N°217
février / februar 2019
poly.fr
Magazine magazin
BRÈVES | in kürze
Le Städel Museum ne cultive pas seulement ses visiteurs grâce à des expositions splendides (Titien et la Renaissance à Venise, 13/02-26/05) mais aussi du miel : sur ses toits, les employés de l’institution de Francfort s’occupent de six colonies d’abeilles. Le miel récolté peut être acheté directement au musée. Das Städel Museum kultiviert nicht nur seine Besucher mit wunderbaren Ausstellungen (Tizian und die Renaissance in Venedig, 13.02.26.05.) sondern auch Honig: Auf seinen Dächern kümmern sich die Mitarbeiter der Frankfurter Institution um sechs Bienenvölker. Der Honig kann direkt im Museum erstanden werden. staedelmuseum.de
YAK WE CAN © Zackery Michael
SWEET ART
Pursuit Of Momentary Happiness, nouvel album de Yak, ne badine pas avec les coups de sang, les riffs enragés et les montées en puissance. Entre extrême violence et crooneries cool : lorsqu’il part en chasse pour attraper le bonheur, Oli Burslem, leader, ne lésine pas sur les moyens guitaristiques. En concert à La Vapeur (Dijon, 21/02), à L’Autre Canal (Nancy, 22/02) et La Cartonnerie (Reims, 23/04). Pursuit Of Momentary Happiness, das neue Album von Yak scherzt nicht mit wütenden Riffs und Tobsuchtsanfällen. Zwischen extremer Gewalt und coolem Schnulzengesang: Oli Burslem geht mit seiner Gitarre auf Glückssuche. Konzert in La Vapeur (Dijon, 21.02.), in L’Autre Canal (Nancy, 22.02.) und La Cartonnerie (Reims, 23.04.). lavapeur.com – lautrecanalnancy.fr – cartonnerie.fr
BEYOND ABSTRACTION La maison Vickermann & Stoya (Baden-Baden) est une des références en Europe : les chaussures sur-mesure qui y sont confectionnées s’apparentent en effet à de petits bijoux. Y sont aussi organisées des expositions (visitables sur rendez-vous). Jusqu’au 15 mars, s’y déploie la géniale abstraction géométrique de Jens Wolf. S’insérant dans la filiation de certains plasticiens comme Ellsworth Kelly ou Frank Stella (voire évoquant le Bauhaus), l’artiste allemand n’en trace pas moins une voie originale avec ses œuvres sur bois, entre subtils jeux des couleurs et des formes et accidents de parcours volontaires. Das Haus Vickermann & Stoya (Baden-Baden) ist europaweit bekannt: Die Maßschuhe, die hier angefertigt werden sind in der Tat kleine Schmuckstücke. Man kann auch Ausstellungen besichtigen (nach Vereinbarung). Bis zum 15. März entfaltet sich die geniale geometrische Abstraktion von Jens Wolf. Der deutsche Künstler, in den Fußstapfen gewisser Bildhauer wie Ellsworth Kelly oder Frank Stella (und sogar des Bauhauses) schlägt originelle Wege ein mit seinen Holzwerken, zwischen subtilen Farb-und Formspielen und beabsichtigten Zufällen. vickermannundstoya.de Poly 217
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BRÈVES | in kürze
DISCOVERY
Arpenter les charmantes rues de Sélestat dans les pas du Lion et du géant Sletto ? Voilà manière ludique de découvrir le riche patrimoine de la cité à travers un balisage au sol fait de 500 flèches de bronze reliant l’Office de Tourisme à la Bibliothèque humaniste en 24 étapes, soit 2,8 kilomètres. Une précieuse brochure trilingue (français, allemand et anglais) guide le visiteur dans ce circuit. C’est parti pour deux heures de déambulation !
© Ville de Sélestat
Die charmanten Straßen von Sélestat in den Fußstapfen des Löwen und des Riesen Sletto durchstreifen? Eine spielerische Art das reiche Kulturerbe der Stadt anhand von Bodenmarkierungen aus 500 Bronzepfeilen zu erkunden, die das Tourismusbüro in 24 Etappen über 2,8 Kilometer mit der Humanistenbibliothek verbinden. Eine wertvolle dreisprachige Broschüre (französisch, deutsch, englisch) führt den Besucher durch den Rundgang. Los geht’s für eine zweistündige Besichtigung! selestat.fr
FAMOUS Une première après l’action choc qui a attiré tous les regards sur Banksy : son œuvre Girl with Balloon découpée par un déchiqueteur caché dans le cadre pendant la vente aux enchères de Sotheby’s, rebaptisé Love is in the Bin sera montrée – gratuitement selon le souhait de l’artiste – au Museum Frieder Burda de Baden-Baden (05/02-03/03). Il sera ensuite exposé durablement à la Staatsgalerie Stuttgart. Eine Premiere nach dem Schock, der alle Blicke auf Banksy zog: Sein Werk Girl with Balloon, das von einem im Rahmen versteckten Reißwolf während der Versteigerung bei Sotheby’s zerschnitten und Love is in the Bin getauft wurde, wird – gemäß dem Wunsch des Künstlers kostenlos – im Museum Frieder Burda in Baden-Baden zu sehen sein (05.02.-03.03.). Anschließend wird das Werk dauerhaft in der Staatsgalerie Stuttgart ausgestellt. museum-frieder-burda.de
BROADCHURCH Beats électroniques discrets, cordes sensibles et notes pianistiques jouées sur un fjord : telle est la recette d’Ólafur Arnalds, compositeur islandais évoquant le souffle du vent ou la puissance d’un arbre dans ses titres hyper-contemplatifs. En concert à la BAM de Metz (27/02) et à l’Alte Oper Frankfurt (05/03). Banksy, Love is in the Bin, 2018, collection privée. Photo Sotheby’s © Banksy
Diskrete elektronische Beats, sensible Streicher und Klaviernoten direkt vom Fjord, das ist das Rezept von Ólafur Arnalds, einem isländischen Komponisten, der in seinen besinnlichen Stücken den Atem des Windes oder die Kraft der Bäume evoziert. Er gibt ein Konzert in der BAM in Metz (27.02.) und in der Alten Oper Frankfurt (05.03.). olafurarnalds.com Poly 217
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L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération
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DRINKINg Le 26 e salon des Vignerons Indépendants de Strasbourg (Parc des Expositions, 22-25/02) est the place to be pour dénicher de jolis flacons produits avec amour et déguster dives bouteilles. Let’s go ! © Gregory Favre / Decca Classics
Der 26. Salon der Vignerons Indépendants in Straßburg (Parc des Expositions, 22.-25.02.) ist the place to be um eine schöne Flasche zu ergattern, die mit Liebe gemacht wurde und göttliche Tropfen zu verkosten. vigneron-independant.com
TRAVELLING
FLYING
Unter der Leitung des sehr präzisen Constantin Trinks präsentiert das Orchestre philharmonique de Strasbourg ein Reiseprogramm (Palais de la Musique et des Congrès, 28.02. & 01.03.). Es nimmt uns mit nach Italien mit gluckernden Brunnen von Rom von Respighi, dann auf die Iberische Halbinsel mit Nächte in spanischen Gärten von Manuel De Falla, interpretiert von einem der weltweit größten Pianisten, Nelson Freire. Der Rundgang endet in Zentraleuropa mit der 8. Sinfonie von Dvořák. philharmonique.strasbourg.eu
© Simon Gosselin
Sous la baguette du précis Constantin Trinks, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg propose un programme voyageur (Palais de la Musique et des Congrès, 28/02 & 01/03). Il nous entraîne en Italie avec les glougloutantes Fontaines de Rome de Respighi puis chez les Ibères grâce aux Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel De Falla interprétées par un des plus grands pianistes de la planète, Nelson Freire. Le parcours s’achève en Europe centrale par la Symphonie n°8 “Tchécoslovaque” de Dvořák.
À la découverte de la nouvelle pièce de Wajdi Mouawad, Tous des oiseaux au Carreau de Forbach (07 & 08/02, voir également Poly n°216), variation sur un amour balayé par le conflit israélo-palestinien. Les identités se dévoilent, se défont et se recomposent en allemand, anglais, arabe et hébreu. Entdeckung des neuen Stücks von Wajdi Mouawad, Tous des oiseaux, im Carreau in Forbach (07. & 08.02.), einer Variation zu einer Liebe, die vom israelisch-palästinensischen Konflikt überrollt wird. Die Identitäten enthüllen, zerlegen und setzen sich neu zusammen, in deutscher, englischer, arabischer und hebräischer Sprache. carreau-forbach.com Poly 217
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LIBERTY La jeune manifestation Strasbourg art photography (01-30/03) fête sa troisième édition avec un parcours dans toute la cité (notamment au Mandala, rue du Faubourg de Saverne, épicentre de l’événement), des conférences, une expo des élèves de l’école de design MJM ou, pour la première fois, un Concours de la jeune photographie ouvert aux 8-18 ans. Le thème ? Aucun ! Die junge Veranstaltung Strasbourg art photography (01.30.03.) feiert ihre dritte Auflage mit einem Rundgang durch ganz Straßburg (vor allem im Mandala, rue du Faubourg de Saverne), Konferenzen, einer Ausstellung von den Schülern der Designschule MJM und zum ersten Mal, einem Wettbewerb der jungen Photographie für Menschen von 8 bis 18 Jahren. Das Thema? Es gibt keins!
© Iza Mellino
© Ryo Tomo
BRÈVES | in kürze
UNDER THE SUN Depuis 2018, Les Négresses Vertes sont sur la route pour fêter les 30 piges de leur premier album, l’inusable Mlah (Zobi la mouche, Voilà l’été…). Cette sympathique famille nombreuse voguant entre influences balkaniques et sons méditerranéens est en concert à l’Ed&N (Sausheim, 08/02), à la MAC (Bischwiller, 09/02) et à la Rockhal (Luxembourg, 21/02). Seit 2018 sind Les Négresses Vertes auf den Straßen um das dreißigjährige Jubiläum ihres ersten Albums Mlah zu feiern. Diese sympathische große Familie, die zwischen Balkan-Einflüssen und mediterranen Tönen schwankt, gibt Konzerte in L’Ed&N (Sausheim, 08.02.), in der MAC (Bischwiller, 09.02.) und in der Rockhal (Luxembourg, 21.02.). eden-sausheim.com – mac-bischwiller.fr – rockhal.lu
© ARTIS - Uli Deck
strasbourg-artphotography.fr
BIG DATA Le ZKM de Karlsruhe accueille le second volet d’Open Codes (jusqu’au 07/04, entrée libre), exposition interactive permettant de réfléchir sur le monde. 40 œuvres explorent un univers généré non par les mots, les choses ou les images mais par des données. Réflexions sur la reconnaissance faciale et l’humanité à l’ère digitale et autres expérimentations font de cet événement une habile interrogation sur l’intelligence artificielle ou le transhumanisme.
Das ZKM in Karlsruhe empfängt den zweiten Teil von Open Codes (bis zum 07.04., Eintritt frei), eine interaktive Ausstellung, die zum Nachdenken über die Welt anregt. 40 Werke erkunden ein Universum, das nicht von Worten, Dingen oder Bildern erzeugt wird, sondern von Daten. Eine Überlegung zur Gesichtserkennung und der Menschheit in der Digitalen Ära und andere Experimente machen aus diesem Ereignis eine geschickte Infragestellung von künstlicher Intelligenz und Transhumanismus. zkm.de Poly 217
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sommaire INHALTSVERZEICHNIS
18 Bernhard Schlink, nouveau roman des deux côtés du Rhin Bernhard Schlink, ein neuer Roman auf beiden Seiten des Rheins
20 Momix, le festival international jeune public qui fait grandir les
spectateurs Momix, das internationale Festival für junges Publikum lässt die Zuschauer wachsen
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30 Gob Squad’s Kitchen, plongée warholienne avec un collectif
germano-britannique Gob Squad’s Kitchen, ein Warhol-Sprung mit einem deutschbritischen Kollektiv DOSSIER Super Sarre à la découverte d’une région tournée vers la France DOSSIER Super Saarland Entdeckung einer frankophilen Region
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58 Bertrand Belin, nouvel album d’un alchimiste du verbe Bertrand Belin, neues Album eines Wort-Alchemisten
64 Création mondiale à Nancy de 7 Minuti de Giorgio Battistelli dénonçant la brutalité du capitalisme Uraufführung von 7 Minuti von Giorgio Battistelli in Nancy, der die Brutalität des Kapitalismus anprangert
70 artKARLSRUHE met à l’honneur le collectioneur Peter C. Ruppert artKARLSRUHE ehrt den Sammler Peter C. Ruppert
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74 Exposition passionnante de pièces archéologiques au Badisches Landesmuseum avec Mycènes Eine begeisternde Ausstellung archäologischer Funde im Badischen Landesmuseum mit Mykene
78 Architecture : Les Docks strasbourgeois d’Anne-Sophie Kehr et Georges Heintz Architektur: Les Docks in Straßburg von Anne-Sophie Kehr und Georges Heintz
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80 Gastronomie : Peter Schreck à Baden-Baden
Gastronomie: Peter Schreck in Baden-Baden
82 Un dernier pour la route avec la sommelière Natalie Lumpp Auf ein letztes Glas mit der Sommelière Natalie Lumpp
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COUVERTURE Titelbild
© Archiv Saarlandmuseum
Il court, il court, le Petit Cheval bleu conservé à la Moderne Galerie de Sarrebruck que Franz Marc peignit en 1912. Il avait créé l’année précédente Le Cavalier bleu avec Kandinsky, faisant voler en éclats les cadres académiques. Le mammifère et ses déclinaisons sont un beau symbole pour notre magazine ! Es rennt, es rennt, das Blaue Pferdchen, das in der Modernen Galerie Saarbrücken konserviert wird und von Franz Marc 1912 gemalt wurde. Im Jahr zuvor hatte er mit Kandinsky Der Blaue Reiter kreiert und die akademischen Rahmen gesprengt. Das Tier und seine Abwandlungen sind ein schönes Symbol für unser Magazin! kulturbesitz.de
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OURS · ILS FONT POLY | IMPRESSUM · SIE MACHEN POLY
Ours
Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)
Emmanuel Dosda
Il forge les mots, mixe les notes. Chic et choc, jamais toc. Son domaine de prédilection est au croisement du krautrock et de Buren. Er schmiedet Worte, mixt Noten mit Chic und Schock, vorzugsweise an der Kreuzung von Krautrock und Burens Streifen. emmanuel.dosda@poly.fr
Impressum Liste aller Mitarbeiter einer Zeitschrift (Duden)
Thomas Flagel
Théâtre des Balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes. Balkantheater, experimenteller Tanz, afrikanische Autoren... seine Neugierde ist grenzenlos ! thomas.flagel@poly.fr
Sarah Krein
Cette française de cœur qui vient d’outre-Rhin a plus d’un tour dans son sac : traduction, rédaction, corrections… Ajoutons “coaching des troupes en cas de coup de mou”. Diese Französin im Herzen ist mit allen Wassern gewaschen: Übersetzung, Redaktion, Korrektion... Fügen wir „Truppenmotivation im Falle von Durchhängern“ hinzu.
Ours, Riom © Irina Schrag poly.fr RÉDACTION / GRAPHISME Redaktion/ Graphische Gestaltung redaction@poly.fr / +33 (0)3 90 22 93 49 Responsable de la rédaction Chefredakteur Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr
Anaïs Guillon
Entre clics frénétiques et plaisanteries de baraque à frites, elle illumine le studio graphique de son rire atomique. Zwischen frenetischen Klicks und Wurstbuden-Humor erhellt sie das Graphik-Studio mit ihrem atomaren Lachen.
Julien Schick
Il papote archi avec son copain Rudy, cherche des morilles dans les forêts alsaciennes… Mais comment fait-il pour, en plus, diriger la publication de Poly ? Er plaudert mit seinem Freund Rudy über Architektur, sucht Morcheln in den elsässischen Wäldern. Aber wie schafft er es nebenbei Herausgeber von Poly zu sein?
Éric Meyer
Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain. Miesepeter und Lebenskünstler. Zu seinem poetischen Universum von Objekten aus Blech kommt ein weiteres hinzu, die bissige und virtuose Beschreibung unserer zeitgenössischen Welt, die er graviert.
Rédacteurs Redakteure Emmanuel Dosda / emmanuel.dosda@poly.fr Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Traductrice (allemand) Übersetzerin (deutsch) Sarah Maria Krein / sarah.krein@bkn.fr Ont participé à ce numéro Haben an dieser Ausgabe teilgenommen Sophie Dupressoir, Benoît Linder, Pierre Reichert, Irina Schrag, Daniel Vogel & Raphaël Zimmermann Graphistes Graphiker Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Alicia Roussel / alicia.roussel@bkn.fr Développement web Webentwicklung Cécile Bourret / webmaster@bkn.fr Maquette Layout Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l’équipe de Poly © Poly 2019. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. ADMINISTRATION / publicité Anzeigenschaltung Directeur de la publication Herausgeber Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Administration, gestion Geschäftsführung, abonnements +33 (0)3 90 22 93 30 Mélissa Hufschmitt / melissa.hufschmitt@bkn.fr Diffusion Vertrieb +33 (0)3 90 22 93 32 Vincent Bourgin / vincent.bourgin@bkn.fr
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Publicité Anzeigenschaltung : +33 (0)3 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Sarah Krein / sarah.krein@bkn.fr Linda Marchal-Zelfani / linda.m@bkn.fr Magazine mensuel édité par BKN Monatliches Magazin, herausgegeben von BKN +33 (0)3 90 22 93 30 S.à.R.L. au capital de 100 000 e 16 rue Édouard Teutsch – 67000 STRASBOURG Dépôt légal : janvier 2019 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression Druck : CE COMMUNICATION Kommunikation BKN Éditeur / BKN Studio – bkn.fr
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edito
R Par Von Hervé Lévy Illustration de von Éric Meyer pour für Poly
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elancer la coopération entre France et Allemagne : tel est l’objectif du traité paraphé à Aix-la-Chapelle le 22 janvier par Angela Merkel et Emmanuel Macron. Complétant le texte de 1963 signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer (à une période où un tel acte était courageux, puisque les plaies de la Guerre n’étaient pas cicatrisées), il a suscité bien des fantasmes et autres délires complotistes (certains affirmant même que l’Alsace-Moselle allait repasser sous le joug teuton), ce qui devrait être de nature à… le crédibiliser. À la lecture de ses treize pages, force est de constater que les bonnes intentions abondent – on aime l’Article 9 stipulant que les « deux États reconnaissent le rôle décisif que jouent la culture et les médias dans le renforcement de l’amitié franco-allemande » – mais un fort sentiment de vide nous étreint. Tout cela manque de concret et de souffle. Alors, oui, oui et encore oui aux liens renforcés avec notre voisin, mais en ne se contentant pas de com’ et de beaux mots. Il s’agit de mener des actions efficientes (à l’image de Poly qui parait dans une version bilingue cinq fois par an) comme le fait la Sarre qui ambitionne de devenir bilingue dans deux générations, un Land auquel nous consacrons un long dossier.
D
ie Zusammenarbeit zwischen Deutschland und Frankreich wieder anzukurbeln: Das ist das Ziel des Aachener Vertrages zwischen Angela Merkel und Emmanuel Macron vom 22. Januar. Der Text, der an jenen von 1963 anschließt, der von Charles de Gaulle und Konrad Adenauer unterzeichnet wurde (zu einer Zeit, als ein solcher Akt mutig war, da die Wunden des Krieges noch nicht verheilt waren), hat viele Wahnvorstellungen und Verschwörungstheorien erzeugt (einige behaupteten sogar, dass das Elsass und Lothringen von den Teutonen unterjocht würden), was ihn normalerweise umso glaubhafter machen sollte. Bei der Lektüre der dreizehn Seiten stellen wir fest, dass er voller guter Vorsätze ist – man mag den Artikel 9, der vorsieht, das die „beiden Staaten die entscheidende Rolle anerkennen, die die Kultur und die Medien für die deutschfranzösische Freundschaft spielen“– aber ein starkes Gefühl der Leere erfüllt uns. Ja, ja und nochmals ja zur Verstärkung der Beziehungen mit unserem Nachbarn, aber nicht indem man sich nur mit Kommunikation und schönen Worten begnügt. Es geht darum effiziente Aktionen umzusetzen (im Sinne von Poly, das fünfmal im Jahr in deutsch-französischer Version erscheint), wie es das Saarland vormacht, das in zwei Generationen zweisprachig werden will und dem wir hier ein Dossier widmen.
chroniques
DOUBS LITTLE
MOZART !
PROZAK
Sur un riff de guitare, Aldebert pousse les gosses à faire dérailler le tramway de Besançon en montant les décibels à fond ou à – je cite – « faire pipi sur un policier ». Lançons une pétition pour qu’il cesse ses Enfantillages dont il a récemment sorti, en toute impunité, un Best of (17 titres revisités avec Les Innocents, Brigitte ou Nono de Trust). L’artiste manquant cruellement d’ambition (il se vante de pouvoir « Lire dans [s]es propres pensées ») est-il totalement inconscient pour chanter « Poussez-vous les moches ! Et pas de pitié pour les gentils » ? Le Franccomtois qui rend fous les gamins hauts comme Trois Pommes commet des spectacles faisant salles combles. Prévenez les flics, il y aura du grabuge le 07/04 à L’Axone de Montbéliard et en novembre à Dijon, Metz et Strasbourg. Rendez-nous Henri Dès ! (E.D.)
Voilà bien beau coffret de neuf disques rassemblant les trois opéras composés par Mozart sur un livret de Lorenzo da Ponte : Le Nozze di Figaro, Così fan tutte et Don Giovanni. À la tête de deux phalanges allemandes majeures, Concerto Köln (pour les deux premiers) et Freiburger Barockorchester (pour le dernier), l’immense chef belge René Jacobs en donne des versions pétries d’un intense dramatisme. (H.L.)
Notre prescription contre le terrible virus de l’insipide ? Une grosse dose instrumentale de Melatonine, matin, midi et soir. Le groupe messin sort un quatrième album au nom trompeur : Stances. Ni couplet, ni scansion ici, mais des atmosphères brumeuses au long cours taillées dans le rock. Sept titres abstraits et “shellaquiens” où les notes décrivent des paysages montagneux, la tête dans les nuages, les bras au vent et les pieds sur les arêtes acérées des crêtes. (E.D.)
10 ans d’Enfantillages (22 € environ dans la version disque / livre) sonymusic.fr aldebert.com
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Eine schöne Sammlung von neun CDs, die drei Opern von Mozart zu einem Libretto von Lorenzo da Ponte komponiert hat: Le Nozze di Figaro, Così fan tutte und Don Giovanni. An der Spitze von zwei deutschen Spitzenorchestern, dem Concerto Köln (für die beiden ersten) und dem Freiburger Barockorchester (für die letzte), präsentiert der belgische Dirigent René Jacobs Versionen von intensiver Dramatik. Paru cher Erschienen bei Harmonia Mundi (29,99 €) harmoniamundi.com
Unser Rezept gegen den Virus der Langeweile? Eine Dosis Melatonine, morgens, mittags, abends. Die Gruppe aus Metz gibt ein viertes Album mit dem Titel Stances heraus. Sieben abstrakte Titel, mit dem Kopf in den Wolken, den Armen im Wind und den Füßen auf den spitzen Graten der Gipfel. Édité par Erschienen bei We are Unique! Records (12 €) weareunique.fr — a.ce.jour.free.fr En concert Konzerte : 09/03, La Face Cachée (Metz), 02/05, Royal (Nancy), 01/06, festival Le Jardin du Michel (Toul)
chroniken
COLOR FIELDS
DREAMIN’
gouffa
Connu pour ses expérimentions artistiques, sa relecture décapante de bandes dessinées cultes et sa réflexion théorique, le dessinateur nancéien Jochen Gerner vient de publier Color me. Comme son titre l’indique il s’agit d’un ludique album à colorier pour les petits (que les grands aimeront aussi) qui se double d’un jeu de points à relier. (H.L.)
Une petite fille à la fois là et pas là, décrochant de la réalité, happée par un oiseau passant au milieu des nuages, s’imaginant jouant entre des vaches en plein dans son salon, ramenée à la lecture imposée par l’injonction maternelle : Concentre-toi ! Mais l’on ne bride pas comme cela l’imaginaire. Telle est la magie de la rêverie éveillée, resurgir dans l’instant et faire du morne quotidien un terrain de jeu infini. L’auteure Catherine Grive nous emmène dans le difficile apprentissage du choix, de l’impossibilité de l’ubiquité et de l’éparpillement permanent grâce à l’univers poétique et surréaliste, tout en découpages-collages, de l’illustratrice spinalienne Frédérique Bertrand. (I.S.)
Passée par les Arts déco strasbourgeois, la marseillaise d’adoption Delphine Durant signe un retour fracassant dans les rayons d’albums jeunesse avec l’un des personnages aperçus dans ses deux précédents opus (Les Mous et Gouniche). Les Incroyables aventures de Ratapoil conte le quotidien compliqué de ce personnage à la chevelure faisant passer pour clairsemées toutes les coupes afro des sixties. Il en a ras le poil de se faire aspirer les cheveux par Gouniche, de gêner tout le monde au ciné, de toujours perdre à cache-cache et de se voir moquer, même par des Mous, aussi attachants que pas très fute-fute. Il tentera bien la boule à zéro mais sans guère de réussite. L’humour au poil de l’auteure se mêle à une belle palette de personnages croqués avec des techniques mêlant acrylique, montage, dessin. (T.F.)
Der Zeichner Jochen Gerner, der für seine beißenden Neuinterpretationen von Kultcomics wie Tim und Struppi bekannt ist, hat gerade Color me herausgegeben. Wie es sein Titel verrät, handelt es sich um ein verspieltes Album für die Kleinsten (das auch die Großen lieben werden), das von einem Spiel mit zu verbindenden Punkten ergänzt wird. Paru chez Erschienen bei Semiose (6 €) printsthingsandbooks.com jochengerner.com
Paru au Rouergue (16,90 €, dès 6 ans) lerouergue.com
Paru au Rouergue (16 €, dès 5 ans) lerouergue.com
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LITTÉRATURE
une femme allemande Dans son dernier roman, Bernhard Schlink arpente d’éclatante manière l’Histoire allemande, de Bismarck à la RFA, à travers la destinée d’Olga.
eine deutsche frau In seinem aktuellen Roman durchkämmt Bernhard Schlink auf durchdringende Weise die deutsche Geschichte, von Bismarck bis zur Bundesrepublik Deutschland, anhand des Schicksals von Olga.
