PLANÈTE
ROBOTS
couverture 45.qxp_Mise en page 1 13/04/2017 12:21 Page1
CINÉMA
ALIEN : COVENANT MAI - JUIN 2017 - NUMÉRO 45
N O U V E L L E S
T E C H N O L O G I E S
D U
F U T U R
JARVIS L'I.A. DE MARK ZUCKERBERG
LES ROBOTS AU CŒUR DU DÉBAT POLITIQUE Google Lunar XPRIZE DES ROBOTS PRIVÉS SUR LA LUNE
DES BRIQUES D’INITIATION À LA PROGRAMMATION
planeterobots.com
L 11849 - 45 - F: 5,90 € - RD
LEGO BOOST
16 AU 18 MAI 2017
UBER maître d’œuvre des taxis autonomes
LES ROBOTS jouent avec nous
50% DE RÉDUCTION SUR LE BILLET D’EN TRÉE GRAND PUBLIC/É TUDIANT
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« Il est une chose dont nous avons maintenant la certitude, les robots changent la face du monde et nous mènent vers un avenir que nous ne pouvons pas encore clairement définir. » Isaac Asimov, auteur
édito Avant de lancer le magazine que vous teniez entre les mains en 2009, j’ai personnellement ouvert une boutique de robots sur Nantes un an auparavant. Comme un de mes concurrents de l’époque venait de fermer sa boutique pour se consacrer à la distribution sur Internet, ma boutique était la seule spécialisée dans le monde du robot personnel à permettre à ses clients de venir voir et tester son robot avant de l’acquérir. Quelques mois après que le projet Planète Robots fut lancé, j’ai quitté la boutique pour trois raisons : éviter les conflits d’intérêt entre la boutique et le magazine, me consacrer à plein temps à Planète Robots et y améliorer la qualité à chaque numéro, et enfin pour quitter une boutique qui était en pause dans l’attente du boum de la robotique. Se lancer dans la robotique de service, que ce soit la conception ou la distribution, est forcément un acte de foi lié d’abord à la passion que l’on entretient avec le robot. Aujourd’hui, le marché n’est encore qu’à ses balbutiements et seuls ceux qui ont une vraie attirance pour cet univers se lancent dans ce domaine. C’est pour cela que l’ambiance sur les salons comme Innorobo est encore si sympathique. Ce sont des passionnés avant d’être des businessmans. Mais, bien évidemment, tous espèrent voir arriver très vite le grand boum commercial des robots personnels. On le voit, il se rapproche de plus en plus, le jour où le robot va entrer massivement dans les foyers, même des plus réfractaires. Comme le magnétoscope dans les années 80 ou le smartphone aujourd’hui, le robot s’apprête à être au cœur de l’activité économique. Toutes les études le démontrent, mais aucune n’arrive à préciser la date ou l’événement qui lancera tout ! Buddy sous le sapin de tous les foyers en fin d’année ? Une killer application dans quelques mois ? Nul n’en sait rien… En attendant, tous affûtent leurs robots et créent des applications, tous espèrent tenir jusqu’à l’arrivée d’un enthousiasme collégial de la population pour les robots. Certains comme Cybedroïd sont déjà là depuis des années, d’autres ont déjà subi des rachats (Aldebaran Robotics devenu Softbank Robotics) et d’autres, comme la boutique que j’ai créée ou EOS Innovation, se sont brûlés les ailes. Espérons seulement que le jour où ce boum économique de la robotique de service arrivera, il restera un semblant d’aspect convivial entre les différents constructeurs dans les salons... Une suggestion, une réaction ? Contactez-nous sur le courrier des lecteurs ! courrierlecteurs@planeterobots.com ■Frédéric
Boisdron
16 AU 18 MAI 2017
50 % de réduction sur le billet d’entrée GRAND PUBLIC/ÉTUDIANT le mercredi17 mai,sur présentation de ce magazine.
PLANÈTE ROBOTS N°45
I02-03
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S o mmaire Mai / juin - N° 45
08 Robots News
ÇA VIENT DE SORTIR Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique.
43 Entrevue avec Bruno Bonnell, porte-parole du candidat Emmanuel Macron
Bruno Bonnell a répondu à nos questions sur le programme d’Emmanuel Macron.
16 Le droit des robots
ROBOTS DE SERVICE
18 Innorobo 2017 du 16 au 18 mai
50 Pyrène, du rêve à la réalité
L’I.A. et la robohumanité.
46 Mon ami le robot
Buddy, robot de compagnie, arrive enfin dans le commerce très bientôt.
ÉVÉNEMENTS
aux Docks de Paris
Nouvelle édition, pleine de surprises du salon de la robotique Innorobo.
Pensé à Toulouse, développé à Barcelone.
ROBOTS LUDIQUES
76 LEGO BOOST
Des briques d’initiation à la programmation.
44 Prospective 2040
INNOVATIONS DU FUTUR Les loisirs après 2040.
80 Uber, maître d’œuvre des taxis autonomes
Ce n’est plus de la science-fiction, ces taxis sont désormais en activité.
52 L’exosquelette Atalante va faire
82 Le Google Lunar XPRIZE entre dans la
26 La Coupe de France de Robotique
56 Des robots bébés au Japon
88 News spatiales
28 Concours national de robotique
60 Le robot multifonction Kobi
90 News gadgets
22 L'ONU, gendarme des robots
Débat sur les capacités létales des robots militaires.
et finale Eurobot 2017
Cette année, la compétition vise la Lune !
extérieure
Planète Robots a été sélectionné pour faire partie de ce prestigieux jury.
DOSSIER : LES ROBOTS AU CŒUR DU DÉBAT POLITIQUE
36 Présidentielle 2017 : faut-il taxer
remarcher les paraplégiques
Son but, rendre autonome les personnes handicapées, afin qu’elles puissent reprendre des activités quotidiennes normales. Est-ce pour donner envie aux Japonais d’avoir des enfants ? Un robot, à la fois tondeuse, ramasseur de feuilles mortes et chasse-neige.
62 Naïo Technologies, une gamme ROBOTS AU TRAVAIL de robots agricoles
Après Oz, Naïo Technologies propose désormais toute une gamme de robots agricoles.
les robots ?
La robotique devient un élément majeur du débat politique.
40 2047, création d’une république robocratique ?
Laisser les rênes de la politique à une intelligence artificielle, fiction ou anticipation ?
42 Entrevue avec Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle 2017
Benoît Hamon soutient ce principe de taxe sur les robots.
Planète Robots Édité par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédacteur en chef Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com
04-05
I
PLANÈTE ROBOTS N°45
66 Quand les robots jouent avec nous RECHERCHE ROBOTIQUE
Après les échecs, le go et le Jeopardy !, à quels jeux vont s’attaquer les intelligences artificielles ?
72 Mark Zuckerberg et Jarvis, son I.A. personnelle
Une ville fantôme pour tester les technologies de demain.
phase finale
Les 5 équipes ont jusqu’à décembre pour envoyer leur robot sur la Lune !
L’espace est un nid pour les nouvelles technologies robotiques. Notre sélection de gadgets qui ont retenu notre attention.
92 News concepts
Pas encore des produits, mais des designs dignes d’intérêt.
ROBOTS & MÉDIAS
94 News médias
Quelques idées de lecture ou de cinéma.
96 Cinéma : Alien : Covenant
Le chemin du paradis commence en enfer.
98 News jeux vidéo
Les robots sont les nouveaux héros des jeux vidéo.
Rédacteurs Lionel Alvergnas, Me Alain Bensoussan, Quentin Bogaert, Christelle Boudet, Baptiste Brillant, Alain Clapaud, Nicolas Denis, Josèphe Ghenzer, Darine Habchi, Dominique Padirac, Joe Pillow, Philippe Roussel, Screetch, Richard Seltrecht, Nicolas Vimard et Arthur Vernassière.
© 2017 Les Éditions d'Acamar Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0418K90181 Imprimé en Italie
Secrétaire de rédaction Louise Santonnax
La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com
Direction artistique Patrick Lusinchi Responsable publicité Cédric CÉLESTIN c.celestin@planeterobots.com +33 (0)146 250 525
Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes à l'écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe. contact@planeterobots.com
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La photo du mois
06-07
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PLANÈTE ROBOTS N°45
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A
gility Robotics, une startup issue de l'Oregon State University, s’est servie des travaux qu’elle avait effectués sur ATRIAS, leur précédent robot, et en a corrigé les défauts pour mettre au point leur nouveau robot bipède, baptisé Cassie. Grâce à l'utilisation de ressorts permettant de créer un mécanisme passif qui imite la capacité d'absorption des muscles humains, Cassie peut se mouvoir rapidement sur différents types de terrains (graviers, herbe…), y compris accidentés, et même malgré de mauvaises conditions atmosphériques (vent, pluie…). Grâce aux 3 degrés de liberté dont ses hanches sont dotées, il peut tout aussi bien monter et descendre des escaliers, qu’avancer ou reculer mais aussi se déplacer de côté. Les moteurs situés au niveau de ses chevilles lui permettent de garder son l'équilibre sur un terrain accidenté ainsi que sa stabilité après un léger choc. Dans un 1er temps, sa commercialisation, à un prix avoisinant les 100 000 dollars, sera destinée au secteur de la recherche mais, par la suite, il pourrait aussi être utilisé dans le cadre de missions de reconnaissance et de sauvetage ou pour effectuer des livraisons. La prochaine étape consistera à lui adjoindre des bras et divers capteurs qui lui permettront de se relever après une chute.
PLANÈTE ROBOTS N°45
I06-07
actualités
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ROBOTS
Panasonic a présenté un nouveau robot compagnon
Panasonic n’allait pas laisser le marché des robots compagnons à Asus et Blue Frog Robotics. L’entreprise japonaise a présenté un concept de robot à destination du grand public. Ressemblant à un œuf de 48 cm de haut sur roues, le robot s’ouvre en haut de sa coquille, avec une tête ressemblant aux Pit Droids de Star Wars, épisode 1. Il est également équipé d’un vidéoprojecteur de 50 lumens WVGA pour projeter des informations ou des médias sur un mur ou le sol. Relié à Internet, il sait utiliser les données du Cloud. Verrons-nous un robot commercialisé à partir de ce prototype dans les mois ou années à venir ? ◗
Les robots livreurs de pizzas de Domino’s arrivent en Europe
EOS Innovation tire sa révérence Dans tout marché, il y a des projets ambitieux, mais qui ne décollent pas assez vite, faute de moyens ou de temps. Depuis ses débuts, nous suivons EOS Innovation que nous rencontrions sur chaque salon Innorobo. Ils avaient commencé par nous charmer avec un petit robot d’assistance e-one qui n’aurait pas à rougir face à un Buddy encore aujourd’hui. Ils ont ensuite fait le choix de se consacrer à la robotique de sécurité pour les professionnels avec l’e-vigilante puis Captain DC. Depuis 2014, Parrot, célèbre constructeur de drones pour le grand public et le marché professionnel, est entré dans le capital de la start-up essonnienne. Malgré cela, EOS Innovation, à travers un mail laconique, nous dit adieu après 7 ans d’existence. ◗
Après l’Australie et la Nouvelle-Zélande, c’est au tour de l’Allemagne et des PaysBas de recevoir des robots livreurs de pizzas. Quelques pizzerias, triées de la chaîne Domino’s vont recevoir des robots pour être déployés dans un rayon de 2 km maximum autour du restaurant. Ces robots peuvent transporter jusqu’à 9 kg (soit environ 8 pizzas) à une vitesse de 6,5 km/h. Ces robots ont été conçus par l’entreprise Starship Technologies. Bientôt en France ? ◗
Des petits robots autonomes pour mieux comprendre la vie des océans Jules Jaffe et Peter Franks, deux océanographes de la Scripps Institution of Oceanography, ont mis au point les M-AUE (Mini-Autonomous Underwater Explorers), des petits robots sous-marins autonomes de la taille d’un pamplemousse qui sont peu onéreux à fabriquer et peuvent fonctionner comme un essaim pour étudier les mouvements des courants océaniques et mieux comprendre la façon dont ils influencent la formation du plancton ainsi que l’écosystème. Ils sont équipés de divers capteurs (de température, de pression…) et d’un hydrophone. Une fois descendus à la profondeur programmée, ils utilisent un système de pistons pour s’y maintenir.
08-09
I
PLANÈTE ROBOTS N°45
Toutes les données recueillies sur leur environnement sont automatiquement envoyées vers leur ordinateur de bord qui se charge de les traiter et de les transmettre aux équipes présentes à la surface, via un module de communication spécialement développé pour l’occasion. Récemment, une expérience a été réalisée au large de la côte de Torrey Pines, près de La Jolla en Californie, avec un essaim de 16 M-AUE, déployés dans un rayon de 300 m et programmés pour se mouvoir à 10 m de profondeur. Les informations sur leur localisation en 3D, collectées toutes les 12 secondes, indiquaient où l’essaim robotique se trouvait. ◗
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Ocado a testé une nouvelle main robotique pour manipuler les fruits et les légumes
Rappelez-vous du Power Loarder, un robot de manutention dans le film Aliens, le retour. Il était de forme humanoïde et embarquait le personnage de Ripley dans la scène finale du combat avec le xénomorphe. Ce robot semblait être l’évidence même de l’évolution du transpalette. Jeff Bezos, patron d’Amazon, vient de se montrer en train de piloter un tel engin, le Method-2 de Hankook Mirae Technology. Cette démonstration par le patron emblématique a pour but de démontrer que celui-ci espère très bientôt intégrer de tels mechas dans les énormes locaux de la société pour déplacer de lourdes charges. ◗
Festo a encore une fois cloné la nature avec OctopusGripper
© Ocado Technology.
Jeff Bezos veut employer des mechas chez Amazon
Ocado, le plus grand supermarché en ligne au monde, a testé un dispositif robotique, développé dans le cadre du projet SoMa (Soft Manipulation) visant à développer des mains robotiques, destinées à la saisie et à la manipulation d'objets fragiles ayant des formes variables (comme les fruits et les légumes), qui sont capables de tenir compte des contraintes physiques de leur environnement. Pour éviter d’endommager les objets, le dispositif utilise une pince fonctionnant en coordination avec un bras de robot industriel. La main robotique, baptisée RBO Hand 2, possède des doigts en caoutchouc qui se contractent grâce à de
l'air mis sous pression via sept chambres à air réglables individuellement. Seule la pression de l'air est contrôlée tandis que les doigts, la paume et le pouce ajustent leurs formes à la géométrie de l'objet à saisir. L'équipe de robotique d’Ocado Technology a installé la RBO Hand 2 sur deux bras robotiques différents (Staubli RX160L et KUKA LBR iiwa14) et a procédé à une série d'expériences afin d’évaluer sa performance de préhension sur un ensemble de fruits artificiels stockés dans un plateau. Les stratégies adoptées ont exploité les contraintes environnementales (les parois et le fond du plateau) pour effectuer avec succès les tâches de saisie. ◗
Un robot souple pour soigner l’insuffisance cardiaque
Avec son habitude de transposer les lois du vivant sur la machine, le fabricant Festo a mis au point OctopusGripper, un nouveau système de préhension pour robot. Celui-ci est une sorte de rétroingénierie du tentacule d’une pieuvre et de son système de ventouses naturelles. OctopusGripper pourrait être proposé dans le monde industriel afin d’attraper des objets délicatement avec ses deux rangées de ventouses et son tentacule qui se déforme autour des objets comme pour les enlacer. ◗
Des chercheurs de l’université d’Harvard et de l'hôpital pour enfants de Boston ont mis au point un robot souple qui se place autour d'un cœur pour l'aider à battre, ce qui pourrait offrir de nouvelles options de traitement pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque et être une alternative aux transplantations. Le
dispositif se présente sous la forme d’un mince manchon en silicone qui utilise des actionneurs pneumatiques souples en polyuréthane, placés autour du cœur et imitant ses couches musculaires externes. Les actionneurs se tordent et compriment le manchon dans un mouvement synchrone similaire au cœur battant. Le dispositif est attaché à une pompe externe qui utilise de l'air pour alimenter les actionneurs. Le manchon est fixé sur le cœur avec des sutures et une interface de gel pour faciliter la friction entre le dispositif et le cœur. En outre, le manchon est personnalisable. Si, par exemple, un patient a plus de faiblesses au ventricule gauche, les actionneurs pourront alors lui apporter plus d'aides à cet endroit-là. La pression des actionneurs pourra aussi augmenter ou diminuer au fil du temps, selon l’évolution de l’état du patient. Ce dispositif a déjà été testé avec succès sur des porcs et un brevet a été déposé mais il faudra encore attendre d’effectuer d’autres recherches avant qu’il ne soit testé sur l’homme. Les chercheurs estiment qu’il pourrait être commercialisé d’ici 5 ans. ◗
PLANÈTE ROBOTS N°45
I08-09
actualités
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Pop.Up, le futur de l’automobile, vu par Airbus Destiné à être commercialisé d’ici 7 à 10 ans par Airbus, le Pop.Up est un projet à longue échéance, présenté pour la première fois, sous forme de maquette lors du dernier salon de l’automobile de Genève. Le véhicule ressemble à la Twizzy de Renault, et la version Airbus est également entièrement électrique. Mais là où diffèrent les deux voitures, c’est tout d’abord l’absence de volant, la voiture est entièrement autonome. Il suffit de rentrer les coordonnées de la destination. Ensuite, le Pop.Up fera son chemin jusqu’à destination. Si le véhicule juge, à cause de la circulation ou de la distance, de faire une partie du voyage dans les airs, celui-ci appelle un drone à 8 rotors contrarotatifs qui vient se coller au toit du véhicule et le fait décoller en un clin d’œil. Une fois les deux passagers déposés, les deux modules, drone et voiture roulante, retournent aux points de charge pour réalimenter leurs batteries. ◗
La mise en place d’un service de drones taxis à Dubaï dès juillet Dubaï ambitionne de rendre autonome 25 % de son système de transport d'ici 2030. C’est dans cette optique qu’a été annoncée la mise en service dès juillet prochain de taxis drones Ehang 184 dans les Émirats. Ce quadricoptère électrique à rotors coaxiaux (4 bras repliables, 8 hélices, 8 moteurs) de conception chinoise et d’un poids de 200 kg, devrait voler à environ 300 m d'altitude à la vitesse de 100 km/h. Il ne peut transporter qu’une seule personne, munie éventuellement d’un petit bagage (le poids total maximal ne pourra pas excéder 100 kg). Une fois installé dans son siège, le passager devra seulement programmer les coordonnées
de sa destination, via une application mobile disponible sur une tablette tactile mise à sa disposition dans la cabine puis appuyer sur la touche « décollage ». Le taxi drone est équipé d’un système de sécurité intégré qui assure, qu’en cas d'urgence, il atterrira immédiatement. Son trajet sera supervisé depuis un centre de contrôle au sol qui s’occupera également du règlement de la course. Toutes les communications entre le centre de contrôle et le taxi drone s’effectueront par liaisons cellulaires 4G LTE. L’autonomie de vol est d’environ 30 minutes avec un temps de rechargement de la batterie de 2 heures ◗
La DARPA développe un système capable de lancer et de récupérer des drones en plein vol
© DARPA
ROBOTS
La DARPA développe un système d’appareil portable, baptisé SideArm, capable de lancer horizontalement et de récupérer en vol des drones militaires à voilure fixe, pouvant peser jusqu'à 400 kg. Le drone est catapulté dans le ciel depuis un rail auquel il est suspendu et qui est placé au bout d’un bras télescopique repliable. À son retour, le drone arrive à pleine vitesse sous le rail et un crochet placé sur le dos du drone attrape un câble accroché à un chariot placé dans le rail. Le chariot ralentit le drone et le guide vers un filet dans lequel il termine sa course. Cette approche fournit une décélération plus lente, plus constante et contrôlée, ce qui est plus sûr pour le drone. Le faible encombrement du SideArm lui permet de fonctionner dans des installations indépendantes montées aussi bien sur des camions, des navires ou des sites fixes mais aussi de tenir dans un conteneur d'expédition standard de 6 m afin de faciliter son transport (par camion, bateau, train, avion C-130, hélicoptère lourd CH-47). Une équipe de 2 à 4 personnes suffit à installer et ranger le SideArm en quelques minutes. En décembre dernier, des tests ont été effectués avec succès à plusieurs reprises avec un drone Fury de Lockheed Martin de 180 kg ◗
SenseFly a récemment présenté l’eBee SQ, son nouveau drone entièrement dédié à l’agriculture de précision qui bénéficie d’une autonomie de vol d’une heure et est capable de survoler 3 ha/min à une altitude de 150 m pour effectuer une large couverture des champs en un temps record. Il peut ainsi couvrir en toute autonomie plusieurs centaines d'hectares en un seul vol. Il a été développé autour du Parrot Sequoia, un capteur permettant de recueillir des données multispectrales sur 4 bandes et des images RVB. Il fonctionne avec l’eMotion Ag, une application permettant d'importer les limites d’un champ directement depuis le système de gestion d'informations de la ferme, de
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PLANÈTE ROBOTS N°45
commander le drone et de charger les images prises par le Parrot Sequoia vers le logiciel Pix4Dag. Les données recueillies servent à générer des cartes d'index précises et créer des cartes d'application sur la plateforme FIRST, ce qui permet à l’agriculteur d’identifier les zones requérant une attention particulière, d’affiner la fertilisation en détectant les carences en substances nutritives, d’optimiser la diffusion de pesticides et détecter les stress biotiques causés par des organismes vivants, de contrôler l’irrigation des cultures afin d’améliorer la qualité de sa production, d’accroître les rendements et de réduire ses coûts. ◗
© senseFly
L’eBee SQ, un drone entièrement dédié à l’agriculture de précision
Hello Industrie 4.0 �we connect you
www.kuka.com www.generationkuka.fr
KUKA_Industrie_futur_220x297_generationKUKA_smart.indd 1
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actualités
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ROBOTS
© Imperial College London.
Un drone qui plonge comme un fou de Bassan et ressort de l’eau comme un poisson volant
Une équipe d’ingénieurs de l'Imperial College de Londres a mis au point un prototype de drone, baptisé AquaMAV (Aquatic Micro Aerial Vehicle), qui est capable de plonger depuis le ciel comme un fou de Bassan, à une vitesse pouvant atteindre 97 km/h, puis de ressurgir hors de l’eau comme un poisson volant. Il a été conçu pour prélever des échantillons d'eau pour surveiller la qualité de l'eau dans des réservoirs ou mesurer les changements de salinité des océans afin d’évaluer les effets du changement
climatique. Il pourrait aussi être utilisé pour effectuer des tests dans des situations dangereuses comme dans les zones sinistrées ou dans des endroits actuellement inaccessibles aux personnes. Lorsqu'il survole un plan d'eau, il peut couper son moteur, replier ses ailes et piquer à toute vitesse vers les flots à la manière d'un fou de Bassan. Une fois le prélèvement d’échantillons effectué sous la surface, il se sert d’une petite cartouche de CO2 pour éjecter l'eau, qu'il a absorbée au moment de l'impact, afin de se propulser hors de l’eau à une vitesse d’environ 48 km/h même si les conditions en surface sont difficiles. Il redéploie alors ses ailes, qui sont recouvertes d’une surface hydrophobe, et reprend son vol. Fabriqué avec des composites de fibre de carbone et de kevlar, il ne pèse que 200 g et sa batterie lui confère une autonomie d’environ 14 minutes ◗
Un Bolivien de 14 ans se construit sa propre prothèse de main pour 100 dollars
Puffer, un robot compagnon des rovers martiens Leonardo Viscarra est né avec une main gauche atrophiée. Ingénieux, le jeune garçon s’est d’abord fabriqué une prothèse mécanique lui permettant d’attraper des objets. En découvrant qu’un jeune Français avait reçu une prothèse imprimée en 3D, il s’est décidé de mettre au point son propre modèle adapté à son infirmité. N’ayant pas d’imprimante 3D à disposition, le Sawers Robotics Institute est venu à son secours pour imprimer le modèle qu’il avait conçu. Même si sa prothèse mériterait encore des améliorations, Leonardo Viscarra a pris goût pour cette aventure et veut poursuivre son projet afin de faire bénéficier son travail aux autres. Il veut désormais faire des études en biomédecine. ◗
© NASA
Les rovers, comme Curiosity, qui explorent la planète Mars ne peuvent aller partout et sont lents dans leurs déplacements. La faute est due au temps de réaction des pilotes sur Terre, et au renvoi des commandes sur Mars. De plus, envoyer le rover dans un espace où il risque de s’y embourber ou de ne plus en repartir est très risqué. La NASA développe donc Puffer, un petit robot pliable qui sera accroché aux prochains rovers et qui pourra s’en détacher pour rejoindre facilement un endroit difficile d’accès. Il peut sauter, grimper et rouler rapidement. Une fois ses données et photos récupérées, il pourra revenir faire son rapport au rover et ainsi renvoyer le tout sur Terre par le biais de son hôte. Puffer pourrait un jour débarquer sur d’autres mondes comme une des lunes de Jupiter, Europa. ◗
Un gant qui permet de soulever 40 kg sans effort
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PLANÈTE ROBOTS N°45
et sa batterie de longue durée, il peut être utilisé confortablement et en toute discrétion dans la vie quotidienne. Il ressemble à un simple gant mais intègre des tendons artificiels qui soutiennent la main, en cas de besoin, en les connectant à un système breveté spécialement conçu qui est porté sur le poignet. Il est fabriqué avec des textiles minces, respirants, flexibles et intelligents que l’utilisateur peut personnaliser. De plus, il est équipé de composants de suivi qui recueillent des mesures (force et stabilité lorsqu’on tire quelque chose, fréquence cardiaque…) et les partagent dans le Cloud avec les utilisateurs et les professionnels de santé. ◗
© Nuada
Au Portugal, une équipe d’ingénieurs, d’experts et de professionnels de la santé a mis au point un gant permettant de soulever sans effort des charges pouvant aller jusqu’à 40 kg, tout en conservant la sensibilité tactile de son utilisateur. Il est destiné aussi bien à toute personne ayant perdu la force de sa main et sa capacité de préhension ou qui souffre de douleurs aiguës (personnes âgées souffrant d'arthrite, patients qui se remettent d’un AVC…), aux travailleurs manuels qui peuvent l’utiliser pour prévenir des problèmes aux mains, augmenter leur confort et améliorer leur productivité mais aussi aux sportifs et aux physiothérapeutes. Avec son design ergonomique
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Des étudiants de l’université catholique de Lille, ainsi qu’un de leurs enseignants, ont lancé une campagne participative sur Ulule afin de financer un petit robot qui étudiera la biodiversité sous-marine. Le but de Ch’ti Plouf est de tenir au fond d’un sac à dos et de pouvoir être déployé avec peu de frais dans n’importe quel milieu aqueux afin d’en photographier la biodiversité. Les clichés pris avec ce robot seront à destination de Wikimedia Commons afin de grossir les images libres de droits sur l’encyclopédie participative Wikipedia. La campagne requérant 9 000 euros a déjà été largement dépassée au moment où nous écrivons ces lignes. ◗
Un robot qui imite le vol de la chauve-souris Des chercheurs de l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign et de Caltech ont développé un prototype de robot chauvesouris, baptisé Bat Bot (B2), doté d’ailes articulées souples et flexibles qui imitent fidèlement les mécanismes clés du vol des chauves-souris. Les ailes des chauvessouris possèdent plus de 40 articulations actives et passives grâce auxquelles elles adaptent leur forme tout au long de leurs battements. Pour le Bat Bot, les chercheurs ont réduit ce nombre à 9 (5 actives et 4 passives) afin de pouvoir modifier la forme de ses ailes par la flexion, l'extension et la torsion de ses articulations au niveau de ses épaules, coudes, poignets et jambes. Le Bat Bot a une envergure d’environ 30 cm et ne pèse que 93 g. Il est contrôlé par des moteurs miniatures logés dans sa colonne vertébrale et est équipé d'une série de capteurs lui permettant de voler de façon autonome. Sa principale spécificité réside dans la membrane ultrafine (56 microns), fabriquée sur mesure à base de silicone, qui recouvre ses ailes et dont la souplesse ainsi que la flexibilité leur permettent d'entrer en collision l’une avec l’autre ou avec des obstacles présents dans l’environnement avec peu ou pas de dommages. Contrairement aux
© Caltech - UIUC
Ch’ti Plouf, un drone aquatique pour l’étude de la biodiversité
quadricoptères, de tels robots dotés d’ailes battantes pourraient être utilisés pour superviser des chantiers de construction sans risquer de blesser les ouvriers présents ou pour opérer dans des endroits étroits où les humains ne peuvent pas aller (galeries de mines ou bâtiments effondrés). Par ailleurs, une fois équipés d'un détecteur de radiation, d’un système de caméra 3D ainsi que de capteurs de température et d'humidité, ils pourraient aussi aller inspecter des réacteurs nucléaires. ◗
PLANÈTE ROBOTS N°45
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actualités
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ROBOTS
© Saab Australie
La Royal Australian Air Force teste des casques HoloLens
Dans le cadre d’un projet de transformation digitale, baptisé Plan Jericho, dont l'objectif est d'améliorer le soldat du futur, la Royal Australian Air Force (RAAF) s’intéresse fortement au déploiement des réalités virtuelles augmentées et mixtes. C’est pourquoi depuis février 2016, elle a commencé à travailler en étroite collaboration avec Saab Australie, qui dispose d’une grande expérience dans ce domaine, et elle participe aussi à l’HoloLens Enterprise
Acceleration Program. Une démonstration d'applications de visualisation 3D, développée pour les casques HoloLens, a été organisée, il y a quelques mois, devant une cinquantaine de haut-gradés de la RAAF qui a ainsi pu faire l'expérience de la visualisation d'un champ de bataille simulé en 3D. Les scénarios et simulations proposés leur ont montré l’utilité que cette technologie pourrait avoir sur la prise de décision et le comportement à avoir dans certaines situations face à une menace. Par ailleurs, dans le cadre de sessions d’entraînement, cela permettrait aussi bien aux formateurs qu’aux stagiaires de partager une expérience interactive visuellement riche dans laquelle le monde réel est couplé avec des images digitales et diverses informations sous forme d'hologrammes. ◗
Neuralink veut connecter nos cerveaux aux machines Tout comme un certain nombre de scientifiques, Elon Musk pense qu’il existe un réel danger lié aux progrès exponentiels des I.A. qui ne vont pas tarder à nous supplanter dans tout un tas de domaines. Partant de cette constatation, il estime que « si on ne peut pas battre la machine, le mieux est d’en devenir une ». C’est pourquoi, il a récemment créé Neuralink, une société de recherche médicale qui a pour objectif de mettre au point un dispositif permettant de connecter directement nos cerveaux aux ordinateurs, sans avoir à utiliser d’interface physique, afin d’augmenter nos capacités cognitives. Ce lien neuronal direct nous permettrait de communiquer avec les ordinateurs et d’y transférer nos pensées et mémoires. Avant d’arriver à ce stade, Neuralink, qui a déjà recruté plusieurs chercheurs éminents dans le domaine, s'occupera, dans un premier temps, de travailler sur le traitement de maladies neurologiques comme l'épilepsie ou la
dépression sévère, via l’utilisation d’implants cérébraux similaires à ceux utilisés pour les patients souffrant de la maladie de Parkinson et ceux permettant aux tétraplégiques de retrouver l'usage de leurs membres. Elon Musk estime que ces premières interfaces directes entre le cerveau et les ordinateurs pourraient devenir une réalité d’ici environ 5 ans. ◗
Gamalon a inventé une nouvelle technique d'apprentissage machine
Gamalon, une start-up de Boston, a élaboré une nouvelle technique d’apprentissage machine, baptisée BPS (Bayesian Program Synthesis). Contrairement au deep learning traditionnel qui apprend en ajustant des millions de paramètres numériques, les I.A. peuvent, grâce à ce nouveau système, apprendre d’elles-mêmes à partir de seulement quelques exemples et non pas de millions, d'une seule personne et non pas de milliers. Elles le font très rapidement et non pas en plusieurs semaines ou mois. De plus, elles peuvent le faire en utilisant le processeur d’une tablette, sans avoir besoin de centaines de serveurs ou d’un supercalculateur. Le système utilise une programmation qui fait appel à des probabilités plutôt qu’à des variables spécifiques afin de construire un modèle prédictif permettant de comprendre et d’expliquer un ensemble de données en fonction d’expériences tirées du monde réel. De plus, avec ce système, les I.A. peuvent réécrire une partie de leur code pour s’adapter à différents usages et situations. Gamalon commercialise déjà deux applications commerciales créées à l'aide de leur système BPS : Gamalon Structure et Gamalon Match. ◗
L'Ifremer a sélectionné ECA Group pour développer un AUV ultraprofond destiné à la cartographie et l'inspection L'Ifremer a sélectionné ECA Group pour développer un nouvel AUV, baptisé A6K, qui pourra descendre jusqu’à 6 000 m de profondeur pour réaliser des cartographies acoustiques de large couverture et des inspections optiques, grâce à sa capacité de se stabiliser près du fond sans avancer. Il facilitera la production de représentations géoréférencées très précises des milieux marins en eaux profondes, à grande surface, à haute résolution et à
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multiparamètres. Il déploiera une gamme complète de capteurs scientifiques et sera équipé d’un nouveau dispositif de communication optique en cours de développement à l'Ifremer ainsi que de capacités de survol lui permettant d'échanger des données en temps réel avec d'autres AUV. Une solution de transport en conteneur simplifiera sa mobilisation et réduira les dépenses opérationnelles. Il sera déployé à partir de
navires de recherche océanographique lors de missions impliquant d'autres véhicules d'intervention en eaux profondes comme le ROV Victor 6000 ou le Nautile. Il sera particulièrement utile pour exécuter des missions telles que l'exploration minière en haute mer, les inspections de pipelines de pétrole/gaz, des sauvetages et l'exploration de ressources minérales. Après une période de développement de 3 ans, il effectuera ses premières plongées en 2019. ◗
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Le Droit des robots
LE DROIT DES ROBOTS DE L’I.A. ET LA ROBOHUMANITÉ
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Les robots ne sont pas des « objets plus » ni des « humains moins » mais des entités d'un genre nouveau qu’il faut prendre en compte.
