde artistique. À l’entrée, nous pûmes découvrir la société française Project Eiger, qui proposait un service permettant de reproduire, grâce à un plug-in Adobe Illustrator spécifique et avec une précision de l’ordre du micromillimètre, des œuvres d’art ou des créations originales (le résultat obtenu à partir d’un autoportrait de Rembrandt était tout bonnement saisissant). Et en poursuivant notre circuit, nous tombâmes sur les fameux stylos imprimeurs (le 3Doodler et le 3D FreeSculpt). Après avoir procédé à différents tests, nous conclûmes qu’ils pouvaient constituer de fabuleux outils de création — en faisant preuve de beaucoup de patience et de persévérance ! (Pearl Diffusion propose en ce moment le 3D FreeSculpt à un prix extrêmement intéressant, NDLR.) Puis en passant devant le stand my3Dtwin, nous fûmes émerveillés par le photoréalisme des figurines présentées. (Après une modélisation en cabine, le

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“Nous ne pouvions terminer ce panorama sans parler des multiples applications de l’impression 3D dans le monde artistique.”

sujet était imprimé et peint avec soin. Le processus, encore long et artisanal, fournissait un résultat purement bluffant. Serait-ce le Photomaton du futur ?…) BIENTÔT UNE IMPRIMANTE 3D SUR NOTRE BUREAU ?… Selon Gartner, les ventes mondiales d'imprimantes 3D atteindront deux cent dix-sept mille trois cent cinquante unités en 2015, contre cent huit mille cent cinquante et un en 2014. Et d’après cette même source, elles devraient doubler chaque année jusqu’en 2018 pour atteindre deux millions trois cent mille unités. Même si ces chiffres paraissent impressionnants, le marché reste à l’heure actuelle encore jeune ; à titre d’exemple, soixante-dix mille imprimantes 2D

UNE ANNONCE TONITRUANTE ! Tout le monde l’attendait et Hewlett-Packard, la firme de Palo Alto, a enfin dévoilé la HP Multi Jet Fusion ! Cette machine est censée s’inscrire dans la droite ligne de la nouvelle révolution industrielle. Le processus d’impression sera propriétaire et, à l’instar de Stratasys, utilisera une technologie (dite de « fabrication additive ») plus performante (on annonce déjà un temps d’impression dix fois plus rapide que celui des solutions actuellement disponibles sur le marché et une précision au micron près). Un PC immersif, le Sprout by HP, s’interfacera avec le contenu du bureau : il se présente sous la forme d’un écran tactile — avec un tapis, surmonté d’un appareil qui remplace à lui seul cinq équipements : vidéoprojecteur, caméra 3D, clavier et souris, scanner, tablette graphique ! Nous en saurons plus en 2016 (année prévue pour la commercialisation à grande échelle de la Multi Jet Fusion, après des tests en entreprise courant 2015) ; quant au Sprout, il est déjà disponible…

traditionnelles se vendent chaque jour dans le monde. Si les fabricants B2B ont depuis longtemps trouvé un intérêt économique à investir dans cette technologie, le particulier peine encore à trouver ses marques… La technique de l’extrusion apparaît en fait comme le procédé qui permettra de tirer les prix vers le bas (moins de 1 000 €) et de démocratiser enfin l’impression 3D. ■Cédric Célestin


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TROIS MILLIONS, VRAIMENT ? Vous avez sans doute tous entendu parler de la récente étude du cabinet de conseil Roland Berger — qui prévoit que d’ici 2025, trois millions d’emplois seront menacés par la robotisation, quel que soit le secteur… C’est une étude qui tombe à point nommé en ces temps où la microrobotique peine encore à percer et où les dépôts de bilan dans le secteur sont légion ! J’appelle cela de la microrobotique car nous ne parlons pas ici des gros robots industriels, qui sont plus des automates qu’autre chose, ni même de véritables robots de services comme ceux que la science-fiction a imaginés. Ces appareils, qui tiennent à la fois du compagnon et de la machine-outil, existent à peine et sont déjà accusés de tous les maux. Mais de quoi parlons-nous réellement ici ?… LE COMPLEXE DE FRANKENSTEIN Bruno Bonnell parle de « cobotique » — autrement dit d’appareils capables d’évoluer dans un milieu humain sans réelles contraintes, a contrario des automates qui réclament un environnement presque clinique pour effectuer leurs tâches sans danger pour l’homme. Ces machines, capables d’apprentissage, sont bien incapables, en revanche, de prendre des décisions. Bref, il s’agit d’engins bâtards, infiniment plus performants que les machines industrielles du XXe siècle et pourtant encore très éloignées du

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rêve illustré par le film I, Robot. Quoi qu’il en soit, elles sont dès à présent capables de travailler en collaboration avec l’homme à des tâches relativement simples et répétitives (mais nécessitant une certaine adaptabilité) qu’on leur aura enseignées — et non programmées, c’est important. On comprend donc aisément que les cabinets de conseil, les experts autoproclamés et les cassandres de tout poil s’engouffrent dans la brèche, profitant de l’occasion pour faire le buzz — et donc s’offrir une exposition médiatique importante et gratuite — en réveillant le bon vieux complexe de Frankenstein… Ce dernier stipule à peu près ceci… Tôt ou tard, nous serons dépassés par nos créations. Que l’on nomme cela singularité ou autre chose encore n’a que peu d’importance pour le catastrophisme : ces machines vont voler le travail des personnes peu qualifiées et donc, via un raisonnement ultrasimpliste, les mettre au chômage. Okay, admettons que pour fabriquer ces machines, nous allons créer un certain nombre d’emplois (allez, au hasard — 500 000) : on sera bien loin de compenser les trois millions de personnes qui constituent la main-d’œuvre non

qualifiée dans l’Hexagone. La conclusion est donc cousue de fil blanc : les robots vont mettre deux millions cinq cent mille personnes au chômage — donc, in fine, les robots, c’est le mal ! Il ne manquerait plus qu’ils violent les femmes et mangent les enfants. On aurait alors la totale… C’est l’une des caractéristiques de l’être humain : il aime se faire peur ! Qu’il s’agisse de montagnes russes, de complot mondial ou de films d’horreur, nous sommes tous friands de catastrophisme. Certains n’hésitent pas à surfer sur ce penchant de notre être pour faire parler d’eux… PME ET COBOTIQUE Mais revenons un peu sur terre et tâchons de comprendre ce que ces machines peuvent nous apporter et pourquoi les entrepreneurs du monde de la robotique ne sont pas seulement des monstres avides de dividendes, passionnés par le licenciement de masse. (Au fait, quelle est donc la société qui réussit à dégager des dividendes grâce aux robots de services aujourd’hui ? Je serais curieux de connaître la réponse… Et à plus forte raison, combien


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“Bruno Bonnell parle de « cobotique » — autrement dit d’appareils capables d’évoluer dans un milieu humain sans réelles contraintes, a contrario des automates.”

La cobotique permet à des robots et à des humains de travailler dans le même espace à une même tâche — ici, un Baxter de Rethink Robotics.

Des robots (comme ce Desire de KUKA) sont conçus pour travailler dans les PME, afin de les accompagner dans leur évolution. Il faudra donc embaucher du personnel pour gérer ces nouveaux outils…

Les robots (comme ce FANUC R-1000iA) sont capables de rentabiliser un retour des chaînes de production sur le sol français et de favoriser ainsi l’embauche du personnel local.

existe-t-il de cabinets d’experts dégageant des dividendes ?…) Bref, admettons qu’un plan soit lancé en France (qui parle de celui que l’on nous promet depuis plus d’un an ?…) pour permettre aux PME de s’équiper de robots comme le Baxter ou les KUKA. Que vont faire les PME d’une telle aide ? Rien de plus et rien de moins que ce qu’elles font aujourd’hui : travailler sans même changer leur infrastructure — que ce soit au niveau matériel (c’est bien le but du cobot, sinon il y a un problème de conception dès le départ) mais aussi au niveau humain (ces machines ont besoin de travailler conjointement avec l’homme). Cependant, dans un tel contexte, il y a une différence (une toute petite, presque insignifiante — mais qui change tout !) Ces PME seront capables de produire intégralement tous les com-

posants (ou presque) de leurs produits. C’est d’ailleurs là l’objectif fondamental du cobot : permettre de produire en quantité moyenne et sans faire appel à l’outil industriel — un peu à l’image de l’impression 3D qui offre la liberté de « sortir » des pièces de plastique tout à fait correctes sans pour autant passer par un sous-traitant spécialiste de l’injection plastique. Tenez, le mot sous-traitant vient d’être lâché ! Je ne m’en suis presque pas rendu compte… Effectivement, ce seront bien eux les victimes de l’avènement de ces machines. N’importe quelle entreprise peut désormais s’équiper avec un outil de production performant qui réduit à néant sa dépendance vis-à-vis d’un sous-traitant. Or, ne nous voilons pas la face, on produit français et nous détenons un savoir-faire indéniable — mais soyons honnêtes un petit instant : nous

sous-traitons énormément en Asie… Du travail qui n’est pas effectué chez nous et c’est bien là que le bât blesse… Combien de PME produisent-elles TOUS les composants de leur produit ? Je suis certain que vous avez une idée de la réponse… Avec les cobots, elles seront capables de répondre en solo à l’immense majorité de leurs besoins. Il y aura bien des suppressions de postes mais elle se feront chez les sous-traitants low cost car ils ne seront plus compétitifs face à la robolution… Soyons pragmatiques, cela constitue une fantastique opportunité de rapatrier l’outil de production sur notre territoire. Et puisque la mode est aux néologismes (robolution, cobotique, etc.), aventurons-nous et parlons de « robocalisation » ! Oui, grâce à ces machines, nous pouvons enfin envisager de redevenir compétitifs au niveau international. Nous n’avons plus besoin d’exploiter la misère humaine à l’autre bout du monde et encore moins de payer (et d’assumer) les tonnes de gazole nécessaires pour acheminer les objets en plastique qui ravissent nos chères têtes blondes à Noël, tout en assurant un travail à nos concitoyens. RÉUSSIR LA RÉVOLUTION DE LA COBOTIQUE « Mais il y en aura bien qui resteront sur le car-

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TROIS MILLIONS, VRAIMENT ?

Les robots ne remplaceront pas les aides à domicile dans les foyers mais permettront un service continu entre les visites — ici, le robot Twendy-One.

Fabien Raimbault et son robot événementiel, l’Aria.

reau ! » Quelle absurdité ! Car une entreprise compétitive est une entreprise qui prospère… Or une entreprise qui prospère est une entreprise qui embauche ! Et l’embauche ne concerne pas seulement les personnes qui ont un important cursus, le fondement même de la cobotique implique que la machine puisse être exploitée par le quidam… Il faut arrêter avec le fantasme selon lequel les entrepreneurs sont avides de richesses. Pour un dirigeant de PME, le plus beau et le plus important des dividendes est bel et bien de conserver tous ses collaborateurs et d’avoir la latitude d’en recruter d’autres. Rapatrions la production (donc les bénéfices et, de fait, l’actionnariat) en France. Voilà ce que

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“Mais revenons un peu sur terre et tâchons de comprendre ce que ces machines peuvent nous apporter et pourquoi les entrepreneurs du monde de la robotique ne sont pas seulement des monstres avides de dividendes.” signifie réellement le terme « cobotique ». Et des entreprises compétitives, dégageant des bénéfices et qui embauchent, qu’est-ce cela donne ? Une nation qui sort la tête de l’eau !… Nous avons raté la révolution de la micro-informatique, nous avons loupé celle d’Internet,

tout comme celle des appareils nomades, et nous accusons un retard certain dans celle des objets connectés. Devons-nous rater le coche en ce qui concerne la robotique ? Car nous ne parlons pas ici de produire de simples objets manufacturés — mais bien de réinstaller sur notre territoire notre outil de travail !… C’est peut-être une occasion qui ne se représentera pas de sitôt et il est facile d’annoncer des chiffres dramatiques en faisant fi de la formidable opportunité qui s’offre à nous. Certains diront que je prêche pour ma paroisse… Je tiens à rappeler que ni mon association, ni mes entreprises ne produisent et ne distribuent de cobots. Nous travaillons à l’étape suivante. Le monde n’attendra pas que la France se réveille pour continuer à avancer. Si une prise de conscience nationale se produit grâce à ces merveilleux outils, alors nous aurons de véritables produits français qui serviront à redistribuer des richesses à nos concitoyens et ne seront pas assemblés par des personnes exploitées à l’autre bout du monde. Comme le disait Isaac Asimov : « Le danger n’est pas tant que les robots viennent pour nous détruire, mais qu’ils arrivent trop tard pour nous empêcher de le faire nousmêmes. » Oui, la France doit comprendre que c’est pour elle l’occasion ou jamais de retrouver sa force. C’est notre chance, celle que nous ne devons pas rater… J’ai travaillé pendant sept ans dans un grand groupe de statistiques médicales. Je sais parfaitement faire dire aux chiffres ce que je veux qu’ils signifient — ce n’est pas un problème. Et vous noterez que je ne donne aucun chiffre, parce que nous sommes ici entre amis… Alors, les études qui recherchent systématiquement le buzz, vous vous doutez bien à présent de ce que j’en pense… Elles doivent être combattues avec la plus grande des ardeurs car elles sont dangereuses pour notre avenir. Il ne faut jamais oublier que l’arrêt de la croissance est le début de la mort… ■Fabien Raimbault (Président de l’association Caliban, P-DG de Cybedroïd et de France-Robotique)


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LE MAÎTRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

RODNEY BROOKS

RENCONTRE AVEC

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Il y a des hommes qui suscitent naturellement l’admiration par leur créativité et leurs convictions — des individus exceptionnels qui sont nés avec un don, celui de changer le monde ! On oublie trop souvent leur nom pour ne retenir que leurs contributions ; et pour le simple curieux qui s’interroge sur ces artistes en train de modeler l’univers dans lequel il vit, les rencontrer relève presque du fantasme… Au mois d’octobre 2014, grâce à Génération Robots, j’ai eu l’occasion de croiser l’un de ces hommes : Rodney Brooks, cité dans la plupart des livres traitant de l’Intelligence artificielle et de la robotique de services. Fort sympathique et d’un abord aisé, ce visionnaire a accepté de répondre à quelques questions pendant quarante-cinq minutes dans l’enceinte du campus de Jussieu (UMPC, Paris) Quarante-cinq mi-

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nutes qui ont passé très vite, tant l‘homme est intéressant… Rodney Brooks, né en Australie le 30 décembre 1954, a obtenu une maîtrise en mathématiques pures à la Flinders University (Adélaïde, Australie-Méridionale) puis en 1981 a soutenu une thèse en sciences informatiques à la célèbre Stanford University (se spécialisant dans le traitement de l’image). Il a poursuivi sa carrière

de chercheur à la Carnegie Mellon University (Pittsburgh, Pennsylvanie), puis au MIT en 1984. En 1986, il introduisit le concept aujourd’hui très populaire de subsumption architecture, sur lequel il s’est toujours reposé pour l’ensemble de ses projets. Comme entrepreneur, Rodney Brooks a fondé IS Robotics en 1990 avec Colin Angle et Helen Greiner. Il quitta la société (rebaptisée


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“Comme entrepreneur, Rodney Brooks a fondé IS Robotics en 1990 avec Colin Angle et Helen Greiner. Il quitta la société (rebaptisée iRobot) en 1993 et devint directeur du MIT Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory en 1997.”

Rodney Brooks et David Leblanc. — En dessous… Cambrian Intelligence, une des publications de Rodney Brooks.

concept de subsumption architecture, qui a considérablement influencé la robotique autonome et l’Intelligence ar tificielle en temps réel.

iRobot) en 1993 et devint directeur du MIT Computer Science and Ar tificial Intelligence Laboratory en 1997. Un an après avoir quitté ce poste (en 2008) il créa Rethink Robotics autour du robot Baxter — dont il fait aujourd’hui la promotion. UNE ÉMINENCE DE LA ROBOTIQUE DE SERVICES Ce cerveau de la robotique de services est principalement connu pour son approche comportementale, qui se concentre sur les robots capables de prendre en compte leur environnement proche lorsqu’ils exécutent tâches et actions. Dans un article de 1990 — Elephants Don’t Play Chess, — il soutenait que si l’on voulait qu’un robot accomplisse des tâches de la vie de tous les jours dans un environnement partagé avec des humains, il devait posséder plusieurs paliers d’intelligence dépendant les uns des autres. Une illustration simple du concept consiste à imaginer une intelligence primaire qui s’occupe de gérer le contrôle des capteurs et actionneurs et une intelligence de haut niveau chargée de prendre des décisions… Le concept des niveaux d’intelligence se révèle dans ce cas très important car il permet à Brooks de se démarquer

de la vieille robotique héritée des automates (qui fonctionnaient de façon séquentielle) et d’aboutir à une robotique nouvelle — fondée sur le modèle habituel aujourd’hui en matière d’ordinateurs : le multitâche reposant sur un ordonnanceur… De cette approche est né le

LE BAXTER Aujourd’hui, c’est le Baxter (de la société Rethink Robotics, qu’il a fondée en 2012) que Rodney Brooks met en avant. De type semihumanoïde, il est doté de deux bras dont l’apparence est proche de ceux qui équipent les robots industriels multifonctions et d’un écran qui l’humanise en reflétant sa perception de l’environnement et les échanges qu’il a avec ses utilisateurs. Plutôt rassurant, le Baxter a pour vocation d’assister l’être humain pour augmenter sa valeur ajoutée et sa productivité ou tout simplement pour le remplacer dans les tâches les plus contraignantes ou les plus inadaptées. Ce robot de services destiné aux professionnels a été conçu pour ne jamais mettre en danger son entourage, d’où la disparition de la cage que l’on trouvait habituellement autour des robots dans les usines. Il s’installe facilement et rapidement au sein d’une petite infrastructure — comme une boulangerie —, se manipule aisément et apprend par l’exemple plutôt que par la pro-

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“Aujourd’hui, c’est le Baxter (de la société Rethink Robotics, qu’il a fondée en 2012) que Rodney Brooks met en avant. De type semihumanoïde, il est doté de deux bras dont l’apparence est proche de ceux qui équipent les robots industriels.”

En attendant la normalisation CE, le Baxter est peu à peu adopté par les écoles et les universités…

grammation logicielle : il suffit de sélectionner un type d’action via son interface visuelle et de lui indiquer le geste attendu en bougeant son bras. Et grâce aux caméras placées dans ses bras, le Baxter comprend ce qu’on lui demande et adapte son mouvement à la pièce qu’on lui a demandé de manipuler — même si sa position a légèrement changé. Son prix (25 000 $) fait rêver les petits commerçants,

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qui l’amor tiront rapidement en raison des nombreux avantages qu’il procure. (Les cinq tâches clés présentées sont la préparation des commandes par le remplissage d’un paquet à par tir de différents casiers, le déplacement d’objets — de paquets vers d’autres boîtes placées sur une chaîne —, le vidage d’une boîte renfermant des séries de pièces pour placer ces dernières en ligne de

production, le travail sur les machines-outils et le tri des colis. Avec une telle structure mécanique, les possibilités d’évolution du logiciel Intera qui l’équipe se révèlent nombreuses, et font de lui un outil maintenable et évolutif dans le temps.)

L’INTERVIEW Planète Robots : Qu’est-ce qui vous a conduit à faire sortir ces technologies et ces idées du milieu universitaire pour fonder Rethink Robotics ? Rodney Brooks : La raison pour laquelle j’ai fondé Rethink Robotics est liée à la prise de conscience d’une chose : le coût du travail aug-


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“La raison pour laquelle j’ai fondé Rethink Robotics est liée à la prise de conscience d’une chose : le coût du travail augmentait et l’ère du travail infiniment bon marché arrivait à sa fin.”

Rodney Brooks, invité à s'exprimer lors d'une conférence TED. Le Cog (pour Cognition), un projet de robot lancé en 1993 par Rodney Brooks alors qu’il était Panasonic Professor of Robotics au MIT (photo MIT).

mentait et l’ère du travail infiniment bon marché arrivait à sa fin. Cela s’est confirmé avec le temps : le nombre des personnes de dix-neuf ans prêtes à travailler a diminué… Et le problème le plus important pour les manufactures chinoises a été de recruter des travailleurs attentifs. Cette difficulté de trouver de la maind’œuvre bon marché existait déjà en Europe comme aux États-Unis — et la situation n’allait pas (et n’ira pas) en s’améliorant. L’âge moyen d’un ouvrier d’usine de production aux States est de cinquante-six ans. Les gens ne veulent pas de ces emplois !… Vous savez, il m’arrive, lors de mes conférences, d’être confronté à des gens en colère qui me disent que les robots volent leurs emplois… Je leur demande alors : « Voulez-vous que vos enfants travaillent dans des usines ? » La réponse est toujours négative. « Mais alors, qui sont les gens dont les enfants méritent de travailler dans les usines ? Si vos enfants comptent tant pour vous, quels sont ceux qui devraient travailler dans des usines ?… Vous savez, les gens ne creusent plus le sol avec leurs mains car aujourd’hui y a des machines pour cela », ne puisje m’empêcher d’ajouter. P. R. : Pour le Baxter, vous avez utilisé le système d’exploitation ROS (Robot Operating System). Avez-vous dû implémenter des modules supplémentaires pour arriver à vos fins ? R. B. : Oui, nous avons implémenté davantage de fonctions. Mais nous sommes actuellement

La programmation basique du Baxter est à la portée de tous et permet un reclassement aisé des employés conduits à travailler avec des robots.

en train de réévaluer notre implémentation car on trouve de plus en plus de solutions alternatives intéressantes à nos fonctions sur les dernières versions de ROS. P. R. : Ce qu’apporte la communauté open source apparaît plutôt positif. Du coup, le code d’informatique implémenté pour le Baxter est-il open source pour que vous puissiez contribuer à votre tour ?… R. B. : Non, mais à partir de l’année prochaine, nous aurons des API qui permettront aux développeurs d’améliorer le Baxter. P. R. : Il y a une grande discussion à propos des emplois car beaucoup de gens pensent que les robots les volent. Quel est votre point de vue ? R. B. : Eh bien, je pense qu’au contraire nous n’aurons jamais suffisamment de robots !… J’estime qu’en Europe, en Chine et en Amérique du Nord, nous avons vraiment besoin

des robots pour prendre soin des personnes âgées car nous sommes dans une période d’évolution démographique impor tante. Par exemple, ma mère est dans un établissement de soins pour personnes âgées (elle ne peut plus marcher et elle a besoin de gens pour l’aider à se laver, s’habiller, aller aux toilettes, au lit et se lever). En Australie, les personnes qui assistent les personnes âgées ont d’autres ambitions et ne font ce travail qu’en dépannage, pendant quelques mois. Ce n’est pas un emploi super… Vous voyez, quand les personnes âgées vont aux toilettes, etc. Et donc, il n’y a pas de dignité pour ma mère… Souvent, ces emplois sont tenus par des immigrés qui ne parlent pas même pas anglais et ne communiquent pas facilement avec les patients. Sa dignité souffrirait aussi si, en tant que fils, je l’aidais à se rendre aux toilettes (je serais extrêmement gêné…). Et donc là, je vois tout à fait le rôle que peut jouer une machine — qui permet à la personne âgée de garder sa dignité et de contrôler sa vie. Même pour aller au lit, ma mère doit attendre que quelqu’un soit là. Elle n’a pas le choix !… Et parce que je vieillis, je veux avoir le contrôle de ma vie et disposer d’une machine pour m’aider — un robot ! Cela deviendra de plus en plus important, je pense… P. R. : Les robots industriels se révèlent très onéreux pour de petits commerces comme les boulangeries, etc. Qu’est-ce qui rend votre Baxter si abordable ?… R. B. : En fait, les premiers robots industriels ont été installés en 1961, à l’époque où un or-

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Le premier robot aspirateur Roomba avec ses trois boutons S, M et L.

Un Baxter, lors du dernier salon INNOROBO.

dinateur remplissait une pièce entière. Les capteurs étaient très chers et les caméras valaient des milliers de dollars… Les robots industriels étaient aveugles et stupides. Et ils sont restés dans la même optique et exempts de tout système intégré à des capteurs de vie ! Quand vous achetez des robots industriels, vous achetez une mécanique programmable sans caméra ni logiciel. C’est au client de trouver le logiciel et les capteurs quelque part et de faire cohabiter le tout. Dans la plupart des cas, les robots industriels répètent indéfiniment les mêmes actions !… Je soutiens que le Baxter n’est pas un robot industriel : il relève d’une catégorie différente car il dispose d’un logiciel intégré…

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P. R. : Qu’avez-vous appris de la société iRobot ? R. B. : L’importance de l’interface utilisateur et celle du prix car beaucoup de projets ont échoué parce qu’on avait négligé ces deux points ! Lorsqu’on étudie l’interface utilisateur du premier Roomba, on s’aperçoit qu’il y avait trois boutons — S, M et L — et un guide utilisateur pour expliquer ce que ces lettres signifiaient. Problème : personne ne lisait les manuels d’utilisation… La première confusion a consisté à se demander à quoi correspondaient S, M et L. Pour nous c’était clair, cela signifiait small room (petite salle), medium room (salle moyenne) et large room (grande salle).

Une nouvelle question se posait alors : Suis-je dans une petite ou une grande salle ? Pour les ingénieurs de l’époque, cela faisait sens… Mais les utilisateurs ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Sur le côté du Roomba, il y avait un interrupteur qui permettait la mise sous tension du robot et les utilisateurs ne comprenaient pas son fonctionnement, dans le sens où ils ne saisissaient pas dans quelle position on était sur ON ou sur OFF. Maintenant, lorsque vous détaillez un Roomba, le ON est en plein milieu : il est de couleur verte et porte l’inscription NETTOYER — c’est tout ! Il y a quelques autres boutons que vous pouvez utiliser si vous lisez le manuel plus attentivement mais la fonction principale est NETTOYER — point barre. Les gens ne veulent pas être importunés par ce genre de question car le nettoyage du sol n’est pas un travail à forte valeur ajoutée. Cela n’intéresse que les ingénieurs !… Le pouvoir de disruption par le prix est également un point important dans la réussite du Roomba (qui n’était pas le premier « phénomène » en matière de robot aspirateur. Electro Box, en 2002, en proposait un qui coûtait 2 000 €. Nous avons sorti un produit qui faisait la même chose pour 200 €, ce qui a totalement déstabilisé notre concurrent… Pour arriver à ce résultat, nous avions commencé par demander à l’utilisateur combien il pouvait dépenser pour un robot aspirateur et la réponse fut 200 $. (La conception s’est faite sur cette base : nous avons choisi le prix d’abord…) P. R. : Okay !… Eh bien, nous en avons maintenant terminé… Je vous remercie très vivement pour cet entretien !