Par Von Hervé Lévy Photo de von Sophie Dupressoir pour für Poly
Paru chez Gallimard (19 €) gallimard.fr
Erschienen im Diogenes Verlag (24€) diogenes.ch
P
our son seul déplacement en France hors Paris, Bernhard Schlink faisait le plein à la Librairie Kléber de Strasbourg, mi-janvier. Juste avant son entrée dans l’arène attentive de la Salle blanche, l’auteur du Liseur – adapté au cinéma par Stephen Daldry avec Kate Winslet, qui obtint l’Oscar pour sa prestation en 2009 – nous a accordé un instant suspendu, autour d’un chocolat chaud. Vêtu d’un germanique Loden vert jeté par-dessus un costume strict rappelant le juriste qu’il fut, l’écrivain tourne les pages de l’histoire singulière qui irrigue son nouveau livre, celle d’un amour entre des « êtres que tout oppose. Chacun a ce qui manque à l’autre. La fantaisie expansive d’Herbert possède un charme lumineux pour Olga, dont le bon sens a quelque chose de profondément attrayant pour un homme qui ne rêve que de voyages. » Avec un style limpide, cet immense conteur narre la destinée des deux personnages dans un roman en trois parties, une « progression qui mène au plus près d’Olga » débutant par une « histoire d’amour vue de l’extérieure dans une perspective objective, se poursuivant par une vision subjective où elle raconte sa vie à un jeune homme pour se conclure par la lecture des lettres adressées par l’héroïne » à son homme, longtemps après sa disparition à “Poste restante, Tromsø, Norvège”. Avec cette femme incarnant la fidélité absolue et l’amour de sa vie – reflétant « une génération dont l’aspiration à la grandeur possède un aspect profondément nihiliste. Il va se perdre dans le rien des déserts de sable
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de Sud-Ouest africain et de glace, où il va disparaître » – le lecteur arpente les années avec Bismarck pour point de départ. « Il a mis l’Allemagne sur un cheval bien trop grand pour elle », regrette l’écrivain qui évoque les rêves meurtriers du pays, ceux de l’empire colonial au début du XXe siècle et de l’espace vital, pendant le Troisième Reich. Sensible et délicat, le texte éclaire aussi la condition féminine : « Mon personnage appartient à une génération que j’ai connue à travers mes grands-mères ou mes tantes. Ces femmes auraient aimé étudier, devenir médecins ou avocats, mais elles ont été obligées de demeurer en deçà de leurs capacités, tandis que beaucoup d’hommes vivaient au-delà des leurs ! » Olga résiste cependant. Éperdument libre, elle ne sacrifie rien et réussit à être institutrice, un succès alors pour une jeune fille pauvre, luttant contre toutes les oppressions. Ce n’est pas un hasard si elle devient sourde en 1936, « elle qui aimait tant la musique, ne supportait plus d’entendre les flots de propagande jaillissant des haut-parleurs et noyant les rues ».
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ei seinem einzigen Besuch in Frankreich abseits von Paris hat Bernhard Schlink die Buchhandlung Kléber in Straßburg Mitte Januar gefüllt. Kurz vor seinem Eintritt in die aufmerksame Arena des weißen Saals, hat der Autor von Der Vorleser – der von Stephen Daldry mit Kate Winslet im Kino adaptiert wurde, die für ihre Rolle 2009 einen Oskar erhielt – uns bei einer Tasse heißer Schokolade einen zeitlosen Moment gewidmet. Mit einem grünen Loden-
LITERATUR
mantel über einem strengen Kostüm, das an den Juristen in ihm erinnert, blättert der Schriftsteller durch die Seiten der besonderen Geschichte, die sein neues Buch durchzieht, jene einer Liebe zwischen „extrem unterschiedlichen Wesen. Jeder hat das was dem anderen fehlt. Die reiche Phantasie von Herbert besitzt für Olga einen frischen Charme, ihr gesunder Menschenverstand hat etwas sehr anziehendes für einen Mann, der nur von Reisen träumt.“ Mit einem flüssigen Stil erzählt dieser große Dichter das Schicksal von zwei Figuren in einem dreiteiligen Roman, „eine Entwicklung, die sich Olga so dicht wie möglich annähert“, indem sie mit einer „von außen betrachteten Liebesgeschichte in objektiver Perspektive beginnt, sich mit einer subjektiven Betrachtung fortsetzt, in der sie einem jungen Mann ihr Leben erzählt um mit der Lektüre von Briefen zu enden, die von der Heldin geschrieben wurden“. Diese gingen an ihren Mann, lange nach seinem Verschwinden an “Postlagernd, Tromsø, Norwegen”. Mit dieser Frau, die die absolute Treue verkörpert und der Liebe ihres Lebens – spiegelt er „eine Generation wider, deren Streben nach Großem einen zutiefst nihilistischen Aspekt in sich birgt. Er wird sich im Nichts der südostafrikanischen Wüsten und im Eis verlieren in dem er verschwinden wird“ – durchstreift der Leser die Jahrzehnte mit Bismarck als Ausgangspunkt. „Er hat Deutschland auf ein Ross gesetzt, das für das Land viel zu groß war“, bedauert der Schriftsteller, der an die mörderischen Träume des Landes erinnert, jene des Kolonialreiches Anfang des 20. Jahrhunderts und des Lebensraums, während des Dritten Reichs. Sensibel und behutsam beleuchtet der Text auch die Rolle der Frau: „Meine Figur gehört zu einer Generation, die ich durch meine Großmütter oder Tanten kannte. Diese Frauen hätten gerne studiert, wären gerne Mediziner oder Anwälte geworden, aber sie wurden dazu gezwungen unter ihren Fähig-
keiten zu bleiben, obwohl viele Männer über den ihrigen lebten!“ Olga leistet Widerstand. Völlig frei, opfert sie nichts und schafft es Grundschullehrerin zu werden, was für ein armes junges Mädchen, das gegen jegliche Unterdrückung kämpft, ein großer Erfolg ist. Es ist kein Zufall, dass sie 1936 taub wird, „sie, die die Musik so liebte, hielt es nicht mehr aus die Flut von Propaganda zu hören, die aus den Lautsprechern tönte und die Straßen ertränkte“. Poly 217
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kids playgrounds La 28e édition du festival international jeune public Momix, l’un des plus importants du milieu, prend des accents allemands. Die 28. Ausgabe des internationalen Festivals für junges Publikum Momix, einem der wichtigsten der Szene, spricht dieses Jahr mit deutschem Akzent.
Par Von Thomas Flagel Photos de von Bruno Weiss Nuernberg et und Pernilla Lindren
Dans divers lieux de Kingersheim et alentours, du 31 janvier au 10 février An verschiedenen Orten in Kingersheim und Umgebung, vom 31. Januar bis 10. Februar momix.org
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vec ses 13 000 âmes en banlieue mulhousienne, Kingersheim est pourtant depuis longtemps sur la carte des rendez-vous nationaux incontournables grâce à Momix, « le festival qui fait grandir les enfants » comme aime à le rappeler Philippe Schlienger, son directeur. Parmi la quarantaine de spectacles programmés, il y a du théâtre pour les oreilles et de la radio pour les yeux dans une fiction sur les ondes en live avec les Belges du Collectif Wow ! (Piletta Remix, dès 7 ans, 03/02, Salle Cité Jardin), des rêves d’Icare entre père et fils (L’Envol©, dès 7 ans, 03/02, Espace Tival) revisitant l’histoire des tentatives d’échapper à la pesanteur grâce à une flopée de magie et d’inventivité, mais aussi un concert augmenté (Muances, dès 14 ans, 01/02, Espace Tival), sorte d’enquête
musicale et “youtubesque” à base de VJing d’images glanées sur le Net. Éclats du monde Les fidèles du festival savent depuis longtemps que les artistes jeune public s’emparent de tous les événements du monde, interrogeant les évolutions sociologiques qui nous agitent, nos relations à la vie comme à la mort. Ce qui nous meut, nous, les adultes. Dans Terres invisibles (dès 14 ans, 01 & 02/02, Créa), il est question d’étranges contrées. Sandrina Lindgren et Ishmael Falke utilisent leur corps comme des paysages pour figurines miniatures, dont le parcours chaotique d’exil est filmé en direct par de mini-caméras. Bruits de combats, traque d’une famille dans des montagnes de genoux par un hélicoptère de
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ingersheim, ein Vorort von Mulhouse mit 13 000 Seelen steht dank Momix, „dem Festival, das die Kinder wachsen lässt“, wie es gerne sein Direktor Philippe Schlienger hervorhebt, schon lange auf der Karte der unumgänglichen nationalen Termine. Unter den fast vierzig programmierten Aufführungen findet man Theater für die Ohren und Radio für die Augen in einer Live-Aufführung mit den Belgiern von Collectif Wow! (Piletta Remix, ab 7 Jahren, 03.02., Salle Cité Jardin), Ikarus-Träume zwischen Vater und Sohn, (L’Envol©, ab 7 Jahren, 03.02., Espace Tival), die eine Geschichte neu interpretieren, die von den Versuchen erzählt, dank einer Menge Magie und Einfallsreichtum der Schwerkraft zu entkommen, aber auch ein Konzert+ (Muances, ab 14 Jahren, 01.02., Espace Tival), eine Art musikalische Youtube-Ermittlung auf der Basis von VJing mit im Internet aufgegabelten Bildern.
la taille d’une boite d’allumettes, errance d’une embarcation de fortune sur une mer agitée (un ventre se contractant et se relâchant)… Ce qui ressemble à un jeu d’enfant conte les drames ordinaires de milliers de déplacés qui, tous, tentent de sauver leur peau. Le sort des migrants sans un mot, aussi beau que tragique. À l’allemande Après un focus néerlandais l’an passé, c’est l’Allemagne qui se trouve à l’honneur cette année avec six spectacles et une expo de trois illustratrices. Le Theater Thalias Kompagnons s’empare de l’argile dans Aus dem Lehm gegriffen (Surgi de la terre, dès 4 ans, 06/02, Créa) dans une réflexion sur la création et la vie. Un spectacle transcendant la langue pour interroger l’infini des possibles de la matière et de l’imaginaire. Le Helios Theater jette son dévolu sur la vidéo et divers supports de projection pour plonger dans les affres de la rencontre humaine (Gegenüber (Face à face), dès 4 ans, 09/02, Hangar). Avec ses dehors philosophico-ludiques, un duo de comédiens à l’unisson dans ses gestes et paroles se confronte à une quête d’autonomie. Comment réagira celui qui a choisi sa propre voie aux strictes règles mises en place par son comparse pour l’en empêcher ? Dédoublements, jeux d’échelle et travail sur la différence regorgent de trouvailles formelles.
Weltsplitter Die Stammbesucher des Festivals wissen seit Langem, dass sich die Künstler für junges Publikum allen Ereignissen der Welt annehmen und die soziologischen Entwicklungen hinterfragen, die uns beschäftigen, wie unsere Beziehungen zu Leben und Tod. Das was uns, die Erwachsenen, bewegt. In Terres invisibles (ab 14 Jahren, 01. & 02.02., Créa), geht es um merkwürdige Landstriche. Sandrina Lindgren und Ishmael Falke benutzen ihren Körper wie Landschaften für Mini-Figuren, deren chaotischer Weg ins Exil live von MiniKameras gefilmt wird. Kampfgeräusche, Verfolgung einer Familie in Kniebergen durch einen Helikopter in der Größe einer Streichholzschachtel, Irrfahrt eines improvisierten Bootes auf einem stürmischen Meer (ein Bauch, der sich zusammenzieht und gehen lässt)... Was an ein Kinderspiel erinnert, erzählt die ordinären Dramen von tausenden Vertriebenen, die alle versuchen ihre Haut zu retten. Das Schicksal der Migranten ohne ein Wort, ebenso schön wie tragisch. Auf deutsche Art Nach einem Fokus auf den Niederlanden im vergangenen Jahr, ist in diesem Jahr Deutschland der Ehrengast mit sechs Aufführungen und einer Ausstellung von drei Illustratorinnen. Das Theater Thalias Kompagnons spielt in Aus dem Lehm gegriffen (ab 4 Jahren, 06.02., Créa) mit der Erde, in einer Überlegung zu Schöpfung und Leben. Eine Aufführung, die über die Sprache hinauswächst um die unendlichen Möglichkeiten der Materie und der Phantasie zu erkunden. Das Helios Theater wirft ein Auge auf das Video und verschiedene Projektionsflächen um in die Qualen der menschlichen Begegnung einzutauchen (Gegenüber, ab 4 Jahren, 09.02., Hangar). Mit seiner philosophisch-verspielten Erscheinung konfrontiert sich das Schauspielerduo, das in seinen Gesten und Worten harmoniert, mit einer Suche nach Autonomie. Wie wird jener, der seinen eigenen Weg gewählt hat, auf die strengen Regeln reagieren, die sein Komparse eingeführt hat, um ihn daran zu hindern? Zweiteilung, Spiel mit Maßstäben und eine Arbeit zur Andersartigkeit, voller formeller Entdeckungen. Poly 217
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malle aux rêves Le Centre culturel André Malraux crée un nouveau rendezvous dédié au jeune public. Voyage à Wonderland.
traumkoffer Das Centre culturel André Malraux organisiert ein neues Rendezvous für junges Publikum. Reise nach Wonderland. Par Von Thomas Flagel Photos de von Benjamin Favrat (Flow 612)
Au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), du 21 février au 3 mars Im CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), vom 21. Februar bis 3. März centremalraux.com
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est l’un des gestes forts du nouveau directeur des lieux. Afin d’ouvrir un CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy quelque peu bunkerisé vers son quartier, Olivier Perry souhaitait créer des temps forts festifs à destination de publics variés. Ainsi en va-t-il du très carrollien Wonderland, invitation tous azimuts en pays imaginaire dont on ne veut pas partir. Dans ce florilège de propositions nous ne saurions trop vous conseiller le cyclorama interactif imaginé par Daniel Larrieu. Flow 612 est une installation à danser, ouverte tous les jours. Une suite de tableaux lumineux formant une jungle luxuriante aux couleurs criardes dans laquelle les enfants (dès 6 ans) et les grands sont invités à danser. 48 capteurs au sol modifient les sons produits, déclenchant boucles et variations, pour un dance floor sans psychotropes mais non moins extatique. L’occasion aussi de (re) découvrir le théâtre d’objet d’Yvan Corbineau jouant sa Mamie Rôtie (02/03), couchée au lit, qu’il tente de distraire d’une fin qui s’esquisse avec pudeur. L’ancien pensionnaire de l’école du TNS reprend ce spectacle de 2010 plein de touchante naïveté, de cruauté comique et d’inventivité burlesque.
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s ist eine der starken Gesten des neuen Direktors dieser Institution. Um das CCAM von Vandœuvre-lès-Nancy, das ein wenig an einen Bunker erinnert, zu seinem Viertel hin zu öffnen, wollte Olivier Perry festliche Höhepunkte für ein breitgefächertes Publikum kreieren. So ist es mit dem Wonderland à la Carroll, einer Einladung in ein imaginäres Land, das man nicht mehr verlassen möchte. Aus den Projekten können wir Ihnen nur die interaktive Aufführung von Daniel Larrieu empfehlen. Flow 612 ist eine Installation, die täglich geöffnet ist. Eine Abfolge von leuchtenden Bildern, die einen üppigen Dschungel in grellen Farben bilden, in dem Kinder (ab 6 Jahren) und Erwachsene zum Tanzen eingeladen werden. 48 Sensoren am Boden verändern die Geräuschkulisse, lösen Schleifen und Variationen aus, für Ekstase auf dem Dancefloor, ganz ohne Psychopharmaka. Die Gelegenheit das Objekttheater von Yvan Corbineau wiederzuentdecken, der seine Mamie Rotie (02.03.) spielt, die im Bett liegt und welcher er von einem Ende, das sich abzeichnet, abzulenken versucht. Der ehemalige Schüler der École du TNS nimmt dieses Stück von 2010 wieder auf, voller berührender Naivität, komischer Grausamkeit und burleskem Einfallsreichtum.
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langues vivantes Pour sa 3 e édition, Langues en scènes accueille les créations théâtrales en dialecte de 3 compagnies.
legendige sprachen Für seine 3. Auflage empfängt Langues en scènes 3 Theatertruppen mit Kreationen in Dialekt. Par Von Pierre Reichert Photo de von Benoît Linder (Ich bin e beesi Frau)
Aux Tanzmatten (Sélestat), à l’Espace Rohan (Saverne), au Triangle (Huningue), à l’Espace Rhénan (Kembs) et au Forum (Saint-Louis), jusqu’au 9 février Im Tanzmatten (Sélestat), im Espace Rohan (Saverne), im Triangle (Huningue), im Espace Rhénan (Kembs) und im Forum (Saint-Louis), bis zum 9. Februar grandest.fr
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oussiéreuses et poussives, les pièces de théâtre en langue régionale ? Un simple cliché au vu de ces créations contemporaines soutenues par la région Grand Est qui souhaite prendre part à la préservation et au renouveau de différents idiomes : dialectes alémaniques et franciques d’Alsace et de Moselle, mais aussi parlers ardennais, champenois, lorrain, vosgien, wallon, welche ou yiddish. Suite à des résidences d’écriture, trois pièces sont montrées en V.O. surtitrée. La compagnie Calamity Jane présente Räuch ohne Fiir ? (Fumée sans feu ?), un texte grave de Gilbert Huttler dans lequel un éducateur est soupçonné de plusieurs abus sexuels sur des mineurs en difficulté dont il a la charge, tandis que la compagnie Welttheater s’empare d’un siècle d’histoire de l’Alsace revisitée par Daniel Heitz dans E Garte uf’em Donon (Un jardin au Donon). Enfin, Pierre Kretz livre Ich bin e beesi Frau (Je suis une méchante femme) monté par le bien nommé Théâtre de la Cruelle : la tragique destinée d’une fille de la campagne alsacienne au mitan du XXe siècle qui, après avoir été violée, tombe enceinte, épousant son agresseur pour “sauver l’honneur”.
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tücke in Regionalsprachen sind staubig und schwerfällig? Ein simples Klischee, angesichts dieser zeitgenössischen Kreationen, die von der Region Grand Est unterstützt werden, welche sich am Schutz und dem Wiederaufleben verschiedener Regionalsprachen beteiligen möchte: Alemannische und fränkische Dialekte aus dem Elsass und der Region Moselle, aber auch jene aus den Ardennen, der Champagne, Lothringen, den Vogesen, Wallonien sowie Welsch und Jiddisch. Als Ergebnis von Schreibwerkstätten werden drei Stücke in Originalsprache mit Übertitel gezeigt. Die Gruppe Calamity Jane präsentiert Räuch ohne Fiir?, einen ernsten Text von Gilbert Huttler, in dem ein Erzieher mehrerer sexueller Missbräuche gegenüber Minderjährigen, verdächtigt wird, während sich die Truppe Welttheater mit einem Jahrhundert der elsässischen Geschichte beschäftigt, das von Daniel Heitz in E Garte uf’em Donon erzählt wird. Und schließlich liefert Pierre Kretz Ich bin e beesi Frau, vom Théâtre de la Cruelle: Das tragische Schicksal eines elsässischen Mädchens vom Land in der Mitte des 20. Jahrhunderts, das – nachdem es vergewaltigt wurde – schwanger wird und seinen Peiniger heiratet um „seine Ehre zu retten“. Poly 217
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naufragés de l’existence La compagnie Roland furieux clôt sa résidence de recherche et d’expérimentation à la Cité musicale de Metz (2016-18) avec la création de L’Au-delà, adaptation du roman de Didier-Georges Gabily. Par Thomas Flagel Photo de Morgane Ahrach
Au Studio du Gouverneur de L’Arsenal (Metz), du 30 janvier au 1er février citemusicale-metz.fr compagnierolandfurieux.fr
* Lire Mémorial pour fracassés autour de la mise en scène du roman par Emmanuel Meirieu dans Poly n°207 ou sur poly.fr
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ix jours avant la première, Laëtitia Pitz nous ouvre ses répétitions pour une après-midi de travail. Entrée en catimini par l’immense porte de la Salle du Gouverneur de L’Arsenal, toute “pendrillonnée” pour recréer une boîte noire. Camille Perrin, échappé de la Compagnie Brounïak, n’a pas les oripeaux habituels de son clown Pollu. Dans L’Au-delà, il est Lecornu, clodo ventripotent portant chemise ouverte jusqu’au nombril et veste queue-de-pie revisitée façon battle-dress kaki. Avec son gros nez sombre, il égrène son texte, voix grasse et corps engagé, à la conquête d’un chemin dans un espace lézardé de cadres de métal fonctionnant comme autant de murs traversés, tels des fantômes. Il improvise aussi, en rajoute, se moque de notre entrée comme nous apostropherait son personnage. La metteuse en scène le suit au plus près, dans la pénombre, le pousse à la nuance, traque l’irruption de la fragilité qui, seule, attrapera le spectateur. Au début des années 1990, Didier-Georges Gabily signait un roman sans fard débutant au Centre d’hébergement de Nanterre, au milieu des SDF. Le même que Les Naufragés de Patrick Declerck, quelques années plus tard*. Le dramaturge raconte une plongée dans une double mise en abîme personnelle : il est à la fois le narrateur omniscient et Silencieux, personnage évoquant une vie d’avant avec femme et enfant,
la panique qu’il ressent lorsqu’une petite fille le montre du doigt dans le métro, espérant que jamais la sienne ne le verra comme cela. Avec le lyrisme poétique et la plume acérée qui est la sienne, il peint la bibine et la violence, l’odeur qui l’accompagne – « ce remugle de charnier » – avec ses comparses d’infortune : Lecornu « prophétisant presque joyeusement sa-notre propre mort », occupe une place plus importante que Dédé dans le « grandpetit-dérisoire échiquier des puissances de la ville souterraine ». Chef de bande, ce dernier feint d’être handicapé, trônant sur son bout de quai de métro avec femme et fille pas tout à fait finie, celle qui « mâche son toujoursmême-sourire-même-pas-engageant ». Leur amour, celui des crasseux et des pauvres – se lapant comme des chiots – « qui ne devrait pas exister » pour ne pas déranger les yeux de ceux de l’au-delà. Et le longiligne Fistrelle, dit aussi Ficelle, séduisant Silencieux quand il ne racole pas un Anglais fortuné. Silencieux s’extirpera de la rue en emménageant chez une aveugle, l’un se servant de l’autre, tiraillé entre le confort et la liberté. « Gabily est hanté par deux figures, Antigone et Œdipe, la figure de l’errance et du mendiant » rappelle Laëtitia Pitz qui, avec ses comédiens-musiciens recherche « la langue qui saigne, la contamination de la narration par la musique et les paradoxes traversant les personnages ».
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© Arsene Ott
fragilité de l’être La compagnie Est Ouest Théâtre clôt son triptyque autour de Serge Valletti avec Carton plein. Après Mary’s à minuit et Au bout du comptoir, la mer !, Marie-Anne Jamaux dirige deux compères loufoques à l’humour acerbe. La maladresse des égarés sur le rivage de la vie et le mauvais esprit des longues heures passées à regarder le temps s’en aller donne corps à Dominique Jacquot et Francisco Gil. Un joyeux duo beckettien entre crasse et poésie, vivant dans un écrin fragile propice au théâtre charnel et intime de Valletti. Ils semblent survivre dans un espace précaire, matelas à même une bâche au sol, torchons et couverture pendus pour s’abriter du soleil
qui cogne. La seule chose qui semble les tenir sur l’amas d’objet entassés leur servant d’îlot, c’est l’Art : peinture, cinéma… Car le désir (de se sentir vivre, de beauté…) nimbe leurs paroles même si, souvent le stupide quotidien prend toute la place : les bandages à refaire, la lettre à faire au proprio, le tableau à ranger dans les cartons ou encore le repas à préparer pour cette star qui se fera attendre comme Godot… (D.V.) Au Taps Laiterie (Strasbourg), du 5 au 9 février estouest-theatre.fr
Metteur en scène associé au TNS, Lazare y crée sa nouvelle pièce, Je m’appelle Ismaël. Un entrelacs d’histoires autour d’un personnage solaire, grand rêveur essayant de déployer son univers intérieur dans le réel. Un type qui par désespoir de la violence du monde se jette dans l’eau du canal Saint-Martin. Repêché, il est enfermé dans l’hôpital qui accueillit en son temps Gérard de Nerval à Montmartre. Lazare y a tourné le film qui ouvre la pièce et raconte la vie de ce grand rêveur avec des comédiens comme Charles Berling ou encore Olivier Martin-Salvan. Ce qu’il n’a pu y réaliser nourrira le théâtre qui suit, entre chant et musique. Récit dans le récit, ce quarantenaire habitant de Barbès tente de faire un film où se retrouvent, fantasmées, des figures populaires comme Jésus (un clochard de rue, ancien acteur ayant pété un câble, qui a sauvé Ismaël de la noyade), Cléopâtre, Batman (Tony le gangster, un nain tenant une boite de strip-tease, a tué ses parents) ou encore E.T. (transfiguré en 26
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© Vita Nova
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étrangers qu’on forcera à manger du chou pour les intégrer à la société). Un spectacle peuplé d’enfances effacées, de métamorphoses, de poésie et de surréalisme. (T.F.) Au Théâtre national de Strasbourg, du 27 février au 9 mars tns.fr Aller-retour en bus depuis La Filature (Mulhouse) à 18h, 01/03, réservation obligatoire 03 89 36 28 28
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par les villages De l’itinérance sur le territoire à l’ouverture de la Comédie de l’Est sur la ville, les nouveaux directeurs installent leur projet à Colmar. Von der Wanderschaft durch das Territorium zur Eröffnung der Comédie de l’Est zur Stadt hin, die neuen Direktoren installieren ihr Projekt in Colmar. prendra le nom de Par les villages – hommage à Handke – et en ouverture de saison prochaine, le public découvrira Je me souviens, nouvelle pièce d’Aurélien Bory (natif de Colmar). Signe du dynamisme actuel, Claire Dupont, initiatrice et directrice de Prémisses (office de production artistique et solidaire pour la jeune création), rejoint l’équipe d’un théâtre en mouvement.