LES ENJEUX DE L’I.A. L’intelligence artificielle représente un ensemble de technologies au regard desquelles une réflexion éthique mais également juridique est urgente car les innovations qu’elle apporte vont occuper une place croissante dans notre vie quotidienne. Grâce à la technologie robotique, l’émergence d’une nouvelle entité est en passe de devenir une réalité. L’intelligence artificielle oblige à considérer les robots comme étant beaucoup plus que de simples automates ; leurs capacités grandissantes les amènent à véritablement collaborer avec les hommes. Les robots ne sont pas des objets « plus » car ils sont dotés d'une intelligence artificielle qui leur permet de prendre des décisions. Ils ne sont pas davantage des humains « moins » puisqu'ils n'ont ni conscience ni sensibilité. Ce sont des entités d'un genre nouveau qui suscitent autant la fascination que la crainte. Ces dernières années en France, de nombreux acteurs, groupes de réflexion et institutions se sont emparés des enjeux de l’I.A. Les questions éthiques ont notamment suscité de nombreux débats au sein de la communauté scientifique, au point qu’en France, la Commission de réflexion sur l’Éthique de la Recherche en sciences et technologies du Numérique d’Allistene (CERNA) s’est saisie de la question de l’éthique de la recherche en robotique dès 20141. Plus récemment, l’Inria a lancé une réflexion sur l'éthique et l'I.A. dans un livre blanc publié en 20162. Elle encourage ses cher-
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SI LA FRANCE DISPOSE DE CHERCHEURS AU MEILLEUR NIVEAU INTERNATIONAL DANS TOUS LES SOUS-DOMAINES DE L’I.A., LES AUTEURS DU RAPPORT DÉPLORENT LES FRAGILITÉS QUE PRÉSENTE NOTRE ÉCOSYSTÈME DE RECHERCHE ET NOTAMMENT EN CE QUI CONCERNE LA QUALITÉ DES TRANSFERTS TECHNOLOGIQUES D’UN DOMAINE SCIENTIFIQUE À L’AUTRE ET D’UN DOMAINE APPLICATIF À L’AUTRE.
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cheurs à prendre part aux débats sociétaux lorsque des médias les sollicitent pour s'exprimer sur « des questions éthiques telles que celles soulevées par la robotique, l'ap-
prentissage profond, la fouille de données et les systèmes autonomes ». En ce début d’année, c’est au tour des instances gouvernementales d’inviter l’intelligence artificielle dans le débat public.
CRÉER UN CADRE PROPICE À LA PROTECTION DE LA DIGNITÉ HUMAINE Le gouvernement français vient de dévoiler le 21 mars dernier, son plan de développement pour l’intelligence artificielle dans un rapport de synthèse intitulé France intelligence artificielle3 avec l'objectif d'en faire un levier de croissance. Il fait suite à l'opération France I.A. lancée en début d’année, pour définir une stratégie de mise en valeur et de développement de la filière de l'intelligence artificielle (I.A.) en France. Du 20 janvier au 14 mars 2017, 17 groupes de travail se sont ainsi réunis à l’initiative du Gouvernement pour proposer des actions de politique publique visant à développer l’intelligence artificielle en France. 500 experts, chercheurs, juristes, start-up, grandes entreprises et pouvoirs publics ont ainsi tra-
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par Alain Bensoussan avocat technologue, spécialiste du droit des technologies avancées www.alain-bensoussan.com ridiques liées par exemple à la protection des données à caractère personnel, à la transparence des algorithmes ou à l’explicabilité des résultats ». Le partage d’informations et de données est en effet un facteur clé de succès du développement des usages liés à l’intelligence artificielle mais ce partage de données fait aussi apparaître des risques importants en matière de protection de la vie privée et d’atteinte à la dignité humaine. Il faut donc mettre en place un cadre propice à la protection de la dignité humaine.
VERS LA ROBOHUMANITÉ Les progrès de l’I.A. soulèvent des craintes quant à la prise de pouvoir par les robots dès lors que des décisions automatisées ont un impact potentiel sur les êtres humains. Les questions d’ordre éthique et juridique sont majeures, et les défis à relever dans le cadre de ce que l’on appelle la « robohumanité » sont donc immenses. Il n’existe juridiquement aucun obstacle de principe à consacrer une nouvelle personnalité juridique singulière s’agissant des robots, comme l’existence de la personnalité morale, aux côtés de celles dont sont dotées les personnes physiques, le prouve. La personnalité robot – qui ne vise aucunement à faire de la machine intelligente l’égale de l’homme ni à le concurrencer sur le plan symbolique – peut servir à sortir par le haut d’une fausse alternative, à savoir celle de concevoir l’entité robotisée dotée d’autonomie soit comme une machine en mieux ou un être humain en moins bien ; la personnalité robot vise, au contraire, à aligner cet acteur social en devenir sur ses capacités réelles et son rôle social, sans dégradation ni fantasme4. L’Europe montre la voie à suivre. En février 2016, le Parlement européen a adopté une résolution préconisant de créer au plus vite un cadre juridique européen pour les robots5. Il a demandé à la Commission européenne de présenter, sur la base de l’article 114 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), une proposition de directive sur des règles de droit civil sur la robotique qui tienne compte de ses recommandations. ●
Des serviteurs, mais pas que !
La reconnaissance du robot n’en est qu’à ses balbutiements.
vaillé ensemble pour contribuer au développement de ce secteur d’activité. Dans la cinquantaine de recommandations listées en fin de rapport, transparaît clairement la nécessité de renforcer notre écosystème de recherche et de créer un cadre juridique adapté. Si la France dispose de chercheurs au meil-
leur niveau international dans tous les sousdomaines de l’I.A., les auteurs du rapport déplorent les fragilités que présente notre écosystème de recherche et notamment en ce qui concerne la qualité des transferts technologiques d’un domaine scientifique à l’autre et d’un domaine applicatif à l’autre. Il y a encore de nombreuses « contraintes ju-
1 - Rapport de recherche CERNA ALLISTENE 2014, https ://hal.inria.fr/hal-01086579 2 - LIVRE BLANC N°01, Intelligence Artificielle, Les défis actuels et l’action d’Inria, 2016. 3 - Rapport de synthèseFrance intelligence artificielle, Ministère de l’économie, 2017. 4 - A. Bensoussan, J. Bensoussan, Droit des robots, Ed. Larcier juin 2015. 5 - Cf. notre article paru dans Planète Robots n°44, mars-avril 2017.
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Événements
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Innorobo 2017 du 16 au 18 mai aux Docks de Paris « Les technologies robotiques sont qualifiées de technologies d’usage général. Elles ont la capacité de transformer notre société tout entière en s’intégrant dans l’industrie, les services, nos villes, nos campagnes, dans des lieux inaccessibles à l’homme comme dans ceux de notre quotidien. Certaines technologies robotiques sont arrivées à maturité et des progrès exponentiels viennent encore renforcer leur potentiel d’innovations de rupture. Il est temps de s’intéresser aux usages et aux usagers. La technologie est un moyen. Pour quoi faire ? Quels besoins ? Quels usagers ? Comment intégrer et vivre sereinement la transformation de notre société tout entière qui est en jeu ? » Innorobo prend résolument position pour une approche humaine des technologies robotiques.
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nnorobo est surtout et avant tout un espace professionnel de conversations, de conversion, un véritable trait d’union entre les acteurs économiques de la communauté robotique, les représentations institutionnelles, les usagers, les chercheurs. Innorobo transforme les liens en opportunités, dans une atmosphère conviviale où la priorité est donnée à la relation humaine.
TROIS JOURS DE RENCONTRES AVEC LA ROBOTIQUE 16 mai – États Généraux de la Robotique : l’excellence française La Direction générale des entreprises (DGE) organise les États Généraux de la Robotique, dans le
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cadre d’Industrie du Futur – Solution Objets intelligents. Des ateliers technologiques rassemblent la recherche et l’industrie sur les technologies clés en robotique. Après avoir éclairé les points d’excellence de la France en robotique et fait le bilan des actions phares nationales, les participants qui représentent les forces vives de la robotique française – laboratoire de recherche, grands groupes, start-up, PMEPMI – sont invités à réfléchir sur le thème des métiers et de la formation en robotique. 16 mai – Début de soirée La prospective : un autre regard sur l’avenir pour agir au présent Lorsque l’on parle robotique, deux questions ma-
jeures émergent : quel impact sur l’emploi et quelle place pour l’homme ? Chacun apporte sa réponse, appuyée ou non par des chiffres, faits ou actions, relevant du passé et extrapolés dans le futur. Dans le cas de l’impact sur l’emploi, la lecture du protechnologie est : 1 robot installé = 3 emplois créés. 50 % des économistes qui se sont penchés sur le sujet pensent que la robotique sera créatrice nette d’emplois après une période de transition ; les 50 % restant répondent à l’inverse que 15, 30 parfois même 50 % des emplois sur terre sont menacés. Il faut s’affranchir de l’idée que nous sommes capables de percer le voile de l’incertitude et de notre ignorance de l’avenir. Ne connaissant pas l’avenir, nous pouvons anticiper ce que nous vou-
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Le cobot Yumi d’ABB. — En dessous… Le DuAro de Kawasaki.
lons. Avoir des idées concrètes pour le futur que nous transformerons en actions pratiques au présent. Une conférence de Riel Miller, prospectiviste réputé mondialement.
17 mai – 9h30 à 17h30 De l’importance d’un métier caché: l’intégrateur L’intégrateur robotique, parfois aussi distributeur, est une entreprise chargée d’intégrer différents composants mécaniques, électroniques et informatiques ensemble pour faire fonctionner un nouveau système robotique. Il est un « intermédiaire » entre le constructeur de robots et l’usager, un maillon essentiel pour le déploiement de la robotique. Avec les innovations robotiques et l’émergence des robots de service, son métier évolue, de nouveaux services sont à créer, des opportunités à découvrir. Le 17 mai prochain, Innorobo dédie
une journée aux intégrateurs. Découvrez LUCAS, SITIA, Réseau 3R, BA Systèmes et bien d’autres. Cette journée est soutenue par la Direction générale des entreprises.
18 mai – Sous le signe de la coopération De prestigieux laboratoires de recherche français et étrangers viennent présenter leurs merveilles technologiques. La coopération recherche/industrie est essentielle. Les plateformes du réseau national Robotex vous font bénéficier d’équipements et de compétences d’excellence. Sous l’égide du GdR Robotique, Gipsa-lab, une unité du CNRS, parle d’interactions avec les robots humanoïdes ; Heudiasyc présente ses travaux sur les véhicules autonomes ; Irstea s’engage en robotique pour une production agricole plus productive tout en respectant l’environnement. L’ONERA, le centre fran-
Robot humanoïde d'InMoov.
çais de la recherche aéronautique, spatiale et de défense met ses compétences et ses moyens d’expérimentation uniques en Europe à notre service. L’Inria présente son algorithme de curiosité pour l’éducation avec Poppy. L’ISIR et le CEA, les plus importants laboratoires robotiques français et Tecnalia (Espagne) sont également présents avec les résultats de leurs projets. Les clusters robotiques régionaux se coordonnent en mode coopératif sur le territoire national : Hauts-de-France et la Robonumérique ; AuvergneRhône-Alpes et Coboteam ; Midi-Pyrénées et Robotics Place ; Aquitaine Robotics ; les Pays de la Loire et la plateforme robotique régionale Proxinnov, et bien sûr, la région Paris-Île-de-France, partenaire global d’Innorobo. Les coopérations doivent être ouvertes sur l’international. La Corée du Sud, pays leader mondial en robotique de service, s’installe pour 3 jours à Innorobo en vue d’établir des partenariats qui font sens avec la France et l’Europe. Des délégations chinoises, en pleine accélération robotique, nous font l’honneur de présenter leurs marchés, leurs enjeux et savoir-faire. 16–18 mai – Exposition De l’art de faire émerger l’invisible Nous sommes souvent impressionnés par la face visible du robot, dans son interaction avec nous ou notre environnement. Nous sommes fascinés par tel robot humanoïde lorsqu’il nous parle ou encore par le robot de terrain qu’aucun obstacle ne semble arrêter. Mais la robotique est encore plus fascinante de l’intérieur. Sans capteurs, le robot est un simple automate mécanique. Sans motoréducteurs, câbles, engrenages, sans systèmes mécatroniques high-tech, le robot devient maladroit. Sans logiciel de traitement de données, d’intelligence artificielle, d’applications, il n’est qu’une carcasse, et PLANÈTE ROBOTS N°45
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Innorobo 2017 du 16 au 18 mai aux Docks de Paris
DeltaTips, le robot d’exploration de Robotips.
sans actionneurs, il est incapable d’agir. N’oublions pas son autonomie, largement due à sa batterie pour les robots mobiles. À Innorobo, vous pouvez découvrir ce magnifique univers technologique de l’intérieur :
Les batteries, garantes de l’autonomie des robots Leclanché, RRC Power Solutions GmbH, Blue Inductive présentent leurs solutions innovantes.
L’envers du décor : les composants Le robot est constitué d’une multitude de petites pièces (moteurs, réducteurs, etc.) qui font que le robot fonctionne.
L’interaction avec le monde grâce aux capteurs Les robots, ont besoin de « ressentir » leur environnement pour l’analyser et alors entrer en action. L’équivalent de nos cinq sens, même si, en très différent. La société Terabee, par exemple, conçoit des appareils qui permettent de voir ce que l’œil humain ne peut pas toujours percevoir. LIPS Corporation, une société taïwanaise, propose une solution de vision 3D très élaborée et un logiciel médiateur afin d’éviter tout problème de compatibilité.
UN ÉVÉNEMENT RÉVÉLATEUR DE TALENTS À Innorobo, nous essayons de représenter au mieux tous les « mouvements » qui font la robotique d’aujourd’hui. L’association Caliban réunit les
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NOUS SOMMES SOUVENT
IMPRESSIONNÉS PAR LA FACE VISIBLE DU ROBOT, DANS SON INTERACTION AVEC NOUS OU NOTRE ENVIRONNEMENT. NOUS SOMMES FASCINÉS PAR TEL ROBOT HUMANOÏDE LORSQU’IL NOUS PARLE.
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passionnés de robotique amateurs, des Makers robotiques. Caliban présente entre autres Vladimir Kadir et son robot Terminator et les humanoïdes d’InMoov. Des associations étudiantes sont également présentes comme DTRE ou ESIEE Space. Pour réaliser son robot personnel, rien de tel qu’un Fablab – Electrolab – ou une association – Robotips – tous deux en mode 100 % collaboratif et ouvert.
ROBOTIQUE ET EMPLOI : @INNOROBO, LES ENTREPRISES RECRUTENT ! On parle souvent en négatif de robotique et d’emploi. À Innorobo, l’énergie entrepreneuriale a besoin de talents. Elle propose des formations à de nou-
veaux métiers et recrute à tous les niveaux. Rejoignez un secteur en croissance et construisez l’avenir avec des entrepreneurs comme Balyo, BA Systèmes et Awabot, entre autres ! Les offres d’emploi et la liste des entreprises qui recrutent sont sur le site innorobo-community.
RÉVÉLATEUR D’INNOVATIONS À Innorobo 2017, la robotique est au complet. Le robot industriel est collaboratif, l’industrie 4.0 s’équipe d’imprimantes 3D, de capteurs, de logiciels d’I.A., de reconnaissance vocale (SemVox) et d’interfaces homme/robot via la réalité augmentée. La robotique explore les terrains difficiles à l’extérieur sur terre (TECDRON, Shark Robotics), mais aussi dans les airs (R&Drone). La robotique de service s’exprime à la maison (iJINI d’Innoplaylab ; Robohon montré en exclusivité à Innorobo sur le stand de TSA-Namiki), dans le retail (Hease, Softbank Robotics avec Pepper, Amy Robotics, Cybedroïd et Leenby, Event Bots et Tiki, Bo de Botsandus…), les hôtels (Savioke par Awabot) mais aussi au service des personnes âgées (Hocaro) ou dans l’éducation (Génération Robots). Bien d’autres robots encore sont à découvrir à Innorobo. Innorobo est une aventure authentique, loin des cohues retentissantes par leurs critères de masse. Ce sont des hommes et des femmes qui inventent la société de demain, pour que la technologie reste au service de l’humanité. L’événement est organisé en partenariat avec Paris Région Île-de-France et BNP Paribas Cardif. ■Joe Pillow
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Événements
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L'ONU
gendarme des robots En décembre 2016, s'est tenue à Genève à l'initiative de l'ONU une conférence réunissant des délégations de 123 pays et chargée d'examiner la portée et le fonctionnement de la Convention sur certaines armes classiques. Cette rencontre était l'occasion d'étudier les propositions relatives à des catégories d'armes que la Convention ne couvre pas, telles que les « robots tueurs », également appelés systèmes d'armes létaux autonomes (SALA).
BESOIN D’UNE MISE À JOUR DES PROTOCOLES Au sein de l'ONU, ce type d'armement a été défini dans le cadre d'un rapport datant de 2013 (1) : il s'agit de « systèmes d’armes robotiques qui, une fois activés, peuvent sélectionner et attaquer des cibles sans intervention complémentaire d’un opérateur humain. L’élément àretenir est que le robot choisit de façon autonome de viser telle cible et d’utiliser la force meurtrière. » La Convention sur certaines armes classiques a été adoptée en 1980. Elle constitue un socle pour d’autres instruments ayant vocation à l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines méthodes et de certains moyens de guerre. (2)
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LES CONVENTIONS DE LA HAYE ET CELLES DE GENÈVE DÉFINISSENT LES RÈGLES APPLICABLES À LA CONDUITE DES HOSTILITÉS.
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Leurs opposants souhaitent que les SALA fassent l’objet d’un protocole additionnel à la convention de 1980. Les Conventions de La Haye et celles de Genève définissent les règles applicables à la conduite des hostilités. Elles contiennent entre autres le principe de discrimination, qui impose aux belligérants de distinguer les objectifs militaires, qui peuvent être attaqués, des biens et populations civiles qui ne doivent faire l'objet d'aucune attaque volontaire. En l'état de l'art, si les robots peuvent atteindre une autonomie suffisante pour engager un objectif, la technologie n'est pas assez avancée pour assurer le respect de ce principe.
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Amandeep Singh Gill, ambassadeur indien, préside les travaux du groupe d'études.
employé tel que cela avait été prévu au préalable. Il amènerait à considérer comme des armes licites celles pour lesquelles l’humain a conçu et paramétré des règles d’engagement. Soit une large acceptation, qui renvoie directement à la notion de responsabilité.
La campagne « Stop Killer Robots ».
Le débat de la seconde Convention au sein de l’ONU à Genève en avril 2015.
LE DÉBAT EST OUVERT Différentes réunions se sont tenues depuis trois ans, avec pour mandat d’apporter des clarifications terminologiques, d’identifier les problèmes soulevés et de formuler une série de recommandations générales. Les débats ont porté sur le degré de contrôle envisagé comme critère pour définir une arme autonome. Être en deçà du seuil de contrôle minimum équivaudrait pour une arme, à être considérée comme illicite. Trois écoles s'affrontent : - La première position, celle du contrôle effectif, demande, comme son nom l'indique, qu'un humain soit à l'origine du ciblage et de l'engagement d'un objectif. Même les drones actuellement employés par l'armée américaine ne pourraient plus être utilisés. Ce critère a peu de chance de faire consensus parmi les nations. - Le contrôle significatif est moins contraignant. Il suppose qu'un humain exerce une activité de supervision de l'action du robot. - Dernier critère en lice : celui du jugement humain approprié. Il s'agit de garantir que le système a été
RESPONSABILITÉS DES ROBOTS LÉTAUX La doctrine citée par le rapport des Nations Unis de 2013 considère que « si la nature d’une arme rend impossible l’établissement des responsabilités concernant les conséquences de son utilisation, cette arme devrait être jugée abominable et son utilisation déclarée contraire à l’éthique et illicite ». Dans ces conditions, les États ont intérêt à définir une responsabilité ad hoc. Pour ce faire, un cadre juridique contraignant à l'enregistrement des processus de décision de l'arme pourrait être une solution. En cas d'incident sur le terrain, les enregistrements permettront de déterminer s'il y a eu une faille dans le système que l'état de l'art aurait dû permettre d'éviter. Et si une responsabilité devait être recherchée, les enregistrements devraient permettre de démêler la part de chacun, entre fabricant, installateur et opérateur de l'arme. Toutefois, si la responsabilité peut être déterminée, l’intentionnalité sera en pratique quasiment indémontrable. De fait, le cadre juridique permettra d'améliorer normes et processus plus souvent que de mettre en cause la responsabilité d'un des acteurs. DES QUESTIONS EN SUSPENS L'ONU a décidé de créer un groupe d'experts gouvernementaux chargés d'étudier deux questions. Définir les SALA, en fonction de la valeur militaire de cette technologie, du risque de prolifération, et du droit humanitaire. Comment leur appliquer le droit international, notamment le droit humanitaire ? PLANÈTE ROBOTS N°45
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Le drone militaire ScanEagle sur sa rampe de lancement.
C'est l'ambassadeur indien, Amandeep Singh Gill, représentant de son pays en matière de désarmement, qui présidera les travaux du groupe d'études en 2017. La conférence de décembre 2016 réunissait entre autres les États-Unis et la Chine. La Russie, qui participait également, était défavorable à la constitution des groupes de travail. Elle a déclaré qu'une interdiction était prématurée et s'est abstenue lors du vote. La Chine a déclaré qu'elle avait besoin d'un nouvel instrument international sur ces systèmes d'armes autonomes. Après une période de pourparlers de deux semaines, la pro-
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chaine convention, qui se tiendra d'août à novembre 2017 à Genève, devrait être l'occasion de statuer sur l'interdiction ou non de ces armes.
DES CONSENSUS PRÉCÉDENTS En 2014, cinq pays se disaient en faveur de l'interdiction des robots tueurs. D'ores et déjà, avec le concours de l'Argentine, du Guatemala, du Panama, du Pérou, de Cuba, du Pakistan, de l’Égypte, du Venezuela, du Mexique, du Zimbabwe et du Vatican, un groupe d'une vingtaine de pays s'est prononcé en faveur de l'interdiction. Mary Wareham,
de l'ONG Human Right Watch et coordinatrice du mouvement Stop Killer Robots fonde ses espoirs dessus, en précisant que ce type de démarche a déjà permis l'interdiction des armes aveuglantes et des bombes à sous-munitions. Les Nations Unis comptent un rapporteur spécial pour les exécutions extrajudiciaires. Celui-ci est le responsable de l'ONU qui enquête et réagit aux exécutions extrajudiciaires dans le monde. Il avait déjà déclaré en 2014 que les robots armés nécessiteraient de nouvelles règles internationales pour l'usage de la force.
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Toby Walsh, chercheur, a pronostiqué qu'en l'absence d'interdiction, nous allions tous vers une nouvelle course à l'armement. — Le tank de combat russe Uran-9, piloté à distance.
En juillet 2016, des centaines de chercheurs en intelligence artificielle et en robotique ont signé une lettre ouverte appelant à une interdiction préventive de ces armes. Certains de ces chercheurs, tel Toby Walsh, ont été entendu lors de la convention de l'ONU. Toby Walsh a pronostiqué qu'en l'absence d'interdiction, nous allions tous vers une course à l'armement, et que la ligne d'arrivée de cette course pourrait bien avoir une allure de Terminator. Le chercheur s'appuie sur les interdictions des armes biologiques et des armes chimiques pour y voir le signe d'un refus général de la création de nouveaux types d'armement. Selon lui, l'interdiction de l'arme ne bloque pas le développement de la technologie elle-même. Et de prendre pour exemple la technique des lasers aveuglants, parfois utilisés en ophtalmologie hospitalière, bien qu'interdite sur les champs de bataille. Le même avenir attendrait l'apparition de l'autonomie artificielle : elle continuerait à suivre le développement des voitures autonomes sans pouvoir être légalement employée sur les champs de bataille. LA NOUVELLE ADMINISTRATION ÉTATS-UNIENNE FAIT BANDE À PART Le Pentagone teste des drones équipés de logiciels de reconnaissance faciale qui pourraient identifier des ennemis et les prendre pour cible. Les associations de protection des droits de l'homme lancent des alertes à propos d'une course aux armes robotisées, placée en-dehors de toute législation internationale. Côté américain, Steven Groves, un membre de l'équipe de transition de Donald Trump a affirmé que les États-Unis devaient s'opposer à l'interdiction et poursuivre l'élaboration de ces armes : « Les
États-Unis ne doivent pas être soumis à un protocole de Genève qui interdise ces armes. » Il voit même dans le développement de ces armes « la seule voie pour l'armée américaine de conserver un avantage tactique et stratégique ». L'administration Obama avait lancé une étude sur les questions éthiques et légales posées par l'emploi, par l'armée, de l'intelligence artificielle. Ce travail n'avait pu être
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LE PENTAGONE TESTE
DES DRONES ÉQUIPÉS DE LOGICIELS DE RECONNAISSANCE FACIALE…
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mené à son terme avant le changement d'occupant de la Maison Blanche. La restriction imposée par le ministère de la Défense américain au déploiement d'armes autonomes est assortie d'une limite de cinq ans, après quoi elle doit être reconduite, annulée ou mise à jour. Cela signifie que c'est à l'administration Trump qu'il reviendra, cette année, d'établir de nouvelles lignes directrices de recherche pour l'intelligence artificielle militaire. Un rapport de la Maison Blanche datant d'octobre appelait à établir une politique sur l'utilisation des armes autonomes qui soit cohérente avec les lois internationales en droit humanitaire. ENCORE UN LONG CHEMIN À PARCOURIR En août, la Chine a officiellement admis poursuivre
© Vitaly V. Kuzmin.
L'ONU, gendarme des robots
des recherches dans le cadre de l'utilisation de l'I.A. pour sa prochaine génération de missiles. Du côté des détracteurs des SALA, Amnesty International avance l'argument que ces nouveaux militaires seront incapables de désobéir aux ordres. August Cole, expert en sécurité au Conseil de l'Atlantique Nord, pose le problème dans l'autre sens : « Ce qui m'inquiète, c'est que vous devrez faire face à des ennemis qui ne se sentiraient pas autant concernés par les lois de la guerre et le droit humanitaire international. » Un large pan de la société s'inquiète de l'avènement de ces robots de combat. L'initiative Stop Killer Robots date de 2013 et en 2015, plus de 1 000 scientifiques et industriels, dont Elon Musk, Steve Wozniak et Stephen Hawking et des représentants de Google et Microsoft avaient signé une lettre ouverte à destination des membres de l'ONU pour demander que soient engagées des actions. C'est, selon les représentants de Google, sous cette pression que l'ONU a décidé de lancer ses travaux. Ces mêmes représentants nous préviennent : « Les dangers des armes entièrement autonomes sont prévisibles et nous devrions agir maintenant pour prévenir des dommages potentiellement catastrophiques à venir, pour les civils, les soldats et à la planète. » ■Nicolas Denis
À lire sur Internet (1) Rapport du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires – Christof Heyns du 9 avril 2013 : https ://tinyurl.com/probots001 (2) Les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA): Enjeux juridiques de l’émergence d’un moyen de combat déshumanisé – J. Ancelin – La Revue des droits de l’homme – 2016 : https ://tinyurl.com/probots002
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Événements
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La Coupe de France de Robotique et finale Eurobot 2017
Préparons le terrain de la colonisation de la Lune
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Pour la seconde itération de la Coupe de France de Robotique à La Roche-sur-Yon, la ville se paye le luxe d’accueillir également la finale Eurobot, c’est-à-dire la finale européenne de la compétition. Ce sont ainsi trente équipes provenant de 18 pays qui participeront à la compétition en plus des 200 équipes nationales. L’événement aura lieu au parc des expositions des Oudairies à La Roche-sur-Yon, du 25 au 28 mai 2017.
réée en 1994 entre l’association Planète Sciences et la production de l’émission E=M6, sous le nom de Coupe E=M6, la Coupe de France de Robotique s’inspire des concours nés au sein du MIT (Massachusetts Institute of Technology) il y a une trentaine d’années. Après avoir longtemps été accueillie par la ville de La Ferté-Bernard, c’est désormais la Vendée qui reçoit cette compétition annuelle depuis 2016. Quant à Eurobot, c’est une association créée en 2004 pour fédérer les différentes coupes des États du Vieux Continent et ainsi organiser une compétition internationale qui dépasse largement les frontières de l’Europe. Cette année, ce sont 18 pays qui
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seront mobilisés : Algérie, Belgique, Allemagne, Roumanie, Russie, Serbie, Espagne, Suisse, Tunisie, RoyaumeUni, Égypte, Pologne, Bangladesh, Slovaquie, Italie, Bosnie-Herzégovine, Canada et France. Les équipes de la Coupe sont composées d’élèves ingénieurs (écoles, universités) ou de lycées techniques, venant de toute la France. Les participants de la Coupe de France comme de la Coupe d'Europe sont des jeunes de 18 à 30 ans. En 2017, ce sont plus de 1 500 participants qui sont attendus. THÉMATIQUE 2017, COLONISATION DE L’ASTRE DE LA NUIT Chaque année, le thème et les épreuves sont diffé-
rents. En 2016, les équipes devaient aller à la plage pour y pêcher, construire des châteaux de sable, ramasser des coquillages, fermer les cabines et ouvrir les parasols. Cette année, les organisateurs ont décidé de se tourner vers l’espace et le projet Moon Village de l’ESA. D’ici une vingtaine d’années, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) devrait déployer un village sur la Lune afin d’y accueillir une colonie humaine. Planète Sciences et Oryon y ont vu une occasion de faire jouer les méninges des participants afin d’y déployer leur imagination pour préparer le terrain par des robots. Chaque équipe devra concevoir et programmer un robot capable de venir à bout de plusieurs missions.