■Propos recueillis par David Leblanc


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LE SALON L’An I DE LA ROBONUMÉRIQUE À SAINT-QUENTIN, EN PICARDIE CONNECTÉE La ville de Saint-Quentin se veut une référence, dans le domaine de l’entrepreneuriat, en matière de techniques d’avant-garde (robotique et numérique y ont toute leur place). Le chef-lieu de canton de l’Aisne, qui a montré l’ampleur de son développement économique par diverses apparitions à INNOROBO et en proposant un pavillon à Robotworld cette année (en Corée), a donc organisé le salon L’An I de la robonumérique. Il s’est tenu le mardi 25 novembre 2014, au palais de Fervaques… Rendez-vous y avait été pris avec un certain nombre de professionnels, des entités économiques en devenir et des écoles et des centres de formation de l’agglomération. Planète Robots revient sur cet événement après avoir été reçu par M. Xavier Bertrand, maire de Saint-Quentin, député et président de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin — un maire iOS et Android, comme il aime à le dire (iOS pour la praticité des applis et Android pour son côté geek, cf. sa montre Galaxy Gear 2 Lite)… Planète Robots : M. Bertrand, merci de nous accueillir devant un verre d’eau gazeuse. Qu’avez-vous retenu des rencontres de ce matin avec les professionnels du secteur ? Xavier Bertrand : Cette édition de L’An I ap-

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porte son lot de satisfactions — comme par exemple le positionnement de notre agglomération. Elle conforte notre intuition que la robotique et le numérique sont des vecteurs d’avenir et surtout qu’il est important de compléter les programmes d’action en cours et à venir. Importer les éléments techniques indispensables à la bonne marche des zones d’activité comme celle de la fibre se révèle déterminant ; il ne faut pas dire « il faudrait la fibre et attendre le bon vouloir des opérateurs » mais au contraire activer les discussions parfois viriles avec eux pour accélérer les choses. Et puis les entreprises et les jeunes sont demandeurs de formations maintenant et non après-demain demain : ç’a été le leitmotiv de ces rencontres matinales avec les exposants. Ils ont bien compris nos intentions et notre vif intérêt pour le développement de la formation

dans ces domaines. Valoriser cette dernière auprès des jeunes et des entreprises est indispensable pour l’avenir, par un travail de fond que nous menons et que nous continuerons par l’accompagnement des sociétés de notre région. Nous avons des solutions, c’est donc aux entrepreneurs de nous faire confiance dans la durée… En effet, la formation est le leitmotiv de tout entrepreneur. À nous, les pouvoirs publics, de lui garantir un niveau d’excellence. P.R. : Quelle suite donner à L’An I ? X.B. : Déjà, préparer L’An 2, participer de nouveau à des événements incontournables comme INNOROBO et à d’autres salons internationaux. Générer un cluster de compétences, travailler avec les financeurs et proposer aux entreprises hors territoire des solutions avec


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“Ils ont bien compris nos intentions et notre vif intérêt pour le développement de la formation dans ces domaines.Valoriser cette dernière auprès des jeunes et des entreprises est indispensable pour l’avenir.”

Evotion et Robot-Éducation.

Des robots à structure parallèle FANUC M-1iA.

Xavier Bertrand, le maire de Saint-Quentin.

nos centres et nos organismes de formation spécialisés pour qu’un jour, les étudiants, de futurs entrepreneurs qui bénéficieront d’un débouché professionnel, aient envie de créer leur start-up dans l’Aisne parce que nous aurons su les former. Et vous, les entrepreneurs, si vous souhaitez créer une nouvelle entité, vous penserez à nous. Je crée les conditions et l’écosystème, c’est à vous de décider. Comme vous le savez, ce ne sont pas les politiques qui créent l’emploi mais les chefs d’entreprise… P.R. : Au sujet du travail, fort de votre expérience de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, que répondezvous à ceux qui pensent que la robotique est un fossoyeur des emplois en France ? X.B. : Je pense qu’on a dû dire la même chose quand les maréchaux-ferrants ont disparu. L’au-

tomobile a remplacé la traction hippomobile et il faut rester très pragmatique. Les questions sociétales doivent être posées… Est-ce que la robotique et la robonumérique vont s’imposer dans notre société ? Évidemment — oui ! Donc soit on critique et les technologies connectées et des robots étrangers vont s’imposer en France parce que les constructeurs français s’y forceront pour essayer de rester compétitifs — mais souvent avec du retard… Nous ne créerons alors aucun emploi, aucune plus-value du fait de ce retard accumulé. Soit on observe l’évolution à court terme et on passe à l’offensive. Le fait d’avoir une filière robonumérique en France devient alors un atout extrêmement efficace et rentable. Si c’est bien pensé en France ou bien fabriqué en France, ça m’intéresse ! Comme FANUC, une entreprise étrangère qui fabrique aussi en France grâce à la qualité de notre savoir-faire. En conclusion, les investisseurs

doivent passer à l’offensive — sinon les robots étrangers vont s’imposer !… Derrière chaque robot industriel — ces chiffres ne sont pas les miens —, il existe deux ou trois emplois… Pensons donc la filière maintenant plutôt qu’elle ne nous soit imposée. Et croyezmoi, quand je vais dans les usines et je vois qu’aucune des machines-outils n’est française, comme dirait l’autre, j’ai les boules… J’aimerais bien ne pas avoir ce même sentiment dans dix ou vingt ans alors que nous avons eu la possibilité de saisir cette opportunité. Je reste persuadé que la logique numérique, les objets connectés, la robonumérique et le cloud robotique doivent hisser la France sur le podium des créateurs du secteur si l’on crée un écosystème au niveau national. Et si on ne pense pas à le créer, nos entreprises ne pourront pas s’équiper de robots français et nous allons à notre perte. Le seul but consiste à créer de l’emploi. Pas pour avoir la médaille de la meilleure région d’avenir mais bien pour générer de l’emploi et de la valeur au travail. Il y a le robot et tout ce qui l’entoure… Un robot ne se programme pas seul, il ne s’intègre pas tout seul dans un environnement, il ne s’entretient pas seul — on en revient une fois de plus à la filière de la formation… C’est donc un rendez-vous qu’on n’a pas le droit de manquer ou alors on s’autoprogramme pour avoir un taux de chômage absolument ahurissant en France. Je ne sais pas vraiment si je suis un vrai ou un faux geek — mais ce que je sais, c’est que tout cela va prendre une place prépondérante dans notre avenir. Il faut bien comprendre que c’est un outil, que l’Hexagone a les moyens

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LE SALON L’An I DE LA ROBONUMÉRIQUE

Fendt et ses postes de pilotage pour les tracteurs automatisés.

La robotique française était à l'honneur avec le robot Julietta (la petite sœur d'Aria) de Cybedroïd.

P.R. : Quel est le robot qui vous a le plus impressionné ? X.B. : ASIMO — c’est sûr ! À la fin de l’entretien, nous échangeâmes quelques mots à bâtons rompus sur des échéances bien plus lointaines — comme la nuance qui existe entre l’homme amélioré et l’homme augmenté, la fin de l’asservissement des hommes aux machines, les sélections naturelles et le bien-être… En effet, ce secteur en pleine croissance doit promouvoir notre avenir et non nous précipiter dans le tombeau. C’est notre histoire… Et Bruno Bonnell, le président de Syrobo, nous rejoignit pour proposer à Xavier Bertrand de se rendre virtuellement au Salon des Maires et des Collectivités locales (à Paris) via un Beam. « Oui, bien entendu… Mais de toute façon, j’y vais demain », répondit l’élu.

d’être un acteur de premier ordre et que notre pays est le seul maître de son bel avenir de créateur d’emplois si nous ne loupons pas ce virage… P.R. : Certains secteurs, aujourd’hui, retiennent davantage l’attention des investisseurs que d’autres… C’est le cas du secteur médical ! X.B. : Oui, il est certain que nous devons accélérer la focalisation sur le domaine médical. Une personne handicapée en fauteuil m’a interpellé pour savoir si nous avions des exosquelettes à lui montrer. Ce qui prouve que la population s’informe énormément et que nous nous devons d’y faire attention…

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P.R. : Nous parlions du cloud computing… Croyez-vous au partage des connaissances dans le cas d’un regroupement de plusieurs entités économiques ? X.B. : Oui, bien entendu — beaucoup ! Ce qui laisse présager d’autres compétences comme la sécurisation des données et la prévention des risques ; il faut donc penser de façon éthique ce que sera l’avenir de la robotique. Je pense qu’il faut que ce soit l’humain qui maîtrise et qui décide et qu’on ne se fasse pas imposer le futur à cause de certains garde-fous et d’improbables lignes rouges encadrant ce secteur prometteur.

■Stéphane Bonnard-Cantegreil


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rs Un opérateur manipulant un robot KUKA LBR iiwa.

DIX MÉTIERS DE LA ROBOTIQUE Vous rêvez de faire carrière dans la robotique ? Ou envisagez-vous une reconversion — pour participer à la nouvelle révolution industrielle ? Mais la robotique est un vaste domaine et vous ne savez pas vraiment quelle spécialité choisir… Nous vous proposons ici un éventail de dix métiers — à vous de trouver le vôtre (voire d'en inventer un tout nouveau) !

La robotique est en pleine évolution et les grandes entreprises, tout comme les PME et les particuliers, commencent à s'équiper, même si ces derniers sont encore considérés comme des pionniers… L'arrivée des robots laisse présager une révolution de la vie quotidienne dans les entreprises et au foyer. Nous allons aborder un nouveau paradigme qui fera probablement disparaître certains métiers répétitifs ou physiques, mais d'où germeront de nombreuses activités nouvelles (dont la plupart n’ont même pas encore été imaginées aujourd'hui). Parmi ces centaines de nouveaux métiers, nous allons vous en présenter une dizaine. (Cela ne représentera bien évidemment qu'un très faible échantillonnage des carrières à envisager dans la robotique mais vous indiquera peut-être quelques pistes.)

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OPÉRATEUR/OPÉRATRICE SUR ROBOT Un métier accessible au plus grand nombre, puisque de nombreuses personnes accèdent à ce poste sans avoir de diplôme précis… Le métier d'opérateur sur robot est une profession déjà très présente et concerne principalement, pour le moment, le monde industriel et particulièrement les robots de soudure. L'opérateur travaillera avec le robot en lui fournissant la matière première ou les pièces dont il aura besoin dans sa tâche. Il suivra le déroulement du procédé de production et de fonctionnement de l'équipement, devra repérer les dysfonctionnements et déterminer des actions correctives. Responsable de l'automate ou du robot, il lui faudra aussi très régulièrement s'occuper de la

maintenance générale de l'outil. S'occupant de machines-outils potentiellement dangereuses (chocs, brûlures...), l'employé aura l’obligation d’acquérir des habilitations (suivant les tâches qui lui seront soumises). Au bout d'un cer tain temps, il sera tout à fait possible d'évoluer pour participer au système d'automatisation en programmant les déplacements et les trajectoires d'installations robotisées ou automatisées. Lorsque le robot n'aura plus de secrets pour vous, vous pourrez vous diriger vers la maintenance ou l'intégration de robots à une chaîne de production. Niveau d'études recommandé : CAP/BEP + certificats d'habilitation.


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“La robotique est en pleine évolution et les grandes entreprises, tout comme les PME et les particuliers, commencent à s'équiper, même si ces derniers sont encore considérés comme des pionniers…”

Les robots devront être maintenus pour une utilisation optimale. — Un FANUC LR Mate 200iD et un FANUC ARC Mate OiB travaillant en coopération.

TECHNICIEN/TECHNICIENNE DE MAINTENANCE SUR ROBOT Déjà très courue dans le milieu industriel, la profession de technicien de maintenance est essentielle au bon fonctionnement des installations automatisées et robotisées. Interne à l'entreprise ou en prestation, ce technicien devra investir ses compétences dans l'audit des pannes possibles et dans la programmation du système. Il participera également à la mise en place de nouveaux accessoires (comme des capteurs, des moyens de préhension — voire de nouveaux robots). L'automaticien de maintenance dépanne l'installation par le remplacement et la remise en état des dispositifs pneumatiques, électriques, mécaniques, hydrauliques et électroniques. Il pourra gérer certaines tâches à distance en prenant la main sur le matériel à partir de logiciels adaptés ou bien en guidant l'opérateur. Il lui arrivera également de former les opérateurs ou de proposer de nouvelles évolutions en matière d'équipements. Le technicien de maintenance doit toujours se tenir au courant des nouvelles technologies et

parfois travailler de nuit. Comme l'opérateur, il devra être titulaire de certaines habilitations (suivant les robots et les automates qu'il manipulera). Les possibilités d'évolution sont importantes : relations technico-commerciales, étude et conception de chaînes de production, formation de futurs opérateurs, audit d'entreprises, intégration. Niveau d'études recommandé : bac pro + certificats d'habilitation. INTÉGRATEUR/INTÉGRATRICE DE ROBOTS Amené à évoluer dans les années à venir, ce métier devrait peu à peu se démarquer de la robotique industrielle pour intégrer toute forme de système robotique, même dans la robotique de services. L'intégrateur étudie avec son client comment automatiser au mieux les tâches de l'entreprise. Il doit alors adapter des robots du commerce à la demande du client et devra gérer leur structure, leurs accessoires et programmer les trajectoires et les enchaînements.

Dans le cas d’un robot de services, il lui faudra développer les multiples applications au plus près des besoins du client. Quelques entreprises spécialisées dans la robotique de services proposent déjà de personnaliser leurs robots ou des robots du commerce pour des événements ou des besoins moins ponctuels. Les amateurs de robots humanoïdes pourraient à l'avenir s’occuper d’intégration sur ce type de robots. L'intégrateur devra également, s'il travaille dans le milieu industriel, acquérir certaines habilitations à cause de la dangerosité de l’environnement. L'intégrateur pourra évoluer vers la commercialisation de solutions, le développement d'applications tierces pour des robots, ou encore la conception de robots. Niveau d'études recommandé : licence pro + certificats d'habilitation. DÉVELOPPEUR ET ÉDITEUR D'APPLICATIONS POUR ROBOTS DE SERVICES À l'image des développeurs d'applications pour

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DIX MÉTIERS DE LA ROBOTIQUE “Opérateur sur robot : Au bout d'un certain temps, il sera tout à fait possible d'évoluer pour participer au système d'automatisation en programmant les déplacements et les trajectoires d'installations robotisées ou automatisées.” dans des stores (comme celui d'Aldebaran) ou de packages. À vous de créer les futurs usages de la robotique ! Les compétences acquises pour exercer ce métier ouvriront de nombreuses portes sur diverses évolutions (chef de projet, responsable de parc robotique…). Concevoir des applications peut également conduire à la création d'accessoires pour des robots ordinaires ou spécifiques. Les compétences acquises dans ce nouveau métier se rapprochent aussi de celles qui sont propres au métier d'intégrateur, plus actuel.

Intégration de robots ABB à une chaîne de production.

Niveau d'études recommandé : ingénieur en robotique.

Les robots (comme ceux d'Aldebaran) qui devraient bientôt être commercialisés auront besoin d'applications et donc de développeurs d'applications…

ordinateurs ou smartphones, des sociétés de services informatiques vont probablement bientôt intégrer la création et la maintenance d'applications. Certains, à l'image de la jeune pousse nantaise Intuitive Robots, se sont déjà lancés dans ce genre d'entreprise spécialisée. À vous de voir si vous voulez travailler avec un robot spécifique ou si vous décidez d'étendre vos compétences à de multiples robots en intégrant, par exemple,

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le standard ROS. Même si ce type d'activité ne connaît pas encore une grande extension, il devrait dans quelques années constituer un des piliers de la robotique — voire sa principale source d'emplois. Les applications et les comportements seront développés pour répondre aux problématiques des clients à la manière d'un intégrateur ou bien en prévision de besoins — sous la forme d'applications commercialisées

FORMATEUR/FORMATRICE EN ROBOTIQUE Comme dans tous les domaines, la formation est une nécessité (encore plus dans un univers neuf comme la robotique). Que ce soit dans le monde industriel ou dans la robotique de services, les formations vont se multiplier et évoluer au fur et à mesure que la robotique s'installera dans la vie quotidienne. Ce sera à vous de choisir à quel niveau vous voudrez apporter vos compétences. Vous pourrez permettre à de nombreuses personnes d'évoluer vers des outils robotiques afin de conserver leur emploi dans les entreprises qui automatisent leurs chaînes de production. Vous formerez ainsi des opérateurs, des techniciens et des intégrateurs. Les écoles et les établissements de type fab lab seront également intéressés par vos connaissances soit pour former des professeurs, soit pour éduquer directement leurs élèves. Les possibilités d'évolution pourront vous permettre d'utiliser vos compétences pour travailler sur le terrain avec un œil expert. Vous pourrez ainsi passer de la formation à la création. Niveau d'études recommandé : ingénieur en robotique


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“Le technicien de maintenance doit toujours se tenir au courant des nouvelles technologies et parfois travailler de nuit. Comme l'opérateur, il devra être titulaire de certaines habilitations (suivant les robots et les automates qu'il manipulera).”

Quand un robot sert à la communication d'une marque… Ici une Audi A3 e-Tron.

AUDITEUR/AUDITRICE EN ROBOTIQUE Afin d'aider les entreprises et les organismes à s'équiper en robots, il faut des experts connaissant les moindres possibilités offertes par la robotique. À vous de leur venir en aide en leur proposant des solutions adaptées pour automatiser une partie de leur travail ou bien en mettant à leur disposition de nouvelles possibilités que seule la robotique peut apporter… Vous fournirez à votre client de précieux conseils pour améliorer ses techniques de production ou pour fournir une meilleure expérience à ses propres clients. Une bonne partie de votre travail consistera donc à tout connaître de ce qui existe en la matière et même à anticiper. (Il faudra aussi vous renseigner sur chacune des technologies pour en connaître les atouts mais aussi les défauts et les limitations.) Cette fonction peut très bien s’exercer en même temps qu’une activité d'intégrateur et ainsi offrir un package de services complet et clés en mains à vos clients…

Se former (et former les autres) se révèle capital pour entrer dans ce nouvel univers.

Niveau d'études recommandé : ingénieur en robotique. PILOTE DE DRONE Les drones civils ont investi un très grand nombre de domaines : agriculture, cartographie, recherche, photographie, créativité dans le secteur artistique, construction… Certes, un drone est censé être autonome mais la présence d’un pilote ou du moins d’un planificateur de trajets se révèle souvent nécessaire. Pour éviter tout incident, il est désormais obligatoire d’être titulaire d’un brevet de télépilotage — qui forme aux risques engendrés par le vol des drones. Même si cela limite l'utilisation des drones par tout un chacun, cela ménage des opportunités pour les détenteurs de ce brevet. À vous donc de créer une société pour exploiter vos drones à bon escient ! Votre travail consistera également à superviser les demandes d'autorisations diverses pour survoler les espaces demandés. Vous pourrez également proposer à vos clients le montage des films ou même la scénarisation

Le drone eBee, destiné avant aux prises de vues agricoles.

des prises de vues. Et ainsi offrir des solutions complètes qui séduiront sans aucun doute une large clientèle, tant professionnelle que privée. Niveau d'études recommandé : brevet de télépilotage. CHERCHEUR/CHERCHEUSE EN ROBOTIQUE Et si vous sautiez le pas pour participer à la grande aventure en prenant une place maîtresse dans la nouvelle révolution industrielle ? La robotique n'en est qu'aux balbutiements : tout est encore à créer,

à développer, à améliorer… C’est parmi les chercheurs qui travaillent pour le compte d'entreprises dans des services de R&D ou encore au sein de laboratoires scientifiques comme ceux du CNRS que vous pourrez trouver votre voie. Chacun de ces lieux recèle de nombreux domaines de compétences : Intelligence artificielle, maîtrise des trajectoires (déplacement, préhension), concepts de robots, capteurs… Vous aurez peut-être la chance de travailler sur des robots célèbres comme le Romeo ou l’Aria pour essayer de les doter de la marche la plus naturelle qui soit. Certains travaillent sur le biomimétisme : vous pourrez donc vous

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Même le monde de la mode réclamera des modèles 3D (photo prise par Cédric Vasseur lors du 3D Printshow 2014) !

car une imprimante 3D reste avant tout un robot trois axes doté d’une tête extrudeuse. Les imprimantes 3D sont d’ailleurs en train de débouler dans notre vie professionnelle et dans notre existence privée — or tout le monde n'est pas forcément doué pour créer des pièces au moyen d’un logiciel de dessin 3D !… C'est donc le travail du concepteur de créer des modèles qui pourront ensuite être imprimés. Il devra également prendre en compte les possibilités mécaniques des matières premières et des techniques d'impression afin de produire des pièces qui ne se casseront pas au bout de quelques minutes d'utilisation… Il maniera également les scanners 3D pour cibler des modèles qu'il retravaillera pour les améliorer. La clientèle pourrait se révéler très large (tous les gens désireux de produire des prototypes moins coûteux que ceux qui sont fournis par les sociétés de services d'impression à la demande). On peut même supposer que des indépendants proposeront des objets clés en mains à télécharger sur des plates-formes commerciales. À terme, l'impression 3D occupera une place non négligeable sur le marché — équivalente (au moins) à celle de la robotique de services. Niveau d'études recommandé : maîtrise des outils de dessin 3D.

Et si vous rejoigniez l'équipe de Planète Robots ?

plonger dans les réponses que la nature a apportées afin de résoudre certaines difficultés pour vous en inspirer et créer des applications pour les robots. Bref, vous aurez toujours une ou deux générations d’avance sur ceux qui seront commercialisés. (Le fruit de votre travail se retrouvera très certainement dans un des robots majeurs des décennies qui vont suivre.) Certains chercheurs, fiers de leurs projets, proposent eux-mêmes l'industrialisation de leurs proto-

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types — pour en faire de véritables robots qu'ils commercialiseront dans leurs propres structures. Niveau d'études recommandé : ingénieur en robotique. CONCEPTEUR/CONCEPTRICE DE MODÈLES 3D Certes, on semble s'éloigner un peu de la robotique pure, mais ce n'est qu'un point de vue

JOURNALISTE À PLANÈTE ROBOTS Parce que Planète Robots sera toujours là dans vingt ans (enfin je l'espère !) sous une forme ou sous une autre, nous avons besoin de compter dans nos rangs de jeunes journalistes passionnés de robotique. Nous avons de la place pour les accueillir et ils apporteront leur touche personnelle au magazine. Correspondant occasionnel ou impliqué — à vous de choisir ! Nous exigeons simplement un peu de rigueur et de ponctualité… Votre travail consistera à traiter des thèmes choisis parmi ceux qui vous seront soumis ou, encore mieux, à en proposer vousmêmes. Armez-vous ensuite de votre plus beau clavier et rédigez (des textes compréhensibles pour le plus grand nombre)… Notre magazine a pour vocation d'être une sorte d’outil de veille en matière de robotique et de technologies du futur. Ah oui — essayez de rendre des articles comportant un minimum de fautes (afin de ne pas rendre fou le correcteur)… Enfin, prenez autant de plaisir à écrire que les lecteurs en auront à vous lire ! Des possibilités d'évolution ?… Vos articles constitueront de très bonnes cartes de visite — ce n’est déjà pas si mal, non ? (N’hésitez pas à nous contacter : cf. l'ours à la première page du magazine.) Niveau d'études recommandé : une bonne plume et de la passion ! ■Frédéric Boisdron


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S ET LA ROBOTIQUE Une nouvelle tendance a fait son apparition sur Internet : le partage des services et du savoir… Ce qui a entraîné la naissance des MOOCs — des cours destinés à tous et de tous les niveaux, très souvent gratuits et pouvant même déboucher sur l’obtention d’un diplôme agréé ! L'occasion pour chacun de s'atteler à la robotique chez soi et à moindres frais — afin d'acquérir des compétences indispensables de nos jours… DES COURS DONNÉS PAR DES ÉCOLES ET DES UNIVERSITÉS DU MONDE ENTIER Les MOOCs (Massive Open Online Courses) sont des formations en ligne ouvertes à tous. Les cours se font à domicile, sur un ordinateur personnel. Chaque module est la plupart du temps offert une fois par semaine aux étudiants et se présente sous la forme de vidéos, de documents et d'exercices. Il faudra ensuite se motiver pour suivre semaine après semaine les cours, en réservant quelques heures à leur parfaite assimilation. Quelques plates-formes proposent des communautés d'entraide aux étudiants afin de les booster et de les accompagner dans la compréhension de certaines notions un peu abstruses. Si vous choisissez une solution premium, vous devrez vous acquitter de frais destinés à financer l’aide d’un professeur (par téléphone ou par e-mail). Et à la fin du cur-

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sus, quelques MOOCs proposent de passer un examen qui peut donner droit à une validation de vos connaissances et même déboucher sur un véritable diplôme… NOTRE SÉLECTION DE MOOCs Il existe de très nombreux cours de ce type à travers le monde. Nous avons fait une sélection de ceux (en français et en anglais) qui touchent de près ou de loin à la robotique. Ils peuvent constituer une bonne base pour votre formation personnelle ou professionnelle et vous ouvrir de nouvelles portes. Cependant, le plus dur dans un MOOC, ce n'est pas d’arriver à le suivre — mais de trouver le temps et la motivation nécessaires pour aller jusqu'au bout. Bon courage à tous ! Programmation Programmation sur iPhone et iPad (partie 1) Français

Plate-forme FUN École : UPMC – Sorbonne Universités Début : 3 février 2015 Durée : six semaines (Comme de nombreux robots ont des applications dédiées sur smartphone, il est intéressant de s'approprier les outils de développement qui leur sont destinés. Ce MOOC est le premier d'une série de deux consacrés à la programmation sur iPhone et sur iPad. Il se concentre sur le développement d'applications « mono-vue » et présente en détail les principes d'une interaction réussie de vos applications avec leurs utilisateurs.) Intelligence artificielle Introduction à l'Intelligence artificielle Anglais Plate-forme Udacity Début : bientôt Durée : quatre mois


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“Les MOOCs (Massive Open Online Courses) sont des formations en ligne ouvertes à tous. Les cours se font à domicile, sur un ordinateur personnel.” Plate-forme Coursera École : Duke University Début : 5 janvier 2015 Durée : neuf semaines (Les robots avancés ont besoin de traiter correctement les images provenant de leurs caméras. C'est à partir d’elles qu'ils pourront analyser leur environnement et les changements qui y sont apportés à chaque instant. Ce MOOC n'est pas spécialisé dans la vision des robots mais dans le traitement de l'image et de la vidéo. À vous d'adapter ce que vous apprendrez à vos propres besoins.)

