PLANÈTE
ROBOTS
couverture 51.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 14:22 Page1
CINÉMA LE DESTIN DE HAN SOLO
MAI - JUIN 2018 - NUMÉRO 51
LE MAGAZINE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
UN ROBOT STORMTROOPER CHEZ UBTECH
PAL ROBOTICS LE SPÉCIALISTE ESPAGNOL DE L'HUMANOÏDE
NOTRE DOSSIER
SERONT AUTONOMES ET PARTAGÉES
planeterobots.com
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2040 : NOS VOITURES FALCON HEAVY une révolution astronautique
21 ANECDOTES insolites sur la robotique
DES ROBOTS médicaments à avaler ?
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1p edito51.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 02:26 Page1
« Savez-vous quel est le point commun entre un robot et une sauce napolitaine ? J'ose à peine le dire tellement c'est nul. Ils sont tous les deux automates. »
Philippe Geluck (humoriste) – Le Chat, Tome 1 - 2002
é di t o Les robots se sont emparés de notre imaginaire puis de nos chaînes de montage. Depuis quelques temps, ce sont les maisons qui accueillent les robots, mais aussi les objets connectés, la réalité virtuelle et l’impression 3D. Plus important encore que les robots, ce sont les intelligences artificielles qui se multiplient dans les foyers à travers Google Home ou Alexa. Cela peut sembler anecdotique, peut-être des services soumis à une mode. Mais, même s’ils disparaissaient sous cette forme après que les utilisateurs les aient rangés dans un placard, ils réapparaîtraient sous une forme très vite et cette fois-ci pour de bon. Il est grand temps de s’intéresser à l’attitude à avoir face à ces nouvelles entités, dans un corps de machine ou témoin virtuel. Elles vont devenir des collègues, des majordomes, des confidents, voire même des amis ou des amoureux. Il se pourrait qu’il y ait des dérives, il y en a même déjà avec les robots militaires. Planète Robots désire entrer dans le débat en intégrant une nouvelle collaboratrice dans nos pages, Nathalie Nevejans, maître de conférence en droit et éthique de la robotique. Nathalie a déjà publié de nombreux articles et ouvrages scientifiques et sera, sans aucun doute, une recrue importante dans l’équipe. Afin de préparer chacune de ses interventions, elle proposera un sondage avec une unique question sur le site PlaneteRobots.com tous les deux mois. Elle basera l’écriture de sa chronique sur les réponses reçues. La question sera posée à la fin de chaque article précédent. N’hésitez pas à donner votre avis. Retrouvez-là à partir de ce numéro en page 16. En vous souhaitant une très bonne lecture ! ■Frédéric
Boisdron
PLANÈTE ROBOTS N°51
I02-03
1p sommaire51.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 14:45 Page1
S o mm aire
Mai / juin 2018 - N° 51
08 Robots News
ÇA VIENT DE SORTIR
48 Sensing Labs
ROBOTS DE SERVICE
Tout ce qu’il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique.
14 Le droit des robots
Les robots et la justice, quels enjeux ?
16 Éthique et robotique
Un robot doit-il obéir à l'humain ?
Des capteurs communicants multifonctions.
52 Des microrobots biocompatibles pour une médecine moins invasive
18 Artistes & Robots, des œuvres à la pointe de la technologie !
Une exposition à découvrir au Grand Palais jusqu’au 9 juillet prochain.
22 Coupe de France de Robotique et la finale Eurobot 2018
Deux compétitions en une à La Roche-sur-Yon.
DOSSIER : 21 ANECDOTES INSOLITES SUR LA ROBOTIQUE
24 Anecdotes insolites sur la robotique
Découvrez 21 anecdotes à raconter même aux non-initiés à la robotique.
34 La voiture autonome s'impose
La voiture individuelle va laisser la place aux véhicules autonomes partagés.
44 Les voitures s’autonomisent
Le nouveau membre robot de la famille.
82 SpaceX a franchi une nouvelle étape
Une société espagnole spécialisée dans les robots humanoïdes.
RECHERCHE ROBOTIQUE
55 IBM travaille sur le plus petit ordinateur du monde
Un millimètre de côté seulement !
ROBOTS AU TRAVAIL
62 MDP
Fournisseur de motorisation de précision pour les AGV.