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Le robot devra récolter du minerai sur la Lune, symbolisé par des boules blanches, et les rapporter sur la zone de départ. Les boules noires représentent des roches lunaires qui ne rapportent aucun point. Des cylindres, avatars des modules lunaires rapportés par des missions spatiales précédentes, devront également être rapportés à la base. Le robot devra construire la base, à un emplacement bien défini, afin d’accueillir les futurs colons humains, à partir des modules lunaires récupérés. Enfin, pour glaner quelques points bonus, la Funny Action consistera à faire lancer par le robot un engin spatial pour préparer les futurs vols en direction de la planète Mars. Le robot peut être accompagné d’un compagnon robotisé afin de le seconder (optionnel). Les robots sont bien évidemment complètement autonomes. Le robot principal ne devra pas dépasser les 120 cm de périmètre et le robot secondaire optionnel ne devra pas dépasser 70 cm. Le plateau de jeu, qui représente le sol lunaire et le futur village sélène, possède des dimensions de 3 mètres sur 2. Le règlement précis est consultable sur le site de Planète Sciences. À savoir, que pour les équipes juniors (participants de 7 à 18 ans) de la finale Eurobot, les règles ont été simplifiées. L’année précédente, le thème était plage et cocotiers ! — Les robots de la Coupe de France de Robotique devront préparer le terrain des futurs colons sur la Lune.
UNE COMPÉTITION PRISE AU SÉRIEUX, MAIS DANS UNE AMBIANCE DÉCONTRACTÉE Avant de pouvoir participer aux premiers matchs, chaque équipe devra passer par l’homologation drastique de ses robots. Pour cela, leurs robots devront valider au moins une des missions, en moins de 90 secondes devant un arbitre. De plus, l’arbitre vérifiera si le robot respecte la minuterie, les évitements des robots adverses, et que la source d’énergie des robots ne soit pas dangereuse…). Si un seul des deux robots est homologué, celui-ci pourra participer à la compétition, seul. L’équipe est en droit de modifier quelque chose sur le robot après son homologation, mais il devra de nouveau passer par cette étape avant un nouveau match. L’ambiance bon enfant qui se déploie au sein de la Coupe de France de Robotique ressemble aux compétitions sportives entre collèges aux États-Unis. De nombreuses équipes ont leurs mascottes, des personnes déguisées en animaux ou objets qui haranguent la foule à chaque match en sautillant et en criant dans tous les azimuts. Le public est très enthousiaste et de nombreux supporters sont dans les gradins pour supporter leur équipe favorite. Cela vaut bien une finale de Coupe du monde de football ! En tout, ce ne seront pas moins de 500 matchs de 90 secondes qui se joueront sur 4 jours, devant les spectateurs venus assister à la Coupe de France de Robotique à la Roche-sur-Yon. La compétition est, bien évidemment, ouverte au public. On pourra même aller découvrir les équipes qui se préparent dans leur box !
© ESA
■Frédéric Boisdron
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Concours national de robotique extérieure
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Organisé le 7 mars dernier par l'ONERA, sur décision du ministère de l’Économie et des Finances (Direction générale des entreprises (DGE)) dans le cadre de la Nouvelle France Industrielle (NFI), le Concours national de robotique extérieure a pris place dans un lieu prestigieux, le musée de l'Air et de l'Espace du Bourget. Frédéric Boisdron, rédacteur en chef de Planète Robots, faisait partie de ce prestigieux jury composé, entre autres, de chercheurs du CNRS, de spécialistes en drones, ou de représentants de la DGE.
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'est au milieu d'avions de la Seconde Guerre mondiale, entre deux fusées Ariane ou sous le Concorde, que la vingtaine d’équipes du Concours national de robotique extérieure ont fait leurs démonstrations. Ce ne sont pas moins de 4 prix pour un total de 155 000 euros qui étaient en jeu, répartis en 3 prix de 50 000 euros et un dernier de 5 000 euros, pour les équipes qui n’ont pas pu présenter de démonstration in situ, prototype pas assez avancé ou mise en œuvre compliquée au sein de l’aérodrome du Bourget.
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La robotique extérieure regroupe l'ensemble des robots pouvant évoluer à l'extérieur des bâtiments. Nous trouvions principalement des drones autonomes, mais également des véhicules roulants ou bien encore des robots capables de se déplacer sur l'eau ou dans l'eau. DES DRONES AMBITIEUX Après de multiples vérifications par le service d'ordre de l’aérodrome du Bourget, le jury a pu accéder à un espace réservé au vol de drones pour cette manifestation. Boréal, un drone à grande élongation, présente une
forme poche d'un petit avion. Son vol est catapulté. Il peut emporter une charge utile de 25 kg, dédiée à la cartographie, à l’analyse au lidar ou à l’analyse de la croûte terrestre GNSS/R. Il peut voler pendant 10 heures de suite, soit 1 000 km à 100 km/h. Son atterrissage, assisté par télécommande, est très court et n'a pas besoin de train d'atterrissage. HyDrone de CLS Group se déplace à une hauteur 5 m au-dessus d'un plan d'eau afin de surveiller la hauteur de l’eau en temps réel. Son altimètre léger, haute fréquence et temps réel, permet de prévenir des risques d'inondation. Le drone emporte 550 g de matériel et peux travailler 5 heures de suite.
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Le drone de Scalian /EDF, qui surveille les zones de lâcher de barrage, a un fil à la patte, relié à un groupe électrogène situé sur un véhicule, lui donnant l’énergie tout le long de sa mission.
Contrairement à une bouée, ce drone n'est pas entraîné par les vagues et peut donc vérifier la hauteur de l'eau à un point fixe à chaque instant. Diagnostic 3D propose le drone Y6 Scan 3D avec ses trois rotors. Celui-ci embarque une nacelle stabilisée à même le châssis. La nacelle emporte un capteur 3D de type lidar, dédié à l'inspection des avions de ligne. Le capteur a une précision du millimètre avec un drone situé à 20 m de l'appareil. La nacelle peut emporter 5 kg, et le lidar peut être remplacé par d'autres outils de diagnostic qui pourraient intéresser le BTP par exemple. Enfin, le
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LA ROBOTIQUE EXTÉRIEURE REGROUPE L'ENSEMBLE DES
Quoi de mieux que le musée de l’Air et de l’Espace pour accueillir un concours de robotique extérieure ?
Le drone Y6 Scan 3D de Diagnostic 3D embarque une nacelle stabilisée, directement dans le châssis.
ROBOTS POUVANT ÉVOLUER À L'EXTÉRIEUR DES BÂTIMENTS. NOUS TROUVIONS PRINCIPALEMENT DES DRONES AUTONOMES, MAIS ÉGALEMENT DES VÉHICULES ROULANTS…
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drone possède une grande stabilité et se sert d’un point de référence au sol afin de connaître sa position exacte. Comme le drone précédent, Donecle a mis au point un drone d'inspection d'avion de ligne. Gérés en essaim, ces drones permettent de diagnostiquer les avions en 30 minutes au lieu de 8 heures, actuellement, et ceci après chaque voyage. Ces drones ne possèdent ni GPS, ni balises ou marquage au sol, mais utilisent un positionnement laser, permettant de travailler en intérieur comme en extérieur. Actuellement en contrat avec Air France, les drones de Donecle sont complètement autonomes et n'ont aucun impact sur la structure étudiée ou un humain qui pourrait travailler dans le même espace. À la fin de son diagnostic, ce sont les drones eux-mêmes qui vont rédiger un rapport en éliminant les faux positifs grâce à un travail d'apprentissage. Plutôt que d'envoyer un humain à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, Engie Ineo se propose de tirer les câbles entre les pylônes élecPLANÈTE ROBOTS N°45
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L’AIV (Automated Intelligent Vehicle), véhicule portuaire entièrement automatisé, par BA Systèmes.
triques du réseau, de façon autonome. Un filin d’aiguillage est accroché au drone et celui-ci va parcourir plusieurs kilomètres en faisant bien attention de passer ce filin en haut de chaque pylône. En fin de parcours, le filin se voit remplacé successivement par un câble léger puis par le câble à haute tension définitif. Green Communication possède un concept de déploiement de réseau grâce à des essaims de drones. Le principe repose sur des drones qui se suivent les uns derrière les autres afin de répéter le signal wi-fi, LTE ou un streaming vidéo. En cas de besoin, les drones décollent les uns derrière les autres, en s'éloignant juste assez pour servir de relais. Ils sont un peu les pigeons voyageurs du XXIe siècle. Green Communication a développé son logiciel qui peut s'adapter sur de nombreux drones du commerce, et la démonstration qui nous a été faite reposait sur des Bebop de Parrot. Développés en collaboration avec EDF, les drones en essaim de Heudiasyc ont pour tâche d’inspecter
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les lignes du réseau de distribution d'énergie d'EDF dans des zones difficiles d'accès. La société a dû développer un framework avec un drone meneur qui suit les lignes par simple vision. Ce premier drone possède un tag à l'arrière. Un autre drone va, quant à lui, suivre ce tag et peut, lui-même, être en possession de son propre drone suiveur, et ainsi de suite. La multiplication des drones qui se suivent à la queue leu leu, permet d’équiper chacun de capteurs différents les uns des autres, pour plus de précision. DRONES ET CYBERSÉCURITÉ Le concept de Scalian/EDF est un drone captif. Un câble relie celui-ci a un groupe électrogène situé sur un véhicule. Les deux engins parcourent les zones de lâcher de barrage afin de prévenir tout problème avant un lâcher d’eau important. En cas de détection de présence, le drone émet des lumières et des alarmes afin de faire fuir les animaux ou prévenir les pêcheurs. Le drone est autonome
et suit le véhicule par caméra tracking. L'opérateur situé à la place du passager dans le véhicule n’est là que pour donner des ordres basiques comme le décollage ou l'atterrissage et n’a aucune incidence sur le plan de vol. Skeyetech Protect System propose un système ingénieux de mise en œuvre de drones de surveillance. Afin de lever le doute sur une éventuelle intrusion, un drone 100 % autonome sort d'une caisse protégée et prend son envol très rapidement. Une fois sa mission terminée, le drone revient se poser sur la caisse. Un système mécanique le repositionne correctement avant de le rentrer dans la caisse et la refermer afin de recharger le drone en toute sécurité. Le drone ainsi que son coffre sécurisé offrent un niveau de haute disponibilité, réactif pour des interventions de haute fréquence. L’équipe InPixal / Nexter Robotics / Novadem propose une solution globale de levée de doute. L'ensemble PixAlarm repose sur un essaim de drones
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Concours national de robotique extérieure
EZManta , drone à voilure hybride de EZNov a remporté le prix de l’innovation du concours.
cent dans la voilure. Il peut ainsi décoller verticalement et prendre de la vitesse horizontalement. L'engin n'est pas équipé de nacelle, l'assiette du drone est repositionnée au besoin. EZManta est actuellement commercialisé comme une solution de cartographie, à l'ergonomie simplifiée et au mapping des photos autorectifié. Le drone ainsi que son logiciel ont entièrement été développés par la société. La solution de cartographie YellowScan (Avion Jaune) repose sur un lidar YellowScan Surveillor
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PLUTÔT QUE D'ENVOYER
roulants et volants capable de détecter toute intrusion, de la suivre, et d’entrer en communication. À partir de données de caméras fixes de vidéosurveillance, les coordonnées de l'intrusion sont extraites sur le système de cartographie. Un drone et un robot sont ensuite envoyés simultanément à ces coordonnées. L’intrus est détecté puis traqué par l'algorithme d'analyse d'images intégré. Les drones et les robots ont besoin de logiciels. FlyLab a ainsi mis au point une plateforme de développement logiciel, un framework, en partenariat avec Intel et Nvidia. FlyLab propose ainsi son propre système d'exploitation, pour robots volants, mais aussi roulants, parfaitement adapté à la cybersécurité. DES DRONES POUR LA CARTOGRAPHIE EZManta est un drone à trois rotors de EZNov. Il est hybride, c'est-à-dire qu'il peut voler dans une position hélicoptère, une position avion, ou entre les deux. Pour cela, les deux rotors avant se dépla-
UN HUMAIN À PLUSIEURS DIZAINES DE MÈTRES AU-DESSUS DU SOL, ENGIE INEO SE PROPOSE DE TIRER LES CÂBLES ENTRE LES PYLÔNES ÉLECTRIQUES DU RÉSEAU, DE FAÇON AUTONOME.
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monté sur un drone. Une fois en vol, le drone transmet par radio, les données qui permettront de visualiser l'acquisition lidar, dans une résolution moindre, en temps réel sur un écran au sol. Ceci permet de voir l’évolution de la mission. Une fois que le drone atterrit, les données en haute résolution seront post-traitées pour une plus grande précision. Aeromapper est un drone 100 % développé en interne, en forme d’avion monomoteur. Avec plus de 6 000 heures de vol au compteur, Aeromapper a
déjà prouvé son efficacité. Ce drone a déjà volé pour de grands comptes. Il peut cartographier 400 hectares sur une heure ou 2 000 hectares sur une journée complète. Il démarre son vol au lancer, puis devient autonome avant d'atterrir sur son ventre une fois sa mission terminée.
DES SOLUTIONS TERRESTRES BA Systèmes, en coloration avec l’IRCCyN à Nantes, ainsi que des industriels vendéens, ont développé un véhicule autonome roulant capable de déplacer des palettes de 12 tonnes (containers). Cette navette HLT10 a été créée sur la base de robots portuaires. Il se localise grâce une centrale inertielle, un GPS et des tags RFID dans le sol. Il gère les véhicules et les personnes qu'il rencontre grâce à des nappes laser. Entièrement autonome, le système ne possède aucune interface manuelle, ni opérateur. BA Systèmes, mais cette fois-ci avec l’ISIR, a développé un mini robot mobile de 11 kg, sur 4 roues, dans l’esprit des rovers martiens. Le robot repose sur quatre bras comportant chacun une roue. Ils se plient et déplient de façon à garder une assiette toujours droite. Les reliefs sont absorbés. Le robot s’est autoprogrammé par apprentissage répétitif. Complios, c’est son nom, a été étudié pour pouvoir se déplacer sur des terrains difficiles, comme sur une zone après un tremblement de terre. EffiBOT de Effidence est un robot suiveur capable de transporter jusqu'à 300 kg de charge. Dans un entrepôt, EffiBOT suit son opérateur de façon autonome, tout en évitant les obstacles. Sa puissance permet également de pouvoir tracter des chariots. Pour encore plus d'autonomie, le robot peut être envoyé automatiquement à une position, voire à un ensemble de positions. Sterela propose une solution de logistique terrestre extérieure. Le robot 4MOB permet de transporter de lourdes charges entre différents points de chargement et déchargement. Il utilise un système de reconnaissance de site par SLAM pour sa navigaPLANÈTE ROBOTS N°45
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Concours national de robotique extérieure
Le robot 4MOB transporte des charges lourdes sur terrain difficile et de façon autonome.
EffiBOT, le robot suiveur d’Effidence a reçu le prix de l’intégration.
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VIATIC DE MBDA EST UN SYSTÈME D’ALGORITHMES POUR
Colossus de Shark Robotics va très bientôt assister les pompiers parisiens.
tion. Ses quatre roues motrices lui permettent de travailler en toute autonomie sur terrain difficile. Il peut également être piloté depuis une télécommande pour des zones non balisées. Le robot Colossus de Shark Robotics n'est pas autonome mais piloté à distance. Il permet d'éteindre les incendies à distance mais il peut également s’occuper du transport de matériels lourds dans des lieux difficiles d'accès voire le transport de blessés, grâce à un plateau brancard. Il a également la possibilité d’inspecter des lieux dangereux grâce à des capteurs, des caméras thermiques ainsi qu’à une tourelle avec zoom afin de relever des informations comme la température ambiante ou la présence de gaz.
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DES PATROUILLEURS MARINS (OU MÊME TERRESTRES) AUTONOMES EN ESSAIM SOUS ROS. CES ALGORITHMES PERMETTENT DE PROTÉGER DES ZONES SENSIBLES EN PLANIFIANT DES TRAJECTOIRES POUR REJOINDRE ET INTERPELLER D’ÉVENTUELS INTRUS.
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LES PARTICIPANTS MARINS ET SOUS-MARINS Dans le cadre du projet Corsaire Concept, les LIRMM / DRASSM et Techno Concept ont mis au point un robot pour l’archéologie en grande profondeur. L’engin, muni de griffes flexibles pour prélever et transporter jusqu’à 20 kg, peut atteindre la profondeur de 2 000 mètres. Le robot, captif, est
muni de caméras et éclairages adaptés aux grandes profondeurs. Viatic de MBDA est un système d’algorithmes pour des patrouilleurs marins (ou même terrestres) autonomes en essaim sous ROS. Ces algorithmes permettent de protéger des zones sensibles en planifiant des trajectoires pour rejoindre et interpeller d’éventuels intrus. Enfin, l’équipe REEDS / LIRMM a présenté un véhicule sous-marin autonome capable d'explorer des environnements immergés comme des bassins calcaires chaotiques. Le robot, spécialisé en spéléologie sous-marine, est capable de cartographier des espaces restreints là où d’autres véhicules habités ou pas, ne pourraient pas s’aventurer. Relié à un bateau, à l'aide d'un câble, le robot sait tenir le cap et éviter les obstacles. Lors de la cérémonie de fermeture du concours, et de la remise des prix, la DGE et l'ONERA ont annoncé qu'ils travaillaient déjà sur un nouveau concours, dont le thème sera annoncé dans quelques mois. ■Frédéric Boisdron
Lauréats du Concours national de robotique extérieure 2017 • Prix de l'innovation : EZNov et leur drone EZManta, trirotor de cartographie et à voilure hybride. • Prix de l'intégration : Effidence avec leur robot chariot EffiBOT qui suit son opérateur de façon autonome dans les entrepôts. • Prix spécial du jury : Donecle, pour ses drones en essaim qui inspectent les avions de ligne entre chaque vol, réduisant cette tâche de 8 heures à 30 minutes. • Prix vidéo (démonstration vidéo seulement) : BA Systèmes pour son chariot autonome de transport de charges lourdes (conteneurs).
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Dossier
Les robots au cœur du débat politique
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n robot, ou plus précisément une intelligence artificielle, pourrait être la prochaine évolution d’une démocratie. Si l’idée peut sembler saugrenue pour le moment, elle sera probablement un sujet de débat dans quelques décennies. Pour ceux qui ont déjà joué à Sim City, ils peuvent facilement imaginer une I.A. capable de jouer au mieux à ce genre de simulation. À l’échelle de la réalité et d’un pays tout entier, en prenant en compte un maximum de paramètres, il est fort possible que cette intelligence soit un jour préférée à des humains qui peuvent être corrompus ou simplement appâtés par l’enrichissement personnel ou par un désir de pouvoir. La démocratie pourrait en profiter pour entrer au cœur même de la société sous la forme d’un référendum pour chaque grande décision (engagement dans un conflit, grandes réformes…). Les élections ne permettraient plus de choisir une personne, souvent plus choisie pour son charisme que pour son programme, mais elles permettraient de choisir la politique générale et les budgets par secteur. Un vote A préserverait les couches sociales faibles pendant qu’un vote B libéraliserait l’économie par exemple. Ce serait ensuite à l’I.A., paramétrée pour une certaine durée (de 2 à 5 ans entre chaque élection) avec ces nouvelles valeurs qui gouvernerait l’État. Fiction, peut-être… Future réalité, probablement. Échéance ? Dans dix ans comme dans deux siècles...
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© Waymo.
Dossier Les robots au cœur du débat politique
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Présidentielle 2017 :
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faut-il taxer les robots ?
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Accusés de voler nos emplois, de jeter au chômage les ouvriers, les robots sont pointés du doigt par les politiques mais aussi certains économistes qui estiment opportun de les taxer pour financer un revenu universel. Bonne ou mauvaise idée?
est la mesure choc du candidat socialiste, Benoît Hamon, pour les présidentielles 2017 : taxer les robots afin de financer le revenu universel. La logique est imparable : puisque les robots remplacent les humains dans les ateliers et maintenant dans les services, c'est à eux de payer un revenu universel qui sera versé aux humains désœuvrés. L'idée est en droite ligne des réflexions d'économistes comme Jeremy Rifkin qui annonçait déjà la fin du travail en 1995, ou encore du français Thomas Piketty. L'idée d'une taxe sur les robots a même été reprise par Bill Gates lors d'un entretien accordé au site web Quartz, le fondateur de Microsoft se prononçant pour une « taxe robot » qui ne doit pas être prohibitive pour ne pas freiner l'innovation, mais qui devra compenser le manque à gagner des humains dont le poste est désormais tenu par un robot.
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L'IDÉE D'UNE TAXE ROBOT RETOQUÉE À BRUXELLES Ce besoin de réflexion sur le rôle des robots vis-àvis du travail a donné lieu à un débat au Parlement européen à l'initiative de Mady Delvaux-Stehres, députée européenne à Bruxelles. Cette membre de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen a rédigé un passionnant rapport de 71 pages sur la robotique portant sur les multiples aspects de l'impact de la robotique dans notre société, que ce soit la robotique industrielle, la robotique de service, les drones ou même les cyborgs. « Le but de ce rapport était d'amener un débat sur les différentes conséquences du développement de la robotisation telles que les problèmes de responsabilité en cas d'accident, de protection des données, d'adaptation du cursus scolaire, de rapport avec les robots dans le milieu de la médecine, la transparence des programmes etc. » explique Mady Delvaux-Stehres.
Dans son rapport, l'eurodéputée livre un certain nombre de recommandations qui ont été soumises au vote du Parlement. Une fois votées, ces recommandations sont transmises à la Commission qui a alors 3 mois pour proposer des directives et règlements. « Nous devons urgemment créer un cadre légal européen robuste » estime l'eurodéputée. Si le rapport a été adopté par vote du Parlement à 396 voix pour et 123 voix contre, les députés ont rejeté l'idée d'une taxe sur les robots. « Je suis déçue que la coalition de l’aile droite du Parlement refuse de prendre en compte les possibles conséquences négatives de la robotisation sur le marché du travail. Le développement de la robotique pourrait déboucher sur de grands changements sociétaux, notamment la création et la perte d’emploi dans certains domaines. Je suis tout de même confiante sur le fait que ce rapport atteindra son but: celui de lancer un débat holistique sur notre manière de répondre aux conséquences actuelles et futures du
© Raimond Spekking / CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons).
© Mathieu Delmestre.
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Benoît Hamon : « Notre protection sociale est financée par le travail or, il y aura à l'avenir moins de travail. Quand un robot remplace un homme et à moins de vouloir rendre les robots heureux, comment fera-t-on pour financer la protection sociale s'il y a moins de travail et financer une retraite plus longue ? »
Quelles seront les limites de la taxe robot de Benoît Hamon ? Robots industriels, caisses automatiques de supermarché, péages routiers, algorithmes, le candidat a évoqué les multiples aspects de la transformation numérique. — À droite… Catherine Simon, présidente d'Innorobo : « Il ne faut pas réfléchir sur comment nous devons nous adapter face à la technologie, mais au contraire réfléchir sur comment la technologie va améliorer nos vies, notre société. Plus de stress, plus de TMS, plus de métiers avilissants, potentiellement plus de burn out dans les entreprises, la technologie va imposer une nouvelle répartition de la valeur entre le capital et le travail. Cette taxe robot est l'occasion de lancer un vrai débat sur la place du travail et des robots dans notre société. »
développement des robots qui touchera toutes les couches de notre société. » S'il n'y a pas eu d'entretien entre Mady DelvauxStehres et Benoît Hamon, le candidat socialiste soulignait lors de l'Émission Politique diffusée par France 2 le 8 décembre 2016 qu'il s'était inspiré de ce rapport pour sa taxe robot : « Un très bon rapport du Parlement européen montre que l'on peut réfléchir aujourd'hui à la façon de mesurer la contribution des robots dans la création de richesse. On crée le principe d'un salaire fictif sur lequel on va prélever une cotisation réelle. » Un argument que le candidat a étayé au moyen de plusieurs exemples : « La révolution numérique est une formidable opportunité sur le plan technologique et va nous amener à constater que sur des métiers qui ne sont pas que industriels mais des métiers de service, les robots, les machines, les algorithmes vont se substituer aux emplois. Si demain un portique remplace une caissière, si demain une machine remplace un homme, il n'y a aucune raison que lorsque cette machine crée de la richesse, celle-ci ne cotise pas pour la retraite et la protection sociale de la personne, sauf à accepter que demain on travaille jusqu'à 70 ans… ». Pour Benoît Hamon, le numérique va permettre au secteur des services de réaliser des gains de productivité comme ce fut le cas dans l'industrie : « Aux ÉtatsUnis, en 30 ans on a produit 50 % d'acier en plus avec 4 fois moins de salariés et ce phénomène qui a commencé dans l'industrie commence à s'étendre dans le secteur des services. » Le candidat a notamment réfuté la théorie de destruction créatrice de l'économiste Joseph Schumpeter qui veut que les emplois peu qualifiés détruits soient recréés ailleurs. « Je ne crois pas une seule seconde que ce phénomène de destruction créatrice compense tous les emplois peu ou pas qualifiés qui vont disparaître, PLANÈTE ROBOTS N°45
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Les caisses automatiques (self check out) menacent aujourd'hui les emplois peu qualifiés des caissiers et caissières de supermarché. De futurs candidats au revenu universel ? — En dessous… Mady Delvaux, eurodéputée, a produit un rapport sur les conséquences de la robotisation.
© European Union 2015. European Parliament. © Yannick Brossard.
© Wincor-Nixdorf.
Présidentielle 2017 : faut-il taxer les robots ?
CE BESOIN DE RÉFLEXION
SUR LE RÔLE DES ROBOTS VIS-À-VIS DU TRAVAIL A DONNÉ LIEU À UN DÉBAT AU PARLEMENT EUROPÉEN À L'INITIATIVE DE MADY DELVAUX-STEHRES, DÉPUTÉE EUROPÉENNE. notamment ceux des femmes qui sont surreprésentées dans ces emplois peu qualifiés, donc pensons cette transition. »
TAXER LES ROBOTS, UN SUICIDE INDUSTRIEL ? Si les arguments du candidat socialiste semblent solides, l'idée de taxer le travail délivré par les robots soulève en effet une forte opposition dans le milieu industriel: « une taxe robot est contre-économique » considère Jean Tournoux, le directeur général du Symop, le syndicat des machines et technologies de production. « Voici 3 ans, nous avons lancé le programme Robot Start PME qui visait à aider les PME à mettre en place leur premier robot. 70 entreprises ont ainsi pu acheter leur premier robot et nous avons constaté qu'à chaque fois ces entreprises ont pu gagner en compétitivité, développer leur activité et, in fine, créer de l'emploi. C'est surprenant de croire que les robots prennent les emplois des humains alors que c'est exactement le contraire. Il y a 160 000 robots
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en Allemagne contre 32 000 en France et la part de l'industrie dans le PIB est de 11 % en France contre 24 % en Allemagne. Les robots sont un facteur clé de la compétitivité des entreprises et un facteur clé de l'emploi. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les robots sont, de fait et objectivement, des contributeurs à l'emploi. » Un avis qui est en droite ligne avec la position de l'IFR (International Federation of Robotics) qui avance le chiffre de 11 millions d'emplois créés dans l'Europe des 27 ces 11 dernières années du fait de l'automatisation des entreprises et donc de la robotique.
UN DÉBAT SUR LA ROBOTIQUE AUJOURD'HUI NÉCESSAIRE Catherine Simon, présidente d'Innorobo, souligne pour sa part l'intérêt soulevé par ce débat sur la place de la robotique dans notre société: « Si on taxe les robots, on va freiner cet investissement productif, ce n'est pas une bonne idée mais c'est vrai qu'il faut être capable de dégager des moyens financiers pour la formation des sa-
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lariés dont le job va être transformé par l'arrivée de la robotique et plus largement par l'Industrie 4.0. Il faut prendre conscience et acter le fait qu'il va falloir former beaucoup de salariés qui vont être impactés par cette transformation. Il faut mener une réflexion sociétale en amont de la prise de décision sur comment on va financer cette transformation. » Pour l'heure, l'équipe de campagne de Benoît Hamon n'a pas livré de détails quant aux conditions d'application de cette taxe robot si leur candidat est élu. Est-ce qu'un métro automatique, une voiture, un chatbot ou même un robot d'assistance à une personne âgée devront, eux aussi, cotiser à la Sécurité Sociale et aux caisses de retraite? Qu'en sera-t-il des intelligences artificielles qui sont en train d'infiltrer tous les grands logiciels d'entreprise? Rendez-vous après les élections présidentielles. ■AC
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Dossier Les robots au cœur du débat politique
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création d’une république robocratique ? À chaque élection présidentielle, de plus en plus de voix s’élèveront pour que nos républiques prennent en compte la robocratie. Aujourd’hui, seules quelques personnes, prises pour des illuminées, émettent cette hypothèse. Dans 15 ans, cette possibilité fera débat. Et dans 30 ans, elle sera peut-être mise à exécution.
epuis quelques années, les intelligences artificielles prennent de plus en plus de place dans le monde décisionnaire. Le trading automatique en est un très bon exemple. Les spéculateurs boursiers, particuliers ou professionnels, utilisent désormais des logiciels s’appuyant sur d’immenses bases de données afin de maximiser les chances de rentabiliser leurs investissements. Ces logiciels ont pris tellement d’essor que des milliers de traders ont disparu dans les banques, ce métier est voué à disparaître très rapidement. Des intelligences artificielles sont désormais placées à la tête de services entiers dans les sociétés, ou du moins servent de conseillers aux personnes actuellement en place. Un robot ne peut être corrompu par l’argent, le pouvoir ou le sexe, il se contente d’exécuter ce qu’on lui demande.
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Certes, ce sont les programmeurs de ces intelligences artificielles qui peuvent être corrompus et ainsi chercher à gagner des avantages sur leurs créations. À l’avenir, il faudra probablement libérer les codes sources de ces intelligences artificielles pour lever les doutes sur de telles dérives possibles. Depuis 2014, un fonds de pension chinois, Deep Knowledge Ventures, est dirigé par une I.A., nommée VITAL (Validating Investment Tool for Advancing Life Sciences, littéralement outil de validation des investissements dans la science pour les progrès de la vie). Cette I.A. spécule sur le domaine médical et les établissements de santé. Il semblerait qu’elle soit paramétrée afin d’aider la recherche contre les effets du vieillissement. Depuis deux ans, Bridgewater Associates, un grand fonds spéculatif vise à laisser les rênes des décisions
du groupe à une I.A. Elle espère que ses algorithmes pourront gérer 75 % des décisions de l’entreprise d’ici 5 ans. L’I.A. ne gère pas uniquement le côté spéculatif mais intègre peu à peu toutes les décisions comme le recrutement ou les stratégies d’investissement. Ray Dalio, patron de l’entreprise, veut faire en sorte que les émotions et les sentiments n’entrent pas en compte dans les décisions. LES DÉCISIONS D’UNE I.A. À L’ÉCHELLE NATIONALE Transposer ces logiciels à l’échelle d’une nation n’est pas évident. Elle doit prendre un ensemble de paramètres infiniment plus important pour gérer au mieux le bien-être des habitants de ce territoire. Le but ultime d’une robocratie doit faire en sorte que le maximum de personnes atteigne le bon-
© Raiffeisenverband Salzburg reg. Gen. m. b. H.