À vous les joies de la connaissance robotique ! NAO vous tendra les bras pour la mettre en application…

(L'objectif de ce cours est de présenter l'Intelligence artificielle moderne.Vous allez y apprendre les bases techniques et les petits trucs du métier.) Intelligence artificielle Anglais Plate-forme Saylor.org Début : automotivation Durée : huit semaines (Ce cours présente le domaine de l'Intelligence artificielle à travers la programmation d'une IA, sa logique, la recherche, le jeu, l'autoapprentissage et la compréhension du langage naturel. La robotique initie l'étudiant aux méthodes, aux outils et aux techniques de l’IA, à leur application à des problèmes informatiques et à leur contribution à la compréhension de l'intelligence.)

École : Stanford University Début : automotivation Durée : cinq semaines (Les participants à cette classe vont apprendre à construire, programmer et contrôler les périphériques haptiques — des dispositifs mécatroniques qui permettent aux utilisateurs d’interagir avec des environnements virtuels ou distants. Les étudiants vont acquérir une vision des capacités et des limites du toucher tactile. Ils développeront une connexion intuitive entre les équations qui décrivent les interactions physiques, l'acquisition des compétences pratiques d'ingénierie interdisciplinaire liées à la robotique, au génie mécanique, au génie électrique, au génie biologique et au génie informatique.)

Intelligence artificielle dans l'automobile Anglais Plate-forme Udacity École : Georgia Tech Début : bientôt (Le sujet de ce cours : apprendre à programmer une voiture robotisée de type Google Car à la façon de l'équipe de Stanford. Vous y apprendrez les bases de l'Intelligence artificielle en incluant l'inférence probabiliste, la planification et la recherche, la localisation, le suivi et le contrôle, tout en mettant l'accent sur la robotique. Des exemples et des missions de programmation approfondies proposeront des applications de ces méthodes dans le cadre de la construction de voitures autopilotées.)

Traitement du signal Introduction au traitement du signal Français Plate-forme FUN École : CNAM Début : 15 janvier 2015 Durée : six semaines (Les robots reçoivent de nombreux signaux de leurs capteurs. Ce MOOC est une introduction aux principes de base du traitement du signal. Il est basé sur des cours dispensés au CNAM, de niveau L1 à L3 (bac à bac + 3). Les thèmes abordés sont la représentation temporelle et spectrale des signaux, le filtrage, la numérisation et les applications. Ces cours réclament des connaissances en mathématiques [intégration et manipulation des nombres complexes]).

Systèmes haptiques Introduction aux systèmes haptiques Anglais

Traitement des vidéos et des images : de Mars à Hollywood, en passant par l’hôpital Anglais

Traitement numérique du signal Anglais Plate-forme Coursera École : EPFL Lausanne Début : 19 janvier 2015 Durée : dix semaines (Encore un MOOC dédié au traitement du signal. Vous y apprendrez les fondements du traitement numérique du signal et découvrirez la myriade de possibilités que ce dernier offre en faveur d’applications encore plus productives et plus fun.) Fabrication numérique La fabrication numérique Français Plate-forme FUN École : Institut Mines-Télécom Début : a commencé le 8 décembre 2014 (mais rattrapable) Durée : treize semaines (Ce cours vous permettra de vous approprier les outils et les techniques issus des fab labs : électronique, Arduino, design, Internet des objets, modélisation 2D/3D, imprimantes 3D... Chaque semaine, une courte vidéo vous présentera un nouveau concept de fabrication numérique. Elle sera accompagnée de cours, d'exercices pratiques et d'un espace d'échange [forum + wiki] pour approfondir vos connaissances. L'objectif du MOOC : acquérir les compétences de base permettant ensuite de créer à peu près n'importe quoi !) Drones Introduction à la mécanique du vol Français Plate-forme FUN École : ISAE-SUPAERO Début : 26 janvier 2015 Durée : huit semaines (Pour qui veut créer son propre drone, il peut se révéler souhaitable d'avoir des notions de mécanique du vol. C'est à travers des vidéos et l'utilisation de logiciels de calcul et de simulateurs de vol libre que l'étudiant, d’un niveau bac scientifique, apprendra les principes du vol et de la stabilité d'un avion.) ■Screetch

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QUADRINO NANO

UN CONTRÔLEUR DE VOL POUR DRONE

RobotShop et FlyingEinstein se sont associés et vont commercialiser la nouvelle génération du Quadrino — un contrôleur de vol « tout en un » qui facilite la stabilisation des drones.

Le Quadrino Nano n’est pas plus gros que le couvercle d’une canette de soda.

Le Lynxmotion Quadrino Nano, futur cœur de votre drone, est compatible avec Arduino.

Issu du programme Accélérateur technologique RobotShop, le Quadrino a été développé par la société FlyingEinstein, spécialisée dans les contrôleurs de vol destinés aux drones. Basé sur le projet open source MultiWii, il a été initié par Alexandre Dubus, qui a assemblé une carte de prototypage électronique Arduino et les capteurs d'un contrôleur Wiimote de Nintendo puis a développé le logiciel et les algorithmes de contrôle de vol — afin de maintenir un hélicoptère multirotor en vol stable. La communauté des bidouilleurs et des concepteurs se l’est vite approprié et beaucoup de gens ont reproduit le système électronique d’Alexandre en utilisant des car tes Arduino, des car tes capteurs et des adaptateurs de cartes à circuit imprimé. (Un grand nombre des contrôleurs Wii utilisés étaient des imitations bon marché ou fabriquées avec des capteurs différents et les gens obtenaient

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des résultats mitigés… FlyingEinstein a résolu ce problème au printemps 2011 en proposant toute l'électronique sur un seul support [en fait une carte), le Quadrino — fiable et ne réclamant aucune soudure.] TRAVAILLER AVEC COLIN MACKENZIE En octobre dernier, RobotShop a acquis la technologie FlyingEinstein via sa filiale Lynxmotion. Le nouveau Quadrino Nano est donc disponible en précommande chez RobotShop et Lynxmotion : plus petit que la version précédente (60 % de la taille), il dispose d’un GPS intégré et utilise une puce ATmega2560, ce qui lui procure davantage de mémoire Flash, de RAM et d’E/S — comme les ports Spektrum et SBUS — et aussi trois ports sériels. Il est également doté d’un capot en mousse (pour le baromètre), prend en charge un écran

OLED (comme module à branchement direct) et inclut le nouvel IMU InvenSense MPU9150 intégré à neuf axes (gyroscopes, accéléromètres et magnétomètres…). RobotShop n’en est pas à son coup d’essai sur le marché des drones, puisque l’entreprise québécoise avait déjà fait l’acquisition de DiaLFonZo-Copter, un leader reconnu dans la conception et la production des UAV multirotors pour lancer la division Lynxmotion UAV… « Depuis notre arrivée sur le marché du drone, il y a de cela dix mois, notre équipe UAV, dirigée par Éric Nantel, a rapidement ressenti la nécessité d'un contrôleur de vol facile à utiliser et PnP, prenant en charge toutes les fonctionnalités MultiWii, précise Mario Tremblay, le P-DG de RobotShop. Après avoir analysé les besoins de notre communauté, nous avons vu que tout ce que nous souhaitions était déjà inclus dans le Quadrino de FlyingEinstein et qu’un nouveau partenariat donnerait plus de soutien à la communauté MultiWii tout en propulsant nos plates-formes UAV à un niveau supérieur. Travailler avec Colin MacKenzie est une expérience formidable car il partage notre vision de ce que nous souhaitons atteindre sur ce marché. La feuille de route définie est très excitante. » ■Joe Pillow

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JIBO

UN ROBOT COMPAGNON POUR TOUTE LA FAMILLE

Le Jibo, un prototype d’assistant familial robotisé de nouvelle génération, a fait un tabac sur Indiegogo… UNE AUTRE CONCEPTION DES CHOSES La directrice du groupe de recherche sur les robots personnels au MIT de Boston — le Dr Cynthia Breazeal — est surtout connue pour avoir mis au point le Kismet, une tête robotique capable de comprendre et d’interagir avec l’homme grâce à ses actionneurs, ses capteurs et son Intelligence artificielle. Cela fait déjà quatorze ans qu’elle travaille sur l’intégration sociale des robots et sur leurs interactions avec les êtres humains. Durant les quatre dernières années, elle a focalisé ses recherches sur la place desdits robots dans la sphère familiale. (Elle pense d’ailleurs que ces derniers n’ont pas besoin d’être humanoïdes pour remplir leurs diverses fonctions.) De ses réflexions est né le Jibo, un petit robot compagnon intelligent qu’elle a conçu avec une équipe d’experts aux compétences très variées (IA, apprentissage automatique, technologie de la parole, perception de la machine, informa-

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tique dans le Nuage, écosystèmes mobiles, création de l'interface utilisateur, animation de personnages, sécurité Internet, etc.). Comme plate-forme de contenu, le Jibo va investir le domicile des familles en leur apportant un engagement tactile de haute technologie car ce n'est pas seulement ce qu'il fait qui est important mais avant tout la manière dont il le fait. Il jouera un vrai rôle auprès des membres de la famille, en fonction des besoins de chacun (coach de santé, assistant personnel, caméraman, conteur d’histoires, répétiteur scolaire, système de surveillance ou de vidéoconférence, compagnon attentif à leurs moindres désirs, etc.), et ne sera pas simplement un banal objet connecté — comme le sont un ordinateur, un smartphone ou une tablette… UN SYMPATHIQUE PETIT COMPAGNON Le Jibo se connecte (en WiFi et en Bluetooth) à un smartphone via une application dédiée sous


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“Le Jibo se connecte (en WiFi et en Bluetooth) à un smartphone via une application dédiée sous iOS ou Android. Sa « tête » ronde est dotée d’un écran LED tactile haute définition au centre duquel viennent s’afficher diverses informations.” LES PROMESSES DE JIBO, LE ROBOT FAMILIAL Ce nouveau robot familial est l’objet d’une véritable déferlante sur le Net. Développé et vendu par Jibo, Inc. sur Indiegogo, il fait toutefois naître autant de scepticisme que d’enthousiasme… Il promet énormément de choses — mais à long terme. En effet, le Jibo ne disposera pas dès le début de toutes ses fonctionnalités. En tant que plate-forme, il pourra être complété et donc s'améliorer (mise au point de plus de contenu et de logiciels). Malgré cela, l'enthousiasme provoqué par ce petit assistant a permis à l'équipe conceptrice de lever plus de 2 M$ sur Indiegogo… Il est vrai qu'après une vidéo de présentation plus qu'alléchante, l’annonce des carences du Jibo va en refroidir plus d’un. (Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un événement de genre se produit dans l'histoire d'Indiegogo. Le robot sera de plus livré sans batterie, avec une plaque de recharge sans fil. Pas d'autonomie si l’on n’effectue pas un achat supplémentaire ! Sans compter que ses développeurs confirment qu'il tiendra seulement 30 min une fois rechargé et séparé de sa plaque sans fil…) D’autre part, certains ne voient pas d’un bon œil un tel robot — connecté et libre de les « espionner » (en les filmant), eux et leurs enfants. (Ce problème se pose également pour d'autres robots compagnons, comme le Pepper de SoftBank Corp.)

Le Dr Cynthia Breazeal et deux prototypes du Jibo…

Le Jibo sera-t-il un succès ou un flop ? Attendons sa sortie pour le savoir… Il constitue néanmoins une véritable innovation en matière d’assistanat virtuel et dans le domaine des appareils « intelligents » à interface vocale et à interface tactile (si l’on considère du moins les produits présents sur le marché). Zacharia Gunet

Au de Rome projet entre entrep frança mené Aldeb

Le Kismet, un précédent projet du Dr Cynthia Breazeal.

Le Jibo propose une gamme d’émotions très étendue.

iOS ou Android. Sa « tête » ronde est dotée d’un écran LED tactile haute définition au centre duquel viennent s’afficher diverses informations ; cet écran servira également à manifester diverses émotions grâce à des émoticônes (comme un cœur) en réponse au comportement d’un interlocuteur. Le robot se révèle également capable de rire et de changer le ton de sa voix en fonction des circonstances — comme lorsqu’il raconte des histoires aux en-

fants le soir en ajoutant des effets sonores et visuels et en agissant de façon interactive, à la manière d’un véritable compagnon de jeu. Et grâce aux capteurs tactiles disposés sur son corps, il réagit dès qu’on le touche (il suffit de lui parler pour qu’il réponde à haute et intelligible voix ou en exécutant les ordres reçus). Sa coque rotative (en aluminium et en plastique ABS) intègre un système de moteur à trois axes qui lui permet d’incliner la tête dans tous les

sens et de pivoter sur 360° — afin de suivre les mouvements des êtres humains présents dans son environnement. Équipé de deux caméras couleur haute résolution et d’un système performant de reconnaissance faciale, il peut se tourner vers la personne qui lui parle afin de lui présenter son écran et prendre automatiquement des photos ou faire des vidéos de la famille à des moments choisis (soirée entre amis, réunion de famille, anniversaire…). Il cadrera tout seul les plans de façon intelligente quand il détectera que les gens sourient ou se rapprochent pour prendre la pose. (Il pourra aussi servir de dispositif de visioconférence.) Reconnaissant aussi bien les visages que les voix,

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JIBO, UN ROBOT COMPAGNON POUR TOUTE LA FAMILLE “Reconnaissant aussi bien les visages que les voix, il est donc en mesure d’identifier chaque membre de la famille, de soutenir une conversation personnalisée, de délivrer les bons messages (emails, SMS, vidéos…).”

il est donc en mesure d’identifier chaque membre de la famille, de soutenir une conversation personnalisée, de délivrer les bons messages (emails, SMS, vidéos…) et des alertes (rappel de rendez-vous, prise de médicaments…) à la personne adéquate. De plus, toutes les données qu’il recueillera seront automatiquement enregistrées dans le Nuage. D’autre part, grâce à des algorithmes d'Intelligence artificielle, il observe au quotidien les faits et gestes des membres de la famille et les mémorise — et peut ensuite leur suggérer des activités adaptées à leurs goûts.

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Sa petite taille (28 cm de hauteur pour une base de 15 cm de diamètre) et son faible poids (2,700 kg) le rendent facile à déplacer d’une pièce à une autre. Quant à son design épuré et à son look de « lampe de chevet », ils lui permettront de se fondre dans le décor, une fois installé où bon vous semblera (salon, chambre, bureau, cuisine…). Sinon, il se branche sur secteur et apparaît plutôt destiné à un usage fixe — mais sa batterie (en option) lui assure une autonomie de 30 min : on peut ainsi le déplacer et le poser où l’on veut…

CHRONIQUE D’UN SUCCÈS ANNONCÉ Quelques heures après sa mise en ligne (le 16 juillet) sur la plate-forme de crowdfunding Indiegogo, le Jibo a franchi la barre des 100 000 $ ! Six jours après, ce fut celle du million de dollars… Ce succès fulgurant a permis à ses créateurs de le perfectionner. Dans un premier temps, un nombre limité d’exemplaires ont été proposés en précommande au prix de 599 $ (avec une autre version à 699 $ — spécialement destinée aux développeurs désireux de faire avancer le projet grâce à un SDK dédié). Ces précommandes devraient être livrées en décembre 2015. Les créateurs du Jibo espèrent évidemment que la communauté des développeurs apportera à leur robot toujours plus d’applications et de fonctionnalités nouvelles (comme la capacité d’interagir avec les autres appareils connectés de la maison). Quant à sa commercialisation auprès du grand public, elle est prévue pour le début de 2016 (il sera disponible en noir ou en blanc). ■Josèphe Ghenzer


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XENEX ET SON ROBOT « ZAPPEUR » DE GERMES Le Xenex Germ-Zapping Robot permet de réduire considérablement (voire d'annihiler) tout risque de contamination des aides-soignants et des médecins en contact avec des patients atteints d’une maladie contagieuse. Il s'agit d'un robot utilisant la lumière UV de type UV-C au xénon. Il permet de détruire 99,90 % des germes présents dans une pièce. Mis au point par la société Xenex, il est le dernier en date de tous les projets qui ont été lancés après l'apparition de la grippe aviaire. Cette machine a été maintenant parfaitement mise au point — en procédant à un suivi des utilisations — et son efficacité n'est plus à prouver. Le robot est également équipé d’un minuteur, d’un système d'arrêt d'urgence et peut détruire tous les germes (comme le virus Ebola et le staphylocoque doré), notamment dans un endroit qui a été occupé par un patient contaminé et sur tous les genres de meubles. Les combinaisons de protection des équipes médicales peuvent être aussi exposées aux rayons lorsqu’elles sont por tées et cela sans danger, pour minimiser le risque d'infection quand elles sont retirées : Xenex a testé ce processus et a assuré que les médecins seraient aussi pro-

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Surnommé Little Moe, le robot de Xenex constitue un rempart contre le virus Ebola et d’autres agents pathogènes contagieux…

tégés des rayons UV émis par le robot. Cette opération dure seulement cinq à dix minutes : le Xenex-Germ-Zapping Robot se déplace et purifie ce qu'il doit purifier. Le risque de contamination du personnel soignant devient alors quasi nul… ZAP SUR EBOLA Selon le site officiel de Xenex, c'est en réponse à un appel du président des États-Unis Barack Obama — visant à déclencher des mesures efficaces pour contenir le virus Ebola et afin de respecter les récentes directives des Centers for Disease Control et Prevention (CDC) que les services de désinfection de la société ont créé des protocoles intégrant ce robot zappeur de germes. Il s'agit de la première machine à rayons ultraviolets disponible sur le marché à ne pas utiliser d'ampoule à mercure. Cette ampoule s’est révélée d’une piètre efficacité car elle se contente d’endommager l'ADN des germes ciblés sans


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“Avec la peur qui monte depuis l'arrivée d'Ebola dans nos pays occidentaux, l’intérêt pour la désinfection des milieux médicaux s'est développé.”

DES ROBOTS RECYCLÉS CONTRE EBOLA ?

C'est avant tout la protection du personnel soignant qui est visée par le Xenex Germ-Zapping Robot.

Des roboticiens états-uniens réfléchissent à la reconversion des robots utilisés dans des situations de catastrophe dans la lutte contre l'épidémie Ebola. Des robots qui effectueraient même partiellement les tâches d'un humain, comme l'enlèvement des déchets, sauveraient des vies… Ainsi, sous l'égide de la Maison-Blanche, des scientifiques ont monté des comités de réflexion. « Comme pour Fukushima, la crise de l'Ebola a révélé un écart important entre les capacités du robot et ce qui est nécessaire dans le domaine des secours, a déclaré Gill Pratt, gestionnaire de programme à la DARPA. Mais nous avons une obligation morale d'essayer, d'adapter et d'appliquer la technologie disponible. » Selon les scientifiques, la technologie est encore limitée en ce qui concerne la médecine. Les robots ne possèdent pas la dextérité nécessaire à l’administration des soins de santé. On étudie donc des moyens de réutiliser ceux qui existent déjà comme outils destinés à effectuer des tâches de décontamination. De plus, les pays où se concentre l'épidémie ne sont pas en mesure de déployer des robots ; certains modèles sont employés dans les milieux médicaux aux États-Unis et les administrateurs des hôpitaux en réclament davantage. Yulun Wang, le directeur d’InTouch Health, qui fabrique des robots de téléprésence utilisés dans les établissements hospitaliers, affirme être continuellement sollicité… Et les clients demandent si ces robots peuvent aider à diagnostiquer une infection, sans présence humaine, ou à organiser des visites virtuelles au patient en isolement… L'entreprise en fabrique d’ailleurs un qui parcourt les couloirs, guidé à distance par un médecin, pour observer les malades et former le personnel de soins. « Il n'y a pas beaucoup d'experts d'Ebola aux États-Unis mais nous pouvons transférer de l'information dans les mille hôpitaux qui ont notre système — instantanément. » Cependant, pour de nombreux chercheurs, la robotique n'est pas encore prête. D’ailleurs Ken Goldberg, un professeur de génie industriel (et un artiste), craint que lesdits roboticiens n’apparaissent opportunistes : « Nous ne voulons pas être considérés comme des gens en train de capitaliser sur la tragédie. » Nicolas Denis

Le robot de Xenex est utilisé ici pour purifier de toutes sortes de germes une salle de sport destinée aux étudiants.

les éradiquer et n'empêche pas toujours la multiplication des cellules. (Mais elle est surtout toxique pour l’être humain…) Quant à la lumière UV-C au xénon, elle émet un spectre de lumière bien plus large — causant ainsi des dommages qui attirent des molécules d'eau dans l'ADN (ce qui l'empêche de se replier), cassent les brins (les chaînes d'ADN) et relient les bases azotées voisines entre elles. Le tout interdit définitivement à la cellule de se re-

produire ; mieux, la lumière distord la cellule du germe et la détruit… UN SUCCÈS GRANDISSANT Avec la peur qui monte depuis l'arrivée d'Ebola dans nos pays occidentaux, l’intérêt pour la désinfection des milieux médicaux s'est développé. Sans compter que chaque année, pas loin d'un million de patients sont atteints dans l’Hexagone de maladies nosocomiales (des infections

contractées en milieu hospitalier). Bien que l'appareil représente un investissement d'environ 100 000 €, son succès semble assuré (déjà aux États-Unis et bientôt en Europe et en Asie). Les épidémiologistes Julie Stachowiak et Mark Stibich (qui ont fondé Xenex en 2008) peuvent donc être fiers de cette réussite qui met en évidence l’implication toujours croissante de la robotique dans le domaine médical. ■Josèphe Ghenzer

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LE ROBOT PILOTE

Un robot capable de piloter des avions : voilà la petite merveille que des chercheurs de Corée du Sud sont en train de développer… Sa conception unique lui permettra de prendre et de manier le manche de n'importe quel appareil ! Le pilote de demain est en train de naître… C'est en Corée du Sud que des chercheurs du KAIST (Korean Advanced Institute of Science and Technology) sont en train de développer le PiBot, un robot humanoïde conçu pour piloter toutes sortes d'appareils volants — les avions comme les hélicoptères. Il pourra survoler les zones qui se révèlent dangereuses pour les pilotes humains. La différence majeure entre le PiBot et un drone volant équipé d’un pilote automatique réside dans le fait que ce robot s'adapte à tout appareil volant dont il prend les commandes, sans qu’on ait besoin de modifier sa programmation à chaque changement de cockpit. Il est en effet capable d'identifier, grâce au tableau de bord placé devant lui, la nature de l'appareil dans lequel on l'installe. Il ne lui reste plus alors qu'à faire son office… Et c'est là que le fait d'avoir conçu un humanoïde au lieu d'avoir construit un simple amas de bras fonctionnels prend tout son sens. Selon David Hyunchul Shim, le maître

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se rapprochant de l'apparence humaine est donc ici idéale pour le PiBot…

Les avions modernes sont déjà équipés de fonctions avancées de pilotage automatique — mais sur le papier, le PiBot pourrait s'adapter à n'importe quel avion… Ici, un Airbus A350 (photo Airbus SAS/S. Ramadier)

d’œuvre du projet, le point commun des différents modèles d'appareils pilotés, c’est qu'ils ont tous été conçus pour des humains. Une forme

PAS ENCORE « TOP GUN » Cependant, les avions de ligne ou de chasse ne sont pas encore d'actualité pour ce robot… Les tests ont surtout été effectués avec des simulateurs ou à bord d'un biplan miniature ; les commandes étaient presque toujours celles d'avions monoplaces ou biplaces… Le PiBot n'a en vérité pas encore passé le stade de l’expérimentation. (Tous les tests, jusqu'ici, se sont toutefois révélés concluants.) Il interagit avec les capteurs et les instruments et rend ainsi l'appareil autonome. Doté d’une vision par ordinateur en temps réel, il se montre très réactif mais on ne sait pas encore s’il sera capable d'éviter tous les obstacles. S'il vole à basse altitude, sera-t-il en mesure de détecter et d'éviter les câbles électriques ? Et même en volant plus haut, pourra-t-il réagir rapidement sous la menace d’une collision avec un autre ap-


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“Cependant, les avions de ligne ou de chasse ne sont pas encore d'actualité pour ce robot… Les tests ont surtout été effectués avec des simulateurs ou à bord d'un biplan miniature.”

Y A-T-IL UN PIBOT DANS L’AVION ?

Le robot open source InMoov, créé par Gaël Langevin, a déjà été testé pour cette mission.

pareil ? Aucune information officielle qui permettrait de répondre à ces questions n’a filtré pour le moment… Le Pibot peut décoller, voler, effectuer des manœuvres et atterrir tout seul sans problème — ce qui n’est déjà pas si mal. RÉSERVÉ AUX MISSIONS DANGEREUSES David Hyunchul Shim a révélé que l'idée qui a présidé à la conception du PiBot était née juste après le tsunami qui a frappé le Japon en 2011 et provoqué la catastrophe de Fukushima. À cette occasion, un avion avait tenté de déverser des produits extincteurs mais ne put descendre

à une altitude suffisamment basse pour être efficace, à cause des radiations… Un appareil piloté par un robot comme le PiBot aurait pu effectuer ce genre de mission sans aucune difficulté. Le projet se trouvant toujours en phase de test, on peut seulement imaginer les utilisations futures d'une telle machine. Bien des choses restent envisageables mais il est clair que l'être humain n'a pas encore perdu sa place dans les cockpits. Le PiBot représente néanmoins un grand progrès dans le domaine de l'automatisation des appareils volants. ■Zacharia Gunet

C’est lors de l’IROS (International Conference on Intelligent Robots and Systems) 2014, qui s’est déroulée à Chicago du 14 au 18 septembre, que le professeur David Hyunchul Shim et les étudiants du département d'ingénierie aérospatiale du KAIST ont présenté le PiBot… Il a été conçu sur la base d'un robot en kit (de type Bioloid Premium, de Robotis) auquel ils ont apporté certaines modifications de façon qu’il puisse reconnaître, grâce à son système de vision, les instruments et les commandes qui se trouvent dans un poste de pilotage et les faire fonctionner. Dans la vidéo de présentation, on le voit assis aux commandes d’un Piper Comanche PA-24 250 virtuel, immobilisé sur une piste d’aéroport. Il commence par mettre les gaz au ralenti puis enclenche les interrupteurs pour allumer la batterie, l’avionique et la pompe à essence électrique. Il règle son altimètre et fait démarrer le moteur, saisit ensuite le manche à balai et le palonnier puis relâche les freins : l’avion commence alors à rouler. Le PiBot contrôle son alignement et accélère jusqu’à faire décoller le zinc et une fois en l’air, exécute des manœuvres de virage et de montée tout en respectant la vitesse et l’altitude qui lui sont communiquées par la tour de contrôle. Il effectue enfin un tour de piste complet puis un atterrissage impeccable — parfaitement dans l'axe de la piste. La prochaine étape consistera à lui faire passer des tests en conditions réelles à bord d’un modèle réduit d’avion, construit à ses dimensions. (Selon ses concepteurs, le PiBot répond à toutes les exigences de la FAA.) Josèphe Ghenzer

Un prototype du PiBot utilisant un robot Bioloid Premium est déjà capable de piloter un avion via un simulateur de vol.