Z Par Von Thomas Flagel Photo de von André Muller
À la Comédie de l’Est (Colmar), Little Nemo (dès 8 ans), mercredi 6 et samedi 9 mars (15h), Rapport sur moi, du 5 au 9 mars et The Party ! journée complète samedi 9 mars (avec Little Nemo, Rapport sur moi, une surprise scénique et un concert de Françoiz Breut à 20h30) comedie-est.com
Lire notre portrait chinois réalisé cet été avec chacun d’entre eux dans Poly n°213 ou sur poly.fr 2 Voir Poly n°203 ou sur poly.fr 3 Lire Into the Factory dans Poly n°162 ou sur poly.fr 1
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ntre un train pour Paris, une réunion avec l’Opéra national du Rhin sur de futures collaborations et un rendezvous à la Drac, Émilie Capliez et Matthieu Cruciani 1 rigolent : « Nos portables n’ont jamais autant sonné. Devenir directeurs fait que tout le monde se souvient de nous, d’un coup ! » Officiellement à la tête du Centre dramatique national depuis dix jours à peine, le couple à la vie comme au théâtre planche depuis l’été à ses nouvelles fonctions, en coulisses, après installation avec leurs enfants dans la capitale des vins d’Alsace, rencontre des équipes et peaufinage d’un projet s’affinant dans la découverte du terrain. Le travail mené est à la hauteur des envies, énorme. Très rapidement, le public découvrira les artistes lors d’une carte blanche début mars : concert de Françoiz Breut2, première étape de la future création d’Émilie autour du personnage de BD Little Nemo (qui verra le jour hors-les-murs), et spectacle signé Matthieu, Rapport sur moi avec notamment Pierre Maillet 3 . L’actuelle Comédie vagabonde
wischen einem Zug nach Paris und einer Besprechung mit der Opéra national du Rhin zu zukünftigen gemeinsamen Projekten und einem Termin in der Drac lachen Émilie Capliez und Matthieu Cruciani: „Unsere Handys haben noch nie so viel geklingelt. Seit wir Direktoren sind erinnert sich plötzlich jeder ans uns!“ Offiziell erst seit zehn Tagen an der Spitze des Centre dramatique national, arbeitet das Paar – im Leben wie im Theater – nach der Installation mit seinen Kindern in der elsässischen Hauptstadt des Weins hinter den Kulissen, trifft Mitarbeiter und verfeinert ein Projekt, dass sich mit der Entdeckung des Terrains verändert. Die erledigte Arbeit ist ebenso wie die Ziele, enorm. Sehr schnell wird das Publikum die Künstler bei einem Abend Anfang März entdecken: Konzert von Françoiz Breut, die erste Etappe der zukünftigen Kreation von Émilie rund um die Figur aus dem Comic Little Nemo und ein Stück von Matthieu, Rapport sur moi, unter anderem mit Pierre Maillet. Die aktuelle Comédie vagabonde wird in Par les villages umgetauft – eine Hommage an Handke – und bei der kommenden Saisoneröffnung wird das Publikum Je me souviens, das neue Stück des in Colmar geborenen Aurélien Bory, entdecken. Als Zeichen der aktuellen Dynamik wird Claire Dupont, die Direktorin von Prémisses (einem Büro für künstlerische und solidarische Nachwuchsförderung) das Team eines Theaters in Bewegung vergrößern.
robolution Artiste associé à La Manufacture de Nancy, Raphaël Gouisset signe une conférence automatisée pour deux humains et un robot, entre aléatoire et déconnade jubilatoire. Par Thomas Flagel Photo de Clara Euler
Au Théâtre de la Manufacture (Nancy), du 26 février au 2 mars theatre-manufacture.fr À Artem (Nancy), mercredi 6 mars alliance-artem.fr Au Shadok (Strasbourg), samedi 13 avril shadok.strasbourg.eu
* Auteur de science fiction inventeur des trois lois sur la robotique, dont témoigne le film I, Robot, tirée d’une de ses nouvelles et deux de ses romans
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out est parti d’un laboratoire de recherche de jeu avec Aurélien Serre, se souvient Raphaël Gouisset. « D’un amour commun de jouer les robots, en faire les bruitages, des combats plus ou moins sérieux. Aurélien est hyper fort à ce jeu et je me défends pas mal… » Mais dans leur délire improvisé, ils perçoivent vite qu’il n’y aura pas matière à constituer un spectacle. Le duo se plonge alors avec le sérieux des enfants dans sa culture geek, pop et SF, traversant les questions sociétales que soulèvent plus que jamais la robotique et l’intelligence artificielle. « On s’est dit qu’il fallait se documenter fortement, mettre au même niveau rapports éthiques de la Cerna (Commission de réflexion sur l’éthique de la recherche en sciences et technologies du numérique d’Allistene) et interrogations plus ou moins fantaisistes sur notre rapport aux robots. Pas question pour nous d’être pris en défaut scientifiquement parlant. Ainsi, on peut se permettre de rigoler de tout ! » L’idée d’une conférence naît avec une liste de questions plus ou moins sérieuses : un robot peut-il être con ? Comment annoncer à vos proches que vous êtes amoureux d’un robot ? Qui a tué Robot des bois ? Est-ce qu’un jour, dans les bus, les robots devront s’asseoir au fond ? De quoi balayer le prisme des questions sociétales se cachant derrière les évolutions scientifiques exponentielles liées à la révolution numérique, traverser les
fantasmes et clichés véhiculés par les anti-IA et les tout aussi sectaires transhumanistes. Pour donner la réplique, il fallait bien un robot, un vrai. le Turtlebot retenu n’a pas le sex-appeal d’une Réplicante de Blade Runner, ni le vice des androïdes de Westworld mais il (ou elle, qui sait ?) est doté d’assez d’autonomie pour se déplacer et choisir de manière aléatoire (la puissance des algorithmes) quelques interrogations aux deux loustics férus de cyberpunk. « Nous partons toujours des trois mêmes questions pour avoir un socle commun avec le public : Est-ce que la guerre contre les robots est inévitable ? Où en est-on avec Asimov * ? Les robots doivent-ils ressembler à l’Homme ? » Le tout reste très vivant et aléatoire, les comédiens jouant des capacités et surtout des incapacités de leur robot sur scène. « Je m’amuse à le traiter comme un guéridon roulant puis comme une personne dotée d’une véritable intelligence », précise Raphaël. « Ce changement de statut crée du jeu. Nous ne sommes pas des spécialistes, mais à notre niveau, enclenchons un tas de questionnements chez le spectateur. D’ailleurs, ne sommes-nous pas déjà tous des robots ? Si nous n’osons pas répondre à cette question, c’est que le programme qui gère notre intellect est vraiment bien foutu. Et que c’est notre Turltebot qui maîtrise le monde. »
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cooking with andy Le collectif germano-britannique Gob Squad revisite trois films expérimentaux d’Andy Warhol dans un retour aux sources de la liberté artistique. Das deutsch-britische Kollektiv Gob Squad interpretiert drei experimentelle Filme von Andy Warhol neu, mit einer Rückkehr zu den Quellen der künstlerischen Freiheit.
Par Von Thomas Flagel Photos de von David Baltzer
Au Maillon-Wacken (Strasbourg), du 6 au 8 février (en français et anglais) dans le cadre de Happy 20 Im Maillon-Wacken (Straßburg), vom 6. bis 8. Februar (in Französisch und Englisch) im Rahmen von Happy 20 maillon.eu musees.strasbourg.eu/happy20 Bord de plateau avec les artistes (07/02) Pré-soirée Karambolage avec Arte (06/02, à 19h) avec diffusion d’un épisode, devinette et petits cadeaux (entrée libre) Karambolage-Abend mit Arte (06.02., um 19 Uhr), mit der Projektion einer Folge, Rätsel und kleinen Geschenken (Eintritt frei)
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op culture et dégâts de la télé-réalité étaient au cœur de Before your very eyes, spectacle dans lequel Gob Squad enfermait des ados dans une architecture de verre, leur demandant de se projeter dans le futur, guidés par les ordres d’une voix off. Avec Gob Squad’s Kitchen – You’ve Never Had It So Good, le collectif fait le mouvement inverse en reconstruisant à sa manière Kitchen, Sleep et Screen Tests, témoignages performatifs en noir et blanc du début des sixties dans lesquels Andy Warhol réunit, utilise et propulse la contre-culture en avant-garde. New York est alors le centre d’un monde tremblant sur les bases de fondations obsolètes et d’une modernité balbutiant son trop plein. The Time’s they are a changin’, drogue, révolution sexuelle, droits homosexuels, féminisme… Les superstars deviennent des dieux, l’âge de la technologie emporte tout. Ces témoignages d’une banalité criarde dont le public devient, ici, le héros comme le témoin d’un soir, faisaient dire au grand Norman Mailer que « d’ici cent ans, les gens se diront voilà pourquoi ils étaient au Vietnam. Voilà pourquoi les rivières ont été polluées (…) Voilà pourquoi l’horreur est arrivée. Voilà pourquoi la peste était en route. »
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opkultur und die Schäden des RealityFernsehens standen im Zentrum von Before your very eyes, einer Aufführung in der Gob Squad Jugendliche in einer Glasarchitektur einschloss und von ihnen – über die Befehle einer Stimme aus dem Off – verlangte, die Zukunft zu planen. Mit Gob Squad’s Kitchen – You’ve Never Had It So Good, bewegt sich das Kollektiv in die entgegengesetzte Richtung, indem es auf seine Art Kitchen, Sleep und Screen Tests nachbaut, Performance-Zeugnisse in schwarzweiß vom Beginn der sechziger Jahre, in denen Andy Warhol die Gegenkultur vereint, benutzt und zur Avantgarde macht. New York ist damals das Zentrum einer Welt, deren überholte Säulen von einer schon übervollen Modernität erschüttert werden. The Time’s they are a changin’, Drogen, sexuelle Revolution, Rechte der Homosexuellen, Feminismus... Die Superstars werden zu Göttern, das Zeitalter der Technologie reißt alles mit sich. Diese Zeugnisse von himmelschreiender Banalität, deren Held das Publikum hier wird; wie ein kurzfristiger Zeuge, ließen den großen Norman Mailer sagen, dass „in hundert Jahren die Menschen einander erzählen werden, warum sie in Vietnam waren. Warum die Flüsse verschmutzt wurden (...) Darum kam der Horror. Darum war die Pest unterwegs.“
La Boucle de la Sarre, Die Saarschleife © Tourismus Zentrale Saarland / phormat.de
saarland dossier sarre
a sarre is born Ruines romaines, art contemporain, opéra d’avant-garde, patrimoine industriel… Notre dossier propose une visite culturelle en Sarre, la plus francophile des régions allemandes. Römische Ruinen, zeitgenössische Kunst, avantgardistische Oper, Industriekulturerbe... Unser Dossier bietet einen kulturellen Besuch im Saarland an, der frankophilsten aller deutschen Regionen.
Par Von Sarah Krein & Hervé Lévy
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lus petit des seize Länder allemands, la Sarre (quelque 2 500 kilomètres carrés pour près d’un million d’habitants) n’en recèle pas moins de grandes richesses. Si son image demeure liée à un passé industriel et minier encore prégnant avec ses usines immenses, qu’elles soient en activité – le géant
Saarstahl – ou en voie de reconversion avec la Völklinger Hütte pour porte-étendard, la région possède bien d’autres atours. Souvent oubliée, la nature se déploie, fastueuse : en grimpant au sommet du Schaumberg (569 mètres d’altitude), la vue à 360° est éblouissante tout comme celle qu’on a depuis un observatoire de bois dominant la Boucle de la Sarre où la rivière semble enserrer la forêt dans un infini baiser. La Sarre est le produit d’une histoire complexe entre France et Allemagne, qui culmine avec le Référendum de 1935 (où plus de 90% des électeurs ont opté pour la réunification avec l’Allemagne) qui fit écrire à Brecht : « Ceux qui ont tout déchiré / De la grande Allemagne / Maintenant tendent les mains / Vers notre petite Sarre / Tenez la Sarre, camarades / Camarades, tenez la Sarre. » De cette destinée complexe, la région fourmille de témoignages, mais ce passé a été digéré : aujourd’hui la Sarre est ouverte sur ses voisins, coopérant avec le Luxembourg et la Wallonie, mais aussi – et surtout – avec la France. C’est de ce lien particulier que nous allons parler dans les pages suivantes, un lien qui se manifeste de multiples manières. Nous vous convions à explorer une Sarre qui a la culture chevillée au corps.
D Ludwigskirche, Saarbrücken © Kevin Ehm
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as Saarland, mit 2500 Quadratkilometern für fast eine Million Einwohner, das kleinste aller Bundesländer, ist voller großer Reichtümer. Auch wenn ihre Bild noch von ihrer Bergbau-und Industrievergangenheit geprägt wird, mit ihren riesigen Fabriken, die zum Teil noch aktiv sind – wie der Riese Saarstahl – oder dabei sind
© Eike Dubois / Saarpfalz Touristik, UNESCO-Biosphaere-Bliesgau
sich wie das Flaggschiff Völklinger Hütte zu verwandeln, besitzt die Region viele weitere Trümpfe. Oft vergessen wird eine Natur, die sich auf prächtige Weise entfaltet: Wenn man auf den Gipfel des Schaumbergs steigt (in 569 Metern Höhe) ist der Panoramablick atemberaubend, genau wie jener den man vom Aussichtspunkt aus Holz oberhalb der Saarschleife hat, wo der Fluss den Wald in einem unendlichen Kuss zu umschließen scheint. Das Saarland ist das Produkt einer komplexen Geschichte zwischen Deutschland und Frankreich, die mit dem Referendum von 1935 gipfelt (mehr als 90 % der Wähler entscheiden sich für eine Wiedervereinigung mit Deutschland), die Brecht schreiben ließ: „Die uns das große Deutschland / Zerfleischten ganz und gar / Jetzt strecken sie die Hände aus / Nach unser kleinen Saar / Haltet die Saar, Genossen / Genossen, haltet die Saar.“ In der Region wimmelt es von Zeugnissen dieses komplexen Schicksals, aber die Vergangenheit ist verdaut: Heute ist das Saarland seinen Nachbarn gegenüber offen, kooperiert mit Luxemburg und Wallonien, aber auch – und vor allem – mit Frankreich. Von dieser besonderen Beziehung möchten wir auf den kommenden Seiten erzählen, denn diese Verbindung drückt sich auf vielfältige Weise aus. Wir laden Sie dazu ein, ein Saarland zu entdecken, das die Kultur im Blut hat.
Maison des Missionnaires Missionhaus St. Wendel
coup de coeur geheimtipp Tout autour de St. Wendel, connu pour sa Basilique Saint-Wendelin au style gothique flamboyant et l’imposante Maison des Missionnaires se déploie une nature variée qui invite, avec ses forêts et prairies, à des randonnées à pied et à vélo. Sur un réseau bien balisé avec nombre de stations thématiques, il est possible d’explorer la Route des sculptures reliant la petite ville romantique au Lac de Bostal. Rund um St. Wendel, das für seine spätgotische Wendelinusbasilika und das imposante Missionshaus bekannt ist, erstreckt sich eine abwechslungsreiche Natur, die mit ihren Wäldern und Wiesen zu Wanderungen und Radtouren einlädt. Auf einem gut ausgeschilderten Streckennetz mit vielen thematischen Stationen erkundet man unter anderem die Straße der Skulpturen, die von der romantischen Kleinstadt bis zum Bostalsee führt. sankt-wendeler-land.de
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naissance d’un pont Stratégie France, patrimoine industriel, futur festival, etc. : Ministre de la culture et de l’éducation de la Sarre depuis 2012, Ulrich Commerçon nous dévoile les traits essentiels de sa politique.
geburt einer brücke Frankreichstrategie, Industriekulturerbe, ein neues Festival, etc.: Ulrich Commerçon, seit 2012 Minister für Bildung und Kultur im Saarland, enthüllt uns die essenziellen Züge seiner Politik. Par Von Sarah Krein & Hervé Lévy Photo de von Christian Hell / Ministerium für Bildung und Kultur, Saarland
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Quelle philosophie sous-tend la Stratégie France prévoyant que tous les habitants du Land de Sarre seront bilingues dans deux générations ? Elle répond au rôle particulier de notre pays au cours de l’Histoire. La Sarre est un produit
de l’amitié franco-allemande, mais a longtemps été une pomme de discorde entre les deux pays. Sans cette relation difficile pendant des siècles, le Land n’existerait pas sous sa forme actuelle. Aujourd’hui, nous voulons être un pont entre l’Allemagne et la France.
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Pourquoi cette volonté ? La raison principale est que les habitants de la région ont toujours été très proches. Pendant les nombreuses guerres, des frères et des cousins des deux côtés se sont tirés dessus. Ceci ne doit plus jamais se reproduire. Un des moyens pour cela est que chacun puisse communiquer dans la langue de l’autre. Un de nos objectifs est donc que tous les jeunes grandissent dans un univers polyglotte. Comment cela doit-il se concrétiser dans la pratique ? Le français est depuis toujours la langue étrangère la plus importante de la Sarre. Depuis les années 1990 nous employons dans plus de 40% de nos garderies du personnel dont la langue maternelle est le français. Dans toutes nos écoles primaires, le français est enseigné à partir de la troisième année, en sachant qu’un tiers environ des élèves a débuté son apprentissage dès la première. Dans l’enseignement secondaire, il est de toute façon la langue étrangère la plus importante. Nous attachons une grande importance à la pratique, renforçant la parole, l’écoute, la communication et les échanges. La Stratégie France a-t-elle sa place dans la politique culturelle ? La culture était même le premier secteur où elle a été mise en pratique avec pour symbole l’événement phare qu’est le festival Perspectives (voir page 40). Dans nombre de domaines, les artistes entretiennent par ailleurs des échanges étroits : nos écoles d’art et de musique ont, par exemple, de bons contacts avec les institutions correspondantes à Metz et à Nancy et le Saarländisches Staatstheater propose des spectacles surtitrés dans les deux langues, tandis que nos institutions culturelles traduisent tout en français. Comment pourriez vous résumer les axes de votre politique culturelle ? Premièrement, elle est transfrontalière, un adjectif à prendre non seulement dans le sens géographique, mais également comme dépassement des limites entre les disciplines en créant des perspectives inhabituelles. Le deuxième axe est une volonté d’encourager les nouveaux talents : cette semaine se déroule, par exemple, le Max-Ophüls-Festival, plus important festival du film pour les jeunes talents germanophones1. Troisièmement, il importe de promouvoir la Sarre en tant que centre très urbain. Sarrebruck est, par rapport à sa taille, une ville possédant une large offre culturelle.
Saarpolygon © Alois Schuhn
De quel projet êtes-vous particulièrement fier ? Je suis très heureux que nous ayons achevé le projet le plus difficile à mener à bien au cours de ces dernières années, l’extension de la Moderne Galerie du Saarlandmuseum (voir page 42). C’est un bâtiment qui a créé le scandale2, mais, au final, je crois que nous sommes tous fiers de cette extension. Dans le cadre de la relation franco-allemande, le musée a une signification particulière, puisque les collections ont été sauvées sur le sol français au cours de la période nazie.
1 Sa 40e édition s’est déroulée du 14 au 20 janvier – ffmop.de 2 Dépassement de budget, protestations des riverains, etc. Les travaux débutés en 2009 ont été arrêtés quatre ans ! 3 Voir Poly n°215 ou sur poly.fr
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Si vous étiez... Un héros de la littérature. Sisyphe, mais celui de Camus Un film. Casablanca Une pièce de musique. Une des Suites pour Orchestre de Bach Un bâtiment. L’ex-Ambassade de France, le bâtiment Pingusson. Notre ancien et futur siège Une œuvre d’art. La Grande Gaia, une sculpture de Matschinsky-Denninghoff installée devant la Moderne Galerie Un héros de l’histoire. Je n’aime pas les héros. L’héroïsme n’est pas une catégorie pour moi. Je ne peux rien en dire Un sportif. Joachim Deckarm, le joueur de handball qui a subi une très grave blessure lors d’un match
Wenn Sie... wären. Ein Held in der Literatur. Sisyphus. Aber jener von Camus Ein Film. Casablanca Ein Musikstück. Eine der Orchestersuiten von Bach Ein Gebäude. Die frühere Französische Botschaft, das Pingusson-Gebäude. Unser ehemaliger und zukünftiger Dienstsitz Ein Kunstwerk. Die Große Gaia von Matschinsky-Denninghoff, die vor der Modernen Galerie steht Ein Held der Geschichte. Ich stehe nicht so auf Helden. Heldentum ist für mich keine Kategorie. Dazu kann nichts sagen Ein Sportler. Es gibt ein Vorbild im Sport: Joachim Deckarm, der Handballspieler, der beim Spielen eine sehr schwere Verletzung davongetragen hat
© Matschinsky-Denninghoff 2019 Photo Tom Gundelwein
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Quels sont vos projets pour l’avenir ? Les dernières années ont été marquées par une situation budgétaire extrêmement difficile. J’ai néanmoins réussi à débloquer de significatifs moyens supplémentaires pour la culture. Nous sommes en train de préparer un grand festival de musique transfrontalier pour tous les publics dont la première édition se déroulera en 2020. Nous avons aussi la volonté de donner une réelle “impulsion française” au Staatstheater, en nommant Sébastien Rouland au poste de directeur général de la musique3 qui développera le répertoire français. Je ne souhaite cependant pas mettre en avant un grand projet : pour moi, le plus important reste que la culture s’adresse à tous et ne soit pas réservée à une élite. Quels sont vos projets pour la culture industrielle ? La combinaison entre la Völklinger Hütte (voir page 46) et les sites importants du patrimoine minier comme Velsen – qui sont à considérer avec des sites comme le Carreau Wendel de Petite-Rosselle – sont des lieux, qui se prêtent à une étroite collaboration. Nous avons ainsi soutenu de nombreuses associations œuvrant de manière transfrontalière et sauvegardant les traditions minières. L’ancienne Mine de Luisenthal, où s’est produit une catastrophe terrible faisant plus de 300 morts en 1962 est un lieu de mémoire important pour la culture industrielle dans la Sarre tandis qu’autour du Itzenplitzer Weiher se met en place un développement passionnant où le visiteur peut découvrir toutes les formes cette industrie, du Moyen-Âge jusqu’au passé le plus récent. Welche Philosophie steckt hinter der Frankreichstrategie, laut der in zwei Generationen alle Saarländer Französisch sprechen können? Die Frankreichstrategie ist eine Antwort auf die besondere Rolle unseres Landes in der Geschichte. Das Saarland ist ein Produkt der französischdeutschen Freundschaft, war aber lange Zankapfel zwischen Deutschland und Frankreich. Ohne dieses schwie-
rige Verhältnis über die letzten Jahrhunderte hinweg, gäbe es das Saarland so nicht. Heute wollen wir Brücke zwischen Deutschland und Frankreich sein. Warum dieser Wille? Der Hauptgrund ist, dass die Menschen in der Region immer eng miteinander verwachsen waren. In vielen Kriegen haben auf beiden Seiten Brüder oder Cousins aufeinander geschossen. Das darf nie wieder geschehen. Ein wichtiger Schlüssel dafür ist, dass man sich in der jeweiligen Sprache verständigen kann. Unser Ziel ist es deshalb, dass alle jungen Menschen mehrsprachig aufwachsen. Wie soll das in der Praxis aussehen? Französisch war schon immer die wichtigste Fremdsprache im Saarland. Seit den 1990er Jahren werden in mehr als 40 Prozent unserer Kitas französische Muttersprachler/innen eingesetzt. Alle unsere Grundschulen haben Französischunterricht ab dem 3. Schuljahr, etwa ein Drittel beginnt schon im 1. Schuljahr. An den weiterführenden Schulen ist Französisch ohnehin die wichtigste Fremdsprache. Dabei legen wir besonderen Wert auf die konkrete Anwendung: Sprechen, Hören, Kommunikation und auch Austausche, die wir verstärkt haben. Hat die Frankreichstrategie auch ihren Platz in der Kulturpolitik? Die Kultur war sogar der erste Bereich, in dem das stattgefunden hat. Ein großes Symbol dafür, der Leuchtturm, ist das Festival Perspectives. (siehe Seite 40) Die bildenden Künstler und Künstlerinnen pflegen einen engen Austausch, die Kunst- und die Musikhochschule haben gute Kontakte zu den entsprechenden Institutionen in Metz und Nancy. Unser Staatstheater hat mittlerweile bei den großen Aufführungen immer französische Untertitel und unsere Kultureinrichtungen bieten alles in Deutsch und Französisch an. Wie könnten Sie die Achsen ihrer Kulturpolitik zusammenfassen? Erstens: Grenzüberschreitung, das
Erlebnisort Reden © Klaus Peter Kappest
meine ich nicht nur geographisch, sondern auch genreübergreifend und als Überschreitung des Gewohnten. Die zweite Achse ist Nachwuchsorientierung. In dieser Woche findet z.B. das Max-Ophüls-Festival statt, das wichtigste Filmfestival für den deutschsprachigen Nachwuchs 1. Drittens: das Saarland als sehr urbanes Zentrum. Saarbrücken ist gemessen an seiner Größe eine sehr urbane Stadt mit breitem Kulturangebot. Auf welches Projekt sind Sie besonders stolz? Sehr glücklich bin ich, dass wir das schwierigste Projekt der letzten Jahre, die Erweiterung der Modernen Galerie des Saarlandmuseums (siehe Seite 42) fertig gestellt haben. Es war ja zunächst ein Skandalbau 2. Mittlerweile sind wir alle stolz auf dieses Museum. In Bezug auf das deutsch-französische Verhältnis hat es eine besondere Bedeutung: Die Sammlung des Museums ist der Tatsache zu verdanken, dass ihr
Kernbestand während der Nazizeit auf französischem Boden gerettet wurde. Und Ihre Projekte für die Zukunft? Die letzten Jahre im Saarland waren von einer schweren Haushaltsnotlage geprägt. Es ist mir gelungen, für die kommenden zwei Jahre erhebliche zusätzliche Mittel für die Kultur bereitzustellen. Wir sind dabei, für das Jahr 2020 ein großes grenz-und genreübergreifendes Musikfestival auf den Weg zu bringen. Das Staatstheater haben wir vorangebracht mit einem großen Frankreichschwerpunkt und dem französischen Generalmusikdirektor, Sébastien Rouland 3. Ich möchte nicht ein großes Projekt nennen. Das Wichtigste ist, dass Kultur etwas für alle ist und nicht nur einer Elite vorbehalten bleibt.