64 Qu’est-ce qu’un robot industriel ? Quelques notions à redéfinir.
ROBOTS LUDIQUES
dans les villes
68 Le robot Stormtrooper de UBTECH
Le constructeur chinois mise sur une grosse licence du cinéma pour vendre un petit robot.
avec Navya
Les voitures de la start-up lyonnaise sont déjà utilisées de par le monde.
Planète Robots Édité par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédacteur en chef Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com
04-05
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PLANÈTE ROBOTS N°51
78 Zac
Et si avaler des microrobots pour se soigner devenait courant ?
56 Le robot Jibo
DOSSIER : LES VOITURES AUTONOMES EN 2040
L’explosion des possibles.
INNOVATIONS DU FUTUR
58 PAL Robotics
ÉVÉNEMENTS
72 Machine learning
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Rédacteurs Lionel Alvergnas, Me Alain Bensoussan, Alain Clapaud, Nicolas Denis, Aurélie Gallois, Josèphe Ghenzer, Darine Habchi, Régis Legris, Nathalie Nevejeans, Joe Pillow, Screetch, Richard Seltrecht, Arthur Vernassière et Nicolas Vimard. Secrétaire de rédaction Louise Santonnax Direction artistique Patrick Lusinchi Publicité contact@planeterobots.com +33 (0)146 250 525 © 2018 Les Éditions d'Acamar
Le majordome connecté avec reconnaissance vocale.
La Falcon Heavy devient le lanceur spatial le plus puissant du marché.
86 News spatiales
L’espace est un nid pour les nouvelles technologies robotiques.
88 Pyra
Le retour du concept de l’ordiphone !
90 News gadgets
Notre sélection de gadgets qui ont retenu notre attention.
92 News concepts
Pas encore des produits, mais des designs dignes d’intérêt.
ROBOTS & MÉDIAS
94 News médias
Quelques idées de lecture ou de cinéma.
96 Cinéma : Solo
Le destin de Han Solo.
98 News jeux vidéo
Les robots sont les nouveaux héros des jeux vidéo.
Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0418K90181 Imprimé en Italie La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com
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C O N V E N T I O N D ’A F F A I R E S P R O F E S S I O N N E L L E #robomeetings
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Days
6p news51.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 00:13 Page1
actualités
L’Inria et le CNRS développent des robots d’exploration pour la mission ScanPyramids
© Inria – ScanPyramids.
Une flotte de robots pour étudier nos océans
Grâce à la combinaison de diverses techniques, les chercheurs des différentes équipes de la mission ScanPyramids ont détecté la présence de plusieurs cavités, jusqu’alors inconnues, dans la pyramide de Khéops. Une cavité d'environ 9 m2, située sur son arête nord-est, a été repérée par des télescopes déployés à l'extérieur par le CEA tandis qu’une autre, située derrière les chevrons visibles sur sa face nord, a été détectée par une technique de muographie, mise au point par l’équipe de l’université de Nagoya, mais la plus étonnante découverte est celle d'une cavité d’environ 30 m de long, située juste au-dessus de la grande galerie entre 60 et 70 m de hauteur. Pour tenter de percer leur mystère, l’Inria et l’Institut des sciences du mouvement du CNRS développent deux robots minimalement invasifs capables de se faufiler dans un conduit de 3,5 cm de diamètre pour explorer ces cavités difficiles d'accès. Le premier sera chargé d’effectuer une reconnaissance préliminaire. Pour cela, il sera équipé d'une caméra haute résolution et d’un puissant éclairage pour fournir un premier aperçu de la cavité. Le deuxième sera replié afin de se glisser dans le même conduit et se déploiera, une fois arrivé dans la cavité, pour prendre la forme d’un robot gonflable dirigeable, doté de divers capteurs et d’une I.A., lui permettant de cartographier et d’explorer les lieux plus en détail avant de revenir jusqu’à sa station d'accueil. ◗
© Segway Robotics.
Un gyropode qui se transforme en robot compagnon
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PLANÈTE ROBOTS N°51
© Elisha Wood-Charlson / University of Hawaii.
