Poly 191 - Octobre 2016

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N°191 OCTOBRE 2016 www.poly.fr

Magazine

Expositions

Notre sélection de la saison

Bouffée d’Oxygène Jean-Michel Jarre

Surréaliste

Magritte investit Beaubourg

katerine l’avenir lui appartient



BRÈVES

BABEL

La région Grand Est a initié le festival Langues en scènes (30/09-13/10, Les Tanzmatten de Sélestat) qui met à l’honneur la culture et le dialecte alsaciens. On pourra voir entre autres D’r Wihnachsman esch e Dracklappe – d’après le film culte Le Père Noël est une ordure – ou encore Freigang, un spectacle poétique. Pour les non-dialectophones, toutes les pièces seront surtitrées en français. © Olivier Allard

www.tanzmatten.fr www.alsacechampagneardennelorraine.eu

© Lucian Hunziker / Kunstmuseum Basel

WELCOME

WILLKOMMEN

Josef Helfenstein prend la succession de Bernhard Mendes Bürgi à la tête du Kunstmuseum Basel après avoir notamment dirigé la Menil Collection and Foundation à Houston (2004-2015). À la tête d’un des plus importants musées d’Europe, il cherche à ouvrir « une fenêtre sur le passé, tout en gardant à l’esprit notre époque assortie de ses contradictions, ses défis et ses perspectives ».

Dès l’automne 2017, l’excellent Simon Delétang succèdera à Vincent Goethals à la direction du Théâtre du Peuple – Maurice Pottecher. Ce metteur en scène remarqué à Lyon pour ses pièces engagées sur la société post-Thatcher (Shopping and fucking de Mark Ravenhill), le nationalisme exacerbé (On est les champions) ou encore le racisme et la violence (Froid de Lars Norén) est nommé pour 4 ans (20182021) pour poursuivre l’utopie théâtrale de ce lieu. Nous on aime ! www.theatredupeuple.com

www.kunstmuseumbasel.ch

© Adrien Mondot

KINDER

La 4e édition du festival jeune public et franco-allemand Loostik se tient entre Sarre et Moselle (04-13/10). Au programme, les fascinants paysages numériques interactifs d’Adrien Mondot (Cinématique, au Carreau, 04/10), le théâtre d’ombres et de musique de la Cie Moska (Couleur Corbeau, au Carreau, 08/10, dès 4 ans) ou encore Wax, dernière création de Renaud Herbin (Überzwerg – Theater am Kästnerplatz de Sarrebruck, 12-13/10, dès 3 ans, voir p.24). www.artbruecken.eu Poly 191

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BRÈVES

TOUTE LA

ZIK QUE J’AIME

13e édition du festival messin Zikametz (29/0908/10) aux Trinitaires avec tables rondes, ateliers, concert jeune public (Pick’O’Rama) et shows endiablés. Au programme, des lyrics signées Alpha Wann ou Deen Burgigo, rappeurs français proches de Nekfeu, et des beats comme s’il en pleuvait avec le joli Møme et ou encore Clément Bazin (également à La laiterie le 10/02) et leurs mélodies electroïdes touchantes et dansantes. De la sueur et des larmes sur le dancefloor. www.zikamine.com

Clément Bazin © Flavien Prioreau

© Tatiana Chevalier

PERSONNE S’EN TAMPONNE La Strasbourgeoise Marie Gelis rêve d’être une bimbo intello avec de gros lolos, une femme fatale vénale ou une princesse avec de jolies fesses… en tout cas dans ses morceaux, pleins de malice et d’esprit, entre chanson réaliste et pop baroque. Avec son complice, elle assurera la première partie de Notilus (jazz psyché, avec des membres de La Fanfare en Pétard ou d’Ozma, lire page 17), vendredi 14 octobre à La Laiterie. www.artefact.org

PIANO POWER

Le clavier est à l’honneur à Erstein : avec Piano au Musée Würth (sur deux week-ends, 28-30/10 et 03-06/11), le public pourra prendre part à des master-classes et assister à des concerts. Nous deux coups de cœur ? Le récital franco-allemand de Michel Dalberto (en photo) avec des pages de Franck, Debussy, Ravel, Schubert et Beethoven (30/10) et les duos violoncelle & piano de Lisa et Lara Erbès (05/11). www.musee-wurth.fr

© Nora Lezano

DÉTONNANT,

NON ? La Femme, General Elektriks, Odezenne, Naive New Beaters… Rien que des artistes que l’on a déjà croisé dans les pages de Poly. Tous sont à l’affiche de l’excellent festival Détonation (29/09-01/10) à La Friche Artistique des Présde-Vaux de Besançon. Organisé par La Rodia, cet événement rassemble également les marionnettes rappeuses de Puppetmastaz, la chanteuse argentine La Yegros (photo) ou le rock mal léché de Night Beats. www.larodia.com Poly 191

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BRÈVES

NUIT MAGIQUE

NEW Tout Haguenau va vibrer au rythme de la 3 e Nuit de la Culture (01/10, 19h-1h du matin). Au menu, musique (avec notamment La Funky Fanfare, 19h30, Musée du bagage), danse, courts métrages, lectures et de multiples spectacles dont l’excellent Personnages : couleurs & sons (20h30 & 23h, Médiathèque) où un comédien et un musicien explorent les joies et les angoisses de Kandinsky. www.sortirahaguenau.fr

www.thionville.fr

ART

Pour sa 27e édition, le Festival du Film Arabe de Fameck / Val de Fensch (05-16/10) sera présidé par le talentueux Tahar Ben Jelloun (rencontre, 15/10, 15h). 40 films à voir dont de nombreuses productions marocaines (pays invité), mais aussi une table ronde sur la liberté de la presse en France et en Algérie (08/10, 18h30) après la projection du film Contre-Pouvoirs, en présence du réalisateur Malek Bensmaïl et du directeur de la rédaction d’El Watan, Mourad Slimani.

LES ANNÉES LYCÉE

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Nouveau centre culturel de Thionville, PUZZLE ouvre ses portes pour son week-end inaugural (01 & 02/10). Une expo de Claude Weisbuch (célèbre peintre-graveur natif de la ville), une autre, collective – DESconnexions réunissant installations poétiques et espaces immersifs, bricolages low-tech et œuvres audiovisuelles percutantes – comptent parmi les rendez-vous incontournables. Coup de cœur pour les illustrations originales en ombro-cinéma de Frédérique Bertrand et Michaël Leblond auteur de la célèbre série des Pyjamarama (éditions du Rouergue), souvent chroniqués dans Poly.

La comédie musicale culte, Fame Jr. est l’histoire douce-amère d’un groupe de lycéens investis dans quatre années exténuantes de travail scolaire et artistique. Ce spectacle est réalisé par des jeunes de Strasbourg et ses environs (20 nationalités représentées), coachés par un ancien directeur de l’Opéra de Miami, Bob Heuer. À découvrir (en anglais) au Collège international de l’Esplanade, à Strasbourg (07-16/10) grâce au Young Actors Theater Strasbourg. www.yatstrasbourg.com

www.cinemarabe.org

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BRÈVES

SURPRENANTS ABYSSES Des compositions végétales avec leurs pétales colorés se déployant, complexes et raffinées, sur la toile. Voilà comment se présente, au premier regard, l’art d’Anne-Sophie Tschiegg. Mais ces “fleurs” ne sont qu’un prétexte, tout sauf un motif. Sa peinture ressemble en effet à une plongée dans un univers organique abstrait, à découvrir à la galerie Philippe Decorde, place Hans Arp à Strasbourg (08-22/10).

© Yann Orhan

MICKEY !

Mickey 3D s’est rapidement fait une place dans le monde de la chanson pop en plusieurs dimensions. Il a même réussi à imposer un morceau qui dit « La France a peur, tous les soirs à 20h » partout sur les ondes, anticipant le délire sécuritaire dans lequel nous baignons… Mickey revient avec un nouvel album (Sebolavy) et sera en concert dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsations (13/10), à la Halle Verrière de Meisenthal (14/10) et à la Salle Pleyel de Paris (27/10). www.mickey3d.com

MONUMENTAL

HEY

Martin Mischkulnig © Mit freundlicher Genehmigung Atelier Peter Zumthor & Partner

www.astschiegg.blogspot.com

Peter Zumthor, architecte bâlois, est mondialement connu, non seulement pour ses thermes splendides à Vals, mais aussi pour son expérience dans la conception de musées. Il va réaliser l’extension de la Fondation Beyeler construite dans le IselinWeber-Park à proximité du bâtiment de Renzo Piano. Les premiers plans seront présentés au public cet hiver. www.fondationbeyeler.ch

TOY

Le Musée du Jouet à Colmar inaugure ce mois-ci sa nouvelle exposition temporaire, Jouets et cinéma (12/1010/09/2017). Y sont abordés : les jouets héros de films, l’utilisation marketing de personnages de dessins animés sous forme de figurines ou le jouet optique, ancêtre du cinéma. www.museejouet.com

Y R O ST

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mangez des pommes J

Par Hervé Lévy

Illustration d'éric Meyer pour Poly

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acques Chirac est toujours parmi nous. Jusqu’ici… Sa récente hospitalisation cependant, inquiète. Hier honni, affublé de sobriquets aussi charmants que “super menteur”, moqué, hué, il est désormais une présence sympathique pour nombre de Français, figure tutélaire – forgée par les medias en général et Les Guignols en particulier, à l’insu de leur plein gré – au sourire charmeur version dragueur so french devenue hype. Il ramène à des temps que beaucoup jugent meilleurs. Et puis un mec qui aime la Corona ne peut pas être si mauvais. Oubliées les multiples affaires au profit d’une véritable “chichimania” qui se borne à retenir des instants désormais qualifiés de cultes, comme l’exhumation de l’adjectif « abracadabrantesque », en 2000, dans un entretien avec Élise Lucet. Rares sont ceux qui se souviennent de l’objet de l’interview : le financement occulte du RPR. La mémoire, même fidèle, donne un reflet biaisé du passé. Chacun tend à idéaliser. Souvent à tort. « C’était mieux avant » est une des phrases matricielles de la ten-

dance dépressive de la société française du XXI e siècle. Il n’est sans doute pas d’affirmation plus fausse. Les enfants qui ont dix ans aujourd’hui la prononceront néanmoins, arrivés à la quarantaine pour parler de 2016. Éternel recommencement… Jacques Chirac – ou plutôt son image déformée par le temps – est un sympathique doudou, un reliquat d’enfance et d’adolescence qu’on arrive pas à ne pas aimer, manifestant – au-delà de tout caractère objectif – l’impossibilité du retour en arrière que décrit Milan Kundera dans L’Insoutenable légèreté de l’être : « Il n’y a pas longtemps, je me suis surpris dans une sensation incroyable : en feuilletant un livre sur Hitler, j’étais ému devant certaines de ses photos ; elles me rappelaient le temps de mon enfance ; je l’ai vécu pendant la guerre ; plusieurs membres de ma famille ont trouvé la mort dans des camps de concentration nazis ; mais qu’était leur mort auprès de cette photographie d’Hitler qui me rappelait un temps révolu de ma vie, un temps qui ne reviendrait pas ? »



OURS / ILS FONT POLY

Ours

Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)

Emmanuel Dosda

Il forge les mots, mixe les notes. Chic et choc, jamais toc. À Poly depuis une quinzaine d’années, son domaine de prédilection est au croisement du krautrock et des rayures de Buren. emmanuel.dosda@poly.fr

Thomas Flagel

Théâtre des Balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs africains… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes depuis six ans dans Poly. thomas.flagel@poly.fr

Emmanuel Dosda, Bretagne, août 2016 www.poly.fr RÉDACTION / GRAPHISME redaction@poly.fr – 03 90 22 93 49 Responsable de la rédaction : Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr

Hervé Lévy

Telle une Walkyrie, il chevauche les mots et les harmonise dans une fougue wagnérienne. Son idéal ? Mêler musique, spectacle vivant et arts plastiques en une œuvre d’art totale nommée Poly. herve.levy@poly.fr

Benoît Linder

Cet habitué des scènes de théâtre et des plateaux de cinéma poursuit un travail d’auteur qui oscille entre temps suspendus et grands nulles parts modernes. www.benoit-linder-photographe.com

Rédacteurs Emmanuel Dosda / emmanuel.dosda@poly.fr Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Ont participé à ce numéro Fiona Bellime, Geoffroy Krempp, Pierre Reichert, Irina Schrag, Daniel Vogel et Raphaël Zimmermann Graphistes Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Luna Lazzarini / Stagiaire Développement web Antoine Oechsner de Coninck / antoine.odc@bkn.fr Alix Enderlin / alix.enderlin@bkn.fr Maquette Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l'équipe de Poly Directeur de la publication : Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Administration, gestion, abonnements : 03 90 22 93 30 Gwenaëlle Lecointe / gwenaelle.lecointe@bkn.fr

Éric Meyer

Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés (chaussures, avions…) s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain, mis en lumière par la gravure. http ://ericaerodyne.blogspot.com

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Contacts pub : 03 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Sarah Krein / sarah.krein@bkn.fr Dimitri Langolf / dimitri.langolf@bkn.fr Rudy Chowrimootoo / rudy@bkn.fr Magazine mensuel édité par BKN / 03 90 22 93 30 S.à.R.L. au capital de 100 000 e 16 rue Édouard Teutsch – 67000 STRASBOURG Dépôt légal : Septembre 2016 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression : CE © Poly 2016. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. COMMUNICATION BKN Éditeur / BKN Studio – www.bkn.fr

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Diffusion : 03 90 22 93 32 Vincent Bourgin / vincent.bourgin@bkn.fr

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sommaire

18 L’Agence culturelle d’Alsace a 40 ans, perspectives avec Pascal Mangin

20 Portrait d’Amala Dianor, nouvel artiste associé de Pôle Sud

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22 Girl power avec Masculines du duo FattoumiLamoureux

23 Labiche revu et corrigé par Jean Boilot au NEST 24 Wax ou le premier spectacle pour les tout petits signé Renaud Herbin

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Aude Koegler, nouvelle artiste associée du Taps

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26 Interview de Charles Berling qui crée Dans la solitude des champs de coton au TNS

27 Robert Schuster s’empare à La Filature de la problématique des réfugiés politiques

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Pinocchio, le spectacle culte de Pommerat au Maillon

29 Expositions 2016-17, les choix de Poly

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41 Richard II & Les Lettres persannes, grands textes à Nancy et Colmar

42 Philippe Katerine, on adooOOoore 44 Dans les chansons d’amour d’Alex Beaupin 45 Découverte de la musique métissée de Titi Robin 46 SKIP&DIE, sonorités world made in South Africa 48 Pierre-Laurent Aimard se confie à propos de György Kurtág

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50 Violoniste russe et virtuose, Alina Ibragimova en concert avec l’OPS

52 Viole de gambe à L’Arsenal avec François Joubert-Caillet 56

Magritte célébré à Beaubourg et Francfort

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Les étranges compositions de Bublex à La Chambre

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CNB Architectes, la jeunesse au pouvoir !

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Last but not least : Jean-Michel Jarre, pape electro

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COUVERTURE Aujourd’hui, tout le monde adooooore Katerine, devenu très bon client des plateaux télé et phénomène de foire, sorte de Carlos 2.0… qui a d’ailleurs repris son Papayou. « Papayou, papayou lé lé… » Évitons de prendre pour un clown l’auteur du Plus beau jour de ma vie auquel semble répondre son récent Moment parfait, vingt ans après. Le timide dandy bossa-nova s’est transformé, mais au fond, il n’a pas changé. Sur cette photo d’Éric Garault (qui a fait de beaux portraits de Youssou N’Dour ou d’Oscar Niemeyer), Katerine fait le paon : il a de quoi être fier, ayant creusé son sillon tout en révolutionnant et influençant fortement le paysage musical français de ces dernières années. www.ericgarault.com

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chroniques

C’EST PAS

SORCIER

Natif de Strasbourg et passé par l’atelier de Claude Lapointe aux Arts déco, Thomas Baas, qui avait déjà signé un très beau Joueur de Flûte de Hamelin (lire Poly n°182), revient avec un ouvrage mêlant Magie & Sorcellerie autour de textes d’Isabelle Ortega. De Médée aux Sorcières de Salem, du sabbat au chamanisme, vous apprendrez tout de l’art des mages et de l’interprétation des rêves, de l’utilisation de la mandragore comme psychotrope jusqu’aux médecines douces actuelles, des invocations de forces surnaturelles à la magie noire. L’obscurantisme le plus idiot déboucha de tout temps sur d’innombrables bûchers. Le dessin en rondeur qui fait le succès et la “patte” de Thomas Baas rayonne ici de tout son éclat avec beaucoup d’humour. (T.F.) Paru chez Actes Sud Junior (14,90 €) www.actes-sud-junior.fr

wild Passé par les Arts déco strasbourgeois et la revue Belles Illustrations, Matthias Aregui signe une épopée de Robinsons en herbe. Bob & Sally sont des copains a tout du récit initiatique d’un Sa majesté des mouches en duo, avec une douceur inconnue de William Golding. Mais aussi de l’épopée existentialiste à la Sean Penn et de la contemplation hallucinée d’une nature aussi majestueuse qu’étonnante. Dans ce paradis originel pour deux poteaux qui vont découvrir à leurs dépens la solitude des gouffres personnels que ne combleront ni les taffess de lianes, ni les perroquets et autres ouistitis sympathiques, l’illustrateur fait preuve d’une sensibilité rare. (T.F.) Paru aux Éditions 2024 (28 €) www.editions2024.com www.matthiasaregui.com

REIMS

Into the

ROYAL

Publié à l’occasion du 1 200e anniversaire du premier Sacre à Reims, celui de Louis Ier dit “le Pieux” en 816, Le Sacre du Roi de Patrick Demouy narre une épopée française. Sur près de 300 pages illustrées d’une riche et magnifique iconographie, se déploient les fastes des sacres royaux. Description et analyse de la cérémonie, chronologie complète – des origines à Charles X (1825) – et réflexions érudites et passionnantes sur la symbolique véhiculée : voilà sans doute l’ouvrage le plus complet sur le sujet qui permet de voir Notre-Dame de Reims d’une autre manière. (H.L.) Publié par La Nuée Bleue et Place des Victoires (45 €) www.nueebleue.com www.editions-menges.com

