Poly n°262 - Novembre 2023

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MAGAZINE



BRÈVES IN KÜRZE

Links

© Anaïs Pélaquier

Les 3 Brigands © Succursale 101

Untitled, 2021

Premier lauréat du prix Andrea Neumann, l’artiste luxembourgeois Luan Lamberty (né en 1988) s’intéresse aux nuances des rencontres sociales et à l’analyse du langage corporel au moyen de la peinture et du film d’animation (réalisé avec la technique du stop-motion). Présentée à Sarrebruck, l’exposition tabletalks (16/11-30/12, Galerie du Saarländisches Künstlerhaus) fait découvrir son langage. Ses toiles aux couleurs éclatantes composées avec une grande rigueur ne sont ludiques et gaies qu’en apparences, puisqu’elles viennent questionner les relations entre les êtres avec une grande acuité. Der erste Preisträger des Andrea-NaumannPreises, der luxemburgische Künstler Luan Lamberty (geboren 1988) interessiert sich für die Nuancen der sozialen Begegnungen und die Analyse der Körpersprache anhand von Gemälde und Animationsfilmen (in Stop-Motion-Technik). Die in Saarbrücken präsentierte Ausstellung tabletalks (16.11.-30.12., Galerie des Saarländischen Künstlerhauses) lässt den Besucher seine Sprache entdecken. Seine Gemälde in strahlenden Farben, mit größter Sorgfalt komponiert, sind nur auf den ersten Blick verspielt und fröhlich, denn sie stellen die Beziehungen zwischen den Lebewesen mit großem Scharfsinn infrage. kuenstlerhaus-saar.de

Comics

Thierry Capezzone préside la 38e édition du festival international de la BD d’Illzach, Bédéciné (18 & 19/11, Centre culturel). Au menu, rencontres avec une pléiade d’auteurs mais aussi une myriade de spectacles comme les géniaux Trois Brigands de la compagnie Succursale 101 (dès 4 ans). Thierry Capezzone ist Präsident der 38. Ausgabe des Internationalen Comic-Festivals in Illzach, Bédéciné (18. & 19.11., Centre culturel). Auf dem Menu stehen Begegnungen mit zahlreichen Autoren aber auch Aufführungen wie das geniale Trois Brigands der Theatergruppe Succursale 101 (ab 4 Jahren). espace110.org

7e Art

En s’emparant de Sauve qui peut (la révolution) de Thierry Froger (Actes Sud, 2016), Laëtitia Pitz bâtit une fresque musicale et visuelle (09-11/11, Cité musicale, Metz) en quatre parties, entremêlant Jean-Luc Godard – son œuvre, sa vie et sa pensée – et son projet de film pour le bicentenaire de la Révolution. Elle use du collage et du montage pour cheminer dans ce qu’est la politique, une nécessité. compagnierolandfurieux.fr POLY 262

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Agnès Ledig © Pascal Ito

BRÈVES IN KÜRZE

Books

Avec pour thématique Osons demain ! la 34e édition du Festival du livre de Colmar (25 & 26/11, Parc des expositions) questionne des temps incertains. Aux côtés de l’invitée d’honneur, la romancière Agnès Ledig, la fine fleur de la littérature rhénane (et au-delà) a été conviée. Unter dem Thema Morgen wagen! analysiert die 34. Ausgabe des Festival du livre de Colmar (25. & 26.11., Parc des expositions) ungewisse Zeiten: An der Seite des Ehrengastes, der Romanschriftstellerin Agnès Ledig, wurde die Crème de la Crème der rheinischen Literatur (und darüber hinaus) eingeladen. bibliotheque.colmar.fr

Supersounds

Cycle de concerts organisé par l’ensemble HANATSUmiroir qui explore les “musiques inclassées” – mêlant formats, et écritures –, Sound Up ! #5 s’adresse aux oreilles curieuses. Ce mini-festival strasbourgeois (17 & 18/11, Espace K & Fabrique de Théâtre) est un manifeste pour la diversité de l’écoute, de la création transacoustique qu’est Temps Machine à Shades, fascinant spectacle musical, visuel et chorégraphique d’après Éloge de l’ombre de Tanizaki. Ein Konzertzyklus des Ensembles HANATSUmiroir erkundet „unklassifizierte Musik“ – die Formate und Schreibstile mischt –, Sound Up ! #5 richtet sich an neugierige Ohren. Dieses Mini-Festival in Straßburg (17. & 18.11., Espace K & Fabrique de Théâtre) ist ein Manifest für die Vielfalt des Hörens, die transakustische Kreation, die Temps Machine à Shades, darstellt, ein faszinierendes musikalisches, visuelles und choreographisches Spektakel nach Lob des Schattens von Tanizaki. hanatsumiroir.fr

© Barbara Brutscher

River

Ce parcours bilingue (en français et allemand) zoome sur une Artère vitale : le Rhin au fil du temps et montre les évolutions du fleuve. Sauvage, il est désormais canalisé et menacé. Une section explore les projets de protection de l’environnement à Weil am Rhein où est organisée cette exposition (Museum am Lindenplatz, jusqu’au 28/01/24). Dieser zweisprachige Rundgang (in Französisch und Deutsch) befasst sich mit der Lebensader. Rhein im Wandel und zeigt die Entwicklung des Flusses. Zunächst wild, ist er heute kanalisiert und bedroht. Ein Teil der Ausstellung erkundet Umweltschutzprojekte in Weil am Rhein, wo diese Ausstellung präsentiert wird (Museum am Lindenplatz, bis 28.01.24). museen-weil-am-rhein.de POLY 262

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Eleven

© Thaïs Breton

La 11e édition de Schilick on carnet, salon dédié à l’illustration et au livre jeunesse, se tient à La Briqueterie (Schiltigheim). Du 10 au 12 novembre, rencontrez des auteurs parmi lesquels nos chouchous Nikol, Agathe Demois ou encore Amandine Laprun (et ses livres-objets Arbre, Cabane ou Cirque qui s’exposent autant qu’ils s’explorent). Les curieux ne manqueront pas le nouveau concert-spectacle de Tartine Reverdy et ses textes savoureux : Le Grand Huit (11 & 12/11, au Brassin, 11h et 15h). Die 11. Ausgabe von Schilick on carnet, der Messe für Illustration und Jugendbücher, findet in La Briqueterie (Schiltigheim) statt. Vom 10. bis 12. November können Sie Autoren begegnen wie unseren Lieblingen Nikol, Agathe Demois oder auch Amandine Laprun (mit ihren Buch-Objekten Arbre, Cabane oder Cirque die man ebenso ausstellt wie erkundet). Neugierige verpassen nicht das neue Show-Konzert von Tartine Reverdy mit ihren köstlichen Texten: Le Grand Huit (11. & 12.11., im Brassin, 11 und 15 Uhr). ville-schiltigheim.fr

Faire ensemble, faire autrement. Telle est la thématique retenue pour le forum Entreprendre dans la culture (14/11, INSP, Strasbourg). Changement climatique, modification des rapports au travail, évolutions sociétales, nouvelles formes de management : comment les organisations réussissent-elles, ou pas, à engager ces ruptures nécessaires ? culturegrandest.fr

Mademoiselle K © Céline Bischoff

Perma-Culture

Songs

Pomme, Catherine Ringer, Thomas Fersen, Cali, Hervé… La sixième édition du Festival Charabia inonde Reims (La Cartonnerie, Le Manège et Maison commune du Chemin Vert) de notes et de mots entre le 21 novembre et le 1er décembre ! Pomme, Catherine Ringer, Thomas Fersen, Cali, Hervé… Die sechste Ausgabe des Festival Charabia erobert Reims (La Cartonnerie, Le Manège und Maison commune du Chemin Vert) mit Noten und Worten zwischen dem 21. November und dem 1. Dezember! charabiafestival.com POLY 262

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SOMMAIRE INHALTSVERZEICHNIS

DOSSIER 15

L’intense diversité des Festivals d’automne Die intensive Vielfalt der Herbstfestivals

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SCÈNE BÜHNE 38

Dans Waré Mono, Kaori Ito s’inspire de l’art japonais du kintsugi In Waré Mono lässt sich Kaori Ito von der japanischen Kunst des Kintsugi inspirieren

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Nadia Beugré signe Prophétique (on est déjà né.es), pièce bouillonnante de vie Nadia Beugré präsentiert mit Prophétique (on est déjà né.es) ein Stück voller Leben

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MUSIQUE MUSIK 50

La pop, rap et r’n’b de Tsew the Kid Der Pop, Rap und R&B von Tsew the Kid

58

La Lakmé pleine de sobriété de Laurent Pelly à l’Opéra national du Rhin Die nüchterne Lakmé von Laurent Pelly in der Opéra national du Rhin

60

Fidelio est revisité par Cyril Teste à Dijon Fidelio wird von Cyril Teste in Dijon neu interpretiert

EXPOSITION AUSSTELLUNG 68

Le Museum LA8 explore des portraits de femmes meurtrières dans Criminal Women Das Museum LA8 erkundet die Portraits mörderischer Frauen in Criminal Women

72

Hannah Höch dénonce le machisme de son époque avec Mondes assemblés Hannah Höch denunziert den Männlichkeitswahn ihrer Zeit in Montierte Welten

50

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GASTRONOMIE 80

Logan Laug met le terroir vosgien au centre de la table Logan Laug bringt die Vogesen ins Zentrum seines Tischs

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COUVERTURE TITELBILD Immortalisé par le photographe Martin Colombet, cet instant symbolise ENDO, performance signée David Wampach à découvrir au festival Born to be alive (16/11, Manège de Reims, voir page 22). Le chorégraphe s’intéresse à l’endotisme plaçant le corps comme matière, support et instrument pour agir (et peindre) sur un plateau-toile, ne restant pas longtemps blanc ! Vom Photographen Martin Colombet festgehalten, symbolisiert dieser Moment ENDO, eine Performance von David Wampach zu entdecken beim Festival Born to be alive (16.11., Manège de Reims, siehe S.22). Der Choreograph interessiert sich für den Endotismus, der den Körper als Material, Untergrund und Instrument zum Agieren (und Malen) auf einer Leinwand-Bühne benutzt, die nicht lange weiß bleibt! martincolombet.fr – davidwampach.fr 8

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Pirosmani, Ourse blanche avec ses petits

OURS Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert) Liste aller Mitarbeiter einer Zeitschrift (Duden)

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La culture n’a pas de frontières

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Die Kultur ist grenzenlos

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EDITO

Goethe assassiné Goethe ermordet

Par Von Hervé Lévy – Illustration de von Éric Meyer pour für Poly

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eux sites sur cinq – Bordeaux et Lille – et le bureau de liaison de Strasbourg vont fermer : les Instituts Goethe se replient dans l’Hexagone, l’année où est célébré le 60e anniversaire du Traité de l’Élysée. La raison ? Des coupes budgétaires contraignant l’institution à supprimer 110 postes dans le monde. La dissonance est grande entre la volonté politique affichée urbi et orbi – le rôle essentiel de la langue et de la culture dans le lien entre nos deux pays, bla, bla, bla – et les actes concrets. Virer un pauvre “bureau de liaison”, simple « Délégation du Goethe-Institut de Nancy », est un véritable camouflet pour la “capitale européenne”, reflétant l’état d’une relation franco-allemande qui se délite. Avouons que le symbole est désolant… Installée sur la place de l’Université et signée Ernst Waegener, la statue, d’un jeune Goethe entouré de ses muses Melpomène et Polymnie, qui vécut d’avril 1770 à août 1771 à Strasbourg, écrase une larme, avant de tourner le dos, un brin dédaigneux, à sa patrie qui lui joue ce tour de cochon.

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wei Häuser von fünf – Bordeaux und Lille – sowie die Nebenstelle in Straßburg werden schließen: Die Goethe-Institute ziehen sich in Frankreich im gleichen Jahr zurück, in dem das 60. Jubiläum des Elysée-Vertrags gefeiert wird. Der Grund? Budget-Kürzungen, die die Institution dazu zwingen weltweit 110 Stellen zu streichen. Die Unvereinbarkeit zwischen dem politischen Willen der urbi et orbi verkündet wird – die grundlegende Rolle der Sprache und der Kultur für die Beziehung zwischen unseren beiden Ländern, dummes Geschwätz – und konkreten Aktionen. Eine kleine Nebenstelle zu entlassen, eine einfache „Delegation des Goethe-Instituts in Nancy“ ist eine echte Beleidung für die „europäische Hauptstadt“ und spiegelt den Zustand einer deutsch-französischen Beziehung wider, die im Begriff ist sich aufzulösen. Das Symbol ist traurig… Die Statue von Ernst Waegener, die auf der Place de l’Université steht und einen jungen Goethe umgeben von seinen Musen Melpomene und Polymnia zeigt, der von April 1770 bis August 1771 in Straßburg lebte, wischt sich eine Träne aus den Augen, bevor er, ein wenig herablassend, seinem Vaterland, das ihm übel mitspielt, den Rücken zukehrt.



CHRONIQUES CHRONIKEN

Fantastic plastic

Collectif strasbourgeois arpentant le répertoire contemporain, lovemusic publie un nouvel opus. plastic love résulte d’une collaboration de cinq ans avec le compositeur argentin Santiago Díez Fischer. Des distorsions plaintives de la guitare électrique sur someone will remember us à la pièce qui donne son titre au CD – alliance étrange et sublime entre les instruments et des… boîtes en plastique qui s’amusent à s’imiter, – le disque se révèle passionnant dans sa quête de sonorités organiques nouvelles. (H.L.) Das Kollektiv lovemusic aus Straßburg, das das zeitgenössische Repertoire erkundet, veröffentlicht ein neues Werk. plastic love ist das Ergebnis einer fünfjährigen Zusammenarbeit mit dem argentinischen Komponisten Santiago Díez Fischer. Von den klagenden Verzerrungen der Elektrogitarre auf someone will remember us bis hin zum Stück, das der CD ihren Namen verleiht – eine bizarre und wunderbare Verbindung zwischen Instrumenten und Plastikkisten, die sich gegenseitig imitieren – entpuppt sich die Platte, in ihrer Suche nach neuen organischen Klängen, als begeisternd. Paru chez Erschienen bei NEOS Music (17,99 €) neos-music.com

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Survitaminé Vitamin -Bombe

Avec Straight Line, Big Days, le Strasbourgeois Tioklu (anciennement T/O) poursuit son chemin vers les contrées d’une pop lo-fi et décomplexée. Ce single – accompagné d’un clip psyché-cartoonesque, dessiné et animé par Nina Saulier, diplômée de la Hear – dévoile les premiers contours hypnotiques d’un album à paraître en février chez October Tone, The Electric Soup. Une balade sous les (psycho)tropiques qui invite à la danse et à la fête. (I.S.) Mit Straight Line, Big Days, setzt der Straßburger Tioklu (ehemals T/O) seinen Weg in den Landschaften des Lo-Fi-Pops fort. Diese Single – die von einem Psychedelic-Cartoon-Clip begleitet wird, der von Nina Saulier, Absolventin der Hear gezeichnet und animiert wurde – entfaltet die ersten hypnotisierenden Konturen eines Albums, das im Februar bei October Tone erscheint: The Electric Soup. Ein Spaziergang unter Psychopharmaka, der zum Tanzen und Feiern einlädt. Publié par Erschienen bei October Tone octobertone.com

Groovy

Le quartet cosmique de jazzeux nancéens du NCY Milky Band revient avec une mixtape (en K7 et digital) hommage à neuf de leurs gourous. Our Gurus 2 se paye le luxe de réinterpréter le sampler fou et luxuriant Bradford “Oblivion” Claude, alias Ohbliv, avec cuivres entêtants et ligne de batterie claire comme une pluie d’été. La guitare rayonnante de l’ex King Krimson Robert Fripp, cofondateur du groupe avec le batteur Michael Giles (et son frère Peter à la basse) dans Giles, Giles & Fripp ou encore un clin d’œil appuyé à Pierre Henry, tintant à tous crins ! (T.F.) Das kosmische Jazz-Quartett aus Nancy, NCY Milky Band, ist mit einem Mixtape zurück (in K7 und digital), einer Hommage an neun ihrer Gurus. Our Gurus 2 reinterpretiert den verrückten und üppigen Sampler Bradford “Oblivion” Claude, alias Ohbliv mit betörenden Blechblasinstrumenten und Schlagzeug, das rieselt wie ein Sommerregen. Die strahlende Gitarre des Ex-King Krimson Robert Fripp, Mitbegründer der Gruppe mit dem Schlagzeuger Michael Giles (und seinem Bruder Peter am Bass) in Giles, Giles & Fripp oder auch ein Seitenhieb auf Pierre Henry, der mit Leib und Seele klingt! Publié chez Erschienen bei BMM Records (10 €) bmmrecords.com


Viva la Revolución !

Ponctuant l’année littéraire, les Détours des Bibliothèques idéales invitent à explorer La Révolution en nous pour leur session automnale. Par Hervé Lévy – Photos d’Aline Piboule & Pascal Quignard par Alban Hefti et d’Amin Maalouf par Jean-François Paga / Grasset

L’

expérience fut éphémère, mais marqua durablement la ville : après l’Armistice du 11 novembre 1918, profitant d’une situation confuse, l’Empire de Guillaume II – auquel l’Alsace appartient – voit fleurir les élans révolutionnaires. À Strasbourg, un Conseil des soldats et des ouvriers est institué. Le 13 novembre, le drapeau rouge flotte sur la Cathédrale ! L’aventure de ce soviet ne durera guère, puisque les troupes françaises rétablissent l’ordre le 22 novembre. Une promenade littéraire (03/11, place Kléber) avec l’historien Jean-Claude Richez revient sur cet événement avec le regard ironique et tendre d’Alfred Döblin, comme un symbole de ces Détours des Bibliothèques idéales accueillant de grands témoins. Parmi eux, le nouveau Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Amin Maalouf (03/11), qui publie Le Labyrinthe des égarés (Grasset), magistral essai géopolitique remontant aux sources du déclin de l’Occident, en explorant les trajectoires de ceux qui ont contesté sa suprématie au fil des âges : Japon impérial, Russie soviétique et, aujourd’hui, Chine communiste. Sont également invités un habitué de la manifestation, Edwy Plenel (05/11) – qui propose, dans Se Tenir droit (Seuil), des exercices d’admiration autour des figures de Zola, Trotski, etc. – ou encore l’ancien Premier ministre Édouard Philippe (03/11), évoquant une géographie française fondatrice avec Des Lieux qui disent (Lattès).

comme le récital littéraire de l’écrivain Pascal Quignard et de la pianiste Aline Piboule (03/11) autour de la Fantaisie de Schumann. Pensons aussi à Élie Guillou (05/11) qui chante et dit le peuple kurde avec grande poésie ou à une clôture très attendue, Lettres à un poète disparu. Lamine Diagne et Matthieu Verdeil honorent Claude McKay, figure du Harlem Renaissance qui croisa Trotski : slam, jazz et hip-hop s’entremêlent dans un océan de mots et d’images… De rencontre dédiée à L’Affiche rouge (04/11, avec notamment Didier Daeninckx et Robin, qui chante les ballades de Ferré sur des textes d’Aragon) en confidences autour de la Cinquième République par des observateurs politiques de premier plan (Michèle Cotta, Catherine Nay et Jean-Luc Barré, 05/11), le programme s’annonce dense et tonique. Notre coup de cœur ? Un hommage aux poètes russes du XXe siècle par le chanteur des Têtes Raides Christian Olivier et le traducteur André Markowicz, accompagnés de quatre musiciens (04/11). Les textes de Maïakovski, Akhmatova, Mandelstam, Tsvetaïeva, etc. s’entrecroisent dans un tourbillon de notes avec, pour épine dorsale, un chant révolutionnaire bien connu qui proclame : « Nous détruirons le monde d’avant, jusque dans ses fondements, pour bâtir notre monde à nous, qui n’était rien deviendra tout. »

Festival multiforme, les Bibliothèques idéales ont la particularité de proposer également concerts et autres spectacles,

À la Cité de la Musique et de la Danse (Strasbourg) du 2 au 5 novembre biblideales.fr

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Playgirls La 19e édition d’Augenblick, festival du cinéma de langue allemande en Alsace, rend hommage à Margarethe von Trotta. Die 19. Ausgabe von Augenblick, dem Festival für deutschsprachigen Film im Elsass, ehrt das Werk von Margarethe von Trotta. Par Von Hervé Lévy – Photo de von Wolfgang Ennenbach

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n long-métrage iconique et oublié de la Nouvelle Vague allemande, Playgirl de Will Tremper – un top model en quête de riches partis, à Berlin, en 1965, vision d’une conquérante – est à (et sur) l’affiche d’Augenblick. Un symbole, puisqu’une section est dédiée au Female Gaze – avec notamment Une Femme mélancolique, réalisation drolatique de Susanne Heinrich – et que l’invitée d’honneur se nomme Margarethe von Trotta. Seront projetés Les Années de plomb ou le récent Ingeborg Bachmann, qui narre les amours tumultueuses entre Max Frisch et la poétesse, une femme forte à une époque où la domination patriarcale n’était pas un vain mot. En compétition, on retrouve six films, dont Franky Five Star de Birgit Möller, plongée dans la psyché perturbée d’une vingtenaire, quelque part entre Wes Anderson et Aki Kaurismäki. Parmi les multiples avant-premières, notons celle de La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer, sensation glaçante de Cannes, explorant l’existence rêvée que s’était ménagée le commandant du camp d’Auschwitz, à quelques encablures de l’horreur.

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in ikonischer und vergessener Spielfilm der Neuen Deutschen Welle, Playgirl von Will Tremper – ein Topmodel auf der Suche nach reichen Partnern, in Berlin im Jahr 1965, Vision einer Eroberin – steht auf dem Spielplan von Augenblick. Ein Symbol, denn ein Teil ist den Female Gaze gewidmet – insbesondere mit Das melancholische Mädchen, einem tolldreisten Film von Susanne Heinrich – und der Eh-

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rengast ist Margarethe von Trotta. Unter anderem wird Die bleierne Zeit oder das neuere Ingeborg Bachmann – Reise in die Wüste gezeigt, das die stürmische Liebe zwischen Max Frisch und der Dichterin erzählt, eine starke Frau in einer Zeit, in der die Vormacht des Patriarchats kein leeres Wort war. Unter den Wettbewerbern findet man sechs Filme, darunter Franky Five Star von Birgit Möller, der in die gestörte Psyche eines Zwanzigjährigen eintaucht, irgendwo zwischen Wes Anderson und Aki Kaurismäki. Unter den zahlreichen Neuerscheinungen ist jene von The Zone of Interest von Jonathan Glazer hervorzuheben, eine Sensation aus Cannes, die das Blut in den Adern gefrieren lässt und die Traumexistenz erkundet, die sich ein Kommandant des Konzentrationslagers Auschwitz einen Steinwurf vom Horror entfernt aufbaute. Dans les cinémas indépendants d’Alsace fédérés par le Recit (Réseau Est Cinéma Image et Transmission) du 7 au 24 novembre In den unabhängigen Kinos im Elsass, die zum Recit gehören (Réseau Est Cinéma Image et Transmission) vom 7. bis 24. November festival-augenblick.fr > De nombreuses rencontres sont prévues avec Margarethe von Trotta (Star Saint-Exupéry de Strasbourg, 13/11), Susanne Heinrich (Star Saint-Exupéry & Bel-Air de Mulhouse, 20/11), Birgit Möller (Star SaintExupéry & Bel-Air, 12/11), etc. > Zahlreiche Begegnungen sind vorgesehen mit Margarethe von Trotta (Star Saint-Exupéry de Strasbourg, 13.11.), Susanne Heinrich (Star Saint-Exupéry & Bel-Air de Mulhouse, 20.11.), Birgit Möller (Star SaintExupéry & Bel-Air, 12.11.), etc.


Les choix de Sophie La 38e édition d’Entrevues offre notamment une intégrale des films de Sophie Letourneur. Zoom sur une dense programmation. Par Raphaël Zimmermann – Photo extraite du film Voyages en Italie

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ne compétition internationale (regroupant le premier, deuxième ou troisième films de leur auteur, que ce soient des fictions ou des documentaires, des longs ou des courts-métrages). Un zoom sur les working class heroes du cinéma britannique avec la présentation de la mini série signée Steve McQueen, Small Axe : cinq épisodes narrant l’épopée des Antillais anglophones au Royaume-Uni, une communauté peu présente jusque-là sur les écrans. Un parcours transversal placé sous le signe de la disparition (avec L’Évaporation de l’homme de Shōhei Imamura, etc.). L’intense diversité du Festival Entrevues « reflète un cinéma d’aujourd’hui, en mouvement, dans la création, dont la recherche est un des maîtres mots », résume Elsa Lançon, directrice de Cinémas d’Aujourd’hui, qui organise l’événement belfortain. Cette année, son invité d’honneur se nomme Luc Moullet (né en 1937), figure majeure de la Nouvelle Vague cultivant le décalage, dont l’intégralité de l’œuvre sera restaurée en 2024. S’il a débuté comme critique aux Cahiers du cinéma, à l’instar de François Truffaut ou JLG, il n’a pas connu la célébrité de ses camarades. Et pourtant sa filmographie mérite d’être redécouverte à l’image de son premier film, Brigitte et Brigitte (1966), où jouent Claude Chabrol, Samuel Fuller, Éric Rohmer ou André Téchiné… Drolatique et absurde, pince sans rire et génial : dès cet instant les canons de son art sont établis. Dans un de ses papiers, il avait imaginé le concept « d’antidialectisme de la cérébralité » qui va comme un gant à

ses réalisations, d’Une Aventure de Billy le Kid (1971), peut-être son plus grand succès, au délirant Parpaillon (1992) : « Écrire, écrire, toujours écrire. Je pense donc je suis... Mais non, je pense donc je n’essuie pas, car il n’y a rien à essuyer. J’ouvre à l’extrême le robinet de mon lavabo, espérant au fond de moimême qu’il va péter, et que je vais avoir à le réparer, à réprimer une inondation. » Last but not least, La Fabbrica – « invitant un artiste qui a fait la modernité du cinéma, histoire d’interroger sa pratique en dialogue avec ses plus proches, et de narrer la manière dont on fait un film » – est dédiée à Sophie Letourneur, deux fois primée à Belfort (La Vie au ranch, 2009, et Le Marin masqué, 2011). De Voyages en Italie, relecture foutraque du film de Rossellini avec Philippe Katerine à Énorme, variation burlesque sur la grossesse avec Marina Foïs et Jonathan Cohen, en passant par Les Coquillettes narrant les aventures cocasses de trois copines au festival de Locarno, se déploie la trajectoire d’une cinéaste passionnante, œuvrant en troupe puisqu’elle est entourée depuis ses débuts des mêmes collaborateurs, chacun changeant de rôle d’un film à l’autre. Au cinéma Kinepolis (Belfort) du 20 au 26 novembre festival-entrevues.com > Le festival se décline en version junior avec Les petites Entrevues (18, 19 & 22/11) sur le thème de la magie du cinéma POLY 262

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Aux racines du jazz À l’heure du 38e Jazzdor, proposition de parcours en quatre temps, en forme de plongée aux origines du genre.

