Planète Robots numéro 7

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PLANÈTE

ROBOTS

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O R M AT F U A E V U NO JANVIER - FÉVRIER 2011 - NUMÉRO 7

N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

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ROBOT WORLD EN CORÉE

LES ROBOTS COLONISENT LA TERRE MURATA

LE ROBOT ÉQUILIBRISTE

LES NANOROBOTS Des implants dans VOTRE CORPS

DORAEMON

plus célèbre que Mickey et Mario

LA VOITURE ÉLECTRIQUE ReVe OU ? AR M e H C U CA HOMERUN FC9910 ROBOT ASPIRATEUR

DE PHILIPS

KEEPON LE ROBOT QUI GARDE LE RYTHME

L 11849 - 7 - F: 5,90 € - RD

Gadgets News Livres URBI DVD BD


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édito Planète Robots Édité par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com Rédactrice en chef : Najet Ben Bassou bassou@planeterobots.com Rédacteur en chef adjoint : Frédéric Boisdron boisdron@planeterobots.com Rédacteurs : Lamia Mustafa, Screetch, Thibault Depost, Yves Martinez, Marine Le Borgne, Sébastien Jeudy, Towanda, Josèphe Ghenzer, Nicolas Denis, Matthieu Destephe, Wu Wanli, Cyril Drevet, Rémi Legris ainsi que l'association Caliban. Secrétaire de rédaction : Xul-otar Tellestim Direction artistique : Patrick Lusinchi

© 2011 Les Éditions d'Acamar Dépôt légal à parution Diffusion MLP ISSN : en cours N° de commission paritaire : en cours Imprimé par Deaprinting, 28100 Novara - Italie La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes à l'écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe.

directeur.artistique@planeterobots.com

contact@planeterobots.com Publicité : WPP, 11, rue Chaptal, 92300 Levallois. Tél. 01 47 57 80 00 Responsable Publicité : Serge Bénichou Directrice de la Publicité : Mireille Palastanga Aabam Consulting, 161, boulevard Henri-Sellier, 92150 Suresnes. Tél. : 01 46 25 05 25 contact@aabam.fr

Nouveau format — plus grand, plus beau ! Après un an passé avec vous, nous avons décidé de vous proposer un format de magazine plus important et donc des images plus grandes — pour vous en mettre plein les yeux. Grâce à cette nouvelle présentation, nous marquons notre volonté de nous approcher au plus près de vos désirs. Dans ce numéro de Planète Robots, nous fêtons deux anniversaires : les vingt ans de la société iRobot et les dix ans du robot Asimo. Ensuite, nous partons à Osaka, au Japon, afin de découvrir un quartier de la ville — en construction — qui sera entièrement dédié à la robotique. Nous rencontrerons ainsi le maire de la ville, Kunio Hiramatsu, et Nobua Yamato, le P-DG de la société VStone, basée à Osaka. Nous irons après à la rencontre de Fabien Raimbault, le responsable de l'association Caliban, qui nous dévoilera les statuts et les principes qui gouvernent cette dernière. Nous explorerons ensuite le monde de l'infiniment petit en découvrant les nanorobots, de minuscules machines qui nous délivreront bientôt de beaucoup de maux. Nous commencerons aussi à débattre sur la question de la vie artificielle. Et l’un de nos reporters a été dépêché en Corée du Sud pour vous rendre compte de tout ce qui s’est passé au RobotWorld. Enfin, au menu des tests figurent un robot aspirateur de Philips et le tout nouveau Roboscooper. Mais d’autres surprises agrémentent ce Planète Robots : notamment un dossier sur les voitures volantes — tellement attendues et toujours en développement — et un autre, vous concernant de plus près, qui a pour sujet l’irruption des voitures électriques… Bonne lecture à tous ! ■Frédéric Boisdron

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ÇA VIENT DE SORTIR

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Robots News Toute ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Tribune — Demain les robots : du rêve à la désillusion Dans cette rubrique, l'association Caliban a décidé de revenir sur une discussion qui a eu lieu autour d'une table ronde lors des Utopiales 2010 : deux roboticiens face à deux écrivains de science-fiction… Patrick Devedjian visite les laboratoires de Gostai ! En octobre dernier, l'ancien ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance, Patrick Devedjian, faisait un petit tour dans les laboratoires d'un des acteurs majeurs de la robotique française.

PORTRAITS

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iRobot : vingt ans d'avance À New York, la société iRobot (le leader mondial de la robotique) a fêté ses vingt ans d’existence. Retour sur sa progression fulgurante et ses produits phares, qui ont marqué ces deux décennies.

LES DOSSIERS

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Interview de Fabien Raimbault, le président de l'association Caliban Fabien répond pour nous à quelques questions concernant les projets de l’association et sa vision du monde de la robotique. RoboCity CoRE, là où le futur naît Au printemps 2013, le plus grand centre de recherche en robotique — un véritable pôle de création des savoirs — va ouvrir ses portes à Osaka, au Japon. Le maire de la ville — M. Kunio Hiramatsu — se trouvait à Paris pour présenter les atouts d’Osaka et le RoboCity CoRE. Entretien avec Nobuo Yamato, P-DG de la société VStone Nous avons rencontré le cofondateur de VStone (l'une des sociétés les plus impliquées dans le RoboCity CoRE), qui était également présent à Paris pour ce séminaire. Probo, l'adorable robot qui réconforte les enfants hospitalisés Un groupe de chercheurs de l'université libre de Bruxelles a conçu Probo, le petit robot vert, créé pour étudier la communication émotionnelle entre les enfants et les robots. Retour sur le potentiel de Probo et sur ses créateurs… Les nanorobots Une mise à jour des avancées médicales, des nouveautés et des projets envisagés dans le domaine des nanorobots. Un robot peut-il un jour être touché par la vie? Deux journalistes — deux états d'esprit et deux visions! — s'affrontent en un passionnant débat sur la possibilité pour le robot de devenir un être « vivant ». Entre ciel et terre, la voiture volante Utopie, fantasme ou réalité — la voiture volante a toujours fait partie de nos rêves les plus fous. Qu’en est-il aujourd'hui? L'état de l'art — La lente marche des robots humanoïdes La vitesse des robots bipèdes augmente très vite. Bloqués à 0,84 km/h en 1984, les robots dernier cri peuvent maintenant courir à 7 km/h… Impressionnant ! Murata Boy et Murata Girl, les robots équilibristes Depuis le CEATEC 2005, Murata et ses robots cyclistes progressent d'année en année. Aujourd'hui, ils sont notamment capables de gravir des pentes à vélo ou de se tenir en équilibre sur une roue. Robot World — Au pays du robot calme Impossible de rater cette cinquième édition du salon de la

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robotique sud-coréen Robot World ! Nous y avions dépêché un reporter pour vous faire découvrir toutes les nouveautés. Chronique brève du temps qui passe vite Comme promis, voici la présentation de deux produits qui vont initier aux joies de la robotique les enfants de moins de dix ans : Robot Prog et Lego Wedo. Keepon, le robot qui garde le rythme ! Partez à la découverte de BeatBots et de sa petite créature jaune, Keepon. Ce robot croquignolet et très attachant a le rythme dans la peau et contribue à l’étude des mécanismes de communication entre individus.

VIE QUOTIDIENNE

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Test — Le robot aspirateur HomeRun FC 9 910 Nous avons voulu nous attarder sur le nouveau robot aspirateur de Philips — qui sortira bientôt. Test — Le Roboscooper WowWee a développé une gamme de robots jouets comme le Roboscooper, qui ramasse et recycle de petits objets sur son passage. Les modes Dump, Wack, Auto et autres sont analysés au petit poil dans ce test.

TUTORIELS

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Machine learning — L'apprentissage chez les robots Comment peut-on rendre un robot intelligent ? Et qu’est-ce que l’intelligence ?…

GADGETS HIGH-TECH

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Les gadgets et tendances à venir Une petite sélection de gadgets et d'autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise… Concepts du futur Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier, dans cette rubrique, les plus intéressants — ceux qui fourmillent dans la tête de nos designers…

OPEN YOUR MIND

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Actus Ciné, DVD, BD, Livres Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège ! Doraemon vs Terminator La robolution sera asiatique ! Retour sur Doraemon, le chat robotisé — bien plus célèbre en Asie que Mario et Mickey. Rubrique Jeux Vidéo Histoire de ne pas louper ce qui se passe sur vos consoles de jeux et vos ordinateurs, voici la rubrique des fans de la manette ! Science et science-fiction : aventures croisées L’imagination au pouvoir ou le pouvoir de l’imagination ? Quant à savoir qui influence l’autre — la science ou la science-fiction ? —, la question reste ouverte… Utopiales 2 010 — Par-delà les frontières La science-fiction constitue comme tous les ans le fil rouge de ce festival, qui réunit chaque année roboticiens, écrivains et passionnés ! Tout sur ce week-end à la Cité des congrès de Nantes métropole. Les voitures électriques — rêve ou cauchemar ? Les moteurs à essence sont-ils obsolètes et allons-nous tous rouler grâce à la Fée Électricité ? Cyril Drevet tente de faire le tour de la question… Vintage Robot : R.O.B., le robot joueur de Nintendo En 1985, Nintendo nous mettait en relation avec un « copain assisté par robotique ». Ce vieux pote, très joueur, a quand même un peu de plomb dans les circuits…

Sommaire

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23/25 mars 2011 Cité Internationale Lyon • France

Entrée gratuite pour les étudiants et les académiques


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NEWS janvier / février 2011 Robots

Échecs : l’affrontement homme-robot Konstantin Kosteniuk, le père de la championne du monde russe Alexandra Kosteniuk, a eu l’idée de reprogrammer un robot industriel en machine à gagner aux échecs — Chess Terminator. Et Vladimir Kramnik, un grand maître international d’échecs, russe lui aussi (et qui a été champion du monde de 2000 à 2007), a tenté de battre ce super-robot lors d’un match éclair (blitz). Plus amusé par le robot gesticulant que concentré sur la partie, Vladimir n’a pas gagné (match nul avec un avantage pour le robot). Le joueur russe, fair-play, a même préféré s'avouer vaincu face à la logique implacable du bras robotique, qui exécute des mouvements assurés et réagit presque instantanément, alors que le champion a eu besoin de quelques pauses pour réfléchir. En 1997, l’ordinateur Big Blue d’IBM avait battu Garry Kasparov, un autre grand maître des échecs. Seule différence: un bras robotisé déplace les pièces lui-même sur l’échiquier. Et le robot ne bénéficie pas d’une vision directe: il reçoit la position des pièces via l’échiquier DGT — qui est lui-même relié à son ordinateur. ◗

HRP-4C danse et chante sur scène ! Conçu par Kawada et AIST, HRP-4C est un robot humanoïde de taille humaine (158 cm pour 43 kg avec sa batterie) et nous en parlons régulièrement dans nos colonnes à cause de son aspect féminin. Afin de démontrer les capacités du robot à se fondre dans la vie quotidienne, on l’a adjoint à un groupe de quatre « idoles » japonaises dans un show intitulé Dance Robot Live — HRP-4C Cybernetics Human lors de la Digital World Expo de Tokyo. Le robot s’en est plutôt bien tiré, en réalisant une danse de type J-Pop correcte et en chantant d’une voix synthétique relativement bonne Deatta Koro no Yo ni, de Kaori Mochida. Mais tout n’est pas parfait: des mains difformes, des expressions du visage pas très réalistes et une vitesse des mouvements approximative montrent qu’il y a encore du pain sur la planche en matière de design. ◗ http://www.aist.go.jp

Nao, le robot humanoïde, célèbre deux années de succès Depuis son lancement commercial en novembre 2008, Nao est devenu le robot destiné à l’éducation et à la recherche le plus vendu du monde — présent dans les universités les plus prestigieuses. Aldebaran Robotics annonce la vente de plus de neuf cents unités de son premier robot à trois cents clients habitant trente pays différents. Cette version professionnelle de Nao est utilisée par les laboratoires les plus pointus et donc les universités les plus célèbres, comme Harvard et Carnegie Mellon, en tant que plate-forme de recherche et d’enseignement en matière de robotique. Aldebaran a d’ailleurs récemment lancé un programme de partenariat avec les établissements scolaires (Educational Partnership Program), visant à favoriser l’accès à la technologie robotique, interactive et programmable. Boosté depuis l’origine du fait du challenge engendré par la mutation démographique mondiale, le marché des robots interactifs croît rapidement, notamment dans le domaine de l’assistance aux personnes âgées ou en perte d’autonomie. Aldebaran Robotics a l’ambition de proposer dans un avenir proche, une version « compagnon personnel » de Nao, à destination des particuliers. ◗ http://www.aldebaran-robotics.com

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NEWS Robots janvier / février 2011 La première greffe de pancréas réalisée à l’aide d’un robot L’hôpital universitaire de Pise a réalisé une première mondiale en médecine robotique grâce à un robot Da Vinci SHDI: une transplantation de pancréas peu invasive. L'opération a été menée sur une femme de quarante-trois ans, souffrant d’un diabète de type 1 depuis l’âge de vingt-quatre ans. Le professeur Ugo Boggi se félicite d'avoir ouvert la voie à de nouveaux traitements pour les diabétiques. Il a déclaré: « Cela mettra fin au dilemme qui dure depuis des décennies sur l'opportunité ou non d'une greffe du pancréas en raison du caractère très invasif de l'opération quand elle est menée de manière traditionnelle. » La greffe a été réalisée par le biais de trois petits trous seulement et d’une incision de moins de sept centimètres de long. Le robot, qui a été largement évoqué dans le numéro 6 de Planète Robots, se présente comme un ensemble de bras ultraprécis pilotés par un humain, qui opèrent à une échelle plus petite et plus délimitée. (La patiente se porte bien et a regagné son domicile trois jours plus tard.) ◗

Evolta a terminé sa randonnée Pendant deux mois, Evolta, le petit robot de Panasonic, a traversé une partie du Japon (Evolta est le robot voué à démontrer les capacités des piles rechargeables de la marque). Parti le 23 septembre armé de quelques batteries rechargeables, il a parcouru cinq cents kilomètres à la vitesse moyenne de 2 à 3 km/h. Les batteries (qui portent son nom) étaient rechargées à la fin de chaque étape, une fois par jour seulement. Il est finalement arrivé à bon port le 22 novembre — en pleine forme. Les robots Evolta ont été mis au point par Tomotaka Takahashi, un brillant roboticien de Kyoto, qui a en outre créé de nombreux robots au sein de RoboGarage, dont il est l’initiateur. Cet Evolta World Challenge imposé aux petits robots était d’ailleurs le troisième du nom. En effet, les machines de Panasonic ont déjà escaladé une corde de cinq cent trente mètres dans les gorges du Grand Canyon en 2008 et, l’année suivante, ont remporté le challenge en parcourant le circuit des 24 heures du Mans. Panasonic — tortionnaire de robots? ◗ http://panasonic.net/ec/products/evolta/challenge

Robosphère à la recherche de partenaires Les créateurs du projet Robosphère (un parc d’attractions basé sur l’univers de la robotique) ont besoin de financements. Les collectivités publiques suisses sont prêtes à débloquer dix millions de francs suisses (sept millions cinq cent mille euros) si le secteur privé apporte également sa contribution. « Des opportunités comme Robosphère, ça ne se présente pas tous les jours! » a même affirmé Luiggino Torrigiani, le cofondateur de Solar Impulse SA. Un appel aux dons a donc été lancé. On doit débourser deux cents euros (pour les particuliers) et deux mille (pour les entreprises) afin d’obtenir le titre de donateur-fondateur. Cette campagne porte le nom de Robosphère pour tous… Tous pour Robosphère. On peut aussi apposer des autocollants publicitaires (qu’on peut obtenir par courrier) sur son véhicule ou sur les vitres de sa boutique. ◗ http://www.robosphere.ch/fr/News/Robosphere-pour-tous-tous-pour-Robosphere.html

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Palro passe en version 2.0 Nous vous avions parlé de Palro dans un précédent numéro… Déjà fort intéressant à l’époque, le petit robot de Fujitsu est devenu un sérieux concurrent pour notre Nao national. Fujitsu vient de le présenter — équipé cette fois de la seconde génération de son firmware: il peut désormais mieux suivre un visage, une personne ou un objet du regard et se révèle également capable d’identifier un visage, même si ledit visage opère une rotation. Plus fort, notre ami peut identifier le corps d’une personne à distance dans une salle bondée. D’un regard porté sur son voisinage, le petit robot balaie la liste des objets qui l’entourent. Si on lui demande de se diriger vers l’un d’eux, il commence à déambuler dans la direction ad hoc en évitant tout autre objet qui pourrait encombrer son chemin. Palro n’est pas encore commercialisé en dehors du Japon (où il se vend environ deux mille cinq cents euros). Nao devra compter avec ce petit robot! ◗ http://tinyurl.com/fujitsupalro

Le robot Schema est désormais capable de suivre plusieurs conversations Schema est un robot humanoïde développé par le laboratoire Kobayashi de l’université Waseda, au Japon. Ce petit gars est doué pour la conversation… En effet, il se révèle capable de participer à un entretien à trois sans en perdre le fil. Il distingue chacun des interlocuteurs, peut arrêter de parler avec quelqu’un pour écouter une autre personne, puis revenir à la conversation principale. Ce robot ne constitue pas vraiment une nouveauté mais le développement de son interface, qui passe en version 3, apporte son petit lot d’innovations. Schema mesure 1,19 m et possède quatorze degrés de liberté, dont six dans les bras et huit dans la tête. Le but de ses concepteurs est de créer un humanoïde émotionnel. Pour y arriver, on a équipé le robot de plusieurs technologies de la perception (reconnaissance de voix et vidéo) et d’une interaction robot-humain. L’université Waseda se trouvait déjà à l’origine du prototype TwendyOne et récemment, l’un de ses professeurs a participé au projet Hanako — le robot cobaye pour dentistes. ◗ http://kobalab.com

Le Kinect de Microsoft, un nouvel accessoire pour les robots ? D’une façon générale, nous avons un peu de mal avec Microsoft et avec sa politique commerciale. Mais nous savons reconnaître un produit quand il apparaît de qualité — même si c’est du Microsoft. Le Kinect, accessoire développé originellement pour la XBox 360, permet à la console de connaître la position du joueur et les mouvements qu’il produit. Détourné de son utilisation ludique, il donne à d’autres appareils (sur lesquels il est branché) la possibilité de visionner l’environnement en 3D. Dans notre cas, c’est le robot PR2 de Willow Garage qui en est équipé. Le robot peut ainsi percevoir un environnement complet en trois dimensions de son entourage. Le Kinect de Microsoft apparaît donc comme un accessoire important qui risque d’être dévié de son utilisation initiale dans de nombreux cas, un peu à la manière de la Wiimote, qui a connu la même reconnaissance lors de sa sortie en tant que manette de jeu pour la console de Nintendo. ◗ http://www.youtube.com/watch?v=rYUFu64VXkg

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NEWS Robots janvier / février 2011 DARwIn devient complètement open source avec DARwIn-OP DARwIn est un robot humanoïde de quarante-cinq centimètres de haut pour un poids de deux kilos huit cents et possède vingt degrés de liberté. Il est contrôlé par un processeur Atom Z530 (1,6 GHz) avec 1 Go de RAM et 5 Go de mémoire Flash, deux ports USB et héberge Linux, Windows XP ou supérieur. Et on peut le programmer en C++, Python, LabView, MatLab, etc. Ce robot, mis au point par le laboratoire RoMeLa (de Virginia Tech), a connu la gloire lors de diverses éditions de la Robocup. Sa nouvelle version, DarwIn-OP, passe en open source. Cela ne concerne pas seulement sa partie logicielle mais aussi sa partie matérielle. Il sera donc possible de télécharger gratuitement ses spécificités matérielles sous forme de plan des pièces au format CAD. À vous les joies de la mécanique pour monter votre propre robot, voire le modifier pour vos propres besoins!… Sa fabrication coûterait environ six mille euros, soit environ la moitié de la valeur de ses concurrents. Ce genre de matériel open source peut aider au développement de la robotique en permettant à tout un chacun de ne pas devoir réinventer la roue à chaque fois et de se servir des acquis des autres développeurs. Une chance réelle pour l’industrie… ◗ http://sourceforge.net/projects/darwinop

Gostai lance son robot de téléprésence : Jazz La gamme Gostai Jazz a été conçue pour la téléprésence. D’une hauteur d’un mètre, Jazz est mobile, équipé d’une caméra et connecté par WiFi à Internet. L’utilisateur se branche sur le robot à distance grâce à un simple navigateur Web et peut ainsi contrôler un robot qui se trouve à Paris à partir de New York et le faire se mouvoir. Il voit par le biais d’une caméra dont l’image s’affiche en temps réel dans le navigateur, ce qui lui permettra de participer à une réunion, de visiter des lieux, de se déplacer dans ses bureaux ou son usine de manière naturelle et interactive. Plus besoin d’être physiquement sur place, on dispose de la faculté de se « téléporter » là où se trouve Jazz, de distinguer et d’entendre ce qui l’entoure, de parler à travers le haut-parleur intégré, tout en contrôlant son déplacement via une interface intuitive. Grâce à la téléprésence, il apparaît donc possible de garder le contact avec son entreprise lors de déplacements ou en télétravail, de réduire son empreinte carbone et les coûts en limitant les voyages inutiles, d’accueillir des clients ou de surveiller un lieu à distance. Jazz est également capable de patrouiller de nuit de façon autonome grâce à une caméra à infrarouges et une carte des lieux couplée à un système de localisation par laser. Il détecte les mouvements suspects et complète le travail d’un gardien ou les tâches d’un système d’alarme conventionnel. Une alerte ou un doute — et on prend le contrôle du robot pour évaluer la situation en temps réel!… ◗ http://www.gostai.com

Land Crawler eXtreme, la planche à pattes Vagabond Works est le pseudonyme d’un amateur en robotique fort doué. Son fils de deux ans lui avait demandé de fabriquer un robot sur lequel il pourrait monter… Notre gars s’est donc empressé de créer une plate-forme de transport robotisée. Elle consiste en une planche sur laquelle un enfant peut s'asseoir ou se mettre debout. Douze pattes robotisées permettent ensuite au socle de se déplacer. La plate-forme de douze kilos, prévue à l’origine pour transporter son rejeton, a supporté sans problème le poids (soixante-dix-neuf kilos) de son créateur. Vagabond Works s’est inspiré du légendaire Strandbeest de Theo Jansen, une série d’œuvres d’art gigantesques réalisées pour le festival Burning Man et capables de se déplacer de la même manière. Pour le moment, Land Crawler eXtreme n’apparaît pas très rapide (un projet similaire, le Cajun Crawler, développé en 2008, permettait une vitesse plus grande), mais son côté « biologique » apparaît troublant… ◗ http://vagabondworks.blog123.fc2.com

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WheeMe, un robot masseur ! Voilà un robot de la taille d’une main, qui masse doucement et procure des caresses quand il se déplace lentement sur vos courbes. Reprenant la technologie du capteur unique, il se dirige sur votre corps sans tomber ou perdre son emprise, de façon automatique et silencieuse. Quand il se déplace, WheeMe fournit d’agréables sensations corporelles grâce à ses doigts caressants, la vibration masse doucement et les roues chatouillent le patient. Vous voulez regarder la télévision sur votre canapé ou tout simplement buller? Pourquoi ne pas disposer WheeMe sur votre anatomie et profiter pendant des heures d’une détente agréable et amusante… La machine est en vente sur le site du fabricant DreamBots pour un faible coût, en attendant sa distribution en Europe. Facile à utiliser, elle ne nécessite aucun réglage, ni l'aide d'une autre personne… Allongez-vous donc et laissezvous choyer! ◗ http://www.dreambots.com

Quasi, l’avatar robotisé Le logiciel tactile de contrôle du robot (une marionnette sophistiquée et robotisée) se révèle facile à comprendre et permet à un utilisateur de contrôler les dix-neuf servomoteurs et les quatre LEDs multicouleurs, la direction dans laquelle Quasi regarde et l’émotion exprimée. Un microcasque permet au marionnettiste de percevoir ce qu’il entend (il y a un microphone sur le robot) et sa voix est transformée par le système audio, puis transmise aux haut-parleurs du robot. Une caméra vidéo intégrée vous donne également la possibilité de visionner ce que voit Quasi. Petit plus, InterBots avait développé par le passé un logiciel d’autonomie: ce dernier permet des jeux interactifs, et l’on dispose aussi de shows préprogrammés. La troisième version de Quasi vient d’être achevée — identique par l’apparence, mais sa mécanique interne a été complètement repensée et le système audio entièrement remis à jour. ◗ http://www.interbots.com

Inov’Expo, les robots dans tous leurs états Le 7 décembre dernier, à La Roche-sur-Yon, des fabricants et des intégrateurs de robots se sont mis en quatre pour faire découvrir les dernières innovations en matière d'Intelligence artificielle. Inov'dia a en effet été le lieu d’une forte concentration de cellules robotisées, dont certaines avaient été montrées pour la première fois dans le cadre du Salon de l'industrie, à Paris au mois de mai 2010. Réservé aux professionnels, Inov’Expo a principalement présenté des robots industriels, mais aussi les robots de services de Robootic. Pour les initiés, ce fut l'occasion d'échanger avec des professionnels les dernières technologies et pour les béotiens, celle de découvrir un monde surprenant où l'homme peut aujourd'hui sans crainte travailler avec le robot — un monde où l'avenir appartient aussi aux robots de services… Cette exposition était organisée en lien avec le projet Prox'INNOV, qui comprendra une PRI (Plate-forme Régionale de l'Innovation) dédiée à la robotique. ◗ http://www.inovdia.fr

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NEWS Robots janvier / février 2011 Les robots se sont invités dans la maison du futur du Salon des services à la personne Le Salon des services à la personne a lieu tous les ans fin novembre, à la porte de Versailles. Cette année, une maison de 280 m² a été montée au sein même de l’exposition. La « maison du futur » a ainsi présenté au public venu en masse de nombreux robots de services ainsi que les dernières nouveautés en domotique. Étaient présents: Robosoft avec son robot Kompai, Robootic avec ses robots de services et Robopolis avec Genibo et son tout nouveau robot éducatif Sparx. Fort médiatisé, ce rendez-vous a démontré au grand public que la robotique ne relevait plus de la science-fiction mais constituait bel et bien une réalité avec laquelle il fallait compter. N’importe qui peut, dorénavant, s’équiper de robots pour alléger certaines tâches ou tout simplement prendre du bon temps… ◗ http://www.salon-services-personne.com

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Power Loader Light, l'exosquelette sans bras de Panasonic Dans Planète Robots, nous avions déjà recensé quelques exosquelettes, ces armatures robotisées qu’on enfile et qui procurent une force surhumaine. Nous vous avions notamment décrit le Power Loader, un modèle de poids — dans l'esprit de celui qui figure dans le film Aliens, le retour. De son petit nom Power Loader Light (PLL), cet exosquelette de Panasonic a été construit par sa filiale ActiveLink. Privé de ses bras dans cette version light, c'est grâce à un système de retour de force qu’il est capable de prévoir avec précision les mouvements des gambettes de celui qui l’endosse. (Les jambes motorisées permettent d'augmenter la puissance de vos membres inférieurs de quarante kilos.) Le PLL pèse trente-huit kilos, utilise six axes dotés de senseurs de force, un processeur Pentium M à 1,1 GHz et tourne sous Linux 2.6. Cette version allégée du Power Loader coûte quand même la bagatelle de cent soixante-dix mille euros! Mais Panasonic propose un programme de subventions à la société qui saura diviser ce prix par deux… ◗

Aux États-Unis, la guerre contre les robots a déjà commencé ! À Coors Field, dans le sud de Denver, la brigade de déminage a été convoquée à la suite de l’alerte donnée par un passant qui traversait une passerelle et avait découvert un robot de vingt centimètres fixé à ladite passerelle. On a cru à la présence d’une bombe à l’intérieur du jouet et la police, jugeant l'affaire sérieuse, a dépêché son propre robot démineur pour examiner l'intrus — et finalement le détruire à l'aide d'une petite charge explosive. Aujourd’hui encore, on ne sait toujours pas comment ce joujou est arrivé là et surtout pourquoi il a été fixé à la passerelle. Était-il l’éclaireur d'une horde tout entière — prête aux dernières extrémités pour s’assurer la maîtrise du monde?… Voilà de quoi enflammer l’imagination des fondus de science-fiction! ◗

Pi4 Workerbot, un robot multifonctions allemand Pi4 Robotics et l'Institut Fraunhofer (Allemagne) ont développé un robot humanoïde destiné aux usines, le Workerbot. Trois caméras sont placées dans sa tête et il dispose de deux mains très adroites (il peut saisir un œuf sans le casser). J'en vois qui commencent à bondir de leur siège pour crier au scandale — mais cette machine n'a pas été conçue pour nous remplacer; elle doit seulement nous seconder et nous permettre d’accomplir plusieurs choses à la fois. Un tel robot peut être appelé à la rescousse en cas de coup dur et tenir la place d'un opérateur en quelques instants. Capable de fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre (contrairement à un être humain), le Workerbot pourra sans problème augmenter la cadence sur les chaînes de montage ou tester un nouveau poste pendant un temps illimité. Le robot peut également communiquer via ses expressions faciales. Il devrait être disponible en 2011 (à la vente et à la location). ◗

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NEWS Robots janvier / février 2011 Du 6 au 9 janvier 2011 à Las Vegas (États-Unis) : Consumer Electronic Show (CES) Le CES de Las Vegas constitue le rendez-vous incontournable des inconditionnels de l’électronique et des nouvelles technologies. Une grand-messe où chaque société vient présenter ses dernières innovations et fait connaître la tendance des prochains mois. On y trouvera pêle-mêle: les téléphones les plus récents, les nouveaux écrans 3D, les gadgets du futur… C’est également dans ce lieu que sont présentées très souvent les dernières nouveautés en matière de robotique. Généralement, WowWee nous y fait découvrir les robots jouets qu’il proposera au grand public pour les fêtes de fin d’année et les petits nouveaux y montrent aussi le bout de leur nez. C’est de plus un vaste marché où les revendeurs viennent faire leurs emplettes et signent des contrats d’exclusivité avec les sociétés en démonstration. Gageons que cette nouvelle année apportera son lot de bonnes surprises!… ◗ http://www.cesweb.org/

Le 15 janvier 2011 (finale) à Drancy (Seine-Saint-Denis) : First Lego League 2 011 La FLL est un challenge qui propose à des équipes de jeunes de résoudre des problèmes rencontrés dans un domaine scientifique donné en utilisant une démarche professionnelle: recherche, échange, dessin, construction et test. Durant l’année scolaire, les participants âgés de dix à seize ans doivent réfléchir à la thématique imposée en travaillant sur un dossier de recherche; en même temps, ils doivent réaliser et programmer un robot Lego Mindstorms — constitué de briques « intelligentes » (dotées de capteurs et d’automatismes) — capable de mener à bien une série d’épreuves dans un temps limité. Au bout de huit semaines (au minimum) de réalisation, les équipes se rencontrent lors de tournois nationaux et/ou internationaux, durant lesquels quatre axes sont évalués: la conception et la programmation du robot, le projet de recherche, le travail en équipe et le match. Le thème de l’année 2011? Santé et Ingénierie (« Body Forward »)… Les équipes FLL vont pouvoir explorer le monde du génie biomédical afin de découvrir les nouvelles manières de soigner les blessures, de vaincre les prédispositions génétiques ou encore de maximiser le potentiel du corps humain. Tout cela dans le but de trouver de futures solutions pour une vie plus heureuse et une meilleure santé. ◗ http://tinyurl.com/drancylegoleague