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chroniques

SMOKING / NO SMOKING

PETIT À PETIT ON DEVIENT

MOINS PETIT

De grandes planches à la semblance de toiles peintes. Une maisonnette à flanc de montagne taillée à la hache. De magnifiques paysages bucoliques zébrés de rayons lumineux que rien ne saurait perturber. Et pourtant… Fort comme un grand pin, Luc, solide bûcheron, quitte son fiston pour s’enfoncer dans la forêt, comme tous les matins. Lorsque le soleil commence à se coucher, le petit Jacques s’inquiète avant de braver les interdits parentaux en partant à la recherche de son père dans les bois qui se transforment en inquiétant décor de film, façon La Nuit du Chasseur. Animaux hostiles, formes indéfinies et étranges lueurs perçant l’obscurité viennent hanter les pages de la strasbourgeoise Violaine Leroy, tandis que Jacques hurle Où es-tu ?, prenant son courage à deux mains. (E.D.) Édité par Seuil Jeunesse (13,90 €, textes de Benoît Broyart, dès 6 ans) www.seuil.com

MY FAVORITE THINGS Soyez les bienvenus dans la maison (pas toujours bien rangée) des magiciens d’OZMA. Le groupe strasbourgeois (mal)mène le jazz vers des régions inexplorées, le mêlant à des sonorités venues des quatre coins du monde, d’Afrique ou d’Inde. Avec Welcome Home, le quintet livre une vision plus brute de son travail. Pas de fioritures, mais une grande richesse d’impressions tout au long d’un nouvel album déployant différents univers – rock, groove, cinématographique – tout en s’avérant d’une grande homogénéité. OZMA prend des risques, nage parmi les requins… et sort grandi de l’expérience sonique où résonnent parfois de grands méchants riffs (My Favorite regret), séduisant l’auditeur sans jamais le caresser dans le sens du tympan. (E.D.) Welcome Home (sortie le 21 octobre), édité par Cristal records www.cristalrecords.com

Ancien des Arts déco de Strasbourg et co-fondateur du mythique Institut Pacôme, Sylvain-Moizie adapte en BD La Petite fille et la cigarette, roman caustique de Benoît Duteurtre (Fayard, 2005). Dans un monde un peu plus fou que le nôtre – mais pas tant – un quadra tente de survivre. Les enfants sont rois. Du reste la cité administrative (qui ressemble diablement à la gare de Strasbourg) où travaille le héros est peuplée de gamins sur ordre du Maire. Rien ne doit leur faire de mal. Pour fumer, on doit se dissimuler aux toilettes. Une dernière clope a même été interdite à un condamné à mort pour des raisons de santé publique ! Le trait nerveux du dessinateur évoquant le meilleur de la caricature entraîne le lecteur dans une fable drolatique, quelque part entre Ubu et Kafka. (H.L.) Publié par La Boîte à Bulles (24 €) www.la-boite-a-bulles.com

Ciné-concert Les Trois âges : au Camionneur (Strasbourg, festival Jazz au Cam, 02/10) et à Truchtersheim (21/10) OZMA 5tet : Centre Socio-Culturel du Fossé des Treize (Strasbourg, festival Jazzdor, 15/11), au New Morning (Paris, 13/12) et à L’Abbaye de Neumunster (01/03 2017) Création 2017 : ciné-concert The Lost World au Cheval Blanc (Schiltigheim, 18/03 2017) www.ozma.free.fr

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anniversaire

aca s’attendre demain ? L’Agence culturelle d’Alsace fête son 40e anniversaire. Quelle sera la destinée de cette structure protéiforme après la réforme territoriale ? Éléments de réponse avec son président, Pascal Mangin, également à la tête de la Commission Culture de la Région Grand Est.

Par Hervé Lévy Photo de Benoît Linder pour Poly

Mercredi 12 et jeudi 13 octobre se déroule la première Rencontre nationale des Agences culturelles territoriales à la Maison de la Région (Strasbourg) www.culture-alsace.org

l’agence en dates 1976. Création de l’Acta (Agence culturelle technique d’Alsace) dont la vocation originelle est le prêt de matériel 1983. Création du Frac Alsace 1993. L’Acta devient l’ACA 1997. Mise en œuvre des Régionales 1998. Premiers pas du Bureau d’accueil des tournages 2003. Création du dispostif Vitaculture 2004. Ouverture de l’espace Scène d’Alsace 2013. La mission “filière image” est confiée à l’ACA

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Que représente symboliquement ce 40e anniversaire pour vous ? Il tombe à un moment particulier et doit être l’occasion d’une réflexion, d’une introspection. Il ne s’agit pas de remettre en cause les missions et le rôle de l’Agence, mais de se réinterroger, au niveau d’un territoire agrandi, sur la manière de les mener à bien avec le plus d’efficience possible. L’ACA en Alsace, l’Arteca en Lorraine et une “agence disparue” (pour être intégrée dans les services de la Région) en Champagne-Ardenne. Les modèles et les champs d’intervention sont différents. Comment articuler l’action de ces différentes structures à l’avenir ? Aujourd’hui, deux options s’offrent à nous : la création d’une grande agence pour tout le Grand Est ou la conservation de trois agences distinctes, une par “ancienne région”, mais avec une forme d’intégration, une tête commune si vous préférez. Je souhaite bien évidemment que les larges missions de l’ACA sur le territoire alsacien puissent être étendues dans tout le Grand Est selon des moyens et une gouvernance très largement définis avec le Conseil culturel du Grand Est mis en place d’ici le mois de novembre.

De quoi s’agit-il ? D’un nouvel espace de discussion ou d’un véritable “parlement culturel” décisionnaire ? Pour moi, la décision finale devra être prise par la Région – c’est le rôle du politique – mais il est essentiel que la politique culturelle soit co-construite avec tous les acteurs. C’est l’objet de ce Conseil qui sera l’espace de la concertation la plus poussée possible. Je ne veux pas d’une usine à gaz ! La politique culturelle du Grand Est ne peut, ni ne doit consister en une harmonisation ou une convergence des politiques existantes. Il est impossible de diviser par trois et de prendre la moyenne ! Le président de la Région, Philippe Richert, souhaite que ce travail soit mené pour toutes les politiques en juin 2017. Le processus est en cours… Comment sera organisé ce Conseil culturel ? Il comprendra environ 200 membres en séance plénière mais fonctionnera de manière sectorielle avec huit collèges : musique, patrimoine, livre, etc. Les acteurs culturels qui en feront partie ne seront pas élus, mais se désigneront entre eux. Je tiens beaucoup à ce principe de responsabilité.


l’aca aujourd’hui Si l’on devait résumer la mission de l’Agence culturelle d’Alsace en une phrase, on pourrait écrire qu’elle a pour vocation d’accompagner par son expertise les collectivités publiques, créateurs, diffuseurs et associations dans les domaines des politiques culturelles, de l’art contemporain, du spectacle vivant, du cinéma et de l’image animée. Il s’agit non pas de se substituer aux destinataires, mais de les accompagner. « Expertise, efficacité, souplesse, autonomie, réactivité et transparence sont autant de valeurs que nous exprimons et portons dans notre projet d’établissement »,

résume Francis Gelin, directeur général de l’ACA. Ces dernières années, l’Agence est en outre devenue un « véritable incubateur » pour Pascal Mangin. Elle « accueille des réseaux en son sein, mettant à disposition du personnel pour les faire vivre et facilitant leurs actions. Je pense notamment à “Versant Est” (dédié à l’Art contemporain) ou “.est” rassemblant une cinquantaine d’entreprises et de professionnels de l’image. L’Agence permet au réseau de se développer, mais n’a pas vocation à l’intégrer : une fois la maturité atteinte, il vole de ses propres ailes. »

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De(s)génération © Cie Amala Dianor

au milieu de l’infini Nouvel artiste associé du Centre de développement chorégraphique – Pôle Sud, le danseur et chorégraphe d’origine sénégalaise Amala Dianor arrive à Strasbourg doté d’une énergie rare et contagieuse. Par Thomas Flagel

De(s)génération, à Pôle Sud (Strasbourg), mardi 11 et mercredi 12 octobre www.pole-sud.fr Quelque part au milieu de l’infini, au Centquatre (Paris), du 28 au 30 mars 2017 & à Pôle Sud (Strasbourg), mardi 16 et mercredi 17 mai 2017 www.104.fr www.pole-sud.fr www.amaladianor.com

Artistes associés à VIADANSE, Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté, à Belfort (viadanse.com) 2 Lire Le Monde selon Gat dans POLY n°156 ou sur poly.fr 1

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ne vie à 1 000 à l’heure ! Six créations depuis la fondation de sa compagnie en 2012, une fille de 3 ans et un garçon de sept mois trimbalés en tournée et, bientôt 40 ans, en octobre. Devenu danseur professionnel sur le tard, Amala Dianor a toujours été pris d’une urgence créatrice, force libératrice qui le faisait user ses pantalons dans les battles d’Angers. La danse hip-hop pour royaume, écrin de liberté en forme de refuge. « Arrivé en France, la vie en HLM ne me donnait pas accès aux Conservatoires ou à la danse classique, univers que ne comprenaient de toute façon pas mes parents… », rigole aujourd’hui celui dont longtemps la famille, en France comme au pays, ne comprenait pas ce qu’il faisait, pensant que « ça allait lui passer et qu’il trouverait enfin un vrai métier ». La danse n’a pourtant jamais été une vocation. Il quitte son Sénégal natal à 7 ans pour rejoindre sa mère. Le mouvement hip-hop est alors en pleine explosion en France au tournant des années 1980 et Sidney anime la première émission télé du genre. Une influence aussi importante pour lui que

celle de Michael Jackson dont il rapproche l’énergie sans limites et la physicalité de celle du sabar (musique et danse traditionnelle d’Afrique de l’Ouest) de son enfance. Tisser des ponts, emprunter une technique pour la détourner et l’emmener vers d’autres réalités, ainsi fonctionne celui qui est « issu d’une génération qui a dû se battre pour avoir la liberté de danser » comme il le souhaitait. « Aujourd’hui, tout se brasse et se mélange. Les nouvelles générations de chorégraphes n’ont pas nos frontières alors qu’il m’a fallu me battre pour imposer de pouvoir librement mêler du hip-hop à du contemporain ! »

Hip-hop is dead

Même si à 15 ans, il était de tous les événements (concerts, battles, concours…) d’Angers et des environs, il pratiquait encore la danse « comme on joue au foot dans un quartier », avec un vrai-faux dilettantisme. Amala finit par tourner en rond, comme dans une coupole sans fin. Le besoin de liberté et de nouvelles esthétiques le rattrape et le pousse vers le Centre national de Danse contemporaine de


sa ville. Une révélation. Et l’envie de prouver à tous qu’il peut « devenir un bon danseur contemporain », conquérir la reconnaissance de ses compères d’alors. Il y rencontre « sa famille », Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou1, créateurs de la compagnie CHATHA. Interprète de Sacré Printemps !, très beau spectacle sur la révolution tunisienne, Amala loue « leur passion et leur intégrité qui m’emmènent, comme danseur et comme spectateur, dans des endroits insoupçonnés ». Sa plus grande influence ? La réponse fuse sans demi-mesure : « Emanuel Gat, Emanuel Gat, Emanuel Gat ! Un maître. Celui qui m’a fait comprendre ce que je faisais en tant que danseur, qui m’a fait prendre conscience de ma responsabilité en tant qu’individu à une époque où je jetais sur scène, dans une énergie brute, tout ce que je pouvais. Notre rencontre a tout changé, son équipe m’accueillant à bras ouverts. » Il sera des aventures de Silent Ballet et Brilliant Corners2, observant au plus près sa manière de « rendre simple des choses complexes ».

Le premier jour du reste de sa vie

Avant de voler de ses propres ailes, en 2012, Amala Dianor a convolé entre amis avec le collectif C dans C. Leur premier spectacle les auto-propulse chorégraphes, « presque par accident », confie-t-il, mi-goguenard mi-modeste. « Nous étions juste des danseurs faisant une pièce. Mais ma nature me pousse à sans cesse me remettre en question, m’amenant à vouloir devenir un véritable chorégraphe. » Le bouillonnement créatif ne l’a plus quitté et les spectateurs strasbourgeois ont pu découvrir la synthèse de son art lors du dernier festival EXTRAPOLE où il présentait Man Rec. Un solo manifeste, à la croisée de ses premières amours, gagné par les vrilles terriennes, les isolations corporelles et la déstructuration des mouvements. Le tout nourri d’une grâce rare, mix savoureux d’influences et de pratiques, de ces couches qui font la richesse d’un être humain. Début 2016, il créait l’ambitieux De(s)génération dans lequel il réunissait plusieurs générations de danseurs pour revisiter les attributs de la danse hiphop, son évolution et celle de ses pionniers. Courant contre le temps qui lui manque toujours comme après ce chef-d’œuvre qu’en éternel insatisfait il n’atteindra peut-être jamais, Amala Dianor se saisit avec une envie débordante de la proposition faite par Pôle Sud de le faire Artiste associé pour les trois prochaines années. Un moyen pour lui d’in-

Amala Dianor

vestir « un type de territoire familier » et de faire profiter les habitants comme le CDC de l’expérience acquise à Tremblay (93). Même si le planning de cette première année est hyper chargé avec de nombreuses tournées, il compte bien « identifier et être identifié rapidement à la Meinau. Proposer rencontres et échanges, partir de la danse traditionnelle pour emmener cette communauté d’habitants venant de 120 origines vers quelque chose d’inattendu pour eux… » D’ici là, il sera de retour sur le continent africain pour la création de Quelque part au milieu de l’infini, à l’invitation du festival Danse l’Afrique Danse créé par l’icône Irène Tassembédo, à Ouagadougou. Une pièce qu’il répètera à Strasbourg à l’automne, avec deux danseurs émergeants, désireux de conquérir l’Europe à leur tour, auxquels il propose de se ressourcer, loin de la frénésie de leurs pratiques habituelles. Une rencontre au milieu du cosmos, entre ici et ailleurs. Un rendez-vous hybride, un trio au masculin comme un écho au quatuor au féminin de Parallèle, en 2013. Poly 191

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re-belles Avec Masculines, les chorégraphes Héla Fattoumi et Éric Lamoureux clôturent un triptyque débuté avec les incisifs Manta et Lost in burqa. Une ode à la féminité, libre et fière, par-delà les clichés et diktats de la domination masculine. Par Thomas Flagel Photo de Laurent Philippe

Masculines, au Granit (Belfort), mercredi 12 et jeudi 13 octobre www.legranit.org Manta, à L’Espace (Besançon), samedi 8 avril 2017 www.les2scenes.fr www.viadanse.com

Voir le superbe travail filmique de la cinéaste Valérie Urréa autour de la chorégraphie Manta sur www.numeridanse.tv

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2 Ingres ne se rendit jamais en Orient. Commandée par Napoléon, sa composition (inspirée par les lettres de Lady Montague, femme d’ambassadeur à Istanbul au XVIIIe siècle), choqua tellement l’Impératrice, qu’elle lui fut rendue pour n’être exposée qu’après sa mort.

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A

près s’être attaqué sans concession à la disparition du corps féminin sous le voile1, le duo Fattoumi-Lamoureux libère un peu plus le deuxième sexe des représentations et carcans dans lesquelles son idéalisation l’a longtemps enfermé. Point de départ de Masculines, l’odalisque Le Bain turc, toile la plus érotique d’Ingres dans le plus pur style orientaliste : une vue de harem totalement fantasmée2 où des femmes aux courbes voluptueuses portent bijoux et coiffes, à demi assoupies en poses lascives, dansant, papotant dans la moiteur et se caressant de la main. Masculines en reprend les motifs principaux : nudité travaillée à grand renfort d’artifices (faux seins, postiches, secondes peau couleur chair) permettant, à la manière de Cindy Sherman ou Orlan, de questionner une sur-érotisation caricaturale et factice du corps. Les sept danseuses, affublées de poitrines opulentes forment un tableau vivant, figeant des postures et jouant du ralenti dans lequel oscillent des parties isolées du corps – une cheville diaphane tournoyant, une main ondulant – au milieu de rires complices et d’effleurements sensuels des lèvres. La mélopée se fracasse en rythmiques mécaniques amenant des fissures au tableau idyllique.

Les corps se redressent, se courbent vers le haut. Le fil de l’émancipation se tisse pas à pas. Les justaucorps tombent, remplacés par mini-jupes et talons aiguilles. Sous des écrans plats diffusant une lumière rouge, les voilà qui passent au révélateur de la sexualisation moderne : bouches de poupées gonflables et raideurs de pantins de silicone, les danseuses parodient en mouvements désarticulés et saccadés les postures de strip-teaseuses. Les fantasmes de femmes-objets ainsi mis à jour ploient sous l’énergie de vie des sept interprètes s’entraînant l’une l’autre à ne pas flancher, collant à une pulsation vitale. Avec la subtilité qu’on leur connaît, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux distillent références et détails. On retrouve les arabesques d’Ingres par fines touches : le dos de sa musicienne au premier plan, les postures par flashs nous renvoyant aussi bien au tableau qu’à des instants intimes de nos salles de bains, un bras levé sous un éclairage spectral… Cette quête de verticalité – fil rouge d’une émancipation inéluctable dans la multiplication des face-àface avec le public, mentons hauts et regards droits – débouche sur une reconquête. Ces re-belles éprises de liberté sont prêtes à en découdre, n’en doutez point.


les parents terribles Jean Boillot fait tomber le masque de la bête sauvage qui sommeille en nous dans son spectacle La Bonne éducation, deuxième partie de son diptyque dédié au maître du vaudeville, Eugène Labiche. Par Fiona Bellime Photo d’Arthur Péquin (Animals)

Au Théâtre en Bois (Thionville), du 12 au 19 octobre. Labiche l’intégrale (Animals & La Bonne Éducation), dimanche 16 et mercredi 19 octobre www.nest-theatre.fr Au Grand Théâtre (Luxembourg), vendredi 5 et samedi 6 mai 2017 www.theatres.lu

S

i, depuis une trentaine d’années, les séries satiriques ne manquent pas de dépeindre l’incompétence des parents à l’égard de leurs enfants (comme le cynique père de famille Stan Smith d’American Dad ou encore l’indolent Homer Simpson), Eugène Labiche, précurseur du vaudeville cauchemardesque, révélait déjà le même phénomène à la fin du Second Empire. Après son spectacle Animals sur le thème du parasite intérieur, Jean Boillot poursuit son exploration à travers les textes d’un auteur souvent méprisé : « J’ai découvert une autre facette de Labiche, un dramaturge tenace au rire cruel et au discours politique, un naturaliste osant représenter l’homme tel un animal dépassé par ses pulsions. » Pour la seconde partie de son diptyque nommé narquoisement La Bonne éducation, le metteur en scène choisit le sujet de l’enfance avec La Fille bien gardée (1850) et Maman Sabouleux (1852). D’un côté, Berthe, huit ans, dont la mère, endeuillée délègue l’éducation à des domestiques, loin d’être exemplaires. De l’autre, Suzanne, qui, dès sa naissance, est confiée à Maman Sabouleux, une étrange nourrice. Dans chaque pièce, le satiriste plonge ses personnages dans un

monde sans autorité : « Labiche dépeint une société qui se transforme très rapidement au XIXe siècle avec l’industrialisation. C’est une époque où l’argent est roi, où tout est marchandise, même le lien affectif. Il nous montre ainsi comment des parents transmettaient à des tiers l’éducation de leur progéniture contre de l’argent. Il s’interroge sur le rapport glacial qu’entretiennent enfants et parents », confie le directeur du Nest de Thionville. Demeurant sans règles, les deux jeunes filles se transforment en tyrans dépassant toutes les limites. Écrites en miroir, les deux pièces font intervenir un parasite, qui, cette fois-ci, prend la forme d’un personnage surgissant soudainement dans la vie des enfants. S’en suivent de multiples mensonges et sournoiseries afin de déguiser la mauvaise éducation qu’ont reçu Berthe et Suzanne. Imaginée et construite en dialogue avec Animals, La Bonne Éducation conservera sa scénographie évolutive et burlesque bercée par le piano pneumatique jouant seul sur scène les compositions de Jonathan Pontier. Les comédiens, aux voix parfois déformées et au langage alambiqué, feront ressortir leur bestialité afin de voir naître en eux un nouvel être… Poly 191

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JEUNE PUBLIC

poupées de cire & de sons Renaud Herbin, directeur du TJP, propose un spectacle dédié à tous, dès 3 ans, Wax*. Sur le plateau habité par différentes sonorités, une femme manipule de la cire, matière dont elle envie la liberté.