An den Quellen des Jazz

Anlässlich der 38. Ausgabe von Jazzdor präsentieren wir einen vierteiligen Rundgang zu den Wurzeln der Musikgattung.

Par Von Florent Servia — Photos de von African Jazz Roots © Jean-Baptiste Millot / David Murray et Kahil El Zahar © DR

l’afrique Les racines refont surface. Simon Goubert (batterie) et Ablaye Cissoko (kora) poursuivent le dialogue, onze ans après le premier album d’African Jazz Roots (16/11, Reithalle, Offenburg). Né après un voyage du batteur français au Sénégal, en 2009, le groupe a séduit par son lyrisme. Ils joueront la musique de Seetu, leur troisième opus, paru cette année. Les intrications mélodieuses du piano (Sophia Domancich) et de la kora, et enlevées des calebasses (Ibrahima Ndir) et de la batterie font toujours effet, avec beaucoup de poésie et de beauté à la clef. Quant aux solos d’Ablaye Cissoko, ils restent… époustouflants, laissant la magie opérer. l’inde Autre explorateur français, Louis Sclavis se tourne cette fois vers l’Inde. Les habitués du festival savent que le musicien 18

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en est quasiment un parrain, tant il y est monté sur scène. En 1987, il intitule son premier album Chine, annonçant une marque de fabrique : revisiter l’ailleurs. Dans les années 1990, il signe avec Henri Texier et Aldo Romano, deux autres piliers du jazz français, une trilogie africaine devenue culte. Quelles impressions l’Inde veut-il partager ? Son atlas est toujours imaginaire et fait de souvenirs. Interprété en quintet, avec notamment l’Alsacien Benjamin Moussay au piano, la musique d’India (19/11, Reithalle, Offenburg) est décrite par le virtuose comme « un bouquet de mélodies et d’ambiances soutenues par des pulsations et rythmes obstinés ». la great black music Ils se sont rencontrés pour la première fois, à Chicago, épicentre de la Great Black Music, il y a cinquante ans. Ils empruntent depuis la même direction : celle d’un jazz free,


afrocentré, nourri de blues, de spiritual jazz et de ferveur. Le saxophoniste David Murray et le percussionniste Kahil El Zahar (21/11, Fossé des Treize, Strasbourg) sont nourris par le feu sacré, fidèles aux voix de leurs ancêtres. Ensemble, dans la transe et le groove, dans le passé et le futur, les deux musiciens américains perpétuent les plus belles heures du jazz. les classics McCoy Tyner, intégra, lui aussi, des éléments de musique africaine, d’Asie du Sud-Est, comme le firent les jazzmen américains des années 1960. Le pianiste a surtout marqué l’âge d’or des plus grands labels de jazz (Impulse!, Milestone et Blue Note), avec des dizaines d’albums parus entre les sixties et les eighties. Non, le pianiste McCoy Tyner, décédé en 2020, à l’âge de 81 ans, ne sera pas là en personne. Mais les musiciens venus rendre hommage à l’ancien sideman de John Coltrane (notamment) ne sont pas, comme on le dit dans le jargon sportif, des peintres. Un quintet d’Américains dédie un concert à l’un des inventeurs du jazz modal et chantre du hard bop dans Mc Coy Legends (24/11, La Briqueterie, Schiltigheim). afrika Die Wurzeln kommen zum Vorschein. Simon Goubert (Schlagzeug) und Ablaye Cissoko (Kora) setzen den Dialog fort, elf Jahre nach dem ersten Album von African Jazz Roots (16.11.,

Reithalle, Offenburg). Die Gruppe, die nach einer Reise des französischen Schlagzeugers in den Senegal im Jahr 2009 entstand, verführt durch ihre Lyrik. Sie spielen die Musik aus Seetu, ihrem dritten Werk, das in diesem Jahr erschienen ist. Die melodiösen Verschränkungen des Klaviers (Sophia Domancich) und der Kora, die Lebendigkeit der Kalebasse (Ibrahima Ndir) und des Schlagzeuges beeindrucken immer, mit sehr viel Poesie und Schönheit. Und was die Solos von Ablaye Cissoko angeht sind diese einfach atemberaubend, voller Zauber. indien Ein anderer französischer Forscher, Louis Sclavis, wendet sich diesmal Indien zu. Stammgäste des Festivals wissen, dass er quasi sein Pate ist, so oft stand er hier auf der Bühne. Im Jahr 1987 nennt er sein erstes Album Chine (China) und kündigt damit sein Markenzeichen an: Die Neuinterpretation des Fremden. In den 1990er Jahren bringt er mit Henri Texier und Aldo Romano, zwei weiteren Größen des französischen Jazz, eine afrikanische Trilogie heraus, die Kult geworden ist. Welche Eindrücke aus Indien will er teilen? Sein Atlas ist immer imaginär und aus Erinnerungen gemacht. In Form eines Quintetts interpretiert, insbesondere mit dem Elsässer Benjamin Moussay am Klavier, wird die Musik von India (19.11., Reithalle, Offenburg) vom Virtuosen beschrieben als „ein Bündel aus Melodien und Stimmungen, die von Schwingungen und hartnäckigen Rhythmen unterstrichen werden“. great black music Sie sind sich zum ersten Mal in Chicago begegnet, dem Epizentrum der Great Black Music, vor fünfzig Jahren. Seitdem schlagen sie dieselbe Richtung ein. Jene eines freien, afrozentrierten Jazz, der sich von Blues, Spiritual Jazz und Inbrunst nährt. In der Brust des Saxophonisten David Murray und des Schlagzeugers Kahil El Zahar (21.11., Fossé des Treize, Straßburg) brennt das heilige Feuer, das den Stimmen ihrer Vorfahren treu bleibt. Gemeinsam, zwischen Trance und Groove, Vergangenheit und Zukunft, lassen die beiden amerikanischen Musiker die schönsten Stunden des Jazz weiterleben. die klassiker McCoy Tyner, integriert ebenfalls Elemente afrikanischer Musik sowie jene aus Südostasien, wie es die amerikanischen Jazzmen der 1960er Jahre taten. Der Pianist hat vor allem das goldene Zeitalter der größten Jazzlabels geprägt (Impulse!, Milestone und Blue Note), mit etwa zehn Alben, die zwischen den sixties und den eighties erschienen. Nein, der Pianist McCoy Tyner, der im Jahr 2020, im Alter von 81 Jahren verstarb, wird nicht persönlich anwesend sein. Aber die Musiker, die hier dem ehemaligen Sideman von John Coltrane die Ehre erweisen, sind alles andere als Anfänger. Ein Quintett von Amerikanern widmet einem der Erfinder des modal jazz, Sänger des Hard Bop mit Mc Coy Legends (24.11., La Briqueterie, Schiltigheim) ein Konzert. Dans différents lieux d’Offenburg, Strasbourg et alentours du 10 au 24 novembre An verschiedenen Orten in Offenburg, Straßburg und Umgebung vom 10. bis 24. November jazzdor.com POLY 262

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Ces petits riens Pour sa 11e édition, LOOSTIK, festival franco-allemand dédié au jeune public, entend séduire petits et grands avec de la magie nouvelle et… de la mousse de bain ! Für seine 11. Ausgabe verführt LOOSTIK, das deutschfranzösische Festival für junges Publikum, Jung und Alt mit neuem Zauber und Badeschaum! Par Von Thomas Flagel

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réé en 2013 par la Fondation pour la coopération culturelle franco-allemande, basée à Sarrebruck et Le Carreau, scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan, LOOSTIK fait partie des rendez-vous prisés par les amoureux de découvertes scéniques. Star de la magie nouvelle, Étienne Saglio recrée une ambiance de cabaret traditionnel dans Goupil et Kosmao (11 & 12/11, Le Carreau, dès 5 ans). L’inoubliable dresseur de fantômes des Limbes, qui a aussi enchanté des loups et sondé ses démons intérieurs en se laissant posséder par de vieux objets dans une ronde poétique (Le Soir des monstres), se plait ici à déjouer les codes : l’assistant du magicien tiré à quatre épingles, se présentant face à nous, n’est autre qu’un renard taxidermisé, le Goupil de son dernier conte cruel, Le Bruit des loups. Dérapage programmé et surprises en tout genre d’un monsieur Hulot utilisant avec délices un humour de situation façon Tex Avery. Ça tire, ça grince et ça dépote avec un tas de surprises entraînant la complicité du public, ravi de voir la bête se rebeller, et l’être “magiquement” animé prendre le contrôle de l’illusionniste. mousse Johanny Bert a imaginé Le Petit Bain (10 & 11/11, Le Carreau), seul en scène pour très jeunes spectateurs, dès 3 ans. Une première pour celui qui s’empare plutôt de sujets politiques, à l’instar du cabaret queer Hen. Ici, un homme pénètre dans une grande masse de… mousse de bain. Ludique à souhait, il taille dans cette matière, crée de petits personnages avec lesquels il joue dans l’éphémère 20

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Goupil et Kosmao © Étienne Saglio

des bulles au milieu desquelles il danse, librement. Cette rêverie convoque aussi bien les souvenirs d’enfance que les plaisirs aquatiques de détente, ou les soirées mousse en boîte. Mais la fragilité de ce terrain de jeu le rend surtout propice à une exploration sensible d’un paysage façonnable jusqu’à sa disparition, que chacun sait inexorable. Le festival permet aussi un saut dans le temps avec la redécouverte d’Un petit Chaperon rouge (9/11, Le Carreau, dès 9 ans) en clair-obscur, quasiment dénué de mots, dans lequel Florence Lavaud joue du frisson d’un loup féroce (un homme à grands ongles de fer) séduisant une jeune fille naïve dans un déluge de trouvailles scéniques du plus bel effet (longs draps rouges menaçants qui se gonflent

d’air, lumières inquiétantes, tango langoureux). Molière du spectacle jeune public en 2006, la pièce est recréée pour LOOSTIK. Rendez-vous est pris.

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as Festival Loostik, das 2013 von der Stiftung für deutschfranzösische Zusammenarbeit in Saarbrücken und dem Carreau, der Nationalbühne in Forbach für den Osten des Departements Moselle kreiert wurde, gehört heute zu den festen Terminen aller Liebhaber von Bühnenentdeckungen. Der Star der neuen Zauberkunst, Étienne Saglio, kreiert die Stimmung eines traditionellen Kabaretts in Goupil et Kosmao (11. & 12.11., Le Carreau, ab 5 Jahren). Der Unvergessliche Geister-Bändiger aus Limbes, der


Le Petit Bain © Simon Gosselin

auch die Wölfe verzaubert und seine innere Dämonen erforscht hat, indem er sich in einem poetischen Rundtanz von alten Objekten beherrschen ließ (Le Soir des monstres), erfreut sich hier an der Dekonstruktion der Codes: Der Assistent des Zauberers, der wie aus dem Ei gepellt ist, präsentiert sich frontal zum Zuschauer, er ist nichts anderes als ein ausgestopfter Fuchs, der rebellische Reinecke aus einem letzten grausamen Stück Le Bruit des loups. Programmierte Entgleisungen und allerlei Überraschungen eines Monsieur Hulot, der eine Situationskomik à la Tex Avery nutzt. Es schießt, quietscht und geht ruckzuck, mit haufenweise Überraschungen, die eine gewisse Verbindung mit dem Publikum herstellen, das sich darüber freut, wie das Tier sich auflehnt und das magisch animierte Wesen die Kontrolle über den Illusionisten übernimmt. schaum Johanny Berta hat Le Petit Bain (10. & 11.11., Le Carreau), allein auf der Bühne entworfen, für sehr junges Publikum ab 3 Jahren. Eine Premiere für jenen,

der sich eher mit politischen Themen befasst, so wie beim queeren Kabarett Hen. Hier dringt ein Mann in eine Masse von… Badeschaum ein. Herrlich verspielt, zerschneidet er diese Materie, schafft kleine Figuren, mit denen er mit der Vergänglichkeit der Blasen spielt, inmitten derer er frei tanzt. Diese Träumerei ruft ebenso Kindheitserinnerungen hervor wie die Wasserfreuden der Entspannung oder die Abende in der Disko mit Schaumparty. Aber die Zerbrechlichkeit dieses Spielplatzes macht ihn vor allem zu einem Terrain der sensiblen Erkundung einer formbaren Landschaft, bis hin zu ihrem Verschwinden, das jedem verhängnisvoll erscheint. Das Festival erlaubt es auch eine Zeitreise zu machen, mit der Wiederentdeckung von Un petit Chaperon rouge (9.11., Le Carreau, ab 9 Jahren) in Schwarz-Weiß, fast ohne Worte, in dem Florence Lavaud mit dem Schauder eines bösen Wolfs spielt (ein Mann mit großen Eisenkrallen) der ein junges Mädchen in einer Sturzflut von Bühneneffekten verführt (lange, rote, bedrohliche Laken, die sich mit Luft füllen, beunruhigendes Licht, verführe-

rischer Tango). Die Aufführung, die im Jahr 2006 den Molière-Preis für Junges Theater erhielt, wird hier für LOOSTIK neu inszeniert. Der Termin ist notiert. Dans divers lieux de Forbach (Le Carreau) et Sarrebruck du 7 au 12 novembre An verschiedenen Orten in Forbach (Le Carreau) und Saarbrücken vom 7. bis 12. November loostik.eu

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Temps suspendu Polymorphe et hybride, Born to be alive célèbre les formes les plus étonnantes de spectacle vivant.

Stillstand der Zeit

Vielförmig und hybrid feiert Born to be alive die erstaunlichsten Formen der darstellenden Kunst. Par Von Thomas Flagel – Photos de von Christophe Urbain (ALL, à la lisière) & Andrea Macchia (Monjour)

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haque mois de novembre, Le Manège de Reims électrise les soirées d’automne en conviant une floppée de spectacles détonants dans son cirque et son théâtre. Il y a du ludique avec les Jeux de société du chorégraphe Ezio Schiavulli (08/11), réflexion autour des ruptures et des déséquilibres maillant les relations humaines, inspiré par le concept des états du Moi du psychiatre Éric Berne. À partir de jeux réels, choisis aléatoirement mais toujours très physiques, six danseurs expérimentent les processus d’affiliation faisant qu’au sein d’un groupe qui s’auto-évalue, une chaîne d’identités sociales et de relations de pouvoir se compose et se recrée. Sa consœur Silvia Gribaudi joue du dessin animé

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en temps réel dans lequel les interprètes forment des personnages en chair et en os. Dans Monjour (14/11), la chorégraphe se fait même maîtresse de cérémonie, ambiançant et commentant le spectacle, micro en main, depuis le premier rang. Cette revue pour acrobates, danseurs et clown se moque gaiement de la mort du cygne, use du pantomime et du slapstick dans une version hip-hop et débridée du show, des numéros tout en démesure, faisant vivre les images défilantes, au kitsch jouissif, de la cartoonist Francesca Ghermandi. Toute aussi folle promet d’être la première de K. Und de Jérôme Marin (10/11) qui renoue avec l’esprit berlinois du cabaret politique et engagé avec des textes, chansons et musiques de


Bertolt Brecht, Kurt Weill, Mendelssohn… ou les plus récents, mais non moins irrévérencieux, Rainer Werner Fassbinder et Nina Hagen ! Quant à l’exubérante Argentine Ayelen Parolin, c’est du côté de l’absurde et de l’esprit dada qu’elle œuvre dans Zonder (14/11). La figure de l’idiot lui sert à déconstruire sa danse avec insolence pour mieux en reconstruire le squelette. Mais la pièce à ne pas manquer reste ALL (à la lisière), dernière création de Marie Cambois (08/11). Par couches de réalités, unes à unes déposées sur le plateau, la chorégraphe nous entraîne dans un univers lynchéen au milieu de deux danseuses et d’une comédienne, entre confidences et mise en abime des rôles que l’on joue, à la vie comme à la scène. Le cri de la mythique Agavé – frappée de folie par Dionysos, elle tue son propre fils dont elle plante la tête au bout d’une pique – résonne longtemps encore après sa fin. Accompagné en live par Anthony Laguerre, incroyable à la guitare, cette exploration d’images mouvantes, créées par un art plein de maîtrise du ralenti des corps, suspend le temps tel une succession de mirages dans lesquels la lumière vibrionne imperceptiblement, pour mieux nous mener, extatiques, vers des rivages intérieurs inconnus, mais pourtant familiers.

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edes Jahr im November elektrisiert Le Manège de Reims die Herbstabende, indem es eine Menge explosiver Aufführungen in seinen Zirkus oder sein Theater einlädt. Es gibt Verspieltes wie die Jeux de société des Choreographen Ezio Schiavulli (08.11.), eine Überlegung zu Brüchen und Ungleichgewicht in den menschlichen Beziehungen, inspiriert vom Konzept der Ich-Zustände des Psychiaters Éric Berne. Ausgehend von echten Spielen, die zufällig ausgewählt werden aber immer sehr physisch sind, experimentieren sechs Tänzer den Prozess der Zugehörigkeit, der dafür sorgt, dass sich in einer Gruppe, die sich selbst evaluiert, eine Kette aus sozialen Identitäten und Machtbeziehungen bildet und rekonstruiert. Seine Kollegin Silvia Gribaudi spielt mit Trickfilmen in Echtzeit in denen die Interpreten die Figuren mit Haut und Haaren verkörpern. In Monjour (14.11.), wird die Choreographin sogar zur Zeremonienmeisterin, die die Aufführung animiert und kommentiert, mit dem Mikrophon in der Hand, von der ersten Reihe aus. Diese Revue für Akrobaten, Tänzer und Clown macht sich fröhlich über den Tod des Schwans lustig, nutzt Pantomime und Slapstick in einer Hip-Hop-Version der Show, mit Nummern voller Maßlosigkeit, die die kitschigen Bilder der Cartoonistin Francesca Ghermandi zum Leben erwecken. Ebenso verrückt verspricht die Premiere von K. Und von Jérôme Marin (10.11.) zu werden, der an den Geist des politischen und engagierten Berliner Kabaretts anknüpft, mit Texten und Musik von Bertolt Brecht, Kurt Weill, Mendelssohn… oder den neueren, aber nicht weniger respektlosen Rainer Werner Fassbinder und Nina Hagen! Die überschwängliche Argentinierin Ayelen Parlon arbeitet in Zonder (14.11.) mit dem Absurden und dem Geist des Dada. Die Figur des Idioten dient ihr dazu ihren Tanz auf freche Art zu dekonstruieren, um das Skelett besser zu rekonstruieren. Aber das Stück, das man nicht verpassen darf, bleibt ALL (à la lisière), die neueste Kreation von Marie Cambois (08.11.). Anhand verschiedener Realitäts-Schichten, die nach und nach auf die Bühne gebracht werden, entführt uns die Choreographin in einer Universum à la David Lynch inmitten

von zwei Tänzerinnen und einer Schauspielerin, zwischen vertraulicher Mitteilung und Mise en abyme der Rollen, die man im Leben und auf der Bühne spielt. Der Schrei der legendären Agaue – von Dionysos mit Wahnsinn geschlagen, tötet sie ihren eigenen Sohn, dessen Kopf sie auf eine Speerspitze spießt – klingt noch lange nach. Live von Anthony Laguerre begleitet, der an der Gitarre unglaublich ist, lässt diese Erkundung bewegter Bilder, die von einer voll beherrschten Kunst der Zeitlupe der Körper kreiert werden, die Zeit stillstehen wie eine Abfolge von Fata Morganen, in denen das Licht unwahrnehmbar vibriert, um uns noch besser, in einer Art Ektase, zu unbekannten inneren und doch vertrauten Ufern zu führen. Au Manège (Reims) du 7 au 18 novembre Im Manège (Reims) vom 7. bis 18. November manege-reims.eu > ALL jouera également à l’ACB (Bar-le-Duc) mardi 5 décembre > ALL wird ebenfalls im ACB (Bar-le-Duc) am Dienstag den 5. Dezember gespielt acb-scenenationale.org POLY 262

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Sorority Depuis 1997, Les Femmes s’en Mêlent défend la création féminine dans la musique. Sa tournée annuelle fait plusieurs étapes dans le Grand Est. Seit 1997 repräsentiert Les Femmes s’en Mêlent die weibliche Kreation in der Musik. Die alljährliche Tournee macht mehrfach Station in Ostfrankreich. Par Von Irina Schrag – Photo de von We Hate You Please Die par von Kamryn Cusumano

guitare électrique. Marxistes-féministes – un détour sur leur site aux vrais-faux airs de fanzine redonne la pêche un jour de déprime –, elles tapent fort, défendant la Commune, l’IVG ou la fin du patriarcat et du chômage en rêvant d’un monde meilleur. Autre groupe qui vaut le détour, We Hate You Please Die, punk acide made in Rouen, est devenu plus pop en trio, avec une bassiste prenant le lead façon Riot Grrrl. Last but not least, Lolie Tai, venue du quartier strasbourgeois de La Meinau, rappe et chante les titres de son premier EP. Sur fond de drill mélodique et de boom bap, ses Mauvais souvenirs font mouche avec une écriture scotchante.

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outes actuelles qu’elles soient, les musiques ne font guère mieux que les autres dans la parité homme / femme, rendant le travail de fond des Femmes s’en mêlent toujours aussi important. La cuvée 2023 réserve son lot de découvertes engagées. Voire enragées si l’on débute avec le punk-rap vénère des Vulves assassines, promettant à qui les croise de laisser « Booba sur le bord de la route comme un enfant de chœur paumé ». Un combo en trio réunissant DJ Conant et MC Vieillard, deux rappeuses crashant tout sur leur passage derrière les machines, sans oublier Samy, à la 24

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o aktuell sie auch ist, die Musik macht es im Bereich der Gleichstellung von Mann und Frau kaum besser als andere, was die Arbeit von Les Femmes s’en mêlent (Die Frauen mischen sich ein) immer noch grundlegend macht. Oder sogar wütend, wenn man mit dem genervten PunkRap von Vulves assassines beginnt, die versprechen, dass sie „Booba am Straßenrand zurücklassen, wie einen verlorenen Chorknaben“. Ein Trio, das DJ Conant und MC Vieillard vereint, zwei Rapperinnen, die hinter ihren Plattenspielern alles zerschlagen, ohne Samy an der Elektro-Gitarre zu vergessen. Marxistisch-Feministisch – ein Abstecher auf ihre Webseite, die an ein Fanmagazin erinnert, erhellt an deprimierenden Tagen die Stimmung – hauen sie drauf, verteidigen die Commune, den Schwangerschaftsabbruch oder das Ende des Patriarchats und der Arbeitslosigkeit, während sie von einer besseren Welt träumen. Eine weitere Gruppe, die zu erwähnen ist, We Hate You Please Die, ätzender Punk aus Rouen, ist als Trio poppiger geworden, mit einem Bassisten, der nach der Art von Riot Grrrl an der Spitze der Gruppe steht. Last but not least, rappt und singt Lolie Tai, aus dem Straßburger Viertel La Meinau die Titel ihrer ersten EP. Vor dem Hintergrund melodischen Drills und Boom-Baps treffen ihre Mauvais souvenirs (Negativen Erinnerungen) ins Schwarze, dank ihres fesselnden Schreibstils.