Du 23 au 25 mars 2011 à Lyon (Rhône) : Inno-Robo, le salon de l’innovation robotique SYROBO annonce Inno-Robo, le premier Salon professionnel international de la robotique de services à Lyon, pour mars 2011. Ce salon entend démontrer, durant trois jours, par des exemples significatifs comme par le partage des connaissances et des visions des entrepreneurs du domaine, pourquoi et comment les technologies robotiques appliquées aux produits et aux services liés à l’assistance à la personne constituent une source d’innovation et de croissance pour nombre d’entreprises, dans des secteurs variés. Les thématiques principales abordées sont: la robotique personnelle, la robotique et la santé, la robotique éducative, la robotique de loisirs, la robotique dans la ville et les composants robotiques et leurs technologies. Bien sûr, Planète Robots en est partenaire et y sera présent — n’hésitez pas à venir nous faire un petit coucou!… ◗ http://www.innorobo.com

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Ça vient de sortir

DEMAIN LES ROBOTS

DU RÊVE À LA

DESILLUSION

Dans cette rubrique, l’association devait vous parler des robots et des systèmes d’exploitation disponibles (ROS, Urbi, SRM, etc.). Il y beaucoup à dire sur le sujet mais il vous faudra attendre un prochain numéro de Planète Robots pour cela…

Les robots ont hanté les lectures de notre jeunesse et de celles de nos parents. Cet enfant admirant un robot parlant présenté lors d'un salon de l'auto à Paris est peut-être depuis devenu un très grand roboticien…

En effet, il y a peu, nous avons été invités à participer à une table ronde sur le thème de l’apparition imminente des robots, durant les Utopiales de Nantes. Notre président, Fabien Raimbault, et Frédéric Boisdron, le rédacteur en chef adjoint de votre magazine préféré, y ont été confrontés à deux écrivains de science-fiction renommés. L’événement ne s’est pas déroulé comme nous le pensions, si bien que nous avons décidé de modifier le thème de notre chronique tant cet instant s’est révélé surprenant ! Fabien s’était rendu à Nantes plein de bonne volonté, heureux de débattre avec cer tains des plus grands noms de la SF de la faisabilité du robot (dans le sens noble du terme) et il avait hâte de se retrouver face à eux en tant qu’observateur du monde robotique. Ce fut tout intimidé qu’il monta sur l’estrade, plus impressionné par ces deux légendes vivantes (dont les romans l’avaient fait rêver depuis son plus jeune âge), que par les nombreuses personnes du public. Nous nous attendions à une agréable discussion relativement consensuelle (« les robots, c’est génial, ils arrivent — y en aura

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“Nous sommes nous-mêmes très frustrés par ceux qui font la robotique d’aujourd’hui et ne promettent rien d’autre que quelques bidules clignotants et vaguement utiles.” partout, ça va être super, et c’est le business de demain »). Le présentateur invita donc Fabien à présenter l’association — mais à peine eutil achevé sa première phrase qu’un des deux écrivains les attaqua frontalement ! Deux roboticiens face à deux auteurs de science-fiction — tout aurait dû pourtant se passer au mieux… Mais en une phrase, la colère et la déception de l’écrivain en question par rapport à l’état de l’ar t de la robotique actuelle apparurent flagrantes. Stupéfait, c’est Frédéric qui tenta d’éviter le naufrage. Très rapidement, les choses devinrent claires : les auteurs de SF — tout du moins ceux qui étaient présents — ne croyaient plus que la robotique pût les étonner dans les années à venir ! Notre président mit plusieurs minutes à se remettre de cette quasi-agression car lesdits auteurs avaient été à l’origine de sa vocation. Il fut même avancé que le voyage hyperluminique verrait le jour avant l’Intelligence artificielle ! Pourquoi cette ire ? Un début de réponse fut donné par l’un des deux écrivains qui affirma que, depuis le début des années 1960, on lui avait annoncé l’arrivée des robots intelligents et qu’il avait rencontré nombre de roboticiens prometteurs et plein de bonne volonté, qui lui avaient à chaque fois juré leurs grands dieux que c’était pour demain… Indiscutablement, l’écrivain en question s’y connaissait et il fut impossible de le prendre en défaut dans ses raisonnements. Il fallait donc tenter de le comprendre ! Pour lui, les roboticiens étaient des gens prétentieux, certains de pouvoir reproduire à coup sûr la complexité de l’esprit humain en l’espace de quelques années… (Alors que pour nos deux amis, ils apparaissent aujourd’hui trop frileux, trop prudents quant aux possibilités offertes par leur domaine d’investigation. De plus, Fabien a trente et un ans et son interlocuteur environ soixante-dix… Le différend a-t-il trouvé son origine dans cet écart d’âge ?) Et avant même qu’on le lui ait demandé, il nous expliqua que les roboticiens qu’il avait côtoyés étaient ceux des années 1980 à 1990 (des dinosaures qui voyaient dans le processeur X86 la réponse à tous leurs problèmes). Le débat se perdit ensuite dans l’évocation de détails sans intérêt, mais nous finîmes par comprendre que sa rancœur venait des promesses non tenues par les générations de roboticiens qui nous ont précédés ! Ils avaient trop promis et offert si peu, en définitive… SI VOUS ENTENDEZ CE MESSAGE, VOUS ÊTES LA RÉSISTANCE ! Nous sommes nous-mêmes très frustrés par ceux qui font la robotique d’aujourd’hui et ne promettent rien d’autre que quelques bidules clignotants et vaguement utiles. Y aurait-il

Sonny, le robot doté d’une conscience du film I, Robot.

Les robots ne font-ils plus du tout rêver les auteurs de science-fiction ?

Dans ce cas, comment obtenir des budgets pour faire progresser la robotique ? Un tel projet doit se vendre aux investisseurs et dans ce dessein solliciter l’imagination. Mais le rêve et la réalité ont bel et bien divorcé et il apparaît désormais bien délicat pour les entreprises de se lancer dans l’aventure. Pour tant certaines choses, épatantes et réservées aux labos il y a peu, sont désormais accessibles à tous (mais qui parle de Kinect ?). Tout cela appar tient maintenant à la réalité — la SF, cependant, les a vulgarisées puis abandonnées… Les machines qui voient le jour en ce moment, tant au niveau mécanique qu’au niveau cognitif, concrétisent petit à petit ce vieux rêve, déjà mort pour les fans de science-fiction. La route sera longue et le travail difficile pour aboutir au robot tel qu’il est présenté dans la littérature. Mais nous savons que — tôt ou tard — nous y arriverons. Les roboticiens seraient-ils de facto les nouveaux rêveurs honteux d’un R. Daneel Olivaw ou d’un Sonny ? Comme le dit si bien John Connor : « Si vous entendez ce message, vous êtes la résistance. » ■Venez parler de tout cela avec nous sur http://forum.caliban-web.com

quelque chose que notre association n’a pas saisi ? La robotique, aujourd’hui, nous offre de merveilleux horizons — incroyablement prometteurs — mais ses acteurs ne peuvent plus se permettre de communiquer à son propos car ils perdraient automatiquement de leur crédibilité… Même les écrivains de sciencefiction n’y croient plus !… Nous sommes tous excédés des discours lénifiants du genre : « C’est compliqué — oh ! lala ! on va y arriver, mais il y a du travail ; ne disons rien pour le moment afin de surprendre demain… » Les roboticiens, confinés dans leur tour d’ivoire, rêvent presque honteusement, aujourd’hui, à ce que les amateurs de science-fiction plaçaient au pinacle de leurs fantasmes. Et du côté des sciences, l’humilité reste de mise ; quant à l’imaginaire, il reste en panne…

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Ça vient de sortir

PATRICK DEVEDJIAN

VISITE LES LABORATOIRES DE

Le mardi 26 octobre 2010, dix heures… L'effervescence est à son comble dans les laboratoires de GOSTAI car pour la première fois, un ministre rend visite à un industriel majeur du secteur de la robotique.

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Le Pekee II de Wany Robotics.

“Il faut soutenir ce secteur. D’autant que si rien n’est fait en France, comme le rappelle Bruno Maisonnier, le P-DG d’Aldebaran Robotics, les entreprises risquent de quitter le territoire et certains pays, à l’image du Japon (avec la ville d’Osaka), sont déjà prêts à les accueillir. ”

Les acteurs français dudit secteur ont voulu envoyer un signal fort aux pouvoirs publics. Patrick Devedjian, alors ministre auprès du Premier ministre, chargé de la mise en œuvre du plan de relance (cf. encadré), a répondu présent : « Je ferai tout ce que je peux pour vous aider, quoi qu'il arrive. » À elle seule, cette phrase résume la pensée profonde de l'ex-ministre à la fin de sa visite. Mais revenons sur le déroulement de cet événement. Depuis maintenant un an qu'il a créé le syndicat SYROBO (cf. encadré), Bruno Bonnell fait tout ce qu'il peut pour attirer l'attention des pouvoirs publics et pour qu’ils prennent conscience des enjeux du secteur de la robotique. Et aujourd'hui ses effor ts ont payé — puisque Patrick Devedjian visite les laboratoires de GOSTAI ! Jean-Christophe Baillie, son P-DG, a eu la lourde mission de préparer cet événement à travers des présentations de robots et des exposés des principaux acteurs du secteur. Ce fut aussi une bonne occasion pour nous de découvrir les dernières innovations… — Le Jazz de Gostai, un robot dédié au secteur de la téléprésence.

Patrick Devedjian et le robot Nao À la fin de sa visite, Patrick Devedjian a répondu en exclusivité à nos questions… Planète Robots : Que pensez-vous de l'organisation des acteurs du secteur de la robotique en France ?

P.D. : Dans le plan de relance, l'État a mis de l'argent pour soutenir ce secteur, en particulier au travers des actions d’OSEO. Il en a été de même par l'intermédiaire de la région Île-de-France et de la Ville de Paris. Il faut continuer ainsi car cela a déjà permis de soutenir le développement de ce secteur (malgré la crise, NDLR). Je ferai tout ce que je peux pour apporter mon aide, quoi qu'il arrive. P.R. : Êtes-vous optimiste quant à l'avenir de ce secteur ?

Patrick Devedjian : Je suis admiratif de la capacité des industriels de ce secteur à s'organiser si rapidement et si spontanément en un cluster (le syndicat SYROBO, NDLR) sans l'intervention des pouvoirs publics. Je trouve que c'est un très bon signe car cette attitude n'est pas habituelle chez les Français. C'est une raison supplémentaire qui m'incite à soutenir cette activité. Le syndicat SYROBO permet de donner de la lisibilité à ce secteur qui était jusqu'à présent assez confidentiel. P.R. : Quelles ont été les mesures du plan de relance qui ont contribué à soutenir le secteur de la robotique ?

P.D. : Oui, je suis assez optimiste. Nous vivons dans une démocratie d'opinion et les financements sont bien entendu liés au regard démocratique qu'a le public sur l'activité — et le secteur de la robotique est plutôt porteur. La France est un grand pays d'inventeurs mais, malheureusement, ce n'est pas un pays d'entrepreneurs. Notre pays a un passé énorme en matière d'invention et, malheureusement, nous n'en avons pas toujours tiré le meilleur bénéfice. Alors attention aux sirènes étrangères... Les pouvoirs publics ont donc une responsabilité importante pour que cette activité reste en France et se développe.

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Ça vient de sortir

Le Kompai de Robosoft.

risquent de quitter le territoire et cer tains pays, à l’image du Japon (avec la ville d’Osaka), sont déjà prêts à les accueillir. Le danger est bien réel, avec les pertes d’emplois que cela représente. À bon entendeur …

— Le Sparx , un robot de télésurveillance de Robopolis. — Le NAO version grise d’Aldebaran Robotics. Sans omettre les robots Pekee II de Wany, Pob de POB-Technology, Kompai de Robosoft et Spykee de Meccano. Chaque présentation fut l'occasion de faire passer un message à M. Devedjian. Tout d'abord, à propos du marché de la robotique de service et de sa croissance prodigieuse : il a été estimé à un milliard de dollars en 2008 et sera de vingt milliards d'ici 2015. Il est très important que la France ait sa part du gâteau. Les aspirations du public sont de plus en plus

■Thibault Depost

SYROBO (Syndicat européen de la robotique de service) Créé fin 2009 sous l’impulsion de Bruno Bonnell (Robopolis), avec le soutien de Bruno Maisonnier (Aldebaran Robotics) et de JeanChristophe Baillie (Gostai), le syndicat de la robotique de service s’est fixé pour mission de rassembler dans une structure ad hoc tous les acteurs économiques (industriels, écoles et centres de recherche) du secteur de la robotique. Tout d’abord purement français, ce syndicat est très vite devenu international pour permettre des partenariats avec d’autres pays. Les trois axes principaux de SYROBO sont l’information, la communication et la promotion ; la réflexion et les propositions d’actions ; le soutien à la structuration du secteur de la robotique. Le premier grand rendez-vous organisé par SYROBO est le salon INNOROBO (www.innorobo.com), qui se tiendra du 23 au 25 mars 2011 à Lyon. (www.syrobo.org) Les principaux adhérents de SYROBO ALDEBARAN ROBOTICS www.aldebaran-robotics.com CITÉ DES SCIENCES www.cite-sciences.fr DESIGN POOL www.design-pool.com ENSCI www.ensci.com EOS INNOVATION www.eosinnovation.com ESAG PENNINGHEN www.penninghen.fr ÉVEILLENVOL www.eveillenvol.com LA FERTÉ-BERNARD www.lafertebernard.fr FING www.fing.org GDR www.gdrrobotique.org GOSTAI www.gostai.com GÉNÉRATION ROBOTS www.generationrobots.com IIM www.iim.fr ISEP www.isep.fr MECCANO www.meccano.com MTECKSEAC www.mteckseac.com PLANÈTE SCIENCES www.planetesciences.org POB-TECHNOLOGY www.pob-technology.com ROBOPOLIS www.robopolis.com SIMPLYSIM www.simplysim.net STRATE COLLEGE www.stratecollege.fr VIOLET/MINDSCAPE www.violet.net WANY ROBOTICS www.wanyrobotics.com ZODIANET www.zodianet.com

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Bruno Bonnell présentant son robot, le Sparx.

marquées et le marché de la téléprésence sera certainement celui qui aura le plus de succès (faire des opérations à distance sans dépenser de CO2 — disposer enfin du don d’ubiquité !). En mars 2011, le salon INNOROBO sera le premier salon français dédié à la robotique à l'image du fameux salon Robot World de Séoul. Beaucoup d’efforts sont produits pour en faire un grand succès et montrer la force de notre pays en matière de robotique. Tout cela ne laisse pas M. Devedjian insensible. Mais Bruno Bonnell enfonce le clou« Monsieur le Ministre, je viens de découvrir sur le site de la Maison-Blanche une note de Barack Obama qui ne devrait pas vous laisser indifférent. En effet, les États-Unis viennent de prendre conscience des enjeux de la robotique pour le futur et le président Obama vient de décréter que la robotique constitue un enjeu stratégique pour son pays. Il vient de décider d’engager des aides spécifiques aux entreprises de ce secteur. » Après toutes ces explications, il apparaît vraiment que M. Devedjian n’est pas venu pour rien. Le message est clair : il faut soutenir ce secteur. D’autant que si rien n’est fait en France, comme le rappelle Bruno Maisonnier, le P-DG d’Aldebaran Robotics, les entreprises

Pour en savoir plus… M. Devedjian fut ministre auprès du Premier ministre, en charge de la mise en œuvre du plan de relance, dans le dernier gouvernement. Lorsque la crise internationale a frappé la France en 2008, des mesures ont été prises afin d’en limiter les conséquences. Un plan a alors été mis en place avec un budget important destiné à l’investissement, au soutien de l’activité des entreprises et à des mesures sociales (l’emploi et le logement).

Jean-Christophe Baillie, Patrick Devedjian et Bruno Bonnell poursuivant le tout nouveau robot de téléprésence Jazz de Gostai.

Dans l’ensemble, les pouvoirs publics, au moyen de mesures comme le crédit d’impôt recherche, la réduction des charges sociales, les financements par OSEO et des subventions, ont permis à des secteurs encore fragiles comme celui de la robotique de résister à la crise. Fin 2010, le plan de relance a été bouclé (durée limitée à deux ans) et la totalité du budget consommée. Depuis le 13 novembre 2010, Patrick Devedjian n'est plus ministre. Il a repris à plein temps son poste de président du Conseil général des Hauts-de-Seine.


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Portraits

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Le 14 octobre, iRobot, le leader mondial de la robotique, soufflait sa vingtième bougie à New York. L’occasion de revenir sur ses produits phares et son étonnante « success story »… 1990 : OBJECTIF LUNE « Il y a plusieurs raisons pour lesquelles, il y a vingt ans, trois membres du M.I.T. de Boston ont uni leurs forces afin de construire l’avenir. D’abord, parce que l’idée de créer des robots nous semblait extraordinaire. Ensuite, parce que l’université nous en donnait l’opportunité. Mais surtout, parce que nous voulions changer le

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monde, avec des robots pratiques et utiles », a raconté Colin Angle — cofondateur, P-DG et président du conseil d’iRobot Corporation — lors du discours prononcé à l’occasion du vingtième anniversaire de sa société. En effet, c’est avec le concours d’Helen Greiner, une ancienne camarade, et de Rodney Brooks, son professeur, que la société iRobot vit le jour. En-

semble, ils mirent au point un premier robot destiné à l’exploration lunaire (ce projet n‘aboutit malheureusement pas). Le gouvernement américain s’aperçut rapidement du potentiel de l’entreprise et lui commanda de nouveaux robots. En 1997, Colin Angle et son équipe bénéficièrent du soutien de la NASA. Ils rempor tèrent le prix de la réalisation en


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“La robotique domestique tend à se développer sous la forme d’une équipe de petits robots spécialisés, plutôt que d’un humanoïde multitâche.” IROBOT EN FRANCE

Le staff d’iRobot présentant du Roomba (©iRobot).

groupe pour la conception de robots mobiles contrôlés par le comportement. 1996 : DÉBUT DU SERVICE MILITAIRE En voulant changer le monde, Colin Angle entendait sauver des vies. En 1996, il développa Ariel, le premier robot démineur. Deux ans plus tard, la société signa un contrat avec le DARPA, l’agence pour les projets de recherche avancée de défense, qui lui commanda un programme de robot mobile tactique. S’ensuivra le développement d’iRobot PackBot, un véhicule terrestre sans pilote, capable de mener à bien des missions de recherche, de reconnaissance, de neutralisation des bombes et autres opérations périlleuses. Après les attaques du 11 septembre 2001, ce robot par ticipa notamment aux fouilles des décombres du World Trade Center. « Cette mission nous a permis de gagner la confiance du grand public. Nous sommes très fiers que nos robots puissent sauver des vies », confiait Nancy Dussault Smith, responsable de la communication et du marketing pour iRobot. Aujourd’hui, la gamme militaire s’étend du petit robot démineur au sous-marin autonome de longue portée. Prochain lancement attendu : celui du JamBot, un robot aux allures de ballon dégonflé, qui se forme et se déforme afin de se faufiler dans des zones inaccessibles. 2 002 — PROFESSION : DROÏDE AU FOYER Pour le grand public, iRobot, c’est d’abord le Roomba, l’aspirateur autonome et intelligent lancé en 2002. Depuis, il s’en est vendu plus de cinq millions à travers le monde — la preuve que les freins liés à la robotique ont été dépassés : « Les gens doutent de l’efficacité des robots parce qu’ils se disent qu’ils feront moins bien. En réalité, humains et robots n’ont

rien de comparable. Les droïdes ne sont pas là pour nous remplacer mais pour nous faire gagner du temps, en nous déchargeant des tâches chronophages comme le ménage », explique John Elordi, le responsable des ventes pour iRobot. En 2005, le Scooba, un robot serpillière, fit à son tour son entrée sur le marché. Puis, deux ans plus tard, arrivèrent Verro, le nettoyeur de piscine, et Looj, destiné aux gouttières. « Le potentiel de la robotique domestique est illimité. La preuve en est le nombre d’entreprises créées en vingt ans. Peut-être arriverons-nous progressivement à compter nous aussi un robot par foyer, mesure imposée par le gouvernement sud-coréen », dit en souriant John Elordi. ET MAINTENANT ? Le staff d’iRobot est unanime : la robotique domestique tend à se développer sous la forme d’une équipe de petits robots spécialisés, plutôt que d’un humanoïde multitâche. Pour le reste, deux nouvelles priorités sont destinées à résoudre des problèmes sociétaux majeurs. La première n’est autre que la santé. Selon Colin Angle et son équipe, la prochaine génération de ro-

Colin Angle pose à côté du Packbot (©iRobot).

Pour se développer à travers le monde, iRobot joue la carte du « think global, act local ». En France, la société américaine compte sur Robopolis, PME lyonnaise et distributrice exclusive avec quelque mille trois cents points de vente. Une stratégie rentable, puisque cette dernière affiche un chiffre d’affaires de 12,5 millions d'euros en 2009 contre cinq en 2008. À sa tête, Bruno Bonnell, l’instigateur de la « robolution », se réjouit de cette croissance à trois chiffres et prévoit même de doubler son effectif (cinquante personnes en 2011). Un destin proche de celui d’iRobot, son aînée! D’autant que la société lyonnaise compte également investir en recherche et développement et créer ses propres robots. Le premier se nomme Sparx, savant mélange de robotique, de jeu vidéo et de réalité augmentée — le tout programmable par l’utilisateur. Ce robot ludo-éducatif sera d’abord proposé au monde de l’enseignement car, tout comme iRobot, Robopolis donne la priorité à l’éducation…

ROBOTS IN THE CITY Pour son anniversaire, iRobot a convié l’ensemble de ses partenaires mondiaux à New York. Évidemment, Planète Robots y était et vous dit tout ce cet événement ! Durant le meeting organisé par iRobot, partenaires, journalistes et managers échangent des propos devant la corbeille de muffins ! Le soir, un cocktail est donné dans les bureaux new-yorkais de la société. Le lieu est divisé en une dizaine de stands où les robots phares de la compagnie sont présentés. D’un côté, Roomba et Scooba assurent ensemble une chorégraphie. De l’autre, on teste les commandes des robots démineurs que l’on dirige. Plus loin, on fait les yeux ronds devant le JamBot, une boule malléable à la texture de caoutchouc, dont Colin Angle nous fait la démonstration. Alors, on se dit qu’après vingt ans, son enthousiasme reste intact — et surtout communicatif !

bots pratiques aura pour vocation de prolonger l’autonomie des personnes âgées à leur domicile. De même, ils n’excluent pas de pouvoir, un jour, greffer du matériel utilisé pour la robotique en remplacement d’un organe. Autre priorité : l’éducation. En effet, pour développer le marché de la robotique, il est essentiel que les consommateurs potentiels soient initiés dès leur plus jeune âge. Ainsi, iRobot multiplie les initiatives pédagogiques : un robot programmable CreateT pour roboticiens en herbe, lancé en 2007, et, depuis 2009, le plan SPARK, pensé pour sensibiliser la jeunesse, de l’école élémentaire à l’université. Autant dire qu’après deux décennies, la dynamique iRobot n’a pas pris une ride ! ■Marine Le Borgne

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Les dossiers

INTERVIEW DE FABIEN RAIMBAULT, LE PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION CALIBAN

RÉALITÉ UTOPIE, NOUS RELEVONS LE DÉFI !

Cybrina face aux lois de la robotique ! — Partout où Cybrina apparaît, c'est la cohue. — Une véritable star !

Planète Robots : Parlez-nous un peu de l’association Caliban… Fabien Raimbault : Elle a été créée en décembre 2008… Idéologiquement, elle existe depuis une dizaine d’années et a été constituée à l’issue d’un projet de construction d’un robot humanoïde que quelques amis et moi avions imaginé dans le cadre de nos études et qui s’appelait Projet Caliban. Nous avons actuellement une quarantaine d’inscrits — dont une vingtaine de membres vraiment actifs. L’adhésion est entièrement gratuite : nos membres viennent ainsi d’horizons très distincts comme la philosophie, l’informatique ou encore le milieu artistique. C’est donc un regroupement de passionnés et d’amateurs de robotique, non professionnels. Notre association possède un côté très humain et convivial. Nos ateliers se déroulent en toute modestie,

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très simplement. L’idée est de se faire plaisir — contrairement aux ateliers de certaines entreprises ! Tous les avis sont dignes d’intérêt car tout est à bâtir sur ce sujet… P.R. : Comment avez-vous eu l’idée de monter une telle association ? F.B. : Essentiellement, l’association a été créée pour trois grandes raisons, en par tant du constat suivant : étant donné que c’est une passion relativement nouvelle, les personnes qui la pratiquent ont souvent l’impression d’être seules au monde dans leur salon. L’objectif de base consista tout d’abord à trouver un lieu pour ces gens-là, d’organiser des workshops où chacun pouvait appor ter ses idées, échanger des points de vue… Deuxièmement, cela permettait aux personnes qui voulaient se lancer dans la robotique de rece-

voir de l’aide, de s’orienter plus précisément, d’avoir les clés en main pour construire leur robot — et pas seulement de suivre un tutoriel. Enfin, le but était également de donner une autre image de la robotique, qui pour nous ne correspond pas tout à fait à celle des entreprises. C'est-à-dire que la plupar t des gens visualisent une quantité de petits robots (cf. la robolution de Bruno Bonnell) et même si ça n’englobe pas toute l’association Caliban, la plupart d’entre nous considèrent tout cela comme relevant du gadget, du gâchis de ressources humaines et financières. L’association se compose donc de certaines personnes qui cautionnent cette idée de multitude d’objets et d’autres qui la rejettent ou bien la combattent… P.R. : Quelle est votre activité principale ? Et quels sont vos projets ? F.B. : Nous avons comme principal projet de penser les gros robots, les humanoïdes. Les petits objets ne nous intéressant pas, nous tentons d’explorer des pistes qui, par exemple, sont rejetées par les laboratoires. Mais le fait que nous disposons d’un budget minime ne facilite pas les choses (tout relève de l’investissement personnel). À plus long terme, certains membres de l’association ont des projets (pas


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“Les Américains et les Asiatiques sont très en avance et ont un fort potentiel de réussite. En Europe, la société Pal Robotics suscite notre admiration.”

Fabien Raimbault lors de notre rencontre.

Les Américains et les Asiatiques sont très en avance et ont un fort potentiel de réussite. En Europe, la société Pal Robotics suscite notre admiration. C’est une petite société espagnole qui suit une voie juste et qui, à mon sens, prend le problème sous le bon angle. Pour résumer, Caliban est une association très idéaliste, contrairement aux sociétés qui restent très pragmatiques — d’où notre slogan : « Réalité utopie, nous relevons le défi ! » P.R. : Qu’est-ce qu’un robot ? F.B. : Pour moi, il est humanoïde : ma vision du robot parfait ressemble au héros de L’homme bicentenaire (un film de Chris Columbus sorti en 1999, avec Robin Williams, NDLR), de corpulence humaine, de taille humaine — un robot à système automotivé ! Pour nous ce n’est pas seulement un humanoïde, c’est aussi un être intelligent et motivé, possédant sa propre volonté. Hélas, il faut passer par des humanoïdes débiles à Intelligence faible avant d’arriver à cela. Nous sommes vivement intéressés par le fait de pouvoir développer une AI forte, en disposant de ces millions de façons de l’aborder.

forcément associatifs) qui pourront créer quelques surprises intéressantes pour l’avenir, mais je ne peux en dire plus pour le moment… D’ailleurs, une branche va s’ouvrir en Belgique et Caliban va s’engager dans un partenariat avec une association québécoise qui, entre autres, fera de la promotion au Canada et organisera des événements. P.R. : Une vision des dix prochaines années ? F.B. : En ce qui concerne notre façon d’envisager l’avenir du monde robotique, nous ne sommes, encore une fois, pas tout à fait d’accord avec la vision des acteurs de la robotique française (même si l’on sait qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils sont obligés de progresser de la façon dont ils progressent) car c’est du gâchis de ressources et de temps. À la limite, nous préférerions voir un humanoïde gérer tous les petits robots comme une interface. Pour cela, plutôt qu’éparpiller le budget dans tous ces petits projets, il faudrait concentrer et canaliser les acteurs de la robotique mondiale sur un gros chantier — celui du robot humanoïde ! Caliban pense que l’Intelligence artificielle est complètement faisable, plus tôt que ce que certains peuvent dire. Définitivement avant cinquante ans — si bien sûr tout le monde décide de se lancer dans ce chantier colossal, un peu comme dans le projet fou, à l’époque, d’envoyer l’Homme sur la Lune.

P.R. : Quel est votre point de vue en ce qui concerne la « législation robotique » ? Avez-vous une idée de ce que devraient être les lois en France ?

Chez Caliban, on est capable de remettre en cause les robots les plus innovants de l'histoire ! — Il n'est pas rare que des idées jaillissent au cours de soirées studieuses.

F.B. : Je pense que c’est peut-être un peu prématuré car pour une intelligence artificielle faible, juridiquement les objets seront pris en compte comme de l’électroménager. Le problème va se poser lorsque les Intelligences artificielles for tes vont arriver : juridiquement parlant, il faudra alors lancer un chantier global pour légiférer sur ces intelligences. Selon moi, les IA faibles peuvent déjà figurer dans les foyers sans une législation différente de celle qui régit l’électroménager… ■Propos recueillis par Lamia Mustafa

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ROBOCITY CORE,

LÀ OÙ LE FUTUR NAÎT…

La mégalopole d’Osaka (avec Kyoto et Kobe) compte près de dixsept millions d’habitants et la ville elle-même accueille quotidiennement une population qui dépasse les trois millions de personnes. Son PIB (égal à celui de la Turquie) a été de deux cent quarante milliards d’euros en 2009, ce qui fait d’elle une des régions les plus riches du monde.

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Le RoboCity CoRE en images de synthèse.

Osaka et le Kansai (sa région) constituent la place la plus avancée du monde pour le développement et la compréhension des outils de la robotique de nouvelle génération. C’est pourquoi le maire de la ville, M. Kunio Hiramatsu, est

venu présenter son projet (le RoboCity CoRE) à Paris, lors d’un séminaire. Ce premier centre (permanent et mondial) de robotique et d'intelligence ambiante ouvrira ses portes en 2 012. Le maire d’Osaka et Nobuo Yamato, le P-DG


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“Au printemps 2013, le futur va naître. Osaka va changer. Nous allons entrer dans une nouvelle ère.” de la société VStone, ont mis en évidence les progrès obtenus depuis plusieurs années et les avancées technologiques dans le domaine de la robotique en présentant deux de leurs robots. Les divers intervenants nous ont informés que le RoboCity CoRE sera un lieu où les chercheurs comme les industriels (mais aussi le

ment aura fonction de passerelle et reliera donc Osaka et le Kansai à l’Asie et au reste du monde. C’est au printemps 2 013 que le projet devrait être totalement achevé, au cœur d’un emplacement stratégique — le quartier de l’Umeda (nœud de transport majeur à Osaka). Le nord

bots) et le Cyber Art Center, un point de fusion entre les technologies de pointe et l'art. Le RoboCity CoRE représente en fait un point focal qui fera d'Osaka le moteur de l'industrie robotique mondiale : des laboratoires ouver ts permettront l'interaction entre les chercheurs et ingénieurs en robotique et le

grand public) pourront observer, d’une part, des démonstrations dans le showroom prévu à cet effet ; des ateliers et des formations spécifiques seront d’autre part organisés dans le pôle de recherche, qui constituera une vitrine représentative pour l'ensemble des marchés asiatiques. (Il a d’abord été pensé pour faire face à la compétitivité du marché très productif dont bénéficient la Chine et le reste de l’Asie.) Véritable plaque tournante pour la collecte et l’échange d’informations internationales et les ressources humaines, cette nouvelle zone de recherche et de développe-

de la station s'étendra sur vingt-quatre hectares et une zone de sept hectares située dans l'est se trouve actuellement en développement. Parmi ces installations, le RoboCity CoRE constituera donc une base de recherche et de développement (comme de diffusion d'informations concernant les ro-

public ; un espace de tests expérimentaux sera installé et des manifestations académiques internationales seront organisées. ■Lamia Mustapha

Un aperçu de ce que l’on pourra découvrir à Osaka à la fin des travaux.