Par Emmanuel Dosda Photo de Benoît Schupp

Au TJP Petite Scène (Strasbourg), du 3 au 10 octobre www.tjp-strasbourg.com Au Überzwerg – Theater am Kästnerplatz (Sarrebruck), mercredi 12 et jeudi 13 octobre dans le cadre de Loostik www.artbruecken.eu Au Théâtre Dunois (Paris), du 16 au 27 novembre www.theatredunois.org À La Méridienne (Lunéville), du 11 au 13 janvier 2017 www.lameridienne-luneville.fr Au Créa (Kingersheim), dans le cadre du Festival Momix, vendredi 3 et samedi 4 février 2017 www.momix.org À MA Scène nationale (Montbéliard), du 22 au 25 mars 2017 www.mascenenationale.com * Une coproduction MA Scène nationale Pays de Montbéliard www.mascenenationale.com

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ous sommes à quelques semaines de la première, durant les préparatifs. Sur la Petite Scène du TJP ayant l’aspect d’un atelier d’artiste, une toile tendue et tachée, façon Pollock, des bancs de bois brut et une plaque chauffante où repose un récipient transparent. Devant un ordinateur portable, Renaud Herbin et Anne Ayçoberry, sa complice, évoquent « la place du mot et du verbe, des sonorités, de la langue hésitante, proche de la respiration et du corps » dans Wax. Au début de cette pièce basée sur « l’instabilité des états et des humeurs », l’énergique comédienne Justine Macadoux déverse de la cire chauffée à 70° C sur un tapis de silicone. Elle se propage, telle une expansion de César, formant une grande tache, une flaque qui se fige et que la protagoniste élève à la verticale, tentant, dans des bafouillages et bégaiwements, de décrire et nommer. Ce personnage clownesque, « naïf face à la matière organique », selon Renaud Herbin, s’enthousiasme devant la capacité de la cire à pouvoir changer d’état (liquide ou solide) et de forme. Elle envie sa liberté, son aspect malléable, non finito, sa docilité, son instabilité. Elle-même

songe à faire l’expérience du débordement, de la transgression de la limite. De toutes les matières, c’est la wax qu’elle préfère, modelant un « waxele », une sorte de mini Golem. Elle conçoit ensuite toute une famille, une série de « manele » semblant sortir du même moule. Sauf que « la cire est instable, elle se rebelle, transgresse, nous échappe », insiste le metteur en scène. La comédienne cherche à normer les personnages, les rendre similaires, bien alignés, obéissants, mais « ils sortent du cadre ». Petit à petit, elle « découvre qu’elle peut inventer sa propre forme, s’affirmer en tant qu’individu ». Qu’on soit enfant ou adulte, il faut composer avec les limites, « nos propres contours ». Dans un environnement « de matière sonore » créé par Morgan Daguenet, Justine Macadoux va se recouvrir de cette grande peau de cire, comme pour pouvoir bénéficier de ses propriétés. Wax raconte le passage « de l’inerte au vivant », il nous convie à un vertigineux voyage dans le temps : le big bang originel, la formation de la matière, l’apparition du premier humain, la norme sociale, la place de l’individu…


THÉÂTRE

aude positive Artiste associée aux Taps pour la deuxième année avec son acolyte Catherine Javaloyès, Aude Koegler, comédienne sémillante, confie son expérience.

Par Fiona Bellime Photo de Benoît Linder

Rêves d’Automne, au Taps Scala (Strasbourg) du 15 au 20 novembre www.taps.strasbourg.eu Après-coup pour Le Songe d’une nuit d’été (04-08/10, Taps Scala), jeudi 6 octobre et pour Dernière Bande (11-16/10, Taps Laiterie), jeudi 13 octobre

Qu’est-ce qui vous stimule dans votre rôle d’artiste associée ? C’est tout simplement passionnant d’être à une autre place que celle de comédienne. Je suis plongée dans un milieu, une pratique que je connais, mais à un endroit différent qui me permet d’entretenir une relation plus pérenne avec les spectateurs et les équipes artistiques. Avec Catherine, nous sommes présentes sur tous les spectacles des Taps et animons les Après-coup (rencontres à l’issu de la représentation avec l’équipe du spectacle). Briser le quatrième mur est essentiel, nous nous devons de faire le lien entre la création et le public en ouvrant les portes du théâtre. Une de vos missions consiste à organiser Les Actuelles, festival des écritures émergentes… Oui, pour la deuxième année, Catherine et moi travaillons avec un comité de lecture composé de douze spectateurs et lisons environ cent vingt pièces. Cinq seront présentées sous forme de lecture, en mars 2017. Cette saison, nous avons sélectionné des textes très différents dans leur forme et opté pour des auteurs d’origines différentes (suisse, camerounaise, québécoise, mais aussi française). Fortuitement, un thème commun s’est déga-

gé, celui du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Selon vous , quel est l’intérêt de la lecture-spectacle ? Il y a une vraie difficulté à mettre en scène une lecture. Les comédiens, en jean-baskets, doivent s’engager sans non plus entrer dans une construction de personnage. Le potentiel du texte doit émerger sans artifice et c’est au spectateur de mettre en marche son imagination. Des alexandrins de Bérénice en 2015 à l’écriture suspendue et rongée de Jon Fosse cette année, vous faites en outre le grand écart… En effet, Rêves d’automne, le texte de Jon Fosse créé par Olivier Chapelet en novembre 2016, est un vrai enjeu. C’est une pièce magnifique, mais qui ne se travaille pas de la même manière que Bérénice. Cette écriture morcelée force à un certain lâcher prise dont il faut laisser émerger une chose inconnue agir, malgré soi, pour ensuite l’offrir sur scène. Passer de registre en registre constitue mon moteur de comédienne. Cela nécessite de tout reprendre à chaque fois : nos petites habitudes, nos outils… C’est délicieux ! Poly 191

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la 25 heure e

Dans la solitude des champs de coton, duel constitué de monologues signés Bernard-Marie Koltès, réunit Mata Gabin (Le Dealer) et Charles Berling (Le Client). Interview avec le metteur en scène à quelques jours de la création au TNS.

Par Thomas Flagel Photos de répétition Jean-Louis Fernandez

Au Théâtre national de Strasbourg, du 1er au 11 octobre www.tns.fr

La question du désir est au centre des rapports entre ces deux personnages, avec en toile de fond l’animalité et la sauvagerie de cette heure de la nuit, entre chien et loup… Le désir irrigue toute la pièce. Il imprègne tout ce qui est ouvert, concret, tangible dans cette rencontre et dans l’impossibilité de cette rencontre. Il était important et évident de faire jouer le rôle du dealer à une comédienne noire, afin de coller à la question de l’étrangeté et de la différence dont s’empare Koltès. Le client est comme vomi du public, projeté sur une passerelle jusque dans un endroit malfamé du plateau qui ne mène nulle part. Il y vacille et s’y perd en y cherchant sa propre mort. Paradoxalement, le désir est plus fort chez le dealer, ce mauvais génie qui l’attrape avec sa nécessité extrême à parler, à faire sortir le désir, à essayer de le rencontrer. La civilité et la sauvagerie humaine sont aussi au cœur de la pièce. Et quoi de mieux que le théâtre, lieu où ces notions s’affrontent depuis toujours… Quel est pour vous l’objet de ce deal ? La difficulté de vraiment rencontrer quelqu’un ? De se reconnaître frères ? Toutes les lectures sont à la fois valables et insuffisantes. Ce texte est si merveilleux qu’il nous permet de trouver en nous tous les moyens d’interpréter ces rôles. L’écriture doit s’approprier de manière intime : à quel endroit suis-je concerné par le personnage du client, comme Koltès lui-même, qui est un blanc, bourgeois, occidental face à une autre culture, venue d’Afrique ? L’auteur détricote toutes les caricatures en

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créant une discussion profonde. Ce combat a lieu, mais ne nous y trompons pas, c’est aussi une scène d’amour entre deux étrangetés. Koltès écrit de magnifiques phrases sur le regard : autant d’appuis de jeu pour votre mise en scène ? C’est énorme ! Quand le regard existe-t-il, quand se perd-il ? Qui a regardé qui dans cette ruelle ? Autant de questions qui font sens dans notre vie de tous les jours. Malgré la sophistication de nos lumières et un décor que j’ai voulu monumental pour participer de la jouissance théâtrale de cet affrontement, le regard sera à épier pour les spectateurs. Ici débute le combat. J’aimerais qu’il jubile comme dans un match de boxe avec son suspens, sa tension et son renvoi à soi dans le questionnement sur la nécessité de l’affrontement. Montrer ces deux personnes réfugiées dans leur solitude face à une violence qui paraît inévitable, c’est un miroir important au monde actuel ? Très important. L’art n’est pas qu’un divertissement de la vie. Cette pièce me bouleverse car elle me raconte ma propre solitude tout en fonctionnant comme une immense consolation car nos solitudes finissent par nous rapprocher. Cette évocation, comme celle du suicide, est d’une puissance rare. Ces personnages sont d’une telle rouerie, malice, sensibilité, intelligence et souffrance extrême qu’ils nous touchent au plus profond.


aux absents Avec un membre de la troupe afghane Azdar Theatre et de jeunes comédiens français et allemands, Robert Schuster créait en septembre Kula nach Europa. Une réflexion sur la brutale entrée de l’histoire dans nos vies, autant que sur le sort des réfugiés.

Par Thomas Flagel Photos de Lucas Abbiento et Carl De Keyzer

À La Filature (Mulhouse), mercredi 12 et jeudi 13 octobre (en français, allemand et afghan surtitré) www.lafilature.org Au Theather Freiburg, du 10 au 13 décembre www.theater.freiburg.de

T

out est histoire de rencontres. Celle du metteur en scène allemand Robert Schuster avec des élèves de l’École du TNS où il dirige un atelier en 2013 autour de Mesure pour Mesure. Il en embarque une poignée l’année suivante avec des comédiens allemands dans un laboratoire de recherche monté avec le chorégraphe Martin Gruber sur le jeu sans paroles. Dans une tout aussi prestigieuse école située à Berlin – la Ernst Busch Hochschule dont il dirige le département de mise en scène – il rencontre Ahmad Nasir Formuli, élève metteur en scène d’origine afghane dont le parcours fait écho aux questionnements qui le tourmentent : la situation des réfugiés en Europe mais aussi ses conséquences et dérives politiques se multipliant, en France comme en Allemagne, avec les vagues d’attentats. Ahmad Nasir Formuli lui raconte alors la terrible histoire du Azdar Theatre : en décembre 2014, il jouait Heartbeat, the silence after the explosion à l’Institut français de Kaboul lorsqu’un kamikaze s’y fit exploser. Deux morts dans le public. Les Talibans revendiquaient l’attaque suicide visant cette pièce poétique et abstraite. Menacés de mort, les membres de la compagnie se réfugiaient quelques mois en Inde avant de rentrer au pays, la peur au ventre. L’idée germe rapidement de les associer au projet – soutenu par le Théâtre municipal de Freiburg, le Théâtre national de Weimar et La Filature de Mulhouse – en les faisant venir travailler à sa création en Allemagne.

« La terrible réalité de cet événement rejoignait nos questionnements et il nous semblait aussi évident que nécessaire d’associer ces artistes engagés, luttant pour faire perdurer le théâtre dans un pays ravagé par des années de guerre, à notre projet », confie Julie Paucker, dramaturge au Théâtre national de Weimar. « Pas à la manière d’un théâtre documentaire, très en vogue actuellement, mais comme partie prenante et première d’un projet autour de l’exil, de l’hospitalité et des rapports d’échange actuels. » Malgré la mobilisation de tous leurs soutiens, les comédiens afghans se virent refuser leur visa. « Le versant positif et composite » de Kula nach Europa prenait du plomb dans l’aile. « L’état de la politique allemande actuelle, la peur que ces artistes ne rentrent pas dans leur pays après la création, est la véritable raison de ce refus », dénonce Julie Paucker. L’équipe franco-allemande s’empare de cette absence contrainte et forcée, symbole des problèmes actuels tourmentant nos sociétés. Les récits intimes d’Ahmad Nasir Formuli et d’une dizaine d’acteurs s’exprimant dans leur propre langue vont de Kaboul au Bataclan, en passant par la Chute du Mur. Le système d’échange non marchand du “Kula”, garantissant aux îles de Nouvelle-Guinée une paix durable depuis longtemps, est réactivé. Son lien social entre donneur et receveur, sa symbolique de partage sont une pierre lancée dans la mare nauséabonde de repli identitaire actuel. Poly 191

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THÉÂTRE

menteur, menteur Le Maillon accueille l’une des pièces les plus célèbres de Joël Pommerat. Pinocchio où la relecture de la quête d’humanité et de chair d’un pantin mal dégrossi et sans cervelle. Par Irina Schrag Photo d’Elisabeth Carecchio

Au Maillon (Strasbourg), du 13 au 16 octobre www.maillon.eu

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E

n 2008, entre Le Petit Chaperon rouge (en 2004) et Cendrillon (2011), Joël Pommerat s’attaquait au chefd’œuvre de Carlo Collodi, dépoussiérant et revivifiant le mythe. Ce bon vieux Gepetto n’a pas un flèche. Tout juste débité d’un immense tronc d’arbre, Pinocchio en met déjà plein la tête à son pauvre père. Irrévérence d’une jeunesse aussi égoïste que narcissique, avide de richesse, de possession et de plaisirs à satisfaire dans l’instant. N’hésitant pas à fendre les cœurs les plus doux, mentant comme il respire, le pantin mi-coquin mi-gredin éprouve ses rêves au monde des hommes. Jeunesse sans dieu et sans repères, cet enfant d’la chance se laisse aveugler par le strass et les paillettes, rouler par les beauxparleurs qui l’entraînent dans des coups foireux dont les péripéties nous tiennent en haleine. Ainsi va le talent d’écriture doublé d’un brio scénographique formant la patte

de Pommerat. Une langue moderne et vigoureuse, suintant le réel, dans des compositions clairs-obscurs fantasmagoriques. Si le conte initiatique fait des incursions dans le ventre du Requin au secours d’un père noyé dans la tristesse, c’est bien dans l’épure et la simplicité que le metteur en scène déploie tout son art : une fête disco aux lumières clinquantes où apparaît une mère inaccessible en habit de fée, une mer déchainée avec trois fois rien… Des rêves de canailles et d’argent facile bling-bling jusqu’à la case prison, Pinocchio, anti-héros moderne, frôle la mort les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles. Il apprend à ses dépends l’implacable règne de l’argent, du pouvoir et de la loi sur la destinée des hommes. Depuis huit ans, ce conte pour enfants séduit aussi les parents qui n’ont pas fini d’endosser la responsabilité de l’état du monde.


LA

SÉLECTION 2016-2017

ALTKIRCH

BÂLE

CRAC ALSACE

ANTIKENMUSEUM BASEL

☛☛ www.cracalsace.com

BADEN-BADEN LA8 Rétrofuturiste. Les Paradis techniques (jusqu’au 05/03) ? On y découvre comment les caricaturistes du XIXe siècle imaginaient l’avenir : ponts joignant les planètes et moyens de transport abracadabrantesques au rendez-vous. ☛☛ www.la8.de

MUSEUM FRIEDER BURDA Lignes, etc. Alchimie et Arabesques (11/02-21/05), est dédiée à un des plus grands peintres allemands du XXe siècle, Sigmar Polke.

Cruel. Atrocité pure ? Images de violence dans le monde antique (jusqu’au 29/01, à la Skulpturhalle) se penche sur un nombre surprenant d’images violentes dans une époque sans media de masse. 50e anniversaire. Collectionneurs et mécènes. Giovanni Züst et 50 ans d’Antikenmuseum Basel (jusqu’au 02/04) fait honneur à l’homme qui a rendu possible l’ouverture du Musée. ☛☛ www.antikenmuseumbasel.ch

CARTOONMUSEUM BASEL Houpette. Avec Dr. Zep et Mr. Titeuf (26/11-23/04), c’est une plongée dans l’univers d’une des BD les plus populaires qui nous attend, avant la présentation du très culte Lorenzo Mattotti (12/11/2017-02/2018), un des dessinateurs les plus doués de sa génération.

NATURHISTORISCHES MUSEUM BASEL Fascinant. Momies. Mystères du temps (jusqu’au 30/04) propose la découverte troublante d’animaux momifiés d’une étrange beauté.