> We Hate You Please Die, Les Tanneries (Dijon) 16.11., Le Moloco (Audincourt) 17/11, La Maison Bleue (Strasbourg) 25.11., Le Gueulard Plus (Nilvange) 29.11 > Les Vulves Assassines, Les Trinitaires (Metz) 30.11. (+ En Attendant Ana + Miët) > Lolie Tai, Espace Django (Strasbourg) 30.11. (+ Juste Shani + Enae) lfsm.net



Aller / retour Un Werther de Massenet extraordinaire et un bouquet de concerts : La Grande Gare 2023 s’annonce mémorable. Entretien avec le chef d’orchestre Thomas Hengelbrock. Ein außergewöhnlicher Werther von Massenet und zahlreiche Konzerte: La Grande Gare 2023 verspricht großartig zu werden. Gespräch mit dem Dirigenten Thomas Hengelbrock. Par Von Hervé Lévy – Photo de von Mina Esfandiari

Comment résumer l’esprit d’un festival que vous commissionnez avec Benedikt Stampa, l’intendant du Festspielhaus ? Notre projet est d’explorer l’esprit européen à travers la relation artistique entre France et Allemagne, au XIXe siècle, et de rassembler des publics des deux côtés du Rhin. Nos pays sont les deux faces de la même médaille, il ne faut jamais l’oublier. Votre relation à la France est étroite… Je suis venu pour la première fois à Paris à quinze ans, y passant une petite semaine. Je me suis alors juré d’y déménager un jour, d’apprendre la langue, de me plonger dans cette culture qui me fascine. Lorsque Gérard Mortier m’a proposé en 2005 de diriger Orphée et Eurydice de Gluck, à Bastille, dans une mise en scène de Pina Bausch, j’ai été enthousiaste. Peu à peu, je me suis imprégné de musique et de littérature françaises… jusqu’à m’installer à Paris et être en résidence au Château de Fontainebleau avec l’ensemble et le chœur Balthasar Neumann. Vous allez diriger Werther de Massenet (dans une mise en scène de Robert Carsen, 24 & 26/11) : quels sont vos liens avec la musique française ? J’ai grandi avec Brahms, Schumann, Mahler… Un jour, grâce à Frans Brüggen, j’ai rencontré Nikolaus Harnoncourt et découvert ses interprétations historiquement informées de Rameau ou Lully. J’ai été frappé par la beauté de ces musiques et me suis demandé comment ça continuait. Alors, j’ai étudié, me suis plongé dans l’œuvre 26

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de Méhul qui est fantastique, mais aussi dans celle de Jean-François Lesueur, puis dans tout le romantisme français. Qu’est-ce qui est nécessaire pour diriger Werther ? La partition ne suffit pas. Il faut s’imprégner de sources esthétiques et littéraires, Goethe bien évidemment. Mais pour comprendre Goethe, il faut lire Rousseau, car il a beaucoup pris de lui, que ce soit dans la description de la nature ou la compréhension d’un jeune homme comme Werther. Cette œuvre peut faire figure de pont entre nos deux pays : souvenez-vous de la discussion portant sur le livre entre Napoléon et Goethe en 1808, à Erfurt. Un des pièges à éviter est que cette musique devienne sirupeuse ou trop sentimentale… Dans Werther, les voix sont souvent enlacées avec les bois, créant une étoffe légère, presque transparente. On se rappelle alors qu’il influença Debussy et que Kœchlin fut un de ses élèves. Il faut lire cette partition de manière presque impressionniste pour y instiller de la souplesse. Bien sûr, certaines scènes rappellent que Massenet connaît bien Parsifal. Il existe cependant une grande différence avec Wagner : chez le compositeur français, les émotions sont tout aussi profondes, mais s’expriment en un clin d’œil et en toute subtilité. Elles sont là, prégnantes, puis s’évanouissent sans que les phrases s’élargissent ou s’appesantissent… Wie kann man den Geist des Festivals zusammenfassen, das Sie mit

Benedikt Stampa, dem Intendanten des Festspielhauses, gemeinsam kuratieren? Unser Projekt besteht darin, den europäischen Geist anhand der künstlerischen Beziehungen zwischen Frankreich und Deutschland im 19. Jahrhundert zu erkunden und das Publikum von beiden Seiten des Rheins zusammenzubringen. Unsere Länder sind die beiden Seiten derselben Medaille, das darf man nie vergessen. Sie haben eine enge Beziehung zu Frankreich… Ich kam zum ersten Mal mit fünfzehn Jahren nach Paris und habe dort rund eine Woche verbracht. Ich habe mir damals geschworen eines Tages dorthin zu ziehen, die Sprache zu lernen, in diese Kultur einzutauchen, die mich fasziniert. Als mir Gérard Mortier im Jahr 2005 angeboten hat Orphée et Eurydice von Gluck, an der Opéra Bastille zu dirigieren, in einer Inszenierung von Pina Bausch, war ich begeistert. Nach und nach habe ich französische Musik und Literatur aufgesogen… bis ich mich in Paris installierte und im Château de Fontainebleau mit dem Ensemble und dem Chor Balthasar Neumann eine Residenz hielt. Sie werden Werther von Massenet dirigieren (in einer Inszenierung von Robert Carsen, 24. & 26.11.): Was sind ihre Verbindungen zur französischen Musik? Ich bin mit Brahms, Schumann, Mahler aufgewachsen… Eines Tages habe ich, dank Frans Brüggen, Nikolaus Harnoncourt kennengelernt und seine histo-


risch informierte Aufführungspraxis von Rameau oder Lully entdeckt. Ich war von der Schönheit dieser Musik begeistert und ich habe mich gefragt, wie das weiterging. Also habe ich studiert, bin in das Werk von Méhul eingetaucht, dann in die gesamte französische Romantik. Was ist nötig, um Werther zu dirigieren? Die Partitur reicht nicht aus. Man muss sich mit den ästhetischen und literarischen Quellen vollsaugen, natürlich Goethe. Aber um Goethe zu verstehen, muss man wieder Rousseau lesen, denn er hat von ihm vieles übernommen, ob in der Naturbeschreibung oder dem

Verständnis eines jungen Mannes wie Werther. Dieses Werk kann als Brücke dienen zwischen unseren beiden Ländern: Erinnern Sie sich an die Diskussion über das Buch zwischen Napoléon und Goethe im Jahr 1808 in Erfurt. Eine der Fallen, die man umgehen muss, ist jene einer zu schnulzigen oder zu sentimentalen Musik… In Werther sind die Stimmen oft mit den Holzbläsern verflochten, was einen leichten, fast transparenten Stoff erzeugt. Man erinnert sich daran, dass er Debussy beeinflusste und Kœchlin einer seiner Schüler war. Man muss diese Partitur auf fast impressionistische Wei-

se lesen, um ihr Flexibilität einzuträufeln. Natürlich erinnern einige Szenen daran, dass Massenet Parsifal gut kennt. Es besteht nichtsdestotrotz ein großer Unterschied mit Wagner: Beim französischen Komponisten sind die Gefühle genauso tiefgründig, drücken sich aber in einem Augenzwinkern, voller Subtilität aus. Sie sind da, prägnant, und verflüchtigen sich dann, ohne dass die Sätze breiter oder schwerer würden… Au Festspielhaus (Baden-Baden) du 18 au 26 novembre Im Festspielhaus (Baden-Baden) vom 18. bis 26. November festspielhaus.de POLY 262

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Retour vers le présent Sept spectacles sont à l’affiche de Scènes d’automne en Alsace, dont un manga théâtral de Natacha Steck et une nouvelle adaptation d’Hamlet, mise en scène par Catherine Umbdenstock. Par Julia Percheron – Photos d’Hamlet par Julie Schertzer et d’Un jour, j’irai à Tokyo avec toi !

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armi les pièces sélectionnées cette saison, les cinq lieux porteurs du festival soutiennent particulièrement Un jour, j’irai à Tokyo avec toi ! L’histoire conte l’essor du manga en France, depuis les années 1970, à travers huit membres d’une même famille. « Le manga et l’anime sont des arts très vivants, ce qui donne un jeu vraiment physique », sourit sa créatrice, Natacha Steck. Au début, le plateau est nu. Les décors colorés et l’éclairage au néon arrivent progressivement, comme si tout partait d’une page blanche. Telle une rétrospective, les années défilent autour du foyer, donnant corps aux héros littéraires de chaque génération. Lorsque l’édition du genre s’impose dans l’Hexagone, courant 1990, elle l’illustre en recréant les planches de séries iconiques comme Lady Snowblood, Slam Dunk et Pluto. Autre façon de nous immerger dans cette culture japonaise : réadapter en direct certains thèmes incontournables, à l’image de Street Fighter 2 Turbo. Lors d’une séquence mettant en scène un combat de sumo, la musique se trouve revisitée avec flûte traversière, guitare, caisse 28

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claire, clavier et autre ocarina. Face à un tel foisonnement créatif, les acteurs se glissent dans plusieurs rôles. Dans le cas de la saga de basket Slam Dunk, les personnages sont réunis sous le nom du héros, Sakuragi, existant à travers le petit-fils. « Celui-ci grandit tout au long de l’œuvre, évoluant au fil des années, en même temps que les protagonistes des mangas, qui passent symboliquement d’une génération à une autre », explique le comédien Hugo Seksig Garcia. « et le reste est silence » Dans un autre registre, Catherine Umbdenstock retravaille Hamlet, d’après une nouvelle traduction commandée à Dorothée Zumstein. L’intrigue commence au pied des immenses remparts du château danois d’Elsenor, au milieu de soldats. « Les adaptations d’Hamlet se concentrent souvent plus sur le côté dramatique que politique », analyse la metteuse en scène. « Certes, son père est tué et sa mère se remarie, mais il hérite aussi d’un royaume déchiré. Ici, le sujet de la guerre est un élément central », insiste-t-elle. « La situation politique du pays est instable, ce qui

est d’autant plus intéressant car cela fait écho à notre monde actuel. » Six interprètes se partagent une quinzaine de personnages, certains tirant profit de leurs compétences musicales. L’actrice d’Ophélie, l’amoureuse éconduite, est également une harpiste hors pair. Tout d’abord romantique, sa mélodie laisse peu à peu place à des sonorités guerrières, signant sa chute dans la folie. Punk, rock, rap et electro sont aussi présents, « jusqu’à ce qu’à la fin, ne résonne plus que le silence. » À La Comédie de Colmar, La Filature (Mulhouse), Le Créa (Kingersheim), L’Espace 110 (Illzach) et La Coupole (Saint-Louis) du 7 au 10 novembre > Un jour, j’irai à Tokyo avec toi ! de Natacha Steck au Théâtre La Coupole (Saint-Louis) le 7 novembre, puis en 2024 en tournée dans le cadre du festival Momix (Kingersheim) le 7 février, à Nest (Thionville) du 11 au 13 avril, à La Manufacture (Nancy) du 23 au 25 mai et à L’Espace 110 (Illzach) le 11 octobre > Hamlet de Catherine Umbdenstock à La Comédie de Colmar du 8 au 10 novembre et au TAPS Scala (Strasbourg) du 5 au 9 décembre



Premières nouvelles Fidèle à un positionnement en faveur de la création et de l’émergence européenne, Barbara Engelhardt réactive le festival Premières au Maillon, offrant une suite dans un focus belgo-greco-lituano-francophone. Par Thomas Flagel – Photos de Jean-Louis Fernandez (La Taïga court) et de Margot Briand (Sauvez Bâtard)

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ne exhumation de première classe. En 2015, le jeu du renouvellement de direction au Théâtre national de Strasbourg sonnait le glas de Premières, créé dix ans plus tôt avec Le Maillon. Déjà fragilisé en 2011, l’arrivée du Badisches Staatstheater de Karlsruhe avait permis d’organiser les quatre rendez-vous suivants en alternance en Allemagne et en France. Le festival ne correspondait pas au projet de Stanislas Nordey, malgré sa propension à avoir fait émerger et contribué à rendre visible les débuts artistiques de metteurs en scène aujourd’hui reconnus : Fabrice Murgia, Sanja Mitrović, Marta Górnicka, Kornél Mundruczó, Markus&Markus… Qu’à cela ne tienne, Barbara Engelhardt, ancienne programmatrice du rendez-vous, devenue depuis directrice du Maillon, le relance dans un focus mêlant rencontres, DJ set et tables rondes, à la découverte de spectacles pour la plupart inédits en France.

le fond et la forme Sonder l’évolution du théâtre tel qu’il s’invente aujourd’hui et dénicher les talents de demain, c’est s’intéresser aux nouvelles manières de faire récit et communauté en temps réel. Karolis Kaupinis choisit de nous immerger dans les archives de la télévision lituanienne juste après la chute du Mur. Son immense installation vidéo Radvila Darius, fils de Vytautas (10 & 11/11) réunit quatre musiciens de jazz (percussionniste, flutiste, clarinettiste, tubiste) rythmant et colorant notre perception d’un montage en miroir de reportages d’alors. Entre 1989 et 1991, l’élan de liberté passe par le déboulonnage des statues de Lénine, tentant de repousser le plus loin possible les fantômes 30

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du passé : occupée par l’Union soviétique, le pays s’invente en direct un destin propre. Des anonymes qui se disent Russes soutiennent la Lituanie libre, malgré les difficultés (inflation vertigineuse des prix en roubles et kopecks) face au vertige du renouveau et la fabrication d’une identité nationale propre. Tout raconte l’époque : les coupes identiques des écoliers à frange courte, les couleurs sobres et robes longues des épouses au visage fermé, le conservatisme ambiant voyant d’un mauvais œil le travail des femmes, le défilé des hommes politiques d’un certain âge et des réunions en costume-cravate. Les appels participatifs du public sur des téléphones à cadran rotatif se succèdent dans des émissions de télé qui se questionnent sur l’invention de lieux commémoratifs : faut-il ériger une statue de Saint-Christophe ou lui préférer une sculpture du Sagittaire de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (grand compositeur et peintre) ? À moins qu’un hommage historique prenne le dessus avec une représentation de Mindaugas, premier prince de la Lituanie au XIIIe siècle, voire de Martynas Mažvydas, auteur et éditeur du tout premier livre en langue lituanienne, au XVIe ? Clin d’œil écolo, des militants replantent des chênes en rase campagne, s’insurgeant contre le rapt des ressources par l’ancien géant de l’Est, sous le regard courroucé des aînés, guère ravis de voir les fondations de leur monde vaciller. pensée décoloniale Plus intime, mais non moins efficace dans son rapport à l’histoire collective, est l’installation performative signée Lucile Saada Choquet. La jeune artiste basée à Bruxelles questionne


de manière critique les toujours vivaces traces racistes et européo-centrées de notre héritage culturel. Avec sa première création, Jusque dans nos lits (17 & 18/11), elle invente un dispositif en bois avec rideaux semi-transparents, ouverts aux quatre vents. Au centre, un lit cosy où elle invite des personnes racisées du public (noires, arabes, berbères, asiatiques, latinas ou métisses) pour un tête-à-tête d’une trentaine de minutes avec elle, autour de leur rapport à l’accueil, aux corps et à nos héritages. Chacun y redécouvre la charge raciale noyautant nos rapports sociaux, pesant sur toutes les minorités visibles. Par la prise de conscience, la compréhension et l’empathie, s’opère un travail de mémoire du trauma colonial, « révélateur d’imaginaires collectifs en mouvement ». Les récits habituellement tus – car minoritaires et minorisés – sont ici au centre d’un temps qui leur est dédié, en continu durant trois heures, premier pas vers une réparation collective. célébration chorégraphique Autre objet visuel polymorphe demandant qu’on s’y attarde, l’En Vol de Maëva Longvert (10-18/11), inspiré par l’ouvrage Habiter en oiseau de la philosophe Vinciane Despret. Cette installation fluorescente d’immenses collages de corneilles ouvre la voie à un collectage in situ de récits du destin et des luttes de nos sœurs, de nos mères et grands-mères, qui viennent la garnir. À la toute fin, cet entrelacs graphico-textuel déploie ses ailes dans une performance chorégraphique pour une danseuse accompagnée de… 400 cartouches Winchester calibre 28 ! S’emparant de l’espace public, la plasticienne défie la vie et parade la mort dans son manteau doré brinquebalant bruyamment dans l’entrechoquement des douilles. Une invitation à se glisser, avec elle, dans un autre rapport au monde.

poussières d’étoiles Enfin, ne manquez pas la farce dystopique et tragicomique à l’écriture singulière signée Thymios Fountas. Sauvez Bâtard (10 & 11/11) ou l’histoire d’amour queer entre un magicien des mots paumé et le badass du quartier. Avec sa langue juteuse d’images, de rimes, de jeux de mots allant du salace au flamboyant, une bande de marginaux de la street remue des poussières d’étoiles pour tenter d’y voir clair. Ces clochards célestes, épique équipe composée de Cafard, Clochard et Clébard, se vautre dans l’immense, se défie des normes et des cases toutes faites. Au milieu de trouées temporelles et de flash-backs, Bâtard, casquette sur cheveux longs, moustache et brassière, se plaît à œuvrer au centre d’un fictif procès pour meurtre où sa verve langagière flamboie, déjouant les genres, les codes amoureux, approchant le désir par le dégoût, l’amitié par la domination, la douceur par la violence. Le résultat est aussi frais que fou, revigorant que confondant, à la manière d’un trip en pleine conscience. Au Maillon (Strasbourg) du 10 au 18 novembre maillon.eu > Table ronde La Formation artistique à l’épreuve du présent avec Caroline Guiela Nguyen, directrice du TNS, et Constanze Fischbeck, professeure de scénographie et prorectrice de la Hochschule für Gestaltung à Karlsruhe, 11/11 à 16h > Table ronde Programmation et transition écologique : enjeux avec Charlotte Orti von Havranek, directrice du festival Fast Forward de Dresde, Anne-Christine Liske, directrice du far° de Nyon et Barbara Engelhardt, 18/11 à 18h30

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Dernière danse Et si, sur le chemin les menant des Enfers au monde mortel, Eurydice décidait de dire non à Orphée ? Recentré sur une figure féminine mythique, Regarde-moi lui rend, enfin, son libre arbitre. Par Anissa Bekkar – Photo de Raoul Gilibert

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ans la pénombre, à la lueur d’un néon, s’avance un homme. C’est Orphée. Le voilà revenant des Enfers. Pour incarner l’artiste béni d’Apollon, le danseur Lory Laurac. Fusionnant énergie hip-hop et précision classique, il s’approprie la scène avec assurance. À son bras, une marionnette. Cette étrange cavalière, c’est Eurydice, sa défunte épouse qu’il est venu chercher dans les abîmes. Au long de la traversée, elle sort de son inertie, se rappelant du passé. Dans ce poétique pas de deux, le meneur n’est pas celui qu’on croit : si l’aède prenait jadis toute la lumière et les décisions, c’est peut-être ici la nymphe qui mène la danse car, désormais, la jeune femme est plus qu’un miroir reflétant l’épopée infernale de l’Argonaute. Elle s’apprête à prendre son destin en main, quitte à ce que les exploits du Thrace soient vains. Témoin de ce face à face, Hermès (Valentin Arnoux) joue les psychopompes malicieux, se moquant de l’épicisme du premier et poussant la seconde dans ses retranchements. Fasciné par cette « histoire d’amour et de mort », Éric Domenicone l’avait déjà explorée avec Yseult Welschinger, il y a une quinzaine d’années, se concentrant alors sur le thème de la perte. Le duo de La Soupe Cie propose une nouvelle version surprenante, mêlant comédie, danse, marionnettes et musique pour rééquilibrer les forces en présence. « Il ne s’agit pas de nier tout ce qu’Orphée accomplit mais de permettre à Eurydice de prendre conscience d’elle-même, de réfléchir et

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d’être capable de dire non », détaille le metteur en scène. À lui, la flamme de la vie et la fougue du mouvement, symboles de l’héroïsme déployé pour faire revivre son amour. À elle, la possibilité d’être plus qu’une demoiselle en détresse. À la faveur d’une époque où la question du consentement dans les relations interpersonnelles se fait plus prégnante, imaginer le cheminement de la dryade était une évidence. « Notre postulat, c’est de lui redonner la parole pour ne pas la réduire au rôle de celle qui a suivi pour exister », confirme la conceptrice-marionnettiste. En langues française et anglaise, sur un thème musical inspiré de partitions antiques, les poèmes du dramaturge britannique Mick Wood donnent vie à ces deux êtres complémentaires pour qui la communication est en réalité impossible, les amants étant réduits au mutisme. « Orphée existe par sa présence physique mais seul Hermès peut nous révéler ce qu’il ressent. Quant à Eurydice, elle ne parle pas plus. Une voix-off livre sa pensée », poursuit-elle. De la finitude mortelle à la puissance de l’émancipation, un couple légendaire se réinvente ainsi et réécrit son histoire, comme un écho éternel à tous ceux que la mort a séparés. Au Taps Laiterie (Strasbourg) du 29 novembre au 1er décembre et au PréO (Oberhausbergen) jeudi 25 janvier 2024 taps.strasbourg.eu – le-preo.fr


THÉÂTRE

A voté ! Émilie Capliez recrée Quand j’étais petite, je voterai, œuvre féministe mêlant humour et pédagogie, sur le thème de la citoyenneté. Par Julia Percheron – Photo d’André Muller

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nspirée du livre jeunesse Quand j’étais petit, je voterai de Boris Le Roy, l’histoire présente trois collégiens, en lice pour le titre de délégué de la classe. Une course au pouvoir qui oppose la déterminée Lune, le gentil Anar et le méchant Cachot, surnommé ainsi pour ses tendances tyranniques. Deux ans après un premier projet de création interrompu par la Covid-19, cette version retravaillée fait de la figure féminine son personnage principal. « Elle se questionne sur le sens du mot pouvoir et sa légitimité à y prétendre », explique Émilie Capliez, co-directrice de La Comédie de Colmar. « Nous avons fait en sorte de renforcer ses propos, de mettre à jour le texte de l’auteur, échangeant avec lui pour creuser la problématique sociale de la place des femmes dans la société. Je l’admets, c’est un projet militant à 100%. » Les interprètes de Lune et Cachot se glissent aussi dans la peau de la directrice, puis d’un professeur, surveillant, cantinier et arbitre, les transitions entre chaque rôle s’effectuant à vue, dans un rythme particulièrement soutenu. Un challenge renforcé par la présence de modules en bois mobiles – permettant de présenter le spectacle dans tous types de lieux –, avec lesquels composent sans cesse les jeunes artistes. Dans cette tournée Par les villages d’Alsace, une immense urne de près de quatre mètres carrés centralise l’attention. Transparente, cernée par des cordons LED, elle brille dans une semi-obscurité permanente et accueille les bulletins déposés au fur et à mesure par les adolescents. Lune s’y allongera, afin de procéder au

dépouillement. De part et d’autre trônent deux bureaux, dont le plan de travail s’illumine au fil des événements et des prises de bec des écoliers. Comme une journée de cours, les sonneries d’interclasse découpent l’action à intervalles réguliers. Basses et morceaux créés sur ordinateur rajoutent une pointe de punch à cet ensemble empreint de malice. vers un autre langage Le défi suivant – et pas des moindres – offre aux comédiens l’opportunité de travailler une nouvelle facette de leur art : l’intégration momentanée d’une quatrième personne. À l’occasion de la dernière représentation (05/12, Comédie de Colmar), la traductrice en langue des signes Julie Plantevin s’associe au trio afin d’adapter la pièce pour un deuxième public. Loin d’être recluse dans un coin de la scène, elle s’insère complètement dans le jeu et participe à ce qu’une situation parlée fasse sens pour une audience malentendante. Par exemple, « les sourds ne s’appellent pas par leurs prénoms, donc dans certains cas, il faut trouver des astuces », confie-t-elle. En tournée à Breitenbach (04/11), Vogelgrun (07/11), Sundhoffen (14/11), Eguisheim (15/11), Zimmerbach (18/11), Muntzenheim (21/11) et Colmar (24/11-05/12), puis dans d’autres villages du Haut-Rhin du 4 avril au 1er juin 2024 (dès 9 ans) comedie-colmar.com POLY 262

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A Pain That I’m Used To Pour sa dernière création au TNS, Stanislas Nordey adapte Le Voyage dans l’Est de Christine Angot, dont il entend magnifier l’écriture. Par Anissa Bekkar – Photo de Jean-Louis Fernandez

Christine Angot revient sur l’inceste paternel dont elle a été victime à l’adolescence et l’emprise subie jusqu’à l’âge adulte. Comment est née l’envie de porter ce récit au théâtre ? J’ai été bouleversé par la maturité de l’écriture et cette nouvelle traversée de son histoire, que je connais bien. Je lui ai fait part de mon envie de mettre en scène le roman et, après de longues discussions, le projet a pris forme. Je ne tenais pas à monter une pièce sur l’inceste, c’est le texte qui m’a séduit. J’ai donc voulu mettre en valeur ce geste littéraire pour faire entendre la force d’une écriture racontant ce qu’on s’autorise à dire et ce que c’est d’être témoin d’actes aussi terribles. Vous avez déjà travaillé sur l’écriture de soi, notamment avec Edouard Louis : comment porter un tel roman au plateau ? C’est un vrai challenge ! La vie de Christine est au cœur du récit et le structure en trois périodes (de 13 à 25 ans, de 25 à 40 ans puis de 40 ans à aujourd’hui) donc il m’a semblé important qu’un trio de comédiennes l’incarne sur scène. Pour situer les époques et recréer les “scènes de crimes”, c’est-à-dire d’inceste, la scénographie s’appuie aussi sur la vidéo, notamment des images d’archives. Enfin, l’enjeu était de ne pas tomber dans le graveleux. Faire usage de la nudité était inimaginable. J’ai préféré m’en tenir au texte, car ce sont les mots du père, ceux imposant l’inceste, qui font le plus mal et nous choquent en tant que spectateurs. 34

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Christine Angot sonde sa propre conscience sous emprise, renvoyant à la notion de consentement. Dans la pièce, deux figures masculines jouent un rôle essentiel à cet égard : son père dans la première partie, son époux Claude dans la seconde. Elle avait conscience de ce qu’elle subissait mais n’a pu s’y opposer ; ni en parler avant l’âge adulte. En creusant dans le passé, elle réaffirme ainsi la force de sa lucidité. Toutefois, outre la parole qu’on ne peut formuler, se pose la question de celle qui n’est pas entendue, par son père mais aussi par Claude. Ces deux hommes toxiques planent comme des ombres. Si le père est un bourreau, l’époux est en revanche un homme tout en nuances. Il a sauvé Christine mais s’avère faillible : il a connaissance de l’inceste, aurait pu témoigner auprès de la police mais a refusé de le faire, empêchant alors son épouse d’obtenir justice. Cette ambivalence m’a frappé car c’est peut-être à lui qu’on peut le plus facilement s’identifier. Même si cette histoire est celle de Christine, la finesse et la complexité des personnages disent aussi, plus largement, ce que c’est d’être un homme aujourd’hui. Au Théâtre national de Strasbourg du 28 novembre au 8 décembre tns.fr


THÉÂTRE

Éblouie par la vie Marie Levavasseur explore les liens familiaux et le rapport à la mort dans L’Affolement des biches. Un sujet sombre traité avec malice ! Par Julia Percheron – Photo de Pauline Turmel

«À

la manière des biches qui s’aventurent à la lisière du bois, j’apprends à apprivoiser l’inconnu […]. Je me familiarise avec la mort qui rôde. » Du haut de ses 23 ans, la jeune comédienne Zoé Pinelli entame le prologue de cette pièce sans tourner autour du pot. Elle interprète Cahuète, adolescente de 13 ans dont la grand-mère vient de passer l’arme à gauche. « J’avais cette image de la biche, prise au piège avec un chasseur », explique Marie Levavasseur, la metteuse en scène. « Quand cet animal sent un prédateur, il se tend, il se fige. Ici, je m’interroge donc sur la façon dont la perte d’un proche arrive à nous paralyser. » Face à la disparition de la vieille dame, toute la famille se retrouve pour veiller le corps dans la maison maternelle, tentant tant bien que mal d’organiser les funérailles. Entre un père déboussolé et un conseiller funéraire aux idées fantasques, la tâche s’annonce quelque peu compliquée. Et pour couronner le tout, la défunte erre parmi les vivants, plus espiègle que jamais.