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L’Alien Queen du film Alien vs. Predator — comme si vous y étiez !

ALIEN QUEEN

LA REINE DES ANIMATRONIQUES

Une montée d’adrénaline fait naître une sueur glaciale entre nos omoplates; cette sudation maléfique secoue notre corps de frissons en glissant vers le coccyx… Une angoisse térébrante, issue du plus profond de notre mémoire ancestrale, s’empare de nous… Mais qu’est-ce que c’est que ce binz? Il n’y a rien à craindre, voyons — maîtrisons la folle du logis!… Voilà ce qu'on peut ressentir depuis quelques semaines au musée Miniature et Cinéma de Lyon en pénétrant dans la pièce où est exposée la reine des Aliens du film Alien vs. Predator (Paul W.S. Anderson, 2004), une animatronique qui vient tout juste d’être restaurée. L’endroit paraît exigu, en comparaison de la taille de l'hôte ! Aucune issue possible, nous sommes à sa merci et à regarder la réaction des autres visiteurs, on se rend compte que, sublimée par un éclairage hollywoodien, la bête de Hans Ruedi Giger — ce monstre sans yeux dégoulinant de bave visqueuse et acide — a définitivement implanté un effroi relevant de la mythologie dans notre inconscient collectif… Elle est là, pour de vrai, elle a l'air agile dans son exosquelette d'arthropode géant et semble ruminer un mauvais coup tant elle joue des mandibules !

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UNE SUCCESSION DE MONSTRES DE LATEX Pour réaliser le premier épisode de la saga — Alien, le huitième passager (1979) —, Daniel O'Bannon, le scénariste, mit entre les mains de Ridley Scott l’artbook Necronomicon de H.R. Giger, inspiré du monde lovecraftien. Scott, convaincu au premier coup d'œil par le tableau intitulé Necronom IV, chargea l’artiste de concevoir l’aspect du Xénomorphe et les décors du film. L’extraterrestre devait être incarné par un acteur revêtu d’un costume. Et dans le deuxième opus, Aliens (1986), apparut pour la première fois une « reine ». Imaginée et créée par le réalisateur James Cameron en collaboration avec le spécialiste des effets spéciaux Stan Winston, elle fut conçue à partir d’une peinture de Cameron. Le Winston Studio éla-

bora un prototype en mousse avant de construire une animatronique hydraulique complète qui fut utilisée dans la plupart des scènes. La reine était suspendue en l'air par une grue et deux personnes se tenaient dos à dos à l'intérieur pour animer les deux paires de bras. (Des techniciens animaient le corps et la tête de l'extérieur grâce à un système hydraulique dirigé à l’aide de volants.) Quant aux jambes et aux éléments de la tête, ils étaient manipulés à distance grâce à des câbles et les pattes étaient activées à l'aide de baguettes. Et comme elle mesurait 4,50 m, il fallait environ quinze opérateurs pour préparer chaque mouvement de la reine. (Le film de Cameron gagna cette année-là l'Academy Award for Best Visual Effects.) Pour Alien3 (David Fincher, 1992), seules des images de synthèse furent utilisées et dans Alien,


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“L’endroit paraît exigu, en comparaison de la taille de l'hôte ! Aucune issue possible, nous sommes à sa merci et à regarder la réaction des autres visiteurs, on se rend compte que, sublimée par un éclairage hollywoodien, la bête de Hans Ruedi Giger…”

Patrick Clody, de Side Up Concept, et Dan Ohlmann en train d'essayer la mécanique du mouvement des épines dorsales ainsi que celle du mouvement de la tête.

la résurrection (1997), Jean-Pierre Jeunet reprit la tête mécanique de la reine d’Aliens, fournie au studio ADI (Amalgamated Dynamics Inc.) par le collectionneur Bob Burns. (On l'aperçoit furtivement lors de la scène dans laquelle Sigourney Weaver se retrouve dans le nid extraterrestre.) Elle fut repeinte dans des tons de vert et de marron, ce qui renforçait son côté insecte. Et le design du corps avait été grandement modifié, pour en faire une gigantesque pondeuse. En ce qui concerne Alien vs. Predator de Paul W.S. Anderson (2004), une nouvelle reine — encore plus monumentale — fut fabriquée. Son design fut changé pour la rendre plus menaçante encore : sa taille passa à 6,50 m pour un poids de 500 kg. Les pieds furent modifiés et des épines ajoutées sur la tête ; son corps apparaissait toutefois plus mince car il n’était plus nécessaire de placer des acteurs marionnettistes à l'intérieur. La reine, devenue complètement robotique, pouvait effectuer soixante-douze mouvements. Créée par ADI en cinq mois grâce au travail de vingt personnes, elle était contrôlée par ordinateur et animée par un réseau de vé-

rins hydrauliques, de câblages et de servomoteurs. Du coup, le rendu à l’image pouvait rivaliser avec celui de l’animation numérique (de plus en plus utilisée dans les studios). C’est cette animatronique star qui a élu domicile aujourd’hui à Lyon… CHRONIQUE D'UNE RÉSURRECTION Le studio ADI, fondé en 1988 par Alec Gillis et Tom Woodruff Junior, conçoit des personnages et des effets spéciaux maintes fois récompensés. Il fait appel à de multiples talents et à tout un éventail de techniques et invente prothèses, animatroniques, doubles d'acteurs et répliques d'animaux. Riche de vingt-cinq ans d'expérience, il procure aux réalisateurs des artefacts qui interagissent avec les acteurs et mettent en place des éclairages et des atmosphères sur mesure. Enfin, ADI compte aussi parmi ses partenaires privilégiés certains des meilleurs développeurs d'imagerie de synthèse. On trouve d’innombrables blockbusters dans le CV d'ADI : X-Men, Spider-Man, Hulk, Starship Troopers, etc. Alien vs. Predator a été un de leurs plus gros chantiers et

a même fait l'objet d'un livre : AVP — Alien vs. Predator :The Creature Effects of ADI (Design Studio Press, 2004). Une fois le tournage terminé, l'avenir d'une animatronique est plutôt problématique. La sculpture de latex et les autres textures d'habillage ont une durée de vie maximale d’une dizaine d’années ; elles commencent ensuite à se décomposer… Les éléments mécaniques, quant à eux, sont le plus souvent réutilisés dans d’autres robots. Entreposée dans un dépôt de Los Angeles et fortement endommagée par le tournage, la reine des Aliens fit toutefois l’objet, en 2012, d’une proposition d’achat de la part du musée lyonnais Miniature et Cinéma. Après une année complète de restauration, cette Alien Queen, une des conceptions tératologiques les plus ambitieuses de l’histoire du cinéma, est maintenant enfin dévoilée. Cette renaissance a été rendue possible grâce au travail de deux passionnés et de leurs équipes : Dan Ohlmann, un miniaturiste cinéphile (fondateur du musée Miniature et Cinéma) et Patrick Clody, un expert en robotique

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ALIEN QUEEN LA REINE DES ANIMATRONIQUES “Et dans le deuxième opus, Aliens (1986), apparut pour la première fois une « reine ». Imaginée et créée par le réalisateur James Cameron en collaboration avec le spécialiste des effets spéciaux Stan Winston…”

La restauration de l'animatronique doit passer par un renforcement de la peau en latex.

et en mécanique (fondateur également de Side Up Concept). Le musée lyonnais est un établissement privé qui a été fondé en 1990. On peut y admirer la collection complète des scènes miniaturisées de l'artiste mais l'établissement a aussi pour vocation de faire connaître les techniques et le talent des créateurs d’effets spéciaux pour le cinéma. C’est un concept unique en Europe et son parcours didactique est illustré d’une riche collection de décors et d’éléments qui ont servi au tournage de grands classiques du cinéma : de Batman à Gladiator en passant par I, Robot et Gremlins… La magie des effets spéciaux avant le tout-numérique se raconte à travers le dédale

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de couloirs et de pièces d'un immense bâtiment du Vieux Lyon, classé au patrimoine de l’Unesco. Ces nombreux objets originaux, issus des plus grands studios de cinéma états-uniens et européens ont été remis à neuf dans les ateliers de restauration du musée. Ils composent une collection de plus de quatre cents pièces rares, proposées à un public plus nombreux chaque année. Cette reine Alien est la toute dernière acquisition du musée. Le sauvetage du monstre figure parmi les multiples actions de sauvegarde qu’il a engagées depuis quinze ans en faveur du patrimoine cinématographique… Il faut bien dire que la créature avait quelque peu souffert des coups portés par ses adver-

saires et on a dû procéder à tout un travail de reconstruction. Il a été nécessaire, dans un premier temps, de resculpter les parties détruites de l'habillage et de les fixer sur la mécanique. La peau de latex a été renforcée pendant quatre mois par quatre personnes, centimètre par centimètre, au moyen d’un piquage à la seringue d'un silicone spécial créé exceptionnellement par Bluestar Silicones, un fabricant de Saint-Fons, une des communes du Grand Lyon. Cette entreprise a d’ailleurs apporté une contribution à l’œuvre de restauration en offrant aux nouveaux docteurs Frankenstein 120 kg de silicone. Ensuite, durant trois mois, la couronne et les épines en résine furent réparées avec un soin chirurgical. Et la peau de la reine fut définitivement remise à neuf (entièrement repeinte à l’aérographe par Julien Dumont, de l’atelier suisse Dbfx). La partie mécanique a été prise en charge par Patrick Clody et son équipe : Side Up Concept est un spécialiste de la machinerie scénique sur mesure. Cette société répond aux demandes artistiques du monde du spectacle et particulièrement à celles des grandes compagnies de cirque. De la machinerie pure et dure, un assemblage d'architectures métalliques, d'automatismes, de mouvements hydrauliques qui répond aux besoins de certaines mises en scène, des personnages qui volent ou des décors aquatiques… Patrick Clody, mécanicien et électricien de formation, a entamé sa carrière professionnelle dans le monde du spectacle à la fin des années 1970 en organisant des tournées pour de grands noms de la scène anglo-saxonne ; c'est donc tout naturellement qu'il a basculé dans la logistique (son, lumières et machinerie)… Le challenge proposé par la restauration de la reine Alien consistait à réinventer toute la structure principale d'un robot. En effet, on avait livré aux nouveaux acquéreurs la peau complète de la bête — mais seuls les mécanismes de la tête et ceux des petits bras du torse avaient été sauvegardés ! Le travail se fit donc à l'inverse de la


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“En ce qui concerne Alien vs. Predator de Paul W.S. Anderson (2004), une nouvelle reine — encore plus monumentale — fut fabriquée. Son design fut changé pour la rendre plus menaçante encore : sa taille passa à 6,50 m pour un poids de 500 kg.”

L’opération finale : la mise en situation de l'animatronique.

procédure normale : les équipes du musée lyonnais moulèrent une coque rigide en résine et il fallut construire ensuite une structure articulée et automatisée adaptée à la taille du costume extraterrestre. Difficulté supplémentaire, au fur et à mesure de la restauration et de l'ajout de silicone neuf, la peau prenait du poids… Il se révélait donc indispensable de réajuster, à tâtons, la robustesse de la structure en « profilé aluminium » et la puissance des vérins, des servomoteurs et des motoréducteurs en améliorant progressivement la fiabilité et la résistance des pièces. Au bout d'un an d'acharnement, ce travail de fourmi finit par payer : alors que le robot, durant le tournage, requérait dix opérateurs pour se mouvoir, il est aujourd'hui entièrement automatisé et autonome. (Un automate industriel Mitsubishi programmé envoie des séquences de mouvements qui s'enchaînent en mode aléatoire dans un langage automate simple et stable. La reine, aujourd'hui, est réveillée tous les matins d'une simple pression sur un interrupteur. Elle s'anime, s'étire et grogne pour le plus grand plaisir des visiteurs…) Il ne restait plus qu'à aménager la salle où trône désormais la bête… Elle est mise en scène non sans humour au milieu d’éléments de cages et de chaînes qui ne résisteraient pas longtemps aux dents acérées du vrai monstre et des râles inquiétants glacent le sang de ceux qui osent faire face à l'œuvre, éclairée à contrejour par un habile jeu de spots, comme si la créature sortait tout droit d’un projecteur de cinéma ! UN SECOND SOUFFLE Les animatroniques font partie du bestiaire hollywoodien depuis les années 1930… Les Trois Stooges en utilisaient déjà dans leurs feuilletons hebdomadaires et des films comme la première trilogie de Star Wars les ont hissées au rang de quasi-héros. Aujourd'hui, même si depuis vingt ans les images de synthèse leur ont volé la vedette, les robots reviennent de plus en plus dans les studios pour combler un besoin de réalisme.

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Le corps — et la carapace provisoire en résine, pour l’application de la peau.

Les séquences virtuelles vieillissent mal et l'œil du public, désormais plus affûté, remarque sans difficulté la mauvaise interaction entre les acteurs et un élément qui n'existe pas physiquement… L'heure est désormais au mélange des techniques : il faut extraire le meilleur des automates et des animations numériques, comme dans Alien vs. Predator. Et je ne doute pas que les magiciens californiens sauront nous faire passer encore bien des heures de plaisir et de frisson dans les salles obscures (le musée Miniature et Cinéma enrichira d’autant sa collection…). ■Jean-Claude Colin

POUR ALLER PLUS LOIN… • Musée Miniature et Cinéma (incontournable lors d’un passage dans la capitale des Gaules), 60, rue Saint-Jean, 69005 Lyon. www.museeminiatureetcinema.fr • H.R. Giger Museum (il faut absolument [re]découvrir l’univers de cet artiste récemment disparu), château Saint-Germain, 1663 Gruyères (Suisse). www.hrgigermuseum.com • Karel Zeman Museum (en hommage à l’équipe tchèque du film Alien vs. Predator), Saský dvůr – Saská 3, 118 00 Praha 1 (République tchèque). www.muzeumkarlazemana.cz/en • Cinémathèque québécoise (bonjour à nos amis canadiens !), 335, boulevard de Maisonneuve Est, Montréal – Québec H2X 1K1 (Canada). www.cinematheque.qc.ca/fr/secrets-et-illusionsla-magie-des-effets-speciaux

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Curiosity a fini par atteindre les contreforts du mont Sharp et continue vaillamment à remplir la mission qui lui a été assignée. Alors que les analyses définitives des résultats issus de ses nombreuses investigations sont encore attendues, la NASA pense déjà à l’avenir : un nouveau rover devrait être envoyé sur la planète rouge en 2020… LES OBJECTIFS DE LA MISSION Un comité réunissant dix-neuf scientifiques et ingénieurs — et dirigé par Jack Mustard de la Brown University (Rhode Island) — a été chargé de définir les différents objectifs de ce nouveau rover, provisoirement baptisé Mars 2020. Pour l’instant, on a prévu de le lancer en juillet 2020 pour un atterrissage sur Mars en février 2021 ; les opérations scientifiques qu’il devra mener se poursuivront jusqu’en août 2023 même si, à l’heure actuelle, l’endroit où il se posera n’a toujours pas encore été déterminé… Les tâches qu’il devra accomplir sont multiples… Il lui faudra faire des analyses géologiques du site d'atterrissage, déterminer l'habitabilité de l'environnement et rechercher d’éventuelles traces de vie martienne, présente ou passée (et non plus seulement celles de l’ha-

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bitabilité). En effet, si Curiosity a été conçu pour rechercher des environnements habitables dans le passé ou le présent, le rover Mars 2020 aura lui la capacité de rechercher des matériaux organiques pouvant indiquer des précurseurs de la vie. Et il procédera aussi à diverses expériences qui aideront les scientifiques à mieux appréhender la manière dont des explorateurs humains pourraient utiliser les ressources naturelles disponibles à la surface de la planète rouge et à identifier les dangers que réservent le climat et les poussières auxquels ils seront confrontés. Une autre de ses spécificités consistera à collecter une série d’échantillons significatifs des roches et du sol, à les conserver et à les stocker dans un réservoir ad hoc, avant leur transport sur la Terre par la mission Mars Sample Return — qui n’a pas encore été officiellement planifiée.

LES (FUTURS) INSTRUMENTS EMBARQUÉS Confrontée à d’importantes restrictions budgétaires au cours de ces dernières années, la NASA a décidé de s’inspirer des travaux de conception et d'ingénierie précédemment réalisés pour Curiosity (ils ont déjà largement fait leurs preuves) pour élaborer le rover Mars 2020. Elle a ainsi prévu de réutiliser son architecture générale, avec un châssis identique muni de six roues et le spectaculaire système d’atterrissage Sky Crane — ce qui permettra de réduire les coûts de développement et les risques inévitables liés à l'introduction d'une nouvelle technologie de dépose. mars 2020 embarquera toutefois à son bord des systèmes beaucoup plus perfectionnés et de nouveaux instruments, dotés d’une technologie nettement plus sophistiquée que ceux de Curiosity. Le


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“Le 31 juillet 2014, la NASA a donc dévoilé les sept nouveaux instruments qui équiperont le rover. Ils ont été sélectionnés par la NASA, qui avait minutieusement examiné cinquante-huit propositions.”

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Vue d'artiste du rover de la mission Mars 2020 (image NASA/JPL-Caltech).

31 juillet 2014, la NASA a donc dévoilé les sept nouveaux instruments qui équiperont le rover. Ils ont été sélectionnés par la NASA, qui avait minutieusement examiné cinquante-huit propositions — soumises au début de la même année par des chercheurs du monde entier. (Un budget de 130 M$ a été alloué au développement des instruments sélectionnés.) — À l'instar de Curiosity, Mars 2020 sera doté d'une Mastcam (mais plus perfectionnée). Ce nouveau système de caméras, Mastcam-Z, sera capable de produire des images panoramiques et stéréoscopiques et de zoomer sur les éléments qui l'entourent. Il servira à fournir des indications minéralogiques sur la surface

Image d'artiste précisant où devraient être placés les sept instruments qui équiperont le rover Mars 2020 (image NASA).

martienne et aidera aussi aux opérations du rover. — Le PIXL (Planetary Instrument for X-Ray Lithochemistry) est un spectromètre de fluorescence X qui contiendra aussi un système d'imagerie haute résolution, destiné à déterminer avec précision la composition élémentaire des matériaux de la surface ; il permettra une meilleure détection et une analyse plus fine des éléments chimiques présents sur la planète. — Le SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics and Chemicals) est un spectromètre qui

fournira des images détaillées en haute résolution et à petite échelle ; il utilisera un laser ultraviolet pour déterminer la composition chimique et détecter d'éventuels composés organiques. Et sera le premier spectromètre ultraviolet Raman à aller sur Mars ; il complétera d'autres instruments comme la SuperCam. — Conçu en Espagne, le MEDA (Mars Environmental Dynamics Analyzer) regroupe toute une série de capteurs qui seront chargés d'analyser les indicateurs du climat martien en effectuant diverses mesures : température, vitesse et direction du vent, pression atmosphérique, humidité

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LA PRÉPARATION DE LA RELÈVE DE

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La manœuvre spectaculaire du Sky Crane en train de déposer les nouveaux rovers martiens. À droite… Un module de collecte d'échantillons du sol. Lesdits échantillons seront ultérieurement envoyés sur la Terre (image NASA/JPL-Caltech).

“Mars 2020 embarquera toutefois à son bord des systèmes beaucoup plus perfectionnés et de nouveaux instruments, dotés d’une technologie nettement plus sophistiquée que ceux de Curiosity. Le 31 juillet 2014, la NASA a donc dévoilé les sept nouveaux instruments qui équiperont le rover.”

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relative, taille et configuration des particules de poussière. (Cette caractérisation des poussières fait partie de la préparation à l'exploration humaine.) — Enfin, le RIMFAX (Radar Imager for Mars' Subsurface Exploration) est un radar à pénétration de sol qui fournira des images de la structure géologique du sous-sol avec une résolution de l'ordre du centimètre. UNE FRUCTUEUSE COLLABORATION INTERNATIONALE Après avoir déjà œuvré à la construction de la ChemCam embarquée à bord de Curiosity, les équipes françaises du Centre national d'études spatiales (CNES) et les équipes états-uniennes du Los Alamos National Laboratory vont réité-

rer l’expérience avec la SuperCam, une version plus évoluée de l’ancienne ChemCam. Ce nouvel instrument est le fruit d’une étroite collaboration scientifique entre l’équipe du Dr Roger Wiens (du Los Alamos National Laboratory) et celle du Dr Sylvestre Maurice (de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) de Toulouse — sans oublier la contribution de l’équipe du professeur Fernando Rull de l’Universidad de Valladolid (Espagne). La SuperCam sera construite par un consortium regroupant une douzaine de laboratoires français — parmi lesquels figure le Laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes (LPGNantes). Elle devrait être livrée en décembre 2018 au JPL de Pasadena, qui sera alors chargé de l’installer sur le rover. Par la suite, les


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“La première carte globale de Mars avait été réalisée par la NASA en 1978, à partir des données transmises par Mariner 9 et Viking Orbiter, mais celle de l’USGS est de loin la plus précise et celle qui remonte le plus loin.”

Le véhicule de lancement au départ de la Terre.

chercheurs du LPG-Nantes participeront à la phase d'atterrissage du rover, prévue pour février 2021, puis apporteront leur savoir-faire en matière de techniques d'imagerie spatiale pour analyser les données recueillies pendant toute la durée de la mission. Placée sur le haut du mât du rover afin d’analyser à distance la composition chimique des roches et des régolithes, la SuperCam est un instrument de planétologie qui combine plusieurs sous-ensembles complémentaires. Ces derniers permettent d'analyser plus finement la minéralogie: un analyseur de la composition élémentaire des cibles martiennes par ablation laser et spectroscopie optique (LIBS); une caméra couleur chargée de recueillir des images à très haute définition — afin de connaître la texture de la roche et le contexte géologique dans lequel seront effectuées les analyses spectrométriques; sans oublier des spectromètres Raman et infrarouges pour identifier les phases minérales mais aussi détecter l’éventuelle présence de matière organique. La SuperCam servira également à sélectionner des échantillons à étudier plus en détail. UN NOUVEL ESPOIR POUR L’EXPLORATION SPATIALE Le MOXIE (Mars Oxygen In-situ resource utilization Experiment) sera incontestablement LA star des instruments embarqués car il a été tout spécialement conçu pour effectuer une très importante expérience à la surface de la planète rouge. Il utilisera l'électricité fournie par un dispositif séparé pour produire de l'oxygène à partir du dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère martienne grâce au processus d’électrolyse à oxyde solide.

Cette expérience, qui favorise l'espoir d'une future exploration humaine, permettra d’étudier la possibilité de produire suffisamment d'oxygène sur place — non seulement pour respirer mais aussi pour fournir de l‘oxydant au carburant qui fera fonctionner les moteurs des fusées. Si cette expérience se révélait concluante, la NASA envisagerait d’envoyer d'abord un petit réacteur nucléaire avec une version à plus grande échelle du MOXIE et d'attendre pendant quelques années, le temps que les réservoirs d'oxygène se remplissent. Lorsqu’un équipage arriverait sur Mars, il disposerait ainsi immédiatement d’une source d'énergie, de quoi respirer et d’une quantité suffisante d'oxydant pour retourner sur la Terre. La possibilité pour une future mission d’exploration humaine d'utiliser des ressources naturelles locales réduirait alors le poids des provisions de façon draconienne — tout comme celui du carburant à emporter de la Terre — et favoriserait grandement son lancement. ■Josèphe Ghenzer

UNE AIDE PRÉCIEUSE POUR LES FUTURES MISSIONS SUR MARS L'United States Geological Survey (USGS) a récemment dévoilé une carte géologique en couleurs de la totalité de la planète rouge… Elle a été élaborée par les chercheurs de l’USGS — en collaboration avec les scientifiques du Mars Space Flight Facility de l'université d'Arizona — à partir des données recueillies pendant plus de seize ans par quatre satellites (Mars Global Surveyor, Mars Odyssey, Mars Express et Mars Reconnaissance Orbiter) qui orbitaient autour de la planète… Sans oublier diverses informations fournies par les rovers qui se sont posés à la surface — comme Opportunity et Curiosity. Ces chercheurs ont également utilisé plus de vingt mille images thermiques nocturnes de la THEMIS, ce qui leur a permis d’établir la carte la plus détaillée jamais réalisée. (La première carte globale de Mars avait été réalisée par la NASA en 1978, à partir des données transmises par Mariner 9 et Viking Orbiter, mais celle de l’USGS est de loin la plus précise et celle qui remonte le plus loin. Elle offre une vue très précise du relief de la planète — volcans, cratères, zones vallonnées, montagnes…) Pour faciliter la lecture, les éléments de la carte sont référencés selon une couleur spécifique : les zones polaires sont en bleu, les zones volcaniques en rouge, la zone du pôle Nord (des plaines de basse altitude qui se sont formées durant l'Hespérien [la deuxième des trois époques de la géologie martienne]) en vert, les cratères facilement repérables puisque circulaires en jaune, la région volcanique d'Elysium Planitia en rose et les zones les plus élevées (3 000 m au-dessus de la surface) en gris et marron… Les régions les plus anciennes (âgées de près de quatre milliards d’années) sont en marron foncé tandis que les secteurs les plus récents sont en orange. Grâce à cette carte très fouillée, les scientifiques pourront mieux comprendre l'histoire et la formation de la surface de la planète rouge. Elle va se révéler également très utile pour planifier les prochaines missions et définir les sites d'atterrissage les plus adéquats.

La carte géologique en couleurs de la totalité de la planète rouge.

