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PLANÈTE

ROBOTS

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LA 3D SANS LUNETTES ! MAI - JUIN 2015 - NUMÉRO 33

N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

D U

F U T U R

JESSIKO A DIX ANS ET NAGE DANS LE GRAND BAIN

La strati

NotrE DossiEr

UNE RÉVOLUTION

AUTOMOBILE

L'iMPrEssioN

BUDDY

3D

L 11849 - 33 - F: 5,90 € - RD

UN NOUVEAU ROBOT COMPAGNON

COMMENT fONCTIONNE-T-ELLE ? POURQUOI fAIRE ?

BLEEN

KiVa

RÉVOLUTION

LA NOUVELLE RECRUE

HOLOGRAPHIQUE ?

D'AMAzON !


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ÂŤ Que se passera-t-il lorsque l'on aura la possibilitĂŠ de se faire opĂŠrer pour enlever ses yeux corrects afin de les remplacer par des yeux artificiels, plus puissants? Âť Planète Robots ÉditĂŠ par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com RĂŠdacteur en chef : FrĂŠdĂŠric Boisdron boisdron@planeterobots.com RĂŠdacteurs : Simona d'Attanasio, RĂŠmi Baldy, Coralie Baumard, Me Alain Bensoussan, Christelle Bloc, Yanne Boloh, Christelle Boudet, StĂŠphane Bonnard-Cantegreil, Alain Clapaud, Fleur Brosseau, Nicolas Denis, AurĂŠlie Gallois, Josèphe Ghenzer, Darine Habchi, GaĂŤlle Michineau, Joe Pillow, Philippe Roussel, Screetch, Richard Seltrecht, CĂŠdric Vasseur, Nicolas Vimard et MĂŠlanie Yèche. SecrĂŠtaire de rĂŠdaction : Xul-otar Tellestim Direction artistique : Patrick Lusinchi directeur.artistique@planeterobots.com Responsable publicitĂŠ : CĂŠdric CÉLESTIN c.celestin@planeterobots.com +33 (0)146 250 525 Š 2 015 Les Éditions d'Acamar DĂŠpĂ´t lĂŠgal Ă parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0418K90181 ImprimĂŠ en Italie La rĂŠdaction n’est pas responsable de la perte ou la dĂŠtĂŠrioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressĂŠs pour apprĂŠciation. La reproduction, mĂŞme partielle, de tout matĂŠriel publiĂŠ dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idĂŠe, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous ĂŞtes une sociĂŠtĂŠ, une association, un particulier, vous dĂŠsirez nous soumettre un communiquĂŠ ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes Ă l'ĂŠcoute de vos propositions et de vos candidatures pour intĂŠgrer notre ĂŠquipe. contact@planeterobots.com

Colin Anglle, cofondateur d'iRobot (2009, dans Planète Robots n°1)

ĂŠdito Depuis que je me passionne pour la robotique, j'ai rĂŠgulièrement eu des conversations sur le thème des robots avec des personnes qui n’y sont pas forcĂŠment sensibilisĂŠes. J'essaie de donner une image positive desdits robots et des nouvelles technologies que l'on explore dans ce magazine, parce que j'ai la conviction que si l'on exploite correctement toute cette technologie, on pourra bâtir un monde meilleur. Or, je m’aperçois que le dĂŠsamour entre le public et ces technologies qui leur semblent futuristes est souvent consommĂŠ. Peur du changement ? Probablement‌ Mon grand-père, nĂŠ en 1907, ne voulait surtout pas manger de la nourriture qui serait passĂŠe par un congĂŠlateur ou un microondes. Il diabolisait toute technologie qui avait ĂŠtĂŠ inventĂŠe au-delĂ des annĂŠes 1960. Il ĂŠtait pourtant très lucide — mais d'une gĂŠnĂŠration dĂŠpassĂŠe par les changements nombreux de la vie de tous les jours qui s'ĂŠtaient produits depuis sa naissance. Et mon grand-père a frisĂŠ le centenaire, il en a vu passer‌ Nous nous imprĂŠgnons de notre entourage matĂŠriel, de nos habitudes, de nos conforts des premières dĂŠcennies de notre vie et toute idĂŠe de changement profond fait peur, c'est tout simplement logique ! Depuis deux cents ans et encore plus ces dernières dĂŠcennies, tout s'est accĂŠlĂŠrĂŠ malgrĂŠ la prĂŠdiction de Charles H. Duell, du Bureau fĂŠdĂŠral des brevets ĂŠtats-uniens en 1899 : ÂŤ Tout ce qui peut ĂŞtre inventĂŠ l'a ĂŠtÊ‌ Âť Les prochaines annĂŠes devraient mĂŞme multiplier ces avancĂŠes technologiques. La robotique, l'impression 3D, la dĂŠmocratisation de l'industrie spatiale ou l'allongement considĂŠrable de notre espĂŠrance de vie vont exploser, ouvrant des perspectives encore aujourd'hui inenvisageables et inimaginables. Nos gĂŠnĂŠrations et celles qui vont suivre vont connaĂŽtre des rĂŠvolutions dans leur quotidien de plus en plus souvent. Il faudra tout rĂŠapprendre de notre monde, tout le temps, pour ne pas nous voir submergĂŠs comme le fut mon grand-père. Nous sommes dĂŠjĂ de l'ancien monde !‌ â– FrĂŠdĂŠric

Boisdron

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PLANÈTE

ROBOTS N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S D U F U T U R Mai / juin 2015 - NUMÉRO 33

ÇA VIENT DE SORTIR

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Izac, un robot léger et polyvalent destiné aux PME-PMI MC Robotics est une jeune société française basée à Besançon, qui conçoit et réalise en interne des solutions de robotique industrielle.

Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Le droit des robots — Déclarer les robots? Les conséquences de l’IA sur la responsabilité… Les outils avancés de cuisine méritent-ils d’être appelés des « robots » ? Nous parlons souvent de robots de cuisine — mais sont-ce vraiment des robots ?

ROBOTS À L'ÉCOLE

Buddy, un nouveau robot compagnon Blue Frog Robotics dévoile un nouveau robot à destination des familles. Laurent Latorse Portrait d'un roboticien engagé. Stäubli Robotics, des hommes et des robots Stäubli propose désormais des cobots à son catalogue.

RECHERCHE ROBOTIQUE

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La brique EVB pour LEGO Mindstorms Vous vous sentez à l'étroit dans la brique EV3 de LEGO ? La brique EVB sera peut-être votre salut ! Focus sur l’engagement des cursus de formation Un focus sur le master en robotique SRI (Systèmes robotiques et interactifs) de l’UPSSITECH de Toulouse.

Jessiko a dix ans et nage dans le grand bain Les robots poissons de Robotswim nagent à l’Aquarium de Paris.

ÉVÉNEMENTS

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Robots pour être vrai Les robots mis à nu dans une expo. Olympiades FANUC Quand la robotique industrielle s’échauffe. La première réunion de l’Association du droit des robots Favoriser les échanges en matière de réglementation. Journée de la mobilité innovante La région Auvergne, championne dans le domaine de la voiture autonome. La First LEGO League à Meudon Meudon organisait pour la quatrième fois sa Robot Party.

NOTRE DOSSIER : L'IMPRESSION 3D

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Impression 3D… Comment fonctionne-t-elle ? Le principe de fonctionnement des principales technologies d'impression 3D. L'impression 3D, pourquoi faire ? Vous avez une imprimante 3D — mais qu'en faire ? La Strati de Local Motors, une révolution automobile Construire sa propre voiture dans son garage, une application de l'impression 3D.

ROBOTS DE SERVICES

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Infinium-Serve, les drones s’invitent au restaurant… Une société veut commercialiser des drones serveurs pour les restaurants. OSHbot, un robot d'aide à la clientèle Fellow Robots présente l’OSHbot, un robot conseiller de vente polyvalent. Cyc, l'avenir de l'Intelligence artificielle ? Cyc cherche à développer une Intelligence artificielle capable de reproduire des réflexions logiques proches de celles qui sont émises par le cerveau humain.

INNOVATIONS DU FUTUR

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Des femmes dans la robotique Le monde informatique a des tendances machos… Et si la robotique rétablissait une certaine parité ? Quinze mille nouveaux employés ultrarapides et infatigables chez Amazon ! Amazon se dote de robots Kiva pour automatiser une partie des tâches de ses entrepôts. Athena, le premier robot à voyager en classe éco ! Comment transporter un humanoïde dans un avion ? Dans la soute ou sur un siège passager ?

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La 3D sans lunettes, c’est géant ! La TriLite, une nouvelle technologie pour rendre lisible des images 3D sans avoir besoin de lunettes. Bleen, révolution holographique ou leurre technique ?… Une start-up prétend apporter l'holographie dans nos foyers mais des doutes persistent... Curiosity poursuit ses pérégrinations sur le sol martien Plus de deux ans après son arrivée sur Mars, Curiosity continue de faire des découvertes. Le Solar Impulse 2 prend son envol Un véritable laboratoire technologique volant. HAPS Zephyr d'Airbus À la conquête de la stratosphère ! Aeroscopia Un chantier colossal pour des avions d’exception. News Concepts Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier, dans cette rubrique, les plus intéressants. News Gadgets Une petite sélection de gadgets et d’autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise…

CAHIER TECHNIQUE

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ROBOTS AU TRAVAIL

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Mezza, un robot de médiation Dans le cadre d’une exposition, une bibliothèque rennaise met un robot animal à la disposition des adolescents…

L’architecture à subsomption : de la théorie à la pratique. Première partie : les motivations à la base d’une approche révolutionnaire du contrôle des robots.

ROBOTS & MÉDIAS

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News Médias Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège ! Cinéma Ex Machina et Avengers, l'ère d'Ultron Sogeti High Tech Labs, l’incorporation dans les usines du futur 4.0 L'invasion de la réalité augmentée commence…

Sommaire

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Robots

Mon Roomba n'aspire plus !… La firme iRobot a sorti le Create 2, un robot programmable en Python ou en Scratch, destiné aux étudiants en robotique et aux développeurs. Il est doté d’un niveau de complexité adaptable aux capacités de l’utilisateur et un port USB permet de le connecter à un ordinateur. On peut gérer les sons qu'il émet, ses déplacements et ses comportements. Et s'il a la forme d'un robot aspirateur, il n'aspire pas… Il est également possible de le programmer à partir d'un mini-ordinateur Raspberry Pi ou d'un circuit Arduino, de le transformer en système de surveillance, en robot DJ ou en plate-forme de light painting. (Ces trois projets sont déjà partagés sur un espace dédié.) Le Create 2 est livré avec une base de chargement, un transformateur et des câbles (pour la connexion à l’ordinateur). Et iRobot fournit en sus des fichiers pour imprimante 3D capables de fabriquer de nouvelles pièces — comme un bac à poussière plus grand. Ce robot est pour l'instant disponible aux États-Unis au prix de 200 $. ◗ Pour en savoir plus : www.lesnumeriques.com

Ian, un robot karatéka Ian pèse 150 kg et mesure 1,90 m. Cette stature impressionnante ne l'empêche pas de se percher sur une pile de blocs de ciment et d'y recréer la célèbre position de la grue du film The Karate Kid. C’est un robot Atlas développé par Google : il est lent mais tout de même capable de réaliser des figures d'arts martiaux… Équipé de vingt-huit joints à transmission hydraulique, de deux caméras et d'un télémètre laser, Ian sait déjà conduire ou déplacer des objets très lourds, se déplacer sur des terrains accidentés grâce à ses deux jambes et ses deux bras complètement autonomes. Les chercheurs se sont d’ailleurs inspirés deThe Karate Kid pour mettre en place ses mouvements. Ce robot devrait remplacer les humains dans les zones dangereuses. (Il reprend d’ailleurs l’apparence d'un ancien prototype de Boston Dynamics créé en 2013 et qui portait le nom de Petman. Cette entreprise a d’ailleurs été rachetée par Google en décembre 2013.) ◗

Apprendre en regardant la télé En utilisant la programmation par l'apprentissage, les informaticiens boostent la prochaine génération de robots au moyen d’un régime de vidéos en ligne. Car les programmes d'apprentissage absorbent rapidement de grandes quantités de données et en tirent des leçons. Le Web constitue un trésor pour ce type de données et les chercheurs en IA vont au-delà des images fixes. Ceux de l'université du Maryland ont créé un logiciel d'apprentissage à l’aide de quatre-vingt-huit vidéos culinaires choisies sur YouTube. Il a appris à identifier des tâches simples et les commandes correspondantes pour un bras de robot. En pratique, le programme isole les mains dans la vidéo et leur fait correspondre l'une des six positions de saisie puis prend en compte les objets attrapés et les classe pour finalement identifier l'action associée à la commande d'exécution. Pour améliorer la précision, le programme calcule l'action la plus probable en étudiant les mots cités dans la vidéo. (Cette technique pourrait rendre l'apprentissage des robots plus rapide et plus facile.) ◗

Aiko Chihira, un robot troublant… Toshiba a présenté un prototype d’humanoïde hyperréaliste, capable de parler anglais, japonais, en langue des signes et qui a vocation à devenir un robot de services. C'est une version féminine qui s’appelle Aiko Chihira — dotée d’une batterie, d’un sourire chaleureux, de petits clignements d'yeux et d’une peau en silicone — et souffre d’une légère fixité du regard. Elle est sortie du labo au mois d’octobre et a fait sa première sortie internationale à l'occasion du CES 2015, en janvier, à Las Vegas. Ce n’est encore qu’un prototype et son constructeur veut la commercialiser d’ici 2020 comme robot de communication et de services à domicile… Toshiba a développé un algorithme pour coordonner les mouvements des quarantetrois actionneurs du robot, placés dans ses articulations, ce qui explique la fluidité de sa cinématique. La prochaine étape consistera à implémenter la synthèse et la reconnaissance vocale ainsi que d’autres capteurs. Toshiba développe cet humanoïde en collaboration avec l’université d’Osaka et les Instituts de technologie de Shibaura et de Shōnan. ◗

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NEWS Robots mai / juin 2015 F 015 : votre chauffeur personnel La F 015 Luxury in Motion est un prototype de Mercedes-Benz. Plus d'habitacle — mais une « cabine » pour que les passagers puissent se faire face tandis que la voiture se conduit ellemême ! Quand le conducteur veut reprendre le contrôle, un volant sort du tableau de bord… « Les voitures vont se transformer en mobile homes dans le meilleur sens du terme », selon le P-DG, Dieter Zetsche. Les passagers auront accès à six écrans tactiles montés tout autour d'eux. La voiture dispose également de grandes LED et d'un système de projection laser pour « dialoguer » avec les piétons. (Ces LED changent de couleur en fonction du mode de conduite — manuelle ou autonome.) Et une application permet à la voiture d'être contrôlée à distance : par exemple, elle se placera devant votre porte. Enfin, le téléphone sert de clé. Signalons aussi que la F 015 dispose d’un moteur à hydrogène et de deux moteurs électriques, ce qui lui procure une autonomie de 1 100 km. (Nous ne sommes pas vraiment près de la voir envahir les réseaux routiers ; Mercedes a toutefois obtenu la permission de tester sur route ses prototypes autonomes…) ◗

Budgee, le robot qui vous suit Le Budgee, de Five Elements Robotics, est un robot assistant convivial conçu pour les personnes âgées et handicapées. Il se déplace à une allure maximale de 4 km/h et sait vous avertir quand vous marchez trop vite. On peut aussi programmer la couleur de ses yeux… Il se plie facilement, pèse seulement 20 kg et peut en porter 25. Son autonomie est de dix heures (une charge) et résiste à la pluie. Et des capteurs l'empêchent de tomber dans les escaliers ou de heurter un obstacle. Le Budgee vous suit grâce à un sonar intégré : l’utilisateur accroche un petit module à sa ceinture et définit la distance à laquelle il doit le suivre. L'entreprise travaille d’ailleurs sur une interface de type joystick, plus adaptée aux personnes en fauteuil roulant. (La version de 2015 est la deuxième et comporte un grand nombre d’améliorations : le nouveau robot est ainsi apte à travailler dans un magasin. Les clients l’emploieraient pour porter leurs achats jusqu’à leur voiture. Une fois cette tâche accomplie, le Budgee retournerait à la boutique…) ◗

Un robot au musée « Les tests sont concluants ! » Vincent Chauvet, l’adjoint au maire d’Autun chargé du développement du patrimoine historique et de l’accessibilité, est à Paris. En même temps, il visite le muséum Jacques de la Combie d'Autun… « Nous avons testé le robot de téléprésence BeamPro. Il m'a permis de me déplacer de salle en salle, d’interagir avec des personnes, de zoomer sur les œuvres du musée, explique-t-il en dirigeant la machine grâce à une tablette numérique. Il reste des améliorations à apporter. Le robot est équipé d’un radar qui l'empêche de percuter des objets, mais ce dernier est parfois inefficace. Il faudra donc cartographier le musée pour interdire certains accès au robot. » Le zoom de la machine, qui est puissant, ne permet pas toutefois de lire toutes les explications présentées. « Nous pensons à mettre en place des codes QR pour permettre au robot de renvoyer vers des pages Internet. Le BeamPro est très ergonomique, facile d’utilisation et fonctionne immédiatement, sans attendre le déploiement du très haut débit sur Autun. » ◗ Source : Le Journal de Saône-et-Loire.

Pour déambuler intelligemment Le Dali est un déambulateur « intelligent », développé par le Département d'ingénierie et de science de l'information de l'Università degli Studi de Trento (Italie). Le programme Devices for Assisted Living est financé par la Commission européenne afin d'étendre l'autonomie des personnes âgées au-delà de l'enceinte domestique. Six pays y ont travaillé : l'Autriche, l'Espagne, la France, l'Italie, la Grèce et le Royaume-Uni. Le déambulateur les assiste dans la navigation au sein d’environnements complexes, capte et traite des informations dynamiques sur leur environnement : présence humaine, anomalies… La personne est alors guidée par le dispositif, qui choisit les parcours convenant le mieux et identifie les situations à risque. Ce déambulateur permet donc de se déplacer de manière autonome en combinant trois modes de communication : le mode visuel (affiché sur une tablette) le mode oral et enfin le mode haptique (qui indique le trajet en générant des vibrations — émises par les poignées de l'appareil). ◗

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Force antidrone Le drone Rapere, actuellement en labo au stade des tests, est conçu pour rechercher et détruire en moins de deux minutes les drones de type rotatif en laissant tomber un fil d'enchevêtrement sur les rotors ennemis… C'est le travail d'un groupe anonyme de développeurs. Son fonctionnement est simple : quand vous repérez un drone en pleine intrusion, vous cliquez sur le bouton Go du robot, qui décolle immédiatement. Il analyse l'espace aérien, trouve le drone cible, se place au-dessus et laisse tomber le fil d'enchevêtrement sur ses rotors, provoquant la chute. (Le tout en 30 s, en test.) Le temps de vol a été limité à deux minutes afin de tirer plus de puissance de la batterie et permettre au Rapere d’être beaucoup plus rapide que sa cible mais aussi de revenir à sa station de rechargement. L'entreprise assure que l’utilisation de ce drone est légale (selon la façon dont vous prévoyez de l'utiliser et l'endroit) mais cherche tout de même un moyen de restreindre le panel des acquéreurs aux responsables de la sécurité publique, aux organisateurs d'événements et aux entreprises de surveillance. ◗

Super Mario… sans vous ! Des chercheurs de l'université de Tübingen (Allemagne) ont ajouté de l'Intelligence artificielle (IA) dans le Super Mario Advance de Nintendo, de sorte que le plombier puisse jouer lui-même… Le projet AI Mario utilise la technologie Sphinx de reconnaissance vocale pour aider notre héros à comprendre un grand nombre de commandes en anglais. Exemple : au début, Mario ne sait pas qu'il peut tuer les Goombas en sautant dessus. Mais une fois que vous le lui avez dit, il s'en souvient et utilise cette technique. Les chercheurs ont même donné des « sentiments » à Mario. S'il a faim, il va collecter des pièces et s'il est curieux, il va explorer le Mushroom Kingdom… Martin Butz, le responsable du Cognitive Modeling Group de l'université de Tübingen, affirme que « Mario interagit avec plusieurs objets, il construit des règles de connaissance ; ces règles peuvent devenir aussi complexes que les combinaisons qui existent dans ce monde virtuel ». Si l'IA se généralise à tous les personnages des jeux vidéo, le potentiel sera énorme… ◗

Kuratas est en vente sur Amazon ! Il faudra aller sur la version japonaise du site de commerce pour y trouver le Kuratas — un robot de type mecha fortement inspiré des machines que l'on trouve dans les mangas et à l'intérieur duquel un pilote peut prendre place. Conçu par Suidobashi Heavy Industries, le Kuratas a été imaginé par le designer Kogoro Kurata en collaboration avec l'expert en robotique Wataru Yoshizaki. Il propose des écrans tactiles qui permettent de le piloter de l'intérieur ainsi qu'une interface basée sur Kinect. Et peut être équipé de différentes armes (y compris une mitrailleuse Gatling qui se déclenche quant le pilote sourit). Son prix : 900 000 €. À ce tarif, on a droit à un kit de démarrage (sans bras : ces derniers sont disponibles en option, à un prix non communiqué). La livraison n'est pas comprise et le colis pèse cinq tonnes — à ce jour, un seul exemplaire est disponible à la vente… ◗

Atlas++ Cet été aura lieu le DARPA Robotics Challenge, qui attribuera 3,5 M$ aux trois meilleurs robots du moment. À cette occasion, la DARPA a commandé sept exemplaires du robot Atlas à Boston Dynamics. Certaines équipes amèneront leur propre robot et d'autres utiliseront l’Atlas — la programmation départageant les concurrents. Boston Dynamics a conservé les jambes et les pieds du modèle initial mais a ajouté ou mis à jour le reste. Llibéré de son cordon d'alimentation, grâce à une batterie lithium-ion d'une autonomie d’une heure, il comporte une nouvelle pompe à pression variable, beaucoup moins bruyante. Quant à ses bras, ils ont été repositionnés pour qu’il puisse mieux voir ce qu'il fait avec eux et ses avant-bras apparaissent plus habiles. Enfin, ses poignets peuvent tourner, pour manipuler les poignées des portes sans bouger lesdits bras. (Cet été, les robots devront monter sur des échelles, marcher sur des gravats, ouvrir des portes, couper des vannes, nettoyer des débris, utiliser des outils et même conduire des véhicules, avec des transmissions sporadiques — comme lors d'une catastrophe réelle…) ◗

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NEWS Robots mai / juin 2015 NAO fait son entrée à l’EPSI

(Crédit photo : Aldebaran Robotics).

À partir de cette année, les quelque 1 200 étudiants de l’EPSI, le premier réseau d’écoles d’ingénierie informatique en France — réparties sur neuf campus (Amiens, Arras, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes et Paris), bénéficieront dès la première année de leur cursus d’une initiation à la programmation et à l’utilisation du robot NAO. Ils pourront ainsi améliorer leur maîtrise des différents langages informatiques (Python, JAVA, C++, etc.), apprendre à développer des applications spécifiques de la robotique humanoïde et se familiariser avec l’Intelligence artificielle. Grâce à NAO, la programmation deviendra alors ludique et vraiment concrète. En juin, l’EPSI organisera d’ailleurs dans toute la France un challenge NAO inter-campus. (L’enseignement à l’EPSI portera en fait sur l'informatique embarquée et abordera tout ce qui a trait à l'Intelligence artificielle, au transfert, au stockage et au traitement des données. De plus, les étudiants auront également la possibilité d'acquérir des compétences clés dans le domaine des objets connectés liés à différents secteurs d’activité comme la domotique, l'e-santé ou l'assistance à la personne.) ◗

L’expédition Race for Water Odyssey On estime que 268 940 t de particules de plastique polluent les océans et s’accumulent au sein d’énormes tourbillons d’eau, appelés gyres ou vortex, qui sont créés par les courants marins. La Race for Water Odyssey (R4WO) est une expédition qui a pour but de faire un premier état global des lieux en matière de pollution des océans et de dresser un inventaire exhaustif des déchets qui s’accumulent sur les plages des îles isolées qui se trouvent au milieu de ces vortex. Partie de Bordeaux le 15 mars pour un périple de trois cent dix jours (soit un parcours de 88 000 km) à bord du trimaran MOD70 Race for Water, une équipe de scientifiques étudiera le sable d’une douzaine d’îles, au cours d’escales allant de cinq à huit jours selon la taille des terres émergées. Les plages sélectionnées seront étudiées selon une approche scientifique standardisée qui permettra de comparer les données. Les déchets récoltés seront analysés à l'aide de plusieurs techniques en fonction de leur classification (macrodéchets, mésodéchets et microdéchets). D’autre part, un drone eBee sera utilisé pour réaliser une cartographie 3D en très haute définition des zones côtières et de leurs déchets. Chaque survol durera environ une heure et couvrira entre 10 et 20 ha. Les images ainsi recueillies seront ensuite envoyées à deux scientifiques (de la Duke University et de la University of Oregon, États-Unis) experts dans l’analyse de reconstitution 3D. ◗ (Crédit photo : SenseFly.)

Un nouvel algorithme permet aux robots de mieux identifier les objets L’un des éléments essentiels au bon fonctionnement des robots réside dans leur capacité de reconnaître avec exactitude les objets qui les entourent dans un environnement encombré et désordonné. Et bien que de nombreux travaux soient menés dans ce domaine, les meilleurs systèmes de détection restent encore imparfaits. Pour tenter de résoudre cet épineux problème, des chercheurs du MIT estiment que les robots ne doivent pas uniquement s’appuyer sur une seule image pour déterminer la nature d’un objet mais sur plusieurs, prises, à partir de différents angles. C’est pourquoi ils ont mené une série d’expériences en utilisant un algorithme déjà existant — qui permet d’agréger différentes perspectives d’un même objet. Les tests, effectués avec une trentaine d’images représentant parfois le même objet et réunies sur une table, ont montré que cet algorithme pouvait en identifier quatre fois plus qu’un autre dont les calculs s’appuyaient uniquement sur une seule image, tout en réduisant le nombre d’erreurs dans le processus d’identification. En partant de ce premier algorithme, ils en ont développé un nouveau, plus performant — et qui dans certaines conditions se montre dix fois plus rapide grâce à la réduction du nombre des hypothèses qu’il calcule… ◗ (Crédits photo : Christine Daniloff et Jose-Luis Olivares/MIT.)

Des lentilles de contact télescopiques qui fonctionnent à l’aide d’un simple clin d'œil! C’est lors du dernier congrès annuel de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) qu’Éric Tremblay, spécialiste en optique à l'EPFL, a présenté ses prototypes de lentilles de contact télescopiques. Couplées avec des lunettes spécifiques, elles ont la capacité de zoomer (jusqu’à 2,8 fois) à la demande du porteur. C’est un clignement de l’œil droit qui active le zoom tandis qu’un autre de l’œil gauche le remet dans la position initiale… Ce sont les lunettes qui différencient les clignements volontaires, des battements de paupières réguliers. Chaque lentille (1,55 mm d'épaisseur) est constituée d’un assemblage de pièces de plastique, de miroirs en aluminium et de films minces polarisants avec une glu biologique. Elle intègre un télescope de réflexion très mince et de minuscules miroirs reflètent la lumière et agrandissent les objets. Les chercheurs l’ont également dotée de canaux de 100 µm de diamètre qui laissent circuler l’air afin de permettre à l’œil de respirer. Ce dispositif en est encore au stade expérimental mais représente un véritable espoir pour toutes les personnes souffrant d’une vision faible ou atteintes de DMLA. ◗

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Crédits photo : Alejandro Posada — MPI for Intelligent Systems.

Des nanorobots qui voyageraient dans notre corps pour le soigner… En Allemagne, une équipe de chercheurs œuvrant au Micro Nano & Molecular Systems Lab du Max Planck Institute (Stuttgart, Allemagne) sous la direction du professeur Peer Fischer a récemment publié l’avancement de ses travaux relatifs à la création de nanorobots mesurant seulement 800 µm. Objectif : les injecter dans le corps humain pour qu’ils s’y déplacent par leurs propres moyens dans les fluides corporels, le système lymphatique ou encore l’humeur vitrée de l’œil afin d’y diffuser un traitement médical ciblé ou de faire de la thérapie génique. Une solution qui, dans certains cas, permettrait d’éviter un acte chirurgical ou de le rendre bien moins invasif. Si le concept paraît simple en théorie, les chercheurs ont dû toutefois élaborer un système de propulsion adapté à la viscosité des fluides corporels, en s’inspirant de celui du pétoncle. Leur nanorobot est composé de deux coques qui s’ouvrent et se ferment grâce à des charnières ferromagnétiques, activées par un champ magnétique externe. Il leur a fallu de surcroît jouer sur la vitesse de son mouvement en le désynchronisant de telle sorte que les coques s’ouvrent plus vite qu’elles ne se ferment… Et ont aussi découvert que leur système de propulsion pouvait être activé par des changements de température. L’équipe va maintenant poursuivre ses travaux en multipliant les essais avec différents types de fluides, notamment le liquide synovial. ◗

Un hôtel pas comme les autres ! C’est dans l’enceinte du Huis Ten Bosch, un parc à thème situé près de Nagasaki au Japon et qui a pour spécificité de recréer l’ambiance des Pays-Bas (copies en taille réelle de vieux bâtiments néerlandais, canaux, moulins à vent, parterre de tulipes…), que va s’ouvrir dans quelques mois un établissement hôtelier d’un nouveau genre. En effet, une grande partie du personnel employé par l’hôtel Henn-na sera constituée d’humanoïdes à l'allure féminine et de robots qui se verront attribuer différents postes : hôtesses d’accueil, bagagistes, personnel de ménage, serveurs. Les humanoïdes, chargés d’accueillir les clients lors de leur arrivée, seront fournis par la société Kokoro, déjà célèbre pour son Actroid. (De plus, les clients pourront choisir la reconnaissance faciale au lieu d’utiliser une clé traditionnelle pour accéder à leurs chambres.) Hideo Sawada, le P-DG de Huis Ten Bosch, espère que d’ici quelques années 90 % des employés seront des robots… L’hôtel, qui propose soixante-douze chambres, devrait ouvrir ses portes le 17 juillet 2015 et un deuxième bâtiment de soixante-douze chambres devrait être disponible un an plus tard. Il faudra débourser environ 54 € pour une chambre simple et 67 € pour une chambre double. (Un établissement similaire devrait s’implanter dans la préfecture d'Aichi, non loin de Nagoya — en 2016 ou en 2017…) ◗

Crédit photo : Huis Ten Bosch.

L'U.S. Navy expérimente le robot pompier SAFFiR L’US Navy a récemment effectué une démonstration du SAFFiR (Shipboard Autonomous Firefighting Robot), le robot pompier humanoïde développé par des chercheurs du Virginia Tech pour maîtriser les incendies à bord des navires de guerre. Bien qu’il mesure 1,78 m pour un poids de 65 kg, il est capable de détecter les endroits chauds grâce à ses caméras thermiques, de se mouvoir dans des espaces confinés, de se déplacer à travers une épaisse fumée grâce à ses capteurs de vision infrarouge et de télédétection par laser, d’ouvrir des vannes et de manipuler des portes ainsi que des lances à incendie. De plus, un important travail effectué sur le contrôle de ses articulations lui permet de conserver son équilibre quelle que soit la surface (stable ou instable) sur laquelle il se meut. Résistant à de fortes températures, il est capable de mémoriser le plan du navire et agit de façon autonome mais il est prévu que des humains en prennent le contrôle à distance, en cas de besoin. À plus long terme, on devrait le doter d’autres capteurs afin qu’il se montre capable d’effectuer diverses missions de surveillance et d’inspection (mesurer la corrosion, détecter des fuites, identifier les parties endommagées d’une coque…) pour assurer la sécurité et libérer du temps pour les membres de l’équipage. ◗

Un robot sous-marin bio-inspiré et ultrarapide imprimé en 3D Dans la nature, les céphalopodes sont capables de s’enfuir très rapidement lorsque le danger se fait ressentir — en remplissant leur corps d’eau puis en l’expulsant avec vigueur, ce qui leur fournit un surcroît de force de propulsion. C’est en s’inspirant de cette technique qu’un groupe de chercheurs (de l’université de Southampton, du MIT et de la Singapore-MIT Alliance for Research and Technology), sous la direction du Dr Gabriel Weymouth, a élaboré un robot sous-marin de conception très simple mais à propulsion ultrarapide. Ce robot, d’environ 30 cm de long, est doté d'un squelette en polycarbonate imprimé en 3D, qui lui permet d’éviter la déformation de son enveloppe ; il ne comporte aucune pièce mobile, ni dispositif de stockage d'énergie autre que sa fine coque extérieure élastique. Et de petites ailettes, situées à l’arrière, assurent sa trajectoire. Il se gonfle en ingérant de l'eau puis se dégonfle rapidement en l’expulsant — ce qui alimente donc sa propulsion tout en lui procurant une ac- Crédits photo : Gabriel Weymouth — Vignesh Subramaniam. célération exceptionnelle. Dans de récents tests en laboratoire, il a été capable d’accélérer, avec une charge utile de 1 kg, jusqu'à 9,66 km/h en moins d'une seconde. (Il a été mis au point pour tester l’efficacité du procédé et effectuer des études hydrodynamiques pour en équiper de futurs robots sous-marins autonomes.) ◗

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NEWS Robots mai / juin 2015 Sony se lance à son tour dans la course aux voitures autonomes Sony a récemment investi environ 842 000 $ pour prendre une participation de 2 % dans ZMP, une start-up japonaise qui développe des solutions robotiques pour voitures sans chauffeur et commercialise des véhicules automatisés fonctionnant à l’aide d’une plate-forme Linux, nommée RoboCar. Elle produit déjà une voiture de golf autonome (la RoboCar MV2) et a présenté deux prototypes, basés sur la Toyota Prius et fonctionnant sur le couple Linux/Intel Core i7, qui seront commercialisés cet été. Quant à Sony, elle domine le secteur des capteurs CMOS (Complementary metal-oxide-semiconductor) avec 40 % de part de marché mais ne représente pour l’instant que 5 % du secteur des capteurs pour automobiles. Le CMOS est l’une des deux technologies utilisées pour la détection par caméra et donc l’une des pistes suivies pour assister les véhicules autonomes dans la détection d’obstacles. Le partenariat stratégique entre ces deux sociétés préfigure donc le développement conjoint d’un système de conduite autonome… Il n’est toutefois pas question pour Sony de se lancer dans la construction de voitures mais plutôt de devenir l’un des leaders du marché prometteur des capteurs — indispensables aux véhicules autonomes. ◗ Crédit photo : ZMP.

Spot, le nouveau robot chien de Boston Dynamics La ménagerie robotique de Boston Dynamics s’est encore agrandie! Après le BigDog, l’Alpha Dog et le Cheetah, la société spécialisée dans la robotique, rachetée par Google fin 2013, a récemment présenté son nouveau robot chien — le Spot —, dont l’agilité est surprenante. Dans une vidéo de démonstration, on le voit se déplacer avec aisance dans les couloirs de la société. À l’extérieur, il gravit une pente avant de la redescendre, avance sans problème sur un terrain accidenté, emprunte avec aisance un escalier et trotte à bonne allure aux côtés d’une personne faisant son jogging. Une autre de ses particularités : son étonnante faculté d’encaisser des coups violents sans jamais perdre l’équilibre, même lorsqu’il se déplace sur un sol verglacé. Le Spot a la taille d’un gros chien et pèse 72 kg. Il est doté d’un système de propulsion électrique, d’actionneurs hydrauliques, d’un lidar pour appréhender son environnement, de divers capteurs qui lui permettent de s'orienter et de s'adapter à n'importe quelle configuration de terrain — ainsi que d’un système de stabilisation très efficace. Il se révèle donc bien plus rapide, plus agile, plus autonome et moins bruyant que le BigDog… ◗ Crédit photo : Boston Dynamics.

Feu vert pour tester des voitures autonomes en Grande-Bretagne ! Début février, les autorités britanniques ont donné leur feu vert pour faire des tests grandeur nature de véhicules autonomes sur la voie publique dans quatre villes : Greenwich, Bristol, Milton Keynes et Coventry. Dans un premier temps, il s’agira davantage de navettes que de vraies voitures dans la mesure où seulement un petit nombre d’entre elles seront mises en circulation sur des voies spécifiques, avec une vitesse bridée. La LUTZ (Low-carbon Urban Transport Zone) Pathfinder, dont l’intelligence a été développée par des chercheurs du Mobile Robotics Group de l’université d’Oxford, sera testée dans les zones piétonnes de Milton Keynes puis à Coventry. Cette minivoiture biplace fonctionne grâce à un ordinateur installé à l'arrière des sièges et utilise vingt-deux capteurs (caméras panoramiques, lasers, radars, lidars…) pour se déplacer de façon autonome dans un rayon de 65 km, à une vitesse maximale de 24 km/h, avec une autonomie de huit heures. Son constructeur, le groupe RDM, qui travaille en collaboration avec l'institut de recherche Transport Systems Catapult (TSC) dans le cadre du projet Autodrive, espère pouvoir en mettre 40 en circulation d’ici 2017. D’autre part, huit navettes automatiques Meridian, fournies par la société Phoenix Wings, seront mises en circulation à Greenwich et à Borough, au sud de Londres. ◗ Crédit photo : RDM Group.