Sur une scène ouverte, sans porte ni cloison, le jardin et les différentes pièces de la grande demeure se succèdent. « L’espace bouge au fur et à mesure », confie l’autrice. Tout commence dans la salle à manger, avant de se terminer dans une clairière. Peu à peu, la maison se fait d’ailleurs envahir

par la végétation, « parce que la mort nous réinscrit dans un cycle vivant. » Au milieu des adultes dépassés par la situation, Cahuète est aussi l’un des seuls personnages à pouvoir communiquer avec le fantôme de sa grand-mère. « Les deux femmes ont un lien très fort », explique Marie Levavasseur. « Le conseiller est aussi en mesure de la voir et de lui parler. Cela me semblait évident car, après tout, son métier le rapproche particulièrement de cette question. » Une vision poétique accompagnée par de l’electro, un genre surprenant au vu du contexte. « Au début, je pensais plutôt ajouter des notes de violoncelle », poursuit la metteuse en scène. « Ensuite, je me suis tournée vers ce style car je souhaite parler de la mort en célébrant la vie. L’electro est dynamique, c’est une force poussant vers l’avenir. » Un cocktail musical décalé, pensé par Benjamin Collier, compositeur et guitariste lillois, dont la signature electro-rock minimaliste se retrouve dans plusieurs œuvres théâtrales. La pop s’inscrit plus tard dans la boucle, laissant place à des berceuses tziganes, puis à un thème final cérémonial, davantage tribal. Au Théâtre Dijon Bourgogne du 14 au 18 novembre tdn-cdn.com

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Dépouillées En créant DÉ-CORRÉLATION / CORRÉLATION, le duo Aurore Gruel (chorégraphe) et Hervé Birolini (compositeur) renoue avec l’essence de son langage.

Nüchtern Mit DÉ-CORRÉLATION / CORRÉLATION knüpft das Duo Aurore Gruel (Choreographin) und Hervé Birolini (Komponist) an die Grundlagen seiner Sprache an. Par Von Thomas Flagel – Photo de von Arnaud Hussenot

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epuis 2015, leur pas de deux entre sons et gestes a donné un triptyque (Manifeste Sons Espaces Mouvements) et l’exploration des potentialités d’un “instrument cinétique”, corps-instrument dont les déplacements, recueillis par des systèmes de capteurs, étaient retranscrits en direct. DÉ-CORRÉLATION éclot d’une intuition d’Aurore Gruel. « Partir de la trace de l’instrumentalisation des gestes nés de cette période féconde, en faire l’étude stricte pour revenir à leur essence. » Après ces années passées à lier sa chorégraphie à la musique jusqu’à l’interdépendance, voilà qu’à 50 ans elle se dépouille de cette approche, remet sa danse à nu dans un espace brut à l’éclairage minimal, pour dessiner des traces de gestes, fugaces, jouant de la persistance rétinienne dans un clair-obscur. La vitesse du corps crée l’illusion hypnotique d’un effet stroboscopique, alors même que la lumière est fixe. La danseuse laisse ensuite place à la barre de 12 haut-parleurs de CORRÉLATION, composition acousmatique d’après les bruits de ses déplacements et de son souffle, spatialisés par Hervé Birolini. « Je rêve que les gens viennent s’allonger au plateau, pour l’écouter là où les choses auront été tracées », confie-t-elle.

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eit 2015 hat ihr Pas de deux zwischen Ton und Gesten ein Triptychon ergeben (Manifeste Sons Espaces Mouvements) und die Erkundung der Potentiale eines „kinetischen Instruments“, Körper-Instrument, dessen Bewegungen, die von einem Sendersystem aufgenommen werden,

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live wiedergegeben werden. DÉ-CORRÉLATION ist aus einer Intuition von Aurore Gruel heraus entstanden. „Von der Spur der Instrumentalisierung der Gesten auszugehen, die in dieser fruchtbaren Zeit entstanden sind und sie streng zu studieren, um zu ihrem Essentiellen zurückzukommen.“ Nach Jahren, in denen sie ihre Choreographien mit der Musik verbunden hat, bis zur gegenseitigen Abhängigkeit, befreit sie sich mit 50 Jahren von dieser Vorgehensweise, legt ihren Tanz frei an einem rohen Ort mit minimaler Beleuchtung, um Spuren von Gesten zu zeichnen, flüchtig, um mit der Persistenz des Sehens in einem Hell-Dunkel zu spielen. Die Geschwindigkeit des Körpers schafft eine hypnotisierende Illusion mit einem stroboskopischen Effekt, obwohl das Licht sich nicht bewegt. Die Tänzerin macht anschließend der Stange mit 12 Lautsprechern von CORRÉLATION Platz, einer akusmatischen Komposition nach den Geräuschen ihrer Bewegungen und ihres Atems, die von Hervé Birolini an den Raum angepasst wurden. „Ich träume davon, dass das Publikum sich auf die Bühne legt, um es dort zu hören wo die Dinge ihre Spuren hinterlassen haben“, vertraut sie uns an. Au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy) mardi 7 et mercredi 8 novembre, puis à L’Arsenal (Metz) jeudi 25 janvier 2024 Im CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy) am Dienstag den 7. und Mittwoch den 8. November, dann in L’Arsenal (Metz) am Donnerstag den 25. Januar 2024 centremalraux.com – citemusicale-metz.fr



RUBRIQUE

Réparer les vivants Avec Waré Mono, sa première création à la tête du TJP, Kaori Ito s’inspire du kintsugi pour un duo sur nos failles humaines.

Die Lebenden reparieren Mit Waré Mono, ihrer ersten Kreation als Direktorin des TJP lässt sich Kaori Ito vom Kintsugi inspirieren, für ein Duo über unsere menschlichen Schwachstellen. Par Von Thomas Flagel – Photos de von Gregory Batardon et de von Anaïs Baseilhac

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e leurs blessures d’enfance sont nées deux lettres écrites par Kaori Ito et Issue Park, point de départ de cette nouvelle pièce inspirée de l’art japonais de réparation d’objets en céramique avec de la laque saupoudrée de poudre d’or. Sublimer ses cicatrices, trouver sa voie dans un rituel de résilience convoquant l’enfance. Autant d’élans nourrissant la présentation d’une étape de travail à laquelle la chorégraphe nous conviait, en septembre, à une poignée de semaines de la première de Waré Mono. Sur scène, des enfants dessinent à la craie. Dans un coin, Kaori Ito est assise, pensive, devant une marionnette. Au milieu, le b-boy Issue Park patiente, regard dans le vague. À la disparition des bambins, le duo débute un jeu de grimaces et de corps-à-corps formant une bête à huit membres sur les traces laissées au sol. Ici et là, des soubresauts se font tremblements secouant les

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interprètes. D’étranges et inquiétants rictus apparaissent, de vrais-faux assauts les voient se défier dans des jeux d’enfants où la violence, tapie en chacun de nous, affleure. Comme saute aux yeux la peine de l’agresseur et les sentiments contradictoires qui nous traversent. Dans ses créations, l’intimité est projetée sur les planches, au centre d’un processus de mise à l’épreuve de la danse. Dans une sorte de sortilège de conjuration, les deux êtres font preuve d’une virtuosité des sauts, chutes, désarticulations et isolations des membres jamais démonstratives, toujours à l’écoute de l’autre. L’air est rapidement chargé de tension, d’une densité qui oppresse. Se tisse un fil discret, menant de l’androïde démembré de son autofiction Robot, l’amour éternel (21-23/03/24 au TJP, dès 6 ans), réflexion sur son


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éparpillement de créatrice aux quatre coins du monde, à la marionnette de Waré Mono, dont les morceaux démontés – écho aux bouts cassés de soi – forment un autel immuable au temps qui passe. Elle retrouve l’ancrage de la terre et la vie grâce à la nature réenvahissant ses anfractuosités. « Pour moi, c’est une sorte de temple, comme ceux qui sont très présents en Asie où l’on vient régulièrement prier. Il se pare de fleurs et de dorures », confie-t-elle. Les salutations qu’ils lui dédient forment « une cérémonie au cours de laquelle nos corps deviennent métaphoriquement la marionnette. » Ce rituel de réparation floute les frontières entre deux mondes qui se contaminent, présent et passé. Une composition k-pop de La Chica et François Caffenne offre une respiration délirante de joie, dans une libération voyant Issue danser avec une version dorée de la tête marionnettique devant son propre visage, exorcisant ses failles, ses peurs. Si la fin du spectacle reste à inventer, cheminer avec ses démons intérieurs permet de les effacer, de les traverser et à la vie de poursuivre son cours.

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us ihren Kindheitsverletzungen sind zwei Briefe entstanden, die von Kaori Ito und Issue Park geschrieben wurden, der Ausgangspunkt für dieses Stück, das von der japanischen Kunst inspiriert ist, Objekte aus Keramik mit mit Gold überpudertem Lack zu reparieren. Diese Narben sublimieren, seinen Weg in einem Ritual der Resilienz finden, das an die Kindheit erinnert. So viele Anläufe, die die Präsentation einer Arbeitsetappe nähren, zu der uns die Choreographin im September einlud, wenige Wochen vor der Premiere von Waré Mono. Auf der Bühne malen Kinder mit Kreide. In einer Ecke sitzt Kaori Ito, nachdenklich, vor einer Marionette. In der Mitte wartet der B-Boy Issue Park, er blickt ins Leere. Als die Kinder verschwinden, beginnt das Duo mit einem Spiel der Grimassen und des Nahkampfes, bei dem sie auf den Spuren, die auf dem Boden verbleiben, ein Monster mit acht Gliedmaßen bilden. Hier und dort werden die Zuckungen zu Beben, die die Interpreten schütteln. Bizarre und bedrohliche Grimassen erscheinen, täuschend echte Attacken lassen sie sich in Kinderspielen herausfordern, in denen die Gewalt, die in jedem von uns schlummert, zum Vorschein kommt. Ebenso wie die Pein des Angreifers sichtbar wird und die widersprüchlichen Gefühle, die uns bevölkern. In diesen Kreationen wird die Intimität auf die Bühne gebracht, im Zentrum eines Prozesses, der eine Bewährungsprobe für den Tanz ist. In einer Art zauberhafter Verschwörung stellen die beiden Wesen eine Virtuosität der Sprünge, Stürze, Exartikulationen und Isolationen der Glieder unter Beweis, nie demonstrativ, immer den anderen anhörend. Die Luft ist schnell voller Spannung, von bedrückender Dichte. Es entspannt sich ein diskreter Faden zwischen dem gliederlosen Android ihrer Autobiographie mit fiktionalen Elemente Robot, l’amour éternel (21.-23.03.24 im TJP, ab 6 Jahren), Überlegung zu ihrem Verstreutsein als Kreative an allen Ecken der Welt, hin zur Marionette von Waré Mono, deren auseinandergenommene Teile – Echo auf die zerbrochenen Teile ihrer selbst – einen unveränderlichen Altar bilden, dem die Zeit nichts anhaben kann. Sie findet ihre Verankerung mit der Erde und dem Leben dank der Natur wieder, die ihre Risse überwuchert. „Für mich ist es eine Art Tempel, wie jene, die in Asien präsent

sind, in die man regelmäßig zum Beten geht. Er schmückt sich mit Blumen und Gold“ vertraut sie uns an. Die Situationen, die sie ihm widmet, bilden „eine Zeremonie, während welcher unsere Körper auf metaphorische Art und Weise zu Marionetten werden.“ Dieses Ritual der Reparatur verwischt die Grenzen zwischen zwei Welten, die sich gegenseitig anstecken, Gegenwart und Vergangenheit. Eine K-Pop-Komposition von La Chic und François Caffenne bietet eine Atempause, die vor Freude verrückt spielt, in einer Befreiung, die Issue mit einer goldenen Version des Marionetten-Kopfes vor seinem eigenen Gesicht tanzen sieht, um seine eigenen Schwächen und Ängste auszutreiben. Auch wenn das Ende der Aufführung zu erfinden ist, erlaubt es die Beschäftigung mit den inneren Dämonen, diese auszulöschen, sie zu überwinden und das Leben fortzusetzen. Au TJP grande scène (Strasbourg) du 8 au 14 novembre (dès 6 ans) Im TJP grande scène (Straßburg) vom 8. bis 14. November (ab 6 Jahren) tjp-strasbourg.com > Garderie artistique pour les enfants dès 4 ans, 11/11 (sur réservation) > Künstlerische Kinderbetreuung für Kinder ab 4 Jahren, 11.11. (auf Reservierung)

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Ré-enjailler le monde Dans Prophétique (on est déjà né·es), Nadia Beugré convie des divas clandestines d’Abidjan à danser les violences subies et la liberté revendiquée.

Die Welt neu verzaubern

In Prophétique (on est déjà né·es), lädt Nadia Beugré die heimlichen Diven aus Abidjan dazu ein die erlittene Gewalt und die geforderte Freiheit in Tanz zu verwandeln. Par Von Thomas Flagel – Photos de von Werner Strouven

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apillon vole, vole, vole. Si tu ne sais pas voler les enfants vont t’attraper… » Ainsi finit, mutine, la pièce bouillonnante de vie de Nadia Beugré. Une comptine pour enfants, entonnée a cappella par des performeuses trans et des interprètes non-binaires qui, plus d’une heure durant, auront projeté sur le plateau leur sens démesuré de la joie et de la fête pour conjurer la place et le regard dévalorisé de la société. Ces « divas clandestines des dance-floor »,

comme les nomme la chorégraphe ivoirienne, prouvent que la danse est un art du combat, un moyen d’émancipation. Se faisant appeler Beyoncé, Canel ou encore Taylor Dear, elles assument et accentuent à l’envi, dans une audace rivalisant avec les violences qu’elles subissent, l’exubérance scintillante de leur identité, de leurs goûts. Sur fond de musique endiablée et de reprise de Miriam Makeba (Pata pata) ou Rihanna (Man Down), on twerke à quatre pattes, résilles et string sur postérieur rebondissant. On ondoie dans une séduction sans bornes et un lâcher-prise communicatif. Les rondes se forment, on se hype en s’encourageant outrageusement, les pas caractéristiques du voguing (duckwalk, jambes brisées et moulinets des bras et poignets) s’envolent en volutes énergiques pour mieux retomber sur le dos en dip, une jambe repliée, de façon théâtrale. Micro en main, un faux Monsieur Loyal qui est le vrai Maître de Cérémonie, ambiance cette soirée pas comme les autres. Sans crier gare, nous voilà propulsés tambour battant dans l’atmosphère des nuits de Yopougon, le plateau envahi des rebuts des salons de coiffure et d’esthétique dans lesquels ce beau monde travaille la journée. Rajouts, laque et maquillage attendent chacune à sa chaise en plastique, alignées face au public, surplombées d’étoffes scintillant dans la lumière. Mais derrière la lascivité perpétuelle, les corps désirables et désirés, la provoc glam, les lapdances et les claques sur les fesses à grand renfort de cris et d’enjaillement collectif, se cache la nécessité d’un défoulement des frustrations accumulées par ces personnes échouées au bord du vivre ensemble, à peine tolérées, rejetées dans une animalité qu’elles expulsent littéralement comme une meute de chiens. Nadia Beugré en fait des magiciennes qui réenchantent le monde de demain. Défient les injonctions et se font belles à se pâmer dans un raccord maquillage au son d’un Boléro de Ravel entêtant. L’enfer, c’est toujours les autres : son père, tenir la main de sa copine ou de son copain dans la rue, n’être jamais ni tout à fait assez masculin, ni féminin. Prophétiques, elles renvoient le beau à ses frontières excluantes, sûres d’une force queer, en poses fières défiant l’homophobie. « On ne bougera pas, on ne se cachera plus, parce qu’on est déjà né·es. »

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lieg Schmetterling, flieg, flieg. Wenn du nicht fliegen kannst, werden dich die Kinder einfangen…“ So endet, rebellisch, das vor Leben brodelnde Stück von Nadia Beugré. Ein Abzählreim für Kinder, der a cappella von Trans-Performance-Künstlerinnen und nicht-binären Interpreten gesungen wird, die mehr als eine Stunde lang ihren unendlichen Sinn für Freude und Feiern auf die Bühne geworfen haben, um den Platz und den entwertenden Blick der Gesellschaft zu beseitigen. Diese „illegalen Divas des Dancefloors“, wie sie die Choreographin von der Côte-d’Ivoire nennt, beweisen, dass der Tanz eine Kampfkunst ist, ein Mittel zur Emanzipation. Indem sie sich Beyoncé, Canel oder auch Taylor Dear nennen, stehen sie zu sich und akzentuieren nach Herzenslust, in einer Kühnheit, die der Gewalt, die sie erfahren in nichts nachsteht, die glitzernde Überschwänglichkeit ihrer Identität und ihrer Vorlieben. Zu wütender Musik und Wiederaufnahmen von Miriam Makeba (Pata pata) oder Rihanna (Man Down), twerken sie auf allen Vieren, mit Netzstrümpfen und String auf den prallen Hinterteilen. Man wogt in einer grenzenlosen Verführungskunst und einem kommunikativen Loslassen. Rundtänze bilden sich, man feuert sich gegenseitig an, die charakteristischen Schritte des Voguing (Duckwalk, angewinkelte Beine und mühlenartige Bewegungen mit den Armen und Handgelenken) fliegen in energischen Windungen davon, um besser in Form eines dip auf dem Rücken zu landen, auf theatralische Weise, mit angewinkeltem Bein. Mit dem Mikro in der Hand sorgt ein falscher Monsieur Loyal, der der echte Zeremonienmeister ist, für Stimmung an diesem Abend, der anders ist als andere. Ohne Vorwarnung werden wir eilig in die nächtliche Atmosphäre von Youpogon

versetzt, die Bühne wird von Abfällen der Haar-und Schönheitssalons eingenommen, in denen diese feine Gesellschaft tagsüber arbeitet. Haarverlängerungen, Haarspray und Schminke erwarten jeden an seinem Plastikstuhl, dem Publikum gegenüber aufgereiht, überragt von Stoffen, die im Licht schimmern. Aber hinter der immerwährenden Laszivität, den begehrenswerten und begehrten Körpern, der glamourösen Provokation, den Lapdances und den Schlägen auf den Hintern, begleitet von kollektivem Kreischen und Feierlichkeiten, versteckt sich die Notwendigkeit eines Abreagierens der angehäuften Frustration, für diese Figuren, die am Rande des Zusammenlebens gestrandet sind, kaum toleriert, abgelehnt in einer Animalität, die sie buchstäblich wie ein Hunderudel ausdrücken. Nadia Beugré macht aus ihnen Magierinnen, die die Welt von morgen neu verzaubern. Sie trotzen den Anweisungen und machen sich schön, schminken sich zu einem zu Kopf steigenden Boléro von Ravel. Die Hölle, das sind immer die anderen: Sein Vater, die Hand der Freundin oder des Freundes in der Straße zu halten, nie wirklich genug männlich oder weiblich zu sein. Prophetisch bringen sie die Schönheit bis an ihre ausgrenzenden Grenzen, mit sicherer Queer-Stärke, mit stolzen Posen, die die Homophobie herausfordern. „Wir gehen nicht weg, wir werden uns nicht mehr verstecken, denn wir wurden schon geboren.“ Au Theater Freiburg samedi 18 novembre et à la Kaserne (Bâle) mardi 21 et mercredi 22 novembre dans le cadre de Culturescapes 2023 Sahara Im Theater Freiburg am Samstag, den 18. November und in der Kaserne (Basel) am Dienstag, den 21. und Mittwoch, den 22. November im Rahmen von Culturescapes 2023 Sahara theater.freiburg.de – kaserne-basel.ch

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DANSE TANZ

L’ Avventura Les nouvelles créations du Ballet de Lorraine prennent un accent italien avec Marco Berrettini et Michele Di Stefano. Die neuen Kreationen des Ballet de Lorraine bekommen mit Marco Berrettini und Michele Di Stefano italienische Akzente. Par Von Daniel Vogel – Photo de von CCN Ballet de Lorraine

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e premier programme de la saison du Ballet de Lorraine réunit deux chorégraphes italiens à Nancy. S’il est né en Allemagne et s’est installé en Suisse, Marco Berrettini n’en demeure pas moins un fils de la botte. Après avoir remporté le championnat de danse Disco à la fin des seventies, il biberonne au Tanztheater de Pina Bausch. Songlines s’inspire du Chant des pistes et de la vie spirituelle des Aborigènes. Leur réseau invisible ancestral guide l’ensemble des actes de la vie duquel l’Italien tire un questionnement sur la sédentarité, se demandant si tous les problèmes de l’homme proviennent de son incapacité à s’asseoir tranquillement dans une pièce. Dans un espace scénographique magique, aux multiples champs de force, lieux sacrés et points de lumière, les vies extérieures et intérieures des danseurs ne font plus qu’une. À sa manière, Michele Di Stefano convoque et explore, lui-aussi, un lieu dans SIERRAS. Il lance ses interprètes dans une danse atmosphérique, un changement continu, une prise de décision en temps réel devant transformer chacune des phrases imaginées en « motifs d’ordre presque météorologique, régis par un mystérieux sentiment d’appartenance ».

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ieses erste Programm der Saison des Ballet de Lorraine bringt in Nancy zwei italienische Choreographen zusammen. Auch wenn Marco Berrettini in Deutschland

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geboren wurde und in der Schweiz wohnt, ist er nicht weniger ein Sohn des Stiefels. Nachdem er Ende der siebziger Jahre die Meisterschaft im Disco-Tanz gewonnen hat, saugt er das Tanztheater von Pina Bausch auf. Songlines ist von Chant des pistes und dem spirituellen Leben der Aborigines inspiriert. Ihr unsichtbares, altüberliefertes Netzwerk bestimmt alle Etappen des Lebens und der Italiener leitet aus ihm eine Überlegung zur Sesshaftigkeit ab, indem er sich fragt, ob alle Probleme des Menschen von seiner Unfähigkeit stammen, sich ruhig in einen Raum zu setzen. In einem magischen Bühnenbild mit zahlreichen Kraftfeldern, heiligen Orten und Lichtpunkten, werden die äußeren und inneren Leben der Tänzer eins. Auf seine Weise zitiert und erkundet Michele Di Stefano ebenfalls einen Ort in SIERRAS. Er lanciert seine Tänzer in einen atmosphärischen Tanz, einen kontinuierlichen Wandel, eine Entscheidungsfindung in Echtzeit, die jeden der erfundenen Sätze in „Motive verwandelt, die fast meteorologischen Ursprungs sind, bestimmt von einem mysteriösen Gefühl der Zugehörigkeit“. À L’Opéra national de Lorraine (Nancy) du 8 au 12 novembre In der Opéra national de Lorraine (Nancy) vom 8. bis 12. November ballet-de-lorraine.eu – opera-national-lorraine.fr


DANSE TANZ

Love & Hate Pour le Ballett Basel, l’Américaine Bobbi Jene Smith crée Marie & Pierre, chorégraphie pour 35 interprètes. Für das Ballett Basel hat die Amerikanerin Bobbi Jene Smith Marie & Pierre kreiert, eine Choreographie für 35 Interpreten. Par Von Irina Schrag – Photo de von Bobbi Jene Smith par von Christian Knörr

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lle a dansé neuf ans dans la Batsheva Dance Company, sous la direction du grand Ohad Naharin, avant de prendre son envol en 2014, à 30 ans. Si elle a collaboré avec Sharon Eyal, c’est plutôt en solo que Bobbi Jene Smith déploie ses propres ailes, la native de l’Iowa retournant à la conquête de son propre pays. Invitée pour la première fois à Bâle, la chorégraphe signe Marie & Pierre avec pas moins d’une trentaine de danseurs auxquels elle confie les deux rôles, Marie étant passion quand Pierre est accusation. Le Sinfonieorchester Basel s’empare des compositions imaginées par Celeste Oram, l’une de ses fidèles. Ce duo amoureux (auquel répond une violoncelliste et un violoniste sur scène) est pris dans un flot d’histoires poétiques exposant, en sus des relations complexes entre amants, divers arcs narratifs de leurs amis et familles, par-delà les générations. Les points de vue sur l’intrigue divergent, comme dans un procès où chacun défendrait le sien. Bobbi Jene Smith creuse ce qui fait corps et passion, plonge dans notre psyché et ce qui nous lie les uns aux autres.