Le Knowledge Capital Pôle d’attraction des industries de l’intelligence économique (notamment celles de la robotique et des technologies de l’information et de la communication, qui constitueront le moteur de l’économie d’Osaka), le Knowledge Capital sera situé à l'étage inférieur du bâtiment B et couvrira une surface de 1,5 hectare. Son but : générer un futur mode de fonctionnement à travers la circulation du savoir (échange, communication et intégration).

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Les dossiers

INTERVIEW DU MAIRE D’OSAKA

KUNIO HIRAMATSU… P.R. : Quels sont les principaux objectifs à atteindre ? K.H. : Mis à par t les effets économiques, je suis content et fier que la population d’Osaka réagisse ainsi (très positivement) et c’est donc un privilège de pouvoir contribuer au développement des êtres humains dans le sens large du terme. La gare d’Osaka est empruntée tous les jours par deux millions cinq cent mille voyageurs. C’est pourquoi créer une nouvelle ville dans ce quartier se révèle assez significatif. Ce que je voudrais, c’est faire venir des chercheurs du monde entier pour faire avancer le développement des technologies de pointe et de la robotique…

Lors du séminaire sur le RoboCity CoRE qui s’est tenu à Paris, nous avons eu la chance de rencontrer le maire de la ville d’Osaka, qui a bien voulu répondre à nos questions sur le nouveau pôle de recherche japonais. Planète Robots : Comment l’idée du RoboCity CoRE vous est-elle venue ? Kunio Hiramatsu : Cela fait trois ans que j’ai été élu maire de la ville, mais le RoboCity CoRE et le centre des sciences de recherche en robotique avaient déjà été conçus avant mon élection. J’apporte mon aide pour faire avancer et développer ladite recherche, mais je ne limite pas cette possibilité à l’agglomération d’Osaka. Nous pensons également à Kyoto, Nara et Kobe. Je voudrais vraiment lier nos efforts avec d’autres villes, non pas uniquement des villes proches géographiquement, mais aussi avec toutes les cités du monde… C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes venus à Paris. Je suis intimement convaincu que ces efforts serviront au bonheur des êtres humains !

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P.R. : Justement, qu’attendez-vous en particulier des chercheurs français ? K.H. : Pour moi, ce qui fait l’excellence des Français, c’est surtout leur capacité de créer des choses nouvelles et ensuite de les harmoniser avec l’environnement. Pour cela, vous êtes très forts ! La France est un pays doué et l’expertise des Français dans le domaine de la culture et des arts constitue une réelle fierté dont ils peuvent se targuer vis-à-vis du monde entier. P.R. : Pouvez-vous nous décrire votre vision du monde tel qu’il sera dans dix ans ? K.H. : Dire qu’on trouvera beaucoup de robots en train de circuler dans les rues d’ici quelque temps apparaît peut-être un peu exagéré. D’abord parce que la surface d’Osaka est déjà assez réduite pour les humains. Ensuite, parce que nous croyons davantage à des robots qui interviendront dans le domaine médical. Ils seront là pour apporter de l’aide aux êtres humains et le problème qui va se poser sera celui de la législation, qui n’est pas encore apte à prendre en compte les futures relations entre robots et humains circulant sur le même trottoir. Il faudrait donc, dans un premier temps, que la société évolue pour pouvoir les accueillir parmi

nous. En ce qui concerne le milieu médical et les aides robotisées, la réglementation au Japon est très stricte, au point que certaines entreprises font des expérimentations en interne. À titre personnel, le jour ou un robot dentiste fera son apparition, je ne suis pas sûr de vouloir me rendre dans son cabinet ! P.R. : Ce matin, vous avez rencontré le staff de la société Aldebaran Robotics. Étant moi-même en possession d’un robot Nao, je voulais savoir ce que vous en pensiez ? K.H. : Tout d’abord il est cute (mignon) ! Il a une vraie compétence pour communiquer et se révèle capable d’appor ter la paix à quelqu’un, de le consoler. C’est ce qui est extraordinaire avec toutes les gestuelles de Nao. De plus, c’est vrai que lorsqu’on est déprimé ou fatigué on aura envie de dire à Nao : « Nao, console-moi ! » Et il le fera ! En ce qui concerne Aldebaran Robotics, nous sommes en train de discuter pour inviter cette société à s’installer à Osaka — en espérant que cela se réalisera très bientôt. Enfin, je voudrais ajouter qu’à travers mon séjour à Paris et toutes les questions auxquelles j’ai tenté de répondre, ce que je n’ai jamais oublié et qui demeure le plus important, c’est que les progrès sont toujours au service de la paix… ■Propos recueillis par Thibault Depost Conférence de presse lors de la présentation du projet RoboCity CoRE à Paris.


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Les dossiers

ENTRETIEN AVEC NOBUO YAMATO,

P-DG DE LA SOCIÉTÉ VSTONE Le jeudi 28 octobre, le maire d’Osaka présentait à Paris les atouts de la ville d’Osaka et notamment le RoboCity CoRE, un nouveau pôle de création de savoir. Nous avons rencontré à cette occasion Nobuo Yamato, le cofondateur et P-DG de VStone, l’une des sociétés impliquées dans ce projet.

Black Ox, robot reprenant le design du rival de Gigantor, le héros de l’adaptation américaine de l’anime japonais tiré du manga Tetsujin 28-gō.

Planète Robots : Quel rôle allez-vous jouer à Osaka, au cœur du RoboCity CoRE ? Nobuo Yamato : Osaka RoboCity CoRE est un projet imaginé par la ville d’Osaka et qui s’établira dans un site qui se trouve au nord de la station ferroviaire de l’agglomération. Il s’agit d’un réaménagement d’une partie de la cité, plus précisément de la création d’une zone où voisineront commerces, hôtels et habitations. Sans oublier le plus important, un secteur dénommé Knowledge Capital (ou pôle de concentration de

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Nobuo Yamato présente Robovie-X et Robovie-R3, ses robots.


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“Le projet lié au RoboCity CoRE me tient particulièrement à cœur. Mais il faut bien dire que le très grand public n’est pas encore suffisamment préparé à l’irruption du robot dans la vie courante.” N.Y : Actuellement, je ne peux pas dire que nos robots visent le grand public. Ils sont principalement destinés à des organismes de recherche ou à des amateurs qui maîtrisent la technicité des robots. Car dès qu’il s’agit d’un robot grand public, il existe pour nous une responsabilité : comme fabricant, nous devons impérativement satisfaire chaque client. Il se révèle donc très difficile de viser toute la population.

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Les Robovie-1 sont de petits robots pour les débutants, capables de pratiquer le sumo.

capital). Ce pôle de création de savoir se concentrera sur la recherche et le développement des nouvelles technologies robotiques, les technologies de l’information et de la communication, la technologie mobile… Pour une société qui s’investit dans ces domaines, il existe deux manières d’intervenir dans le Knowledge Capital : tout d’abord, développer des partenariats avec des universités et des organismes de recherche pour favoriser le développement ; ensuite, faire venir d’autres sociétés dans cette zone (une autre façon pour VStone d’intervenir au sein du RoboCity CoRE). Cependant, même si de nombreuses compagnies veulent un accès direct au Knowledge Capital, Osaka ne dispose pas d’une superficie extensible pour accueillir toutes ces entreprises. La préfecture de la ville a donc dû faire une sélection et VStone fait partie des sociétés choisies. P.R. : Quels ont été les critères de sélection qui ont favorisé votre intégration dans le RoboCity CoRE ? B.Y. : Il y a cinq ans, à l’époque où ce projet a été pensé, toutes les sociétés travaillant dans la robotique voulaient s’installer à Osaka, tant pour le développement que pour la fabrication des pièces. La préfecture d’Osaka comptait environ huit cents sociétés intéressées. Au début, toutes étaient invitées à partir du moment où elles proposaient un programme en adéquation avec les objectifs du réaménagement. Il a donc été plus ou moins facile à VStone de prendre part à ce projet… L’année qui s’annonce sera une année charnière… En effet, le RoboCity CoRE sera achevé d’ici trois ans… Entre-temps, les entreprises sélectionnées auront peut-être changé d’orientation. C’est pourquoi, dès 2011, il faudra savoir

P.R. : À propos de cette responsabilité — existe-t-il des lois au Japon ? N.Y. : Oui, bien sûr. Par exemple, un produit fabriqué ne doit pas nuire à la santé de qui que ce soit ou causer la moindre blessure aux utilisateurs. Mais précisons tout de même que pour le moment, il n’existe pas de réglementations bien déterminées dans le domaine de la robotique au Japon. Faudrait-il lui appliquer les lois qui régissent l’électroménager et le secteur automobile ? En fait, je pense qu’il faudrait créer une réglementation spécifique pour les robots. À l’instant où je vous parle, c’est un projet qui n’a pas encore vu le jour et reste très flou. P.R. : De quelle façon VStone envisage-telle les cinq ou dix années à venir ? N.Y. : Le projet lié au RoboCity CoRE me tient particulièrement à cœur. Mais il faut bien dire que le très grand public n’est pas encore suffisamment préparé à l’irruption du robot dans la vie courante. Nous pensons donc que pour acquérir une expertise satisfaisante dans ce domaine, il faut multiplier les expérimentations et les démonstrations. Ce « quartier du savoir » va concevoir ce qui sera notre quotidien dans cinq ou dix ans et ses réalisations constitueront un pôle d’attraction pour la recherche en matière de robotique… ■Propos recueillis par Lamia Mustafa RB2000 en plein match de football à la RoboCup Soccer.

Les robots Tichno de VStone sont bipèdes et de la taille d'un enfant. — Le robot Robovie-PC, programmable depuis son ordinateur.

qui poursuit les mêmes objectifs et qui a considérablement divergé… P.R. : Êtes-vous présent sur le marché européen ? N.Y. : Il est possible que certains robots soient introduits sur le marché européen. Pour le moment, nous y exportons des pièces de robots — en très faible quantité toutefois. Parallèlement à cela, un de nos robots destinés à la recherche a été exporté en Italie. P.R. : Quelle clientèle VStone vise-t-elle ?

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PROBO, L'ADORABLE ROBOT QUI RÉCONFORTE

LES ENFANTS HOSPITALISÉS Probo, qui nous rappelle Alf (le gentil extraterrestre de la série télévisée américaine), mais en verdâtre, est un condensé de technologies de pointe et aussi l'une des premières plates-formes à étudier la communication émotionnelle entre enfants et robots. Conçu il y a quelques années par un groupe de chercheurs de l'université libre de Bruxelles, son premier prototype a été rendu public au printemps 2009. Il fait maintenant l'objet de recherches multidisciplinaires qui ont pour finalité d’aider les enfants hospitalisés à mieux supporter leurs souffrances. LES CRÉATEURS DE PROBO Probo a donc été élaboré à la faculté des sciences appliquées de l'université libre de Bruxelles (la VUB : Vrije Universiteit Brussel) par l'équipe de recherche Robotics & Multibody Mechanics (R&MM). L'idée originale est venue d'Ivan Hermans, de la Fondation Anty, qui s'engage à améliorer les conditions de vie des enfants malades. Les ingénieurs-chercheurs Jelle Saldien et Kristof Goris ont conçu le premier prototype sous la supervision du professeur Dirk Lefeber et du docteur Bram Vanderborght. Cette équipe met en œuvre la plate-forme robotique et développe son logiciel de contrôle Robotic User Interface (RUI). Elle gère l'ensemble du projet Probo et cherche à étendre l'utilisation du robot au sein de la communauté scientifique. Le projet a obtenu un large soutien, notamment auprès des ministres bruxellois Guy Vanhengel et Benoît Cerexhe et auprès du CIRB (Centre d'informatique pour la région bruxelloise) et de l'IRSIB (Institut d'encouragement de la recherche scientifique et de l'innovation de Bruxelles). Quatre ans de travail et pas moins de six cent mille euros de budget auront été nécessaires à la réalisation du premier prototype. L'IDÉE ORIGINALE La vision des concepteurs de Probo est la suivante : « La nouvelle génération de robots collaborera fortement avec l'homme dans la vie de tous les jours, des tâches ménagères aux soins médicaux. Pour cela, la communication est essentielle. Plus de 60 % de nos échanges se font sans

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“Le vecteur varie continuellement pour évoluer d'une émotion à une autre (comme l'étonnement, la joie, la colère, la tristesse, l'ennui, la léthargie, la décontraction). Chaque point dans le cercle est alors traduit par une position des moteurs.” entre l'homme et le robot. Il est spécialement conçu pour travailler avec des enfants et les soutenir durant leur séjour à l'hôpital… » Pour atteindre ces objectifs, il a été imaginé doux et câlin, avec la capacité d'exprimer différentes émotions et de percevoir son entourage. Son nom provient du vocable Proboscidea, qui désigne la famille des mammifères pachydermes ayant pour la plupar t disparu lors de la dernière ère glaciaire. Et dans Probo, il y a aussi « robo » comme… robot. Il se présente donc comme un animal imaginaire avec son identité propre : il est entièrement de couleur ver te et arbore une trompe bien visible au milieu de la figure. La couleur verte rappelle les émotions positives comme la détente, la nature ou le confort et sa forme a été déterminée après différents tests effectués auprès d'enfants. Le choix de donner à Probo le corps d'une créature imaginaire a bien été conscient, évitant ainsi que les jeunes patients aient des attentes précises (prévoyant tel comportement humain ou se représentant un animal trop familier).

L'équipe de développement de Probo. — Le Robotic User Interface en train de fonctionner.

l'usage de la parole, mais en grande partie par les expressions du visage. Il est donc fondamental de développer des robots capables d'interpréter et d'imiter correctement ces expressions. Le développement de ces nouvelles technologies doit

être basé sur la communication humaine. Le robot devra s'y adapter et non le contraire, comme dans le cas des ordinateurs ou du téléphone portable. Probo sert de plate-forme de recherche pour l'étude des interactions cognitives

SON POTENTIEL ACTUEL ET SON APPARENCE Il ressemble donc à un animal (vert) proche du pachyderme, avec sa longue trompe, mais se tient à la manière d’un bipède sur ses deux pattes arrière et n'est pas plus grand qu'un bambin de trois ans. La mécanique est entourée d'un plastique protecteur, d'une couche de mousse et d'une fourrure (pour le rendre plus agréable au toucher). C'est en quelque sorte une douce peluche qui invite à la caresse et aux câlins. Et pour communiquer, Probo a la faculté de développer sa propre langue… Un écran tactile a été incorporé au niveau du ventre, offrant ainsi une interaction plus aisée. Pour reproduire les émotions faciales, le robot est équipé de vingt moteurs imitant au mieux le mouvement des oreilles, des sourcils, des paupières, des yeux, de la trompe, de la bouche et du cou. Et afin de le rendre encore plus agréable au toucher, la motorisation a été rendue souple grâce à l'emploi de ressor ts placés en série avec les moteurs. (Si la trompe est saisie par l'enfant, elle bouge sans incidence.) Cette conception bien pensée fait de Probo une machine totalement inoffensive. Cependant, au stade du développement actuel, les membres du robot (bras et jambes) ne sont pas commandés ni même motorisés. LE SYSTÈME DE CONTRÔLE Pour l'instant, Probo est contrôlé par un logiciel convivial, le Robotic User Interface (RUI), commandé par l'opérateur à l'aide d'un joystick

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style manette de jeu, idéal pour les enfants. Cependant, il devrait évoluer à l'avenir vers un système autonome. Il sera alors capable de percevoir son environnement et sera équipé de senseurs, d'une caméra (dans la tête), de différents microphones et de récepteurs tactiles (sous la fourrure). Quant aux émotions du robot, elles ont été quantifiées par un vecteur d'émotion représenté sur un cercle en 2D — avec la valence sur l'axe X, l'excitation sur l'axe Y et la position neutre au centre. Le vecteur varie continuellement pour évoluer d'une émotion à une autre (comme l'étonnement, la joie, la colère, la tristesse, l'ennui, la léthargie, la décontraction). Chaque point dans le cercle est alors traduit par une position des moteurs. Pour atteindre cet objectif, ProboGotchi a été mis au point en collaboration avec l'équipe de recherche CoMo (le Computational Modeling Lab de la Vrije Universiteit Brussel). Ce jeu en 3D est développé sur un modèle virtuel utilisant les modules émotionnels Probo du logiciel RUI. Il est basé sur le concept des animaux de compagnie vir tuels changeant d'humeur par interaction avec les utilisateurs (comme le Tamagotchi). Il s’agit de rendre l’animal aussi heureux que possible en prenant soin de lui. Il faut lui donner à manger, le laver et le câliner. Quand il est malade ou mal soigné, des microbes ou des puces se développent et doivent être éliminés. Probo est visible sur l'écran et réagit à chaque action. La plupart d’entre elles sont contrôlées par le joystick — mais innovation encore plus importante, d'autres actions peuvent être déclenchées par les interactions de l’utilisateur avec une peluche réelle de la version Probo, équipée de capteurs de contact. Ces récepteurs détectent où et comment le robot se fait câliner, gratter ou

Zoom sur la carcasse de Probo ! — Écran de l'Interface du RUI. Page de droite. Le Teddy Bear de Fujitsu sera utilisé dans la robothérapie. — Le Paro de Takanori Shibata fut un précurseur du Probo.

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— Les sciences de l'ingénieur cherchent à augmenter l'autonomie des robots, en utilisant la vision, la parole et l'Intelligence artificielle. Ces domaines font l'objet de recherches approfondies. Grâce à Probo, il est aujourd'hui possible de les tester sur une nouvelle plate-forme et de les valider. — Dans l'enseignement, Probo et ses logiciels peuvent servir de plate-forme éducative auprès d'étudiants qui mettent en œuvre des projets liés à la robotique (ou non). — Dans le domaine de la sociologie et de la psychologie, l'interaction entre l'homme et le robot peut être étudiée et de nouvelles possibilités de communication émotionnelle testées. — Enfin, dans le secteur médical, la thérapie assistée par des robots se développe de jour en jour. Cette technique a déjà montré ses bienfaits, aussi bien chez des patients âgés que chez des enfants autistes. Probo se focalise surtout sur les enfants hospitalisés. Dans ce domaine, il se destine donc à les préparer et à les réconforter avant des interventions chirurgicales, grâce à ses facultés de communication émotionnelle ou encore au moyen de jeux éducatifs intégrés.

brutaliser. ProboGotchi permet alors d'étudier l'interaction tactile et les besoins de contrôle de l'état émotionnel de la bestiole. SES DOMAINES D'APPLICATION Le robot peut être utilisé comme plate-forme de recherche dans plusieurs disciplines.

LES PRÉSENTATIONS AU PUBLIC Depuis la finalisation du premier prototype, le proboscidien ver t a fait l'objet de plusieurs présentations. Ses apparitions, lors d'événements ou par le biais de la presse, de la radio et de la télévision, ont même eu une portée européenne. Sa première sortie officielle a eu

lieu le 21 avril 2009 sur le campus de la VUB, en présence des ministres bruxellois Guy Vanhengel et Benoît Cerexhe, grands promoteurs du projet. Pour se faire connaître du grand public, Probo et le jeu ProboGotchi ont ensuite participé à la compétition RoboCup Junior qui s'est tenue le 16 mai 2009 au musée des sciences Technopolis de Malines (Belgique). Un événement au cours duquel le robot a pu rencontrer son public de prédilection : des élèves de l’école primaire (et de plus grands) — qui l'ont tous accueilli avec joie et enthousiasme ! Enfin, mis en œuvre dans le cadre de différentes recherches universitaires, il a également été le sujet d'un certain nombre de publications scientifiques, de conférences et de thèses. LES PROCHAINES ÉVOLUTIONS Aujourd'hui, le développement de Probo se poursuit… Après la tête, le corps et les bras vont être motorisés, de sor te que le robot puisse s'exprimer avec des gestes et des positions encore plus libres. Ces évolutions lui donneront toutes les capacités nécessaires pour devenir une plate-forme unique au monde, notamment au niveau des interactions entre l'homme et la machine. Différents exemplaires devraient être élaborés et mis à la disposition des institutions et des hôpitaux. Un groupe pluridisciplinaire doit d’ailleurs développer ses propres technologies afin de les implanter dans le robot. Ainsi, l'autonomie et l'Intelligence artificielle pourront être améliorées progressivement. Enfin, une structure commerciale devrait être créée pour vendre Probo et ses produits dérivés (comme ProboGotchi). La commercialisation se focalisera d'abord sur les instituts de recherche et les hôpitaux, mais se tournera également du côté des parcs d'attractions et des musées. Une idée de prix est d’ores et déjà annoncée : autour de cinquante mille euros pour le robot seul. Son aspect pourra être modifié, afin de cibler de multiples groupes d'utilisateurs (les enfants, les personnes autistes ou bien âgées) ; les différents modules, comme l'œil et le système buccal, seront également disponibles séparément. Probo constitue donc une illustration concrète de la robotique mise au service de l'homme, des enfants et des personnes malades, avec des approches innovantes comme la communication émotionnelle. Un projet très prometteur — et à suivre. Sources et photos : Probo, Vrije Universiteit Brussel. Site officiel : http://probo.vub.ac.be ■Sébastien Jeudy

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LES NANOROBOTS Lorsque l'on parle de nanorobots, on pense tout de suite aux microscopiques machines capables de nous soigner en agissant directement à la source du mal, ou encore aux implants et aux prothèses à base de nanotechnologies… Mais certains envisagent dès à présent de manipuler les molécules et même les atomes au moyen de ces nanomachines. Explications…

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UNE HISTOIRE DE TAILLES Le nano (du grec nanos, qui signifie nain) est une unité plus que microscopique. Elle correspond à 10-9, soit au milliardième d'unité. Si on regarde l'échelle atomique et le rayon r d'un atome (il s'agit en fait de la distance moyenne entre le noyau et la frontière du nuage d'électrons qui l'entoure), on trouve par exemple pour le silicium : r = 1,1 x 10-10 m. Autrement dit, un nanomètre représente une épaisseur de moins de dix atomes de silicium. La photolithographie électronique qui est utilisée pour graver les circuits électroniques en silicium est capable aujourd'hui d'une finesse de gravure de l'ordre de 20 nm. Par conséquent, les plus petites pièces réalisables en silicium (ou MEMS) sont donc de cet ordre de grandeur, c’est-à-dire d’une épaisseur d'environ deux cents atomes. Finalement, un robot constitué de pièces de plusieurs dizaines de nanomètres sera d'une taille plutôt de l'ordre du micromètre (cf. photo ci-contre). Même si cela ne révèle pas pour autant la nature de la prouesse technique, parler de microrobots serait néanmoins bien plus approprié…

“Cette technologie du « nano » travaille déjà à l’échelle du milliardième de mètre, ce qui est tout proche du royaume de l’atome. Alors de là à parler de nanotechnologie et de création de nanorobots, il n’y a qu’un pas.”

À PROPOS DE L’ENDOSCOPIE… Pendant très longtemps, le seul moyen d'explorer le corps humain consistait à l'ouvrir et à l’observer à l'œil nu ! Aujourd'hui, les chirurgiens sont capables de le faire via une minuscule incision, grâce à l'endoscopie et aux fibres optiques. On explore en effet l'intérieur des organes grâce à un tube de quelques millimètres. Muni d'une fibre optique, il transmet l'image au médecin qui fait l'examen. Une source lumineuse est située à l'extrémité, afin de bien voir les parois intérieures. En quelques années, le matériel a évolué d'une manière fulgurante, mais les recherches ne se sont pas arrêtées là !… Certaines zones restent encore très difficiles d'accès, même avec une fibre optique très fine : cela pose de gros problèmes quand se produisent des hémorragies digestives dont on ne retrouve pas la cause ou dans le cas de certaines maladies rares de l'intestin. Les laboratoires ont mis au point une capsule pas plus grosse qu'une gélule et qui comporte un système vidéo et un transmetteur. Le patient n'a plus qu'à l'avaler ! Plusieurs centres sont équipés de ce système. Chaque année, dix mille à quinze mille capsules sont utilisées (photo PillCam®).

PillCam, une caméra dans un cachet à avaler.

À l’aube de l’humanité, il y eut l’âge de la pierre et l’utilisation du silex pour créer des outils coupants et des armes. Pendant près de deux millions et demi d’années, ce fut la seule conquête technique de l’homme. Puis vers 6000 à 4 000 avant J.-C., vint l’âge du bronze, qui dura jusqu’en 1 100 avant J.-C., date à laquelle débuta l’âge du fer. Et depuis 1950, nous sommes en quelque sorte entrés dans l’âge du silicium. Et déjà tout s’accélère car tout porte à croire que vous vivons les prémices de l’âge des matériaux, qui se caractérisera par notre capacité à créer toutes sortes de choses de façon contrôlée à par tir de matières premières brutes et de molécules préassemblées.

de là à parler de nanotechnologie et de création de nanorobots, il n’y a qu’un pas. On trouve déjà des MEMS un peu partout : dans les airbags des voitures, dans des ordinateurs, dans des téléphones (iPhone ou Android) — et ils s’ébattront bientôt dans votre corps. La technologie des MEMS se trouve au cœur de cette révolution et les premières idées d’applications médicales ont vu le jour… LA CAPSULE ROBOT Capsules vidéo-endoscopiques.

LE RÈGNE DES MEMS Les MEMS (Micro Electro Mechanical Systems) ou microsystèmes électromécaniques, sont composés de micromécanismes généralement à base de silicium. La technologie des MEMS permet aujourd’hui de fabriquer des structures complexes en 3D bien inférieures au mm3 et présentant des détails de l’ordre de quelques dizaines de nanomètres. Cette technologie du « nano » travaille déjà à l’échelle du milliardième de mètre (cf. encadré), ce qui est tout proche du royaume de l’atome. Alors

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Un nanorobot à la recherche de sa future proie. Un véritable killer !

Destinée à l’analyse du tube digestif, son nom professionnel est « capsule vidéo-endoscopique ». Appelée ainsi, elle ne semble guère effrayante pour le patient mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit véritablement du premier nanorobot médical opérationnel. Les modèles actuellement commercialisés, comme ceux de la société PillCam® (cf. encadré), ne disposent pas de moyens de déplacement propres. Par conséquent, après avoir été avalée, ladite capsule se déplace naturellement au rythme du transit intestinal (contractions et relâchements successifs de l’intestin). Cer tes, il s’agit d’un système simple, mais la société Vector travaille sur deux autres versions, l’une avec un système d’accroche télécommandé, qui permet à la capsule de se fixer dans l’intestin et d’observer, sans mouvement, une zone suspecte, et une autre version disposant d’une

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Capsules vidéo-endoscopiques.

L’HOMME : UNE MACHINE VIVANTE D’UNE COMPLEXITÉ INOUÏE Le rapprochement entre un nanorobot et une cellule humaine paraît tentant. Alors, avec cette analogie, pourquoi ne pas imaginer que nous pourrions un jour fabriquer une machine constituée d’une très grande quantité de nanorobots élémentaires et dont les performances seraient proches de celles des cellules humaines ?… Les êtres vivants sont composés de cellules et de substances reliées par des canaux et des nerfs. Elles consomment de l’énergie et permettent aux capteurs de renseigner la matière grise, qui produit alors des signaux électriques capables d’induire des mouvements corporels. Tout cela est très proche d’une architecture hardware aussi bien que software — avec batteries, actuateurs ou moteurs. Mais la comparaison s’arrête là. L’homme domine en tous points nos machines. Voici les chiffres… — Le corps humain est composé d’environ soixante mille milliards de cellules vivantes. — Chaque cellule contient des dizaines, voire des centaines de mitochondries (ce sont les centrales énergétiques de la cellule), d’où un total de soixante millions de milliards de mitochondries dans un corps humain ! — Des millions de capteurs (de détection, sensation, régulation) sont tous reliés au système nerveux par le biais de milliards de connexions électriques. — Environ cent milliards de neurones fonctionnent avec moins de 15 watts, alors que chaque neurone possède des dizaines de milliers de connexions avec les autres neurones. — Les muscles sont formés de cinq mille sept cents milliards de myosines (actionneurs élémentaires) par cm² de section musculaire. Si l’on ajoute à ce tableau notre capacité d’autoréparation, notre sobriété énergétique globale et notre capacité de reproduction, on voit l’immédiate et écrasante suprématie de l’homme sur la machine — du moins pour le moment !

À droite : vue artistique de nanorobots du futur.

pince apte à faire des prélèvements de tissus. Grâce à ces capsules robots, il est possible de faire des examens en toute simplicité et sans danger. Cela explique le succès de ces systèmes, qui sont aujourd’hui utilisés à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires dans le monde entier. À tout bien considérer, ces capsules robots ne sont pas si complexes et si petites que cela. Mais il ne faut pas oublier que dans le domaine médical, les tests sont longs et les homologations compliquées. Par conséquent, les modèles actuellement utilisés ont été conçus il y a déjà une dizaine d’années et de futures capsules, beaucoup plus sophistiquées, sont en cours de réalisation — certaines, en particulier, capables de se déplacer rapidement en toute autonomie et d’exécuter de petites interventions chirurgicales dans l’intestin.

Le Pekee II de Wany Robotics.

D’AUTRES PROJETS MÉDICAUX UN PEU FOUS L’idée consisterait à créer des nanorobots si minuscules et si agiles qu’une fois injectés dans le corps humain, ils seraient capables d’assurer des interventions chirurgicales extrêmement complexes et largement au-delà des possibilités et des techniques courantes. Ces nanorobots chirurgiens pourraient s’attaquer aux tumeurs, aux caillots et autres dépôts dangereux qui bouchent les vaisseaux sanguins. Ils pourraient juguler les hémorragies ou encore réduire les fractures osseuses. Certains les imaginent même capables de s’attaquer à des virus (la taille des virus est de l’ordre de 20 à 300 nm, donc tout à fait visible par un nanorobot). Après détection du micro-organisme pathogène, le nanorobot pourrait le détruire au moyen d’une « nanodécharge » électrique. Ces nanorobots guerriers livreraient alors un véritable combat à la Star Wars au sein même du corps humain! Dans le même ordre d’idées, d’autres chercheurs ont imaginé des nanorobots infirmiers capables, au moyen de nanoseringues, d’injecter directement là où il le faut un produit chimique ou un médicament. Un tel traitement serait alors immédiatement efficace puisqu’il agirait précisément là où cela est nécessaire en épargnant les autres parties du corps. LES CHERCHEURS VOIENT ENCORE PLUS LOIN Au royaume des nanotechnologies, des rêves extraordinaires sont en train de se réaliser. Si

les nanorobots chirurgiens sont pour demain, tout laisse à penser que des nanorobots manipulateurs d’atomes verront bientôt le jour. Richard Feynman, un des savants les plus brillants du siècle dernier (qui reçut le prix Nobel de physique en 1965 pour ses travaux en électrodynamique), posa dès 1959 les bases de ce concept. En effet, il comprit très tôt toute la puissance de la manipulation directe des différents atomes. Feynman suggéra également qu'il serait bientôt possible de fabriquer des machines nanométriques pour arranger les atomes de la façon dont nous le voulons et faire de la synthèse chimique par manipulation mécanique directe. Tout cela n’a fait que stimuler les chercheurs. Feynman était très en avance sur la technologie de l’époque mais, aujourd’hui, avec les progrès de l’informatique et la maîtrise de la photolithographie nanométrique, tout devient possible. À présent, les exper ts s’accordent à penser que les trente prochaines années seront extraordinaires et les évolutions en matière de manipulations atomiques incroyables. Certains pays ont bien compris ces enjeux et les budgets pour les recherches en nanosciences sont considérables. Par exemple, au Japon et aux USA, les investissements se montent déjà à des dizaines de milliards de dollars — et cela ne fait que commencer… ■Thibault Depost

ZOOM SUR LA CAPSULE ROBOT

Cette capsule jetable est de la taille d’un gros comprimé de vitamines. Elle est dotée d’une source de lumière et d’une minicaméra qui capte des images à raison de quatre images par seconde pendant la dizaine d’heures où la capsule circule naturellement dans les voies digestives. Et un émetteur radio transmet en direct les images à un médecin chargé de les analyser.