Standorten des Bergbauerbes wie dem Erlebnisbergwerk Velsen – zusammen mit dem Carreau Wendel in PetiteRosselle – sind Orte, bei denen man eine enge Zusammenarbeit pflegen kann. Wir haben zahlreiche Vereine, die sich grenzüberschreitend engagieren und Bergbautraditionen erhalten. Die alte Grube Luisenthal, in der es 1962 ein schreckliches Unglück gab, bei dem fast 300 Menschen umkamen, ist ein wichtiger Erinnerungsort für die Industriekultur im Saarland. Es gibt rund um den Itzenplitzer Weiher eine ganz spannende Entwicklung: Dort wird jede Form des Bergbaus gezeigt, vom Mittelalter bis in die allerjüngste Vergangenheit.
Wie sehen Ihre Pläne für die Industriekultur aus? Die Kombination aus der Völklinger Hütte (siehe Seite 46) und wichtigen
Seine 40. Auflage fand vom 14. bis 20. Januar statt ffmop.de Budgetüberschreitungen, Anwohnerproteste, etc. Die Arbeiten, die 2009 begonnen wurden standen 4 Jahre lang still. 3 Siehe Poly Nr. 215 oder auf poly.fr 1
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magical mystery Dans un spectacle événement autour de Médée sont réunis l’opéra de Luigi Cherubini, une suite chorale de Iannis Xenakis et un texte de Heiner Müller. In einem Ereignis rund um Médée werden die Oper von Luigi Cherubini, eine Suite von Iannis Xenakis und ein Text von Heiner Müller vereint.
Par Von Hervé Lévy Photos de von Andrea Kremper
Au Saarländisches Staatstheater (Sarrebruck), samedi 2 et vendredi 8 février, puis les 14, 19 et 27 avril (surtitres en français et en allemand) Im Saarländischen Staatstheater (Saarbrücken), am Samstag den 2. und Freitag den 8. Februar, dann am 14., 19. und 27. April (Übertitelung in Französisch und Deutsch) staatstheater.saarland
* Voir Poly n°215 ou sur poly.fr Siehe Poly Nr. 215 oder auf poly.fr
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est une création hors-norme que le metteur en scène et chorégraphe Demis Volpi propose sous la baguette de Sébastien Rouland*, une réflexion sur le mythe de Médée. Voilà la magicienne de la mythologie grecque qui s’avance, incendiaire et vengeresse dans l’opéra éponyme de Cherubini qui fut rendu célèbre par Maria Callas au mitan du XXe siècle. Elle est sur le plateau, incandescente, celle qui ne supporte pas d’avoir été répudié par Jason qu’elle avait aidé à conquérir la toison d’or. Sa colère est immense, l’entraînant aux confins de la folie, puisqu’elle va tuer ses propres enfants. À ces brillantes transes baroques répondent, les voix du chœur d’hommes de la suite Medea Senecae écrite par Xenakis pour six instruments et le texte de Heiner Müller MédéeMatériau, variation polyphonique eighties d’essence politique sur un mythe cruel décrivant une femme qui aime sans condition et châtie l’infidèle de la plus implacable et inhumaine des manières. La rencontre des trois procède d’une mystérieuse alchimie, créant de brûlantes et brillantes étincelles magiques.
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s ist eine außergewöhnliche Premiere, die der Regisseur und Choreograph Demis Volpi unter der musikalischen Leitung von Sébastien Rouland* präsentiert. Die Zauberin der griechischen Mythologie bewegt sich wütend und rachsüchtig durch die gleichnamige Oper von Cherubini, die von Maria Callas in der Mitte des 20. Jahrhunderts berühmt gemacht wurde. Sie steht auf der Bühne, glühend, wie jene, die es nicht erträgt von Jason verstoßen worden zu sein, dem sie dabei geholfen hatte, das Goldene Vlies zu stehlen. Ihre Wut ist gewaltig, bringt sie an den Rande des Wahnsinns, denn sie wird ihre eigenen Kinder töten. Auf diese brillante barocke Trance antworten die Stimmen des Männerchors der Suite Medea Senecae, von Xenakis und der Text von Heiner Müller Medeamaterial, eine vielstimmige Variation mit politischer Essenz über einen grausamen Mythos, der eine Frau beschreibt, die bedingungslos liebt und den Untreuen auf die erbarmungsloseste und unmenschlichste Weise bestraft. Die Begegnung zwischen den dreien entsteht aus einer mysteriösen Alchimie, die feurige und brillante magische Funken sprüht.
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saute-frontières D’un événement moribond à sa prise de fonction en 2007, la directrice artistique du Festival franco-allemand des arts de la scène Perspectives Sylvie Hamard a fait l’une des plus belles réussites actuelles. Retour sur un succès sarrois aux accents français.
grenzspringer Aus einer Veranstaltung, die vor ihrem Amtsantritt 2007 vor dem Aus stand, hat Sylvie Hamard, die künstlerische Leiterin des deutsch-französischen Festivals der Bühnenkünste Perspectives, einen der größten aktuellen Erfolge gemacht. Über einen saarländischen Erfolg mit französischem Akzent.
Par Von Thomas Flagel Photo de von Martha Kaiser
Prochaine édition du festival du 6 au 15 juin Die kommende Ausgabe des Festivals findet vom 6. bis 15. Juni statt festival-perspectives.de
Vous avez découvert Perspectives en tant que stagiaire durant vos études. Comment était-il alors ? J’étudiais la biologie et cette expérience a été une révélation car j’y ai découvert au début des années 1990 les arts de la scène puisqu’y étaient programmés du théâtre, de la danse et de la musique. Perspectives fête sa 42e édition cette année mais à sa création il était un véritable ovni : c’était un festival de théâtre français en Allemagne à une époque où les tournées à l’étranger et les pratiques du surtitrage étaient extrêmement rares. En 2007 vous en devenez la co-directrice, avant d’être seule à sa tête en 2008. Quel était votre projet pour lui donner un nouveau souffle ? Le festival était en crise, le public l’avait complètement déserté. La programmation était trop orientée vers un public d’initiés, voire de programmateurs. J’ai tout de suite œuvré à refaire de Perspectives un moment de rassemblement. Il s’agissait de trouver des spectacles de haut niveau artistique susceptibles de toucher le grand public, un équilibre difficile. Je me suis donc attelée à faire venir de grands noms en choisissant avec soin leurs projets pour reconquérir la confiance du public. En dix ans, la fréquentation a été multipliée par quatre et lorsque nous avons pu bénéficier de soutiens européens pour des projets d’ampleur, par dix ! La particularité franco-allemande du festival a-t-elle toujours été un atout ? C’est naturel dans notre bassin de population
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de sauter d’une langue à l’autre. Le public mosellan comme allemand y est habitué, ce qui facilite tout. Des gens viennent même du Luxembourg et de Strasbourg. C’est donc le lieu idoine pour la confrontation des esthétiques françaises et allemandes. Le financement croisé du Land, de la Ville et du Département de la Moselle apparaît logique, même s’il reste incroyable. Comment a évolué le soutien politique ? Le côté allemand a toujours été plus concerné. Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a remplacé Angela Merkel à la tête de la CDU, a énormément soutenu Perspectives lorsqu’elle était Ministre-Présidente de la Sarre. Nous avons bénéficié de son projet Stratégie France. Côté français c’est toujours un peu plus difficile. Il faut pousser les politiques et user d’une plus grande force de conviction. Mais il faut noter que le soutien de la Région Grand Est est bien plus important qu’avant le passage à la grande région. Votre stabilité depuis 2008, permettant de déployer votre projet, est un autre facteur de réussite ? Je ne suis reconduite que d’année en année, le succès du festival seul me permet de rester en poste. Ayant réussi à développer des financements et du mécénat, j’ai pu créer une équipe de permanentes alors qu’à mon arrivée elle changeait tous les ans. Nous sommes trois aujourd’hui, ce qui est la clé de notre réussite.
Sie haben Perspectives als Praktikantin während ihres Studiums kennengelernt. Wie war es damals? Ich studierte Biologie und diese Erfahrung war eine Offenbarung, denn ich habe dabei Anfang der 1990er Jahre die Bühnenkünste kennengelernt, da sowohl Theater als auch Tanz und Musik auf dem Programm standen. Perspectives feiert dieses Jahr seine 42. Auflage, aber bei seiner Gründung war es ein echtes UFO: Es war ein Festival für französisches Theater in Deutschland zu einer Zeit, als Tourneen im Ausland und die Praxis der Übertitelung noch sehr selten waren. Im Jahr 2007 werden Sie Mitdirektorin, bevor Sie ab 2008 alleine an der Spitze stehen. Was war ihr Projekt um dem Festival neues Leben einzuhauchen? Das Festival steckte in der Krise, das Publikum hatte es völlig aufgegeben. Das Programm war zu sehr an einem Insiderpublikum orientiert, sowie an Programmgestaltern. Ich habe mich sofort daran gemacht, aus Perspectives wieder einen Moment der Begegnung zu machen. Es ging darum, Aufführungen mit hohem künstlerischem Anspruch zu finden, die das breite Publikum ansprechen, ein schwieriger Balanceakt. Ich habe mich also darum gekümmert große Namen einzuladen und ihre Projekte sorgfältig ausgewählt um das Vertrauen des Publikums zurückzugewinnen. In zehn Jahren hat sich die Besucherzahl vervierfacht und als wir von europäischer Unterstützung für Großprojekte profitieren konnten verzehnfacht! Die deutsch-französische Besonderheit des Festivals war immer ein Trumpf? In unserer Bevölkerung ist es normal von einer Sprache zur anderen zu wechseln. Das Publikum aus dem Departement Moselle und dem Saarland ist daran gewöhnt, was alles vereinfacht. Die Leute kommen sogar aus Luxemburg und Straßburg. Es ist also der geeignete Ort um die französische und deutsche Ästhetik miteinander zu konfrontieren. Die Querfinanzierung durch das Land, die Stadt und das Département Moselle erscheint logisch, bleibt aber unglaublich. Wie hat sich die politische Situation verändert? Die deutsche Seite war immer betroffener. Annegret Kramp-Karrenbauer, die nun Angela Merkel an der CDU-Spitze ersetzt, hat Perspectives unheimlich unterstützt, als sie Ministerpräsidentin des Saarlandes war. Wir haben von ihrem Projekt Frankreich-Strategie profitiert. Auf der französischen Seite ist es ein bisschen schwieriger. Man muss die Politiker anstoßen
Proposer Jan Fabre à quelqu’un venant pour la première fois ne me semble pas être une bonne idée ! Jan Fabre jemandem anzubieten, der zum ersten Mal kommt, scheint mir keine gute Idee zu sein! und größere Überzeugungsarbeit leisten. Aber man muss hervorheben, dass die Unterstützung der Région Grand Est sehr viel größer geworden ist, seit sie Großregion ist.* Ist ihre Stabilität seit dem Jahr 2008, die es erlaubt ihr Projekt weiterzuentwickeln, ein Erfolgsfaktor? Mein Vertrag wird nur jährlich verlängert, allein der Erfolg des Festivals erlaubt es mir meinen Posten zu behalten. Nachdem ich die Finanzierung und das Sponsoring weiterentwickelt habe, konnte ich ein permanentes Team aufbauen, während sich dieses bis zu meiner Ankunft jährlich geändert hatte. Heute sind wir drei, das ist der Schlüssel zu unserem Erfolg.
* Seit 2016 formen die vorherigen Regionen Elsass, Lothringen und Champagne-Ardenne eine administrative Großregion.
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pièces de musée Récemment dotée d’une contemporaine extension, la Moderne Galerie du Saarlandmuseum1 de Sarrebruck est une institution allemande majeure. Zoom sur son programme d’expositions.
museumsstücke Die erst vor Kurzem mit einer zeitgenössischen Erweiterung ausgestatte Moderne Galerie des Saarlandmuseums1 ist eine deutsche Institution. Ein Ausblick auf das Ausstellungsprogramm.
Par Von Raphaël Zimmermann
modernegalerie.org kulturbesitz.de 1 Institution tricéphale qui se déploie sur trois sites : le Museum in der Schlosskirche, l’Alte Sammlung et la Moderne Galerie 2 Voir Poly n°202 ou sur poly.fr 3 Voir Poly n°213 ou sur poly.fr 1 Die dreiköpfige Institution erstreckt sich über drei Häuser: das Museum in der Schlosskirche, die Alte Sammlung und die Moderne Galerie 2 Siehe Poly Nr. 202 oder auf poly.fr 3 Siehe Poly Nr. 213 oder auf poly.fr
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es baigneuses merveilleuses signées Ernst Ludwig Kirchner, un culte cheval bleu peint par Franz Marc, une avalanche d’impressionnistes (dont un inspiré jardin potager de Camille Pissarro), des dessins délicats de Marc Chagall, une mante métallique d’Alexander Calder, des photographies saisissant l’instant décisif prises par Henri Cartier-Bresson, la furie sanguinolente de Jonathan Meese… Les collections de la Moderne Galerie sont d’une grande richesse. Elles s’épanouissent sur les bords de la Sarre dans trois pavillons érigés par Hanns Schönecker au délicieux charme seventies
1 Légendes Bildunterschriften 1. Vue d’exposition Ausstellungsansicht Moderne Galerie © Felix Krebs 2. Giuseppe Penone, Ripetere il bosco, 1969-2014 © Archivio Penone
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auxquels a été adjoint un quatrième (avec une surface d’exposition supplémentaire de 1 500 m2, soit huit salles) inauguré fin 2017 après une longue et complexe gestation2. Si le bâtiment est une réussite c’est également grâce à la collaboration entre l’architecte Kuehn Malvezzi et le plasticien Michael Riedel (à qui une exposition est dédiée jusqu’au 12/05) qui a habillé façades et parvis, créant une œuvre de 4 000 m2 jouant avec l’espace environnant et la nature. Après la formidable exposition explorant les liens de Max Slevogt avec la France 3 – tout un symbole – sont attendus quelques événements d’importance. Succédant à la pop Pae White qui avait rempli de son tissu arachnéen de fils colorés l’atrium aux allures de cathédrale de la nouvelle aile du musée, est annoncé Giuseppe Penone (à partir du 13/04), pape de l’Arte povera qui utilise et questionne la nature dans des installations souvent pharaoniques. Au même moment débute une exposition permettant d’initier les plus jeunes à l’Art : intitulée De Beau à terrifiant (13/04-28/07) et enrichie de nombreux ateliers, elle explore les représentations des animaux à travers dessins (on craque pour la chouette chouette d’Albert Weisgerber) et sculptures. L’été verra se croiser deux figures allemandes contemporaines majeures, Katharina Hinsberg (à partir du 29/06) qui a élargi la notion de dessin – des cuts aux jubilatoires jeux avec des trous percés dans des murs – et Hans-Peter Feldmann dont sera montré
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100 ans (24/08-17/11) : 101 photographies représentant chacune un être différent âgé de huit semaines à cent ans interrogent le visiteur sur sa propre identité. À l’automne, les choses se corsent avec une confrontation entre deux absolus révolutionnaires de la sculpture, Auguste Rodin et Bruce Nauman (21/09-26/01/2020) dont on découvrira la surprenante proximité, notamment dans une démarche artistique où l’expérimentation et l’aléatoire jouent un rôle essentiel.
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underschöne Badende von Ernst Ludwig Kirchner, ein Blaues Pferdchen von Franz Marc, das Kult ist, eine Flut von Impressionisten (darunter ein genialer Gemüsegarten von Camille Pissarro), zarte Zeichnungen von Marc Chagall, eine metallene Gottesanbeterin von Alexander Calder, ergreifende Photographien von entscheidenden Augenblicken, die von Henri CartierBresson aufgenommen wurden, die blutige Heftigkeit von Jonathan Meese... Die Sammlungen der Modernen Galerie sind von großem Reichtum. Sie entfalten sich an den Ufern der Saar in drei von Hanns Schönecker errichteten Pavillons mit reizendem Siebziger-Charme, dem ein vierter hinzugefügt wurde (mit einer zusätzlichen Ausstellungsfläche von 1 500 m2, die in acht Säle aufgeteilt ist) welche Ende 2017 nach einem langen und komplexen Reifeprozess eingeweiht wurde.2 Der Erfolg des Gebäudes ist auch der Zusammenarbeit des Architekten Kuehn Malvezzi mit dem Bildhauer Michael Riedel zu verdanken (dem bis zum 12.05. eine Ausstellung gewidmet ist ), welcher die Fassaden und den Vorplatz mit einem Werk von 4000 m2 überzogen hat, das
mit dem Raum und der umliegenden Natur spielt. Nach einer wundervollen Ausstellung, die die Beziehung zwischen Slevogt und Frankreich erkundete3, werfen einige Ereignisse ihre Schatten voraus. Auf den Pop von Pae White, die mit ihrem spinnenartigen Stoff aus bunten Farben das kathredralenähnliche Artrium des neuen Anbaus ausfüllte, folgt Giuseppe Penone (ab dem 13.04.), der Papst der Arte Povera, der die Natur in seinen oft pharaonischen Installationen benutzt und hinterfragt. Zeitgleich beginnt eine Ausstellung, die es erlaubt die Jüngsten in die Kunst einzuführen: Unter dem Titel Von schön bis schaurig (13.04.28.07.) – begleitet von zahlreichen Ateliers – erkundet sie die Darstellung der Tiere anhand von Zeichnungen (wir werden schwach für eine tolle Eule von Albert Weisgerber) und Skulpturen. Im Sommer treffen zwei große deutsche zeitgenössische Namen aufeinander: Katharina Hinsberg (ab 29.06.), die den Begriff der Zeichnung erweitert hat – Schnitte mit begeisternden Spielen von in die Wand gebohrten Löchern – und Hans-Peter Feldmann, von dem 100 Jahre (24.08.-17.11.) gezeigt wird: 101 Photographien repräsentieren jeweils einen anderen Menschen im Alter von acht Wochen bis hundert Jahren und stellt dem Betrachter die Frage nach seiner eigenen Identität. Im Herbst wird es spannend mit einer Konfrontation zwischen zwei absoluten Revolutionären der Skulptur, Auguste Rodin und Bruce Nauman (21.09.-26.01.2020) deren überraschende Nähe man entdecken wird, insbesondere bezüglich eines künstlerischen Schaffensprozesses, in dem Experiment und Zufall die entscheidende Rolle spielen.
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sound effects Temple de l’art contemporain, la Stadtgalerie de Sarrebruck débute l’année avec Electrical Moods, exposition monographique dédiée à Christina Kubisch. Die Stadtgalerie Saarbrücken, Tempel der zeitgenössischen Kunst, beginnt das Jahr mit Electrical Moods einer monographischen Ausstellung, die Christina Kubisch gewidmet ist. Par Von Raphaël Zimmermann
À la Stadtgalerie Saarbrücken, du 8 février au 12 mai In der Stadtgalerie Saarbrücken, vom 8. Februar bis zum 12. Mai stadtgalerie.de christinakubisch.de En parallèle, Artmix Atelier (11/02-03/03), échange artistique transfrontalier entre Sarrebruck et Luxembourg, réunit trois plasticiens dont les créations seront montrées à Bourglinster, en mai Parallel dazu findet das Artmix Atelier (11.02.-03.03.) statt, ein grenzüberschreitender Künstleraustausch zwischen Saarbrücken und Luxemburg, der die drei Künstler vereint, deren Kreationen anschließend im Mai in Bourglinster gezeigt werden
Légende Bildunterschrift Christina Kubisch, Electrical Walks
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ionnière de l’art sonore, Christina Kubisch investit la Stadtgalerie imaginant notamment Glashaus (La Maison de verre) qui renvoie à ses premiers travaux où elle utilisait l’induction magnétique pour créer des espaces acoustiques mêlant sonorités naturelles et digitales, laissant le visiteur interagir avec le dispositif pour modifier les sons. En montrant également des installations sonores et lumineuses comme 12 Signale – référence aux mines de la Sarre – ou les Electrical Walks sous casque, cette exposition explore un excitant univers parallèle, rendant audible ce qui, trop souvent, demeure, caché ou noyé dans les bruits de l’existence. Lui succèderont deux expositions majeures : Starke Stücke (31/05-08/09), invitation à l’exploration de la diversité à travers des pièces d’artistes femmes issues de la collection du Frac Lorraine, puis une présentation monographique consacrée à l’artiste suisse Zimoun (27/0912/01/2020) dont les installations et autres sculptures sonores envahissent avec intelligence l’espace.
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ie Pionierin der Klangkunst, Christina Kubisch, erobert die Stadtgalerie, unter anderem mit Das Glashaus, einer Installation, die auf ihre ersten Arbeiten verweist, in denen sie elektrische Kabelfelder benutzte um akustische Räume zu schaffen, die natürliche und digitale Klänge vermischten, wobei sie den Besucher mit dem Dispositiv interagieren lässt, um die Klänge zu verändern. Indem sie ebenfalls Klang-und Lichtinstallationen wie 12 Signale – eine Hommage an die Minen des Saarlandes – oder Electrical Walks mit Kopfhörer anbietet, erkundet diese Ausstellung ein aufregendes Paralleluniversum, das jenes hörbar macht, was allzu oft vom Lärm der Existenz versteckt und erstickt wird. Zwei weitere Ausstellungshöhepunkte folgen: Starke Stücke (31.05.-08.09.), eine Einladung zur Entdeckung der Diversität anhand von Werken weiblicher Künstlerinnen aus der Sammlung des Frac Lorraine und dann eine monographische Präsentation, die dem Schweizer Künstler Zimoun (27.09.12.01.2020) gewidmet ist, dessen Installationen und andere Klangskulpturen den Raum auf intelligente Weise einnehmen.
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une cathédrale d’acier Visite à la Völklinger Hütte, un de plus beaux témoignages de l’épopée industrielle européenne qui fête le 25e anniversaire de son classement au Patrimoine mondial de l’Unesco. Par Hervé Lévy
À ne pas manquer : Work it Out ! événement dansé tout au long de la European Route of Industrial Heritage (ERIH) (01/05) 20e anniversaire du Völklinger Hütten Jazz (tous les vendredi en juillet et en août à 18h, entrée libre) voelklinger-huette.org
Légendes 1. © Franz Mörscher, Le patrimoine mondial Völklinger Hütte 2. © Franz Mörscher, La salle des soufflantes avec les machines 9 & 10 3. © Gerhard Kassner, Future World (Installation «Licht- Lumière» de Hans-Peter Kuhn) © Weltkulturerbe Völklinger Hütte
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a silhouette colossale se détache sur l’horizon. Plus on s’approche du complexe sidérurgique se déployant sur 600 000 mètres carrés qui fut fondé en 1873 – et cessa son activité en 1986 –, plus le sentiment de petitesse face à ce monstre de fer où cascadent les tuyaux est prégnant. Intégralement conservée, alors que d’autres ont été démantelées et rayées de la carte, l’usine employait environ 17 000 ouvriers dans les années 1950. Préservée et classée au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1994, elle est à la fois lieu de mémoire, espace pédagogique (où il est possible de découvrir les différentes étapes de fabrication de l’acier et de faire d’étonnantes expériences, comme déclencher des cyclones au ScienceCenter Ferrodrom) et fantastique et romantique édifice. Il est en effet agréable de s’y promener, à quarante mètres au-dessus du sol sur de vertigineuses plates-formes, jetant un regard sur un espace où la nature a repris ses droits pour méditer sur nos dérisoires existences. L’endroit accueille en outre une excitante
programmation culturelle au sein de laquelle voisinent installations questionnant la mémoire de la superstar de l’art contemporain Christian Boltanski 1 ou exposition so british consacrée à la Reine Elizabeth 2 (dont le succès est si vif qu’elle a été prolongée jusqu’au 22/04). Pour les mois à venir, le programme est également pharaonique avec la cinquième édition de l’UrbanArt Biennale (14/04-03/11), événement phare du street art accueillant le gotha mondial du genre au cours de laquelle les visiteurs ont déjà vu voir les lettrages géniaux de JonOne, les mots d’ordre politico-artistiques de Miss.Tic ou encore les détournement d’OX. Mais le gros morceau est une exposition regroupant plus de 140 prêts exceptionnels (provenant des plus grandes collections privées) consacrée à L’Or des Pharaons (18/05-24/11) : la confrontation entre ce titan de l’ère industrielle et les bâtisseurs des pyramides s’annonce passionnante !