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ie tanzte neun Jahre lang in der Batsheva Dance Company, unter der Leitung des großen Ohad Naharin, bevor sie im Jahr 2014 mit 30 Jahren flügge wurde. Auch wenn sie mit Sharon Eyal zusammenarbeitete, hat Bobbi Jen Smith eher solo ihre Flügel ausgebreitet, wobei diejenige, die in Iowa aufwuchs, zur Eroberung ihres eigenen Landes zurückkehrt. Zum ersten Mal zu Gast in Basel, präsentiert die Choreographin Marie & Pierre mit nicht weniger als dreißig Tänzern, denen sie die beiden Rollen anvertraut, wobei Marie die Leidenschaft verkörpert, während Pierre die Anklage ist.

Das Sinfonieorchester Basel nimmt sich der Kompositionen an, die von Celeste Oram, die zu ihren treuen Weggefährten gehört, geschaffen wurden. Dieses Liebespaar (auf das eine Cellistin und ein Violinist auf der Bühne antworten) wird in einem Sprudel poetischer Geschichten mitgerissen, die, zusätzlich zu den komplexen Beziehungen zwischen Geliebten, diverse narrative Bögen ihrer Freunde und Familien, über Generationen hinweg erzählen. Die Sichtweisen auf die Intrige unterscheiden sich,

wie in einem Prozess, in dem jeder den eigenen Standpunkt verteidigt. Bobbi Jene Smith geht dem auf den Grund, was Körper und Leidenschaft ausmacht, taucht in unsere Psyche ein und in das, was uns untereinander verbindet. Au Theater Basel du 18 novembre au 10 février 2024 (dès 11 ans) Im Theater Basel vom 18. November bis 10. Februar 2024 (ab 11 Jahren) theater-basel.ch

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Family Business Intenable et infatigable, Wim Vandekeybus signe une nouvelle pièce, Infamous Offspring, où la famille dysfonctionne à plein. Aufsässig und unermüdlich, präsentiert Wim Vandekeybus sein neues Stück, Infamous Offspring, in dem die Familie funktionsgestört ist. Par Von Thomas Flagel

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e casting laisse rêveur et rendrait presque jaloux si le Flamand Wim Vandekeybus n’en était pas à l’origine. Pour cheminer en toute post-modernité dans le labyrinthe des mythes antiques, il invite la poétesse Fiona Benson à projeter sur scène son écriture furieuse et son autodérision, non dénuée de lyrisme. Warren Ellis, compositeur et membre de Nick Cave and the Bad Seeds, crée la musique tout en interagissant, grâce à la vidéo, avec ses neufs enfants sur scène. Avec Héra, il forme un couple aussi divin que distant, au côté duquel Israel Galván, légende vivante du flamenco contemporain, interprète le meilleur ami de la famille, double de Tirésias, prophète aveugle ne communiquant qu’en percussions corporelles ! Les êtres errent dans leurs maux habituels (jalousie, adultère, ambition, cupidité…) et un marasme où la peintre et contorsionniste de talent Iona Kewney campe un Héphaïstos infirme (forgeron prisé de tous les puissants), au langage imaginaire digne d’un dieu du feu. Fidèle à son amour de la performance et à sa recherche de jaillissement sur scène de la réalité brute qui l’entoure, Vandekeybus entremêle, à sa danse de vie, des images de film tournées par ses soins et une énergie à revendre, des pulsions intimes et une communion collective.

zu finden, lädt er die Dichterin Fiona Benson dazu ein, ihren wütenden Schreibstil und ihre Selbstironie, die nicht ohne Poesie sind, auf die Bühne zu bringen. Warren Ellis, Komponist und Mitglied von Nick Cave and the Bad Seeds kreiert die Musik, wobei er gleichzeitig, dank des Videos, mit seinen neun Kindern auf der Bühne interagiert. Mit Hera formt er ein ebenso göttliches wie distanziertes Paar, an dessen Seite Israel Galván, die lebende Legende des zeitgenössischen Flamencos, den besten Freund der Familie interpretiert, einen Doppelgänger von Teiresias, einen blinden Propheten, der nur mit Körpertrommeln kommuniziert! Die Wesen irren durch ihre üblichen Übel (Eifersucht, Ehebruch, Ehrgeiz, Habgier…) und einen Tiefpunkt, an dem die talentierte Malerin und Schlangenfrau Iona Kewney einen gebrechlichen Hephaistos spielt (Schmied, der von allen Mächtigen begehrt wird), mit einer imaginären Sprache, die einem Gott des Feuers würdig ist. Seiner Liebe zur Performance und seiner Suche nach dem Auftauchen der brutalen Realität auf der Bühne treu, vermischt Vandekeybus mit seinem Tanz des Lebens Bilder aus von ihm gedrehten Filmen und eine überbordende Energie, intime Triebe und eine kollektive Kommunion.

as Casting lädt zum Träumen ein und würde fast neidisch machen, wenn es nicht vom Flamen Wim Vandekeybus stammen würde. Um Mitten in der Postmodernität seinen Weg im Labyrinth der antiken Mythen

Au Grand théâtre de Luxembourg mardi 7 et mercredi 8 novembre Im Grand théâtre de Luxembourg am Dienstag 7. und Mittwoch 8. November theatres.lu

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Bodyrock Nouveau show de Lisbeth Gruwez et Maarten Van Cauwenberghe, Into the open fracasse les frontières scène / salle. Die neue Show von Lisbeth Gruwez und Maarten Van Cauwenberghe, Into the open, zersprengt die Grenzen zwischen Bühne und Saal. Par Von Thomas Flagel – Photos de von Danny Willems

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romis, ils voulaient faire un concert. Durant le premier confinement, leur envie de faire la fête était à son comble. Mais comme bien souvent, Lisbeth Gruwez et Maarten Van Cauwenberghe n’ont pu s’empêcher d’y projeter tout un tas d’actes performatifs. Ne soyons bégueules et goûtons plutôt notre plaisir de retrouver le duo qui nous a émerveillé avec It’s going to get worse and worse and worse, my friend ou en dansant sur Bob Dylan. Dans Into the open, le groupe de musique DENDERMONDE (batterie, guitare électrique, basse et synthétiseur) joue un krautrock endiablé tandis qu’un groupe de quatre danseurs habite la scène avec lui, tel une furie rock. Entre énergie communicative à revendre et néons fluos, le chaos festif ne donne qu’une envie : sauter sur le plateau pour 46

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lâcher les chevaux avec eux dans une communion qui se vit debout dans la salle. Des Chemical Brothers à Can, les baguettes passent de main en main, comme les micros qui se dédoublent dans un concert-dansé tout feu tout flamme !

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ersprochen, sie wollten ein Konzert machen. Im ersten Lockdown erreichte ihre Lust auf Feiern ihren Höhepunkt. Aber wie so oft, konnten es Lisbeth Gruwez und Maarten Van Cauwenberghe nicht lassen eine Menge performativer Akte zu projizieren. Seien wir nicht prüde und kosten wir eher unsere Freude aus, das Duo wiederzufinden, das uns mit It’s going to get worse and worse and worse, my friend begeistert hat oder indem es zu Bob Dylan tanzt. In Into the open

spielt die Musikgruppe DENDERMONDE (Schlagzeug, Elektrogitarre, Bass und Synthesizer) einen teuflischen Krautrock, während eine Gruppe von vier Tänzern die Bühne mit ihr wie eine Rock-Furie teilt. Zwischen kommunikativer Energie im Überfluss und neonfarbenen Röhren, macht das festliche Chaos nur auf Eines Lust: Auf die Bühne zu springen um die Pferde loszulassen, in einer Kommunion, die man stehend im Saal erlebt. Von den Chemical Brothers bis Can, geht der Dirigentenstab von Hand zu Hand, wie die Mikrophone, die sich in einem getanzten Konzert verdoppeln. À Pôle Sud (Strasbourg) mercredi 29 et jeudi 30 novembre In Pôle Sud (Straßburg) am Mittwoch den 29. und Donnerstag den 30. November pole-sud.fr



DANSE TANZ

Salvation

Dans Lilith, le corps de Marion Blondeau s’émancipe du pouvoir patriarcal, récupérant son indépendance à travers une performance désarticulée. In Lilith emanzipiert sich der Körper von Marion Blondeau von der Macht des Patriarchats, indem er seine Unabhängigkeit mit einer gelenkigen Performance zurückgewinnt. Par Von Julia Percheron – Photos de von Thierry Thibaudeau

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vec le soutien du metteur en scène Ahmed Ayed, Marion Blondeau chorégraphie et interprète une figure féminine éprise de liberté. Partiellement nue, elle se contorsionne, se couche et virevolte dans un tableau organique, brisant sa soumission passive. Ce spectacle charnel questionne aussi l’objectivation de sa sexualité, une thématique omniprésente dans le mythe de Lilith, première femme d’Adam dans la tradition judéo-chrétienne. Symbole de révolte, ce personnage mystique est un être affranchi à l’érotisme affirmé, figure de proue, parfois, de mouvements féministes contemporains. Dans le contexte actuel de libération de la parole, Marion Blondeau dessine une expérience physique intime et touchante. Sur fond de musique electro sombre et puissante, jetant de temps à autre des regards au public, elle prend possession de l’espace scénique, sur lequel réside une unique grotte de porcelaine, dont elle émerge. Tout d’abord maison protectrice à la forme irrégulière, celleci apparait ensuite comme une sorte de prison, la réduisant à son rôle de maîtresse des tâches domestiques, image dont l’artiste souhaite plus que tout se défaire.

organischen Bild, das mit ihrer passiven Unterwürfigkeit bricht. Diese körperliche Aufführung hinterfragt die Objektivierung ihrer Sexualität, ein omnipräsentes Thema im Mythos von Lilith, der ersten Frau Adams in der jüdisch-christlichen Tradition. Als Symbol der Revolte ist diese mystische Figur ein freizügiges Wesen mit betonter Erotik, manchmal eine Galionsfigur der zeitgenössischen feministischen Bewegungen. Im aktuellen Kontext, in dem Frauen zunehmend das Wort ergreifen, präsentiert Marion Blondeau eine physische, intime und berührende Erfahrung. Zu einer düsteren und starken Elektromusik nimmt sie den Bühnenraum ein – auf dem eine einzigartige Grotte aus Porzellan steht, aus welcher sie auftaucht – während sie von Zeit zu Zeit einen Blick ins Publikum wirft. Zunächst ein schützendes Haus mit unregelmäßigen Formen wird die Grotte schließlich zu einer Art Gefängnis, reduziert sie auf ihre Rolle als Herrin der Hausarbeit, einem Bild, von dem sich die Künstlerin mehr als von allem anderen distanzieren will.

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À L’Espace (Besançon) mercredi 22 et jeudi 23 novembre In L’Espace (Besançon) am Mittwoch den 22. und Donnerstag den 23. November les2scenes.fr

it Unterstützung des Regisseurs Ahmed Ayed choreographiert und interpretiert Marion Blondeau eine weibliche Figur, die ihre Freiheit liebt. Halb nackt verrenkt sie sich, legt sich hin und wirbelt herum, in einem 48

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> Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du 22/11



Kid of Mada Pour la génération streaming, il est en haut des charts des plateformes. Avec son rap-pop flirtant avec le R’n’B, Tsew The Kid met la métropole à ses pieds. Für die Streaming-Generation steht er an der Spitze der Charts der Plattformen. Mit seinem Rap-Pop, der mit dem R’n’B flirtet, liegt Tsew The Kid die Metropole zu Füßen. Par Von Thomas Flagel – Photo de von Emma Cortijo

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un Kid l’autre, il n’y a souvent qu’un pas. Tsiry Tsu (« bourgeon de fleur » en malgache) s’est choisi pour pseudo Tsew The Kid en hommage à Billy The Kid, avec qui il partage la même belle gueule pouponne. Mais un autre Kid – Cudi, star d’un hip-hop décomplexé façon expérimental et stellaire à la Bowie – compte parmi ses idoles. On connait pire comme panthéon personnel. Après une enfance passée à Madagascar dans la maison familiale d’Andohanimandroseza, sur les hauteurs d’Antananarivo, il débarque à Paris, les racines chevillées au cœur. Autour de lui, les instruments passent de main en main, on va à l’église et les gospels s’entonnent à tout va, en chorale ou en solo. Lui apprend le piano et la guitare en autodidacte, dans un micro home-studio, bricolé dans son garage. Ses instrus portent encore les traces de cette époque, mélange de beats ciselés, de percus sachant se faire discrètes et d’accords acoustiques soyeux (Laisse faire, Les Restes de mon passé). Son authenticité simple l’a consacré disque d’or, à moins que ce ne soit son style insaisissable : rap chanté pas ou peu autotuné, accélérations de haut vol, pop dansante proche de la ballade et textes choyés pour sa musicalité, sans oublier de conter de vrais morceaux de vie. Son tube, Wouna, en témoigne. Le portrait d’une amie atteinte de la maladie de Charcot, pensant à l’euthanasie plutôt qu’à finir en fauteuil roulant, à laquelle Tsew livre un refrain touchant, plein de promesses : « Wouna aime la drogue / Wouna aime le sexe / Wouna aime le sexe avec la drogue qui la rend stone / Wouna aime pas les gens / ils lui ont fait du mal (…) / Envole-toi loin d’ici et bats des ailes sur un nuage / T’es un aigle royal, pas un oiseau en cage. » Fin juin, il sortait On finira peut-être heureux chez les indépendants de Panenka. Les orchestrations y sont plus poussées qu’avant, sans prendre le pas sur sa voix, ni sur ses envies de jouer des genres (flow hyper efficace sur Quattrocento) et de chanter ses refrains. Du Désert qui le guette parfois quand tout va mal, à la nostalgie en noir et blanc de Laisse faire ou au dépit amoureux (Deuxième chance), l’artiste

se confie sur la solitude qui le guette, de retour à l’hôtel en tournée (Ailes noires). « J’espère que l’enfant en moi est pas mort mais blessé », il veut « résister à la tentation de l’ange » qui le pousse à « brûler ses ailes noires ». Il regarde les choses en face, même avec son âme sœur avec laquelle les choses battent de l’aile (« Et t’as bien vu ton ennemi, c’était ton miroir bitch / C’était pas les autres »). Malgré les doutes, On finira peut-être heureux rappelle un certain Jacques Brel : « Et que si c’est pas sûr, c’est quand même peut-être… »

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on einem Kid zum Nächsten ist es oft nur ein Schritt. Tsiry Tsu („Blütenknospe“ auf madagassisch) hat sich als Pseudonym Tsew The Kid als Hommage an Billy The Kid ausgesucht, mit dem er das gleiche schöne Babyface teilt. Aber ein anderer Kid – Cudi, Star des komplexlosen Hip-Hops nach der experimentellen und stellaren Weise von Bowie – gehört zu seinen Idolen. Es gibt schlechtere persönliche Pantheons. Nach einer Kindheit, die er in Madagaskar im Haus der Familie in Andohanimandroseza, in den Höhen von Antananarivo verbrachte, kommt er nach Paris und trägt seine Wurzeln im Herzen. Um ihn herum gehen die Instrumente von Hand zu Hand, man geht in die Kirche und überall erklingen Gospels, im Chor oder Solo. Er lernt Klavier und Gitarre als Autodidakt, in einem Mini-Home-Studio, das er in seiner Garage bastelt. Seine Instrumentalmusik trägt noch die Spuren dieser Epoche, eine Mischung aus ausgefeilten Beats, diskretem Schlagzeug und seidigen akustischen Akkorden (Laisse faire, Les Restes de mon passé). Seine einfache Authentizität hat ihm eine Goldene Schallplatte eingebracht, es sei denn es war sein ungreifbarer Stil: Gesungener Rap (fast) ohne Autotune, erstklassige Beschleunigungen, tanzender Pop, der nah an der Ballade ist und Texte, die für Musikalität sorgen und gleichzeitig echte Lebensausschnitte erzählen. Sein Hit Wouna zeugt davon. Das Portrait einer Freundin, die an ALS erkrankt ist und an Sterbehilfe denkt, um nicht im Rollstuhl zu enden, der Tsew einen berührenden Refrain voller Hoffnung widmet: „Wou-

na liebt Drogen / Wouna liebt Sex / Wouna liebt Sex unter Drogen, die sie high machen / Wouna liebt die Leute nicht / sie haben ihr wehgetan (…) / Flieg weit fort von hier und schlage auf einer Wolke mit deinen Flügeln / Du bist ein Steinadler, kein Käfigvogel.“ Ende Juni brachte er On finira peut-être heureux (Vielleicht werden wir am Ende glücklich sein) beim unabhängigen Label Panenka heraus. Die Orchestrierung ist hier ausgearbeiteter als vorher, ohne die Stimme zu überlagern, oder seine Lust mit den Gattungen zu spielen (sehr effizienter Flow auf Quattrocento) und seine Refrains zu singen. Von der Wüste (Désert) die ihn manchmal heimsucht, wenn alles schlecht läuft, zur Nostalgie in Schwarzweiß (Laisse faire) oder enttäuschter Liebe (Deuxième chance), vertraut uns der Künstler die Einsamkeit an, die ihn erwartet, wenn er auf Tourneen zurück im Hotel ist (Ailes noires). „Ich hoffe, dass das Kind in mir nicht tot, sondern verletzt ist“, er will „der Versuchung des Engels widerstehen“, der ihn dazu drängt seine „schwarzen Flügel zu verbrennen“. Er schaut den Tatsachen ins Auge, selbst mit seiner Seelenverwandten, mit der die Beziehung kompliziert wird („Und Du hast deinen Feind gesehen / es war dein Spiegel / Es waren nicht die anderen“). Trotz der Zweifel erinnert On finira peutêtre heureux an einen gewissen Jacques Brel: „Und wenn es nicht sicher ist, ist es trotzdem vielleicht…“ À la BAM (Metz) le 17 novembre, puis en 2024 à La Cartonnerie (Reims) le 9 février, à L’Autre Canal (Nancy) le 22 février, à Den Atelier (Luxembourg) le 23 février et à La Laiterie (Strasbourg) le 28 mars In der BAM (Metz) am 17. November, dann 2024 in La Cartonnerie (Reims) am 9. Februar, in L’Autre Canal (Nancy) am 22. Februar, in Den Atelier (Luxemburg) am 23. Februar und in La Laiterie (Straßburg) am 28. März onfinirapeutetreheureux.com

Édité par Erschienen bei Panenka panenka-music.com

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God Father Après le rap engagé de Daara J, Faada Freddy poursuit une superbe carrière solo avec un nouvel album, Golden Cages. Nach dem engagierten Rap von Daara J setzt Faada Freddy eine wunderbare Solokarriere mit seinem neuen Album Golden Cages fort. Par Von Irina Schrag – Photo de von Omar Victor Diop

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ept ans après The Gospel Journey, Faada Freddy renoue avec une musique 100% organique : percussions corporelles, beat-boxing et voix only ! Si Golden Cages sort ces prochains jours sur Think Zik! (label défricheur d’Ayo ou Imany), le come-back de l’artiste connu pour avoir été le cofondateur de Daara J – l’un des groupes les plus innovants de la scène hip-hop dans les années 1990, chantant en wolof – s’effectue dans un mélange de curiosité et d’euphorie latente. À 48 ans, Abdou Fatha Seck vit entre France et Sénégal, passe de l’anglais au français comme il respire, montant dans les aigus avec une aisance rare tout en mâtinant les airs de gospel qu’il affectionne d’envolées soul et d’accélérations rappées façon raggamuffin. Bambin, il a pour voisin Ismaël Lô et prend conscience de son héritage mandingue auprès de Soundioulou Cissokho et Maa Hawa Kouyaté ! Ne vous laissez pas avoir par son look de zazou sapé comme jamais, Faada Freddy ne s’est jamais départi de textes conscients, dans le rap comme dans le reste du prisme musical où il gravite (pop, soul…). Sa dernière Cage dorée invite à la liberté, portée par ce grain de voix inimitable et l’alliance entremêlée de tessitures, de sons et de percussions de l’ensemble vocal qui l’entoure.

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ieben Jahre nach The Gospel Journey, knüpft Faada Freddy an eine 100% organische Musik an: Körpertrommeln, Beat-Boxing und Stimme. Das ist alles. Wenn Golden Cages in den kommenden Tagen bei Think Zik! (Entdeckerlabel von Ayo oder Imany) erscheint, findet das Comeback des Künstlers – der als Mitbegründer von Daara J bekannt wurde, einer der innovativsten Gruppen der Hip-Hop-Szene 52

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der 1990er Jahre, die in Wolof singt – in einer Mischung aus Neugierde und Euphorie statt. Mit 48 Jahren lebt Abdou Fatha Seck zwischen Frankreich und dem Senegal, wechselt spielerisch vom Englischen ins Französische, steigt mit einer seltenen Leichtigkeit zu den höchsten Tönen auf, während er gleichzeitig die Gospel-Lieder, die ihm so am Herzen liegen, mit Soulklängen mischt und einer gerappten Beschleunigung nach Art des Raggamuffin. Als Kind ist er der Nachbar von Ismaël Lô und wird sich seines Mandika-Erbes an der Seite von Soundioulou Cissokho und Maa Hawa Kouyaté bewusst! Lassen Sie sich nicht von seinem auffälligen Look verwirren, Faada Freddy hat sich nie von seinen politischen Texten abbringen lassen, im Rap wie im Rest des musikalischen Spektrums (Pop, Soul…) um das er kreist. Sein Album Cage dorée (Goldener Käfig) lädt zur Freiheit ein, getragen von dieser unvergleichlichen Stimme und der Verbindung von Stimmlagen, Klängen und Rhythmen des Vokalensembles, das ihn umgibt. À La Rodia (Besançon) vendredi 17 novembre In La Rodia (Besançon) am Freitag den 17. November larodia.com

Édité par Erschienen bei Think Zik! thinkzik.com



MUSIQUE MUSIK

Kreative Zone Situé dans les anciens abattoirs, l’Alter Schlachthof de Karlsruhe est un quartier ultra créatif où pulsent notamment les musiques. Visite. Der Alte Schlachthof in Karlsruhe ist ein äußerst kreatives Viertel, in dem unter anderem die Musik pulsiert. Besichtigung. Par Von Pierre Reichert

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uittant les rivages de la mort, l e s a n c i e n s a b a t to i rs d e Karlsruhe sont devenus un incroyable lieu de vie abritant plusieurs institutions musicales majeures (mais pas que…) de la cité, appartenant à Kultur in Karlsruhe, initiative qui en fédère une trentaine. Pensons, par exemple, au Tollhaus, salle dédiée aux musiques actuelles qui propose aussi une programmation jazz pointue (et des festivals de belle tenue) installée dans ce qui fut une halle de marché aux bestiaux ! Citons aussi le Substage, club où s’épanouissent les musiques les plus variées, du ska au hip-hop, qui a aussi pour objectif de faire rayonner la scène locale. Véritable espace urbain réhabilité, l’immense enceinte de l’Alter Schlachthof fait dialoguer culture, arts et création, comme au Perfekt Futur abritant de multiples startups et ateliers d’artistes nichés dans des containers posés au cœur de l’ancien marché aux cochons. Il fait bon se promener dans le coin, de 54

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© Tollhaus Karlsrsuhe

© Workshop Architekturfotografie, Hochschule Karlsruhe, Leitung Dirk Altenkirch / Alter Schlachthof Karlsruhe

cool café en restaurants comme le Carls Wirtshaus – auberge contemporaine de bois, de béton et de verre – sans oublier des bars comme l’Alte Hackerei. Dans cette ancienne cantine des bouchers, on peut boire un coup et déguster de petits plats en écoutant… de la musique.

liche Musikstile, von Ska bis Hip-Hop, ihren Platz finden, wobei es sich die Förderung der lokalen Musikszene auf die Fahne geschrieben hat. Als echter rehabilitierter Stadtraum, lässt das riesige Gelände des Alten Schlachthofs Kultur, Kunst und Kreation in einen Dialog treten, wie im Perfekt Futur, das zahlreiche Startups und Künstlerateliers beherbergt, die im Inneren des ehemaligen Schweinemarktes in Containern untergebracht sind. Es ist angenehm, durch das Viertel zu spazieren, von coolen Cafés zu Restaurants wie dem Carls Wirtshaus – einem zeitgenössischen Gasthaus aus Holz, Beton und Glas – ohne Bars wie die Alte Hackerei zu vergessen. In dieser ehemaligen Kantine der Metzger kann man einen trinken und kleine Gerichte genießen, während man Musik hört.

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achdem er die Ufer des Todes verließ, hat sich der Alte Schlachthof in Karlsruhe zu einem unglaublichen Ort des Lebens verwandelt, der mehrere große (aber nicht nur…) Musikinstitutionen der Stadt beherbergt, die zu Kultur in Karlsruhe gehören, einer Initiative, die rund 30 Häuser vereint. Man denke zum Beispiel an das Tollhaus, ein Kulturzentrum, das der aktuellen Musik gewidmet ist und unter anderem ein qualitativ hochwertiges Jazz-Programm (sowie erstklassige Festivals) anbietet, in einem Gebäude, das ursprünglich eine Halle des Viehmarktes war! Zu erwähnen ist auch das Substage, ein Club, in dem unterschied-

Alter Schlachthof (Karlsruhe) kulturinkarlsruhe.de



MUSIQUE MUSIK

Chanter la paix Ballades intimistes, jazz folk, chants en ukrainien : la musique du quartet Leléka est profondément touchante.

Frieden singen Intime Balladen, Folk Jazz und Gesänge auf Ukrainisch: Die Musik des Quartetts Leléka ist zutiefst berührend. Par Von Hubert Mihld – Photo de von Dovile Sermokas

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e nom du groupe – et le surnom de sa chanteuse ukrainienne – peut se traduire par cigogne. À Kiev, l’animal est un symbole de paix, de bonheur et de famille. Basé à Berlin, Leléka arrive en tout cas en Alsace avec un premier argument pour conquérir le public. Autre avantage, la voix envoûtante de Viktoria, que les Français ont encore peu eu l’occasion de découvrir. Créé en 2016, le quartet a obtenu plusieurs récompenses outre-Rhin, dont le prix du groupe au German Jazz Award 2022, grâce à l’album Sonce u Serci (Le Soleil dans ton cœur). Avec une instrumentation très jazz (voix, piano, contrebasse, batterie), il regarde, comme beaucoup aujourd’hui, vers la musique folk, pour l’ambiance et le répertoire. Leléka puise, bien sûr, du côté de l’Ukraine, où son âme est restée. En mode mineur, il présente un set émouvant et mélodieux.