Vue en transparence de la capsule robot 1. Optique dôme 2. Objectif 140° 3. Éclairages LEDs 4. Capteur CMOS 5. Batteries 6. Circuits électroniques et émetteur radio 7. Antenne

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R U O J N U L I ? T E T I U A DÉB OBOT PE AR LA V P R É N H U C U O T E R ÊT

Nous n’allons pas tenter de donner une réponse définitive — personne n’en est actuellement capable. Cette petite introduction va apporter un début de réflexion sur un thème que nous allons étudier dans un prochain dossier. Afin de lancer le débat, nous allons poser quelques questions à deux de nos journalistes — chacun ayant une sensibilité et des idées bien différentes sur le sujet… ique nage myth un person un robot pary, o B ro st A e semble êtr ents. au Japon, nt et doué de sentim ie sc n co fait,

Fiche technique Towanda Catholique et musicienne, elle apprécie la science-fiction comme les nouvelles technologies et utilise couramment des robots domestiques. Esprit spirituel. Possède une grande sensibilité artistique. Série préférée : Monk. Fiche technique Screetch Athée et informaticien, il apprécie également la science-fiction comme les nouvelles technologies et utilise couramment des robots domestiques. Esprit scientifique. Geek dans l’âme. Série préférée : I.T. Crowd.

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Planète Robots : Un robot peut-il prétendre un jour à la vie ? Towanda : Je ne le pense pas. Il faudrait déjà définir ce qu’est la notion de « vie ». Pour ma part, je pense que seuls des êtres biologiques (plantes, animaux, humains…) peuvent porter la vie. Ils connaissent une évolution… Le physique et la psyché changent pour certaines espèces tout au long de leur existence. Ces êtres ont la capacité de se reproduire et la mort est toujours l’aboutissement de la vie. Screetch : Le cerveau de l’animal et celui de l’être humain sont seulement, par principe, des ordinateurs très évolués. De plus, ils utilisent un système binaire, comme les ordinateurs actuels. En effet, les neurones communiquent entre eux en envoyant un message chimique (ou pas) — c’est tout ou rien ! Les microprocesseurs d’aujourd’hui fonctionnent exactement de la même façon, mais des travaux sur l’informatique quantique permettront d’avoir des processeurs à signaux analogiques et donc bien plus évolués que nos cerveaux humains

dans leur principe de fonctionnement. Mais nous en sommes encore bien loin. Recréer une complexité semblable à celle de notre cerveau prendra du temps, mais il n’y a aucune raison que l’on n’y arrive pas… Towanda : Un robot serait donc une copie d’un être humain !… Mais en quoi cela lui donne-t-il la vie ? Une copie, même parfaite, du cerveau humain ne veut en aucun cas dire que le robot qui en serait équipé portera la vie. Le mot « vivant » n’est pas le terme qui convient ! S. : Si, un jour, nous arrivons à atteindre une cer taine complexité du microprocesseur, proche de celle de son pendant biologique, le cerveau, il est for t probable que l’on puisse mettre au point une Intelligence ar tificielle pouvant connaître une conscience de soi. Ce sera pour moi l’un des symboles de la vie évoluée qui sera atteint… T. : Si j’appuie sur le bouton Off de mon robot, il restera dans son coin et ne pourra continuer à « vivre ». Le robot n’aura pas de conscience ou d’inconscience, il ne rêvera pas. Le jour où je voudrai le réutiliser, je rallumerai


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“Recréer une complexité semblable à celle de notre cerveau prendra du temps, mais il n’y a aucune raison que l’on n’y arrive pas…” TOUT CE QUI RESSEMBLE À DE LA VIE NE RELÈVE PAS FORCÉMENT DU DOMAINE DU VIVANT !… Même dans le cadre naturel, tous les scientifiques ne sont pas d’accord à ce propos. Un des gros points noirs de la recherche dans ce domaine est le fait que l’on se pose la question du vivant à propos du virus. Les virus possèdent des constituants en commun avec les cellules vivantes, comme un acide nucléique (ADN ou ARN) et des protéines. Cependant, selon la définition du biochimiste Wendell Stanley, les virus sont de « simples » associations de molécules biologiques. Ils sont le fruit d’une auto-organisation de molécules organiques et ne sont donc pas vivants. François Jacob insiste aussi sur cette caractéristique des virus : « Placés en suspension dans un milieu de culture, ils ne peuvent ni métaboliser, ni produire ou utiliser de l’énergie, ni croître, ni se multiplier, toutes fonctions communes aux êtres vivants. » Les virus ne peuvent se multiplier qu’en utilisant l’équipement enzymatique d’une cellule vivante. De plus, ils contiennent bien un acide nucléique, de l’ADN ou de l’ARN, mais pas les deux — à la différence des cellules vivantes.

Le robot de L'homme bicentenaire se bat contre les préjugés pour obtenir le statut d'humain.

le robot. Ce dernier continuera de fonctionner sans même se rendre compte de son arrêt momentané. Le fait qu’il a été arrêté ou pas sur une certaine période ne changera rien à son utilisation. Par conséquent, l’homme maîtriserait la « vie » d’un robot sans que cela ne dérange ce dernier ! Partant de là, je ne vois pas une seule trace de vie dans le robot. Cela restera bel et bien une machine !… S. : Il semble que le robot acquière cette possibilité en surplus des nôtres. C’est une sorte d’évolution… En reprenant ton exemple, l’homme peut également s’éteindre mais, effectivement, s’il n’est pas « rallumé » à temps, sa mémoire volatile ne reprendra pas toute sa place et il pourrait même perdre l’usage de nombreuses parties de son corps. Mais pour moi, cette différence ne constitue pas un argument.

conscience, il est for t possible que l’Intelligence ar tificielle atteigne ce but un jour ou l’autre. P. : Admettons qu’un robot puisse atteindre l’état de vivant… Selon vous, est-ce souhaitable — ou pas ?…

De la même manière, les robots dits intelligents d’aujourd’hui ne sont aucunement vivants. Même si on leur prête des moyens de communication sur le plan émotionnel par le biais de traits animaux ou humains, ils font seulement semblant. Actuellement, tout passe par la programmation — une suite d’ordres donnés au robot, qu’il organisera en fonction des stimuli qu’il percevra par l’intermédiaire de ses senseurs (toucher, sons, vue). Il est capable d’interagir presque naturellement avec l’humain, mais ses réponses ne font que refléter le travail des ingénieurs qui l’ont mis au point. Le robot dinosaure Pleo, avec son air si attachant et si réaliste, n’est pour le moment qu’une machine — que l’on croit vivante à cause de notre propension à lui trouver des caractéristiques anthropomorphes.

T. : Encore une fois, tout dépend de ce que l’on entend par « vivant ». Si les robots gar-

Le robot Pleo semble avoir les réactions d'un animal vivant mais ne réagit en fait qu'à des ordres informatiques.

P.R. : Un robot peut-il avoir une âme ? T. : En tant que catholique, je ne peux pas penser une telle chose. Mon aspirateur, qui n’est rien d’autre qu’une machine, n’a pas d’âme. Mon robot aspirateur n’en n’a pas. Mon robot majordome, même s’il peut marcher et parler, n’en aura pas davantage. Cela reste une invention ingénieuse — programmée, tout simplement ! S. : Je suis d’accord avec Towanda, mais pour des raisons évidement différentes, en rapport avec mon athéisme. Après, cela peut changer suivant la manière dont on conçoit la définition du mot « âme ». Que nous nous bornions au côté religieux ou que l’on parle de

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DÉFINITION DU MOT « VIE » Activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste par les fonctions de nutrition et de reproduction et qui constitue leur mode d’activité propre, de la naissance à la mort. À cela viennent s’ajouter chez certains êtres les fonctions de relation — et chez l’homme la raison et le libre arbitre.

Wall-E, le petit robot de Disney créé pour nettoyer la planète, semble atteint par la vie, d’ailleurs il tombe amoureux d’un autre robot, EVE.

dent leurs fonctions utilitaires, je leur demande uniquement de m’aider dans mes tâches quotidiennes et je ne souhaite pas qu’ils aillent jusqu’à la pensée. Allons au-delà — et imaginons qu’ils puissent vivre leur vie comme les humains… Cela ferait beaucoup de monde sur notre petite Terre ! Il faudrait réinventer l’organisation générale du monde et le domaine de la politique deviendrait, à mon sens, des plus complexes. Quel chaos !!! Déjà que les hommes ont du mal à s’entendre entre

eux !!!… Donc, dans tous les cas, pour ma part, ce n’est pas envisageable. S. : Je vois l’évolution de l’Intelligence ar tificielle aller vers la création d’une vie, un jour ou l’autre. Ce sera dans dix ans ou dans un millénaire, mais nous y arriverons — ce n’est qu’une question d’avancées technologiques. Qu’on le désire ou pas, c’est une évolution logique des choses. Quant à mon souhait personnel, il est plus modéré. Tant que l’arrivée du

robot ne vient pas dérégler notre fragile écosystème, au sens le plus large du terme, je n’y vois absolument aucun inconvénient. En revanche, s’ils viennent demander leur émancipation, par quoi va-t-on les remplacer lorsque nous aurons pris l’habitude de nous décharger de toutes nos tâches ingrates sur eux ?… Ce débat est loin d’être terminé. Comme il a été dit plus haut, nous y reviendrons prochainement dans un grand dossier. D’autres questions restent à poser, d’autres visions peuvent apparaître… Notre intervenante, Towanda, est catholique, mais il existe d’autres religions et d’autres courants de pensée. Il serait intéressant par exemple de connaître l’opinion d’un bouddhiste (qui considère que chaque objet possède une âme — donc un robot en a forcément une !)… Nous pourrons également considérer d’autres aspects de ces questions d’éthique et envisager une intrication du monde électromécanique avec le monde biologique. L’humain et le robot finiront-ils par fusionner et ainsi engendrer une nouvelle espèce ? En effet, nous commençons déjà à devenir de véritables cyborgs en équipant notre corps de prothèses robotisées. Pour le moment, cela reste purement médical, mais nous arriverons sûrement un jour à le faire pour améliorer notre condition. Il est même peut-être possible que nous puissions, dans un avenir plus ou moins lointain, remplacer certaines parties de notre cerveau et y ajouter de la mémoire quand cette dernière deviendra défaillante… Et si un robot revêtait un jour un aspect biologique, grâce à la culture et à la multiplication des cellules, cela changerait une fois de plus le débat ! Toutes ces questions passionnantes seront débattues dans un prochain numéro de Planète Robots.

DÉFINITION DE LA VIE ARTIFICIELLE Il est difficile de donner une définition exacte de la vie artificielle. J. Doyne Farmer a proposé, en 1990, une liste de critères qui permettent de déterminer si un système est vivant ou non… 1. La vie est une structure dans l’espace-temps, plutôt qu’un objet matériel spécifique. 2. La vie implique un mécanisme d’autoreproduction. 3. Un être vivant comprend une description de lui-même qu’il utilise pour se reproduire (exemple : ADN). 4. Un être vivant possède un métabolisme qui convertit la matière ou l’énergie de l’environnement dans des fonctions utiles à l'organisme. 5. Un être vivant interagit fonctionnellement avec son environnement. 6. Un être vivant est composé d'un ensemble de structures interdépendantes qui constituent son identité. 7. Une forme vivante reste stable malgré les perturbations dues à l'environnement (exemples : redondance des gènes, processus de guérison). 8. Les êtres vivants ont une capacité d'évolution au niveau des générations successives de l'espèce (exemple : mutation génétique).

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LA ROBOLUTION EST EN MARCHE ! « Bruno Bonnell est un visionnaire » le Figaro - 7 juin 2010

« Evangélisateur dans l’âme » le Nouvel Observateur - mai 2010

« Enthousiasme et passion » Métro - avril 2010

« Son nouvel ouvrage, singulier et profondément convaincant à l’image de son auteur » le Lecteur - juin 2010

« Ce lyonnais crée les robots de demain » Métro - mai 2010

un LIVRE RéFéRENCE BLE INDISPENSA om c . lis o p bo o r w. w rw u s ble i n po Dis

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ENTRE CIEL ET TERRE

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E T Le concept car chinois Yee.

Au tout début du XXe siècle, l’automobile et l’avion n’en étaient encore qu’à leurs prémices. À cette époque, on ignorait encore toute l’importance que ces deux nouveaux modes de transport allaient prendre dans notre vie quotidienne… Mais certains inventeurs pensaient déjà à combiner les deux en un seul et même engin — mais si cela semblait a priori faisable, il n’en allait pas forcément de même au moment de passer à la pratique…

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Les dossiers À droite, l'Airphibian de Robert Edison Fulton Jr. (années 1940). — La voiture volante du James Bond L'homme au pistolet d'or (© Christophel). — ConvAir Model 116 de Theodore P. Hall (années 1940).

Si, au cours des derniers siècles, bon nombre d’auteurs d’œuvres de fiction (qu’il s’agisse de littérature et de BD au sens large, puis de cinéma — voire de jeux vidéo) n’ont pas manqué d’idées pour nous proposer toutes sortes de véhicules volants, tout droit sortis de leur imagination fertile — qu’en est-il exactement dans la réalité ? Et s’il ne semble pas si utopique que cela de fabriquer une voiture volante, il faut encore qu’elle se montre aussi facile à conduire sur route qu’à piloter dans les airs et que son coût d’achat (et d’entretien) reste à la portée de tous. TIRE VOLANTE OU ZINC ROULANT ? Dès le début, les avis divergèrent entre les divers inventeurs (pour la plupart ingénieurs de formation) sur la façon d’envisager le problème. Il leur fallut alors choisir entre ce que les Américains ont regroupé sous le vocable de flying autos (voitures volantes) ou de roadable aircrafts (avions capables de rouler), quand il s’agissait de voitures dotées d’un équipement supplémentaire leur permettant de voler ou bien d’avions modifiés afin de pouvoir de rouler sur les routes. Outre-Atlantique, les rares inventeurs français préférèrent, quant à eux, donner dès l’après-guerre à leurs réalisations la dénomination générique d’aérautos. En définitive, quelle que soit l’option choisie, il n’en demeure pas moins que la conception d’un tel engin se heurte forcément à de multiples difficultés. Et ce, en raison des diverses contraintes techniques qui doivent être prises en compte, aussi bien au sol que dans les airs, dans la mesure où celles-ci n’ont souvent strictement rien à voir les unes avec les autres (motorisation, dimensions de l’engin ainsi que son poids, équipement à bord, réglementations et normes en vigueur à respecter, type de carburant utilisé, etc.). Par ailleurs, certains châssis ne pouvaient pas être retenus car ils allaient à l’encontre même des principes de base de l’aérodynamique, tandis que d’autres se révélaient bien trop lourds pour voler ou, au contraire, nécessitaient de faire appel à des technologies alaires qui étaient bien trop fragiles et les rendaient bien trop vulnérables. D’un point de vue purement théorique, on partait du principe qu’un tel engin devait être capable de pouvoir transpor ter au minimum une personne avec ses bagages, avoir une autonomie de déplacement au moins équivalente à celle d’une voiture traditionnelle et disposer d’une largeur (en configuration repliée) compatible avec celle de la route empruntée comme d’une vitesse de décollage et aussi d’une largeur (en configuration dépliée) permettant de décoller d’une (auto)route.

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L’Aerocar 3 de Moulton Taylor. (années 1950)

DÉCOLLAGE IMMINENT… Depuis le début du XXe siècle, chaque décennie a vu se développer bon nombre de tentatives qui ont cherché à résoudre l’ensemble de ces épineux problèmes. Parmi les recherches effectuées dans ce domaine, beaucoup restèrent au stade de simples projets (parfois accompagnés d’un dépôt de brevet — ce qui fut le cas pour l’Airplane d’Else H. Tubbe ou encore pour le Boggs Airmaster, d’Herbert D. et d’Helen J. Boggs, déposé en avril 1944 sous l’appellation de Convertible Air and Land Conveyance). À l’opposé, cer taines d’entre elles aboutirent à la construction d’un prototype, voire de plusieurs, dont les essais furent plus ou moins concluants. Malgré quelques rares réussites (comme, par exemple, la ConvAir Model 116 de Theodore

P. Hall ou encore l’Airphibian de Robert Edison Fulton Jr.), elles finirent malheureusement toutes par être abandonnées pour de multiples raisons… (Manque de moyens financiers pour les construire et les commercialiser à grande échelle, crise économique de 1929, priorité donnée à la fabrication de matériels militaires au moment de la Seconde Guerre mondiale, faillite de l'entreprise, décès de leur inventeur, etc.) Parmi tous ces projets, celui qui satisfit le plus son inventeur fut l’Airphibian III (aussi appelé FA-3), à aile cantilever, qui fut certifié par la CAA en juin 1952 et dont les six premiers exemplaires furent bel et bien construits à l’époque. L’un des modèles de l’Airphibian est désormais la propriété du Smithsonian National Air and Space Museum de Washington.


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“Depuis le début du XXe siècle, chaque décennie a vu se développer bon nombre de tentatives qui ont cherché à résoudre l’ensemble de ces épineux problèmes.”

La SkyBike devrait passer de 0 à 100 km/h en six secondes et atteindre plus de 150 km/h sur route. Pour s’envoler, elle doit atteindre la vitesse de 230 km/h !

De haut en bas. Le Transition de Terrafugia et le Pal-V de John Bakker.

LES AILES DU DÉSIR Au fil des ans, plusieurs possibilités furent envisagées en ce qui concerne les ailes (au nom-

bre de deux, soit une de chaque côté du fuselage, ou bien unique). Selon l’option choisie, elles pouvaient soit se replier de chaque côté de l’engin (comme sur l’avion-automobile de René Tampier, l’Airplane d’Else H. Tubbe ou le « car/plane » de George G. Spratt) ou bien pivoter au-dessus de l’habitacle (comme dans l’Ercoupe de James Wisner Holland ou le Plane-Mobile de Zuck et Whitaker), soit être carrément amovibles (comme dans l’Autoplane de Glenn Hammond Curtiss). Par la suite, dans la deuxième moitié des années 1930, les recherches s’orientèrent vers la création d’un véritable hybride, mais deux versions radicalement différentes s’opposèrent quant à la forme que devait prendre ce nouveau véhicule. L’affrontement se fit désormais entre « intégration » et « modularité ». Dans le premier cas de figure, on avait affaire, en quelque sorte à un engin « deux en un », tandis que dans l’autre, la par tie avion se détachait complètement de la par tie voiture et était alors laissée à l’aérodrome (comme pour l’Arrowbile de Waldo Waterman, l’Airphibian de Rober t Edison Fulton Jr. et la ConvAir Model 118 de Theodore P. Hall). Pour mettre son projet à la portée du plus grand nombre, Theodore P. Hall envisagea même de ne mettre en vente que la berline classique à quatre places qui faisait office de voiture, à un prix avoisinant les mille cinq cents dollars de l’époque, tandis que la partie avion devait être uniquement proposée en location par le biais

d’un réseau d’agents franchisés, qui auraient été présents dans chaque aérodrome. Dans la deuxième moitié des années 1940, stimulés par l’euphorie du boom économique de l’après-guerre, ce furent les projets concernant les appareils modulaires, constitués d’un véhicule roulant et d’une partie volante démontable, qui prédominèrent très nettement. Ce fut le cas du Travelplane de George Hervey (dont l’aile, une fois démontée, pouvait être remisée dans une remorque attelée au véhicule roulant) ou du Boggs Airmaster d’Herber t D. Boggs et d’Helen J. Boggs (qui se différenciait de ses concurrents par le fait que la seule partie commune à l’automobile et à l’avion était la carrosserie). Par ailleurs, en 1947, M. de la Fournière, un ingénieur français, proposa son Aviauto, un projet très novateur dont la base était constituée d’un monoplan bimoteur de 13,70 m d’envergure dont le fuselage avant était amovible. L’originalité du concept résidait dans le fait qu’il était possible de choisir la carlingue la mieux adaptée, selon qu’il s’agissait de transporter du courrier, des marchandises, des vacanciers ou encore des personnes blessées devant voyager en position allongée. Parmi les carlingues proposées aux futurs acheteurs figurait même une voiture à cinq places… LES FOUS DU VOLANT En partie influencés par les pulps (plus spécifiquement ceux de la fin des années 1920,

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comme Air Wonder Stories, Amazing Stories ou Science Wonder Stories) ainsi que par de multiples séries B (voire carrément Z) de science-fiction, certains projets nous semblent aujourd’hui particulièrement farfelus, à l’instar du Christie Flying Tank Project ou de la Hiller Flying Platform, dont sept prototypes ont pourtant bien été construits. Si pendant un certain temps, les choix de certains inventeurs ont été partagés entre intégration et modularité, d’autres ont préféré envisager le problème d’un point de vue différent, en optant soit pour l’horizontalité, soit pour la verticalité. C’est alors qu’apparurent divers projets d’autogires dont les rotors, à la différence de ceux des hélicoptères, n’étaient pas alimentés par le moteur mais fonctionnaient par autorotation. Ces engins faisaient donc appel à un autre moyen de propulsion, généralement une hélice située à l’avant. Dans la deuxième moitié des années 1930, plusieurs projets d’autogires légers virent le jour (le plus connu d’entre eux est le Pitcairn AC-35). LE VOYAGE IMAGINAIRE Grâce aux immenses progrès réalisés dans le domaine des effets spéciaux, le septième art n’a pas non plus été en reste dans ce domaine. Au cours des dernières décennies, de nombreux films nous ont montré toutes sortes de voitures volantes, quels que soient leur mode de propulsion et leur fonction première. Cela va du véhicule gadget dans un James Bond (L’homme au pistolet d’or) aux divers véhicules du Cinquième élément et aux spinners de Blade Runner en passant par les Hot Speed Racers utilisés sur Coruscant dans Star Wars, épisode 2 : l’attaque des clones. Sans oublier la Ford Anglia appartenant à Ronald Bilius Weasley, qui vole grâce à la magie dans Harry Potter et la chambre des secrets, la Volga 21 de Black Lightning (qui a la faculté de voler comme un avion grâce à un système de nanocatalyseurs). Et sur tout la mythique DeLorean, inventée par

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La SkyBike, un trois-roues qui a la particularité de posséder une paire d’ailes rétractables.

Doc Brown (dans la trilogie de Retour vers le futur), qui ne se contente pas d’être seulement une voiture volante, mais fait également office de machine à voyager dans le temps. UTOPIE, FANTASME — OU RÉALITÉ ? Les recherches effectuées un peu par tout dans le monde dans ce domaine aussi bien dans la dernière décennie du XXe siècle qu’au début du XXIe semblent privilégier la piste de la verticalité en s’orientant en grande majorité vers l’utilisation de technologies de type VTOL (Vertical Take Odd and Landing). En outre, les projets en cours ne se concentrent pas exclusivement sur des voitures volantes mais aussi sur des motos (comme l’Airbike d’Allied Aerotechnics ou la Flite Bike d’Al Bragg). Et aussi sur des engins qui ressemblent à des hélicoptères, même s’ils n’en sont plus réellement (comme le CarterCopter de Carter Aviation Technologies, le Skywalker de Mirror Image Aerospace, le Pal-V de John Bakker ou le Solotrek XFV de Trek Aerospace, qui est une sorte de véhicule exosquelette volant). Par ailleurs, un certain nombre de projets actuels optent carrément pour un design très futuriste, digne des meilleurs films de science-fiction. Comme le Humming d’AeroCopter Inc., le Kestrel de Kestrel Aerospace, le Cane de Matt Fletcher, le SkyRider X2R de Macro Industries Inc., le Gizio G440 de Gino d’Ignazio, le X-Hawk d’Urban Aeronautics ou encore la M400 Skycar de Moller Industries. De leur côté, les Chinois ne sont pas en reste avec la Yee, un projet conçu par Pan Jiazhi, Zhu Wenxi et Lai Zexin, trois étudiants en design et mécanique. Si ce projet de voiture volante futuriste

devait un jour se concrétiser, la Yee adopterait les panneaux solaires et serait construite à partir de matériaux renouvelables. Quant à l’iCar 101, c’est le premier projet de voiture volante hybride électrique utilisant des ailes centrifugées télescopiques à effet Magnus. À ce jour, le projet qui est de loin le plus avancé est celui de la Transition de Terrafugia, dont les premiers exemplaires devraient être commercialisés courant 2011 (le constructeur attendrait les dernières autorisations et homologations pour passer au stade de la production). Toutefois son prix de vente (environ cent cinquante mille euros) apparaît prohibitif. Si, à la fin du XXe siècle, on a peut-être envisagé que la voiture volante pouvait bientôt devenir une réalité, il n’en est désormais vraiment plus de même… La nouvelle crise économique mondiale est passée par là, ainsi que la montée en puissance du « tout sécuritaire ». Désormais, plus personne ne peut monter à bord d’un avion sans avoir été préalablement fouillé, scanné, déchaussé, etc. Dans ces conditions, on se demande bien comment il serait encore possible d’imaginer la production et la commercialisation à grande échelle de voitures volantes qui circuleraient au gré des envies des conducteurs. Cela impliquerait la création de couloirs aériens spéciaux, d’une nouvelle législation, de permis à passer, d’assurances, etc. Aujourd’hui, les voyages dans l’espace à bord de navettes, gérées par des sociétés privées et destinées uniquement aux plus nantis, semblent nettement plus crédibles que la concrétisation et la commercialisation de voitures volantes. ■Josèphe Ghenzer


Votre monde tel que je le vois_

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Long des murs_

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ACTION : mur virtuel: evite.

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ACTION : Wall-Follow : faire tournoyer la brosse laterale.

barriere infrarouge_

Poils de chien_ ACTION : Dirt Detect: aspirer tant qu'il le faudra.

Meuble bas_ ,

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ACTION : Verification hauteur: 9 cm ? A l'aise!

Changement de surface_ ACTION : Pas de panique: continuer.

Je suis Roomba®, le robot-aspirateur. Votre monde est mon monde : il est plein de défis, mais j’aime les défis. Je suis conçu par iRobot, les experts en robotique.Je suis doté d’un système de navigation intelligent qui m’aide à m’adapter à votre monde. Je calcule mon parcours 67 fois par seconde. Je suis capable de détecter les zones les plus sales pour les nettoyer encore plus. Vous pouvez même me programmer pour que je travaille quand cela vous arrange et lorsque j’ai fini, je reviens tout seul vers ma station pour me recharger. J’ai été vendu à plus de 5 millions de pièces dans le monde. En France, je suis distribué par Robopolis® dans plus de 1500 © 2010 iRobot Corporation. Tous droits points de vente.

réservés. iRobot, Roomba et Virtual Wall sont des marques déposées de iRobot Corporation. Home Base, Dirt Detect, iAdapt et Lighthouse sont des marques commerciales de iRobot Corporation. [00054.0409.v1]

Making Robots Work For You

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LA LENTE MARCHE DES ROBOTS HUMANOÏDES

L’ÉTAT DE L’ART

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Sept kilomètres à l’heure — c’est actuellement le record de vitesse pour un robot bipède, établi par une machine de la gamme Partner de Toyota, suivie de près par l’Asimo de Honda… Rappelons que le premier coureur (le Qrio de Sony) avait débuté à la vitesse de 0,84 km/h en 2003. Les progrès sont impressionnants ! plus ou moins glissant, présence d’obstacles). — Il faut une grande rapidité de calcul, à la fois pour assurer la stabilité, avec l'objectif d'obtenir des robots bipèdes utiles (et donc commercialisables). — La nécessité d’un changement de vitesse et de direction « en douceur ». — L’estimation de la taille des obstacles. — Il faut gérer de façon cohérente les informations provenant de l'extérieur (perception : position dans la pièce, présence des obstacles) et celles qui sont propres au robot (proprioception : verticalité, vitesse, position des membres). — Enfin, réaliser tout cela en employant une énergie compatible avec des déplacements fréquents, des durées et des distances utiles aux besoins envisagés. À l’heure actuelle, les modèles grand public les moins gourmands en énergie tiennent seulement une heure à pleine charge.

L’Asimo de Honda lors d'une présentation à Disneyland. — Le Ropid de Tomotaka Takahashi, un robot minuscule capable de courir et de sauter sur place.

Pourquoi une telle avance dans le domaine des robots bipèdes au Japon ? Certainement parce que ce pays est celui de la robotique, mais surtout à cause de l’intégration des robots dans la vie et les tâches quotidiennes, à domicile ou au travail. Face à ce besoin, les robots humanoïdes, (ou du moins aptes à la bipédie) se révèlent indispensables. Pour tant, ladite bipédie soulève encore bien des problèmes (et réclame des solutions)… — Le centre de gravité et la vitesse du robot doivent être réglés en permanence pour éviter la chute. — Le robot doit pouvoir s'adapter à des environnements changeants (sol irrégulier ou

PRINCIPES DE BASE Le squelette du robot doit bénéficier de la morphologie (longueur et poids des membres, degrés de liber té…) propice à ses déplacements. Le résultat est testé par des simulations informatiques. Une fois assemblé, on le barde de capteurs qui lui indiquent sa position, et celle — relative — de ses membres. Ces capteurs se trouvent en particulier au niveau des ar ticulations, où ils enregistrent les angles entre les deux membres. (La vitesse, l'inclinaison du robot par rapport au sol sont également enregistrées.) Ces éléments sont représentés sur le schéma du principe de simulation mis à notre disposition par le Dr Dilip Kumar Pratihar, de l’Institut indien de technologie. Les constantes m1 à m7 sont les masses des différents membres, L1 à L7 leur longueur et les variables θ1 à θ7 les angles des membres par rapport à la verticale. L’étude indienne portant sur la seule bipédie, tout le haut du corps est représenté par un seul membre (4). Dans cet exemple, le robot doit enjamber un petit fossé. À partir de toutes ces données, l'ordinateur du robot calcule en permanence les ajustements à réaliser dans sa position pour garantir son équilibre. Ces calculs donnent lieu à un réajustement constant de l'ensemble des éléments de son corps.


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Le Qrio de Sony, le premier robot capable de courir.