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eine stahlkathedrale Besichtigung der Völklinger Hütte, einem der schönsten Zeugnisse des europäischen Industrieepos, die ihre 25 Jahre als Unesco-Weltkulturerbe feiert. Von Hervé Lévy
Nicht verpassen: Work it Out ! Tanzereignis entlang der Europäischen Route der Industriekultur (ERIH) (01.05.) 20. Jubiläum des Völklinger Hütten Jazz (jeden Freitag im Juli und August, ab 18 Uhr, Eintritt frei) voelklinger-huette.org
Bildunterschriften 1. © Franz Mörscher, Das Weltkulturerbe Völklinger Hütte 2. © Franz Mörscher, Gebläsehalle mit den Gebläsemaschinen 9 & 10 3. © Gerhard Kassner, Future World (Installation «Licht- Lumière» von Hans-Peter Kuhn) © Weltkulturerbe Völklinger Hütte
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hre kolossale Silhouette zeichnet sich am Horizont ab. Je näher man der sich über 600 000 m2 erstreckenden Eisenund Stahlhütte kommt, die 1873 gegründet wurde – und ihre Aktivität 1986 einstellte –, umso kleiner fühlt man sich angesichts dieses Eisenmonsters, in dem die Rohre herabstürzen. Die Fabrik, die vollständig konserviert ist, während andere niedergerissen wurden und von der Landkarte verschwanden, beschäftigte in den 1950er Jahren ungefähr 17 000 Arbeiter. Bewahrt und 1994 ins Weltkulturerbe der Unesco aufgenommen, ist sie gleichzeitig ein Erinnerungsort, ein pädagogischer Raum (wo es möglich ist die verschiedenen Etappen der Stahlproduktion zu entdecken und erstaunliche Experimente zu machen, wie das Einleiten eines Zyklons im ScienceCenter Ferrodrom) sowie ein phantastisches und romantisches Gebäude. Es ist in der Tat angenehm darin, vierzig Meter über der Erde, auf schwindelerregenden Plattformen herumzuspazieren und einen Blick auf ein Terrain zu werfen, das die Natur zurückerobert, um über
die Sinnlosigkeit unserer Existenzen nachzudenken. Der Ort empfängt außerdem ein aufregendes Kulturprogramm, zu dem Installationen des Superstars der zeitgenössischen Kunst, Christian Boltanski1 gehören, die sich mit Erinnerungskultur beschäftigen oder eine Ausstellung zu Ehren von Queen Elizabeth2 (deren Erfolg so groß war, dass sie bis zum 22.04. verlängert wurde). Für die kommenden Monate ist das Programm ebenso pharaonisch mit der fünften Ausgabe der UrbanArt Biennale (14.04.-03.11.), einem Ereignis der Street Art, das die Crème de la Crème des Genres empfängt, zu der schon das geniale Lettering von JonOne, die politisch-künstlerischen Wortspiele von Miss.Tic oder auch die Neuinterpretationen von OX gehörten. Aber das größte Ereignis ist eine Ausstellung, die mehr als 140 außergewöhnliche Leihgaben (aus den größten Privatsammlungen) vereint und dem PharaonenGold gewidmet ist (18.05.-24.11.): Die Konfrontation zwischen dem Titan des Industriezeitalters und den Erbauern der Pyramiden verspricht begeisternd zu werden! Poly 217
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roma æterna Se déployant entre France et Allemagne, le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim propose un excitant voyage dans le passé celte et gallo-romain. Zwischen Frankreich und Deutschland präsentiert der Europäische Kulturpark Bliesbruck-Reinheim eine aufregende Reise in die keltische und gallo-romanische Vergangenheit.
Par Von Hervé Lévy
Réouverture du Parc après la pause hivernale le 15 mars Wiedereröffnung des Parks nach der Winterpause am 15. März europaeischer-kulturpark.de archeo57.com
Sont montrées des pièces reconstituées. Les originaux sont au Museum für Vor- und Frühgeschichte de Sarrebruck – kulturbesitz.de 2 Après la conquête de la Gaule par César en 50 avant Jésus-Christ, elle est intégrée dans l’Empire, les Médiomatriques s’adaptant à la vie romaine 1
Légendes Bildunterschriften 1. Masque de cavalier Reitermaske © EKP 2. Thermes Thermen © CD57 / Laurent Beckrich
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eux pays, cinq musées, quelque 30 000 visiteurs annuels et des siècles d’Histoire : géré conjointement par le Département de la Moselle et le SaarpfalzKreis, le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim fête son 30e anniversaire cette année. Il permet tout d’abord de voir « les différents modes de présentation des vestiges. En France, on protège les structures découvertes sans les toucher, tandis qu’en Allemagne on n’hésite pas à reconstruire », résume l’archéologue Michael Ecker qui fouille un site d’une grande richesse. On y voit tout d’abord la Tombe de la Princesse celte inhumée vers 370 avant Jésus-Christ : découverte en 1954 sous un tumulus, elle est reconstituée de manière grandiose. Parée de riches bijoux d’or 1 délicatement décorés (torques, fibules…) et de bracelets en lignite, la défunte avait été enterrée dans une chambre funéraire en bois de chêne accom-
pagnée d’une fine vaisselle de bronze pour banqueter dans l’au-delà. Se déploient également les vestiges d’une immense villa gallo-romaine2 occupée du Ier au IVe siècle : une maison (80 mètres par 60) est posée au bout d’une gigantesque cour ceinte de murs de 300 mètres par 135 (rythmée par une douzaine de bâtiments) dont la fonction demeure mystérieuse. Potager ? Enclos à chevaux ? Simple espace d’apparat ? Les nombreuses trouvailles faites dans ce domaine agricole renseignent sur sa fonction nourricière. Parmi elles, une incongrue – car le lieu n’avait pas de vocation militaire – visière de casque romain en forme de visage (masquant complètement celui du cavalier qui le portait) aux traits lisses et inquiétants qui pouvait autant servir à effrayer l’adversaire qu’à montrer sa puissance et son élégance au cours d’une cérémonie. Le matériel issu des fouilles est présenté de manière didactique et ludique – avec notamment un atelier mosaïque pour les enfants – sur un site où « il reste encore des choses à trouver. Nous avons, par exemple, mis à jour de riches peintures murales qui avaient été jetées dans une décharge lors d’une des rénovations de la demeure », explique Michael Ecker. La marche se poursuit, côté français cette fois –, un étrange pavillon érigé dans un style rappelant la RDA marque la frontière – en direction d’une petite cité qui devait compter quelque 3 000 âmes à son apogée, au IIe siècle après Jésus-Christ. On arpente un quartier artisanal où s’alignent, comme à la parade, les échoppes et visite un gigantesque complexe thermal (dans lequel demeurent des enduits peints d’un rouge éclatant) pourvu d’un chauffage par hypocauste et rythmés par les différents espaces traditionnels : caldarium, tepidarium et frigidarium.
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wei Länder, fünf Museen, mehr als 30 000 Besucher jährlich und eine jahrhundertealte Geschichte: Der parallel vom Departement Moselle und dem Saarpfalz-Kreis geführte Europäische Kulturpark Bliesbruck-Reinheim feiert in diesem Jahr sein 30jähriges Jubiläum. Er erlaubt es zunächst „die unterschiedlichen Präsentationsarten der Funde zu sehen. In Frankreich schützt man die entdeckten Strukturen ohne sie zu berühren, während man in Deutschland keine Scheu zeigt, auf sie aufzubauen“, fasst der Archäologe Michael Ecker zusammen, der die Grabungen an diesem sehr reichen Standort leitet. Man sieht zunächst das keltische Grab der Fürstin, die hier um 370 vor Christus begraben wurde: 1954 unter einem Grabhügel entdeckt, ist es auf grandiose Weise rekonstruiert worden. Mit reichem, zart dekoriertem Goldschmuck (Torques, Fibeln...) und Armreifen aus Braunkohle geschmückt, war die Verstorbene in einer Grabkammer aus Eichenholz beigesetzt, in Begleitung von feinem Bronzegeschirr um im Jenseits zu tafeln. Parallel dazu entdeckt man die Überreste einer riesigen gallo-romanischen2 Villa, die vom 1. bis 4. Jahrhundert bewohnt war: Ein Haupthaus (80 auf 60 Meter) steht am Kopf eines riesigen Innenhofes, dessen Funktion mysteriös bleibt: Er ist von einer 300 Meter langen und 135 breiten Mauer umgeben, die von zwölf Gebäuden unterbrochen wird. Gemüsegarten? Pferdekoppel? Einfache
Zierfunktion? Die zahlreichen Funde, die in diesem Landgut gemacht wurden, erzählen von seiner ernährenden Funktion. Darunter ein unpassender Fund – denn der Ort hatte keine militärische Bestimmung – eine römische Reitermaske in Form eines Gesichts (die jenes des Kriegers vollständig bedeckte) mit glatten und Furcht einflößenden Zügen, die ebenso dazu dienen konnten den Gegner zu erschrecken, wie seine Macht und Eleganz im Zuge einer Zeremonie zu demonstrieren. Die Fundstücke aus den Grabungen werden auf didaktische und spielerische Weise präsentiert – unter anderem mit einem Mosaikatelier für Kinder – auf einem Gelände „auf dem noch Dinge zu finden sind. Wir haben zum Beispiel kostbare Wandmalereien freigelegt, die bei einer Renovierung des Hauses auf eine Mülldeponie geworfen worden waren“, erklärt Michael Ecker. Der Rundgang geht weiter, diesmal auf der französischen Seite – ein komischer Pavillon, in einem Stil, der an die DDR erinnert, markiert die Grenze – in Richtung einer kleinen Stadt, die zu ihrer Blütezeit im 2. Jahrhundert nach Christus wohl 3000 Seelen zählte. Man durchstreift ein Handwerkerviertel, in dem sich wie bei einer Parade die Geschäfte aneinanderreihen und besichtigt einen riesigen Thermenkomplex (in dem noch Putz in flammendem Rot zu sehen ist), der mit einer Hypokaustenheizung ausgestattet ist und von verschiedenen traditionellen Räumen strukturiert wird: Caldarium, Tepidarium und Frigidarium.
05/05 Journée des enfants autour de la princesse celte 15/03 Vernissage, 60 Lieux passionnants dans la Sarre 10 & 11/08 Vita Romana : Fête du jubilée avec légionnaires, combats de gladiateurs et course de chars 29 & 30/06, 13 & 14/07 participation aux fouilles, inscription sur : info@europaeischer-kulturpark.de 05.05. Kindertag rund um die Keltenfürstin 15.03. Vernissage 60 spannende Orte im Saarland 10. & 11.08. Vita Romana: Jubiläumsfeier mit Legionären, Gladiatorenkämpfen und Wagenrennen 29. & 30.06., 13. & 14.07. Archäologie zum Mitmachen, Anmeldung unter: info@europaeischer-kulturpark.de
Es werden Nachbildungen gezeigt. Die Originale befinden sich im Museum für Vor-und Frühgeschichte in Saarbrücken – kulturbesitz.de 2 Nach der Eroberung Galliens durch Cäsar im Jahr 50 vor Christus wird sie ins Römische Reich eingegliedert, das Volk der Mediomatriker passt sich an das römische Leben an 1
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sarre stars Le Chemin des étoiles guide les pèlerins vers Saint-Jacquesde-Compostelle. Randonnée sur des sentiers où souffle l’esprit. Der Sternenweg führt die Pilger nach Santiago de Compostela. Eine Wanderung auf Wegen, die von einem heiligen Geist erfüllt sind.
Par Von Pierre Reichert Photo de von Peter Michael Lupp sternenweg.net
Par Von Peter Michael Lupp (25 €)
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u plus profond de la nuit, les pèlerins de Compostelle s’orientaient en regardant la voie lactée au Moyen-Âge. Voilà qui a donné l’idée en 2006 au Regionalverband Saarbrücken de développer un projet destiné à mettre en valeur ces routes de la foi. Le Chemin des étoiles a ainsi pour objectif de relier progressivement les différents sentiers régionaux. Débutant près de l’ancienne abbaye bénédictine de Hornbach (Sarrebruck), il se déploie d’abord autour de Sarreguemines et de Forbach, allant ensuite vers Spire, Worms, Mayence, Saint-Wendel et en direction de l’Alsace. Il couvre aujourd’hui seize axes routiers (soit 1 500 kilomètres) ponctués de plus de 350 points matérialisés par des repères en forme de coquilles Saint-Jacques (mais aussi de pyramides ou d’étoiles). Ces symboles indiquant des lieux remarquables (Basilique St-Wendelin, Tour des sorcières à Püttlingen, Cathédrale de Strasbourg...) invitent à aller sur les traces du passé dans une marche contemplative, permettant de retrouver l’essence du sacré et de revenir aux sources vives de la randonnée qui doit être considérée comme une parenthèse de sérénité dans nos existences au rythme bien trop effréné.
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n tiefster Nacht orientierten sich die Jakobspilger im Mittelalter an der Milchstraße. Das hat im Jahr 2006 den Regionalverband Saarbrücken dazu inspiriert ein Projekt zu entwickeln, das diese Wege des Glaubens zur Geltung bringt. Der Sternenweg hat das Ziel nach und nach die verschiedenen regionalen Wege zu verbinden. Er beginnt in der Nähe des Benediktinerklosters Hornbach (Saarbrücken), breitet sich rund um Sarreguemines und Forbach aus, führt dann nach Speyer, Worms, Mainz, St. Wendel und in Richtung Elsass. Er deckt heute sechzehn Wegrouten (von 1500 Kilometern Länge) ab und wird von mehr als 350 Bezugspunkten unterteilt, die von Zeichen in Form der Jakobsmuschel gekennzeichnet werden (aber auch Pyramiden und Sterne). Diese Symbole weisen auf die bemerkenswerten Orte (Wendelinusbasilika, Hexenturm in Püttlingen, Straßburger Münster...) hin, die dazu einladen auf den Spuren der Vergangenheit zu wandeln, auf einem beschaulichen Weg, der es erlaubt, die Essenz des Sakralen wiederzufinden und zu den lebendigen Quellen der Wanderung zurückzukehren, die wie eine Parenthese der Gelassenheit betrachtet werden sollten, inmitten unser Existenzen, deren Rhythmus allzu zügellos ist.
© Eike Dubois/ TZS
CE QUI EST BON WAS GUDD ISS Le Sarrois qui dit « Le principal est de bien manger, le travail sera vite fait » trouve son bonheur au Gasthaus zum Stiefel : Gefilde, boulettes de pommes de terre fourrées au foie, Lyoner une sorte de cervelas importé de la capitale des Gaules ou encore grillades du Schwenker – barbecue fétiche des Sarrois, suspendu et mobile – qui donne un goût particulier à la viande, notamment si on l’arrose avec quelques rasades de Stiefelbräu, bière produite dans ce lieu ! (S.M.K.) Der Saarländer, der sagt „Hauptsach gudd gess, geschafft hann mir schnell“ findet sein Glück im Gasthaus zum Stiefel: Gefilde, Kartoffelklöße, die mit Leberwurst gefüllt sind, Lyoner eine Wurst, die aus Frankreich importiert wurde oder auch Fleisch vom Schwenker – der Grill der Saarländer, der über dem Feuer hängt und bewegt wird – der dem Fleisch ein besonderes Aroma verleiht, insbesondere mit einem Schuss Stiefelbräu!
© Benoît Linder
Der Stiefel (Saarbrücken) der-stiefel.de
HIGH ENERGY À la pointe de la gastronomie allemande, Klaus Erfort propose une cuisine d’une extraordinaire précision, triplement étoilé au Guide Michelin. Le Sarrois s’avoue « très francophile. Nous réinterprétons les grands classiques français, les rendant toujours plus légers en utilisant moins de beurre et de crème ». Son credo ? « La simplicité. C’est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à atteindre. » (H.L.) An der Spitze der deutschen Gastronomie bietet Klaus Erfort eine Küche von außergewöhnlicher Präzision an, die mit drei Michelinsternen ausgezeichnet ist. Der Saarländer gibt zu, dass er „sehr frankophil ist. Wir interpretieren die großen französischen Klassiker neu, machen sie leichter indem wir weniger Butter und Sahne verwenden“. Sein Kredo? „Die Einfachheit. Das ist zweifelsohne das Schwierigste.“ Gästehaus Klaus Erfort (Sarrebruck) gaestehaus-erfort.de Voir Poly n°184 ou sur poly.fr Poly 217
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© 2019 electro magnetic festival
À NE PAS MANQUER ! NICHT VERPASSEN!
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Nouvelle Scene de Neue Szene aus Don Juan. Karikatur, Delaunois, 1816, Städtisches Museum Saarlouis
Festival de Jazz de Saint-Ingbert Jazzfestival St. Ingbert Avec pour thème “Experience”, cette 33e édition réunit des stars comme Philip Catherine et son Paulo Morello Trio ou le Igor Butman Quintet. Unter dem Motto „Experience“ vereint diese 33. Ausgabe Stars wie Philip Catherine und sein Paulo Morello Trio oder das Igor Butman Quintet. 28-31/03, Stadthalle St. Ingbert experience-jazz.de
Le festival international de classique présente une star découverte sur YouTube, Valentina Lisitsa (03/05, Université de la Sarre) ou l’European Union Youth Orchestra (24/04, Congresshalle Saarbrücken). Das internationale Festival für klassische Musik präsentiert den YouTube-Star Valentina Lisitsa (03.05., Universität des Saarlandes) oder das European Union Youth Orchestra (24.04., Congresshalle Saarbrücken). 24/04-05/06, divers lieux dans toute la Sarre an verschiedenen Orten im Saarland musikfestspielesaar.de (1)
Une exposition retraçant le destin d’un proche de Bonaparte qui finit par s’opposer à son Empereur pour défendre l’intérêt de la France. Die Ausstellung erzählt das Schicksal eines Mannes, der Bonaparte nahestand und sich schließlich im Interesse Frankreichs gegen den Kaiser stellte. Jusqu’au Bis zum 10/06, Städtisches Museum Saarlouis staedtisches-museum.saarlouis.de
Le Pouvoir de la Pierre Steinerne Macht La plus grande exposition présentée dans le Musée depuis son ouverture en 1985 : une découverte des plus beaux châteaux et forteresses entre Sarre, Lorraine et Luxembourg. Die größte Ausstellung, die im Museum seit seiner Eröffnung 1985 gezeigt wurde: Eine Entdeckung der schönsten Schlösser und Burgen zwischen Saarland, Lothringen und Luxemburg. Jusqu’au Bis zum 23/06, Historisches Museum Saarland, Saarbrücken historisches-museum.org Voir Poly n°213 Siehe Poly Nr. 213 52
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Le compositeur de musiques de film John Williams – Harry Potter, Star Wars, etc. – est mis à l’honneur lors d’un concert en plein air qui se finit par un feu d’artifice. Der Musikfilmkomponist John Williams – Harry Potter, Star Wars, etc. – wird bei diesem Open-Air-Konzert geehrt, das mit einem Feuerwerk endet. 06/07, Losheim am See klassik-am-see-losheim.de
Festival Electro Magnetic (2)
Musikfestspiele Saar
Maréchal Ney
SR Klassik am See
Un événement pour tous les fans de musique electro dans le cadre industriel de cette ancienne usine transformé en centre culturel. Ein Ereignis für alle Fans von Elektromusik im industriellen Rahmen dieser ehemaligen Hütte, die zu einem Kulturzentrum geworden ist. 12 & 13/07, Patrimoine culturel mondial Weltkulturerbe Völklinger Hütte voelklinger-huette.org Voir page 46 Siehe Seite 46
Moderne Galerie La star de l’Arte Povera, Giuseppe Penone crée une installation in situ. Der Star der Arte Povera, Giuseppe Penone kreiert eine Installation in situ.
À partir du ab 13/04, Moderne Galerie, Saarbrücken modernegalerie.org Voir page 42 Siehe Seite 42
Festival Perspectives Le festival franco-allemand des arts de la scène transcende les frontières. Das deutsch-französische Festival der Bühnenkünste überschreitet die Grenzen.
06-15/06, en Sarre et en Lorraine im Saarland und in Lothringen festival-perspectives.de Voir page 40 Siehe Seite 40
Plus d’informations sur visiter-la-sarre.fr Weitere Informationen unter urlaub.saarland
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KÖPFE Prominente Menschen aus dem Saarland – Von Gräfin Elisabeth bis in das 21. Jahrhundert wurde von Simon Matzerath, Direktor des Historischen Museums Saar anlässlich einer gleichnamigen Ausstellung herausgegeben: Familien wie Villeroy & Boch, der Maler Albert Weisgerber, Politiker wie Johannes Hoffmann und Erich Honecker, Spitzenköche wie Klaus Erfort und Christian Bau oder Kultfiguren wie Heinz Becker… Zahlreiche Berühmtheiten aus dem kleinsten Bundesland werden anhand von Photographien, Zeitdokumente und interessanten Artikeln präsentiert. Erschienen im Nünnerich-Asmus Verlag (24,90€) na-verlag.de — historisches-museum.org
AUSFLÜGE Udo Haafke bietet mit Wanderungen für Langschläfer – Saarland den perfekten Begleiter für Kurzentschlossene, die sich eine der 30 erlebnisreichen Halbtagstouren aussuchen können: Auf den Spuren des Heiligen Wendelin auf dem Tiefenbach-Pfad rund um das romantische Städtchen St. Wendel, auf den beliebtesten Berg der Saarländer, den Schaumberg mit sei54
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ner überwältigenden Aussicht, auf den Druidenpfad bei Niedaltdorf, der auch nach Neunkirchen-lès-Bouzonville in Lothringen führt... Mit zahlreichen Bildern, Karten, Insider-Informationen und Einkehr-Tipps für Wanderer. Erschienen im Bruckmann Verlag (14,99€) bruckmann.de
DIALEKT Afin de faciliter la compréhension mutuelle, Sigurd Blass a traduit des expressions typiquement sarroises en français et en allemand. Riwwer Niwwer est un dictionnaire dans lequel chaque chapitre s’ouvre sur une ville, un lieu et une curiosité situés sur une carte et accompagnés d’une photo et d’une description. Le parfait guide pour les Néo-Sarrois et ceux qui aspirent à le devenir. Um das gegenseitige Verständnis zu verbessern hat Sigurd Blass typische Worte und Ausdrücke aus dem saarländischen Dialekt ins Deutsche und Französische übersetzt. Riwwer Niwwer ist ein Wörterbuch, in dem jedes Kapitel mit der Präsentation einer Stadt, eines Ortes, einer Sehenswürdigkeit, deren Lage auf einer Karte angegeben wird, eröffnet wird, in Begleitung einer Beschreibung und einer Photographie. Die perfekte Einführung
für Neusaarländer und solche, die es werden wollen. Paru chez Erschienen bei Edition Schaumberg (9,90 €) edition-schaumberg.de
NATUR Avec La Sarre – Un voyage en photo de la source dans les Vosges jusqu’à l’embouchure dans la Moselle, Werner Guthörl propose une magnifique navigation photographique de l’Alsace à la Rhénanie-Palatinat. Le lecteur y vogue sur les eaux de la Sarre rouge et blanche, découvre le fleuve en tant que frontière naturelle entre Sarreguemines et Güdingen, mais plonge également dans des océans de vignes. Mit Die Saar – Eine Bilderreise von der Quelle in den Vogesen bis zur Mündung in die Mosel präsentiert Werner Guthörl eine wunderschöne photographische Schiff-Fahrt vom Elsass bis nach Rheinland-Pfalz. Der Leser segelt durch die Gewässer der Roten und der Weißen Saar, entdeckt den Fluss als natürliche Grenze zwischen Sarreguemines und Güdingen, taucht aber auch in Ozeane von Weinbergen ein. Paru chez Erschienen bei Edition Schaumberg (24 €) edition-schaumberg.de
(S.M.K.)
blind test Le second programme du Ballet de Lorraine invite à des Festivités sous forme de redécouverte du répertoire récent du CCN. Das zweite Programm des Ballet de Lorraine lädt zu seinen Festivités, in Form einer Wiederentdeckung des neuen Repertoires des CCN, ein. Par Von Thomas Flagel Photos de von Arno Paul
Plaisirs inconnus, à l’Opéra national de Lorraine (Nancy), mardi 26 février puis à La Coupole (Saint-Louis), mardi 2 avril Plaisirs inconnus, in der l’Opéra national de Lorraine (Nancy), am Dienstag den 26. Februar und in La Coupole (Saint-Louis), am Dienstag den 2. April opera-national-lorraine.fr lacoupole.fr Le Surréalisme au service de la révolution, The Fugue et Nine Sinatra Songs, à l’Opéra national de Lorraine (Nancy), vendredi 1er et dimanche 3 mars Le Surréalisme au service de la révolution, The Fugue und Nine Sinatra Songs, in der Opéra national de Lorraine (Nancy), am Freitag den 1. und Sonntag den 3. März opera-national-lorraine.fr Murmuration et In the upper room, à l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 7 au 10 mars Murmuration und In the upper room, in der Opéra national de Lorraine (Nancy), vom 7. bis 10. März opera-national-lorraine.fr ballet-de-lorraine.eu
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ls remettent ça ! Il y a deux saisons, nous prenions un malin plaisir à découvrir à l’aveugle cinq courtes pièces s’enchaînant (Plaisirs inconnus). Des propositions sans titre ni signature, invitant au pur délice du geste et du regard, dénué des carcans des noms et des réputations, de l’imaginaire qui s’y attache. Une expérience unique servie par cinq chorégraphes mystères pour le corps de ballet du Centre Chorégraphique national de Nancy. Quelques jours plus tard, l’américaine Twyla Tharp est mise à l’honneur avec In the upper room, The Fugue et Nine Sinatra Songs. Des pièces maîtresses piochant allégrement dans le répertoire contemporain, les mouvements classiques (pas, portés et jetés) se révélant à la manière de standards de jazz revisités. Les danseurs sont mis à rude épreuve, tournoyant dans des élans aux impulsions athlétiques. L’utilisation des pointes se fait quasiment oublier au profit de vagues d’évolutions chorales célébrant l’énergie, le partage. Enfin, séance de rattrapage obligatoire du Surréalisme au service de la révolution de l’excellent Marcos Morau qui offre ses visions désarticulées, prophéties collectives déraillantes, nimbées de mystère et d’étrangeté troublante faisant vaciller nos perceptions.
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ie fangen wieder an! In der vorletzten Saison entdeckten wir fünf kurze Überraschungs-Stücke (Plaisirs inconnus). Aufführungen ohne Titel und Unterschrift, die zum reinen Genuss von Geste und Blick einladen, befreit von der Last der Namen, des Rufes und der Vorstellungswelt, die an ihnen hängen. Eine einzigartige Erfahrung, die von fünf geheimen Choreographen für die Mitglieder der Ballett-Truppe des Centre Chorégraphique national de Nancy kreiert wurde. Einige Tage später wird der Amerikanerin Twyla Tharp mit In the upper room, The Fugue und Nine Sinatra Songs gewürdigt. Meisterwerke, die sich fröhlich aus dem zeitgenössischen Repertoire bedienen, mit klassischen Bewegungen (Schritte, Trage-und Wurffiguren), die sich als neuinterpretierte Jazzstandards entpuppen. Den Tänzern wird viel abverlangt, sie wirbeln mit Schwung voller athletischer Impulse herum. Die Verwendung der Spitzenschuhe vergisst man fast, angesichts der Wellen der choreographischen Entwicklung, die die Energie und das Teilen feiert. Und schließlich eine obligatorische Wiederaufnahme von Surréalisme au service de la révolution des exzellenten Marcos Morau, der seine ausgerenkten Visionen bietet, kollektive, entgleisende Prophezeiungen, die von Geheimnisvollem und verstörender Eigenartigkeit überzogen sind. Poly 217
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lorsque l’enfant était enfant Avec Les Grands, la chorégraphe Fanny de Chaillé réalise l’impossible : voir grandir trois personnages à trois âges de la vie.
das lied vom kindsein Mit Les Grands setzt die Choreographin Fanny de Chaillé das Unmögliche um: Sie zeigt das Heranwachsen dreier Figuren in drei Lebensabschnitten. leur parole pour dicter le jeu, guider les ados qu’ils étaient, provoquant une rébellion toute naturelle en retour. Le choc des générations se double d’une relation à soi, au Moi d’avant les renoncements du temps de l’insouciance. La tendresse acérée de ce miroir vivant à triple facette nourrit l’introspection de quarantenaires regardant, en direct, ce qu’ils étaient.