ROBOTS
Trois sous-marins autonomes ont été déployés au large de l’archipel d’Hawaï. Ils vont faire chacun près de 1 000 km et étudieront leur environnement à chaque instant grâce à de nombreux capteurs : température de l’eau, composition chimique, teneur en chlorophylle, etc. Ils vont principalement étudier les phytoplanctons, responsables de 50 % de la production de l’oxygène de notre atmosphère. La robotique va nous permettre de mieux connaître nos océans pour qui nous n’avons guère plus de données que pour le sol de la planète Mars. ◗
Conçu par Segway Robotics, Loomo est un gyropode hybride, qui pèse 19 kg, sur lequel on peut se déplacer à une vitesse de pointe de 18 km/h sur une vingtaine de kilomètres avec une stabilité assurée par gyroscope et des virages qui se négocient en appuyant avec l’intérieur des genoux sur son axe vertical. Lorsqu’on en descend, son module supérieur pivote et Loomo se transforme alors en un petit robot compagnon de 65 cm de haut qui peut suivre son propriétaire de manière autonome à la vitesse de 7 km/h, prendre des photos à la demande et assurer des missions de présence ou de surveillance grâce à sa fonction « avatar » sur son application dédiée. Il intègre un processeur quadricœur Intel Atom Z8750 avec 4 Go de mémoire vive et 64 Go de stockage interne. Il est équipé d’un écran LCD (4,5 pouces), d’une caméra 1080p et de divers capteurs pour se déplacer en évitant les obstacles ainsi que de micros pour la reconnaissance vocale. Sa caméra Intel RealSense lui permet d’opérer des algorithmes de reconnaissance de formes ou de signaler la présence d’obstacles et d’effectuer la détection de la profondeur, la reconnaissance faciale et le suivi de personnes. Ses fonctions intelligentes lui confèrent une personnalité. Il dispose d’une autonomie de deux heures, en mode gyropode, et de neuf heures, en mode robot. Il devrait être commercialisé en mai. ◗
2p juridique51.qxp_Mise en page 1 09/04/2018 21:31 Page1
Le Droit des robots
LES ROBOTS
ET LA JUSTICE, QUELS ENJEUX ?
L’I.A. au service du droit pose de nombreuses questions à l’heure de la justice prédictive.
Mais ces nouveaux outils n’iront pas plus loin que des outils préparatoires.
JUSTICE PRÉDICTIVE OU CONTENTIEUX PRÉDICTIF ? « On ne sait prévoir que des répétitions et comprendre, c'est dégager le quelque chose qui se répète » disait Antoine de Saint-Exupéry (Carnets, 1953). Ces mots ont une résonance particulière à l’heure des algorithmes et de l’I.A. Avec l’Open Data judiciaire (Open Law) et la construction d’algorithmes de prédiction, la justice prédictive est bien en route. La loi 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique dite « loi Lemaire » a fait entrer dans notre droit positif, de mise à disposition du public à titre gratuit de la totalité des décisions « anonymisées » rendues par les juridictions judiciaires, ouvrant ainsi la voie à la justice prédictive.
Mais plutôt que de justice prédictive, ne serait-il pas plus exact de parler de « contentieux prédictif » ? Car en réalité, il est plutôt question de systèmes logiciels censés prévoir une décision de justice, que de rendre la justice (1). Les outils prédictifs servent avant tout à informer les parties sur l’issue possible d’une action en justice. Mieux informés, ils peuvent ainsi orienter leur stratégie judiciaire, voire se diriger vers la voie de la solution amiable (transaction, conciliation ou médiation).
RATIONALISER UNE STRATÉGIE JUDICIAIRE Les bases de données publiques de jurisprudence mises à disposition du public sur le site Légifrance ou le site data.gouv.fr (2), couplées au développement de moteurs de recherche et des plateformes I.A. permettent aujourd’hui de déterminer les tendances de la jurisprudence et à terme, de prédire les décisions à venir. La compilation des contentieux résolus par les cours et les tribunaux, passée au tamis
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AVEC L’OPEN DATA JUDICIAIRE (OPEN LAW)
ET LA CONSTRUCTION D’ALGORITHMES DE PRÉDICTION, LA JUSTICE PRÉDICTIVE EST BIEN EN ROUTE.
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”
Nous parlons ici de justice prédictive, mais nous sommes encore très loin d’un scénario à la Minority Report.
2p ethique51.qxp_Mise en page 1 09/04/2018 22:06 Page1
Éthique et robotique UN ROBOT
DOIT-IL OBÉIR À L'HUMAIN ?
Quel est le point commun entre Bill Gates, Elon Musk et Stephen Hawking? Tous ont mis en garde l’humanité depuis 2015 contre les risques de domination – ou pire d’éradication – que ferait courir une super intelligence artificielle. Pour éviter de perdre le contrôle de nos machines, doit-on exiger qu’un robot obéisse coûte que coûte à l’humain? Sachant que « LA » bonne réponse n’existe pas, seule une réflexion éthique pourra nous guider dans ce contexte d’incertitude. Il s’agira alors de faire la balance entre des valeurs parfois opposées.