“Pourquoi une telle avance dans le domaine des robots bipèdes au Japon? Certainement parce que ce pays est celui de la robotique, mais surtout à cause de l’intégration des robots dans la vie et les tâches quotidiennes, à domicile ou au travail. ”

Cela implique une considérable puissance de calcul et la production d'un algorithme spécifique, gérant les caractéristiques physiques du robot. LES PISTES DE RECHERCHE DANS LE MONDE En ce qui concerne la puissance de calcul, un nouvel axe de recherche intéressant se base sur les « états discrets ». Pour faire simple, disons que la démarche du robot a été simulée à maintes reprises, informatiquement, dans des environnements (virtuels) variés. À la suite de ces simulations, des schémas sont enregistrés dans sa mémoire. Ils contiennent les coordonnées de différents points spécifiques du robot

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i-Foot, un siège bipède robotisé dérivant du projet Toyota Partner.

graphie (1) et (2) — assurent qu’elle réduira considérablement les temps de calcul.

(articulations, extrémités des membres…) lors de ces déplacements virtuels. Quand le robot « réel » se met à marcher, il vient puiser dans sa mémoire, à la recherche de la situation corporelle la plus proche de celle qu'il est en train de vivre, ou comme disent les chercheurs, de son « état » (voir le schéma Coordination des mouvements par états discrets). Une fois cette situation déterminée, il dispose des différentes possibilités d'« état » suivantes qui lui permettent de conserver l'équilibre. Il choisit alors la moins coûteuse en termes d'énergie pour remplir l'objectif donné. Les concepteurs de cette technique, Yuichi Tazaki et Jun-ichi Imura — voir biblio-

UN APPRENTISSAGE INDÉPENDANT, SANS LOGICIEL SPÉCIFIQUE… Dans ce dessein, une tentative (particulièrement intéressante et ambitieuse) reprend l'image du bébé apprenant à marcher. Ce projet consiste à travailler sur l'apprentissage en tant que tel de l’ambulation, avec l'optique de le rendre indépendant du robot considéré. Ses auteurs, Madani Kurosh et Christophe Sabourin (3), de l’université de Créteil, disent euxmêmes vouloir passer de la théorie du contrôle à celle de l’apprentissage. Ce modèle suppose la gestion de deux types de fonctions cognitives du robot… — Les « conscientes » : repérage, estimation des obstacles, connaissance des données internes (position des membres, verticalité, etc.). — Les « inconscientes », chargées de « trier » les informations conscientes et d’en déduire une action. En déduire, car le robot se révèle alors capable non seulement d’apprentissage, mais aussi de généralisation. Il a appris à régler la longueur des pas, mais peut, grâce à ses fonctions « inconscientes », gérer correctement une situation dans laquelle lui est donnée l’inclinaison du sol. Ces fonctions sont programmées en logique floue.


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“Les robots, quant à eux, devront être prêts à intervenir au cœur de tous les environnements possibles: le pays du Soleil-Levant a d’ores et déjà annoncé son intention d’envoyer des robots bipèdes sur la surface de la Lune d’ici 2020.” LIENS Une autre solution, développée en Iran par A.R. Ghiasi, G. Alizadeh et M. Mirzaei, consiste à employer des algorithmes génétiques pour déterminer la solution de déplacement la plus adaptée. Enfin, des essais comparatifs ont été menés en Inde par Vundavilli Ranga Pandu et Dilip Kumar Pratihar (4), qui montrent qu’une programmation par réseau de neurones est plus avantageuse qu’une programmation classique, à la fois en termes de trajectoire suivie, de programmation (qui devient alors adaptable) et de consommation d’énergie. Algorithme génétique ? Logique floue et réseau de neurones ? Apprentissage ? La réponse à l’impossibilité de programmer un robot pour tous les types de terrain et en toutes circonstances sera certainement contenue dans les trois approches… LES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE Dans ce domaine, certaines équipes travaillent à utiliser le même principe que celui de la marche humaine : le balancier. Nos mouvements des bras et du bassin tendent naturellement à réduire l’effor t des jambes. Ainsi, Asimo consomme, à propor tion et distance égales, seize fois plus d’énergie qu’un humain. L’idée consiste donc à créer une compensation semblable chez le robot. Les chercheurs s’inspirent en cela des travaux sur la dynamique passive du célèbre Tad McGeer, qui avait réussi la prouesse de faire descendre une pente à un mobile bipède. (Un mobile étant par définition, non motorisé.) La poursuite de ces travaux aboutit au record de distance battu par le robot Cornell Ranger basé sur ce principe, mais non bipède : 9,07 km, avec une perte d’énergie du même ordre que celle d’un humain. Ils ont également été repris par Marc Raibert (5), pour son célèbre BigDog (un quadrupède militaire). En fait, il existe deux méthodes principales pour se rapprocher de cet objectif. La première consiste à récupérer l’énergie perdue à chaque étape de déplacement au moyen de divers actionneurs — pneumatiques ou électriques. La seconde, plus ambitieuse, consiste

Coordination des mouvements par états discrets

Dynamique passive Si vous voulez en savoir plus sur cette technologie en plein essor, il existe un site dédié, www.dynamicwalking.org, qui présente les rencontres annuelles organisées par les chercheurs. Le lien « Talk Videos » vous renverra vers les vidéos (en anglais) des conférences.

Asimo en train de disputer un match de foot !

à essayer de se rapprocher dès le dépar t d’une marche entièrement passive, les moteurs intervenant seulement en appoint. Ce rapide tour d’horizon du problème de la bipédie nous indique que les travaux de recherche semblent converger. Quand le principe de compensation des per tes d’énergie par balancier sera maîtrisé, il permettra une simplification des calculs nécessaires à la marche en la rendant « naturelle ». Mais cela devra certainement passer par un apprentissage… On le voit, si le robot accélère progressivement sa marche, celle-ci nous conduira certainement au-delà de la seule maîtrise du déplacement. De plus, comme vous avez pu le lire, la recherche du robot bipède efficace est maintenant mondiale, même si la plupart des chercheurs — en dehors du Japon, de quelques laboratoires européens et américains et de l’Iran — travaillent uniquement sur des modèles informatiques. Les robots, quant à eux, devront être prêts à intervenir au cœur de tous les environnements possibles : le pays du Soleil-Levant a d’ores et déjà annoncé son intention d’envoyer des robots bipèdes sur la surface de la Lune d’ici 2 020. En attendant, athlètes, entraînez-vous : en gagnant environ un kilomètre à l’heure par an, les robots battront l'homme au cent mètres plat dans une bonne trentaine d'années !… ■Nicolas Denis

Pour voir les résultats Cherchez Qrio Running, Asimo Running, Toyota Partner Running, Cornell Ranger ou BigDog sur YouTube ou Dailymotion, pour admirer les performances de nos joggeurs préférés… LECTURES Concernant les chercheurs cités… — (1) Hybrid Systems : Computation and Control : 12th International Conference, HSCC 2009, San Francisco, Ca, USA, April 13-15, 2009, Proceedings, de Rupak Majumdar et Paulo Tabuada. — (2) Hybrid Systems Computation And Control: 9th International Workshop, HSCC 2006, Santa Barbara, CA, USA, March 29-31, 2006, Proceedings, de João Hespanha et Ashish Tiwari. — (3) Bio-Inspired Systems : Computational and Ambient Intelligence : 10th International WorkConference on Artificial Neural Networks, IWANN 2009, Salamanca, Spain, June 10-12, 2009, Proceedings, de Joan Cabestany, Francisco Sandoval, Alberto Prieto et Juan M. Corchado — (4) Intelligent Autonomous Systems : Foundations and Applications, de Dilip Kumar Pratihar et Lakhmi C. Jain — (5) Legged Robots That Balance, de Marc H. Raibert (quasiment introuvable).

En français dans le texte… — Une introduction : La bionique ¬– Quand la science imite la nature, d’Agnès Guillot et Jean-Arcady Meyer. — Pour aller plus loin : Introduction à la commande des robots humanoïdes : de la modélisation à la génération du mouvement, de Shuuji Kajita. — Également pour aller plus loin : Les robots marcheurs bipèdes (modélisation, conception, synthèse de la marche, commande), de Christine Chevallereau, Guy Bessonnet, Gabriel Abba et Yannick Aoustin.

En anglais, pour aller encore plus loin… — Advances in Climbing and Walking Robots : Proceedings of the 10th International Conference, (CLAWAR 2 007), Singapore 16-18 July 2007, de Ming Xie, Steven Dubowsky et Jean-Guy Fontaine. — Creating Brain-Like Intelligence : From Basic Principles to Complex Intelligent Systems, de Bernhard Sendhoff, Edgar Korner, Olaf Sporns et Helge Ritter. — Delft Pneumatic Bipeds, de Martjin Wisse et Richard Q. van der Linde.

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MURATA BOY ET MURATA GIRL,

LES ROBOTS ÉQUILIBRISTES

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MURATA BOY CARTE D'IDENTITÉ Nom : Murata Boy Taille : 50 cm Poids : 5 kg Date de naissance : 29 septembre 2005 Lieu de naissance : Kyoto (Japon) Signe zodiacal : Balance Hobby : Faire du vélo. But : Parcourir la terre à vélo Devise : “When you fall off a bicycle, get right back on.” Source : www.murata.com


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Murata Boy (Seisaku-kun, 2 005), le robot cycliste, et Murata Girl (Seiko-chan, 2 008), le robot sur monocycle, n'ont cessé de s'améliorer. Initialement incapable de se déplacer de l'avant vers l'arrière, le deuxième peut aujourd'hui s'adapter aux courbes qu'il rencontre. Le premier, quant à lui, se met en veille quand il se retrouve seul et réduit ainsi sa consommation d’énergie de moitié. Et détecte la présence d'êtres humains… Zoom sur le retour des cousins équilibristes !

En 1990, la société Murata avait conçu un vélo robot « auto-execution », qui retint notablement l’attention et fut apprécié dans le monde entier.

LES ENJEUX Économiques, tout d’abord : le constructeur japonais a été le premier à développer un robot capable de faire du vélo. De plus, avec ce nouveau concept, les produits high-tech de la société Murata sont nettement mis en évidence et illustrent à merveille le savoir-faire de l’entreprise en matière d’électronique, comme ses capacités de développer ensuite des technologies pouvant être appliquées à ses autres créations. Ainsi, lors du CEATEC 2010, une nouvelle technologie de recharge sans fil a fait son apparition. Développée pour Murata Boy, elle sera bientôt intégrée dans des objets pour réapprovisionner les appareils nomades. Véritables prouesses technologiques, Murata Girl et Murata Boy fonctionnent à l'aide d’un système de gyroscopes et bénéficient de la présence de capteurs perfectionnés qui leur permettent de garder leur équilibre — quoi qu'il arrive. (Même si Murata Boy, au CEATEC 2009, est tombé à la fin de sa démonstration, tout en haut de la pente qu’il venait de gravir…) Éducatifs ensuite : ces deux robots sont régulièrement présentés aux écoliers japonais qu’on veut encourager à entreprendre une carrière dans le domaine de la technologie (les autorités et le ministère de l’Éducation japonais avaient observé que les élèves se désintéressaient de plus en plus des sciences et des technologies). La création du second robot découle d’ailleurs d’un souhait émis par des écoliers avides de voir un robot évoluer sur un monocycle, après la démonstration réussie par Murata Boy.

PETITE COMPARAISON ENTRE LES ROBOTS DE MURATA ET R.E.G.I.S., DÉVELOPPÉ PAR GUY FEUILLOLEY Le robot R.E.G.I.S. (Robot Équilibré par Gyroscope Inertiel Stabilisé) est, comme son nom l’indique, un robot qui fonctionne de la même manière que les robots Murata, du fait de son système de capteurs gyroscopiques. Il se tient sur une roue et se déplace grâce à une toupie qui, en tournant très vite, le maintient droit (voire un peu penché). Mais contrairement à R.E.G.I.S., les robots Murata possèdent, eux, des ventilateurs placés dans le thorax — ce qui leur garantit un meilleur équilibre. Murata Boy et Murata Girl fonctionnent à l’aide d’une liaison Bluetooth et grâce au robot français équipé d’un télémètre infrarouge. Il existe évidemment beaucoup de différences entre les deux concepts (notamment en termes de coût), mais saluons tout de même l’excellent travail de Guy Feuilloley, qui visiblement épate un grand nombre de personnes à cause de son extrême ingéniosité. PLANETE ROBOTS N°7

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MURATA GIRL CARTE D'IDENTITÉ Nom : Murata Girl Taille : 50 cm Poids : 6 kg Date de naissance : 23 septembre 2008 Lieu de naissance : Shiga (Japon) Signe zodiacal : Vierge Hobby : Aime s'entraîner sur son monocycle dans les parcs. But : Voyager autour du monde avec Murata Boy Personnalité : Physiquement active — mais timide ! Source : www.murata.com

Murata Girl est capable de traverser un passage très étroit, juchée sur sa roue et sans tomber.

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C’est lors de la conférence CEATEC 2005, au Japon, que le robot a été présenté pour la toute première fois. Il est équipé de quatre capteurs : un capteur de vitesse angulaire, un capteur de roulis pour le contrôle de l’équilibre, un détecteur d’obstacles à ultrasons et un détecteur de chocs. Grâce à ce dernier, il peut éviter des obstacles sur un sol plat. De plus, il est connecté par WiFi à un PC pilote ; le robot est alors capable d'évoluer sur une poutre horizontale très étroite et de suivre un parcours préprogrammé. Un volant d'iner tie interne tournant à grande vitesse lui permet de faire du surplace. Son contrôle de positionnement et de mouvement lui procure une vitesse de déplacement allant de zéro à environ soixante centimètres/seconde (sans chute), et de rouler dans les deux sens (avant et arrière). Il est de plus capable de capturer une image et de la transmettre à l’ordinateur via Bluetooth. Fort des améliorations qui lui ont été récemment appor tées (vues lors de la dernière conférence CEATEC, au Japon), il gravit des pentes à vélo en adaptant sa consommation d’énergie à l’inclinaison desdites pentes et sau-

vegarde ainsi son équilibre. Enfin, le Contactless lui permet de se recharger sans connexion filaire (nous pouvons ainsi le mettre en route en lui passant simplement la main sur la tête.) MONOCYCLE GIRL À l’automne 2007, la société japonaise Murata Factory décida de pousser ses études un peu plus loin, afin de montrer son savoir-faire en matière de capteurs ; les concepteurs mirent alors au point un deuxième petit robot, désormais connu sous le nom de Murata Girl (Seiko-chan). Ce petit robot tout mignon, dont l’apparence est à la fois féminine et enfantine (c’est la propre nièce d’un de ses concepteurs qui l’a inspirée) arbore une attitude très timide et rougit beaucoup, tout en avançant en équilibre sur son monocycle. Il bénéficie depuis trois ans d’une mise à jour annuelle. Murata Girl est doté d'un capteur gyroscopique et d'un ventilateur placé dans son thorax, qui l’aide à conserver son équilibre ; de capteurs à ultrasons disposés à l’avant de son corps, qui lui permettent d’avancer et de reculer. Et aussi de capteurs de distance, afin d’éviter les obstacles ; d’une liaison Bluetooth pour le contrôle et d’un capteur de roulis pour assurer son équilibre. Il peut aussi se déplacer dans les deux sens (c’est l’avant-dernière évolution) et bénéficie d’un système de caméras (placées dans les yeux) qui l’autorisent désormais à prendre de légers virages. (Cette dernière évolution a représenté six mois de travail et les dépenses de la société ont atteint plusieurs millions de yens.) Quelques prototypes du robot Murata Girl devraient être prêtés à certains établissements scolaires et plus précisément à ceux qui accueillent les enfants des classes élémentaires, afin qu’ils se familiarisent avec cet instrument pédagogique.

■Lamia Mustafa


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Dossier

ROBOT WORLD

2 010

AU PAYS DU ROBOT CALME La cinquième édition du salon robotique sud-coréen Robot World s’est tenue du 28 au 31 octobre 2010 à Séoul. Planète Robots y avait délégué un reporter…

Bruno Bonnell (le troisième en partant de la gauche), parmi les officiels du Robot World 2 010.

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Dans l’avion de Korean Airlines qui m’emporte vers Incheon, l'aéroport international de Séoul, je feuillette un magazine qui m’explique l’incroyable saga de ce pays qui, en une quarantaine d'années, est devenu le pôle principal de la révolution high-tech. Samsung, LG, Hyundai, qui suscitaient presque l’hilarité de leurs concurrents dans les années 1960, sont devenues aujourd’hui des sociétés d’une puissance incontournable. Ce sont les efforts et une convergence d’intérêts communs du gouvernement, des banques et des entrepreneurs qui ont permis cet essor. Après la communication mobile, les écrans LCD et l’automobile, leur cible prioritaire est désormais la robotique. Au pays du Matin calme, les soirées restent industrieuses… À l'arrivée, après le passage devant une caméra à infrarouges (qui peut détecter les états grippaux), on plonge dans une sorte de frénésie organisée. Une foule d’uniformes bigarrés poussent des chariots, orientent les foules et rangent soigneusement les bagages. On se retrouve au cœur d’une gigantesque machine parfaitement huilée, qui ne laisse visiblement aucune place à l’improvisation. Et je me berce encore de l’illusion que ce voyage éclair va être sans histoire… Comme le recommandent fortement les guides touristiques, j’ai imprimé ma destination sur un papier — que je tends au taxi (au

demeurant impassible), qui me répond par un discret hochement de tête. Rassuré, je m’installe… pour une virée d’enfer ! L’automédon démarre en trombe et, dès les premiers virages, me reviennent les conseils d’une amie coréenne, Bosun : « Tu verras, la Corée a une obsession de l'efficacité… » Ce qui, traduit en langage « taxi », veut certainement dire que les courses doivent être menées avec rapidité, au sens littéral du mot. Et nous voici en train de slalomer entre les files bien au-delà de la vitesse autorisée, pour finalement atteindre le centre de congrès KINTEX, où se tient le salon. Une dernière émotion pour le final : un demi-tour sur l’autoroute, parce que l’animal avait raté la sortie, et me voici, tout chamboulé, devant un bâtiment ultramoderne couvert de panneaux multicolores. L'entrée principale est signalée par une bannière orange sur laquelle on lit Robot World 2 010. Détail d’importance, figurent parmi les sponsors du salon : la KAR (Korean Association of Robot Industry, très important syndicat dirigé par le président de Hyundai, et le MKE, le (Ministry of Knowledge and Education, le ministère de la Connaissance et de l'Éducation). Un tel parrainage démontre l’importance de la robotique dans ce pays. Je déboule donc juste à l’heure pour l’inauguration et découvre une rangée d’officiels en costume sombre, cravate et gants blancs


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(le ministre lui-même en fait partie, je l’apprendrai plus tard). Tous sont au garde-àvous, prêts à couper un cordon arc-en-ciel au moyen de ciseaux dorés. Au milieu, un seul visage européen se distingue, celui de Bruno Bonnell, le président du Syndicat français de la robotique (SYROBO), qui est l’invité d’honneur. Il est venu pour signer un accord stratégique avec la KAR, preuve évidente que la robotique française est bel et bien prise au sérieux par les leaders mondiaux. AU CŒUR DU SUJET Ces mondanités et ces formalités une fois accomplies, j’entre enfin dans le gigantesque hall qui abrite la manifestation, accueilli par un pa-

thétique cousin de Terminator recyclé en batteur. Même au pays des robots, il faut bien gagner sa vie ! Plus de deux cents stands consacrés à la robotique attendent les clients, les partenaires ou les journalistes, sans oublier un commando d'hôtesses arborant toutes le même sourire commercial. Hyundai, noblesse oblige, ouvre le show avec des robots manipulateurs orange qui exécutent un ballet avec des ballons de foot. Ils sont moins fun que Zidane mais il faut bien reconnaître que leur dextérité impressionne les plus blasés. D’autres géants ne sont pas en reste et notamment Samsung, qui bénéficie de trois stands. Le premier présente un certain nombre de prototypes, dont un véhicule de sur-

veillance automatique : une soucoupe d’un noir glacé, dotée de capteurs et de systèmes de repérage destinés à explorer des zones inaccessibles ou sensibles. Un tel véhicule aurait sa place parmi les concept cars des meilleurs constructeurs automobiles — et c’est Samsung qui le propose ? Étrange coïncidence… À côté, de drôles de robots vert-de-gris mêlent détection infrarouge, visuelle et thermique, sans omettre une foultitude de systèmes de repérage. Ce sont des surveillants de bâtiments, qui doivent empêcher les intrusions. Le second stand de Samsung met en avant le Security Number One (ou S1) un robot domestique aux formes étudiées pour être rassurantes et qui peut circuler dans la maison ou

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Dossier

dans l’entreprise pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Il communique avec l'extérieur, et en cas de problème, peut agir en coupant le courant ou en commandant l’ouverture de vannes d’eaux, par exemple, avant de donner l’alerte. Enfin, le constructeur coréen présente ses derniers robots aspirateurs. La bataille fait rage dans ce créneau en Corée car le leader reste la firme américaine iRobot, avec le Roomba. De nombreuses fonctionnalités ont été ajoutées aux drôles de soucoupes — notamment une liaison avec l’iPhone (pourquoi ?) et un système de vidéosurveillance (grâce à une caméra embarquée). L’aspirateur tient de plus en plus du majordome, qui nettoie la maison — mais la surveille aussi. Il ne devrait pas tarder à faire le café ! Le stand suivant est celui de Yujin Robot — une société présidée par une figure de la robotique coréenne, K.C. Shin, qui présente en personne son robot aspirateur Iclebo, mais surtout ses robots destinés aux écoles, iRobi et ROBOSEM. Plus de mille exemplaires du premier ont été commandés par le gouvernement coréen afin d’équiper les écoles maternelles du pays. Ils assistent les maîtres et les maîtresses dans la gestion des enfants, font Le robot Furo (avec son écran qui rappelle la scène du café du film Retour vers le futur) prend vos commandes et vient vous servir.

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Un robot chien construit avec le kit de construction Bioloid, de Robotis. — Une vision de l'ambiance du salon. ROBOSEM, le robot destiné à remplacer les professeurs d'anglais qui manquent en Corée.

l’appel, proposent des activités de danse ou des jeux, envoient des messages aux parents, etc. ROBOSEM, lui, a un programme encore plus ambitieux car sem signifie « prof » en coréen. Il va donc se substituer aux professeurs dans de nombreuses écoles ou tout du moins aider à leur multiplication. La Corée manque (K.C. Shin dixit) de professeurs d’anglais. Elle veut initier la population à cette langue, même dans les coins les plus reculés du pays. Les autorités mettent donc en œuvre un enseignement à distance assisté par des robots de téléprésence — ROBOSEM en est le prototype. Il peut s’adresser individuellement à des élèves, interagir avec un tableau blanc numérique ou un écran plat et faire la classe en lieu et place d’un enseignant (qui le pilote alors à distance, éventuellement de l'étranger). Les premiers robots de ce type devraient être mis en service au printemps 2 011. En poursuivant mon exploration, je me suis rendu compte que je n’étais pas au bout de mes surprises : un gang de robots à roulettes (qui arborent les couleurs de Tomorrow City) se lance à ma poursuite ! Il s’agit de robots promotionnels destinés à envahir les centres commerciaux et por tant des informations contextuées inscrites sur ce qui leur sert d’abdomen. (Quand vous passez devant une boutique, ils vous signalent une promotion ou vous guident jusqu’au produit de votre choix. Habillés de panneaux d’affichage LCD ou

d’écrans en couleur, ils constituent une version mobile des panneaux Decaux !) Après avoir échappé à leurs sollicitations (puisque je ne parle ni ne lis le coréen) je décide de m’offrir un café à la « Robot Cafeteria » signalée sur le plan et me heurte à un robot serveur qui exhibe un menu sur écran tactile. Une fois ma sélection faite, il/elle s’enfuit pour revenir quelques minutes plus tard avec un café chaud. Impressionnant et charmant… En fait, l'écran de présentation se retourne pour devenir plateau de service. Je n’ai pas demandé ce qui se passait si le liquide se renversait… Ce mystère de la robotique reste entier ! SUIVEZ LE GUIDE… Retour au domestique avec l'équipe de Windoro, qui propose le premier robot laveur de vitres (commercialisation prévue pour le printemps 2 011). Il s’agit de deux blocs aimantés qui se placent de part et d’autre d’une vitre et progressent en crabe sur la surface en frottant grâce à des minimoteurs équipés de microfibres. Ce robot lave un mètre carré en cinq minutes. La démonstration apparaît convaincante, mais il faut tout de même réinstaller le système à chaque vitre à nettoyer. Utile pour les grandes baies ou les vitrines, mais pour les carreaux français du XVIIIe, l’huile de coude reste de rigueur… Robotis tient le stand d’à côté avec sa gamme Bioloid, qui reste la référence chez de nom-


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De haut en bas. Les robots Tomorrow City sont de véritables commerciaux qui travailleront dans les des centres du même nom. — Les robots industriels de Hyundai démontrent leur dextérité à manier des ballons. — Astro boy, en toute occasion, reste le roi des robots !

breux fans de programmation et de concours. Leurs servomoteurs sont considérés comme les plus performants du moment, s’assemblent facilement et permettent ainsi de créer une large variété de modèles. Plus de trente d’entre eux sont alignés sur le stand blanc et noir. Le responsable du marketing m’explique qu'après les avoir imposés dans plus de vingt pays, la société développe désormais sa stratégie dans deux directions : vers les plus jeunes, avec la gamme Ollo, qui propose des kits de montage robotique pour les enfants (à partir de sept ans), et vers les centres de recherche, avec le DARwIn (un humanoïde de soixante centimètres aux capacités spectaculaires et complètement open source). Dans la course aux petits bonshommes, Robotis veut tenir son rang ! Après les humanoïdes, les chiens Genibo, de Dasarobot, font aussi leur show, selon une chorégraphie réglée sur des musiques de rap (ce qui démontre surtout les capacités exceptionnelles de ces quadrupèdes). For tement inspirés (pour ne pas dire copies conformes), au dépar t, de leur cousin japonais Aibo, de Sony, ils s’en distinguent maintenant par plus de souplesse et de précision. Ils affirment une vraie personnalité sur scène et offrent une véritable complicité à leurs partenaires humains. Le Genibo est le deuxième robot à avoir été mis en place dans les maternelles de Corée pour habituer les enfants à ses semblables. Passons rapidement sur Hanool, qui montre un tout autre visage de la robotique — avec des véhicules sur chenilles tout-terrain. Ils servent autant à l’exploration en terrain hostile qu’à des fins militaires plus confidentielles. Et juste derrière, un drôle de joueur de golf attend son test Semi-Pro. Les Coréens n’ont pas de place pour construire de véritables terrains. Ils ont donc créé des simulateurs sophistiqués qui leur permettent de jouer sur grand écran. Comme ils ne trouvent pas toujours de partenaires pour un parcours (même virtuel), ils ont maintenant inventé des robots compéti-

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Dossier

iRobi, de Yujin Robot, un assistant scolaire. — À l'entrée du hall, un robot batteur, hybride spectaculaire d’Iron Man et de Terminator…

teurs et s’entraînent à les battre. Les robots se règlent sur le niveau de l’adversaire, afin de le faire progresser. Désireux de me faire essayer le programme, le démonstrateur cale le robot sur « superdébutant » — et je perds lamentablement… Je hais le golf, même en salle !… ET LES FRANÇAIS ? Je passe rapidement devant les dizaines de stands qui vendent des éléments de matériel robotique : servomoteurs, bras mécaniques, logiciels d’Intelligence ar tificielle — autant de jeunes pousses qui font la promotion de leurs produits et de leurs services. Le secteur paraît éminemment dynamique et les jeunes profes-

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sionnels qui vantent leur société ont pour la plupart à peine atteint la trentaine. La robotique semble constituer ici le champ de croissance privilégié de la décennie. J’arrive enfin dans la zone internationale pour découvrir entre celui de la JARA (le syndicat japonais de la robotique) et le ROBOAT, celui de Taïwan, le stand… des Français. Six sociétés hexagonales sont installées sous la bannière de SYROBO : Aldebaran Robotics présente son Nao (qui a fortement impressionné le ministre en racontant l’intrigue de Star Wars en coréen), Gostai — qui fait la promotion d’Urbi, POB Technology (représentée par Pierre Seguin, son fondateur — qui démontre inlassablement les performances de sa POB Robotic

Suite)… Sans oublier Meccano, venue avec Spykee, Withings et sa balance connectée et enfin Robopolis, qui dévoile le Sparx Augmented Robot, un véhicule doté d’une caméra de haute sensibilité pour les applications de réalité augmentée. D’après mes sources, Planète Robots vous présentera cette nouveauté dans son prochain numéro, en exclusivité. Les petits drapeaux français côtoient les fanions coréens dans cet espace où le savoir-faire hexagonal n’est pas en reste. L’énergie des ingénieurs et des commerciaux présents, pleins d’enthousiasme et de passion, fait d’ailleurs grand plaisir à voir… Subitement, alors que je m’apprête à quitter les lieux, un haut-parleur hurle dans mes oreilles et je vois une foule de jeunes en uniforme se diriger vers un autre coin de ce vaste hall. C’est là que se déroulent les compétitions entre robots et visiblement, il y règne la même ambiance qu’en Ligue 1. Des pom-pom… boys, brandissant drapeaux et posters, soutiennent leurs équipes de geeks et leurs héros de métal. Ici, une compétition de taekwondo — et là une course de voitures ! On se croirait dans une salle de jeux vidéo !… Les objets et les missions n’y sont toutefois plus vir tuels, mais bien réels. Ces compétitions préfigurent certainement l’avenir des jeux vidéo. Tout avait commencé avec les jeux d’arcade, qui se sont imposés ensuite dans les foyers… Et pourquoi les robots ne feraient-ils pas de même ? Les souvenirs les plus forts que j’emporterai de ce salon resteront le sourire et l’enthousiasme des enfants qui découvrent les robots. En Corée, les salons professionnels sont très souvent ouverts au public et les familles se déplacent au complet pour admirer les merveilles de la technologie. Cela promet pour l’avenir des générations et des générations d’ingénieurs et de chercheurs en robotique !… ■Yves Martinez


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Les dossiers

CHRONIQUE BRÈVE DU TEMPS QUI PASSE VITE

DES ENFANTS ET DES ROBOTS Chose promise, chose due ! Dans le numéro précédent, nous vous promettions une solution pour faire connaître les joies de la robotique à des enfants de moins de dix ans. Deux produits ont retenu notre attention…

ROBOT PROG

Les plus • Est à la portée des plus jeunes (à partir de sept ans). • Peut déboucher sur une programmation complexe. • Dispose d’un environnement graphique simple, aussi proche de la réalité de laboratoire qu’un logiciel destiné à un public aussi jeune peut l’être. • Des programmes enregistrables. • Une totale gratuité ! Il est toutefois de bon ton, en cas d’utilisation, de faire un don à sa créatrice (sur le site du logiciel).

Les packs LEGO WeDo.

Le premier est un logiciel d’apprentissage de la programmation, Robot Prog — partiellement graphique et totalement gratuit (http://www.physicsbox.com/indexrobotprogfr.html). Dans ce jeu, vous devez programmer un petit robot mobile rouge, qui se déplace sur un terrain formé de cases et entouré de murs. Vous pouvez soit y jouer librement, en faisant évoluer votre robot sans objectif, soit choisir

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de le faire participer à un jeu de balle, voire un jeu collectif (il est possible de programmer jusqu’à huit robots simultanément), soit encore apprendre progressivement à programmer votre robot à travers six niveaux d’apprentissage, chaque niveau proposant plusieurs missions. Les premiers sont élémentaires (le premier exercice du premier niveau consiste à faire tourner le robot sur luimême.)