Un musée de la révolte des voitures à Saint-Pétersbourg… Les fans des Transformers et d’Iron Man devraient y trouver leur compte… Le Musbot — le musée de la révolte des voitures — est un espace dédié à l'art robotique. Il regroupe des œuvres touchant le passé et l'avenir par le biais de visions science-fictionnelles de la robotique. Vous y trouverez de nombreuses références cinématographiques : des robots tout droit sortis des films de Michael Bay, ceux de la saga Star Wars, Wall-E et même le Terminator… Et afin de compléter le tout, le musée héberge également d'autres personnages de la SF comme le Predator, Spider-Man ou des véhicules comme la moto de Ghost Rider. Une partie interactive comprend un ensemble unique en Russie d'attractions destinées aux petits et aux grands. Et une expérience amusante permet la fabrication d'un costume de super-héros holographique. ◗

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NEWS mai / juin 2015 Robots

Bruno Maisonnier quitte Aldebaran Robotics et cède ses parts à Softbank Une page se tourne pour Bruno Maisonnier, le patron charismatique d'Aldebaran Robotics : après avoir fait entrer le géant de la téléphonie japonaise, Softbank, dans son capital, le fleuron de la robotique française est parvenu à concrétiser de nombreux projets de robots comme le NAO (déjà bien avancé), le Romeo (en collaboration avec Cap Robotique) et le Pepper (le premier robot humanoïde à avoir été fabriqué en masse). Mais à la suite de quelques désaccords stratégiques entre Softbank et la direction d'Aldebaran, Maisonnier a décidé de quitter son poste et de céder ses parts à Softbank — qui détient désormais 95 % de la start-up. Bruno occupe désormais le poste de conseiller auprès de Softbank Robotics mais Aldebaran va désormais rejoindre un peu plus le groupe japonais et quitter ses racines parisiennes. En tout cas, nous le remercions de nous avoir fait partager ses rêves ! ◗

Bill Gates (aussi) s'inquiète L'avenir de l'Intelligence artificielle (IA) préoccupe Bill Gates. « Je suis dans le camp de ceux qui se préoccupent de la superintelligence. Les machines rempliront tout d’abord beaucoup de tâches pour nous et ne seront pas très intelligentes. Cela devrait être positif si nous le gérons bien… Mais dans quelques décennies, l'IA sera assez forte pour constituer un sujet de préoccupation. Je suis d'accord avec Elon Musk et quelques autres sur ce point et ne comprends pas pourquoi certaines personnes ne se sentent pas concernées. » La position de Gates contredit celle du responsable de la recherche de Microsoft, Eric Horvitz : « Il y a eu des préoccupations au sujet de la possibilité à long terme que nous perdions le contrôle de certains types d'intelligences. Je ne pense pas, fondamentalement, que cela arrivera. J’estime que nous serons très proactifs pour maintenir le contrôle sur les systèmes d'IA et en mesure d'obtenir d'incroyables avantages de cette Intelligence, dans tous les domaines. » (Plus d'un quart des ressources de son unité de recherche travaillent sur l'IA.) ◗

La lettre manuscrite, touche d'humanité ? Bond, une entreprise new-yorkaise, a créé un robot capable d’imiter les particularités de l’écriture humaine. Il peut écrire une lettre ou un petit mot d’amour en reproduisant votre calligraphie. Quasiment impossible de se douter de la supercherie : ce robot n’imprime pas le contenu, il l'écrit stylo en main ! Le processus est simple : il faut d’abord envoyer un échantillon. Le texte contient les caractéristiques scripturales du rédacteur. Le robot copie ensuite les lettres, les motifs, l’espace entre chaque lettre, chaque mot et l’angle des motifs. Le service Bond propose à la personne de choisir un papier sur le site et d’écrire un texte. Il met à disposition cinq polices de caractères supplémentaires dont la Tesla. Et en une journée de dix heures, une seule machine peut produire cinq cents à sept cents notes. Chaque message est conçu de manière unique : il peut être écrit des milliers de fois — le résultat graphique sera différent à chaque fois. ◗

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NEWS Robots mai / juin 2015 Des drones pleins de… Curiosity Mise en oeuvre sur Mars, une technologie inaugurée par le rover Curiosity va être greffée sur des drones… La NASA travaille avec la Pacific Gas & Electric, une agence distributrice de gaz, pour adapter les capteurs qui ont permis à Curiosity de détecter la présence de méthane sur la planète rouge. Ces spectromètres lasers pourraient détecter sur terre les fuites autour des pipelines par lesquels transite le gaz. Ils sont mille fois plus sensibles que les actuelles méthodes de détection, infiniment plus rapides et beaucoup moins chers. (En 2010, une explosion avait causé la mort de huit personnes.) La FAA a donné l'an dernier son feu vert à une autre agence de distribution de gaz californienne pour qu'elle engage une expérimentation de surveillance sur son réseau en utilisant des drones. Pour la NASA, il s'agit de valoriser, par l'exploitation des brevets, des innovations qui ont prouvé leur efficacité. ◗ Source : drones.blog.lemonde.fr

Les drones livrent… en Chine La société Alibaba, équivalent chinois d'Amazon, a annoncé qu’elle était en train de tester la livraison par drones à des centaines de clients. Les tests dureront trois jours, dans un périmètre d'une heure de vol autour des centres de distribution de Pékin, Shanghai et Guangzhou. Ils concerneront les commandes de thé au gingembre, afin de limiter le poids des colis à 340 g. L'expérience est menée par le site Taobao, qui relie vendeurs tiers et acheteurs. En 2013, une boulangerie — InCake — avait commencé à livrer des gâteaux à ses clients de Shanghai en utilisant des drones. Le commerce fut rapidement arrêté par les services de l'aviation, pour exploitation sans permis. Une vidéo diffusée par Alibaba indique qu'elle utilisera des quadricoptères volant au-delà de l'horizon de visibilité de leurs opérateurs, circulant au-dessus des routes, des rivières et des bâtiments — avant d'atterrir dans des espaces ouverts, à proximité des appartements. (Sans fournir pour autant les détails techniques concernant la façon dont elle compte y parvenir…) ◗


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Droit&robotique

LE DROITDES ROBOTS

REPENSER LES LOIS DE LA ROBOTIQUE D’ISAAC ASIMOV Comment crĂŠer un environnement rĂŠglementaire et juridique protecteur sans entraver l'innovation? Le projet RoboLaw ouvre la voie‌ nĂŠcessaire ou si les problèmes posĂŠs par les technologies robotiques peuvent ĂŞtre traitĂŠs dans le cadre des lois existantes. (Le premier chapitre est une introduction Ă la relation entre la rĂŠglementation et la robotique et l'interaction entre le droit, la science et la technologie.) La robotique couvre un vaste domaine et les technologies robotiques diffèrent les unes des autres selon la nature spĂŠcifique du robot considĂŠrĂŠ, le niveau d'autonomie, la tâche effectuĂŠe, le domaine d'application et le type de relation ĂŠtablie avec des ĂŞtres humains. Le terme robot abrite un ĂŠventail d'appareils tous plus divers les uns que les autres — des robots mĂŠdicaux aux aspirateurs en passant par les prothèses. Or des règles strictes de sĂŠcuritĂŠ des produits peuvent dĂŠcourager le dĂŠveloppement de prothèses et d'exosquelettes avancĂŠs. Une approche au cas par cas a ĂŠtĂŠ adoptĂŠe et quatre applications technologiques ont ĂŠtĂŠ examinĂŠes en profondeur dans le rapport: vĂŠhicules autonomes, robots chirurgicaux, prothèses et robots de soins. Chacune de ces applications est abordĂŠe d’un point de vue technologique, ĂŠthique et juridique selon une approche comparative, avec des recommandations Ă l’intention des dĂŠcideurs politiques. RoboLaw rĂŠflĂŠchit aux lois du futur concernant la robotique. Ici, un robot industriel FANUC R-1000iA.

ROBOLAW: UN PROJET STRATÉGIQUE POUR LE MARCHÉ EUROPÉEN RoboLaw, un consortium d'experts en droit, ingÊnierie et philosophie, a publiÊ en septembre dernier les rÊsultats de ses dÊlibÊrations : les Lignes directrices sur la rÊglementation de la robotique prÊsentÊes lors d'une session consacrÊe aux affaires juridiques du Parlement europÊen1. Ce rapport de plus de deux cents pages analyse en profondeur les questions Êthiques et juridiques soulevÊes par les applications robotiques, afin de fournir aux rÊgulateurs

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europÊens et nationaux les lignes directrices en la matière. Les technologies Êmergentes dans le domaine des biorobotiques ont une incidence sur les systèmes juridiques nationaux et europÊens. Elles bouleversent les catÊgories et les qualifications juridiques traditionnelles. Après une analyse complète de l'Êtat de l'art de la rÊglementation relative à la robotique dans les diffÊrents systèmes juridiques qui existent dans le monde, ce rapport tente de rÊpondre à la question de savoir si une nouvelle rÊglementation est

UN CADRE JURIDIQUE ET DES PRINCIPES FONDAMENTAUX COMMUNS Le rapport donne un aperçu gĂŠnĂŠral de la façon dont les droits fondamentaux sont remis en cause par les technologies robotiques. Il analyse le concept de l'amĂŠlioration humaine par la robotique, les profondes consĂŠquences pour notre conception de ce que cela signifie d'ĂŞtre humain, et comment les technologies peuvent ĂŞtre conçues de manière Ă sauvegarder les valeurs sociales fondamentales. Sur la notion des capacitĂŠs humaines, l’Êtude montre de quelle manière ces dernières peuvent ĂŞtre affectĂŠes par l'ĂŠvolution


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par Alain Bensoussan, avocat technologue, spĂŠcialiste du droit des technologies avancĂŠes www.alain-bensoussan.com

Un robot, quel qu'il soit, devra suivre des règles Êtablies par l'Homme. Ici, un robot antimine Foster-Miller Mark 2 Talon. Isaac Asimov.

de la robotique (tant en termes d'amĂŠlioration ou d’augmentation qu’en termes de valorisation ou d'assistance). Par exemple, le rapport s’interroge sur le statut d’un humain dotĂŠ d’une prothèse robot‌ Est-il encore un ĂŞtre humain? Faut-il crĂŠer une nouvelle catĂŠgorie entre l'humain et la machine? Et les robots doivent-ils ĂŞtre considĂŠrĂŠs comme des objets ou des sujets?‌ Le rapport indique que dans des cas limitĂŠs, les robots pourraient se voir accorder un statut juridique semblable Ă celui d’une sociĂŠtĂŠ, afin de leur permettre d’effectuer des transactions juridiques, sous rĂŠserve de savoir comment ils pourraient ĂŞtre lĂŠgalement reprĂŠsentĂŠs en justice. Les auteurs suggèrent ĂŠgalement de renforcer le rĂ´le des organismes supranationaux comme l'Organisation internationale de normalisation (IS0) et de crĂŠer un organe international pour rĂŠglementer les dispositifs robotiques car la plupart des questions posĂŠes correspondent Ă des prĂŠoccupations d’ordre mondial. De ce point de vue, le rapport constate que l'Europe et l'Asie sont en avance sur les tentatives de s’attaquer aux questions ĂŠthiques, juridiques et rĂŠglementaires. UN IMPACT SUR LES TECHNOLOGIES CONVERGENTES La plupart des questions juridiques et ĂŠthiques soulevĂŠes par les technologies robotiques peuvent ĂŠgalement se poser en ce qui concerne des catĂŠgories beaucoup plus larges de technologies convergentes2, l'intelligence ambiante3 ou encore l'Internet

RAPPEL DES LOIS DE LA ROBOTIQUE INVENTÉES PAR L’ÉCRIVAIN ISAAC ASIMOV (1920-1992) Loi 0 (de type logiciel et non codĂŠe dans les cerveaux positroniques) Un robot ne peut pas porter atteinte Ă l'humanitĂŠ, ni, par son inaction, permettre que l'humanitĂŠ soit exposĂŠe au danger. Loi 1 Un robot ne peut porter atteinte Ă un ĂŞtre humain, ni, en restant passif, permettre qu'un ĂŞtre humain soit exposĂŠ au danger. Loi 2 Un robot doit obĂŠir aux ordres qui lui sont donnĂŠs par un ĂŞtre humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi. Les objets connectĂŠs, comme cette Apple Watch, devraient ĂŞtre soumis aux mĂŞmes lois que celles qui rĂŠgissent la robotique.

des objets. Par exemple, la responsabilitÊ, la vie privÊe et la protection des donnÊes à caractère personnel soulèvent des questions similaires, quel que soit le domaine technologique. La robotique reprÊsente en effet l'une des innovations technologiques les plus importantes du siècle actuel, capable de modifier radicalement les Êconomies existantes et même la structure de la sociÊtÊ. Un environnement rÊglementaire clair est un facteur clÊ pour le dÊveloppement d'un marchÊ de la robotique au sein de l'Union europÊenne. Le manque de clartÊ juridique

Loi 3 Un robot doit protÊger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi.

pourrait en effet conduire Ă des choix politiques pouvant bloquer le dĂŠveloppement ou la diffusion d'une application donnĂŠe. â—?

1 - RoboLaw, Guidelines on Regulating Robotics (D6.2), 22/09/2014, (www.robolaw.eu). 2 - EncyclopĂŠdie WikipĂŠdia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Technologies_convergentes). 3 - EncyclopĂŠdie WikipĂŠdia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_ambiante).

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r Le Robot-Coupe, un des premiers robots de cuisine — crĂŠĂŠ par le Français Pierre Verdun dans les annĂŠes 1960.

LES OUTILS AVANCÉS DE CUISINE MÉRITENT-ILS D’ÊTRE APPELÉS DES

ÂŤ ROBOTS Âť ?

Depuis son invention en 1920 par l’Êcrivain tchĂŠcoslovaque Karel ÄŒapek, le terme ÂŤ robot Âť est utilisĂŠ pour dĂŠsigner des objets très diffĂŠrents. Que peuvent avoir de commun un humanoĂŻde et un appareil mĂŠnager multifonction ? Quels sont les critères permettant d’identifier un robot ? Entre dĂŠfinitions des dictionnaires et avis des spĂŠcialistes, essayons de nous forger une opinion‌ Il y a de fortes chances que vous ayez dĂŠjĂ utilisĂŠ un de ces engins magiques dans votre cuisine — un de ces appareils ĂŠlectriques ÂŤ combinables avec divers accessoires permettant d'effectuer diffĂŠrentes opĂŠrations culinaires Âť (Larousse.fr). Chez moi, oĂš habitent de gros consommateurs de tiramisu, l’utilisation de la fonction mixeur/batteur de ces machines est une obligation pour ĂŠviter d’attraper des crampes au poignet, Ă force de fouetter des Ĺ“ufs et du mascarpone‌ Et en fonction du budget et de l’espace qu’on souhaite leur dĂŠdier, ces appareils peuvent aussi couper, râper, ĂŠmincer, hacher, presser, pĂŠtrir, cuisiner et mĂŞme parler ! S’agit-il donc de robots ?‌ LE ROBOT DE CUISINE, DES ORIGINES Ă€ NOS JOURS La dĂŠsignation robot mĂŠnager semble utilisĂŠe de manière impropre puisqu’il s’agit d’appareils non

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autonomes, contrairement aux ÂŤ vrais Âť robots qui sont censĂŠs effectuer des tâches de manière autonome. Si l’on compare diffĂŠrentes dĂŠfinitions, on retrouve plus ou moins les mĂŞmes termes. Comme on l’Êvoquait prĂŠcĂŠdemment, un robot de cuisine (ou robot mĂŠnager) est un appareil ĂŠlectrique qui fonctionne avec de l’ÊlectricitĂŠ et

peut avoir plusieurs fonctions, afin d’effectuer des opĂŠrations visant Ă rĂŠaliser des prĂŠparations culinaires‌ L’interchangeabilitĂŠ des accessoires et la polyvalence des fonctionnalitĂŠs selon les marques et les modèles sont des aspects fondamentaux qui permettent de les distinguer par exemple des simples mixeurs. Si l’on jette un coup d’œil au passĂŠ, on constate que l’appellation ÂŤ robot Âť apparut en 1970 lorsqu’un Français, Pierre Verdun, crĂŠa une entreprise baptisĂŠe Robot-Coupe pour commercialiser les premiers prĂŠparateurs culinaires destinĂŠs au grand public. (Dans les annĂŠes 1970, la robotique ĂŠtait encore un rĂŞve Ă rĂŠaliser. Les premiers processeurs d’Intel ĂŠtaient en cours de fabrication et les premiers robots industriels programmables prenaient place dans les usines de General Motors‌) L’objectif (et le point fort) de ces machines de cuisine : faire gagner du temps dans l’exĂŠcution des tâches rĂŠpĂŠtitives


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“La désignation robot ménager semble utilisée de manière impropre puisqu’il s’agit d’appareils non autonomes, contrairement aux « vrais » robots qui sont censés effectuer des tâches de manière autonome.”

Un grille-pain peut-il être qualifié de robot ? En tout cas, dans les films de SF, le terme de grillepain est souvent associé, comme celui de boîte de conserve, à un robot de mauvaise qualité.

programmes qui visitent les sites Web et transmettent les informations les concernant à un moteur de recherche. Ces informations peuvent être utilisées, entre autres, pour afficher le résultat d’une recherche. (Le robot de Google s’appelle Googlebot) L’indexation n’est d’ailleurs pas la seule tâche que ces robots virtuels peuvent effectuer… Archiver, collecter et aspirer figurent parmi leurs compétences et nos ordinateurs connectés sont constamment visités par ces robots virtuels. Les chatterbots, ou agents conversationnels, arrivent même à converser avec vous et à vous faire croire pendant un certain temps qu’ils sont humains. Ces entités virtuelles méritent-elles également d’être appelées des robots?

Au de entre par Al a mis l'Emo

Le Thermomix® TM5 de Vorwerk, un des préparateurs culinaires les plus avancés. — Et si, finalement, on se rapprochait du robot ?…

pour la préparation des aliments. Rien d’étonnant donc à cette utilisation du mot « robot » ! Dans ce même contexte, il est curieux d’observer que ce terme a été repris dans d’autres langues d’origine latine, comme l’espagnol et l’italien. Ce qui n’est pas le cas dans des langues comme l’anglais et l’allemand ; on y utilise respectivement une terminologie bien différente : food processor (littéralement : processeur d’aliments) et Küchenmaschine (machine à cuisiner). Et même le très robotisé Japon utilise le mot anglais… On peut effectivement penser que le terme « robot » est impropre pour une machine essentiellement constituée d’un moteur qui tourne avec une lame attachée. Mais la réalité est que les robots ménagers d’aujourd’hui sont

de plus en plus sophistiqués, multifonctions et programmables. Il suffit de placer les ingrédients dans un bol : le robot les pèse, les traite et les cuit à une température parfaitement maîtrisée en calculant le temps de cuisson de manière autonome, en vous guidant pas à pas dans l’exécution de recettes enregistrées sur une clé externe. C’est le cas du Thermomix, un des robots de cuisine à la pointe du progrès. La question n’est donc pas si simple que ça… LES ROBOTS VIRTUELS Quant à l’utilisation « impropre » du mot robot, le préparateur culinaire ne constitue pas le seul exemple. Prenons par exemple ceux qui circulent sur Internet. Parmi eux, il existe des robots d’indexation. Ils ne sont rien d’autre que des

Un qu

L’ARCHITECTURE PERCEPTION-DÉCISION-ACTION Pour résoudre ce dilemme, nous pouvons prendre le problème à l’envers, en essayant de répondre à la question : Qu’est donc un robot ? Si nous consultons à nouveau le site Larousse.fr, nous apprenons que c’est un « appareil automatique capable de manipuler des objets ou d'exécuter des opérations selon un programme fixe, modifiable ou adaptable ». Dans d’autres définitions, les notions de dangerosité, de pénibilité,

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LES OUTILS AVANCÉS DE CUISINE “Quant Ă l’utilisation ÂŤ impropre Âť du mot robot, le prĂŠparateur culinaire ne constitue pas le seul exemple. Prenons par exemple ceux qui circulent sur Internet. Parmi eux, il existe des robots d’indexation.â€?

grammes associÊs, la dÊcision et les moteurs (ou les actionneurs en gÊnÊral) l’action. Le tout bien Êvidemment alimentÊ par une source d’Ênergie et intÊgrÊ dans une structure‌ Quelle est vraiment la diffÊrence entre un automate et un robot ?‌ Ici, un automate contorsionniste, visible au musÊe des arts et mÊtiers de Paris.

de rĂŠpĂŠtitivitĂŠ sont ĂŠvoquĂŠes comme les caractĂŠristiques des tâches qu’un robot peut effectuer. Si nous appliquons ces dĂŠfinitions, beaucoup de machines peuvent donc ĂŞtre considĂŠrĂŠes comme des robots. (Une machine Ă pain qui mĂŠlange [donc manipule] et cuit selon un programme sĂŠlectionnable, par exemple.) Une analyse plus fine s’impose donc : si l’on examine de plus près la dĂŠfinition, on y trouve les mots ÂŤ programmable Âť et ÂŤ manipuler Âť ou encore ÂŤ exĂŠcuter Âť — qu’on peut associer Ă la capacitĂŠ de dĂŠcider quelles actions effectuer. Mais ici, une capacitĂŠ importante des robots n’est pas mentionnĂŠe‌ En effet, si l’on peut trouver des dĂŠfinitions plus ou moins diffĂŠrentes du mot robot, l’unanimitĂŠ est pratiquement atteinte quand on veut identifier ce que tous les robots possèdent — c’estĂ -dire leurs capacitĂŠs fondamentales. Voici un exemple très simple : on peut dire qu’une lampe est un objet de dĂŠcoration ou un objet qui nous permet de mieux voir et de lire — ou encore

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un simulateur de prĂŠsence (on allume une lampe avec un minuteur pour faire croire Ă une prĂŠsence dans une maison vide). Si une lampe peut ĂŞtre tout cela, on peut affirmer que toutes les lampes (leur usage, forme, matière, technologie et complexitĂŠ important peu) sont une source de lumière. De manière comparable, on peut dire que tous les robots dĂŠtiennent trois ÂŤ capacitĂŠs Âť. Ils sont capables, comme dans la dĂŠfinition du Larousse, de prendre des dĂŠcisions (DÉCISION) et d’effectuer des actions (ACTION) en fonction des dĂŠcisions prises. Mais avant tout, les robots sont capables de percevoir leur environnement (PERCEPTION). La combinaison de ces trois capacitĂŠs nous permet de dessiner ce qu’on appelle une architecture fonctionnelle. Bien ĂŠvidemment, lorsqu’on souhaite construire un robot, chaque capacitĂŠ correspondra Ă une partie matĂŠrielle bien dĂŠfinie. De manière simplifiĂŠe, on peut dire que les capteurs permettent de rĂŠaliser la perception, les cartes ĂŠlectroniques, avec leurs puces et les pro-

ROBOT OU PAS ROBOT ? Le problème est que cette architecture est applicable Ă beaucoup d’objets, ce qui gĂŠnère nombre d’avis discordants, en fonction des restrictions et des contraintes (ou des libertĂŠs) qu’on lui applique. J’ai ainsi entendu dire Ă une confĂŠrence de robotique qu’une porte automatique qui s’ouvre en prĂŠsence d’une personne (comme on en trouve dans les magasins) est bel et bien un robot‌ Elle dĂŠtecte la personne (perception) et pilote (dĂŠcision — très simple pourtant) le système mĂŠcanique qui gère l’ouverture des portes (action). Mais revenons au domaine de l’ÊlectromĂŠnager‌ J’ai lu il y a peu l’interview d’un professeur de robotique qui affirmait qu’une machine Ă laver ĂŠtait elle aussi un robot‌ Elle peut en effet ĂŞtre ĂŠquipĂŠe de plusieurs capteurs pour mesurer la tempĂŠrature, le niveau d’eau, le poids de la charge (perception). Elle effectue de manière autonome plusieurs programmes de lavage (dĂŠcision). Et n’oublions pas qu’elle possède un tambour tournant (action). Dans la mĂŞme optique, un outil de cuisine avancĂŠ peut donc ĂŞtre dĂŠfini comme ĂŠtant un robot‌ Si en-


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“La vérité est qu’il n’y a pas de définition unique du robot et que chacun de nous a le droit d’avoir son propre avis, peut-être un peu (je l’espère) grâce à cet article.”

Joseph Engelberger, considéré comme le père de la robotique, a créé le premier robot industriel — l’Unimate, développé dans les années 1950.

construire une Intelligence artificielle de son niveau, il faudrait qu’elle puisse être en possession de quatre capacités de base, que les robots d’aujourd’hui ont plus ou moins acquises… La capacité de reconnaître des objets (que les enfants ont déjà à deux ans) et qui leur permet d’affirmer par exemple qu’un objet est une chaussure, même s’ils voient un modèle d’une couleur et d’une forme jamais vues. La capacité, ensuite, d’utiliser le langage (les enfants la possèdent à quatre ans), qui leur permet d’entretenir une conversation avec quelqu’un dans un environnement bruyant, en filtrant les différents accents, les erreurs de grammaire et les expressions idiomatiques. Puis la dextérité manuelle (les enfants en sont dotés à six ans), qui leur procure la possibilité de manipuler des objets inconnus (nouer des lacets ou attraper une feuille de papier sur une table). Enfin, la « compréhension sociale » — qu’ils acquièrent à environ huit ans — qui consiste à comprendre la différence entre ce que l’on connaît d’une situation et ce qu’une autre personne pourrait savoir de cette même situation. (Pour expliquer cette capacité, prenons l’exemple suivant: un enfant voit sa maman mettre une tablette de chocolat dans un tiroir et s’en aller; son grand frère arrive et s’en empare. Mais l’enfant sait que sa maman pense que la tablette est toujours dans le tiroir…) Toujours dans cet article, Rodney Brooks évoquait ses souvenirs à propos de la sortie du film 2001, l’odyssée de l’espace : il avait été subjugué par la machiavélique Intelligence artificielle de l’ordinateur HAL 9000 et s’était demandé si l’homme pourrait un jour construire une telle intelligence… (La réponse du scientifique d’aujourd’hui est oui mais il demeure convaincu qu’il manquait à HAL une composante fondamentale — un corps. Une enveloppe physique est en effet essentielle pour faciliter les interactions avec l’homme et l’environnement en général — et pour apprendre de ces interactions. Qu’en pensez-vous ?…) ■Simona d'Attanasio

D'après le visionnaire Rodney Brooks, l'homme est un robot…

suite nous considérons un environnement virtuel et non pas physique comme dans le cas des exemples précédents, les robots du Web ou les chatterbots sont eux aussi de véritables robots. Le Googlebot possède en effet la capacité de reconnaître les données qu’il recherche (perception) puis il les traite (décision) et les envoie au site Google (action). La vérité est qu’il n’y a pas de définition unique du robot et que chacun de nous a le droit d’avoir son propre avis, peut-être un peu (je l’espère) grâce à cet article. Vous avez aussi le droit d’affirmer, comme Joseph Engelberger, un des pionniers de la robotique: « Je ne sais pas définir un robot, mais je sais le reconnaître si j’en vois un! »

1 - http://spectrum.ieee.org/computing/hardware/i-rodney-brooks-am-a-robot

ROBOT ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Pour conclure, j’aimerais partager avec vous quelques idées de Rodney Brooks (cf. le numéro 31 de Planète Robots), un expert de niveau mondial en matière de robotique (et en particulier dans le domaine de l’Intelligence artificielle), qui représente la composante « décision » de l’architecture introduite précédemment. Dans un article publié en 20081, il affirmait qu’il était un robot, que nous étions tous des machines faites de billions de billions de molécules qui interagissaient selon des règles bien définies — même si ces règles n’étaient que très partiellement connues… Et que si un jour l’homme se révélait capable de

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Le Buddy dans la dernière version de son design…

BUDDY

UN NOUVEAU ROBOT COMPAGNON

Blue Frog Robotics dévoile aujourd’hui le Buddy, le R2-D2 des temps modernes. Il sera en prévente sur Kickstarter en juin 2015…

BUDDY, LE PREMIER ROBOT COMPAGNON 100 % FRANÇAIS Résultat de plusieurs années de recherche, ce nouveau-né de la robotique, conçu en France, est un concentré de technologie. Le Buddy est un robot social et d’assistance. Il propose une large gamme d’applications et d’accessoires. Son design et ses capacités devraient séduire le plus grand nombre… C’est aussi le premier robot autonome conçu pour le grand public et d’un prix accessible à tous (500 €). Grâce à ses services, il rendra la vie de ses propriétaires plus facile et répondra à des préoccupations de société majeures comme le vieillissement de la population et l’éducation. UN ROBOT FAMILIAL… Le Buddy peut veiller sur votre domicile en votre absence en se connectant avec le système domotique pour plus de confort et de sécurité. Il peut aussi centraliser l’agenda de toute la famille. Capable de faire des suggestions, des rappels ou d’envoyer des alertes, il prend aussi le relais auprès de vos enfants en leur racontant (par exemple) une histoire le soir au moment du coucher ou même en leur faisant réviser les tables de multiplication. Et à l’école, ce robot devient un nouvel outil pédagogique. Il offre un modèle d’apprentissage ludique et inédit pour initier dès leur plus jeune âge

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les enfants au monde des technologies numériques. Mais le Buddy est également là pour faciliter la communication avec l’extérieur et renforcer le lien intergénérationnel… Plus simple qu’un système de contrôle et plus séduisant aussi, il veille sur les personnes en perte d’autonomie et leur procure donc un contact extérieur permanent grâce à la téléprésence. Il alerte quand se produisent des chutes ou des situations anormales. (Il se montre aussi très utile pour rappeler la prise de médicaments et se connecte facilement aux dispositifs de médecine à distance — comme la mesure de la tension.) C’est enfin le compagnon indispensable au quotidien des personnes malvoyantes car il leur fournit un accès aux nouvelles technologies. (Le Buddy parle et répond aux demandes.) LE BUDDY, UN CONCENTRÉ DE TECHNOLOGIE Du haut de ses 60 cm, le Buddy est un robot mobile qui se déplace de manière autonome et bouge la tête dans tous les sens. Son design épuré et élégant lui confère une allure de compagnon futuriste. Il est très expressif et change d’aspect en fonction des situations, ses yeux se plissent quand il est heureux et il peut même se montrer complice et vous faire un clin d’œil…

Son intelligence et son interface homme-machine sont gérées par une tablette tactile qui constitue son visage. Il utilise une caméra intégrée, un micro et d’autres capteurs pour mieux communiquer et interagir avec les personnes qui l’entourent. Grâce à ses capteurs de vision, il intègre la reconnaissance faciale et détecte aussi les objets. Enfin, capable de comprendre le langage humain, il y répond grâce à un système de synthèse vocale. (Il peut également être commandé à distance via un PC, un mobile ou une tablette.) Sa structure est donc équipée de multiples capteurs qui lui permettent de réagir de manière autonome, quelle que soit la situation : des capteurs thermiques, de distance et de détection de mouvements. Il perçoit aussi la présence de flammes ou de gaz pour prévenir du danger. Et ses fonctionnalités sont évolutives grâce aux nouvelles applications prévues. (Des accessoires comme des bras, un aspirateur, une station de recharge automatique ou un picoprojecteur peuvent être éventuellement ajoutés.)


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“Le Buddy peut veiller sur votre domicile en votre absence en se connectant avec le système domotique pour plus de confort et de sécurité. Il peut aussi centraliser l’agenda de toute la famille.” QUELQUES MOTS DE RODOLPHE HASSELVANDER, LE P-DG DE BLUE FROG ROBOTICS…

Le robot dans sa précédente version sur le stand de Planète Robots lors du dernier INNOROBO !

L’AVENIR DU BUDDY APPARTIENT À LA COMMUNAUTÉ DES DÉVELOPPEURS Le Buddy est basé sur le principe des Open Models (chacun pourra ainsi participer à son

évolution, ouvrir ses capacités et multiplier ses usages). Pour Blue Frog Robotics, l’enjeu consiste à créer une véritable communauté qui le fera grandir et lui offrira de nouvelles qualités. Grâce aux développeurs, de nouvelles applications inédites pourront lui être attribuées et lui permettont de se montrer encore plus interactif. (Blue Frog Robotics compte ouvrir son système, qui sera ainsi plus performant.) Le Buddy sera disponible en précommande dès juin 2015 sur Kickstar ter pour financer la production des premières séries mais aussi fédérer une communauté de développeurs. La livraison des premières unités est prévue pour décembre 2015…

■Joe Pillow

Planète Robots : Bonjour, Rodolphe — pourriez-vous vous présenter et nous expliquer comment le Buddy est né ? Rodolphe Hasselvander : Je suis le P-DG et le cofondateur de Blue Frog Robotics. Depuis mon plus jeune âge, je savais ce que je voulais faire : de la robotique ! J’ai intégré le Centre de robotique intégrée d’Île-de-France (CRIIF) en 2001 ; j’en ai repris la direction en 2007 pour développer des robots dans des secteurs très variés (dont l’assistance à la personne). En 2013, à la suite d’une expérience malheureuse au cours de laquelle ma grand-mère avait passé une nuit allongée par terre sans pouvoir alerter les secours, j’ai imaginé ce que je pourrais faire pour éviter que cela ne recommence : créer un robot d’assistance autonome à un prix abordable. Je me suis donc lancé dans la création de la startup Blue Frog Robotics en m’associant à un de mes anciens clients, Franck de Visme, qui partageait ma vision de la robotique… Le Buddy, c’est un concentré de technologie robotique de pointe dans un produit grand public. Mais est-ce que l’une des plus grandes complexités n’a pas été de le rendre accessible pour à peine 500 € ? Depuis le début du projet, la conception puis le développement du Buddy ont été étudiés pour atteindre donc un coût de revient compatible avec ce prix de vente grand public de 500 €. C’est sûr que c’est moins cher qu’un iPhone et donc cela devrait permettre au Buddy de faire son entrée de la même manière dans les foyers !… Nous avons la volonté de démocratiser la robotique et pour cela il faut aller vers des prix grand public. L’idée de Blue Frog Robotics n’est pas de faire des marges énormes sur les robots ; nous avons plutôt pris le pari d’en vendre beaucoup et de le concevoir comme une plate-forme ouverte aux développeurs. L’objectif est ainsi de donner naissance à une communauté de développeurs qui va concevoir des applications pour multiplier les usages. P.R. : Quelles sont les prochaines étapes pour le Buddy ? R.H. : La prochaine étape consistera à proposer le Buddy en prévente au mois de juin sur Kickstarter. C’est un moyen de visibilité et l’occasion de financer la production des premières préséries — mais aussi de fédérer une communauté de développeurs. La distribution des premières unités est prévue pour décembre 2015. C’est une première étape pour une version grand public en 2016.

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LAURENT LATORSE UN ROBOTICIEN ENGAGÉ

La robotique se développe en France et ce n’est pas seulement dû aux personnes invitées sur les plateaux de télévision — dont les visages nous deviennent peu à peu familiers… L’Hexagone fourmille d’acteurs passionnés et qu’ils soient chercheurs, entrepreneurs, ingénieurs, organisateurs d’événements, responsables du marketing ou professeurs, ils font avancer la robotique ! Nous vous proposons de découvrir le P-DG d’une PME de la région toulousaine — qui est aussi le dirigeant du premier cluster régional de robotique français : Robotics Place. LAURENT LATORSE, UN PARCOURS EXEMPLAIRE Il a quarante et un ans et a créé son entreprise — AIROD Technologies — en 2002 alors qu’il n’en avait pas trente. Autant dire qu’il n’a pas les deux pieds dans le même sabot… Ingénieur en électronique, il s’est orienté dans un premier temps vers les systèmes embarqués puis a abordé le domaine des machines spéciales, qu’il développait pour de grands donneurs d’ordre, ce qui l’a amené à concevoir, depuis trois ans, sa propre gamme de robots terrestres et de drones volants. Son savoir-faire en mécatronique, il le met aussi à la disposition des entre-

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prises qui cherchent des solutions robotiques, dans le domaine de l’agriculture, celui de la sécurité ou celui de l’industrie. AIROD Technologies, qui compte quinze salariés, est une PME comme on en voit beaucoup en France (parfois sur le devant de la scène régionale, à l’occasion du lancement d’un projet important, ou en train de batailler avec des banquiers à cause des problèmes engendrés par une trésorerie fluc-

tuante). Laurent Latorse va de l’avant au cœur de son entreprise et n’hésite pas à se lancer dans des projets à l’export (il a accompagné le président de la République dans un voyage en Israël, au cours duquel il a côtoyé des dirigeants d’entreprises du CAC 40 comme Dassault, Arianespace, Havas, Orange, Alstom…). Il s’est également rendu en Afrique de l'Ouest — où des démonstrations de drones ont été faites pour différents services ministériels (agriculture, sécurité civile, police et gendarmerie). Et en 2014, son dynamisme l’a conduit jusqu’à la présidence du cluster Robotics Place. Déjà membre de la CCI de Toulouse, vice-président du Club des entreprises du Muretain et du cluster Primus Défense & Sécurité, c’est donc un homme qui apprécie le partage, le travail d’équipe et s’implique dans le tissu économique régional…


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“Le projet phare de Laurent Latorse au sein du cluster Robotics Place consiste à mettre en place une plate-forme de test et de démonstration mutualisée pour les entreprises régionales de robotique.”