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Les chansons explorent les thèmes de l’espoir et du désespoir, avec de douloureuses références à la guerre.

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er Name der Gruppe – und der Spitzname seiner ukrainischen Sängerin – kann mit Storch übersetzt werden. In Kiew ist das Tier ein Symbol für den Frieden, für Glück und Familie. Die in Berlin lebende Gruppe Leléka kommt mit einem ersten Argument zur Eroberung des Publikums ins Elsass. Ein weiterer Vorteil ist die betörende Stimme von Viktoria, die die Franzosen bisher selten entdecken konnten. Das im Jahr 2016 gegründete Quartett hat in Deutschland mehrere Auszeichnungen erhalten, darunter den Gruppenpreis beim German Jazz Award 2022, für das Album Sonce u Serci (Die Sonne in deinem Herzen). Mit einer sehr jazzigen Instrumentierung (Stimme,

Klavier, Kontrabass, Schlagzeug), schaut es, wie viele heutzutage, in Richtung der Folkmusik, für deren Repertorium und Stimmung. Leléka schöpft natürlich aus ihren ukrainischen Wurzeln, wo ihre Seele geblieben ist. In Mollton präsentiert die Gruppe ein bewegendes und melodiöses musikalisches Spektrum. Die Lieder erkunden die Themen der Hoffnung und der Verzweiflung mit schmerzlichen Bezügen zum Krieg. Au Kulturhaus (Kehl) jeudi 16 novembre et aux Dominicains (Guebwiller) vendredi 17 novembre Im Kulturhaus (Kehl) am Donnerstag den 16. November und im Les Dominicains (Guebwiller) am Freitag den 17. November kehl.de – les-dominicains.com



OPÉRA

Les Indes charmantes Avec Sabine Devieilhe dans le rôle-titre de Lakmé de Delibes, Laurent Pelly signe une production d’anthologie, à l’Opéra national du Rhin.

Charmantes Indien Mit Sabine Devieilhe in der Titelrolle von Lakmé von Delibes, präsentiert Laurent Pelly in der Opéra national du Rhin eine legendäre Produktion. Par Von Hervé Lévy – Photos de répétition Probenphoto von Klara Beck

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epuis 2012, et une première fois à Montpellier, Lakmé est devenu un “rôle signature” pour Sabine Devieilhe : la soprano star a en effet incarné le personnage un nombre incalculable de fois, sur les scènes du monde entier. « C’est une partition sur mesure pour ma voix. Léo Delibes l’a écrite pour Marie van Zandt en 1883, mais j’ai l’impression qu’il l’a aussi imaginée pour moi, par-delà les années », glisse-

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t-elle dans un sourire. Célèbre pour ses moments de bravoure stratosphériques dans le suraigu – avec le tube pyrotechnique qu’est L’Air des clochettes et ses contre-mi, véritable Éverest pour toute colorature qui se respecte –, l’œuvre est avant tout « un véritable marathon, où il est essentiel de tenir sur la longueur. Elle ne se limite pas à ses instants les plus fameux comme le Duo des fleurs. Au troisième acte, par exemple, Delibes met

un pied dans la modernité et propose des développements orchestraux magnifiques où des influences wagnériennes sont perceptibles. » Déployant ses charmes exotiques quelque peu surannés, Lakmé, adapté d’une nouvelle de Pierre Loti, se déroule au XIXe siècle, en Inde. L’histoire est celle des amours impossibles d’une jeune hindoue, fille d’un brahmane, et


OPER

d’un officier britannique. Pour Sabine Devieilhe, « le personnage est avant tout une jeune femme sous l’emprise de son père – elle apparaît, pour la première fois, enfermée dans une cage dans cette mise en scène – qui l’a sacralisée, cristallisant l’image de la perfection. Elle croit pouvoir s’échapper grâce à l’amour, mais s’aperçoit que c’est une chimère et met fin à ses jours. » De cette fable orientalisante – c’est l’époque qui veut ça, pensons aux Pêcheurs de perles de Bizet (1863) ou à L’Africaine de Meyerbeer (1865) – Laurent Pelly donne une version pleine de sobriété, permettant de se concentrer sur le jeu d’acteur et les voix. Le plateau est somptueux avec Nicolas Courjal, Ambroisine Bré, Ingrid Perruche ou encore l’ex-membre de l’Opéra Studio Lauranne Oliva, qui vient de remporter le Concours Voix Nouvelles ! Un jeu de rideaux transparents, de poétiques ombres chinoises, des feuilles de papiers écru, ou encore des costumes évoquant le butō forment l’écrin élégant de cette tragédie. « Je veux mettre en scène le drame amoureux, le choc des cultures... Je pense à Roméo et Juliette, à une histoire d’amour entre deux camps adverses. À dépouiller le sujet comme une pierre qu’on polit », affirme le metteur en scène.

präsentiert wunderschöne orchestrale Entwicklungen, in denen Einflüsse von Wagner wahrnehmbar sind.“ Seinen etwas veralteten Charme entfaltend, spielt sich Lakmé, das eine Adaption einer Novelle von Pierre Loti ist, im Indien des 19. Jahrhunderts ab. Die Geschichte ist jene der unmöglichen Liebe zwischen einer jungen Hindu, Tochter eines Brahmanen und eines britischen Offiziers. Für Sabine Devieilhe, „ist die Figur vor allem eine junge Frau unter dem Einfluss ihres Vaters – in dieser Inszenierung erscheint sie zum ersten Mal in einem Käfig eingeschlossen – der sie sakralisiert und ein Bild der Perfektion kristallisiert. Sie glaubt daran, dank der Liebe fliehen zu können, erkennt aber, dass dies ein Trugbild ist und bringt sich schließlich um.“ Von dieser orientalistischen Fabel – die ihrer Zeit entspricht, man denke an Die Perlenfischer von Bizet (1863) oder an Die Afrikanerin von Meyerbeer (1865) – zeigt Laurent Pelly eine sehr nüchterne Version, die es erlaubt, sich auf das Spiel der Schauspie-

ler und die Stimmen zu konzentrieren. Die Rollenbesetzung ist prächtig, mit Nicolas Courjal, Ambroisine Bré, Ingrid Perruche oder auch dem ehemaligen Mitglied der Opéra Studio Lauranne Oliva, die gerade den Wettbewerb Voix Nouvelles gewonnen hat! Ein Spiel mit transparenten Vorhängen, poetischen Schattenspielen, ungebleichtem Papier oder auch Kostüme, die an den Butoh erinnern, bildet einen eleganten Rahmen für diese Tragödie. „Ich will das Liebesdrama inszenieren, den Schock der Kulturen… Ich denke an Romeo und Julia, an eine Liebesgeschichte zwischen zwei verfeindeten Seiten. Daran ein Thema zu entblößen wie einen Stein, den man schleifen würde“, unterstreicht der Regisseur. À l’Opéra (Strasbourg) du 2 au 12 novembre et à La Filature (Mulhouse) dimanche 26 et mardi 28 novembre In der Oper (Straßburg) vom 2. bis 12. November und in La Filature (Mulhouse) am Sonntag den 26. und Dienstag den 28. November operanationaldurhin.eu

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eit 2012, und einem ersten Mal in Montpellier, ist Lakmé zu einer Paraderolle für Sabine Devieilhe geworden: Seitdem hat der Superstar unter den Sopransängerinnen die Figur unzählige Male auf den Bühnen der ganzen Welt verkörpert. „Es ist eine Partitur, die ganz genau zu meiner Stimme passt. Léo Delibes hat sie 1883 für Marie van Zandt geschrieben, aber ich habe auch den Eindruck, dass er sie für mich erdacht hat, über die Jahre hinweg“, fügt sie mit einem Lächeln hinzu. Bekannt für seine stratosphärischen Momente der Bravour in den schrillsten Tönen – mit feuerwerkartigen Hits wie L’Air des clochettes und seinen hohen C, einem wahrhaften Mount Everest für jede Koloratursopranistin –, ist das Werk vor allem „ein echter Marathon, in dem es grundlegend ist langen Atem zu beweisen. Sie begrenzt sich nicht auf die berühmtesten Momente wie das Duo des fleurs. Im dritten Akt, zum Beispiel, setzt Delibes einen Fuß in die Modernität und POLY 262

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OPÉRA

Surveiller et punir Avec un spectacle où la vidéo se taille la part du lion, Cyril Teste transporte Fidelio de Beethoven dans une prison de haute sécurité.

Überwachen und Strafen Mit einer Aufführung, in der dem Video ein Löwenanteil zukommt, versetzt Cyril Teste Fidelio von Beethoven in ein Hochsicherheitsgefängnis. Par Von Hervé Lévy – Photos de von Stefan Brion / Opéra-Comique

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xit la prison située près de Séville, au XVIIe siècle, cadre souhaité par Beethoven (et ses librettistes Joseph Sonnleithner et Georg Friedrich Treitschke) pour son unique opéra. Cyril Teste installe son Fidelio dans une “supermax” qu’on imagine américaine, établissement pénitentiaire de très haute sécurité, où les détenus sont isolés et sans cesse filmés : « La lumière artificielle prive les prisonniers de la conscience du temps. Mémoire et identité se dissolvent dans un lieu où tous les gestes sont surveillés. Il n’y a aucun angle mort, à l’image d’une société où le hors champ n’est plus guère possible », résume-t-il. Ambiance death corridor… Dans cet univers glacé, métallique et aseptisé, se déploient des sentiments portés à l’incandescence et une musique parmi les plus belles, ici interprétée par l’Orchestre Dijon Bourgogne placé sous la

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direction de l’excellent Adrien Perruchon. Prisonnier politique, Florestan se fait bastonner dès l’ouverture, histoire sans doute de pointer l’inhumanité de tels espaces, dont Guantanamo est l’avatar le plus célèbre. Sept écrans immenses démultiplient l’action. Filmés en direct, les visages s’y montrent en très grand. Inquiétants. Ils se métamorphosent en murs d’images où les gardiens suivent l’action, comme le public. Outil d’oppression utilisé par des matons mateurs, la caméra peut aussi néanmoins se transformer en arme libératrice, plus puissante qu’un flingue. Pour le metteur en scène, « le centre de gravité de l’opéra se trouve dans la résistance. La plus belle façon de résister passe par l’imposture. Léonore, l’épouse du captif, change son


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identité. Ce travestissement met tout le dispositif en défaut, puisqu’elle introduit en quelque sorte de la fiction dans un dispositif de réel, détournant le système par ce biais. Elle ne sort pas indemne de ce chemin initiatique, mais demeure intègre. » Figure féminine forte, cette Eurydice qui va chercher son Orphée aux enfers carcéraux – et qui l’en ramène – ne va « va pas faire sauter le système, mais le déprogrammer. Là se situe la différence entre la révolution et la résistance, même si on peut se poser la question de la fin » avec l’élargissement triomphal de Florestan par Don Fernando. Ce dernier « n’estil pas un simple opportuniste qui reprend cette libération à son compte ? On pense alors à ces hommes politiques qui s’approprient un renversement de pouvoir pour en faire un instrument de pouvoir. »

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chluss mit dem Gefängnis in der Nähe von Sevilla, im 17. Jahrhundert, dem Rahmen, wie ihn sich Beethoven (und seine Librettisten Joseph Sonnleithner und Georg Friedrich Treitschke) für seine einzige Oper wünschten. Cyril Teste installiert seinen Fidelio in einem „Supermax“, das man sich in den USA vorstellt, eine Strafvollzugsanstalt mit höchsten Sicherheitsstandards, in der die Gefangenen isoliert sind und pausenlos gefilmt werden: „Das künstliche Licht nimmt den Insassen jegliches Zeitgefühl. Erinnerung und Identität lösen sich an einem Ort auf, an dem alle Gesten überwacht werden. Es gibt keinen toten Winkel, wie in einer Gesellschaft, in der ein Hors-Champ kaum noch möglich ist“, fasst er zusammen. Die Stimmung eines Todestraktes. In diesem eisigen, metallischen und sterilen Universum entfalten sich glühende Gefühle und eine Musik, die zu den Schönsten gehört. Hier getragen vom Orchestre Dijon Bourgogne unter der Leitung des exzellenten Adrien Perruchon. Der politische Gefangene Florestan wird

von der Ouvertüre an verprügelt, zweifelsohne um die Unmenschlichkeit solcher Räume aufzuzeigen, deren berühmtester Vertreter Guantanamo ist. Sieben riesige Bildschirme vervielfältigen die Aktion. Die in Echtzeit gefilmten Gesichter werden in Großaufnahme gezeigt. Beunruhigend. Sie verwandeln sich in Bilderwände, in denen die Wärter die Aktion wie das Publikum verfolgen. Das Unterdrückungs-Werkzeug der Kamera, das von den voyeuristischen Gefängniswärtern benutzt wird, kann sich nichtsdestotrotz in eine befreiende Waffe verwandeln, die mächtiger ist als eine Knarre. Für den Regisseur „liegt der Schwerpunkt der Oper im Widerstand. Die schönste Art des Widerstands ist der Betrug. Léonore, die Ehefrau des Gefangenen, wechselt ihre Identität. Diese Verkleidung trickst das ganze Dispositiv aus, da sie auf gewisse Weise Fiktion in ein Dispositiv der Realität einführt und damit das System umkehrt. Sie verlässt diesen Initiationsweg nicht unversehrt, bleibt aber integer.“ Als starke weibliche Figur wird diese Eurydike, die ihren Orpheus in der Gefängnishölle sucht – und ihn aus ihr herausholt – „das System nicht zersprengen, sondern es umprogrammieren. Darin liegt der Unterschied zwischen der Revolution und dem Widerstand, selbst wenn man die Frage nach dem Ende stellen kann“ mit der triumphalen Befreiung von Florestan durch Don Fernando. Dieser letzterer „ist er nicht ein einfacher Opportunist, der diese Befreiung für sich beansprucht? Man denkt an diese Politiker, die sich eines Machtumsturzes bedienen, um daraus ein Instrument der Macht zu schaffen.“ À l’Auditorium de l’Opéra de Dijon du 8 au 12 novembre Im Auditorium der Opéra de Dijon vom 8. bis 12. November opera-dijon.fr POLY 262

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MUSIQUE MUSIK

Sonnez hautbois

Avec le hautboïste François Leleux, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg accueille un des maîtres de l’instrument.

Oboen-Meister

Mit dem Oboisten François Leleux, empfängt das Orchestre philharmonique de Strasbourg einen Meister dieses Instruments. Par Von Hervé Lévy – Photo de von Uwe Arens

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hef d’une extrême musicalité, Claus Peter Flor retrouve l’OPS, histoire d’explorer à nouveau les arcanes de la profonde complicité qui les unit, dans un répertoire où il est particulièrement brillant. Bien sûr, il y aura la “Grande Symphonie“ de Schubert, sa neuvième, majestueuse avec ses « divines longueurs » – le mot est de Robert Schumann –, mais surtout le Concerto pour hautbois de Richard Strauss. Qui a

entendu François Leleux l’été dernier au Festival de Colmar aura été convaincu par l’agilité et la maestria d’un virtuose à la longueur de souffle incroyable. Il parcourt en effet le marathon des cinquante-six mesures marquant l’entrée en scène de son instrument avec une fraîcheur et une élégance rares. Le reste de sa prestation fut à l’avenant, magnifiant une page d’un néo-classicisme de bon aloi, pétrie de sérénité. Celle d’un octogénaire faisant fi de la période troublée qu’il traverse, qui se montre tantôt bucolique tendance rêveur, tantôt bondissant et joyeux dans des élans où sont perceptibles des réminiscences facétieuses de son poème symphoniques Till l’Espiègle.

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laus Peter Flor, ein Dirigent von extremer Musikalität trifft wieder auf das OPS um erneut die Geheimnisse der tiefen Verbindung zu erkunden, die sie vereint, mit einem Repertorium in dem er besonders brillant ist. Natürlich wird es die „Große Sinfonie“ von Schubert geben, seine neunte, majestätisch mit „göttlichen Längen“ – wie es Robert Schumann ausdrückte – aber vor allem dem Konzert für Oboe und kleines Orchester in D-Dur von Richard Strauss. Wer im vergangenen Sommer François Leleux beim Festival de Colmar hörte, wurde von der Regheit und Bravour eines Virtuosen mit unglaublich langem Atem überzeugt. Er rennt in der Tat einen Marathon von sechsundfünfzig Takten, der den Bühnenauftritt seines Instruments mit einer seltenen Frische und Eleganz markiert. Der Rest seiner Darbietung ist dementsprechend, verherrlicht eine neo-klassizistische Seite voller Ausgeglichenheit. Jene eines Achtzigjährigen, der sich der unruhigen Periode, die er erlebt, widersetzt, sich mal naturverbunden mit Tendenz zur Träumerei zeigt, mal überbordend und fröhlich mit Schwüngen, in denen die spaßigen Erinnerungen an sein Sinfonie-Gedicht Till Eulenspiegel spürbar sind.

Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg) vendredi 1er décembre Im Palais de la Musique et des Congrès (Straßburg) am Freitag den 1. Dezember philharmonique.strasbourg.eu – francoisleleux.com 62

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EXPOSITION AUSSTELLUNG

Nippon fashion Kyoto to Catwalk : tel est le sous-titre et l’essence de la très belle exposition Kimono du Musée Rietberg de Zurich. Kyoto to Catwalk: Das ist der Untertitel und Kern der sehr schönen Ausstellung Kimono im Museum Rietberg in Zürich. Par Von Hervé Lévy

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lus de 180 objets exposés : ce voyage dans le monde du kimono est une fascinante plongée dans l’élégance japonaise, questionnant les stéréotypes accolés à ce vêtement, fréquemment uniquement vu comme traditionnel. Se déploient de somptueuses pièces, souvent d’une extravagance folle, de l’ère Edo (1615-1868), où la forme classique – évoquant un T – trouve son accomplissement. Mais aussi une description du tissage, des procédés de teinture ou encore des estampes montrant des courtisanes qui n’ont rien à envier aux fashion victims d’aujourd’hui… Au XVIII e siècle, l’archipel nippon était un vrai centre de la mode ! Dès l’ère Meiji (1868-1912), marquant l’ouverture du Japon, le kimono s’exporte en Europe où il devient l’image de l’exotisme même… Un cliché tenace ! Se découvrent des œuvres contemporaines signées de Moriguchi Kunihiko – devenu “Trésor national vivant” en 2007 – ou de designers ultra innovants. À Zurich, la créatrice helvèto-nippone Kazu Huggler a de plus imaginé un ensemble blouson / pantalon à partir d’un kimono de soie, et tourné un court-métrage illustrant les significations du vêtement au travers du kitsuke, un terme désignant l’art de le porter.

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ehr als 180 ausgestellte Objekte: Diese Reise in die Welt des Kimonos ist ein faszinierendes Eintauchen in die japanische Eleganz, die die Stereotype untersucht, die diesem Kleidungsstück anhaften, das häufig einzig als ein traditionelles Gewand betrachtet wird. Es entfalten sich

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prächtige Stücke, die oft wahnsinnig extravagant sind, aus der Edo-Zeit (1615-1868), in der die klassische Form – die an ein T erinnert – ihren Höhepunkt findet. Aber auch Beschreibungen der Webkunst, der Methoden der Färbung oder Holzdrucke die Kurtisanen zeigen, die den heutigen fashion victims in nichts nachstehen… Im 18. Jahrhundert war der japanische Archipel ein echtes Zentrum der Mode! Von der Meiji-Ära an (1868-1912), die die Öffnung Japans bedeutete, wird der Kimono nach Europa exportiert und wird zum Sinnbild der Exotik schlechthin… Ein hartnäckiges Klischee! Man entdeckt zeitgenössische Werke von Moriguchi Kunihiko – der 2007 zum „Lebenden Nationalschatz“ erklärt wurde – oder von äußerst innovativen Designern. In Zürich hat die Schweizerisch-japanische Modedesignerin Kazu Guggler außerdem ein Ensemble aus Jacke und Hose ausgehend von einem Kimono aus Seide entworfen und einen Kurzfilm gedreht, der die Bedeutungen des Kleidungsstück anhand des kitsuke illustriert, eines Begriffs, der die Kunst des Kimono-Anziehens bezeichnet. Au Musée Rietberg (Zurich) jusqu’au 7 janvier 2024 Im Museum Rietberg (Zürich) bis zum 7. Januar 2024 rietberg.ch

Légende Bildunterschrift Akira Times, KIMONO Times, 2017



EXPOSITION

Land and Freedom

Revenant sur les Révolutions de 1848-49 en Allemagne, France et Suisse, L’Appel à la liberté questionne aussi les variations contemporaines du concept. Die Ausstellung Der Ruf nach Freiheit befasst sich mit den Revolutionen von 1848-49 in Deutschland, Frankreich und der Schweiz und hinterfragt auch die zeitgenössischen Varianten des Konzepts. Par Von Hervé Lévy

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e parcours de cette exposition tripartite débute par une description de ce que fut le “printemps des peuples” de 1848 : « Jamais on ne vit un mouvement révolutionnaire d’une telle ampleur et une aussi grande effervescence », rappelle Jan Merk, nouveau directeur du Musée des Trois Pays de Lörrach. Une première section se concentre sur cet appétit de démocratie en Allemagne, France et Suisse, présentant des objets emblématiques assortis d’éclairantes explications : une statue en bronze de Guillaume Tell signée Richard Kissling – mythe masquant une réalité différente, la Guerre du Sonderbund générant une constitution qui est, peu ou prou, celle de la Confédération helvétique aujourd’hui – ou la déclaration des droits fondamentaux du peuple allemand adoptée

en décembre 1848. Sans oublier de beaux témoignages de la “révolution de février”, où les Parisiens se soulèvent, poussant Louis-Philippe à abdiquer avant la proclamation de la Deuxième République par Alphonse de Lamartine. Dans une deuxième partie, se découvre l’importance de ces mouvements dans le pays de Bade et les espaces limitrophes, avec les trois insurrections qui le parcoururent (avril et septembre 1848, puis mai 1849) et leurs figures marquantes à l’image de Friedrich Hecker. Désirant renverser les princes allemands pour fonder une république, il échoua et un véritable culte lui fut voué après son exil américain : pipes, tabatières et autres épinglettes en témoignent. Pensons aussi à Gustav Struve qui proclama, pour la première fois, la République allemande à Lörrach, le 21 septembre 1848, revendiquant « prospérité, éducation et liberté pour tous ». Illustrent cette période, une tunique en lin bleu de franc-tireur (avec son écharpe noire, rouge et or), une huile parcourue d’un souffle épique montrant la bataille du Scheidegg – lieu-dit situé près de Kandern – ou encore un immense tableau révolutionnaire peint sur une toile de jute, véritable chef-d’œuvre d’art populaire. Après cette passionnante plongée dans le passé, une troisième section questionne la liberté aujourd’hui : « Elle est fondamentale, à une époque où les totalitarismes et les populismes nous menacent plus que jamais », résume Jan Merk. Entre état de la démocratie dans le monde – avec une éclairante carte – et prospective grâce à une œuvre d’art signée Arno Dietsche, collage numérique réalisé avec une IA, des questions d’une brûlante actualité sont posées. Et de se souvenir d’une gravure de 1830 accrochée au début de l’exposition, où la liberté, représentée par une petite fille coiffée du bonnet phrygien, est promenée en laisse par les représentants de puissances supérieures (roi, église, noblesse). Elles ont changé de nom, mais sont toujours là…

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er Rundgang dieser dreiteiligen Ausstellung beginnt mit einer Beschreibung dessen, was die Revolution von 1848/49 war: „Nie hat man eine revolutionäre Bewegung von solchen Ausmaßen und einen so großen Aufruhr erlebt“, erinnert Jan Merk, der neue Direktor des Dreiländermuseums. Ein erster Teil widmet sich diesem Verlangen nach Demokratie in Deutschland, Frankreich und der Schweiz, anhand symbolträchtiger Objekte, die von erhellenden Erklä-