Les moins • L’ergonomie, parfois déroutante, du jeu (il faut fermer la fenêtre de programmation pour changer de niveau). • La faible évolution des objectifs au fur et à mesure des niveaux. Ainsi, les objectifs restent les mêmes pour les trois premiers niveaux et seules les possibilités de programmation évoluent ; il faut donc organiser la progression pédagogique soi-même. • Pas de conservation des données de l’utilisateur.


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“Dans la famille Lego, le petit dernier constitue le summum de l’apprentissage de la robotique pour les enfants. À travers la construction de machines évocatrices.” Le second outil indispensable pour s’émerveiller devant un robot construit et programmé soi-même est un produit Lego. Et dans la famille Lego, le petit dernier (en vente aux ÉtatsUnis depuis 2008) constitue le summum de l’apprentissage de la robotique pour les enfants (à par tir de sept ans). À travers la construction de machines évocatrices (un crocodile, des oiseaux, un avion, un gardien de but, etc.), les enfants pourront découvrir toutes les étapes de la conception d’un robot. Prenons un exemple… Tout d’abord, il faudra définir ce que l’on veut — c’est l’étape de la conception. (Par exemple, un crocodile qui ferme la mâchoire quand

Le Lego WeDo permet un apprentissage de la programmation tout à fait ludique…

on met la main dedans.) Après, à partir de ce projet, on peut faire deviner aux enfants les principaux éléments qui constitueront le crocodile. Si le robot ferme la mâchoire, c’est qu’il peut bouger : il lui faut un moteur. La mâchoire monte et descend : il lui faut une articulation. Le crocodile ferme la bouche quand on met la main dedans : il doit donc savoir qu’il a quelque chose dans la bouche — il lui faut donc un capteur… La suite des opérations (la construction en ellemême) se révèle encore plus complexe pour

des enfants de cet âge : ils devront suivre les instructions du fascicule de montage. La plupart étant déjà familiers des notices de montage Lego, cela ne posera pas de problèmes. Une fois le robot terminé et câblé à l’ordinateur, les enfants apprendront les joies de la programmation via une interface d’une belle simplicité. Les ordres du code sont présentés sous forme graphique et le programme « s’écrit » au moyen de « glisser/déposer ». Dès que le programme est ainsi « dessiné », les enfants peuvent en demander l’exécution. Les pièces Lego ne craignent rien, ils ont donc le droit de se tromper et de tâtonner. Enfin, une fois qu’ils ont vu le robot réaliser la tâche qu’ils avaient imaginée, la discussion peut continuer sur des aspects plus théoriques. Par exemple, le crocodile ferme certes la bouche quand il « sait » qu’une main se trouve dedans, mais que signifie « savoir », dans ce cadre, pour un robot ou pour un homme ? Saluons au passage le travail pédagogique réalisé par le RÉCIT (RÉseau de personnes-ressources pour le développement des Compétences par l'Intégration des Technologies de l'information et de la communication) au Québec, qui a en profondeur modifié toutes les fiches d’activité de Lego afin de vraiment faciliter la construction pour les petits (http://recitpresco.qc.ca/robotique/materielwedo/plans-modifies-pour-les-petits). Robot Prog et WeDo abordent les deux principales activités de la conception robotique : la programmation et la construction mécanique.

Crédit : Jan Moren

LEGO WEDO Ce concept était à l’origine destiné au domaine éducatif. Il faut donc acheter, d’une part, le kit de montage contenant les éléments physiques du robot et, d’autre part, le logiciel de l’environnement de programmation (ce dernier pouvant être acheté en licence simple ou multiple). Les plus • Le seul produit de ce type disponible pour ces âges. • L’exhaustivité de l’approche : toutes les étapes de la fabrication d’un robot (montage, programmation) et tous les éléments qu’un robot peut posséder (moteur, capteur, articulation) sont présents. • Un logiciel de programmation extrêmement ergonomique et donc parfaitement adapté aux enfants. Le moins • Le prix, surtout pour un produit d’initiation : 129 € pour le kit de montage et 60 € pour l’environnement de programmation en licence simple !…

Certes, WeDo possède également son interface de programmation et se révèle parfaitement adapté à l’utilisation faite du matériel Lego, mais Robot Prog offre la possibilité de créer des programmes plus complexes, avec une véritable interface de programmation d’un robot mobile vir tuel. En définitive, les deux produits se combinent à merveille pour permettre aux roboticiens les plus jeunes de fourbir leurs premières armes. ■Nicolas Denis

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2p Keepon_Mise en page 1 12/12/10 23:27 Page1

Les dossiers

KEEPON

LE ROBOT QUI GARDE

LE RYTHME !

Keepon a ĂŠtĂŠ conçu et mis au point en 2003 par Hideki Kozima, de l'Institut national de technologie communicante (NICT) Ă Kyoto (Japon) afin d'ĂŠtudier les moyens de communication entre les individus. Keepon se prĂŠsente comme une petite crĂŠature jaune, crĂŠĂŠe pour interagir avec les enfants en attirant leur attention et aussi pour exprimer des ĂŠmotions. Son design plutĂ´t ĂŠlĂŠmentaire facilite la comprĂŠhension des comportements qu’il va adopter. Les interactions avec Keepon en deviennent donc encore plus apprĂŠciables. Ce robot fait partie des prioritĂŠs de recherche de Marek Michalowski, de l'universitĂŠ Carnegie Mellon (Pittsburgh, ÉtatsUnis) pour lâ€˜ĂŠlaboration du projet BeatBots. De plus, sa peau, caoutchouteuse et molle comme de la pâte Ă modeler, le rend très attachant. Chacun de ses yeux est ĂŠquipĂŠ d’une camĂŠra, un microphone est placĂŠ dans son nez et quatre moteurs l’Êquipent. Enfin, il se tient sur un cylindre noir qui contient l’ensemble de son mĂŠcanisme. Keepon possède quatre degrĂŠs de libertĂŠ. Il dirige son attention en tournant la tĂŞte de plus ou moins 180° et hoche la tĂŞte de bas en haut Ă plus ou moins 40°. Il exprime son ĂŠmotion en se dandinant (avec une amplitude de plus ou moins 25°). Enfin, il a la capacitĂŠ de grandir de 15 mm lorsqu'il s'ĂŠtire vers le haut. BeatBots a ĂŠtudiĂŠ depuis sept ans diffĂŠrents compor tements, comme les contacts yeux dans les yeux, l'attention, le toucher, l'ĂŠmotion et l'imitation par Keepon d’enfants de tous les âges et de niveaux scolaires et sociaux variĂŠs. Grand plus, il peut danser au rythme d’une musique. En le mettant en relation avec des enfants souffrant d'autisme ou d'autres troubles du comportement et du dĂŠveloppement, BeatBots a obtenu des rĂŠsultats très encoura-

KEEPON DÉJĂ€ CÉLĂˆBRE ! En avril 2007, Keepon a ĂŠtĂŠ prĂŠsentĂŠ en vidĂŠo sur Internet par Marek Michalowski. Il y dansait sur I Turn My Camera On, du groupe de rock indĂŠpendant amĂŠricain Spoon. Ă€ la suite du buzz crĂŠĂŠ par cette diffusion, le groupe a dĂŠcidĂŠ de faire appel officiellement au Keepon pour tenir la vedette du single Don't You Evah. (Le robot y est transportĂŠ par un scientifique dans les rues, au Japon, et amuse les foules par ses mimiques et sa danse‌)

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PLANETE ROBOTS N°7 CrÊdit : BeatBots LLC


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“En le mettant en relation avec des enfants souffrant d'autisme ou d'autres troubles du comportement et du dĂŠveloppement, BeatBots a obtenu des rĂŠsultats très encourageants.â€?

Un Keepon pilotĂŠ par une Wiimote semble sensibiliser son public. CrĂŠdit : BeatBots LLC

LE ROBOT RYTHMIQUE

CrĂŠdit : BeatBots LLC

Le comportement social humain s’exprime très souvent par le biais de la danse. Notre façon de parler et les mouvements de notre corps et de nos mains sont rythmĂŠs. BeatBots a donc dĂŠveloppĂŠ une technologie qui permet aux robots comme Keepon de se calquer sur les rythmes de la vie quotidienne. Selon BeatBots, la synchronisation rythmique se rĂŠvèle primordiale pour ĂŠtablir des relations saines et amĂŠnager un certain confort entre un robot et une personne.

LE SMILEY KEEPON CrĂŠdit : Dave Bullock

(o.o) ( )

BEATBOTS BeatBots LLC est une sociÊtÊ qui a ÊtÊ fondÊe en 2007 par le Dr Marek Michalowski et le Dr Hideki Kozima (un ancien chercheur scientifique japonais). Après avoir travaillÊ sur Keepon, Marek et Hideki ont crÊÊ BeatBots afin d'amÊliorer le concept et de le commercialiser. La sociÊtÊ est basÊe à Pittsburgh, en Pennsylvanie.

geants et il peut ainsi être utilisÊ comme outil par les thÊrapeutes et les pÊdiatres. Les parents peuvent aussi l’employer comme une sor te de camÊra à distance, afin d’observer

leur rejeton et ainsi amĂŠliorer la qualitĂŠ du lien affectif. Le petit oiseau jaune a reçu un certain nombre de distinctions. En aoĂťt 2007, il a obtenu un prix de dix mille euros au Play Prize d'Odense, au Danemark. Juste après, lors du RO-MAN (Jeju, CorĂŠe, du Sud), on lui a attribuĂŠ le Prix de la Meilleure DĂŠmonstration interactive. Enfin, en mai 2008, il a remportĂŠ le premier Grand Challenge dans l'interaction homme-robot Ă l'ICRA (Ă Pasadena, Canada). Sans omettre un prix spĂŠcial aux Webby Awards Ă Chicago, en octobre 2008. On peut actuellement se le procurer pour environ vingt-trois mille euros. Une version ĂŠquipĂŠe de mĂŠcanismes bien moins onĂŠreux se trouve en dĂŠveloppement — mais son coĂťt et la date de disponibilitĂŠ n’ont pas encore ĂŠtĂŠ divulguĂŠs. â– Lamia Mustafa

CrĂŠdit : Jan Moren

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2p aspirateur phillips_Mise en page 1 12/12/10 23:05 Page1

Vie quotidienne

LE LE ROBOT ROBOT ASPIRATEUR ASPIRATEUR

HOMERUN FC9910 Le dernier robot aspirateur de Philips, le HomeRun FC9910, va faire sa grande entrée sur le marché des robots aspirateurs. Intégrant une caméra, des capteurs et un logiciel, il est en outre un des seuls à fonctionner grâce à un système de cartographie. Premières impressions au déballage Le design du HomeRun flatte plutôt l’œil (des couleurs assez sobres : une majorité de tons gris et une touche de jaune), si l’on excepte le gros pare-chocs en caoutchouc gris foncé — un peu moins séduisant. L’écran d'affichage se révèle, lui, assez simple à utiliser… La caméra intégrée, placée juste au-dessus dudit écran, est dotée du Systematic Mapping qui consiste, tout comme dans le Samsung, à cartographier le plafond de la pièce avant d'effectuer le nettoyage de vos sols, afin qu'un itinéraire précis soit établi. Le robot est équipé de deux petites brosses détachables et on le livre avec sa télécommande, ce qui constitue un gros plus : plus besoin de se baisser ! Comme de bien entendu lui est adjointe une base, vers laquelle il revient à chaque fois que sa batterie est vide… Description Voilà donc un robot d'environ quinze centimètres de hauteur, un peu plus lourd que ses

Les HomeRuns ont été mis en scène lors de la première présentation à la presse.

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Grande nouveauté, le HomeRun est équipé d’un port USB, qui permet de mettre à jour le logiciel intégré du robot de façon totalement gratuite.

concurrents (un kilo en plus environ). Il passe par tout et aspire assez puissamment (la brosse électrorotative, flanquée de deux petites brosses latérales tournantes pour décrasser les coins, apparaît assez large et elle est accompagnée d'une raclette qui agrippe toutes les petites particules qui traînent sur le sol). Pour ce qui est de l’autonomie, il dispose d’une batterie lithium-ion qui fonctionne pendant cent minutes à pleine charge, (pour trois heures de temps de chargement). Elle devrait normalement avoir une durée de vie plus longue que celle des batteries classiques. Grande nouveauté, le HomeRun est équipé d’un port USB, qui permet de mettre à jour le logiciel intégré du robot de façon totalement gratuite. (Philips pourra ainsi proposer aux utilisateurs des améliorations régulières via les mises à jour développées en fonction de leurs retours.) Il possède au total vingt capteurs infrarouges placés autour et en dessous, qui doivent normalement lui épargner les contacts avec les murs et les obstacles. Ces capteurs se révèlent dans l’ensemble s’une efficacité satisfaisante, même si, pendant le test, le HomeRun s’est cogné contre un meuble ou deux ! Il compor te également un autre capteur, placé sur le dessus, qui lui fait reconnaître les marches et lui permet ainsi de ne pas dévaler les escaliers. Quant au bouton On/Off, en dessous de l'appareil, il ne sert pas à grand-

chose puisque l'allumage et la mise hors tension peuvent être effectués via la télécommande ou l'écran d'affichage. Cependant, il est toujours possible de l'utiliser dans le cas où l’on envisagerait une longue période d'inactivité pour le robot aspirateur. Les modes Le HomeRun FC9910 propose six modes d'aspiration — dont plusieurs constituent des nouveautés, notamment le mode Moquette, qui permet d’aspirer sur des moquettes allant jusqu'à 20 mm d'épaisseur. (Le mode Relief, annoncé lui aussi comme une des innovations, n'en est pas vraiment une car de nombreux robots aspirateurs peuvent dépoussiérer des tapis de 15 mm d'épaisseur.) L'incontournable mode Automatique, présent aussi sur le Roomba d’iRobot, autorise le nettoyage par défaut. On retrouve également le mode Spot : le robot pourra alors effectuer un nettoyage sur une zone (choisie par l'utilisateur) de 1,50 m x 1, 50 m. Grâce à la télécommande et en mode Manuel, il apparaît désormais possible de piloter le robot à distance. Mais il convient de préciser que malgré la touche multidirectionnelle (gauche, droite, avant et arrière) le Philips ne peut absolument pas aller en marche arrière… Enfin, le mode Programmable permet de faire fonctionner l’engin quotidiennement et de


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“Si le robot n'a plus de batterie, il va de lui-même se recharger à sa base. De la même façon, une fois sa batterie pleine, il reprendra le travail là où il s'est arrêté…” timent des déchets, sachez qu’il doit être replacé avec soin — sous peine de ne plus fonctionner. Dans ce cas, une erreur sera signalée en cas de décalage dans son emplacement. Quant au système d'accrochage des brosses latérales, il laisse légèrement à désirer puisque lesdites brosses ne sont pas fixées, mais simplement disposées sur les côtés de l'appareil ; du coup, il est arrivé qu'elles se décrochent et que le HomeRun continue sans elles. De plus, leurs attaches ne paraissent pas très solides et le caoutchouc dont elles sont revêtues s'abîme rapidement…

CARTE D'IDENTITÉ Nom : HomeRun FC9910 Autonomie : 100 minute(s) Durée de la charge: 3 heure(s) Méthode de navigation: Cartographie systématique Capteurs : Caméra, gyro, infrarouge Types de sol : Parquet, stratifié, carrelage, moquette Programmation : Minuteur 24 heures Recharge: Retour automatique à la station de base Prix: Environ 700 euros

■Lamia Mustafa

Le HomeRun de Philips en action.

consacrer le gain de temps obtenu à autre chose. Notons aussi que si le robot n'a plus de batterie, il va de lui-même se recharger à sa base. De la même façon, une fois sa batterie pleine, il reprendra le travail là où il s'est arrêté — il se trouve ainsi toujours prêt à être utilisé. Dans ce mode, le système de car tographie s'active et crée un mapping (c'est-à-dire un quadrillage en carrés de 10 cm²) de la pièce, grâce auquel il effectue des mouvements parallèles afin que chaque centimètre de sol soit bien brossé. De petits moins — tout de même ! Malgré les affirmations de Philips, qui prétend que le HomeRun a la possibilité de nettoyer tous les types de sols, il faut préciser que les sols de type « jonc de mer » ne sont pas vraiment la tasse de thé de notre robot aspirateur. Durant le premier test sur ce type de sol, le HomeRun semblait faire un blocage, comme si ses capteurs détectaient des obstacles un peu par tout… Du coup, on le voyait aller dans tous les sens sans vraiment suivre une logique de quadrillage de la pièce. Néanmoins, en mode Manuel, il semblait parfaitement fonctionner. Autre point négatif : pendant l'un de nos tests, le Philips a pour une raison totalement inconnue cessé de fonctionner, après être passé sous un séchoir à linge, qui l’empêchait peutêtre de prendre en compte le plafond de la pièce… Enfin, en ce qui concerne le compar-

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Vie quotidienne

JOUET

Le nouveau robot jouet de WowWee, le Roboscooper, est un adepte du rangement et du recyclage ! Il détecte les objets et se balade chez vous en tentant de les ramasser afin de les disposer dans le petit conteneur qu’il porte derrière. Idéal (en principe) pour aider les enfants de plus de six ans à mettre leur chambre en ordre !… Premières impressions au déballage Après avoir (enfin) réussi à ouvrir la boîte, gêné par tous ces fils entor tillés (dont nous avons l’habitude !), je finis par trouver le Roboscooper, une télécommande et deux patrons de cubes en car ton (les mêmes que ceux que l'on assemblait pendant les travaux manuels, à l'école !). La mise en route du robot se révèle très simple et rapide : il suffit de placer les piles — très nombreuses (six AAA dans le robot Le Roboscooper a un petit côté Wall-E.

lui-même et trois AA dans la télécommande multidirectionnelle). On le met sur On — et c'est parti ! Description Ce Roboscooper a de faux airs de WALL-E (dans le dessin animé de Pixar). Tous deux sont des robots « recycleurs » et on s’y attache assez vite ! Même si notre robot n'a pas été créé pour nous sauver d'une pile de déchets aussi grosse que la planète, il est chargé d’une tâche tout aussi importante : ranger les joujoux de nos chères têtes blondes ! La bestiole se déplace sur six roues et possède deux bras mécanisés allant de gauche à droite et reliés au tronc pivotant. Les deux boutons Volume se révèlent très faciles d'accès puisqu'ils sont placés sur les index gauche et droite du Roboscooper. Ces deux doigts servent également de pare-chocs lorsque des obstacles se présentent. Quant à ses yeux, ils s'illuminent ou s'éteignent selon qu'il est en mode Automatique ou Manuel. Les modes En mode Manuel (et en plaçant les objets dans ses mains), le résultat apparaît plutôt satisfaisant. Il ramasse comme on le lui a demandé les divers objets et les dispose dans sa petite benne. Mais en mode Automatique, lorsqu’il se lance

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seul dans ses recherches, il se révèle plus décevant. En effet, malgré ses capteurs, il détecte à grand-peine les obstacles à éviter et se heurte souvent à ces derniers. Quant à sa capacité de repérer les objets jonchant le sol — il faut bien avouer qu'il revient très souvent bredouille et répète à l’envi, alors qu'il n'y a rien à l'horizon, la même petite phrase : « Tiens, en voilà un ! » À part cela, il possède quatre capteurs qui lui permettent de détecter les objets qu'il ne peut pas porter ; il clame alors une autre petite phrase — signalant le poids trop important des bidules en question. Selon les explications de WowWee, le Roboscooper devrait, une fois la benne remplie, signaler qu'il ne peut ramasser davantage d'objets. Mais petit problème, au fur et à mesure qu'il les glane, il peut arriver que lesdits objets tombent de son conteneur à cause de la maladresse de ses bras. Autrement dit : durant l’essai auquel j’ai procédé, il ne m'a jamais dit que sa benne était pleine ! Le mode Dump (littéralement « lâcher », en


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“Le mode Dump, au moyen duquel il est censé déposer des objets près d'un mur, le fait plutôt gesticuler comme un dément en crise.” bouton Stop, qui permet de sauter toutes les par ties où le robot parle et se présente et vous fait passer directement au ramassage d'objets. Enfin, en mode Vision, il activera ses capteurs IR pour se remettre en mode Automatique. Le Roboscooper a pu ramasser ces cubes (livrés avec le robot), quelques gobelets, une bouteille en plastique vide et la petite quille rouge du Robosapien V2. Le reste a été un peu plus compliqué pour lui : il lui a été impossible de récupérer un rouleau de scotch et une petite cannette de soda vide. ■Lamia Mustafa

français), au moyen duquel il est censé déposer des objets près d'un mur, le fait plutôt gesticuler comme un dément en crise. Toutefois, cela se révèle sacrément amusant — même si les objets se retrouvent une nouvelle fois éparpillés sur le sol… La télécommande Elle bénéficie également de différents modes : vous pouvez mettre votre nouveau robot

jouet en mode Talk (conversation) et le Roboscooper balbutiera de petites phrases qui amuseront les gamins. Le mode Wack (frapper) consiste à placer un objet près des mains mobiles du robot et à attendre qu’il le propulse très loin et/ou très haut (en théorie). Ce mode apparaît frustrant car le cube en carton avance seulement de quelques centimètres alors que l'on s'attendait presque à le voir s'envoler. On trouve également sur la télécommande un

CARTE D'IDENTITÉ Nom : Roboscooper Date de naissance : septembre 2010 Dimensions : 33 x 21,59 x 20,32 cm Poids : un kilo environ Batterie : six piles AAA (plus trois AA dans la télécommande)

“Quant à sa capacité de repérer les objets jonchant le sol — il faut bien avouer qu'il revient très souvent bredouille…”

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Tutoriels

L’APPRENTISSAGE

CHEZ LES ROBOTS

Vous avez sûrement entendu parler d’Intelligence artificielle et de systèmes experts — ou bien de projets comme Open Mind Common Sense ou Blue Brain, qui proposent d’implémenter un système artificiel ayant du bon sens. Mais en définitive, qu’est-ce que cela sous-entend ? Comment peut-on rendre un robot intelligent ? Qu’est-ce que l’intelligence ?… les utiliser, leurs avantages, leurs défauts — avec une mise en pratique au moyen d’exemples et de problèmes empruntés au monde réel). Nous allons définir maintenant ce que sont l’apprentissage et les différents types d’apprentissage, voir aussi quel robot, actuellement en service, utilise quoi… Après avoir lu cette suite d’ar ticles, vous disposerez des bases nécessaires pour construire vos propres algorithmes d’apprentissage ou réutiliser ceux qui sont déjà disponibles pour les appliquer à votre robot. Enfin, nous allons prendre l’exemple (fictif) d’un robot d’aide à domicile — Alfred. Nous voulons que ce robot puisse se repérer dans la maison ; il doit aussi savoir reconnaître les gens qui y habitent, transporter les courses et exécuter bien d’autres tâches…

TERMINOLOGIE - Classe. Groupe d’éléments partageant des propriétés similaires. - Dimensionnalité. Nombre de dimensions de l’espace dans lequel évolue un robot. - Entrée. Donnée acquise par des capteurs et des senseurs et fournie à un système en vue d’un traitement. Elle peut prendre la forme d’un courant électrique, d’une suite binaire, d’une image, etc. - Estimation. Bonne évaluation d’une valeur prise dans un échantillon, bonne approximation. - Étiquette. Mot clé ou terme associé à une information. - Fonction. Relation associant, au plus, à chaque élément x d’un ensemble de départ donné a un élément y d’un ensemble d’arrivée donné. - Hypothèse. Supposition logique, potentielle et probable expliquant des faits. - Régression. Association entre une variable, appelée variable dépendante, et une ou plusieurs autres variables, appelées variables indépendantes. - Sortie. Donnée qui résulte d’un traitement.

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Un robot peut-il apprendre comme on apprend des tours à son chien ? Ci-dessus, K-9, le célèbre robot chien du Doctor Who.

Le dictionnaire nous donne la définition suivante de l’intelligence : « Ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. » Cependant, dans le domaine scientifique, on trouve presque autant de définitions que de personnes pour les proférer et le débat pourrait durer très longtemps. Ici, nous partirons de celle de Jean Piaget… Ce célèbre psychologue du développement définit l’intelligence comme l’adaptation de l’individu à son environnement. S’adapter audit environnement implique d’apprendre et d’utiliser les connaissances acquises dans cet environnement. L’apprentissage — voilà l’un des points clés pour construire un système robotique autonome ! Cet article constitue la base d’une future série de tutoriels, qui porteront sur différents algorithmes d’apprentissage (dans quel contexte

DÉFINITION DE L’APPRENTISSAGE Apprendre, c’est (à par tir de rien) acquérir des connaissances et des compétences par le biais de l’imitation, de la pratique ou de l’observation. Vous pouvez ainsi apprendre par cœur une poésie, des faits ou votre cours de robotique pour l’examen du lendemain. Cette façon de faire se révèle assez difficile pour les êtres humains. En revanche, l’homme apparaît très doué pour généraliser une connaissance (parfois en se trompant totalement) à partir de simples faits : il est capable d’inférer. Les robots, voire les machines, peuvent ingurgiter un nombre incroyable de faits (ce qui ferait pâlir d’envie n’importe quel étudiant la veille d’un examen). Pour l’instant, la capacité des robots à déduire des faits reste extrêmement limitée et reste sans commune mesure avec celle de l’être humain. C’est là qu’intervient ce que l’on appelle l’apprentissage automatique ou artificiel (en opposition à l’apprentissage naturel) — pour les anglophones, le machine learning. L’APPRENTISSAGE POUR LES ROBOTS — POURQUOI ? Prenons un problème tout à fait commun (que certains d’entre vous ont peut-être déjà rencontré en utilisant leurs robots aspirateurs). Je veux, par exemple, que mon robot Alfred se déplace dans la maison et fasse le


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“C’est décidé, nous allons envoyer Alfred à l’école des robots pour qu’il apprenne à effectuer les tâches que l’on veut lui assigner.”

Les robots aspirateurs optent de plus en plus pour une intelligence évoluée. Ici le Neato XV11. — À droite, Comment font ces quelques bouts de métal pour apprendre ? Tête d'un robot de Kokoro - EPA/DAI KUROKAWA.

ménage. Dans une approche de programmation classique, je peux lui dire d’aller tout droit, d’aspirer la saleté et, lorsqu’il rencontre un mur, de tourner pour l’éviter. Cependant, va-til effectivement nettoyer toute la maison ? Au bout d’un certain temps, peut-être… En revanche, je peux demander au robot d’apprendre à se diriger et de mémoriser son parcours. En robotique mobile ou humanoïde, il est important de pouvoir modifier dynamiquement son compor tement, sur tout lorsqu’il existe une possible interaction physique avec des êtres humains (et plus généralement des êtres vivants). LES DIFFÉRENTS TYPES D’APPRENTISSAGE C’est décidé, nous allons envoyer Alfred à l’école des robots pour qu’il apprenne à effectuer les tâches que l’on veut lui assigner. Dans le domaine de l’apprentissage artificiel, il existe différentes méthodes et après les avoir définies sommairement, nous allons voir à quels types de problèmes nous pouvons les appliquer et donc dans quels cas Alfred saura les utiliser. On peut classer les algorithmes d’apprentissage en trois grands groupes : l’apprentissage supervisé, l’apprentissage non supervisé et l’apprentissage par renforcement… Si l’on définit l’apprentissage supervisé de manière mathématique, on va parler de créer une fonction qui, à partir d’une entrée X, donnera la sortie désirée Y. Nous voulons par exemple qu’Alfred sache reconnaître le chien de la maison du chat des voisins, afin de ne donner de

la nourriture qu’à notre chien. Dans un premier temps, ce qu’on appelle, dans la littérature scientifique, l’expert ou le professeur — voire l’oracle —, montre à Alfred des images représentant des chiens en lui spécifiant bien que ce sont des « chiens ». On dit alors que l’exper t spécifie une étiquette (sor tie Y) à l’exemple (entrée X). Ensuite l’expert lui montre des contre-exemples (des chaises, des

chats, des arbres, etc.) en lui spécifiant que ce ne sont « pas des chiens ». Le robot associera l’entrée X (ici une image de chien ou non) avec la sor tie Y, l’étiquette correspondante. Après cet apprentissage, on pourra présenter une image inconnue et le robot nous dira alors si elle représente un chien ou non. On se sert essentiellement de l’apprentissage supervisé pour faire de la classification et de

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Tutoriels

la régression. La classification permet d’associer une entrée avec une étiquette donnée, ou autrement dit une classe. Lorsque cette entrée est associée à une valeur ou à plusieurs valeurs réelles, on parle de régression. On utilise l’apprentissage supervisé lorsqu’on cherche à expliquer une variable. Si cette variable appartient à une catégorie, on parle de classification. Si cette variable est une valeur réelle, on parlera alors de régression. Les algorithmes les plus connus sont les réseaux de neurones, la méthode des k plus proches voisins ou bien encore les arbres de décision.

Figure 1. Les points rouges représentent les données acquises par le capteur à ultrasons d’Alfred.

Figure 2. Alfred a fait la différence entre deux groupes de points (le groupe rouge et le groupe vert).

Figure 3. Alfred a défini la position des murs situés devant lui (représentés par les lignes bleues).

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Le Chief Cook Robot apprend à faire la cuisine en reproduisant les gestes qu’on lui a enseignés. Parfois, il n’y a pas d’expert ou bien il se révèle impossible de connaître les classes. Il est aussi tout à fait possible que classer toutes les données que l’on a prenne trop de temps. Pour ces cas-là, l’apprentissage non supervisé cherche à organiser un ensemble d’entrées, sans connaissance a priori de la manière de les classer. Ici, le robot apprend tout seul à séparer et à organiser les données qu’il reçoit. Il décide seul de la classification de chaque exemple ou donnée. Les principales méthodes d’apprentissage non supervisé sont les suivantes… — L’apprentissage par agrégation (clustering) : former des classes en regroupant les données selon des critères mathématiques comme la

moyenne ou le poids des noyaux, etc. — L’estimation de probabilité : chercher à faire correspondre un pourcentage ou une probabilité aux données. Et répondre aux questions : « Quelle est la probabilité de voir l’entrée x se produire ? À quel point la nouvelle entrée x ressemble-t-elle à une entrée déjà vue ? » — La réduction de dimensionnalité : parmi les données possédées, certaines caractéristiques ne sont pas importantes pour l’apprentissage. Ces informations vont être retirées : plus besoin de les traiter, ce qui induit un gain de temps et de place. Revenons à Alfred… Pour se déplacer dans la maison, il doit déterminer où se trouvent les


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“Revenons à Alfred… Pour se déplacer dans la maison, il doit déterminer où se trouvent les murs et s’il existe un espace pour passer.” murs et s’il existe un espace pour passer. Alfred possède des capteurs à ultrasons, qui lui permettent de détecter plus ou moins finement les obstacles. En réalité, ce qu’Alfred détecte, ce ne sont pas des murs mais des nuages de points (voir figure 1). Ces nuages de points forment des amas représentant les murs. Une fois qu’Alfred a séparé les points en indiquant quels points faisaient partie d’un mur donné grâce à l’apprentissage par agrégation (voir figure 2), il ne lui reste plus qu’à définir où est le mur en appliquant une méthode de régression (voir figure 3). Maintenant, allons plus loin dans le concept d’apprentissage non supervisé. Inculquons à Alfred la capacité de juger ses propres actions. Il pourra alors modifier son compor tement afin de l’optimiser. On appelle cette forme d’apprentissage, l’apprentissage par renforcement. Le renforcement est une notion relevant de la psychologie, un conditionnement psychologique qui permet d’augmenter, dans le cas d’un renforcement positif, ou de diminuer, dans le cas d’un renforcement négatif, la probabilité de répétition d’un acte ou d’un compor tement — en délivrant un stimulus de l’environnement immédiatement ou juste après la réalisation de l’acte. Ici, il s’agit d’augmenter l’apprentissage par l’intermédiaire d’une variable de récompense qui augmentera ou diminuera en fonction des réponses du robot. Dans le cas d’Alfred, définissons qu’il apprend à se servir de son nouveau bras. Alfred se fixe donc un but : attraper un objet demandé par un des membres de la maison. Lorsque Alfred voit son bras s’approcher de l’objet, il renforce positivement son compor tement. Au contraire, lorsque son bras dérive dans une autre direction, son compor tement est « puni ». L’environnement extérieur peut aussi aider au renforcement : la famille à laquelle appar tient Alfred peut l’encourager dans son action ou bien le réprimander en cas de maladresse ou de faute… Ces exemples d’apprentissage ont été vus sous un angle passif. En effet, Alfred — notre robot majordome — n’a jamais « exprimé » une volonté d’apprendre. L’apprentissage actif est utilisé lorsque le robot peut influencer le choix des exemples d’apprentissage. Plusieurs approches existent comme apprendre à… apprendre, choisir d’optimiser la valeur des informations acquises ou bien réduire le domaine des hypothèses… Par la suite, nous verrons en détail comment un robot peut apprendre à faire des crêpes, à reconnaître le visage de votre belle-mère — à accomplir bien d’autres choses encore ! ■Matthieu Destephe

Simon le robot est capable d'apprendre de nouvelles tâches.