Laurent Latorse.

régionales [dont le leader mondial, Medtech]. En somme, plus d’ampleur, plus de moyens, plus d’ambition et plus de projets !) Le site de Francazal, un lieu privilégié pour les tests de drones en Midi-Pyrénées. — À droite… Laurent Latorse présente quelques-uns de ses drones robots.

LE CLUSTER ROBOTICS PLACE (MIDI-PYRÉNÉES) Le cluster Robotics Place, présidé donc par Laurent Latorse, comporte trois branches : la robotique de services, la robotique industrielle et les drones. Ce fut le premier cluster créé en France et les actions mises en place lui ont permis de se faire remarquer… (Participation au salon INNOROBO de Lyon en 2012, 2013 et 2014, au salon Siane de Toulouse en 2014, au salon Midinnov de 2012 à 2015, mise en place d’une grande convention d’affaires à Toulouse en 2013… Sans oublier l’organisation du trophée européen RoCKin en 2014 avec le LAAS, la participation aux appels à projets de recherche collaboratifs régionaux et l’implication dans tous les projets de la région en partenariat avec les pôles de compétitivité — une activité débordante pour une organisation gérée bénévolement par ses adhérents !) Et en 2015, le cluster s’ouvre vers l’extérieur avec la volonté de se rapprocher des centres de décision européens en s’impliquant activement dans l’association euRobotics. Le cluster ayant fait ses preuves auprès des instances régionales, Laurent Latorse a obtenu des aides pour le financement à 50 % d’un animateur qui va mettre en œuvre les décisions du bureau dirigeant. L’année 2015 sera donc certainement un grand millésime pour Robotics Place… (D’autant que ce sera la dernière année de la région Midi-Pyrénées et qu’il va falloir met-

tre en place la fusion avec le Languedoc-Roussillon — une opportunité pour le cluster de s’ouvrir à de nouveaux acteurs importants comme le LIRMM [le laboratoire CNRS de Montpellier], l’IMERIR [l’école d’ingénieurs de la CCI de Perpignan], les entreprises de robotique

UNE PLATE-FORME ROBOTIQUE Le projet phare de Laurent Latorse au sein du cluster Robotics Place consiste à mettre en place une plate-forme de test et de démonstration mutualisée pour les entreprises régionales de robotique. Installé dans l’ancienne Base aérienne (BA) 101 de Francazal, au sud-ouest de Toulouse, ce site permettrait aussi bien aux drones volants qu’aux robots terrestres d’effectuer leurs tests de validation dans un environnement sécurisé. Ce serait aussi une vitrine permanente du savoir-faire régional en robotique avec un showroom, des salles de réunion et des espaces de travail collaboratif ; et un lieu privilégié pour faciliter les collaborations entre entreprises sur des projets d’envergure, recevoir des clients, organiser des événements… Pour monter un tel projet, il faut se bouger et Latorse ne manque pas d’énergie : il a d’abord convaincu les responsables politiques locaux d’inscrire le projet au plan État-région. Puis il a rencontré les responsables de la DIRRECTE et a obtenu une subvention pour lancer une étude de faisabilité. La région Midi-Pyrénées soutient son cluster depuis la création et a voté un budget de 22 M€ pour le développement de la robotique. (Mettre en place de telles infrastructures demande beaucoup de force de conviction, de travail, de temps consacré à des réunions et une équipe motivée pour porter le projet. Latorse s’appuie sur les membres de son cluster et les équipes régionales du développement économique et de l’innovation, nouvellement regroupés dans une agence portant le nom de MADEELI.) ■Philippe Roussel

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Le robot TX-90 de Stäubli devrait, à terme, disparaître au profit de son homologue le TX2-90, capable de travailler en collaboration avec l'être humain.

STÄUBLI ROBOTICS

DES HOMMES ET DES ROBOTS Selon la devise inscrite dans l'ADN de Stäubli Robotics depuis sa création en 1982, Man and Machine, le robot travaille dans l’entreprise en collaboration avec l'être humain. Les récents développements de la gamme TX2, associés au contrôleur CS9, démontrent la volonté d’aller de l’avant grâce à des solutions de cobotique (ou robotique collaborative), destinées à assister les opérateurs dans les tâches les plus difficiles. Jusqu'à aujourd'hui, les robots travaillaient derrière des grilles et des vitres blindées, dans des cellules hermétiques, afin de ne pas blesser les ouvriers humains. Cette distance interdisait la collaboration entre les deux partenaires. Dorénavant, l'ère est à la cobotique : le robot et l’opérateur sont en mesure de travailler l’un avec l’autre, en toute sécurité et sans barrière physique. La nouvelle gamme TX2 est composée de robots petits et moyens porteurs, associés à un contrôleur CS9. Ils sont destinés aussi bien aux PME qu’aux PMI et à tous les secteurs (automobile, agroalimentaire, mécanique, plasturgie, biotechnologie, etc.). UNE STRUCTURE FERMÉE MAIS UN ESPRIT OUVERT À TOUTES LES APPLICATIONS Les robots TX2, présentés pour la première fois

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au salon de Genève en juin dernier, sont équipés de capteurs et programmés pour éviter tout contact physique avec l’homme, en toute sécurité. On définit d’un point de vue logiciel le travail et les zones où les machines peuvent évoluer. En cas de problème, elles s'interrompent tout simplement… Tout comme la gamme TX, les robots TX2 sont déclinés en trois familles : TX2-40, TX2-60 et TX2-90, avec un rayon d’action allant de 515 à 1 450 mm. Ils sont capables de travailler dans tous les milieux grâce à leur structure fermée (dont Stäubli a été le précurseur, il y a plus de vingt ans). Ils disposent de plusieurs spécificités (prise sous le pied, pressurisation, traitement de surface particulier) adaptées aux différents besoins des secteurs d’activité. Avec les TX2, les PME disposent de robots configurables rapidement, avec un apprentissage rapide pas-

sant par du paramétrage plutôt que de la programmation… Respectueux de l’environnement, ces robots à faible consommation électrique disposent également de certifications RoHS limitant l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques. (L’efficacité énergétique est aujourd’hui un sujet d’intérêt majeur pour assurer une production de haute performance.) STÄUBLI ROBOTICS, MODÈLE DE L'USINE DU FUTUR La France affiche un retard important en termes de robotisation, avec environ trois mille robots vendus chaque année d’après l’IFR (International Federation of Robotics), en particulier face à l’Allemagne (17 500) et à l’Italie (4 400). Aujourd’hui, notre pays s’est fixé pour objectif de


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“La France affiche un retard important en termes de robotisation, avec environ trois mille robots vendus chaque année d’après l’IFR (International Federation of Robotics), en particulier face à l’Allemagne (17500) et à l’Italie (4400).” compter parmi les cinq nations leaders de la robotique industrielle dans le monde d’ici à l’horizon 2020. Impliqué dans les initiatives lancées par le groupe et membre actif du groupe robotique du Symop (Syndicat des machines et technologies de production), Stäubli Robotics a été l’un des initiateurs du projet Robotcaliser : robotiser pour ne pas délocaliser, lancé en 2006, pour valoriser la robotique comme une solution décisive pour la délocalisation. En offrant à la fois des gains de productivité et des garanties de qualité supplémentaires, l’équipement robotique permet aux PME-PMI françaises d’améliorer leurs performances, d’augmenter leur adaptabilité et donc de rester compétitives. Soutenu par Stäubli Robotics, ce projet a aidé à lancer en 2013 le projet Robot Start PME, qui apporte aux entreprises l’aide financière dont elles ont besoin, le conseil et l’accompagnement nécessaires pour permettre l’intégration dans les meilleures conditions d’un premier robot au sein des PME. Stäubli fait désormais partie des précurseurs de la cobotique industrielle. L'absence de barrières entre le robot et l'être humain permet d'ajouter des bras supplémentaires à une tâche ou donne accès à un de nos congénères et l’autorise à appor ter son aide au robot lorsqu'il a besoin d'un élément qu'il n'a pas à sa disposition. Plus besoin d'arrêter la machine pour ne blesser personne, la collaboration est désormais consommée. À l'avenir, les constructeurs et les intégrateurs qui proposent uniquement des solutions grillagées devraient disparaître, faute de ne pas avoir su évoluer !… ■Joe Pillow

Le tout nouveau robot six axes TX2-40.

Le robot TX200 reste la référence pour les gros porteurs de la marque.

NOUVEAUX ROBOTS : NOUVELLE ARMOIRE DE CONTRÔLE !

Le nouveau contrôleur CS9.

Le nouveau contrôleur CS9 offre une grande disponibilité et une maintenance limitée, une intégration plus rapide grâce à sa connectique en face avant et une connexion efficace à l’environnement de l’utilisateur… Il dispose en particulier de nouvelles fonctions de sécurité intégrées et certifiées par le TÜV Rheinland SIL3-Ple. Ce contrôleur CS9 pilote l’intégralité de la gamme de robots Stäubli TX2. Quatre nouvelles fonctions de sécurité apportent une protection pour la production, les équipements et le personnel… — La fonction vitesse sûre et la fonction arrêt sécurisé permettent au robot d’opérer sans barrière physique, réduisant ainsi l’investissement robotique et offrant une sécurité supplémentaire aux opérateurs. — La fonction zone de sécurité protège les équipements de production. Et le contrôle du mouvement du robot permet une diminution de la taille de cellule. — La fonction zone de sécurité outils minimise les risques d’endommager les outils complexes et coûteux fixés au bout du bras. Ces nouvelles fonctionnalités permettent d’envisager une collaboration homme-machine » plus étroite (les deux travaillent en duo). Le pendant d’apprentissage (ou teach pendant) SP2 est un boîtier de commande manuelle associé au contrôleur CS9. Il est conçu pour la programmation, la maintenance et la supervision des applications robotiques. Tactile et intuitif, il facilite l’interactivité entre l’homme et le robot avec l’ensemble des contrôles accessibles à portée de la main. Et des boutons physiques permettent de garder les yeux rivés sur le robot et non sur la tablette… Le pendant d'apprentissage SP2 associé au contrôleur CS9.

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ROBOT POUR ÊTRE VRAI LES ROBOTS MIS À NU

Le Cube, le centre d’art et de création numérique de la ville d’Issy-lesMoulineaux, propose à ses visiteurs de découvrir le travail de France Cadet jusqu’en juillet 2015. Robot pour être vrai est une exposition qui explore rétrospectivement les thèmes chers à l’artiste comme la maîtrise de la science et les relations entre êtres humains et robots… Un robot chat qui miaule, balance la queue en rythme et se distrait en regardant Le monde de Nemo, le célèbre film de Disney-Pixar qui raconte les aventures d’un petit poisson-clown… Et sous l’écran se trouve un panneau avec la mention Ne pas nourrir ou toucher les animaux ! L’entrée dans le monde de France Cadet se fait donc avec humour. Mais l’artiste, qui profite de cette œuvre — intitulée Do Robotic Cats Dream of Electric Fish ? — pour faire un clin d’œil au pape de la science-fiction Philip K. Dick, fait également réfléchir les visiteurs sur le statut des robots. Dans un avenir proche, peut-être auront-ils envie d’expérimenter des plaisirs humains comme la télévision ? Robot pour être vrai — voilà un thème d’exposition qui joue sur les mots et s’inspire d’une citation de Jacques Prévert : « Le progrès : trop robot pour être vrai. » Une façon également de s’interroger sur notre perception du réel… « La technologie est intégrée à

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nos vies, il est difficile de s’en détacher. Qu’est-ce qui est réel ou artificiel aujourd’hui ? De la nanotechnologie intégrée dans un corps humain, est-ce réel ? Un moteur à protéines dans un robot, est-ce artificiel ? C’est l’Intelligence artificielle qui nous fait peur », analyse France Cadet. Par le biais de ses sérigraphies, de ses dessins, de ses animations 3D ou de ses photographies numériques, elle explore les frontières de plus en plus floues entre le vivant et l’artificiel. Chairs et mécaniques se mêlent… Les robots chiens ont soudain des organes ou des squelettes humains comme dans une de ses œuvres qui transpose une planche anatomique du XVIIe siècle à l’ère du cyborg. LA DÉSOSSEUSE DE ROBOTS Cet intérêt pour les questions scientifiques remonte à l’enfance de France Cadet.Toute petite, elle aimait déjà comprendre le fonctionnement

des choses et de l’être humain. Elle entama des études de physique avant d’intégrer l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Un atelier de robotique venait justement de s’y ouvrir… Aujourd’hui, elle le dirige et permet aux étudiants de s’initier au maniement de la découpe laser et de l’imprimante 3D ou encore à la programmation. L’art lui permet de concilier ses deux amours, la science et la technologie. Et les robots sont devenus un thème central de son œuvre : la découverte du robot chien I-Cybie (de la société Tiger Silverlit Hasbro) a créé le déclic. Elle l’a désossé, transformé en chat, en porc ou en vache et a ajouté de l’électronique sur sa carte mère pour le modifier. « Au début, le robot servait de support à mes œuvres. Puis j’ai commencé à m’intéresser aux robots pour leurs qualités intrinsèques — mais aussi pour les débats qu’ils provoquent ; en effet, ils deviennent de plus en plus intelligents… Vont-ils accéder aux plaisirs sociaux ? De plus, nous sommes au-


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“France Cadet joue avec les clichés de la représentation du robot à travers ces autoportraits d’un nouveau genre. Proposant des beautés glacées, ils rappellent les graphismes d’Iron Man ou de certains mangas japonais.”

Le robot I-Cybie illustre la « curiosité artificielle ». — Le robot — un gender de plus ? — Le papillon s’anime si l’on effleure le cyborg. (© France Cadet.)

jourd’hui toujours habités par cette peur ancestrale de la perte de contrôle », nous confie France Cadet. UN AMOUR DE ROBOT Cette rétrospective présente également une toute nouvelle série, baptisée Robot mon amour. Dans ces photographies numériques, l’artiste se met en scène sous les traits d’un gynoïde (un robot à l’apparence de femme) en respectant les standards esthétiques de la science-fiction. Certaines des œuvres sont interactives, grâce à des capteurs tactiles : en caressant le bras d’un gynoïde, vous provoquerez le battement d’ailes d’un papillon animé par un muscle artificiel tandis qu’un autre s’illuminera à votre contact… « J’aime bien que la technologie soit cachée. Même si c’est moi qui réalise tout, le défi technique ne doit pas être exposé… C’est avant tout une œuvre d’art ! » OBJET ÉROTIQUE ? France Cadet joue avec les clichés de la représentation du robot à travers ces autoportraits d’un nouveau genre. Proposant des beautés glacées, ils rappellent les graphismes d’Iron Man ou de certains mangas japonais. Mais France s’intéresse également à l’érotisme robotique, qu’elle met en scène par l’intermédiaire de la sculpture en impression 3D. Si l’artiste aime utiliser des représentations connues pour se les approprier et les détourner (comme avec l’I-Cybie), elle aime éga-

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lement créer ses propres robots grâce à cette technique. « L’imprimante 3D pose la question même de la création: on se rapproche alors du travail du sculpteur », souligne-t-elle. En détournant la leçon de séduction d’une marque de lingerie, elle interroge en fait de façon subversive la sensualité des robots. Et à l’instar de certains hubots de la série Real Humans, vont-ils devenir nos nouveaux esclaves sexuels? « La beauté des robots est pour moi simplement fonctionnelle, un peu à la Léonard de Vinci », assure France Cadet. La dernière partie de l’exposition dévoile l’anatomie interne d’un gynoïde grâce à une animation 3D. Une dissection qui peut se révéler fascinante — preuve que nos critères esthé-

tiques ont évolué : « On ne cherche plus à faire du réalisme aujourd’hui. Le rapport entre la technologie et le corps a changé. Prenons donc l’exemple de The Alternative Limb Project, qui propose des prothèses personnalisées en bois ou ornées de motifs… » Verdict : les robots n’ont pas fini de nous faire fantasmer ! Robot pour être vrai : jusqu’au 31 juillet au Cube (20, cours Saint-Vincent, 92130 Issy-les-Moulineaux ; tél. : 01 58 88 30 00).

■Coralie Baumard

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Cette deuxième édition des Olympiades FANUC mettait en compétition sept équipes dans quatre épreuves, sous le regard attentif des enseignants et des jurés. (Crédit photo : FANUC.)

OLYMPIADES FANUC QUAND LA ROBOTIQUE INDUSTRIELLE S’ÉCHAUFFE Afin d’attirer les jeunes vers les filières de la robotique industrielle, FANUC a organisé une compétition pour montrer, par l'expérience et par le jeu, que ce secteur dynamique intéresse tous les domaines d'activité. Onze équipes de BTS et de licences professionnelles étaient réunies pour concourir dans les locaux de la société… C'est à Évry, au bout de la rue Léonard-de-Vinci, qu’a eu lieu le 11 mars dernier une curieuse compétition: la deuxième édition des Olympiades de la Robotique industrielle. Un secteur qui représente la majeure partie des emplois de la robotique en France mais souffre d'une image peu séduisante à l'heure des drones et autres droïdes tout droit sortis de la science-fiction. À l'initiative de cet événement, la société japonaise FANUC, leader de la production des robots industriels, qui vise trois objectifs à travers ce tournoi: aider les formations consacrées à cette branche, faciliter l'usage des machines FANUC mais aussi montrer au grand public ce qu'est la robotique industrielle à travers des jeux… À peine les portes vitrées du siège de FANUC franchies, on ressentait l’esprit d'émulation propre à la compétition. Dans une grande salle, onze équipes de trois étudiants, en BTS CRSA (Conception et réalisation de systèmes automatiques) ou en licence professionnelle dédiée aux

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métiers de la robotique, étaient réparties dans quatre épreuves. Palettisation, contour, dessin ou slalom, chaque défi devait être réalisé en 40 min sous l'œil attentif d'un juge. « On nous dit ce qu'on doit faire, puis on se débrouille », commentait un élève, membre de l'équipe de licence professionnelle de Metz, en pleine épreuve. Il devait tracer un fil de colle sur les contours d'un rétroviseur mais pour l'instant, il cherchait à savoir comment fonctionnait le robot sur lequel il devait travailler. Pas d'inquiétude, ses coéquipiers connaissaient la machine et dans le pire des cas, il était possible de faire appel à un enseignant ou à un juré pour demander des conseils. « Une aide qui ne provoque pas de pénalité », rappelait régulièrement un speaker… ENTRER DE PLAIN-PIED DANS LA VIE PROFESSIONNELLE À quelques mètres de là, des étudiants de Poi-

tiers, venus soutenir leurs camarades, observaient attentivement l'épreuve du slalom dans laquelle le robot devait effectuer un parcours sans toucher les plots. Pas évident mais lorsqu’on demandait quel atelier était le plus compliqué, c'est la palettisation qui remportait les suffrages auprès des élèves comme des enseignants. L'un d'eux nous a expliqué que pour cette épreuve de « déplacement de poids », il fallait faire appel à des compétences plus larges : « D'habitude, c'est ”seulement” de la programmation — là, il faut enregistrer des trajectoires. » Autre étape redoutée, Dessine-moi un robot, qui a déclenché les sourires des participants, beaux joueurs, dont les « tableaux » étaient plus proches de l'impressionnisme que du réalisme. On trouvait également une épreuve bonus dans une deuxième salle, qui consistait à utiliser un robot équipé d'un club de golf pour en-


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“Sans omettre l'aspect ludique de la compétition, participer aux Olympiades requérait surtout du savoir-faire. Et pas seulement en matière de manipulation de robots”

© photo : Rémi Baldy.

LE PALMARÈS

© photo : Rémi Baldy.

L'équipe de l'IUT de Cachan, qui a remporté ces Olympiades dans la catégorie licence professionnelle.

• Cachan et Dieppe ont remporté cette deuxième édition. Pour réussir le contour du rétroviseur, les étudiants devaient être minutieux et très précis.

• Le palmarès de ces Olympiades 2015 se divisait à vrai dire en deux catégories : une pour les sept licences professionnelles présentes et une autre pour les quatre équipes de BTS CRSA, afin de ne pas pénaliser ces dernières (censées disposer de moins de compétences).

© photo : Rémi Baldy.

• Côté licence, c'est l'IUT de Cachan, représenté par Louis Grenier, Robin Mahou et Alexis Calmels, qui a été primé. Pour les BTS, l'équipe du lycée Pablo Neruda de Dieppe, composée de Bastien Gilles, Valentin Louet et Léon Thominette, a remporté la compétition. Les vainqueurs ont gagné un ultrabook Asus et les autres étudiants sont repartis avec une attestation de participation, une médaille et l'envie de faire mieux l'année prochaine…

L’étape redoutée de la palettisation a causé des tracas aux étudiants. Certains ont dû revoir leurs plans depuis le début, en pleine épreuve…

voyer une balle dans un trou le plus rapidement possible. Sans omettre l'aspect ludique de la compétition, participer aux Olympiades requérait surtout du savoir-faire. Et pas seulement en matière de manipulation de robots (en fil rouge, un exercice consistait à faire une prestation orale pour présenter les solutions apportées sur un cahier des charges donné en novembre). « Cela permet d’entrer de plain-pied dans la vie professionnelle », se réjouissait Martial Gartner, un enseignant du lycée Condorcet de Saint-Quentin, qui soulignait qu'il était demandé « tout ce que l'on trouve avec les entreprises ». UNE PASSERELLE VERS LES ENTREPRISES Car l'enjeu est bien là : la formation des techniciens de demain… Les cursus débouchant sur les métiers de la robotique industrielle manquent d'informations et de matériel. C'est en faisant ce diagnostic que FANUC a décidé de

lancer les Olympiades. « On leur donne des moyens, expliquait Florence Bertaux, directrice du marketing. Bien sûr, il ne s'agit pas de robots, mais de logiciels pour travailler dessus… » Et comme la plupart des futurs ingénieurs croiseront la route des machines estampillées du logo jaune et rouge de la société japonaise, ces outils sont précieux… Les enseignants, ravis de cette aide, profitaient en plus d'une journée de formation et d’échanges avec leurs collègues. Un dialogue également instauré auprès des étudiants, puisque la journée fut émaillée de conférences sur les métiers de la robotique et son enseignement ; les licences professionnelles profitèrent du rassemblement pour présenter leurs programmes auprès de leurs futurs membres. De son côté, FANUC espérait acclimater le plus tôt possible les personnes qui travailleront sur ses machines. Mais l'intérêt était réciproque puisque le producteur de robots industriels pouvait jouer le rôle de relais auprès des étudiants. « Nous connaissons l'ensemble du parc

manufacturé et si l'un de nos clients cherche quelqu'un, nous pouvons lui proposer des profils », résumait Florence Bertaux. Les élèves étaient invités à transmettre leur CV à FANUC, qui devait les mettre à la disposition des intéressés. Les étudiants furent d'ailleurs invités à revenir pour participer aux journées portes ouvertes et ainsi échanger avec de potentiels employeurs sur leur expérience et leurs compétences — démontrées aux Olympiades notamment… À terme, le souhait de FANUC est de faire de sa compétition un vrai gage de qualité, propre à valoriser les participants au moment de leur entrée sur le marché du travail… (C'est pourquoi cette deuxième édition en appelle d'autres.) « Ç’a vraiment pris », se réjouissait Florence Bertaux, à la fin d’une journée qui s’est conclue par un cocktail où enseignants et élèves refaisaient la compétition et ont pris rendez-vous pour l'année prochaine ! ■Rémi Baldy

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LA PREMIÈRE RÉUNION DE L’ASSOCIATION DU DROIT DES ROBOTS

FAVORISER LES ÉCHANGES EN MATIÈRE DE RÉGLEMENTATION

Réfléchir, discuter et définir des plans d'action afin d'améliorer la réglementation relative à la robotique et aux nouvelles technologies, c'était l'objet de la première réunion de l'Association du droit des robots — qui s’est tenue le jeudi 28 janvier 2015, au siège (58, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, 75017 Paris). Le 28 janvier 2015 s’est donc tenue la première réunion de l’Association du droit des robots (ADDR), créée en janvier 2014 par Lexing Alain Bensoussan Avocats. Cet organisme a pour vocation de promouvoir et de développer la législation en faveur des robots. L’ADDR y a offert aux universitaires, magistrats, juristes d’entreprise ou faisant partie d’organisations professionnelles qui s’intéressent à la robotique la possibilité d’échanger et de faire valoir leurs attentes liées à ce secteur en matière de droit. Il s’agit donc d’un lieu unique permettant la réflexion et la discussion. Chacun a pu partager ses expériences en vue d’informer le public mais

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aussi les entreprises et les institutions publiques sur le droit des robots. Tout au long de ce symposium, divers thèmes ont été abordés et un état des lieux de la réglementation du droit des robots a même été réalisé, à partir d'exemples bien concrets. (Six commissions spécialisées élaborées par l’ADDR ont d’ailleurs été présentées aux différents participants…) LA COMMISSION VOITURES INTELLIGENTES Cette commission s’articule autour de trois grands axes… Dans un premier temps, la question de l’expérimentation des voitures intelli-

gentes a été soulevée. Si aujourd’hui, les tests de voitures connectées sur la voie publique ne présentent pas de risque juridique, dans la mesure où le contrôle du véhicule incombe au conducteur humain, ce n’est pas le cas des tests de voitures autonomes ou indépendantes ne réclamant pas de présence humaine. Certains pays pourraient subir une interdiction du droit à la circulation de ce type de véhicules — notamment ceux qui ont signé la convention de Vienne de 1968, qui impose la présence d’un conducteur humain ayant le contrôle du véhicule. Alain Bensoussan a souligné l’importance d’une réglementation spécifique liée aux voi-


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“Cette commission s’articule autour de trois grands axes… Dans un premier temps, la question de l’expérimentation des voitures intelligentes a été soulevée.” prises de décision ? « Il me semble que les robots ont une personnalité, comme la personne morale — d’autant qu’aujourd’hui nous sommes face à des personnalités de type Deep Learning. Les robots sont autonomes en termes d’Intelligence artificielle et ils possèdent une conscience, puisqu’ils ont bénéficié d’un processus d’apprentissage auparavant », a indiqué Alain Bensoussan.

Logo de l’Association du droit des robots.

tures autonomes, voire robotisées : « Les grands constructeurs ont décidé de demander une loi expérimentale prévoyant un système de conduite déléguée afin de redonner au conducteur la même liberté que celle dont jouit le passager… » En effet, la France a fait adopter en première lecture par l’Assemblée nationale (le 14 octobre 2014) un projet de loi relatif à la transition énergétique, dans lequel l’article 9-IV offre la possibilité au gouvernement de prendre par ordonnance toutes mesures afin de permettre la circulation des voitures autonomes sur la voie publique à des fins expérimentales. Le second volet traite de l’exploitation commerciale des voitures intelligentes ayant réussi les tests en situation de conduite réelle. Mais plusieurs questions se posent sur le sujet, concernant l’identification des acteurs impliqués et de leur responsabilité, la propriété, la protection et l’exploitation des données générées et collectées par les voitures intelligentes — sans oublier l’encadrement contractuel… Le troisième volet concerne les spécificités des voitures robots. Peut-on considérer les voitures robots comme des « personnes morales » dotées de droits et de devoirs ? Doit-on les reconnaître comme responsables de leurs mouvements ou de leurs

LA COMMISSION DRONES Aujourd’hui, il existe deux catégories de drones : ceux qui sont réservés aux civils et ceux qui ont une vocation militaire. Ces engins ont été l’objet de nombreuses controverses ces derniers temps. C’était donc l’occasion pour l’ADDR d'exposer les problèmes de réglementation soulevés par cet objet si particulier. « Les drones non téléopérés sont interdits en France, sauf dans le cadre militaire. La logique des drones indépendants et celle des drones téléopérés ne sont pas identiques », a précisé Alain Bensoussan. En effet,

La Vipa de Ligier, un exemple de véhicule autonome français.

la réglementation actuelle ne permet pas d'utiliser les drones de n'importe quelle manière et les autorités publiques sont en mesure de contrôler et d'intervenir si elles jugent que des actes illicites ont été réalisés avec ces machines. La question de la sécurité d'autrui est donc posée et conduit inévitablement à des interrogations sur le régime de responsabilité associé. Bientôt, chaque propriétaire de drone saura dans quelle mesure il sera autorisé à l'utiliser. (L'ADDR tentera, avec la collaboration de ju-

Le drone civil Phantom de DJI.

ristes et d'avocats, de travailler sur les problèmes technico-juridiques rencontrés, non seulement par les utilisateurs, les fabricants et les distributeurs — mais aussi par l'État.) LA COMMISSION USINE 4.0 Cette commission a pour but d’analyser les questions juridiques liées à la robotique industrielle et collaborative et cela dans divers domaines — comme l’automobile, l’électronique, la logistique… Les professionnels de la programmation, de la mécanique, de la mécatronique et du design cognitif élaborent des robots en se référant à certaines problématiques et caractéristiques. En effet, ils tiennent compte de divers facteurs (programmation, logiciels, étude de la meilleure manière de structurer et de combiner les composants d'un robot, etc.). LA COMMISSION INTERFACE HOMME-MACHINE Aujourd’hui, la confrontation homme-machine est nettement marquée. Tout cela dans la perspective de fabriquer des ordinateurs, des composants informatiques, des capteurs et même des senseurs qui auront pour vocation de communiquer entre eux par le biais de réseaux. Ils seront capables d’interpréter les signes extérieurs de manière autonome, sans l’intervention de l’homme. Cette interaction entre l’être humain et le robot offre des opportunités d’avenir, notamment dans les secteurs de la santé ou encore ceux des services. « Ma définition d’un

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LA PREMIÈRE RÉUNION DE L’ASSOCIATION DU DROIT DES ROBOTS

“Faisant partie intégrante de la robotique, la réalité virtuelle reste cependant difficile à définir puisqu'elle fait justement appel au réel et au virtuel en même temps.” Un bras robotique industriel de nouvelle génération de chez KUKA, le LightWeight Robot (LWR).

robot : une machine disposant d’une plate-forme d’Intelligence artificielle et capable de prendre des décisions non préprogrammées. Il est autonome dans ses actions, mobile dans son environnement et capable de l’appréhender et d’apprendre des situations », nous a confié Alain Bensoussan. Pour beaucoup aujourd’hui, le robot est supérieur à l’homme dans son domaine. Lors de cette réunion, Me Bensoussan l’a d’ailleurs démontré en citant l’exemple de l’avatar Watson qui, grâce aux big data, est capable de diagnostiquer 90 % des cancers de la langue, alors que l’homme n’en distingue pour l’heure que 50 %… Actuellement, les professionnels œuvrent à enrichir le niveau de précision des informations concernant les robots. Et l’interaction homme-machine permettra ainsi au robot de détecter, de comprendre, de fusionner et d’anticiper différents modes de communication (verbale ou gestuelle). Les robots disposeront alors de la capacité de décrypter les intentions et les émotions humaines tout en parvenant à faire la synthèse de ces signaux — mais aussi en coopérant avec l’être humain proprement dit. « C’est un travail très compliqué à réaliser, puisqu’il faut être sûr que le sens des mots soit bien interprété. L’avantage des robots, c’est qu’ils ne se fatiguent jamais, contrairement à l’homme », selon Alain Bensoussan. LA COMMISSION VIRTUELLE Cette commission étudie les technologies immersives. La reconstitution virtuelle d'une réalité

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L'ancienne génération des Google Glass a disparu pour favoriser la distribution de la nouvelle.

tomates et des objets connectés. Tous utilisent des technologies de pointe nécessitant l'analyse des aspects juridiques des techniques probabilistes, des statistiques… Et le développement des algorithmes prédictifs, d’apprentissage et d’optimisation ou encore les techniques de recherche liées aux réseaux neuronaux en vue de la création de cerveaux artificiels, notamment, ont poussé l'ADDR à s'interroger et à réfléchir davantage sur les enjeux éthiques mais aussi juridiques de ce domaine en permanente évolution. Plusieurs aspects ont été soulignés, comme la valorisation des innovations, la définition des stratégies de protection, etc. L’INSTAURATION D’UN COMITÉ D’ÉTHIQUE L'éthique et les valeurs morales ont également été évoquées lors de cette réunion : « Il faudra nécessairement une commission d’éthique, puisque les capteurs des véhicules autonomes, par exemple, ont la capacité de s’arrêter — mais l’humain, lui, n’a pas cette possibilité. » En effet, certaines questions ne peuvent pas toujours se régler par le droit et conduisent à se demander si l'éthique dominera un jour le secteur du droit — ou le contraire… ■Darine Habchi

est un « environnement créé à l’aide d’un ordinateur et donnant à l’utilisateur la sensation d’être immergé dans un univers artificiel ». Telle est la définition proposée par la Commission générale de terminologie et de néologie. Faisant partie intégrante de la robotique, la réalité virtuelle reste cependant difficile à définir puisqu'elle fait justement appel au réel et au virtuel en même temps. Cela a conduit l'ADDR à se poser diverses questions concernant la propriété et la protection des innovations, la vie privée, la protection et la sécurité des systèmes d'information… LA COMMISSION INTELLIGENCE ARTIFICIELLE La notion d'Intelligence artificielle convient parfaitement aux secteurs de la robotique, des au-

Site de l’association : http://www.association-droit-robot.fr/

Nous sommes encore loin de l'Intelligence artificielle décrite dans le film A.I. Intelligence artificielle.


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JOURNÉE DE LA MOBILITÉ INNOVANTE LA RÉGION AUVERGNE, CHAMPIONNE DANS LE DOMAINE Le 22 janvier 2015, des scientifiques de la région de Clermont-Ferrand ont consacré une journée à la sécurité des véhicules et des navettes autonomes. L’occasion rêvée d'expliquer le fonctionnement de l'EZ-10, la nouvelle création de Ligier — qui a bénéficié de la collaboration de l'Institut Pascal… Organisée par le LabEx IMobS3 (Innovative Mobility : Smart and Sustainable Solutions) et le pôle de compétitivité ViaMéca, avec l’appui du Conseil régional d’Auvergne, cet événement a réuni une centaine de personnes selon les organisateurs. « L’objet de cette journée était de faire le point sur la sécurité de la nouvelle navette Ligier EZ-10, une voiture électrique autonome qui n’a besoin ni de conducteur, ni d’infrastructure. En effet, elle se déplace sur des trajets courts (à une vitesse réduite : entre 10 et 15 km/h), simples et programmés, grâce à ses technologies de guidage. Nous avons pu aussi discuter de plusieurs éléments liés à la conception et aux possibilités d’enrichissement mais aussi du niveau de sécurité d’un

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éventuel système de flotte. Nous avons donc abordé la question de l’utilisation de l’infrastructure des réseaux de caméras et étudié comment accroître la sécurité, dès lors que l’on fait rouler plusieurs navettes ensemble », a précisé Arnaud Boquillon, du pôle de compétitivité ViaMéca. Cette journée a permis aux industriels présents (Continental, Renault…) et aux scientifiques de discuter, de proposer des solutions et de découvrir les nouveautés en matière de sécurité proposées pour les véhicules autonomes. D’autre part, cette journée constituait une parfaite vitrine pour mettre en évidence les atouts de la région Auvergne sur ce marché, de réaliser des démonstrations de navettes autonomes et

d’aborder la question de la cohabitation entre l’être humain et ces véhicules… UN CONCEPT AUTO EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION Si cette journée dédiée à la sécurité des véhicules s’est déroulée à Clermont-Ferrand, ce n’était pas le fait du hasard… L ‘Auvergne a démontré depuis de nombreuses années son attachement au développement de la technologie des voitures autonomes. D’ailleurs, en 1995, des chercheurs mettaient déjà en avant leurs atouts en valorisant les connaissances nécessaires et en proposant des solutions. Et en 2011, le groupe Ligier, avec la collaboration de l’Institut Pascal,


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“Cette journée a permis aux industriels présents (Continental, Renault…) et aux scientifiques de discuter, de proposer des solutions et de découvrir les nouveautés en matière de sécurité proposées pour les véhicules autonomes.”