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Les intelligences artificielles ont déjà investi les décisions des entreprises. — L’ennemi principal de la robocratie sera le hacker, pas forcément pour modifier les décisions mais principalement pour en récupérer les données.
heur, si l’on quantifie ce sentiment. Dans un premier temps, elle devrait s’occuper au mieux pour que plus personne ne dorme dans la rue, ne meurt faute de soin ou ne mange pas à sa faim. Au fur et à mesure d’une telle mise en place, le logiciel et l’ensemble des données nécessaires devra être de plus en plus précis et de plus en plus exhaustif. Le taux de précision influera sur la personnalisation des décisions allant jusqu’à promulguer des arrêtés qui n’influeront que sur très peu de personnes, voire une seule personne. On peut déjà imaginer la puissance de calcul nécessaire à faire en sorte que cette intelligence artificielle puisse résoudre l’ensemble des problèmes d’une société en ne laissant personne sur le carreau, tout en permettant une liberté maximum à l’ensemble de la population. Robocracie ne veut pas dire dictature technologique. Au contraire, elle peut faire entrer la démocratie dans un nouvelle ère, où chacun pourra participer, s’il le souhaite, aux décisions. Le peuple, par le biais du vote électronique pourra très bien accéder à des outils de type 49.3 citoyen à tout moment sur l’intelligence artificielle. Les élections seront toujours présentes et même encore plus importantes car elles permettront de créer des tendances politiques que l’I.A. devra prendre en compte à chaque cycle dont la durée sera à définir (5 ans pour les élections présidentielles actuelles). DÉRIVES POSSIBLES D’UNE ROBOCRATIE Pour être exhaustive, la base de données dans laquelle l’I.A. pourra puiser ses informations imposera des contraintes. De nombreuses données seront récoltées sur les citoyens afin de pouvoir ajuster au mieux les décisions jusqu’au niveau du particulier. Cette contrainte pourrait être évitée avec la possibilité de décider ou non de partager ses données personnelles avec le logiciel. Mais cela entraînerait forcément une prise en compte moins personnalisée de ces citoyens qui pourraient en pâtir sur certains détails non calculés. Mais cela doit rester un choix dans une démocratie, afin d’éviter les dérives. Une crainte certaine sera, bien évidemment, la sécurisation d’un système avec autant de pouvoir. Les décisions, mais aussi les données récoltées sur les citoyens, devront être protégées par tous les moyens d’intrusion que ce soit pour une prise de contrôle ou une simple requête de données. Une robocratie ne sera jamais mise en place tant que l’on aura pas trouvé le moyen de la protéger. La question n’est pas de savoir si une robocratie est souhaitable ou non, mais plutôt dans combien de temps elle sera mise en place. Nous ne sommes clairement pas encore prêts aujourd’hui, dans notre conscience collective ou même technologiquement, mais nos enfants ou petits-enfants ouvriront certainement le débat de façon sérieuse. ■Screetch
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Dossier Les robots au cœur du débat politique
Entrevue avec Benoît Hamon candidat à l’élection présidentielle 2017 Suite à notre article à propos d’une éventuelle taxe sur la robotique et les intelligences artificielles, nous avons rencontré Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle, représentant le Parti socialiste. Son programme intègre cette notion de taxe sur les robots comme mesure phare de son programme. Quelques jours après son grand meeting à l’AccorHotels Arena (anciennement Paris-Bercy), nous avons eu la possibilité de poser quelques questions à Benoît Hamon afin qu’il éclaircisse quelques points de son programme concernant la robotique et l’enseignement du numérique. Planète Robots: Bonjour M. Benoît Hamon. Vous annoncez, dans votre programme, une contribution sociale sur les robots que nous avons évoquée dans nos pages dès 2014. Nos pistes de réflexion bloquaient sur une mise en place uniquement à l’échelle d’un État. Or, sur un plan international, comment retenir les industriels qui ont fait le choix de se robotiser pour qu’ils ne déménagent pas leur chaînes de production à l’étranger?
Benoît Hamon : Avant tout, je souhaite saluer le travail fait par celles et ceux qui, comme vous, participent à la culture scientifique et technique du grand public.Tout comme les acteurs de la recherche et les Centres de culture scientifique et technique, vous contribuez à défricher le monde qui vient, tout en développant une culture critique. La contribution sociale sur les robots en est un très bon exemple. Ma proposition, je le rappelle, contient deux termes: je souhaite créer une contribution sociale sur les robots d’une part, et je souhaite que cette contribution alimente un Fonds de Transition Travail (FTT). Sa fonction sera de créer autant d’emplois nouveaux que ceux qui disparaîtront, et de financer la formation des actifs àces nouveaux métiers. Avec cette stratégie, notre pays prend de l’avance sur l’émergence et la requalification vers de nouveaux métiers des humains qui sont remplacés par des robots. J’ajoute que cette mesure n’est pas désincitative pour les industriels : les entreprises dont la robotisation s’accompagne d’une augmentation des effectifs seront dispensées de cette contribution. PR: Avec une robotisation taxée, comment pensez-vous promouvoir ces nouveaux outils
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PR: À Planète Robots, nous pensons que l’accès aux nouveaux métiers passera presque obligatoirement par le numérique. Pensez-vous mettre en place une alphabétisation du numérique dans les écoles à travers de nouvelles matières et pourquoi pas l’intégration de fablabs dans les établissements scolaires?
Benoît Hamon lors d’un meeting de campagne.
dans les chaînes de production, à l’heure où les entreprises non robotisées feront face à une concurrence de plus en plus forte?
BH: La France est aujourd’hui un pays très attractif pour la modernisation de l’outil de production puisque nous disposons de très nombreux leviers pour accompagner la robotisation des chaînes de production : suramortissement pour les investissements productifs, amortissement exceptionnel des robots industriels, crédit d'impôt recherche, et d’autres encore. Donc la France est un pays propice aux « usines du futur ». Cette contribution sociale sur les robots n’est donc pas destinée à empêcher les chaînes de production d’entamer leurs transitions technologiques. Pour autant, la substitution des robots aux êtres humains génère mécaniquement des « cotisations évitées ». La contribution sociale sur les robots vient donc s’appliquer sur la valeur ajoutée ainsi générée, pour permettre le financement de la transition des métiers et des hommes. C’est donc une mesure de justice sociale qui vise à redistribuer une partie des richesses produites pour permettre l’émergence d’un monde nouveau qui n’oublie pas l’être humain.
BH: Oui. La question du numérique doit être présente à l’école mais aussi tout au long de la vie. C’est pourquoi je veux m’appuyer sur les acteurs de la médiation numérique, présents partout sur le territoire métropolitain et les Outre-mer, pour que chacun puisse découvrir les usages numériques. C’est indispensable. Car pour être un citoyen et pas seulement un consommateur du progrès technologique, chacun doit pouvoir développer une réelle capacité à participer à une société dans laquelle le numérique est désormais omniprésent: dans les cadres professionnels, dans les rapports à l’administration et à l’économie, dans l’accès aux droits, dans l’éducation, dans les représentations du monde et les pratiques culturelles, dans les espaces civiques, dans les foyers et dans les loisirs, bref dans tous les actes de la vie. C’est l’enjeu de ce que l’on appelle la littératie numérique. Mais la compréhension des enjeux du numérique et le développement d’usages responsables, supposent aussi la manipulation, la fabrication voire la réparation des objets comme des algorithmes. J’ai souvenir de cet atelier avec des robots Thymio: deux petits robots programmés, qui cheminent et finissent par se percuter. Les interrogations qui ont émergé du groupe d’élèves revenaient à poser l’épineuse question des responsabilités de chacun à l’ère des voitures autonomes. Bref de penser en conscience le monde qui vient. L’appropriation de questions numériques par toutes les générations est une condition pour « faire société » à l’ère numérique. Ce sera donc un sujet majeur pour la mandature qui vient. C’est pourquoi, je l’ai inscrit dans mes mesures prioritaires. ■Propos recueillis par Frédéric Boisdron
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Entrevue avec Bruno Bonnell porte-parole du candidat Emmanuel Macron Monsieur Bruno Bonnell, l'entrepreneur en robotique de service, a piloté pour Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, de l'Industrie et du Numérique, le plan robotique. Il est depuis devenu porte-parole du candidat d'En Marche ! et a accepté de répondre à nos questions. soulage et assiste le technicien de demain. Démontrer leur cohérence par l'exemple est la meilleure des méthodes pour faire bouger les lignes.
Planète Robots : La robotisation de l’industrie fait peur à une large part de la population, craignant pour son emploi. Que proposez-vous pour apaiser cette peur qui pourrait déboucher sur de futurs conflits sociaux ?
Bruno Bonnell : L'avènement des machines à la fin du XVIIIe siècle a généré de vastes mouvements populaires craignant pour leurs emplois. Le plus célèbre d'entre eux est celui des Luddites qui débuta à Nottingham en 1811 et qui a détruit les machines à tisser pour préserver l'emploi. Ce fut un mouvement violent qui progressivement se légalisa pour devenir une force de négociation pour améliorer le sort des ouvriers mais les métiers qu'ils voulaient protéger disparurent moins de dix ans plus tard. L'industrie du textile a, elle, connu des croissances spectaculaires jusqu'au milieu du XXe siècle générant des millions d'emplois nouveaux. Pour apaiser les angoisses liées à la robotisation dans une entreprise, il faut une démarche pédagogique qui explique son intérêt, une attention à la requalification pour le personnel qui serait touché par leur mise en place et une vision élargie de leur impact sur la productivité et la compétitivité des entreprises. Dans le cadre du plan robotique, Robot Start PME donnait aux PME des subventions pour l'étude et des prêts bonifiés pour l'acquisition de leur premier robot. 90 % des entreprises ayant bénéficié de ce plan ont embauché du personnel supplémentaire en moins de six mois après l'installation de leur robot. Une dernière remarque toutefois : ce n'est pas en taxant les robots pour un fonds de transition du travail fantôme que l'on va stimuler l'investissement en robotique. Dans le cadre global dans lequel nous opérons, ce serait dramatique. Il faut faire une fois pour toute le pari que nos concitoyens peuvent être responsables et comprendre que si certains emplois disparaissent, c'est au bénéfice d'autres qui émergent.
PR : Pensez-vous mettre en place une alphabétisation du numérique dans les écoles à travers de nouvelles matières et pourquoi pas l’intégration de fablabs dans les établissements scolaires ?
Bruno Bonnell entrepreneur en robotique de service et porte-parole d’Emmanuel Macron.
PR : Vous semblez miser sur l’avenir des cobots (robots collaboratifs). Comment comptez-vous inciter les industriels à investir dans la robotique et particulièrement la cobotique ?
BB : À l'instar du plan Robot Start PME, soutenir les financements privilégiés dans le cadre d'investissements en robotique devra être poursuivi. La voie de la relocalisation pour certaines industries peut s'ouvrir et c'est une première source de dynamisme économique. La BPI continuera son incroyable soutien à la modernisation de notre industrie. Je pense également que la France peut devenir une grande nation de l'intégration robotique. Nous pouvons nous attendre à ce que des sociétés d'ingénierie françaises se structurent pour robotiser la planète. En ce qui concerne la cobotique, elle est l'essence même de la collaboration nouvelle entre l'homme et la machine savante. Elle est l'outil autonome qui
BB : La génération des digital natives est déjà courante en langue numérique ou en tout cas en maîtrise la majorité des codes. Il faudra bien sûr compléter cette expérimentation par des connaissances acquises dans un cadre plus formel comme l'école. Ces initiatives sont laissées à l'appréciation des établissements dans le cadre d'une autonomisation de certains programmes pédagogiques. Pour ce qu'il est des fablabs, ils dépendent des allocations budgétaires données aux responsables de technologies dans les établissements et leur mise en place se fera progressivement, comme les ordinateurs se sont banalisés dans les établissements en une dizaine d'années. Il faut dans tous les cas faire confiance à cette génération déroutante pour les plus anciens qui prendra les rênes industrielles dans quelques années et insufflera à nouveau une dynamique de croissance parce qu'elle a déjà changé de référentiel. ■Propos recueillis par Frédéric Boisdron
Emmanuel Macron, candidat aux élections présidentielles avec son mouvement En Marche ! PLANÈTE ROBOTS N°45
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Innovations du futur
La navette spatiale Lynx, destinée au tourisme spatial.
Prospective 2040
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Les loisirs après 2040
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Prochainement, vous allez pouvoir découvrir un nouvel hors-série de Planète Robots qui tentera de vous faire découvrir les 20 à 25 prochaines années de notre vie quotidienne. Afin de vous faire patienter, nous allons aborder au fil de quelques numéros un peu d’anticipation en vous plongeant dans la seconde moitié de notre siècle.
était plutôt comme un loft à quelques centaines de mètres de la terre ferme. Elle s’était spécialisée dans l’intelligence artificielle. Elle avait enfermé à double tour quelques enquêtes de satisfaction et de qualité sur les robots qu’elle avait mis en service, bien rangées dans un tiroir, le temps des vacances. Elle était partie voir un ami qui lui avait laissé les clés. C’est un maker qui travaille pour une corporation électronique. Un escalier permettait de descendre dans une grande pièce ornée de matériel informatique, et électronique. Il y avait toujours un tas de choses en contrebas vieilles ou neuves. Elle demanda un thé en réfléchissant à ce qu’elle allait pouvoir faire de son temps libre. Comme elle pensait: les loisirs sont une source d’aventure sans contrainte et de vie en collectivité, pour faire de nouvelles rencontres, apprendre à faire quelque chose (couture, danse, apprendre
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une langue étrangère, etc.), s’amuser et se détendre. La robotique, les drones se sont démocratisés. Elle regarda l’encart publicitaire digital d’un parc d’attraction avec des robots compagnons. Cela ne lui disait rien pour le moment! « Je vais participer à une course de drones, ce week-end » se dit-elle.
DE NOUVEAUX SPORTS Aujourd’hui, l’émergence des drones a atteint sa consécration, il n’est pas impossible de voir le dronisme devenir le sport national. Il y a de plus en plus de clubs, qui réalisent leurs drones « racer » et créent des courses en FPV (First Personn View). C’est la ligue internationale qui organise cette course, sur le circuit « DF8 ». Il y aura une projection de l’équipe de foot, rugby (etc.) avec des robots et des espaces de jeux en ligne. Il y aura des diffusions de matchs de foot, de basket, de boxe, virtuels.
Après elle ira faire un tour au nouveau centre de fitness, avec des appareils connectés à des programmes de remise en forme avec un coach sportif holographique : un robot de type Nexstage, et faire du yoga fitness avec NAO. De nouveaux appareils de fitness conçus pour le développement musculaire et la santé, par exemple, avec des exosquelettes pour travailler ses biceps. Eracles-Technology permet de programmer des entraînements avec de la force artificielle. Ils font des machines spéciales et intelligentes, adaptées à l’espace de vie. « Je vais prendre un abonnement d’un mois pour l’essayer. » Depuis le salon, elle pourra se connecter à la salle de sport et suivre un cours d’aérobic, avec des interfaces qui lui permettront d’améliorer ses mouvements, connaître en temps réel sa progression avec des capteurs et un projecteur connecté dans sa maison pour toutes ses activités.
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ter un peu plus là-haut. Ce prototype en est à la version 7 mais il n’est pas rare de voir éclore de nouveaux usages à force de persévérance. Venez tester un sport de l’extrême ! »
LE CINÉMA DE DEMAIN, UNE FILIÈRE D’AVENIR Le cinéma du futur est immergé par la créativité dans une réalité cinématique pour le spectateur, comme des sièges qui suivent les scènes, les odeurs d’ambiance et des projections en 3D comme celle de Magic Leap. Serait-il possible que le relief des éléments change en fonction du déplacement, plus incrustés mais modelés à notre réel ? Nous ne
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EN ALLANT PLUS LOIN,
Le Wingboard de Wyp Aviation, un avant-goût des sports à sensation en 2040 !
LES AGENCES DE VOYAGE PROPOSENT DES VOYAGES DANS L’ESPACE, DES ESPACES DE DÉTENTE EN VOL SUBORBITAL.
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sommes plus confinés à un écran mais les images sont visibles, proches de notre physiologie, voire même un profil de notre environnement. Le traitement de la lumière pour donner le relief et le volume est inhérent au système technologique de la startup. Les objets et les scènes en 3D sont reproduits quand vous le voulez et où que vous soyez.
Magic Leap nous promet grand avec ses mystérieux visuels.
« Tiens, il a reçu un mail ! » Elle pouvait lire sa boîte mail sur le tableau numérique de sa maison. « Pour les plus courageux, l’Américain Aaron Wypyszynski développe un projet de sport extrême le Wing-
board. Il consiste à surfer dans les nuages sur une board en forme d’aile tirée par un petit avion à grande vitesse, le rider et son parachute se retrouve dans les airs. Une combinaison de protection pour res-
CÔTÉ SORTIE ! « Je vais planifier un professeur de violon à domicile, de danse entièrement robotisé (donnant des cours collectifs). Prendre des cours de peinture virtuelle, prendre des cours de cuisine avec un robot cooker , sortir au restaurant et être servi par un robot barman ou un drone. » En allant plus loin, les agences de voyage proposent des voyages dans l’espace, des espaces de détente en vol suborbital. Une expérience de vol, avec le Lynx Mark II, un pilote astronaute pour rejoindre la station touristique spatiale. Cette navette écologique, est propulsée avec du biocarburant. Une chambre d’hôtel qui s’adapte aux envies du client, l’attendra. La ville flottante urbaine connectée n’est plus un mythe. Elle est autosuffisante. La flore vit à la verticale, bercée par les flots, une forme de culture pousse. « Je me détendrai en contemplant les fonds marins, pendant qu’il jouera au tennis. Le soir, un spectacle imaginaire, dans l’esprit d’une culture digitale, me fera danser avec les robots. » Elle but son thé.
■Christelle Bloc
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Robots de service
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Mon ami le robot
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Ce matin d'automne 2022, la petite Élise, 8 ans, qui avait demandé hier soir un réveil de printemps n'est pas déçue : c'est au son des bruits d'une clairière enchantée incluant oiseaux, torrent sauvage et vent dans les branches qu'elle ouvre les yeux, tout y est, même cette lumière pâle de l'aube naissante. Elle saute du lit pour enlacer le metteur en scène de cette surprise… B-Angel, son robot de compagnie, le dernier-né de la gamme Buddy de Blue Frog Robotics. Qui aurait cru qu'en cinq petites années, ils occuperaient une place si importante dans l'espace familial ?
lise n'a pas connu le monde d'avant la robotique de loisir et d'assistance, ses parents ont fait l'acquisition de leur premier Buddy pour ses trois ans. Il était sous l'arbre de Noël de l'année 2017, écran éteint, comme endormi mais dès qu'elle s'est approchée, il a ouver t ses grands yeux Kawai et s'est présenté. Elle l'avait adopté immédiatement comme « meilleur copain » avec qui elle jouait à cache-cache dans la maison ou faisait des crêpes en pâte à modeler en suivant ses conseils sur l'écran de sa tête ronde. Elle en avait même abandonné sa tablette électronique
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POUR ATTEINDRE LEUR OBJECTIF,
ILS DÉCIDENT DE BÂTIR LEUR PROJET SUR DES TECHNOLOGIES EXISTANTES : UNE TABLETTE TACTILE POUR L'INTERFACE HOMME MACHINE.
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qui ne lui parlait pas et ne comprenait rien, selon ses propres commentaires… Buddy avait fait du chemin depuis avec Élise : il l'avait aidée dans son apprentissage de la lecture, joué avec elle à de nombreux jeux, lui avait même appris secrètement une chanson en espagnol pour fêter l'anniversaire de sa mamie. Chaque jour ou presque Buddy la surprenait avec des nouvelles idées et elle l'avait appelé Angel parce qu'il était « mon ange à moi » disait-elle. Depuis sa première version, Blue Frog Robotics avait sans cesse amélioré les performances du robot avec des accessoires et des logiciels toujours plus performants mais revenons aux origines.
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Pour Élise, tout avait commencé le soir de Noël 2017 et plus rien n'avait été comme avant.
Buddy jouit d’un design attachant.
En outre pour que ce robot soit séduisant, ils veulent lui donner un design rassurant. Ce ne sera pas un petit humanoïde comme le célèbre NAO ni un assemblage de cubes empilés mais une forme générale ronde et séduisante, pas trop grande mais suffisamment pour tenir compagnie à toute la famille.
Rodolphe Hasselvander et sa création.
LA GENÈSE DE BLUE FROG ROBOTICS Rodolphe Hasselvander et Franck de Visme, les heureux créateurs de Buddy sont deux ingénieurs qui se rencontrent au salon européen de la robotique de service Innorobo en 2013. L'un dirige un laboratoire de robotique, le CRIIF, qui conçoit des robots sur mesure et l'autre le monde des logiciels sur portable. Une conversation plus tard, ils partagent le rêve d'un robot accessible au grand public qui associerait leurs deux mondes, la robotique et le téléphone portable. Buddy est né dans cette ville de Lyon par hasard et par passion. Pour atteindre leur objectif, ils décident de bâtir leur projet sur des technologies existantes : une tablette tactile pour l'interface homme machine, des logiciels connus pour développer facilement des applications, une technologie éprouvée pour les parties mécaniques. Tout doit être penser pour être solide et simple d'utilisation : il roulera pour se déplacer et sa tête mobile devra exprimer une quantité d'émotions par l'association du mouvement et de l'affichage sur l'écran.
DESIGN MOI UN BUDDY Une fois les contraintes techniques et esthétiques définies, ils ont commencé à tester, dessiner une galerie de robots. Cette phase les a conduits à une forme finale totalement originale, loin des traditionnelles représentations du robot. Buddy est unique, ne ressemble à personne et c'est certainement une des clés de son avenir. Sa singularité lui confère un statut unique. Il n'est pas androïde ni zoomorphe, ne correspond à aucun des codes traditionnels de la robotique. Il a sa propre identité. Mais au-delà, ses concepteurs ont voulu lui donner une identité qu'ils définissent comme le premier robot de compagnie et d'assistance. Buddy a pour ambition de faire partie de sa famille d'accueil. L'équipe n'utilise d'ailleurs jamais le terme « acheteurs » pour les acquéreurs de Buddy mais « propriétaires » comme pour les animaux domestiques. Buddy, dans leur esprit, n'a rien d'un appareil électronique : on ne l'allume pas, il se réveille, on ne le fait pas fonctionner, on le dresse, on ne l'utilise pas, on le fait participer… C'est en cela qu'il est une révolution : il satisfait des demandes d'information, de loisir, d'éducation, de sécurité ou d'assistance mais avec une attitude et un style totalement nouveau. LES DÉFIS TECHNOLOGIQUES La traduction technologique de ce défi est une extrême attention à l'interface homme machine qui intègre de très nombreux capteurs et des logiciels sophistiqués.Trois caméras dont une thermique et une 3D, trois détecteurs d'obstacles, six de surface, PLANÈTE ROBOTS N°45
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Un compagnon pour toute la famille.
quatre microphones, un haut-parleur hi-fi et de nombreux connecteurs pour accessoires donnent des sens à Buddy. Un système de reconnaissance vocale, de traitement d'image, de gestion du bruit ambiant, de reconnaissance faciale et de lecture de QR code lui permettent de comprendre son environnement. Des roues particulièrement agiles et silencieuses lui permettent de se déplacer.Tous ces éléments embarqués, qui se veulent discrets, sont pilotés par une carte mère puissante cachée derrière un écran tactile de 8 pouces. Buddy est un concentré de technologies d'avant-garde.
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Du côté du logiciel, les créateurs de Buddy ont choisi d'assembler des éléments existants pour favoriser le développement sur leur plateforme. Unity 3D, Android et Arduino sont totalement intégrés à la chaîne de développement du robot. Ainsi les développeurs d'applications, habitués à ces logiciels, pourront facilement proposer des applications sur Buddy. Unity 3D notamment est le moteur 3D le plus utilisé de l'industrie du jeu vidéo avec plus d’un million d'utilisateurs actifs. Blue Frog Robotics compte sur la multiplication des créations de studios extérieurs sur leur robot et
propose un SDK – Software Development Kit – très complet pour émuler le comportement de Buddy sur écran. Plus de 300 développeurs l'on déjà acquis et certaines applications ont déjà été proposées à BFR pour être commercialisées. Autour de Buddy s'organise un écosystème avec des partenaires prestigieux : IBM qui teste le logiciel Watson sur le robot, Microsoft qui y intègre ses solutions, craft ai pour des solutions d'intelligence artificielle. En outre des accessoires, comme un pico-projecteur, une tablette de service ou autre, ouvrent la
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Mon ami le robot
porte à d'autres fonctions pour Buddy notamment dans le domaine de l'assistance.
À QUOI SERT-IL ? Nul doute que Buddy séduira avec ses mimiques et ses danses robotiques mais il n'évitera pas la question systématique de chaque acheteur potentiel : à quoi sert-il ? Pour ce prix (1 290 euros, prix recommandé), l'utilisateur a besoin de plus qu'un sympathique compagnon électronique. Buddy sera disponible avec un ensemble d'applications de base, plus de cinquante, qui couvrent un large spectre d'usages dans tous les recoins du foyer. Dans la chambre de bébé, Buddy joue les baby-sitter avec l'application baby phone incluant des techniques sonores et visuelles de rendormissement si bébé fait un cauchemar. Pour les plus grands, il propose des jeux allant du jeu interactif de mouvement comme 1,2,3 Soleil ! ou cachecache à des jeux de connaissance comme des quizz et des jeux d'attention. Les services à la famille ne sont pas oubliés avec une assistance pratique : ses applications météo, information, permettent de savoir l'essentiel du jour, ses rappels et mémos reliés à son téléphone portable permettent de dresser une liste de courses vocalement que l'on peut consulter à distance, son juke-box intégré en partenariat avec Spotify pour la musique et Bose pour les enceintes met de l'ambiance à volonté dans toutes les pièces de la maison et peut même se connecter à un système audio connecté pour jouer ses playlists. La sécurité des biens et des personnes n'est pas en reste avec des applications de détection d'intrusion ou de levée de doute à distance qui permettent de valider des alarmes. En outre en partenariat avec Somfy, on peut à loisir établir des scenarii avec Buddy pour qu'il ferme automatique-
Il ne reste que très peu de temps avant son lancement. Les ingénieurs de Blue Frog Robotics s’y attèlent.
ment portes, fenêtres et volets et simule une présence en allumant des lumières. Ces fonctions sont très demandées notamment dans le cadre de l'assistance à des personnes plus âgées ou empêchées. Pour le confort aussi, les partenariats avec
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LA SÉCURITÉ DES BIENS ET DES PERSONNES N'EST PAS
EN RESTE AVEC DES APPLICATIONS DE DÉTECTION D'INTRUSION OU DE LEVÉE DE DOUTE À DISTANCE QUI PERMETTENT DE VALIDER DES ALARMES.
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Deltadore et Somfy donne à Buddy la capacité de régler la température et la ventilation de la maison sur ordre vocal ou à distance via son téléphone portable. Buddy est aussi un professeur qui propose des applications éducatives en partenariat avec Nathan aux plus jeunes et des contes pour les enchanter ou les endormir le soir. Il excelle aussi en compagnon de jeu en s'associant aux jeux vidéo favoris des gamers comme partenaire ou concurrent. BUDDY, LE PREMIER ROBOT DE COMPAGNIE Buddy réunit donc la meilleure des réponses aux
attentes du grand public : des fonctions utilitaires et ludiques associées à une interface homme/robot performante basée sur la reconnaissance vocale et prochainement faciale et l'intelligence artificielle contextuelle. Il définit le robot de compagnie qui n'est pas un succédané d'être humain en plastique et acier mais bel et bien un assistant électronique au service de toute la famille dans les domaines du loisir, de l'éducation, de la sécurité, du confort et de l'assistance. Ses concepteurs ont trouvé le bon compromis performance/prix pour rendre ce produit le plus accessible possible aux familles. Il sera certainement un bon challenger sous le sapin à l'ordinateur ou la tablette haut de gamme. ■Baptiste Brilliant
Caractéristiques techniques Hauteur : 60 cm Poids : 5 kg Rotation tête : +/-90° Rotation cou : +80°/-60° Réseaux : wi-fi, Bluetooth, SIM en option Connecteurs : USB/ HDMI Tablette : 8' Android Caméras : thermique, 3D Capteurs : vide, obstacle Disponibilité : Noël 2017 Prix public recommandé : 1 290 €
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© Philippe Roussel
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Pyrène est pour le moment encore dépendant de son portique.
Pyrène, du rêve à la réalité
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9 mars 2027, j’ai rendez-vous au LAAS à Toulouse, avec un des membres fondateurs du cluster Robotics Place. À mon arrivée, c’est Pyrène qui vient me chercher à l’accueil et m’accompagne jusqu’au laboratoire. J’ai du mal à suivre sa foulée rapide et je manque de tomber quand j’essaie, comme lui, de sauter d’un coup les 3 marches qui mènent au couloir. Je me rattrape à son bras et il m’aide à me redresser.
rrivés à destination, il m’introduit auprès d’Olivier Stasse, directeur de recherche au sein du groupe Gepetto, et retourne à sa perceuse terminer le montage d’une carlingue d’avion. J’ai une drôle d’impression… Que fait cette carlingue d’A320 ici ? Dring ! … Le téléphone me fait sortir de ma torpeur. Je rêvais. En fait, nous sommes le 9 mars 2017. Ce matin j’ai bien rencontré Olivier Stasse au LAAS mais cela s’est passé de façon tout à fait différente. Depuis 3 mois, l’équipe centrée sur l’analyse et la génération de mouvement des systèmes anthropomorphes se familiarise avec son nouveau robot humanoïde : Pyrène. C’est un grand gaillard de 95 kg pour 1m75 qui porte sur la poitrine un disque lumineux à la façon d’Iron Man. Mais à l’intérieur il n’y a pas Tony Stark mais des cartes électroniques, deux processeurs i7 à 2,8Ghz comme ceux qu’on trouve dans un ordinateur portable,
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32 moteurs et une grosse batterie Li-CNM (Cobalt-Nickel-Manganèse) de 74V avec une capacité de 15Ah pouvant fournir jusqu’à 150A en instantané.