EN SAVOIR PLUS Nous ne sommes pas entrés dans les détails mathématiques, mais pour les curieux, il existe beaucoup de cours et de matériels gratuits et/ou open source sur Internet. Pour les anglophones, je ne peux que recommander les excellents cours du professeurAndrew Ng, de l’université de Stanford, qui sont eux aussi disponibles gratuitement. — Sur YouTube : http://www.youtube.com/view_play_list ?p=A89DCFA6ADACE599 — Sur le site de l’université de Stanford : http://see.stanford.edu/see/courseinfo.aspx?coll=348ca38a-3a6d-4052-937d-cb017338d7b1 — Sur iTunes University : http://itunes.stanford.edu/ PLANETE ROBOTS N°7

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NEWS GADGETS & TENDANCES Ă€ VENIR LA CONSOLE SEGA MEGADRIVE SM-4000 SD MĂŞme en 2010, Sega est toujours ÂŤ plus fort que toi Âť ! La firme et ses jeux mythiques sont de retour avec la SM-4000 SD, une Megadrive portable qui propose une vingtaine de jeux (16 bits) intĂŠgrĂŠs plus cultes les uns que les autres — allant d'Alien Storm, Sonic Spinball et Columns Ă Streets of Rage. De quoi raviver de très bons souvenirs ! La console possède une sortie TV et un lecteur SD (pour lire vos musiques et vos photos). Prix : 50 â‚Ź

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ainsi plus de vingt mille heures de projection avec une excellente qualitĂŠ d’image. Sans filtre Ă nettoyer ni lampes Ă mercure Ă changer, la maintenance de l’appareil apparaĂŽt donc minimale. Très maniable et tout Ă fait polyvalent, il peut ĂŞtre transportĂŠ facilement et utilisĂŠ mĂŞme en plein jour (grâce Ă sa luminositĂŠ — jusqu’à trois mille lumens ANSI), quelle que soit la dimension de la pièce (grâce Ă un zoom optique 2x grand-angle). Prix : 750 â‚Ź

MP 404, L'AUTORADIO MULTIMÉDIA ÉquipĂŠ d’un lecteur DVD/USB/SDHC, cet autoradio vous permet d’afficher un film Ă l’arrière de votre voiture, pour le plus grand bonheur de vos enfants ! Afin de crĂŠer une ambiance musicale, le modèle MP 404 vous fournit la possibilitĂŠ d’Êcouter la radio et de mĂŠmoriser jusqu’à vingt-quatre stations figurant parmi vos prĂŠfĂŠrĂŠes. Il est de plus dotĂŠ du software et d’un menu de contrĂ´le ÂŤ Logic Âť, qui facilite la navigation tactile, le choix de la fonctionnalitĂŠ et son paramĂŠtrage. Prix : 280 â‚Ź

UTREMA, LE HOME CENTER UNIQUE DE LUXE Utrema a crĂŠĂŠ un système inĂŠdit pour le stockage et la diffusion en haute qualitĂŠ de photos, de musiques, de films et de programmes de tĂŠlĂŠvision dans plusieurs pièces d’une habitation et de manière simultanĂŠe — ce que l’on nomme aujourd’hui le multimĂŠdia multiroom. Le serveur Utrema ouvre la voie Ă un nouveau confort de vie, oĂš chacun pourra, sans contrainte aucune et au mĂŞme moment, ĂŠcouter du Miles Davis dans le salon tandis que les petits s’Êmerveilleront en visionnant Ratatouille — et que les aĂŽnĂŠs montreront leurs derniers clichĂŠs aux copains ! Prix : 6 500 â‚Ź


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Screetch CYBERTECTURE MIRROR — UN PEU PLUS QU'UN MIROIR ! VoilĂ un miroir rĂŠflĂŠchissant qui comporte des applications programmables. Il peut ĂŞtre utilisĂŠ Ă la maison, au bureau ou dans la rue. ConnectĂŠ par WiFi Ă Internet, il se rĂŠvèle capable d’analyser votre forme physique et de vous coacher en consĂŠquence, d’afficher une vidĂŠo ou la tĂŠlĂŠvision et mĂŞme d’accĂŠder Ă vos rĂŠseaux sociaux. PilotĂŠ par le biais d’une tĂŠlĂŠcommande, il se paramètre depuis son ordinateur via une gestion de profils. Prix : 5 800 â‚Ź

UDRAW GAME TABLET, LA TABLETTE GRAPHIQUE POUR WII L’uDraw GameTabletTM offre une libertĂŠ totale de crĂŠation, combinĂŠe au fun du jeu vidĂŠo. Compacte, elle possède une surface tactile de quatre pouces par six (10 cm x 15 cm), qui fournit une prĂŠcision de dessin exceptionnelle. Elle est de plus alimentĂŠe directement par la Wiimote (qui s’y loge très facilement). Enfin, sa compatibilitĂŠ avec les cartes SD permet aux joueurs de sauvegarder et d’imprimer leurs crĂŠations. L’uDraw GameTabletTM est vendue avec l’uDraw Studio, ce qui vous fait ainsi bĂŠnĂŠficier d’une solution complète de jeu. Prix : 70 â‚Ź

UNE MINI COOPER S PILOTÉE PAR BLUETOOTHÂŽ Cette voiture tĂŠlĂŠcommandĂŠe sĂŠduira les grands enfants, qui vont pouvoir jouer en pilotant leur Mini Cooper S soit par le biais des mouvements du smartphone (et de son gyroscope), soit grâce aux touches d'accĂŠlĂŠration et de direction accessibles sur l'ĂŠcran tactile. Compatible avec les principaux smartphones du marchĂŠ et certaines tablettes PC sous Android (Ă partir des versions 2.xx) ou Symbian, la Mini Cooper S BeeWii ravira tous les passionnĂŠs de voitures tĂŠlĂŠcommandĂŠes. Prix : 60 â‚Ź

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Screetch

NEWS Innovations & Concepts du futur

CrÊdits : Š2 010 Yoz Montana.

UN NOUVEL AMIGA‌ DESIGN Depuis le temps qu’on vous disait que l'Amiga allait revenir‌ Ce standard informatique (qui a connu ses heures de gloire dans les annĂŠes 1980 et 1990) refait donc irruption — affublĂŠ d’un nouveau design signĂŠ Yoz Montana. Tout comme dans l'antique Amiga 500, le clavier appelĂŠ Akeyboard intègre son mĂŠdia (ici un lecteur DVD/BR). Et l'UAC (Unit Amiga Core) hĂŠberge la carte mère ATX et ses composants. Ce concept a ĂŠtĂŠ adoptĂŠ par Commodore USA pour crĂŠer un nouvel Amiga tournant sous la version open source de l'AmigaOS : Aros‌ FOKI — DES CHAUSSURES QUI ASPIRENT ! Et si vous passiez l’aspirateur en vous livrant Ă une autre activitĂŠ? Le concept dĂŠveloppĂŠ par Adika Titut Triyugo permet cet exploit‌ Des chaussures aux allures de cosmonautes aspirent la poussière quand vous vous dĂŠplacez. Il suffit donc de prendre une bonne BD et de se balader Ă travers la maison! L'ĂŠcran Ă LEDs placĂŠ sur le dessus des chaussures vous prĂŠviendra lorsqu'il n'y aura plus d’Ênergie. Mais pour ma part, je prĂŠfère laisser mon robot aspirateur faire tout le boulot Ă ma place!‌

LA PREMIĂˆRE STATION SPATIALE COMMERCIALE ! La sociĂŠtĂŠ russe Orbital Technologies nous promet des voyages dans l'espace — rien que ça‌ Virgin Galactic et ses navettes spatiales privĂŠes nous avaient dĂŠjĂ mis l’eau Ă la bouche ; le projet russe a toutefois pour objectif d'accueillir des touristes, mais aussi des industriels et des scientifiques dĂŠsireux de tenter des expĂŠriences en apesanteur pour des raisons personnelles ou dans le cadre de recherches bien ciblĂŠes. Les ingĂŠnieurs qui ont ĂŠlaborĂŠ cette station ne sont pas les premiers venus car ils ont dĂŠjĂ participĂŠ Ă la construction de la station MIR — un gage de compĂŠtence !

LOST IN SOFA — UN FAUTEUIL QUI AVALE TOUT ! Tout le monde a un beau jour cherchĂŠ sa tĂŠlĂŠcommande entre les coussins du fauteuil ou bien trouvĂŠ des pièces ou des jouets appartenant au petit dernier, coincĂŠs sous les plis du canapÊ‌ Eh bien, le designer nippon Daisuke Motogi a inventĂŠ ce surprenant prototype de fauteuil mĂŠnageant une foultitude d’interstices qui permettent une certaine forme de rangement. Une idĂŠe ĂŠtrange — Ă creuser. Attention toutefois : n’y glissez pas vos clĂŠs !

SAND GLASS : UNE NOUVELLE VISION DES FEUX DE CIRCULATION Ă€ se demander pourquoi on n'avait pas fait ça plus tĂ´t ! Les feux tricolores de circulation fonctionnent dĂŠsormais grâce aux LEDs. Il faut profiter de ce nouvel avantage pour concevoir une signalisation plus moderne‌ Les trois feux sont maintenant remplacĂŠs par un tableau de LEDs capables d'afficher dans les trois couleurs (vert, orange, rouge), tout en comportant une fonction de sablier. Seul bĂŠmol — comment feront les daltoniens ?‌

ORIGINAL SOUND TRACK, LE CIRCUIT MUSICAL Ricardo Seola a eu une idĂŠe fort sympathique‌ Ce jeune designer brĂŠsilien a crĂŠĂŠ un jouet ĂŠducatif musical basĂŠ sur les principes combinĂŠs de l’orgue de Barbarie et du jouet de construction. L’enfant pourra bâtir une mĂŠlodie en assemblant les pièces du circuit (des sortes de rails) les unes avec les autres (alĂŠatoirement) et dĂŠcouvrira sa crĂŠation en lançant un petit vĂŠhicule musical (faisant office de dĂŠchiffreur) sur la piste ainsi crĂŠĂŠe. Pour une fois qu’on n’assassine pas Mozart !‌

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NEWS DVD, BD, livres, ciné Manga

Pluto #06 Au cœur du monde futuriste imaginé par Osamu Tezuka, les robots vivent aux côtés des humains (et comme des humains), mais des crimes mystérieux s'enchaînent… Des robots et des chercheurs renommés sont assassinés dans des circonstances étranges liées à des phénomènes apparemment naturels — feux de forêts, tornades très localisées… Toutes les victimes sont retrouvées couronnées d’un ornement formant comme des cornes sur leur tête. Gesicht, un inspecteur robot appartenant à Europol, est chargé d’enquêter sur l’affaire… Il découvrira rapidement que toutes les victimes sont des vétérans du dernier conflit qui a eu lieu en Asie centrale. Et ne tardera pas à se rendre compte que les robots visés par le tueur sont en fait les sept robots les plus puissants et les plus performants de la planète — dont Gesicht fait partie. Il part alors à la rencontre des gens et des robots menacés pour tenter de les prévenir et les protéger du danger. Naoki Urasawa multiplie les références et les hommages à l’œuvre entière d'Osamu Tezuka, notamment en faisant apparaître des personnages inspirés de ceux d’autres séries du maître du manga (Black Jack, Robita, etc.). Et réussit parfaitement le tour de force de transformer le légendaire épisode d’Atom/Astro Boy en un thriller palpitant et réaliste ! Auteur : Naoki Urasawa┃Éditeur : Big Kana┃Sortie : 7 janvier 2011

Manga

Monju — Au service de la justice #8

Monju est le prototype d'une série de robots policiers élaborés par la police japonaise. Mais à cause d’un défaut de fabrication, tous les robots ont été retirés de la circulation, à part lui, qui ne souffre pas de déficience technique apparente. Cependant, ce robot intelligent, doté d'un sens de la justice un peu trop poussé et d'un caractère un brin impulsif, n'hésite pas à utiliser les grands moyens quand il s'agit de réprimer le crime. Peu importe alors la gravité de l'infraction! Pour cette raison, il est contraint de quitter Tokyo et se retrouve relégué dans le poste de police d'une petite ville de province. Il y fait la connaissance d’un jeune agent, son collègue, obsédé par la gent féminine (avec laquelle il n'a aucun succès) et… la perte de ses cheveux! Ce duo a priori mal assorti finira par bien s'entendre et se lancera dans des enquêtes en tout genre. Ce manga est doté d’une intrigue à la fois drolatique et tendre, mise en valeur par un comique de situation fondé sur le contraste qui existe entre le héros, une prouesse de la technologie, et son entourage rural — avec tous les quiproquos que cela implique. Par ailleurs, Monju, machine intelligente, s'humanise au cours de son apprentissage de la vie et montre souvent plus de compréhension et d’empathie que les gens qui l'entourent. Auteur : Hiroki Miyashita┃Éditeur : Big Kana┃Sortie : 4 février 2011

Manga

Le voyage de Ryu #1

Au-delà de l'espace et du temps Ryu, voyageur spatio-temporel, sort de son hibernation pour constater qu'un problème s'est produit dans son vaisseau. Ses collègues sont morts de vieillesse et son astronef s'est crashé sur une étrange planète. Étrange en effet — puisqu'il s’y retrouve plongé aussi bien dans le passé de la Terre que dans son futur. Ryu devra alors affronter des hommes des cavernes comme des robots futuristes. Il n’aura de cesse de découvrir et de comprendre cette planète, afin de pouvoir s’en d’échapper. On retrouve dans ce titre tout le charme rétro des Amazing Stories, avec un parfum de Quatrième dimension (pour l'aspect fantastique).

Auteur : Shotaro Ishinomori┃Éditeur : Glénat┃26 janvier 2011

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ciné, livres, BD, DVD

NEWS

Par Josèphe Ghenzer et Lamia Mustafa

Manga

Cyborg 009 #05

Alors que les cyborgs tentent de mener une vie normale, 008 appelle 009 à sa rescousse ! Lui et les siens tentent d’obtenir leur indépendance, mais un mystérieux lion d’or, extrêmement rapide et vorace, sème le chaos dans leurs rangs. Le cyborg 009 parviendra-t-il à connaître le fin mot de cette histoire ? Un peu plus tard, il devra faire des choix… Lui qui avait recueilli un chien à la mort de son maître, découvre que l’animal semble animé de pulsions agressives et fait preuve d’une malignité hors norme. Quels événements tragiques ont-ils pu mener la bête à de telles extrémités ? Auteur : Shotaro Ishinomori┃Éditeur : Glénat┃Sortie : 26 janvier 2011

Spectacle musical

Le Petit Robot

Les musiciens de la troupe ont construit un vaisseau sonore afin de propulser le Petit Robot à la recherche de la vraie mouzikalité mouzikale… Espace, frontière de l’infini… Voilà cinq ans que l'équipage du Kürtag 2000, sous le commandement du Petit Robot, parcourt la galaxie à la découverte de nouveaux mondes étranges — et de civilisations spatiales inconnues… Compagnie : Fracas┃Destiné aux enfants de trois à neuf ans┃ En tournée à partir du 9 février 2011

Cinéma

Black Lightning : L’Éclair noir

Dima Maykov est étudiant à l’université de Moscou. Il rêve de posséder une belle voiture et de décrocher un rendez-vous avec Nastya, une camarade d’études qui ne le laisse pas indifférent. Il mène une existence tout ce qu’il y a de plus ordinaire, mais découvre que la voiture (une vieille Volga 21) que son père vient de lui offrir pour son anniversaire a la faculté de voler comme un avion grâce à un système de nanocatalyseurs. Un jour, alors qu’il plane en toute insouciance au-dessus des embouteillages, il est confronté à un terrible danger qui va bouleverser sa vie et l’obliger à voir le monde différemment. Il décide alors d’entamer une carrière de super-héros sous le nom de L’Éclair noir. La nouvelle année venue, il va devoir défendre ceux qu’il aime et mener un combat acharné contre les forces du Mal, qui le surveillent et souhaitent récupérer sa voiture par tous les moyens — même si cela inclut de détruire la ville tout entière. Black Lightning est le premier long métrage (à la réalisation) du tandem Alexander Voytinskiy-Dmitri Kiselyov. Tous deux sont des collaborateurs de longue date de Timur Bekmambetov (à qui l’on doit Night Watch, Daywatch et Wanted — Choisis ton destin), qui se contente ici de produire le film. Les deux réalisateurs se sont partagé la tâche, Dmitry Kiselev s’occupant plus particulièrement des scènes comportant des cascades et nécessitant des effets spéciaux. Réalisateurs : Alexander Voytinskiy et Dmitri Kiselyov┃Distributeur : Universal Pictures┃ Le film est disponible en DVD et sortira en Blu-Ray le 11 janvier 2011

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NEWS DVD, BD, livres, ciné Par Josèphe Ghenzer et Lamia Mustafa

Cinéma

Tron — L’héritage

En 1982, les studios Walt Disney Pictures avaient parié sur l’avenir avec Tron, un film novateur (tant dans le fond que dans la forme) dont l’action se déroulait en partie au sein d’un monde virtuel dans lequel Kevin Flynn, un programmateur de génie, s’était fait dématérialiser par une Intelligence artificielle qui voulait prendre le contrôle des ordinateurs les plus puissants du monde… Très avant-gardiste (voire trop) pour l’époque, Tron ne connut pas le succès escompté mais acquit, au fil des ans, le statut de film culte. Vingt-huit ans après, Walt Disney Pictures nous livre une suite dans laquelle Sam, le fils de Kevin Flynn, se retrouve à son tour aspiré dans le monde virtuel où vit son père depuis vingt-cinq ans. Pour arriver à s’en échapper, le tandem familial devra affronter des jeux mortels et de redoutables programmes. Dans ce cyberespace, les véhicules font office de personnages à part entière (les Reconnaisseurs, le Voilier solaire et les motocycles lumineux, qui ont été modernisés — ainsi que des engins inédits comme le Rectifieur, des jets lumineux ou encore le Vaisseau Trône). Il est à noter que Jeff Bridges et Bruce Boxleitner reprennent ici les rôles qu’ils avaient incarnés dans le premier film. Tron — L’héritage, qui sortira sur nos écrans le 2 février, a été tourné en Disney Digital 3D™ et bénéficie des toutes dernières technologies (les caméras numériques Sony F35, notamment) et utilise la technique qui avait permis de rajeunir Brad Pitt dans Benjamin Button — pour montrer Clu 2, l’avatar de Kevin Flynn, qui n’a pas vieilli, contrairement à Jeff Bridges… et à son personnage. Réalisateur: Joseph Kosinski┃Distributeur: Disney Studios

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NEWSmanga Doraemon vs Terminator

ドラえもん

LA ROBOLUTION SERA ASIATIQUE ! écolier, Nobi, à résoudre ses problèmes. Généreux, Doraemon n’est pas pour autant courageux — et le fait de surpasser Mickey en popularité n’a même pas réussi à le guérir de sa peur panique des souris, depuis qu’il s’est fait grignoter les oreilles par l’un de ces muridés !… S’il est considéré aujourd’hui comme un personnage faisant quasiment partie du décor en Asie (à tel point qu’il est utilisé pour vendre tout et n’importe quoi), il doit son immense popularité au message bien particulier véhiculé par la série qui l’a fait connaître…

Doraemon a vu le jour en 1969 sous le crayon du Japonais Hiroshi Fujimoto. Mais attention ! Contrairement à Astro Boy et à bien d’autres, la popularité de ce personnage de fiction ne se limite pas au Japon. En Asie, il est plus célèbre que Mickey et Mario… C’est en fait un chat robotisé, qui a été fabriqué au XXIIe siècle et a le pouvoir de voyager dans le temps. Il décide un jour de se transporter à notre époque pour aider un jeune

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TECHNOPHILIE ET MOINDRE EFFORT Dans une histoire typique de Doraemon, l’écolier Nobi se met tout seul dans le pétrin… Incapable de s’en sortir, un peu feignant, un peu lâche et un peu maladroit, il finit par renoncer à faire des efforts et demande de l’aide au félin robotisé. Ce dernier sort de sa poche à quatre dimensions (une « technologie » empruntée à… Mary Poppins) un gadget technologique et l’utilise — puis tout rentre dans l’ordre. Un tel comportement illustre parfaitement la mentalité qui dominait au Japon dans les années 1970, au cœur d’une société persuadée que la technologie constituait une véritable panacée et que tout effort devenait ipso facto inutile. Cette glorification de la paresse contrastait fortement avec la culture confucianiste, qui fait de l’effort et du travail les valeurs suprêmes. Aujourd’hui, Doraemon

a mis de l’eau dans son vin et seuls quelques nostalgiques le voient encore comme le symbole d’une société de consommation décadente. Ce robot trouillard n’aurait peut-être jamais connu un tel succès si le Japon n’avait pas depuis très longtemps élevé la technophilie au rang d’une hygiène de vie. Au Japon, pas de Terminator : c’est donc le phénomène Do-

Doraemon existe également en français.

raemon qui y a provoqué l’enthousiasme pour la robotique. La génération actuelle a grandi avec le naïf et débonnaire chat sans oreilles, qui promettait la résolution facile de tous les problèmes. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que les Nippons manifestent leur « robophilie ». D’ailleurs, dans les fictions asiatiques, les robots incarnent toujours les défenseurs de l’humanité. (Une statue géante de robot a été construite au Japon il y a peu, pendant qu’à Montpellier on érigeait celle du défunt Georges Frêche… Et aucune polémique sérieuse n’a entouré la création de la première maîtresse humanoïde à l’apparence aussi humaine que possible, qui a pourtant suscité — j’étais de passage en France à cette période — beaucoup d’émoi en Occident.) Grâce à ce matou made in the future, en Asie, la robolution si chère à Bruno Bonnell entraînera bientôt les masses derrière elle. Car alors que l’Occident commence seulement à se demander si la présence d’un robot domestique dans le foyer apparaît souhaitable, nous attendons avec impatience un tel événement depuis quarante ans !…


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vet par Cyril Dre

jeux vidéo

NEWS

TOY STORY 3

Avouez qu’une belle figurine de Buzz l’Éclair — ç’a de la gueule pour un amateur de robots! Depuis le premier Toy Story, Buzz apparaît comme la star incontournable des films d’animation de Pixar — et cela s’est confirmé dans Toy Story 3. Il est donc possible de réveiller l’âme d’enfant qui sommeille en nous et nos fibres de passionnés de robots en prenant les commandes du jeu vidéo tiré du film. D’autant qu’il constitue une bonne surprise (il n’a pas été bâclé, ce qui est souvent le cas dans ce genre d’adaptation). On saluera donc l’originalité dont on fait preuve ses concepteurs, qui ont divisé le jeu en deux modes distincts: Aventure et Coffre à Jouets… Dans le premier, on suit le déroulement d’une aventure sur plusieurs niveaux, comme dans n’importe quel jeu vidéo. Et en faisant preuve de subtilité, on peut passer, en fonction des missions, d’un personnage à l’autre (de Woody à Buzz, par exemple; il leur faudra d’ailleurs s’entraider à certains endroits). De plus, on alterne les séquences de jeu de plates-formes, de tir ou d’action — ce qui rend la progression agréablement variée et pas répétitive du tout. Le mode le plus sympa et le plus innovant — Coffre à Jouets — vous place dans une sorte de bac à sable virtuel à l’intérieur duquel tous les joujoux sont étalés sur un village miniature. Vous pouvez choisir de contrôler Buzz et vous aurez alors la liberté de vous balader comme bon vous semble. Au gré des rencontres, les autres jouets vont vous confier de petites épreuves ou de simples tâches, comme du bricolage… Avec ses graphismes simples (mais réussis) et une jouabilité tout à fait honnête, Toy Story 3 vous fait plonger avec bonheur dans son monde merveilleux! Toy Story 3 PS3, XBOX 360, PC, Wii, Nintendo DS Éditeur : Disney Interactive

Et aussi

ROBO LOGIC 2 HD Eh oui, les iPhone, iPod et iPad sont devenus des consoles de jeux… Robo Logic 2 (Robo Logic 2 HD pour la version iPad), disponible sur l’AppStore, en est la preuve flagrante!

Le principe en est simple: il suffit de programmer votre robot pour qu’il avance de dalle en dalle en exécutant des actions basiques (marcher, sauter et tourner), afin de pouvoir allumer les dalles orange (un peu à la manière de Michael Jackson dans le clip de Billie Jean). Des macrocommandes permettent même de regrouper plusieurs actions en une seule. Toute la difficulté consiste alors à programmer correctement le robot. C’est divertissant au possible — et particulièrement sur iPad (le jeu y prend toute sa dimension)! Robo Logic 2 et 2 HD iPhone, iPod, iPad Éditeur : Tommy Kammerer

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NEWSEXPOSITION L’IMAGINATION AU POUVOIR OU LE POUVOIR DE L’IMAGINATION ? Dans la galerie des robots, le T-800 côtoie les machines de L’homme bicentenaire.

Les rapports entre science et science-fiction apparaissent des plus complexes… Et quant à savoir laquelle influence l’autre — la question reste ouverte… Histoire de se faire une idée plus précise sur le sujet, la Cité des sciences et de l’industrie nous propose jusqu’au 3 juillet 2011 une passionnante exposition — Science et fiction, aventures croisées — organisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la participation d’Arnaud Grunberg, qui possède l’une des plus grandes collections mondiales d’objets originaux ayant servi aux tournages de films.

Quelques Tin Toys.

ANTICIPER LE FUTUR Si la science-fiction est à l’origine un genre littéraire pour lequel les auteurs puisent une bonne partie de leur inspiration dans la science depuis près d’un siècle et demi, il leur est aussi souvent arrivé de la devancer et de donner ainsi naissance à des innovations technologiques. En ce début de XXIe siècle, la SF s’étend désormais à bien d’autres domaines que la simple littérature: arts graphiques, BD, manga, publicité, cinéma, séries TV ou encore jeux vidéo. En se fondant sur toutes sortes de connaissances (aussi bien scientifiques, technologiques qu’historiques) l’exposition Science et fiction, aventures croisées, nous fait découvrir comment la SF imagine des situations par le biais d’une large diversité de supports (visuels, sonores et interactifs)… Livres et manuscrits plus ou moins anciens conservés à la BnF (comme celui de La planète des singes, de Pierre Boule), planches géantes de BD, pulps, mangas, affiches de cinéma (Metropolis, Destination… Lune!) et extraits de films projetés sur grand écran (allant d’Alien aux Visiteurs), objets divers et costumes (provenant de Star Trek, des Chroniques de Riddick, de Retour vers le futur,

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par Josèphe Ghenzer La galerie des robots.

de Blade Runner, du Cinquième élément, de Dune…) et story-boards (Star Wars). Sans omettre des maquettes réelles (celle de la sonde Viking envoyée sur Mars) ou ayant servi dans de célèbres films et séries TV (celle du vaisseau spatial Rodger Young, de Starship Troopers, et même celle du Viper de Battlestar Galactica). À cela s’ajoutent plusieurs jeux multimédias — créés tout spécialement pour l’occasion (Ralliez la Lune, Voyager dans l’espace-temps, Gérer une colonie spatiale, pas si simple! Êtes-vous sûr de ce que vous voyez?) — sur les mondes virtuels et la réalité augmentée, ainsi qu’un jeu d’incrustation de votre propre image dans des extraits de films et des films d’animation expliquant le principe de la fusée ou encore les dangers du vide intersidéral. QUE NOUS RÉSERVE L’AVENIR? Grâce à l’intervention d’un certain nombre d’auteurs reconnus et de divers scientifiques, l’exposition nous propose une nouvelle vision des principaux thèmes abordés dans la SF. Présentée sur deux plateaux distincts, elle s’articule autour de douze thématiques différentes. Le premier plateau, intitulé Traverser l’espace et le temps, est divisé en cinq thématiques (la Lune: quand la SF devient réalité; les piétons de l’espace; à la conquête de l’Univers; les épopées du space opera; l’exploration dans le

temps), aborde tout ce qui touche, de près ou de loin, aux voyages dans l’espace et dans le temps. Le visiteur pourra non seulement se balader dans la galerie des combinaisons spatiales, voir le véritable équipement du soldat FÉLIN (Fantassin à Équipements et Liaisons Intégrés) mais aussi vivre une expérience hors du commun avec le simulateur Arrimage à une station ou encore assister à un spectacle immersif sur la notion de temps. Quant au deuxième plateau, baptisé Imaginer d’autres sociétés et divisé en sept thématiques (les robots: amis ou ennemis?; l’enfer de la ville, cauchemar ou utopie?; un monde de réseaux; clones et mutants; sociétés dans la tourmente; E.T.?), il s’intéresse plus spécifiquement à notre futur (plus ou moins immédiat), aux dérives possibles de la science et à l’existence éventuelle d’autres formes de vie que la nôtre. Pour illustrer le propos, le visiteur pourra arpenter la galerie des extraterrestres (Alien, Star Wars, Men in Black, Gremlins, Rencontres du troisième type…), tout en regardant des extraits des films correspondants. Une large part est aussi consacrée aux créatures artificielles en tout genre (robots, androïdes, cyborgs, clones et autres Intelligences artificielles) dont les relations avec l’homme, qu’elles soient amicales ou conflictuelles, ont maintes fois été traitées dans les romans de SF et au cinéma. Vaste sujet de réflexion, illustré ici

par la présence de divers robots (comme le robot Virgule, du Commissariat à l’énergie atomique, ou le robot animé Robbix), ainsi que par un film d’animation sur la robotique. Par ailleurs, en parcourant la galerie desdits robots, le visiteur aura tout loisir d’admirer les plus célèbres d’entre eux (Terminator, RoboCop, Sonny [I, Robot], C-3PO, R2-D2, Maria [Metropolis], Galatea…), tout en visionnant des extraits des films qui les ont rendus mondialement célèbres. L’exposition met également à la disposition des visiteurs deux salons de lecture où ils pourront prendre le temps de consulter une très grande variété d’ouvrages de SF. Pour prolonger cet extraordinaire voyage dans l’imaginaire, il est également possible de se plonger dans la lecture du livre qui sert de catalogue à l’exposition, intitulé Sciences & science-fiction et paru aux Éditions de la Martinière, auquel ont participé divers auteurs (parmi lesquels figurent les commissaires de l’exposition).