U Par Von Irina Schrag Photo de von Marc Domage
À Pôle Sud (Strasbourg), mardi 5 et mercredi 6 février In Pôle Sud (Straßburg), am Dienstag den 5. und Mittwoch den 6. Februar pole-sud.fr Soirée 2 en 1 avec la présentation des travaux publics de la compagnie Kubilai Khan Investigations autour de leur prochaine création, Something is wrong, mercredi 6 février à 19h (entrée libre sur réservation : billetterie@pole-sud.fr) 2 in 1-Abend mit der Präsentation der Arbeit der Gruppe Kubilai Khan Investigations rund um ihre kommende Uraufführung, Something is wrong, am Mittwoch den 6. Februar um 19h (Eintritt frei auf Reservierung unter: billeterie@pole-sud.fr )
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our donner corps aux adultes imaginés par l’auteur Pierre Alferi, invoquant les fantômes des enfants et adolescents qu’ils ont été, ils sont neuf au plateau. Il y a « la logique secrète des premiers, l’incertitude et l’exaspération des seconds qui produisent des parlers étranger, que le discours adulte peine à traduire », confie celui ayant imaginé « un malentendu cruel ». En cette femme et ces deux hommes adultes « trois âges s’affrontent, s’animent pour s’essayer à un dialogue inégal et souvent comique. Mais ils devront bien en appeler les uns aux autres pour commencer d’apprendre ce qui ne s’apprend nulle part… » Dans un décor blanc épuré, matérialisant les courbes de cartes topographiques comme autant d’escaliers ou de couches géologiques, les enfants errent dans un songe, leur voix off renforçant le trouble de leurs gestes. Les adultes usent de
m den Erwachsenen, die vom Autor Pierre Alferi erfunden wurden, Gestalt zu verleihen, ruft er die Geister der Kinder und Jugendlichen herbei, die sie waren. Auf der Bühne sind sie neun. Es gibt „die geheime Logik der Ersten, die Ungewissheit und Verzweiflung der Zweiten, die eine komische Sprache produzieren, die der erwachsene Diskurs nur mit Mühe übersetzt“, vertraut er uns an. In dieser Frau und den beiden erwachsenen Männern „konfrontieren sich drei Altersstufen miteinander und versuchen in einen ungleichen und oft lustigen Dialog zu treten. Aber sie müssen aneinander appellieren das zu Lernen, was man nirgends lernt...“ In einem reinen, weißen Bühnendekor, der die Kurven topographischer Karten wie Treppen darstellt, irren die Kinder durch einen Traum, ihre Stimmen aus dem Off verstärken die Unschärfe der Gesten. Die Erwachsenen nutzen ihre Sprache um die Jugendlichen zu leiten, die sie einmal waren, was eine natürliche Rebellion hervorruft. Der Schock der Generationen wird gedoppelt von einer Beziehung zu sich selbst, zum Ich vor dem Verzicht auf die Zeit der Unbekümmertheit. Die spitze Zärtlichkeit dieses lebendigen Spiegelbildes mit drei Facetten nährt die Selbstbeobachtung der Vierzigjährigen, die live sehen wer sie waren.
© Jean-Louis Fernandez
THÉÂTRE
ex-fan des eighties
Christophe Honoré aime l’intime. Écrivain, scénariste et cinéaste à succès, il convoque dans sa nouvelle pièce ses Idoles de jeunesse. Six figures de la culture emportées par le Sida : Jacques Demy, Serge Daney, Hervé Guibert, Cyril Collard, Bernard-Marie Koltès et Jean-Luc Lagarce. Ce panthéon personnel, incarné indifféremment par autant de comédiens et comédiennes, prend les atours d’un dialogue de l’amour et de la mort, de la sensualité et de la maladie, du sexe et de la société au milieu d’un espace interlope urbain. Un de ces lieux où se retrouve la jeunesse homosexuelle des années 1980, pour s’éprendre et se sentir vivre, loin des regards de la norme. Entre humour bravache, décrépitude
des corps et regard halluciné sur notre époque qu’ils n’ont pu connaître, le metteur en scène ose une scène de sexe entre Collard (réalisateur du cru et romantique Les Nuits fauves) et Koltès. Les plus jeunes découvrirons ce temps où la simple évocation de la maladie faisait paniquer jusque dans les hôpitaux, le courage du coming-out et le poids du silence d’un Jacques Demy qui demanda à taire sa maladie jusqu’après sa mort, son ancienne épouse, Agnès Varda, ne révélant sa double vie que 18 ans après sa mort. Un flamboyant crépuscule des idoles. (T.F.) Au Granit (Belfort), jeudi 14 et vendredi 15 février magranit.org
face à face Vieux routier des scènes hexagonales, le quarantenaire Kery James a déjà connu plusieurs vies. Rappeur hardcore aux textes crus et radicaux du groupe Idéal J qu’il quitta pour une carrière solo entrecoupée d’une conversion à l’Islam, le voilà trempant sa plume dans les plaies françaises pour le théâtre. Il signe – et joue avec Yannik Landrein – À vif, joute verbale d’un concours d’éloquence entre deux étudiants de l’École du Barreau sur un sujet brûlant : L’État est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues ? La passe d’armes, aussi poétique que politique, permet au metteur en scène Jean-Pierre Baro de réunir deux France qui s’ignorent superbement depuis toujours. Au-delà des mots percutants et du rythme effréné, les clichés autour du communautarisme, de l’intégration, du racisme et de la banlieue sont battus en brèche. Issu d’une famille aisée, Yannik Landrein défend la culpabilité de l’État là où le ban-
lieusard Kery James évoque la responsabilité individuelle, refusant tous les reliquats d’une pensée et d’un traitement néo-colonialiste. (T.F.) Au CDN Besançon Franche-Comté, du 12 au 15 février cdn-besancon.fr À la Comédie de Reims (en partenariat avec La Cartonnerie), mercredi 13 mars lacomediedereims.fr
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MUSIQUE musik
sur le cul L’alchimiste poétique Bertrand Belin nous laisse sur le derrière avec Persona, sixième album où le chanteur danse, titube et se fout à poil.
umwerfend Der poetische Alchimist Bertrand Belin haut uns mit Persona vom Hocker, dem sechsten Album auf dem der Sänger, tanzt, torkelt und sich nackig macht.
Par Von Emmanuel Dosda Photos de von Bastien Burger et und Pierre-Jérôme Adjedj
À La Laiterie (Strasbourg), vendredi 1er mars In La Laiterie (Straßburg), am Freitag den 1. März À L’Autre Canal (Nancy), samedi 2 mars In L’Autre Canal (Nancy), am Samstag den 2. März À La Vapeur (Dijon), samedi 16 mars In La Vapeur (Dijon), am Samstag den 16. März Au Moulin de Brainans, samedi 23 mars Im Moulin de Brainans, am Samstag den 23. März
Persona est un clin d’œil au film de Bergman où une comédienne devenue muette et son infirmière semblent ne former qu’une seule personne ? Ça n’a – a priori – aucun rapport avec Bergman qui n’avait d’ailleurs pas l’intention d’appeler son film Persona, mais Cinématographe. C’est un choix de la production. Il y a dans son long-métrage quelque chose de fondamental chez lui : la part de silence. J’aime le mot “persona” car il désigne “quelqu’un” et “personne”. Il évoque le masque social, résultant du regard que chacun porte sur l’autre. Le halo sémantique qui l’entoure est fascinant. Dans le jargon marketing, il est utilisé de manière sordide et cynique afin de définir le cœur de cible d’une clientèle type.
À La Rodia (Besançon), samedi 18 mai In La Rodia (Besançon), am Samstag den 18. Mai
Vous ne vous êtes pas glissé dans la peau d’un autre pour composer cet album ? Au contraire, il s’agit davantage d’un effeuillage. Sans aller dans les poncifs déclamatoires, je suis plus près de moi que jamais ! Avec le temps, j’ai un accès plus direct à ce qu’il y a au fond de moi.
Édité par Cinq7 cinq7.com bertrandbelin.com
Votre écriture a-t-elle évolué avec cette envie de moins se dérober ? On peut toujours lui trouver des contours abscons, mais il me semble qu’elle devient plus concrète. Ce matin, au hasard d’un
Bertrand Belin a écrit plusieurs ouvrages édités chez P.O.L. son dernier est Grands Carnivores pol-editeur.com *
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moment d’oisiveté à la maison, j’ai remis les mains sur un vieux carnet dont les pages sont couvertes de notes au stylo : il s’agit du manuscrit de mes chansons d’il y a dix ou quinze ans où ma manière d’écrire était extrêmement énigmatique. Elle est l’équivalent du fameux masque dont je me débarrasse petit à petit… Vous êtes moins elliptique dans l’écriture romanesque* que dans vos chansons… Bien sûr. Un texte mis en musique est bref et les questions de structure ou d’architecture se posent moins que pour un roman. La mélodie et la voix transportent des événements dramatiques et narratifs qui peuvent suffir aux auditeurs. On peut écouter Bob Dylan ou des chants tibétains sans comprendre les paroles… Étranges bips (Sur le cul), échos dub, musique éthiopienne (De corps et d’esprit), electro (Choses nouvelles) ou même disco (Grand Duc) : vous avez
expérimenté des choses nouvelles avec Persona ? Il est question d’ouvrir les fenêtres aux univers musicaux. Ça ne vous a pas échappé : composer un morceau revient à faire de la spéléologie dans mon être. Mais ma mélomanie m’a conduit à écouter des sons venant d’horizons divers. Je m’y intéresse de manière grammaticale : j’utilise des typologies plus volontiers alors qu’avant, par besoin de singularité, je craignais que ça ne m’empêche de créer ma propre musique, vierge de toutes influences… ce qui est complétement chimérique. Nuits bleues est un hommage à Bashung ? C’est involontaire. Ceci dit, dans la chanson française, il y a deux guides : Brassens et Bashung. C’est facile de savoir dans quelle trajectoire je m’inscris ! Le rock anglo-saxon, la poésie contemporaine, l’aspect littéraire de la langue : nous manipulons des ingrédients en commun. Nuits bleues m’a plutôt été inspirée par l’énergie de Common people et le déroulement harmonique de Ashes to ashes. Peut-être faut-il mélanger Pulp et Bowie pour obtenir du Bashung [rires]… Vous sentez-vous en équilibre instable, comme dans vos clips ? Dans les grandes villes, nous voyons quotidiennement des
corps en lutte contre leur instabilité… Je suis de plus en plus sensible à l’effondrement et à la chute. Je danse dans mes vidéos car un homme qui danse semble contenir l’humanité dans son ensemble. Cette pratique me permet de prendre de la distance avec moi-même, de laisser s’exprimer mon idiotie et de communier avec l’idiot en chacun. Ist Persona eine Anspielung auf den Film von Bergman, in dem eine verstummte Schauspielerin und ihre Krankenschwester zu einer einzigen Person zu verschmelzen scheinen? Das hat – a priori – keinerlei Bezug zu Bergman, der übrigens seinen Film nicht Persona sondern Cinématographe nennen wollte. Das ist eine Entscheidung der Produzenten. Es gibt in seinem Spielfilm etwas, was bei ihm fundamental ist: den Anteil der Stille. Ich mag das Wort „Persona“ da es „jemanden“ und „niemanden“ bezeichnet. Er erinnert an die soziale Maske, die aus dem Blick resultiert, den jeder auf den anderen wirft. Im Marketingjargon wird er in widerwärtiger und zynischer Weise benutzt um die Kernzielgruppe einer typischen Kundschaft zu bezeichnen. Sie sind nicht in die Haut eines anderen geschlüpft um dieses Album zu komponieren? Poly 217
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Im Gegenteil, es handelt sich eher um ein Entblättern. Ohne übertriebene Klischees bedienen zu wollen, bin ich näher an mir selbst als jemals zuvor! Mit der Zeit habe ich einen direkteren Zugang zu dem was tief in mir ist. Hat sich ihr Schreiben verändert, angesichts dieser Lust darauf, sich weniger zu verbergen? Man kann immer noch schwer verständliche Konturen finden, aber es scheint mir, dass es konkreter wird. Heute Morgen, in einem Moment des Müßiggangs zuhause, habe ich ein altes Heft wiedergefunden, dessen Seiten mit Notizen gefüllt sind: Es handelt sich um ein Manuskript meiner Lieder vor zehn oder fünfzehn Jahren, in dem meine Art zu schreiben sehr rätselhaft war. Sie entspricht der berühmten Maske, derer ich mich nach und nach entledige... Sie sind weniger elliptisch in ihren Romanen als in ihren Liedern... Natürlich. Ein musikalischer Text ist kurz und die Fragen der Struktur oder Architektur stellen sich weniger als bei einem Roman. Die Melodie und die Stimme transportieren dramatische und narrative Ereignisse, die dem Zuhörer genügen können. Man kann Bob Dylan oder tibetanische Gesänge hören ohne die Texte zu verstehen... Komische Pfeiftöne (Sur le cul), Dub-Echos, äthiopische Musik (De Corps et d’esprit), Elektro (Choses Nouvelles) oder sogar Disko (Grand Duc): Haben Sie auf Persona neue Dinge ausprobiert? Es geht darum die Fenster zu musikalischen Universen zu 60
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öffnen. Das ist Ihnen nicht entgangen: Ein Stück zu Schreiben ist wie eine Erkundung meines Wesens. Aber meine Liebe zur Musik hat mich dazu geführt Töne der verschiedensten Horizonte zu hören. Ich interessiere mich für sie auf grammatikalische Weise: Ich benutze heute gerne Typologien, wobei ich früher, als ich einzigartig sein wollte, fürchtete, dass mich dies daran hindere meine eigene Musik zu kreieren, die jungfräulich von jeglichem Einfluss sei... was komplett utopisch ist. Ist Nuits bleues eine Hommage an Bashung? Das ist unbeabsichtigt. Abgesehen davon gibt es im französischen Chanson zwei Anführer: Brassens und Bashung. Es ist einfach zu wissen, in welche Richtung ich einzuordnen bin! Der angelsächsische Rock, die zeitgenössische Poesie, der literarische Aspekt der Sprache: Wir arbeiten mit gemeinsamen Zutaten. Nuits bleues ist eher von der Energie von Common people inspiriert und dem harmonischen Verlauf von Ashes to ashes. Vielleicht muss man Pulp und Bowie mischen um Bashung zu erhalten [lacht]… Haben Sie das Gefühl, wie in ihren Videoclips, in einem instabilen Gleichgewicht zu sein? In den großen Städten sehen wir täglich Körper, die mit ihrer Instabilität kämpfen... Ich bin immer sensibler für Scheitern und Fall. Ich tanze in meinen Videos, denn ein Mann, der tanzt, scheint die gesamte Menschheit in sich zu tragen. Diese Praxis erlaubt es mir, eine Distanz zu mir selbst einzunehmen, meiner Dummheit Ausdruck zu verleihen und mit dem Idioten in jedermann zu kommunizieren.
FESTIVAL
the sound of cities Au GéNéRiQ de ce festival du Grand Est, du cor des Alpes en pleine ville, des planeries pop dans le tram ou du slam réunionnais dans un temple. GéNéRiQ, das Festival du Grand Est, das ist Alpenhorn mitten in der Stadt, Pop in der S-Bahn und Slam von La Réunion in einem Tempel. création réunissant l’accordéoniste Mario Batkovic, le rocker-prêcheur Reverend BeatMan et quatre contrebassistes de la région. Avec GéNéRiQ, on découvre en catimini le rock désossé et cabossé par le tandem Ohmme – qui, comme son nom ne l’indique pas, est exclusivement féminin – et nous applaudissons l’immense Brendan Perry, part masculine du duo légendaire Dead Can Dance et sa musique venue des temps anciens.
D Par Von Emmanuel Dosda Photo de von Hubert Lenoir par von Noémie D. Leclerc
Dans différents lieux de Belfort, Besançon, Dijon, Montbéliard et Mulhouse, du 7 au 10 février An verschiedenen Orten in Belfort, Besançon, Dijon, Montbéliard und Mulhouse, vom 7. bis 10. Februar generiq-festival.com
* Temple Saint-Étienne (Mulhouse, 07/02), Auditorium du Conservatoire (Besançon, 08/02), Consortium (Dijon, 09/02), Auditorium du Conservatoire Henri Dutilleux (Belfort, 10/02) * Temple Saint-Étienne (Mulhouse, 07.02.), Auditorium du Conservatoire (Besançon, 08.02.), Consortium (Dijon, 09.02.), Auditorium du Conservatoire Henri Dutilleux (Belfort, 10.02.)
L
a grande classe pianistique du musicien palestinien Faraj Suleiman, le j’menfoutisme orientalo-dub joué à contrejour par Johan Papaconstantino (un de nos coups de cœur), l’electro de Gus Dapperton, drôle de gugusse maigrichon à la coupe au bol, le Maghreb sound-system d’Ammar 808, le folk câlin et londonien de Brooke Bentham, le brouillard pop de Marble Arch… L’affiche du festival “grandestien” annonce la couleur d’un événement qui défend la musique d’aujourd’hui sous toutes ses formes, même les plus folles. Un exemple ? We Can Be Heroes, karaoké à ciel ouvert dont vous êtes le héros. Mené par Groupenfonction, ce projet collaboratif réunit des chanteurs en herbe souhaitant se donner en spectacle place de la Libération (Dijon, 09/02) au cours d’un show en playback où l’on reprend des standards de MGMT ou Jamie T. Autres moments qui font faire du bruit : le Grand Orchestre de cors des Alpes (10/02, place d’Armes de Belfort et sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Montbéliard) et BeatMan-Batkovic & Double Bass experiment*,
ie große Klavier-Klasse des palästinensischen Musikers Faraj Suleiman, der Orient-Dub von Johan Papaconstantino (einer unserer Favoriten), die Elektromusik von Gus Dapperton, einem komischen hageren Clown mit Topffrisur, das maghrebinische Sound-System von Ammar 808, der kuschelige London-Folk von Brooke Bentham, der Nebel-Pop von Marble Arch... Die Headliner des Festivals in Ostfrankreich spiegeln ein Ereignis wider, das die Musik von heute in allen ihren Formen – selbst den verrücktesten – präsentiert. Ein Beispiel? We Can Be Heroes, ein Karaoke unter freiem Himmel, dessen Held Sie werden. Dieses kollaborative Projekt von Groupenfonction vereint zukünftige Sänger, die auf der Place de la Libération (Dijon, 09.02.) auftreten möchten in einer Playback-Show, bei der Hits von MGMT oder Jamie T. gespielt werden. Andere lautstarke Momente: Das Grand Orchestre de cors des Alpes (10.02., Place d’Armes in Belfort und auf dem Vorplatz des Rathauses von Montbéliard) und Beat-Man-Batkovic & Double Bass experiment*, eine Kreation, die den Akkordeonspieler Mario Batkovic, den Rocker Reverend Beat-Man und vier Kontrabassisten aus der Region zusammenführt. Mit GéNéRiQ entdeckt man klammheimlich den verbeulten Rock des Tandems Ohmme und wir klatschen dem riesigen Brendan Perry Beifall, der der männliche Part des legendären Duos Dean Can Dance ist, dessen Musik aus alten Tagen stammt. Poly 217
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fly me to the moon Avec Cosmos 1969, Thierry Balasse* imagine la bande originale de la mission Apollo 11, créant un spectacle sonore planant. Mit Cosmos 1969 erfindet Thierry Balasse den Soundtrack zur Mission Apollo 11, für ein schwebendes Klangspektakel. Par Von Hervé Lévy Photo de von Patrick Berger
À La Filature (Mulhouse), mardi 6 février In La Filature (Mulhouse), am Dienstag den 6. Februar lafilature.org
* Voir Poly n°184 et sur poly.fr pour son travail autour de Messe pour le temps présent de Pierre Henry
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nlassable expérimentateur, Thierry Balasse aime se colleter avec des mondes sonores surprenants. Accompagné des membre d’un groupe (guitare, basse, batterie, claviers et chant) au look de cosmonautes, il est installé aux claviers de synthétiseurs (Minimoog et EMS VCS3, ses appareils de prédilection), proposant une excursion dans l’éther accompagnée par la chorégraphie délicate d’une circassienne évoluant, comme en apesanteur, sur une spirale de fer. Composée de neuf étapes, cette odyssée de l’espace retrace le déroulement du voyage de Neil Armstrong et de ses camarades en direction de la lune. Entre des sonorités bruitistes (communications entre la terre et la fusée sorties des archives de la NASA, etc.) et des chansons datant de la fracture des sixties et des seventies (avec notamment des compos de David Bowie, Pink Floyd, Syd Barrett ou King Crimson), il intercale quelques éclats baroques signés Purcell – évocation de la solitude de l’Homme dans l’infini – et ses créations électroacoustiques qu’il nomme des « musiques quantiques » pour créer un univers nimbé d’un puissant lyrisme intersidéral.
A
ls unermüdlicher Experimentator schlägt sich Thierry Balasse mit überraschenden Klangwelten herum. In Begleitung einer Gruppe im Kosmonautenlook (Gitarre, Bass, Schlagzeug, Klaviatur und Gesang) ist er an den Klaviaturen von Synthesizern installiert (Minimoog und EMS VCS3, seine Lieblingsapparate) und bietet einen Ausflug in den Äther an, in Begleitung einer feinfühligen Choreographie einer Zirkusartistin, die sich fast schwerelos an einer Eisenspirale bewegt. Diese Odyssee im Weltraum, die aus neun Etappen besteht, schildert die Reise von Neil Armstrong und seinen Kameraden zum Mond. Zwischen die NoiseKlängen (Kommunikation zwischen der Erde und der Rakete aus den Archiven der NASA, etc.) und Lieder aus der Umbruchszeit zwischen den sechziger und siebziger Jahren (vor allem mit Kompositionen von David Bowie, Pink Floyd, Syd Barrett oder King Crimson) schiebt er einige Barock-Splitter von Purcell – Evokation der Einsamkeit des Menschen in der Unendlichkeit – und seine elektroakustischen Kreationen, die er „Quantenmusik“ nennt, um ein Universum von starker interstellarer Lyrik zu erschaffen.
MUSIQUE musik
dialogues des ouvrières Nancy accueille la création mondiale de 7 Minuti de Giorgio Battistelli. Entretien avec le compositeur italien sur une œuvre dénonçant la brutalité du capitalisme.
arbeiterdialoge Nancy empfängt die Uraufführung von 7 Minuti von Giorgio Battistelli. Gespräch mit dem italienischen Komponisten zu einem Werk, das die Brutalität des Kapitalismus denunziert.
Par Von Hervé Lévy
À l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 1er au 8 février In der Opéra national de Lorraine (Nancy), vom 1. bis 8. Februar opera-national-lorraine.fr Conférence de Jean-Sébastien Baraban “Une heure avant…” chaque représentation Projection du film 7 Minuti de Michele Placido au Caméo St. Sébastien avec une introduction par le metteur en scène Michel Didym et Giorgio Battistelli, 31/01 (20h) – cameo-nancy.fr
Vous êtes de retour à l’Opéra national de Lorraine1 avec une création adaptée de la pièce éponyme de Stefano Massini2. 7 Minuti s’inspire des événements survenus dans l’usine Lejaby d’Yssingeaux, en 2012… Après un rachat par une multinationale américaine, le nouveau patron d’une usine textile demande à ses ouvrières de réduire leur temps de pause quotidien de sept minutes pour éviter de fermer l’établissement. Onze femmes sont réunies dans un huis clos – évoquant le film de Sidney Lumet Douze hommes en colère – pour accepter ou refuser, prenant ainsi une décision essentielle sur le plan symbolique. Sept minutes aujourd’hui, c’est quatorze demain, vingt-et-une après-demain, etc. Quel est l’enjeu réel de cette réunion ? Il va évidemment au-delà des sept minutes, puisque la dignité au travail est en cause, une thématique éminemment actuelle sur tout le continent européen à une époque globalisée où la marchandisation de l’Homme atteint son paroxysme. Après l’opéra bouffe, l’opéra rock, etc. vous créez l’opéra syndical… Pour un compositeur il est plus facile d’écrire un opéra fondé sur la mythologie grecque ou romaine parsemé de références contemporaines que de s’attaquer au réel de manière frontale. C’est pourtant vital. Il en va de notre responsabilité d’artiste et d’intellectuel de faire acte de résistance en disant le monde d’au-
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jourd’hui comme le fit très bien, à son époque, Pier Paolo Pasolini. Qui sont ces onze femmes ? Elles représentent autant de caractères très différents. L’une pense que le meilleur des choix est de n’en pas faire, l’autre est habitée par la peur de l’avenir, une troisième, venue des pays de l’Est, a une toute autre vision de l’entreprise que ses camarades… Au fil des trois actes, elles parlent et se confrontent dans une tension dramatique permanente, tandis que le spectateur découvre peu à peu leurs personnalités. Pourquoi avoir adjoint un chœur aux tonalités jazz (évoquant parfois un musical) dans cette partition à l’atmosphère sombre ? Bien que ses interventions soient extrêmement courtes, elles sont essentielles : le chœur représente l’extérieur de l’usine, montrant que les décisions prises à l’intérieur auront un impact sur le monde qui entoure la fabrique et bien au-delà. Ce côté comédie musicale rappelle aussi la séduction dangereuse que peut avoir la proposition de la multinationale américaine, si on ne réfléchit pas à ses conséquences. Sie sind zurück in der Opéra national de Lorraine mit einer Uraufführung des gleichnamigen Stückes von Stefano Massini. Orientiert sich 7 Minuti an den Ereignissen in der Fabrik Lejaby in Yssingeaux aus dem Jahr 2012? Nach einem Aufkauf durch einen amerikani-
schen Großkonzern, verlangt der neue Chef einer Textilfirma von seinen Arbeitern ihre tägliche Pausenzeit um sieben Minuten zu verkürzen um die Schließung der Niederlassung zu verhindern. Elf Frauen sollen, hinter verschlossenen Türen, darüber abstimmen, ob sie akzeptieren oder ablehnen, eine symbolisch essentielle Entscheidung. Sieben Minuten heute, das sind morgen vierzehn, übermorgen einundzwanzig, etc. Was ist der wahre Einsatz bei dieser Sitzung? Es geht natürlich um mehr als die sieben Minuten, da die Würde der Arbeit in Frage gestellt wird, eine äußerst aktuelle Thematik in ganz Europa zu einer Zeit der Globalisierung, in der die Kommodifizierung des Menschen ihren Höhepunkt erreicht. Nach der Opera buffa, der Rock-Oper etc. kreieren Sie eine GewerkschaftsOper... Für einen Komponisten ist es einfacher eine Oper auf der Basis der griechischen oder römischen Mythologie mit zeitgenössischen Referenzen zu schreiben, als sich auf frontale Weise mit der Realität auseinanderzusetzen. Dabei ist das vital. Es ist Ihre Verantwortung
als Künstler oder Intellektueller Widerstand zu leisten um die Gegenwart zu denunzieren, was Pier Paolo Pasolini zu seiner Zeit tat. Wer sind diese elf Frauen? Sie stehen für sehr unterschiedliche Charaktere. Die eine denkt, dass die beste Wahl darin besteht keine zu treffen, die andere ist voller Zukunftsängste, eine Dritte aus den östlichen Ländern hat eine ganz andere Vision des Unternehmens als ihre Kameraden... Im Laufe der drei Akte sprechen sie und konfrontieren sich miteinander, in einer permanenten dramaturgischen Spannung. Warum haben Sie dem Chor Jazztöne (die manchmal an ein Musical erinnern) in dieser Partition mit düsterer Atmosphäre hinzugefügt? Auch wenn seine Interventionen extrem kurz sind, sind sie grundlegend: Der Chor stellt die Umwelt der Fabrik dar und zeigt, dass die Entscheidungen, die im Inneren getroffen werden einen Impakt auf die Welt haben, die sie umgibt. Diese Musical-Seite erinnert auch an den gefährlichen Reiz, der vom Vorschlag des amerikanischen Konzerns ausgehen kann, wenn man nicht über seine Konsequenzen nachdenkt.