BÂLE

CARTOON MUSEUM

KUNSTMUSEUM BASEL

L’Homme sans qualités. Après des mois de fermeture, l’institution redémarre en fanfare avec Skits, 13 Expositions dans 9 salles (26/11-05/03) du très pointu artiste berlinois Michael Müller. ☛☛ www.kunsthalle-baden-baden.de

☛☛ www.kunstmuseumbasel.ch

STAATLICHE KUNSTHALLE

☛☛ www.tinguely.ch

☛☛ www.cartoonmuseum.ch

Figuratif. Si Jackson Pollock est essentiellement connu pour ses œuvres abstraites (et ses drippings), il est aussi l’auteur, des années 1930 aux fifties, de dessins et tableaux figuratifs… oubliés. Cette exposition indispensable permet de les redécouvrir (jusqu’au 22/01). Dessins. Avec Ilk (26/11-12/03), Catharina van Eetvelde montre ses travaux sur papier caractérisés par la précision et l’économie.

☛☛ www.museum-frieder-burda.de

Son ! Machines musicales / Musique machinale (19/10-22/01) se penche sur le côté sonore des sculptures de Tinguely. Expérimental. Performance Machines (27/01-01/05) est dédiée à l’artiste britannique Stephen Cripps (1952-1982) qui a créé nombre de machines & installations interactives et réalisé des performances pyrotechniques extrêmes…

© Lorenzo Mattotti

Expérimental. L’exposition collective La Liberté sans nom (16/1015/01) part de l’expérience sixties de Fernand Deligny qui ouvrait une ferme à des enfants autistes et leurs accompagnateurs.

MUSEUM TINGUELY

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Les 2016/2017 COLMAR

MUSÉE BARTHOLDI

Planoise au Centre Nelson Mandela et à l’Espace. On y découvre (07/1001/07) Saison 4 : Mets et délices, qui établit un lien entre alimentation et art en Europe. ☛☛ www.mbaa.besancon.fr

MUSÉE DU TEMPS Transparent. Avec une Exposition autour du verre (titre provisoire), (26/11-26/03) l’utilisation des objets en verre par l’homme est retracée depuis les origines. Trouvailles archéologiques de Franche-Comté et artisanat s’y rencontrent. ☛☛ www.mdt.besancon.fr

BISCHHEIM Naji Kamouche, Caresser l’errance d’un pas oublié, 2005 (détail), collection Frac Alsace © Fred Hurst

Il sera possible d’assister au scan scientifique d’une momie (23/11 & 22/03), une expérience unique !

est morte, vive la révolution ! (13/0409/07) sont explorés le réalisme socialiste et son héritage.

☛☛ www.nmbs.ch

☛☛ www.kunstmuseumbern.ch

SPIELZEUG WELTEN MUSEUM Ichtyologique. Avec La Jeune fille et la mer (22/10-02/04), se déploient des plats à poissons antiques aux merveilleuses ornementations qui inspirèrent Picasso dont sont présentées des céramiques des fifties. ☛☛ www.spielzeug-weltenmuseum-basel.ch

BELFORT GALERIE DU GRANIT Invitation. Avec Appels, le Granit réunit Vincent Beaurin, Ludmilla Cerveny, Francois Génot et Julien Grossmann (05/11-17/12) pour une belle expo collective. ☛☛ www.legranit.org

BERNE KUNSTMUSEUM Aristocratique. Les Collections princières du Liechtenstein (12/1119/03) sont parmi les plus belles de la planète : Rubens, Raphaël, Breughel, van Dyck etc. Post-Jdanov. Avec La Révolution 30

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ZENTRUM PAUL KLEE Rencontre. Pour la première fois une exposition est dédiée à Paul Klee et les surréalistes (18/11-12/03), mettant en lumière, grâce à des prêts venus des plus grands musées de la planète, les relations du peintre avec des artistes comme Ernst, Miró, Aragon, Arp, Magritte, etc. ☛☛ www.zpk.org

BESANÇON FRAC FRANCHE-COMTé Monte le son ! Une double exposition est dédiée aux arts sonores (09/10-30/12) : Max Feed réunit dix artistes autour du pionnier de l’installation sonore Max Neuhaus. Dominique Blais est représenté avec Le Temps matériel. À ne pas rater. Gérard Collin-Thiébaut avec une exposition monographique (22/01-23/04). ☛☛ www.frac-franche-comte.fr

MUSÉE DES BEAUX-ARTS ET D’ARCHÉOLOGIE DE BESANÇON Délocalisé. Durant sa rénovation (jusqu’en 2018) Le musée s’invite à

COUR DES BOECKLIN Roux, doudou. Avec Roux et Rousses (25/02-02/04), la photographe Geneviève Boutry nous fait partager son obsession pour cette couleur de cheveux en se rapprochant des êtres et de leur intimité. ☛☛ www.ville-bischheim.fr

BURGDORF MUSEUM FRANZ GERTSCH Fantomatique. Patrick Lo Giudice “peint” d’étranges Paysages (26/1112/03) utilisant la cire pour nimber de mystère des forêts, des champs ou des échappées urbaines. ☛☛ www.museum-franzgertsch.ch

COLMAR ESPACE LÉZARD Contes. Caroline Gamon et Gretel Weyer, artistes strasbourgeoises, évoquent dans Tendre la nuit (05/1113/12) le paradis perdu de l’enfance. Les peintures de l’une racontent des histoires sans figure humaine, les sculptures de l’autre enquêtent sur les objets de l’enfance. ☛☛ www.lezard.org

MUSÉE BARTHOLDI Auguste 2.0. Des œuvres de la collection du Frac Alsace entrent dans En garde, l’art s’engage ! (jusqu’au 31/12) en dialogue avec l’exposition



Les 2016/2017 permanente du Musée Bartholdi. Ainsi se révèlent la modernité du sculpteur colmarien et son influence sur les artistes contemporains. ☛☛ www.musee-bartholdi.fr

MUSÉE DU JOUET Familial. Les univers du jeu et de l’écran se croisent et s’entremêlent dans Jouets et cinéma (12/10-10/09) sous de multiples points de vue : films autour de poupées comme Toy Story, l’utilisation marketing du cinéma et les jouets optiques, ancêtres du cinéma. ☛☛ www.museejouet.com

MUSÉE UNTERLINDEN Fascination. Otto Dix / Le Retable d’Issenheim (08/10-30/01) montre l’obsession de l’expressionniste allemand pour l’œuvre de Grünewald, qui l’accompagna toute sa vie. ☛☛ www.musee-unterlinden.com

DELME LA SYNAGOGUE Points de vues. Sirah Foighel Brut-

mann et Eitan Efrat montrent dans Orientation (15/10-02/04) deux films, dédiés à une sculpture de l’artiste israélien Dani Karavan. L’installation d’un escalier sculptural dans l’espace de la synagogue complète les projections et les questionnements sur l’orientation du regard. ☛☛ www.cac-synagoguedelme.org

DIJON LE CONSORTIUM Jubilé2. Truchement (19/0318/06) célébre, conjointement avec Beaubourg, le 40e anniversaire du Consortium, en rappelant notamment l’invitation de ce dernier à exposer à Paris en 1998. ☛☛ www.leconsortium.fr

DURBACH MUSEUM FÜR AKTUELLE KUNST - SAMMLUNG HURRLE Blanc c’est blanc. Après un Panorama (15/10-23/04) des œuvres clefs

de la collection, on découvrira Herbert Zangs (06/05-03/09), pionnier du monochrome, auteur de la technique du blanchiment dans les années 1950 et véritable électron libre de l’art du XXe siècle. ☛☛ www.museum-hurrle.de

ÉPINAL MUSÉE DÉPARTEMENTAL D’ART ANCIEN ET CONTEMPORAIN Vosgien. Jean-Paul Marchal, imagier (19/10-30/01) honore l’artiste et pédagogue spinalien, disparu récemment, qui se consacrait à la typographie et la gravure. Il participa à de nombreux projets de l’Imagerie d’Épinal notamment avec son motif célèbre de chouette. ☛☛ www.culture.vosges.fr

MUSÉE DE L’IMAGE Shadows. Les Ombres. Ombres chinoises et autres variations jusqu’au 26/02) une découverte étonnante d’un art qui servait aussi de jeu au XIXe siècle. ☛☛ www.museedelimage.fr

ERSTEIN

COLMAR

MUSÉE UNTERLINDEN

MUSÉE WÜRTH Caricature.1914-1918 : Guerre d’images, Images de guerre (jusqu’au 08/01) se penche sur l’iconographie de la guerre sous deux points de vues : l’imagerie de propagande et la description du conflit par les artistes présents au front. www.musee-wurth.fr

FRIBOURG-ENBRiSGAU STÄDTISCHE MUSEEN

Otto Dix, Annonciation, 1950, collection particulière © Cosimo Filippini © ADAGP, Paris 2016 32

Poly 191

Octobre 16

Nouveau. Pour son ouverture, la partie du musée dédié à la collection graphique montre les gravures sur bois de Hans Baldung Grien (jusqu’au 15/01), débordantes d’énergie. Images bibliques y côtoient dessins de chevaux sauvages. Qui nous sommes. Avec Herbert



Les 2016/2017

HAGUENAU

Malle lit Vuitton © Francis Claria

MUSÉE DU BAGAGE

Maier. Wer wir sind, le Museum für Neue Kunst invite un artiste (29/1026/02) qui rassemble dans ses aquarelles des représentations de l’homme. ☛☛ www.freiburg.de

FRANCFORTSUR-LE-MAIN DAM Glaglagla et cætera. Avec Hot to Cold (12/11-12/02), c’est une plongée dans les climats extrêmes qui nous attend : quelles architectures pour l’extrême froid et l’extrême chaud ? Réponses avec les danois du Bjarke Ingels Group. ☛☛ www.dam-online.de

MMK A Question of time. Fiona Tan mène une réflexion sur le temps, un « outil avec lequel façonner et ciseler, et un matériau que l’on peut plier, tordre et configurer ». à découvrir dans Geography of Time (jusqu’au 15/09). ☛☛ www.mmk-frankfurt.de

MUSEUM FÜR ANGEWANDTE KUNST Made in Japan. Avec Yokohama 34

Poly 191

Octobre 16

1868-1912 (08/10-29/01), le visiteur découvre les pionniers de la photographie dans l’Empire du Soleil levant ☛☛ www.museumangewandtekunst.de

SCHIRN KUNSTHALLE Regards croisés. Giacometti / Nauman (28/10-22/01) : deux artistes, deux générations entre lesquelles existent beaucoup de passerelles. Cette exposition le prouve avec éclat. VOIR P.56 Ceci n’est est pas une exposition. En coopération avec le Centre Pompidou La Trahison des images de Magritte (10/02-05/06) présente le plus grands des Surréalistes. Si vous n’allez pas dans la capitale, Francfort vous tend les bras. ☛☛ www.schirn.de

STÄDEL MUSEUM Grand siècle. Antoine Watteau, le dessinateur (19/10-15/01) explore le trait sensible d’un des artistes les plus délicats de l’Histoire. Masculin / Féminin. Faire une exposition sur La Guerre des sexes (24/10-19/03) ? Excellente idée !!! Elle nous entraîne du symbolisme de Franz von Stuck à l’œuvre de Frida Kahlo. French Touch. C’est loin, mais déjà à noter dans les agendas puisque

seront confrontés Bonnard et Matisse (13/09/2017-14/01/2018). ☛☛ www.staedelmuseum.de

HAGUENAU MUSÉE DU BAGAGE Voyage voyage. Dans L’appel du lointain (jusqu’au 31/05) le musée montre une collection de bagages unique en Europe. On y découvre le métier du malletier et ses outils, la cartographie et les grandes explorations du XIXe et XXe siècle. ☛☛ www.museedubagage.com

MUSÉE HISTORIQUE Scriptum. Des manuscrits à l’imprimerie : le rayonnement du berceau haguenovien (01/10-31/12) met en lumière une période phare de la ville en tant que centre de l’écrit autour de Diebold Lauber, copiste et illustrateur à grand succès au XVe siècle. ☛☛ www.ville-haguenau.fr

KARLSRUHE BADISCHE LANDESMUSEUM Égyptologie. Ramsès, Roi-Dieu de la vallée du Nil (17/12-18/06) permet


Les 2016/2017 de mieux connaître le plus puissant des pharaons, aussi emblématique de l’Égypte que les pyramides. ☛☛ www.landesmuseum.de

STAATLICHE KUNSTHALLE Dehors ! En plein air (18/02-03/09) est une manière de regarder, lire et écouter le paysage en une cinquantaine d’œuvres signées Claude Lorrain, Caspar David Friedrich, Gustave Courbet, etc. Événement ! Après le succès de l’exposition Degas, la Kunsthalle s’intéresse à Paul Cézanne. Dans Métamorphoses (28/10/2017-11/02/2018), on discerne le précurseur de l’Art moderne. ☛☛ www.kunsthalle-karlsruhe.de

ZKM Historique. Regard sur le futur (22/10-29/01) est une plongée dans l’Art en Europe entre 1945 et 1968 réalisée par deux commissaires de choc, Eckhart Gillen et Peter Weibel. Kerouac etc. Beat Generation (26/11-30/04) fait une deuxième étape après avoir été présente à Beaubourg. Chic, chic, chic !

MUDAM Formes. Au début des années 1980, Tony Cragg (11/02-10/09) fut sans nul doute un des précurseurs de la “New British Sculpture”. Il est exposé en majesté dans l’institution luxembourgeoise. ☛☛ www.mudam.lu

MEISENTHAL HALLE VERRIÈRE Pour les fêtes. Dans le cadre du programme touristique Un Noël à Meisenthal, on découvre Jeune Création (20/11-23/12), une exposition collective, qui interroge le visiteur sur le sens de cette fête à l’ère de l’hyperconsommation. ☛☛ www.halle-verriere.fr KARLSRUHE STAATLICHE KUNSTHALLE

☛☛ www.zkm.de

LUXEMBOURG

FRAC LORRAINE Féministe. Pour Guerrilla Girls (10/11-19/02), le Frac a invité un collectif d’artistes américaines formé en 1985 dénonçant la sous-représentation des femmes dans le milieu de l’art. ☛☛ www.fraclorraine.org

CENTRE POMPIDOU-METZ Franco-allemand. Entre deux horizons. Avant-gardes allemandes et françaises du Saarlandmuseum (jusqu’au 16/01) établit un dialogue entre la scène artistique des deux côté du Rhin depuis l’impressionnisme. Bauhaus. Avec Oskar Schlemmer. L’homme qui danse (13/10-16/01), le Centre Pompidou présente un artisteplasticien et chorégraphe allemand qui révolutionna la performance au sein du mouvement Bauhaus.

LE 19 Paul Cézanne, La Mer vue de l'Estaque, 1883–1885

METZ L’ARSENAL

Christique. Sang & Larmes (07/1011/02) présente les œuvres d’Albrecht Bouts, spécialisé dans la création de portraits du Christ, de la Vierge et de Saint-Jean-Baptiste destinés à la dévotion privée à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. ☛☛ www.mnha.lu

☛☛ www.arsenal-metz.fr

MNHA

☛☛ www.faux-mouvement.com

MONTBÉLIARD

USA. Tumultueuse Amérique (19601990) présente (jusqu’au 27/11) le travail de Jean-Pierre Laffont, photo-reporter qui a su capter les côtés sombres des États-Unis avec ses gangs du Bronx aussi bien que l’euphorie patriotique. Lauréats. L’exposition Prix HSBC pour la Photographie - Lauréats 2016 (02/12-08/01) fait découvrir Christian Vium avec The Nomadic City et Marta Zgierska avec Post.

☛☛ www.casino-luxembourg.lu

En mouvement. Gestes d’artistes (14/10-13/11) montre un panorama de performances qui ont eu lieu au Centre d’Art contemporain. Filiation. I’ll be your mirror de Joachim Biehler (03/11-28/01 à la Médiathèque de Forbach) explore la transmission. Du maître à l’élève, de l’idole au fan.

☛☛ www.centrepompidou-metz.fr

CASINO LUXEMBOURG Villes. La Nuit politique (jusqu’au 08/01) présente les travaux d’Aude Moreau, œuvres photographiques, filmiques et sonores qui jettent un éclairage inédit sur la ville nord-américaine. Hors les murs. Le pavillon luxembourgeois de la Biennale de Venise – géré par le Casino – a sélectionné Vielen Dank für die Blumen de Mike Bourscheid (13/05-26/11).

FAUX-MOUVEMENT

Vrai ou faux ? Dans L’effet de réel (jusqu’au 08/01) Fabienne Ballandras et Marie Voignier interrogent notre croyance dans la vérité des images, des photographies et des films. Documentaire ou fiction ? Pas toujours facile à distinguer. ☛☛ www.le19crac.com

MUSÉE DU CHÂTEAU DES DUCS DE WURTEMBERG Exaltant. Jean Messagier, le grand cortège (jusqu’au 15/01) met à travers les collections du musée un génie local à l’honneur, qui produisait peintures, dessins, gravures et sculptures. Son art est une fête ! ☛☛ www.montbeliard.fr Poly 191

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Les 2016/2017 (04/11-27/02) un génie lorrain aux multiples facettes : dessinateur, graveur, portraitiste ou peintre de scènes de genre, il touchait à tout. L’étranger. Lorrains sans frontières est un projet programmé avec le Palais des ducs de Lorraine qui se penchera sur les liens des Lorrains avec le monde : émigration, voyage et immigration seront son fil rouge. Les Couleurs de l’Orient (01/06-30/09) au Musée des Beaux-Arts montrera l’Orient (rêvé ou visité) par des artistes du coin. ☛☛ www.mban.nancy.fr

MY MONKEY NANCY

MUSÉE DES BEAUX-ARTS Émile Friant, La Toussaint, 1888, Nancy, musée des Beaux-Arts, dépôt du musée d’Orsay © Ville de Nancy / C. Philippot

MULHOUSE LA FILATURE Photo 1. Bruno Boudjelal (11/0126/02), d’origine algérienne, utilise la photographie pour interroger sa propre identité et nous mettre face à la nôtre. Dans le cadre du festival Les Vagamondes. Photo 2. Aurore Bagarry, Camille Michel et Anna Katharina Scheidegger proposent d’explorer le froid avec un des plus grands glaciers alpins, l’Aletsch en Suisse et la poésie du Grand Nord (17/05-02/07). ☛☛ www.lafilature.org

KUNSTHALLE Régionale 17. Une nouvelle fois, la Kunsthalle propose en collaboration avec le Kunsthaus Baselland une exposition collective transfrontalière (25/11-08/01). Monographie. L’artiste norvégienne Ane Mette Hol explore le dessin dans tous ses états : photocopie, impression, machine à écrire. Tous les moyens sont bons pour créer ses propres copies (16/02-30/04). ☛☛ www.kunsthallemulhouse.com

MUSÉE DE L’IMPRESSION SUR ÉTOFFES Mode. Avec Formes et couleurs (11/11-01/10) le musée retrace l’évolu36

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tion du motif textile, d’abord dessiné par des manufactures, puis les inspirations par Delaunay ou Mondrian au XXe siècle. ☛☛ www.musee-impression.com

Contemporain. Jesus Alberto Benitez (04/11-24/12), artiste d’origine vénézuélienne exposera Open Space. Ce dessinateur, peintre et photographe interroge l’espace et la matière. ☛☛ www.mymonkey.fr

ORNANS MUSÉE COURBET

Sacré. La peinture religieuse du XIXe siècle (jusqu’au 27/11) plonge dans les collections du musée pour présenter un très beau panorama.