La navette autonome VIPA de Ligier en démonstration.

avait déjà présenté un premier prototype de navette, le VIPA (Véhicule Individuel Public Autonome) au Mondial de l’automobile… Au fil du temps, le concept a évolué et a donné naissance à l’Easy Mile EZ-10, présenté au Michelin Challenge Bibendum (Chengdu, Chine, du 11 au 14 novembre 2014). Cette navette autonome bénéficie d’une technologie innovante de guidage par vision artificielle (développée par l’institut Pascal, membre du LabEx IMobS3 — spécialisé donc dans la conduite autonome des véhicules urbains électriques). « La navette EZ-10 n’est ni équipée d’un volant, ni de pédales. Elle est capable de se localiser grâce à deux caméras intégrées qui permettent d’enregistrer les trajets effectués et de reproduire ces mêmes trajets lors des voyages suivants. La navette peut ainsi se localiser par rapport aux éléments environnementaux déjà mémorisés. Elle dispose aussi de capteurs et d’un système laser qui lui permet d’éviter les obstacles et d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite », a détaillé Bérangère Farges, du LabEx IMobS3. Cette navette s’adresse aux professionnels de l’industrie, aux sites privés chargés du transport des salariés, aux aéroports, aux parcs d’attractions, aux endroits dotés de grands parkings mais aussi aux hôpitaux et aux centres commerciaux (pas aux particuliers…). UN MARCHÉ D’AVENIR Afin de sensibiliser le public invité aux questions de sécurité liées aux véhicules autonomes, d’autres journées avaient été organisées auparavant. Elles concernaient notamment les différents domaines agricoles (vigne, culture, etc.). « Ils ont des besoins

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Une succession de voiturettes autonomes sur la plate-forme PAVIN, un campus qui leur est dédié à Clermont-Ferrand.

auxquels nous pouvons répondre par de la robotique mobile », a affirmé Arnaud Boquillon… Qu’il s’agisse de simples systèmes d’aide à la conduite (ADAS) ou bien encore de convois d’automobiles ou de poids lourds complètement autonomes sur la route, il semble que la France veuille donner une réelle impulsion à ce domaine dans les années à venir. (D’ailleurs, les véhicules à pilotage automatique faisaient partie des trente-quatre plans de la Nouvelle France Industrielle en 2013…) Les voitures connectées et celles qui sont à pilotage automatique intéressent grandement les professionnels et représentent un marché porteur. « La France est bien

placée et il existe très peu d’acteurs au niveau mondial qui possèdent ce niveau de maturité et lorsque je dis très peu, je pourrais dire pas du tout… Nous disposons donc d’un réel avantage et travaillons également sur un projet de système de flotte de cinq navettes au Centre de recherche Michelin de Clermont-Ferrand », a ajouté Bérangère Farges. Pour mettre aujourd’hui des voitures autonomes sur la voie publique, il faut attendre qu’une loi soit votée à ce sujet. Profitons-en : les technologies développées en France autour de ces véhicules les rendent très compétitifs… ■Darine Habchi

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LA FIRST LEGO LEAGUE MEUDON C'était la quatrième année que la ville de Meudon organisait une semaine dédiée à la robotique — avec conférences, spectacles, ateliers et compétitions — et la troisième qu’elle participait à la FLL : First LEGO League. Une compétition dont le thème, World Class Learning Unleashed, concernait cette année l’école du futur et a demandé beaucoup de travail aux jeunes équipes… Petit rappel : depuis 1998 et dans plus de soixante pays, LEGO organise chaque année des compétitions de robotique réunissant au total plus de 200 000 jeunes. Et cette compétition prend de plus en plus d’importance dans l’Hexagone. Un des plus grands gymnases de Meudon a accueilli l’événement (ainsi qu'un bâtiment attenant) pour permettre aux jeunes compétiteurs et aux visiteurs d'assister aux matches, de visiter les stands et de croiser les partenaires de l’événement (le CNRS, Jeulin, Le Cube GPSO, Exploradôme, Play-Well, l’ISTY, So Ouest Digital, etc.). Le samedi 24 janvier, dix équipes d’enfants âgés de neuf à seize ans ont dû affronter des conditions climatiques difficiles et trouver des solutions de secours pour se rendre à Meudon, les transports scolaires étant perturbés par le plan Vigipirate. Grâce à une retransmission en direct (YouTube

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Live), les caméras ont quadrillé les faits et gestes de tous les compétiteurs. Quatre arbitres surveillaient les parties, limitées à 2 min et 30 s. (Une quinzaine de missions doivent être accomplies par les robots qui se repèrent sur leur « natte de jeu ». Il faut pousser, tirer des leviers, des portes, et des clefs dans un ordre précis — mais attention : une fois le robot lancé, l'équipe n'a plus le droit de le toucher tant qu'il ne rentre pas tout seul dans sa base pour des pénalités. Des surprises surviennent çà et là : le match ne donne jamais les mêmes résultats que pendant la répétition… En effet, l'éclairage différent peut fausser les capteurs, des roues peuvent légèrement glisser sur un plateau neuf, sans oublier les piles, qui doivent être surveillées régulièrement. Tous les participants ont fait preuve d'une motivation et d'un sang-froid dignes de futurs ingénieurs en robotique, captivés qu’il étaient par leur petit bolide autonome en briques !)


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“Puis vint le moment de la remise des prix… C'est le NAO en personne, avec son tee-shirt personnalisé, qui lança la cérémonie grâce aux étudiants de l'ISTY.”

tique, ont avoué avoir longtemps travaillé sur le NAO pour cette petite scène. Le faire se lever d'un siège n'est pas dans ses habitudes et a demandé des calculs précis. Et guider le NAO tenu par la main a exigé également un travail de précision…)

NAO SUPERSTAR Mais il ne faut pas oublier que la compétition ne s'arrêtait pas aux matches entre robots : chaque équipe était jugée sur la conception et la qualité de la programmation mais aussi sur l’esprit d'équipe par un jury spécial (sans oublier un exposé oral). Une véritable soutenance de thèse ! Parmi les projets présentés figuraient l'utilisation d'un NAO pour enseigner à l'école et d’un autre qui utilisait des capteurs de couleurs pour apprendre aux plus jeunes à mémoriser le nom

des couleurs ou encore leur enseigner l'espagnol sous forme de jeu interactif. Puis vint le moment de la remise des prix… C'est le NAO en personne, avec son tee-shirt personnalisé, qui lança la cérémonie grâce aux étudiants de l'ISTY. Le petit robot échangea avec l'un des présentateurs, abandonna sa lecture, se leva de son siège spécialement conçu et arriva sur la scène, accompagné par une petite fille du public qui le guidait en le tenant par la main. (Les étudiants de l'ISTY, école très active en robo-

LA SUITE… JPForever, Ulis Robotique et Eiffel Team ont été qualifiés pour la compétition nationale (à Nevers en février). AFV Robotique a obtenu le prix Esprit d'équipe, Nanterre le prix Design et programmation, les BrickCodeurs Projet et l'équipe Eiffel Team a eu Match sur table. La FLL terminée, la ROBOT PARTY a continué jusqu'en février avec les ateliers Arduino et LEGO PARTY, une journée d'initiation aux imprimantes 3D… Vous retrouverez le programme sur le site du service multimédia de Meudon (http://www.multimedia-meudon.fr/). ■ Cédric Vasseur (Un grand merci et bravo à Yvan Duguay et à Caroline Bayart — les piliers de cette ROBOT PARTY depuis ses débuts — et à tous les participants de cet événement.)

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L'imprimante 3D personnelle Cube de 3D Systems.

L'IMPRESSION 3D

COMMENT FONCTIONNE-T-ELLE ?

Comme nous le disons à ceux qui se demandent pourquoi nous incluons l'impression 3D dans la robotique, l'imprimante 3D est tout simplement un robot trois axes muni d'une tête extrudeuse… Cette vision certes simpliste résume bien ce que nous allons décrire dans cet article… Imaginée pour la première fois par Arthur C. Clarke (l’auteur de 2001, l'odyssée de l'espace) dans sa nouvelle La machine à répliquer dans les années 1960, l'impression 3D a mis à peine vingt ans pour connaître ses premiers prototypes fonctionnels. Cela fait donc déjà plus de trente ans que Charles W. Hull a inventé le principe de la stéréolithographie et fondé 3D Systems en 1986 pour exploiter son invention. Dès 1988, l'imprimante 3D SLA-2502 fut construite en série. À cette époque, même si le terme d'imprimante 3D était déjà utilisé, il s’agissait plus d’une machine à prototypage rapide. Scott et Lisa Crump créèrent l’entreprise Stratasys en 1988 afin de proposer leur propre im-

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primante 3D selon un nouveau concept, le FDM (Fused Deposition Modeling). Ce principe est aujourd'hui celui qui est utilisé dans les imprimantes 3D personnelles. Mais un nouveau procédé naquit en 1993 au MIT, le 3DP (Three Dimensional Printing). Ce système reprenait les bases d'une imprimante 2D à jet d'encre conventionnelle pour l’adapter à l'impression 3D. En 1995, la société Z Corporation avait acquis le droit exclusif de l'exploitation de cette invention, jusqu'à ce que 3D Systems la rachète en 2012. Et en ce début d'année 2015, la société Carbon3D a présenté un nouveau système, le CLIP (Continuous Liquid Interface Production). Cette

technologie permet de multiplier de vingt-cinq à cent fois la vitesse d'impression (qui est de plusieurs heures sur les imprimantes d'aujourd'hui). L'imprimante n'imprime plus couche par couche mais en continu. L'ARRIVÉE DE L'IMPRESSION 3D PERSONNELLE Pendant des décennies, l'impression 3D a été dominée par quelques sociétés qui fermaient leurs inventions, en freinant toute idée de reproduction et en profitant de leur monopole pour pratiquer des tarifs élevés, réservant l'impression 3D à de riches industriels… Dans la seconde moitié des années 2000, les copyrights


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“Imaginée pour la première fois par Arthur C. Clarke (l’auteur de 2001, l'odyssée de l'espace) dans sa nouvelle La machine à répliquer dans les années 1960, l'impression 3D a mis à peine vingt ans pour connaître ses premiers prototypes fonctionnels.” LA TECHNOLOGIE SLA (STEREOLITHOGRAPHY APPARATUS OU PHOTOPOLYMÉRISATION) Technique employée par 3D Systems sur ses premiers modèles d'imprimantes 3D, le SLA repose sur le fait que certaines résines se polymérisent sous l'effet de la chaleur et de la lumière… Le principe consiste donc à projeter un rayon UV dans un bain de résine liquide, couche après couche. Le rayon étant fixe, le plateau contenant le liquide se déplace dans toutes les directions et descend d'un cran après que chaque couche est imprimée. (Sur certains modèles, le plateau ne fait que descendre et c'est le rayon UV qui se déplace.) Une fois l'objet terminé et nettoyé des résidus par dissolution, il est souvent cuit afin d’être fixé définitivement. Les objets créés selon ce principe ne sont pas très solides et ne peuvent servir que de prototypes ou de moules pour les pièces finales.

LA TECHNOLOGIE FDM (FUSED DEPOSITION MODELING) Aujourd'hui principe le plus répandu, le FDM consiste en une tête d'écriture comparable à un four, qui fait fondre la matière fournie afin de la déposer sur le plateau, couche après couche. En refroidissant, la matière durcit et finit par former l'objet. La tête d'écriture est un système d'extrusion qui reçoit la matière, la plupart du temps sous la forme d'un fil placé sur l'imprimante en rouleau.

LA TECHNOLOGIE 3DP (THREE DIMENSIONAL PRINTING) À la manière d'une imprimante à jet qui projette de l'encre sur une feuille, le système 3DP projette des microbilles de glu (un liant) sur un lit de poudre reposant sur une surface… Une fois la couche terminée, une nouvelle épaisseur de poudre est déposée et les têtes d'impression recommencent leur travail. Quand l'objet est terminé, il suffit de le nettoyer en supprimant la poudre résiduelle. Les imprimantes 3D exploitant ce principe s'appellent des ZPrinter, en rappel de Z Corporation. Elles sont principalement utilisées dans le monde industriel.

LA TECHNOLOGIE CLIP (CONTINUOUS LIQUID INTERFACE PRODUCTION) Cette technique reprend les caractéristiques du bain de résine photosensible mais il n'y a plus de rayon UV situé au-dessus du plateau. Au contraire, un projecteur situé sous le récipient de résine fixe la matière le long de la paroi inférieure. Le plateau est désormais placé audessus et retire peu à peu l'objet du bain. N'étant plus soumis aux différentes couches, il est de plus beaucoup plus solide…

tombant peu à peu, divers projets purent commencer à surgir sans se voir attaqués par les détenteurs des droits. C'est ainsi qu'en 2005, les projets libres Fab@Home (Cornell University, États-Unis) et RepRap (Bath University, GrandeBretagne) ont vu le jour. Étant libres et open hardware, leurs plans étaient disponibles librement sur Internet et n'importe qui pouvait les reproduire, les améliorer et redistribuer leurs modèles. Ces deux imprimantes utilisaient le principe de la technologie FDM mis au point par Stratasys. L'atout maître de la RepRap : certaines pièces de ses pièces sont elles-mêmes reproduites avec l'imprimante, ce qui implique une autoréparation — voire une autoréplication. (La plupart des imprimantes 3D de bureau d'aujourd'hui se basent sur ces deux projets initiateurs.) FABRICATION ADDITIVE L'impression 3D, contrairement aux machines CNC (des machines-outils à commande numérique), extrait de la matière d'un bloc jusqu'à obtenir l'objet désiré ; et l'imprimante 3D crée couche après couche à partir d'une matière qu'elle reçoit ou dans laquelle elle baigne. Une tête se déplace sur un plateau et dépose la matière suivant un modèle 3D numérique provenant d'un logiciel de CAO (conception assistée par ordinateur). Une fois la couche terminée, le plateau descend et la tête extrudeuse recommence son travail pour la couche suivante — et ainsi de suite. DES IMPRIMANTES 3D À PARTIR DE QUELQUES CENTAINES D'EUROS Aujourd'hui, l'impression 3D est à la portée du plus grand nombre… Pour quelques centaines d'euros, des imprimantes 3D commencent à se montrer dans les rayons des grandes surfaces et font concurrence aux machines vendues depuis quelques années sur Internet. Dans moins d'une décennie, ce sera un outil tout ce qu'il y a de plus banal… Et vous, quand vous y mettez-vous ? ■Screetch

La tête extrudeuse dépose couche après couche la matière qui formera l'objet définitif.

QUEL LOGICIEL UTILISER POUR DÉBUTER ? Vous venez d’acheter une imprimante 3D et vous voulez produire vos propres modèles ou retoucher ceux qui sont disponibles sur Internet ?… Voici une petite sélection de logiciels disponibles pour vous aider… — Le Trimble Sketchup. Il appartenait autrefois à Google et a souvent gardé le nom de Google Sketchup dans les esprits. Il appartient désormais à Trimble depuis 2012. Ce logiciel de modélisation 3D est facile à prendre en main grâce à une interface très intuitive et des milliers de tutoriels présents sur Internet. Le Sketchup existe en version gratuite ou payante, suivant vos besoins, et fonctionne sur Windows et Mac. — Le Wings 3D. Ce logiciel est un outil de conception 3D libre et multiplate-forme. Son utilisation est à mi-chemin du Sketchup et du Blender. Il permet de faire autant de choses que le Sketchup tout en étant beaucoup plus simple que le Blender. Et contrairement au Sketchup, le Wings 3D exporte gratuitement ses fichiers au format STL (utilisé par la plupart des imprimantes 3D du marché). — Le Blender. Pour les férus d'imagerie 3D, le Blender est un outil professionnel libre. Il est impressionnant par ses possibilités de création mais son interface a besoin de nombreuses heures pour pouvoir être comprise. C’est un outil à réserver aux connaisseurs. Né sur Amiga en 1989 sous le nom de Traces, ce logiciel est depuis multiplate-forme et l'Amiga reçoit toujours ses mises à jour !

L'imprimante ATCube d'ATC3D — une imprimante personnelle à petit prix.

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L’imprimante 3D Delta Atom 2.0, pour de grands volumes, a récemment obtenu un financement participatif qui représentait le double de ses espérances.

L'IMPRESSION 3D POURQUOI FAIRE ? Simple effet de mode ou mouvement durable ? L'impression 3D étonne encore, fascine les initiés et fait exploser l’esprit créatif de ses utilisateurs. Nombreux sont ceux qui s'apprêtent à sauter le pas ou ont même déjà acheté l'objet de leur convoitise… Une fois l'imprimante 3D sur un bureau, après avoir imprimé deux ou trois objets rigolos téléchargés sur Thingiverse, que fait-on d’elle ?… Reste-t-elle dans un coin en attendant d'impressionner les amis qui viennent dîner à la maison ou bien se montre-t-elle utile dans la vie de tous les jours ? LES TROIS ÉTAPES DE LA VIE D'UNE IMPRIMANTE 3D Pour la plupart des utilisateurs, l'imprimante 3D commence par être un objet high-tech qui va imprimer des objets les uns à la suite des autres,

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à la manière d'une petite usine. Souvent parfaitement inutiles, ces objets téléchargés sur Internet ou dessinés sur un logiciel 3D ne présentent que peu d'intérêt. Ils ne font qu’étancher la soif de curiosité de l’acquéreur… Après qu’on a vidé son rouleau de fil une première fois, la lassitude peut se faire ressentir. Les défauts des objets imprimés déçoivent grandement ceux qui fondaient trop d'espoirs : pièces qui se cassent dans le sens des couches de l'impression, couleur unique sur chaque objet, faible résolution de l'impression, temps d'impression, odeurs de plastique fondu… L'utilisateur a ten-

dance à reléguer son imprimante 3D dans un coin — certains la revendent même après seulement quelques jours ou semaines d'utilisation… Mais généralement, au fil du temps, l'impression 3D reste un objet de préoccupation puis des idées arrivent et mûrissent… Un jour, elle revient sur son bureau et reprend du service (plus modérément). Les objets imprimés dans cette nouvelle phase deviennent plus recherchés et répondent à un réel besoin. L'utilisateur a fini par comprendre les grands principes de cette impression 3D et sait déjouer ses lacunes. Il ap-


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“Les pièces de rechange imprimées peuvent prendre place dans de nombreux domaines, que ce soit dans l'équipement de votre foyer ou dans la gestion de votre outillage professionnel.”

Adobe, spécialiste de l’édition de l’image, est désormais devenu constructeur d’imprimantes 3D. Ici, un concept de la future Spark.

Des bases de données sur Internet proposent des milliers d’objets à télécharger puis à imprimer. (Crédit photo : Creative Tools.)

Les imprimantes 3D de bureau arborent maintenant une esthétique professionnelle, ce qui change des premiers modèles. Ici, la Form 1+ de FormLabs.

prend à placer des objets sur la table d'impression et à renforcer certaines parties de ses modèles 3D. Et il saura réduire le temps d'impression en jouant sur les paramètres, tout en gardant une certaine qualité de finition. RÉPARER La première utilisation d'une imprimante 3D est souvent la réparation. Elle permet alors de créer des pièces de rechange afin de prolonger la vie des objets. (Votre bouton de machine à laver est cassé ou la télécommande de votre télévision a perdu son cache-piles. Apprenez à maîtriser un logiciel de dessin 3D comme Sket-

chup ou Blender et représentez la pièce manquante sur votre écran en utilisant ses cotes ! Il ne faut pas oublier de faire le tour d'Internet, dans les bases de données d'objets : votre pièce y a peut-être déjà été modelée. Une autre solution consiste à copier un objet déjà existant par le biais d'un scanner 3D. Votre voisin possède la même pièce, encore en état, numérisez-la et imprimez ensuite son double. Attention, il est conseillé de retoucher l'objet sur un logiciel 3D afin de supprimer les éventuels défauts du scanner, de la même manière que l'on retouchera une photo scannée avant de l'imprimer…)

Les pièces de rechange imprimées peuvent prendre place dans de nombreux domaines, que ce soit dans l'équipement de votre foyer ou dans la gestion de votre outillage professionnel. La solidité suffit dans la plupart des cas ou alors on peut procéder à un remplacement de fortune en attendant d’acquérir une pièce plus solide, ce qui permet de vous resservir de l’objet en quelques heures seulement. À la maison, nombreux sont mes objets du quotidien à posséder une pièce réimprimée en 3D. Le patchwork imposé par la couleur de votre fil rappelle le rapiècement des pantalons de notre enfance. Mes vieilles télécommandes ont désormais un superbe cache-piles bleu et un meuble de mon atelier possède un joli angle bleu en contraste parfait avec le reste de sa structure. À vous les joies de l'évitement de l'obsolescence programmée ! IMPRIMER TEL QUEL Il n'y a pas que du mauvais dans les bases de données d'objets comme Thingiverse — très loin de là. Nombre d’entre eux ont une réelle utilité.Vous y trouverez, pêle-mêle, des jetons de caddy jusqu'à des robots humanoïdes grandeur nature complets à imprimer, comme l’InMoov, à assembler et à compléter par des moteurs et divers câbles. Des pièces pour fabriquer des drones y sont également présentes. Sur Thingiverse, il est également possible de personnaliser les pièces avant de les télécharger (vous pouvez

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DES MAISONS IMPRIMÉES EN 3D L'idée de construire des bâtiments à l'aide d'imprimantes 3D géantes a germé il y a quelques années et déjà des prototypes naissent un peu partout sur la planète…

Cette immense villa a été imprimée par la société chinoise WinSun.

L’Agence spatiale européenne (ESA) étudie un concept d’impression 3D de dômes protecteurs pour de futures habitations sur la Lune.

ainsi ajouter votre nom à un rond de serviette ou à une coque de téléphone). Et beaucoup d’objets du quotidien sont téléchargeables (paires de ciseaux pour enfants, découpeurs de fruits, supports de brosses à dents, charnières de meubles, boîtiers pour ordinateurs Raspberry Pi et même un tabouret !)… INNOVER Chacun possède l'âme d'un créateur, quitte à s'inspirer de ce qui existe… À vous de reprendre un fichier existant et de l'améliorer pour le personnaliser ou lui donner une fonction supplémentaire. Si l'on revient sur le robot humanoïde InMoov, certains en perfectionnent quelques pièces pour une utilisation spécifique : prendre une des mains de l’InMoov pour en faire

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une prothèse, par exemple. C'est souvent en modifiant un modèle existant que l'on apprend à manipuler les logiciels d'édition 3D, plutôt qu’en partant d'un fichier totalement vide ! CRÉER Enfin, une fois tous les maillons de l'impression 3D maîtrisés, il est temps de créer vos propres pièces. Et là, seule votre imagination sera votre limite. Les nouveaux usages de l'impression 3D sont à développer. Tout est encore à inventer car l'impression 3D est un outil très jeune et ses usages les plus importants n'ont probablement pas encore germé dans la tête des futures stars de cette industrie… ■Screetch

Il y a un peu plus d'un an, la société chinoise WinSun a présenté une imprimante haute de 6 m pour 30 m de longueur et 10 de largeur. Elle dépose des couches de béton issues du recyclage de déchets industriels et forme une dizaine de maisons en moins de 24 h ! Certes, seuls les murs et une partie du toit sont terminés, mais c'est déjà un grand pas… Et il est même possible de créer des décors (à l’intérieur et à l’extérieur). Le prix de revient d'une de ces maisons est estimé à 4 500 € seulement. Plus récemment, au début de cette année, WinSun a refait parler d'elle en ne fabriquant plus une maison mais un immeuble entier de cinq étages. Les murs ont été cette fois imprimés les uns après les autres avant d'être assemblés pour former l'immeuble entier. Aujourd'hui, WinSun envisage de construire une douzaine d'usines en plein désert en se servant du sable pour fabriquer le béton. (Les premières imprimantes 3D géantes de l'entreprise sont déjà prêtes à être commercialisées aux quatre coins du monde.) WinSun n'est pas la seule société à investir dans ce domaine : l'imprimante de Berkoh Khoshnevis, de l'université de Californie, permet de réaliser une maison de 230 m² en 24 h. Et Amsterdam abrite la Canal House, créée par DUS Architects. C’est une maison assemblée à partir de gros blocs de plastique imprimés en 3D. Elle disposera, une fois terminée, de treize chambres. La France commence elle aussi à se réveiller : la start-up Machines-3D, un revendeur d'imprimantes 3D, s'est alliée avec le designer belge Gaël Collaro pour développer une imprimante 3D à béton qui imprimera la future résidence universitaire du CROUS de Lille. Leur point fort a été d'imaginer de nouvelles formes de bâtiments, qui ne sont plus le résultat des contraintes classiques de fabrication. L'industrie spatiale croit énormément à ces technologies et commence à penser qu'il est plus simple et plus économique d'envoyer une imprimante 3D sur la Lune ou même sur Mars pour construire une future base spatiale habitée à partir du régolithe du sol plutôt que d'acheminer un à un les modules de la future base…

La Canal House, construite à partir d’éléments imprimés de matière plastique — telle qu’elle devrait apparaître à Amsterdam une fois terminée…


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LA STRATI DE LOCAL MOTORS

UNE RÉVOLUTION AUTOMOBILE

Avec la Strati, la première voiture imprimée en 3D, Local Motors vient d’accaparer l’attention des médias. Mais loin de se cantonner dans la réalisation de ce véritable exploit, la société états-unienne veut réinventer l’industrie automobile… Elle a fait la une de tous les médias des ÉtatsUnis… La Strati a été l’une des stars du salon de l’automobile de Detroit. Pourtant, cette modeste voiture électrique dont la mécanique et le moteur ont été prélevés sur une Renault Twizy fait plutôt pâle figure face à la Ford Mustang Shelby GT350E ou la Porsche Cayenne Turbo S qui ont été dévoilées à Detroit. Le futur de l’automobile est cependant bien contenu dans cette petite voiture sortie d’une imprimante 3D… Les puristes diront d’ailleurs que la Strati n’est pas la première voiture entièrement produite en impression 3D. En 2010, Jim Kor avait sorti l’Urbee, une petite monoplace hyperaérodynamique, équipée d’un minuscule moteur de 5 cv. Elle avait été réalisée avec l’aide du constructeur d’imprimantes 3D Stratasys en plastique grâce

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“L’impression 3D en elle-même de la voiture mobilise la machine durant près de quarante-cinq heures. Un délai qui fait certainement sourire les industriels dont les chaînes produisent plusieurs milliers de véhicules chaque jour…”

Le procédé d’impression 3D de la Strati a été mis au point avec le concours du Laboratoire national d’Oak Ridge du département de l’Énergie des États-Unis, qui mena le projet Manhattan durant la Seconde Guerre mondiale.

S Dès le départ, le châssis de la Strati a été pensé pour l’impression 3D : il se compose seulement d’une vingtaine de pièces, sur lesquelles les éléments mécaniques de la voiture viennent se boulonner…

à la technologie FDM sur une structure en tubes de métal. Avec sa voiture, Local Motors a totalement revu l’approche. Le constructeur imprime d’une seule pièce le châssis, qui fait fonction de carrosserie. UNE IMPRIMANTE MAXIFORMAT ET UN NOUVEAU PROCÉDÉ D’IMPRESSION Avec une telle approche, plus question d’utiliser les imprimantes 3D du marché : leur taille est beaucoup trop restreinte pour sortir un châssis automobile… La société Local Motors s’est

donc tournée vers Cincinnati Incorporated, un constructeur de machines-outils. Et avec le concours du Laboratoire national d’Oak Ridge, elle a mis au point une imprimante grand format qui a permis d’imprimer la Strati. Ce nouveau type d’imprimantes 3D — les BAAM (Big Area Additive Manufacturing) commence à apparaître dans le secteur de la construction pour imprimer des maisons et maintenant des immeubles. Autre différence avec l’impression 3D traditionnelle, le matériau employé. Impossible d’utiliser le plastique pour fabriquer la structure d’une

voiture… Même le plastique ABS le plus dur n’est pas assez résistant pour fournir un châssis suffisamment rigide et léger. Local Motors a donc choisi un matériau constitué d’ABS renforcé de fibres de carbone, un composite à la fois rigide et léger. Il est chauffé entre 225 et 250 °C, de manière à être déposé couche par couche et ainsi former les pièces de la voiture. (Il faut près de 730 kg de ce matériau pour imprimer une Strati complète. Le modèle actuel nécessite deux cent douze couches qui sont déposées au rythme de 16,36 kg par heure.) Le premier exemplaire a été imprimé sur le stand de Local Motors lors de l’International Manufacturing Technology Show, le grand salon états-unien de l’industrie, en septembre dernier. Chaque visiteur a pu suivre de visu le process de fabrication complet, avec l’impression ellemême, la phase de finition de la coque puis le montage des éléments mécaniques et électriques par les mécanos. Un premier galop d’essai avant le grand salon automobile de Detroit où un second exemplaire, légèrement modifié, a été produit de la même façon, au milieu des visiteurs… PLUS QU’UNE SIMPLE VOITURE : UNE NOUVELLE APPROCHE DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE L’impression 3D en elle-même de la voiture mobilise la machine durant près de quarantecinq heures. Un délai qui fait certainement sourire les industriels dont les chaînes produisent

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LA STRATI DE LOCAL MOTORS

Montage des pièces de la Strati.

Au volant de la Strati, voici John Rogers, un ancien marine devenu consultant, investisseur et enfin patron de Local Motors, qui veut bousculer les industriels automobiles traditionnels.

La Strati a déjà ses adeptes…

La Strati est entièrement produite en impression 3D, à l’exception notable des pièces mécaniques — notamment le moteur et les accessoires, encore fabriqués de manière traditionnelle…

plusieurs milliers de véhicules chaque jour… John Rogers, le fondateur de Local Motors estime qu’il pourra limiter le processus d’impression à vingt-quatre heures d’ici quelques mois — et peut-être même rivaliser avec la dizaine d’heures qui sont nécessaires pour construire une voiture traditionnelle. Mais le pari de Rogers est bien plus ambitieux que cela. Avec Local Motors, l’entrepreneur veut remettre en cause le modèle industriel des constructeurs actuels, qui se base sur de très grandes usines comportant des chaînes de montage abreuvant tout un continent (voire le monde entier) en produisant des milliers de véhicules chaque jour… Une organisation qui demande des investissements colossaux et une logistique pesante pour livrer les véhicules aux

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concessions à travers le monde. Face à ce modèle, Rogers propose l’open source et le concept de micro-usines. Même Elon Musk, le fondateur de Tesla Motors, auquel il avait présenté le concept il y a quelques années, n’y avait pas cru ! CO-INNOVATION ET COMMUNAUTÉ DE TRAVAIL Chez Local Motors, c’est la communauté qui dessine et conçoit les voitures. Le premier modèle de la marque, la Rally Fighter, a été conçu par des ingénieurs volontaires qui ont donc travaillé de manière communautaire pour dessiner chaque pièce du véhicule de leurs rêves. (Les plans ont été publiés sous licence Creative Commons.) Enfin, pour son projet de voiture électrique imprimée en 3D, l’entreprise a lancé

un défi aux designers. Plus de deux cents d’entre eux ont soumis leur vision de la voiture imprimée en 3D et c’est le design d’un Italien (Michele Anoè, alias Harlock) qui a remporté le concours ; il peut aujourd’hui voir rouler sa création ! John Rogers croit à l’open source et à la co-innovation ; il croit aussi au concept de microusine. L’usine Local Motors de l’Arizona qui produit les Rally Fighter est à peine plus grosse que le garage d’une concession automobile. Et la Strati a même pu être imprimée et assemblée sur un stand de foire, au milieu du public ! Son idée consiste donc à installer des micro-usines le plus près possible des consommateurs, dans chaque centre urbain. Plus besoin de bateaux géants chargés de milliers de véhicules sillonnant les océans entre le Japon, la Corée, l’Europe, les Amériques et l’Afrique ! Plus de gigantesques parkings pour stocker les voitures en attente de clients… En installant ces micro-usines là où les voitures sont achetées, Local Motors estime que les coûts logistiques liés à la commercialisation pourraient chuter de 97 %. Outre l’impact positif sur l’environnement, cette approche permettrait de recréer des emplois au niveau local et pas seulement dans les pays low cost. L’approche aura aussi un impact sur l’innovation. La mise sur le marché de nouveau modèles sera bien plus rapide : il suffira de distribuer les fichiers 3D du nouveau véhicule à toutes les micro-usines pour qu’elles puissent commencer à le produire…

■Alain Clapaud


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LES DRONES S’INVITENT AU RESTAURANT…

Les drones ne sont plus réservés aux militaires : ils sont devenus les cadeaux à la mode… (Et les « dronies », ces autoportraits pris avec un appareil volant télécommandé, pourraient bien remplacer les selfies en 2015.) Loin de se limiter à la simple prise de vue, ils pourraient remplir d’autres tâches : la société Infinium Robotics veut les transformer en serveurs destinés aux restaurants de Singapour… En Chine, des robots serveurs avaient déjà fait leur apparition dans plusieurs établissements mais Infinium Robotics, basée à Singapour, a mis au point un nouveau concept qui pourrait bien révolutionner le secteur de la restauration. Car contrairement à ses concurrents qui proposent des robots sur roulettes pour servir les gourmets, cette société a choisi la voie des airs. Son projet — Infinium-Serve — met en œuvre des drones autonomes qui apportent directement les assiettes aux clients. Une idée qui a germé dans la tête du P-DG, Woon Jun Yang, après qu’il

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avait constaté que l’espace réduit des salles et l’arrivée en masse de bouches affamées lors du coup de feu n’étaient pas compatibles avec des robots terrestres… UN SERVEUR VOLANT ÉQUIPÉ D’UN SYSTÈME ANTICOLLISION Infinium Robotics, fondée en 2013, s’est donc spécialisée dans la création de robots aériens. Trois ans de travail ont été nécessaires pour qu’un prototype de robot serveur puisse voir le

jour. Faire évoluer un drone dans un environnement fermé constitue un véritable défi technique… L’entreprise a donc développé son propre contrôleur de vol à commande prédictive, qui permet de planifier les trajectoires. (La marge d’erreur dans le positionnement du drone n’excède donc pas un centimètre.) L’Infinium-Serve est en fait contrôlé par un système de pistage infrarouge et un système de positionnement par triangulation des signaux transmis par ondes radio. Il est également équipé de caméras numériques indispensables à la navigation…


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“L’entreprise a donc développé son propre contrôleur de vol à commande prédictive, qui permet de planifier les trajectoires. (La marge d’erreur dans le positionnement du drone n’excède donc pas un centimètre.)”

Dans un proche avenir, les drones d'Infinium Robotics devraient être plus petits — afin de ne pas gêner les clients dans leurs déplacements.

L’Infinium-Serve a impressionné le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong.

ver des charges plus lourdes. Enfin, l’autre atout du drone, c’est sa vitesse : poussé au maximum, il franchit jusqu’à trois mètres par seconde. De plus, Infinium Robotics l’a équipé d’un système PnP qui en facilite la programmation. Et lui a intégré des capteurs anticollision — un sonar et des caméras RGB, qui lui permettent de détecter et d’éviter les obstacles. C’est un véritable atout commercial car plusieurs drones peuvent ainsi travailler au sein d’un même établissement sans risquer le moindre accident. BON POUR LE SERVICE EN 2015

Il n'y a plus qu'à se servir !

Les modèles de moteur dépendent de la charge qu’il doit supporter : Infinium Robotics travaille actuellement avec des moteurs X4, X8 ou Hexa. Le fonctionnement du drone serveur apparaît simple : pas de commande manuelle, il suffit de poser les boissons et les assiettes sur le plateau puis de préprogrammer son itinéraire et le numéro de la table de destination. Il sait

donc où apporter les plats, comment naviguer dans le restaurant et s’arrête ensuite à la hauteur de la table pour que les clients puissent se saisir de leurs assiettes. L’avantage de ce robot ? Il peut s’adapter à tous les types de salles. Costaud, il peut porter jusqu’à 2 kg de nourriture… Mais l’entreprise travaille déjà à de nouvelles versions de l’Infinium-Serve, qui pourront soule-

« L’Infinium-Serve n’a pas pour but de remplacer la main-d’œuvre humaine », affirme Woon Jun Yang. Selon lui, le secteur de la restauration à Singapour souffre d’un manque de personnel et les serveurs ne pouvant s’occuper de tous leurs clients de façon satisfaisante, le drone pourrait donc leur permettre de se focaliser sur le conseil à la clientèle. L’entreprise vient de soumettre son prototype à un bêta-test et le lancement de l’Infinium-Serve est prévu pour la fin de l’année 2015. Les curieux pourront le découvrir dans l’un des cinq établissements du groupe Timbre, une chaîne de restaurants très connue de Singapour. Mais le quadricoptère pourrait rapidement s’expatrier, toujours selon Woon Jun Yang : « Nous avons des commandes de restaurants des Pays-Bas, des États-Unis, du Brésil, du Japon et d’Espagne. Le succès de nos robots est vraiment incroyable ! » ■Coralie Baumard

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Au de Rome projet entre entrep frança mené Aldeb


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OSHBOT UN ROBOT D'AIDE À LA CLIENTÈLE

En octobre dernier, la société états-unienne Fellow Robots présentait l’OSHbot, un robot conseiller de vente polyvalent, destiné à accueillir les clients et à les guider dans leurs achats. Revenons donc sur ce bel outil technologique qui réinvente en quelque sorte l'expérience du consommateur dans les magasins… Vous avez sans doute remarqué cette volonté nouvelle des industriels, qui choisissent de promouvoir leurs produits en employant des robots. Après le NAO (engagé par Darty dans un de ses magasins parisiens pendant quatre jours pour y faire de l'animation), le Pepper (recruté par l’opérateur Softbank Telecom Mobiles puis par Nespresso pour accueillir et conseiller les clients sur des points de vente au Japon) ; et aussi le robot de téléprésence Beam (chez LICK — des magasins d’objets connectés), AndyVision (le robot vêtu d’un pull à capuche et destiné à faciliter la gestion des stocks), c'est au tour de l’OSHbot, un robot de services nouvelle génération de faire son apparition… Développé conjointement par l'entreprise de robotique Fellow Robots, basée dans la Silicon

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Valley, et les équipes du laboratoire d’innovation du groupe Lowe’s, l’OSHbot est actuellement testé dans un magasin de matériel de bricolage et de construction, l’Orchard Supply Hardware, une filiale de Lowe’s installée à San Jose (Californie). Le robot, véritable assistant de vente pour le personnel comme pour les clients, est testé afin de mieux comprendre la manière dont ses semblables peuvent prendre le relais des vendeurs. LES CARACTÉRISTIQUES DE L’OSHBOT Avec 152 cm pour 38,5 kg, l’OSHbot — tout blanc et aux lignes épurées — ressemble à un robot de téléprésence. Il possède deux écrans tactiles disposés à l’avant et à l’arrière pour in-

teragir avec les clients et leur permettre de faire des recherches grâce à sa base de données. Il suffit ainsi au client de scanner le code-barres d'un objet ou de le présenter directement au robot, pour qu’il soit identifié et localisé. Il peut ensuite conduire l'intéressé jusqu'au rayon désiré. Il est également capable de renseigner sur l'approvisionnement d'un produit et de faire gagner du temps (il fait l'inventaire en temps réel et évite ainsi les ruptures de stock). Ses écrans lui permettent aussi de présenter les promotions en cours… Grâce à un scanner 3D et à un système de capteurs lasers intelligents, il se montre capable de détecter et de distinguer une personne qui se trouve devant lui afin d'aller à sa rencontre sans percuter les autres passants.