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AUSSTELLUNG

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rungen begleitet werden: Eine Bronzefigur von Wilhelm Tell von Richard Kissling – ein Mythos der eine andere Realität überdeckt, den Sonderbundskrieg, der zu einer Verfassung führte, die mehr oder weniger jener der heutigen Schweizerischen Eidgenossenschaft entspricht – oder die Erklärung der Grundrechte des deutschen Volkes, die im Dezember 1848 verabschiedet wurden. Ohne die schönen Zeugnisse der „Februarrevolution“ zu vergessen, in der die Pariser sich erhoben und Louis-Philippe zur Abdankung brachten, bevor die Zweite Französische Republik von Alphonse de Lamartine verkündet wurde. In einem zweiten Teil entdeckt man die Bedeutung dieser Bewegungen in Baden und den angrenzenden Gebieten, mit drei Aufständen, die sie durchziehen (April und September 1848, dann Mai 1849) und ihre markanten Figuren wie Friedrich Hecker. Er scheiterte bei dem Versuch die deutschen Prinzen zu stürzen und eine Republik zu gründen und nachdem er ins amerikanische Exil ging, wurde ihm ein wahrer Kult gewidmet: Pfeifen, Tabakdosen und Anstecker zeugen davon. Man trifft auch auf Gustav Struve, der – zum ersten Mal – am 21. September 1848 in Lörrach die Deutsche Republik ausrief und „Wohlstand, Bildung und Freiheit für alle“ forderte. Diese Zeit wird von einer Tunika aus blauem Leinen, dem Freischärlerhemd, illustriert (mit seiner schwarz-rot-goldenen Schärpe), einem epischen Ölgemälde, das das Gefecht auf der Scheidegg – in der Nähe von Kandern – zeigt oder auch einem riesigen revolutionären Gemälde, das auf einen Jutestoff gemalt wurde, einem echten Meisterwerk der Volkskunst. Nach

diesem faszinierenden Sprung in die Vergangenheit befasst sich ein dritter Teil mit der Freiheit heute: „Sie ist grundlegend in einer Epoche, in der wir mehr als jemals zuvor von Totalitarismus und Populismus bedroht sind“, fasst Jan Merk zusammen. Zwischen dem Zustand der Demokratie in der Welt – mit einer erhellenden Karte – und einer Zukunftsvision anhand eines Kunstwerkes von Arno Dietsche, einer digitalen Collage, die mit einer KI realisiert wurde, in der Fragen von brennender Aktualität gestellt werden. Und man erinnert sich an eine Gravur von 1830, die am Anfang der Ausstellung hängt, in der die Freiheit von einem kleinen Mädchen symbolisiert wird, das eine Phrygische Mütze trägt und von den Repräsentanten der Machthabenden (König, Kirche, Adel) an der Leine geführt wird. Sie haben andere Namen, sind aber immer noch da… Au Musée des Trois Pays (Lörrach) jusqu’au 19 mai 2024 Im Dreiländermuseum (Lörrach) bis zum 19. Mai 2024 dreilaendermuseum.eu > Geführte Besichtigung, 19.11. (11:30 Uhr), 21.01. (11:30 Uhr), 21.03. (18 Uhr), 17.04. (18 Uhr), 12.05. (11:30 Uhr)

Légendes Bildunterschriften 1. Les droits fondamentaux du peuple allemand adoptés le 27/12/1848 Grundrechte des deutschen Volkes, verabschiedet am 27.12.1848, 1848/49. Collection Sammlung DLM 2. Liberté, Journal Zeitschrift La Caricature, 1830, Collection Sammlung DLM 3. Bronze sculpté Guillaume Tell et son fils Walter Bronzeplastik Willhelm Tell und sein Sohn Walter, Richard Kissling, vers um 1900. Collection Sammlung DLM

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EXPOSITION

Women in the Dark Du XIX e siècle au III e Reich, Criminal Women questionne un sujet rarement exploré dans un parcours esthétiquement réussi et intellectuellement stimulant. Vom 19. Jahrhundert bis zum Dritten Reich untersucht Criminal Women ein selten erkundetes Thema in einem ästhetisch gelungenen und intellektuell anregenden Rundgang. Par Von Hervé Lévy

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riomphante, Judith tient la tête d’Holopherne dans une main, tandis que l’autre brandit le sabre qui l’a tranchée : ouvrant symboliquement l’exposition, cette toile de 1844 de Theodor Hildebrandt voisine avec une seconde, réalisée d’après Giovanni Francesco Barbieri (vers 1651). Variation sur le même thème, bien plus sombre, cette huile caravagesque suggère une autre vision de l’histoire, illustrant les ambigüités de la criminalité féminine qui se déploient au fil du parcours. De manière introductive, sont présentées d’autres célèbres meurtrières, Charlotte Corday qui affirma avoir tué Marat par patriotisme (une magnifique gravure de Niccolò Schiavonetti illustre la scène), mais aussi l’inquiétante Elisabeth Wiese, serial killer de la fin des années 1900, nourrice qui assassinait les jeunes enfants qui lui étaient confiés. Photos anthropométriques et autres clichés de “prostituées russes” mettant en exergue la place de la physiognomonie au XIXe siècle – méthode pseudo-scientifique affirmant qu’il était possible de déduire 68

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la personnalité d’un être à l’aune des traits de son visage – invitent à se questionner sur la qualification de criminelle, tout autant que sur sa représentation, à une époque dominée par un patriarcat tout-puissant. Également montrée, une bobine de Ruhmkorff – permettant de générer des tensions de 10 000 volts – rappelle que le discours criminologique dominant prétendait que les “mauvaises femmes” avaient une moindre sensibilité à la douleur, ce qui les rendait plus cruelles que les hommes… Une théorie testée à coups de chocs électriques. Une seconde partie détaille l’émergence de nouveaux types spécifiquement féminins dans l’art, “faiseuses d’anges” – est ainsi présentée une glaçante série d’instruments gynécologiques – ou prostituées avec une superbe composition expressionniste de Hans Grundig, Putain dans l’entrée de la maison (1923) évoquant le meilleur de George Grosz. En raison du paragraphe 218 du Code pénal allemand – non abrogé mais tombé en déshé-

rence – stipulant que l’avortement est un délit, de nombreuses femmes sont en outre devenues des criminelles. Une toile peinte par Alice Lex-Nerlinger en 1931 est une jolie allégorie de la lutte féministe contre cette disposition, tout comme une composition de Richard Ziegler. Enfin, la partie la plus angoissante de l’exposition concerne le national-socialisme où les artistes étaient rapidement considérées comme asociales et, derechef, internées. On demeure fascinés par les dessins d’Eva Schulze-Knabe qui croque ses codétenues, tout autant que par les terribles compositions réalisées dans l’enceinte de Ravensbrück par Nina Jirsíková.

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riumphierend hält Judith den Kopf von Holofernes in einer Hand, während die andere den Säbel erhebt, der in abschlug: Dieses Gemälde von 1844 von Theodor Hildebrandt, das symbolisch die Ausstellung eröffnet, steht einem Zweiten von Giovanni Francesco Barbieri (um 1651) gegenüber. Eine Variation zum selben Thema, die


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viel düsterer ist. Dieses Ölgemälde à la Caravaggio suggeriert eine andere Vision der Geschichte und illustriert die Zweideutigkeit der weiblichen Kriminalität, die sich im Laufe des Rundgangs entfaltet. Zur Einleitung werden weitere berühmte Mörderinnen präsentiert, wie Charlotte Corday, die behauptete, dass sie Marat aus Patriotismus getötet habe (eine wunderschöne Gravur von Niccolò Schiavonetti illustriert die Szene), aber auch die beunruhigende Elisabeth Wiese, eine Serienkillerin vom Ende der 1900er Jahre, eine Amme, die die kleinen Kinder ermordete, die ihr an-

vertraut wurden. Anthropometrie-Photographien und andere Aufnahmen von „russischen Prostituierten“, die den Platz der Physiognomie im 19. Jahrhundert hervorheben – eine pseudo-wissenschaftliche Methode, die behauptete, dass es möglich sei, von den Gesichtszügen einer Person aus Rückschlüsse auf ihre Persönlichkeit zu ziehen – und dazu einladen die Einstufung als Kriminelle zu hinterfragen, genauso wie deren Darstellung, in einer Epoche, die vom allmächtigen Patriachat dominiert wurde. Es wird ebenfalls eine Rühmkorff-Spule gezeigt – die Spannungen

von bis zu 10 000 Volt erzeugen kann – die daran erinnert, dass der vorherrschende Diskurs der Kriminalwissenschaft vorgab, dass „schlechte Frauen“ eine geringere Schmerzempfindlichkeit hätten, was sie grausamer mache als Männer… eine Theorie, die anhand von Elektroschocks getestet wurde. Ein zweiter Teil detailliert das Auftauchen eines spezifischen weiblichen Typs in der Kunst, den „Engelsmacherinnen“ – so wird eine Reihe von gynäkologischen Instrumenten präsentiert, die das Blut in den Adern erstarren lässt – oder Prostituierten mit einer wunderbaren expressionistischen Komposition von Hans Grundig, Dirne im Hauseingang (1923), die an die besten Werke von George Grosz erinnert. Aufgrund des Paragraphen 218 des deutschen Strafgesetzbuches – der nicht aufgehoben wurde aber in Vergessenheit geriet – welcher festlegt, dass Abtreibung eine Straftat ist, sind viele Frauen zu Kriminellen geworden. Ein Gemälde, das Alice Nex-Nerlinger im Jahr 1931 malte, ist eine schöne Allegorie des weiblichen Kampfs gegen dieses Gesetz, ebenso wie eine Komposition von Richard Ziegler. Und schließlich betrifft der erschreckendste Teil der Ausstellung den Nationalsozialismus, unter welchem Künstler schnell als Asoziale eingestuft wurden und wiederum interniert wurden. Man betrachtet fasziniert die Zeichnungen von Eva Schule-Knabe, die ihre Mitgefangenen skizziert, ebenso wie die schrecklichen Kompositionen, die Nina Jirsíková in Ravensbrück erschuf. Au Museum LA8 (Baden-Baden) jusqu’au 29 février 2024 Im Museum LA8 (Baden-Baden) bis zum 29. Februar 2024 museum.la8.de

Légendes Bildunterschriften

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1. Eva Schulze-Knabe, Tête d’une codétenue Kopf einer Mitgefangenen, 1933 © Collection Sammlung Frieder Gerlach, Konstanz 2. Nina Jirsíková, Dozorkyn (Surveillante Aufsichtsperson), avant vor 1945, Mahn- und Gedenkstätte Ravensbrück

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Icônes

Réunissant une cinquantaine de tableaux majeurs de Niko Pirosmani, la Fondation Beyeler fait (re)découvrir un précurseur de la modernité.

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Mit rund fünfzig der wichtigsten Gemälde von Niko Pirosmani lässt die Fondation Beyeler einen Vorreiter der Modernität (wieder)entdecken. Par Von Hervé Lévy

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omme du peuple qui travailla à la Compagnie des chemins de fer transcaucasiens, autodidacte complet exposé aux côtés de Chagall ou Malevitch à Moscou en 1913, peintre d’enseignes pour les tavernes de Tbilissi, vagabond céleste disparaissant dans la misère auquel Picasso rendit hommage… Niko Pirosmani (1862-1918) est un météore mystérieux qui illumine l’art du début du XXe siècle d’une lumière magnifique. L’existence de l’énigmatique Géorgien, où les zones d’ombre abondent, est devenue légende et on ne sait absolument rien de ses intentions plastiques. En 1905, il vendit tous ses biens pour offrir un million de roses à Marguerite de Sèvres, en tournée sans son pays. Histoire vraie ou mythe popularisé par un tube d’Alla Pougatcheva, méga star de la pop soviétique ? Reste que le portrait de l’actrice et chanteuse française qu’il laisse est pure merveille, illustrant une des caractéristiques premières de ses compositions : une manière de faire éclater les couleurs à nulle autre pareille. S’il fut souvent comparé au Douanier Rousseau, ou qualifié de « Giotto géorgien » par le futuriste russe Mikhaïl Le Dentu, 70

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un de ses découvreurs, Niko Pirosmani n’entre guère dans les cases. Entre tradition populaire et modernité absolue, ce précurseur des avant-gardes métamorphose des scènes du quotidien du Caucase – un banquet, une paysanne allant chercher de l’eau avec ses enfants, un médecin parcourant la campagne sur son âne… – en allégories intemporelles et universelles. Dans une huile sur toile cirée, il montre un Pêcheur en chemise rouge dans une économie de moyens complète, la transformant en icône : son chapeau jaune évoque en effet clairement une auréole. Ailleurs, se découvre une Femme avec une chope de bière où le noir du support, non peint, fait éclater rouge, blanc et jaune. Dans une même réduction des teintes aux essentielles, se déploient des paysages narratifs où voisinent une multitude d’événements (La Fête de Saint-Georges à Bolnissi) dans une stupéfiante harmonie qui rappelle étrangement Brueghel. Enfin, on demeure éblouis par ses nombreux portraits plein cadre d’animaux devant lesquels il est possible de rester de longues minutes : Chèvre, Renard, Ours sous la lune, Sanglier, Girafe, Chevreuil au bord d’un ruisseau, etc. Peu soucieux de précision anatomique, le


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peintre représente les bêtes avec une grande douceur, les humanisant en quelque sorte – comme cette Ourse blanche avec ses petits, figure de l’amour maternel protecteur – avec une immense élégance.

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ann aus dem Volk, der bei der Transkaukasischen Eisenbahn arbeitete, kompletter Autodidakt, der an der Seite von Chagall oder Malewitsch im Jahr 1913 in Moskau ausgestellt wurde, Maler von Schildern für die Tavernen von Tiflis, himmlischer Vagabund, der in Armut verstarb, dem Picasso die letzte Ehre erwies… Niko Pirosmani (1862-1918) ist ein mysteriöser Meteor, der die Kunst vom Anfang des 20. Jahrhunderts mit einem wunderschönen Licht erhellt. Die Existenz des geheimnisvollen Georgiers, die voller Grauzonen ist, wurde zu einer Legende und man weiß absolut nichts über seine künstlerischen Intentionen. Im Jahr 1905 verkaufte er sein gesamtes Hab und Gut, um Marguerite de Sèvres eine Million Rosen zu schenken, die in seinem Land auf Tournee war. Eine wahre Geschichte oder ein Mythos, der von einem Hit von Alla Pougatcheva verbreitet wurde, dem Mega-Star des sowjetischen Pop? Das Portrait der französischen Schauspielerin und Sängerin ist ein wahres Meisterwerk, das eine der Haupt-Charakteristika seiner Kompositionen illustriert: Seine Art und Weise, die Farben auf unvergleichliche Weise zum Strahlen zu bringen. Selbst wenn er oft mit Douanier Rousseau verglichen oder vom russischen Futuristen Mikhaïl Le Dentu, einem seiner Entdecker, als „georgischer Giotto“ bezeichnet wurde, passt Niko Pirosmani in keine Schublade. Zwischen volkstümlicher Tradition und absoluter Modernität verwandelt dieser Vorreiter der Avantgarden die Alltagsszenen des Kaukasus – ein Bankett, eine Bäuerin, die mit ihren Kinder Wasser holt, ein Arzt, der auf seinem Esel durch das Land zieht… – in zeitlose und

universelle Allegorien. Auf einem Ölgemälde auf Wachstuch zeigt er einen Fischer in Rotem Hemd, mit sehr reduzierten Mitteln, die ihn in eine Ikone verwandeln: Sein gelber Hut erinnert in der Tat ganz eindeutig an einen Heiligenschein. An anderer Stelle entdeckt man eine Frau mit Bierkrug, in der das Schwarz des, nicht gemalten, Untergrundes, das Rot, Weiß und Gelb zum Strahlen bringt. In derselben Reduktion der Töne auf das Essentielle entfalten sich narrative Landschaften, in denen eine Vielzahl von Ereignissen dargestellt werden (Fest des heiligen Georg in Bolnissi) mit einer erstaunlichen Harmonie, die komischerweise an Brueghel erinnert. Und schließlich bleibt man fasziniert vor seinen zahlreichen großformatigen Tierportraits stehen, vor denen man lange Minuten verweilt: Ziege, Fuchs, Bär in mondheller Nacht, Wildschwein, Giraffe, Reh vor einer Landschaft, etc. Der Maler, der sich wenig um die anatomische Präzision kümmert, repräsentiert die Tiere mit einer großen Sanftheit, er vermenschlicht sie auf gewisse Weise – wie Weisse Bärin mit ihren Jungen, Figur der beschützenden Mutterliebe – mit einer unendlichen Eleganz. À la Fondation Beyeler (Riehen / Bâle) jusqu’au 28 janvier 2024 In der Fondation Beyeler (Riehen / Basel) bis zum 28. Januar 2024 fondationbeyeler.ch > Visite guidée en français, 05/11 & 03/12 (15h)

Légendes Bildunterschriften 1. Niko Pirosmani, Cinq princes banquetant Gelage der fünf Fürsten 2. Niko Pirosmani, Ours sous la lune Bär in mondheller Nacht 3. Niko Pirosmani, L’actrice Marguerite Die Schauspielerin Margarita Collection Shalva Amiranashvili, Museum of Fine Arts of Georgia, Georgisches Nationalmuseum, Tbilissi © Infinitart Foundation

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Des collages immédiats Avec Mondes assemblés, le Zentrum Paul Klee montre les photomontages d’Hannah Höch, pionnière qui arpenta les avant-gardes.

Das ist keine Collage Mit Montierte Welten zeigt das Zentrum Paul Klee die Fotomontagen von Hannah Höch, einer Pionierin, die die Avantgarden durchstreifte. Par Von Hervé Lévy

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até de 1915, un des premiers collages d’Hannah Höch (1889-1978), Le Nuage blanc, a été réalisé à partir d’une gravure sur bois colorée, découpée au ciseau, dont les fragments ont été recomposés pour former une abstraction à l’allure étrange et vaguement inquiétante. Ce n’est qu’à partir de la fin de la Première Guerre mondiale qu’elle utilise journaux et magazines comme matière première pour une critique sociale et politique acerbe. Membre du Groupe de Novembre, où se croisent expressionnistes, cubistes, futuristes et constructivistes – sous la houlette de Max Pechstein et César Klein –, et seule femme dans le cercle des dadaïstes berlinois (elle est ainsi percussionniste dans l’Antisympho-

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nie donnée par Jefim Golyscheff en 1919), l’artiste ne cesse d’expérimenter. Elle crée ainsi des photomontages consistant presque en de véritables “films sur papier” réalisés à partir de débris de la culture de masse : clichés parus dans la presse, etc. Au sein de l’exposition, la confrontation avec des courtsmétrages avant-gardistes, signés László Moholy-Nagy (Jeu de lumière noir-blanc-gris, 1930) ou Hans Richter (Inflation, 1928), l’illustre avec éclat. Au centre du propos, se trouve la dénonciation du machisme de l’époque : Le Père (1920), par exemple, questionne avec un humour caustique l’émancipation des femmes et les assigna-


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tions des fonctions masculines et féminines dans la société, de même que la série aux séductions esthétiques puissantes intitulée D’un musée ethnographique développée de 1924 à 1930. Ainsi Avec Casquette (1924), assemblage de deux visages, est-il autant une réflexion sur la potentielle hybridité du genre que sur les “gueules cassées” d’après 1918, à l’image des toiles d’Otto Dix, tout comme les géniales déformations des traits du Mélancolique (1925) ou d’Enfants (1925). Le voisinage avec L’Écho d’Athènes (1913) de Braque, des œuvres de Kurt Schwitters ou de multiples photomontages signés John Heartfield, maître du genre, montre l’importance majeure d’Hannah Höch au XXe siècle. Après 1945, elle se tourne vers un surréalisme dans lequel la nature est au centre du propos, s’inspirant de son jardin, refuge où elle avait passé la guerre dans une douloureuse “émigration intérieure”, son œuvre ayant été jugée dégénérée par le IIIe Reich. Loin de la politique, séduisent les efflorescences de Vivace (1955) ou le Beau matériau de pêche (1946) dont la proximité avec les toiles de Max Ernst ici accrochées est parlante. Le visiteur est aussi épaté par Duo tendu (1964), avec ses deux chatons mignons, ou par Ce n’est pas une œuvre d’art, orgie féline non datée, deux compostions aux accents ironiques anticipant le déferlement d’une imagerie similaire sur le Net et brocardant gentiment notre affection débordante pour nos animaux domestiques.

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ine der ersten Collagen von Hannah Höch (1889-1978) aus dem Jahr 1915, Die Weisse Wolke, wurde ausgehend von einem kolorierten Holzschnitt realisiert, mit der Schere ausgeschnitten, bevor die Fragmente neu zusammengesetzt wurden, um eine Abstraktion mit einem bi-

zarren und unbestimmbar besorgniserregenden Aussehen zu bilden. Erst ab dem Ende des Ersten Weltkrieges benutzt sie Zeitungen und Magazine als Ausgangsmaterial für eine scharfe soziale und politische Kritik. Als Mitglied der Novembergruppe, in der Expressionisten, Kubisten, Futuristen und Konstruktivisten – unter der Leitung von Max Pechstein und César Klein – aufeinandertreffen und als einzige Frau im Kreis der Berliner Dadaisten (sie ist auch Perkussionistin in der 1919 von Jefim Golyscheff aufgeführten Antisymphonie), experimentiert die Künstlerin ohne Unterlass. So kreiert sie Fotomontagen, die fast echte „Filme auf Papier“ darstellen, ausgehend von Abfällen der Massenkultur: Aufnahmen aus der Presse, etc. In der Ausstellung wird dies auf brillante Weise in einer Konfrontation mit avantgardistischen Kurzfilmen von László Moholy-Nagy (Lichtspiel Schwarz Weiss Grau, 1930) oder Hans Richter (Inflation, 1928) demonstriert. Im Zentrum ihrer Themen steht die Anprangerung des damaligen Macho-Benehmens: So hinterfragt zum Beispiel Der Vater (1920) mit sarkastischem Humor die Emanzipation der Frauen und die Zuweisung der männlichen und weiblichen Funktionen in der Gesellschaft, ebenso wie die Serie mit starker ästhetischer Anziehungskraft mit dem Titel Aus einem ethnographischen Museum, die sie zwischen 1924 und 1930 entwickelte. So ist Mit Mütze (1924), eine Zusammenfügung zweier Gesichter, genauso eine Überlegung zur potentiellen Zwitterhaftigkeit des Geschlechts wie zu den Gesichtsversehrten nach 1918, wie in den Gemälden von Otto Dix, ebenso wie die genialen Verformungen der Gesichtszüge in Der Melancholiker (1925) oder Kinder (1925). Die unmittelbare Nähe von L’Écho d’Athènes (1913) von Braque, Werken von Kurt Schweitters oder zahlreichen Fotomontagen von John Heartfield, dem Meister der Gattung, zeigt die Bedeutung von Hannah Höch im 20. Jahrhundert. Nach 1945 wendet sie sich einem Surrealismus zu, bei dem die Natur im Zentrum steht, wobei sie sich von ihrem Garten inspirieren ließ, einem Ort der Zuflucht, an dem sie den Krieg verbracht hatte, in einer schmerzhaften „inneren Emigration“, da ihr Werk vom Dritten Reich als entartet eingestuft wurde. Fern der Politik verführen die Blüten von Vivace (1955) oder die Schönen Fanggeräte (1946), deren Nähe zu Gemälden von Max Ernst, die hier hängen, deutlich ist. Der Besucher ist auch verblüfft von Duo, gespannt (1964), mit seinen zwei süßen Kätzchen oder von Das ist kein Kunstwerk, einer undatierten Katzenorgie, zwei Kompositionen mit ironischen Akzenten, die die Welle einer ähnlichen Bildwelt im Internet vorhersehen und auf liebenswürdige Weise unsere überbordende Zuneigung zu unseren Haustieren verspotten. Au Zentrum Paul Klee (Berne) du 10 novembre au 25 février 2024 Im Zentrum Paul Klee (Bern) vom 10. November bis 25. Februar 2024 zpk.org > Visites guidées en français (17/12/23 & 04/02/24, 15h) Légendes Bildunterschriften

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1. Hannah Höch, Chouette avec loupe Eule mit Lupe, 1945, collection privée Privatsammlung © 2023, ProLitteris, Zurich 2. Hannah Höch, Autour d’une bouche rouge Um einen Roten Mund, vers um 1967, Institut für Auslandsbeziehungen e. V., Stuttgart © 2023, ProLitteris, Zurich

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Quatre décennies d’amour cerné

Aux Temps du Sida réunit œuvres, récits et entrelacs d’hier et d’aujourd’hui pour mieux solliciter le visiteur et « donner au chaos du sens et de la joie ».

Vier Jahrzehnte eingeschränkter Liebe In den Zeiten von Aids vereint Kunstwerke, Erzählungen und Beziehungen von gestern und heute, um die Aufmerksamkeit des Besuchers zu gewinnen und „dem Chaos Sinn und Freude zu verleihen“. Par Von Thomas Flagel

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ette citation de David Wojnarowicz, performeur et militant homosexuel américain disparu en 1992 du Sida, donne le ton d’une exposition fleuve célébrant les quarante ans de la découverte de la maladie. Elle réussit la triple prouesse de s’adresser aussi bien aux diverses générations (ceux qui ont perdu des amis, comme ceux nés plus récemment), que d’embrasser la culture pop, la sidération générale et le racisme ambiant, tout en donnant voix au militantisme associatif et aux artistes (plasticiens, auteurs, chorégraphes, etc.). La scénographie pleine de trouvailles n’y est pas pour rien : dans un salon rétro avec canapé et télévision offrant une plongée dans les reportages d’époque – la violence des mots, l’inexactitude des médias et la frilosité politique –, un placard coulissant permet une entrée dérobée dans une backroom avec clips et photos de Robert Mapplethorpe et de Wim Delvoye. Là

un dance-floor reconstitué avec lumière noire, plus loin des œuvres sont placardées à même le mur en format XXL le recouvrant totalement tel Keith Haring ou l’iconique lithographie SILENCE = DEATH d’Avram Finkelstein (1987), lettres blanches sur fond noir sous un rectangle rose renversé, symbole utilisé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps. Il y a beaucoup à dire, et à voir. Le défi est de taille, relevé sans chercher l’exhaustivité. Sans tomber non plus dans l’excès de propositions. Un Couloir du temps ouvre l’exposition avec ses livres et films sous blister, ses journaux et affiches savoureusement provoc d’Act-up ou d’Aides sous une frise chronologique rappelant l’avancée des droits, des faits marquants comme des découvertes scientifiques. L’Antichambre qui suit plonge dans la violence pure et réelle des corps d’une Kiki Smith, quand Bruno Pélassy détourne le slogan franquiste Viva la Muerte avec un rideau de fil en cristaux Swarovski. Une longue séquence entremêle le temps compté entre Hervé Guibert et Michel Foucault, l’humour d’un Copi ou les textes d’un Lagarce. Et puis il y a les coups de cœur infinis : Wojnarowicz, l’artiviste mêlant poétique et politique, en autoportrait photographique Sans titre (face in dirt), tête à moitié enterrée, quand sa bouche n’est pas cousue de fil rouge par Marion Scemama dans une relecture volontairement violente de SILENCE = DEATH, en 1989. Une superbe petite toile de la Sud-Africaine Marlene Dumas (The Image as Burden, 1993), tiré d’une Dame aux camélias. Même Nan Goldin se dévoile loin de ses clichés les plus célèbres, dans des compositions intimistes et pleines de sens : les positions des corps racontent bien mieux les maux que les mots. Enfin, Danser = Vivre, que ce soit avec Alain Buffard, se créant des talons avec des boites d’AZT et des bandes velcro (Good Boy) ou Anna Hal-

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prin faisant danser sur scène des malades ou des personnes âgées (Intensive Care, 2000). Et comment ne pas finir avec les Sœurs de la perpétuelle indulgence, fidèles au poste de la prévention avec leurs mélanges de messages conscients et engagés, de reliquaires christo-queer et de flyers aux jeux de mots savoureux ?