AUX SOURCES DE LA PEUR DES ROBOTS… La peur des robots est solidement ancrée en nous, puisqu’elle remonte culturellement au Golem. Cette créature magique en argile sans intelligence mise au service de l’homme préfigure des questions posées aujourd’hui par les robots en Occident, spécialement du rapport de l’homme à sa création. La légende veut qu’au XVIe siècle, la ville de Prague faillit être détruite par le Golem sur lequel le rabbin Laew avait perdu le contrôle. La crainte du Golem incontrôlable a été reprise par la littérature sous des versions modernisées, à commencer par Mary Shelley dans Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) qui invente un monstre qui se venge de son créateur. On la retrouve aussi à travers tout le cinéma, avec en tête le film 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (1968) où l’ordinateur HAL 9000 refuse d’obéir à l’homme et prend le contrôle du vaisseau spatial.
DÉCISION HUMAINE VERSUS DÉCISION DU ROBOT… OU COMMENT GARDER LE CONTRÔLE SUR LA MACHINE Cette peur de la création qui se retourne contre son créateur se pose aujourd’hui autrement : elle interroge l’homme sur la maîtrise de sa technologie. Il est donc prévisible qu’au sondage Planète Robots sur la question « Pensez-vous qu'un robot doive obéir à l'humain ? », les répondants estiment à 18 % que le robot doit absolument obéir à l’homme, sans aucune exception possible. Pour eux, le robot est notre outil et sa désobéissance marquerait une perte de contrôle sur lui. Or, notre libre arbitre et notre liberté constituent des valeurs essentielles à préserver, à tel point qu’il est possible de saisir le juge quand la liberté est menacée. Au nom de cette liberté personnelle, un robot ne devrait jamais pouvoir décider à
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PLANÈTE ROBOTS N°51
L’intelligence artificielle HAL 9000 désobéit aux ordres directs des passagers de la mission Discovery One, dans le film 2001, l'Odyssée de l'espace.
notre place ou nous imposer un comportement, sinon cela voudrait dire qu’une machine pourrait remettre en cause les décisions humaines. Nous serions alors déresponsabilisés, voire dépossédés de notre capacité décisionnelle. Si on prend l’exemple d’un robot d’assistance à la personne, il serait impensable qu’il puisse forcer une personne à manger si elle n’en avait pas envie.
DÉSOBÉIR POUR NOUS PROTÉGER ? QUAND LES LOIS D’ASIMOV SONT INSUFFISANTES… Pourrait-il exister des cas où le robot devrait désobéir ? C’est une certitude pour 77, 5 % des répondants au sondage. Certains concepteurs de fauteuils roulants robotisés envisagent d’autoriser leur système
à refuser de suivre un ordre qui pourrait mettre en danger la vie de l’utilisateur, comme avancer vers un précipice. S’agitil alors d’appliquer la première des Lois d’Asimov selon laquelle « un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni permettre, en restant passif, qu’un être humain soit exposé au danger ». Rappelons simplement qu’Isaac Asimov était un écrivain de science-fiction. Même si le terme « lois » donne l’impression que ces lois répondent à de nombreuses questions en robotique, ceux qui ont lu Le Cycle des robots se souviennent qu’il s’agit surtout d’une astuce littéraire spécialement créée pour pouvoir générer des ambiguïtés et donc de bonnes histoires. Les Lois d’Asimov ne peuvent donc utilement servir pour répondre à notre question éthique.