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“Pour Lowe’s, cette expérimentation est une façon de tester ces robots afin de déterminer leurs capacités en matière d'amélioration du service des clients.” FICHE TECHNIQUE DE L’OSHBOT Écran à l'avant : 19,5 po (tactile/information client et gestion des stocks) Écran à l'arrière : 29 po (tactile/écran promotionnel) Taille : 152 cm Poids : 38,5 kg Reconnaissance et dispositif vocaux Scanner 3D (détection des corps humains) Systèmes de capteurs lasers intelligents, évitement d'obstacles et navigation autonome

constants et coûtent cher… Ainsi, en optimisant leur temps de travail, les entreprises pourront à long terme faire quelques économies. Mais si en Europe et aux États-Unis, les entreprises considèrent les robots comme des assistants possibles pour le personnel, comme une nouvelle approche dans la communication avec le client — une façon d'améliorer le service et leur expérience —, au Japon, la robotisation est L’OSHbot en train d'interagir avec un client lors d'une démonstration. Dans son dos, un écran proposant une promotion…

L’OSHbot est même doté d'un dispositif vocal qui lui permet de communiquer avec les clients en anglais et en espagnol (d'autres langues feront leur apparition). Enfin, il se met en relation avec les employés du magasin ou avec une autre boutique de l'enseigne lorsque les sollicitations des clients sont trop pointues pour lui… Lowe’s a indiqué que lors de la première utilisation, il a fallu quelques heures pour que le robot prenne ses marques, se déplace dans le magasin afin d'analyser son environnement, identifier les articles dans les rayons et mettre en place un plan de navigation autonome. UNE EXPÉRIENCE D'ACHAT RENOUVELÉE Pour Lowe’s, cette expérimentation est une façon de tester ces robots afin de déterminer leurs capacités en matière d'amélioration du service des clients. En leur offrant une expérience d’achat innovante, la société fait d'une pierre deux coups : elle attire le consommateur par le côté attrayant et ludique des machines et délègue aux robots les fonctions subalternes afin de débloquer du temps pour les employés, qui peuvent alors effectuer des tâches plus importantes. Que les vendeurs se rassurent donc : les robots ne sont pas là pour voler leurs emplois ! L'objectif consiste à libérer le personnel de certains services, faciles à automatiser et qui ne nécessitent pas leur présence. Les vendeurs pourront se focaliser sur des questions plus complexes et des activités non automatisables comme le conseil et la relation avec les clients. De plus, les vendeurs humains prennent des pauses, sont in-

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Un face-à-face entre un OSHbot et une cliente potentielle…

considérée comme un réel bienfait. (C’est une main-d'œuvre économique à long terme, docile et pouvant travailler 24 h sur 24, sept jours sur sept, ne prenant pas de pause et ne faisant aucune réclamation auprès de la direction…) Le pays a investi largement dans cette industrie, qui est devenue abordable pour les magasins. Làbas, la robotique fait partie intégrante de la culture et la technologie est banalisée, ce qui rend possible ce mode de fonctionnement. Nous sommes donc en droit de nous demander jusqu'où ira cette robotisation du contact avec le client — même si, pour le moment, les robots d'aide à la clientèle sont encore extrêmement rares dans nos enseignes françaises. Un véritable guide pour le consommateur !

■Aurélie Gallois

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L'AVENIR DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ?

Depuis trente ans, le projet Cyc continue d'être alimenté dans le plus grand secret… Il cherche à développer une Intelligence artificielle capable de reproduire des réflexions logiques proches de celles qui sont émises par le cerveau humain. Lancé par Douglas Lenat en 1984, le projet Cyc est certainement l'un des projets d'Intelligence artificielle les plus élaborés qui existent actuellement. Son principe apparaît plutôt simple : créer une Intelligence artificielle au moyen d’une base de données suffisamment considérable, capable de reproduire la logique de la pensée humaine. « À chaque fois que vous faites analyser une phrase ou un texte écrit par un humain à un autre humain, ce dernier est tributaire d’analogies, de logique modale, de ressentiment, de croyances, d’espoir, de formules et donc d’un grand nombre de variables et de quantificateurs. […] Et les robots de chat non sophistiqués font preuve d’une intelligence plate ou d’un apprentissage statistique à partir de grandes quantités de données.[…] C’est la principale différence entre ceux qui comprennent ce qu’ils font et ceux qui exécutent dans un but précis », a expliqué récemment Douglas Lenat sur le site Internet Business Insider. Le projet Cyc fut d’abord financé par Microelectroonics and Computer Technology, l'un des

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consortiums états-uniens les plus influents en matière de recherche et de développement, mais presque dix ans après ses débuts, les coûts montèrent tellement qu'en 1994 Douglas Lenat créa le spin-off Cycorp, qui décrocha en 1996 un contrat avec le gouvernement des États-Unis. Pour le moment, le projet a déjà nécessité plus de vingt-cinq millions de dollars — ce qui représente un investissement considérable pour une recherche aussi théorique. Malgré tout, le projet suit toujours son cours. LE FONCTIONNEMENT DE CYC

Alan Turing (1912-1954) serait à l'origine de l’expression Intelligence artificielle. Il est aussi l’auteur de nombreuses avancées dans le domaine de la cryptographie. — Ici, une statue d’Alan Turing (University of Surrey, Guildford, UK).

Cyc (prononcer saïk) a été nommé d'après une abréviation du mot encyclopedy. En effet, son concept est très proche de celui d’un dictionnaire… Douglas Lenat estime que lorsqu'un être humain prend une décision, il se sert des différentes vérités qu'il a apprises tout au long de sa vie ; les Intelligences artificielles n'ayant pas le bénéfice de l’expérience, il faut donc établir


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“Lancé par Douglas Lenat en 1984, le projet Cyc est certainement l'un des projets d'Intelligence artificielle les plus élaborés qui existent actuellement.” DES IA ET DES HOMMES ? Comment évaluer la performance d'une Intelligence artificielle ?… C'est la question que s’est posée l'un des fondateurs de l'informatique et l’un des inventeurs de l’IA, le scientifique Alan Turing. Connu pour avoir aidé à déchiffrer les codes de la machine allemande Enigma lors de la Deuxième Guerre mondiale, il proposa dans les années 1950 un test destiné à jauger les capacités des Intelligences artificielles. Le test en luimême est simple : un interlocuteur pose des questions à deux protagonistes, un être humain et une machine ; à la fin de la discussion, si l’interlocuteur est incapable de les identifier, alors le fonctionnement de la machine est très proche de celui de la pensée d'un cerveau humain…

Le test de Turing est censé permettre de différencier un être humain d'un robot, en discutant tout simplement avec le dernier. Ici, une jeune Japonaise et son clone robotique (un Geminoid F)…

Après trente ans de recherche, Douglas Lenat dirige toujours le projet Cyc.

une liste de postulats qui permettra à une Intelligence d'établir des déductions logiques (comme toutes les plantes sont des êtres vivants et tous les êtres vivants finissent par mourir — alors Cyc est capable de déterminer que toutes les plantes finissent par mourir…). « La somme des faits et des règles — il en existe environ un million — est la base des connaissances, expliquait Douglas Lenat à Time Magazine en 1998 à propos du projet Cyc. Il y a de tout : de

l'étiquette (quand une personne conduit une voiture, se regarder dans les yeux n'est pas obligatoire pendant une conversation) jusqu'à la romance (on peut normalement voir le nez des gens mais pas leur cœur) — en passant par les vérités théologiques (quand les personnes meurent, elles restent décédées). » Tous ces faits peuvent sembler évidents pour des êtres humains mais une Intelligence artificielle a besoin de ces données pour procéder à

des déductions (plus Cyc possède d'entrées, plus elle est précis). Actuellement donc, plus d'un million d’entrées ont été ajoutées à la main par des ingénieurs qui se font appeler, sur le ton de la plaisanterie, les cyclistes… Ils étudient non seulement les faits de la vie de tous les jours mais aussi la grande actualité, les encyclopédies et les autres médias. Leur tâche est d’ailleurs loin d'être achevée : en effet, Lenat estime qu'il faudrait encore deux cents ans de travail pour acquérir la base de données de cent millions d'assertions qu'il juge nécessaire d’emmagasiner avant que Cyc puisse apprendre par elle-même et créer des entrées dans sa propre base de données… Avec ce projet, il espère que la base de connaissance pourra servir les générations futures des systèmes car selon lui, des machines ayant du bon sens auront moins tendance à commettre des erreurs. Mais pour le moment, ce projet a été développé dans l'ombre (très peu de presse, d'interviews et pas de conférences) et son financement a pendant très longtemps uniquement reposé sur le gouvernement des ÉtatsUnis et des sociétés privées… Toutefois, en 2001, la société Cycorp a lancé une version open source allégée de son projet. Et plus récemment, Lenat aurait annoncé lors d'une conférence qu'une version fonctionnelle de Cyc pourrait être lancée dans un avenir proche… Mais un système aussi complexe ne présente pas seulement des avantages et Cyc doit faire face à plusieurs problèmes… Pour commencer, la complexité du système en lui-même et le fait d’entrer manuellement des données peut sembler fastidieux ! Une autre difficulté réside dans la capacité dont l’Intelligence artificielle doit faire preuve afin de discerner quelles données sont pertinentes pour répondre aux questions — ce qui augmente considérablement le temps de recherche. ■Mélanie Yèche

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L’Infiniu ministre

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DES FEMMES DANS LA ROBOTIQUE Le monde geek et technophile est très souvent perçu comme un monde macho… Les femmes semblent ne pas y avoir trop de place et certaines vont même jusqu'à se faire passer pour des hommes dans le milieu numérique afin ne pas se faire importuner et d’être enfin prises au sérieux. Et pourtant, nombre d’entre elles s'intéressent de près aux nouvelles technologies dans leur quotidien et même professionnellement. Et en matière de robotique — alors ?… Afin de faire le tour de cette question, Planète Robots s'est entretenu avec huit jeunes femmes qui travaillent à des postes très différents — mais toujours centrés sur la robotique. Nous sommes allés chercher des personnes passionnées un peu partout en France et même à l'étranger afin qu'elles nous parlent de leur métier et de leurs rapports avec la gent masculine de la profession. Planète Robots : Comment êtes-vous arrivées dans le domaine de la robotique et est-ce un choix de votre part ? Casey Nobile : La robotique n'a pas été un choix conscient mais je m'y suis immergée dans mon parcours professionnel. J'ai depuis réalisé l'impact massif que les robots auront sur nos vies. Ce fut donc un choix bien conscient de

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continuer dans cette voie… Diane Guilhot : Mon choix s’est dirigé vers Cybedroïd car je voulais effectuer mon stage dans une société en pleine évolution, ce qui me permettait d’avoir des missions plus intéressantes et avec de plus hautes responsabilités. Jade Le Maître : Je suis arrivée dans le monde de la robotique à moitié par hasard, à moitié guidée par mes lectures et ma curiosité. Petite, j’avais été subjuguée par une vieille BD de Mazinger Z trouvée chez ma grand-mère, puis pendant mes études d’ingénieur, j’ai découvert le Cycle des robots d’Asimov, ce qui m’a probablement orientée dans mon choix de faire un doctorat en robotique une fois mon diplôme en poche. Kunthirvy Dy : Dans le cadre de mon stage chez Microsoft en 2011, j'ai eu l'occasion d'intervie-

wer un MVP Microsoft (un Microsoft Most Valuable est un leader des communautés techniques) qui faisait partie du Developer Program d'Aldebaran. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré le NAO et le milieu de la robotique et je vous avouerai que j'ai eu un vrai coup de cœur. Après mes études, j'ai hésité à intégrer de grandes structures mais finalement, j'ai préféré suivre mon cœur et je me suis naturellement orientée vers la robotique… Magali Bardou : J'étais attirée par les robots de type humanoïde. Mon père étant fan de Star Wars, il m'a transmis sa passion. Quand j’étais adolescente, je voulais construire mon C3PO… Manon Cortial : Bien sûr que c'est un choix ! Je suis fan de robots depuis le lycée et l'envie de développer des robots, et surtout leur intelligence et leurs relations avec les humains, a guidé


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“Diane Guilhot… Mon choix s’est dirigé vers Cybedroïd car je voulais effectuer mon stage dans une société en pleine évolution, ce qui me permettait d’avoir des missions plus intéressantes et avec de plus hautes responsabilités.” DIANE GUILHOT, LIMOGES Stagiaire chez Cybedroïd. Diane Guilhot est actuellement en troisième année d’école de commerce à l’ESCEM Poitiers. Dans le cadre de ses études, elle doit effectuer un stage de fin diplôme d’une durée de cinq mois. Elle a ainsi fait le choix d’effectuer son stage dans une petite entreprise en plein développement, Cybedroïd, spécialisée dans la conception de robots humanoïdes. Diane est ainsi stagiaire dans l’entreprise comme assistante en marketing et en communication.

Casey Nobile lors d'un reportage chez Harvest Automation.

CASEY NOBILE, BOSTON (ÉTATS-UNIS) Directrice de Robotics Trends Media, une division d’EH Publishing. Le site Internet de la société de Casey Nobile couvre l'actualité économique de la robotique. Elle produit également un événement, RoboBusiness, qui est un rassemblement annuel de cadres de la robotique du nord des États-Unis. La mission de Casey est de s'assurer que le contenu du portail puisse accélérer la croissance de l'industrie de la robotique — en facilitant sa mise en réseau grâce à RoboBusiness.

“Casey Nobile… la robotique n'a pas été un choix conscient mais je m'y suis immergée dans mon parcours professionnel. J'ai depuis réalisé l'impact massif que les robots auront sur nos vies.”

mes choix durant mes études : après l'École polytechnique, j'ai fait une spécialisation en robotique intelligente à l'EPFL de Lausanne. Margot Filleton : Avant de m'orienter vers un cursus robotique, j'étais étudiante en informatique c'est là que j'ai découvert la robotique par le biais de plusieurs associations (association Caliban et DTRE) qui m'ont donné l'occasion de travailler sur des robots et de me faire une idée plus précise de ce métier. Nabila Zrira : Je suis nostalgique de mes jouets d’enfance ! Lorsque j’ai fêté mon sixième anniversaire, mes parents m’ont offert un robot jouet qui devint addictif. Par la suite, j’ai rencontré un professeur de robotique japonais, M. Riichiro Tadakuma — à qui je dois une profonde gratitude pour m’avoir encouragée à m’intégrer dans ce domaine. P.R. : Qu'est-ce qui vous attire dans le monde des robots ? C.N. : Je suis attirée par l'industrie de la robotique en raison de son incroyable potentiel, qui permet de changer la façon dont nous vivons. Le mot « robot » semble encore avoir des connotations de science-fiction dans les médias et auprès du grand public, mais il y a beaucoup de développements robotiques qui nous conduisent dans une économie entièrement nouvelle et créent de nouveaux modes de vie. Tous ces développements ont des impacts technologiques, sociaux et économiques profonds, ce qui rend la robotique aussi importante que l'ordinateur personnel dans le spectre des avancées technologiques. C'est très excitant à vivre ! D.G. : Avec le recul, j’ai remarqué que la robotique représentait l’avenir et c’est finalement ce qui m’avait également attirée pour mon stage. Ce qui me séduit également, c’est ce concept

d’innovation et de technologie. Aujourd’hui nous vivons dans un monde où la robotique est présente partout, dans nos cuisines avec les mixers ou dans nos tâches ménagères avec les robots aspirateurs. Les robots nous aident quotidiennement et s’ils peuvent nous permettre de rester plus longtemps chez nous, arrivés à un certain âge, et nous aider dans notre domicile, ils seront les bienvenus dans les milieux familiaux. J.L.M. : L’invention de la voiture a profondément transformé notre monde, l’invention de l’ordinateur a fait de même et a modifié aussi la manière dont nous interagissons. Maintenant, nous sommes au début de la révolution induite par les robots. Elle va transformer notre société de manière durable, en lui donnant, je l’espère, un surcroît d’humanité : je veux faire partie de cette révolution… K.D. : La robotique est un domaine fascinant… Je voulais me sentir utile et contribuer d'une certaine façon à la révolution du numérique. Je

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JADE LE MAÎTRE, PARIS Stagiaire chez Cybedroïd Jade Le Maître travaille pour InnoEcho comme chef de projet. (InnoEcho est la société qui organise le salon INNOROBO). Jade baigne donc dans le monde de la robotique presque 24 h sur 24.

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DES FEMMES DANS LA ROBOTIQUE

KUNTHIRVY DY, PARIS Responsable du partenariat chez Robot-Lab. Kunthirvy Dy est passionnée de robotique, d'objets connectés et de start-up. Robot-Lab est le premier centre de cocréation robotique et d’objets connectés à Paris. C'est un incubateur intégrant un centre d'expertise qui permet aujourd'hui de créer des projets innovants, de soutenir des projets existants et de partager des ressources. Robot-Lab accompagne par exemple Blue Frog Robotics, qui développe le Buddy, un robot compagnon qui fait office de gardien du domicile ou encore d’outil d’apprentissage à l’école.

Diane Guilhot, entourée de deux robots Aria de chez Cybedroïd.

“Kunthirvy Dy… Après mes études, j'ai hésité à intégrer de grandes structures mais finalement, j'ai préféré suivre mon cœur et je me suis naturellement orientée vers la robotique… ”

me suis rendu compte que l'Intelligence artificielle était un environnement complexe où la neuroscience, la psychologie ou encore les sciences cognitives étaient nécessaires à la recherche fondamentale. Je connais peu de domaines qui vous permettent aujourd’hui d’allier autant de spécialités aussi passionnantes ! M.B. : Outre la robotique industrielle, je suis plutôt attirée par la robotique dans le secteur médical et l'aide à la personne : la possibilité de donner plus d'autonomie aux personnes âgées et aux handicapés, de procurer une assistance aux kinésithérapeutes et aux chirurgiens. Le fait d'apporter un petit plus qui peut changer la vie d'une personne reste quelque chose de motivant… M.C. : Programmer un robot, c'est comme de la programmation informatique, mais en se confrontant au monde réel : environnement changeant, capteurs bruités… Et programmer les interactions entre les hommes et les robots demande de se pencher sur la façon dont nous, les êtres humains, fonctionnons : le langage corporel, l'analyse du comportement… Je trouve tout cela fascinant. M. F. : J'aime l'idée d'innover, on crée déjà des

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robots très impressionnants — mais dans un secteur si nouveau que tout reste à inventer ! N.Z. : Éblouie par le monde robotique, je sens que ces créatures intelligentes nous imitent et tentent de nous rendre service : tout comme l’homme, elles marchent, nagent, volent, parlent et cherchent à nous comprendre. Concevoir un tel système et contribuer à des avancées technologiques sont, sans doute, un immense honneur pour moi. P.R. :Trouvez-vous que les femmes sont bien représentées dans votre établissement ? C.N. : Il existe une longue tradition féminine qui a contribué à l'analyse et à la couverture des nouvelles technologies comme la robotique. La majorité des femmes que j’ai rencontrées dans ce domaine ont des histoires semblables aux hommes. Et alors que je rencontre plus d'hommes que de femmes en couvrant l'industrie robotique, j'ai noté une augmentation sensible du nombre de personnes du sexe féminin s'y impliquant.

MAGALI BARDOU, HARZÉ (BELGIQUE) Ingénieur en mécatronique chez Imax Pro. Magali Bardou est actuellement chargée d’étudier et de réaliser des outils pour des robots industriels. Ils seront intégrés à une ligne de fabrication de cloisons de maisons en ossature bois.

D.G. : Dans mon entreprise, les femmes sont représentées par une stagiaire et moi-même. Ce n’est pas le choix de l’entreprise d’avoir si peu de femmes. En effet, la majorité des personnes s’intéressant à ce domaine d’activité sont essentiellement des hommes, c’est pourquoi nous voyons très peu de femmes dans ce milieu. J.L.M. : J’ai de la chance : InnoEcho n’est composée que de femmes ! K.D. : Nous sommes deux sur vingt. Alors certes, nous sommes en minorité — mais ce n'est pas la quantité qui compte mais plutôt la qualité, n'est-ce pas ? La société Robot-Lab a été créée en septembre 2014, c'est sûrement pour cette raison que nous sommes si peu nombreuses !… M.B. : Non, les femmes sont franchement minoritaires. (Je suis seule dans le bureau d'études avec trois hommes.) Malheureusement, certaines personnes ont encore du mal à faire confiance aux femmes (et encore plus aux femmes ingénieurs). Mais il ne s'agit pas là d'une généralité ! M.C. : Pendant longtemps, j'ai représenté à moi toute seule les 25 % de femmes chez Génération Robots ! Mais l'équipe s'étoffe et une deuxième femme vient de nous rejoindre… M.F. : Les femmes sont peu nombreuses dans mon établissement, comme dans la plupart des écoles de ce secteur. On constate que les filles sont moins poussées à travailler dans des milieux scientifiques (que ce soit par leurs parents ou par la société actuelle). N.Z. : Certes, les femmes sont devenues de grandes ambassadrices de la technologie dans notre faculté. De plus, elles occupent une place prépondérante dans le corps professoral : une vice-doyenne de la recherche, des professeurs et des chefs de structures de recherche. D’après le directeur de notre centre doctoral, les doctorantes occupent 50 % des inscriptions annuelles en thèse dans les différentes disciplines, dont la robotique.


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“Manon Cortial… Bien sûr que c'est un choix! Je suis fan de robots depuis le lycée et l'envie de développer des robots, et surtout leur intelligence et leurs relations avec les humains… ” MANON CORTIAL, BORDEAUX Ingénieur de recherche chez Génération Robots. Manon Cortial, vingt-sept ans, fait du développement sur divers robots, en particulier le NAO d'Aldebaran Robotics — mais aussi sur des objets connectés. Manon est également formatrice en robotique pour des débutants ou des élèves ingénieurs.

P.R. : Et dans le monde de la robotique en général ? C.N. : Il y a un certain nombre de femmes qui travaillent dans l'industrie et certaines sont bien connues : le Dr Cynthia Breazeal (fondatrice et P-DG de Jibo, Inc.), Robin Murphy (directrice du Center for Robot-Assisted Search and Rescue), Helen Greiner (cofondatrice d’iRobot et actuel P-DG de CyPhy Works) ne sont que quelques exemples. Je pense que ces femmes et d'innombrables autres sont d'excellentes représentantes et en inspirent un nombre plus grand encore. Comme en informatique ou en ingénierie, il y a toujours, aujourd'hui, moins de femmes que d'hommes. Toutefois, les chiffres changent et je pense que nous pouvons nous attendre à une

plus forte représentation féminine dans la décennie qui va venir. J.L.M. : Dans mon ancien laboratoire, comme doctorants nous touchions du doigt la parité. En revanche, il y avait seulement deux femmes sur vingt maîtres de conférences. C’est un phénomène assez connu : plus vous montez dans la hiérarchie, quel que soit le domaine, moins vous trouverez de femmes… Quant aux « pourquoi », ils sont multiples car bien ancrés dans la société. Si vous regardez les jouets offerts aux enfants, d’un côté vous avez des jeux de construction faisant intervenir la logique et la débrouillardise ou bien des kits d’apprentis scientifiques et de l’autre des jouets qui sont de l’ordre de la séduction ou des tâches domestiques. Même si les choses changent (et heureusement), ce formatage influe sur le choix des carrières professionnelles. K.D. : Quand j'étais chez Aldebaran, nous étions quand même représentées à 30 %. Le marché de la robotique est naissant et la culture geek attire de plus en plus de femmes. Nous pouvons déjà le constater avec les différentes communautés comme Girls in Tech ou même le programme L’Oréal-UNESCO For Women in Science, qui a été le premier programme dédié aux femmes scientifiques il y a seize ans… M.B. : Depuis notre plus jeune âge, on apprend que la technique — c'est pour les hommes ! Les femmes, elles, doivent s'occuper des enfants et de la maison. J'ai eu la chance d'avoir une famille qui me permettait, même toute petite, de bricoler avec les hommes… M.C. : Les femmes sont minoritaires dans le monde de la robotique, comme dans celui de

l'informatique et celui de l'électronique. C'est parce qu'elles sont aussi minoritaires dans les études qui mènent à la robotique (j'ai souvent été la seule fille dans une classe de 40…). Je pense que des robots comme le NAO, qui apportent des problématiques plus humaines et sociales, peuvent jouer un rôle majeur pour inciter des filles à s'engager dans ce domaine qui avait la réputation d'être surtout technique. N.Z. : Beaucoup de gens croient que la robotique est réservée aux hommes. Personnellement, je trouve qu’elle peut intéresser également la gent féminine. Il suffit de la choisir par vocation pour pouvoir y accéder facilement. D’ailleurs, plusieurs travaux en robotique ont été élaborés par des femmes. P.R. : Comment les femmes sont-elles perçues dans l'univers de la robotique ? C.N. : Les roboticiennes sont encore perçues comme des anomalies, ce qui est simplement dû au petit nombre de celles qui sont mises à l’honneur en regard de la réussite masculine. Parce qu'il est plus rare de voir une femme diriger une entreprise technologique ou la conception et la programmation d'un robot, elles peuvent être appelées plus souvent à commenter le fait qu'elles sont des femmes dans cette industrie plutôt que simplement appelées à témoigner de leur travail en tant que tel…

“Margot Filleton… Avant de m'orienter vers un cursus robotique, j'étais étudiante en informatique c'est là que j'ai découvert la robotique par le biais de plusieurs associations. ” MARGOT FILLETON, PERPIGNAN Étudiante à l'IMERIR. Margot Filleton prépare un diplôme de chef de projet en informatique et robotique. Accessoirement, Margot est un membre très actif de l'association Caliban et participe à l'organisation des Apérobos mensuels de Perpignan.

Un selfie de Jade Le Maître — en compagnie de robots humanoïdes célèbres lors du dernier Innorobo.

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vail a r t au “Kunthirvy Dy… La robotique est un domaine fascinant… Je voulais me sentir utile et contribuer d'une certaine façon à la révolution du numérique. ”

Magali Bardou, au milieu des machines (son domaine de prédilection). — Manon Cortial et deux représentants de la gent métallique — des Qbo. — Kunthirvy Dy partageant un moment de complicité avec le Sami, le robot humanoïde du CRIIF.

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D.G. : Je pense que la présence des femmes dans l’univers de la robotique est un atout car il est important d’avoir des regards différents sur ce domaine d’activité. En effet, les femmes n’ont pas les mêmes impressions que les hommes sur ce point-là — et vice versa. Un regard féminin peut être très intéressant, les robots étant dédiés à tous. Mélanger les idées ne peut qu’être bénéfique dans la conception et la commercialisation des robots. J.L.M. : Être une femme comporte de nombreux inconvénients dans ce milieu : nous nous adressons majoritairement à des hommes (chefs d’entreprise, de labo, personnalités au niveau régional, voire national), et cela se ressent. À travail égal, nous devons toujours en faire plus… À mon niveau, j’essaie aussi de faire bouger les choses, par exemple en invitant de plus en plus de femmes conférencières à INNOROBO. Ce n’est pas parce qu’elles sont moins visibles que les hommes qu’elles ont moins de choses à dire, au contraire ! K.D. : La question est difficile… Je dirai qu'il s'agit d'un atout dans la mesure où les femmes sont peu nombreuses, donc plus chouchoutées. Pour ma part j'étais la seule fille dans mon équipe et cela été un vrai plaisir d'être bichonnée au quotidien. Il faut certes s'adapter à un environnement d'hommes mais quand on a la chance de côtoyer des personnes aussi curieuses, ouvertes d’esprit et aussi passionnées, c’est un vrai bonheur. M.B. : Le seul inconvénient que je vois est la mentalité de certains hommes (généralement âgés de cinquante ans) qui ne sont pas prêts à voir des femmes dans les domaines techniques (encore moins ingénieurs). Les femmes et les hommes voient les choses et abordent les problèmes de manière différente. Nous sommes complémentaires. La mixité est un atout. M.C. : C’est un avantage d'être une femme et c'est recherché, puisque c'est rare ! Il paraît que cela apporte une meilleure ambiance de travail et je n'ai jamais eu de problème de manque de respect ou de considération. Mais il faut aussi être capable de supporter une ambiance assez masculine et souvent très geek… M.F. : C'est à la fois un atout et un inconvénient


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“Margot Filleton… Les femmes sont peu nombreuses dans mon établissement, comme dans la plupart des écoles de ce secteur. ”

Margot Filleton lors d'une séance créative.

et le fait d'être peu nombreuses nous donne parfois l'avantage d'être plus écoutées. En revanche, il arrive que l'on ne soit pas toujours prises au sérieux, qu'on remette en doute nos compétences. Mais finalement, la robotique est très loin d’être un milieu machiste et les femmes s’y intègrent bien. N.Z. : La nature pluridisciplinaire de la robotique exige une minutie appliquée aux plus petits détails et une réflexion dont la femme a fait la preuve. Je trouve que cette qualité est une valeur ajoutée pour la robotique.

NABILA ZRIRA, RABAT (MAROC) Étudiante à l'université Mohammed V, faculté des Sciences de Rabat. Âgée de vingt-quatre ans, Nabila Zrira prépare une thèse de doctorat en vision artificielle et robotique mobile sous la direction du professeur EL Houssine Bouyakhf, le chef du laboratoire de recherche LIMIARF. La robotique ne se restreint pas pour elle à une spécialité, c’est sa passion. Nabila a été nommée chef de cellule du Club Robotique FSR, qui réunit des jeunes amateurs de robotique et dont le but est de révéler leurs talents dans le domaine scientifique. Cette année, ce club organise une compétition internationale de robotique avec pour thème Let’s Build a Smart Savior (Bâtissons un sauveteur intelligent).

P.R. : Que diriez-vous à une jeune femme qui veut embrasser une carrière dans la robotique ? C.N. : Je lui dirais : « Allez-y ! » Je voudrais l'encourager à s'inscrire à un concours comme le FIRST, à s'impliquer dans une équipe de robotique ou à rejoindre un club qui transmet la fibre robotique à d'autres jeunes. Elle devra être prête à recevoir de temps à autre au cours de sa carrière, des propos déplacés, conscients ou non, comme quoi elle n'est pas vraiment à sa place. Elle ne devra jamais se laisser dissuader. Je voudrais aussi qu'elle sache qu'il y a beaucoup d'autres femmes dans la robotique avec qui discuter et desquelles s'inspirer, si cela peut aider… D.G. : Il faudra qu'elle se prépare à travailler principalement avec des hommes car cet univers est principalement masculin et également qu’elle soit ouverte d’esprit à propos des nouvelles technologies et notamment capable d’envisager la possibilité que les robots puissent être présents dans nos foyers. J.L.M. : « Sois prête à changer le monde ! » La robotique étant en train de révolutionner la société, avoir davantage de femmes ne peut qu’agrandir la portée de cette révolution — non ? K.D. : Je lui dirais de foncer ! Une touche de féminité dans un environnement d'hommes ne fait pas de mal ! C'est un domaine où l’on apprend tous les jours à condition d'être curieuse ! M.B. : On arrive à tout lorsqu'on est motivé… Il faut persévérer et ne pas baisser les bras car il y aura toujours des gens négatifs et jaloux autour de soi. Les hommes sont semblables aux femmes : nous sommes aussi capables qu'eux ! Alors, osons ! M.C. : Ce qui nous pousse tous, hommes et femmes, c'est la passion des robots. Donc si elle

a la passion, je lui dirais de se lancer à fond, sans hésiter ! Il n'y a pas besoin de testostérone pour manipuler un clavier ou un fer à souder et c'est un boulot dans lequel je me plais et je m'épanouis. M.F. : LEGO disait dans ses publicités des années 1970 que « le besoin de créer est identique chez tous les enfants, garçons ou filles ». Si l’on suit ce principe, il ne reste plus qu’à créer ! N.B. : Allez-y — foncez ! Montrez vos compétences et vos ambitions créatives. Être roboticienne est un métier entièrement à part (de l’art, de l’innovation et du pouvoir…). P.R. : Un dernier mot aux lecteurs de Planète Robots ? D.G. : Aux lecteurs, et plus particulièrement aux lectrices, je dis n’ayez plus peur de vous intéresser au monde de la robotique. Même s’il est principalement masculin, il est ouvert à tous et c’est un domaine très intéressant et enrichissant. Les filles (pour celles qui veulent vivre avec leur temps et donc suivre l’évolution de la technologie), n’hésitez donc pas à intégrer ce secteur d’activité, on y est très bien intégré ! J.L.M. : « Curiosité ! » Restez en éveil, restez curieux et n’arrêtez jamais d’apprendre : la bonne formule pour bosser dans la robotique. K.D. : On n'est qu'aux débuts de la robotique et j'ai envie d'embarquer tous les lecteurs dans cette belle aventure ! M.B. : Vive la robolution avec une touche de féminité ! M.C. : Une question pour eux : Quand ils voient le NAO, le Qbo, le Pepper, etc., voientils des robots filles ou des robots garçons ? Mais pourquoi diable les robots devraient-ils avoir un genre ?… ■Propos recueillis par Frédéric Boisdron

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QUINZE MILLE NOUVEAUX EMPLOYÉS ULTRARAPIDES ET INFATIGABLES CHEZ AMAZON !

Il pèse environ 145 kg, il est tout en rondeurs et de couleur orange. Il s'agit d'un Kiva, la toute nouvelle recrue d'Amazon !… Toujours dans un souci de rentabilité maximale, la plate-forme numéro un de l'e-commerce a en effet équipé une dizaine de ses entrepôts états-uniens d'une armée de robots dès la fin de l'automne 2014 — pour pouvoir faire face au pic d'activité des derniers mois de l’année… UN TEMPS DE PRÉPARATION DIVISÉ PAR SIX ! Quinze mille nouveaux employés d'un nouveau genre ont ainsi rejoint les rangs du géant de l'ecommerce : des robots capables de soulever et de déplacer les étagères de produits en un temps record. Présentés à l'occasion du Cyber Monday 2014 (le lundi qui suit le célèbre Black Friday), ces nouveaux magasiniers d'une puissance herculéenne permettent désormais à Amazon de garantir ses délais de livraison. À quoi le Kiva ressemble-t-il? De forme circulaire et monté sur roues, il peut être assimilé aux Roomba et aux Scooba d'iRobot — mais en beaucoup plus gros. Mais lui n'est pas chargé de faire le ménage!… Capable de soulever près de 300 kg, il se glisse sous les étagères du stock pour les soulever et les déplacer rapidement jusqu'au préparateur de commandes, qui n'a plus qu'à tendre le bras et à se servir pour préparer un colis.

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Un gain de temps évident pour les employés, qui n'ont plus à déambuler parmi les milliers de produits : ces derniers viennent à eux tout seuls ! Et un gain de place dans les entrepôts également, puisque les produits peuvent être stockés plus étroitement. Selon Dave Clark, le vice-président du service de la clientèle et des opérations internationales, il faut aujourd'hui 15 min en moyenne par commande pour récupérer un produit et le préparer pour l'expédition, contre 1 h 30 auparavant. Ce temps d'acheminement réduit au maximum permet d'augmenter le nombre de commandes traitées de façon exponentielle. DES ENTREPÔTS NOUVELLE GÉNÉRATION Les Kiva ont été conçus par Kiva Systems, une start-up fondée en 2003, rachetée par Amazon en mars 2012 pour sept cent soixante-quinze

millions de dollars (l'une des plus grosses acquisitions de son histoire). Refroidie par ses défaillances de l'an passé face à la cadence soutenue des commandes de la fin de l’année, qui avaient laissé au passage bon nombre de clients insatisfaits qu'il avait fallu dédommager, Amazon a cette fois-ci pris les devants en déployant les Kiva dès la fin de l'automne 2014 pour assurer les délais de livraison. Quinze mille unités équipent donc aujourd'hui une dizaine d'entrepôts en Californie, au Texas, en Floride, dans le New Jersey et à Washington — les premiers-nés de la huitième génération des centres de traitement. Les robots développés par Kiva Systems sont équipés de caméras afin de lire les codes-barres qui sont disséminés sur le sol (et aussi sur les rayonnages) pour orienter les robots. Ils se déplacent à la vitesse de 1,3 m/s maximum. Les collisions entre les Kiva sont évitées grâce aux


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“Un nouveau dispositif de vision permet en outre le déchargement d'un conteneur et l'enregistrement de la marchandise en un temps record! Enfin, les employés bénéficient d'une interface de gestion plus adaptée — qui les guide pendant la préparation desdites commandes.”