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ieses Zitat von David Wojnarowicz, Performancekünstler und amerikanischer homosexueller Aktivist, der 1992 an Aids verstorben ist, gibt den Ton einer MammutAusstellung an, die an die Entdeckung der Krankheit vor vierzig Jahren erinnert. Ihr gelingt die dreifache Meisterleistung sich ebenso an mehrere Generationen zu richten (jene die Freunde verloren haben, wie jene die später geboren wurden), die Popkultur dieser Epoche zu umfassen, die allgemeine Schockstarre und den herrschenden Rassismus, wobei sie engagierten Vereinen und Künstlern (Plastiker, Autoren, Choreographen, etc.) eine Stimme verleiht. Die Ausstellungskonzeption voller Überraschungen trägt ihren Teil dazu bei: In einem Wohnzimmer im Retrolook mit Sofa und Fernseher, der es erlaubt in die Dokumentarfilme der damaligen Zeit einzutauchen – die Gewalt der Worte, die Ungenauigkeit der Medien und die Animosität der Politik –, ein Schrank mit Schiebetür, der einen versteckten Zugang zu einem Hinterzimmer mit Videoclips und Photos von Robert Mapplethorpe und von Wim Delvoye öffnet. Hier eine nachgebaute Tanzfläche mit Schwarzlicht, etwas weiter sind die Werke direkt an die Wand angeschlagen, im XXL-Format, so dass sie sie vollständig bedecken, wie Keith Haring oder die ikonische Lithographie SILENCE = DEATH von Avram Finkelstein (1987), weiße Buchstaben auf schwarzem Grund unter einem umgekehrten Dreieck in rosa, dem Symbol, das die Nazis benutzten, um Homosexuelle in den Lagern zu kennzeichnen. Es gibt viel zu sagen und zu sehen. Die Herausforderung ist riesig, wird angenommen ohne nach Vollständigkeit zu streben. Ohne andererseits in die Übertreibung von Beiträgen abzugleiten. Ein Zeitflur eröffnet die Ausstellung mit Büchern und Filmen in Blisterverpackung, mit Zeitungen und Plakaten, die herrlich provokativ sind, begleitet von einem Zeitstrahl, der an die Fortschritte der Rechte und markante Ereignisse wie wissenschaftliche Entdeckungen erinnert. Das darauffolgende Vorzimmer taucht in die pure und echte Gewalt der Körper einer Kiki Smith ein, als Bruno Pélassy den Slogan Francos „Es lebe der Tod“ zweckentfremdet, mit einem Vorhang aus Fäden mit Swarovski-Kristallen.

Eine lange Sequenz erzählt die ablaufende Zeit zwischen Hervé Guibert und Michel Foucault, den Humor eines Copi oder die Texte eines Lagarce. Und dann gibt es die unendlichen Favoriten: Wojnarowicz, Künstler und Aktivist, der Poesie und Politik mischt, in einem photographischen Selbstportrait Sans titre (face in dirt), mit halb eingegrabenem Kopf, wenn sein Mund nicht von Marion Scemama mit roten Fäden zugenäht wurde, in einer bewusst gewaltbetonten Neuinterpretation von SILENCE = DEATH im Jahr 1989. Ein wunderbares kleines Gemälde der Südafrikanerin Marlene Dumas (The Image as Burden, 1993), aus Die Kameliendame. Sogar Nan Goldin zeigt sich fernab seiner berühmtesten Bilder mit intimen Kompositionen voller Sinn: Die Positionen der Körper erzählen weitaus mehr als Worte. Und schließlich Tanzen = Leben, ob mit Alain

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Buffard, der sich mit AZT-Schachteln und Klettverschluss Absätze baut (Good Boy) oder Anna Halpri, die Kranke und Alte auf der Bühne tanzen lässt (Intensive Care, 2000). Und wie kann man nicht abschließen mit den Schwestern der unendlichen Nachsicht, die treu ihren Präventionsposten annehmen mit ihrer Mischung von problemorientierten und engagierten Nachrichten, queeren Christus-Reliquien und Flyern mit köstlichen Wortspielen? Au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg jusqu’au 4 février 2024 Im Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg bis zum 4. Februar 2024 musees.strasbourg.eu > Good Boy d’Alain Buffard est remonté à Pôle Sud (Strasbourg) 22 & 23/11 – pole-sud.fr > Deep in Vogue avec Ksu Labeija dansant dans l’exposition, 10/12 (14h30 & 17h30) > Good Boy d’Alain Buffard, Wiederaufnahme in Pôle Sud (Straßburg) 22. & 23.11. – pole-sud.fr > Deep in Vogue mit Ksu Labeija, die in der Ausstellung tanzt, 10.12. (14:30 & 17:30 Uhr) Légendes Bildunterschriften 1. Pascal Lièvre, Variations of Love, 2022. Courtesy de l’artiste © Adagp Paris 2023 2. Nan Goldin, Joana + Aurèle making out in my living room, NYC, 1999. Dépôt à la Collection Lambert, Avignon. © Nan Goldin / Centre national des arts plastiques / Fonds national d’art contemporain

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NITRAM, Electroflox, 2023

Re-ST-ART Pour sa 27e édition ST-ART, foire d’art contemporain et de design de Strasbourg, se réinvente. Für ihre 27. Auflage erfindet sich ST-ART, die Messe für zeitgenössische Kunst und Design in Straßburg neu. Par Von Hervé Lévy

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ne cinquantaine de galeries venues de sept pays (dont un tiers de primo-participantes), un beau coup d’œil sur la scène locale manifestant un ancrage territorial fort (avec Yannick Kraemer qui vient d’ouvrir un espace à Strasbourg, l’exigeante Sandra Blum, la cool Rétro.Futur, etc.) : l’édition 2023 de ST-ART, dont Alma Bucciali est l’artiste invitée, s’annonce sous les meilleurs auspices. Marquée par une dynamique de renouveau, elle risque bien de dépasser sa fréquentation 2022 (13 300 visiteurs), d’autant que plusieurs expositions sont organisées à l’image de la rétrospective des lauréats du Prix Théophile Schuler de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg ou d’une coopération avec Apollonia. Dans ce cadre, se déploie MOSS, envoûtante sculpture végétale, vivante, cinétique et sonore de Marco Barotti, visant à sensibiliser le public à l’urgence écologique ! Enfin, ne manquez pas le projet Guernica Ukraine : Jean-Pierre Raynaud a réalisé une œuvre (deux panneaux sens interdit et deux lignes noires traversant la toile) de la même taille que l’icône peinte par Picasso, en 1937. La première fait face à la reproduction de la seconde dans un surprenant dialogue pour la liberté.

rialen Verankerung (mit Yannick Kraemer, der gerade einen Raum in Straßburg eröffnet hat, der anspruchsvollen Sandra Blum, der coolen Rétro.Futur, etc.): Die diesjährige Ausgabe von ST-ART deren Gastkünstler Alma Bucciali ist, verspricht großartig zu werden. Aufgrund der Dynamik der Erneuerung, wird sie sicherlich ihren Besucherrekord von 2022 (13 300 Besucher) brechen, zumal mehrere Ausstellungen organisiert werden, wie die Retrospektive der Preisträger des Prix Théophile Schuler der Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg oder eine Kooperation mit Apollonia. In diesem Rahmen entfaltet sich MOSS, eine bezaubernde pflanzliche, lebendige, kinetische und klingende Skulptur von Marco Barotti, die das Publikum für die dringende ökologische Wende sensibilisieren soll. Und schließlich verpassen Sie nicht das Projekt Guernica Ukraine: Jean-Pierre Raynaud hat ein Werk realisiert (zwei Durchfahrtsverbotsschilder und zwei schwarze Linien, die das Bild durchziehen) das dieselben Dimensionen hat wie die Ikone, die im Jahr 1937 von Picasso gemalt wurde. Ersteres steht einer Reproduktion von Letzterer gegenüber, in einem überraschenden Dialog über die Freiheit.

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Au Parc des Expositions (Strasbourg) du 24 au 26 novembre Im Parc des Expositions (Straßburg) vom 24. bis 26. November st-art.com

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und fünfzig Galerien aus sieben Ländern (darunter rund ein Drittel, die zum ersten Mal teilnehmen), ein toller Ausblick auf die lokale Szene mit einer starken territo-

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GALERIES

All of my favorite things Mêlant valeurs sûres et nouveautés, la 9e Luxembourg Art Week témoigne du dynamisme de la scène contemporaine. Feste Größen und Newcomer zeugen bei der 9. Luxembourg Art Week von der Dynamik der zeitgenössischen Szene. Par Von Anissa Bekkar

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n moins d’une décennie, la Luxembourg Art Week a réussi à s’imposer dans le calendrier des foires internationales. Réunissant quelque 80 exposants issus des cinq continents, sa neuvième édition se déploie sur trois espaces aux ambitions bien distinctes. Le Main regroupe les incontournables du secteur, donnant à voir notamment une chatoyante Étude de paysages signée Christine Safa (Lelong & Co.,), les hippopotames en pleine baignade de Guo Changliang (Galerie Anja Knoess) ou encore les projections d’encre sur verre de Justin Weiller (Galerie Romero Paprocki). Plus prospective, le Take off met en lumière la relève de la scène contemporaine en conviant galeries émergentes, artist-runspaces et collectifs. S’y côtoient Tell me more du Californien Jeffrey Cheung, un nu androgyne célébrant l’identité queer (Bim Bam Gallery), un vibrant portrait d’enfant intitulé Royalty, capturé par le très prometteur photographe ghanéen Sarfo Emmanuel Annor (21 ans à peine !), représenté par The Bridge Gallery, ainsi que l’hypnotique Lié#2, délicate gravure sur bois rehaussée d’encre écarlate que l’on doit à la Strasbourgeoise Irma Kalt (Galerie Modulab). Le troisième espace est dévolu, en alternance, au Solo, série d’expositions personnelles, ou au Focus mettant à l’honneur une capitale européenne. Si l’édition 2022 avait braqué les projecteurs sur six plasticiens, cette année on met le cap sur Vienne pour une sélection éclectique et percutante. ZS art Galerie fait le choix audacieux du minimalisme en présentant notamment Dream the canvas 1 de Marie-France Goerens, collage de toile et d’acrylique, tandis qu’Ernst Hilger donne à voir My dearest Shadow du duo Asgar / Gabriel, imposante et mystérieuse huile sur toile dépoussiérant l’art du portrait. Mais c’est sans doute à la Galerie Sturm & Schober que l’on doit les choix les plus enthousiasmants : la photographe Nina Rike Springer fait la démonstration de son talent pour le mélange

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des genres avec Whole lotta love pink, autoportrait se revendiquant aussi bien du constructivisme que du pop art. Dans un registre tout à fait différent, herman de vries réalise une communion entre art et nature avec proofs from the carres d’acres roussillon, un doux camaïeu d’aplats orangés obtenus en frottant sur une toile de la terre collectée sur les chemins du sud de la France. Pièce maîtresse de la curation autrichienne, le superbe Boy with flowers permet de s’imprégner de l’univers atypique de la trop méconnue Mary A. Waters. Ses déroutants portraits réalistes s’inspirent de l’esthétique de la peinture classique occidentale, suggérant, peut-être, une autre lecture de l’Histoire.

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n weniger als einem Jahrzehnt hat es die Luxembourg Art Week geschafft sich im Kalender der internationalen Kunstmessen durchzusetzen. Mit rund 80 Ausstellern aus fünf Kontinenten entfaltet sich ihre neunte Ausgabe in drei Teilen mit sehr unterschiedlichen Ambitionen. Im Main findet man die Großen des Sektors, die unter anderem eine Étude de paysages von Christine Safa (Lelong & Co.,) zeigen, die badenden Nilpferde von Guo Changliang (Galerie Anja Knoess) oder auch die Tintenprojektionen auf Glas von Justin Weiller (Galerie Romero Paprocki). Zukunftsorientierter stellt Take off die junge zeitgenössische Szene in den Vordergrund, mit aufsteigenden Galerien, artist-runspaces und Kollektiven. Hier trifft Tell me more des Kaliforniers Jeffrey Cheung, ein androgyner Akt, der die Queer-Identität feiert (Bim Bam Gallery), auf ein mitreißendes Portrait eines Kindes mit dem Titel Royalty, aufgenommen vom sehr vielversprechenden ghanaischen Photographen Sarfo Emmanuel Annor (erst 21 Jahre alt!), vertreten von The Bridge Gallery, sowie eine hypnotisierende Lié#2, eine zarte Holzgravur, mit roter Tinte unterstrichen, die man der Straßburgerin Irma Kalt verdankt (Galerie Modulab).


GALERIEN

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Der dritte Abschnitt wird abwechselnd dem Solo, Serien persönlicher Ausstellungen oder einem Focus gewidmet, der eine europäische Hauptstadt ins Zentrum stellt. Im Jahr 2022 standen sechs Bildhauer im Vordergrund, in diesem Jahr geht es auf nach Wien für eine eklektische und durchschlagende Auswahl. ZS art Galerie trifft die kühne Wahl des Minimalismus, indem sie unter anderem Dream the canvas 1 von Marie-France Goerens präsentiert, eine Collage aus Leinwand und Acryl, während Ernst Hilger My dearest Shadow des Duos Asgar / Gabriel zeigt, ein imposantes und mysteriöses Ölgemälde, das die Kunst des Portraits entstaubt. Aber es ist zweifelsohne die Galerie Sturm & Schober, die die begeisterndste Auswahl getroffen hat: Die Photographin Nina Rike Springer demonstriert ihr Talent für die Mischung verschiedener Gattungen mit Whole lotta love pink, einem Selbstportrait, das ebenso dem Konstruktivismus wie der Pop Art zuzuordnen ist. In einer ganz anderen Art und Weise realisiert herman de vries eine Kommunion zwischen Kunst

und Natur mit proofs from the carres d’acres roussillon, einer zarten Farbabstufung in Orangetönen, die er erzielt, indem er Erde, die er auf den Wegen Südfrankreichs aufgesammelt hat, auf die Leinwand reibt. Das Meisterwerk des österreichischen Vorsitzes, das wunderbare Boy with flowers, erlaubt es, in das ungewöhnliche Universum der zu verkannten Mary A. Waters einzutauchen. Ihre verblüffenden realistischen Portraits sind von der Ästhetik der klassischen westlichen Malerei inspiriert, wobei sie vielleicht eine andere Lektüre der Geschichte suggerieren. Au Champ du Glacis (Luxembourg) du 10 au 12 novembre Auf dem Champ du Glacis (Luxemburg) vom 10. bis 12. November luxembourgartweek.lu Légendes Bildunterschriften 1. Mary A. Waters, A Boy with Flowers, 2023 2. Nina Rike Springer, WHOLE LOTTA LOVE pink, 2023

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GASTRONOMIE

La vie en Vosges Ancrée dans le terroir vosgien, la cuisine de Logan Laug se décline en de gracieuses efflorescences, au cœur de la cité déodatienne.

Vogesen-Leben Die in den Vogesen verankerte Küche von Logan Laug treibt im Herzen von Saint-Dié-des-Vosges anmutige Blüten. Par Von Hervé Lévy – Photo de von Benoît Linder pour für Poly

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n parcours d’une belle densité a mené Logan Laug dans l’établissement qui porte désormais son nom, où il a posé ses valises en 2019. Petit-fils d’hôteliers et de restaurateurs, notre homme est un cuisinier qui a « la gastronomie dans son ADN » – passé par des maisons prestigieuses comme le Château d’Adoménil – qui se double d’un entrepreneur diplômé de l’EM de Strasbourg, à la tête d’un groupe comptant notamment un hôtel spa à Pierre-Percée et une table traditionnelle à Gérardmer. Après avoir taquiné la bistronomie à Colmar, au Frichti’s entre 2010 et 2016, ou exploré les arcanes de la street food de qualité, le voilà, à 36 ans, au piano d’un restaurant dans lequel sa cuisine se déploie dans toute sa plénitude : laissant de côté les séductions de la fusion des débuts où ses admirations se portaient vers JeanYves Schillinger et Jean-Georges Klein, il se recentre sur son terroir avec pour modèle assumé Jean-Luc Brendel, l’étoilé de Riquewihr adepte de la “simplexité”, art ardu de créer des plats épurés d’une apparente évidence, sous-tendus par des techniques élaborées : « Il a un talent immense et un cœur gros comme ça », résume Logan. Un cérémonial ouvre le repas : quelques gouttes d’huiles essentielles (mix de gingembre, citrus et pimprenelle) sont

appliquées sur les poignets des convives avant que leur soit proposée une eau parfumée au melon, au citron et à l’orange. Voilà double rituel marquant le passage dans un monde fait d’harmonie… Un verre de Fointillant – génial pétillant au foin des montagnes produit par Les Cuvées vosgiennes de La Bresse – ouvre les débats de jolie manière. Débute alors une partition enlevée avec pour fleuron une composition végétale explosive : courgettes, tomates vertes, rouges ou jaunes, épinards… s’enlacent pour former une sphère colorée, où les goûts se croisent et s’entrecroisent en de féconds zigzags générant une orgie aux violentes séductions. Il en va de même pour un pigeon du coin, cuit à la perfection, dansant la mazurka dans un écrin dans lequel les petit pois interrogent le wasabi – un reliquat des élans fusion – ou d’une (d)étonnante alliance entre chou, figue, noix et chèvre. Tout cela secoue sévère, dans le bon sens du terme, nous laissant penser que Logan pourrait bien décrocher l’Étoile au Guide Michelin l’an prochain succédant au Stanislas – désormais tristement abandonné – dernière adresse ainsi distinguée à Saint-Dié-des-Vosges, qui l’avait perdue en… 1988. « Je n’y pense pas tous les matins en me rasant, mais… », résume le chef laissant, méditatif, sa phrase en suspens. À cet instant, son regard dit tout.

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© Maxime Vardax

in sehr gefüllter Lebenslauf hat Logan Laug bis in das Haus gebracht, das nun seit 2019 seinen Namen trägt. Als Enkel von Hoteliers und Gastronomen ist unser Mann ein Koch, der „die Gastronomie in seiner DNA“ trägt – mit Stationen in prestigeträchtigen Häusern wie dem Château d’Adoménil – und gleichzeitig ein Unternehmer mit einem Diplom der EM in Straßburg, der an der Spitze einer Gruppe steht, zu der das Spa-Hotel in Pierre-Percée und ein traditionelles Haus in Gérardmer gehören. Nachdem er die Bistronomie in Colmar im Frichti’s zwischen 2010 und 2016 ausprobierte, oder die Geheimnisse hochwertigen StreetFoods erkundete, steht er nun, mit 36 Jahren am Herd eines Restaurants, in dem sich seine Küche in ihrer ganzen Fülle ausbreitet: Seine anfängliche Faszination für die Fusionsküche, als er Jean-Yves Schillinger und Jean-Georges Klein bewunderte, ist nun einer Konzentration auf seine Region gewichen und sein Modell ist Jean-Luc Brendel, Sternekoch in Riquewihr und

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RUBRIQUE

Anhänger der „komplexen Einfachheit“, der schwierigen Kunst schlichte Gerichte mit einer anscheinenden Offensichtlichkeit zu kreieren, die von raffinierter Technik unterstützt werden: „Er hat ein riesiges Talent und ein großes Herz“, fasst Logan zusammen. Eine Zeremonie eröffnet das Essen: Einige Tropfen von ätherischem Öl (Mix aus Ingwer, Zitrus und Pimpinelle) werden auf die Handgelenke der Gäste aufgetragen, bevor ihnen ein parfümiertes Wasser mit Melone, Zitrone und Orange serviert wird. Ein doppeltes Ritual, das den Übergang in eine Welt voller Harmonie markiert… Ein Glas Fointillant – ein genialer Perlwein aus Berg-Heu, der von Les Cuvées vosgiennes in La Bresse produziert wird – eröffnet den Ball. Dann beginnt eine lebhafte Partitur, deren Schmuckstück eine explosive pflanzliche Komposition ist: Zucchini, grüne, rote oder gelbe Tomaten, Spinat… verbinden sich zu einer bunten Sphäre, in der die Geschmacksnoten aufeinandertreffen und eine Orgie von gewaltiger Verführungskraft kreieren. Ebenso verhält es sich mit einer Taube aus der Region, die perfekt gegart ist, die in einem Rahmen tanzt, in dem die Erbsen mit dem Wasabi

– einem Überrest seiner Fusions-Experimente – sprechen, oder einer erstaunlichen Verbindung zwischen Kohl, Feige, Nuss und Ziegenkäse. Das Ganze ist anders als gewohnt, im positiven Sinne und verleitet uns zu der Annahme, dass Logan im kommenden Jahr einen Stern im Guide Michelin ergattern könnte und in die Fußstapfen des – heute leider verwaisten – Stanislas treten würde, der letzten Adresse mit dieser Auszeichnung in Saint-Dié-des-Vosges , die ihn 1988 verlor. „Ich denke nicht jeden Morgen beim Rasieren daran, aber…“ fasst der Chefkoch zusammen, der nachdenklich den Satz unvollendet lässt. In diesem Moment sagt sein Blick alles. Le restaurant Logan Laug est situé 7 rue du 11 novembre 1918 (SaintDié-des-Vosges). Ouvert du mercredi au dimanche midi. Menus de 29 à 90 €. Das Restaurant Logan Laug liegt in der 7 rue du 11 novembre 1918 (Saint-Dié-des-Vosges). Geöffnet Mittwoch bis Sonntagmittag. Menu von 29 bis 90€. loganlaug.fr

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GASTRONOMIE

Cloud Atlas À Strasbourg, la cuisine de La Rivière, asiatique et aérienne, a la semblance d’une ode à la légèreté. In Straßburg erinnert die asiatische und luftige Küche von La Rivière an einer Ode an die Leichtigkeit. Par Von Hervé Lévy – Photos de von Jean-Baptiste Dorner

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es baguettes de bois de rose ou d’ébène signées Marunao, des verres Arche soufflés à la bouche, des porcelaines d’une exquise finesse… À La Rivière, la table semble en apesanteur, en harmonie avec une cuisine qui questionne la gravité dans un jeu dialectique d’une intense subtilité. Traçabilité maximale des produits – un homard pêché par un coefficient de marée idoine, entre 100 et 112 – et très soutenable légèreté de recettes inspirées par l’Asie avec un bouillon aux eaux de source des montagnes de Shirakami unique au monde : Marie et Richard Meier œuvrent « pour les personnes et pour personne d’autre » dans une volonté de réduire les plats à leur essence gustative. Dans ce processus de concentration extrême, où la soustraction prime sur la vaine accumulation, se déploient des merveilles telles un tataki d’akami de thon de ligne (partie la plus noble du poisson) dialoguant avec un caviar chinois du Lac Qiandao, seul endroit au monde où les esturgeons vivent en semi-liberté. Les cuissons sont vives. Les équilibres, délicats. Sur le fil du rasoir, la cuisine de La Rivière fait perdre leurs repères aux convives, pour leur plus grand bonheur, les faisant quitter la strasbourgeoise Petite France pour une escapade dans le grand bleu qui ceint les nuages.

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ssstäbchen aus Rosen-oder Ebenholz von Marunao, Gläser von Arche, Porzellan von herrlicher Finesse… In La Rivière scheint der Tisch zu schweben, in Harmonie

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mit einer Küche, die die Schwerkraft infrage stellt, in einem dialektischen Spiel von intensiver Subtilität. Maximale Rückverfolgbarkeit der Produkte – ein Hummer, der bei einem geeigneten Gezeitenkoeffizienten zwischen 100 und 112 gefischt wurde – und eine unvergleichliche Leichtigkeit der asiatisch inspirierten Rezepte mit einer Brühe mit Quellwasser aus dem Shirakami-Gebirge, die weltweit einzigartig ist: Marie und Richard Meier arbeiten „für die Menschen und niemand anderen“ mit dem Willen die Gerichte auf ihre geschmackliche Grundlage zu reduzieren. In diesem Prozess der extremen Konzentration, in dem weniger mehr ist, entfalten sich Köstlichkeiten wie ein Akami-Tataki vom Thunfisch (das nobelste Stück des Fischs), der einen Dialog mit einem chinesischen Kaviar vom Quiandao-See eingeht, dem einzigen Ort in der Welt, an dem die Störe in einem naturnahen Lebensraum aufwachsen. Kurze Garzeiten. Ein zartes Gleichgewicht. Auf Messers Schneide lässt die Küche von La Rivière die Gäste ihre Orientierung verlieren, zu ihrem größten Glück, so dass sie die Petite France in Straßburg verlassen, für einen Ausflug in das große Blau, das die Wolken umgibt. La Rivière se trouve 3 rue des Dentelles (Strasbourg). Ouvert du jeudi au samedi, le soir uniquement. La Rivière liegt in der 3 rue des Dentelles (Straßburg). Geöffnet donnerstags bis samstags, ausschließlich abends. + 33 (0)3 88 22 09 25




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