Événements
4p expo-artistes.qxp_Mise en page 1 09/04/2018 18:55 Page1
Artistes & Robots, des œuvres à la pointe de la technologie ! Une exposition à découvrir au Grand Palais jusqu’au 9 juillet prochain. QUAND L’ART, L’INFORMATIQUE ET LA ROBOTIQUE FUSIONNENT… L’exposition Artistes & Robots, dont une première version avait déjà été présentée au Centre d’art contemporain d’Astana en 2017, se tient actuellement au Grand Palais. Elle regroupe une trentaine d’installations artistiques, réalisées ces quarante dernières années, par des artistes utilisant des programmes robotiques intelligents et créatifs, qui produisent des formes inédites donnant à voir et à penser. Conviant le public à expérimenter des œuvres tournées vers l’avenir, l’exposition convoque tous nos sens et toutes nos facultés physiques et cérébrales. Elle ouvre la porte à des mondes virtuels, immersifs
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PLANÈTE ROBOTS N°51
et interactifs, bouleversant notre sensibilité et notre rapport au corps, à l’espace et au temps. À l’heure de la révolution robotique, les artistes s’emparent des nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle afin de questionner notre existence, notre rapport aux machines et la condition de l’œuvre d’art : sa production, son exposition, sa diffusion, sa réception, sa conservation, etc. Les œuvres contemporaines, de Michael Hansmeyer à ORLAN, côtoient les œuvres visionnaires de Tinguely, Schöffer, Molnar, Xenakis, et bien d’autres. Leurs interrogations autour du statut de l’œuvre d’art robotique sont multiples, à savoir qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’une œuvre ? Que peut bien faire un robot que ne peut pas faire
un artiste ? S’il est doté d’une intelligence artificielle, un robot peut-il être doté d’imagination ? Est-il en capacité de décider, de créer ? Si tel est le cas, comment détermine-t-il que sa création est terminée ? Une multitude d’autres questions sont soulevées à travers le parcours en trois séquences qui est proposé et qui se révèle être un véritable voyage initiatique dans le futur de la création contemporaine internationale. UN PARCOURS EN TROIS SÉQUENCES 1. LA MACHINE À CRÉER Dans la première séquence sont présentées des œuvres d’art faites par des machines, elles-mêmes inventées par des artistes. Les robots créateurs se
Dossier 21 anecdotes insolites sur la robotique
4p Anecdotes.qxp_Mise en page 1 09/04/2018 19:11 Page1
21 anecdotes insolites sur la robotique L’histoire de la robotique n’a que quelques décennies mais déjà, de nombreuses anecdotes originales, parfois connues, d’autres moins, émanent de cet univers. Nous en avons compilé un petit nombre dans ce dossier. LE MOT ROBOT EST NÉ DANS UNE PIÈCE DE THÉÂTRE C’est en 1920 que le tchécoslovaque Karel Čapek écrit la pièce de théâtre Rossum's Universal Robots (R.U.R.) qui sera jouée pour la première fois à Prague en 1921. Contrairement à la croyance populaire, c’est Josef Čapek, le frère de Karel Čapek qui inventa le mot « robot » à partir du tchèque « robota » qui signifie « corvée ». La pièce met en scène des humanoïdes mécanisés, dénués de sensibilité afin de servir les humains. Ces robots R.U.R. se révoltent dans l’usine même où ils sont construits et veulent prendre leur revanche sur les humains. UN AUTOMATE, ORIGINE D’UN CANULAR Au XVIIIe siècle, les automates s’apprêtaient à vivre
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PLANÈTE ROBOTS N°51
leur âge d’or. De nombreux automates à travers le monde impressionnaient les badauds dans les foires. En 1770, le baron Johann Wolfgang von Kempelen, un inventeur slovaque présentait un automate des plus ambitieux, le Turc Mécanique. Celui-ci représentait un personnage assis derrière un gros meuble sur lequel était posé un échiquier. L’automate était censé pouvoir affronter un adversaire humain sur le problème du cavalier, un exercice mathématique utilisant le déplacement des cavaliers sur un échiquier. Une trappe dévoilait un mécanisme précis qui impressionnait ses visiteurs. Le Turc Mécanique a été présenté jusqu’en 1854 comme automate, mais dès 1820 des soupçons de canular ont commencé à apparaître. En effet, un joueur humain se logeait dans un autre compartiment et pilotait le personnage comme une marionnette.
WABOT-1, UN ROBOT HUMANOÏDE TRÈS EN AVANCE SUR SON TEMPS Les premiers robots humanoïdes bipèdes fonctionnels ne sont pas si nouveaux que cela. En 1973, à l’université Waseda de Tokyo, Wabot-1 fut le premier du genre. Il fut mis au point par le laboratoire du professeur Takanishi. De la taille d’un humain, ce robot était capable de marcher sur ses deux jambes, une première, de saisir et porter des objets dans ses mains munies de capteurs tactiles, d’évaluer les distances et de communiquer en japonais. LES ROBOTS AIBO ONT DROIT À DES RITES FUNÉRAIRES RELIGIEUX Au Japon, certains propriétaires d’Aibo, les robots chiens de Sony, sont tellement attachés à leur ani-
Dossier Les voitures autonomes en 2040
9p voiture2040.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 00:43 Page1
La voiture autonome s'impose dans les villes
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La poussée démographique dans les villes mais aussi les contraintes environnementales vont radialement changer la manière dont on va se déplacer en 2040. La voiture individuelle va laisser la place aux véhicules autonomes de tous types et l'autopartage va devenir la norme.