Les Kiva apportent docilement les marchandises au préparateur de commandes — qui n'a plus qu'à prélever ce qu'il lui faut sur les étagères… — Les unités Kiva sont aidées d’un puissant bras robotisé, le Robo-Stow — capable de manipuler les marchandises dans les rayonnages.

positionnent sagement en ligne près du poste de l'employé chargé de récupérer les différents produits sur chaque étagère ; il réunit les produits dans un carton puis ce dernier est acheminé vers l'étape d'emballage et d'expédition. Les robots, quant à eux, rapportent les étagères à leur emplacement initial. (Les Kiva ne sont pour le moment pas utilisés en dehors des États-Unis. En outre, ils sont conçus pour évoluer dans un environnement sec, à température ambiante ; une utilisation en chambre froide est donc impossible pour le moment.)

capteurs dont ils sont équipés et via lesquels ils communiquent. Enfin, ils se dirigent d'euxmêmes vers la station de chargement lorsque leur batterie commence à faiblir. (Des ingénieurs sont bien entendu à disposition et peuvent intervenir en quelques heures en cas de panne. Amazon tâche d'assurer un service minimal : pas plus de dix robots en panne en même temps par zone !) Ce ne sont pas les seules nouveautés qui sont venues enrichir ces centres de huitième génération ; ces derniers abritent également le RoboStow, l'un des plus gros bras articulés du monde, qui peut saisir et déplacer aisément des marchandises pour répondre aux commandes des clients. Un nouveau dispositif de vision permet en outre le déchargement d'un conteneur et l'enregistrement de la marchandise en un temps record ! Enfin, les employés bénéficient d'une interface de gestion plus adaptée — qui les guide pendant la préparation desdites commandes. Une flotte de robots Kiva. (Crédit photo : Beth All.)

UN CLIC DE SOURIS… CHEZ VOUS 48 H APRÈS ! La scène se déroule ainsi : un transporteur livre son lot de marchandises à l'entrepôt, des employés déchargent le camion et placent les colis sur un tapis roulant, le long duquel d'autres employés sont chargés d'ouvrir les paquets. Ces derniers sont ensuite vidés de leur contenu et les produits apportés à un autre groupe de salariés, chargés de tout ranger sur les étagères de l'entrepôt. Un tri qui en apparence peut paraître aléatoire mais qui est en réalité basé sur un al-

gorithme informatique bien précis ! C'est d'ailleurs pourquoi des produits sans rapport les uns avec les autres se retrouvent souvent stockés au même endroit… Lorsqu'une commande tombe, le logiciel mis en œuvre localise l'unité Kiva la plus proche de l'étagère concernée. Ce dernier la repère, se glisse en dessous, la surélève puis l'achemine jusqu'à un employé. Lorsque leur trajet s'est déroulé sans encombre, les robots arrivent et se

LE SOULÈVEMENT DES MACHINES Le déploiement de ces Kiva vient évidemment relancer l'éternel débat sur l'éviction progressive des humains au profit des machines. En une journée comme le Cyber Monday, Amazon peut vendre plusieurs dizaines de millions de produits (soit plusieurs centaines à la seconde) ! Or, seul l'appui de la robotique peut dans ce cas lui permettre de continuer à garantir ses délais de livraison. Un humain ne pourrait travailler aussi vite… Amazon n'aurait pourtant licencié personne à la suite de cette embauche massive de robots et prétend même avoir créé des postes supplémentaires. D’autre part, pour pallier le peu d'interactions sociales dont font preuve ses robots, Amazon espère favoriser la « cohabitation » en baptisant les unités du nom de ses meilleurs employés. À quand les réunions de Kiva autour de la machine à café ?… ■Fleur Brosseau

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LE PREMIER ROBOT À VOYAGER EN CLASSE ÉCO ! Des chercheurs de l’université de Californie du Sud et de l’Institut Max Planck ont créé l’événement en décembre dernier — en faisant voyager pour la première fois un androïde comme passager sur un vol commercial…

machines avec ses mains et se déplacer en marchant dans un environnement construit pour l’homme », assure Alexander Herzog.

L’Athena dans l’avion. — À droite… L’Athena sera le premier robot à porter des prothèses de pieds Otto Bock.

Les photographes et les caméras étaient nombreux le 16 décembre dernier à l’aéroport de Los Angeles. Les journalistes n’étaient pas là pour guetter une star mais pour assister à une première mondiale ! L’Athena (1,88 m pour 47 kg) était le premier robot à occuper un siège sur un vol commercial. Accompagné de deux chercheurs de l’Institut Max Planck — Jeannette Bohg et Alexander Herzog —, il a pris place à bord d’un Boeing 747-8 de la compagnie Lufthansa pour rejoindre Francfort… Vêtu pour l’occasion d’un tee-shirt et de baskets rouges, muni d’une fausse car te d’embarquement, il a passé les contrôles de sécurité dans sa chaise roulante comme n’importe quel autre passager. Un événement, mais aussi « le moyen le plus rapide et le plus économique de faire parvenir l’Athena à sa destination

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finale », selon Alexander Herzog. (Les frais de conditionnement et les assurances, pour faire voyager un robot en soute, représentent une somme importante…) UTILE EN CAS DE CATASTROPHE Le robot Athena a été créé par la société états-unienne Sarcos, en collaboration avec les chercheurs du laboratoire CLMC de l’université de Californie du Sud et ceux de l’Institut Max Planck de Friburg. Il a été conçu pour être utilisé dans des situations extrêmes et exécuter de façon autonome les tâches qui sont trop dangereuses pour nous. Avec ses mains et ses pieds, l’Athena se rapproche d’un être humain mais cette ressemblance est seulement d’ordre pratique : « Si l’Athena est devenu un androïde, c’est pour pouvoir travailler sur des

UN GRAND PAS POUR LES ROBOTS L’objectif principal des scientifiques : développer la motricité de l’Athena ! « Depuis son arrivée, nous développons le logiciel qui lui permettra de se tenir debout et ensuite de marcher. Actuellement, il est seulement capable d’effectuer des mouvements basiques avec ses articulations », a déclaré Alexander Herzog. Il manifeste une grande liberté de mouvement grâce aux articulations hydrauliques de ses hanches — qui lui permettent de s’asseoir de façon autonome. (Il possède des prothèses de jambes très légères et des prothèses de pieds Otto Bock, en fibre de carbone, qui étaient jusqu’à aujourd’hui réservées aux humains. Elles lui permettront d’avoir une grande rapidité de marche et d’ajuster le positionnement de son pied tout en évitant le basculement. Et les chercheurs espèrent bientôt pouvoir faire courir l’Athena sur des terrains accidentés.) ■Coralie Baumard

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UN ROBOT LÉGER ET POLYVALENT DESTINÉ AUX PME-PMI

MC Robotics est une jeune société française basée à Besançon, qui conçoit et réalise en interne des solutions de robotique industrielle — mais propose également ses services d'études et de faisabilité.

Mathieu Charles, l’initiateur de MC Robotics – (Crédit photo : MC Robotics.)

Le robot industriel six axes Izac, conçu à Besançon – (Crédit photo : MC Robotics.)

UN ROBOT POLYVALENT MC Robotics propose à ses clients de les accompagner dans leurs projets de robotisation des postes de production en leur fournissant des solutions clés en mains qui recouvrent aussi bien l’étude de leurs besoins, l’intégration (ou la pré-intégration), la formation du personnel, la mise en œuvre et, bien sûr, le service après-vente… Les dirigeants de MC Robotics ciblent donc prioritairement les PME-PMI qui ne se sont pas encore équipées de robots industriels en raison d’un prix d’achat souvent exorbitant et de la complexité de leur programmation. C’est pourquoi ils ont créé pour elles une offre spécifique incluant un robot six axes, l’Izac, et un logiciel de programmation doté d’une interface — simples à maîtriser. L’Izac est un robot léger et polyvalent, capable de soulever une charge nominale de 5 kg et une charge maximale de 10 kg avec une répé-

tabilité de 0,1 mm. Sa vitesse est de 2 m/s avec une accélération de 0,7 g et son rayon d’action est de 1 150 mm. Il est principalement destiné au chargement et au déchargement des équipements industriels mais peut tout aussi bien s’adapter à des applications de peinture et aux tâches de soudage. Commercialisé au prix compétitif de 22 000 € HT (soit 8 000 € HT de moins que l’UR10 d’Universal Robots) et pour les mêmes performances, l’Izac est le moins cher du marché dans sa catégorie (de plus, il est français !…). UN ROBOT FACILE À UTILISER Open Robot est un logiciel de programmation, universel et gratuit, qui offre la possibilité de robotiser dès les petites séries. Il fonctionne sur Stäubli, FANUC, Motoman Yaskawa et bientôt sur Epson. (Son fonctionnement est simple puisqu’il est basé sur le langage Grafcet.) L’utili-

sateur programme les différentes tâches à réaliser à partir de diverses fonctions présentes dans une bibliothèque qui utilise des termes simples et explicites (aller à un point, effectuer une trajectoire, palettiser/dépalettiser, pause, actions sur les entrées/sorties, action sur les variables des réseaux, gérer des périphériques…). Le système est multitâche (il peut gérer une tâche tapis roulant et d’autres tâches comme la vision pendant que la tâche robot fonctionne). Et lorsque l’utilisateur a fini de créer son programme, il lui suffit de l’enregistrer sur une clé USB et de le transférer ensuite dans la baie robot correspondante. Grâce à un patch, le programme est alors traduit dans le langage du robot correspondant (Karel pour FANUC,VAL3 pour Stäubli…). Open Robot est d’autre part capable de gérer un parc de robots hétérogènes à partir d’une interface unique. Sa maîtrise ne nécessite que quelques heures de formation avec un niveau technique de base. Enfin, Open Teach, une interface universelle en ligne, sert à contrôler simplement et de façon intuitive des robots industriels ; grâce à elle, l’utilisateur peut facilement choisir le mode de fonctionnement (production, manuel, apprentissage…). Elle permet l’apprentissage des points de travail, le débogage visuel et interactif d’un programme, la surveillance du suivi de production et la maintenance… ■Josèphe Ghenzer

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LA BRIQUE EVB

POUR LEGO MINDSTORMS

Les utilisateurs des LEGO Mindstorms vont bientôt pouvoir remplacer leurs briques EV3 par une solution bien plus puissante, développée par une start-up états-unienne : les EVB (totalement compatibles).

La brique officielle EV3 de LEGO et son homologue (compatible) EVB… — À droite… La brique EVB implantée dans un robot gyropode…

La start-up états-unienne Fat Cat Labs va lancer en ce début de 2015 la production en série de sa brique EVB — qui vient remplacer le set LEGO Mindstorms EV3. Elle est utilisée de la même manière pour contrôler les servomoteurs et les capteurs EV3, mais possède une puissance supérieure et propose un meilleur confort à l’utilisateur. Ce projet a fait l’objet, à l’automne dernier, d’une campagne de financement participatif sur la plate-forme Kickstarter. Ses instigateurs demandaient 8 000 $. Le financement a finalement été bouclé le 26 janvier 2015 (36 738 $). Ce succès va permettre au développeur, Andy Lau, de lancer la production (les premières livraisons sont attendues pour avril). L’idée avait germé en décembre 2013 : Andy Lau était parti d’une platine de développement BeagleBone Black (BBB). De la taille d’une carte de crédit, ce véritable mini-ordinateur intègre un système d’exploitation Linux 3.12, doté d’un microprocesseur AM1808 de Texas Instruments. Il se connecte sur Internet et a besoin d’un seul câble USB pour entrer en action. Or les processeurs de la brique lLEGO Mindstorms EV3 sont de la même série… CENT POUR CENT COMPATIBLE ! Comme LEGO a ouver t son code source disponible à plus de 80 % sur un blog pro-

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fessionnel comme GitHub, Andy a pu développer une solution totalement compatible. (Il en fait notamment la démonstration sur Internet.) Une vidéo de résolution du Rubik‘s Cube par un LEGO Mindstorms commandé par sa brique EVB a notamment été mise en ligne… Le processeur de la nouvelle brique est plus de trois fois plus puissant que celui de la brique EV3 : il s’agit d’un ARM Cor tex-A8 de 1 GHz (contre l’ARM9 de 300 MHz proposé par la marque danoise). L’ensemble dispose également d’une mémoire huit fois supérieure (512 MB de RAM). Bénéficiant de l’écran couleur (220 x 176) LED Backlight, la brique EVB s’enorgueillit d’un vrai confor t d’utilisation quand la brique EV3 ne propose aucun rétroéclairage et s’affiche en noir et blanc. Autre aspect pratique, l’alimentation n’exige pas de batterie ou de chargeur spécifique (six piles AA ou toute pile de 6 à 10 V). L’interface utilisateur se compose d’un bouton et d’un interrupteur multifonction au lieu des six boutons de l’EV3. Côté réseau, l’EVB dispose d’une connectique Ethernet et annonce le développement d’une variante WiFi. Enfin, pour stimuler l’intérêt des utilisateurs, Fat Cat Labs soutient le développement de capteurs EVB compatibles avec l’EV3 — qu’il s’agisse de détecter des vol-

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tages (de 0 à 3 300 mV), des mouvements, de l’intensité lumineuse ou de variations pression/altitude. La brique EVB sera commercialisée dès le mois d'avril sur le site www.fatcatlabs.com au prix de 68 $. (Celui des capteurs n'est pas encore connu.) ■Yanne Boloh

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1p abonnement-2ans-33_Mise en page 1 16/04/15 21:47 Page1

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Le cobot Baxter Research de Rethink Robotics tient le magazine avec son compresseur dans les locaux de l’Aip-Priméca.

FOCUS SUR L’ENGAGEMENT DES CURSUS DE FORMATION

Dans un monde où l’outil technologique implique un apprentissage connecté et où la robotique industrielle va connaître une croissance exponentielle d’ici 2025, notre environnement devient de plus en plus attractif !… Faisons donc le point sur les compétences du master en robotique SRI (Systèmes robotiques et interactifs) de l’UPSSITECH (université Paul Sabatier sciences, ingénierie et technologie) de Toulouse — certifiée par la Commission des titres d’ingénieur en 2014 — avec M. Lerasle, professeur et chercheur au LAAS-CNRS et directeur de la filière… Planète Robots : Quel est l’écosystème de la robotique en Midi-Pyrénées ? Frédéric Lerasle : La région est clairement à la pointe à travers son écosystème « recherche-

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industrie-formation ». Elle s’appuie sur des laboratoires toulousains de premier plan en robotique et sur l’interaction homme-machine grâce au LAAS-CNRS et à l’IRIT. Le cluster Robotics Place permet de fédérer les acteurs locaux de la robotique, notamment les acteurs industriels. À ce titre, la région fait partie des trois régions sélectionnées pour la mise en place du plan France Robots Initiatives. P.R. : Ce plan (à voir en ligne, NDLR) s’appuie sur le vecteur d’intégration académique et sur l’innovation en robotique pour les marchés eu-


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“La région est clairement à la pointe à travers son écosystème « recherche-industrie-formation ». Elle s’appuie sur des laboratoires toulousains de premier plan en robotique et sur l’interaction homme-machine grâce au LAAS-CNRS et à l’IRIT.” UN ROBOT TOUS LES ANS DEPUIS 2006 2015. CRAFT : Baxter Research (Collaborative Factory avec Continental Automotive Systems). 2014. L’e-santé (Trophée national de l’e-santé dans la catégorie Projet étudiant sur l’aide à la détection d’un état de fragilité avec Sogeti High Tech.) 2013. Projet de robot SPARO (mobile autonome) et entraînement du personnel militaire avec STERELA. 2012. Jiminy (robot humanoïde NAO, compagnon de jeu avec Spikenet, etc.).

ses tâches au quotidien. On parle alors de cobots pour l’industrie et de robots compagnons pour notre domicile… P.R. :Y a-t-il de véritables atomes crochus entre les étudiants et leurs projets d’études ? F.L. : La pédagogie par projets est centrale dans notre formation pour appréhender un domaine. La robotique est pluridisciplinaire par essence. Ces projets sont réalisés en binôme, en groupe Un bras manipulateur KUKA. — À gauche… Un NAO a été utilisé pour le projet Jiminy.

ropéens et internationaux. Il veut identifier fortement, mutualiser, structurer et stimuler les acteurs de l’usine du futur 4.0, de la robotique de services, etc.

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P.R. : Quel moteur l’étudiant va-t-il trouver dans votre formation ? F.L.: L’étudiant, par ses compétences fondamentales (acquises durant le cursus), s’intégrera à des plates-formes robotiques de pointe à complexité croissante: des robots LEGO en première année, pour appréhender les composantes matérielles, des robots mobiles en deuxième année et des robots humanoïdes et des drones en troisième. Ce profil d’ingénieur intégrateur pluridisciplinaire associant les briques logicielles de l’Intelligence artificielle, le traitement des images et de la parole, l’informatique en temps réel et la commande est très apprécié des étudiants…

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P.R. : Certains robots ont pour vocation de partager l’espace — voire les tâches — avec l’homme et en toute sécurité, grâce notamment à la cobotique… F.L. : Les premières générations de robots se limitaient à des tâches répétitives dans des environnements figés. Ces robots doivent évoluer aujourd’hui dans des environnements humains variables et évolutifs. Le but n’est plus de remplacer l’homme mais de partager son espace professionnel ou privatif, voire de coopérer à

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FOCUS SUR L’ENGAGEMENT compilable vers d’autres systèmes d’exploitation et reste facilement appréhendable grâce à son impressionnante envergure (1,25 m par bras), à un compresseur qui soulève jusqu’à 3 kg et à une vision à 360°. Dans une démarche collaborative, il s’adapte aux besoins liés à l’industrie et à ceux des opérateurs qui l’accompagnent. Quant à l’UPSSITECH, elle propose un master d’opportunité qui se place en première ligne en France par son cadre orienté Application robotique ; 70 % des étudiants contractent leur premier emploi dans le Grand Toulouse après une recherche active de deux ou trois mois. La robotique : un métier d’avenir !… ■Christelle Bloc

ROBOTIQUE ET PÉDAGOGIE : LA FORMATION À L’UPSSITECH La spécialité Systèmes robotiques et interactifs (SRI) implique une formation de trois ans à l’école d’ingénieurs UPSSITECH (interne à l’université Paul Sabatier).

Collaboration homme-robot.

“Les bibliothèques logicielles et les outils de ROS (Robot Operating System) sont conçus pour une portabilité vers d’autres robots comme le NAO d’Aldebaran, les LEGO NXT, le TurtleBot, l’Erle-copter d’Erle Robotics et pour des composants électroniques” — voire avec l’ensemble de la promotion lors de la dernière année. Cette démarche permet aux étudiants d’appréhender progressivement le travail d’équipe et de développer leurs capacités d’initiative et d’autonomie. Le point d’orgue est le projet de fin d’études réunissant l’ensemble des étudiants à temps plein (pendant dix semaines), un industriel client et l’équipe pédagogique. C’est à l’un des neuf pôles Aip-Priméca de l’Hexagone, la halle technologique de l’université, que la consolidation de la formation s’effectue via la pratique. Ces ateliers, soutenus par le ministère de l’Éducation nationale, en associa-

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tion avec le ministère de l’Industrie pour chaque région concernée, ont déjà trente et un ans d’exercice et contribuent encore à l’échange entre les étudiants et les industriels par leur environnement in situ… ROS : UNE PLUS-VALUE ET UN ATOUT Les bibliothèques logicielles et les outils de ROS (Robot Operating System) sont conçus pour une portabilité vers d’autres robots comme le NAO d’Aldebaran, les LEGO NXT, le TurtleBot, l’Erle-copter d’Erle Robotics et pour des composants électroniques comme les cartes Arduino, Raspberry Pi et les capteurs du Kinect de Microsoft par le biais de pilotes et d’interfaces, le tout en ligne de commande… (Vous trouverez les listes exhaustives sur le site www.ROS.org.) Quant au Baxter Research de Rethink Robotics, il dispose de son SDK ROS en open source, est

Cette formation, accréditée CTI depuis 2014, a vocation de former et de certifier des ingénieurs généralistes à forte valeur ajoutée technique, capables de développer et de déployer des systèmes robotiques et/ou interactifs intégrant l’ensemble des fonctions logicielles nécessaires à leur autonomie totale ou partielle. Ces systèmes constituent le fil rouge de la formation car ils constituent les supports d’intégration qui servent de socle au développement des compétences d’ingénieur en automatique/informatique. Il s’agit des systèmes ambiants ou de robots industriels, de robots mobiles, de robots humanoïdes. La programmation de ces systèmes s’articule autour du triptyque perception-décisionaction : perception multisensorielle, prise de décision, raisonnement et apprentissage, planification d’actions de déplacement et contrôle sensorimoteur, interaction multimodale et intégration à des systèmes robotiques et interactifs qui associent le monde virtuel de l’informatique au monde réel des robots. La formation SRI proposée est logiquement pluridisciplinaire, au confluent du traitement du signal, des images et de la parole, de l’informatique en temps réel, de la commande et du contrôle des systèmes, de la programmation avancée, de l’Intelligence artificielle et de l’interaction homme-machine. On recrute sur dossier et après un entretien (niveau bac + 2 — DUT, diplôme universitaire L2, CPGE, voire BTS). Le cursus se déroule sur trois ans. Pour plus de détails, consulter le lien sri.univ-tlse3.fr.


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BULLETIN DE COMMANDE À DÉCOUPER OU PHOTOCOPIER ET À RETOURNER À : PLANÈTE ROBOTS - ÉDITIONS D'ACAMAR, 161, BD HENRI-SELLIER, 92150 SURESNES ❏ Je paye par chèque à l’ordre des Éditions d’ACAMAR ❏ Je désire une facture (adresse courrier électronique impérative dans ce cas)

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JESSIKO A DIX ANS

ET NAGE DANS LE GRAND BAIN

Une fois le portique passé, il est visible dès l’entrée dans les bassins occupés par les esturgeons et les carpes : le Jessiko fait son show ! (Enfin, il y en a cinq qui nagent parmi les poissons dans un environnement censé recréer celui des eaux de la Seine, juste avant Rouen…) L’animation proposée cet hiver est le fruit d’une collaboration entre Robotswim et l’Aquarium de Paris (remis à neuf après dix ans de travaux). Son bassin aux requins est l’un des plus grands d’Europe… Planète Robots a été reçu par Christophe Tiraby, son concepteur, quelques jours avant la fin de l’attraction. Car attraction il y a : tous les visiteurs qui passent devant le premier bassin de la visite sont attirés par la luminescence des robots. Planète Robots : Bonjour, Christophe — rappelez-nous votre parcours, s’il vous plaît ! Christophe Tiraby : J’ai une formation d’ingénieur Supélec-Arts et Métiers ; ma première expérience pro a eu lieu dans le domaine de l’aéronautique chez Airbus — comme programmeur sur les calculateurs de vol. Ensuite, je suis allé chez PSA, notamment pour la création de progiciels liés à la conception des faisceaux électriques et le calcul d’optimisation de la dimension de la section des câbles (afin d’éviter la surchauffe en y mettant un peu de cuivre quand même). En étant chez PSA, j’ai commencé à développer le Jessiko comme ça, à côté, dans ma salle de bains… P.R. : Comme la plupart des copains roboticiens dont on a l’habitude, vous êtes dingue de techno ! C.T.: Oui, c’est ça… Au tout début, j’ai fait plein d’études car je voulais façonner un robot beaucoup plus petit (de quelques centimètres), notamment avec des micropompes piézoélectriques. Et puis j’ai constaté que ce n’était pas viable au niveau

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de la puissance électrique, que ça ne nagerait pas assez longtemps… Le jour où j’ai découvert des servomoteurs de modélisme de 8 mm d’épaisseur (le nom de la marque m’échappe) le premier proto est né! Et le 17 septembre 2005, j’ai fait nager la version 0 (qui me prouvait la faisabilité du Jessiko) dans ma baignoire… P.R.: À quelle version en êtes-vous aujourd’hui? C.T. : La version 5 — c’est la version industrielle. Mais dans les cartons, nous avons toujours des trucs en cours pour la V6. On ajoute au fur et à mesure des fonctionnalités… P.R.: Il s’est donc passé dix ans entre la première immersion dans la baignoire et le grand bain avec la venue du Jessiko dans les bassins de l’Aquarium de Paris — bien que vous ayez fait des animations en Corée et ailleurs à partir de 2012… C.T: Oui, c’est à un partenariat technique que nous voulions nous livrer. Nous voulions aussi faire des tests avec des poissons vivants en aquarium et gérer l’animation avec une équipe externe de biologistes connaissant bien le vivant et pas du tout les robots. Nous avons donc travaillé sur l’optimisation et des choses simples comme les télécommandes, les boutons et la mise en route… Le grand bain avec le vivant est une expérience exceptionnelle… P.R.: Le résultat est donc un vrai grand succès? C.T. : Oui, cela nous a permis aussi de constater les réactions du public, qui est ici très interna-

tional… Et les poissons des aquariums sont assez indifférents au Jessiko (enfin, ils ne le considèrent pas comme un ennemi dans ce bassin d’eau douce abritant des carpes et des esturgeons). Avec des poissons non acclimatés au bassin, ils se montrent un peu plus méfiants. On a eu aussi, dans un autre aquarium, des poissons qui suivaient en banc le Jessiko. Là, chacun vit plutôt sa vie tranquillement… P.R. : C’est donc la vie en communauté ? C.T.: Là — oui… Mais c’est vraiment lié aux espèces; pour l’anecdote, il existe un bassin qui s’appelle la Manche et le biologiste m’a dit que ce n’était pas la peine de l’envisager car les poissons qui y vivent font 1 m de longueur et possèdent une grande bouche. On a donc choisi un bassin abritant des poissons ayant une petite bouche… P.R. :Techniquement la manipulation et l’entretien des robots par les biologistes furent-ils simples à mettre en place ? C.T. : Oui, on les met dans le bassin le matin après une nuit sur leur chargeur à induction à leur couleur de base. On envoie la commande Autonome aux poissons et on les récupère le soir ou quand ils n’ont plus de batterie… Et ils vivent leur vie dans le bassin en suivant les balises. La technologie brevetée de ces balises lumineuses étanches (des sphères posées sur un piquet) est la communication-localisation par la lumière visible : ce sont des signaux lumineux, pas des infrarouges qui ne se transmettent pas dans l’eau, mais des LED blanches classiques.


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“C’est à un partenariat technique que nous voulions nous livrer. Nous voulions aussi faire des tests avec des poissons vivants en aquarium et gérer l’animation avec une équipe externe de biologistes connaissant bien le vivant et pas du tout les robots.” jet événementiel est prévu cette année pour le lancement d’un produit au niveau mondial mais nous n’envisageons pas de nouvelles animations grand public pour le moment. Il est indéniable que Robotswim a fait son effet à l’Aquarium de Paris. Le Jessiko est un concentré de technologie, physiquement très compact, et c’est ce qui constitue sa force d’attraction… Aquarium de Paris, 5, avenue Albert-de-Mun, 75016 Paris. ■Bigfoot

Les robots de Robotswim semblent être nés dans l'eau ! — En dessous… La base de rechargement à induction. (Crédit photo : Bigfoot.)

Nous avons développé une tête chercheuse : elle permet d’aller vers une balise qui appelle les robots par des clignotements. Et comme tous les signaux sont codés, la balise numéro quatre appelle le robot numéro deux, pendant que la balise numéro cinq appelle le robot numéro 1, etc. Ce qui nous permet de créer des chorégraphies en ayant un certain nombre de balises tout autour de l’aquarium et avec notre logiciel Jessikommande, nous pouvons créer des mouvements synchronisés ou aléatoires dans le bassin. Mais là, on a bien simplifié le processus, compte tenu des branches et des recoins de l’aquarium. On attire les robots pairs par une des balises pendant 5 s. Et ensuite les robots impairs, de façon que ces robots ne soient pas toujours attirés par la même. Et encore là, les balises attirent en permanence les robots et c’est ce qui donne cette impression de promenades « en liberté ». Ils vont toujours suffisamment s’éloigner d’une balise pour être repris par une autre, etc. Mais ce qui nous intéresse vraiment dans ces animations dites de prestige, c’est la perception du public. On a d’autres projets pour le domaine scientifique mais ici, c’est vraiment l’attraction qui nous conduit au processus de fonctionnement. Sinon, nous pourrions également programmer un robot maître qui émettrait un signal lumineux vers l’arrière et ceux qui le suivent… Cependant, il n’y aurait pas cette impression de liberté ! Un mode de communication par signal lumineux visible et une tête chercheuse… P.R. : On parle de rechargement des accus la nuit et d’animation le jour. Où en êtes-vous en matière d’autonomie ? C.T. : Les robots peuvent nager huit heures nonstop et nous avons également une version dix heures (et en nous débrouillant, nous arrivons à tenir seize heures pour de très longues anima-

Entretien avec Guillaume Eveillard, le capacitaire et conservateur de l’Aquarium de Paris… Planète Robots : Bonjour, Guillaume — quelle est donc votre fonction ? Guillaume Eveillard : Je m’occupe du bienêtre des poissons et de l’entretien des bassins à l’Aquarium de Paris.

tions…). Pour obtenir ces durées, il a fallu optimiser les temps de pause du microcontrôleur afin de ne pas pomper toute l’énergie qui est réservée aux moteurs. Mettre en pause le microcontrôleur « Communication » permet d’augmenter l’autonomie… P.R. : C’est donc comme pour le poisson rouge et ses trois secondes de mémoire. Il calcule un ordre et le MC se met en pause ?… C.T. : Il y a un peu de ça… L’architecture est très particulière : deux microcontrôleurs se partagent les tâches. Et ils sont underclocker, pour moins consommer. L’un s’occupe des coms et l’autre des fonctions de base (celui des coms se met en veille s’il ne reçoit pas de message). Et tout cela est très ergonomique, très proche du hard pour éviter les déperditions énergétiques… (Pas mal d’assembleurs et ce n’est pas parce que nous sommes masochistes — mais on est à quelques cycles d’horloge près et nous sommes obligés d’optimiser à mort le code pour que ça passe. Si nous ne faisions pas cela, cela ne tiendrait pas aussi longtemps !)

P.R. : Que pensez-vous de l’expérience Robotswim ? G.E. : C’est une première ! je n’avais jamais vu cela avant et j’avoue que je suis très impressionné — surtout quand on les attire avec la télécommande, je suis bluffé… P.R. : Et l’impact auprès du public ? G.E. : Très positif et les robots volent un peu la vedette à nos esturgeons et à nos carpes. C’est vrai qu’étant lumineux, ils attirent l’œil… Le public est très curieux de savoir comment ça marche avec la télécommande même s’ils ne l’ont pas en main. Mais rien que de les voir nager dans le bassin, c’est assez incroyable. P.R. : Avec les esturgeons, comment les présentations se sont-elles passées ? G.E. : Il n’y a eu aucun problème ici mais dans le bassin de l’Estuaire de la Seine où nagent des grondins, ces derniers ont voulu manger les robots poissons… Nous les avons donc retirés pour qu’ils ne se blessent pas. P.R. : La mise en route vous a-t-elle posé des problèmes ? G.E. : Non, une demi-journée de formation nous a permis d’apprendre à faire fonctionner ces cinq robots et aussi d’assimiler les éventuelles déviances — mais vraiment, tout s’est très bien passé durant toute l’animation…

P.R.:Allons-nous revoir cette animation prochainement puisqu’elle est terminée à ce jour?… C.T. : Pour ce qui est de la décoration permanente, nous sommes sur de gros projets — donc je ne peux pas parler pour le moment — , quasiment sur les cinq continents. Un gros pro-

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Au de Rome projet entre entrep frança mené Aldeb


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A Z Z E M UN ROBOT DE MÉDIATION Dans le cadre d’une exposition (qui se tient de janvier à juin 2015) intitulée Cycle l’Homme et l’Animal, la Bibliothèque des Champs Libres de Rennes met un robot animal à la disposition des adolescents… Comment les ados vont-ils interagir avec un animal non vivant ? Vont-ils s’en emparer et le faire vivre ? Peut-on créer un lien avec un animal virtuel ? Voilà quelques-unes des questions qui ont été posées avant la mise en œuvre du projet… Le fameux Tamagotchi est la preuve que ce lien peut exister (mais le public qui va et vient au sein de la mezzanine de la bibliothèque est sans aucun doute trop jeune pour connaître cet animal électronique japonais…). LA GENÈSE DU PROJET Comme nous l’explique Angélique Robert, la responsable du projet pour la Bibliothèque de Rennes, les premières idées et discussions s’orientaient vers la création d’un animal virtuel qui ne serait accessible qu’à partir d’Internet et évoluerait seulement dans ce monde, au gré d’échanges virtuels. Mais cette idée a été rapidement abandonnée au profit de celle d’un

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robot animal qui serait exposé sur la mezzanine de la bibliothèque (d’où son premier nom, Mezza). Au sein de l’espace des Champs Libres, il paraissait intéressant de voir comment les animateurs présents s’empareraient du projet, le feraient évoluer et communiqueraient autour de cette nouveauté. UN ROBOT POUR LES ADOS Le public visé par cette expérimentation est le public adolescent qui se rend régulièrement à la Bibliothèque des Champs Libres et les concepteurs du robot n’ont pas hésité à aller à leur rencontre pour essayer de comprendre leurs attentes vis-à-vis du projet en particulier et du robot animal en général… Par le biais de connaissances mutuelles, les responsables du projet et le club de robotique de Rennes 1 se sont rencontrés en mai 2014 et ont commencé leur collaboration dans le cadre de


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“C’est un robot suiveur de ligne posé sur une table équipée de plaques que les visiteurs peuvent tourner ou retourner afin de créer le chemin sur lequel il va se déplacer automatiquement.”

Les visiteurs pouvaient proposer un nom pour le robot. — Le robot sans son déguisement… — En dessous… Moumout, alias le robot Mezza…

Il a aussi fallu réfléchir à différentes contraintes, notamment en termes d’autonomie, afin que le personnel de la Bibliothèque de Rennes ne soit pas obligé de changer régulièrement les batteries — et aussi veiller à ce que la fourrure n’entrave pas les déplacements du robot. Un ingénieux système de rechargement des batteries à d’ailleurs été mis en place pour lui permettre se réapprovisionner en énergie lorsqu’il se trouve à son point de départ…

l’exposition. Ce club de robotique de Rennes 1, créé en mars 2013, compte une quinzaine d’étudiants parmi lesquels on retrouve des autodidactes et des néophytes venus s’initier à la robotique et à l’électronique. Le club répond aux associations qui le contactent en proposant des solutions sur mesure, après une première phase d’échanges qui permet de mieux cerner les besoins. Parmi ses réalisations, on trouve notamment des systèmes comportant des interfaces graphiques interactives ou des jeux de type Puissance 4. Et comme beaucoup de clubs de robotique, un de ses objectifs est de participer à la Coupe de France de Robotique… LA CONSTRUCTION ET LES FONCTIONS DU ROBOT Plusieurs membres de ce club de robotique de Rennes 1 ont donc pris pied sur la mezzanine des Champs Libres pour évaluer l’espace disponible et le positionnement possible du robot. Et comme nous l’indique Paul Berraute, son président, pour répondre aux besoins exprimés par la Bibliothèque de Rennes, il a d’abord été envisagé de réaliser un robot chat capable de reconnaître des personnes. Mais au vu de la complexité de cette solution, des simplifications ont dû être apportées pour finalement aboutir à la création d’un robot ressemblant à un cochon d’Inde et arborant une superbe fourrure… C’est un robot suiveur de ligne posé sur une table équipée de plaques que les visiteurs peuvent tourner ou retourner (voir photo) afin de créer le chemin sur lequel il va se déplacer automatiquement ; Moumout est capable de reconnaître son point de départ et son point d’arrivée grâce à des cartes RFID situées sous des plaques spécifiques. La so-

lution mise en place présente deux parties bien distinctes: la base principale du robot — une base MA-VIN de Lextronic qui a l’avantage d’être close pour rendre les moteurs inaccessibles, un aspect très sécurisant pour les visiteurs (et la sécurité est évidemment un impératif pour la Bibliothèque de Rennes) — et une carte Arduino qui, grâce aux hacks du club de robotique, est en mesure de remplacer les boutons normalement utilisés pour commander les moteurs actionnant les roues du robot.