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PERCER LES MYSTÈRES DE L’UNIVERS…

Située près de Genève, de part et d’autre de la frontière franco-suisse, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire — le CERN (acronyme conservé de Conseil européen pour la recherche nucléaire) — est en fait le plus grand laboratoire de physique des particules du monde. LE CERN Fondé en 1954, le CERN a été l’une des premières organisations européennes à voir le jour. De nos jours, il rassemble près de dix mille scientifiques de plus de cent dix pays — avec pour objectif commun de recréer les conditions qui existaient quelques instants après le Big Bang, afin d’effectuer des recherches sur les constituants élémentaires de la matière et les lois qui les gouvernent. Ils recherchent des réponses aux questions fondamentales sur le fonctionnement de la matière, sur le commencement de l’Univers et sur son évolution. Les instruments utilisés par le CERN sont des accélérateurs qui portent des faisceaux de particules à des énergies élevées pour les faire entrer en collision et des détecteurs de particules qui observent et enregistrent le résultat de ces collisions. LE LHC En décembre 1994, le CERN a approuvé la construction du LHC (Large Hadron Collider), qui a été installé dans un tunnel situé entre les montagnes du Jura et le lac Léman. Pour des rai-

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sons géologiques, il a été construit légèrement en pente (1,4 %) à une profondeur moyenne de 100 m, qui varie entre 175 m (sous le Jura) et 50 m (côté du lac Léman). Mis en fonctionnement le 10 septembre 2008, c’est le plus grand accélérateur de particules du monde. Il consiste en un anneau de 27 km de circonférence, formé d’aimants supraconducteurs et de structures accélératrices, destinés à augmenter l’énergie des particules qui y circulent à 99,9999991 % de la vitesse de la lumière et effectuent onze mille deux cent quarante-cinq fois le tour de la machine par seconde. Un faisceau de particules circule normalement pendant dix heures, parcourant ainsi dix milliards de kilomètres (soit l’équivalent d’un aller-retour Neptune). Ce n’est pas un cercle parfait : il est constitué de huit arcs et de huit insertions. Les arcs contiennent les aimants de courbure dipolaires, à raison de cent cinquante-quatre aimants par arc. Une insertion, elle, comprend une section droite longue et deux régions de transition (une à chaque extrémité), les suppresseurs de dispersion.

La disposition de la section droite dépend de l’utilisation particulière de l’insertion : expérience de physique (collisions de faisceaux), injection, absorption des faisceaux ou nettoyage des faisceaux… Le LHC permet à deux faisceaux de particules de même type, composés soit de protons, soit d’ions plomb (produits à partir d’un échantillon de plomb d’une extrême pureté, chauffé à une température d’environ 500 °C) et se déplaçant en sens opposé, d’entrer en collision au niveau de quatre détecteurs répartis autour de l'anneau. Chaque faisceau de protons circulant dans le LHC a une énergie de 7 TeV ; donc lorsque deux protons se percutent, l’énergie de collision est de 14 TeV. Les ions plomb comportent un grand nombre de protons qui fournissent une énergie encore plus importante : les faisceaux d’ions plomb ont une énergie de collision de 1 150 TeV. Ces collisions font apparaître de nouvelles particules — que les chercheurs tentent d'isoler et d'identifier afin de faire progresser notre compréhension de l’Univers…


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Le Globe de la science et de l’innovation du CERN.

“Les faisceaux sont créés dans une succession d’accélérateurs d’énergies toujours croissantes, avant d’être injectés dans le LHC, qui est le dernier maillon de la chaîne.”

Le secteur 3-4 du tunnel de l’accélérateur de particules LHC.

L’EXPOSITION LE GRAND COLLISIONNEUR — LHC Pour fêter les soixante ans du CERN, le palais de la Découverte accueille jusqu’au 19 juillet Le grand collisionneur — LHC, une exposition qui plonge le visiteur au cœur du plus grand accélérateur de particules du monde…

“En décembre 1994, le CERN a approuvé la construction du LHC (Large Hadron Collider), qui a été installé dans un tunnel situé entre les montagnes du Jura et le lac Léman. Pour des raisons géologiques, il a été construit légèrement en pente (1,4 %).”

UN ANNEAU POUR LES GOUVERNER TOUS Les faisceaux sont créés dans une succession d’accélérateurs d’énergies toujours croissantes, avant d’être injectés dans le LHC, qui est le dernier maillon de la chaîne. Dans un accélérateur, les particules circulent dans un tube à vide et sont dirigées par des dispositifs électromagné-

tiques (les aimants dipolaires maintiennent les particules dans leur orbite quasi circulaire et les quadripolaires concentrent le faisceau). Les cavités accélératrices sont des résonateurs électromagnétiques qui accélèrent les particules et les maintiennent à énergie constante en compensant l’énergie perdue à chaque tour. Le LHC a la particularité d’avoir non pas un seul — mais trois systèmes de vide (vide isolant pour les cryoaimants, vide isolant pour la ligne de distribution d’hélium et vide pour les faisceaux).

Elle commence par un historique de la recherche en physique des particules — avec la présentation de certains objets issus des collections du palais de la Découverte. Le visiteur visionne ensuite un court métrage qui le fait entrer dans la salle de contrôle du CERN et lui fait partager les émotions ressenties par les chercheurs au moment de la découverte du célèbre boson de Higgs. Il s’engage ensuite plus en avant dans le tunnel, où il découvre des objets provenant du LHC, comme des parties d’aimants supraconducteurs de 2 t (ils sont utilisés pour diriger les faisceaux de particules autour de l’anneau). Des chercheurs et des ingénieurs du CERN, projetés en grandeur nature dans les couloirs, apportent des précisions pour l’aider à comprendre les défis techniques et d’ingénierie qui ont été surmontés pour construire le LHC. Le visiteur découvre aussi les quatre principaux détecteurs du LHC par l’intermédiaire d’entretiens audio avec les physiciens qui les ont créés et utilisés en laboratoire. La dernière partie de l’expo est consacrée à l’analyse des données fournies par ces détecteurs… Enfin, grâce à l’Expérience CERN 360°, un dispositif multimédia interactif, on peut voyager virtuellement au cœur du LHC. De plus, une exposition de photographies regroupe soixante portraits de chercheurs du CERN. (Et des cycles de conférences sont organisés pour se familiariser avec la physique dudit LHC.)

Des aimants supraconducteurs, fonctionnant à des températures extrêmement basses, guident les faisceaux tout au long de l’anneau. Chaque faisceau est formé de près de trois mille paquets de particules, chacun d’eux en contenant cent

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Le CMS (photo CERN).

Le centre de contrôle de l’ATLAS.

milliards. Le défi consiste à manœuvrer ces milliards de particules tout au long des 27 km avec une précision inférieure au millimètre. Leur énergie est telle qu’il faut des forces très intenses pour les maintenir sur une trajectoire circulaire. Ces forces sont créées par des champs magnétiques très puissants qui ne peuvent être atteints qu’en utilisant des aimants supraconducteurs. Le LHC est donc un gigantesque système magnétique: 23 des 27 km sont occupés par une grande variété d’aimants — des dipôles, des quadripôles, des sextupôles, des octupôles et des décapôles (soit au total environ neuf mille six cents aimants). Et chaque type d’aimant contribue à l’optimisation de la trajectoire des particules. Les quadripôles d’insertion sont des aimants spéciaux utilisés pour concentrer le faisceau sur la surface la plus petite possible aux points de collision, afin de multiplier les probabilités dans lesquelles deux protons se percutent de plein fouet. C’est aussi la plus grande installation cryogénique du monde : 24 des 27 km sont maintenus à – 271,3 °C. Une condition indispensable pour que les aimants fonctionnent à l’état supraconducteur et maintiennent les protons sur leur trajectoire. C’est pourquoi ils sont alimentés par un flux continu d’hélium froid via une ligne cryogénique, qui court le long de l’accélérateur. Huit « usines à froid » assurent ainsi le processus de réfrigération, qui se déroule en trois phases: un premier refroidissement à – 268,7° C, le remplissage des masses froides des aimants avec de l’hélium liquide et le refroidissement final à – 271,3 °C. LES PRINCIPALES EXPÉRIMENTATIONS Toute une série de tests sont menés au CERN

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Le cœur de l’ATLAS (photo CERN).

pour étudier divers domaines de la physique — des rayons cosmiques à la supersymétrie. Parmi ceux qui sont effectués au LHC, sept utilisent des détecteurs pour analyser la myriade de particules produites lors des collisions dans l’accélérateur. Entre 1996 et 1998, quatre centres d’expérimentation (ALICE, ATLAS, CMS et LHCb) ont été approuvés et installés dans des cavernes

souterraines situées autour des quatre points de collision des faisceaux. Les plus considérables — l’ATLAS et le CMS — exploitent des détecteurs polyvalents pour explorer des domaines aussi vastes que possible. Le fait de disposer de deux détecteurs conçus indépendamment se révèle essentiel pour recouper des informations en cas de découverte. Quant à l’ALICE et au LHCb, ils utilisent des détecteurs spécialisés pour se concentrer sur des phénomènes particuliers. Par la suite, deux autres centres d’expérimentation de moindre envergure sont venus s’ajouter au projet : le TOTEM, installé à côté de CMS, et le LHCb, près d’ATLAS. Ils sont axés sur les particules « à très petits angles » (des protons ou des ions lourds qui se frôlent plutôt que d’entrer en collision frontale lorsque les faisceaux se croisent). Et en 2010, un septième, le MoEDAL, a été approuvé. — L’ALICE (A Large Ion Collider Experiment) est un détecteur spécialisé dans l’analyse des collisions d’ions plomb. Il étudie le plasma de quarks et de gluons pendant qu’il se dilate et se refroidit — et observe la manière dont ce plasma donne progressivement naissance aux particules qui constituent la matière de l’Univers. — L’ATLAS (A Toroidal LHC ApparatuS) est principalement caractérisé par son énorme système magnétique toroïdal, composé de huit bobines magnétiques supraconductrices de 25 m de long, disposées en cylindre autour du tube de faisceau. Il étudie divers domaines de la physique qui vont de la recherche du boson de Higgs à celle de la supersymétrie (SuSy) et aux dimensions supplémentaires de l’espace-temps en passant par les particules qui pourraient former la matière noire… — Le CMS (Compact Muon Solenoid) est un détecteur polyvalent qui poursuit les mêmes objectifs scientifiques que l’ATLAS mais en utilisant d’autres solutions techniques et un système magnétique de conception différente. Il est construit autour d’un aimant solénoïde géant destiné à incurver les trajectoires des particules


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“L’ALICE (A Large Ion Collider Experiment) est un détecteur spécialisé dans l’analyse des collisions d’ions plomb. Il étudie le plasma de quarks et de gluons… ”

Le détecteur ATLAS du collisionneur LHC

produites lors des collisions dans le LHC et se présente sous la forme d’une bobine cylindrique de câble supraconducteur générant un champ magnétique de 4 T. — Le LHCb (Large Hadron Collider beauty experiment) explore les légères différences existant entre matière et antimatière, grâce à l’étude d’un type de particules, le quark beauté ou quark b, qui devrait permettre de comprendre pourquoi nous vivons dans un univers qui semble être constitué de matière, sans aucune présence d’antimatière. Le LHCb utilise une série de sous-détecteurs conçus pour observer principalement les particules émises à petits angles vers l’avant, dans le sens du faisceau. Le premier d’entre eux a été installé près du point de collision, les suivants sont alignés sur une longueur de 20 m. — Le LHCf (Large Hadron Collider forward experiment) utilise les particules à petits angles, créées lors des collisions produites dans LHC, pour simuler des rayons cosmiques dans des conditions de laboratoire. Son objectif : tester les modèles utilisés pour estimer l’énergie primaire des rayons cosmiques de très haute énergie qui frappent notre atmosphère en provoquant des gerbes de particules dont l’origine est mal connue. Le LHCf est constitué de deux détecteurs disposés le long de la ligne de faisceau du

C’est grâce à l’expérience ATLAS que l’existence du fameux boson de Higgs a été confirmée (image CERN).

LHC, à 140 m de chaque côté du point de collision de l’ATLAS. — Le TOTEM (TOTal cross section, Elastic scattering and diffraction dissociation Measurement at the LHC) s’intéresse aux protons qui ont interagi sans entrer en collision et sont diffusés à de très petits angles par rapport à la ligne de faisceau.

Leur détection permet en particulier de calculer la taille du proton en mesurant la probabilité d’interaction et d’évaluer précisément la luminosité, un paramètre essentiel qui donne la fréquence de collision. Les détecteurs du TOTEM ont été installés tout près de la ligne de faisceau, à 150 m et à 220 m, de part et d’autre du point de collision.

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— Le MoEDAL (Monopole and Exotics Detector At the LHC) a été installé autour de la même région d’intersection que celle du LHCb. Il a pour mission de rechercher des objets exotiques très spécifiques — comme les hypothétiques monopôles magnétiques hautement ionisants et les particules supersymétriques massives de charge conventionnelle. À cet effet, on a construit un détecteur spécifique : un réseau de quatre cents modules, consistant chacun en un empilement de dix feuilles de matière plastique, pour la détection des traces nucléaires — couvrant une surface de 250 m2. Le but des détecteurs est d’identifier les particules secondaires produites lors des collisions et de mesurer leur position dans l’espace, leur charge, leur vitesse, leur masse et leur énergie. Ils comportent donc de nombreux sous-détecteurs (principalement des trajectographes et des calorimètres) qui ont chacun un rôle précis dans la reconstitution des collisions. (Le dispositif est complété par un système magnétique qui sépare les particules suivant leur charge et permet de mesurer leur impulsion.) LA RÉCENTE DÉCOUVERTE DE DEUX NOUVELLES PARTICULES Les résultats obtenus lors des expériences effectuées au sein du LHC devraient permettre aux physiciens de résoudre quelques-unes des énigmes de la matière et de l’Univers mais pourraient aussi ouvrir de nouveaux champs de dé-

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PERCER LES MYSTÈRES DE L’UNIVERS…

PARTICLE FEVER (LA FIÈVRE DES PARTICULES) Ce documentaire nous montre les principales étapes de la construction du LHC, les tests intermédiaires auxquels on a procédé et les incidents techniques qui se sont produits…

couvertes. Grâce à des données enregistrées lors d’expériences menées en 2011 et 2012 dans le LHC, des chercheurs collaborant à l'expérience LHCb ont récemment annoncé la découverte de deux nouvelles particules — Xi_b'et Xi_b* —, dont l'existence avait été prédite par le modèle des quarks (elles n'avaient jamais pu être observées jusqu'à présent). Elles appartiennent à la famille des baryons, qui sont constitués de trois quarks liés entre eux par ce qu'on appelle la force forte. Toutefois, ces quarks sont de types différents car ces nouvelles particules contiennent toutes deux un quark b, un quark s et un quark d. Et en raison de la présence des quarks b (qui sont lourds), elles ont une masse plus de six fois supérieure à celle des protons… Une particule de la même famille (Xi_b*0) avait déjà pu être observée en 2012 grâce au CMS.

On y suit de plus, pendant cinq ans (2008-2012) le quotidien de six scientifiques de diverses nationalités (Martin Aleksa, Nima Arkani-Hamed, Savas Dimopoulos, Monica Dunford, Fabiola Gianotti, et Mike Lamont) qui travaillent au CERN et l’on partage leurs doutes, leurs angoisses, leurs succès et leurs échecs, lors des expériences au cours desquelles ils cherchent à démêler les mystères de l'Univers. On assiste aussi à leur explosion de joie lors de la confirmation de l’existence du célèbre boson de Higgs. Cela faisait cinquante ans que les physiciens — et tout particulièrement Peter Higgs — attendaient avec impatience de savoir si certaines de leurs hypothèses (émises jusqu’alors sous la forme de théories) étaient exactes ou bien totalement erronées…

La mesure des propriétés de ces nouvelles particules va contribuer à une meilleure connaissance de la théorie d'interaction forte dans le cadre du modèle standard de la physique des particules. Après un long arrêt, le LHC est actuellement dans une phase de préparation, pour fonctionner à des énergies beaucoup plus élevées et avec des faisceaux plus intenses. Le redémarrage est prévu pour le printemps 2015. ■Josèphe Ghenzer


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n o ti c e ll o c e tr o v z te CompColé souhaitez recevoir mmandez les revues que vous

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BULLETIN DE COMMANDE À DÉCOUPER OU PHOTOCOPIER ET À RETOURNER À : PLANÈTE ROBOTS - ÉDITIONS D'ACAMAR, 161, BD HENRI-SELLIER, 92150 SURESNES ❏ Je paye par chèque à l’ordre des Éditions d’ACAMAR ❏ Je désire une facture (adresse courrier électronique impérative dans ce cas)

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Nombre de magazines cochés ...... x 5,90 € = .......... + participation aux frais d’envoi :

Profession (facultatif) ............................... Âge (facultatif) .............. Adresse .................................................................................. ................................................................................................ Code postal ............................................................................ Ville ................................................. Pays ..............................

5 € 1 à 3 numéros commandés 10 € 4 à 6 numéros commandés 17 € 7 à 20 numéros commandés 25 € au-delà de 20 numéros commandés Total : ..........

Téléphone fixe (facultatif) .......................................................... Téléphone portable (facultatif) ................................................... E-mail .....................................................................................

Exemple : 4 magazines cochés 4 x 5,90 € = 23,60 € + 10 € d’envoi = 33,60 €

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LES CASQUES

DE RÉALITÉ VIRTUELLE LA NOUVELLE VAGUE EST LÀ ! L’arrivée de smartphones puissants et disposant d’une bonne qualité d’affichage a dynamité le marché des casques de réalité virtuelle et les a mis quasiment à la portée de tous ! Quand, en mars 2014, Facebook a annoncé l’acquisition d’Oculus VR pour deux milliards de dollars, Mark Zuckerberg a instantanément relancé l’intérêt du grand public pour les casques de réalité virtuelle. D’un seul coup, ce marché jusqu’alors réservé aux grosses entreprises a intéressé de nombreuses start-up et même certains géants de l’électronique grand public, qui ont lancé de nouveaux projets. Tiré par le marché des smartphones et surtout par l’arrivée d’écrans de petite taille d’une bonne définition, ledit marché est en train de renaître. Les casques de réalité virtuelle professionnels coûtant plusieurs milliers d’euros (et aux capacités visuelles plutôt faibles) ont fait enfin place à une nouvelle génération de casques, plus performants et moins chers. L’année 2015 pourrait bien être celle de la popularisation de la réalité virtuelle. De ce fait, l’Oculus Rift est redevenu la vedette

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du monde de la réalité virtuelle, alors que l’entreprise n’a toujours pas commercialisé ce casque à destination du grand public. Financée par le biais de Kickstarter, la start-up a lancé un premier kit de développement en 2013 pour permettre aux développeurs de prendre en main le casque et de préparer les premières applications. Relativement lourd et doté d’écrans LCD d’une définition de seulement 640 x 800 par œil, il disposait d’un impressionnant équipement électronique pour la localisation (gyroscope, accéléromètre et magnétomètre) et nécessitait un câble raccordé à un PC qui exécutait les applications. Mais à cause d’un décalage entre les mouvements de la tête et ceux de la scène 3D, cette version provoquait assez fréquemment une sensation de nausée qu’Oculus VR a tenté de pallier en améliorant les performances du casque. La deuxième version — DK2 pour De-

velopment Kit —, lancée en juillet 2014, disposait d’un écran OLED de meilleure qualité et de meilleure définition (690 x 1 080 par œil). Il était lui aussi destiné aux développeurs (on avait complété l’équipement du casque : une petite caméra infrarouge « trackait » les mouvements du porteur). La version commerciale est attendue pour 2015… UN CLIN D’ŒIL DE GOOGLE LANCE LA COMPÉTITION À la suite de cette annonce fracassante, Google a envoyé un signal — sous la forme d’un clin d’œil. Lors de la Google I/O 2014, la société a distribué ses propres casques de réalité virtuelle : en fait un simple montage en carton équipé de deux lentilles et dans lequel on place son smartphone Android… Grâce à l’application Cardboard, on peut visualiser en 3D des vidéos YouTube ou Street View à peu de frais. (Il


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“Quand, en mars 2014, Facebook a annoncé l’acquisition d’Oculus VR pour deux milliards de dollars, Mark Zuckerberg a instantanément relancé l’intérêt du grand public pour les casques de réalité virtuelle.”

Le casque Oculus Rift Crescent Bay, uniquement destiné (pour le moment) aux développeurs.

Lancés pour les fêtes de la fin de l’année, les Samsung Gear VR sont destinés exclusivement à ceux qui possèdent des Galaxy Note 4.

“L’Oculus Rift est redevenu la vedette du monde de la réalité virtuelle, alors que l’entreprise n’a toujours pas commercialisé ce casque à destination du grand public. Financée par le biais de Kickstarter, la start-up a lancé un premier kit de développement en 2013.” suffit de partager en deux l’écran du smartphone dans le sens de la hauteur : la partie gauche affiche l’image pour l’œil gauche, la partie droite l’affiche pour le droit, ce qui permet de donner l’illusion de la 3D.) Le plan de montage des Cardboard est disponible en ligne et on peut acheter sur Amazon lentilles et aimants pour quelques euros. Cette solution, plutôt didactique, intéressera certaine-

Au de entre par Al a mis l'Emo

Une première apparition des casques de réalité virtuelle a eu lieu au début des années 1990. Ici, le casque i-Glasses, utilisé pour le jeu Gloom (sur Amiga).

ment quelques makers.Volvo a d’ailleurs récemment repris l’idée pour promouvoir son nouveau modèle de SUV, le XC90 : un Cardboard Volvo permet de s’asseoir virtuellement dans la voiture grâce à un smartphone. Tout cela reste très artisanal, est plus ou moins confortable à porter et surtout l’étanchéité à la lumière extérieure n’apparaît pas vraiment totale. (De plus, l’impression d’immersion se révèle plutôt limitée…) Cela dit, ce qui apparaissait dans un premier temps comme un gag est finalement une solution technique plutôt astucieuse, qui permet de baisser de manière draconienne le coût du dispositif de visualisation, (puisque toute l’électronique se trouve dans le smartphone) mais aussi

de bénéficier des écrans les meilleurs. La production des écrans qui présentent la plus forte densité en matière de pixels, les fameux ppp (abréviation de pixel par pouce) — un critère capital pour la qualité d’un casque de réalité virtuelle — sont actuellement réservés au marché des smartphones. Et les fabricants de casques de réalité virtuelle, dont la production est ridicule en comparaison des trois cents millions de smartphones vendus chaque trimestre, ont bien du mal à obtenir les meilleurs écrans. Intégrer un smartphone se révèle donc une solution astucieuse à tous les points de vue. (Cette idée, ce n’est pas Google avec sa Cardboard qui l’a eue le premier : le projet vrAse, conçu selon le même principe, avait obtenu un financement de

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LES CASQUES DE RÉALITÉ VIRTUELLE

Le kit Google Cardboard — un simple pliage en carton avec des lentilles optiques ! (Un montage qui préfigure pourtant une nouvelle génération de casques de réalité virtuelle.)

“Lors de la Google I/O 2014, la société a distribué ses propres casques de réalité virtuelle : en fait un simple montage en carton équipé de deux lentilles et dans lequel on place son smartphone Android…”

Le casque vrAse — un précurseur des kits de réalité virtuelle pour smartphones.

Avec un peu de carton, des lentilles, un smartphone et quelques accessoires, vous pouvez fabriquer vos propres Google Cardboard…

sept cent quatre-vingt-deux personnes sur Kickstarter en octobre 2013.) LES KITS POUR SMARTPHONES SE BOUSCULENT SUR LE MARCHÉ ! Beaucoup se sont inspirés de cette idée et les produits déboulent sur le marché. Le kit le moins cher est celui qui est proposé par les boutiques d’objets connectés Lick à 24,90 € (un prix ultracompétitif car même en découpant soi-même un carton et en achetant lentilles, sangle et aimants sur Amazon, cela revient plus cher). Ceux qui souhaitent un kit plus solide mais moins coûteux que les Oculus Rift n’auront que l’embarras du choix… Plusieurs entreprises sont sur les rangs… Homido, un projet français financé sur la plate-forme Ulule, vient de lancer un casque — compatible avec les smar tphones Android et iPhone. Dénué d’électronique, il est actuellement disponible au prix de 69 €. En concurrence, on a les vrAse (dont la disponibilité reste problématique et peut-être le Pink VR canadien, un kit

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ultraléger spécifiquement créé pour l’iPhone 6 et disponible à 70 € — dès que le projet aura trouvé son financement sur Indiegogo. Il existe un autre prétendant français sur ce marché naissant, Archos. Ce fabricant de smartphones et de tablettes propose l’Archos VR Glasses pour 30 €. « Ce kit représente un prolongement du marché des smartphones, un accessoire qu’il est naturel pour nous de commercialiser afin de démocratiser un nouvel usage de nos smartphones, résume Jérémy Blondeau, chef de produit chez Archos. L’idée était de proposer face à l’Oculus Rift un produit beaucoup plus abordable. L’Oculus Rift est la référence de ce marché mais il est très cher et impose l’utilisation d’un PC musclé. Peu de gens feront l’effort d’investir 600 € dans une configuration. Le smartphone est vraiment la meilleure solution ! » Outre les applications de réalité virtuelle d’ores et déjà disponibles sur Google Play, Archos travaille sur une version 3D de son Archos Video Player. (Le casque Archos VR s’utilise avec n’importe quel smartphone.)

Reprenant l’idée de la Google Cardboard, Lick a mis en vente un montage similaire (au prix de 24,90 €)…

LES PROFESSIONNELS DE LA RÉALITÉ VIRTUELLE CONSIDÈRENT AVEC INTÉRÊT LES KITS AVEC SMARTPHONE Si ces kits visent en priorité le grand public, les professionnels observent avec intérêt l’émergence de cette nouvelle génération de casques. Les industriels, qui réservaient jusqu’à présent leur usage à de rares cas (bien précis) pourraient généraliser leur utilisation dans les bureaux de CAO ou pour favoriser la formation. L’entreprise française Light & Shadows, qui compte PSA, Dassault Aviation et Airbus parmi ses clients, y croit fermement. Lors du dernier salon Laval Virtual, elle a dévoilé le casque NEO VR, dont l’affichage est basé sur un smartphone Android ou iOS. Les résultats apparaissent bluf-


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“Il existe un autre prétendant français sur ce marché naissant, Archos. Ce fabricant de smartphones et de tablettes propose l’Archos VR Glasses pour 30 €. ”

Le casque virtuel français Homido.

fants, surtout avec un 2K comme le Vivo Xplay 3S. Néanmoins, comme la puissance des smartphones reste insuffisante pour les applications professionnelles, ne sont affichées que des images « streamées » à partir d’un PC. De plus, le NEO est doté d’un système de tracking par LED bien plus précis que tout ce qu’il est possible de faire via les capteurs d’un smartphone grand public. La solution complète semble très performante mais revient à environ 5 000 €, ce qui la réserve aux professionnels. Autre fournisseur à lorgner vers ce marché semi-professionnel, Carl Zeiss, le spécialiste de l’optique de précision, qui avait déjà les lunettes Cinemizer OLED à son catalogue. Mais leur angle de vision, limité à 40°, n’en faisait pas véritablement des lunettes de réalité virtuelle, comme le souligne Andreas Klavehn, le directeur des dispositifs multimédias chez Zeiss : « Ces lunettes

Proposé pour 30 € seulement, le kit Archos VR Glasses est compatible avec tous les smartphones dotés d’un écran d’une taille comprise entre 3,5 et 6 po.

connaissent un certain succès dans le monde médical, chez les dentistes notamment, où elles sont utilisée pour distraire les patients pendant une longue opération. » Le pilotage des drones entre aussi dans le domaine des compétences des Cinemizer, qui concurrencent les lunettes spécialisées comme les FatShark Attitude SD, les Predator

ou les Skyzone sur le marché des FPV. On peut notamment piloter un AR.Drone 2.0 de Parrot avec des Cinemizer OLED. Elles coûtent environ 700 €, un prix auquel il faut ajouter celui du head tracker (100 de plus). La visualisation de films en 3D relève également de leurs compétences, les faisant entrer en concurrence avec

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LES CASQUES DE RÉALITÉ VIRTUELLE

Même les professionnels veulent s'équiper de casques virtuels. Ici, le NEO VR de Light & Shadows — destiné aux bureaux de CAO.