e brouillard est maintenant levé sur Sao Paulo. Un avion privé décolle verticalement du toit de l'une des tours du quartier d'affaires. Le ciel est dégagé, il va pouvoir emporter le P.D.G. d'une multinationale vers les États-Unis. Dans les rues, l'activité est fébrile. Des milliers de modules de transport individuels se pressent dans les avenues. Au milieu du grouillement de ces petits véhicules autonomes circulent des modules de transport pour une dizaine de personnes, quelques voitures autonomes et, au-dessus d'eux, les bus automatiques à grande capacité. En 2040, contrairement au futur décrit dans Retour vers le futur 2, le ciel des grandes métropoles mondiales n'est toujours pas sillonné de voitures volantes. Plusieurs projets tels que ceux d'Aeromobil et de Terrafugia ont donné lieu à plusieurs générations de voi-
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PLANÈTE ROBOTS N°51
tures volantes mais ceux-ci ne se sont pas imposés. La Terrafugia TF-X, avec ses rotors électriques basculants a montré la voie, mais en dépit de ses qualités, en 2040, les ventes de ses dérivées sont encore faibles. D'une part, la voiture volante électrique s'est montrée bien moins performante que les avions à décollage vertical et les hélicoptères haute-performance qui ont gardé la préférence des hommes d'affaires. En outre, les restrictions de survol des centres urbains ont limité l'utilisation de ces voitures. Seuls quelques passionnés les utilisent encore en ces temps où l'énergie est comptée et l'empreinte carbone des moyens de transport lourdement taxée. UN VÉHICULE AUTONOME POUR TOUS ! La voiture volante ne s'est pas imposée en 2040 mais cette époque marque l'avènement de la voiture
autonome. Tous les véhicules commercialisés disposent désormais non seulement d'un mode de conduite autonome mais, pour l'essentiel du marché, ceux-ci sont désormais dépourvus de tout volant. Dans les années 2010, les experts s'accordaient sur une diffusion de la voiture autonome par phase successive. Cinq phases sont décrites par le cabinet d'études KPMG. Ses analyses ont prévu dans un premier temps l'arrivée du régulateur de vitesse, des systèmes d'alerte en cas de franchissement de ligne ou de détection de véhicule dans l'angle mort et encore des dispositifs de parking automatique en 2010. En 2015, ces systèmes étaient rejoints par le régulateur de vitesse adaptatif qui ajuste la vitesse au véhicule qui précède le maintien automatique de la voie de circulation sur autoroute et enfin le freinage d'urgence. Les premiers dispositifs de communication entre véhicules devaient faire leur apparition
Dossier Les voitures autonomes en 2040
4p Navya.qxp_Mise en page 1 10/04/2018 00:48 Page1
Les voitures s’autonomisent
U
avec Navya
L’entreprise lyonnaise Navya développe et conçoit des véhicules électriques et autonomes. Ses réalisations, l’Autonom Cabs et la navette Shuttle, sont d’ores et déjà utilisées de par le monde et devraient poursuivre leur développement cette année.