UN NOM POUR LE ROBOT Une des animations proposées pour inciter les adolescents à s’approprier le robot a consisté à lui choisir un nom : ils pouvaient le faire en inscrivant leurs idées sur des Post-it. Les nombreuses appellations ont été affichées sur un mur à l’entrée de la mezzanine (voir photo) et après moult délibérations, le robot cochon d’Inde a reçu le nom de Moumout, certainement en hommage à sa belle fourrure… Et en fonction des attentes exprimées par ces ados, il pourra être envisagé de proposer ultérieurement des animations spécifiques, voire des séances de programmation — notamment pour expliquer le fonctionnement et l’utilisation d’une carte Arduino…1 ■Richard Seltrecht

Pour en savoir plus… — Cycle l’Homme et l’Animal de la Bibliothèque de Rennes : http://www.leschampslibres.fr/ — Le fil Twitter du robot Moumout : https ://twitter.com/moumout_lerobot

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LA 3D SANS LUNETTES

Une nouvelle génération d'écrans de plein air vient de faire son apparition. Et des ingénieurs ont mis au point un système de diffusion d'images 3D très grand format et visibles sans lunettes. Une technologie qui pourrait voir le jour dès 2016 sous la forme de publicités géantes… Imaginez donc… Au détour d’une rue, vous tombez nez à nez avec un requin géant en trois dimensions ou encore avec un énorme visage plaqué à un panneau publicitaire ! Cela ne sera bientôt plus un rêve puisque la diffusion d’images en 3D en plein air et en très grand format pourrait bien voir le jour dès 2016. On l’appelle la 3D autostéréoscopique — autrement dit elle n’impose pas le port de lunettes spéciales. À l’origine de cette avancée se trouvent des scientifiques de la Technische Universität Wien (Autriche), qui ont collaboré avec la société d’affichage dynamique TriLite.

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DES LASERS SOPHISTIQUÉS Mais alors, comment notre œil peut-il voir en 3D sans lunettes ?… En 2013, la jeune entreprise TriLite Technologies a mis au point un système sophistiqué qui envoie plusieurs centaines de faisceaux lasers dans des directions différentes. Plus précisément, chaque pixel 3D (aussi appelé trixel dans ce cas) est unique et se compose de lasers et d'un miroir mobile. Le miroir dirige les faisceaux lasers à travers le champ de vision, de gauche à droite. Et au cours de ce mouvement, l'intensité dudit laser est modulée afin que les différents éclairs soient envoyés dans

des directions différentes. (La résolution angulaire est si fine que l'œil gauche perçoit une image différente de celle que voit l’œil droit. L’effet 3D est créé et sans lunettes. À titre de comparaison, les films en 3D actuels diffusent seulement deux images, une pour chaque œil. Cette technologie 3D, elle, diffuse plusieurs centaines d'images. Un individu peut donc percevoir l’image en 3D de différents points de vue.) Seul bémol au système : pour que l’effet soit visible, le spectateur doit être placé dans un périmètre de distance convenable par rapport à l'écran. Si la distance est trop grande, les deux


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“Cette nouvelle technologie pourrait notamment servir à diffuser des messages publicitaires sur des écrans géants installés en plein air.”

Le stéréoscope, par lequel tout a commencé…

UNE HISTOIRE DE 3D Les débuts de l’autostéréoscopie, soit la vision en 3D naturelle, datent de 1832… En effet, c’est à cette date qu’un physicien et inventeur anglais, Charles Wheatstone, étudia des moyens pour observer les dessins en relief. Il fit breveter son « stéréoscope » en 1838. L’appareil comportait alors deux miroirs inclinés de 90° l’un par rapport à l’autre : ils renvoyaient alors le regard vers deux dessins et l’œil voyait le relief. (L’année suivante, le principe fut appliqué à la photographie.) En France, c'est en 1896 que l’ingénieur Auguste Berthier définit le principe des « réseaux lignés ». (Deux images étaient prises de points de vue différents et étaient cette fois superposées. Et chacune d'elles était découpée en petites bandes parallèles — une dizaine par millimètre —, les bandes de rang pair de l'une des vues alternaient avec les bandes de rang impair de l'autre. L’un des yeux n'apercevait donc que les bandes d'images de rang pair et l'autre, celles de rang impair. La sensation de relief était ainsi obtenue. Mais il a fallu attendre environ quarante ans et de nombreuses évolutions pour voir apparaître les premiers films 3D.)

La technologie TriLite rend l’image 3D visible de jour comme de nuit.

Le premier prototype tient dans un boîtier miniature…

UNE FLOTTE DE 3D yeux reçoivent la même image… L’individu ne perçoit alors qu’une image 2D typique des écrans classiques. Le périmètre dans lequel l'effet 3D peut être perçu doit être réglé selon les exigences locales (comme la taille de la rue). UN USAGE PUBLICITAIRE Cette nouvelle technologie pourrait notamment servir à diffuser des messages publicitaires sur des écrans géants installés en plein air. Selon TriLite, une étude récente montre que le visionnage d’une publicité augmente de 22 % quand elle passe de la 2D à la 3D. De même, l'intention d'achat grimperait de 69 % ! C’est donc une aubaine pour les publicitaires. Cette avancée pourrait donc être mise au service de grands événements sportifs (dans les stades), de concerts, être présente dans la rue (pourquoi pas sur Times Square, à New York) ou encore dans les aéroports. Les possibilités sont infinies… Si le premier prototype dispose seulement

d'une résolution modeste de cinq pixels par trois à l’heure actuelle, un second prototype est en cours de réalisation et devrait être opérationnel d'ici le milieu de l'année. Il permettra d'afficher des images en couleurs avec une résolution plus élevée. (Le lancement commercial des images 3D géantes autostéréoscopiques est prévu pour 2016.) ■Gaëlle Michineau

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Avec des publicités géantes en 3D, l’année 2016 pourrait aussi connaître la mise en place d’une autre nouvelle technologie d’affichage : la diffusion d’images 3D flottant dans l’air. Ce procédé a pour nom Aerial 3D. Initié par Burton, une société créée par des scientifiques japonais, il repose sur un laser qui génère jusqu’à mille impulsions par seconde. Focalisé par une lentille, il surchauffe les molécules d’oxygène et d’azote jusqu’à transformer brièvement le gaz en un plasma lumineux de couleur blanche. Les « pixels » lumineux sont contrôlés par ordinateur afin de dessiner une image en trois dimensions, projetée à cinq mètres de hauteur. Une hauteur qui devrait prochainement doubler, selon les scientifiques. Le système intéresse déjà des entreprises et des municipalités du Japon, pour l’application à la signalétique urbaine, à la publicité ou encore à la diffusion d’informations… L’image 3D flottante peut être fixe ou animée — selon la synchronisation des tirs lasers.

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BLEEN Le Bleen intrigue — réalité ou illusion ?

RÉVOLUTION HOLOGRAPHIQUE OU LEURRE TECHNIQUE ?… Les hologrammes sont déjà bien présents dans nos films de science-fiction préférés. Un projet propose de les faire surgir directement dans notre salon ou dans les salles de réunion… UN OBJET AU DESIGN DE SCIENCE-FICTION La société Bleen Developer Program a récemment lancé un projet de financement participatif (ou crowdfunding) sur le site Indiegogo (la collecte en était à 66 996 $ sur les 225 000 demandés à la fin du compte à rebours, le 30 décembre 2014). Le projecteur Bleen se présente sous la forme d'un œuf (ou d'un rocher) d'une vingtaine de centimètres de diamètre (blanc translucide ou noir charbon sont les coloris proposés). Le système est vendu au prix de 225 $ sur le site du constructeur (430 $ pour deux systèmes). Un prix peu élevé au vu des fonctionnalités disponibles ! UN SYSTÈME A PRIORI RÉVOLUTIONNAIRE Développé depuis 2011 à San Francisco par les scientifiques ukrainiens Bogdan Shevchuk et Oleg Kokhan, le système Bleen est bien

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(comme des jeux, des activités spor tives et des moyens de communication).

avare en informations… La prise d'image serait basée sur un système employant de puissantes caméras afin de capturer ladite image (sans que davantage de précisions ne soient données sur le site du constructeur). Le projecteur serait capable de restituer un hologramme d’une taille de 2,50 m. Et l'engin serait proposé avec un système d'exploitation propriétaire possédant déjà des applications basées sur la technologie holographique

DE MULTIPLES UTILISATIONS MAIS DE SÉRIEUX DOUTES TECHNIQUES La société considère avant tout le projet comme un système de communication pour les entreprises — mais pas seulement. Le Bleen compte bien révolutionner le divertissement dans les foyers en rendant insignifiantes les lunettes et autres écrans 3D. La compagnie veut adapter son système aux films, aux jeux vidéo, aux concerts et aussi au sport en promettant une bonne fluidité de mouvement. Ce serait donc un système révolutionnaire à un prix incroyablement attractif ? Cela semble difficile à croire… Tellement difficile que des curieux ont décidé d'étudier en profondeur le système sur le site Metabunk ! Tout d'abord, un hologramme (et on utilise souvent abusivement ce terme) représente une image en relief. Le Tupac du concert de Snoop Dogg ou les membres du


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“La compagnie veut adapter son système aux films, aux jeux vidéo, aux concerts et aussi au sport en promettant une bonne fluidité de mouvement.”

La technologie est-elle vraiment là ?…

groupe Gorillaz lors de leurs concerts n'en étaient pas. Ils n'apparaissent même pas en 3D mais seulement en 2D car ils n'ont pas de profondeur et ne peuvent être vus sous plusieurs angles… (Ces concerts utilisaient un principe d'optique et non un système holographique. Cette illusion d'optique s’appelle le fantôme de Pepper. Elle fonctionne à l'aide d'une plaque de verre et d'un jeu particulier d'éclairages et de miroirs, faisant croire qu'un élément est dans la pièce alors qu'il est projeté ou présent dans une pièce adjacente. C'est le système utilisé pour faire apparaître des fantômes dans les attractions.) Il paraît donc difficile de susciter des personnages d'un réalisme saisissant pour une centaine d'euros alors que les grandes structures n'y parviennent pas encore ! Le système qui se rapproche le plus du Bleen est une expérience qui a été présentée au Japon en 2011 : elle permettait d'obtenir des formes simples mais nécessitait de puissants (et dangereux) lasers pour fonctionner. Et les caractéristiques du projecteur Bleen ne mentionnent pas la puissance exacte des composants embarqués ; il est seulement précisé que des capteurs et des lasers sont utilisés et qu'une connexion Internet est nécessaire… L'ABSENCE DE COMMUNICATION Plus étonnant encore, les images de démonstration sont en fait de simples photos issues de banques d'images achetables sur le Net, dans lequel le projet Bleen a été incrusté. Aucune démonstration n'ayant été faite et aucun

prototype n'ayant encore été présenté, il existe donc de sérieux doutes sur la fiabilité du projet. (D'autant que le produit est censé être envoyé aux clients dès octobre 2015…) Disposer d’un projecteur d'hologrammes est une chose, avoir des films et des jeux pour le faire fonctionner en est une autre… Or peu d'informations sont disponibles sur la création de contenu, aucun kit de production n'est proposé et les studios de divertissement n’en font aucune mention.

n'a pas atteint les 225 000 $ demandés, des promesses de dons ont quand même été récoltées. Ce qui laisse encore plus penser à un moyen de récupérer de l'argent sur le dos des crédules ! Le financement du projet ne sera donc que de 67 000 $, ce qui est dérisoire par rappor t à la somme investie pour développer l'Oculus Rift (dont la société Oculus VR a été rachetée deux milliards de dollars par Facebook) — qui serait moins perfectionné que le Bleen avec des hologrammes en 3D sans lunettes selon les spécificités. Le catalogue présent sur le site propose d’acheter le projecteur ainsi que de nombreux accessoires comme des télécommandes ou des manettes. Or rien n'est montré en situation et il se révèle impossible d'acheter le moindre objet sur la boutique en ligne… (Étrange de proposer les ar ticles et de refuser des précommandes alors que le palier de financement n'a pas été atteint !) Quel sera le résultat du produit fini (si le projet est bien sûr mené à terme) ? Un projecteur révolutionnaire ? Une image autostéréoscopique comme dans la 3DS de Nintendo ? Ou un simple projecteur comparable à celui de cer tains radios-réveils ? Les transmissions à la Star Wars vont bientôt investir notre quotidien mais peut-être pas grâce au Bleen… Il faut maintenant observer la manière dont sera utilisé l'argent collecté. Réponse en octobre 2015…

UN FINANCEMENT TRÈS LÉGER Le système de collecte sur le site Indiegogo est passé en « flexible » : même si le projet

■Nicolas Vimard

De belles images qui peuvent faire rêver les amateurs de technologies — mais des promesses bien difficiles à tenir!

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CURIOSITY POURSUIT SES PÉRÉGRINATIONS

SUR LE SOL MARTIEN Plus de deux ans après son arrivée sur Mars, Curiosity continue de faire des découvertes. Après avoir livré des informations laissant à supposer que le cratère Gale aurait abrité un lac dans un très lointain passé, le rover a également décelé la présence de composés chimiques organiques dans le sol et des émanations sporadiques de méthane dans l’atmosphère… LA CONFIRMATION DE LA PRÉSENCE D’UN ANCIEN LAC Après avoir étudié les données recueillies par le rover sur la composition du sol dans le cratère Gale, les scientifiques de la NASA commencent à en avoir une représentation assez complète… Ils estiment qu’il aurait jadis abrité un grand lac s'étendant sur 155 km, voire toute une série de lacs. Ce réservoir d’eau aurait existé, il y a de cela plus de trois milliards sept cents millions d’années, le temps de se former, de s'assécher puis d'accumuler assez de sédiments pour former le mont Sharp, haut de 5 500 m. En examinant ses roches, la disposition et la composition des couches sédimentaires (dont une partie

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s’est formée au contact de l'eau et de l’érosion du vent), ils ont conclu que le mont Sharp n'existait pas au moment où s'étendait le lac à cet endroit… Pour qu'une étendue d’eau aussi vaste et des rivières aient pu exister aussi longtemps sur Mars, il a fallu que le climat soit totalement différent de ce qu'il est depuis deux milliards d'années. Et si leur hypothèse se révèle exacte, cela signifierait que l'atmosphère martienne était à cette lointaine époque beaucoup plus épaisse et plus chaude — pour permettre à l'eau d'exister à l'état liquide. Cela remettrait alors en question l'idée que les conditions chaudes et humides y aient été transitoires, locales ou seulement souterraines.

LES DERNIÈRES DÉCOUVERTES DE CURIOSITY Le rover a non seulement repéré, pour la première fois, des molécules organiques dans un échantillon de sol prélevé au cours d’un forage effectué à Cumberland (il est encore impossible de déterminer s’il s’agit là du résultat d’une activité biologique ou non) mais il a aussi détecté de véritables bouffées de méthane dans l’atmosphère de la planète rouge. Durant les vingt premiers mois de sa mission, son instrument SAM a effectué treize mesures du méthane dans l'air ambiant. Ce dernier était peu présent (environ 0,69 molécule sur un milliard). Cependant, à certains moments (et plus particulièrement lors de


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© photo : NASA/JPL-Caltech/ESA/FU Berlin/MSSS.

“Et si leur hypothèse se révèle exacte, cela signifierait que l'atmosphère martienne était à cette lointaine époque beaucoup plus épaisse et plus chaude .”

Reconstitution informatique d’un lac géant au milieu du cratère Gale, tel qu’il était il y a trois milliards sept cents millions d’années.

Les lunettes HoloLens de Microsoft pourraient permettre aux ingénieurs de la NASA de visiter virtuellement les lieux de passage des rovers…

quatre mesures effectuées au cours d’une période d'environ soixante jours — fin 2013début 2014), les niveaux décelés ont été jusqu'à dix fois supérieurs (7,2 molécules sur un milliard). Pour l’instant, les chercheurs sont incapables d'avancer une explication à ce phénomène et ne peuvent qu’émettre diverses hypothèses. En effet, ce méthane peut provenir d’une grande variété de sources : la transformation d’une roche (comme l’olivine) et la dégradation par les rayons ultraviolets de molécules organiques provenant de météorites. Ou encore la production par l’impact de comètes, le relargage à partir des clathrates de gaz gelés et piégés sous la surface ou d’autres gaz adsorbés par le régolithe, l’érosion du basalte contenant des inclusions de méthane, la production géothermale… Toutefois, aucune d’elles ne correspond entièrement aux observations faites par Curiosity. D’autres études seront donc nécessaires pour

déterminer si les composés organiques et le méthane sont (ou ont été) produits par une quelconque forme de vie ou s'ils découlent de simples processus géochimiques. Il faudra vraisemblablement aussi attendre les résultats de la sonde indienne Mangalyaan, conçue pour « renifler » le méthane atmosphérique (elle est en orbite depuis septembre) et, par la suite, ceux de la double mission ExoMars (2016 et 2018) de l’ESA pour tirer de tout cela des conclusions. UN MAL POUR UN BIEN Au début du mois de janvier, la ChemCam a commencé un travail de repérage de roches en vue du cinquième forage. Quelques jours plus tard, Curiosity a effectué un test préliminaire sur une plaque rocheuse, baptisée Mojave et située dans la zone de Pink Cliffs, afin d’évaluer s’il était possible d’y effectuer un forage profond. En y

creusant un petit trou de 1,6 cm de large, le foret a malencontreusement fissuré la roche, ce qui a montré sa fragilité ; l’aspect positif de cet incident réside dans le fait que cela a produit des éclats de roche qui reposent sur le sol. (Il est en effet rare que le rover puisse étudier de nouvelles surfaces détachées où les effets du climat et de la poussière sont encore minimes.) Le rover a ensuite fait une pause pendant une semaine afin qu’on puisse lui télécharger une nouvelle version de son logiciel de route. Il s'agissait de la quatrième installée depuis son arrivée sur Mars en août 2012. Et tout comme les trois précédentes, elle lui confère des améliorations qui ont été préalablement testées sur Terre sur son jumeau, afin de le rendre encore moins vulnérable… Elles vont lui permettre d'utiliser le gyroscope de mesure inertielle pendant les forages pour mieux détecter les éventuels glissements mais aussi accroître sa capacité d’identifier de façon autonome les difficultés afin qu'il puisse avancer en terrain sûr. UNE NOUVELLE PERSPECTIVE DANS L’EXPLORATION DE MARS Alors que Microsoft vient à peine de présenter l’HoloLens, son casque de réalité augmentée en 3D qui permet d'interagir virtuellement avec l’environnement et de visualiser des objets sous tous les angles, le JPL de la NASA annonçait que ses scientifiques allaient bientôt utiliser cette technologie de projection d’images holographiques. Les deux sociétés travaillent déjà en étroite collaboration au développement d'un logiciel — l’OnSight — qui utilisera en temps réel les données recueillies par Curiosity pour créer une simulation en 3D de l'environnement martien. Grâce à cela, les scientifiques du JPL, munis d’un casque HoloLens, pourront explorer virtuellement et de façon immersive, de leurs bureaux situés à Pasadena en Californie, tout l’environnement du rover comme s’ils se trouvaient sur la planète rouge. Ils pourront ainsi s'y déplacer et observer donc sous tous les angles et jusqu'aux plus petits détails les affleurements rocheux, planifier de nouvelles actions du rover et prévisualiser les résultats de leurs travaux… Le logiciel OnSight permettra aussi d’interagir directement avec le rover et de contrôler ses instruments scientifiques embarqués en utilisant de simples gestes pour sélectionner les commandes du menu. Les scientifiques du JPL prévoient de tester cette nouvelle technologie dans le courant de l’année avant de l’intégrer à la future mars 2020 rover mission. Et il faudra encore sûrement attendre plusieurs décennies avant que l’homme ne se rende en personne sur Mars — mais d’ici là l’HoloLens et l’Onsight devraient en faciliter l’exploration… ■Josèphe Ghenzer

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PREND SON ENVOL

Le Solar Impulse 2 est un véritable laboratoire technologique volant qui aura demandé quatre ans de dur labeur à une équipe de quatrevingts ingénieurs et techniciens. Ils lui ont donné naissance pour relever un véritable défi : le premier tour du monde en avion solaire… L’AVENTURE CONTINUE ! Construit en 2009, le Solar Impulse pesait 1 600 kg pour une envergure de 64 m. Dès son premier vol, il avait prouvé toute la faisabilité d'un avion propulsé par la seule énergie solaire avant de battre, au fil des mois, pas moins de huit records du monde… Encouragés par ces divers succès, Bertrand Piccard et André Borschberg, les concepteurs et pilotes de l’avion, ont pu alors passer à l’étape suivante de leur folle aventure. Si leur premier prototype avait largement prouvé qu’il pouvait, en théorie, voler indéfiniment en restant en l'air une nuit entière après avoir rechargé ses batteries au soleil pendant la journée, il était toutefois limité par l'endurance de son pilote et sa capacité de maintenir l’appareil en vol en l'absence de tout système de pilotage automatique. C’est pourquoi il leur a fallu construire un deuxième avion, le Solar Impulse 2 (Si2), mieux adapté à leur défi et impliquant l’optimisation de nouvelles technologies et la réduction de la consommation d’énergie. Pour

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cela, l’équipe a dû élaborer des solutions innovantes nécessitant le développement de nouveaux matériaux et des procédés de construction inédits avec l’aide de sociétés partenaires. C’est ainsi que Solvay a inventé des électrolytes qui permettent d’augmenter la densité énergétique des batteries tout en réduisant leur masse, que Bayer MaterialScience a apporté ses nanotechnologies au projet ou encore que Décision SA a fourni des fibres de carbone d’une extrême légèreté. D’autre part, un nouveau polymère a été développé pour remplacer l'aluminium du vérin du train d'atterrissage, ce qui a procuré un gain de 80 % sur la masse de cet élément. UNE VÉRITABLE PROUESSE TECHNOLOGIQUE Afin de maximiser sa performance aérodynamique, son envergure est de 72 m (supérieure à celle d'un Boeing 747-800) pour un poids de 2 300 kg. Afin d’alléger le poids au maximum, d’embarquer assez de batteries et d’avoir un

cockpit dans lequel un pilote puisse vivre pendant une semaine, sa structure a été construite à partir de matériaux composites (des fibres de carbone et des structures en nid d’abeilles, assemblées en sandwich). Les bandes de carbone utilisées ne pèsent que 25 g/m2 (soit trois fois moins qu'une feuille de papier d'imprimante), grâce à une technologie utilisée pour les catamarans de course. L'extrados de ses ailes est recouvert d’une « peau » composée de cellules solaires encapsulées et l’intrados d’un film flexible à haute résistance. Et cent quarante nervures en fibre de carbone, réparties tous les 50 cm sur chaque aile, lui donnent son profil aérodynamique tout en garantissant sa rigidité. Le Si2 est équipé de dix-sept mille deux cent quarante-huit cellules photovoltaïques (couvrant 269,5 m2) en silicium monocristallin de 135 µm d’épaisseur — réparties sur ses ailes, son fuselage et son stabilisateur horizontal. Elles sont capables de capter jusqu'à 340 kW/h d'énergie solaire par jour, assurant ainsi le meilleur compromis entre légèreté, flexibilité et rendement


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“Divers experts envisagent d’exploiter les technologies mises au point lors de la construction du Si2 pour les appliquer au marché en plein boom des drones solaires.”

Le Solar Impulse 2, un avion solaire parrainé par Google.

Le Solar Impulse 2 en vol…

(23 %). Elles alimentent de plus quatre petits moteurs électriques (d’une puissance de 17,5 ch chacun), fixés sous les ailes et munis d’un réducteur limitant à 525 tours/min la rotation d’une hélice bipale de 4 m de diamètre. L’ensemble a un rendement de 94 %, ce qui constitue un record d’efficience énergétique. L’énergie collectée pendant la journée par les cellules solaires est stockée dans des batteries au lithiumpolymère, d’une densité énergétique de 260 Wh/kg. Disposées dans quatre nacelles et isolées dans une mousse de haute densité avec un système de contrôle des seuils de charge et de température, leur masse est de 633 kg. Afin d’économiser l’énergie, le Si2 monte à 9 000 m pendant la journée et descend à 1 500 m le soir. Pendant la nuit, ses batteries prennent le relais en attendant le lever du soleil. Ses circuits électriques ont été rendus étanches pour lui permettre de voler sous la pluie et il a

été doté de systèmes redondants pour une meilleure fiabilité. En outre, un système de surveillance assure le bon fonctionnement du pilote automatique et détecte toute anomalie ou dépassement des limites de sécurité. Enfin, une interface homme-machine très sensible alerte le pilote par une vibration si l’angle d’inclinaison dépasse la limite de 5°. UN DÉFI AVANT TOUT HUMAIN Au cours de ce tour du monde, Bertrand Piccard et André Borschberg se relaieront à chaque étape pour piloter le Si2 et totaliseront finalement environ 500 heures de vol. La traversée des océans représentera un défi, en termes d’endurance et de vigilance, pour le pilote qui sera seul à bord dans un cockpit non pressurisé et non chauffé. Le pilote et le cockpit seront alors exposés à des températures extrêmes pouvant aller de – 40 °C à + 40 °C. C’est pour-

quoi ils seront protégés par une isolation thermique de haute densité. Le cockpit monoplace du Solar Impulse qui, dans sa première version faisait 1,4 m3, a été agrandi à 3,8 m3 afin de permettre au pilote de s’allonger lors des étapes les plus longues et d’augmenter la charge utile puisqu’il lui faudra embarquer six bouteilles d’oxygène, l’eau et la nourriture pour une semaine (sur la base de 2,4 kg de nourriture, 2,5 l d’eau et 1 l de boisson énergétique par jour) ainsi qu’un équipement de survie. Le siège ergonomique est polyvalent puisqu’il sert à la fois de couchette et de toilettes… En position allongée, il permet aussi d’effectuer des exercices physiques particuliers. De plus, un parachute et un canot de sauvetage sont intégrés dans son dossier… En raison de la spécificité du Si2, les deux pilotes, bien que chevronnés, ont dû s’entraîner à moult reprises dans un simulateur de vol spécialement conçu pour l’occasion afin de se familiariser avec son maniement délicat. Et ainsi se préparer aux étapes de longue durée (de quatre à six jours) au cours desquelles ils devront recourir à des techniques d’autohypnose et de relaxation pour conserver leur concentration et leur vigilance… L’AFFAIRE D’UNE ÉQUIPE Ce challenge est avant tout une affaire d’équipe. En effet, bien que le pilote soit la seule personne à bord de l’avion, il est accompagné par une équipe multidisciplinaire qui suit en permanence sa progression du Mission Control Center (MCC) et analyse ses performances grâce à la transmission par satellite, en temps réel, de centaines de données techniques. Grâce à des simulations informatiques de divers scénarios possibles, l’équipe est alors en mesure de lui trouver les configurations météorologiques optimales. Elle a aussi pour mission de lui ouvrir la voie pour qu’il puisse entrer dans un espace aé-

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UN TOUR DU MONDE PRÉVU EN DOUZE ÉTAPES… C’est démonté et dans de petites caisses que le Si2 a été acheminé, début janvier, dans un Boeing 747-400 à Abou Dhabi où, une fois remonté, il a effectué ses derniers essais de vol avant de décoller le 9 mars pour un voyage qui devrait se terminer entre la fin du mois de juillet et le début du mois d’août…

L’envergure du Solar Impulse n’a rien à envier à celle d’un long-courrier Boeing 747…

Les escales prévues étaient : Mascate à Oman, Ahmedabad et Varanasi en Inde, Mandalay au Myanmar, Chongqing et Nanjing en Chine. Viendra ensuite la traversée du Pacifique jusqu’à Hawaii puis il effectuera trois escales aux USA (Phoenix, une deuxième ville dont le choix dépendra de la météo et New York). La dernière partie de ce tour du monde comportera la traversée de l’Atlantique, pour faire escale en Europe du Sud ou en Afrique du Nord avant de revenir à Abou Dhabi. Le Si2 vole à 8 500 m d'altitude au maximum et à une vitesse de 50 à 100 km/h. Les étapes les plus longues, correspondant à la traversée des océans, devraient durer cinq à six jours. Ce tour du monde, qui couvrira presque 35 000 km, devrait s’échelonner sur cinq mois avec environ vingt-cinq jours effectifs de vol. Les escales servent au changement de pilote et à la présentation du Si2 au public et aux institutions politiques et scientifiques…

L’INCROYABLE HISTOIRE DE L’AVION SOLAIRE Les défis technologiques relevés par le Solar Impulse 2 auront certainement des répercussions dans le domaine de l’aéronautique.

rien contrôlé et préparer ses atterrissages sur des aéroports internationaux. En outre, des médecins spécialistes de la haute altitude suivent les pilotes aussi bien avant que pendant les vols. L’AVENIR POSSIBLE DU SOLAR IMPULSE Divers experts envisagent d’exploiter les technologies mises au point lors de la construction du Si2 pour les appliquer au marché en plein boom des drones solaires, tout en espérant qu’un tel projet puisse se développer en Suisse afin de bénéficier des retombées de ce nouveau secteur aéronautique à fort potentiel économique. C’est dans ce contexte qu’André Borschberg et Bertrand Pic-

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card réfléchissent à l’avenir du Solar Impulse en mettant à profit toute l’expérience acquise par leur équipe technique au fil des années. Il se trouve que dans le cadre d’un programme de l’ESA, consacré aux applications intégrées, la Suisse incite au développement des projets initiés par des start-up permettant de combiner les technologies des drones à celles des télécommunications, en complémentarité avec les satellites. La Suisse pourrait peut-être alors devenir une nation pionnière dans ce domaine en proposant une alternative aux acteurs traditionnels (états-uniens ou chinois). ■Josèphe Ghenzer

Cet ouvrage, richement illustré, permettra à tous ceux (petits et grands) que cette extraordinaire aventure intéresse, d’en apprendre plus sur le Solar Impulse 2… On y découvre les coulisses de ce défi humain et technique totalement inédit que Bertrand Piccard et André Borschberg et leur équipe d’experts chevronnés ont mis douze ans à finaliser — pour tenter d’effectuer le premier tour du monde en avion solaire ! Auteurs : Bertrand Piccard, André Borschberg et Johanne Bernard — Éditeur : De La Martinière Jeunesse — Déjà paru


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HAPS ZEPHYR D'AIRBUS À LA CONQUÊTE DE LA STRATOSPHÈRE !

Crédits photos : Airbus.

Depuis peu, les avancées technologiques ont mis en avant des drones solaires, les « pseudolites à haute altitude » ou HAPS (High Altitude Pseudo-Satellites), qui présentent moult avantages. Dans un proche avenir, ils pourraient remplacer certains satellites, tout en étant plus flexibles en termes d’utilisation, plus économiques et bien plus écologiques…

Et si des drones automatiques de très haute altitude procuraient un meilleur rendement que les satellites ? — Ici, un Zephyr d’Airbus.

LES NOUVEAUX VOYAGEURS DE LA STRATOSPHÈRE Envoyer des satellites traditionnels dans l’espace impose l’utilisation d’une fusée — ce qui est très onéreux et présente aussi un danger potentiel (sans compter les émissions de gaz à effet de serre qui vont de pair)… Le HAPS se présente sous la forme d’un drone ultraléger, équipé de cellules solaires et de batteries et capable de monter jusqu’à une altitude d'environ 21 km (c’est-à-dire au-dessus des intempéries et du trafic aérien conventionnel mais bien en dessous de l'altitude de 200 km à laquelle évoluent les satellites en orbite terrestre basse). Il remonte pendant la journée en utilisant la puissance de ses panneaux solaires pour alimenter de minuscules moteurs électriques puis économise l'énergie de ses batteries, durant la nuit, en redescendant pour rester à environ 15 km jusqu’au matin. (Il pourrait ainsi rester en vol pendant des mois, voire des années, tout en fonctionnant pour une fraction du coût d'un satellite.) Les HAPS constituent donc une éventualité plus qu’intéressante puisqu’ils seraient en mesure de rendre les mêmes services que certains satellites tout en évitant les périls et les frais de lancement des fusées. Ils combleraient de plus les

lacunes capacitaires existant entre les satellites et les drones… Ce sont en fait les engins les plus aptes à répondre aux besoins de persistance locale car ils sont capables de se concentrer sur une zone d’intérêt spécifique (de plusieurs kilomètres de superficie) tout en fournissant sans interruption des communications pseudosatellitaires et des services d'observation de la Terre à partir de la haute atmosphère et sur de longues périodes de temps. UNE PLACE AU SOLEIL Cela fait déjà plusieurs années qu’Airbus Defence and Space (ADS) développe un programme HAPS. C’est pourquoi en 2013, ADS a racheté à la société QinetiQ les activités liées au développement du drone solaire Zephyr avant de réussir, quelques mois plus tard, un vol d’essai du Zephyr 7. Il visait à consolider diverses améliorations apportées à sa conception et à son exploitation avant d’effectuer d’autres essais de longue endurance (pour affiner la conception finale du Zephyr 8). Le Zephyr 7 a une envergure de 23 m mais ne pèse que 53 kg. Conçu en fibres de carbone, il est doté de batteries lithium-soufre qui stockent l'énergie captée par des panneaux solaires, pour

alimenter deux moteurs électriques de 450 W. Il peut actuellement emporter une charge utile de 5 kg (transmetteur, caméras optiques et infrarouges). Il a déjà effectué plus de 850 h de vol à haute altitude et établi plusieurs records dont celui d’endurance avec 350 h d'affilée, à une altitude de 21 562 m. L’objectif d’ADS est d’améliorer les performances en réduisant son poids mais en augmentant sa charge utile afin de lui confier des missions de surveillance couvrant des zones de plusieurs centaines de kilomètres et de l’utiliser comme relais ou plate-forme de télécommunications. ■Josèphe Ghenzer

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AEROSCOPIA

UN CHANTIER COLOSSAL POUR DES AVIONS D’EXCEPTION Le musée aéronautique Aeroscopia a ouvert ses portes le 14 janvier 2015, pour faire découvrir aux visiteurs l’aéronautique du passé, du présent et du futur…

L’îlot de Projection du futur.

Le musée aéronautique Aeroscopia. (Crédit photo : David Bécus.)

Aeroscopia remonte le temps… (Crédits photo : Hervé Goussé — Masterfilms.)

Proposant son design oblong, une architecture décortiquée et étirée aux structures métalliques apparentes accueille des avions grandeur nature comme le Concorde, l’Airbus A300B, le Super Guppy, le drone Nord Aviation CT.20, l’ULM Skyranger et d’autres aéronefs — sans oublier des maquettes : notamment celle d’un bâtiment à consommation réduite de 7 671 m² qui verra sa surface doublée dans plusieurs années… INTERACTIF ET IMMERSIF AVANT TOUT Une fresque de 58 m de long nous immerge

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dans l’histoire de l’aviation — de l’aérodyne Éole, construit par Clément Ader, aux défis de l’avenir. En effet, par le biais d’îlots interactifs dédiés à l’ensemble des traceurs de l’aéronautique et de l’aérospatiale, les visiteurs virevoltent dans le musée et embarquent dans des avions emblématiques. Des métiers actuels à l’« archéologie aéronautique », nous apprenons bien des choses sur l’assemblage des avions de légende jusqu’à leur arrivée sur le tarmac… (Un parcours qui va des coulisses de la préparation d’un vol en passant par le contrôle aérien.) Décol-

lage ! La mécanique du vol, les commandes principales et les mouvements sont consultables à partir du simulateur dans lequel vous avez pris place. Le visioguidage Aeroscopia est disponible — gratuit de votre mobile sur les stores Google Play et Apple. Cette application accompagne le public avec des commentaires audio, un parcours adapté au visiteur et la possibilité d’une visite virtuelle avec des commentaires sur les appareils exposés, (certains contenus ne sont accessibles qu’à partir de la collection du musée). QUE NOUS RÉSERVE DONC LE FUTUR DE L’AVIATION ? Une réponse à la croissance de la démographie, à l’émission des gaz à effet de serre, l’innovation des interfaces homme-machine connectées et ergonomiques du cockpit… Cet autre îlot propose un film d’animation en 3D présenté par Airbus Group sur les innovations des transports aériens et la vision d’un avion futuriste.Tout cela relève certes pour le moment de la science-fiction, avec un avion entièrement fabriqué avec des matériaux recyclables et doté d’un habitacle transparent qui s’ouvre vers le ciel pendant le voyage… Le décollage vertical et une technique de navigation améliorée s’intégreraient désormais à notre mode de déplacement urbain (comme dans Le cinquième élément de Luc Besson). Un vrai challenge qui nous conduirait aux portes des étoiles avec des stations spatiales accessibles au plus grand nombre. Ce musée est le témoin parlant de l’expertise d’Airbus… ■Christelle Bloc

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NEWS Innovations & Concepts du futur a engendré sur Internet au début du mois d'avril. Le concept repose sur un boîtier dans lequel s'enfiche un iPhone muni d'un émulateur de Game Boy. La politique d'Apple interdit en principe l'émulation car elle importe des fichiers (les ROM en externe). Or ici, les jeux Game Boy utilisés sont vos propres cartouches — que vous insérez comme dans la vraie console de Nintendo… Designer : Hyperkin

XGAMER, UNE TABLETTE PENSÉE POUR LES JOUEURS Imaginez une tablette dotée d’un écran incurvé — pour une expérience cinématographique ! L'écran de l’XGamer (10 po en 1080p) diffuse son image à 180°. Et l'affichage est amélioré par une carte vidéo comportant une accélération 3D haut de gamme. Son design est magnifique et de plus son écran incurvé est naturellement ergonomique pour les mains grâce aux commandes placées à l'arrière. Designer : Beau Reid

OPTIMO: UN FAUTEUIL ROULANT MODULAIRE Le concept de ce fauteuil roulant constitue tout bonnement une innovation qui permettrait à de nombreuses personnes de jouir de meilleures conditions pour leurs déplacements… L’Optimo est un dispositif offrant trois positions : assise (à la manière des fauteuils classiques), les jambes allongées ou bien debout (pour avoir le regard à la même hauteur que tout le monde). En mode Assis, le fauteuil est adapté aux véhicules équipés d’une rampe ou d’un élévateur.