“Si ces kits visent en priorité le grand public, les professionnels observent avec intérêt l’émergence de cette nouvelle génération de casques. Les industriels, qui réservaient jusqu’à présent leur usage à de rares cas pourraient généraliser leur utilisation dans les bureaux.”

Les lunettes Cinemizer OLED de Carl Zeiss AG relèvent davantage de la catégorie des vidéocasques destinés à regarder des vidéos 3D que de celle des véritables casques de réalité virtuelle, du fait d’un champ de vision restreint.

les lunettes Vuzix, Epson ou Xerox… Depuis, la société a lancé le casque VR One, qui dispose de toutes les optiques Carl Zeiss et dans lequel on glisse un smartphone d’une taille comprise entre 4,7 et 5,2 po. Proposé à 99 €, il constitue une solution économique,

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d’autant que va sortir un kit de développement qui permettra aux créateurs de jeux de lancer des applications 3D exploitant au mieux les propriétés optiques du VR One. Ce SDK s’appuie sur Unity 3D, un moteur de jeu bien connu des gamers.

ATTENTION, LES POIDS LOURDS DE L’ÉLECTRONIQUE GRAND PUBLIC ARRIVENT ! On a constaté ces derniers mois un bouillonnement d’initiatives dans le secteur — avec le lancement de multiples start-up issues du crowdsourcing, qui vont devoir faire face à des concurrents de poids dans les semaines à venir. Les géants de l’électronique grand public que sont Samsung et Sony se réveillent et s’intéressent désormais à ce marché… Samsung, qui a de plus en plus de mal à vendre ses téléphones intelligents haut de gamme, voit dans la réalité virtuelle un excellent débouché pour ses smartphones et ses phablettes. Pour être présente très rapidement sur ce marché qu’elle ne connaît pas, la société coréenne a choisi de s’allier à Oculus pour proposer le Gear VR, son premier casque de réalité virtuelle. Les développeurs de jeux pourront donc exploiter le même kit de développement (SDK) afin de créer des jeux et des applications pour l’Oculus


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“Autre fournisseur à lorgner vers ce marché semi-professionnel, Carl Zeiss, le spécialiste de l’optique de précision, qui avait déjà les lunettes Cinemizer OLED à son catalogue.”

Project CARS, un exemple de jeu jouable sur l’Oculus Rift DK2 — une simulation automobile au réalisme bluffant !

le Gear VR telle qu’il existe maintenant (tout comme on ne peut pas utiliser aujourd’hui un Galaxy S4 ou S5). Voilà qui risque de sérieusement limiter ses ventes…

Le casque Gear VR de Samsung, compatible avec l’Oculus Rift.

Encore en développement, le casque de réalité virtuelle Morpheus de Sony, initialement conçu pour la PlayStation 4, ne sortira pas avant la fin de l’année 2015…

Rift et le Gear VR. (Pour l’instant, il est disponible sous Windows et Mac OS ; une version Linux est en préparation. Et les moteurs 3D Unreal Engine — moteur de Batman : Arkham City — et Unity — moteur du MMORPG très attendu Game of Thrones : Seven Kingdoms — sont d’ores et déjà supportés.) Conçu pour le Galaxy Note 4, le casque Samsung Gear VR est disponible au prix de 200 €. Le choix de la phablette Samsung pour motoriser la Gear VR est judicieux puisque la résolution de son écran Super AMOLED Quad HD atteint

2 560 × 1 440. Et sa densité de 515 ppp est supérieure à ce que peut offrir Oculus. L’Oculus Rift DK1 présentait une résolution de 1 280 x 800 et sa dernière version, le DK2, une de 1 920 x 1 080, soit 960 x 1 080 par œil. Au niveau de l’angle de vision, le Gear VR offre une visualisation sur 96°, soit pratiquement autant que l’Oculus Rift DK2. Qu’il ait été spécifiquement conçu pour le Note 4 constitue un véritable atout : la phablette s’insère parfaitement dans le boîtier. En revanche, si la taille du prochain Galaxy Note augmente encore, il ne sera pas utilisable avec

SUR LE MARCHÉ DEPUIS 2011, SONY PRÉPARE SA CONTRE-ATTAQUE Sony a profité de la Game Developers Conference de mars 2014 pour dévoiler ses ambitions en matière de réalité virtuelle grand public avec le projet Morpheus. Conçu pour la PlayStation 4, ce casque fonctionne avec la PlayStation Move (la manette de détection de mouvements) et la caméra Eye. Sa commercialisation interviendra à la fin de l’année 2015 car il est encore en cours de développement et Sony a livré peu de détails sur les performances de la version finale. Le premier prototype disposait d’un écran 5 po d’une résolution de 1080p, c’est-à-dire 1 920 x 1 080. Et la résolution de 960 x 1 080 par œil était équivalente à celle de l’Oculus Rift DK2, pour un angle de vision de l’ordre de 90°. Les caractéristiques de la version commercialisée seront très probablement revues à la hausse… Contrairement à Samsung, Sony n’a pas eu à s’inspirer de l’Oculus Rift pour acquérir cette technologie d’affichage 3D. Elle est en effet un acteur de longue date de la réalité virtuelle avec les HMZ, qui sont en fait, à cause de leur angle de vision de 45°, plus des visiocasques que des casques de réalité virtuelle. Le modèle T1, capable d’afficher tous les contenus vidéo via un câble HDMI, a été commercialisé en 2011 au prix de 800 $. Ce prix élevé et une résolution de 720p n’ont pas permis d’en faire un équipement destiné au grand public. Sony a néanmoins persévéré avec le modèle T2, lancé en 2013, et toujours disponible. La résolution reste inchangée, mais les lunettes ont été allégées et là encore, le prix (supérieur à 1 000 €), en a certainement découragé plus d’un… Enfin, avec la version HMZ-T3W, Sony a récemment mis à jour le visiocasque. Malheureusement, la résolution reste à 720p, le poids est toujours supérieur à 300 g et les lunettes ont toujours besoin d’un câble. (Un défaut qui pénalise aussi bien le Morpheus que l’Oculus Rift !) Les kits pour smartphones pourraient bien ringardiser ces casques avant même qu’ils ne soient commercialisés pour le plus grand nombre… ■Alain Clapaud

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DESIGN LAB 2014 DES MAISONS DU FUTUR ORIENTÉES VERS LE BIEN-ÊTRE Créé en 2003, ce concours international de design est ouvert aux étudiants et aux jeunes diplômés en design industriel, qui sont invités à réfléchir aux innovations qui pourraient être apportées à l'électroménager. Et chaque année, des idées avant-gardistes y donnent un aperçu du futur de nos foyers. Le thème de 2014 : le bien-être et la santé à la maison… L'entreprise suédoise Electrolux est née en 1918 de la fusion entre Elektron AB et AB Lux. Sans être l'inventeur de l'aspirateur, Electrolux avait innové en remplaçant en 1921 les pieds de la base aspirante par des roues. Quatre ans plus tard, elle fut la première à mettre un réfrigérateur en vente. Aujourd’hui, avec 28 % de parts de marché, Electrolux est à la deuxième place du leadership mondial de l’électroménager, derrière l'américain Whirlpool. La société distribue ses produits par le biais de nombreuses marques acquises au fil des années — comme AEG, Zanussi et Frigidaire.

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LA COMPÉTITION Cette année, l’Electrolux Design Lab demande aux participants de penser au futur de la maison comme centre de détente et havre de tranquillité. Il leur est proposé de réfléchir à la manière de vivre dans un environnement agréable et de prendre soin de soi et des autres d'une manière créative et durable et sans effort. Pour les orienter, on les a interrogés sur les domaines dans lesquels ils pensaient intervenir… Quelles solutions, inspirantes et motivantes, pouvaient être conçues pour entretenir le désir de saines habitudes de vie tout en ne négligeant pas les plaisirs

culinaires ? Était-il envisageable d’imaginer de nouvelles matières pour construire des logements durables, élégants et bien gérés ? La purification de l'air pouvait-elle améliorer la qualité de nos diverses activités à domicile et répondre à des besoins spécifiques ?… (Le design proposé pouvait être un produit, un accessoire, un consommable ou un service.) La compétition se déroulait en cinq étapes ou stages, après soumission des dossiers (ce fut le 6 avril dernier) ; ils devaient comporter une présentation et des esquisses du concept. Le jury a bien sûr éliminé les projets irrecevables


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“Electrolux fut la première à mettre un réfrigérateur en vente. Aujourd’hui, avec 28 % de parts de marché, Electrolux est à la deuxième place du leadership mondial de l’électroménager.”

Le Tody, un robot aspirateur qui grimpe aux murs.

et hors contexte, ce qui laissait encore une bonne centaine de dossiers. Lors du stage 1 (le 16 mai), les participants ont dû affiner leurs projets (qui ont été présentés sur le site et soumis aux votes des internautes et du jury). Cela a réduit les dossiers à soixante-dix. Le second stage, calqué sur le premier, a laissé encore sur le carreau 50 % desdits projets. Enfin, pendant le troisième, les participants ont communiqué sur le côté humain de leur concept en décrivant son interaction avec l’utilisateur ; six projets ont été finalement soumis au vote final (le 12 novembre). (Au moment où cet article a été rédigé, il n’avait pas encore eu lieu, NDLR.) Le premier prix était de 5 000 €, avec en prime un stage rémunéré dans un centre de design Electrolux. Le deuxième est reparti avec une enveloppe de 3 000 € et le troisième avec 2 000 €. (Il y avait aussi un prix de 1 000 € — correspondant au choix des visiteurs du site Internet de la compétition.) QUELQUES CONCEPTS ROBOTIQUES… — TrueAir (Jack Trados – Égypte) Le TrueAir est un pot de fleurs intelligent qui fait également office de purificateur d'air. Il se dé-

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Un qu Adrian Perez Zapata, le gagnant de l'édition 2013 avec son Mab, un système de nettoyage automatique constitué de minirobots volant en essaim.

place dans la maison pour attraper les rayons du soleil à proximité des fenêtres et des gouttelettes d'eau dans la salle de bains, après la douche. Il mesure aussi les ondes du niveau de stress qui règne dans chaque pièce et se met immédiatement soulager ce stress par la purification de l'air en émettant de façon naturelle des ions négatifs pour vous garder détendu et heureux. (Éliminé lors du stage 1.)

— Tody (Rana Alper – Turquie) Le Tody a l’aspect d’un robot aspirateur tentaculaire… Ses quatre appendices sont équipés de buses qui émettent de la vapeur et de buses d'aspiration. Sans oublier les petits patins adhésifs qui lui permettent de se déplacer à la verticale… Il se faufile sur le sol, les murs et les écrans de télévision pour effectuer un nettoyage complet. Le Tody se pilote par simple commande

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ELECTROLUX DESIGN LAB 2014 “Cette année, l’Electrolux Design Lab demande aux participants de penser au futur de la maison comme centre de détente et havre de tranquillité.”

L’Orbis, un « système planétaire » qui concourt à votre bien-être.

L’ironXY : cette multitude de robots va bientôt remplacer votre vieux fer à repasser…

Le Follower vous suit pour purifier l’air que vous respirez…

la température, la lumière et l'humidité de votre intérieur tandis que de petits drones utilisent l'énergie magnétique en orbite pour filtrer l'air et éliminer la poussière… (Éliminé lors du stage 3.)

Le Yura — votre barman personnel !

vocale et peut même se cacher quand quelqu'un entre, pour ne pas l'importuner. (Éliminé lors du stage 2.) — ironXY (Andrea Chiampo - Italie) Ce concept veut remplacer votre fer à repasser par une multitude de robots qui se baladent sur vos vêtements, posés sur la table du salon, qui est en vérité une table intelligente capable de cartographier vos habits et de les analyser pour ajuster le travail des robots. (Éliminé lors du stage 2.) — Follower (Kangpyo Hong – Corée du Sud)

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Le Follower est, comme son nom l'indique, un suiveur… Il se déplace au plafond et suit les personnes (une à une) dans leurs déplacements. Et ce n’est pas seulement pour le plaisir : il est équipé d’un purificateur et propose un air toujours frais juste au-dessus de la tête. Il se programme par le biais d'une interface holographique. (Éliminé lors du stage 2.) — Orbis (Guilherme Lopes Pedro – Brésil) L’Orbis est un purificateur d'air dont l’apparence est inspirée de la représentation d’un système planétaire. L’élément principal ajuste

— Yura (Herman Haydin – Ukraine) Le Yura est un drone qui concocte des cocktails et des jus. Il reçoit ses instructions par commande vocale, des capteurs corporels intégrés et aussi par téléphone portable. Il abrite une cassette remplie de liquide qui permet de refroidir ou de réchauffer la boisson… Son cerveau intelligent est responsable des réglages énergétiques, des cartes de navigation, des instructions vocales, du WLAN, des e-mails et des téléchargements de logiciels. Créatif, il calcule la température des boissons, leur teneur en calories, glucides, matières grasses, protéines et aussi leur volume. (Éliminé lors du stage 3.)


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“Quelles solutions, inspirantes et motivantes, pouvaient être conçues pour entretenir le désir de saines habitudes tout en ne négligeant pas les plaisirs culinaires ? Était-il envisageable d’imaginer de nouvelles matières pour construire des logements durables, élégants et bien gérés ?…”

Le Yura — votre barman personnel !

— Fabric Assistances (Selin Koşağan – Grande-Bretagne/Turquie) Le Fabric Assistances permet de rafraîchir et de repasser des vêtements en quelques minutes. L’appareil les traite à l’aide de vapeur d’eau et de liquide de nettoyage (qui éliminent les odeurs de parfum dans les textiles). Il parcourt automatiquement toute la surface d’un vêtement jusqu’à ce que celui-ci soit propre ou que l’appareil soit arrêté manuellement. Il a analysé au préalable l’étiquette d’entretien et choisit ensuite un programme adapté. (Éliminé lors du stage 3.) — Pecera (Chan Yeop Jeong – Corée du Sud) Le Pecera est constitué d’un groupe de robots poissons (les Dofis) qui lavent le linge dans une cuve d’eau, sans aucune lessive. Cette forme de lavage durable s’inspire de l’activité des poissonsdocteurs (Garra rufa) utilisés pour les soins de la peau, à une différence près: les Dofis sont à fonctionnement hydroélectrique. Une caméra intégrée leur permet de détecter la saleté et le nettoyage s’effectue par un mouvement de succion. La procédure ne réclame pas de lessive et convient aussi aux personnes à la peau extrêmement sensible. Inutile désormais de fabriquer des machines à laver classiques gourmandes en eau! À noter: la partie supérieure de l’appareil fonctionne comme une essoreuse et extrait l’eau des vêtements lavés. (Éliminé lors du stage 3.)

Le Fabric Assistances, un valet de chambre qui s’occupe de vos vêtements.

LES AUTRES INNOVATIONS PROPOSÉES — Luna (Juan Camilo Restrepo Villamizar – Colombie) Le Luna transforme la corbeille à linge en machine à laver et permet de gagner du temps, d’économiser de l’énergie et de l’eau en simplifiant considérablement le nettoyage et l’entre-

tien du linge. Cette minimachine à laver se place tout simplement dans le panier : les particules de saleté sont retirées des fibres textiles par attraction électrostatique. (Sa boule métallique contient une petite quantité d’eau et génère, à travers les pores de sa surface, un nuage de vapeur composé de particules très fines chargées électrostatiquement, qui traversent tous les tissus attirés.) Une fois le nettoyage terminé, le

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Le Pecera : des poissons à l’affût des saletés !

“Le Zero Waste est une armoire moderne miraculeuse dont le contenu ne se démode jamais et permet de fabriquer de nouveaux vêtements sans aucun déchet en réutilisant les anciens, qui deviennent de la matière première.”

Le Luna, une machine à laver dans votre panier à linge…

Luna sèche le linge à l’air chaud. (Éliminé lors du stage 3.) — Grow Your Own Proteins (Anne Couvert-Castera – Grande-Bretagne/France) Le Grow Your Own Proteins est un laboratoire culinaire compact qui permet de cultiver l’algue spiruline, l’une des plus riches en protéines. Elle contient un large éventail de substances nutritives et d’acides aminés essentiels à la vie — qui

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aident donc le corps à éliminer les toxines et contribuent à la régénération cellulaire. Le système comprend un bac de récolte, un tiroir avec sécheur d’algues, des ustensiles pour leur traitement et une imprimante d’aliments 3D — capable de modeler n’importe quelle forme avec la pâte d’algues. Une interface projetée placée au centre permet de lire les instructions précises sur l’entretien de l’aquaculture et le traitement des algues. En favorisant la préparation créative d’aliments sains et riches en protéines, le Grow

Your Own Proteins préserve l’environnement et permettra peut-être de renoncer à la consommation de protéines animales. (Éliminé lors du stage 3.) — Zero Waste : Always Trendy (Karolin Kõrge - Estonie) Le Zero Waste est une armoire moderne miraculeuse dont le contenu ne se démode jamais et permet de fabriquer de nouveaux vêtements sans aucun déchet en réutilisant les anciens, qui deviennent de la matière première. L’appareil est rempli d’habits passés de mode et les dimensions du corps sont analysées. Un écran tactile permet de choisir, dans un catalogue, le style et la couleur de la nouvelle création, qui sera ensuite produite par une imprimante 3D. La matière première impri-


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“Le Luna transforme la corbeille à linge en machine à laver et permet de gagner du temps, d’économiser de l’énergie et de l’eau en simplifiant considérablement le nettoyage et l’entretien du linge.”

Le Pete imprime des vêtements à partir de vos vieilles bouteilles en plastique…

Le Grow Your Own Proteins imprime de la nourriture protéinée à partir d'algues de culture…

mable est recyclable, facilement modelable et peut être sans cesse réutilisée. Ce système de confection écologique favorise un style de vie durable, permet de faire des économies, de gagner du temps et de garder l’environnement propre. (Éliminé lors du stage 3.) — Instant Cleaning Glove (Stefan Bogdan – Roumanie) L’Instant Cleaning Glove élimine les taches des vêtements par simple contact. Grâce à une combinaison de nanotechnologie, d’ultrasons (comme pour l’éclaircissement dentaire) et d’un peu d’eau, le gant en néoprène dissout toutes sortes de saletés. La partie utilisée pour le nettoyage, semblable à de l’éponge, est interchangeable et biodégradable. Quant au gant lui-même, il constitue une interface utilisateur qui peut être commandée par de simples mouvements de la main. Et la progression du nettoyage est indiquée sur un écran à LED en AMOLED flexible, situé sur le dos dudit gant. (Éliminé lors du stage 3.) LES SIX FINALISTES — UrbanCONE (Michał Pośpiech – Pologne) UrbanCONE est un ensemble de drones autonomes qui volent en essaim dans les centres urbains ou à l’intérieur de la maison. Ils s'élèvent dans les airs grâce à leur structure ultralégère, portée par des panneaux photovoltaïques. Une fois en vol, chaque UrbanCone purifie l'air ambiant via des filtres interchangeables. (Ces drones peuvent être pilotés à distance — à l'unité ou en essaim). — Future Hunter-Gatherer (Pan Wang – Grande-Bretagne) La jeune femme qu’on trouve derrière ce concept a imaginé l'avenir des magasins en ligne… L'appareil diffuse dans la pièce des hologrammes de comestibles — de poissons, par exemple. À vous de pêcher virtuellement celui qui vous plaît : il sera aussitôt transféré dans

Le Zero Waste fabrique des vêtements à volonté — à partir de vos anciens vêtements.

Avec le Pure Towel, vous aurez toujours des serviettes sèches à disposition.

votre panier, en liaison avec un marchand de poissons qui vous le livrera à domicile. Plutôt didactique, le Future Hunter-Gatherer permettra sans aucun doute de responsabiliser le consommateur et de réduire le gaspillage alimentaire… — Pure Towel (Leobardo Armenta – Mexique) Ce porte-serviette est équipé d’un ventilateur à grande vitesse et émet un rayon UV sur la serviette qu'il parcourt de haut en bas après chaque utilisation, éliminant ainsi toutes les bactéries. — Lotus (Fulden Dehneli – Turquie) Encore un purificateur d'air ! Mais contrairement à l’UrbanCONE, il est exclusivement réservé au domicile et se présente comme une grande fleur de lotus sacré — qui s'ouvre en

corolle et assainit l'air de la pièce. À l'intérieur se trouvent trois modules au chargement indépendant qui peuvent être déplacés afin d’apporter une légère humidification de l'air ou de dégager de subtiles fragrances dans un endroit précis de la maison. — Set to Mimic (Sorina Răsteanu – Roumanie) Ce concept dépasse un peu les capacités actuelles de la technologie mais propose une idée qui devrait plaire aux parents des enfants difficiles… C’est une sorte d'assiette intelligente : une fois qu’elle est remplie de nourriture, vous sélectionnez votre envie gustative sur le rebord et elle la transmet (via une liaison sans fil) à une micropuce dissimulée dans un patch en gel posé sur la tempe. Vous aurez alors l'impression de dévorer une côte de bœuf ou tout autre de vos plats favoris, même si vous êtes en train d’ingurgiter une salade d'endives — ou inversement. Ne négligez pas pour autant la variété des goûts ! — Pete (Kovács Apor – Hongrie) Le Pete pourrait constituer une révolution s'il arrivait au stade de la production… À l’aide d’un logiciel, vous choisissez une taille, une forme, et une couleur de vêtements : il vous réclame alors un certain nombre de bouteilles de plastique qu’il suffit d’introduire dans l'appareil qui, par le biais d'une imprimante 3D, transformera la matière plastique en tissu puis en vêtements. DES CONCEPTS PAS TOUJOURS TRÈS RÉALISTES… Il faut bien dire que ce concours apporte des solutions qui dépassent parfois les capacités technologiques du moment. Un des concepts (il a été éliminé dès le stage 1) proposait par exemple de nettoyer la maison au moyen d’une émission d'antimatière qui absorberait la poussière par réaction ! Tout cela reste souvent au niveau conceptuel ; ces idées permettent toutefois de faire évoluer la recherche et le développement d'Electrolux et des autres marques… De toutes ces propositions découleront sans aucun doute des appareils que nous utiliserons dans un avenir éloigné, sans nous rendre compte que l'idée de leur conception avait germé bien avant… ■Screetch

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Par

Cyril Drevet journaliste TV

SUBARU EYESIGHT

QUAND SUBARU OUVRE L’ŒIL !

C’est un fait : lorsque nous sommes au volant et qu’un événement imprévu survient sur notre route, notre temps de réaction (avant même d’appuyer sur la pédale de frein) est en moyenne de 1,3 sec. système sur son petit modèle — la NOTE — sous le nom de Safety Shield (bouclier de sécurité en français). Car jusque-là, l’enjeu se limitait à réduire les risques pour les passagers en cas de collision. Mais aujourd’hui, Subaru va plus loin avec… l’EyeSight !

Deux caméras — pour une vision stéréoscopique.

Une valeur qui varie selon les individus, leur âge et l’état de leur attention à ce momentlà ! Si à peine plus d’une seconde peut paraître infime, sachez qu’à 130 km/h, votre voiture aura déjà parcouru 36 m durant ce laps de temps… Sans compter ensuite la distance de freinage et votre habileté à appuyer correctement sur la pédale ! Un moment qui fait toute

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la différence entre évitement et drame… Heureusement, depuis de nombreuses années, les constructeurs tentent d’apporter leur assistance aux conducteurs dans ce genre de situation. Mercedes en a été le précurseur avec son système PRE-SAFE, qui « ressent » le danger et prépare la voiture à un choc éventuel. Et récemment, Nissan a même démocratisé ce

LES YEUX DES YEUX ! Subaru ne veut pas seulement réduire les risques : le constructeur japonais souhaite que la voiture réagisse à votre place pour carrément éviter la collision grâce à un temps de réaction bien plus rapide que le vôtre — un miracle de l’informatique et une action sur les freins bien plus efficace… L’EyeSight regroupe tout un package de capteurs et de radars reliés à des calculateurs, avec pour axe central deux caméras stéréoscopiques postées sur le haut du pare-brise. (Des technologies directement issues de la robotique et adaptées à votre véhicule.) Ce package regroupe un régulateur de vitesse adaptatif (un radar adapte votre vitesse à celle de la voiture qui vous précède), un capteur de dépassement de ligne (qui vous indique si vous déviez anormalement de votre voie), un freinage automatique


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“En attendant, l’EyeSight ne relève pas de la science-fiction : il équipe déjà (en option) de nombreux modèles de la marque au Japon et outre-Atlantique.”

L’EyeSight détecte tout incident qui se produit dans un rayon de 80 m.

main : coupure de l’accélérateur et freinage d’urgence. (Le système fonctionne jusqu’à la vitesse de 140 km/h.) Et l’EyeSight ne s’arrête pas là : il est en veille dès le démarrage. De cette manière, la situation classique de la voiture placée devant vous qui fait un faux départ à un feu ou à un stop n’est plus à craindre. Le système bloquera votre accélérateur s’il calcule que vous risquez, là aussi, de rencontrer un obstacle…

Une voiture ainsi équipée saura éviter les obstacles qui lui barreront la route.

d’urgence et une commande automatique de l’accélérateur. Mais comment tout cela fonctionne-t-il ?