À ne pas rater. Courbet et l’Impressionnisme (jusqu’au 17/10) nous démontre les liens entre le maître du réalisme et une jeune génération d’impressionnistes, pour lesquels il était un précurseur.

☛☛ www.musees-mulhouse.fr

☛☛ www2.doubs.fr/courbet

MUSÉE DES BEAUX-ARTS

MUNCHENSTEIN / PFORZHEIM SCHMUCKMUSEUM BÂLE SCHAULAGER Futur. La prochaine exposition sera une rétrospective dédiée à l’artiste américain Bruce Nauman (au printemps 2018) en collaboration avec le Museum of Modern Art de New York. En attendant, chaque dernier mercredi du mois découvrez la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann, le trésor du Schaulager. ☛☛ www.schaulager.org

NANCY MUSÉE DES BEAUX-ARTS Lorrain. On découvre dans Émile Friant, le dernier naturaliste ?

Deux c’est mieux. Double exposition (21/05-10/09) pour fêter les 250 ans du lien existant entre le bijou et la cité : Must haves présente des pièces des grands joaillers tandis que Must sees est une promenade dans l’Art sous l’angle du bijou. ☛☛ www.schmuckmuseumpforzheim.de

REIMS FRAC CHAMPAGNEARDENNE Transdisciplinaire. Dans Meris Angioletti, Le grand jeu l’artiste présente (14/10-23/12) un projet totalement inédit autour de la notion du jeu


Les 2016/2017 en rapprochant les cartes du tarot de Marseille et le mouvement littéraire du Grand Jeu à Reims, entre 1927 et 1932. ☛☛ www.frac-champagneardenne.org

RIEHEN / BÂLE FONDATION BEYELER Hue dada. Impossible de manquer l’exposition Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter (jusqu’au 22/01) autour d’artistes qui ont affranchi la couleur de l’obligation de représentation, émancipé la ligne du contour et libéré la surface de l’illusion de la figuration. ☛☛ www.fondationbeyeler.ch

SAINT-LOUIS FONDATION FERNET-BRANCA Voyage en profondeur. Le photographe Thibault Cuisset (19/11-11/02) s’immerge dans un pays, procédant par fascinantes séries. Trio. Les peintures oniriques de Rachel Lumsden dialoguent avec les toiles de Damien Cabanes, un des peintres les plus intéressants du paysage européen, au rez-de-chaussée, tandis que celles de Martine Martine peuplent l’étage (18/03-14/05). ☛☛ www.fondationfernet-branca.org

SARREBRUCK SAARLANDMUSEUM Rénovation. Le musée étant en rénovation, on admire (jusqu’au 16/01) sa collection au Centre-Pompidou Metz. Livre. Papier en mouvement ! Livres pop-up et méchanique papier (jusqu’au 15/01) au Deutsches Zeitungsmuseum à Wadgassen (près de Sarrebruck) nous emmène dans l’univers fascinant du livre pop-up. Un must pour les enfants ! Antique. Le Museum für Vor-und Frühgeschichte montre Ancien et nouveau verre (22/10-05/03) un panorama du verre à travers les siècle. ☛☛ www.kulturbesitz.de

STADTGALERIE Bon son. Avec Two Measures of Time (jusqu’au 08/01) on découvre les installations sonores de Max Eastley et les machines sonores de Martin Riches. Ça va faire du bruit !!! ☛☛ www.stadtgalerie.de

VÖLKLINGER HÜTTE Zen. L’exposition Buddha (jusqu’au 19/02) réunit 232 chef d’œuvres bouddhistes, pour certains vieux de deux millénaires. Steve McCurry. Il est une icône de la photographie. Ses clichés, montrés

sous le titre Bouddhisme Photographies 1985-2013 (jusqu’au 06/11) témoignent de sa fascination pour les pays d’Asie. Urban Art Biennale 2017. Le rendez-vous international pour les amateurs de l’art urbain (09/04-05/11). ☛☛ www.voelklinger-huette.org

SÉLESTAT FRAC ALSACE Collection. Dans Monuments (08/10-04/12) les étudiants du Master 1 Critique-Essais-Écritures de l’art contemporain de l’Université de Strasbourg se posent des questions sur la transmission de la mémoire collective. ☛☛ www.culture-alsace.org

STRASBOURG APOLLONIA Citizen Lab. À Colmar, installation dans l’espace public de George Rousse (jusqu’au 30/11) qui maîtrise comme personne la technique de l’anamorphose. Attention événement !!! Polymorphe. Résidence et exposition de Mireya Samper (01/05-30/06), artiste islandaise dont le travail mêle peinture sur toile, papier washi, bronze, aluminium, pierre et acier. ☛☛ www.apollonia-art-exchanges.com

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Les 2016/2017 sibilité par rapport à l’œuvre encadrée sous verre. Transfrontalier. Dans le cadre de Régionale 17, on découvre Vincent Chevillon, Doris Lasch, Serge Lhermitte, Mélodie Meslet-Tourneux et Joel Vergeat (03/12-29/01). ☛☛ www.stimultania.org

STUTTGART KUNSTMUSEUM

STRASBOURG CEAAC

Jan Sipocz, Last minute, 2014, diaporama, 80 diapositives 24 x 36 cm

CEAAC Utopia. Adrian Balseca, Bertille Bak, Pauline Bastard exposent dans le dernier volet du cycle Think global, act local sous le titre Ultralocal (jusqu’au 18/10) leurs travaux qui tournent autour du concept de l’utopie. L’homme et le monde. Dans le cadre de la Régionale 17, le CEAAC montre Kosmodrome, exposition parlant à la curiosité et du sens de l’expérimentation (03/12-19/02). ☛☛ www.ceaac.org

LA CHAMBRE VOIR poly 190 À ne pas rater ! Les photographies de Marie Bovo viennent à Strasbourg (18/11-18/12). Ses clichés montrent des portesfenêtres qui donnent un aperçu de l’extérieur. Tout un monde ! Sociologie de la rue. Fred Stein (03/03-16/04) déambule dans les rues et tire le portrait des gens qu’il observe, à New York comme à Paris. Ses clichés témoignent de la lutte des classes, du mode de vie des gens, de leurs joies et de leurs peines. ☛☛ www.la-chambre.org

MUSÉE HISTORIQUE Soldats. Régiments de papier (15/10-24/02) présente la plus grande collection publique de petits soldats, fascinantes figurines à découper. ☛☛ www.musees.strasbourg.eu 38

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MUSÉE DE L’ŒUVRE NOTRE-DAME Petit par la taille. Petits mondes (15/10-16/01) fait plonger le visiteur dans des univers picturaux minuscules. ☛☛ www.musees.strasbourg.eu

MUSÉE TOMI UNGERER Happy Birthday. Pour fêter son 85e anniversaire l’exposition Tomi forever (19/11-19/03) présente les œuvres de cent artistes en forme d’hommage : Loustal, Geluck, Plantu, Plonk et Replonk, Willem… ☛☛ www.musees.strasbourg.eu

MAMCS Collection. Découvrez les univers de neuf collectionneurs dans L’Œil du collectionneur (jusqu’au 26/03) souvent montrés pour la première fois au public. Moderne. Hétérotopies, des avant-gardes dans l’Art contemporain (10/12-30/04, également à L’Aubette 1928) propose de mettre en parallèle les concepts fondateurs des avant-gardes artistiques et architecturales des années 1920 et des œuvres de dix artistes contemporains. ☛☛ www.musees.strasbourg.eu

STIMULTANIA Toucher svp. Doubles pages montre des livres de photographies (jusqu’au 20/11) en mettant l’accent sur l’acces-

Hasard. Avec [un]erwartet. Die Kunst des Zufalls (jusqu’au 19/02), le Kunstmuseum montre un panorama d’artistes qui ont fait de la maitrise du hasard leur mode de création. Incontournable. Sur papier... travaux de Willi Baumeister (jusqu’au 22/01) se concentre sur les œuvres en papier d’un des plus importants artistes de l’après-guerre en Allemagne. ☛☛ www.kunstmuseum-stuttgart.de

STAATSGALERIE So british. L’exposition phare de cet automne, Francis Bacon. Espaces invisibles (07/10-08/01), explore la composition spatiale chez cet artiste anglais hors-norme. Nippon. À l’autre bout du monde (03/02-18.06.) met en dialogue des estampes japonaises et des peintures d’artistes tel que Paul Gauguin ou Henri de Toulouse-Lautrec, qui furent adeptes du japonisme au XIXe siècle. ☛☛ www.staatsgalerie.de

VANDOEUVRELÈS-NANCY CCAM Français. Authentique Primitif Rétrospective Jacques Henri Lartigue (07/02-18/03) se consacre à un monstre sacré de la photographie du XXe siècle. Jeune. Molitor #09 donne l’occasion aux étudiants de l’École nationale supérieure d’Art et de Design de Nancy (10-28/01) d’exposer leurs travaux photographiques autour du site des anciennes casernes de Molitor. ☛☛ www.centremalraux.com


Les 2016/2017

WATTWILLER FONDATION FRANÇOIS SCHNEIDER Eau. Les Talents contemporains 2014 (01/10-18/12), Renaud Auguste-Dormeuil, Benoît Billotte, Gaëlle Callac, Cécile Carriere, Jeremy Laffon et Gustavo Millon, lauréats du concours qui travaillent tous autour de l’élément aquatique, exposent à la Fondation. ☛☛ www.fondationfrancois schneider.org

WEIL AM RHEIN VITRA DESIGN MUSEUM Culte. Dieter Rams. Modular World (18/11-12/03) présente les meubles légendaires de ce designer, qui devint immortel avec la marque Braun. Futur. Hello Robot. Le design entre l’homme et la machine (11/02-14/05) se consacre au boom actuel de la robotique qui gagne tous les domaines de la vie. ☛☛ www.design-museum.de

WINGENSUR-MODER MUSÉE LALIQUE Parlez moi de fleurs. Un Amour de Lalique : le langage des fleurs (01-26/02), l’exposition pour tous les amoureux qui veulent découvrir la signification des fleurs à travers photographies et objets Lalique. Influences. Retour aux sources. Quand Lalique s’inspire du monde (24/06-05/11) démontre que ce créateur avait bien d’autres sources d’inspiration que les 3 F (Femme, Faune, Flore), en mettant ses œuvres en relation avec ceux qui ont pu l’inspirer, de l’Égypte antique au japonisme. Passionnant !

guliers du photographe américain Richard Avedon avec la France, Vieux Monde, New Look (18/10-26/02). Pensées. Pascal, le cœur et la raison (08/11-29/01) explore l’œuvre de ce talent multiforme, mathématicien, inventeur, philosophe, théologien… ☛☛ www.bnf.fr

CENTRE POMPIDOU Star. Une rétrospective d’une ampleur inédite de l’artiste américain Cy Twombly (30/11-24/04), des graffitis de ses débuts à la peinture minimale. Contemporain. L’artiste français Jean-Luc Moulène (19/10-20/02) : à la découverte d’un monstre d’exigence ! ☛☛ www.centrepompidou.fr

CITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE Urbain. Mutations urbaines la ville est à nous ! (jusqu’au 05/03) enquête sur la transformations des cités. En famille. Bébés animaux (jusqu’au 20/08) donne l’occasion aux plus petits (2-7 ans) de comprendre la naissance et la croissance des animaux tout en leur permettant de comparer leur propre développement avec eux. Normal ? Mental désordre, Changez de regard sur les troubles psychiques (jusqu’au 06/11) vise à déconstruire des préjugés à l’aide d’œuvres de

l’artiste finlandaise Vappu Rossi ainsi que de jeux, maquettes et simulations interactives. ☛☛ www.cite-sciences.fr

FONDATION LOUIS VUITTON Icônes. La Collection Chtchoukine (22/10-20/02) est une des plus belles au monde. Sa présentation à Paris est un événement ! ☛☛ www.fondationlouisvuitton.fr

GRAND PALAIS Événement. Mexique, 1900-1950 (05/10-23/01) présente Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clemente Oroszco et les avant-gardes. La plus grande exposition dédiée à l’art mexicain depuis 1953 montre un pays débordant de créativité. Incontournable. Rodin. L’exposition du centenaire (22/03-31/07) honore le père de la sculpture moderne à l’occasion du centenaire de sa mort. BD. Avec Hergé (25/09-15/01) plongez vous dans l’univers du créateur de Tintin, perfectionniste et visionnaire. Nature. Jardins (13/03-24/07) retrace à travers peinture, sculpture, photographies et installations cinq siècles de création botanique. ☛☛ www.grandpalais.fr

WINGENSUR-MODER

MUSÉE LALIQUE

☛☛ www.musee-lalique.com

PARIS BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE Photo. Exploration des liens sinPoly 191

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Les 2016/2017 INSTITUT DU MONDE ARABE

(22/10-22/01) poursuit le cycle des expositions de La Maison rouge consacré aux collections privées, invitant un artiste à mettre en regard son travail avec les œuvres et objets qu’il a collectés. Made in France. L’Esprit français (24/04-21/05) présente les contrecultures de 1969 à 1989 : presse contestataire, rock alternatif, radios libres…

Beautés. Des trésors à porter. Bijoux et parures du Maghreb (jusqu’au 08/01) nous plonge dans l’univers fascinant de la parure des femmes avec des pièces exceptionnelles de la Collection Bouvier. Désert enchanté. Biskra, sortilèges d’une oasis. 1844-2014 (jusqu’au 22/01) remet dans leur contexte des œuvres de Matisse, Gide ou Bartók qui se sont inspirés des portes du Sahara. Voyage. Embarquez avec les Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo (15/11-26/02) pour un voyage digne des 1 001 nuits.

☛☛ www.lamaisonrouge.org

☛☛ www.imarabe.org

☛☛ www.monnaiedeparis.fr

LOUVRE

MONNAIE DE PARIS Culte. Maurizio Cattelan is Not afraid from love (21/10-08-01). Il n’est jamais là où on l’attend et ses œuvres sont autant d’uppercuts qui nous laissent KO.

MUSéE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS

Beau. Bouchardon (1698-1762). Une idée du beau (jusqu’au 05/12) présente un artiste néo-classique. The Network. Vermeer et les maîtres de la peinture du genre au Siècle d’or (22/02-22/05) présente le Sphinx de Delft sous un nouvel angle. Danse. Corps en mouvement. La danse au musée (06/10-03/07). La représentation du mouvement a été un défi pour l’artiste depuis l’Antiquité, auquel différentes réponses ont été apportés.

Réhabilitation ? Avec Bernard Buffet (14/10-26/02), on découvre un des peintres français les plus célèbres du XXe siècle, mais également l’un des plus discutés. À travers une sélection d’une centaine de peintures, l’exposition propose une relecture d’une œuvre qui a été en réalité très peu vue. 3D. Sculpture as place (18/10-12/02) explore l’œuvre de Carl Andre. Les pièces iconiques côtoient des éléments jamais réunis, comme ses Dada Forgeries.

☛☛ www.louvre.fr

☛☛ www.mam.paris.fr

LA MAISON ROUGE Figuration libre. Plus jamais seul, Hervé Di Rosa et les arts modestes

MUSÉE D’ORSAY Anniversaire. Pour fêter ses 30 ans cet automne, le musée s’intéresse avec

PARIS MUSÉE D’ORSAY

Jules Breton (Courrières, 1827 – Paris, 1906), La Bénédiction des blés en Artois, 1857, Arras, Musée des Beaux-Arts dépôt du musée d'Orsay, RF 67 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski 40

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Spectaculaire Second Empire, 18521870 (jusqu’au 15/01) à une période d’euphorie économique qui a donné naissance à la modernité dans les arts, l’architecture et le design. Méconnu. Frédéric Bazille (18411870). La jeunesse de l’impressionnisme (15/11-05/03) présente un jeune peintre, ami de Monet qui affirmait peu à peu son propre style avant de disparaitre trop tôt. Panorama. Le Paysage mystique (14/03-25/06) enquête sur cette thématique à travers des œuvres de Gauguin, Monet, Klimt, Munch ou encore Van Gogh. ☛☛ www.musee-orsay.fr

MUSÉE DU QUAI BRANLY Afro. The Color Line. Les artistes africains-américains et la ségrégation (04/10-15/01) démontre le rôle fondamental que l’art a joué dans l’affirmation de l’identité noire aux États-Unis. Religion. Du Jourdain au Congo. Art et christianisme en Afrique centrale (22/11-02/04) donne un aperçu de la création artistique riche qui a suivi la christianisation. ☛☛ www.quaibranly.fr

PALAIS DE TOKYO Radical. Une exposition conçue par Tino Sehgal (12/10-18/12), seconde édition d’une série de cartes blanches laissées à des artistes investissant la totalité des 13 000 m² de surface d’exposition. ☛☛ www.palaisdetokyo.com


THÉÂTRE

usbekistan

Lorsque Guillaume Clayssen porte à la scène Les Lettres persanes de Montesquieu, il met en lumière leur profonde actualité.