HOLOCUBE HC TABLET, UN SYSTÈME HOLOGRAPHIQUE À LA PORTÉE DE TOUS Par le biais d'une simple plaque synthétique transparente, une tablette iPad peut projeter son image, si ladite plaque est penchée à quarante-cinq degrés au-dessus de l'iPad. L'image renvoyée donne ainsi l'illusion d'une image flottant au-dessus de votre tablette ¬— le principe même de l’hologramme. Designer : Holocube

ARU : UN VÉHICULE POUR SE DÉPLACER SUR LE SOL GLACÉ DE L'ANTARCTIQUE Plus de mille personnes travaillent en permanence sur le continent glacé mais il n'y a pas de moyen de locomotion digne de ce nom pour les trajets. L’Antarctic Research Unit est un véhicule futuriste qui permet de se déplacer sur le sol gelé avec tout le confort d'une belle berline. De plus, l'engin offre un espace de vie digne des navettes spatiales des films de sciencefiction… Et afin d'agrandir l'espace de vie et de travail, une partie du véhicule peut gonfler à la manière des stations spatiales de Bigelow Aerospace. Enfin, pour maintenir leurs espaces de chaleur, les véhicules peuvent se regrouper à la manière des colonies de manchots…

POLAR : UN ÉCRAN SPHÉRIQUE GÉANT Comme son nom le laisse supposer, le Polar est un concept d’écran sphérique né de quatre projecteurs placés au-dessus d'une table de la même forme. Pour un travail en commun ou pour un seul utilisateur, il diffuse de façon naturelle vos données et vos médias… Enfin, pour piloter ces écrans, ce sont des systèmes Leap Motion et Cinder qui sont mis conjointement en guise d’applications.

Designers : Henry McKenzie et Artur Kupriichuk.

Designer : Lab101

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Designers : divers

SMARTBOY, POUR TRANSFORMER VOTRE IPHONE EN GAME BOY Parti comme un simple poisson d'avril, cet objet est devenu un projet réel de la société Hyperkin, à la suite du buzz qu’il

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NEWS GADGETS & TENDANCES À VENIR

DAMO : POUR RENDRE TACTILES VOS VIDÉOPROJECTIONS Le Damo est un ensemble d'outils qui permet la projection de votre ĂŠcran de smartphone ou de tablette via votre vidĂŠoprojecteur prĂŠfĂŠrĂŠ, compatible HDMI. Et le dongle (compatible Miracast et branchĂŠ au projecteur) est ĂŠquipĂŠ d'une camĂŠra qui reçoit le signal infrarouge ĂŠmis par une bague que vous portez Ă votre doigt pointĂŠ en direction de la projection‌ La bague est ĂŠgalement connectĂŠe via Bluetooth Ă votre smartphone afin d’interagir avec lui comme si vous manipuliez son ĂŠcran tactile ! Prix: 90 $ (environ 83 â‚Ź) INTEL COMPUTE STICK, UN ORDINATEUR ACCROCHÉ Ă€ VOTRE PORTE-CLÉS L'Intel Compute Stick est un petit ordinateur de poche, Ă brancher directement sur la prise HDMI d'une tĂŠlĂŠvision ou d'un moniteur. Deux versions existent, toutes deux basĂŠes sur le processeur Quad Core IntelÂŽ AtomÂŽ Z3735F. L'un des deux modèles inclut un stockage de 32 Go, une mĂŠmoire de 2 Go et la prĂŠinstallation de Windows 8.1 avec Bing. L'autre inclut 8 Go de stockage, 1 Go de mĂŠmoire et une distribution Linux prĂŠinstallĂŠe. L'Intel Compute Stick peut transformer n'importe quel ĂŠcran HDMI en un ordinateur entrĂŠe de gamme, capable de faire fonctionner des applications de productivitĂŠ, de consulter et de composer des e-mails et de naviguer sur le Web (et de lire aussi des contenus locaux ou en streaming). Prix: Ă partir de 100 $ (environ 92 â‚Ź) pour la version sous Linux

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L’ARCHITECTURE À SUBSOMPTION : DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

(PREMIÈRE PARTIE : LES MOTIVATIONS À LA BASE D’UNE APPROCHE RÉVOLUTIONNAIRE DU CONTRÔLE DES ROBOTS) 88

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Nous vous proposons de découvrir et de comprendre les principes de l’architecture à subsomption, une architecture de contrôle utilisée en robotique, dont le principal avantage est la réactivité. Proposée dans les années 1980 par Rodney Brooks, elle s’oppose à l’approche traditionnelle de l’Intelligence artificielle, qui se base sur la modélisation de l’environnement… Partons à la découverte d’une méthode qui pose ses fondements dans la théorie de l’évolution. Et bienvenue dans ce cahier technique, composé de trois parties, qui a pour objectif de vous apprendre les concepts de l’architecture à subsomption — une manière innovante de concevoir le cerveau des robots. Dans cette première partie, vous découvrirez ce qui a poussé Rodney Brooks et ses collègues du Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États-Unis, à proposer cette nouvelle architecture, capable de rendre le contrôle des robots plus robuste et plus réactif par rapport aux approches traditionnelles. Ce premier volet introduira aussi les machines à états finis, dont la compréhension est nécessaire avant de s’attaquer dans la deuxième partie à l’architecture à subsomption qui contrôle le robot Allen de Rodney Brooks. La troisième partie vous proposera un exemple simple et complet de la mise en œuvre de cette architecture, de la conception à la programmation… Nous espérons que ce voyage au cœur de l’Intelligence artificielle éveillera votre curiosité et vous poussera à expérimenter de nouvelles manières de penser avec vos robots ! DES ROBOTS ET DES HOMMES Un robot est une machine qui possède entre autres des capteurs, pour percevoir l’environnement, c’est-à-dire le monde qui l’entoure, et des actionneurs, afin d’effectuer des actions sur ce monde. Pour faire un parallèle avec nous, les êtres « humains », nous avons des yeux et des oreilles qui nous permettent de voir et d’entendre, donc de percevoir ce qui se passe autour

de nous. Et parmi les actionneurs que nous possédons pour agir sur notre environnement, nous avons les muscles qui nous font marcher et attraper des objets. Comment capteurs et actionneurs sont-ils reliés entre eux ? Dans un robot, une fois les informations des capteurs lues, il faut pouvoir les utiliser pour donner des ordres aux actionneurs. C’est justement la partie de contrôle d’un robot (ou la décision de manière générale) qui assure ce rôle. Chez les êtres « humains », on peut penser que c’est le cerveau qui contrôle nos mouvements. De manière très simple, si nous voulons attraper un objet, les yeux transmettent les images qu’ils perçoivent au cerveau, qui reconnaît l’objet et commande donc au bras et à la main de le saisir. Mais ce n’est pas ce qu’il se passe toujours car nous possédons aussi ce qu’on appelle des réflexes. Si nous mettons accidentellement le doigt sur une plaque de cuisson brûlante, nous avons le réflexe presque immédiat de le rétracter : cette « boucle » entre perception et action ne passe pas par le cerveau et a la caractéristique d’être très rapide — on pourrait dire instinctive. En revanche, si nous cherchons volontairement à nous brûler le doigt, notre cerveau est capable d’inhiber le réflexe et de maintenir le doigt sur la plaque (n’essayez pas de faire cette expérience chez vous !). L’ARCHITECTURE DE CONTRÔLE D’UN ROBOT Revenons à nos robots… La manière de fonctionner d’un robot est définie par son architecture de contrôle et c’est l’une des préoccupations de l’Intelligence artificielle. Nous

nous mettons ici dans un contexte bien particulier… Il s’agit en effet de réaliser des créatures artificielles qui habitent le même monde que le nôtre, qui partagent donc notre environnement. Ce contexte est sensiblement différent de certains autres. Les robots des applications industrielles, par exemple, visent à résoudre des problèmes bien définis (percer des trous ou peindre une géométrie) et évoluent dans un environnement bien identifié (on dit « structuré »). Notre monde, au contraire, ainsi que les problèmes qu’il pose, sont changeants et en évolution continue L’APPROCHE TRADITIONNELLE Les premières architectures de contrôle en robotique sont apparues dans les années 1960, avec le Shakey, fabriqué par l’université Stanford, aux États-Unis. C’était une plate-forme mobile capable de se déplacer en toute sécurité dans une pièce sans que sa trajectoire ne fût programmée à l’avance. Son architecture de contrôle était de type horizontal, comme le montre la figure 1, appelée en anglais SPA (Sense-Plan-Act, soit Capter-Planifier-Agir). De manière générale, les données des capteurs étaient injectées dans un modèle de l’environnement que le robot possédait (par exemple la géométrie de la pièce et des gros meubles). Le sous-système de planification générait alors un plan (une séquence d’actions à effectuer) à partir du modèle et d’un objectif (par exemple trouver la sortie). Et le sous-système exécutant envoyait les commandes au robot selon le plan généré. Il s’agissait d’un long enchaînement, qui pouvait prendre un certain temps. (Ce type

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Figure 1. L’architecture de contrôle horizontale Sense-Plan-Act (Capter-Planifier-Agir), utilisée pour le robot Shakey.

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L’ARCHITECTURE À SUBSOMPTION

Figure 3. Le modèle traditionnel : la cognition ou connaissance est l’intermédiaire entre la perception et l’action…

Figure 4. Le modèle proposé par Brooks, qui ne comporte que la perception et l’action. La cognition se trouve seulement dans les yeux de l’observateur.

d’architecture se basait sur un modèle de l’environnement, sans que les capteurs fussent utilisés pour la génération de ce modèle. Le robot ne pouvait donc évoluer que dans un monde « connu », dont il possédait déjà une représentation, en supposant que cette dernière était suffisamment fidèle à la réalité.) Le modèle ne prenait pas toujours (ou pas assez rapidement) en compte le fait que le vrai monde pouvait changer entre-temps…

Le Shakey, un robot construit par l'université Stanford en 1967.

Figure 2. L’architecture verticale proposée par Rodney Brooks. Elle contient les huit niveaux de compétence qu’un robot mobile peut avoir.

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UNE NOUVELLE APPROCHE C’est dans les années 1980 qu’une approche différente fut proposée par Rodney Brooks, à l’époque au laboratoire d’Intelligence artificielle du MIT. Brooks s’inspirait de la théorie de l’évolution : en fin de compte la nature était passée par un énorme nombre de « prototypes » avant d’atteindre l’intelligence de l’Homo sapiens. Par conséquent, plutôt que construire des créatures artificielles évoluant dans un environnement simple et ensuite augmenter la complexité de l’environnement, il était préférable de construire des créatures simples évoluant dans un environnement complexe, pour ensuite augmenter graduellement la complexité des créatures1. (L’architecture de Brooks ne contient pas de modèle de l’environnement car c’est l’environnement son propre modèle, toujours à jour et contenant les informations nécessaires [The World is Its Own Best Model 2]. Elle contient plutôt un certain nombre de comportements simples qui interagissent entre eux, liant des entrées et des sorties en guise de réflexes. Ces comportements forment une architecture verticale,


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“La manière de fonctionner d’un robot est définie par son architecture de contrôle et c’est l’une des préoccupations de l’Intelligence artificielle. ” comme le montre la figure 2.) Brooks donnait un exemple dans un de ses articles3. Il est en effet très improbable qu’une mouche, pendant son vol, récupère la description tridimensionnelle de la surface de tous les objets qui se trouvent dans son champ de vision, qu’elle réfléchisse sur la menace de la posture d’une personne avec une tapette, qu’elle fasse des analogies sur la possibilité de déposer ses œufs sur les carcasses de différents animaux à quatre pattes ou qu’elle construise des théories physiques sur la manière de se poser sur le plafond. Au contraire, il est plus probable que chez la mouche, il existe des connexions très rapprochées entre capteurs et actionneurs, au vu de la réaction rapide de son vol — ou qu’elle utilise des techniques de navigation simple, basées sur des comportements prédéterminés, qu’on peur caractériser comme étant déterministes. Sur la base de ces hypothèses, la « ruse » consiste à percevoir l’environnement assez souvent et de manière appropriée, et à mettre en place un couplage direct entre un état observé et une action produite. Pour donner un exemple simple, si l’on appuie sur l’interrupteur (il faut donc être capable de lire l’état appuyé de l’interrupteur), la lumière s’allume. De cette manière, la connaissance qu’il faut pour contrôler le système se déplace du système à l’observateur. C’est ce que Brooks annonçait en 1983 lors d’un séminaire et expliquait avec les deux dessins des figures 3 et 43.

Figure 5. Les éléments graphiques qui composent une machine à états finis…

L’INTRODUCTION DE L’ARCHITECTURE À SUBSOMPTION C’est en 1985 que Rodney Brooks présenta sa théorie et ses résultats sur une nouvelle approche, dénommée l’architecture à subsomption, en anglais subsumption architecture 4. L’idée consistait à identifier un certain nombre de comportements (en anglais behaviors), chacun ayant son propre objectif, sans avoir connaissance de l’objectif global du système (qui pouvait être par exemple d’explorer de manière sûre un lieu). Ces comportements fonction-

naient tous en même temps (nous verrons dans la deuxième partie ce que cela impliquait) et permettaient, comme déjà indiqué, une mise en relation directe entre « état » et « action », réalisant ainsi une sorte de réflexe. Il fallait ensuite relier les comportements, afin de les mettre en relation dans une architecture à couches (en anglais layers). Chaque couche était numérotée et les comportements plus basiques se trouvaient à la couche zéro, les plus évolués aux couches supérieures (un, deux et ainsi de suite). Les comportements des couches supérieures pouvaient sous certaines

conditions bien définies influencer les couches inférieures, jusqu’à subsumer certains de ces comportements. (Nous verrons dans la deuxième partie de ce cahier technique que les couches permettent au système d’acquérir des niveaux de compétence. Brooks appelle les comportements « modules ». Mais comment concrètement construire une telle architecture?) LA « MACHINE À ÉTATS FINIS » Chaque module de l’architecture à subsomption est une machine à états finis augmentée

Figure 6. Le schéma du système ascenseur qui met en évidence les entrées et les sorties.

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Figure 7. La machine à états du système ascenseur. Les transitions Monter et Descendre correspondent à l’appui sur les deux boutons portant le même nom.

(traduction directe de l’anglais Augmented Finite State Machine, AFSM — ou plus précisément un automate fini augmenté). Avant d’attaquer la version « augmentée », essayons de bien comprendre ce modèle, qui est très utilisé pour la description des systèmes robotisés (et pas seulement). Une machine à états se compose d’états graphiquement indiqués par des cercles numérotés, et de transitions, graphiquement indiquées par des flèches. Le nombre d’états qui composent le système est fini, comme le nom l’indique. À un instant donné, le système se trouve dans un état (et un seul) et peut transiter vers un autre état si une condition se vérifie ou si un événement a lieu. On identifie toujours l’état d’entrée au démarrage du système par un point ou par un double cercle, comme il est indiqué dans la figure 5. Voyons un exemple simple… Imaginons un ascenseur dans un bâtiment à étages, dans lequel vous avez un bouton pour monter et un bouton pour descendre. À l’étage, vous avez aussi une lumière rouge et une verte, pour indiquer si l’ascenseur est respectivement occupé ou libre. La figure 6 montre une représentation du système avec les entrées et les sorties. Sa machine à états pourrait être représentée par le modèle de la figure 7. Dans l’état 1, l’ascenseur se trouve au rez-de-chaussée, dans l’état 2, il se trouve au premier étage. Et si le système se trouve à l’état 1 (si l’ascenseur est au rez-dechaussée), appuyer sur le bouton Monter provoquera une transition à l’état 2, c’est-à-dire que l’appui sur le bouton Monter déclenchera la montée de l’ascenseur au premier étage… Inversement, le système reste à l’état 1 quand on appuie sur le bouton Descendre : si l’ascenseur est au rez-de-chaussée, il y reste ! (Nous supposons qu’au démarrage, l’ascenseur se trouve au rez-de-chaussée.) L’inconvénient est

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que de cette manière nous n’avons aucune description du système pendant son mouvement car notre modèle « montre » seulement l’ascenseur à l’arrêt. Cette représentation nous empêche donc de prendre en compte les deux lumières (la rouge et la verte). On ajoute donc deux autres états pour rendre le modèle plus complet, comme le montre la figure 8. L’état 2 représente maintenant l’ascenseur en train de monter et l’état 4 l’ascenseur en train de descendre… L’ascenseur à l’étage est devenu l’état 3. Les transitions des états 2 et 4 vers les états 3 et 1 ont lieu à l’arrivée à l’étage demandé. La figure 8 indique pour chaque état les conditions (allumées ou éteintes) des deux lumières.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE Dans cette première partie, nous avons introduit l’architecture à subsomption. Inspirée par la théorie de l’évolution, cette architecture comporte la mise en relation de plusieurs modules simples, chacun mettant en relation directe des états et des actions, comme dans un réflexe, sans le besoin d’intégrer au robot un modèle de l’environnement dans lequel il évolue. C’est principalement par ces caractéristiques que l’architecture à subsomption permet de réaliser un contrôle robuste et réactif, assuré respectivement par le nombre de modules et par leur rapidité d’exécution, qui n’est pas atteignable avec les architectures de contrôle classique. Afin de bien comprendre la machine à états augmentée, qui permet la réalisation des modules, nous avons d’abord introduit la machine à états finis. Dans la prochaine partie, nous étudierons en détail la machine à états finis augmentée et nous vous proposerons un exemple d’architecture mise en œuvre sur Allen, un des robots de Rodney Brooks. ■Simona D'Attanasio Bibliographie 1 How to Build complete Creatures Rather Than Isolated Cognitive Simulators. Rodney Brooks, Architectures for Intelligence : The 22nd Carnegie Mellon Symposium on Cognition (publié par Kurt Van Lehn, 1991). 2 Elephants Don’t Play Chess. Rodney Brooks, Robotics and Autonomous Systems 6 (1990) 3-15. 3 http://www2.informatik.uni-freiburg.de/~kleiner/teachRoma11Slides/02_FundamentalAgentArchitectures.pdf 4 A Robust Layered Control System for a Mobile Robot. Rodney Brooks, A.I. Memo 864, septembre 1985. (Toutes les définitions sont tirées de sites scientifiques, de Wikipédia et du Wiktionnaire.)

Figure 8. La machine à états en a quatre. Pour chaque état, la condition (allumée ou éteinte) de chacune des deux lumières est indiquée. La transition à l’état d’arrêt de l’ascenseur est possible grâce à un capteur qui signale l’arrivée à l’étage demandé.


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NEWS DVD, BD, LIVRES, CINÉ… Livre DES UNIVERS MULTIPLES — À L'AUBE D'UNE NOUVELLE COSMOLOGIE Se peut-il que notre Univers tout entier ne soit qu’une toute petite fraction d’un vaste multivers et que ces univers multiples soient imbriqués les uns dans les autres, conduisant à une structure gigogne des mondes ?… Il est désormais légitime de le supposer! À l’heure des résultats obtenus par le satellite Planck et les différentes expériences menées au sein du LHC, de nouvelles questions essentielles se posent quant à l’unicité de l’Univers lui-même. Ces récentes découvertes ouvrent ainsi la voie à de nouvelles hypothèses sur l’existence d’univers parallèles. Dans cet ouvrage, Aurélien Barrau fait le point sur ces avancées et nous dévoile les théories cosmologiques les plus audacieuses. Auteur: Aurélien Barrau - Éditeur: Dunod (collection Quai des Sciences) - Déjà paru

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Livre LES CŒURS BRISÉS (TOME 1) La vie d’Anthem Fleet, la fille d'un magnat de l'immobilier, a commencé quand son cœur s'est brisé… Ballerine accomplie, elle était promise à un avenir radieux avec son petit ami Will, fils de l'aristocratie de Bedlam, une ville où le luxe ostentatoire contraste avec la misère des quartiers pauvres gangrenés par la puissante mafia du Syndicat. La vie d'Anthem bascule le jour où elle rencontre le romantique et sulfureux Gavin, lors d'une rave illicite. Elle vit leur liaison comme un rêve éveillé jusqu'à ce que Gavin soit kidnappé par le Syndicat et qu'elle ne perde la vie. Peu après, elle se réveille dans un laboratoire clandestin avec un nouveau cœur bionique — qui lui confère des capacités extraordinaires. Ce premier volet d'un diptyque devrait bientôt être adapté au cinéma par Charlize Theron.

Cinéma JURASSIC WORLD Ce quatrième volet de la saga respecte la chronologie des événements puisque l’action se déroule vingt-deux ans après celle du premier film. Malgré les catastrophes passées, l’idée d’ouvrir un parc d’attractions consacré aux dinosaures n’a jamais été abandonnée… Cela fait déjà une décennie qu’Isla Nublar accueille Jurassic World, un parc tel que l’avait imaginé John Hammond, dédié aux dinosaures. Pour cela, différentes espèces ont été ressuscitées (Ankylosaurus, Apatosaurus, dimorphodon, ptéranodon, Edmontosaurus…) — mais pour faire face au déclin du nombre d’entrées et attirer à nouveau le public, il a été décidé de modifier génétiquement ces monstres d’une autre époque et de créer des titans comme le D-Rex, qui allie la puissance et la taille du T-Rex à la redoutable intelligence et à la rapidité du vélociraptor. Le clou du spectacle est le repas offert toutes les deux à un Mosasaurus, un gigantesque reptile marin pouvant atteindre 18 m de long qui surgit hors de l’eau pour engloutir un grand requin blanc en éclaboussant les premiers rangs des spectateurs… Quand l’Homme joue avec la nature, cela tourne souvent à la débâcle! Réalisateur : Colin Trevorrow - Distribution : Universal Pictures - Sortie au cinéma : 10 juin

Auteur : Amelia Kahaney - Éditeur : Robert Laffont - Déjà paru

Cinéma À LA POURSUITE DE DEMAIN Casey Newton (Brittany Robertson) est une brillante ado dotée d’une grande curiosité scientifique mais Frank Walter (George Clooney), qui fut jadis un jeune inventeur de génie, n’est plus qu’un scientifique désabusé, à la retraite… Liés par un sort commun, tous deux vont s’embarquer dans une périlleuse mission


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Josèphe Ghenzer

afin de découvrir les secrets de Tomorrowland, un lieu mystérieux situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune. Ce qu’ils vont y accomplir changera à jamais la face du monde et leur propre destin… Ce film, réalisé par Brad Bird, emmènera les spectateurs dans un voyage parallèle où le rêve prédomine mais où le suspense et l’action ne s’arrêtent jamais !

core plus étrange: l’intérieur d’un cerveau humain. À cause du travail de son père, Riley, une fillette âgée de onze ans, a dû quitter le Midwest et la vie qu’elle a toujours connue pour emménager avec sa famille à San Francisco. Comme tout le monde, elle est guidée par ses émotions (Joie, Peur, Colère, Dégoût et Tristesse), qui vivent au Quartier Général (le centre de contrôle de l’esprit de Riley) où elles l’aident et la conseillent dans sa vie quotidienne. Tandis que Riley et ses émotions luttent pour s’habituer à leur nouvelle existence à San Francisco, le chaos s’empare du Quartier Général. Si la Joie tente de rester positive, les autres émotions entrent en conflit pour définir la meilleure manière de s’en sortir quand on se retrouve brusquement dans une nouvelle ville, une nouvelle école et une nouvelle maison. Grandir n’est jamais de tout repos et Riley ne fait pas exception à la règle… Sortie au cinéma : 29 juillet

Réalisateur : Brad Bird - Distribution : Walt Disney Motion Studio Pictures - Sortie au cinéma : 20 mai

Manga DēMOKRATIA (TOME 1) Fruit de l’émulation entre Taku Maezawa, un élève en ingénierie, et d’Hisashi Iguma, un spécialiste en robotique, le concept de Dēmokratía semble révolutionnaire… Trois mille personnes, recrutées au hasard sur le Web, ont été conviées à rejoindre un réseau social d'un nouveau genre : le SHS (Social Human Simulation) afin de décider, à la majorité, des faits et gestes de Mai, un robot d’apparence féminine qui pourrait ainsi devenir le creuset d’un savoir collectif de trois mille intelligences humaines. L’objectif de ses deux créateurs consiste à utiliser cette expérience virtuelle aux conséquences réelles comme un miroir du genre humain mais elle pourrait tout aussi bien révéler qu’à l’épreuve du monde réel, la démocratie n’est pas toujours synonyme de raison… Auteur : Motorô Mase - Éditeur : Kazé Manga Déjà paru

Cinéma VICE-VERSA Après nous avoir fait voyager en ballon audessus des nuages avec Là-haut ou pénétrer dans un monde peuplé de monstres avec Monstres & Cie, Peter Docter nous plonge cette fois-ci, avec Vice-versa, son nouveau film d’animation, dans un lieu en-

Bande dessinée CLONE TOME 3 — TROISIÈME GÉNÉRATION Il y a de cela un an, le gouvernement déclarait que les clones étaient des ennemis de l'État… Depuis lors, Luke Taylor est obligé de se cacher avec sa famille et ses amis pour se protéger. Ils sont désormais pourchassés aussi bien par la police que par une mystérieuse organisation. Luke et ses clones pourront-ils en réchapper? Qui dirige ce groupement déterminé à tuer plusieurs versions du même homme?… Scénaristes: David Schulner, Aaron Ginsburg et Wade McIntyre - Dessinateur: Juan José RyP Éditeur: Delcourt - Déjà paru

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NEWSCINÉMA EX MACHINA

DE L’AUTRE COTE DU MIROIR Connu comme écrivain (La plage) et comme scénariste (28 jours plus tard, Sunshine, Never Let Me Go, Dredd) Alex Garland passe pour la première fois à la réalisation avec Ex Machina — dont la sortie au cinéma est prévue pour le 3 juin.

Crédits photos : © Universal Pictures.

Ava, un robot féminin très séduisant !

Nous sommes au bord de l’Uncanny Valley…

Situé aux antipodes des traditionnels blockbusters hollywoodiens (du genre I, Robot ou Terminator) ce techno-thriller de SF se présente sous la forme d’un huis clos réunissant un trio de protagonistes, composé de deux humains et d’un androïde ultraperfectionné. SEPT JOURS DE RÉFLEXION Caleb (Domhnall Gleeson), un jeune programmeur travaillant pour le plus important moteur de recherches du monde, est ravi lorsqu’il gagne un séjour d’une semaine dans la résidence où vit à l’écart du monde Nathan (Oscar Isaac), le P-DG milliardaire de la multinationale pour laquelle il bosse. À peine est-il arrivé dans ce qui semble être un lieu paradisiaque — mais est en fait un centre de recherches ultrasecret totalement isolé du monde extérieur — que Nathan lui révèle le réel motif de sa présence chez lui : il va disposer de sept jours pour faire passer le test de Turing à une IA très sophistiquée qu’il a élaborée et placée dans le corps d’un robot féminin extrêmement séduisant et à la sensibilité exacerbée, Ava (Alicia Vikander). L’objectif de ce test n’est pas de savoir si Caleb a affaire à un robot ou pas, puisqu’il peut le constater de visu dès leur première rencontre

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mais de déterminer si cette IA dispose réellement d’une conscience qui lui est propre (ou pas) et si elle est capable de passer pour humaine… DUO… À TROIS ¡ Au fil des entretiens quotidiens au cours

desquels Caleb et Ava discutent de choses et d’autres, le jeune homme succombe au charme de l’androïde… Mais Ava éprouve-t-elle aussi des sentiments à son égard ou ne fait-elle que lui faire croire ou encore a-t-elle été simplement programmée pour cela ? De son côté, Nathan les observe en secret via un réseau de caméras et commence à ressentir de la jalousie envers la relation particulière qui s’est instaurée entre son invité et l’IA. Le naïf Caleb et Ava, la surdouée, se retrouvent bientôt dans la position de rats de laboratoire dans l’étrange expérience menée par Nathan… Quelles sont donc les intentions réelles de ce démiurge, manipulateur pervers et borderline, vis-à-vis de sa créature et comment va-t-elle réagir s’il veut la désactiver pour en créer une nouvelle version encore plus évoluée ? Ava prévient Caleb qu’il doit se méfier de Nathan — mais à quel camp se ralliera-til : celui du « Dr Frankenstein » ou celui de sa « créature » ? L’instinct de survie d’Ava, qui a tout appris du comportement humain (y compris ses forces et ses faiblesses) va-t-il la pousser à commettre l’irréparable et lui permettre de réussir à passer l’ultime test pour prouver qu’elle est aussi humaine que nous le sommes ?… Pour apporter plus de véracité à son scénario, Alex Garland a fait appel à Murray Shanahan (un professeur de robotique cognitive à l’Imperial College de Londres) et à Adam Rutherford (un scientifique possédant un diplôme en biologie de l'évolution ainsi qu’un doctorat en génétique) comme conseillers scientifiques.


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par Josèphe Ghenzer

AVENGERS — L ERE D ULTRON PERIL EN LA DEMEURE Avec la sortie en salles le 22 avril d’Avengers — L’ère d’Ultron, Marvel continue d’agrandir son univers cinématographique, peuplé de super-héros…

Ultron, une IA résolue à prendre le pas sur l’Humanité !

Crédits : © Marvel 2015.

a d’ailleurs permis d’acquérir sa propre conscience. Il peut désormais la transférer comme bon lui semble dans n’importe quel support et acquiert ainsi un immense pouvoir qui s’étend bien au-delà de sa seule existence physique. L’exosquelette Iron Man a bien évolué…

DÉRAPAGES INCONTRÔLÉS En partant du principe que les ego surdimensionnés des Avengers ne font pas forcément bon ménage entre eux et qu’ils ne représentent donc pas toujours une réponse appropriée face au danger, Tony Stark décide de concevoir un protecteur infaillible — capable de prévenir et d’annihiler toutes les menaces — en la personne d’un robot « Sentinelle » indestructible, baptisé Ultron. Cette IA, qui peut accroître ses capacités en toute autonomie, est donc censée protéger l'Humanité et permettre aux Avengers (Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Hawkeye et Black Widow) de prendre un peu de repos — mais les choses vont mal tourner… La fine équipe va donc à nouveau devoir mettre de côté ses différends et unir ses forces pour combattre Ultron et son armée. ULTRON TIRE LES FICELLES Une fois encore, la créature va se retourner contre son géniteur… En effet, Ultron décrète que les principaux ennemis de la Terre sont en fait les êtres humains… Il va alors mettre tout son génie destructeur au service d’un seul but : les éradiquer de la surface de la planète. Tel le Dr Frankenstein, Tony Stark, bien que rongé par la

culpabilité, a engendré un véritable monstre ! Ultron a la faculté de s’autodévelopper. Il peut ainsi non seulement multiplier les robots soldats, qui obéissent aveuglément à ses ordres, mais aussi augmenter ses capacités grâce aux possibilités de mise à jour que Stark lui a intégrées, ce qui lui

LE COMPLEXE DE PINOCCHIO Ultron se comporte comme un sale gosse en pleine crise de rébellion, qui veut tuer le père… C’est une sorte de version négative de la personnalité de Stark : il est le mauvais fils ! Ne supportant plus d’être la marionnette des humains, il décide de couper le cordon. Dès lors, il n’en fera plus qu’à sa tête et prendra un malin plaisir à se venger… Son intelligence supérieure le rend tout à la fois capricieux, malveillant, taquin, menaçant, extrêmement puissant et particulièrement rusé. Il a accès à tous les savoirs possibles et sait parfaitement les utiliser à son avantage. C'est un manipulateur qui va utiliser ses multiples talents pour mettre en danger la dynamique des Avengers en semant la zizanie dans leurs rangs. Pour arriver à ses fins, il va même s’allier un temps avec les puissants jumeaux Pietro (alias Quicksilver) et Wanda (alias Scarlet Witch) Maximoff, avant qu’ils ne changent de camp et se rangent aux côtés desdits Avengers. Quant à Jarvis, l’IA créée par Stark pour gérer la domotique de sa résidence et contrôler ses armures d’Iron Man, elle va devenir Vision, une créature capable de voler, de projeter d’intenses faisceaux d’énergie mais aussi de modifier sa densité ainsi que sa forme.

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ROBOTS& MÉDIAS

Par Christelle Boudet

SOGETI HIGH TECH LABS L’INCORPORATION DANS LES USINES DU FUTUR 4.0 Une activité de laboratoire qui a duré cinq ans pour sortir des innovations majeures en matière de réalité virtuelle… De plus, le caractère international de ses industriels dans les domaines de la défense, de l’industrie spatiale, de l’énergie, du transport, des sciences de la vie et de l’aéronautique ont favorisé son rôle d’incubateur de nouvelles technologies…

Comment avoir une montre du plus bel effet avec juste un QR Code posé sur son poignet…

Le QR Code apposé sur une carte définit les coordonnées de départ de l'affichage du modèle 3D de satellite.

Forte d’une puissante communauté d’experts à travers le monde et filiale du groupe Capgemini, Sogeti High Tech reste un pôle d’excellence en ingénierie avec plus de vingt mille collaborateurs répartis sur la planète. High Tech Labs s’appuie sur le cercle vertueux de la co-innovation avec ses clients (Airbus, Safran, etc.) et sur sa structure porteuse en recherche et développement. Sa plate-forme interne de collaboration a donné une véritable impulsion au développement de compétences et à la collaboration avec ses équipes transnationales (challenges et complexité dans la réalité virtuelle). Elle vise, par ses applications industrialisées, à apporter un support intuitif, efficace et une meilleure connaissance du terrain aux opérateurs, afin qu’ils soient mieux formés. Sa maturité la rend indépendante des API du marché actuel avec des briques technologiques propriétaires, développées in situ. (Ces technologies porteuses et très en vogue marquent le passage des applications passives à l’univers de l‘interaction homme-machine innovante.)

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LES MÉTIERS DE LA RÉALITÉ AUGMENTÉE : DU CONCEPT AU PROTOTYPAGE Ce terme (QR Code) désigne l’incrustation d’éléments de traitement d’image et de formes dans le quotidien — le réel. La conduite axiomatique de l’opérateur est fondamentale. La portabilité de la réalité augmentée permet la localisation d’un équipement, affiche la procédure en situation dans le champ de vision de l’opérateur. Il accompagne l’utilisateur, mais cette technologie ne demande-t-elle pas des compétences plus expertes de la part dudit opérateur ? A priori, la procédure d’utilisation apparaît simple et les applications déjà dirigées vers une tâche peu récurrente et complexe… De plus, sur une chaîne de montage, l’exécution des tâches est manuelle, l’appréhension de la navigation est induite à partir du métier des opérateurs. (De ce fait, il est impliqué très tôt dans l’environnement.) Les tablettes et les smartphones disposent de capteurs optiques de meilleure

La visionneuse permet de voir des animations en réalité augmentée.

qualité, avec un poids sans doute moins encombrant que celui d’un casque. Et le séquenceur indique les tâches à exécuter comme un prompteur. Avec son réseau de connexion, une tierce personne peut intervenir, prendre la main sur la tablette et compléter la gestuelle ou l’information de l’opérateur. Le système de détrompeur permet d’atteindre le « zéro défaut » et de mieux contrôler la chaîne des valeurs. High Tech Labs se mobilise donc dans ses axes prioritaires (fiabilité de l’opération, formation et capitalisation).


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Découvrez 6 champs majeurs d’applications robotiques et des robots et technologies d’exception !

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INNOROBO 2015 en bref • Des zones de démonstration « live » par thématique pour mieux comprendre la diversité • • • • •

de la robotique, avec notamment des aires dédiées aux drones et véhicules terrestres Près de 200 exposants du monde entier avec 50% de surface d’exposition en plus Des cycles de conférences pour partager la vision d’intervenants de renommée internationale Un village des développeurs pour comprendre que programmer un robot est simple avec les bons outils Une compétition de robots « Mission to Mars » avec Matlab et Simulink Une scène centrale de présentation de technologies et de spectacles de robots

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PARC DES EXPOSITIONS

PORTE DES VERSAILLES - PARIS Venez rencontrer nos robots, explorer les animations proposées et tenter votre chance lors de notre jeu concours imaginé spécialement sur les thématiques du salon… Plus d’infos sur : aldebaran.com/fr/geekopolis2015

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