DEMAIN, C’EST AUJOURD’HUI… Comme toujours, nul système n’est parfait et le principal point faible de l’EyeSight tient au fait qu’il est en grande par tie tributaire des deux caméras. Quid de l’efficacité en cas de mauvais temps — et notamment lorsqu’une pluie battante déferle sur le pare-brise ?… En attendant, l’EyeSight ne relève pas de la science-fiction : il équipe déjà (en option) de nombreux modèles de la marque au Japon et outre-Atlantique ; il sera prochainement disponible en Europe sur la nouvelle version du break tout-terrain du constructeur, l’Outback. (Une option qui fera partie d’un pack regroupant le GPS et un toit ouvrant pour faire passer une pilule de plus de 3 000 €. En revanche — et Subaru le mar tèle —, il ne s’agit en aucun cas des prémices de l’apparition d’une voiture autonome : le conducteur aura en permanence la main…)

UN ANGE GARDIEN Tout d’abord, il faut bien comprendre que dans tous les cas, vous êtes toujours aux commandes de votre véhicule. C’est bien vous qui conduisez et non l’ordinateur ! Les caméras scannent la route jusqu’à 80 m devant la voiture et analysent la moindre forme de danger. Si elles perçoivent que vous risquez de percuter un obstacle, elles commencent par vous prévenir au moyen d’alarmes. Sans réaction de votre par t, le système prend les choses en

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NEWS GADGETS & TENDANCES Ă€ VENIR tionnent sans piles. Il suffit de tenir l'objet par la poignĂŠe et de le poser sur l'ĂŠcran de la tablette. Et les capteurs situĂŠs au dos sont en matière souple pour ne pas rayer ou abĂŽmer cet ĂŠcran.) Prix: 35 â‚Ź

TICATAG TI'BE : POUR NE PLUS ÉGARER SES CLEFS Ce porte-clefs d’une conception ingĂŠnieuse s’accroche Ă tous les objets qu’il faut impĂŠrativement surveiller. Par le biais d’une application, le Ti’Be est connectĂŠ Ă votre smartphone, ce qui permet de le garder Ă l’œil en permanence grâce Ă de nombreuses possibilitĂŠs. L’application localise pour vous sa dernière position sur une carte et vous en informe. S’il le souhaite, l'utilisateur peut ĂŞtre alertĂŠ automatiquement dès que la distance entre le smartphone et le Ti’Be excède la distance de 40 m (limite de sa portĂŠe). Enfin, une fonction radar vous guide par l’intermĂŠdiaire d’un code couleur de type chaud ou froid (le rouge si les clĂŠs sont proches, le bleu si elles sont ĂŠloignĂŠes, le noir si elles sont perdues). Il se rĂŠvèle ĂŠgalement possible d’allumer et de faire sonner le porte-clefs pour retrouver rapidement l’objet recherchĂŠ, mĂŞme au fond d’un sac ! Prix: 30 â‚Ź MARBOTIC, LE PREMIER JEU EN BOIS CONNECTÉ Marbotic a dĂŠveloppĂŠ le premier jeu sensoriel et ĂŠducatif (ĂŠponyme) en bois. Il interagit avec les tablettes numĂŠriques et comprend un coffret de chiffres en bois — 10 chiffres — et deux applications (iPad et Android) — 10 doigts. Une autre sera bientĂ´t disponible — Jusqu'Ă 100 — pour familiariser les enfants de trois Ă sept ans avec le calcul tout en les amusant. Marbotic transforme donc les jeux en bois traditionnels en objets tendance et high-tech ! Les bambins seront ravis d’utiliser une tablette — comme les grandes personnes‌ Et pour les parents, c'est l'assurance d'une activitĂŠ enrichissante et d'une dĂŠcouverte intuitive des chiffres et du calcul pour l'enfant. (Les chiffres en bois ne contiennent aucun composant ĂŠlectronique et fonc-

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MERCUROCHROME COACH FORME & SOMMEIL : UN BRACELET CONNECTÉ QUI SURVEILLE VOTRE ASSOUPISSEMENT Bouger plus et dormir mieux — voilĂ un beau programme que nous devrions tous suivre pour prĂŠserver notre forme, d’autant qu’il est plus facile d’être actif quand on bĂŠnĂŠficie d’un sommeil de bonne qualitĂŠ! Et si un coach personnel pouvait ĂŞtre sans cesse Ă nos cĂ´tĂŠs pour nous soutenir et nous encourager dans nos efforts? Pourquoi ne pas opter, dans ce cas pour un coach‌ ĂŠlectronique?‌ C’est justement ce que propose ce bracelet Forme & Sommeil — qui va vous aider Ă retrouver un sommeil rĂŠparateur et consĂŠquemment une activitĂŠ physique dĂŠbordante, grâce Ă une application de votre smartphone, en dĂŠlivrant des conseils et des encouragements‌ Prix: 40 â‚Ź

VIRTUAL PONG, UN JEU DE TENNIS DE TABLE‌ LUMINEUX! Virtual Pong est un jouet futuriste et plein de rythmicitĂŠ ; il propose Ă deux joueurs de se renvoyer une balle qui se prĂŠsente sous la forme d’une lumière diffusĂŠe : elle rebondit sur le sol, les murs et le plafond. Vous pouvez ainsi jouer dans votre salon sans craindre que ce projectile ne casse un vase. Utilisez donc votre ÂŤ raquette Âť ĂŠlectronique pour affronter un adversaire ou jouer en solo contre la console de jeux ! Le premier qui parvient Ă remporter onze victoires triomphe‌ Prix : 60 $ (environ 48 â‚Ź)

D-LINK EYEON PET, UNE CAMÉRA POUR VOTRE ANIMAL DE COMPAGNIE La camĂŠra EyeOn Pet offre un moyen sophistiquĂŠ mais ĂŠconomique de garder un Ĺ“il, quand vous dĂŠsertez votre domicile, sur vos animaux de compagnie via un smartphone ou une tablette — grâce Ă l'application mobile et gratuite mydlink Lite. Elle dispose de la vision de nuit grâce aux LED infrarouges qui s'activent automatiquement dans l'obscuritĂŠ et d'un système sonore bidirectionnel qui vous permet d'entendre et de rassurer votre pet — qu'il soit dans la pièce Ă cĂ´tĂŠ ou ailleurs‌ Prix: 120 â‚Ź

ATOL TÉOU : DES LUNETTES DE VUE CONNECTÉES Le fait de chercher dĂŠsespĂŠrĂŠment ses lunettes sent son XXe siècle ! Il est dĂŠsormais possible de les retrouver par une connexion entre un système ĂŠlectronique (de la taille d’une puce) directement embarquĂŠ dans la branche de la monture et une application dĂŠdiĂŠe sur votre smartphone. Ladite application affiche, en fonction de la distance Ă laquelle se trouvent vos besicles, trois couleurs diffĂŠrentes (rouge : plus de 15 m ; orange, moins de 10 m ; vert, moins de 5 m ; et gris : hors zone). Dans le cas d’une proximitĂŠ immĂŠdiate (moins de 5 m donc), les lunettes connectĂŠes sont repĂŠrables en temps rĂŠel par l’activation de vibrations ou d’un signal lumineux (une fonctionnalitĂŠ de l’application). Une opĂŠration simple et Ă la portĂŠe de tous ! Prix: Ă partir de 160 â‚Ź


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Screetch Disponible en trois tailles (vingt, vingt-six et vingt-huit pouces), elle s’adapte rapidement au vÊlo et passe d’un engin à l’autre sans difficultÊ. Un demi-tour de pÊdalier et c’est parti! Le vÊlo roule sans grand effort de votre part — plus vite et plus loin (jusqu’à 70 km d’autonomie). Cette roue peu encombrante se range en moins de trois minutes dans le coffre de votre voiture‌ Prix : 500 ₏

HTC RE: UN PÉRISCOPE QUI FILME Le RE dispose d’un capteur intĂŠgrĂŠ qui active la camĂŠra dès qu’on la saisit. Son dĂŠclencheur permet de photographier d’une simple pression, tandis qu’une pression plus longue fait dĂŠmarrer le mode vidĂŠo. Son capteur CMOS haute rĂŠsolution de seize mĂŠgapixels et son objectif ultra grand angle de 146° permettent l'enregistrement vidĂŠo Full HD (1080p) sans qu’il y ait besoin de regarder dans le viseur. Le RE offre une bonne rĂŠsistance Ă l’eau (sans ajout d’une protection). Et pour sauvegarder les photos et les vidĂŠos, une application est disponible sur Android et iOS (elle opère automatiquement une synchronisation sur le mobile associĂŠ ou sur le Nuage). On peut aussi le programmer et le contrĂ´ler Ă distance et transformer ainsi un smartphone en vĂŠritable viseur. Prix : 230 â‚Ź

ROOL'IN : TRANSFORMEZ VOTRE BICYCLETTE EN VÉLO ÉLECTRIQUE ! Le Rool’in est une roue avant Êlectrique.

RAZOR CRAZY CART XL: UNE AUTO TAMPONNEUSE CHEZ SOI! À l'origine, le Razor Crazy Cart avait ÊtÊ dÊveloppÊ pour les enfants de moins de 60 kg mais une forte demande de la part des adultes a ÊtÊ prise en considÊration. La version XL propose un petit vÊhicule, proche du kart et muni d’une seule roue directrice. Il se conduit comme les autos tamponneuses des fêtes foraines et atteint la vitesse de 27 km/h. Prix: 800 $ (environ 640 ₏)

l'appareil fait 76 m, ce qui le rend propre Ă des missions de surveillance discrète dans le domaine militaire, pour lequel il a d’ailleurs ĂŠtĂŠ conçu. Prix: non communiquĂŠ

LUMIPOCKET, UNE IMPRIMANTE 3D ULTRACOMPACTE Ce petit appareil innovant qui fonctionne par stÊrÊolithographie permet d'imprimer de petits objets de 10 cm de côtÊ avec une prÊcision allant de 50 à 100 ¾m. C'est un Arduino Micro qui pilote la LumiPocket. Sa grande originalitÊ : sa taille (on peut la transporter partout). Prix: non communiquÊ THE CHARGING PLACE : UN CHARGEUR UNIVERSEL EN LIBRE-SERVICE Disponible à la location pour les entreprises, les lieux publics ou même les ÊvÊnements, The Charging Place offre un espace capable de recharger six appareils mobiles, en toute sÊcuritÊ et en votre absence. Les tÊlÊphones se connectent au port compatible avec votre appareil puis se rangent chacun dans un casier qui s'ouvrira uniquement par reconnaissance digitale. (La recharge est payante ou pas — c'est le locataire-gÊrant de la machine qui choisit.) Prix : au choix (location)

CYPHY WORKS POCKET FLYER, UN PICODRONE DE POCHE Le CiPhy Works Pocket Flyer impressionne Ă la fois par ses dimensions minuscules et par ses performances. ÉquipĂŠ d'une camĂŠra en haute rĂŠsolution, ce petit bolide volant dotĂŠ de six hĂŠlices et pesant 80 g envoie Ă votre smartphone ce qu'il perçoit et jouit d’une autonomie de deux heures. Il traĂŽne en fait un microfilament reliĂŠ Ă une batterie au sol — ou branchĂŠ sur le secteur, ce qui lui procure alors une autonomie sans limite. Ledit microfilament permet aussi la retransmission vidĂŠo en haute rĂŠsolution (sans aucun lag) et un pilotage sĂŠcurisĂŠ (car filaire) ; celui qui est livrĂŠ avec

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NEWS Innovations & Concepts du futur

BLEEN, UN APPAREIL HOLOGRAPHIQUE POUR LES LOISIRS Actuellement en cours de financement sur Indiegogo, le Bleen devrait révolutionner la manière de consommer les médias. Il aurait l’apparence d’un œuf d'autruche d’où émanerait une projection holographique de 2,50 m de diagonale. Cette image tridimensionnelle serait visible sans lunettes et permettrait de regarder des films en relief, de jouer à de nouvelles conceptions de jeux virtuels ou sportifs et de travailler sur des formes 3D… Son prix de vente est déjà fixé : 320 €. Designer : Bleen Inc.

JOE, UN GÉNÉRATEUR DE BRUIT BLANC Le Joe est un haut-parleur qui fonctionne un peu de la même manière que ceux qui sont placés dans les réacteurs des avions et limitent les nuisances sonores. (Ces haut-parleurs piézoélectriques fonctionnent grâce à la propriété qu’ont certains matériaux de se déformer lorsqu’une tension électrique leur est appliquée : ils reçoivent un signal pour s’opposer à l’onde venant du réacteur.) Posé à côté de vous, le Joe écoute le bruit ambiant puis génère des contresons : vous vous retrouvez alors au sein d’une espèce de dôme virtuel antibruit, dans un calme propice à la concentration et au travail… Designers : Nicolas Schmitt et Hélène Casado

affichés physiquement — ce qui engendre un fort sentiment de présence et la capacité d'interagir directement. Le prototype permet déjà de simuler les mouvements des mains: facile maintenant de jongler à distance avec une pomme! Designer : Tangible Media Group (MIT)

AIR UMBRELLA : UN PARAPLUIE INVISIBLE Et si l’on remplaçait la toile du parapluie par un puissant jet d'air capable de rejeter les gouttes d'eau hors du passage de son propriétaire? Une jeune start-up vient de concevoir ce pébroque doté de multiples atouts! Vous n'éborgnerez plus personne dans la rue et vous n’inonderez plus les antichambres… L’Air Umbrella a l’apparence d’un bâton muni à son extrémité supérieure d’un soufflet raccordé à une batterie. Designer : Jeff Brown

3D-REPRINTER : LE RECYCLAGE À LA MAISON Les imprimantes 3D commencent à entrer (timidement) dans les entreprises et dans les foyers… Pour fabriquer des objets en 3D, elles ont évidemment besoin de matière plastique et vous devez donc, pour le moment, en acheter. Ce concept d'imprimante propose la récupération de vos bouteilles et autres déchets plastiques et leur transformation en matière première pour l'impression de vos objets. Votre impression n'est pas bonne?… Pas de quoi se taper la tête contre les murs, recyclezla dans une nouvelle version! Designers : Yangzi Qin, Yingting Wang, Luckas Fischer et Hanying Xie

EH-T (ENERGY HARVESTING): UN GÉNÉRATEUR THERMOÉLECTRIQUE DE POCHE Ce chargeur de batterie utilise la différence qui existe entre la température de la surface de l'objet sur lequel il est posé et la sienne propre. Un générateur thermoélectrique intégré produit ainsi de l’électricité — à la manière d'un réfrigérateur inversé. De nombreuses surfaces (disponibles en ville ou en rase campagne) peuvent servir de base à cet ustensile pour recharger les batteries de votre appareil mobile préféré. Designers : Chien Ta-Wei, Huang Li-Ren, Chu Fang-Chih, Chu Yuan-Hua, Huang Chao-Jen et Yao Hong-Da (ITRI)

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INFORM, UNE SURFACE MODELABLE EN 3D Né au sein du MIT, l’inForm est une forme d'affichage dynamique capable de représenter physiquement du contenu 3D afin que les utilisateurs puissent interagir avec l'information numérique. Les participants d'une conversation à distance sont ainsi


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vet par Cyril Dre

LES INCONTOURNABLES DE L’HIVER

jeux vidéo

NEWS

Comme tous les ans, la fin de l’année a fait sortir les gros blockbusters des forêts parfois impénétrables du jeu vidéo… Voici un récapitulatif des titres qu’il ne fallait absolument pas rater sur votre console ou sur votre PC!

CALL OF DUTY : ADVANCED WARFARE Un Noël sans Call of Duty serait-il un vrai Noël? Le principe de la série au succès interplanétaire est bien rodé: plusieurs variantes du jeu (Modern Warfare, Black Ops, Ghost…) se succèdent cycliquement, d’année en année… Cette fois une nouvelle franchise — Advanced Warfare — et un nouveau studio, Sledgehammer Games, nous propulsent dans le futur, en 2050… Du coup, les armes proposées ressemblent pas mal à celles des Space Marines d’Alien, le retour — avec notamment un exosquelette du plus bel effet (et redoutablement efficace)! Gommant beaucoup des reproches qui avaient été faits aux précédentes versions, ce nouvel opus offre tout ce que l’on peut attendre d’un FPS (jeu de tir en vue subjective) moderne, que ce soit en solo ou en multijoueur réseau. (Et semble bien parti pour servir de référence aux Call of Duty à venir…) Call of Duty : Advanced Warfare (PS4, Xbox One, PC, PS3, Xbox 360) Éditeur : Activision

ASSASSIN’S CREED UNITY

Ultracritiqué pour ses nombreux bugs (corrigés régulièrement par des mises à jour) et sa dépendance à l’appli sur mobile — qui vous réclamera de la menue monnaie pour obtenir de nombreuses fonctions et divers avantages —, le nouvel Assassin’s Creed n’en reste pas moins l’un des incontournables de cet hiver… Impressionnant par ses graphismes et par la foule de personnes que vous croisez, il vous plonge dans le Paris chaotique de la Révolution française. Si je reste toujours sur ma faim avec ce système de jeu trop simpliste (et pas vraiment enthousiasmé par le passage obligé à l’appli sur mobile pour débloquer certaines parties du jeu), je suis en revanche conquis par le choix de cette période, le réalisme des lieux, de l’histoire et la possibilité d’entrer dans de nombreux bâtiments. Incontestablement un jeu hors du commun — à défaut d’être un TRÈS bon jeu. Assassin’s Creed Unity (PS4, Xbox One, PC) Éditeur : Ubisoft

CALL OF DUTY: ADVANCED WARFARE

GTA V (VERSION NExT GEN)

On le savait: sorti uniquement sur les PS3 et sur xbox 360 (on n’oublie pas le PC, bien sûr), le tsunami du jeu vidéo, GTA V, était prévu pour plus tard sur les rutilantes PlayStation 4 et xbox One… Voilà, c’est fait !… Et si le jeu reste toujours aussi subversif et jouissif, il s’agit plus d’une remastérisation que d’une récriture complète pour les nouvelles consoles de Sony et Microsoft. Un détail néanmoins change beaucoup de choses : la possibilité jusqu’à présent inédite de jouer l’aventure en vue subjective, comme dans un FPS… Le résultat est incroyable ! On n’hésitera donc pas à se le refaire ou à le découvrir — maintenant qu’il est habillé de ses meilleurs graphismes…

Et aussi…

PES 2015 Après des années de domination sans partage du FIFA d’Electronic Arts, l’ancienne gloire des jeux de foot de Konami revient sur la première marche du podium… PES 2015 (PS4, Xbox One, PC)

THE EVIL WITHIN Quand Shinji Mikami, le créateur des Resident Evil, revient à ses premières amours, cela donne un jeu d’horreur comme on les aime (bien qu’il soit un peu dépassé). THE EVIL WITHIN (PS4, PS3, Xbox ONE, Xbox 360, PC)

GTA V (PS4, Xbox One et précédemment sur PS3, Xbox 360, PC ) Éditeur : Rockstar Games

SUPER SMASH BROS.

C’est l’apanage de Nintendo: après cent vingt-cinq ans consacrés à l’industrie du jeu (la marque japonaise a fabriqué des jeux de cartes puis des jouets à ses débuts), elle dispose d’un éventail de héros légendaires absolument unique… Et a réussi le tour de force, depuis plus d’une décennie, de les faire tenir tous dans une boîte de manière à concevoir un jeu de baston totalement atypique : Super Smash Bros. Mieux : depuis son lancement, la énième licence de Nintendo a su mobiliser une communauté d’inconditionnels de la série… Cette nouvelle édition sur 3DS et Wii U a tout pour plaire une nouvelle fois à ses fans.

ASSASSIN’S CREED UNITY

GTA V (version Next Gen)

Super Smash Bros. (Wii U, 3DS) Éditeur : Nintendo

SUPER SMASH BROS.

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NEWSCINÉMA ALAN TURING ,

UN HOMME D EXCEPTION

La sortie au cinéma, le 28 janvier 2015, d’un film biographique consacré à Alan Turing nous donne l’occasion de revenir sur la vie malheureusement trop courte de cet homme d’exception… Il s’est distingué par l’originalité et l’éclectisme de sa pensée; on lui doit diverses contributions scientifiques majeures sur des sujets aussi variés que la fondation de la théorie de la calculabilité, la cryptologie et la mécanisation du renseignement, l’ingénierie des premiers ordinateurs, les rapports entre la pensée et le calcul — sans oublier la modélisation morphogénétique en biologie théorique…

L’affiche du film Imitation Game, un biopic sur Alan Turing.

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UNE INTUITION DE GÉNIE Né le 23 juin 1912 dans le quartier londonien de Maida Vale, Alan Turing a grandi à Hastings puis à Sherborne. Dès sa plus tendre enfance, il montra à l’école une intelligence hors du commun — particulièrement en mathématiques et en sciences. D’autre part, il était féru d’énigmes et de mots croisés. En 1926, il intégra l’internat de la Sherborne Grammar School puis en 1928 prit connaissance des travaux d’Einstein qu’il comprit sans problème malgré son jeune âge… Ses capacités intellectuelles lui permirent d’obtenir une bourse d’études pour le King’s College de Cambridge, où il suivit des cours de mathématiques et de logique, de 1931 à 1934. Dans son célèbre article On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem, publié en 1936 dans les Annales de la société de mathématiques de Londres et qui est considéré comme le texte fondateur de l’informatique, Turing (qui n’avait alors que vingt-quatre ans) répondait à une question posée en 1928 par le mathématicien David Hilbert, relative à la décision (Entscheidung) dans les théories axiomatiques. Il y abordait la notion de calcul, sous un angle original, en établissant une limite entre ce qui est « calculable » (ce qui peut être prédit et dont le résultat sera toujours le même) et ce qui est « non calculable » (ce qui peut évoluer de manière imprévisible). Il faisait la démonstration qu’on ne pouvait pas tout calculer de manière automatique et que ce qui est calculable pouvait être décomposé en un nombre fini d’étapes réalisables par une machine. Pour illustrer son propos, il imagina une machine fictive qui lui permettait de décrire un calcul complexe sous la forme d’une séquence d’opérations simples. La fameuse machine de Turing existait alors seulement comme concept de « machine universelle » capable d’accomplir les tâches de n'importe quelle autre. Il suffisait de lui fournir, sous forme codée, le programme qu’elle devait exécuter, en plus des données qui


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par Josèphe Ghenzer

De gauche à droite… Alan Turing en 1951 (photo NPL Archive, Science Museum). — Dans Imitation Game, Alan Turing (Benedict Cumberbatch) tente de comprendre le fonctionnement de la machine Enigma.

étaient manipulées. Cette idée de génie ouvrait la voie aux ordinateurs électroniques et à l’algorithmique qui les régit — même s’il fallut encore attendre une dizaine d’années avant que le premier « ordinateur » ne vît le jour. En 1937, Turing partit pour l’université de Princeton (États-Unis), où il prépara, sous la direction d’Alonzo Church, un doctorat de logique mathématique (il l’obtint en 1938). John von Neumann lui proposa alors de devenir son assistant mais Turing préféra rentrer en Angleterre… AU SERVICE DE SA MAJESTÉ Faisant partie des mathématiciens les plus doués de son époque, Turing fut re-

cruté à son retour par le Government Code and Cypher School (le service britannique du chiffre), qui venait de s’installer en toute discrétion dans un manoir de Bletchley Park, près d’Oxford, pour s’éloigner des futurs bombardements de Londres. Plusieurs milliers de personnes s’y côtoyèrent (parmi lesquels figuraient les meilleurs mathématiciens, linguistes, joueurs d'échecs, etc.) avec pour seul objectif de casser les codes secrets que l’amirauté allemande utilisait pour envoyer quotidiennement ses ordres par des messages radio aux U-Boote qui faisaient le blocus de l’Angleterre. À l’époque, la Kriegsmarine se servait d’une version de la machine Enigma bien plus sophisti-

ÉLÉMENTAIRE — MON CHER TURING ! Bizarrement intitulé Imitation Game (alors que le « jeu de l’imitation » est à peine évoqué dans le film), le biopic consacré à Alan Turing (Benedict Cumberbatch) — dont le scénario s’inspire d’Alan Turing ou l'énigme de l'intelligence (une biographie écrite par Andrew Hodges, également scénariste du film) — se focalise sur les années qu’il a passées à Bletchley Park… Une période durant laquelle il tentait de déchiffrer les messages codés envoyés par les machines Enigma, en compagnie d’autres hommes et femmes de l’ombre (des mathématiciens, des linguistes, des champions d’échecs, des agents du MI6…) et sur les relations souvent houleuses qu’il entretenait avec bon nombre d’entre eux. Quelques flash-back sont consacrés à ses années de pensionnat pendant lesquelles l’ado surdoué, devenu la tête de Turc de ses camarades d’école et incompris de ses professeurs, avait trouvé du réconfort auprès de Christopher Morcom, qui se passionnait comme lui pour les sciences et pour les mathématiques (et avec lequel il correspondait durant les cours par le biais de messages codés). Cette amitié particulière le marqua profondément — d’autant que Christopher mourut à dix-neuf ans de la tuberculose. Et d’autres scènes se penchent sur les années 1950-1954 et les conséquences tragiques engendrées par la révélation au grand jour de son homosexualité — qui le poussa à mettre fin à ses jours…

L'ENS de Lyon a reproduit une machine de Turing fonctionnelle à l'aide de LEGO.

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Une machine de déchiffrement — la bombe de Turing — reproduite dans Imitation Game. — En dessous… La machine électronique portable Enigma, utilisée notamment par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, servait à crypter les messages militaires.