© Virginie Puyraimond

Qu’est-ce qui a changé depuis le XVIIIe siècle dans l’essence des rapports entre Orient et Occident ? Pas grand-chose semble nous dire Guillaume Clayssen dans son éblouissante adaptation des aventures d’Usbek et Rica, deux Perses portant un regard acerbe sur l’Europe, négligeant parfois leurs propres errements. Les Lettres persanes manifestant toujours « le malaise entre les civilisations et la nécessité pour chacune d’entre elles d’être sous le regard de l’autre, ce regard étranger qui permet de se connaître soi-même » explique le metteur en scène. S’il reste fidèle à l’esprit du texte en l’actualisant, il sait secouer le public… Effet de surprise garanti, mais on ne va rien spoiler. Reste que ces Lettres contemporaines pleines de riffs de guitares rappellent la nécessité de dépasser le choc des civilisations par l’ouverture et le dialogue (R.Z.).

À La Comédie de l’Est (Colmar), du 6 au 8 octobre www.comedie-est.com

game of thrones Guillaume Séverac-Schmitz et le Collectif Eudaimonia s’emparent de Richard II, modèle du drame historique shakespearien.

© Loran Chourrau

Assassinats, complots, bannissement, alliances et trahisons. Richard II narre la trajectoire d’un roi impopulaire qui préfère abdiquer après 22 ans de règne (1377-1399), laissant son trône à Henry IV qui… le fera mettre à mort. Cette pièce de Shakespeare plonge dans les méandres du pouvoir, explorant avec délices les arcanes d’un jeu politique à la fois éminemment raffiné et profondément fruste. Avec une scénographie d’une belle sobriété – contrastant avec le foisonnement narratif mobilisant trente protagonistes incarnés par sept acteurs – Guillaume Séverac-Schmitz et le Collectif Eudaimonia s’emparent d’un texte lyrique et poétique, se servant d’éléments naturels, comme l’eau et le vent, pour manifester « un univers symbolique très puissant qui embrasse la vie des personnages », explique le metteur en scène (P.R.).

Au Théâtre de la Manufacture (Nancy), du 4 au 8 octobre www.theatre-manufacture.fr www.collectifeudaimonia.fr

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CHANSON

« je peux prédire l’avenir » Katerine, la madame Irma de la pop ? C’est ce qu’il prétend dans cet entretien, quelques jours avant une série de concerts intimistes, touchants et amusants, à l’image de son dernier album, Le Film. Le public sera enchanté, juré. Nous l’avons vu dans sa boule de cristal.

Par Emmanuel Dosda Photo d’Éric Garault

Au Théâtre Edwige Feuillère (Vesoul), jeudi 6 octobre www.theatre-edwige-feuillere.fr À La Rotonde (Thaon-lesVosges), vendredi 7 octobre www.thaon-les-vosges.com À La Comédie de Reims, mardi 15 novembre www.lacomediedereims.fr À La MAC de Bischwiller, jeudi 20 avril 2017 www.mac-bischwiller.fr Au Théâtre Théodore Gouvy (Freyming-Merlebach), vendredi 21 avril 2017 www.freyming-merlebach.fr À L’Espace 1789 (Saint-Ouen), jeudi 27 avril 2017 www.espace-1789.com www.katerine.net

Le Film, édité par Cinq7 www.cinq7.com Réalisé par Nicolas Bary, le film sort le 18 octobre

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Dans Je suis un no man’s land de Thierry Jousse, le personnage que vous incarnez n’arrive plus à partir du village de ses parents, comme s’il ne parvenait pas à quitter son enfance. La percevez-vous comme un territoire qui vous emprisonne ? Je m’en sens très éloigné… tout comme de l’âge adulte d’ailleurs. Je n’ai aucune appartenance de ce genre. J’étais un enfant, j’en ai bien profité, mais aujourd’hui je ne le suis plus et je m’en réjouis. Pourtant, sur votre dernier disque, Le Film1, vous semblez les envier de savoir « des choses qu’on ne sait plus » et de pouvoir s’émerveiller devant trois fois rien ? C’est vrai que je les envie car ils n’ont aucune responsabilité, ils ne se rendent pas compte du monde atroce où nous vivons, ils sont innocents, voire extralucides. J’ai la chance de vivre avec certains d’entre eux, en bas-âge, alors je les observe comme des étrangers, en toute impunité. Ils sont monstrueux, disproportionnés avec une grosse tête et de petits bras, mais ils sont intimidants car très libres, notamment lorsqu’ils dessinent. « J’ai 30 ans et je suis un enfant » chantiez-vous en 1999. Vous faisiez l’inventaire de choses non réalisées. Avez-vous réécouté ce morceau et fait un nouveau bilan ? Non, jamais, mais je pense que ça n’a pas beaucoup évolué. Je n’ai toujours pas volé d’articles dans un magasin, je ne suis pas allé en Afrique, je n’ai tué personne… On change très peu au fond.

Y a-t-il des projets que vous aimeriez mener à bien ? Je songe à me faire décoller les oreilles comme dans le film Le Petit Spirou2, avec Pierre Richard et François Damiens, où je joue un curé. Durant le tournage, je portais des prothèses et me sentais mieux sur cette terre, mes relations avec autrui étaient plus limpides et mon sex-appeal grandissait. J’ai remarqué les réactions des femmes… alors je n’exclus pas une opération. Au début des années 1990, vous vous cachiez derrière des interprètes féminines. Petit à petit, vous vous êtes davantage mis en avant jusqu’à l’extraordinaire mue de Robot après tout (2005). Louxor j’adore a fait de vous un artiste 100% VIP après une relative confidentialité. Devez-vous votre succès à l’affirmation de votre personnalité ou êtes-vous sorti de votre réserve pour adopter une posture face aux spotlights ? Je n’ai jamais envisagé de stratégie en vue d’un succès public, j’ai simplement suivi mon chemin. Je n’allais pas finir ma vie recroquevillé dans un coin, en rougissant dès qu’on me parle. La scène m’a permis de m’extérioriser. C’est un endroit – tout comme le dessin ou les films – où j’exprime des choses que je n’exprime pas ailleurs. Il ne s’agit pas de rencontrer un public, mais de m’épanouir. C’est purement égoïste. Qu’avez-vous appris de la tournée de Robot après tout, très spectaculaire, délurée, avec les Little Rabbits en backing band ? C’était magnifique car on était entre copains et


on vivait quelque chose d’ahurissant : les spectateurs venaient de plus en plus nombreux et enthousiastes. C’était la colonie de vacances, une aventure folle qui nous dépassait : à la fin des concerts on se retrouvait à poil dans le tour bus ! Les haïkus absurdes de l’album Philippe Katerine, le maximalisme disco-kitsh de Magnum, le minimalisme sensible et l’épure du Film… Êtes-vous animé par une incessante envie de changer de ton et de son ? Ça s’impose et je ne peux rien faire contre. Mes albums sont des photographies de moments… Après avoir sorti un disque et fait une tournée, je sature de mes morceaux et ai besoin d’air nouveau. Certains voient la musique comme un refuge, moi comme une aventure. Avec vous, une vulgaire Peau de cochon sauve une vie et une simple Banane devient symbole de la liberté. Vous transformez l’archi-commun en or… C’est dans les déchets, les poubelles, que se situe l’extraordinaire, dans tous les domaines, y compris scientifiques. Par exemple, on va pouvoir soigner des maladies incurables grâce à des transplantations de caca, en soignant le poison par le poison. C’est dans les ténèbres qu’on trouve la lumière. Dans la routine aussi, la répétition… Et dans les chiffres. Le train de 19h, Le 20-04-2005, 21 mai 1993, Poulet n° 728 120… il y en a beaucoup dans vos chansons. Ça a été une obsession il y a dix ans, mais je n’en utilise plus du tout ! Il y a 3 ans sur Le Film… Ah oui, c’est vrai. Les chiffres me permettent de classer. J’aime ranger, agencer, jeter… Dans 78-2008 vous décrivez les années 2 000 telles que vous les imaginiez, enfant : le futur est-il décevant ? Il ne va pas assez vite ! On ne peut toujours pas voler dans les airs avec nos voitures, mais j’ai lu que les automobiles volantes devraient voir le jour prochainement. Tout finit par arriver, il suffit de le désirer très fort. Votre nom, votre voix, votre féminité revendiquée… Êtes-vous « une fille de la ville qui fait claquer ses talons aiguilles dans les rues de [s]on cerveau » comme vous le chantiez sur Appelle-moi Samantha en 2001 ?

Oui, je suis une femme névrosée, ressentant une insatisfaction permanente, étant impatiente et excessive. Mais il n’y a pas de tragédie là-dedans, je me sens comme dans une comédie sentimentale. Vous pensez qu’il s’agit de caractéristiques spécifiquement féminines ? Oui, car l’homme est tragique. Bon, là je nage en plein dans les clichés, mais ça n’est pas désagréable, l’eau y est bonne. En tout cas, je suis un être intuitif, je peux prédire l’avenir. Il m’est parfois arrivé de me tromper, mais très rarement. Savez-vous ce qu’il va vous arriver après cet entretien ? J’irai chez l’ophtalmo. Je le sais, j’ai rendez-vous. Et moi ? Il faudra bien regarder à gauche et à droite en traversant la rue… Je n’en dis pas plus, mais méfiez-vous ! Poly 191

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à nos amours Célèbre grâce aux BO des films de Christophe Honoré, l’artiste bisontin Alex Beaupain écrit des chansons d’amour… encore et toujours. Par Emmanuel Dosda Photo de Frédéric Stucin

Au Théâtre de Haguenau, mardi 11 octobre www.relais-culturel-haguenau. com Au Théâtre de Montbéliard, vendredi 14 octobre www.mascenenationale.com Au Bataclan (Paris), mardi 28 mars 2017 www.bataclan.fr À La Cigale (Paris), mercredi 29 et jeudi 30 mars 2017 www.lacigale.fr À La Passerelle (Florange), vendredi 31 mars 2017 www.passerelle-florange.fr À écouter et lire, le livre / CD d’Isabelle Monnin et Alex Beaupain, Les Gens dans l’enveloppe, édité par JC Lattès www.editions-jclattes.fr

* Loin, édité par Capitol www.alexbeaupain.com

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l est l’un des artistes préférés de François Hollande qui a utilisé la version instrumentale d’Au départ pour accompagner ses meetings lors de la dernière campagne présidentielle. C’est surtout le fidèle compositeur de Christophe Honoré pour qui il a écrit la BO de Non ma fille tu n’iras pas danser, Dans Paris, Les Chansons d’amour ou, plus récemment, Les Malheurs de Sophie (avec le morceau Tout tombe, interprété par… La Grande Sophie). Alex Beaupain : « Je suis associé à Christophe Honoré, qui est identifié comme réalisateur de cinéma dit “d’auteur”. J’ai une image de chanteur intellectuel alors que mes chansons sont simples, populaires ! » Et largement influencées par la (brit) pop : The Smiths, Pulp ou Divine Comedy. Cet Attila de la chanson française qui chante Après moi le déluge a, avec ce disque éponyme (2013), écrit un album très personnel : « Je me suis beaucoup impliqué dans la production de tous mes disques, mais mes morceaux me ressemblent de plus en plus car je commence à comprendre qui je suis comme chanteur. Pour les arrangements, je ne veux plus rien m’interdire alors qu’avant, sous prétexte de

chic ou d’élégance, j’avais tendance à être davantage policé. » Beaucoup de ses titres, comme33 tours (2008), parlent de la fuite du temps qui semble l’obséder : « Où sont mes 33 tours, j’ai bien peur qu’ils ne soient perdus. Mon dieu, j’ai déjà 33 Tours au compteur, suis-je déjà foutu ? » Alex Beaupain prétend cependant n’écrire que des chansons d’amour. « C’est le cas avec Ça m’amuse plus, par exemple, mais à la fin, il y a un resserrage sur une histoire d’amour qui se termine. Je considère que c’est mon élément naturel et que j’en fais constamment, en variant parfois les angles, les thématiques… Même un morceau “politique”, comme Au départ, sur l’album Pourquoi battait mon cœur, en est une ! » Son dernier disque, très intime, n’est bien sûr pas Loin * de ses préoccupations : irrigué d’une âpre mélancolie, il s’adresse à des êtres aimés dernièrement disparus. « Ce matin, par habitude, j’ai mis le couvert pour deux. Mon chemin de solitude s’allonge chaque jour un peu » se désole-t-il, sur Je t’en supplie, à un amour perdu.


MUSIQUE DU MONDE

c’est parti mon titi ! Titi Robin, guitariste amoureux des sonorités gitanes et orientales, ne cesse de métisser les musiques du monde pour rapprocher les peuples. Constamment sur les routes, il pose bagages et instruments à La Salle du Cercle.

Par Emmanuel Dosda Photo de Thomas Dorn

À La Salle du cercle (Bischheim), mardi 18 octobre www.salleducercle.fr www.titirobin.com

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es volutes de Luth et Tablâ (album sorti en 1986) en duo avec le tabliste de Jaipur Hameed Khan. Un puzzle de sonorités entendues autour de feux de camps Gitans (1995), andalous ou des Balkans. Une longue promenade intercontinentale sous Un Ciel de cuivre (2000) au beau milieu de mélopées où se croisent bendir, darbouqa et oud. Un ambitieux projet tripartite (2011) rendant hommage à la musique indienne (Laal Asmaan), turque (Gül yapraklari) et marocaine (Likaat), enregistré à Bombay, Istanbul et Agadir en compagnie d’artistes du coin. Une lointaine excursion, notamment à la recherche de La Femme idéale, au son du blues méditerranéen de Titi, composé avec le musicien gnawa Mehdi Nassouli (guembri, chant et percussions, sur Taziri, 2015). L’autodidacte Titi Robin cherche sans cesse à mener l’auditeur vers d’autres rives, se trouvant toujours par monts et par vaux, présent à l’endroit où on ne l’attend pas. Celui qui composa en 2005 la BO du film Olé ! (de Florence Quentin, avec Gad Elmaleh et Gérard Depardieu) est avide de rencontres, humaines

et musicales. Ainsi, il y a deux ans, il livrait L’Ombre d’une source, sobre dialogue avec les mots poétiques de l’immense Michael Lonsdale… Très tôt fasciné par les musiques gitanes et orientales, le musicien se dit influencé par l’artiste flamenco Camaron de la Isla et l’irakien Munir Bachir, qui fait valser les notes du oud. Sans œillères et les oreilles ouvertes à 360°, il écrit du Swing wassoulou, de la Rumba du vesou, des suites pour oud ou pour bouzouq ou même des chansons bretonnes avec Érik Marchand. Nous sommes séduits par l’élégance et la justesse du propos de l’artiste multi-instrumentiste composant tour à tour des morceaux sans voix ou chantés, notamment par le grand représentant mondial du maloya réunionnais, Danyel Waro. Titi Robin et Mehdi Nassouli, accompagnés de Habib Meftah et Francis Varis nous convient, en La Salle du Cercle de Bischheim, à une errance au “clair de lune” (en berbère, on dit Taziri) en quartet, une douce flânerie métissée.

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MUSIQUE

zulu nation SKIP&DIE, c’est un feu d’artifice de sons venus d’Afrique du Sud et du reste du monde. Un mix ragga-rapelectro-world percussif, une explosion multicolore à vivre en live.

Par Emmanuel Dosda Photo de Carlijn Jacobs

Au PréO (Oberhausbergen), samedi 15 octobre www.le-preo.fr www.skipndie.com

* Édité par Crammed Discs www.crammed.be

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es bombes Anti-Capitalista plus bruyantes qu’un concert de sifflets, pétards et cornes de brume durant une manif à Notre-Dame-des-Landes. Une vision aussi vertigineuse et kaléidoscopique que la ville de Johannesburg vue du ciel en Nine Dimensions. Des apocalypses soniques poussant à clamer Wake Up au lever du jour. Des titres arc-en-ciel donnant une foudroyante envie de voltiger dans les airs, chevauchant un serpent cosmique. SKIP&DIE, est un groupe mené par la surnommée Cata.Pirata, héritière de M.I.A. ou de Santigold, sud-africaine archi-charismatique et overlookée (se rendre sur son Tumblr pour prendre quelques leçons de style). Elle est accompagnée du producteur hollandais Jori Collignon, génial bidouilleur décomplexé composant des titres bigarrés et inclassables, dont la colonne vertébrale est faite de grosses basses. Le duo a connu un succès fulgurant et amplement mérité dès la sortie du détonnant Riots in the Jungle en 2012, composé à partir de matières sonores enregistrées auprès de nombreux musiciens durant un trip africain. Leurs vidéos délirantes, souvent réalisées par Cata.Pirata, artiste poly-talentueuse, ont lar-

gement contribué à gonfler la notoriété du combo combattant. Celui-ci mixe sitars Bollywood et déguisements en poils synthétiques, chant en anglais, en afrikaans ou en zoulou, poses sexy et slogans altermondialistes. Soli de guitare électrique et tam-tam, musique bricolée façon Konono N°1, rap speedé à la Die Antwoord (en moins trash, quand même), hip-hop broussailleux, electro cradingue, dub “afro”disiaque, rock vert fluo ou world music qui fait dresser les cheveux sur la tête… Avec SKIP&DIE, j’ai vu Soweto comme si j’y étais. Après le mini-album constitué de relectures electroïdes, Remixed Riots, le groupe a sorti les très inspiré Cosmic Serpents*, enregistré à travers le monde et influencé par une série de voyages menant au Brésil (DJ Gorky de Bonde do Role est présent sur le disque), en Égypte, en Argentine ou sur l’île de la Réunion (le groupe Lindigo apparaît sur Maloya Magic). Des Space girls qui ondulent, une foule s’embrasant, des accords fruités, des frontières qui tombent, des rythmes traditionnels ancestraux qui croisent des sons d’après-demain… Ce serpent-là ne se mort jamais la queue.



substance « Un mélange immatériel d’intuition, de vécu et de réflexion » : telle est la définition de l’interprétation pour le très exigeant Pierre-Laurent Aimard. Illustration dans un récital où le pianiste français célèbre le 90e anniversaire de György Kurtág. Par Hervé Lévy Photo de Marco Borggreve

À La Philharmonie (Luxembourg), dimanche 23 octobre (dans le cadre du Luxembourg Festival, 07/10-24/11) www.philharmonie.lu www.luxembourgfestival.lu www.pierrelaurentaimard.com

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En 1973, vous devenez à 19 ans le premier pianiste soliste de l’Ensemble Intercontemporain et travaillez en étroite collaboration avec Pierre Boulez pendant une quinzaine d’années. La musique contemporaine vous passionne depuis vos débuts… Elle est centrale et prioritaire pour moi. À l’époque de Bach, on jouait de la musique contemporaine, à celle de Beethoven aussi. À la nôtre, non. Il est très étrange qu’un siècle soit si peu en phase avec ses créateurs. En considérant que la musique s’arrête à la Première Guerre mondiale, on va dans le mur. Je sens les choses différemment, alors je fais les choses comme je les sens… mais cela ne veut évidemment pas dire que l’on doive se détacher d’un héritage.