Giorgio Battistelli est un complice de la maison nancéienne où ont déjà été créés deux de ses opéras dont Il Medico dei Pazzi, en 2014 (voir Poly n°168 ou sur poly.fr) Giorgio Battistelli ist ein Komplize des Hauses in Nancy wo bereits zwei seiner Opern aufgeführt wurden, darunter Il Medico dei Pazzi, im Jahr 2014 2 Traduite en français sous le titre 7 Minutes – Comité d’usine, publiée à L’Arche (13,50 €) – arche-editeur.com 1
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MUSIQUE musik
venus was her name Avec la création française du très baroque La Divisione del mondo de Legrenzi, le chef Christophe Rousset fait date. Mit der französischen Kreation des sehr barocken La Divisione del mondo von Legrenzi, schafft der Dirigent Christophe Rousset ein Ereignis.
Par Von Hervé Lévy Photo de von Bertrand Pichene
À l’Opéra (Strasbourg), du 8 au 16 février À La Sinne (Mulhouse), vendredi 1er et dimanche 3 mars Au Théâtre (Colmar), samedi 9 mars In der Oper (Straßburg), vom 8. bis 16. Februar In La Sinne (Mulhouse), am Freitag den 1. und Sonntag den 3. März Im Theater (Colmar), am Samstag den 9. März operanationaldurhin.eu À l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 20 au 27 mars In der Opéra national de Lorraine (Nancy), vom 20. bis 27. März opera-national-lorraine.fr À l’Opéra royal du Château de Versailles, samedi 13 et dimanche 14 avril In der Opéra royal des Château de Versailles, am Samstag den 13. und Sonntag den 14. April chateauversailles-spectacles.fr
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l s’agit « d’une sorte d’extraordinaire soap-opera, de querelle de famille qui se produit dans l’Olympe où les dieux se crêpent le chignon, intriguent les uns contre les autres ». Voilà résumée par Christophe Rousset – qui officie dans la fosse à la tête de ses Talents lyriques – la foisonnante Divisione del mondo. Dans son opéra qui connut un immense succès en 1675, Giovanni Legrenzi a imaginé Vénus tournant la tête de tous les immortels et rendant Junon folle de jalousie dans un joyeux capharnaüm nimbé d’érotisme et de folie mettant en danger l’harmonie du monde. Exhumée par un chef spécialiste du baroque, cette partition intègre « une tradition de l’opéra vénitien tout en proposant une structure beaucoup plus moderne que ses prédécesseurs », annonçant des compositeurs comme Scarlatti ou Haendel. Si la forme de l’orchestre originel demeure inconnue, il a « essayé de combler les trous », incluant notamment des flûtes à bec et des cornets à bouquin « qui apporteront de la couleur », plusieurs clavecins et luths, des guitares, des harpes et des lirones pour accentuer le caractère chatoyant et vivant de la pièce.
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s handelt sich um „eine Art Seifenoper, einen Familienstreit, der sich im Olymp abspielt, wo die Götter sich zanken und gegeneinander intrigieren“. Das ist das Resümee, das Christophe Rousset von der üppigen Divisione del mondo gibt. In seiner Oper, die im Jahr 1675 großen Erfolg erzielte, hat sich Giovanni Legrenzi eine Venus ausgedacht, die allen Sterblichen den Kopf verdreht und Juno verrückt vor Eifersucht macht, in einem schönen Durcheinander voller Erotik und Verrücktheit, das das Gleichgewicht der Welt gefährdet. Von einem Dirigenten ausgegraben, der ein Spezialist des Barocks ist, integriert diese Partition „eine Tradition der venezianischen Oper und präsentiert gleichzeitig eine sehr viel modernere Struktur als seine Vorgänger“, was Komponisten wie Scarlatti oder Händel vorwegnimmt. Auch wenn die Form des Originalorchesters unbekannt bleibt, hat er „versucht die Löcher zu stopfen“, indem er unter anderem Blockflöten und Zinken integriert „die Farbe rein bringen“, mehrere Cembali und Lauten, Gitarren, Harfen und Liren um den schillernden und lebhaften Charakter des Stücks zu akzentuieren.
MUSIQUE musik
jeune première La Finta Pazza de Francesco Sacrati n’avait pas été monté en France depuis… 1645. L’Opéra de Dijon nous fait découvrir ce bijou baroque.
junge premiere La Finta Pazza von Francesco Sacrati ist seit 1645 nicht mehr in Frankreich aufgeführt worden. Die Oper von Dijon lässt uns ein Schmuckstück des Barock entdecken. Par Von Hervé Lévy Maquettes de costumes de Kostümentwürfe von Claudia Jenatsch
Au Grand Théâtre (Dijon), du 5 au 10 février Im Grand Théâtre (Dijon), vom 5. bis 10. Februar opera-dijon.fr Rencontre avec les artistes après la représentation et atelier destiné aux enfants pendant (10/02) À l’Opéra royal du Château de Versailles, samedi 16 et dimanche 17 mars In der Opéra royal des Château de Versailles, am Samstag den 16. und Sonntag den 17. März chateauversailles-spectacles.fr
Épisodes dans lesquels un des chanteurs bascule dans la démence, dont la plus célèbre se trouve dans Lucia di Lammermoor de Donizetti 2 Ensemble en résidence à l’Opéra de Dijon 1 Episoden, in denen einer der Sänger dem Wahnsinn verfällt, die Bekannteste kommt in der Lucia di Lammermoor von Donizetti vor 2 Ensemble in Künstlerresidenz in der Opéra de Dijon 1
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n 1641, La Finta Pazza de Sacrati est l’œuvre de toutes les premières : créée à Venise pour inaugurer le premier théâtre spécifiquement dédié à l’opéra, ce premier tube lyrique utilisa la première machinerie, sacrant la première prima donna – la soprano Anna Renzi – pour qui fut écrite la première “scène de folie”1. Plus encore, pour le metteur en scène Jean-Yves Ruf, il s’agit du « premier opéra féministe » dans lequel Déidamie fait tourner en bourrique tous les héros de la guerre de Troie, Achille en tête. Pour cela, il a imaginé une scénographie fluide, parfois irréelle, où « les lieux apparaissent, se voilent et se dévoilent au gré des mouvements variés de différents tissus, comme si nous suivions les mouvements intérieurs d’une Déidamie délirante. »
Elle est au service d’une pièce « qui propose quelque chose de nouveau dans l’Histoire de la musique, à un moment où l’opéra devient public, avec un rapport entre texte et partition extrêmement abouti », résume le chef Leonardo García Alarcón qui dirigera sa Cappella Mediterranea2.
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m Jahr 1641 ist La Finta Pazza von Sacrati das Werk aller Premieren: In Venedig anlässlich der Einweihung des ersten speziell der Oper gewidmeten Theaters uraufgeführt, benutzt dieser erste lyrische Hit die erste Bühnen-Maschinerie, inthronisiert die erste Primadonna – die Sopransängerin Anna Renzi – für welche die erste „WahnsinnsSzene“1 geschrieben wurde. Darüber hinaus handelt es sich für den Regisseur Jean-Yves Ruf um die „erste feministische Oper“ in der Deidameia alle Helden des Trojanischen Krieges verrückt macht, allen voran Achill. Deswegen hat er sich eine flüssige, manchmal unwirkliche Inszenierung ausgedacht, in der „die Orte erscheinen, sich ver-und enthüllen – im Rhythmus der Bewegungen der verschiedenen Stoffe, so als ob wir den inneren Bewegungen einer delierenden Deidameia folgten.“ Sie steht auch im Dienste eines Stückes „das etwas Neues in der Musikgeschichte anbietet, zu einem Zeitpunkt, zu dem die Oper öffentlich wird, mit einem extrem gelungenen Verhältnis zwischen Text und Partition“, resümiert der Dirigent Leonardo García Alarcón, der seine Cappella Maediterranea2 musikalisch leiten wird.
ART CONTEMPORAIN ZEITGENÖSSISCHE KUNST
constructif art KARLSRUHE : on y va pour acheter, mais aussi découvrir des œuvres rares, comme celles exposées par le collectionneur Peter C. Ruppert, mis à l’honneur cette année.
konstruktiv art KARLSRUHE: Man besucht die Messe um zu kaufen, aber auch um seltene Werke zu entdecken, wie jene die vom Sammler Peter C. Ruppert ausgestellt werden, der in diesem Jahr Ehrengast ist.
Par Von Emmanuel Dosda
À La Messe (Karlsruhe), du 21 au 24 février In der Messe (Karlsruhe), vom 21. bis 24. Februar art-karlsruhe.de
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ologne, Bâle, Karlsruhe… Les amateurs d’art actuel ont de quoi étancher leur soif de création nouvelle, sous toutes leurs formes plastiques : huiles sur toile, reproductions originales ou sculptures monumentales. Rassemblant plus de 200 de galeries du monde, art KARLSRUHE s’adresse à tous, notamment en proposant un hall réservé au médium photographique et aux estampes, généralement à des prix plus abordables… sauf peut-être s’il s’agit d’une lithographie d’Andy Warhol ou d’un cliché de Cindy Sherman, deux artistes représentés ici. Les autres espaces ? Ils regrouperont des artistes modernes et contemporains, qu’ils soient expressionnistes, pop artistes ou surréalistes. Pour découvrir les succès de demain, rendez-vous au Hall 4 qui exposera, sous l’intitulé ContemporaryArt 21, une sélection d’œuvres de jeunes plasticiens venus de partout autour du globe. Flâner dans les allées du salon, c’est aller à la rencontre d’artistes d’hier et d’aujourd’hui, légendaires mou inconnus au bataillon (pour le moment), parfaire ses connaissances en Histoire de l’Art (Picasso, Calder ou Chillida) ou découvrir une vingtaine d’espaces dédiés à la sculptures, lieux de respiration et de contemplation. En 2019, art KARLSRUHE zoome en particulier sur la collection privée de Peter C. Ruppert, amateur berlinois vouant une passion sans limites à l’Art concret et constructif dont les représentants les plus illustres sont Josef Albers (ayant ouvert la voie à l’Op art) ou Max Bill, architecte célèbre pour sa sculp-
ture nommée Ruban sans fin illustrant celui de Mœbius dans du granit gris mis en torsion. Ces artistes furent proches du Bauhaus, mouvement qui fête son centenaire. Certaines galeries sont ainsi conviées à présenter les travaux d’artistes de cette mouvance, qu’il s’agisse des tableaux géométriques, colorés et optiques de Victor Vasarely ou des toiles pastels abstraites signées Antonio Calderara qui sont autant d’espaces mentaux pour l’artiste. Des visites dans la cité sont organisées pour aller à la rencontre des éléments Bauhaus dans Karlsruhe.
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öln, Basel, Karlsruhe... Die Liebhaber von aktueller Kunst können ihre Lust auf neue Kreationen in allen plastischen Formen stillen: Ölgemälde, Originalreproduktionen oder monumentale Skulpturen. Die Messe, die mehr als 200 Galerien aus der ganzen Welt versammelt, richtet sich an jedermann, unter anderem mit einer Halle, die dem Medium der Photographie und der Druckgrafik gewidmet ist, deren Preise normalerweise erschwinglich sind... außer vielleicht wenn es sich um eine Lithographie von Andy Warhol oder einen Abzug von Cindy Sherman handelt, zwei Künstler, die hier ausgestellt werden. Die anderen Räume? Sie vereinen moderne und zeitgenössische Künstler, Expressionisten, Pop-Art-Künstler und Surrealisten. Um die Stars von morgen zu entdecken, ab in die Halle 4, die unter dem Titel Contemporary Art21 eine Auswahl von Werken junger Künstlern aus der ganzen
Welt präsentiert. Durch die Alleen der Messe zu flanieren bedeutet Künstlern von gestern und heute zu begegnen, legendären oder (momentan) unbekannten, seine Kenntnisse der Kunstgeschichte zu vertiefen (Picasso, Calder oder Chillida) oder fast zwanzig Räume zu entdecken, die der Skulptur gewidmet sind, Orte der Respiration und Meditation. Im Jahr 2019 setzt art Karlsruhe einen besonderen Fokus auf die Privatsammlung von Peter C. Ruppert, einem Berliner Liebhaber, der der konkret-konstruktiven Kunst eine grenzenlose Leidenschaft widmet, deren berühmteste Vertreter Josef Albers (der den
Weg zur Op Art geebnet hat) oder Max Bill sind, ein Architekt, der für seine Skulptur Unendliche Schleife bekannt ist, die das Möbiusband in grauem Granit illustriert. Diese Künstler standen dem Bauhaus nahe, einer Bewegung, deren hundertjähriges Bestehen in diesem Jahr gefeiert wird. Einige Galerien stellen deshalb Arbeiten von Künstlern dieser Bewegung aus, wie die geometrischen, bunten und optischen Gemälde von Victor Vasarely oder abstrakte Pastellbilder von Antonio Calderara. Organisierte Stadtbesichtigungen erlauben es, Bauhauselemente in Karlsruhe zu entdecken.
Légende Bildunterschrift Victor Vasarely, Lapidaire, 1972 Museum im Kulturspeicher Würzburg Sammlung Peter C. Ruppert – Konkrete Kunst in Europa nach 1945 Photo: Elmar Hahn, Veitshöchheim © VG Bild-Kunst, Bonn 2018
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au milieu de l’empire Avec Les Origines de la civilisation chinoise, le Musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg expose les trésors archéologiques du Henan.
in der mitte des reiches Mit Die Ursprünge der chinesischen Zivilisation, stellt das Musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg archäologische Schätze aus Henan aus. Par Von Hervé Lévy
Au MNHA (Luxembourg), jusqu’au 28 avril Im MNHA (Luxemburg), bis zum 28. April mnha.lu Visites guidées (07/02, 10 & 21/03) Geführte Besichtigung (17. & 28.02., 31.03.) Konferenz von Armin Selbitschka zum Thema „Sein oder Nichtsein: Jenseitsvorstellungen im Spiegel frühchinesischer Grabkultur“ (07.03.)
Légende Bildunterschrift Vêtement en jade cousu de fils d’or Dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J.-C.-9 apr. J.-C.). Site du mausolée des princes du royaume Liang, tombe nº 1, ville de Yongcheng, Musée du Henan Mit Goldfaden genähtes Jadegewand Westliche Han-Dynastie (206 v. Chr.-9 n. Chr.). Mausoleum der Prinzen des Staates Liang, Grab Nr. 1, Stadt Yongcheng, Henan-Museum
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erceau de la civilisation chinoise, le Henan (dont le nom peut se traduire par “au sud du fleuve” jaune) est situé dans les plaines centrales. Cette exposition rassemble plus de 150 pièces retraçant son Histoire, du XXle siècle avant Jésus-Christ au Xlle siècle de notre ère. Elle débute avec la mythique Dynastie Xia (entre 2070 et 1600 av. J.-C., environ) : sur le site d’Erlitou ont été découverts de fascinants objets de bronze comme un ding (récipient réservé à la viande) ou un ling qui peut être considéré comme une des plus anciennes cloches au monde. Le parcours se poursuit à travers les siècles – avec des témoignages exceptionnels, comme une dague / hache d’apparat en Jade de la Dynastie Shang – et culmine avec les empereurs Han (de 206 av. J.-C. à 220) qui unifièrent le pays et instituèrent le confucianisme. De cet âge d’or nous sont parvenues une impressionnante armure qui revêtait un prince mort composée de plus de 2 000 plaquettes de jade (supposées empêcher la décomposition du corps) cousues de fils d’or, sept figurines de terre cuite évoquant une chorale placées dans la tombe d’un dignitaire, ou encore des céramiques funéraires représentant greniers à blé ou pavillons d’agrément.
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ie Region Henan, die Wiege der chinesischen Zivilisation, deren Name übersetzt „im Süden des Flusses“ bedeutet, liegt in den zentralen Ebenen Chinas. Diese Ausstellung vereint mehr als 150 Stücke, die ihre Geschichte erzählen, vom 21. Jahrhundert vor Christus bis ins 12. Jahrhundert unserer Zeitrechnung. Sie beginnt mit der legendären Xia-Dynastie (zwischen 2070 und 1600 vor Christus): Bei den Grabungen in Erlitou wurden faszinierende Bronzeobjekte gefunden, wie ein ding (ein Fleischgefäss) oder ein ling, das als eine der ältesten Glocken der Welt angesehen werden kann. Der Rundgang durch die Jahrhunderte setzt sich fort – mit außergewöhnlichen Zeugnissen wie einem prunkvollen Dolch / Beil aus Jade, aus der Shang-Dynastie – und findet seinen Höhepunkt mit den Han-Kaisern (von 206 vor Christus bis 220), die das Land einten und den Konfuzianismus etablierten. Aus dieser Blütezeit ist uns eine beeindruckende Rüstung erhalten geblieben, die einen toten Prinzen kleidete und aus mehr als 2000 mit Goldfäden zusammengenähten Jade-Plättchen besteht, die wahrscheinlich die Verwesung des Körpers verhindern sollten, sowie sieben TerrakottaFiguren, die an einen Chor erinnern, der im Grab eines Würdenträgers platziert wurde, sowie Bestattungskeramik, die Kornspeicher oder Zierpavillons darstellt.
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une belle hellène Rassemblant plus de 400 pièces archéologiques, une passionnante exposition du Badisches Landesmuseum entraîne le visiteur dans l’Antiquité grecque de Mycènes. Par Von Hervé Lévy
Au Badisches Landesmuseum (Karlsruhe), jusqu’au 2 juin mykene.landesmuseum.de landesmuseum.de Visite guidée en français, 16/03 (16h)
Légendes 1. Figurines de taureau, XIIe siècle av. J.-C., Musée archéologique de Mycènes © Hellenic Ministry of Culture and Sports 2. La monumentale Porte des Lionnes de Mycènes, XIIIe siècle av. J.-C. 3. Chevalière avec taureau XVe siècle av. J.-C., Pylos, Musée archéologique de Messénie © Hellenic Ministry of Culture and Sports © Badisches Landesmuseum Photo : Gaul
À Mycènes furent découverts deux ensembles de tombes à fosse entourées d’une enceinte circulaire nommés Cercles de tombes A et B 2 Vase au col court, à la panse haute pourvu d’anses horizontales sur le côté servant à stocker différentes denrées 3 Prix Nobel de littérature en 1963 1
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n entrant dans cette pharaonique exposition (plus de quatre ans de travail et un budget d’1,3 million d’euros), le visiteur est immédiatement dans l’ambiance. Accueilli par une reproduction à l’échelle de la monumentale Porte des Lionnes, il est transporté au cœur du Péloponnèse, à Mycènes, cité fouillée par Heinrich Schliemann dans les années 1870. « Son rôle est ambivalent », résume la commissaire en chef de l’exposition, Katarina Horst : « Si l’on peut le remercier de ses découvertes, il ne faut pas oublier qu’il fut plus un chasseur de trésors qu’un véritable archéologue », trouvant notamment en 1876, dans le Cercle de tombes A1 un masque funéraire d’or, visage rond et énigmatique jailli du passé. Dans les salles qui suivent, nous est proposée la découverte des contours de la « première haute culture du continent européen » qui s’est épanouie à l’Âge du Bronze, connaissant son apogée entre 1600 et 1200 avant Jésus-Christ. Associée aux héros homériques comme Agamemnon et à la Guerre de Troie, la civilisation mycénienne était une culture guerrière et palatiale dont témoignent des fragments de fresques représentant des lions du palais de Pylos et des morceaux du sol de celui de Tirynthe pourvu de fortifications cyclopéennes. De multiples objets dont beaucoup n’avaient jamais été montrés au public (tels de précieux bijoux provenant de la Tombe
du guerrier au griffon excavée en 2015) révèlent un monde encore mystérieux dont l’écriture, le Linéaire B, a seulement été déchiffrée dans les années 1950. Sont ainsi exposés des sceaux ornés de délicats motifs, une amphore décorée d’un poulpe majestueux, un stamnos2 annonçant les vases de l’époque géométrique, des tasses d’or… Liens avec les Minoens de Crète, administration et organisation des différentes entités (mais aussi de leurs relations), vie quotidienne, économie gérée avec un soin méticuleux par une bureaucratie tatillonne (illustrée par de nombreuses tablettes d’argile), religion aux contours encore mystérieux, etc. : Mycènes fait le point sur les connaissances actuelles de ces Achéens qui connurent un déclin rapide dont la cause est sans doute à trouver dans une combinaison de facteurs naturels (un changement climatique), sociaux (des révolutions successives) et politiques (l’invasion des fameux “peuples de la mer”). Reste que la sombre splendeur de la cité où grandirent les Atrides rayonna des siècles durant, inspirant, par exemple, ces vers à Georges Séféris3 : « Quand se mirent à siffler les Erinyes / Parmi l’herbe rare / J’ai vu les serpents et les vipères entrelacés / Lovés sur la race maudite / Notre destin / Voix jaillies de la pierre, du sommeil / Plus sourdes ici où s’assombrit le monde. »
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eine schöne hellene Eine begeisternde Ausstellung im Badischen Landesmuseum, die mehr als 400 archäologische Stücke vereint, entführt den Besucher in die griechische Antike von Mykene. Von Hervé Lévy
Im Badischen Landesmuseum (Karlsruhe), bis zum 2. Juni mykene.landesmuseum.de landesmuseum.de Geführte Besichtigung an allen Sonn-und Feiertagen (11h) Familienführung an allen Sonn-und Feiertagen (14h30) Mykene zur blauen Stunde – Kulturgenuss am Abend mit Führung und Weinprobe, 14.02., 15.03., 13.04. (19h) Ferienaktion: Auf den Spuren Schliemanns Mykene entdecken, 16.-18.04., 7-10 Jahre
Bildunterschriften 1. Stierfigurinen, 12. Jh. v. Chr., Archäologisches Museum Mykene © Hellenic Ministry of Culture and Sports 2. Das monumentale Löwentor in Mykene, 13. Jh. v. Chr. 3. Siegelring mit Stiersprungszene 15. Jh. v. Chr., Pylos, Archäologisches Museum Messeniens, Kalamata © Hellenic Ministry of Culture and Sports © Badisches Landesmuseum Photo: Gaul
In Mykene wurden zwei Ensembles von Schachtgräbern gefunden, umgeben von zwei Ringmauern, genannt Grabkreis A und B 2 Vase mit kurzem Hals, hohem Bauch und horizontalen Henkeln auf den Seiten, die zur Aufbewahrung verschiedener Lebensmittel diente 3 Literaturnobelpreisträger 1963 1
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enn der Besucher in diese pharaonische Ausstellung eintritt (mehr als vier Jahre Planung und ein Budget von 1,3 Millionen Euro) ist er direkt Mitten im Thema. Von der Reproduktion einer maßstabgetreuen Nachbildung des Löwentores wird er ins Herz des Peloponnes nach Mykene versetzt, die Stadt, die in den 1870er Jahren von Heinrich Schliemann ausgegraben wurde. „Seine Rolle ist ambivalent“, fasst die Kuratorin Dr. Katarina Horst zusammen: „Auch wenn man für seine Entdeckungen dankbar sein muss, darf man nicht vergessen, dass er eher ein Schatzsucher als ein echter Archäologe war“, der unter anderem im Jahr 1876 im Grabkreis A1 eine goldene Grabmaske fand, ein rundes und rätselhaftes Gesicht, das aus der Vergangenheit aufleuchtet. In den folgenden Sälen wird uns die Entdeckung der Konturen der „ersten Hochkultur des europäischen Kontinents“ ermöglicht, die im Bronzezeitalter aufblühte und ihren Höhepunkt zwischen 1600 und 1200 vor Christus erreichte. Die mykenische Zivilisation – welche mit den homerischen Helden wie Agamemnon und dem Trojanischen Krieg assoziiert wird – war eine Kriegs-und Palastkultur, von der Fragmente der Fresken zeugen, die die Löwen des Palastes von Pylos zeigen, sowie Fußbodenfragmente des Palastes von Tiryns, der mit riesenhaften Befestigungsanlagen ausgestattet war. Zahlreiche Objekte, von denen viele noch nie dem Publikum präsentiert wurden (wie
die wertvollen Schmuckstücke aus dem Greifenkriegergrab das 2015 aufgegraben wurde), zeugen von einer noch mysteriösen Welt, deren Linear-B-Schrift erst in den 1950er Jahren entschlüsselt wurde. Ebenso ausgestellt sind Siegel mit delikaten Motiven, eine Amphore, die ein majestätischer Oktopus ziert, ein Stamnos2, der die Vasen der geometrischen Periode vorwegnimmt, Tassen aus Gold... Verbindungen zu den Minoern von Kreta, Administration und Organisation verschiedener Einheiten (aber auch ihrer Beziehungen), Alltagsleben, eine Wirtschaft, die mit größter Sorgfalt von einer pingeligen Bürokratie verwaltet wird (illustriert von zahlreichen Tontafeln), eine Religion mit noch mysteriösen Konturen, etc.: Mykene zieht eine Bilanz des aktuellen Kenntnisstandes zu diesen Achäern, die einen schnellen Untergang erfuhren, dessen Gründe zweifelsohne in einer Kombination von natürlichen (ein Klimawandel), sozialen (aufeinanderfolgende Revolutionen) und politischen Faktoren (die Invasion der berühmten „Völker des Meeres“) zu finden sind. Die düstere Herrlichkeit der Stadt, in der die Atriden aufwuchsen, war noch jahrhundertelang einflussreich und inspirierte zum Beispiel Georges Séféris3 zu diesen Versen: „An jenem Abend der Rückkehr als die Ehrwürdigen zu pfeifen begannen / Auf dem kargen Gras / Ich sah die Schlangen verkreuzt mit den Ottern / Verflochten über dem bösen Geschlecht / Unserem Schicksal / Stimmen aus dem Fels aus dem Schlaf / Tiefer hier wo die Welt sich verfinstert.“ Poly 217
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goldfinger Des ors du XVII e siècle aux œuvres contemporaines de David Belugou : Baroque intemporel fait dialoguer plus de 200 pièces. David Belugou, La Conversion de Saint-Paul
Vom Gold des 17. Jahrhunderts zu zeitgenössischen Werken von David Belugou: Baroque intemporel zeigt mehr als 200 Stücke.