n paysage urbain fluide, non embouteillé, et disposant d’un air agréable et apaisant. Une utopie ? Pas forcément. Comme nous le faisons souvent à Planète Robots, partons à la découverte de ces nombreuses entreprises innovantes qui se concentrent sur les technologies vertes et d’avenir. Navya, une jeune société implantée à Lyon et Paris fait partie de ces start-up engagées vers le développement durable. « On est concepteur de nouvelles technologies pour les véhicules électriques et autonomes. Nous sommes les seuls présents sur le marché à proposer deux véhicules autonomes différents et 100 % électriques », assure Nicolas de Cremiers, directeur marketing de Navya. Ancrée dans son secteur, la
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PLANÈTE ROBOTS N°51
firme française est en constant développement et participe à la croissance du marché dont elle appartient. « Navya a été fondée en 2014 et notre premier véhicule autonome fut lancé en 2015. On était quelques-uns au démarrage, aujourd’hui nous sommes plus de deux cents collaborateurs », s’enthousiasme-t-il. LA NAVETTE SHUTTLE La première création de Navya se nomme Navette Shuttle. Lancée depuis 2015, cette navette est déployée aux quatre coins du globe. On peut l’apercevoir à Lyon, à Sion en Suisse, à Perth en Australie et à Paris. Elles sont aussi testées sur des sites privés à Tokyo, dans le Michigan aux États-Unis, à Singapour, à Christchurch en Nouvelle-Zélande ainsi
qu’à Hong-Kong. Elle se positionne sur le secteur des transports en commun et détient comme objectif de densifier les réseaux des villes. « Le Shuttle sera utile pour le premier et le dernier kilomètre. Aujourd’hui, on utilise la voiture surtout pour réaliser 20 % de son trajet, notamment afin de rallier le premier point de transport en commun. Généralement ces 20 % sont très longs dans la durée. On vient ainsi compléter l’offre de transport actuel », explique Nicolas De Cremiers. Concrètement, la volonté consiste à desservir les lieux excentrés où aucun point de transport, métro et tramway notamment n’existe. En guise d’exemple, cette navette roule dans le quartier de Confluence, dans le 2e arrondissement de Lyon. Sur place, la navette Shuttle appelée Navly, pour
Robots de service
4p PAL Robotics.qxp_Mise en page 1 09/04/2018 22:51 Page1
PAL Robotics
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une société espagnole spécialisée dans les robots humanoïdes
La société PAL Robotics basée à Barcelone, imagine, conçoit et fabrique des robots humanoïdes depuis bientôt une quinzaine d’années. Vous en connaissez sûrement certains, la famille REEM par exemple, dont certains modèles sont déjà passés dans les pages de votre magazine préféré, ou encore par leur présence régulière sur des salons. Mais découvrons plus en détail cette entreprise catalane et toute sa gamme de robots.
’
aventure de PAL Robotics a commencé en 2004, cette entreprise a été créée par quatre ingénieurs passionnés de robotique. Ils se sont fixés comme mission de créer des robots de service pour améliorer la qualité de vie de notre société en résolvant les problèmes de tous les jours. Ils croient dans le fait que la robotique de service peut vraiment faire la différence dans notre vie quotidienne en collaborant avec les humains, pour les aider dans les tâches domestiques par exemple, mais aussi pour augmenter l'efficacité des processus industriels. Depuis leurs débuts, ils se sont toujours concen-
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PLANÈTE ROBOTS N°51
trés sur des robots mobiles de type humanoïde. Leur société a grandi et compte maintenant plus d’une trentaine d’ingénieurs et de développeurs. Ils font également partie du groupe émirati PAL Technologies qui appartient au Royal Group (à Abu Dhabi, Émirats arabes unis). Faisons un tour d’horizon de toute leur offre robotique et son évolution au fil des années.
LA GRANDE FAMILLE DES ROBOTS DE PAL ROBOTICS Ils ont trois principaux robots autonomes et humanoïdes, les modèles REEM, REEM-C et TALOS, ainsi que deux autres modèles de robots mobiles aux fonctions plus spécifiques (PMB-2 et StockBot).
Pour finir, il y a également le robot TIAGo qui se situe entre ces deux catégories car il a une base mobile à roues multidirectionnelles et un seul bras, mais équipé d’une main à cinq doigts. De plus, leurs robots sont modifiables et modulaires à souhait, fabriqués sur-mesure dans leur usine de Barcelone et prévus pour être adaptés aux besoins de leurs utilisateurs. La famille des REEM était à l'origine une plateforme pour la recherche. Les premiers prototypes REEM-A (dès 2005 !) et REEM-B (en 2008) se firent remarquer à l'époque avec des caractéristiques déjà bien avancées : des robots bipèdes capables de se déplacer, de se repérer dans leur environnement et même de monter des marches.
Robots au travail
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Qu’est-ce qu’un
C
robot industriel ?