PENSÉ À TOULOUSE, DÉVELOPPÉ À BARCELONE D’un design soigné, on pourrait le croire débarqué du Japon comme son compère et prédécesseur HRP2 présent au LAAS depuis 11 ans, mais ce n’est pas le cas. Il n’a eu qu’à traverser les Pyrénées pour se rendre de Barcelone, sa ville natale, à Toulouse. D’ailleurs c’est ici, dans la ville rose, que son existence a commencé, quand Olivier Stasse, de retour du Japon où il a passé 8 ans (il fut l’un des membres fondateurs du JRL, laboratoire commun entre le CNRS et l’AIST à Tsukuba dans la banlieue de Tokyo), pointe les limites du vieil HRP2, un modèle conçu au début des années 2000. En contact régulier avec les équipes d’Airbus, Olivier constate des convergences d’intérêt avec
l’avionneur. Airbus doit garder son avance technologique et augmenter ses cadences de production, tout en garantissant la qualité et la fiabilité de ses avions, en baissant ses coûts et en réduisant la pénibilité du travail pour ses compagnons. La robotisation « traditionnelle » est un moyen de répondre à ces objectifs, mais chez Airbus on ne souhaite pas des équipements lourds qui seraient obsolètes à chaque nouveau modèle d’avion. Ils cherchent des solutions modulables, adaptables, qui puissent intervenir sur différents modèles et aux différentes phases de l’assemblage. Ils ont déjà testé des bras polyarticulés sur des bases roulantes mais elles nécessitent un plancher plat et sans obstacles pour évoluer et ce n’est pas toujours le cas à toutes les étapes de la fabrication d’un avion. Alors, pour percer les 115 millions de trous par an dont ils ont besoin, après avoir analysé les différentes solutions possibles, ils s’orientent vers la robotique humanoïde. Avec ce cas d’usage en tête, Olivier Stasse ima-
© Philippe Roussel
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© Philippe Roussel
Pyrène va servir de base pour mettre au point un robot autonome capable d’évoluer et travailler dans l’industrie aéronautique. — En dessous… Le LAAS possède une base robotique sur laquelle le laboratoire va développer de futurs outils d’adaptation à l‘environnement du robot.
gine les caractéristiques du robot humanoïde qui sera capable d’évoluer dans cet environnement, au milieu des compagnons, et d’aller réaliser les tâches les plus pénibles et inconfortables pour eux. Pendant 18 mois, il analyse ce que le marché propose de mieux, il s’appuie sur ses travaux sur le HRP2 pour en déduire les limites à repousser, les contraintes à contourner. En juin 2015, l’appel d’offre est publié et contre toute attente, ce n’est ni un Japonais, ni un Américain qui le remporte mais une PME catalane : PAL Robotics, une entreprise d’une soixantaine d’ingénieurs financée par les Émirats arabes unis. Commence une collaboration efficace entre le laboratoire et l’entreprise pour concevoir et produire ce que sera Pyrène au LAAS ou Talos pour les autres. Il ne fallait pas se tromper dans les caractéristiques principales car si sa tête peut être modifiée pour recevoir de nouveaux capteurs ou ses mains pour recevoir de nouveaux préhenseurs, son « squelette » lui ne peut pas évoluer. Ses « épaules » lui permettent de positionner ses deux bras devant le torse pour limiter au maximum son envergure et passer plus facilement par tout. C’est ainsi que Pyrène, pour tant bien plus imposant que le HRP2, fait dans cette position 22,5 cm de moins en largeur, soit seulement 55 cm. Pour effectuer les tâches auxquelles on le destine, il doit être fort et agile, porter un outillage standard et l’utiliser dans un environnement peu structuré dans des positions complexes. C’est pour cela qu’il peut por ter jusqu’à 6 kg dans chaque main, bras tendus en croix : essayez chez vous pour vous rendre compte. Ses 32 degrés de liberté, avec des encodeurs au niveau des moteurs et des joints lui permettent une grande précision de positionnement. Ses capteurs de couple dans les articulations assurent une bonne appréhension de ses efforts. La centrale inertielle dans le torse garantit son équilibre et une caméra RGB-D lui confère une vision en 3 dimensions. Côté logiciel, il fonctionne sous ROS et Ubuntu 14.04 LTS et il peut être simulé avec Gazebo. C’EST PARTI POUR 10 ANS D’ÉTUDES Ce 9 mars 2017, Pyrène débute. Il a une scolarité d’une dizaine d’années devant lui pour apprendre à monter les escaliers en prenant appui sur la rambarde pour diminuer la consommation, à se déplacer dans des conditions réelles et manipuler ses outils de façon opérationnelle. Pour le moment, il bénéficie de ce qui a été développé pour HRP2 et il sait déjà monter la première marche, et, comme on dit, c’est le premier pas qui compte. On pourrait se dire, au regard d’autres robots qu’on a vu courir, monter et descendre les escaliers ou marcher sur des briques en désordre, qu’on est un peu en retard ; mais Pyrène n’est pas un prototype à 20 millions de dollars, son prix actuel de 900 000 euros, est beaucoup plus réaliste et permet d’envisager à moyen terme une solution à un tarif acceptable pour des industriels. ■Philippe Roussel
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L’exosquelette Atalante va faire remarcher les paraplégiques
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La société parisienne Wandercraft poursuit ce grand projet : la conception d’un exosquelette robotisé, permettant une marche quasi normale pour les paraplégiques, mais aussi pour les personnes touchées par des maladies telles que la myopathie. Le but final étant de rendre autonomes les personnes handicapées, afin qu’elles puissent reprendre des activités quotidiennes avec beaucoup moins de contraintes qu’un fauteuil roulant classique, fût-il de dernière génération…
out a commencé fin 2012, avec la création de Wandercraft dans le 17e arrondissement de Paris, par trois anciens élèves et jeunes ingénieurs diplômés de l’École polytechnique : Nicolas Simon (président et ancien président du club de robotique), Alexandre Boulanger (directeur général, passionné de technologies aérospatiales) et Matthieu Masselin (directeur général adjoint, spécialiste des algorithmes robotiques). Ils sont à l’origine de ce projet d’exosquelette d’un nouveau genre, et Jean-Louis Constanza (ingénieur SUPAERO, diplômé de l'INSEAD et spécialisé en systèmes automatiques) a rejoint le conseil d'ad-
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ministration quelques mois plus tard pour s’occuper du développement business et clinique, car il connaît bien le milieu des professionnels de santé du handicap. Depuis fin 2013, grâce à des business angels, les études mathématiques et robotiques nécessaires à la conception du premier prototype ont rapidement démarré. Les choses ont continué de progresser rapidement, quand le premier prototype a été fonctionnel, une campagne de financement participative a été lancée, et en ajoutant d’autres sources d’investissement, fin 2015, ils ont récolté quatre millions d’euros, pérennisant un peu plus le projet pour la partie recherche et développement.
Mais aussi la recherche de profils très techniques, car Wandercraft compte maintenant 25 salariés dont la grande majorité sont ingénieurs, voire docteurs, dans leur domaine respectif. Ce sont plusieurs équipes pluridisciplinaires, et de différentes nationalités car 70 % des effectifs viennent de l’étranger, qui fonctionnent très bien ensemble et avec efficacité. ÉTAT DES LIEUX DES PRINCIPAUX AUTRES EXOSQUELETTES Wandercraft n’est pas la seule entreprise à travailler sur des exosquelettes, rien que dans le civil, on recense cinq « concurrents » majeurs, deux sont
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Le prototype Atalante.
années, et Wandercraft souhaite pouvoir mettre son exosquelette sur le marché rapidement et pour le plus de personnes possible. Pas question pour eux que leur système coûte plusieurs centaines de milliers d’euros, ils visent un tarif entre celui d’un fauteuil roulant haut de gamme et celui d’une berline moyenne, c’est leur ordre d’idée.
Le premier lever de Françoise dans la joie.
Détail du genou du prototype.
américains, un japonais, un israélien, et une collaboration Nouvelle-Zélande/Angleterre. Cependant, ils ont tous un inconvénient majeur, leurs exosquelettes ne gèrent pas l’équilibre du porteur, ce sont des systèmes utilisant, plus ou moins selon les cas, des algorithmes de robotique statique. Conséquence, bien souvent le porteur doit s’équilibrer avec des béquilles, ce qui fait qu’un paraplégique passe d’un fauteuil roulant avec les bras et mains libres, à la station debout mais nécessitant des béquilles pour maintenir son équilibre ! De plus, ces systèmes ont peu de degrés de liberté concernant les articulations, seulement quatre ou six, voire huit maximum. Outre le manque d’adaptabilité et d’autonomie évident pour le porteur, ces systèmes l’épuisent rapidement, sans compter que cela demande une certaine force dans les bras, ce qui n’est pas toujours le cas. D’autres entreprises et laboratoires travaillent sur des interfaces neuronales directes notamment pour les tétraplégiques, ou indirectes en exploitant certains nerfs sous-cutanés. Ces recherches sont intéressantes et prometteuses mais ne seront pas exploitables pour le grand public avant plusieurs
PAGE BLANCHE ET INNOVATIONS SONT LE FIL CONDUCTEUR POUR ATALANTE Les équipes de recherche de Wandercraft sont parties dans une toute autre voie, ils ont pensé la conception de leur exosquelette comme un robot bipède s’autoéquilibrant ! Ils ont travaillé à l’intégration d’algorithmes complexes de robotique dynamique, le meilleur exemple de ce type de robot mobile étant le fameux Atlas de chez Boston Dynamics. C’est seulement après avoir réussi la mise au point de ce robot bipède qu’ils ont entrepris de le « transformer » en exosquelette pour jambes humaines. Atalante intègre donc ces technologies pour gérer seul la capacité d'équilibrer dynamiquement son utilisateur, à l’aide de ces douze moteurs principaux, plus deux pour la flexion pied-orteils (détail indispensable pour obtenir une marche quasi normale avec un porteur humain), ce qui donne douze degrés de liberté, bien plus que les autres ! Autre idée ingénieuse, ici pas de poignée ou autre manette de direction, leur prototype détecte, et suit (à l'aide d'une microcentrale inertielle insérée dans un gilet ultraléger) l'inclinaison du buste vers l'avant, ou sur les côtés, ce qui lui indique s'il faut avancer ou bien tourner à droite ou à gauche. Ce système a été pensé afin de permettre au porteur de se déplacer dans toutes les directions de manière intuitive. Comme tout grand projet actuel, il ne faut pas rester dans sa bulle et collaborer intelligemment avec PLANÈTE ROBOTS N°45
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Françoise, une des volontaires.
d’autres spécialistes, c’est ce que fait Wandercraft en travaillant avec plusieurs laboratoires du milieu de la robotique dynamique et de la marche anthropoïde tels que les MINES ParisTech, le LAASCNRS de Toulouse, l'université du Michigan. Au final, ces innovations sont vraiment inédites pour un exosquelette, ce qui a amené Wandercraft à remporter pas moins de huit prix et distinctions depuis sa création, comme le prix Zodiac Aérospace fin 2012, le prix EDF Pulse (catégorie santé) en avril 2014, ou encore le prix de l'Innovation digitale 2016 (catégorie transformation sociétale) qui récompense les entreprises qui changent la vie. Le dernier prix en date n’étant rien moins que la
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phase deux du Concours Mondial d’Innovation 2030 (sachant qu’ils avaient déjà remporté la phase un en 2014), dont la remise des prix a eu lieu à l’Élysée par le président de la République, François Hollande, en février dernier.
BEAUCOUP DE MATHS ET DE ROBOTIQUE MAIS PAS SEULEMENT Wandercraft veut obtenir une marche quasi normale pour les paraplégiques utilisant leur exosquelette, ils se sont donc entourés dès le début de personnes compétentes, et concernées, par le milieu du handicap. Pour la mise au point de ce prototype, il est bien sûr testé en permanence par des
personnes valides, mais les utilisateurs finaux étant des personnes handicapées, ils travaillent avec un comité utilisateurs (Dorine Bourneton, championne de voltige aérienne et paraplégique, et Jonathan Farjon, chercheur au CNRS et membre de l’association CMT France, dirigent ce comité), avec des patients, des associations et des personnels de santé. Ils travaillent aussi avec des médecins et des kinésithérapeutes pour améliorer les fonctionnalités de l'exosquelette et assurer sa parfaite tolérance par les utilisateurs. C’est ce qui a aidé à mettre au point le système d'attaches permettant à l'utilisateur de bien fixer ses jambes à l'exosquelette de façon sim-
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© Wandercraft.
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L’exosquelette Atalante va faire remarcher les paraplégiques
L’exosquelette Atalante. — Gestion des paramètres pendant les essais.
ple et confortable, qui exploite des technologies très utilisées dans le domaine de la santé, comme les mousses à mémoire de forme. Ils se conforment strictement aux directives définies par les autorités de santé et aux critères de qualité des normes médicales, ils viennent d’ailleurs d’obtenir la certification ISO 13485 spécifique au milieu médical en septembre 2016. Les professeurs Isabelle Laffont, Alain Yelnik et François Boyer ont formé le comité scientifique de Wandercraft, ils participent à la définition des produits et à la stratégie des essais cliniques avec les équipes de l’entreprise. Mais aussi le centre de médecine physique et de réadaptation de Pionsat, la clinique de rééducation et réadaptation fonctionnelle St Martin, ainsi que différents centres de recherche comme l’Institut de Myologie de Paris. De plus, plusieurs des fondateurs ont des proches en fauteuil roulant, ils connaissent donc bien les contraintes quotidiennes de ces situations…
OÙ EN SONT LES ESSAIS CLINIQUES ? Wandercraft maintient sa feuille de route : les premiers essais cliniques ont eu lieu de fin 2016 à début 2017, pour cinq patients. Je ne ferai pas durer le suspense, ces essais ont été un succès ! Pour ce début, c’était une marche pas à pas pilotée par l’exosquelette, mais les patients ont pu se lever, marcher et s’assoir, une vraie réussite, sachant que quand vous lirez ces lignes, la marche continue fonctionnera très bien. Bien entendu, comme pour tout prototype, ces essais ont permis de corriger quelques bugs, mais le principe fonctionne. Les différences de corpulence des patients tests ont nécessité des ajustements de configuration de l’exosquelette, mais rien de problématique.Tout comme le système de fixation des
jambes qui est conçu afin de ne pas blesser son porteur, car il ne faut pas oublier qu’un paraplégique n’a plus aucune sensation dans le bas du corps, si jamais un élément de l’exosquelette venait à le blesser, il ne s’en rendrait pas compte ! Mais là aussi c’est un succès, et de toute façon, les essais continuent pendant l’année 2017. À noter que le premier modèle d’Atalante a été vendu à un centre du handicap auvergnat faisant partie de la fédération des APAJH.
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DEPUIS FIN 2013, GRÂCE À DES BUSINESS ANGELS, LES ÉTUDES MATHÉMATIQUES ET ROBOTIQUES NÉCESSAIRES À LA CONCEPTION DU PREMIER PROTOTYPE ONT RAPIDEMENT DÉMARRÉ.
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LA SUITE DU PROJET… Une nouvelle levée de fonds est en préparation pour fin 2017, mais dans le même temps les équipes de Wandercraft travaillent sur la mise au point du modèle personnel de Atalante, la version actuelle étant d’abord destinée aux centres de rééducation. D’autres contraintes viennent s’ajouter pour qu’il puisse être utilisé dans la vie de tous les jours : augmenter l’autonomie des batteries, gérer les escaliers, les montées et descentes de véhicule,
Exosquelette vu de côté.
augmenter le niveau de protection du porteur en cas de chute et mettre justement au point un système de relevage automatique. Encore beaucoup de travail en perspective donc, mais ils sont confiants et estiment que cette cause vaut tous ces efforts, car pour reprendre la phrase guide de l’entreprise, ils veulent rendre « une vie ordinaire pour des gens extraordinaires… ». Bravo ! ■Lionel Alvergnas
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Des robots bébés au Japon Est-ce pour donner envie aux Japonais d’avoir des enfants ?
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Que se cache-t-il dans la tête des chercheurs et ingénieurs qui ont créé Yotaro, Affetto, M3-Kindy ou Kirobo Mini, le dernier né des robots enfants, vendu par Toyota ? Si l’on en croit la presse numérique occidentale, ces humanoïdes immatures auraient pour vocation de booster les naissances au Japon. Faisons le point !
archipel est confronté aujourd’hui à un épineux problème démographique. Depuis 2010, il perd autour de 200 000 habitants par an ! La baisse des mariages et les conditions peu favorables aux femmes dans le monde du travail expliquent en partie ce déclin. Or, avec un taux de natalité de 1,4 enfant par femme, adieu le renouvellement démographique ! Malgré les efforts de l’actuel gouvernement, le vieillissement de la société est bien à l’œuvre. Mais au Japon, où la robotique est partie intégrante de la culture, il sert aussi de prétexte à la création de produits nouveaux :
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L’ARCHIPEL EST CONFRONTÉ AUJOURD’HUI À UN ÉPINEUX PROBLÈME DÉMOGRAPHIQUE. DEPUIS 2010, IL PERD AUTOUR DE 200000 HABITANTS PAR AN !
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robots infirmiers, robots de compagnie, robots tchatcheurs qui en passant n’ont pas réussi à séduire les vieux Japonais ! Dans ce foisonnement robotique émergent également, depuis quelques années, des robots enfants dont le rôle encore mal défini enfièvre les médias.
UN LIEN FORT PEUT S’ÉTABLIR AVEC LES ROBOTS Un des précurseurs, Yotaro, est né en 2010 à l’université de Tsukuba dans l’équipe de Hiroki Kunimura. Ce simulateur de bébé, allongé dans son berceau, montre une face énorme de silicone translucide rétroéclairée sur laquelle apparaissent
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Le robot enfant Affetto, du professeur Asada.
a d’ailleurs montré que s’occuper du bébé robot renforce chez eux l’affection qu’ils lui portent. Pour le psychiatre et écrivain Patrick Lemoine « On peut dire que l’ancêtre de ce robot, c’est la poupée, qui existe dans toutes les cultures et toutes les époques, dont le but était bien de donner envie aux petites filles de devenir un jour maman ».
Le robot du japonais Toyota, le Kirobo Mini.
Yotaro est un simulateur de bébé en silicone, expérience datant de 2010.
les expressions du visage. Son humeur change selon les contacts physiques. Ses joues sont chaudes et les caresser le rend heureux tandis que ses bras et ses jambes s’agitent. S’il éternue et que de l’eau perle de son nez, il faut le moucher. Bref, il a été conçu pour réagir comme un vrai bébé lorsqu’on s’occupe de lui. Dans le système Yotaro, les données recueillies par les capteurs et la caméra sont traitées par un programme de contrôle des émotions qui supervise les changements d’expression et de coloration de la peau. S’occuper de Yotaro, observer ses réactions, devient vite un jeu très attachant si l’on en croit le sentiment de satisfaction chez les utilisateurs après seulement quelques minutes d’interaction avec Yotaro. « Prendre soin d’un bébé, le calmer ou essuyer son nez crée un lien fort avec lui. Un même lien peut être établi entre les humains et les robots » remarque Hiroki Kunimura qui n’avait pas vraiment en tête le déclin démographique de son pays lorsqu’il a inventé Yotaro. C’est en percevant les émotions du public à son contact qu’il s’est demandé si les robots n’auraient pas un rôle à jouer dans ce contexte. Une enquête sur 75 utilisateurs
UN ROBOT QUI DÉCLENCHE UNE RÉACTION ÉMOTIONNELLE CHEZ L’UTILISATEUR À l’Université d’Osaka le professeur Asada et son équipe ont développé en 2012 le robot enfant sans doute le plus réaliste jamais conçu, Affetto (affection en italien). Affetto reproduit de manière bluffante la plupart des expressions faciales d’un enfant de 2 ans. D’autres robots se veulent tout aussi réalistes comme le très mobile M3-Kindy simulant un enfant de 5 ans ou Noby, enfant de 9 mois, bardé de 600 capteurs sensoriels et à la peau souple. Mais, pour déclencher une réponse émotionnelle chez les utilisateurs, si c’est bien cela qui est recherché, est-il nécessaire d’aller aussi loin dans la ressemblance avec les humains ? Sans doute pas, estiment les créateurs de Kirobo Mini, une production de Toyota en vente au Japon courant 2017. Kirobo Mini (de Kibo : espoir en japonais) est un minuscule robot humanoïde tenant dans la main ou dans le porte-gobelet de la voiture et qui ressemble plus à un alien miniature qu’à un bébé humain…Pour tant, que n’a-t-on pu lire à son propos ! Par exemple, qu’au Japon « Toyota crée un minirobot qui développe l’instinct maternel » ou encore que « ce bébé robot a été créé avec un objectif bien précis : donner envie aux Japonais de devenir parents ». Et ailleurs : « Le Japon espère que les bébés robots encourageront les gens à avoir des bébés réels ». Kirobo Mini, 10 cm pour 183 g, serait prêt à infléchir la désespérante dégringolade des naissances au pays du Soleil-LePLANÈTE ROBOTS N°45
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M3-Kindy simule un enfant de 5 ans.
vant. Sûrement pas grâce à son physique ! Car si Kirobo Mini est mignon, c’est un gringalet d’allure « très robot ». C’est plutôt grâce à ses maladresses, à son manque d’assurance et à sa voix fluette et enfantine, que Kirobo sauverait la démographie japonaise. Car s’il n’a vraiment pas l’apparence d’un bébé, il en présente néanmoins le comportement. En somme, c’est sa vulnérabilité qui serait la clé de son efficacité et peut-être le secret de sa réussite. Le créateur de Kirobo Mini, Fuminori Kataoka du dépar tement « non automobile » de Toyota le reconnaît : « cette vulnérabilité doit toucher émotionnellement le consommateur ». Et le Dr Patrick Lemoine le
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confirme : « Voir un bébé qui marche maladroitement, entendre un bébé qui parle mal, qui hésite, qui trébuche sur les mots, c’est ce qui fait fondre les parents. Le fait de parler bébé, c’est une façon aussi de renforcer le lien parental. » Cela dit, pour le deuxième constructeur mondial d’automobile, si Kirobo Mini doit faire craquer quelqu’un, c’est d’abord… l’automobiliste ! De fait, Toyota le présente d’abord comme un compagnon de route affable et vigilant. Lors d’un freinage brutal, par exemple, il rappellera à l’ordre le conducteur : « Oh, oh, oh, je suis surpris ! » ou, si le temps de conduite est trop long, il lui conseillera gentiment de faire une pause.
KIROBO, UN ENFANT DE PLUS DANS LA FAMILLE Kirobo Mini est le petit frère de Kirobo. Ce dernier, trois fois plus grand, s’était offert en 2013 le luxe d’un long séjour à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Objectif des chercheurs: étudier l’aide que pourraient apporter les robots au cours des missions spatiales. À la question de l’astronaute japonais Koichi Wakata au premier robot spationaute: « Quel est ton rêve Kirobo? », celui-ci a répondu: « Je veux créer un monde où les humains et les robots pourront vivre ensemble en harmonie. » La voie était tracée pour l’arrivée du petit frère, Kirobo Mini, qui va reprendre le flambeau courant 2017 et porter la parole qui prévient et rassure, non
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© Kibo Robot.
© Shuji Kajiyama.
Des robots bébés au Japon
Kirobo, le grand frère du Mini est déjà allé à bord de la Station Spatiale Internationale. — Kirobo Mini est avant tout développé pour assister les conducteurs de voiture Toyota, afin de leur prodiguer des conseils.
plus dans l’espace mais à bord des véhicules de Toyota! Selon le porte-parole de la firme japonaise, « de la même manière que nos véhicules sont conçus comme des partenaires indispensables pour l’homme, nous désirons donner à Kirobo Mini la capacité d’établir avec nos clients un dialogue qui les enthousiasme et suscite leurs émotions ». Malgré ses 10 cm, Kirobo Mini a plus d’un atout pour cela: tournant la tête vers celui qui lui parle, il est capable de percevoir ses expressions, de lire ses sentiments sur son visage, et d’ajuster ses gestes comme son ton de voix à la conversation. Il se souvient de ce que l’utilisateur aime et n’aime pas, des endroits où il est allé. Bref, il partage pleinement le voyage en voiture avec toute la famille et, par le biais de services connectés, ses capacités s’améliorent peu à peu. Pour Fuminori Kataoka, « Kirobo a pour objectif une nouvelle forme de partenariat évolutif avec son propriétaire ». Et « comme il est petit et mignon, il devient tout de suite un membre de la famille ». S’il y a des disputes, il essaie de calmer le jeu. Et comment rester insensible lorsque, sortant de votre voiture, vous vous entendez dire: « Ne me laisse pas tout seul! » Ou bien, si vous le regardez avec un air triste: « Qu’est-ce qui t’est arrivé? » Vraiment craquant, ce Kirobo!
UN RISQUE SUPPLÉMENTAIRE POUR LA NATALITÉ Les émotions manifestées par un humain ou par un robot sont perçues par nous de manière très semblable comme l’a montré l’imagerie cérébrale. Dès lors, « on peut s’interroger sur les conséquences d’un éventuel attachement aux robots qui se ferait au détriment des contacts humains… » souligne la Commission de réflexion sur l’Éthique de la recherche en sciences et technologies du numérique d’Allistene (CERNA). Néanmoins, les buts recherchés par les créateurs d’un robot enfant sont bien que l’utilisateur
se sente en confiance avec lui, prenne du plaisir à interagir avec lui, et finalement s’engage avec lui dans une relation affective dont on ne connaît pas vraiment l’aboutissement. Alors, se pourrait-il que Kirobo contribue, avec les autres robots enfants, à relever le défi démographique du Japon comme on a pu le lire dans la presse occidentale ? Le Dr Patrick Lemoine en
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KIROBO MINI EST LE PETIT FRÈRE DE KIROBO. CE DERNIER, TROIS FOIS PLUS GRAND, S’ÉTAIT OFFERT EN 2013 LE LUXE D’UN LONG SÉJOUR À BORD DE LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE.
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doute fortement : « Ce qu’on peut redouter, c’est que ceux qui ont leur bébé robot aient encore moins envie d’avoir un bébé vivant. Au fond, ils ont le plaisir d’avoir un bébé avec la responsabilité en moins ! Je crains qu’il y ait ainsi un phénomène de substitution, surtout quand on connaît l’amour des Japonais pour les robots. Il y a là, en réalité, un vrai risque d’aggraver le problème de la natalité ! » Mais que dit-on chez Toyota ? Que « Kirobo Mini pourrait aider à résoudre le manque de communication en amenant plus d’empathie et de sourires sur les visages » comme le pense Fuminori Kataoka son créateur. En revanche, quand on demande au
Fuminori Kataoka pose avec sa créature.
porte-parole de Toyota Japon si le constructeur automobile avait créé Kirobo avec l’intention de redresser le taux de natalité du pays en donnant envie aux Japonais d’avoir des enfants, la réponse tombe sans appel : « Non, nous n’avons pas eu cette intention-là. » ■Dominique Padirac
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Robots de service
Kobi, un robot jardinier 3 en 1 ! Ici, avec son module tondeuse.
Kobi Le robot multifonction Quoi de plus énervant que d'accumuler des outils de saison pour les voir prendre la poussière au fond du garage ? Il est donc temps de laisser les râteaux et autres tondeuses de côté et de laisser l'entretien de votre jardin à Kobi, le robot jardinier multifonction. LE JARDINIER AUTONOME Le robot Kobi a été développé par une start-up états-unienne éponyme : The Kobi Company. La volonté de la société est de créer un robot totalement autonome, pouvant gérer l'entretien du jardin tout au long de l'année, et pas seulement lors d'une seule saison. Pour que le robot puisse s'occuper du jardin de manière indépendante à l'avenir, l'utilisateur doit lui faire effectuer un tour du propriétaire afin de délimiter son rayon d'action. Cette délimitation permet à Kobi de connaître son champ d'action et ainsi d'éviter les zones de plantation ou les par terres de fleurs. Ce système est une révolution pour les tondeuses autonomes ; les anciens robots avaient besoin d'un système de délimitation par balise ou l'aide d'un câble électrique au sol afin de connaître les zones à ne pas franchir.
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DIFFÉRENTS MODULES POUR UN JARDINIER COMPLET La fonction de Kobi ne se limite pas seulement à un rôle de robot tondeuse sans fil : il est également capable de s'occuper de ramasser les feuilles mortes et s'occuper de la neige dans l'allée. Le robot est fourni avec trois modules en fonction des situations : le module Pelouse, Neige et l'option Feuille. Le module est à changer manuellement par l'utilisateur au gré des saisons, après Kobi s'occupe tout seul du reste ! La société new-yorkaise annonce que le robot peut gérer 7 acres de pelouse soit environ 30 000 m² de terrain. Il peut également ratisser 1,2 hectare de feuilles et déneiger jusqu’à 1 500 m². Les caractéristiques fournies indiquent que le robot est équipé de moteurs silencieux pour un travail discret et avance à une vitesse de 2 milles par heure, soit environ 3,2 km/h.
La société a opté pour une absence de collecteur d'herbe. À la place, Kobi transforme le gazon coupé en paillis afin de servir d'engrais naturel sur place.
CONNECTÉ À TOUS LES NIVEAUX Le robot, en plus de ses performances mécaniques, est une véritable merveille électronique. Kobi intègre le wi-fi, le Bluetooth et une connexion aux données mobiles en utilisant le réseau le plus performant à proximité. Un GPS haut de gamme est également équipé pour lui permettre de s’orienter efficacement et précisément dans le jardin. Des modules de détection d'obstacles sont également inclus pour une navigation entièrement autonome. Le constructeur précise que Kobi peut également être activé via une application sur téléphone afin de le démarrer ou de l'arrêter immédiatement. Le contrôle par smartphone permet aussi de prioriser et de planifier les actions à effectuer.
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Cette application sert en outre à alerter le propriétaire en cas de tentative de vol du robot : une alerte est envoyée directement lors de l'interruption forcée d'une tâche. Kobi est également équipé d'une alarme sonore et d'un code PIN pour dissuader les éventuels kidnappeurs de jardiniers. Même si le voleur arrive à ses fins et emporte Kobi, le robot rentre « en mode désactivé » où aucune fonction n'est disponible.
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LE ROBOT A AUSSI L'AVANTAGE D'ÊTRE RELIÉ DIRECTEMENT VIA LES DONNÉES MOBILES ET LE WI-FI AUX SITES DE PRÉVISIONS MÉTÉOROLOGIQUES, CE QUI LUI PERMET D'AVOIR TOUJOURS UNE LONGUEUR D'AVANCE.
Kobi travaille également pendant l’automne en ramassant les feuilles mortes tombées dans votre jardin, grâce à un module livré en option.
Kobi, ici avec son module de déneigement.
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Après, avec l'accord du propriétaire, il est bien sûr possible de reprogrammer Kobi afin qu'il s'adapte à un nouvel espace à entretenir.
UN VRAI SEÑOR MÉTÉO Le robot a aussi l'avantage d'être relié directement via les données mobiles et le wi-fi aux sites de prévisions météorologiques, ce qui lui permet d'avoir toujours une longueur d'avance. Par exemple, en cas de chutes de neige annoncées, Kobi sort pour déneiger petit à petit avant qu’elle ne s'accumule dans l'allée. Il calcule ainsi les divers cycles de rechargement nécessaires à l'accomplissement de sa tâche. Kobi est constamment en alerte et est programmé pour ne pas laisser les tâches s'accumuler : il tond en permanence la pelouse petit à petit et gère de manière efficiente les différentes corvées à accomplir pour maintenir le jardin en parfaite condition. Le robot se déplace de manière autonome, même pour rentrer et sortir de sa station de recharge. Kobi est équipé de batteries au lithium-ion et son cycle de chargement se situe entre 2 et 4 h. Son autonomie dans les différents modes de fonctionnement n'est pas encore connue. La commercialisation du robot est prévue pour le début d'année 2017 pour un tarif de 3 999 dollars. La vente de Kobi est pour l'instant exclusivement limitée au marché états-unien. Des ventes satisfaisantes sur le continent américain pourront amener The Kobi Company à réfléchir à une sortie à l'international. Prions pour voir bientôt arriver dans nos vertes contrées ce véritable jardinier en chef en toute saison. Les corvées de feuilles et de déblayage d'allées par un grand froid ne seront alors plus qu'un lointain souvenir ! ■Nicolas Vimard
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Robots au travail
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Naïo Technologies une gamme de robots agricoles La start-up toulousaine, membre du cluster Robotics Place, récolte le fruit de ses efforts. Après quelques années de développement et de mise au point de son robot de désherbage Oz, Naïo Technologies annonce fin 2015 une levée de fonds de 3 millions d’euros. Un peu plus d’un an plus tard, la société est passée de 8 à 25 personnes et présente une gamme de 4 robots. Peut-être un premier message à retenir : la robotique crée des emplois ! DE LA ROBOTIQUE MAIS AUSSI DU MARKETING Si le premier modèle de robot était petit et compact, les nouveaux exemplaires prennent de l’envergure. Avec le robot enjambeur Dino, Naïo Technologies voit grand, même très grand. Ce modèle pèse 600 kg sans les outils et mesure 2m50 de long et jusqu’à 2m70 de large. Pourquoi jusqu’à ? Parce Dino est réglable en largeur. En fonction des besoins de l’agriculteur, il peut gérer son entraxe pour s’adapter à l’espacement entre les rangs de légumes. Notre vocation n’étant pas de parler d’agriculture mais de robotique, je ne vais pas expliquer ici le concept de la
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culture de légumes en planches mais plutôt la capacité d’écoute et d’analyse des équipes de Naïo. Après avoir créé Oz sur les bases d’expériences personnelles et de bonnes intuitions, Naïo a privilégié l’analyse des besoins clients pour créer ses nouveaux modèles. Ensuite, et c’est là que les ingénieurs sont ingénieux, ils ont développé une solution modulaire qui peut s’adapter à différentes conditions. En effet, quand vous voyez Dino vous pensez à un catamaran terrestre. Les deux blocs latéraux constitués de 2 roues reliées par une armature centrale portant le cœur du système, l’électronique et les capteurs, qui permet d’une part de gérer l’écartement mais aussi
de décliner la machine pour un autre marché : la vigne. En remplaçant la plateforme centrale à 1m30 de haut par un arceau qui monte à 2 m, Dino devient Ted et peut désormais enjamber les vignes. Et c’est ainsi que Naïo passe du maraîchage au vignoble, de la carotte au raisin. Et en découvrant un autre type de culture, Naïo découvre de nouveaux besoins. Parce que toutes les vignes ne sont pas identiques, ils constatent qu’il y a une place pour une version renforcée du modèle Oz pour les vignes dites étroites. C’est ainsi que Bob arrive dans la gamme. Équipé de moteurs plus puissants et de chenilles, cette version gonflée du petit maraîcher Oz peut ar-
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À droite : Bob est une évolution de Oz dans son aspect, il s’agit d’un robot de désherbage dédié à la vigne en rangs serrés. Équipé de chenilles et d’une puissance supérieure à Oz, Bob est taillé pour affronter les terrains pentus des vignobles tout en tirant son outillage qui rentre dans le sol pour couper les mauvaises herbes.
penter les pentes escarpées pour désherber entre 1 et 3 hectares par jour, libérant ainsi le viticulteur pour d’autres tâches. C’est toute cette démarche d’écoute et d’analyse des besoins de leurs clients qui fait la force de cette start-up exemplaire.