Peut-on parler de densité pour sa musique ? Absolument : chaque note compte, le plus petite entité du langage participe de manière intense à l’architecture d’ensemble. Kurtág privilégie la substance à l’éclat et au poudroiement du jeu instrumental. Nous sommes loin de tout caractère démonstratif dans cet univers d’intériorité. On le découvre dans Játékok (Jeux) – avatar contemporain du Mikrokozmosz de Bartók – dont l’écriture a débuté dans les années 1970, un recueil pédagogique pour le clavier permettant à toute personne, mélomane ou non, de s’initier aux sonorités du piano.

Comment définir l’art du compositeur hongrois György Kurtág ? À 90 ans, il est bien plus jeune d’esprit que certains jeunes (rires). Comme toute grande musique, il n’est pas possible de caractériser son œuvre en quelques mots : ses pièces ont un pouvoir de concentration exceptionnel. Kurtág sait dire l’essentiel avec une grande économie de moyens. Comme Webern, il est un grand miniaturiste et parle de notre

Comment avez-vous conçu ce programme anniversaire ? Examiner un corpus artistique comme celui de Kurtág revient aussi à voyager dans le temps, à explorer les questionnements croisés avec d’autres créateurs, à créer des passerelles. Dans ce récital, ses partitions dialoguent avec le romantisme de Schumann et les œuvres de Sweelinck, compositeur à cheval entre la renaissance et le baroque.

époque de manière éloquente, même si son art est elliptique.


musique classique

yes to yazz En 2003, le chef d’orchestre Amaury du Closel a fondé Voix étouffées* pour faire redécouvrir les compositeurs victimes des totalitarismes. Intitulée Swing verboten, cette nouvelle saison est placée sous le signe du jazz.

Par Hervé Lévy

Programme Seiber / Schulhoff / Hartmann / Weill / Wolpe, au Centre tchèque (Paris), samedi 8 octobre et en l’Église Saint-Guillaume (Strasbourg), dimanche 9 octobre Programme Schulhoff / Weill / Hartmann / Glanzberg, au Mémorial de l’AlsaceMoselle (Schirmeck), dimanche 16 octobre, au Musée du Struthof (Natzwiller), dimanche 23 octobre et à la Synagogue d’Obernai, dimanche 6 novembre www.voixetouffees.org

Voix étouffées est un projet global, à la fois un forum organisant un festival biennal, un ensemble musical et un centre de recherches

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Après 1918, quelle réalité recouvre le jazz en Europe ? Le jazz – on dit yazz à l’époque – arrive en Allemagne avec la défaite de 1918, apporté par les armées américaines et françaises. Ses syncopes, sa blue note et ses rythmes endiablés envahissent les clubs et les cabarets. Ils sont une source d’inspiration pour toute une génération de compositeurs qui souhaite créer un nouveau langage musical face à une culture impuissante à s’opposer à la Première Guerre mondiale. En quoi ce genre musical représentaitil tout ce que le Troisième Reich abhorrait ? Le jazz est considéré dès les années 1920 par les conservateurs et les partisans d’un NSDAP naissant comme représentant l’ennemi de la culture allemande sur un plan esthétique et moral – les thèmes de la lascivité du jazz, de son immoralité sexuelle sont alors très présents – et encore plus sur le plan racial, musique de “nègres” ou de juifs.

et en est donc dépendante. Le jazz revisité par la musique savante en retire en revanche une substantifique moelle, par le biais d’un langage rythmique et harmonique nouveau, comme par exemple Darius Milhaud en France, Erwin Schulhoff en Tchécoslovaquie, Matthias Seiber en Allemagne, et bien sûr Kurt Weill. Vous allez donner les Holocaust Songs de Norbert Glanzberg : que pouvezvous nous en dire ? Norbert Glanzberg s’exile en France en 1933, et après bien des difficultés, devient notamment le compositeur et l’accompagnateur d’Édith Piaf, puis d’Yves Montand, pour lesquels il écrit des tubes comme Padam, padam ou Sur les grands boulevards. Dans les années 1980, se penchant sur ses racines juives et son destin marqué par le nazisme, il écrit les Holocaust Songs, chansons de cabaret basées sur des poèmes ou des lettres de victimes de la Shoah.

L’Europe était-elle en avance dans le domaine du jazz à cette époque ou suivait-elle les musiques américaines ? Elle imite les standards de la musique noire, Poly 191

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et j’ai crié alina Artiste en résidence auprès de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, la violoniste russe Alina Ibragimova est une étincelante virtuose qui entraîne le public au cœur de continents musicaux où le tranchant tutoie la douceur.

Par Hervé Lévy Photo d’Eva Vermandel

Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), jeudi 27 et vendredi 28 octobre www.philharmoniquestrasbourg.eu www.alinaibragimova.com

Leur osmose est à découvrir sur de multiples disques dont les deux récents opus dédiés à Mozart sortis chez Hyperion www.hyperion-records.co.uk 2 Avec l’altiste Emilie Hörnlund, la violoncelliste Claire Thirion et le violoniste Pablo Hernán Benedí www.chiaroscuroquartet.com 1

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ous avions découvert la fulgurance de son talent en 2015 dans un concert de musique de chambre 100% Mozart avec Cédric Tiberghien, artiste en résidence d’alors auprès de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Alina Ibragimova occupe cette “fonction” au cours de la saison et nous donne plusieurs rendez-vous, dont un attendu nouveau duo avec le pianiste français1 autour de Bach, Brahms, Schumann et Cage (05/03, Cité de la Musique et de la Danse). En attendant, c’est à un concert pyrotechnique au fort accent russe que nous convient la jeune virtuose et le directeur musical de l’OPS, Marko Letonja. À côté du noble classicisme traversé d’une brûlante angoisse de la Symphonie n°25 de Mozart, sont en effet programmés la suite d’orchestre de 1919 tirée de L’Oiseau de feu de Stravinsky – entre danse infernale et berceuse – et le Concerto pour violon n°1 que Chostakovitch écrivit en 1947 / 1948… et mit sous le boisseau jusqu’en 1955, date de sa création. Entre-temps, le Petit Père

des peuples et Jdanov, grand ordonnateur du réalisme socialiste, avaient passé l’arme à gauche. Aucun des deux n’auraient sans doute goûté la « suppression des sentiments » à l’œuvre dans le premier mouvement ou le caractère « démoniaque » du deuxième, pour le dédicataire de la partition, l’immense David Oïstrakh. L’occasion est belle de découvrir l’archet d’Alina Ibragimova, passée par les meilleures institutions britanniques – Yehudi Menuhin School et Royal College of Music – qui mêle habilement douce délicatesse et féroce âpreté tutoyant la flamboyante violence de l’âme russe dans des jaillissements d’essence toute woyzeckienne, puisque son jeu semble courir sur le plateau comme un rasoir ouvert. Chambriste émérite qui a fondé le Quatuor Chiaroscuro2 jouant sur instruments anciens – un des plus excitants des années 2010 – elle instille une étonnante intimité dans chacune de ses prestations. Cela va comme un gant à cette partition de Chostakovitch.


dark water Composé de trois opéras courts de styles très différents reflétant la noirceur de l’âme humaine, Il Trittico de Puccini est mis en scène par Paul-Émile Fourny, à Metz. Par Hervé Lévy Photo de François Berthon / Opéra de Tours

À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 2 au 6 octobre www.opera.metzmetropole.fr Gianni Schicchi est monté avec L’Heure espagnole de Ravel à l’Opéra national de Lorraine (Nancy) du 27 septembre au 6 octobre www.opera-national-lorraine.fr

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n 1918, Giacomo Puccini, au sommet de son art, crée son Trittico fait de trois opéras d’une apparente hétérogénéité. Aucune unité de lieu ni de temps ne rassemble en effet Il Tabarro, se déroulant à Paris autour de 1900, Suor Angelica, dont l’action se passe dans un couvent italien du XVIIe siècle, et Gianni Schicchi, plongée dans le Moyen-Âge florentin. Les partitions sont également très diverses : vériste et tragique en diable pour la première, cinématographicomystique dans le cas de la seconde et comique tendance burlesque pour la dernière, comme si « le compositeur voulait montrer à ses contemporains l’étendue et la variété de son talent », explique Paul-Émile Fourny pour qui ce brillant exercice de style évoque « les films à sketches italiens comme Tu mi turbi de Roberto Benigni à l’humour grinçant. » Pour le directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, le fil rouge du Triptyque consiste en une « exploration de la nature humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus sombre ». Pour manifester ce lien qui irrigue l’œuvre, une étendue d’eau habite le plateau. Elle

représente la Seine mortifère où disparaît, assassiné, un des personnages d’Il Tabarro, variation tragique sur l’adultère et une source de mort dans Suor Angelica puisqu’elle lui servira de poison, puis se métamorphose en égout méphitique dans Gianni Schicchi, pièce burlesque en apparence uniquement, ici installée dans le bric-à-brac sordide et souterrain d’un brocanteur. À l’opposé de certaines scénographies pharaoniques – comme celle de Luca Ronconi au Teatro alla Scala de Milan, en 2008, avec son immense statue de la Vierge – Paul-Émile Fourny, qui déteste « se noyer dans des décors grandioses » a privilégié la finesse de la direction d’acteurs afin de disséquer habilement les ressorts les plus intimes de l’opéra. On reconnaît la patte de l’homme de théâtre… N’en reste pas moins que jaillissent, comme bien souvent chez lui, des images saisissantes qui imprègnent longtemps l’esprit du spectateur comme l’apparition de La Zia Principessa, ombre maléfique soutenue par deux cannes possédant la semblance d’une immense et venimeuse araignée.

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MUSIQUe baroque

jeu de gambes En résidence à L’Arsenal pour trois saisons, François Joubert-Caillet et les jeunes musiciens de L’Achéron proposent, pour débuter, un voyage baroque au cœur de l’œuvre pour viole de gambe de Marin Marais. Par Hervé Lévy Photo de Jean-Baptiste Millot En l’Église protestante de Ribeauvillé, samedi 15 octobre (programme Anthony Holborne dans le cadre du Festival international de Musique ancienne, jusqu’au 23 octobre) www.musiqueancienne ribeauville.eu À L’Arsenal (Metz), jeudi 20 octobre (programme Marin marais) et mercredi 5 avril 2017 (L’Orgue du Sultan) www.arsenal-metz.fr

Pièces favorites de Martin Marais, paru chez Ricercar www.outhere-music.com

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rançois Joubert-Caillet souhaite « traverser symboliquement le fleuve des morts pour ramener des musiques du passé à la vie ». C’est dans cet esprit orphique qu’il a créé L’Achéron (2009), ensemble de violes de gambes, mais aussi orchestre en devenir s’ouvrant à d’autres instruments pour explorer un répertoire se déployant des scintillements british de la fin du XVIe siècle d’Anthony Holborne à la féconde rencontre entre Orient et Occident dans L’Orgue du Sultan. S’il souhaite aller encore plus loin (vers le répertoire contemporain, notamment), le gambiste se concentre aujourd’hui sur Marin Marais, publiant ses Pièces favorites. Le disque est une sorte d’amuse-bouche en forme d’anthologie pour une pharaonique intégrale en plus de vingt CD rassemblant les quelque 600 Pièces de viole du musicien rendu célèbre par Tous les Matins du monde, livre de Pascal Quignard dont Alain Corneau tira un film. L’auditeur découvre un instrument « possédant un large ambitus, aux immenses possibilités expressives. On imagine le son de la viole de gambe angélique, mais

elle sait se faire sombre, mélancolique, voire diabolique. » Les œuvres de Marais sont le reflet de cette diversité : « La Rêveuse et ses atmosphères contemplatives et méditatives, La Polonaise nimbée de sensualité, un Grand ballet flamboyant ou encore L’Arabesque – véritable “tube” – pleine de panache. Nous essayons de nous oublier afin que l’interprétation se rapproche le plus possible des couleurs de l’époque. Pour cela, il faut tenter d’imaginer ce que le compositeur souhaitait. Nous désirons aussi rendre cette musique lisible pour le public d’aujourd’hui », rajoute François Joubert-Caillet, ardent à faire souffler un vent de fraîcheur sur des œuvres dont on imagine souvent à tort qu’elles sont poussiéreuses. Entre recherche musicologique, travail sur les instruments et l’homogénéité de l’ensemble – en collaboration avec le luthier Arnaud Giral – L’Achéron entraîne ses auditeurs au cœur du Siècle d’Or, des espaces immenses de la Cour de Versailles à l’intimité de la chambre de Louis XIV dont Marin Marais était le gambiste préféré.



MUSIQUE CLASSIQUE

classique & moderne À l’occasion du centenaire de sa disparition, Max Reger (1873-1916) est célébré à Karlsruhe qui abrite un institut œuvrant à faire connaître et à diffuser l’œuvre du musicien allemand.

Par Hervé Lévy Illustration de Willy von Beckerath (1909), Max Reger dirigiert © MaxReger-Institut

À la Hochschule für Musik (Karlsruhe), lundi 10 (Max Reger, l’enfant terrible de la musique de chambre) et dimanche 30 octobre (Inspired by Reger) www.hfm-karlsruhe.de www.max-reger-institut.de www.reger2016.de www.kulturinkarlsruhe.de

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ultur in Karlsruhe est une initiative pionnière, à la fois marque fédératrice et action unique en son genre permettant de positionner la cité du Bade-Wurtemberg comme une destination culturelle majeure. Elle regroupe le Badisches Staatstheater, le ZKM, la Staatliche Kunsthalle et une vingtaine d’institutions de la cité dont le Max Reger Institut. Son objet ? Faire connaître le plus largement possible la vie et l’œuvre du compositeur allemand (mais aussi pédagogue, chef et organiste) et permettre à tous les chercheurs d’avoir une source d’information privilégiée (lettres, documents, partitions, archives sonores, etc.), de travailler et de se rencontrer. Max Reger fut un météore de l’Histoire de la Musique qui disparut en 1916, à 43 ans, laissant un corpus imposant de près de 1 000 pièces placé sous le signe des “trois B” de la musique germanique : « Moi qui admire éperdument Jean-Sébastien Bach, Beethoven et Brahms, on prétend que je veux les détrôner. Pourtant, je ne cherche rien d’autre qu’à les prolonger en cultivant leur style », écrit-il en effet, en 1897. Héritier

du classicisme, ses œuvres tardives tendant néanmoins vers l’abstraction mahlérienne et la Seconde École de Vienne, même si elles ne franchissent jamais les portes de l’atonalité. Certains parlèrent ainsi de “pré-dodécaphonisme” à son propos… On pense là à une des ses partitions ultimes aux accents impressionnistes, le Quintette pour clarinette et cordes, opus 146, point central du concert Inspired by Reger (30/10, Hochschule für Musik, Karlsruhe) où huit compositeurs contemporains s’en servent de matrice. Autre rendezvous essentiel, une soirée (dans le cadre des concerts “Comme il y a cent ans”) permettant de découvrir que Reger fut l’enfant terrible de la musique de chambre (10/10, Hochschule für Musik, Karlsruhe) : au programme, un véritable portrait polyphonique de ce créateur paradoxal où l’on retrouve notamment son Sextuor à cordes, opus 118 (1910) où se mêlent modernité rythmique véhémente, grande tradition allemande et transcendance mystique, puisque son auteur qualifiait le Largo de « Conversation avec Dieu ».



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ceci n’est pas une exposition Reprenant le titre de son tableau le plus célèbre, La Trahison des images explore en une centaine de toiles et de dessins la relation de René Magritte à la philosophie.

Par Hervé Lévy

Au Centre Pompidou (Paris), jusqu’au 23 janvier 2017 www.centrepompidou.fr À la Schirn Kunsthalle (Francfort), dans un format concentré, du 10 février au 5 juin 2017 www.schirn.de

Légendes 1. Variante de la tristesse, 1957 Kerry Stokes Collection, Perth © Kerry Stokes Collection, Perth / Photo : Acorn, Photo, Perth © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / BI, Adagp, Paris, 2016 2. Les Vacances de Hegel, 1958, collection particulière © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016

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eci n’est pas un surréaliste. Pas uniquement, en tout cas. L’équation Magritte = Surréaliste est en effet un résumé un peu hâtif de l’œuvre de l’artiste belge. Dès 1932, avec Les Affinités électives – un œuf enfermé dans une cage – il renonce à l’automatisme générateur de beauté, « la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie », pour reprendre la célèbre phrase de Lautréamont (qu’adoraient Breton & Co.) po ur co m po s e r d e s œ uvre s vis ant à résoudre un “problème”. Chaque tableau se métamorphose ainsi en une énigme dont il contient la résolution. Ou non. En tout cas, elle demeure bien cachée… Dans Variante de la tristesse, se pose avec humour l’éternelle interrogation de l’œuf et de la poule. Qui vient d’abord ? Un gallinacé dubitatif regarde un œuf dans un coquetier alors qu’il vient d’un pondre un. Nature contre culture ? Amitié avec Michel Foucault (à qui on doit Les Mots et les Choses), correspondance assidue avec des philosophes aussi exigeants qu’Alphonse de Waelhens, infatigable

propagateur de l’œuvre de Martin Heidegger dans la sphère francophone, et Chaïm Perelman qui revivifia la pensée d’Aristote au XXe siècle : l’exposition du Centre Pompidou explore les thématiques irriguant l’œuvre de Magritte et ses motifs récurrents (corps fragmentés, rideaux, nuages…) à l’aune de cette préoccupation. Pour le commissaire de la manifestation Didier Ottinger, l’artiste interroge inlassablement « le statut des images, leur relation au réel ou à la vérité ». Icône de l’Art du XXe siècle, La Trahison des images est un résumé (certes partiel) des circonvolutions intellectuelles auxquelles nous invite le peintre dans ses “tableaux de mots” : plus connu par son surnom Ceci n’est pas une pipe, il permet une quasiinfinité d’interprétations. Michel Foucault s’en empara avec bonheur dans son essai éponyme : « Rien de tout cela n’est une pipe ; mais un texte qui simule un texte ; un dessin d’une pipe qui simule un dessin d’une pipe ; une pipe (dessinée comme n’étant pas un dessin) qui est le simulacre d’une pipe (dessinée à la manière d’une pipe qui ne serait pas elle-même un dessin). »



Plug-in City 2000, Un weekend à la Mer 2, 2012, courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris

algeco & co. La photographie est l’alpha, mais sûrement pas l’oméga d’Alain Bublex qui nous entraîne dans ses utopies visuelles, interrogeant sans relâche la notion de paysage.