Robbix est capable de s'exprimer dans trois langues différentes.

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NEWSFESTIVAL UTOPIALES 2 010 PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES Né sous le nom d’Utopia (au Futuroscope de Poitiers) en 1998, le festival international de science-fiction Utopiales occupe tous les ans, au mois de novembre et durant quatre jours, la Cité des congrès de Nantes métropole depuis l’année 2000. Il attire désormais plus de quarante mille visiteurs…

Un Robosapien V2 vient saluer L’Homme bleu, célèbre globe-trotter suisse en visite aux Utopiales.

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LA SCIENCE-FICTION AU CŒUR DU FESTIVAL Les Utopiales étant un festival international de la SF, ce genre constitue le fil rouge de toutes les activités que l'on peut y trouver. Cette année, pas moins de quatre-vingt-dix professionnels de la science-fiction (écrivains et scientifiques) sont venus présenter leurs romans et leurs essais. Cinquante-huit tables rondes (dont douze purement scientifiques) ont eu lieu sur tout ce qui a trait aux Frontières, le thème principal de cette onzième édition. Aux Utopiales, on pouvait visionner d’anciens films de science-fiction ou même assister en avant-première à la projection de nouveautés comme Megamind ou les vingt premières minutes de Tron — L'héritage. Quelques expositions étaient proposées dans les trois niveaux du festival (dont Galactic Hits, qui permettait d’admirer toute une série de pochettes de disques vinyles aux couleurs vintage et représentant divers monstres ou extraterrestres spatiaux, des années 1950 à nos jours). La bande dessinée se trouvait également à l’honneur, avec notamment la présence d’Arleston, le scénariste de la série Lanfeust. Une journée Manga-tan a laissé tout loisir aux nombreux fans de cosplay de se livrer à leur activité favorite et une salle entière était dédiée aux passionnés de jeux de rôles. Il fallait aussi noter la présence d’un salon des jeux vidéo comportant les dernières générations de consoles et leurs accessoires en libre essai — des Kinect de Microsoft, des PlayStation Move — et même une voiture de F1 montée sur vérins, mise au point pour une salle de jeux nantaise. Enfin, quelques stands (comme celui de nos amis de Robootic. com), noyés parmi d'autres dédiés aux mangas ou aux gadgets japonais, présentaient toutes sortes de nouveautés. Une librairie immense purement SF tenait également bonne place. LE THÈME DES FRONTIÈRES Depuis les balbutiements de la SF, les auteurs n’ont eu de cesse de dépasser les frontières de ce qui était déjà connu. Car ce genre ouvre à l’imagination les chemin de la découverte et de l’exploration. La SF lance des idées qui donnent à réfléchir et nous ouvre le champ des possibles. L’exploration spatiale, un thème très souvent abordé, pose la question des frontières… L’univers a-t-il des limites? Est-ce que l’espace connaît les frontières? Au plus près de nous, les fron-


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par Screetch tains — et ludique pour d'autres. Chacun avait trouvé son compte dans son domaine préféré, que ce soit le jeu vidéo, le cinéma ou la littérature… Et pas moins de quarante-deux mille visiteurs se sont déplacés pour cette onzième édition. Rendez-vous à Nantes pour la douzième! LES DEUX CONFÉRENCES sont disponibles en téléchargement sur ActuSF. com. Utopiales 2010. Conférence Je suis un robot et je vous apprends: http://www.actusf.com/spip/article-10247.html Utopiales 2010. Conférence Mon ami le robot: http://www.actusf.com/spip/article-10236.html Le stand des Jeux Vidéo permettait la découverte de nouvelles sensations. Ici, la simulation de F1 sur vérins, réalisée par NMC Simulation.

tières terrestres sont-elles génératrices de conflits ou développent-elles un rôle protecteur? Peut-on vivre sans frontières? Le champ de la médecine nous ouvre aussi des pistes de réflexion… La mortalité est-elle une limite à dépasser? Quelles sont les frontières entre la raison et la folie? Quelles seront les frontières de la performance physique?… Les Utopiales 2010 ont donc proposé cette année un voyage au plus près des limites et de ce qui pourrait se trouver au-delà desdites limites… L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE PASSIONNE Une conférence intitulée Je suis un robot et je vous apprends, avec Raja Chatila (le directeur du CNRS-LAAS), Ian McDonald (un génial romancier de SF explorant le monde des nanotechnologies et celui du postcyberpunk — entre autres), Vincent Gessler (son livre Cygnis a reçu le Prix européen Utopiales des Pays de la Loire) et Frédéric Boisdron, notre rédacteur en chef adjoint. Frédéric avait d'ailleurs apporté quelques magazines et… le robot Pleo. Ce dernier a attiré l'attention de la salle, son imitation du vivant remportant un vif succès. Le débat a vite dérivé vers l'Intelligence artificielle et une interrogation sur ce que sont l'intelligence et les mécanismes de la pensée. Et une table ronde, initialement appelée Mon ami le robot, accueillait Fabien Raimbault, de l'association Caliban (dont vous pouvez lire l’interview dans ce numéro), Gérard Klein (écrivain référent de la SF française), Ian McDonald et à nouveau Frédéric Boisdron. Quand il s’agit de répondre à la question de base — qu’est-ce qu’un robot? —, on s’aperçut rapidement que chacun avait sa propre définition du terme « robot ». Fabien nous expliqua la différence entre l'Intelligence artificielle dite faible (programmée) et celle dite forte (dont l'intelligence est propre au robot). Gérard Klein soutint un point de vue selon lequel l'Intelligence artificielle

dite forte n'interviendrait probablement jamais. S'ensuivit un débat passionnant et énergique! UNE MOISSON DE PRIX DE SCIENCE-FICTION Les Utopiales remettent chaque année des récompenses décernées par le jury et par le public à des auteurs de romans, de bandes dessinées et de films (courts et longs métrages) de SF. Cette année, il y eut deux grands gagnants: Vincent Gessler (littérature) et Takeshi Koike (cinéma). La remise des prix conclut le festival dans une ambiance studieuse pour cer-

PALMARÈS DES UTOPIALES 2010 • Prix européen Utopiales des Pays de la Loire (ex aequo): Cygnis, de Vincent Gessler, et Tancrède, d'Ugo Bellagamba. • Prix Julia Verlanger: Cygnis, de Vincent Gessler. • Prix de la Meilleure BD de SF: Les derniers jours d'un immortel, de Fabien Vehlmann et Gwen Bonneval. • Cinéma. Grand Prix du Jury: Earthling, de Clay Liford. • Cinéma. Mention spéciale du Jury: Redline, de Takeshi Koike. • Cinéma. Prix SyFy du Public: Redline, de Takeshi Koike • Courts métrages. Prix du Jury: Il était une fois l'huile, de Winshluss. • Courts métrages. Mention spéciale du Jury: Yurri Lennon's Landing on Alpha 46, d’Anthony Vouardoux. • Courts métrages. Prix du Public: Lui, il ne ferait jamais ça, d'Anartz Zuazua. • Prix du Meilleur Scénario de jeux de rôles: Dogan Ogreten.

Aux Utopiales, même le robot Pleo a participé aux tables rondes !

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Par Cyril Drevet, journaliste TV

LES VOITURES ÉLECTRIQUES Depuis deux ou trois ans, et plus encore lors du dernier Mondial de l’auto, à écouter les constructeurs automobiles, c’est le Grand Soir de la voiture électrique. Les moteurs à essence sont obsolètes et désormais, nous allons tous rouler grâce à la Fée Électricité… Alors — fini, le pétrole ? Oublié, le son des V8 ? Terminé, le passage à la pompe ?

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Open your mind

À l’instant où vous lisez ces lignes, il n’existe que deux modèles différents officiellement commercialisés sur le marché des particuliers : la Tesla Roadster et la Mitsubishi i-MiEV (qui se décline sous deux autres identités, la Peugeot iOn et la Citroën C-Zéro. Pas vraiment de quoi inonder les rues d’autos écolos ! LA TESLA ROADSTER 2.5

RÊVE OU CAUCHEMAR ?

Hormis le logo et quelques détails esthétiques de la calandre et des phares, ces trois modèles sont en fait la même voiture. C’est une petite citadine qui se faufile partout mais laisse peu de place à ses passagers, et son coffre est minuscule (168 dm3). De plus, avec son autonomie limitée, son prix exorbitant et son habitabilité réduite, elle est visiblement réservée à des… militants écologistes fortunés !… BIENTÔT DISPONIBLES

La Peugeot iOn est basée sur la Mitsubishi i-MiEV.

Deux places 215 kW (288 ch) Autonomie : 340 km 0-100 km/h : 3.9 secondes (3.7 secondes en version sport) Vitesse max. : 212 km/h Prix : 88 000 € (99 000 € en version sport) Bonus écotaxe : – 5 000 € Depuis deux ans, c’est la première voiture électrique produite en série (et de loin la plus évoluée) — plus de mille exemplaires vendus dans vingt-cinq pays, dont la France. Basée sur le châssis de la Lotus Elise, cette californienne est non seulement très jolie, mais offre des performances en accélération équivalentes à la toute dernière Ferrari 458 ! Avec trois cents kilomètres d’autonomie, c’est aussi la plus réaliste des voitures électriques, mais à près de cent mille euros, elle est réservée à une élite.

— Nissan Leaf (été 2 011) Cinq portes et quatre places 80 kW (110 ch) Longueur : 4,40 m Autonomie : 160 km 0-100 km/h : 11.9 secondes Vitesse max. : 140 km/h Prix : 35 000 € Bonus écotaxe : – 5 000 €

LA MITSUBISHI I-MIEV (PEUGEOT ION, CITROËN C-ZÉRO) — Renault Fluence Z.E. (septembre 2011) Quatre portes et cinq places 70 kW (95 ch) Longueur : 4,75 m Autonomie : 160 km 0-100 km/h : inconnue Vitesse max. : 135 km/h

Cinq portes, quatre places 47 kW (64 ch) Longueur : 3,48 m Autonomie : 150 km 0-100 km/h : > 15.9 secondes (0-50 km/h en 5 secondes) Vitesse max. : 130 km/h Prix : 35 000 € (599 € par mois en location) Bonus écotaxe : – 5 000 €

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LES VOITURES ÉLECTRIQUES SONT-ELLES VRAIMENT UN MUST ? Zéro émission, une simple prise de courant pour faire le plein, un silence total… Sur le papier, la voiture électrique fait rêver. Mais qu’en est-il dans la pratique ? Peut-elle se substituer à une voiture classique — et à quel prix ? Nous avons donc essayé la première voiture électrique d’un constructeur français, la Peugeot iOn (la sœur siamoise de la Mitsubishi i-

MiEV et de la Citroën C-Zéro) pour répondre à toutes ces questions… Le premier contact avec une voiture électrique se révèle surprenant. Vous tournez la clef de contact et… il ne se passe rien ! Pas un bruit, pas une vibration. Sur la Peugeot (et c’est généralement le cas sur ce type de véhicule), un « bip » et des témoins figurant sur le tableau de bord sont les seules indications démontrant que l’auto est prête à s’élancer. Une pression sur l’accélérateur et la voiture démarre avec vigueur. On découvre alors un monde sonore qui nous échappe dans une voiture classique, celui des bruits de roulement (le vacarme de l’air qui frotte sur la carrosserie, le crissement des pneus sur le bitume et les vibrations des suspensions). Des sons qui sont noyés dans le bruit du moteur des voitures classiques et auxquels on ne prête habituellement pas attention sont donc ici omniprésents. Absence de bruit à l’intérieur, donc, mais aussi à l’extérieur — et ce n’est pas un mythe : en ville, les passants ne vous entendent pas arriver ! Il faut impérativement redoubler d’attention pour identifier les piétons et prendre toujours en compte ce paramètre. Du coup, en centre-ville, on réduit sérieusement sa vitesse et on reste en permanence sur le qui-vive. Pour le reste, ce véhicule se conduit comme n’importe quelle voiture équipée d’une boîte automatique — qui serait systématiquement sur la réserve ! Car que ce soit à bord de la Tesla avec ses trois cent quarante kilomètres d’autonomie ou aux commandes de la Peugeot iOn (cent vingt kilomètres constatés par Le Citroën C-Zéro, également basée sur la voiture éléctrique de Mitsubishi.


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“Renault a découvert une solution originale pour contourner le surcoût d’une voiture électrique face à une auto traditionnelle…” L’ÉLECTRIQUE : L’ÉTERNEL RETOUR…

La première voiture de l’histoire à avoir franchi les 100 km/h était une voiture électrique! Elle s’appelait la Jamais Contente et c’était en… 1899! Mais le moteur thermique s’est rapidement imposé pour les raisons que l’on connaît et ce n’est que cent ans plus tard, dans les années 1990, que le groupe PSA a retenté le coup avec la 106 électrique… Nouvel échec! Nous assistons maintenant à une grosse offensive de la part de nombreux constructeurs — et pourtant les défauts qui ont pénalisé l’électrique au cours de ces cent onze années n’ont toujours pas été réglés…

LES TEMPS DE CHARGE : UN CAUCHEMAR ? Entre six et huit heures — c’est le temps moyen pour une charge complète sur une prise 220 V normale pour une voiture électrique. C’est long, très long… Des solutions existent pour des recharges « rapides » en trois heures (et même quarante-cinq minutes grâce à des bornes spéciales). Mais la recharge rapide a un coût et la durée de vie de la batterie en est affectée. De nouvelles technologies comme les nanotechs sont en cours d’expérimentation : elles permettraient de recharger complètement une batterie en cinq minutes, mais il faudra bien une dizaine d’années avant que tout cela ne soit au point… nos soins), on conduit en permanence avec cette appréhension : « Vais-je avoir assez d’électricité pour arriver à destination ? » Avec un élément qu’il faut toujours prendre en compte : cent vingt kilomètres d’autonomie, cela veut en fait dire soixante pour l’aller et soixante pour le retour ! Et encore, en roulant sur des œufs, car une conduite spor tive réduira d’autant l’autonomie. Ainsi, à allure normale, en par tant de Neuilly-sur-Seine, vous ne pourrez pas aller jusqu’à Disneyland Paris et en revenir ! Voilà qui limite vos déplacements à Paris intra-muros ou à la très proche banlieue…

ALLER LOIN OU SE RÉCHAUFFER — IL FAUT CHOISIR ! Mais le pire est à venir, une mauvaise surprise vous attend si, en hiver, vous souhaitez mettre le chauffage… À l’instant où vous tournez le bouton, l’autonomie de la voiture diminue de 45 % ! De cent vingt, vous passez à soixantedix kilomètres. C’est encore pire avec la climatisation, l’été, quand le soleil tape. Là, vous perdez la moitié de l’autonomie. Aller loin ou se réchauffer, aller loin ou abuser de l’air climatisé, il va falloir choisir ! N’oubliez pas également que si vous êtes quatre dans la voiture, là aussi votre autonomie va se réduire. Et à la hantise de tomber à cour t d’énergie s’ajoute la quête préoccupante d’une prise électrique pour recharger. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, trouver une prise de courant tient du parcours du combattant. Ainsi, dans la plupart des parkings privés, c’est une denrée rare. Dans la rue, seules quelques grandes villes comme Paris ont installé des bornes de recharge, qui sont la plupar t du

temps squattées par des automobilistes indélicats. Quant aux hôtels, ils ne disposent quasiment jamais de prises extérieures. Restent les parkings publics, qui sont de plus en plus équipés de bornes, mais là encore ce n’est pas systématique (et il faudra passer par la caisse). Et si jamais une prise de courant se trouve dans le parking de votre immeuble, le syndic se chargera de vous rappeler qu’il s’agit de parties communes et vous en interdira l’accès (nous en avons fait la douloureuse expérience) ! Seuls les possesseurs de maisons individuelles auront la vraie liber té de se brancher comme ils le voudront… Vous l’aurez donc compris : la voiture électrique est quasiment inutilisable pour un usage quotidien classique. Elle ne peut convenir qu’en troisième voiture et pour de petits déplacements. Difficile dans ces conditions de souscrire à l’enthousiasme des constructeurs et du gouvernement quant aux perspectives de ce type de propulsion… LA « PROPRETÉ » Sur une voiture électrique, l’absence de pot d’échappement se remarque aussitôt. Ce qui est logique puisque rien… ne s’en échappe ! Pas d’émission : zéro gramme de CO2, de NOx, de particules — les principaux polluants d’une voiture à moteur thermique… Vu comme cela, on pourrait croire que c’est la solution miracle contre le réchauffement climatique et pourtant, quand on y regarde de plus près, entre les batteries et la production d’électricité — il se pourrait bien que le tableau ne soit pas si flatteur…

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RÊVE OU CAUCHEMAR ?

Les voitures électriques, comme ici la Nissan Leaf, consomment également de l'électricité dans l'habitacle également. — Du lithium métallique…

BATTERIE À LOUER ! Renault a découvert une solution originale pour contourner le surcoût d’une voiture électrique face à une auto traditionnelle: sur la Fluence Z.E. puis sur la Zoé (2012), Renault veut vous vendre la voiture à un prix raisonnable mais sans les batteries! Il faudra les louer en supplément (79 € par mois pour la Fluence Z.E.), quasiment selon le principe d’un téléphone portable (on achète l’appareil puis on souscrit un abonnement). C’est un peu comme s’il fallait louer le réservoir de votre voiture pour y mettre de l’essence! Car cela n’inclura pas le prix de l’électricité à chaque recharge… Cela règle certes le problème de la durée de vie des batteries, mais quid de la revente de la voiture? Psychologiquement, accepterons-nous de payer le financement du véhicule, plus la location des batteries, plus le prix de l’électricité à chaque recharge?… Autant de questions qui restent en suspens, mais le système s’annonce plus adapté aux entreprises qu’aux desiderata des particuliers.

La Renault Zoé, qui a déjà suscité la polémique, à propos de… son nom !

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LES BATTERIES, UNE BOMBE À RETARDEMENT ? C’est le maillon faible de la voiture électrique. Ces batteries valent une fortune, sont composées de métaux rares et polluants et leur durée de vie inquiète. Pour une voiture comme la Peugeot iOn, il faut à peu près deux cents kilos de batteries pour seulement cent vingt kilomètres d’autonomie… Le rendement n’est franchement pas terrible (120 Wh/kg — il faudrait 2 000 Wh/kg pour égaler le rendement d’un réservoir d’essence). Ce qui explique qu’une petite citadine comme la Peugeot iOn coûte trente-cinq mille euros car on estime que deux cents kilos de batterie coûtent environ onze mille euros — à peu près le tiers du prix de cette auto. En effet, les métaux rares, comme le cobalt ou le lithium (l’utilisation des batteries lithium-ion se généralise), dont sont elles composées, reviennent cher. Les réserves de lithium se concentrent dans le Triangle d’Or Argentine-Bolivie-Chili, sous la croûte jusque-là inviolée de lacs salés déserts, perchés sur les hauts plateaux. Ces merveilles géologiques sont désormais convoitées par des grands groupes comme Bolloré ou Mitsubishi et vont bientôt subir les cicatrices d’une exploitation minière intense. VERS UNE PÉNURIE DE LITHIUM ? La guerre des chiffres autour du lithium montre l’importance de ce minerai dans le développement futur de la voiture électrique. Pour l’USGS, l’organisme gouvernemental américain qui se consacre aux sciences de la Terre, il y

aurait onze millions de tonnes de réserves exploitables sur notre planète. En sachant que la demande actuelle est de vingt-cinq mille tonnes par an, il y aurait de quoi tenir quatre cent quarante ans. Mais la demande s’emballe car les batteries au lithium sont également utilisées dans les appareils électroniques nomades (téléphones, ordinateurs, consoles de jeux por tables, gadgets électroniques, baladeurs numériques et… robots !), plus nombreux chaque année. Que va-t-il donc se passer si la production de véhicules électriques double ou triple ? Sans oublier que les voitures hybrides, promises à un brillant avenir, utilisent aussi des batteries lithium-ion. Alors quand le Meridian International Research, un groupe de recherche indépendant, affirme qu’il n’y aurait que quatre millions de tonnes de lithium vraiment exploitables et qu’au rythme actuel, trente mille tonnes seulement seraient disponibles en 2 015 pour l’automobile (soit à peine de quoi fournir 1,5 million de voitures hybrides comme la Chevrolet Volt), on a de quoi se demander si l’on n'est pas en train de remplacer le pétrole par des minerais encore plus rares. À cela, il faut ajouter la toxicité du cobalt dont sont composées les électrodes des batteries. Un métal lourd classé cancérogène et qui, inhalé, provoque de graves affections pulmonaires. Autant dire que le recyclage des batteries apparaît capital. Une filière se met lentement en place en France avec deux techniques distinctes dont l’une, thermique, recycle 100 % des métaux, mais consomme énormément d’énergie, et l’autre, chimique, qui n’en recycle que 86 %.


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“Autant dire que le recyclage des batteries apparaît capital. Une filière se met lentement en place en France.” De plus, dans le monde réel, entre arnaques à l’assurance et accidents de la vie, un cer tain nombre de véhicules finissent de toute façon dans la nature… L’impact sur l’environnement pourrait donc bien être encore plus dramatique que celui qui est dû aux carcasses qui prolifèrent actuellement. QUID DE LA DURÉE DE VIE DES BATTERIES ?

Enfin, dernier sujet d’interrogation et d’inquiétude à propos des batteries : leur durée de vie. Les experts l’estiment prudemment à environ dix ans. Et l’on observe sur les premiers modèles commercialisés que la garantie constructeur cour t en général sur six ans (ou plus exactement le constructeur, en l’occurrence Renault, garantit que dans six ans la batterie conservera 80 % de sa capacité). Car c’est aussi une des spécificités des batteries : elles se dégradent lentement au fur et à mesure de leur utilisation et de leurs cycles de charge/décharge. Plus le temps passe, plus l’autonomie de votre voiture va se réduire. Ainsi, un véhicule disposant théoriquement de cent cinquante kilomètres d’autonomie, la verra réduite à cent vingt au bout de cinq ans (et à

60 % de sa capacité au bout de dix ans). Comme la grande majorité des voitures électriques ou hybrides sur le marché ne sont pas assez anciennes, on n’a pas vraiment d’estimation de la durée réelle des batteries. On sait juste que les premières Toyota Prius (commercialisées il y a treize ans) roulent toujours avec leurs batteries d’origine. L’ÉLECTRICITÉ EST-ELLE VRAIMENT PROPRE ? La production des batteries est, comme on l’a vu, une source de pollution pour l’environnement, mais il faut aussi tenir compte de la façon dont est produite l’électricité pour avoir le vrai bilan écologique d’une voiture 100 % électrique. Et selon les pays, les résultats varient sensiblement… Ainsi, en France, un pays qui tire une bonne partie de son électricité du nucléaire (peu émetteur de CO2), le bilan se révèle plutôt positif et bien inférieur à celui d’une berline diesel. En revanche en Allemagne, où l’on a supprimé les centrales nucléaires, et en Chine, où la majorité de l’énergie vient de centrales à charbon particulièrement polluantes, le bilan apparaît catastrophique… De plus, une bataille d’experts oppose les responsables d’ERDF (qui affirment que deux millions de voitures électriques et plug-in hybrides qui rechargent représentent en cumulé une consommation de cinq à six térawattheures — soit d’après eux seulement un pour cent de la consommation française d’électricité), à des spécialistes de l’ADEME (qui estiment que ces valeurs ne sont à prendre en compte que si tous les conducteurs rechargent leur voiture la nuit pendant les heures creuses). Selon ces derniers, si ces

Encore une cause de surconsommation électrique dans l’habitacle de la Prius… Gare à la panne !…

AUTOS ET ROBOTS : MÊME COMBAT ? Le côté positif de toute cette agitation des constructeurs automobiles autour de la voiture électrique, c’est que cela profite aux… robots ! Ces derniers utilisent le même type de batteries — et plus les robots vont devenir performants, plus le problème d’autonomie se posera pour eux aussi. Ils pourraient bien profiter au maximum des acquis de l’automobile propre. mêmes utilisateurs rechargent un peu n’importe quand (ce qui s’est vérifié lorsque nous avons essayé la Peugeot iOn, par exemple), il faudra, lors des pics de consommation, faire appel à des centrales au fioul ou au charbon, ou impor ter de l’électricité provenant elle aussi de centrales très polluantes. Tout n’est donc pas très clair sur la réalité d’utilisation des voitures électriques… L’HYBRIDE, UNE VRAIE SOLUTION ? Utilisation restreinte, bilan écologique douteux, coûts déraisonnables, vous l’aurez compris : les voitures électriques ne constituent pas pour nous une solution viable à cour t ou à moyen terme. Tant qu’elles ne seront pas rechargeables en cinq minutes dans n’importe quel parking ou station-service, avec trois ou quatre cents kilomètres d’autonomie, et qu’elles ne vaudront pas plus de 5 à 10 % plus

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Open your mind

RÊVE OU CAUCHEMAR ? BMW X6 ACTIVEHYBRID : LE MONSTRE HYBRIDE Un look de folie et un V8 + moteur électrique de 485 ch en cumulé, voilà l’hybride de tous les superlatifs. On nage un instant dans le silence de l’électrique à basse vitesse et le moment d’après, on plonge dans la fureur des accélérations impressionnantes dont est capable cet engin venu de l’espace (0 à 100 km/h en 5,6 sec; vitesse maximale: 250 km/h). C’est loin d’être la plus écolo des hybrides, mais certainement celle dont la conduite est la plus grisante… Consommation: 9,9 l /100 km Émissions: 231 g CO2/km Prix: 113 600 € (+ 1600 € de malus éco)

sous le nom d’Opel Ampera en Europe) pourra rouler au quotidien en électrique et compter sur son moteur et générateur d’électricité pour parcourir de longs trajets. Et contrairement à la Prius, cette berline de milieu de gamme semble sacrément réussie en termes de design. Espérons que son prix (qui s’annonce un peu élevé au lancement) diminuera rapidement pour qu’elle obtienne le succès qu’elle mérite !

es automobil r terre : les su s lu p le Qui pollue s ? e ou les vach milliard a plus d'un de huit y Il . es ch oins les va Réponse : r la planète contre m su es ch va s. le e u d ns de véhic e méthane cents millio tte cinq cents litres d ant que le je llu o re La vache fois plus p c'est vingt voitures ! par jour et rbone rejeté par les ca e d dioxyde

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La BMW X6 ActiveHybrid. — La future Opel Ampera, une voiture hybride dérivée de la Chevrolet Volt.

cher qu’une auto classique… Autant dire que ce n’est pas demain la veille ! Alors, sommes-vous condamnés à rouler « sale » et à dépendre d’un pétrole qui se raréfie ? Eh bien, peut-être que non car il existe déjà une autre solution, qui progresse de mois en mois : les voitures hybrides ! Démocratisées par la Toyota Prius (déjà vendue à plus d’un million d’exemplaires dans le monde), ces automobiles, qui combinent un moteur électrique à un moteur essence ou diesel pour réduire la consommation et donc les émissions, constituent pour le moment la solution la plus réaliste. Cer tes, elles coûtent encore sensiblement plus cher qu’une voiture classique, mais les prix baissent et de très nom-

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breux constructeurs en proposent ou sont en voie d’en proposer. Deux modèles se détachent du lot, la Toyota Prius (vingt-six mille cinq cents euros avec moins deux mille euros d’écotaxe), l’initiatrice, et sa récente petite sœur, la Toyota Auris Hybride (vingt-trois mille trois cents euros avec moins deux mille euros d’écotaxe), qui par tage le même moteur. Cette dernière se décline aussi en version premium avec la Lexus CT 200 heures (vingt-neuf mille neuf cents euros). De plus, avec l’arrivée l’année prochaine de la Chevrolet Volt, le marché des hybrides va prendre un impor tant tournant technologique. Plus tout à fait hybride, mais pas totalement électrique, la Volt (qui se déclinera aussi



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VINTAGE Les robots grand public

Contenu du package du ROB

R.O.B. LE ROBOT JOUEUR DE NINTENDO Si vous avez grandi dans les années 1980, vous connaissez certainement R.O.B., le fameux robot de Nintendo conçu pour assister les jeunes humanoïdes que nous étions…

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Pour les autres, R.O.B. ou Robotic Operating Buddy, signifie « copain assisté par robotique ». Cet acronyme nous faisait rêver, d’autant que le prix et la disponibilité limitée de la bête en faisaient un objet fantasmatique. Nintendo nous garantissait un compagnon robot capable de jouer à la NES — la console de jeux emblématique de toute une génération. Nous sommes en 1985 et l’industrie du jeu vidéo apparaît moribonde. Le géant Atari est à genoux et les distributeurs sont persuadés que les consoles de jeux ont autant d’avenir que les magnétoscopes à cassette — aujourd’hui, en 2 011. Pour être distribué, Nintendo doit user de stratagèmes afin de convaincre que la fameuse NES n’est pas seulement une console. La tâche apparaît difficile, mais la firme de Kyoto peut compter sur le génial Gunpei Yokoi (qui va concevoir entre autres le Power Glove — l’ancêtre de la fameuse manette-télécommande de la Wii, à la technologie d’ailleurs étonnamment similaire) et donc l’accessoire qui nous intéresse ici, R.O.B. AMUSANT MAIS RUDIMENTAIRE… Comme souvent avec Nintendo, la technologie utilisée est largement obsolète, même pour l’époque. Ne cherchez pas le moindre

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microprocesseur ! En guise d’électronique, on ne trouve que quelques résistances se baladant sur des câbles flottant librement. Trois petits moteurs permettent d’actionner la tête, sur un seul axe, et les bras, solidaires l’un de l’autre, sur deux. Et au niveau de l’interactivité, on reste aussi dans le très rudimentaire. La caméra embarquée n’a évidemment pas pour but de suivre ce qui se passe à l’écran, mais fonctionne à peu près comme le pistolet orange vendu avec la console. R.O.B. ne distingue que six types de « flashes » (de six couleurs différentes, correspondant à six instructions préprogrammées) à l’écran. Les réactions à ces six couleurs seront toujours les mêmes, quel que soit le jeu, et R.O.B. ne dispose pas d’autres types de capteurs. Étonnamment, et c’est là que l’on retrouve la patte de Gunpei Yokoi, les limitations du robot n’empêchent pas les jeux de se révéler bien conçus et plutôt amusants. Mais si vous vous attendiez à trouver un adversaire capable de vous affronter à Double Dragon, vous ne pourrez qu’être déçu. Les deux jeux compatibles sont Gyromite (un jeu d’exploration où R.O.B. aide le joueur à résoudre des minipuzzles permettant de débloquer les passages), et Stack Up (un lointain cousin de Tetris, dans lequel il manipule direc-

tement de petites briques de couleur vendues avec le jeu). R.O.B. apparaît donc comme un produit un tantinet obsolète (tout à fait honnête à l’époque de sa sortie, mais qui n’apportait pas grand-chose par rapport à ce qui se faisait déjà). La réalité déçoit forcément si l’on considère les fantasmes suscités par cet objet et entretenus du fait de la durée de commercialisation très courte, des quantités très limitées, d’une communication minimale du constructeur et de l’imagination débordante que nous avions à l’âge de dix ans. Mais pourquoi ne pas envisager un retour de R.O.B. dans une version plus évoluée (l’autre accessoire étrange de la NES, le gantmanette à détection de mouvement n’a-t-il pas fait une réapparition sous la forme d’une télécommande-manette ?). Au fait, n’est-ce pas en mai prochain que sera annoncée la prochaine Nintendo de salon ?…

■Rémi Legris

Gyromite, un des deux jeux jouables avec R.O.B.


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