© Philippe Roussel.
Oz, le premier modèle développé par Naïo Technologies qui désherbe automatiquement entre les rangs de légumes permettant de supprimer les intrants chimiques pour ce type de travail.
UNE GÉNÉRATION D’ENTREPRENEURS PARTAGEURS Aymeric Barthes et Gaëtan Severac ont une petite trentaine d’années, ils terminent leurs études d’ingéPLANÈTE ROBOTS N°45
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Naïo Technologies, une gamme de robots agricoles
Dino est d’une conception complètement nouvelle. Dino est un robot de désherbage mécanique des légumes en planches. Pour les non-initiés en agriculture maraîchère, c’est une solution qui permet de traiter simultanément plusieurs rangs de légumes en bénéficiant d’un empattement plus large. Ce nouveau robot est donc adapté pour de plus grandes exploitations agricoles comparé à Oz. Alors que Oz passera 10 h pour désherber 1 hectare, Dino gérera 5 hectares dans le même temps.
nieurs en robotique à l’IMERIR de Perpignan alors que ce marché commence à émerger, imaginez l’environnement au moment de la création de leur entreprise, en novembre 2011 : - Planète Robots a 2 ans, c’est le numéro 12. - Le crowdfunding commence à émerger en France. - Le premier salon Innorobo a eu lieu à Lyon quelques mois plus tôt, c’est encore le salon du syndicat Syrobo dirigé par Bruno Bonnell dont le livre Viva la Robolution est sorti en 2010. - Le fablab de Toulouse est en train de sortir de l’anonymat et s’installe en centre-ville. - Robotics Place s’appelle encore Syrobo Midi-Pyrénées et existe depuis 6 mois (cf Planète Robots n°11). Voilà donc le terreau fertile dans lequel nos deux compères vont planter la petite graine Naïo Technolo-
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gies et échanger, partager avec les autres membres de Robotics Place (ICAM, LAAS, Artilect FabLab…) et se développer avec l’aide de plusieurs dizaines d’investisseurs de cette nouvelle économie participative. Alors, cette motivation participative dont ils ont bénéficié, ils l’ont toujours en eux et aujourd’hui ils y apportent leur contribution. Au sein de Robotics Place ils partagent leur expérience avec les nouvelles startup, en particulier sur la levée de fonds. Au niveau national et même international, Naïo Technologies reste dans cette même approche puisqu’ils ont créé fin 2016 le premier Forum International de la Robotique Agricole où ils invitaient leurs confrères, les laboratoires, les organisations agricoles, les agriculteurs et les roboticiens à échanger de façon ouverte sur l’évolution du monde agricole et des technologies
robotiques qui s’y rapportent. Un événement qui a rassemblé plus de 200 personnes à Toulouse et bien plus sur YouTube où le FIRA était diffusé en direct. Un forum très intéressant qui permettait de comprendre les enjeux d’une agriculture à laquelle on demande toujours plus, plus de productivité, plus de qualité, plus de traçabilité avec toujours moins, moins de terres agricoles, moins de produits chimiques, moins de main-d’œuvre. Il est clair que dans le contexte de cette profession, la robotisation semble être une option incontournable Nul doute que Naïo Technologies a un bel avenir devant lui et que nous aurons l’occasion de parler d’eux à nouveau dans Planète Robots. ■Philippe Roussel
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Recherche robotique
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Quand les robots jouent avec nous
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Le 10 février 1996, l'ordinateur Deep Blue d'IBM battait aux échecs le champion du monde Gary Kasparov. Presque 20 ans plus tard, le 15 mars 2016, c'est au jeu de go que l'intelligence artificielle AlphaGo de la société DeepMind remporte la victoire face au champion Lee Sedol. Finalement, quels sont tous les jeux auxquels des I.A. ont déjà battu les meilleurs joueurs humains ? Et quels sont les défis à venir ?
a récente victoire d'AlphaGo sur le champion de go Lee Sedol marque une avancée supplémentaire dans l'évolution des intelligences artificielles, portées en particulier par le développement des systèmes de deep learning (un article y sera consacré dans un prochain hors-série). Si on considère cet achèvement comme une étape importante, c'est parce que le go est connu comme étant le jeu de plateau le plus complexe. Après les dames puis les échecs, la victoire d'une I.A. sur un champion de go achève donc de donner aux robots le statut de champion des jeux de plateau.
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Comment sommes-nous parvenus à mettre au point ces algorithmes ? Dans quels jeux les humains peuvent-ils encore leur tenir tête ? Une petite rétrospective nous permettra de mieux comprendre comment nous en sommes arrivés là, et de voir se dessiner les victoires à venir pour ces I.A.
JE JOUE DONC JE GAGNE Commençons par une évidence : pour toujours gagner à un jeu, il faut être meilleur que son adversaire. Mais comment est-on meilleur ? D'abord, il faut simplement savoir jouer, c'est à dire connaître les règles
du jeu. Cela permet bien sûr de connaître l'objectif à atteindre et celui que doit atteindre l'adversaire. Mais si les règles de base du jeu peuvent s'apprendre assez rapidement, les stratégies et la capacité d'adaptation sont des choses qui s'apprennent principalement en jouant et en regardant les parties d'autres joueurs, on y reviendra un peu plus loin. Lors d'une partie, on va alors essayer d'envisager quels sont les coups possibles à un moment donné. Mais pour choisir le coup le plus à même de nous rapprocher de la victoire, il faut anticiper au moins un peu le déroulement de la partie, c'est à dire imaginer les réponses possibles de son adversaire en
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Si chaque adversaire sait comment ne pas perdre, la partie se termine toujours de la même façon.
fonction de l'action choisie, puis les réponses que l'on pourrait apporter ensuite, etc. Ce travail peut être rendu plus ou moins difficile en fonction du nombre de possibilités d'action ou de déplacement. Pour résumer, il faut connaître les objectifs et les contraintes du cadre posés par le jeu, afin de pouvoir imaginer de façon la plus poussée possible le
Lee Sedol, après avoir tout essayé, admet finalement sa défaite.
© Lee Jin-Man.
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C'EST LE PREMIER JEU AUQUEL UNE I.A. EST DEVENUE IMBATTABLE, CAR L'UN DES PLUS SIMPLES : SUR UNE GRILLE DE TROIS CASES SUR TROIS, DEUX JOUEURS S'AFFRONTENT EN PLAÇANT CHACUN LEUR TOUR, DANS L'UNE DES CASES, LEUR SYMBOLE
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déroulement de chaque partie. Voyons comment les I.A. mises au point jusqu'à ce jour se sont attelées à cette tâche, à travers différents exemples de jeux.
On n'imagine plus aujourd'hui une I.A. performante être battue aux échecs par un joueur humain.
TIC TAC TOE C'est le premier jeu auquel une I.A. est devenue imbattable, car l'un des plus simples : sur une grille de trois cases sur trois, deux joueurs s'affrontent en plaçant chacun leur tour, dans l'une des cases, leur symbole (croix ou cercle), dans le but d'en aligner trois et d'empêcher l'autre de le faire. Ceux qui connaissent bien ce jeu ont pu se rendre compte que dès que les deux joueurs ont compris quelques principes simples, plus personne ne gagne puisque chacun connaît les pièges à éviter. Et ils sont suffisamment peu nombreux pour être retenus facilement. Il s'agit, pour résumer, de ne pas laisPLANÈTE ROBOTS N°45
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© IBM.
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On peut imaginer un robot connecté à Cepheus, pour le rendre imbattable au poker.
ser l'autre constituer deux lignes d'attaque (où il ne manque plus qu'un symbole à aligner), ce qui empêcherait toute défense et assure la victoire à ce joueur. Donc bien que des algorithmes soient devenus imbattables, un bon joueur humain ne pourra pas être réellement battu par une I.A., si toutefois ce joueur reste concentré.
LES ÉCHECS Pour les échecs, la première victoire d'une I.A. sur un champion du monde est due à un algorithme qui va parvenir à envisager toutes les possibilités de jeu. Pour cela il va procéder à ce qu'on appelle une recherche en arbre : quels sont les coups possibles à un moment du jeu ? Quelles sont les réponses possibles de mon adversaire à ces différentes actions ? Quelles sont les réponses possibles en retour à ces réponses ? Et ainsi de suite, jusqu'à arriver en fin de partie de chaque scénario envisagé. L'I.A. va alors sélectionner l'action qui a le plus de probabilités de l'amener à la victoire.
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Cette méthode est très efficace, et ne laisse plus de chance de victoire aux joueurs humains, tout au plus arriveront-ils à arracher quelques matchs nuls. Et ce ne seront pas des joueurs lambda connaissant à peu près le jeu, comme cela était suffisant au Tic Tac Toe, mais les plus grands champions. Aujourd'hui, ce genre de rencontre ne se fait plus, car on en connaît déjà l'issue. Cependant il est intéressant de noter que ces I.A. servent à l'entraînement des joueurs humains, en leur proposant un nombre illimité de parties de haut niveau, mais aussi en suggérant des stratégies et possibilités en fonction des situations de jeu. Des solutions développées pour le go ont ensuite permis d'accroître l'efficacité de ces I.A. à ce jeu. LE GO Rappelons-en rapidement les règles. Sur une grille de 19 par 19 cases dans sa version classique, deux joueurs s'affrontent en posant chacun à leur tour un pion de sa couleur, appelé pierre, avec comme
objectif de conquérir un maximum de terrain. Lorsqu'une pierre ou un groupe de pierres d'une couleur est directement entouré par l'autre, il est alors capturé et change de camp. Le go était le dernier jeu de plateau sur lequel le meilleur joueur du monde restait un humain, et on pourrait penser qu'il suffisait d'appliquer la même stratégie que pour les échecs. Et l'idée n'est pas mauvaise en soi, mais ici les possibilités de jeu sont telles qu'il est très compliqué pour un algorithme de toutes les prédire pour déterminer la meilleure, et cela prendrait trop de temps. En effet, il existe des différences de taille entre les échecs et le go. Dans le premier, l'échiquier est composé de 64 cases, les pièces de jeu ont une place de départ définie à l'avance et elles ne peuvent se déplacer que d'une certaine façon. Ce qui donne, pour prendre l'exemple du premier tour, une vingtaine de choix à explorer. En revanche, au go, les pierres peuvent être posées sur n'importe quelle intersection de la grille du goban, qui en
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Quand les robots jouent avec nous
Lors d'une recherche en arbre, l'algorithme considère toutes les possibilités et fait un choix en fonction de la branche qui le mènera à la meilleure situation possible.
propres parties, et jouer contre lui-même pour s'améliorer toujours plus.
QUAND L'ALÉATOIRE S'EN MÊLE Au poker, le but est d'amasser un maximum de jetons, et pour cela les joueurs vont tenter d'avoir le meilleur jeu possible à partir des cartes qu'ils ont en main et celles sur la table. Ils miseront alors les jetons s'ils pensent en avoir un meilleur que leurs adversaires (ou s'ils veulent leur faire croire). Il semble y avoir une part de hasard puisque les
comporte 361. Ce qui constitue autant de possibilités de jeu à explorer, multipliées encore par le nombre de tours. Et puis aux échecs, l'avancement est assez linéaire et permet de se rendre compte sans trop de difficultés de ce qui est une bonne ou mauvaise situation. Tandis qu'au go, les pierres peuvent soudainement changer de camp. Cela peut amener des retournements de situation importants et plus fréquents, et il est alors difficile de déterminer quel joueur est en meilleure posture à un moment donné de la partie. Pour aller au-delà de ces difficultés, deux solutions ont été mises en place. La première est de ne pas explorer toutes les possibilités, mais d'en choisir plusieurs au hasard et de les explorer jusqu'au bout, afin de voir si chacune de ces pistes amène à la victoire ou non. Parallèlement à cela, un algorithme de deep learning sera chargé d'apprendre et de développer de nouvelles stratégies en se basant sur de très nombreux exemples de parties. Un tel algorithme peut même ensuite générer ses
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LA MÊME ÉQUIPE A RÉUSSI À METTRE AU POINT EN 2015 UN
ALGORITHME UTILISANT UNE STRATÉGIE MATHÉMATIQUEMENT IMBATTABLE (TOUJOURS SUR LE LONG TERME BIEN-SÛR).
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cartes reçues en début de tour ne sont jamais les mêmes : la victoire ne pourrait être systématique à cause du facteur chance. Pourtant, il existe tout de même une stratégie optimale, c'est-à-dire une façon de jouer qui permet de ne jamais perdre, à défaut de toujours gagner (comme nous l'avons vu avec le Tic Tac Toe). Des programmes efficaces existent déjà, notamment pour une variante qui réduit les possibilités de jeu et donc la difficulté à anticiper : le Heads-up Limit Hold'em. Dans cette version, chaque joueur possède deux cartes en main, et il peut y avoir
jusqu'à 5 cartes en commun sur la table, mais la partie est limitée à deux joueurs et à une valeur de relance fixe. Ainsi, la notion de bluff est exclue. Évidemment, sur une seule partie, si vous démarrez avec un très bon jeu et que l'ordinateur en a un très mauvais, il y aura peu de chances d'obtenir la victoire. Mais sur plusieurs tours, il finira toujours par l'atteindre ou par arracher un match nul. Ce constat s'entend donc sur le long terme, quand le facteur chance finit par s'annuler. En 2007 déjà, le programme Polaris était capable de battre de très bons joueurs. Mais en allant plus loin dans les recherches, la même équipe a réussi à mettre au point en 2015 un algorithme utilisant une stratégie mathématiquement imbattable (toujours sur le long terme bien-sûr). Elle a été trouvée notamment en faisant jouer le programme contre lui-même un très grand nombre de fois. Celle-ci est trop complexe pour être assimilée par un être humain, mais là encore, comme aux échecs, on peut se servir de l'I.A. pour tenter d'améliorer son propre jeu en observant son comportement en fonction des situations. On remarque par exemple que Cepheus, puisque c'est son nom, est plutôt agressif : il va toujours relancer ou se coucher, il ne va presque jamais suivre. En résumé, les recherches dans ce domaine sont en cours et avancent petit à petit, et on peut déjà imaginer qu'un algorithme sera à l'avenir capable de battre l'homme au poker, même dans ses versions plus complexes. Après son succès au go, la société DeepMind a annoncé des recherches sur le jeu vidéo Starcraft 2. Il s'agit d'un jeu de stratégie en temps réel, dans un monde futuriste. Comme au poker, et contrairement aux échecs ou au go, chaque joueur ne voit pas ce que fait son adversaire, ce qui constitue là encore un obstacle. Pour tenter d'aller au-delà, les recherches s'appuient une fois de plus sur le deep learning, qui permet à l'algorithme d'apprendre par lui-même et de trouver ses propres stratégies. Pour PLANÈTE ROBOTS N°45
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Des jeux plus modernes, comme ici Zombicide, tirent davantage leur intérêt de la coopération entre les joueurs que de la narration.
Interface graphique simplifiée de StarCraft 2, fournissant des données visuelles afin que les I .A. apprennent à jouer sur les mêmes bases que les humains.
Ce que que voit l'I.A. sur GTA V : dans la fenêtre supérieure gauche, une vue subjective, ralentie à huit images par seconde. Juste en dessous, l’analyse que l’I.A. fait de l’environnement.
le moment, les chercheurs se basent dans leurs travaux sur une interface graphique simplifiée du jeu, car l'apprentissage automatique nécessite encore un environnement graphique adapté. Mais à terme, de nombreux enregistrements de parties, servant
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LE DÉVELOPPEMENT D'I.A. SUR
LES JEUX EN GÉNÉRAL PERMET DE BÉNÉFICIER DE CONTEXTES LIMITÉS ET CONTRÔLÉS, QUI SONT DE BONNES BASES DE TRAVAIL POUR DÉVELOPPER PETIT À PETIT DES TÂCHES SPÉCIFIQUES, PUIS DE PLUS EN PLUS COMPLEXES. LES DÉCOUVERTES AINSI FAITES POURRONT ALORS S'APPLIQUER DANS D'AUTRES DOMAINES.
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d'exemples, devraient permettre à une I.A. ainsi développée de jouer à partir des mêmes informations visuelles que les autres joueurs. Reste que pour le moment, aucune partie homme contre machine n'a encore été organisée. À terme, ces travaux devraient également permettre d'améliorer l'I.A. du jeu lui-même.
Une partie de l'équipe de l'université d'Alberta au Canada, à l'origine des programmes Polaris et Cepheus.
© University of Alberta.
Quand les robots jouent avec nous
On remarque souvent que l'apprentissage va dans les deux sens : on se base sur le jeu des meilleurs joueurs pour mettre au point des robots imbattables, et ces robots vont permettre aux meilleurs joueurs de s'améliorer encore. Ce mouvement entre monde virtuel et réel ne s'arrête pas là : l'association OpenAI, par exemple, propose un outil, DeepDrive, qui permet de tester des I.A. de voitures autonomes dans l'environnement du jeu Grand Theft Auto V, sous réserve d'en posséder une copie. Le but étant de donner des résultats pour les voitures du monde réel. Le développement d'I.A. sur les jeux en général permet de bénéficier de contextes limités et contrôlés, qui sont de bonnes bases de travail pour développer petit à petit des tâches spécifiques, puis de plus en plus complexes. Les découvertes ainsi faites pourront alors s'appliquer dans d'autres domaines. D'une manière générale en robotique bien-sûr, mais aussi dans le développement d'assistants virtuels pour smartphone par exemple. Enfin, rappelons que chaque victoire d'une machine sur l'homme est une réussite de l'homme dans le développement des machines, et que les robots ont encore à apprendre ce qui fait l'intérêt des jeux pour les hommes : l'amusement et la sociabilité. ■Quentin Bogaert
SAINT-QUENTIN (02) F I N A L E D É F IS
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TROPHÉES ROBOTIQUE S U R
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VILLAGE
LUNAIRE
A N I M AT I O N S R O B OT I Q U E S TO U T P U B L I C 1 & 2 AV R I L 2017
2200 visiteurs 450 participants
65 ÉQUIPES
Merci à tous les participants ! Et rendez-vous pour
l’édition 2018
Recherche robotique
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Mark Zuckerberg et Jarvis son I.A. personnelle Chaque année, Mark Zuckerberg a pris l’habitude de se fixer des défis à lui-même comme d’apprendre le mandarin, lire 25 livres en un an, rencontrer une nouvelle personne chaque jour ou courir 365 miles en un an (soit un peu plus de 587 km). LA BONNE RÉSOLUTION DE 2016 La bonne résolution qu’il s’était fixée pour 2016 consistait à concevoir, pendant son temps libre, une simple intelligence artificielle avec laquelle il pourrait communiquer, via son smartphone et son ordinateur, pour l’aider à accomplir certaines tâches domestiques et permettre de contrôler divers équipements de sa maison y compris l’éclairage, la température, différents appareils, la musique ou encore la sécurité. Baptisée Jarvis, en référence à l’I.A. qui assiste Tony Stark dans la saga Iron Man, elle devait aussi pouvoir apprendre ses goûts et ses habitudes ainsi que ceux de sa femme, de nouveaux mots et concepts mais aussi surveiller sa fille et la divertir. ÉTAPE PAR ÉTAPE D’une certaine façon, ce challenge s’est avéré être plus facile à réaliser qu’il ne l’avait prévu au départ
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mais, d’un autre côté, cela a aussi été plus compliqué pour connecter les différents systèmes de sa maison afin que l’I.A. puisse communiquer avec eux. En effet, la plupart des équipements existants dans le commerce ne sont pas encore connectés mais il est toutefois possible d’en contrôler certains en utilisant des commutateurs connectés à Internet permettant de les mettre sous tension et hors tension à distance. Zuckerberg a donc dû utiliser la rétro-ingénierie pour mettre en relation les interfaces et autres API des différents équipements et composants qu’ils utilisent. Par exemple, trouver un grille-pain qui permette de faire descendre des tranches de pain qui y ont été placées auparavant alors qu’il est éteint et faire automatiquement des toasts lorsqu’il est allumé, a été difficile. Il a finalement trouvé un grille-pain des années 1950 qu’il a connecté avec
un commutateur afin d’obtenir des toasts sur commande. De la même façon, il a aussi trouvé de quelle façon connecter un distributeur de nourriture pour son chien et un canon à tee-shirts gris pour s’habiller le matin. Avant même de construire son I.A., il lui a d’abord fallu écrire des codes afin de pouvoir ensuite la connecter aux divers systèmes qui équipent sa maison mais fonctionnant avec différents langages et protocoles de communication : un système domotique Crestron (pour contrôler l’éclairage, les portes ainsi que la température), un système Sonos avec Spotify pour la musique, un téléviseur Samsung, une caméra Nest pour surveiller la chambre de sa fille, des systèmes de sécurité, l’ensemble devant, bien évidemment, être connecté aux systèmes de Facebook. Pour cela, il a utilisé des techniques d’I.A. incluant
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Mark Zuckerberg a choisi le smartphone comme récepteur de son I.A.
UN LANGAGE NATUREL L’étape suivante a consisté à faire en sorte qu’il puisse parler à son ordinateur et à sa maison de la façon dont il parle à n’importe qui. Cela s’est déroulé en deux étapes: la première a été de faire en sorte de pouvoir communiquer avec son I.A. en utilisant des messages sous forme de textes et, plus tard, il lui a ajouté la capacité de parler et de traduire sa parole en texte pour être lue. L’I.A. peut ainsi comprendre ses demandes que ce soit en lui envoyant un message écrit, via l'application Messenger ou en lui parlant (avec la voix de Morgan Freeman) grâce à une application qu'il a tout spécialement développée pour l'occasion. Il a programmé Jarvis sur son ordinateur mais pour que cela soit utile, il voulait pouvoir communiquer avec lui de n’importe quel endroit où il pourrait se trouver, ce qui signifiait que la communication devait se faire via son smartphone et non pas par l’intermédiaire d’un appareil placé dans sa maison.
UN LENT APPRENTISSAGE Zuckerberg a commencé par lui apprendre des mots-clés comme « chambre », « lumière », « allumer » afin que Jarvis puisse comprendre quand il lui demande d’allumer les lumières dans la chambre. Il est ensuite devenu nécessaire de lui apprendre des synonymes et de nouveaux mots ainsi que de nouveaux concepts mais aussi de faire en sorte qu’il soit capable de comprendre un certain degré de nuances linguistiques ainsi que le contexte dans lequel une demande lui est faite. Comprendre le contexte dans lequel une demande lui est faite est important. Par exemple, quand Zuckerberg lui demande d’allumer la climatisation dans son bureau, cela n’a pas la même signification que lorsque sa femme lui fait la même demande concernant son bureau à elle. Quand on lui demande de baisser la lumière ou de mettre de la musique sans lui préciser dans quelle pièce le faire, il lui faut savoir exactement où le faire. L’I.A. doit donc impérativement comprendre le contexte pour savoir quelle personne de la famille lui fait une demande, afin d'ajuster son interaction
Mark Zuckerberg démontre les capacités de son I.A. Jarvis en tant qu’assistant.
Quand le héros de Iron Man travaille dans son laboratoire, il consulte son assistant Jarvis, une I.A. Mark Zuckerberg s’est inspiré de cette entité pour son propre projet.
en tenant compte de ses préférences mais aussi dans quelle pièce se trouve la personne qui s'exprime de façon à répondre à sa requête au bon endroit. Au fil du temps, Jarvis a appris à connaître ses goûts et habitudes ainsi que ceux de sa femme. Sa maîtrise du contexte lui permet de gérer des demandes ouvertes. On peut ainsi maintenant lui demander de mettre de la musique sans autre précision. Jarvis va alors chercher dans l'historique de son application
© Marvel.
des algorithmes de traitement du langage naturel, de reconnaissance vocale, de reconnaissance faciale et d’apprentissage par renforcement qui étaient codés dans divers langages comme Python, PHP et Objective C.
Spotify pour proposer un titre susceptible de lui convenir. Si tel n’est pas le cas, il apprendra alors de ses erreurs. RECONNAISSANCE FACIALE Zuckerberg a installé des caméras partout dans sa maison pour permettre à Jarvis de savoir exactement où se trouvent les personnes qui lui demandent quelque chose (par exemple, pour allumer la lumière ou jouer de la musique dans la bonne pièce). Il en a PLANÈTE ROBOTS N°45
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© Marvel.
Mark Zuckerberg et Jarvis, son I.A. personnelle
Mark Zuckerberg veut-il s’inspirer de Jarvis, au plus près des films Iron Man ? — Que serait Iron Man sans Jarvis ? Et bientôt dans nos téléphones !
aussi installé plusieurs à la porte de sa maison afin de prendre des images selon différents angles. Il a également mis en place un serveur simple qui surveille en permanence les caméras et fonctionne en deux temps. Il déclenche tout d’abord la détection faciale pour voir si une personne est à portée de vue puis, s’il trouve un visage, il lance alors le processus de reconnaissance faciale pour l’identifier. Lorsque cette personne a été identifiée, il vérifie dans une liste de noms préétablie si elle est attendue ou pas. Si tel est le cas, il la laisse entrer et prévient Zuckerberg de son arrivée.
LES PROCHAINES ÉTAPES Bien que le challenge que Zuckerberg s’était fixé pour 2016 soit maintenant fini, il va continuer à améliorer Jarvis en trouvant de nouvelles choses à lui rajouter. À court terme, il aimerait concevoir une App sous Android, installer des terminaux dans d’autres pièces de sa maison et connecter encore plus d’équipements. Il aimerait, par exemple, que Jarvis l’aide à cuisiner. À plus long terme, il voudrait trouver le moyen pour faire que Jarvis apprenne de nouvelles choses de façon autonome au lieu d’être obligé de les lui enseigner. Par ailleurs, il a également l'intention de publier le code source de son programme car, bien que celui-ci ait été spécifiquement conçu pour sa maison ainsi que ses installations informatique et domotique, il espère que des développeurs puissent utiliser certains de ses éléments pour les intégrer à des systèmes pouvant s’adapter à tout type de foyer équipé en objets connectés. ■Josèphe Ghenzer
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Robots ludiques
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LEGO BOOST des briques d’initiation à la programmation Un nouveau kit dévoilé lors du Consumer Electronic Show (CES) 2017.
EGO a su créer la surprise en annonçant l’ensemble robotique nommé LEGO BOOST lors du CES qui s’est tenu à Las Vegas début janvier. Alors que l’on aurait pu s’attendre à des présentations et des démonstrations avancées des WeDo 2.0 qui ont été disponibles à partir du deuxième semestre 2016, les LEGO BOOST ont apporté le renouveau attendu par leurs concepteurs lors de cet événement mondial. Déjà présent dans le domaine de la robotique avec la gamme Mindstorms, dont la première version a été commercialisée en 1998, LEGO a fait le pari de proposer un kit plus abordable dont la brique intelligente est très similaire à la brique programmable des LEGO WeDo 2.0.
DES LEGO POUR L’APPRENTISSAGE DU CODE Ce kit est un outil de plus à la disposition des enfants qui souhaitent découvrir facilement la programmation, surfant ainsi sur la tendance actuelle,
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parfois controversée, qui incite les collégiens à se former à la logique des ordinateurs. De plus le langage visuel utilisé avec la brique intelligente se rapproche beaucoup du langage Scratch développé par le MIT aux États-Unis et qui est maintenant enseigné dans de nombreux collèges en France. En programmant avec les LEGO, il est possible de relier le virtuel et le réel et de voir les enchaînements de code prendre forme et s’animer physiquement avec les moteurs et capteurs reliés à la brique intelligente des LEGO BOOST. La programmation requiert un effort d’abstraction parfois impor tant pour un résultat visible seulement sur un écran mais aussi l’apport des LEGO amène la construction d’objets tangibles qui vont passer de l’état inerte à l’état animé par l’intermédiaire de la brique intelligente et du code adéquat. Le résultat de la programmation est tout de suite visible et interprétable par les enfants, facilitant ainsi la prise en main et l’amélioration des programmes.
CARACTÉRISTIQUES DES LEGO BOOST La nouvelle boîte proposée par LEGO comporte 840 pièces auxquelles viennent s’ajouter le « hub » (la brique intelligente), un moteur interactif et un capteur combinant les fonctions de détecteur de couleur et de distance. Le hub, élément central du nouveau kit, permet de communiquer avec la tablette mais aussi avec les autres moteurs et capteurs fournis et connectés par des câbles; ce hub contient deux moteurs pour des montages rapides et faciles; il utilise le Bluetooth LE pour se connecter à la tablette où se trouve l’application de gestion des programmes. Des instructions de montage vont guider l’enfant (ou l’adulte) dans la création de cinq modèles dont notamment un robot, une guitare ou un multirover; leur taille pouvant atteindre 27 cm une fois entièrement montés. Ces premiers modèles sont très utiles pour se familiariser avec ce nouveau type de LEGO et avec les interactions possibles entre le hub et la tablette
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Une brique intelligente, un moteur et un capteur, la base de tout robot.
qui envoie et reçoit des informations. Parmi les pièces fournies dans le kit, on retrouve des briques classiques, des roues, des pignons, etc. Six piles AAA seront nécessaires pour faire fonctionner le hub, LEGO n’ayant malheureusement toujours pas prévu de batterie rechargeable. Bien entendu, il est possible de distinguer les pièces des LEGO BOOST grâce à leurs couleurs bien spécifiques, particulièrement le bleu et l’orange dont la teinte ne se retrouve pas dans d’autres ensembles du fabricant.
Un kit dédié à l’apprentissage de la programmation.
LE POSITIONNEMENT PAR RAPPORT AUX LEGO MINDSTORMS EV3 ET WEDO 2.0 LEGO a déjà presque vingt ans d’expérience dans le domaine de la robotique ludique combinée à ses briques classiques et propose actuellement deux kits permettant la programmation de briques intelligentes: les LEGO Mindstorms EV3 pour le grand public et les LEGO WeDo 2.0 pour le monde de l’éducation. Le positionnement des LEGO BOOST est clairement à destination du grand public avec un prix divisé par deux comparé aux Mindstorms mais avec néanmoins plus de pièces, ce qui devrait combler les passionnés et ravir ceux qui découvrent le kit. Contrairement aux Mindstorms et aux WeDo, le logiciel de programmation des LEGO BOOST sera uniquement disponible sur tablette (iOS ou Android) alors que les autres kits proposent aussi un logiciel fonctionnant sur PC ou MAC.
L’ÈRE DES BRIQUES INTELLIGENTES Bien entendu, il existe d’autres kits qui exploitent eux aussi des briques intelligentes pour proposer aux enfants d’assembler des éléments programmables : Makeblock, par exemple, a dans son catalogue de nombreux kits robotiques gravitant autour d’un cœur contenant une carte principale à laquelle on peut adjoindre des capteurs ou des actionneurs. Google, au travers du Project Bloks, cherche aussi à faciliter l’apprentissage de la programmation avec des éléments que l’on peut joindre les uns aux autres pour créer des objets intelligents. Parmi les acteurs les plus connus dans ce domaine, Sony a désormais commercialisé les Koov au Japon et en Chine et reprend les mêmes principes que les LEGO BOOST. Ces supports sont d’ailleurs souvent proposés dans des ateliers d’apprentissage du code dans de nombreux pays.
Le kit permet de développer des projets interactifs autres que des robots !
JOUER INTELLIGEMMENT Les enfants, souvent incités par leurs parents, ressentent de plus en plus le besoin de jouer intelligemment et d’apprendre en jouant, d’où l’apparition de ces nouveaux produits qui mixent jeu, création, apprentissage et logique ; d’ailleurs la popularité des Serious Games, notamment dans le domaine de la formation, démontre l’importance du jeu dans l’acquisition de nouvelles compétences. Les LEGO servent d’ailleurs souvent de base dans des
formations Agile ou Team Building pour des adultes. Ainsi, avec les kits robotiques, les enfants vont devoir mettre en œuvre leur imagination et leur créativité pour résoudre des problèmes très concrets tels que l’évitement d’objets, le déplacement entre deux points, des suivis de ligne etc. Le temps passé à cette activité est donc doublement bénéfique pour les enfants: ils créent et ils apprennent, la construction leur permettant aussi de stimuler leur perception en 3D et leur imagination. PLANÈTE ROBOTS N°45
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LEGO BOOST, des briques d’initiation à la programmation
Un chat à reprogrammer ! — Le robot de base du kit est assez sympathique !