Grâce à ce système de cryptage, Enigma était à même de transformer chaque phrase d’un message en plus de mille seize séquences de lettres — ce qui engendra sa réputation d’indéchiffrabilité. quée que les autres modèles employés par le Heer et la Luftwaffe. Elle se présentait sous la forme d'une machine à écrire transportable dans une caisse en bois de dimensions modestes (34 × 28 × 15 cm), pesant une douzaine de kilos. La version militaire de la machine Enigma était composée d'un clavier typographique de vingt-six touches, d'un tableau de connexion, de trois à six rotors (selon les évolutions successives de la machine) mobiles à vingt-six positions, d'un réflecteur (un rotor renvoi) à vingt-six positions et d'un tableau de vingt-six ampoules correspondant aux lettres de l'al-

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phabet. Et elle était alimentée par une pile électrique de 9 V. Habituellement, deux personnes assuraient le fonctionnement d’Enigma : pendant que l'une tapait les lettres du message en clair sur le clavier,

l'autre notait les lettres du message chiffré dont les ampoules s'éclairaient, l'une après l'autre, sur le tableau. Son fonctionnement était tout à la fois simple et ingénieux : à chaque fois qu'on tapait sur une lettre du clavier, un circuit électrique se fermait et l’ampoule correspondant à la lettre codée s’allumait… Le circuit qui se fermait dépendait de la position des rotors et à chaque lettre frappée, un ou plusieurs des rotors mobiles se mettaient à tourner — ce qui changeait la lettre de la touche enfoncée suivante. Ce système étant réversible, la restitution en clair d'un message codé s’opérait au moyen d'une clé de déchiffrage indiquant le réglage initial des différents mécanismes de la machine émettrice. Et si le commandement allemand et un sousmarin avaient le même réglage de départ, il suffisait à l'opérateur radio du sousmarin de taper directement le message codé pour obtenir le message en clair. Les Allemands avaient diffusé dans leurs services des carnets de code, valables un mois, permettant de réactualiser chaque jour à minuit les machines par la position initiale des rotors. Grâce à ce système de


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Le Pilot ACE fut le premier calculateur capable d'exécuter des calculs en virgule flottante. — La statue en ardoise d'Alan Turing, à Bletchley Park (Buckinghamshire).

cryptage, Enigma était à même de transformer chaque phrase d’un message en plus de mille seize séquences de lettres — ce qui engendra sa réputation d’indéchiffrabilité. Malgré tout, le système présentait quelques failles… Tout d’abord, la lettre A n’étant jamais codée par un A, cela éliminait un certain nombre de possibilités à tester. D’autre part, certains opérateurs radio allemands prenaient peu de précautions et commençaient toujours leurs messages par les mêmes mots, ce qui faisait que les Anglais connaissaient, pour une petite partie du message, à la fois le texte en clair et le texte codé : cela les aidait à trouver la clé de cryptage… Et dans la mesure où c'était la même clé qui servait pour toutes les machines Enigma pendant vingt-quatre heures, une simple erreur dans le respect de la procédure dans un message pouvait compromettre la sécurité de tous les autres ! En mécanisant le système de décryptage, les machines de déchiffrement mises au point par Turing (les bombes de Turing), ont énormément accéléré le processus et contribué au succès des Alliés. Les historiens estiment que le décryptage des machines Enigma a hâté la chute du IIIe Reich d’environ deux ans, juste au moment où l’Allemagne nazie avait commencé à développer de nouvelles armes qui auraient pu inverser le cours de l’Histoire… DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE À la fin de la guerre, Turing put enfin se consacrer à la matérialisation de la machine qu’il avait imaginée en 1936. De 1945 à 1948, il travailla au National Physi-

Au fil du temps, son propos d’origine a été fortement dénaturé et ce qu’on appelle de nos jours le test de Turing consiste désormais en un dialogue à l’aveugle, via un clavier d’ordinateur, entre des juges humains et des « participants ». cal Laboratory, à Teddington (Middlesex), où il mena des recherches sur le calcul automatique et œuvra à la conception de l'ACE (Automatic Computing Engine) qui, contrairement aux projets états-uniens concurrents, n’était pas un simple calculateur mais une machine capable de traiter n’importe quel type de données. Après en avoir rapidement achevé les plans, il laissa des programmateurs et des ingénieurs la construire (elle n’entrera en service qu’en 1950). Puis en octobre 1948, il rejoignit l’équipe de Max Newman à l’université de Manchester. En 1949, il devint directeur délégué du laboratoire d’informatique de cette université et travailla à la programmation d'un des tout premiers ordinateurs : le Manchester Mark I. LES MACHINES PEUVENT-ELLES PENSER ? Dans un article intitulé Computing Machinery and Intelligence, paru en 1950 dans la revue Mind, Turing écrivit : « Je crois que dans environ cinquante ans, il sera possible de programmer des ordinateurs, avec une capacité de mémoire de 109, de manière à les faire si bien jouer au jeu

de l'imitation qu'un interrogateur moyen n'aura pas plus de 70 % de chances de procéder à l’identification exacte après cinq minutes d'interrogatoire. » Pour étayer ses dires, il imagina alors, à titre d’exemple, un « jeu de l’imitation » pour tester la capacité que pouvait avoir un système informatique de se faire passer pour un être humain. En réalité, il voulait juste poser les bases d’une réflexion purement philosophique sur la possibilité, pour les machines, de penser… (À l’époque, on n’employait pas encore le terme d’Intelligence artificielle.) Ce test n’était pas, dans son idée, destiné à être un jour utilisé comme méthode pour mesurer l’éventuelle intelligence des programmes informatiques… Au fil du temps, son propos d’origine a été fortement dénaturé et ce qu’on appelle de nos jours le test de Turing consiste désormais en un dialogue à l’aveugle, via un clavier d’ordinateur, entre des juges humains et des « participants » au test qui sont soit de vraies personnes, soit des programmes informatiques plus ou moins sophistiqués… Si au bout de 5 min de questions-réponses, 30 % des juges se sont laissé gruger par les réponses que donne un programme informatique en pensant qu’ils ont eu affaire à un véritable humain, on considère alors que la machine a réussi le test. En fait, ce prétendu test de Turing n’a plus rien à voir avec les propos tenus par son inventeur en 1950. De plus, la teneur même des questions simples (Comment allez-vous ? Qui êtesvous ? D’où êtes-vous ?) ou plus complexes pour le raisonnement d’un programme informatique (Paul joue au football, que fait Paul ? De quelle couleur

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Eugene Goostman serait la première Intelligence artificielle à avoir été capable de passer le test de Turing…

Le Baby — petit nom du Manchester Small-Scale Experimental Machine (SSEM) — est une sorte de version bêta du Manchester Mark 1.

la voiture rouge est-elle ?), qui sont posées par les juges aux participants influencent forcément les résultats… Et le fait qu’une machine arrive à imiter de façon crédible une conversation humaine ne prouve en aucun cas qu’elle est dotée d’« intelligence ». JEU DE DUPES Le 7 juin 2014, un communiqué de presse émanant de l’université de Reading (R.-U.) a fait grand bruit… Le professeur Kevin Warwick y annonçait triomphalement qu’un agent conversationnel avait, pour la première fois, passé avec succès le test de Turing en réussissant à faire croire à 33 % des juges qu'ils dialoguaient à l'aveugle, via le clavier d'un ordinateur, avec un être humain et non avec un programme informatique, au cours d’une conversation de 5 min. Lors de cette compétition, qui se déroulait à la Royal Society de Londres (soixante ans jour pour jour après la mort de Turing), cinq participants avaient été mis au défi de passer le test et le dénommé Eugene Goostman l’aurait donc réussi… Ce n'était pas la première fois qu'un succès à ce test était annoncé mais selon l'université de Reading, ce serait la première fois que les sujets de discussion abordés dans le test n'avaient pas été fixés à l'avance… Développé depuis 2001 par Vladimir Veselov et Yevgeny Demchenko, ce programme a trompé une partie des juges en se faisant donc passer pour Eugene Goostman, un ado de treize

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Les réponses aux questions seront donc relativement faciles à trouver par un être humain mais compliquées à maîtriser pour une machine. De toute façon, de nos jours, la grande majorité des chercheurs en Intelligence artificielle considèrent le test de Turing comme inadapté… ans résidant à Odessa (Ukraine). Ce chatbot avait déjà atteint un taux de réussite de 29 % à un test de Turing passé en 2012. Ses créateurs ont passé beaucoup de temps à développer le personnage en le dotant d’une personnalité qui pouvait le rendre crédible. L’idée de base était que son âge supposé rendrait parfaitement plausible le fait que ses connaissances n’étaient pas universelles, qu’il ne pouvait pas répondre à des questions en inadéquation avec son âge et qu’il faisait des fautes d’orthographe que n’aurait pas commises un adulte. D’autre part, le fait que l’anglais n'était pas sa langue maternelle permettait aussi à ses interlocuteurs humains d'excuser plus facilement ses erreurs ou sa mauvaise compréhension des questions qui lui étaient posées. L’utilisation de cette personnalité fictive pré-

sentait aussi l’avantage d’évacuer les problèmes liés à une connaissance limitée de certains sujets abordés, pour se concentrer sur les aspects humains de la conversation. Cette année, lesdits créateurs ont encore amélioré le contrôleur de dialogue, rendant ainsi la logique de sa conversation beaucoup plus humaine, en comparaison d’autres programmes qui ne font que répondre aux questions. Ils l’ont également doté d’une certaine naïveté et lui ont appris à « tricher » afin qu’il se rapproche au mieux du comportement d’un être humain — notamment au niveau du raisonnement et de la capacité de se tromper dans ses réponses. LA POMME DE DISCORDE Chaque année, depuis 1991, se déroule le Prix Loebner, une compétition dont les procédures sont fondées sur le fameux test de Turing et qui récompense les meilleurs chatbots du monde. L’utilité dudit test est souvent remise en cause et sera prochainement proposée une autre manière de tester l’Intelligence artificielle avec le Winograd Schema Challenge (ainsi nommé en hommage à Terry Winograd, le développeur du programme SHRDLU de compréhension du langage naturel) — qui ne se base pas sur un échange libre comme le fameux test mais sur les recherches d'Hector J. Levesque (un professeur de sciences informatiques de l’université de Toronto). Il consistera dans la passation d’un QCM ciblé, mettant en évidence des capacités fines de compréhension. Les réponses aux questions seront donc relativement faciles à trouver par un être humain mais compliquées à maîtriser pour une machine. (Le premier concours portant sur le développement de ce programme aura lieu du 23 au 25 mars 2015 à l’université Stanford et le gagnant empochera 25 000 $.) De toute façon, de nos jours, la grande majorité des chercheurs en Intelligence artificielle considèrent le test de Turing comme inadapté à l’évaluation de la capacité des IA d’accomplir les tâches qui leur sont maintenant confiées…


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NEWS DVD, BD, LIVRES, CINÉ… de renverser le pouvoir des Hauts. À cause des difficultés du voyage, à travers les prairies et les déserts peuplés de créatures mutantes qu’il faut traverser pour y arriver, des rivalités naissent — qui remettent en question l’autorité de Tya. Dans ces conditions, il n’est pas sûr du tout qu’elle parvienne à conduire les rebelles jusqu’à ce Sanctuaire…

Roman RESURRECTIO Marie a quinze ans et se réveille dans un laboratoire, complètement amnésique et le corps couvert de cicatrices… Officiellement disparue après un grave accident, elle doit réapprendre tous les gestes du quotidien sous le regard attentif de Victor, le médecin qui l’a miraculeusement sauvée et veille sur elle avec affection, comme un père adoptif. Marie n’aspire qu’à être une ado comme les autres — mais comment faire quand on n’a ni passé, ni identité? Elle ne tarde pas à percevoir des visions terrifiantes — comme si elle avait en elle les souvenirs de plusieurs personnes… Que lui est-il arrivé? Victor détient les réponses à ces questions; il préfère cependant cacher l’existence de Marie, pour laquelle il éprouve un amour paternel, à une multinationale aux activités plus que douteuses et qui serait prête à tout pour la capturer… (Ce roman revisite à sa façon le mythe prométhéen de Frankenstein.) Auteur: Amélie Sarn - Éditeur: Seuil - Déjà paru

Auteur : Johan Heliot - Éditeur : Seuil Parution : 29 janvier 2015

cement fait irruption dans son existence, elle pense qu’elle va enfin comprendre d’où elle vient… Auteur : Teri Terry - Éditeur : La Martinière Jeunesse - Déjà paru Roman LES SUBSTITUTS (TOME 2) Dans ce deuxième tome, on retrouve Tya: après avoir été débarrassée de la puce électronique qui faisait d’elle une esclave, elle a fui la ville ainsi que l’autorité des Hauts, à la tête d’un groupe de Substituts rebelles… Son objectif: retrouver son père (Jorka, un ancien Haut condamné à l’exil pour avoir eu un enfant avec un Substitut de sexe féminin). Le bruit court que depuis son Sanctuaire, un lieu mythique où les hommes vivent égaux, il prépare son retour et projette

Roman FRACTURÉE — EFFACÉE TOME 2 En 2054, la mémoire des criminels de moins de seize ans est effacée, leur agressivité gommée et leur béatitude renforcée. Ils doivent repartir de zéro tout en étant contrôlés par un appareil greffé au bras. Kyla, âgée de seize ans, a été ainsi « réinitialisée » et doit tout réapprendre sous la tutelle de parents adoptifs. Malgré l’effacement, elle fait d’étranges cauchemars et se découvre des aptitudes qu’elle ne devrait pourtant plus avoir… Dans ce deuxième tome de la saga, elle en apprend plus sur son passé d’Effacée et se demande quel avenir elle pourrait envisager. Des bribes de mémoire lui reviennent, avec d’inquiétants points sombres. Quand un homme mystérieux qu’elle a connu avant son effa-

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Roman jeunesse EUTOPIA Alors que toute vie a quasiment disparu de la surface de la Terre, seuls quelques milliers d’individus privilégiés, devenus immortels par le biais de réincarnations ininterrompues, vivent encore à Eutopia. Dehors survivent les HomGM, créés afin d’alimenter la cité en bléGM, seule source d’énergie encore disponible. Orian et Tiris s’apprêtent à reformer leur couple après une énième réincarnation — mais Orian se sent bizarre depuis la dernière… La vie paradisiaque qu’on mène à Eutopia l’ennuie et il ne peut s’empêcher de tout remettre en question. En fait, un virus s’est glissé dans sa tête et le bonheur d’Eutopia lui semble factice… Et quand une femelle HomGM, qui a l’air tout à fait humaine, fait irruption dans l’appartement du couple, traquée par des robots CHérès décidés à l’abattre, c’est le déclic! Orian est dépassé par les événements mais est sûr d’une chose: les HomGM sont bien humains et ils ont besoin de son aide. (Ce roman, qui oscille entre SF et dystopie, nous narre la révolte d’un jeune homme contre une société fondée sur le mensonge et l’illusion.) Auteur : Jean-Marie Defossez - Éditeur : Seuil Seuil (Fiction Jeunesse) - Déjà paru


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Josèphe Ghenzer Manga CYBORG 009 — TOME 17 Il y a très longtemps, en Afrique, vivait un jeune garçon du nom de Zanzibar… Comme la course était sa passion, les colons en avaient profité pour faire de lui l’appât perpétuel de leurs chiens de chasse. Alors Zanzibar courait, courait comme un dératé… — mais le temps de la révolte finit par venir et il doit alors faire un choix délicat qui va faire prendre conscience aux cyborgs que l’agressivité de l’être humain peut se retourner contre lui ou bien servir des idéaux plus nobles… Scénariste et illustrateur: Shotaro Ishinomori - Éditeur: Glénat (collection Vintage) - Déjà paru Artbook DOCTOR WHO : LES ARCHIVES Cet artbook incontournable pour tous les inconditionnels de Doctor Who nous raconte les différentes étapes de la création de la mythique série TV britannique. Il analyse chaque période et chaque Docteur par thème et présente les personnages secondaires et les anecdotes associées jusqu’à la fin de 2013. On y trouve aussi des mémos de préproduction, des extraits de scénarios, les designs des décors et des costumes ; il traite aussi de l’évolution culturelle de la SF qui a accompagné l’essor de la série. Chaque chapitre représente en fait une année de l’histoire du feuilleton série (ou un peu plus en tenant compte des périodes où elle avait été retirée de l’antenne). Cet ouvrage nous permettra donc d’en savoir plus sur le TARDIS, les Anges pleureurs, les redoutables Daleks ou encore les Cybermen… Auteur : Marcus Hearn - Éditeur : Akileos Déjà paru

Manga KNIGHTS OF SIDONIA — TOME 11 Dans les profondeurs de Sidonia, le développement d’un nouvel hybride, Kanata, entre dans sa phase finale… Alors que ce dernier montrait déjà des signes d’instabilité, il devient soudain incontrôlable et cause de nombreux ravages au sein du vaisseau. La raison d’une telle dévastation : une nouvelle arme qui a été intégrée à son corps — un émetteur de gravitons. Dotée d’une puissance terrifiante, cette arme a été inventée plusieurs centaines d’années auparavant par le professeur Ochiai.

Cambridge, espère apporter une réponse au mystère de la création de l’univers. De nouveaux horizons s’ouvrent à lui quand il tombe amoureux de Jane Wilde (Felicity Jones), une étudiante en art, mais il va lui falloir affronter un terrible diagnostic : il est atteint de la maladie de Charcot, une dystrophie neuromusculaire qui s’attaque aux membres, à la motricité et à l’élocution ; elle devrait le tuer en l’espace de deux ans… Grâce à l’amour et la résolution de Jane (qu’il épouse contre toute attente), ils entament à deux un nouveau combat afin de repousser l’inéluctable… Elle l’encourage à terminer son doctorat et, alors qu’ils entament une vie de famille, Stephen — son doctorat en poche — focalise ses recherches sur ce qu’il a de plus précieux : le temps ! Alors que son corps se dégrade, son cerveau fait reculer les frontières les plus éloignées de la physique… Ensemble, ils vont révolutionner le monde de la médecine et de la science pour aller bien au-delà de ce qu’ils avaient pu imaginer… Réalisation : James Marsh - Scénario : Anthony McCarten - Production : Working Title Films - Sortie en salles : 11 mars 2015

Auteur: Tsutomu Nihei - Éditeur: Glénat Manga Déjà paru Cinéma UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS Ce biopic nous raconte l’extraordinaire histoire de l’un des cerveaux les plus brillants de notre temps : l’astrophysicien Stephen Hawking. En Angleterre, durant l’année 1963, Stephen (Eddie Redmayne), un brillant étudiant en cosmologie à l’université de

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NEWSCINÉMA LES NOUVEAUX HEROS : LES SIX FANTASTIQUES

Après le récent succès des Gardiens de la galaxie, Disney va bientôt nous enchanter avec les aventures d’un autre groupe de super-héros issus de l’univers Marvel. L’un des protagonistes est d’ailleurs un robot vraiment pas comme les autres… Ce film d’animation très réussi — Les nouveaux héros — sortira en France le 11 février 2015. convaincre de s’y inscrire et d’y poursuivre des études supérieures. Emballé par sa visite, Hiro présente alors au professeur Callaghan l’une de ses inventions (des microrobots contrôlés par neurotransmission) pour l’impressionner et le convaincre de l’admettre à suivre les cours malgré son âge tendre. Quelques heures plus tard, un terrible incendie éclate — au cours duquel Tadashi, qui s’est précipité dans les locaux pour essayer de sauver le professeur Callaghan, périt tragiquement. Durement éprouvé par le décès de son frère (qui était aussi son meilleur ami), Hiro sombre dans une profonde mélancolie jusqu’au moment où il rencontre Baymax, un robot assistant personnel de santé (conçu par Tadashi), qui va s’employer à lui faire oublier son chagrin… L’HEURE DE LA VENGEANCE A SONNÉ ! Peu de temps après, Hiro découvre que la mort de son frère n’était nullement accidentelle mais le résultat d'un machiavélique complot ourdi par un malfaisant — qui a dérobé la technologie des microrobots dans l’infâme dessein de détruire la ville. Hiro va alors pourchasser le coupable après s’être adjoint l’aide précieuse d’un groupe hétéroclite, constitué de quatre amis de son frangin : GoGo Tomago (une accro à l’adrénaline), Wasabi NoGinger (un maniaque de la propreté), Honey Lemon (une chimiste surdouée) et Fred (un fanboy convaincu qu’il est la mascotte de l’université). Avant de passer à l’offensive, il va apporter bon nombre d’améliorations à Baymax et concevoir divers équipements high-tech destinés à transformer les membres de cette fine équipe en super-héros…

UN ADO D’EXCEPTION Hiro Hamada est un jeune prodige en robotique de quatorze ans, déjà diplômé de l’enseignement secondaire, qui passe tout son temps à disputer des combats de

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robots. Son frère aîné, Tadashi, aimerait que son cadet exploite son talent de façon plus judicieuse. C’est pourquoi il le convie à visiter le laboratoire scientifique de l’université où il travaille afin de le

UN ROBOT SUPER-HÉROS MALGRÉ LUI L’appellation officielle du robot gonflable Baymax est « assistant personnel de santé ». Ses programmes comportent plus de dix mille procédures médicales grâce auxquelles il est capable, après


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par Josèphe Ghenzer

Hiro Hamada et son robot Baymax. — L'équipe des Nouveaux héros. (image Disney).

avoir effectué un simple scan, de détecter les fonctions vitales d’un corps humain et de procéder à un diagnostic complet. En fonction du seuil de la douleur ressentie et évaluée par le patient examiné sur une échelle de 1 à 10, il est en mesure de soulager ses souffrances et de soigner les maladies dont il souffre. La grande naïveté de Baymax et son acharnement à faire, en toutes circonstances, ce pourquoi il a été conçu est à l’origine de scènes particulièrement cocasses dans la première partie du film… (Il interprète systématiquement toutes les situations auxquelles il est confronté selon un seul angle, celui de la santé [il dégaine par exemple les défibrillateurs dès qu’on parle de crise cardiaque], et considère donc Hiro comme un patient : il diagnostique sa puberté et cherche à l’aider à traverser cette période difficile jusqu’à ce qu’il finisse par comprendre que l’ado souffre en réalité de la mort de son frère ; il va alors tenter de guérir son cœur brisé en lui faisant plein de câlins et en lui offrant des sucettes…) L’exaspération ressentie tout au début face au comportement surprotecteur et horripilant de Baymax à son égard va, au fil du temps, se muer en une amitié indéfectible. Et quand il prend conscience qu’une terrible menace plane sur la ville, il reprogramme le robot en lui inculquant l’art du karaté et en lui fabriquant un équipement high-tech personnalisé (armure, poing-fusée, propulseurs) qui va le doter d’une superforce et lui permettre de voler. Le robot, prévenant et doux, se transforme alors en super-héros vraiment pas comme les autres et devient son meilleur ami. Baymax est l’incarnation même de la bonté et (c’est le moins que l’on puisse dire) applique la première loi de la robotique au pied de la lettre. Son comportement est à l’origine des séquences les plus cocasses du film (l’apprentissage du

karaté, les grincements de son enveloppe gonflable ou encore la façon dont il s’extirpe d’espaces trop exigus pour lui, celle dont il titube comme s’il était ivre quand sa batterie se décharge et la manière dont il bouche avec du scotch les trous de son enveloppe quand il a des fuites…). Baymax est incontestablement LA star des dix-sept principaux protagonistes que compte le film ! (Ses créateurs désiraient lui donner un design encore jamais vu à l’écran. Ils se sont donc rendus dans les labos de robotique de diverses univer-

sités et ont découvert, en cours d'élaboration à Carnegie Mellon, une nouvelle catégorie de robots mous gonflables — dont ils se sont inspirés. Ils ont ensuite procuré à Baymax sa démarche, imitée de celle des bébés pingouins.) UNE LIBRE ADAPTATION Les nouveaux héros est une libre adaptation cinématographique de Big Hero 6, un comic book méconnu de Marvel. À cause des droits d'auteurs, plusieurs personnages n'apparaissent d’ailleurs pas dans le film. D’autre part, certains noms de personnages et de lieux, sans oublier certaines intrigues, ont été modifiés : c’est ainsi que l'action, qui se déroule à Tokyo dans le comic book, a été transposée dans la ville futuriste fictive de San Fransokyo (fusion de San Francisco et de Tokyo) — dont les superbes décors mélangent harmonieusement divers éléments appartenant aux architectures traditionnelles japonaise et américaine. Cet univers, inspiré tout à la fois des comics, des mangas, des animes, de la SF et des super-héros, synthétise donc les sensibilités des deux cultures et on y retrouve les paysages familiers de la Californie du Nord (collines abruptes, pont du Golden Gate et baie de San Francisco), constellés de buildings, d’enseignes lumineuses et d’ornements architecturaux typiquement nippons…

Le robot gonflable Baymax, assistant personnel de santé, avant sa transformation (image Disney).

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VINTAGE Les robots grand public Le module Base, connecté à un Commodore C64.

Moddy —, le Modulus proposait un buste complet (avec deux bras et une tête mécanisée). Les bras étaient munis de préhenseurs et pouvaient porter un plateau sur lequel on posait des objets sans avoir besoin de les prendre en main. Et la tête était dotée de deux petits écrans qui affichaient des émotions. Il était équipé en sus d’un système lui procurant la faculté de créer des phrases à l'aide de phonèmes, de la reconnaissance de la voix et, sur le torse, d’un petit écran destiné à afficher des messages. Le robot complet atteignait ainsi une taille de 76 cm.

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MODULUS UNE MODULARITÉ QUI NOUS FAIT DÉFAUT Bien avant Aldébaran, une autre étoile — Sirius — avait donné son nom à une start-up (en 1982 et en Italie). Après avoir distribué des ordinateurs, Massimo Giuliana, son fondateur, décida d'aller plus loin en surfant sur la première vague des robots personnels avec le Modulus… DÉVELOPPÉ POUR DES APPLICATIONS BIEN RÉELLES ! Contrairement à de nombreux robots domestiques créés à cette période, le Modulus était bien plus qu'un simple jouet pour adultes. Sa conception modulaire (qui lui donna son nom) fut le résultat d'une coopération internationale entre Sirius, Isao Hosoe, un ingénieur et designer japonais, et la société états-unienne RB Robot Corporation, fondée par Joseph H. Bosworth. Il pouvait de plus être connecté aux micro-ordinateurs familiaux de l'époque (notamment le Commodore C64), ce qui permettait à ses utilisateurs de programmer de nouvelles applications et de nouveaux comportements.

Screetch

La configuration ultime du Modulus : le Moddy…

constituait une bonne base de départ pour l’étude de la robotique. On pouvait le piloter par le biais d’une télécommande munie d'un clavier qui permettait d'appeler des comportements, enregistrés dans sa mémoire. Il disposait aussi de certaines options (comme l’adjonction d’un porte-crayon, qui le transformait en un robot traceur, ou celle d’un module d'aspiration). Le module Service et Sécurité , lui, se plaçait sur la Base et apportait de nouvelles possibilités par le biais de capteurs (comme des senseurs de fumée, de gaz, d'eau, d'intrusion et des senseurs sonores). C’était à vous de programmer à partir de votre ordinateur ce que devait faire le robot lorsque l'un de ses senseurs détectait un événement. Divers outils étaient disponibles (une alarme, des messages vocaux prédéfinis…). Une autre option l’équipait d’un bras préhenseur capable de manipuler avec précision de petits objets. Enfin, dans la configuration ultime — le

1984 TROIS CONFIGURATIONS À DISPOSITION Le module le plus simple était la Base — une structure ressemblant à s'y méprendre à un robot aspirateur de maintenant (sans la fonction aspirante). Idéal pour les passionnés, il

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UN ROBOT TROP EN AVANCE SUR SON TEMPS ? Les deux premiers modules furent commercialisés dès 1984. Mais le développement de la configuration complète (le Moddy) réclamait une mise au point supplémentaire avant la distribution et — patatras ! — la société Sirius dut mettre la clé sous la porte… En effet, les coûts de développement avaient dépassé les estimations. Après cette cessation d’activité, les robots qui étaient en stock furent vendus à des distributeurs d'outils d'aide aux handicapés ! On ne peut que déplorer l’abandon de ce principe de construction modulaire — une idée tout simplement géniale…

Le Modulus dans sa configuration complète : le Moddy (image modulusrobots.com).


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