Par Hervé Lévy

À La Chambre (Strasbourg), jusqu’au 13 novembre www.la-chambre.org

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lain Bublex aime « ancrer la fiction dans le réel ». Depuis les années 1990, toutes ses œuvres, de la création de Glooscap – ville imaginaire mais « possible » à qui il donne corps avec plans, archives, etc. – aux dernières expérimentations autour du paysage avec le Mont Fuji comme pivot, sont sous-tendues par cette préoccupation. La photographie ? Elle est la matrice du travail d’un plasticien hybride, également urbaniste tendance utopiste qui aime se frotter à l’installation. C’est ainsi Wet Stones qui accueille le visiteur devant La Chambre, une baraque à hot-dogs sempiternellement fermée sous les prétextes les plus fallacieux annoncés aux clients / visiteurs par des panonceaux (« Panne d’électricité », « Il n’y a plus de saucisses », etc.). Un leurre en forme de pied de nez à la société de consommation, mais aussi

une réflexion sur la fabrication d’un espace artistique et ses interactions fictionnelles avec le réel.

Stop and go

L’exposition de La Chambre est une mini-rétrospective faite de quelque 70 œuvres dont plusieurs Arrêts soudains, séries permettant littéralement d’essorer un paysage en le prenant sous tous les angles : « Je suis en train de rouler, quelque chose m’arrête dans le paysage. Je stoppe, tourne autour et le photographie », explique Alain Bublex qui affirme « être touché par la ressemblance d’un lieu avec des photographies ou des tableaux. Associer et superposer un espace réel à un espace culturel crée le paysage. Il se révèle à notre esprit dans sa relation à la connaissance qu’on a de représentations


exposition

Paysage 76 (Fuji neige I), 2010

antérieures. » Illustration avec un garage en béton tristement posé au bord d’une route, « un bâtiment géométrique et rudimentaire qui m’a fait penser à Walker Evans et ses baraques de planteurs en Alabama » ou un lotissement (arpenté en une demi-heure et douze vues) renvoyant à l’irréalité de Thomas Demand et au minimalisme de Dan Graham. Zone standardisée, caricature middle class étouffante avec ses pelouses impeccables, ses maisons identiques alignées comme à la parade : ces clichés renvoient à la plus triste modernité. Cependant, pour le plasticien bienveillant qui refuse la distance ironique et amusée d’un Martin Parr, « chaque paysage est légitime. Je ne juge pas ce lotissement. On doit rechercher la beauté de chaque lieu, sans cynisme : j’essaie de déterminer leur raison d’être. Chaque état du paysage m’intéresse. Pourquoi on a construit cette autoroute, cette station-service… Une fois découverte, elle est le vecteur d’une poésie souvent inattendue », explique-t-il avec une empathie rappelant celle de Raymond Depardon.

Hiroshige, Hokusai, etc.

Une immense photo retravaillée montrant une maison banale pourvue de multiples excroissances faites d’Algecos de toutes les couleurs : cette image issue de Plug-in city, série emblématique d’Alain Bublex, est le reflet d’une

vision urbanistique utopique. Depuis 2000, l’artiste développe en effet une « cité reconfigurable avec des unités mobiles d’habitation » rappelant les cellules sixties de Peter Cook. Dans ce chantier permanent et joyeux passent des hélicoptères transportant les matériaux les plus divers. Le projet tient autant de Sim City que du rêve immense et coloré d’un gamin qui aurait trop joué au Lego. Autres images métamorphosées sous Illustrator, la récente série sur le Mont Fuji, « une réaction à la perception qu’on avait de mon travail, attaché à l’espace urbain. Je me suis aperçu que cette montagne pouvait s’insérer dans n’importe quel environnement, qu’il était possible de la décontextualiser. Dès qu’on met la silhouette du Mont Fuji dans une image, elle devient un paysage et nous nous projetons dans une attitude contemplative », explique-t-il pour décrire ces estampes contemporaines mélancoliques évoquant Hokusai. C’est dans un tropisme nippon similaire qu’il a investi les huit niveaux du Parking Austerlitz avec la série Grenier fantôme, photographies retravaillées d’une architecture japonaise étonnante : à chaque étage, des éléments sont ôtés. Progressivement, les détails s’estompent. Au rez-dechaussée, la photographie est “complète” pour se simplifier au fur et à mesure de la descente : « C’est comme dans la mémoire. On oublie les ornements pour ne garder que l’essentiel. »

Dans le cadre de l’exposition, Alain Bublex a investi les huit niveaux du parking Austerlitz (Strasbourg) www.parcus.com Visite guidée tous les dimanches (16h) et même en alsacien avec Pierre Kretz (22/10, 16h) Solo-show Alain Bublex à la Galerie Vallois pour Paris-Photo, au Grand Palais (10-13/11) www.parisphoto.com www.galerie-vallois.com

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ainsi sons-ils Exposer du son ? Tel est le parti-pris de OOOL / Sound Fictions à La Kunsthalle de Mulhouse transformant son espace en vaste partition. Par Emmanuel Dosda Photo de Sébastien Bozon À La Kunsthalle (Mulhouse), jusqu’au 13 novembre www.kunsthallemulhouse.com Diverses rencontres sont organisées dans le cadre de l’exposition, notamment un concert de musique concrète de Lionel Marchetti (en coréalisation avec le Festival meteo), jeudi 20 octobre

Voir Poly n°167 ou sur www.poly.fr Créé par Pierre Schaeffer en 1958, le GRM réalise des créations et recherches dans le domaine du son et des musiques électroacoustiques www.inagrm.com 3 Lire entretien dans Poly n°187 ou sur www.poly.fr 1

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our nombre d’artistes, le travail sonore ne permet pas uniquement d’illustrer ou d’accompagner des images : il s’agit d’une œuvre à part entière. Il n’est pas rare que ceux-ci portent la double casquette de plasticien et de musicien, comme c’est le cas de Davide Balula, ex-Arts déco strasbourgeois ayant étudié la musique contemporaine au conservatoire d’Annecy, Robert Cahen1, vidéaste mulhousien étant passé par le Groupe de recherches musicales (GRM2), ou le nancéien Dominique Petitgand3 qui utilise les sons enregistrés comme une matière malléable. Sandrine Wymann, directrice de La Kunsthalle, et Anne-Laure Chamboissier, commissaire de OOOL / Sound Fictions, ont invité les arts sonores à envahir l’espace d’exposition mulhousien, réunissant les œuvres de Mathias Delplanque, Luc Ferrari, Eddie Ladoire et Cédric Maridet. Pas de toiles sur les cimaises, ni de sculptures au sol, mais des sons voltigeant entre les murs. La figure tutélaire est Luc Ferrari (1929-2005), membre du GRM et compositeur faisant beaucoup avec Presque rien (comme des sons anecdotiques arrachés au réel) et ayant notamment écrit une délicieuse Petite symphonie intuitive

pour un paysage de printemps et autres projets radiophoniques. Pour l’événement, a été “réactivée” l’installation sonore Music Promenade qui ouvre l’expo et annonce la tonalité de l’ensemble voulu comme une flânerie narrative. L’œuvre d’Eddie Ladoire (qui s’écoute dans l’obscurité totale) raconte une histoire : celle de la cité industrielle. Le travail immersif de ce créateur ayant étudié à la fois les Arts appliqués et la musique électroacoustique parle des endroits qu’il visite. Pour lui, « les lieux racontent des histoires, gardent des traces sonores et en produisent de nouvelles ». Mathias Delplanque, lui aussi, donne une importance capitale au « terrain donné », au contexte « comme préalable à la création artistique ». À La Kunsthalle, il joue avec notre perception des sons diffusés (enregistrés sur place) ou réels. L’auditeur se questionne : « Les fréquences audibles sont-elles émises par le bâtiment ou par les enceintes de l’installation sonore ? » Cédric Maridet propose quant à lui des pièces mettant en place un jeu « entre la fiction, des souvenirs et la possibilité d’intertextualité ». Cet artiste cherche également à « rendre audible » notre environnement.



gastronomie

SUR LES RAILS Thierry Marx © Mandarin Oriental, Paris.

Thierry Marx, dont la brasserie ouvrira bientôt à la Gare du Nord, parraine Chefs de Gare (14-23/10). Dans 19 gares se tiendra un marché (Dijon, Reims, Metz, Strasbourg), tandis que huit d’entre-elles accueilleront un roadshow culinaire avec de grands chefs et l’animatrice Carinne Teyssandier. Rendez-vous à Strasbourg (17/10) avec Nicolas Rieffel, Benoit Fuchs, Yannick Germain et Matthias Degouy et Dijon (18/10) avec le Top chef Olivier Streiff.

DÎNER

© JF Hamard

www.gares-sncf.com

DIFFÉREMMENT

© Michel Laurent

Parmi la belle programmation automnale des Dîners insolites du patrimoine deux coups de cœur. À Nancy, la cuisine instinctive et délicate de Karin Lépine envahit le Théâtre de la Manufacture (20/10), tandis qu’est organisé Musik Fabrik, véritable festival culinaro-musical, au Château des Brasseurs de Xertigny (28-30/10). Au menu, dîners, déjeuners, pique-niques autour de la bière lorraine et de mets de choix ! www.dinersinsolites.com

À Strasbourg, à la place du défunt et mythique Zanzibar (son caveau, son baby, son atmosphère à nulle autre pareille) ouvre un nouveau restaurant de… hamburgers ! Cela ne fait jamais que le, hum, jesaispascombientième du coin. Restent que Les Burgers de Papa (une franchise made in Lyon développée par l’alsacien Yves Hecker) ont une réelle ambition de se distinguer : produits frais, frites 100% maison, viandes d’origine française, alsaco munster… Les échos qui arrivent de la Capitale des Gaules affirment que l’adresse est plus que papa mal. www.lesburgersdepapa.fr

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LA RELÈVE !

DADDY COOL

Le Soldat de l’An 2 (Phalsbourg) a peut-être perdu son Étoile dans le dernier Michelin, mais pas son ambition avec un nouveau chef au piano, le trentenaire Tony Malherbe (qui a notamment travaillé avec Yannick Alléno), aux côtés de Georges Schmitt. Cette adresse mythique semble avoir trouvé l’homme qui la décrochera à nouveau. Le Soldat ne baisse jamais la garde ! www.soldatan2.com



architecture

matière grise contre énergie grise Les jeunes agences sont bien souvent “mises à l’épreuve” en planchant sur des rénovations de bâtisses, complexes et chronophages. L’équipe de CNB architectes y trouve tout à fait son compte, ayant forgé son identité sur ce créneau. Pour le trio qu’on pourra rencontrer lors des Journées de l’Architecture, il s'agit d'« un enjeu d’avenir ».

Par Emmanuel Dosda

CNB architectes 15 rue du Vieux-Marché-auxVins (Strasbourg) www.cnbarchitectes.fr

Lire leur intervention dans Poly n°151 ou sur www.poly.fr

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ransformation en habitation d’un ancien séchoir à tabac. Aménagement d’une maison bas-rhinoise et de sa grange délabrée à Flexbourg. Restructuration d’un appart “faussement cossu” et mal réparti de la Petite-France. Surélévation et extension d’une demeure d’Eckbolsheim… À l’origine de l’agence strasbourgeoise, il y a Guillaume Christmann et Xavier Nachbrand qui sortent de École nationale supérieure d’Architecture de Strasbourg en 2007 avant de participer au collectif artistico-architec-

tural 3RS*, inventant d’ingénieuses architectures expérimentales et éphémères édifiées grâce au réemploi de matériaux divers lors de manifestations culturelles comme La Nuit blanche à Metz (2009). Une démarche pragmatique et éco-responsable (l’utilisation du bois, même pour l’isolation) qui marquera la future collaboration de Guillaume et Xavier, rejoints par Matthieu Belhaddad (conducteur des travaux), au sein de CNB architectes. « On évite le plus possible de faire tourner la bétonnière », déclare Guillaume. Fondée en 2012, la SARL, qui compte aujourd’hui six personnes, se spécialise doucement dans la restructuration ou la rénovation énergétique de bâtisses anciennes. Le trio se développe autour de ces activités « par militantisme et par conviction environnementale ». Par éthique, CNB a toujours évité de réaliser des maisons individuelles, sans âme, « placées au milieu d’un terrain avec une pelouse bien tondue autour ». Guillaume et Xavier, d’une seule voix : « Nous sommes contre l’étalement urbain, énergivore au possible, le fait de vider les bourgs pour construire des lotissements gourmands en superficie et favorisant l’éloignement des commerces du centre des villages. »

Du neuf avec du vieux Extension pour un spa / hammam

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Restructuration et réhabilitation énergetique BBC d'une maison à colombages

Utilisation de matériaux simples sans jamais tomber dans l’« ultra-minimalisme japonais où tu n’oses plus poser un magazine de


Les Lunettes de Gisèle

peur de troubler l’ordre », prédilection pour les matières brutes (chape au sol, parquet en bois, peinture mate satinée), préférence pour les ouvertures et perspectives à « l’esprit loft des années 2000, difficile à vivre », mise en valeur d’éléments anciens (un mur en grès laissé à nu chez l’opticien Les Lunettes de Gisèle, une charpente apparente dans une ancienne boucherie de Saint-Louis transformée en habitation)… Si les parti-pris et préoccupations de CNB semblent dans l’air du temps, c’est que l’agence vise l’intemporel, anticipant depuis ses débuts les questions environnementales aujourd’hui omniprésentes et intégrant les problématiques thermiques au démarrage de chacun de ses travaux. Pour la boutique strasbourgeoise Les Lunettes de Gisèle, située dans le magnifique bâtiment Art nouveau en briques à l’angle de la rue Brûlée à Strasbourg, CNB a dû faire prototyper et réaliser des fenêtres s’inscrivant parfaitement dans le contexte tout en s’avérant énergiquement performantes. Un véritable défi technique et esthétique relevé avec brio. CNB a dessiné le mobilier, repensé totalement l’espace – d’une grande fluidité –, créé une cimaise permettant d’installer un atelier… pour un programme éminemment cohérent. L’expertise et le savoir-faire reconnus du trio sont mis au service d’un important chantier en cours : la rénovation d’une tour d’habitation de 15 étages et 58 logements à la Meinau : isolation en façade, remise aux normes de la cage d’escalier, de la cave et de la toiture, relooking de la bâtisse, changement de portes et d’interphones… La part la plus laborieuse dans ce projet fût d’« aller

au charbon et de fédérer tout le monde, de faire passer nos idées », insiste Xavier. Et Guillaume de poursuivre : « Parfois, on vient nous voir pour une extension, mais au final on soumet une rénovation : avec un budget identique, mieux vaut un 100 m2 optimisé et bien isolé qu’un 140 m2 mal pensé. » Le credo de CNB : « Plus de matière grise et moins d’énergie grise ! »

place aux jeunes ! Dur dur de se faire un nom, se trouver une place, lorsqu’on débute dans le métier… Il s’avère notamment très difficile pour les jeunes agences d’accéder aux marchés publics, beaucoup moins nombreux ces dernières années, surtout depuis la crise de 2008. CNB a déposé d’innombrables dossiers… restés lettre morte, l’équipe soufrant d’une absence de références dans le domaine. Selon Guillaume Christmann, il y a une vingtaine d’années, les agences fraîchement créées avaient la possibilité de se développer en construisant une école municipale ou un office de tourisme. Les architectes ayant pignon sur rue s’attaquaient à des marchés importants tandis que les petites agences se confrontaient à des bâtisses à leur taille : les choses s’équilibraient et les vaches étaient bien gardées. Aujourd’hui, les collectivités territoriales, ayant moins d’argent, n’envisagent que rarement de grands travaux et confient de préférence leurs chantiers aux agences connues sur la place, avides de commandes, même modestes. Bilan : on donne moins leur chance aux jeunes archis qui n’accèdent pas aux marchés publics. Les JA organisent une table ronde afin de plancher sur cette thématique du délicat Début de carrière d’architecte, avec la participation de CNB architectes, de 120 GR ou encore d’agences allemandes. Au département d’architecture du KIT (Karlsruhe), jeudi 27 octobre (18h30), dans le cadre des Journées de l’Architecture (du 30 septembre au 4 novembre, lire Poly n°191 ou sur www.poly.fr) www.europa-archi.eu

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last but not least

jean-michel jarre electro libre

Dernier Rendez-vous important. Ma rencontre avec Edward Snowden (présent sur son dernier disque, NDLR) à Moscou, il y a quelques mois. Il incarne le héros moderne, à l’image de ma mère, résistante pendant la guerre. Elle était également considérée comme une fauteuse de trouble. Dernière méfiance envers les nouveaux médias. Il y a cinq minutes sur mon mobile. L’info est partout et donc nulle part. Snowden, Assange, WikiLeaks ou Mediapart sont importants car ils nous aident à surveiller ceux qui nous surveillent. Ils décryptent le réel. Dernière bouffée d’Oxygène. La victoire d’Usain Bolt qui incarne les valeurs de Coubertin trop souvent foulées au pied. J’adore le 100 mètres, c’est comme un geste d’architecture, un Polaroid d’adrénaline. Dernier Souvenir de Chine. Le canard laqué mangé la semaine dernière… à Paris. Dernière technologie. L’iPhone 7. Je suis très curieux de découvrir à quel point rien n’aura changé depuis le précédent. Dernière Rumba. Ça remonte à avant mon entrée dans le “bunker”, il y a au moins huit mois. En réalité, j’ai presque passé ces cinq dernières années enfermé dans mon studio. Derniers albums. Electronica 1 & 2, édités par Columbia www.jeanmicheljarre.com

Par Emmanuel Dosda Photo de Benoît Linder pour Poly

Au Zénith (Dijon), samedi 26 novembre www.zenith-dijon.fr

Au Zénith Europe (Strasbourg), lundi 17 octobre

À L’AccorHotels Arena (Paris), lundi 12 décembre

www.zenith-strasbourg.fr

www.accorhotelsarena.com

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