PROGRAMMATION ET LOGIQUE Pour programmer les LEGO BOOST, les enfants vont se familiariser avec des bases que l’on retrouve dans quasiment tous les langages de programmation et qui en faciliteront ainsi l’acquisition ultérieure. Afin de créer des objets animés avec les briques du nouvel ensemble, l’utilisateur devra comprendre le fonctionnement des variables, des itérations (boucles), des opérateurs de comparaison et des événements remontés par les capteurs; des notions que tous les développeurs de logiciels connaissent et utilisent quotidiennement… Ces parties essentielles à la création d’un programme seront acquises très facilement et de manière visuelle sous la forme de blocs, ainsi les enfants vont pouvoir utiliser des itérations sans le savoir mais tirer parti de leur logique et de leur potentiel. Bien sûr, maîtriser les LEGO BOOST ne va pas transformer les enfants en informaticiens mais cela contribuera à démystifier la programmation et à mieux appréhender le monde numérique dans lequel ils vont grandir. Une tablette iOS ou Android sera nécessaire pour l’élaboration des programmes de contrôle des créations LEGO BOOST; l’application qui devra être téléchargée sur les stores Apple ou Android n’est pas encore disponible mais le fonctionnement sera certainement très proche de ce qui existe déjà avec les Mindstorms et les WeDo ainsi que du langage visuel Scratch. Ce nouvel ensemble de la société danoise est annoncé à un prix de 160 euros environ pour une disponibilité en août 2017 dans de nombreux pays dont la France. ■Richard Seltrecht
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BULLETIN DE COMMANDE À DÉCOUPER OU PHOTOCOPIER ET À RETOURNER À : PLANÈTE ROBOTS - ÉDITIONS D'ACAMAR, 161, BD HENRI-SELLIER, 92150 SURESNES ❏ Je paye par chèque à l’ordre des Éditions d’ACAMAR ❏ Je désire une facture (adresse courrier électronique impérative dans ce cas)
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Innovations du futur
Uber a testé ses taxis autonomes sur les routes de la Pennsylvanie.
Uber
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maître d’œuvre des taxis autonomes Les taxis autonomes commencent à pointer le bout de leur pare-chocs. Sans même attendre que la demande croisse, l’offre, sûre de son potentiel, s’amplifie. À tel point qu’Uber a déjà planifié tout un programme de développement pour ses taxis sans chauffeur.
maginez une rue où le calme des conducteurs remplacerait les klaxons, où aucun véhicule ne stationnerait en double file et où les voitures laisseraient toujours passer les piétons. Cette vision relativement utopique est pourtant invoquée par la société Uber, certaine de sa future apparition dans un avenir proche. Car pour le géant américain, les voitures autonomes vont débarquer en grande pompe dans les années à venir, laissant derrière elles un paysage de sûreté et de sécurité routière. Celles-ci, dans la meilleure vision de leur création, pourraient en principe permettre de supprimer, ou du moins de réduire, les difficultés de la circulation et les incivilités de certains pilotes, étant donné qu’ils ne conduiraient tout simplement plus. Mais ces affirmations ne demeurent que théoriques, les tests en cours ne permettent pas encore de tirer des conclusions définitives sur l’apport des véhicules autonomes. Il est
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néanmoins probable qu’ils participent à une évolution positive de la circulation. Uber se positionne sur ce secteur, particulièrement auprès des taxis, et tend à se démarquer de ses concurrents par l’avance qu’elle semble prendre. La firme s’emploie à afficher ses performances envers la conception de ses taxis sans chauffeur. Son objectif consiste à prouver ses capacités et à démontrer que ses créations en la matière ne sont pas de simples prototypes. LA DIFFICULTÉ DE LA LÉGISLATION Là où le bât blesse, c’est la législation. Sur le tremplin amenant au développement, les véhicules autonomes se heurtent à l’obstacle juridique. La jurisprudence se voit quasi inexistante quant à ces nouveaux appareils. Cela entraîne un flou juridique qui freine l’élan de leur progression. La Californie a interdit à Uber, en décembre dernier, de tester
ses voitures autonomes, les considérant comme illégales. En lieu et place de se lancer dans des querelles judiciaires, la société de Travis Kalanick a muté ses voitures en Arizona, état où la législation n’exclut pas la circulation des automobiles sans pilote, telles qu’elles sont mises en place actuellement par Uber, soit avec un chauffeur sur la place conducteur afin de surveiller le bon déroulement du trajet. Mais cet exemple démontre la difficulté que génère la loi envers ces nouveaux modes de déplacement. Elle engendre des retards et entraîne des coûts supplémentaires pour la mise en œuvre des tests, élément indispensable à la mise en service de ces engins. LES PREMIÈRES MÉSAVENTURES Actuellement, nous en sommes encore aux prémices du développement des taxis autonomes. Et Uber ne peut pas échapper aux premières difficul-
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contourner une voiture garée en double file. Ces éléments négatifs obscurcissent les desseins de la marque concurrente des taxis. Car pour en arriver au stade du déploiement de plusieurs taxis autonomes au sein de la circulation publique, Uber a dû investir de manière conséquente et mettre en place toute une stratégie de développement. L’entreprise a sorti de terre un centre de construction à Carnegie-Mellon où les voitures sont testées sur des pistes. Elle a signé un partenariat avec Volvo, dont l’objectif consiste à lancer des taxis entièrement autonomes pour 2021. L’horizon est donc encore loin et la société a le temps de développer ses taxis. Il est normal que des couacs surviennent au début. Il n’en reste pas moins qu’Uber est en train de faire évoluer les mœurs concernant les taxis autonomes puisqu’il domine le secteur en le poussant du futur vers le présent.
L’opérateur peut reprendre la main à tout moment sur la conduite autonome.
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LA CALIFORNIE A INTERDIT À UBER, EN DÉCEMBRE DERNIER, DE TESTER SES VOITURES AUTONOMES,
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LES CONSIDÉRANT COMME ILLÉGALES.
Un taxi autonome Uber a grillé un feu rouge à San Francisco.
tés et aux premiers échecs. Lors des tests du lancement de sa voiture sans chauffeur à San Francisco, un véhicule de sa flotte automobile a grillé un feu rouge. Ce revers arrive en dépit des multi-
ples tests réalisés préalablement. Des difficultés avaient été rencontrées également lors du déploiement de quatre taxis autonomes à Pittsburgh en septembre 2016. Un des taxis ne parvenait pas à
UNE TECHNOLOGIE QUI MISE SUR L’AVENIR Équipés de détecteurs, de caméras, de radars capteurs ainsi que d’une intelligence artificielle, les taxis autonomes version Uber sont de véritables bijoux technologiques. Ces automobiles du futur ont pour vocation de sécuriser les transports et la circulation routière. Uber mise sur ce point ainsi que sur une baisse globale des prix des taxis. Selon lui, les voitures sans chauffeur entraîneraient une réduction des coûts de construction et donc une baisse des prix pour les clients. Également, actuellement l’offre augmente plus vite que la demande, un phénomène économique qui engendre, en théorie, une baisse des prix. Cela pourrait attirer les clients à l’avenir. Pour Uber, la réussite des voitures autonomes ne fait aucun doute. Sur le fond, il n’a pas tort et le changement sur les voies de circulation devrait arriver dans les prochaines années. L’offre apparaît bientôt prête. C’est sur la façon de sa mise en place et le délai de sa mise en œuvre qu’Uber part peut-être d’un peu loin. Les instances juridiques pourraient freiner la mise en service des véhicules sans chauffeur. Or, s’ils sont déjà construits, ils seront difficilement rentables tant qu’ils ne rentrent pas sur le marché. ■Arthur Vernassière
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© Hakuto.
Innovations du futur
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Le Google Lunar XPRIZE entre dans la phase finale Le Google Lunar XPRIZE est désormais dans la dernière ligne droite. Les cinq équipes encore en lice ont jusqu’à la fin de l’année pour effectuer le lancement de leur engin spatial à destination de la Lune.
LA DERNIÈRE ÉTAPE A COMMENCÉ Au fil des ans, certaines équipes se sont regroupées entre elles pour en former de nouvelles, d’autres ont abandonné devant la complexité de la tâche ou préféré continuer l’aventure mais en dehors de la compétition. Sur la bonne trentaine d’équipes inscrites en 2010, les 16 encore présentes en 2016 devaient obtenir un contrat de lancement et le faire valider par le jury avant le 31 décembre 2016, le lancement devant impérativement se faire au plus tard le 31 décembre 2017 pour postuler à la dernière étape. Seules cinq équipes, qui devaient être financées au minimum à 90 % par des fonds privés, ont réussi à la franchir : SpaceIL (Israël), Moon Express (USA), Synergy Moon (un consortium international), TeamIndus (Inde) et Hakuto (Japon).
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Leur challenge consistera à poser en douceur leur engin spatial sur la Lune puis parcourir une distance de 500 m et transmettre vers la Terre des images ainsi que des vidéos haute définition. La première équipe à réussir recevra un prix de 20 millions de dollars et la seconde se verra allouer une récompense de 5 millions de dollars. Par ailleurs, 5 millions de dollars seront également répartis en plusieurs prix bonus pour récompenser certains exploits comme opérer sur deux jours lunaires, parcourir plus de 5 km ou encore filmer l’un des sites d’atterrissage des missions Apollo. LES DEUX OPTIONS EN PRÉSENCE Alors que trois des équipes finalistes (Synergy Moon,TeamIndus et Hakuto) ont choisi de dévelop-
per des rovers pour parcourir la distance requise à la surface de la Lune, les deux autres (SpaceIL et Moon Express) ont préféré opter pour des atterrisseurs capables de redécoller. C’est ainsi que SpaceIL, une organisation sans but lucratif créée en 2011, a tiré parti de l’expertise technologique israélienne en matière de nano et microsatellites pour construire un petit engin spatial (de la taille d’un lave-vaisselle) intelligent et relativement peu cher. Cet atterrisseur, baptisé Sparrow, sera capable, après avoir aluni, de redécoller ensuite en utilisant le carburant restant dans son système de propulsion pour aller se poser une nouvelle fois sur le sol lunaire 500 m plus loin. L’équipe de Moon Express a choisi la même option et a donc conçu un atterrisseur lunaire, baptisé MX-1E, qui se servira d’un système de propulsion
© Moon Express.
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MX-1E de Moon Express à l’approche de sa destination.
pector a été conçu comme un « prospecteur virtuel » doté de capteurs et de deux caméras HD pour une vision stéréoscopique afin d’examiner son environnement et identifier la teneur en minéraux des roches et du régolithe lunaire. Il transportera aussi un ensemble de microrobots, qui effectueront des projets scientifiques et artistiques spécialisés. Le Cygo Cruiser, l’atterrisseur et le TubeSat aideront à assurer la communication avec le premier serveur web Internet basé sur la Lune et la technologie additionnelle destinée à la recherche scientifique.
L’atterrisseur Sparrow de SpaceIL semble tout droit sorti des magazines de science-fiction (pulp) du siècle dernier.
© SpaceIL.
Le rover lunaire de l’équipe Hakuto, un des cinq finalistes de la compétition.
pour redécoller après avoir aluni afin de parcourir la distance requise en effectuant de petits bonds. Synergy Moon est née de l’association entre InterPlanetary Ventures, Human Synergy Project et Interorbital Systems qui ont uni leurs forces pour former une équipe internationale regroupant des scientifiques et artistes de quinze pays différents. Leur choix s’est porté sur la combinaison d’un atterrisseur et de deux rovers Tesla pour tenter de mener à bien leur mission. Il est prévu qu’une fois arrivé à proximité de la Lune, le lanceur déploie le Cygo Cruiser qui libèrera un TubeSat et un atterrisseur. Ce dernier, après avoir aluni, déploiera à son tour deux rovers : le Tesla Prospector et le Tesla Surveyor. Tous deux seront capables d'effectuer des opérations autonomes, de mener des missions d'exploration tout seuls, de sauvegarder leurs observations pour une transmission ultérieure à la Terre ou de transmettre presque en temps réel des vidéos de leurs périples. Le Tesla Surveyor a été conçu comme un « véhicule d'excursion virtuelle ». Equipé de deux caméras HD pour une vision stéréoscopique, il prendra des vidéos tout au long de son voyage à la surface de la Lune. Le Tesla Pros-
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L’ÉQUIPE HAKUTO SE COMPOSE
DE PERSONNES ISSUES D’HORIZONS DIVERS : DES INGÉNIEURS D’ISPACE, DES ÉTUDIANTS DU LABORATOIRE DE ROBOTIQUE SPATIALE À L'UNIVERSITÉ DU TOHOKU AINSI QUE DE DIFFÉRENTS EXPERTS.
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TeamIndus participe à la compétition avec un petit rover tout-terrain (nom de code : ECA) doté de quatre roues motrices et alimenté par l'énergie solaire recueillie par les panneaux photovoltaïques installés sur son dos. Conçu tout en aluminium, il ne pèse qu’environ 5 kg et abritera divers instruments de pointe parmi lesquels figurent deux microcaméras de dernière génération, fournies par le CNES, qui lui permettront de se diriger et d’éviter les obstacles. L’équipe Hakuto se compose de personnes issues d’horizons divers : des ingénieurs d’ispace (une PLANÈTE ROBOTS N°45
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© Synergy Moon.
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Un des deux rovers Tesla de Synergy Moon.
start-up basée à Tokyo qui souhaite se lancer dans la prospection minière lunaire), des étudiants du laboratoire de robotique spatiale à l'université du Tohoku ainsi que de différents experts. En utilisant des produits issus du commerce pour réduire le poids de leur engin et optimiser les coûts de la mission, l'équipe a développé un petit rover d'exploration, solide et léger, qui mesure 58 cm (L x 53,60 cm l x 35,80 cm H) pour un poids de 4 kg. Sa structure est composée de matériaux CFRP (Carbon Fiber Reinforced Plastic). Ses 4 roues ont été imprimées en 3D avec de la résine ULTEM afin de pouvoir résister aux variations extrêmes de température à la surface lunaire et sont dotées de 15 lamelles, qui font office de crampons, pour leur assurer une meilleure adhérence au sol lors de leurs déplacements. Le rover a été recouvert d’une couche de téflon qui contribue à maintenir sa température intérieure stable afin de ne pas endommager ses équipements internes. Il est muni de 4 caméras HD afin de voir à 360° ainsi que d’une caméra infrarouge 3D pour l'aider à éviter les obs-
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tacles et d’une I.A. pour détecter les éventuels dangers qu’il pourrait rencontrer lors de sa mission et l’arrêter automatiquement. Il est aussi équipé de deux antennes : l’une pour les courtes distances et les ondes radio à haute vitesse (2.4 GHz), l'autre pour les longues distances (900 MHz). Les panneaux solaires positionnés de chaque côté du rover ont une inclinaison de 70° afin de leur offrir une plus grande exposition à la lumière solaire.
LES EXPÉRIMENTATIONS ANNEXES L’atterrisseur de SpaceIL, enquêtera sur le champ magnétique lunaire grâce à un équipement scientifique embarqué, le LMAG (Lunar Magnetometer), afin d’étudier la nature de ce phénomène. Cette expérimentation se fera en collaboration avec le Weizmann Institute of Science. Les différentes mesures seront effectuées lors de la mise en orbite autour de la Lune, de la phase de descente, de l’alunissage puis lors de sa mission à la surface lunaire. L’atterrisseur de Moon Express transportera
9 kg de charges utiles scientifiques et commerciales de plusieurs de ses clients. Parmi l’équipement scientifique embarqué à bord de l’atterrisseur de Synergy Moon se trouvera le premier télescope lunaire destiné à faire des observations de l'espace cislunaire. De son côté, TeamIndus a organisé le Lab2Moon, un concours international destiné aux étudiants, âgés de 14 à 25 ans, leur proposant d’imaginer, concevoir et élaborer une expérience qui permettrait de construire une vie durable sur la Lune. Ce projet devait avoir la taille maximale d’une canette de soda, peser moins de 250 g et pouvoir être connecté à l’ordinateur de bord de leur rover lunaire. Cet appel d’offres a engendré plus de 3 000 candidatures. L’équipe gagnante, parmi les 25 finalistes retenus, verra son expérience embarquée sur le rover de TeamIndus et testée sur la Lune. En plus des objectifs à remplir pour tenter de gagner le Google Lunar XPRIZE, la mission que s’est fixée l’équipe Hakuto est d'explorer, pour la première fois, des cavités dans les cratères lunaires, qui
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© TeamIndus.
SpaceIL fut la première équipe à avoir signé un accord pour lancer leur engin en direction de la Lune. — Le rover de TeamIndus a des airs de WALL-E.
sont censées être des grottes ou « des puits de lumière » dans des tubes de lave sous-jacents, ce qui pourrait conduire à faire d’importantes découvertes scientifiques sur l'histoire volcanique de la Lune mais aussi à identifier de futurs habitats servant à protéger les astronautes de l'environnement hostile de la Lune.
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L’ÉQUIPE HAKUTO SE COMPOSE
DE PERSONNES ISSUES D’HORIZONS DIVERS : DES INGÉNIEURS D’ISPACE, DES ÉTUDIANTS DU LABORATOIRE DE ROBOTIQUE SPATIALE À L'UNIVERSITÉ DU TOHOKU AINSI QUE DE DIFFÉRENTS EXPERTS.
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LES DIFFÉRENTES STRATÉGIES DE LANCEMENT SpaceIL a été la toute première équipe à avoir décroché, dès octobre 2015, sa place en finale du Google Lunar XPRIZE après avoir signé un contrat avec Spaceflight Industries pour lancer son atterrisseur dans l’espace à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX au second semestre de 2017. Moon Express a signé, en décembre 2015, un contrat avec Rocket Lab pour effectuer trois missions lunaires entre 2017 et 2020. Son atterrisseur sera donc lancé
Hakuto espère développer un service de transport à haute fréquence avec la Lune pour en extraire les ressources.
fin 2017 depuis la base de Mahia en Nouvelle-Zélande par une fusée Electron qui le placera en orbite terrestre avant qu’il ne parte en direction de la Lune. Troisième équipe à avoir obtenu son ticket pour la Lune, Synergy Moon utilisera une fusée Neptune L1000, développée par Interorbital Systems, pour envoyer son atterrisseur et ses rovers à la surface de la Lune. Elle devrait décoller depuis une plateforme amarrée sur l’océan, au large de la Californie, au second semestre 2017.
© Hakuto.
. © SpaceIL.
Le Google Lunar XPRIZE entre dans la phase finale
TeamIndus a signé un contrat avec l'ISRO (Indian Space Research Organization) en décembre dernier pour envoyer son rover à la surface lunaire dans un engin spatial de 600 kg placé dans la coiffe d’un PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle). Le lancement est prévu le 28 décembre 2017 depuis le Satish Dhawan Space Centre à Sriharikota. Le PSLV le placera en orbite à 800 km au-dessus de la Terre. L’engin spatial effectuera ensuite deux orbites autour de la Terre avant d'amorcer une manœuvre qui le propulsera vers la PLANÈTE ROBOTS N°45
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5p google Lunar XPRIZE.qxp_Mise en page 1 13/04/2017 19:54 Page5
© Hakuto.
Le Google Lunar XPRIZE entre dans la phase finale
Le rover de l’équipe Hakuto subissant ses tests sur Terre.
Lune. Arrivé à destination, il orbitera autour de la Lune trois à quatre fois avant d’entamer sa descente vers la surface où il devrait alunir à Mare Imbrium. Après avoir subi une déconvenue de dernière minute (l’abandon de la compétition de l’équipe Astrobotic), l’équipe Hakuto a passé un accord avec TeamIndus pour faire voyager leurs rovers respectifs dans le même engin spatial.
LES RÉELLES MOTIVATIONS DES FINALISTES SpaceIL espère créer « un effet Apollo » en Israël afin d’inciter la jeune génération à s'intéresser aux sciences, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques. Si cette équipe gagne le prix de 20 millions de dollars, elle s’est engagée à l’utiliser pour promouvoir la science et l'éducation scientifique dans son pays afin de continuer à entretenir sa réputation d'excellence dans ces domaines. Au-delà de la compétition du Google Lunar
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PLANETE ROBOTS N°45
XPRIZE, Moon Express souhaite, dans un premierr temps, proposer à de potentiels clients d’effectuer des missions peu coûteuses sur la Lune à des fins scientifiques et/ou commerciales. Leur ambition a de multiples facettes : exploiter les diverses ressources présentes dans le sol lunaire (or, cobalt, fer, palladium, platine, tungstène, hélium 3, eau…), démocratiser le tourisme spatial au cours de la prochaine décennie (Moon Express estime que d’ici 2026 un aller-retour sur la Lune à bord d’une de leurs navettes coûtera moins de 10 000 dollars) et, à plus long terme, permettre à des colonies humaines de vivre de façon permanente sur la Lune. Avec des groupes de travail présents dans plus de quinze pays, Synergy Moon promeut activement la coopération internationale dans le développement et l'exploration spatiale. Son objectif est d’organiser des voyages orbitaux habités ainsi que des lancements de satellites personnels mais aussi de rendre la recherche spatiale et l'exploration
du système solaire plus accessible pour les organisations et les sociétés commerciales privées. TeamIndus espère créer un engouement en Inde pour l’exploration lunaire car l’équipe pense que la Lune peut fournir les énergies du futur. Parallèlement à sa participation au Google Lunar XPRIZE, TeamIndus a démarré début 2015 deux programmes. Le premier vise à banaliser la fabrication des satellites en construisant des satellites de 150 kg, capables de transporter jusqu'à 50 kg de charge utile en orbite basse terrestre, qui pourront être vendus à toute personne désirant en lancer un. Le second concerne des avions solaires capables de rester en vol pendant longtemps. L’équipe Hakuto ambitionne, elle aussi, de pouvoir développer à plus long terme « un service de transport à haute fréquence » jusqu’à la Lune pour y extraire des ressources sur place. ■Josèphe Ghnzer
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NEWS spatiales
[ LES SITES POTENTIELS D’ATTERRISSAGE DE LA MISSION MARS 2020 ]
En 2015, une première liste de 30 sites potentiels d’atterrissage pour la mission Mars 2020 avait été établie avant d’être réduite à 8, quelque temps plus tard. Depuis février dernier, il n'en reste plus que 3 en lice : Columbia Hills, le cratère Jezero et le nord-est de la région de Syrtis Major. Ils vont maintenant être soumis à une évaluation
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© NASA/JPL – Caltech/Cornell.
Airbus Defence and Space et l’ESA ont récemment signé un nouveau contrat de 200 millions d’euros relatif au développement et à la réalisation du module de service européen (ESM) destiné à Orion, la capsule spatiale habitée de la NASA qui transportera des astronautes au-delà de l’orbite basse terrestre pour la première fois depuis la fin du programme Apollo. L’ESM, qui sera placé en dessous de la capsule habitée, fournira aux astronautes propulsion, électricité, eau et oxygène lors de leurs missions vers des destinations lointaines, au-delà de la Lune, comme Mars. L’ESM est un cylindre d’environ 4 m de diamètre et de hauteur qui est équipé des 4 panneaux solaires caractéristiques de l’ATV (19 m d’envergure, une fois les panneaux déployés) pour générer l’électricité nécessaire à bord. D’une masse totale d’un peu plus de 13 tonnes, il emportera 8,6 tonnes d’ergols qui alimenteront un moteur principal et 32 micropropulseurs. Outre sa capacité de propulsion principale, ce module de service non pressurisé effectuera des manœuvres orbitales et de contrôle d’altitude et pourra même servir à transporter du fret supplémentaire. ◗
© Airbus DS GmbH 2017.
[ AIRBUS DS A SIGNÉ AVEC L’ESA UN CONTRAT POUR LA CONSTRUCTION DU 2E MODULE DE SERVICE DE LA CAPSULE SPATIALE ORION ]
Le site du cratère Gusey, photographié ici par le rover Spirit, est un lieu approprié pour une exploration approfondie par Mars 2020.
plus poussée afin de déterminer celui qui sera choisi au final. Columbia Hills est un ensemble de collines basses situées à l’intérieur du cratère Gusev, qui a déjà été exploré par le rover Spirit entre 2004 et 2010. Les données envoyées par celui-ci ont montré que des sources hydrothermales y ont jadis coulé et que des inondations avaient pu former un lac peu profond à Gusev dans un très lointain passé. Le cratère Jezero a été rempli par de l’eau à au moins deux reprises, il y a environ 3,5 milliards d’années, et y a formé un lac. À partir des données recueillies par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter, les scientifiques ont vu la preuve que de l'eau a transporté des minéraux argileux de la région environnante dans le cratère après que le lac se soit asséché. Une vie microbienne
pourrait donc y avoir vécu pendant une ou plusieurs de ces périodes humides. Si tel est le cas, des signes de leurs restes pourraient être trouvés dans les couches argileuses. Le nord-est de la région de Syrtis Major, qui est un énorme volcan bouclier situé à l'intérieur d'un bassin d'impact, a jadis été réchauffé par une activité volcanique. Des sources chaudes souterraines y ont coulé et fait fondre la glace de surface. Des micro-organismes pourraient donc y avoir prospéré dans le passé. ◗
[ LA MISSION DE LA NASA À DESTINATION D’EUROPE EST ENTRÉE DANS UNE NOUVELLE PHASE ]
La mission de la NASA, baptisée en interne Europa Clipper, qui aura pour but d’examiner l'habitabilité de l'océan d’Europe, la lune glacée de Jupiter, a
récemment franchi un nouveau cap dans son développement en entrant dans la phase de conception préliminaire. Après avoir préalablement effectué la sélection des dix instruments qui équiperont la sonde d’exploration, la prochaine phase, qui se déroulera jusqu’en septembre 2018, sera consacrée à l'étude préliminaire de la conception des systèmes et sous-systèmes, à la poursuite des tests de plusieurs équipements ainsi qu’à la sélection des divers fournisseurs. Le lancement de cette mission est prévu dans les années 2020 avec une arrivée dans le système de Jupiter après un voyage de plusieurs années. La partie scientifique devrait comporter 45 survols d'Europe, à différentes distances, sur une période d’environ trois ans au cours desquels la sonde
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Spatiales
© ESA/Roscosmos.
© NASA/JPL – Caltech.
[ DES ALGUES ONT SURVÉCU À LA CHALEUR, AU FROID ET AUX RADIATIONS COSMIQUES DE L’ESPACE ]
prendra des photos en haute résolution de la surface glacée d’Europe et enquêtera sur sa composition ainsi que sur sa structure interne. L’objectif de cette mission sera triple :
rechercher la vie ou des biosignatures sur Europe, définir son habitabilité par l'analyse des dépôts en surface et caractériser les propriétés de sa surface pour une connaissance
approfondie du terrain en vue de missions ultérieures d'exploration robotique. Par la suite, un atterrisseur pourrait y être envoyé dans les années 2030. ◗
Dans le cadre d’une expérience effectuée par des biologistes de l'Institut Fraunhofer pour la thérapie cellulaire et immunologie IZI en coopération avec des partenaires allemands et internationaux, deux souches d’algues (une algue verte Sphaerocystis sp, originaire des eaux de l’archipel des Svalbard en Norvège, et une cyanobactérie Nostoc sp, qu’on trouve habituellement dans les glaces de l’Antarctique) ont passé deux ans sur l’ISS dont seize mois à l’extérieur et elles ont survécu malgré les variations extrêmes de température, le vide spatial, les rayonnements UV (UVA, UVB et UVC) ainsi qu’aux radiations cosmiques auxquelles elles ont été confrontées. Elles avaient été légèrement desséchées puis installées sur un plateau fixé à l’extérieur de l’ISS et n’étaient protégées du vide que par un filtre neutre réduisant les effets des radiations. Dans les jours qui ont suivi leur retour sur Terre, elles se sont remises à vivre normalement. Les chercheurs vont maintenant étudier leur A.D.N. pour déterminer s’il a été endommagé ou pas et, si tel est le cas, dans quelle mesure. Les résultats de cette expérimentation devraient servir aux futures missions humaines à destination de Mars où la production d’aliments sur place sera essentielle pour la survie des astronautes. Les algues produisent de l'oxygène et des protéines ce qui serait une bonne source de nourriture en utilisant des souches résistantes qui pourraient être cultivées dans des serres spécifiques ou des tentes semitransparentes. Cela pourrait également déboucher sur des applications industrielles notamment dans les secteurs alimentaire et cosmétique. ◗
par Josèphe Ghenzer
PLANÈTE ROBOTS N°45
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2p news gadgets45.qxp_Mise en page 1 13/04/2017 00:01 Page1
NEWS gadgets d’exploitation reste Android mais propose dans ce cas une interface fenêtrée proche d’un Chrome OS.
Prix : 150 €
[ SHADOW ] UNE GAMME DE POÊLES CONNECTÉES POUR NE PLUS RATER SES SAUCES !
Après plus de 2 ans de développement, le Shadow arrive enfin. Cela consiste en un PC haut de gamme entièrement alimenté par le Cloud, qui se renouvellera régulièrement pour être toujours au top des technologies. Actuellement, la configuration correspond à un Xeon 6 cœurs, une NVIDIA GTX 1070, 12 Go de RAM et 256 Go de SSD. L’offre est réservée aux utilisateurs de la fibre pour en garantir les performances. En plus d’un miniboîtier à installer chez vous pour accéder au service, Shadow est disponible par le biais de n’importe quel ordinateur ou smartphone. À vous, la joie de jouer au dernier jeu PC sur une tablette, façon Nintendo Switch.
[ WINK ] LE GUIDON DE VÉLO CONNECTÉ, TROIS EN UN
Conçu par une start-up française Velco, le guidon connecté Wink permet de suivre son vélo volé, en temps réel par le biais du GPS. Une notification est émise sur le smartphone de l'utilisateur qui peut tenter de le retrouver, seul ou accompagné des forces de l’ordre. Wink peut aussi guider le cycliste de façon intuitive. En rentrant une destination dans son smartphone, l’utilisateur n’a plus qu’à suivre les indications lumineuses sur son guidon. Il possède aussi de puissants phares à utiliser, de jour comme de nuit. Prix : 150 €
Prix : À partir de 30 € par mois
[ DEX STATION ] POUR TRANSFORMER SON GALAXY S8 EN VÉRITABLE MICRO-ORDINATEUR DE BUREAU
Malheureusement réservé au dernier smartphone haut de gamme de Samsung, le Dex Station n’en reste pas moins attrayant. Ce petit boîtier est au smartphone coréen ce que le Dock est à la Nintendo Switch. Quand vous y placez votre smartphone, celui-ci se transforme en ordinateur de bureau. Il peut se brancher à un écran 4K (HDMI) et propose deux ports USB 2.0 et un port Ethernet 100 Mbps. Le système
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[ LEGO BOOST ] UN NOUVEAU KIT POUR S’INITIER À LA ROBOTIQUE ET À LA PROGRAMMATION
LEGO s’apprête à commercialiser LEGO BOOST, un kit dédié à la robotique qui a pour objectif d'apprendre les bases de la programmation aux enfants dès 7 ans. Ils pourront animer leurs constructions à distance via une application dédiée pour smartphone ou tablette (iOS ou Android) qui leur indiquera, étape par étape, la marche à suivre, les commandes s’effectuant par le biais d’un système de couleurs différentes pour les actions à programmer (vert pour le mouvement, violet pour les fonctions audio, bleu pour les actions), d’icônes sans texte et
d’un placement horizontal du code, de gauche à droite. Le coffret comprend 840 pièces, un Move Hub (avec deux moteurs intégrés, ports d’entrée/sortie et capteur de mouvement), un capteur de distance/couleurs et un moteur équipé d'un tachymètre. Il sera ainsi possible d’assembler et programmer cinq modèles différents: Vernie le robot (qui bouge et parle), Frankie le chat (qui joue, ronronne et exprime son humeur), la Guitar 4000 (un instrument de musique avec divers effets sonores), le Multi-Tool Rover 4 (un robuste rover équipé de 4 outils différents) et l’AutoBuilder capable d’assembler tout seul d’autres créations avec des briques LEGO. Le kit sera disponible dès le mois d'août 2017, au prix de 160 dollars.