Par Von Raphaël Zimmermann
À l’Abbaye des Prémontrés (Pont-à-Mousson), jusqu’au 22 avril In der Abbaye des Prémontrés (Pont-à-Mousson), bis zum 22. April abbaye-premontres.com Visite commentée sur inscription (20/02, 13/03, 03/04) et apéro-expo (01/03), mais également visite-atelier autour de l’art baroque pour le jeune public de 7 à 12 ans (14/02 et 11/04) Rencontre avec David Belugou (19/04)
* Technique consistant à fixer une mince feuille d’or ou d’argent sous le verre. Le dessin est exécuté à la pointe sèche et est maintenu par une deuxième couche ou une plaque de verre. * Goldradierung, bei der eine feines Gold-oder Silberblatt unter das Glas gelegt wird. Die Zeichnung wird mit einer Radiernadel ausgeführt und von einer zweiten Schicht oder einer Glasplatte gehalten.
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adre idoine pour mener une réflexion autour du baroque, l’Abbaye des Prémontrés accueille des pièces d’art sacré fastueuses où cascadent jusqu’à l’excès ors, émaux et autres pierres précieuses dans une jubilatoire orgie. S’y croisent un ostensoir néogothique des années 1860, avalanche d’entrelacs délicats au milieu desquels trône une charmante Vierge en majesté, et un Saint-Georges rutilant terrassant un dragon à l’humaine complexion, mais à l’inquiétante queue de saurien. Ce corpus religieux entre en résonance avec les créations de David Belugou. S’il est connu pour confectionner les costumes luxuriants de nombre d’opéras (comme ceux des Contes d’Hoffmann dans la récente mise en scène de Jean-Louis Grinda à Monte-Carlo), films et autres pièces de théâtre, il réalise aussi de singulières œuvres d’art en verre églomisé*, merveilles de transparence diaphane brillant de mille feux qui représentent des scènes de l’Ancien Testament. « J’y retrouve cet éclat, cette fureur, ce lyrisme et même parfois cette emphase et ce pathos qui me semblent indispensable à l’art », résume-t-il.
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ls geeigneter Raum um eine Überlegung zum Barock anzustoßen, empfängt die Abtei der Prämonstratenser prächtige sakrale Kunstwerke, in denen Gold, Emaille und Edelsteine in einer fröhlichen Orgie des Überflusses umherwirbeln. Eine neogotische Monstranz aus den 1860er Jahren, eine Lawine von zartem Flechtwerk, in deren Mitte eine majestätische Jungfrau thront und ein funkelnder Heiliger Georg, der einen Drachen mit menschlicher Gestalt und bedrohlichem Echsenschwanz niederstreckt, treffen aufeinander. Dieser religiöse Korpus tritt in einen Dialog mit den Kreationen von David Belugou. Er, der für seine luxuriösen Kostümrealisationen für zahlreiche Opern (wie Hoffmanns Erzählungen in der Inszenierung von Jean-Louis Grinda in Monte-Carlo), Filme und Theaterstücke bekannt ist, kreiert auch sonderbare Kunstwerke aus Eglomisé*, Wunderwerke von brillanter Transparenz, die Szenen aus dem Alten Testament abbilden. „Ich finde darin jenen Glanz, diese Leidenschaft, diese Poesie und sogar manchmal diese Emphase und diesen Pathos, die für mich unabdingbar für die Kunst sind“, resümiert er.
e133-5 de von michel blazy D L Par Von Thomas Flagel Photo de von Claire Dorn, courtesy de l’artiste et Art: Concept, Paris, 2018
Au Centre culturel André Malraux (Vandœuvre-lès-Nancy), du 8 janvier au 6 février Im Centre culturel André Malraux (Vandœuvre-lès-Nancy), bis zum 6. Februar centremalraux.com
u colorant alimentaire estampillé E133. Du conservateur, lui aussi alimentaire. Du gros sel et de l’eau. Le tout balancé sur du carton plume le temps nécessaire pour créer une réaction. Laisser les processus chimiques agir. Et voilà une œuvre de Michel Blazy, artiste fou de natures mortes qu’il conçoit vivantes, mouvantes, en décomposition. L’art bouge, mute, suinte, pue. L’éphémère et l’aléatoire érigés au rang de variables prépondérantes. Bien sûr, l’image ici figée par Claire Dorn aux allures de coupe anatomique de bassin ou de constellation stellaire aussi lointaine que bleutée, ne rend pas justice aux cinq sens convoqués par celui qui se plait à dérouter. Il faudra se rendre au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy pour se confronter aux pièces in situ de l’exposition, comme de pousser un peu plus l’expérience en assistant à Deep Dish (31/01 & 01/02, au CCAM), spectacle transgenre du collectif Liquid Loft, filmant, dansant et jouant au milieu d’installations de fruits et légumes en totale décomposition, créées sur-mesure par Michel Blazy.
ebensmittelfarbe mit dem Gütezeichen E133. Konservierungsmittel, ebenfalls für Lebensmittel. Grobes Salz und Wasser. Das ganze lange genug auf Kartonpapier geworfen um eine Reaktion herbeizuführen. Den chemischen Prozess wirken lassen. Das ist ein Werk von Michel Blazy, einem Künstler, der verrückt nach Still-Leben ist, welche er lebendig, unbeständig und verwesend entwirft. Die Kunst bewegt sich, verändert sich, nässt, stinkt. Vergänglichkeit und Zufall werden zur entscheidenden Variabel. Natürlich kann die Momentaufnahme von Claire Dorn mit Anklängen an eine anatomische Abbildung des Beckens oder eine ebenso ferne wie blaue Sternenkonstellation nicht alle fünf Sinne ansprechen wie es jener tut, der mit Vorliebe verwirrt. Man muss das CCAM in Vandœuvre-lès-Nancy besuchen, um sich mit den Installationen vor Ort in einer Ausstellung zu konfrontieren, die vom genreübergreifenden Spektakel Deep Dish (31.01. & 01.02., CCAM) des Kollektivs Liquid Loft begleitet wird, das inmitten der von Michel Blazy installierten verwesenden Früchte und Gemüse filmt, tanzt und spielt. Poly 217
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simpléxissime Les Docks : un entrepôt industriel strasbourgeois transformé par Anne-Sophie Kehr et Georges Heintz en paquebot surmonté d’une ossature métallique. Ce cadavre exquis patrimoino-contemporain a été récompensé par le Prix AMO 2018.
Par Von Emmanuel Dosda
heintz.archi icade.fr prix-amo.com
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e Prix AMO récompense des bâtisses issues d’un fécond « dialogue et échange entre architectes et maîtres d’ouvrage », selon Martin Duplantier, président de l’association éponyme créée en 1983. Les Docks, réalisés par le cabinet HeintzKehr avec l’Icade Grand Est, se sont très vite imposés comme la construction la plus audacieuse des 200 équipes candidates. Pour Anne-Sophie Kehr, ex-associée de Georges Heintz (les deux volent dorénavant chacun de leurs propres ailes), aujourd’hui – entre autres activités – présidente du Réseau des Maisons de l’Architecture, « notre métier ne consiste pas à remplir une page blanche » : ce projet de longue haleine, livré en 2014, « assume la confrontation » entre le socle patrimonial, soit la bâtisse de 1932 de Gustave Umbdenstock, et la structure en acier actuelle. Georges Heintz appelle ça de « l’architecture situationniste », répondant au contexte en utilisant un vocabulaire portuaire et une « rhétorique fluviale ». À deux pas de la Médiathèque, sur la Presqu’île André Malraux, Les Docks résultent d’un « juste équilibre » entre héritage industriel et geste contemporain. La toiture de tuiles de l’entrepôt de stockage de grains a été rasée pour accueillir une “boîte“ métallique en léger décalage (avec un porte-à-faux de 15 mètres), créant un effet dynamique à cet imposant paquebot, comme en partance vers d’autres contrées. Le squelette d’acier laqué noir, posé et habillé par le duo, abrite 67 logements standing. La façade entièrement vitrée offre un panorama excep-
tionnel aux habitants des trois niveaux de ce vaisseau inspiré par Mies van der Rohe ou Craig Ellwood. La simplicité apparente de cette restructuration dissimule la complexité d’un challenge consistant à métamorphoser le hangar Seegmuller en bâtiment multi-programmatique avec logements, activités tertiaires, établissement recevant du public… Ainsi, a-t-il fallu se plier à toutes les réglementations en vigueur (différentes en fonction de la destinée des espaces) et répondre aux normes sismiques, en créant des pieds traversant l’ensemble afin de consolider l’assise à un terrain caillouteux et capricieux. « Ce projet fut d’une grande simplixité », résume par un néologisme Anne-Sophie Kehr qui rend hommage à la robustesse de la construction d’époque en béton armé qu’il a fallut désosser avant de fixer des briques neuves. Le préexistant accueille aujourd’hui, sur trois niveaux, des bureaux, une école de communication (l’ECS), des restos… franchisés (« C’est la fatalité du consumérisme ») ou le Shadok, espace dédié au numérique placé dans une poche de 2 000 m2 laissée brute. La poésie horizontale des Docks et la conjugaison des deux entités (pour 11 600 m2 de surface totale) ont séduit Dominique Coulon, co-président du jury du Prix AMO, vantant « la grande distinction de la surélévation posée sur l’existant, sa finesse et le minimalisme de son écriture qui contrastent avec la robustesse du socle ». Docks Malraux, te amo !
einfach kompliziert Les Docks: Ein Industriespeicher in Straßburg, der von Anne-Sophie Kehr und Georges Heintz in ein Kreuzfahrtschiff mit metallischem Skelett verwandelt wurde. Ein Cadavre Exquis zwischen Vergangenheit und Gegenwart, der den Prix AMO 2018 erhalten hat.
Von Emmanuel Dosda
heintz.archi icade.fr prix-amo.com
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er Prix AMO zeichnet Gebäude aus, die aus einem fruchtbaren „Dialog und Austausch zwischen Architekten und Bauherren“ entstanden sind, wie es Martin Duplantier, der Präsident des gleichnamigen 1983 gegründeten Vereins, definiert. Les Docks, die vom Kabinett Heintz-Kehr mit Icade Grande Est realisiert wurden, haben sich sehr schnell als die wagemutigste Konstruktion der 200 Kandidaturen herausgestellt. Für Anne-Sophie Kehr, Ex-Partnerin von Georges Heintz und heute unter anderem Präsidentin des Netzwerks der Architekturhäuser, besteht „unser Beruf nicht darin ein weißes Blatt zu füllen“: Dieses langatmige Projekt, das 2014 fertig gestellt wurde „setzt bewusst auf Konfrontation“ zwischen einem bestehenden Sockel, dem Gebäude von 1932 von Gustave Umbdenstock und der aktuellen Stahlstruktur. Georges Heintz nennt das „Situationsarchitektur“, die auf den Kontext antwortet und ein Hafenvokabular mit „Flussrhetorik“ benutzt. Zwei Schritte von der Mediathek entfernt, auf der Halbinsel André Malraux, resultieren Les Docks aus einem „Gleichgewicht“ zwischen industriellem Erbe und zeitgenössischer Geste. Das Ziegeldach des Kornspeichers wurde abgerissen um einer metallischen „Kiste“ Platz zu machen, die leicht versetzt einen dynamischen Effekt erzielt, so als ob dieses beeindruckende Kreuzfahrtschiff zu neuen Horizonten aufbräche. Das Skelett aus schwarz lackiertem Stahl, das von dem Duo gesetzt und ausgekleidet wurde, birgt 67 Wohnungen. Die völlig ver-
glaste Fassade bietet den Bewohnern dieses dreistöckigen UFOs, das von Mies van der Rohe oder Craig Ellwood inspiriert ist, einen außergewöhnlichen Blick. Die scheinbare Einfachheit dieser Restrukturierung verbirgt die Komplexität einer Herausforderung, die darin bestand, den Seegmuller-Schuppen in ein multifunktionelles Gebäude für Wohnungen, Büroräume und Publikumsverkehr zu verwandeln... So musste man sich allen geltenden Regelungen beugen (die je nach Räumlichkeit unterschiedlich waren) und den seismischen Normen entsprechen. „Dieses Projekt war von großer Simplexität“, fasst Anne-Sophie mit einem Neologismus zusammen, der als eine Hommage an die Robustheit der ursprünglichen Konstruktion aus Stahlbeton zu verstehen ist, welcher ausgekernt und mit neuen Ziegeln ausgefüllt werden musste. Das Ursprungsgebäude empfängt heute auf drei Ebenen Büros, eine Hochschule für Kommunikation (ECS), Restaurants... Ketten („die Zwangsläufigkeit des Konsumerismus“) oder den Shadok, einen Raum von 2000 m2 Grundfläche, der dem Digitalen gewidmet ist. Die horizontale Poesie der Docks und die Vereinigung der beiden Einheiten (Gesamtfläche 11 600 m2) haben Dominique Coulon, den Co-Präsidenten der Jury des Prix AMO überzeugt, der „die große Vornehmheit der Erhöhung, auf dem Existierenden, seine Finesse und den Minimalismus der Handschrift“ rühmt, die „mit der Robustheit des Sockels in Kontrast steht“. Poly 217
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food culture À Baden-Baden, la gastronomie est joliment incarnée par Peter Schreck. Rencontre avec un passionné, dont les trois restaurants possèdent une personnalité affirmée. In Baden-Baden wird die Gastronomie auf schönste Weise von Peter Schreck verkörpert. Begegnung mit einem leidenschaftlichen Geschäftsmann, dessen drei Restaurants eine starke Persönlichkeit besitzen. Par Von Hervé Lévy
Rizzi, Augustaplatz 1 rizzi-baden-baden.de The Grill (dans le im Casino), Kaiserallee 1 the-grill-baden-baden.de Wirtshaus zur Geroldsauer Mühle, Geroldsauer Straße 54 wirtshaus-geroldsauermuehle.de baden-baden.restaurant
* Terme difficilement traduisible évoquant une atmosphère chaleureuse, qui procure une sensation de bien-être
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es établissements de Peter Schreck – trois restaurants et un club, le Bernstein – épousent parfaitement l’esprit d’une cité thermale dont les racines plongent dans la classe nonchalante du XIXe siècle, devenue trendy. Un récent article de la vénérable Frankfurter Allgemeine Zeitung ne titrait-il pas : Pourquoi les hipsters vont-ils à Baden-Baden ? S’il est tombé dans la gastronomie par hasard, notre homme a débuté avec le défunt Elephant, avant d’ouvrir le mythique Leo’s en 1986 (revendu récemment, après 31 ans). Ce qui fait marcher un entrepreneur employant aujourd’hui plus de 170 personnes ? « Faire plaisir à mes hôtes et créer des restaurants possédant une âme et dont l’esprit entre en résonance avec l’histoire de l’édifice où ils sont installés », répond-il spontanément avant d’ajouter, dans un sourire : « Faire naître la magie est le plus important ! » Preuve apportée au Rizzi qui a pris ses quartiers dans le Palais Gagarin où une Princesse russe menait une existence glam dans
les années 1860, recevant la chanteuse Pauline Viardot ou l’écrivain Ivan Tourgueniev. Aujourd’hui, de douces sonorités lounge ont remplacé la musique classique, mais les mets demeurent raffinés et variés allant de l’altière simplicité d’un burger – the best in town – à la délicatesse d’une purée de pommes de terre aux truffes noires accompagnant des noix de Saint-Jacques doucement poêlées. L’accueil est parfait – une autre préoccupation du maître des lieux – et la vue sur la Lichtentaler Allee extatique, depuis la terrasse. Cette quête d’harmonie se ressent également à The Grill, adresse ultra stylée et extravagante enchâssée, dans le Casino dont les spécialités sont le bœuf – les gourmets vont craquer – et les sushis. Ici, on pourrait se croire à Londres, New York ou Las Vegas, dégustant rieslings allemands, Margaux bordelais ou flacons plus exotiques, tel le génial Ao Yun, un vin élaboré sur les contreforts de l’Himalaya. Toute aussi contemporaine est la Wirtshaus zur Gerold-
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sauer Mühle qui revisite avec brio la tradition de la Gemütlichkeit* allemande : mobilier rustique de bois blanc, cheminée en pierre, trophées de chasse, portraits de top models vêtues de costumes traditionnels ou encore Biergarten tendance et convivial ! Dans l’assiette, les mets sont à l’avenant proposant de chouettes déclinaisons des classiques campagnards ou montagnards de la Forêt noire : saucisses, Maultaschen et Spätzle.
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ie Häuser von Peter Schreck – drei Restaurants und der Club Bernstein – vertreten auf perfekte Weise den Geist der heute trendigen Bäderstadt, deren Wurzeln in der gelassenen Klasse des 19. Jahrhunderts zu finden sind. Ein vor Kurzem in der Frankfurter Allgemeinen Zeitung erschienener Artikel titelte schließlich: Warum reisen Hipster plötzlich ins alte Baden-Baden? Auch wenn er durch Zufall zur Gastronomie kam, hat unser Mann mit dem damaligen Lokal „Elephant“ begonnen, bevor er im Jahr 1986 das legendäre Leo’s eröffnete (das er vor Kurzem, nach 31 Jahren, verkaufte). Was treibt einen Unternehmer an, der heute mehr als 170 Personen beschäftigt? „Meinen Gästen eine Freude zu bereiten und Restaurants zu kreieren, die eine Seele besitzen und deren Geist in Einklang mit der Geschichte des Gebäudes steht, in dem sie sich befinden“, antwortet er spontan, bevor er mit einem Lächeln hinzufügt: „Magie zu erzeugen ist das Wichtigste!“ Den Beweis liefert das Rizzi, das im Palais Gagarin installiert ist, in dem eine russische Prinzessin in den 1860er Jahren ein glamouröses Leben führte
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und die Sängerin Pauline Viardot oder den Schriftsteller Iwan Turgenew empfing. Heute hat sanfte Loungemusik die klassische Musik ersetzt, aber die Speisen bleiben raffiniert und vielfältig, von der stolzen Einfachheit eines Burgers – the best in town – zur Delikatesse eines Kartoffelpürees mit schwarzen Trüffeln, das zart gebratene Jakobsmuscheln begleitet. Die Gastfreundschaft wird im Rizzi groß geschrieben – eine weitere Devise des Hausherren – und der Blick von der Terrasse auf die Lichtentaler Allee ist verzückend. Dieses Streben nach Harmonie spürt man auch in The Grill, einer todschicken und extravaganten Adresse, die im Casino eingebettet ist und deren Spezialitäten Rind und Sushi sind, ein Paradies für Genussliebhaber. Man wähnt sich in London, New York oder Las Vegas, wenn man deutschen Riesling, Bordeauxweine oder exotische Flaschen wie den genialen Ao Yun verkostet, der an den Gebirgsausläufern des Himalajas angebaut wird. Genauso zeitgenössisch ist das Wirtshaus zur Geroldsauer Mühle, das auf brillante Weise die deutsche Gemütlichkeit interpretiert: Rustikale Einrichtung aus hellem Holz, offener Kamin, Jagdtrophäen, Portraitaufnahmen von Topmodells in Schwarzwälder Tracht oder auch ein Biergarten, der zu gemütlichem Beisammensein einlädt. Auf den ansprechenden Tellern werden tolle Variationen von ländlichen Klassikern des Schwarzwaldes angeboten: Würste, Maultaschen und Spätzle.
Légendes Bildunterschriften 1. Peter Schreck par von Sonja Bell 2. © Paul Gärtner 3. Espace lounge Dame de Pique Loungebereich Pik Dame, The Grill © Atelier Altenkirch
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UN DERNIER POUR LA ROUTE AUF EIN LETZTES GLAS
à l’école du vin Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le vin : voilà ce que promet la sommelière star Natalie Lumpp à Baden-Baden.
in der weinschule Alles was Sie schon immer über Wein wissen wollten: Das verspricht die Star-Sommelière Natalie Lumpp in Baden-Baden. Natalie est amoureuse, « car il reflète, plus que tous les autres, le climat et le sol – en résumé l’âme – d’un terroir ». Elle adore ceux venus d’Alsace, du Palatinat (des domaines Reichsrat von Buhl, Dr. Bürklin-Wolf ou Bassermann-Jordan) ou du pays de Bade, avec une prédilection pour le Weingut Andreas Laible.
Par Von Hervé Lévy Photo de von Klaus Hennig-Damasko
À La Société (Baden-Baden), les samedis 9 février (les régions viticoles allemandes), 23 mars (un voyage en Europe) et 25 mai (Afrique du Sud, Chili, Argentine, etc.) In La Société (Baden-Baden) an den Samstagen 9. Februar (die deutschen Weinregionen), 23. März (eine Europareise) und 25. Mai (Südafrika, Chili, Argentinien, etc.) la-societe.club hotel-societe-baden-baden.de natalie-lumpp.de
Concours destiné à déterminer le meilleur sommelier du pays Voir Poly n°208 et sur poly.fr et consulter lejardindefrance.de 1 Wettbewerb, der den besten Sommelier des Landes bestimmt 2 Siehe Poly Nr. 208 und auf poly.fr und besuchen Sie lejardindefrance.de 1
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élèbre dans l’aire germanique avec ses émissions de télévision, ses livres et de multiples récompenses (elle est, par exemple, lauréate du prestigieux Trophée Ruinart Allemagne1, en 1997), Natalie Lumpp est une des sommelières qui comptent sur le continent. En association avec Stéphan et Sophie Bernhard du Jardin de France de Baden-Baden2, elle a monté une “école du vin” : plusieurs sessions thématiques (de 10h à 16h) indépendantes sont organisées au fil de l’année, permettant, chacune, de zoomer sur différents terroirs, les flacons étant, il va sans dire, accompagnés d’un menu gastronomique. « J’ai envie de convier chacun à une expérience. Mon objectif est que les participants prennent du plaisir à découvrir et à déguster, puis à discuter ensuite », résume-telle. Ludiques, didactiques et conviviaux, ces instants permettent de tester des « alliances étonnantes, comme celle d’un gibier avec la douceur d’un riesling sucré », un cépage dont
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération
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n Deutschland ist sie für ihre Fernsehsendungen, Bücher und zahlreiche Auszeichnungen bekannt (sie ist, zum Beispiel, Preisträgerin des prestigeträchtigen Preises Trophée Ruinart Deutschland1, im Jahr 1997): Natalie Lumpp ist eine Sommelière, die auf dem Kontinent zählt. In Zusammenarbeit mit Stéphan und Sophie Bernhard vom Jardin de France in Baden-Baden2 hat sie eine Weinschule ins Leben gerufen: Mehrere thematische, untereinander unabhängige Veranstaltungen (10 bis 16 Uhr) werden das ganze Jahr über angeboten, die es jeweils erlauben einzelne Weingebiete zu erkunden, wobei die guten Tropfen, natürlich, von einem Gastronomie-Menü begleitet werden: „Ich möchte jeden zu einem Erlebnis einladen. Mein Ziel ist es, dass die Teilnehmer Freude am Entdecken und Probieren haben, und am anschließenden Diskutieren“, fasst sie zusammen. Verspielt, didaktisch und gesellig, erlauben es diese Momente „erstaunliche Verbindungen zu probieren, wie jene von Wild mit der Milde eines süßen Rieslings“, einer Rebsorte, in die Natalie verliebt ist, „denn er spiegelt, mehr als alle anderen das Klima und den Boden – also die Seele – eines Herkunftsgebiets wider“. Sie schwärmt für jene aus dem Elsass, Rheinland-Pfalz (von den Weingütern Reichsrat von Buhl, Dr. Bürklin-Wolf oder Bassermann-Jordan) oder aus Baden, mit einer Vorliebe für das Weingut Andreas Laible.