Suite à de nombreuses demandes de nos lecteurs, la robotique industrielle devrait prendre un peu plus de place dans notre magazine dans les prochains mois. Nous considérons que la frontière entre robotique de service et robotique industrielle est en passe d’être de plus en plus ténue, les deux univers reprenant les codes l’un de l’autre. Dans cet article, nous allons revenir un peu sur les bases de la robotique industrielle.
ontrairement à la croyance populaire, les premiers robots n’étaient pas industriels. L'Anglais Grey Walter présenta en 1949 ses « tortues », Elmer et Elsie. Ces deux robots autonomes se déplaçaient sur trois roues et s'appelaient officiellement Machina Speculatrix car ils semblaient aimer explorer leur environnement. Elmer et Elsie étaient équipés d'un senseur de lumière. Dès qu'ils repéraient une source lumineuse, ils la rejoignaient en évitant ou en déplaçant les obstacles qui gênaient leur progression. Ils démontrèrent que des ordres complexes pouvaient être répartis en tâches plus simples. Ces robots
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étaient capables d'aller se recharger quand la batterie donnait des signes de fatigue. Dès 1946, les travaux de Pierre Bézier (qui a également donné son nom à la célèbre courbe mathématique) l’on conduit à créer la machine de transfert, un automate qui optimisait les lignes de fabrication des Renault 4 CV, permettant un rythme soutenu de fabrication de trois cents véhicules par jour. L’automate moderne était né, mais pas encore le robot. George Devol, après avoir créé le premier robot programmable en 1954, puis une machine à hot dog automatique, rejoignit Joseph Engelberger pour créer Unimation en 1956, la première société
de robotique de l'histoire. Unimation exploita ainsi commercialement, dès 1961, le premier robot industriel créé par Devol durant la décennie précédente, l’Unimate. Celui-ci imposa le principe du bras robotisé. Il était en fait le descendant direct des télémanipulateurs développés pour les besoins du nucléaire. General Motors fut le premier client, ce qui lui permit d'automatiser certaines tâches sur les lignes d'assemblage. L’HUMAIN PRIS EN EXEMPLE Ayant copié l’ingéniosité de la nature, un bras robotique possède de nombreuses analogies avec nos propres bras. Le robot possède une épaule qui
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sert de socle. Un bras y est attaché et asservi de deux axes pouvant tourner et se lever. Afin de faire le lien entre le bras et l’avant-bras, comme pour notre coude, deux axes de liberté supplémentaires y sont placés. Ensuite, le poignet sert de liaison entre le préhenseur et l’avant-bras, et propose également deux derniers axes. Enfin, le préhenseur permet au robot de pouvoir attraper et manipuler un objet. La plupart des robots industriels possèdent six degrés de liberté dont trois axes pour le positionnement et trois axes pour l’orientation. Leur espace de travail se calcule en fonction de la longueur totale du bras déplié dans toutes les directions, for-
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AYANT COPIÉ
L’INGÉNIOSITÉ DE LA NATURE, UN BRAS ROBOTIQUE POSSÈDE DE NOMBREUSES ANALOGIES AVEC NOS PROPRES BRAS.
Une chaîne de montage industrielle moderne.
Bras Fanuc R-2000iA, équipé d’un système de soudage à distance par scanner laser HiYAG.
© Kuka.
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mant une espèce de dôme. À cela s’ajoute le poids des outils ou des pièces transportés. Un robot à vide aura un espace de travail plus conséquent qu’un robot portant une lourde charge à bout de bras. Contrairement à l’humain qui possède un préhenseur généraliste qui doit s’adapter à toutes les situations, le robot est équipé de préhenseurs adaptés à chaque tâche. Cela va de la pince à deux ou trois doigts, à la ventouse en passant par des systèmes magnétiques. Le préhenseur peut luimême tenir un outil comme un poste à soudure. Un préhenseur peut comporter des capteurs de contact ou de pression afin de manipuler avec précision et délicatesse. En plus de copier la mécanique de nos bras, le bras robotique reprend également nos sens. Une ou plusieurs caméras permettent au robot de voir les objets qu’il manipule. D’autres capteurs sensibles à la lumière, au contact ou aux mouvements complètent des sens largement plus aiguisés et plus rapides que les nôtres. Les actionneurs sont la partie opérative du robot. Ce sont eux qui ont une incidence physique sur son environnement. Un moteur est un actionneur puisqu’il déplace le bras sur lui-même ou dans une certaine direction. La pince qui attrape un objet en est un autre. Comme un bras humain n’est rien sans un cerveau qui lui donne des ordres, un robot a besoin de son contrôleur. Celui-ci se présente comme une petite armoire informatique reliée directement au robot. C’est lui qui reçoit les informations des capteurs, PLANÈTE ROBOTS N°51
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