Prix : 160 $ (environ 150 €)
[ PEBBY ] UN ROBOT BOULE POUR JOUER AVEC SON ANIMAL À DISTANCE
Les possesseurs du Sphero pourront le dire, une boule pilotée depuis son smartphone, c’est très amusant pour faire faire du sport à son animal de compagnie. Mais le Pebby va plus loin. Celui-ci peut être piloté à distance, via Internet et le wi-fi de la maison. Pebby embarque une caméra qui filme (720p) et prend des photos pour les renvoyer sur le smartphone distant. Utilisable 12 heures d’affilée, le robot possède également un hautparleur pour appeler son animal et une vision nocturne. Enfin, le robot est livré avec un collier qui récupère des données sur la santé de votre animal et vous les envoie sur votre smartphone. Prix : 180 $ (170 €) en précommande sur Kickstarter
[ HUSHME ] POUR TÉLÉPHONER EN TOUTE DISCRÉTION… ENFIN PRESQUE
Vous êtes dans une bibliothèque ou dans un train où les conversations téléphoniques sont interdites et plutôt très mal vues. Or, vous devez absolument prendre l’appel. Hushme vient à votre rescousse. Il est à la bouche ce qu’est l’écouteur à l’oreille. C’est une sorte de gros collier qui vient se clipser sur votre bouche pour pouvoir parler, en toute discrétion. Le son de votre voix ne perturbera pas vos voisins, il ne sera renvoyé que vers le micro qui y est intégré. Par contre, la discrétion n’est pas à 100 % car sa forme rappelle les respirateurs des masques de plongée et son usager se fait tout de suite remarquer. Mais les premiers casques pour Walkman dans les années 1980 ne faisaient pas passer leurs utilisateurs pour des extraterrestres? Prix : 250 $ (environ 235 €)
[ AIRSELFIE ] UN MINIDRONE QUI SE RANGE DANS LA COQUE D’UN SMARTPHONE
AirSelfie est un minidrone destiné à la prise de selfies aériens aussi bien à l’intérieur qu’en extérieur. Il vole grâce à 4 hélices placées dans une coque en aluminium anodisé et peut monter jusqu’à 20 m de hauteur. Il embarque une caméra 5 MP capable de filmer en HD (1280 x 720 px) à 30 fps.
2p news gadgets45.qxp_Mise en page 1 13/04/2017 00:01 Page2
Gadgets Il est équipé d’un système d’absorption des vibrations et d’un stabilisateur de vol qui garantit de ne pas avoir de photos floues. Il suffit de le sortir de son étui et de l’allumer. Il se connecte automatiquement à la plupart des smartphones via le wi-fi et il est prêt à décoller. On le contrôle via une appli gratuite (iOS et Android) qu’il suffit de télécharger et qui propose 3 modes de vol différents. Il revient à son point de départ manuellement ou automatiquement. Il est équipé d’une fonction qui permet de retarder le déclenchement de la prise de vue de 10 secondes pour qu’il se mette en position et que l’utilisateur ait le temps de cacher son smartphone pour qu’il n’apparaisse pas sur la photo. Il peut prendre 8 photos d’affilée qui peuvent être stockées dans les 4 Go de sa mémoire puis transférées ensuite sur les réseaux sociaux. Il mesure 9,45 cm (L x 6,74 cm l x 1,06 cm H) et ne pèse que 61 g ce qui permet de le ranger aisément dans sa coque adaptée faisant aussi office de Dock de recharge. Prix : 250 €
[ OFI ] OBJET CONNECTÉ POUR CONTRÔLER L’EAU DE LA PISCINE
La société Asamgo a développé Ofi, pour « Objet flottant intelligent », un nouvel objet lumineux et connecté qui flotte à la surface du bassin et analyse en temps réel la qualité de l’eau. Ce système complet permet de gérer à distance et de contrôler en continu les paramètres de l’eau. L'utilisateur peut aussi être automatiquement alerté dès qu’une anomalie est détectée. Il a alors accès à des conseils sur
les actions d’entretien à mener, grâce à une application. Prix : 380 €
[ EKKO ] UN MIROIR CONNECTÉ
Créé par Miliboo, EKKO est avant tout un miroir mais celuici possède en plus des fonctions connectées, utilisées par le biais d’un écran qui s’illumine au besoin en lieu et place du miroir. EKKO permet un accès plurimédia personnalisé en fonction des goûts de l’utilisateur : vidéo, musique, radio, actualités, heure, date, météo, etc. Chaque membre de la famille peut avoir son profil d’utilisateur. Des capteurs permettent une navigation facile sans avoir à toucher le miroir.
haut-parleurs ainsi que de la connectivité wi-fi et Bluetooth. Il fonctionne avec le service IFTTT afin de pouvoir interagir avec les appareils connectés. Il se déplace dans la maison sans effort sur ses roues tout en évitant les obstacles et en surmontant l’irrégularité des différents types de sols, grâce à une série de capteurs. Grâce à son système de cartographie 3D, il connaît la configuration de la maison, l’emplacement des escaliers et la fonction de chaque pièce. Grâce à sa reconnaissance vocale, on peut le commander à la voix mais il est aussi possible de le contrôler via une appli dédiée compatible iOS et Android. Il répond aux questions avec des expressions faciales, des mouvements de tête et divers bips. Il dispose d’une autonomie de 2 h et se rend de lui-même à sa station de recharge lorsqu’il en a besoin. Il sera disponible aux USA en fin d’année au prix de 699 dollars. Prix : 700 $ (environ 660 €)
Prix : 400 €
[ KURI ] UN ROBOT COMPAGNON DE PLUS
Kuri est un robot compagnon au design épuré, conçu par Mayfield Robotics, pour améliorer la vie à la maison. Il mesure 50 cm de haut pour un poids d’un peu plus de 6 kg. Ses yeux expressifs abritent deux caméras de 1080p, servant à prendre des photos ou des vidéos HD, mais qui lui permettent aussi de reconnaître les membres de la famille et de surveiller ce qui se passe dans la maison en leur absence. Il est doté de 4 microphones, 2
[ PONG PROJECT ] UNE TABLE BASSE AVEC PONG MÉCANIQUE INTÉGRÉ
À la fin des années 1970, la borne d’arcade Pong a changé la face du monde en propulsant Atari et le jeu vidéo sur le devant de la scène. Aujourd’hui, c’est à travers une version, non plus électronique, mais mécanique, que ce célèbre jeu vidéo revient. Reprenant le fameux logo Atari, en forme du Mont Fuji, le jeu est retranscrit ici physiquement par de vraies raquettes et une balle très pixelisées. La balle est ainsi devenue un cube qui se déplace sur votre table, mu par des moteurs intégrés. Le design, même s’il reprend les canons des années 70 a tout à
fait sa place dans un mobilier moderne. Prix : 1 100 $ (1 040 €) en précommande sur Kickstarter
[ POWERAY ] UN ROBOT SOUS-MARIN DESTINÉ À RÉVOLUTIONNER LA PÊCHE DE LOISIR
PowerVision a conçu PowerRay, un robot sous-marin doté de fonctionnalités novatrices, qui est destiné à révolutionner la pêche de loisir (en eau douce, salée ou sous la glace) et propose une exploration des fonds marins aux amateurs de la discipline. Il peut plonger jusqu’à 30 m sous l'eau. Grâce à son système de sonar Fishfinder, il est capable de détecter les poissons jusqu'à 40 m au-dessous de lui (rendant ainsi la profondeur totale de la plongée jusqu'à 70 m) avec une précision de 10 cm et de les appâter avec un leurre lumineux. Avec sa caméra embarquée 4K UHD dotée d’un objectif grand-angle 100°, il peut prendre des vidéos MP4 à 30fps ainsi que des photos en rafale à 5fps en 12 mégapixels, que son utilisateur pourra regarder en temps réel via une connexion wi-fi et son application dédiée. Il peut aussi fournir diverses infos (température de l’eau, profondeur, vitesse…) et envoyer une alerte quand des poissons s’approchent. Il se contrôle jusqu’à une distance de 80 m avec un joystick, un smartphone ou une tablette et même avec un casque VR, les mouvements de la tête servant alors à le diriger. Il peut aussi embarquer avec lui le fil de la canne à pêche afin de larguer l'appât au bon moment avec une grande précision. Son autonomie est de 4 h. Prix : NC
Par Screetch
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NEWS concepts
QUADRO, UN DRONE PERSONNEL
Et si les drones prenaient encore plus de place dans nos vies. C’est l’idée des designers de Quadro. Ce drone quadricoptère pourrait devancer son propriétaire de quelques dizaines de centimètres dans la rue, reprenant sa place à chaque changement de direction. Une caméra 360° située au-dessus du drone filmera à la demande. Une perche munie d’un crochet sera accrochée au drone de façon à reprendre le drone en toute sécurité ou bien pour accrocher un sac. Les actions sont pilotées depuis le smartphone. Designers : Phiaro Corporation & Ryohei Ikebe
modulable doté d’un mode de conduite autonome. Une simple pression sur le volant suffit pour qu’il se replie dans le cockpit et faire passer l’I.D. BUZZ du mode manuel au mode autonome I.D. Pilot (envisageable d’ici 2025). Le conducteur pourra alors faire pivoter son siège de 180° pour se retrouver face à ses passagers. Des scanners laser, des capteurs à ultrasons, des capteurs radar, les caméras du système Area View et une caméra avant se chargeront de surveiller l’environnement. D’autres données du trafic seront aussi reçues via le Cloud. En mode manuel, l’affichage tête haute projettera des infos en utilisant la réalité augmentée et le volant est équipé d’un pavé tactile capacitif servant à commander l’essentiel de ses fonctionnalités. L’I.D. BUZZ est aussi équipé d’une console centrale modulable avec tablette et d’enceintes Bluetooth Beats. Designers : Volkswagen
Sa forme sphérique favorise la distribution ainsi que la gestion des paquets tout en minimisant le risque de turbulences pour les drones qui sont en vol. Le centre de logistique se situerait dans les niveaux inférieurs tandis que les niveaux supérieurs seraient destinés à des laboratoires de recherche et développement. La partie habitable serait d’une superficie de 7 100 m2. Sa conception globale modulaire, composée de 12 niveaux, pourra être étendue ou modifiée indépendamment de l'ensemble. Le hangar à drones sera basé sur des systèmes de stockage industriel et pourra être modifié en fonction des besoins. On pourra aussi y inclure un ensemble de boîtes postales capables d'accueillir les livraisons aussi bien individuelles que collectives. Quant aux portes du hangar, elles seront équipées de panneaux solaires afin de couvrir une grande partie de la demande en énergie du bâtiment. Designer : Saúl Ajuria Fernandez
UNE PROTHÈSE DE DRONEPORT URBAIN POUR ACCUEILLIR LES DRONES DE LIVRAISON
LE NOUVEAU CONCEPT DE MONOSPACE ÉLECTRIQUE DE VOLKSWAGEN
L’I.D. BUZZ est un concept de monospace électrique qui conjugue leur légendaire Combi avec le futur du tout électrique. Ce confortable véhicule polyvalent à transmission intégrale et zéro émission est basé sur la nouvelle plateforme modulaire pour véhicules électriques. Il dispose de 2 coffres et d’une flexibilité maximale permettant d’accueillir jusqu’à 8 personnes. Son autonomie atteint 600 km et il reçoit son énergie par induction ou à une borne de charge. C’est le 1er monospace électrique
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PLANÈTE ROBOTS N°45
Pour anticiper les besoins de transport et d'infrastructures que va entraîner l’accroissement des achats en ligne, l'architecte espagnol Saúl Ajuria Fernandez a imaginé l’idée d’un « droneport » urbain servant à centraliser les livraisons de colis par drone, qui serait implanté à Madrid, dans une zone désaffectée au niveau d’un échangeur autoroutier. Les plans du « droneport » incluent à fois l'architecture nécessaire et les infrastructures de soutien pour que la ville s’adapte à ce nouveau système de livraison.
UNE ÎLE ARTIFICIELLE POUR PRODUIRE DE L’ÉNERGIE VERTE
Deux entreprises, Energinet et TenneT ont présenté un projet d’île artificielle de 6 km² qui pourrait être construite sur le Dogger Bank, un grand banc de sable située en mer du Nord, où le fond marin n’est plus qu’à une moyenne de 20 mètres. Cette île serait le siège d’un parc éolien marin de 7 000 unités ainsi que d’une grande quantité de panneaux solaires. Cette île pourrait fournir de l’énergie verte pour 80 millions d’Européens. Les deux entreprises sont en cours de financement (1,2 milliard d’euros au minimum) et
espèrent avoir les accords des états européens concernés. Le projet est censé devenir opérationnel en 2050. Designers : Energinet et TenneT
LES ÉMIRATS ARABES UNIS ONT POUR PROJET DE CONSTRUIRE UNE VILLE SUR MARS
Alors que les Émirats arabes unis ont créé leur agence spatiale il y a seulement trois ans et qu’ils ont déjà prévu d’envoyer une sonde à destination de Mars en juillet 2020, ils ont aussi récemment dévoilé un autre projet, baptisé mars 2117, dont l’objectif est de construire une ville futuriste autonome sur la planète rouge d’ici un siècle. Dans les cinq prochaines années, une équipe de scientifiques émiratis sera chargée d’élaborer un plan détaillé qui abordera tous les aspects technologiques, logistiques et techniques du projet, comme la mise au point de moyens de transport plus rapides pour se rendre sur Mars, la construction de maisons ainsi que la production d'énergie et de nourriture. Par la suite, ils espèrent aussi pouvoir collaborer avec des scientifiques du monde entier afin d’accélérer cet ambitieux projet. Ce plan devrait également servir à assurer la formation des futures générations, qui prendront le relais, afin de développer leurs capacités dans les domaines de la recherche, de l'intelligence artificielle, de la robotique et des technologies spatiales de pointe. Designers : Dubaï Media Office
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NEWS médias
Essai [ DES ROBOTS ET DES HOMMES – MYTHES, FANTASMES ET RÉALITÉ ]
Les robots nous fascinent et cristallisent notre peur d'être un jour dominés, voire même supplantés par eux. Leur irruption dans notre quotidien nécessite une réflexion éthique. Si les robots apprennent seuls comme des enfants, il faudrait les programmer avec des valeurs morales ainsi que des règles de vie en société et contrôler leur apprentissage. En imaginant des solutions pragmatiques combinant avancées technologiques et réflexions philosophiques, cet ouvrage explique, à partir des mythes et fantasmes qui les entourent, l'intelligence artificielle des robots et propose pour préparer l’avenir que ces futurs compagnons empathiques suivent des commandements éthiques. L’auteur illustre son propos à l'aide de récits de fiction se déroulant dans un avenir proche et montrant l'impact sociétal que les robots auront sur nos sociétés. Auteur : Laurence Devillers – Éditeur : Plon – Déjà paru
Essai [ PENSER L'HUMAIN AU TEMPS DE L'HOMME AUGMENTÉ ]
Les progrès fulgurants des biotechnologies, combinés à la révolution des technologies de l’information, laissent entrevoir un avenir radicalement différent pour l’humanité. L’homme cybernétique, le « transhumain », pourra-t-il vraiment sauver l’homme ou cette révolution annoncée doitelle susciter nos pires craintes ? À travers la critique de l’argumentaire transhumaniste, qui est fondée sur une conception appauvrie de ce qui fait l’humain, l’auteur nous invite à porter un nouveau regard sur notre humble condition. Que restera-t-il encore de l’homme quand on pourra remplacer tous ses organes par des machines intelligentes, voire transférer son psychisme ? Auteur : Thierry Magnin – Éditeur : Albin Michel – Déjà paru
Document [ L'AVENTURE ROSETTA ]
Le 12 novembre 2014, après un voyage de 10 ans dans le système solaire, le robot Philae se posait sur la comète 67P/C-G. Les résultats scientifiques obtenus grâce aux instruments embarqués par Philae ainsi que ceux de la sonde Rosetta, qui a accompagné pendant plus de 2 ans la comète autour du Soleil, ont permis de faire des avancées dans la compréhension des débuts du système solaire. Pendant plus de 3 ans, les auteurs ont suivi
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les principaux protagonistes de la mission pendant les phases les plus critiques. Cet ouvrage raconte les 25 années de cette mission, depuis la naissance de l’idée jusqu’à l’achèvement de sa partie spatiale, lorsque la sonde Rosetta a rejoint Philae à la surface de la comète. Il est aussi agrémenté de schémas, d’infographies et de nombreuses photographies ainsi que de textes riches en informations inédites, euxmêmes complétés par de courts encarts pédagogiques. Auteurs : Cécile Dumas, Jean-Christophe Ribot – Éditeur : Glénat – Collection : Beaux Livres – Déjà paru
Roman [ DANS LA GOOGLE DU LOUP ]
Ce livre, qui est à la fois un roman d'anticipation et une démonstration rigoureuse, explore les différents domaines dans lesquels la célèbre multinationale a, petit à petit, massivement investi via les diverses sociétés et brevets qu’elle a rachetés ces dernières années : collecte et exploitation de nos données personnelles à notre insu, transhumanisme et lutte contre la mort, intelligence artificielle, robotique, voitures autonomes, élaboration de médicaments bioélectroniques, manipulation génétique… Pour mieux illustrer son propos, l’auteur intercale dans les faits réels présentés des passages fictionnels montrant ce à quoi pourrait bien nous conduire le « meilleur des mondes » tel que Google semble le concevoir pour nous dans un futur proche si nous ne l’arrêtons pas avant. Auteur : Christine Kerdellant – Éditeur : Plon – Déjà paru
Roman [ LE VIVANT ]
Dans un lointain futur, la posthumanité a créé une société parfaite de très précisément trois milliards d'individus éternels, connectés entre eux via des implants ainsi qu’à un réseau commun « Le vivant », l'entité qui les englobe et veille sur eux. La mort n’y existe plus car dès qu’un individu est « mis sur pause », son code génétique renaît dans un nouveau corps. Ce monde qui se veut être le meilleur possible ne peut tolérer ni altération, ni addition. Pourtant un jour une anomalie se produit dans ce système réputé infaillible avec la naissance de Zéro, un humain sans code. Ce trois milliards et unième individu, absent des banques de données, n’est la réincarnation de personne. Mais puisque Zéro vit, il faut bien l'intégrer. Placé sous étroite surveillance, il devra trouver des réponses sur son identité dans ce monde réputé parfait. Sera-t-il rejeté comme un greffon impossible?
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médias d’empathie. En 2040, Stephen R. Chinn purge sa peine pour avoir conçu des poupées dotées d’une conscience si performante qu’elles ont anéanti les relations sociales entre les adolescents de toute une génération. À travers les siècles, ces cinq voix s’entremêlent et retracent la création de l’I.A. ainsi que ses dérives. Ce roman plonge le lecteur au cœur d’un futur proche où les robots sont plus sensibles que leurs créateurs, posant une question essentielle: qu’est-ce qu’être humain? Auteur : Louisa Hall – Éditeur : Gallimard – Déjà paru
BD [ MARS HORIZON ]
L’équipage de la mission Mars Horizon va devoir implanter la 1ère installation humaine sur la planète rouge et être capable de parer aux impondérables. Le vaisseau cargo contenant une serre et un chargement de cyanobactéries congelées, qui doivent servir à cultiver leur nourriture et à fabriquer toutes sortes de choses (médicaments, carburant, biomatériaux…), est bien arrivé sur Mars une semaine avant l’équipage mais s’est malheureusement posé à 520 km de la base, en raison d’un problème technique. Ces pionniers sont psychiatre, médecin, ingénieur, pilote ou encore botaniste mais comment réagirontils à 150 millions de km de la Terre sur cette magnifique et dangereuse planète ? Scénariste : Florence Porcel – Illustrateur : Erwann Surcouf – Éditeur : Delcourt – Déjà paru
DVD/BR [ ROGUE ONE : UNE HISTOIRE DE STAR WARS ]
Ou agira-t-il comme un virus en contaminant tout le corps, à son insu? Auteur : Anna Starobinets – Éditeur : Pocket – Déjà paru
Roman [ RÊVES DE MACHINES ]
En 1663, à bord du navire qui la conduit en Amérique, Mary Bradford rencontre l’époux à qui ses parents la destinent. En 1928, Alan Turing planche sur le fonctionnement du cerveau et de l’esprit humain. En 1968, Karl Dettman crée le logiciel de discussion MARY et son épouse aimerait qu’il le dote d’une mémoire mais il s’y refuse, pressentant les risques d’une telle invention. En 2035, la petite Gaby s’est vu confisquer le robot avec lequel elle avait noué des liens privilégiés et ne communique plus qu’avec MARY3, désormais pourvu de souvenirs et
La sortie vidéo de Rogue One: A Star Wars Story est l'occasion de découvrir l'envers de son décor. À travers différents modules immersifs et de nombreux bonus, les fans découvriront les coulisses de la production, des secrets de fabrication ainsi que des interviews exclusives avec les acteurs et l'équipe du film. Parmi les bonus figurent entre autres: l'idée de départ, Jyn: la rebelle, Cassian: l'espion, K-2SO: le droïde, Baze & Chirrut: les gardiens des Whills, Bodhi & Saw: le pilote et le révolutionnaire, l'Empire ou la rencontre avec le méchant le plus iconique de tous les temps, vision d'espoir: l'environnement visuel de Rogue One, la Princesse et le Gouverneur, l'histoire continue, les connexions ou les bonus cachés permettant de connecter Rogue One à l'univers de Star Wars. Le film est disponible en DVD, Blu-Ray, Blu-Ray 3D, achat digital et vidéo à la demande. Sortie en salles le 3 mai
Par Josèphe Ghenzer
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NEWS cinéma
[ ALIEN : COVENANT LE CHEMIN DU PARADIS COMMENCE EN ENFER ]
Alien : Covenant est le 1er film d'une trilogie destinée à faire le lien entre Prometheus et Alien, le huitième passager. Son action se déroule 10 ans après celle de Prometheus. Alien : Covenant devrait commencer à répondre à certaines questions mais en redevenant plus horrifique, puisqu’on y verra des aliens sous différentes formes et à divers stades de mutation (œufs, facehugger, backburster, néomorphe, xénomorphe…). créature géante ? D’où venait-elle ? Quelle était sa mission ? Quelles technologies son espèce maîtrisait-elle ? C’est pourquoi les scientifiques embarqués à bord du vaisseau Prometheus étaient partis à destination de LV-223, l'un des satellites de la planète LV-426, pour tenter d’en apprendre plus sur la création de l’humanité. À la fin du film, le Dr Elisabeth Shaw, la seule survivante humaine de l’expédition, quittait LV-223 pour se rendre sur la planète des Ingénieurs dans le but de comprendre leurs intentions car elle était persuadée qu’ils avaient pu être les créateurs de la vie sur Terre, il y a de cela des milliards d’années. Pour entreprendre ce nouveau périple, elle n’avait plus désormais comme unique compagnon de voyage que la tête décapitée mais toujours fonctionnelle de l’androïde David.
David, un des deux androïdes du film.
EN QUÊTE DU PARADIS PERDU L’univers de la saga avait laissé de côté le Space Jockey dont on n’avait brièvement aperçu qu’une silhouette fossilisée, au
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thorax ouvert, dans Alien, le huitième passager. L’idée de départ de Prometheus consistait à revenir en arrière pour tenter d’en percer le mystère : qui était cette
LE NOUVEL APPEL DE DÉTRESSE Le Covenant est un vaisseau d’exploration, envoyé par Weyland-Yutani pour effectuer la 1ère mission de colonisation de grande envergure au fin fond de la galaxie. Les colons ont été sélectionnés non seulement en fonction de leurs domaines de compétence mais aussi en tant que couples afin de pouvoir peupler un nouveau monde. En route vers leur lointaine destination, le Covenant capte un mystérieux appel de détresse. Un petit groupe de membres de l’équipage, accompagné de quelques gardes armés pour assurer leur sécurité, embarque à bord d’une navette pour aller voir de quoi il retourne. Après avoir traversé une épaisse brume, ils atterrissent sur une planète avec de magnifiques paysages qui, à première vue, semble être un paradis mais qui ne va pas tarder à se révéler être un véritable enfer après que certains
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cinéma l’anéantissement de l’équipage du Prometheus. Au cours de la décennie qui s’est écoulée entre Prometheus et Alien : Covenant, David (qui a retrouvé un corps) n’a subi aucune maintenance et ses qualités humaines n’ont cessé d’augmenter. Livré à lui-même sur la planète des Ingénieurs, il y a installé un laboratoire et a poursuivi ses sinistres expériences.
Alien : Covenant, préquelle à la célèbre série de films centrée sur le xénomorphe.
d’entre eux aient été infectés par de mystérieux spores tandis que d’autres se retrouvent face à des œufs d’Alien. Ce monde sombre et dangereux, qui cache une terrible menace, a pour seul habitant David, l’androïde de l'expédition Prometheus qui avait survécu au massacre. Ils vont alors tout tenter pour s’en échapper.
DAVID N’EN FAIT QU’À SA TÊTE David, l’androïde qui accompagnait l’équipage du Prometheus, faisait partie de la 8e génération d'avancement cybernétique conçue par Weyland Industries. Ce modèle de David 8 avait été réinventé, remodelé et amené à la vie avec une meilleure performance technologique, intellectuelle, physique et émotionnelle que jamais. Avec son nouveau niveau de 99 % de sensibilité émotionnelle, il pouvait sans problème entrer dans n’importe quel
environnement et effectuer une authentique interaction humaine. Il était capable de comprendre et de répondre de façon appropriée aux signaux émotionnels les plus complexes ou aux commandes verbales les plus subtiles. Il disposait de sérieuses compétences dans les domaines industriel, financier, scientifique et médical, et pouvait aussi instantanément en acquérir dans presque tous les autres domaines. Il était poli, expérimenté, efficace et de loin l’être cybernétique ressemblant à un humain le plus avancé sur le marché. Le problème c’est que David voulait être reconnu pour sa brillante intelligence qui le fait se sentir supérieur aux humains mais les autres membres de l’équipage l’ont ignoré ce qui l’a contrarié. Son ego surdimensionné et son insatiable curiosité ont ensuite été à l’origine des tragiques événements ayant engendré
WALTER, LE PARFAIT COMPAGNON Dans Alien : Covenant, Michael Fassbender reprend non seulement son rôle de David mais interprète aussi celui de Walter, un nouvel androïde chargé d’accompagner l’équipage du Covenant dans sa mission d’exploration. Bien que David et Walter se ressemblent physiquement comme deux gouttes d’eau, leur conception est différente. David etait une version antérieure de Walter, une sorte de prototype dont les émotions humaines fabriquées avaient mal évolué. Walter en est donc une version améliorée dont l'objectif est de répondre aux besoins de ses utilisateurs afin de les servir plus comme un robot perfectionné, dépouillé de toutes les caractéristiques humaines (sans ego, vanité ou orgueil). En attendant la sortie d’Alien: Covenant sur les écrans, une opération de marketing viral fait la promotion de Walter, sous la forme d’un court-métrage, intitulé Meet Walter et réalisé par Luke Scott (le fils de Ridley Scott), qui montre la façon dont ce nouveau modèle d’androïde a été conçu. On y voit deux employés de Weyland-Yutani (société fictive de la saga Alien) qui assemblent les différents éléments qui composent Walter: un squelette en polycarbonate imprimé en 3D, un système musculaire fabriqué avec les derniers matériaux polymères réactifs, des organes internes composés de cerveaux électrochimiques, un cerveau électrochimique « turbo-stimulé » par un processeur neuronal AMD alimenté par la technologie SenseMi, le tout étant recouvert d’une membrane de peau. Ce court-métrage a été élaboré en collaboration avec AMD, société (bien réelle) qui a récemment lancé son processeur Ryzen SenseMI et a présenté fin 2016 Radeon Instinct, une suite d’hardware et de software, destinée à optimiser l'apprentissage machine et des applications de deep learning: comme quoi la réalité pourrait bien, un jour ou l’autre, rejoindre la fiction.
Par Josèphe Ghenzer
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NEWS jeux video
THE SURGE
[ THE SURGE ]
The Surge est un action-RPG dont l’intrigue se déroule dans un futur proche dystopique au cœur du gigantesque complexe industriel de CREO, une société qui tente d’inverser les effets du réchauffement climatique. Le joueur incarne Warren, un nouvel employé de la société à qui on vient de greffer une interface neurale reliant son cerveau à l'exosquelette qu’on lui a posé pour travailler. À la suite d’une catastrophe qui vient de se produire dans le complexe principal de CREO, la plupart des travailleurs sont morts ou devenus fous et les machines (robots et drones) sont devenues incontrôlables. L’interface neurale de Warren lui permettra d’alimenter des implants récupérés tout au long du jeu aussi bien sur ses ennemis que dans son environnement. Il va devoir explorer les moindres recoins du complexe tout en détruisant les différentes menaces humaines et robotiques, qui se mettront en travers de son chemin, afin de comprendre ce qui a bien pu se passer. Son exosquelette peut être modifié avec des pièces récupérées sur ses ennemis afin de spécialiser le style de jeu. Avec sa force surhumaine, Warren peut manipuler des armes énormes capables d'infliger de lourds dégâts à ses ennemis mais aussi l’aider à survivre aux différents dangers de son environnement hostile. Le jeu met en avant des
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mécaniques de combat innovantes, un système de progression original et un système de loot qui fait table rase de l'aléatoire et récompense les décisions prises par le joueur pendant les combats. ◗ Développeur : Deck 13 Interactive – Éditeur : Focus Home Interactive – Disponible en mai sur PS4, PS4 Pro, Xbox One et PC
[ STATE OF MIND ]
State of Mind est un jeu d'aventures à la 3e personne qui traite du transhumanisme et dont l’action alterne entre deux mondes : une réalité dystopique et un monde utopique virtuel. Berlin en 2048, les ressources sont devenues rares, la surpopulation, la guerre, la digitalisation avancée et la surveillance gouvernementale tout comme la robotique et la cybertechnologie semblent annoncer une catastrophe globale. Les robots humanoïdes réclament d’avoir des droits tandis que les militaires tentent de créer la vie artificielle. Dans ce monde dystopique, Richard Nolan, un journaliste et père de famille, tente de survivre avec sa famille. La solution à tous les problèmes semble être un nouveau monde virtuel où les personnes, après avoir téléchargé leur esprit, peuvent vivre dans un endroit paisible appelé CITY 5. Au cours du téléchargement de son esprit, quelque chose se passe mal et
THE SURGE
Nolan existe désormais dans les deux mondes : dans le monde réel de Berlin et aussi dans le monde virtuel mais dans une version incomplète de lui-même. Il va alors tenter de réunir sa version virtuelle et sa famille mais il va réaliser que cela ne va pas seulement l’affecter lui mais aussi le futur de toute l’humanité. State of Mind est surtout axé sur la narration et propose des STATE OF MIND
STATE OF MIND
choix multiples de dialogues qui influencent le cours du jeu. Le joueur a la possibilité d’incarner plusieurs personnages dans les deux mondes. ◗ Éditeur et développeur : Daedalic Entertainment – Disponible au 1er trimestre sur PC, Mac, PS4, Xbox One et Switch.
par Josèphe Ghenzer
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www.samsung.com/fr/galaxys8 Unbox your phone : Libérez votre smartphone. DAS tête Galaxy S8+ : 0,260 W/kg, DAS tête Galaxy S8 : 0,315 W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifique des appareils mobiles) quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg. L’utilisation d’un kit mains libres est recommandée. Samsung Electronics France - CS2003 - 1 rue Fructidor - 93484 Saint-Ouen Cedex. RCS Bobigny 334 367 497. SAS au capital de 27 000 000 €. Visuel non contractuel. Écran simulé.
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